NCL

Aelii Donati in Andriam Terenti commentum

Praefatio

I
poeta cvm primvm a.animvm a.ad s.scribendvm a.appvlit 1 Comoedia Andria cum palliata sit fabula, de loco nomen accepit et a Menandro prius et nunc ab ipso Terentio, qui cum de Chryside loqueretur, sic ait « uereor ne quid Andria a.apportet m.mali 1 » et hoc commune uocabulum est et in Graeca et in Latina lingua. 2 haec maiori ex parte motoria est. 3 continetque actus amatorum adulescentium et patrum piorum, callidi serui, ancillae astutae, parci senis, adulescentulae liberalis 1. 4 in hac primae partes senis Simonis sunt, secundae Daui, tertiae Chremetis et deinceps reliquorum. 5 prologus in hac acer inducitur et in aduersarios non mediocriter asperatus, sed tamen id subtiliter, ut omnia lacessitus facere uideatur ac dicere. hic πρότασις subtilis, ἐπίτασις tumultuosa, καταστροφή paene tragica, et tamen repente ex his turbis in tranquillum peruenitur. 6 haec prima facta est, acta ludis Megalensibus M.Marco Fuluio M'.Manio Glabrione aedilibus [Q.Quinto Minucio Valerio]2 curulibus. egerunt L.Lucius Atilius Praenestinus et L.Lucius Ambiuius Turpio. modos fecit Flaccus Claudi [filius] tibiis paribus dextris uel sinistris. et est tota Graeca. edita M.Marco Marcello C.Caio Sulpicio consulibus. 7 3pronuntiataque est Andria Terenti ob incognitum adhuc nomen poetae et minoris apud populum auctoritatis ac meriti. 8 deuerbiis autem et canticis lepide distincta est et successu spectata prospero hortamento poetae fuit ad alias conscribendas. 9 initium autem προτατικὸν πρόσωπον, id est aduenticiam personam, recepit Sosiae propter euoluendam argumenti obscuritatem. persona autem protatica ea intellegitur inducta in principio fabulae in nullis deinceps fabulae partibus adhibetur. 10 adnotandum sane puellarum liberalium in proscaenio nullam orationem induci in comoedia palliata praeter inuocationem Iunonis Lucinae, quae et ipsa quoque post scaenam fieri solet.
poeta cvm primvm animvm ad scribendvm appvlit 1 La comédie de L'Andrienne, puisqu'il s'agit d'une comédie en costume grec, a été ainsi intitulée à partir d'un nom de lieu d'abord par Ménandre et maintenant par Térence lui-même, qui, parlant de Chrysis, s'exprime ainsi : « uereor ne quid Andria apportet mali »177. Ce mot est commun aux langues latine et grecque178. 2 Cette comédie est, dans sa majeure partie, une comédie d'action179. 3 Elle contient les actions de jeunes gens amoureux et de pères pleins de piété, celles d'un esclave rusé, d'une servante astucieuse, d'un vieillard pingre, d'une jeune fille de naissance libre180. 4 Dans cette comédie, le premier rôle est pour Simon, le deuxième pour Dave, le troisième pour Chrémès et ainsi de suite. 5 Le prologue dans cette comédie est virulent et il ne se prive pas de s'en prendre violemment à ses adversaires, mais il le fait subtilement de manière à paraître agir ou parler uniquement parce qu'il a été attaqué. Ici l'exposition (πρότασις) est faite d'intrigue psychologique, le nœud (ἐπίτασις) est plein d'agitation, et le dénouement (καταστροφή) touche presque au tragique ; et pourtant, tout d'un coup, on passe de ce tumulte à la tranquillité. 6 Cette comédie est sa première, elle a été jouée aux Jeux Mégalésiens quand Marcus Fulvius, Manius Glabrio, Quintus Minucius et Lucius Valerius étaient édiles curules181. Ceux qui la représentèrent étaient Lucius Atilius Praenestinus et Lucius Ambivius Turpion. La musique était de Flaccus affranchi de Claudius182 sur des flûtes égales à droite et à gauche. Tout dans cette pièce est grec. Elle fut publiée sous le consulat de Marcus Marcellus et Caius Sulpicius. 7 Elle fut annoncée sous le titre Andria Terenti (Andrienne de Térence), car le nom du poète était encore inconnu et il n'avait guère dans le public de crédit et de renommée183. 8 Parties parlées et chantées y sont agréablement réparties et, comme elle avait été représentée avec succès, elle fut pour le poète un puissant encouragement à en écrire d'autres. 9 Quant au début, le personnage protatique (προτατικὸν πρόσωπον), c'est-à-dire adventice, de Sosie permet d'expliquer ce qui est obscur dans l'argument. On comprend qu'il s'agit d'un personnage protatique en ce qu'il apparaît une fois au début de la pièce, mais n'intervient ensuite dans aucune de ses parties184. 10 Il faut noter que les jeunes filles de naissance libre ne prennent jamais la parole sur le devant de la scène dans une comédie palliata185, si l'on excepte l'invocation à Junon Lucine, encore que celle-ci ait lieu ordinairement derrière la scène186.

II
1 Chremes Atticus, pater Pasibulae et Philumenae, cum ex his duabus Pasibulam perdidisse se falso crederet relictam Athenis nec uisam postea multo tempore, tamquam unicam sibi putabat Philumenam. quam Charinus adulescens Atheniensis et amabat unice et petebat uxorem, sed pater eam Pamphilo cuidam, Simonis filio, ultro desponderat. qui Pamphilus contra sororem Chrysidis ac peregrinam tum creditam, Pasibulam supra dictam, Chremetis alteram filiam ac sub nomine Glycerii latentem, sic amauit, ut ex ea filium suscepisset inscio patre. qua re intellecta commotus Simo, Pamphili pater, dum per falsas nuptias temptat animum Pamphili, multis dolis a Dauo ipse deluditur seruo, periculumque Charini et Pamphili et totus error inenodabilis usque ad eum finem est ductus, dum Athenas ueniens Andrius quidam Crito rem aperiat et nodum fabulae soluat. per quem agnita Pasibula recipitur a parentibus et traditur Pamphilo amanti; item Philumena Charino despondetur et traditur exoptanti. 2 Perspecto argumento scire debemus hanc esse uirtutem poeticam, ut a nouissimis argumenti rebus incipiens initium fabulae et originem narratiue reddat spectatoribus auctoremque praesentem scilicet ibi exhibeat, ubi finis est fabulae. hunc enim orbem et circulum poeticae uirtutis non modo secuti sunt tragici comicique auctores, sed Homerus etiam et Vergilius tenuerunt. 3 Difficile est diuisionem actuum in Latinis fabulis internoscere obscure editam: causam iam dudum demonstrauimus unde autem aut quomodo quamuis aegre tamen intellegi distinguique possint, est operae pretium discere. principio dicendum est nullam personam egressam quinquies ultra exire posse; sed illa re plerumque decipimur, quod personam, cum tacuerit, egressam falso putamus, quae nihilo minus in proscaenio tacens loquendi tempus exspectat. est igitur attente animaduertendum, ubi et quando scaena uacua sit ab omnibus personis, ita ut in ea chorus uel tibicen obaudiri possint. quod cum uiderimus, ibi actum esse finitum debemus agnoscere confundit saepe lectorem illud, quod persona in superiore scaena desinens et in proxima incipiens loqui non intellegitur ingressa, quod ipsum experientes statim diiudicant de rerum ac temporum quantitate. potest enim fieri, ut et ingressa sit et egressa, quam praue credimus de proscaenio non recessisse. posse autem quinto egredi personam, nοn et necesse esse dicimus, ut appareat ultra exire non posse, in tragoedia parcius exire et solere pariter et licere.
1 Un citoyen de l'Attique, Chrémès, père de Pasibule et Philumène, croyait à tort avoir perdu l'une de ses deux filles, Pasibule, qu'il avait laissée à Athènes et n'avait pas vue ensuite pendant un long moment. Il considérait donc Philumène comme sa fille unique. De cette Philumène s'était épris un jeune Athénien, Charinus ; il n'aimait qu'elle et voulait l'épouser, mais son père l'avait de son côté promise à un dénommé Pamphile, fils de Simon. Ce Pamphile, quant à lui, avait conçu un tel amour pour la sœur de Chrysis, que l'on pensait étrangère, mais qui était en réalité la Pasibule dont on a parlé, seconde fille de Chrémès, vivant sous le nom d'emprunt de Glycère, qu'il avait eu d'elle un fils à l'insu de son père. Comprenant cela, Simon est bouleversé et, tandis qu'il met à l'épreuve les sentiments de Pamphile en lui proposant un faux mariage, il se fait jouer lui-même par les ruses nombreuses de son esclave Dave ; le danger que courent Charinus et Pamphile et la méprise ne se dénouent que dans la fin, quand un Andrien, Criton, venant à Athènes, révèle la vérité et résout le nœud de la pièce. Par son entremise Pasibule est reconnue, elle est rendue à ses parents et elle est accordée en mariage à son amant Pamphile ; de même Philumène est promise à Charinus et elle lui est accordée en mariage selon son souhait. 2 A la lecture de cet argument, nous devons savoir que ce qui fait la force poétique de cette pièce, c'est que le début de la comédie se faisant par les derniers éléments de l'argument rend compte au spectateur de l'origine des faits par un récit et n'en fait voir le responsable en chair et en os que quand la pièce se termine. Ce type de composition circulaire et cette force poétique que donne la forme cyclique ont été suivis non seulement par les auteurs comiques et tragiques, mais ont été gardés aussi par Homère et Virgile. 3 Il est difficile de connaître clairement la division des actes dans les pièces latines, car elle est masquée, pour une raison que nous avons déjà montrée. Mais sur quels critères et comment il est possible (bien que ce soit difficile) de la comprendre et de la repérer, cela vaut la peine de l'apprendre. Commençons par dire qu'un personnage déjà entré cinq fois sur scène ne peut plus y revenir187. Souvent nous nous trompons en pensant à tort qu'un personnage, du fait qu'il était silencieux, vient d'entrer en scène, alors qu'il attend sans parler à l'avant-scène le moment pour lui de donner une réplique. Il faut donc observer attentivement où et quand la scène se vide de tous les personnages, en sorte que l'on peut y écouter le chœur ou le flûtiste. Quand nous voyons cela, nous devons reconnaître qu'il y a là la fin d'un acte. Souvent le lecteur est abusé par le fait qu'un personnage donne la dernière réplique de la scène précédente et la première de la scène suivante sans se rendre compte qu'il est sorti et rentré dans l'intervalle, ce que les experts déterminent aussitôt grâce à l'enchaînement des événements et à la durée écoulée. Car il peut arriver qu'un personnage soit sorti puis entré alors qu'on croyait bêtement qu'il n'avait pas bougé de l'avant-scène. Nous disons qu'un personnage peut entrer pour la cinquième fois, mais non qu'il doive le faire, en sorte qu'il apparaît clairement qu'il ne peut faire une entrée de plus188, et que dans la tragédie il est habituel et permis que les entrées soient moins nombreuses189.

III
1 Primus actus in Andria narrationem Simonis apud Sosiam continet argumenti, quod populus hac occasione perdiscit, mox querelam apud se Daui de domino et eiusdem cum domino uerba, et rursus eiusdem serui deliberationem, quid rerum gerat. 2 secundi actus haec sunt: Charini uerba primo cum Byrria seruo et post cum ipso Pamphilo de nuptiis Philumenae, Daui interuentus, cum eo disputatio de nuptiis, Pamphili sermo cum patre dolo consentientis in nuptias, Byrriae uerba, Daui callida oratio aduersum senem. 3 tertio actui haec attribuuntur: Mysidis cum obstetrice colloquium Dauo ac Simone audientibus, partus Glycerii suspectus seni et Daui apud eundem fraudulenta sermocinatio, Simonis uerba cum Chremete de nuptiis, Daui perturbatio et Pamphili. 4 quartum actum per haec intellegimus: prima Charini uerba sunt indignantis uelut fidem sibi non seruatam a Pamphilo, tum Mysidis uerba apud Pamphilum eiusdemque questus, tum Daui administratio doli aduersus Chremen. 5 in quinto actu Chremetis et Simonis prope iurgium disputatio est, tum detectio fallaciarum Daui, tum indignatio patris aduersum filium, tum Critonis interuentus et per eum cognitis rebus in tranquillum res acta ducentibus uxores quas concupiuerant Pamphilo et Charino. 6 Illud nos commouere non debet, quod in horum actuum distinctione uidentur de proscaenio non discessisse personae quaedam, sed tenere debemus ideo Terentium uicinitatis mentionem fecisse in principio, ut modico receptu et adesse et abesse personam intellegamus. nihil ergo secus factum est ab antiquis, qui ad hunc modum Terentianas fabulas diuiserunt.
1 Le premier acte de L'Andrienne comprend la narration de l'argument par Simon à Sosie, ce qui permet au public de l'apprendre en cette occasion, puis la plainte en aparté de Dave contre son maître et son dialogue avec ce même maître, puis la délibération de ce même esclave pour savoir ce qu'il va faire. 2 Le deuxième acte comprend : le dialogue de Charinus d'abord avec l'esclave Byrria puis avec Pamphile lui-même au sujet du mariage de Philumène, l'intervention de Dave, et la discussion avec lui sur le mariage, le dialogue de Pamphile avec son père qui, par ruse, feint de consentir au mariage, les paroles de Byrria et le discours rusé de Dave contre le vieillard. 3 Voici ce que l'on met dans le troisième acte : la conversation de Mysis avec l'accoucheuse entendue par Dave et Simon, les soupçons du vieillard sur la grossesse de Glycère et le discours trompeur que lui fait Dave, le dialogue de Simon et Chrémès sur le mariage, le trouble de Dave et de Pamphile. 4 Nous comprenons ce qui suit comme faisant le quatrième acte : d'abord les paroles indignées de Charinus prétendant que Pamphile a été déloyal envers lui, puis les mots que Mysis adresse à Pamphile, les plaintes de celui-ci, puis la manière dont Dave monte une ruse contre Chrémès. 5 Dans le cinquième acte la discussion entre Chrémès et Simon tourne presque à la rixe, puis les manigances de Dave sont découvertes, puis il y a l'indignation du père contre son fils et l'intervention de Criton par l'entremise duquel on apprend la vérité et qui calme la situation pour Pamphile et Charinus qui épousent la femme de leur cœur. 6 Nous ne devons pas nous choquer du fait que, dans cette division des actes, certains personnages paraissent ne pas quitter le devant de la scène ; il nous faut en revanche garder en tête que Térence fait mention dans le début du voisinage des deux maisons pour nous faire comprendre qu'un personnage peut entrer et sortir d'un mouvement très discret190. Les Anciens191 n'ont donc pas procédé autrement quand ils ont divisé les pièces de Térence de cette manière192.

Prologus

1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27

1
Poeta cum primum animum ad scribendum appulit,
Lorsque le poète pour la première fois a abordé l'écriture,

1 poeta cvm primvm animvm a.ad s.scribendvm a.appvlit principium factum a commendatione personae, quod pudens, quod honestus quod prudens Terentius. et honore maiore poetam potius quam Terentium dixit, ut illum hoc ipso nomine de quo laborat, ornaret. 2 poeta cvm p.primvm a.animvm a.ad s.scribendvm a.appvlit intentio omnis huius prologi hoc agit, ut nouo poetae ueniam paret et ueteri odium et ut quam maxime modestum minimeque errantem Terentium probet. 3 poeta cvm p.primvm a.animvm meritum iam poetae dedit poetam eundem dicendo. 4 Et ab animo eius quem defendit. 5 poeta cvm p.primvm a.animvm a.ad s.scribendvm a.appvlit sensus hic est: proposuerat quidem poeta noster, ut in prologis argumenta narraret, sed hoc imputat Luscio Lanuuino aduersario, qui eum non permisit facere quod proposuerat, maledictis suis ad respondendum eundem prouocans. 6 appvlit appellere proprie dicitur, cum ex pelago aut freto quis ad litus accesserit. Vergilius « hinc me digressum u.uestris d.deus a.appulit o.oris 2 ». 7 appvlit in secunda lectione attulit fuit, sed appulit magis; nam postea sic « animum ad uxorem appulit3 ».
1 poeta cvm primvm animvm ad scribendvm appvlit le début est constitué d'une recommandation de personne, à savoir que Térence est mesuré, honorable et sensé. Et c'est pour l'honorer davantage qu'il dit poeta (poète) au lieu de dire Térence, pour le parer du nom même qui est cause de sa souffrance193. 2 poeta cvm primvm animvm ad scribendvm appvlit le but de tout ce prologue est de procurer l'indulgence au nouveau poète et de faire de l'ancien un objet de haine, ainsi que d'offrir à l'approbation un Térence le plus modeste possible et le moins en faute possible. 3 poeta cvm primvm animvm il lui accorde déjà le mérite d'être poète en disant de lui poeta (poète). 4 Et ilpart de l'état d'esprit de celui qu'il défend. 5 poeta cvm primvm animvm ad scribendvm appvlit voici le sens : notre poète s'était donné comme but de raconter dans les prologues l'argument, mais il impute à Luscius Lanuvinus, son adversaire, le fait qu'il ne lui a pas permis d'atteindre le but qu'il s'était donné, en le poussant à répondre à ses calomnies. 6 appvlit appellere se dit au sens propre quand quelqu'un venant de la haute mer ou d'un chenal parvient au rivage. Virgile : « hinc me digressum uestris deus appulit oris » (quand je partis de là un dieu à vos rivages me fit aborder). 7 appvlit un autre texte donne attulit (apporta), mais appulit est meilleur ; voir plus bas : « animum ad uxorem appulit »194.

2
id sibi negoti credidit solum dari,
il croyait que la seule chose qu'il avait à faire était

id sibi negoti negotium modo pro molestia et cura, non labore.
id sibi negoti negotium est ici pris au sens de molestia (ennui), cura (cause de souci), non au sens de labor (peine).

3
populo ut placerent quas fecisset fabulas.
d'éviter que ne plaisent pas au public les pièces qu'il aurait faites.

1 popvlo vt placerent ut ne non significat: modo enim est coniunctio. 2 vt placerent qvas fecisset fabvlas ad fecisset rettulit fabulas, non ad placerent. et est figura σύλλημψις. 3 qvas fecisset fabvlas bene fecisset, non scripsisset. unde et poetae a faciendo dicti sunt, ἀπὸ τοῦ ποιεῖν. sic Vergilius « Pollio et ipse facit noua carmina4 ».
1 popvlo vt placerent ut signifie ne non (afin d'éviter que...ne... pas) ; en effet c'est parfois une conjonction195. 2 vt placerent qvas fecisset fabvlas il a fait dépendre pour le cas fabulas de fecisset et non de placerent. Et c'est la figure de syllepse (σύλλημψις)196. 3 qvas fecisset fabvlas c'est bien de dire fecisset et non scripsisset (écrirait). Car le mot qui désigne les poètes vient du mot qui signifie "faire", du verbe ποιεῖν. Ainsi Virgile : « Pollio et ipse facit noua carmina » (Et Pollion lui même fait de nouveaux vers)197.

4
uerum aliter euenire multo intellegit;
Mais il en va tout autrement, il le comprend bien ;

1 vervm aliter sic Vergilius « maior mihi rerum nascitur ordo, m.maius o.opus m.moueo 5 ». non enim hoc elegisse se dicit, sed quasi ex ordine ipso natum sibi esse. aliter autem contra significat, ut « dis aliter uisum 6 »4. 2 intellegit quod credimus plerumque falsum est, quod intellegimus certum est. 3 vervm aliter evenire m.mvlto i.intellegit adeo nec praeparauerat nec intenderat quemquam laedere, ut spe falsus lacessitusque hoc faciat.
1 vervm aliter ainsi Virgile : « maior rerum mihi nascitur ordo, maius opus moueo » (voici que naît pour moi un ordre plus grand, voici que je mets en branle une œuvre plus grande). En effet, il dit qu'il n'a pas choisi ce type de prologue, mais que c'est de la logique des choses qu'est née pour lui cette situation198. Quant à aliter il signifie "de manière contraire" (contra), comme dans « dis aliter uisum » (les dieux en ont jugé tout autrement). 2 intellegit ce que nous croyons (credere) est la plupart du temps faux, ce que nous comprenons (intellegere) est certain199. 3 vervm aliter evenire mvlto intellegit le dessein et l'intention de blesser étaient tellement éloignés de lui qu'il fait cela trompé dans son espérance et sous le coup de la provocation.

5
nam in prologis scribendis opera935 abutitur,
car à écrire des prologues il perd sa peine,

opera abvtitvr utimur fructibus rei, quae a manentibus 5 saluo usu nobis subministratur, abutimur, quando deperdimus et rem et fructum. nam usui est ager domus, abusui oleum uinum et cetera eiusmodi. Cicero « non debet, inquit, ea mulier, cui uir bonorum suorum usumfructum legauit, cellis uinariis plenis relictis putare id ad se pertinere: usus enim, non abusus legatus est. ea sunt inter se contraria 7 ». hoc in Topicis habetur.
opera abvtitvr nous disons utor (utiliser) pour le profit que l'on tire d'une chose qui nous est procurée à partir de choses qui demeurent même si nous les utilisons, nous disons abutor quand nous perdons totalement et la chose et son profit. Car nous avons l'usus (usufruit) d'un champ, d'une maison, mais nous avons l'abusus (usage) de l'huile, du vin et des autres choses de ce genre. Cicéron dit : « non debet ea mulier, cui uir bonorum suorum usumfructum legauit, cellis uinariis plenis relictis putare id ad se pertinere : usus enim, non abusus legatus est. ea sunt inter se contraria » (cette femme, à qui son mari a légué l'usus (usufruit) de ses biens, ne doit pas penser que, bien que les celliers à vin lui aient été laissés pleins, cela regarde sa succession. Car on lui a légué l'usus (usufruit) du bien, non l'abusus (usage) des biens. Ces éléments sont contradictoires entre eux). On trouve cela dans Les Topiques 200.

6
non qui argumentum narret sed qui maleuoli
non pour exposer l'argument, mais pour répondre

1 non qvi argvmentvm narret quod uere prologi est officium. 2 qvi pro ut. ergo non est modo pronomen. 3 sed qvi malevoli veteris poetae primum a natura maleuoli, deinde a tempore uel ab inuidia ueteris, a signo aemulationis poetae.
1 non qvi argvmentvm narret ce qui est d'ordinaire la fonction du prologue. 2 qvi est mis pour ut (afin que), donc ce n'est parfois pas un pronom201. 3 sed qvi malevoli veteris poetae maleuoli d'abord, argument par la nature, ensuite ueteris, argument par le temps ou aussi par la malveillance, poetae, argument par l'expression de leur rivalité.

7
ueteris poetae maledictis respondeat.
aux méchancetés d'un vieux poète malveillant.

1 uetus plerumque refertur ad laudem, interdum ad uituperationem, ut hic et alibi « uetus ueternosus senex8 ». 2 veteris pro cariosi et quasi rancidi posuit, atque ideo maleuoli. 3 non criminibus sed maledictis. quid autem inter maledictum et crimen intersit, docet Cicero in Tusculanis. 4 veteris ratio inuidiae, poetae causa insectationis. 5 maledictis criminatio aduersarii. 6 veteris poetae m.maledictis r.respondeat quia senex Luscius edebat fabulas adulescentulo tunc Terentio. 7 Et eleganter maleuoli maledictis ueteris: commendatio poetae a persona aduersarii. 8 respondeat excusatio respondentis. 9 Et non obsistat sed respondeat.
1 uetus s'emploie la plupart du temps de manière laudative, parfois de manière péjorative, comme c'est le cas ici et ailleurs : « uetus ueternosus senex ». 2 veteris est ici synonyme de cariosi (pourri), voire de rancidi (rance), et c'est ce qui explique maleuolus. 3 Il ne dit pas crimen (accusation), mais maledictum (calomnie). La différence entre maledictum et crimen est expliquée par Cicéron dans Les Tusculanes 202. 4 veteris est la raison de la jalousie qu'il éprouve, poetae la cause de sa cabale. 5 maledictis les accusations portées par l'adversaire. 6 veteris poetae maledictis respondeat parce que le vieux Luscius faisait déjà jouer des pièces quand Térence n'était encore qu'un jeune homme. 7 Et c'est s'exprimer avec élégance que de dire maleuoli maledictis ueteris ; car le poète se fait valoir à partir de la personnalité de l'adversaire. 8 respondeat façon de justifier sa réponse. 9 Et il ne dit pas obsistat (qu'il s'oppose), mais respondeat (qu'il réponde).

8
nunc quam rem uitio dent quaeso animaduertite936 .
Maintenant, les reproches qu'ils lui font, s'il vous plaît, faites-y attention.

1 nvnc qvam rem quam qualem. 2 vitio dent uituperent, culpent. 3 uituperare est mala, uitio dare etiam bona. 4 nvnc qvam rem vitio dent nunc animaduertite, non nunc uitio dent. 5 Et oratorie quasi multos facit, cum unum supra dixerit, ut Vergilius « desiste manum committere T.Teucris 9 ». 6 qvaeso propositio. 7 animadvertite legitur et attendite. unde manifestum est et attendite et aduertite non esse plenum, nisi addideris animum.
1 nvnc qvam rem quam égale qualem (de quelle nature). 2 vitio dent synonyme de uituperare (blâmer), culpare (accuser). 3 uituperare (blâmer) s'applique à des choses mauvaises, uitio dare s'applique même à des choses bonnes203. 4 nvnc qvam rem vitio dent nunc porte sur animaduertite, non sur uitio dent 204. 5 Et il utilise un pluriel oratoire, bien qu'il ait utilisé au-dessus un singulier, comme Virgile : « desiste manum committere Teucris » (Cesse de t'en prendre aux Teucères)205. 6 qvaeso exposé des griefs206. 7 animadvertite on lit aussi attendite (soyez attentifs). Ce qui rend évident que ni attendite ni aduertite ne font un sens plein, sans l'ajout de animum (l'esprit)207.

9
Menander fecit Andriam et Perinthiam.
Ménandre a fait L'Andrienne et La Périnthienne.

1 menander fecit andriam et p.perinthiam iam narratio est. 2 Et proprie fecit: scribit enim Terentius, qui uerba adhibet tantum, facit Menander, qui etiam argumentum componit. sed saepe ad laudem Terentii fecit de eo quod est transtulit.
1 menander fecit andriam et perinthiam c'est désormais la narration. 2 Et fecit est employé au sens propre ; en effet Térence écrit (scribit), car il se contente de mettre des mots sur l'argument, tandis que Ménandre fait (facit), car il compose aussi l'argument208. Mais souvent, pour faire l'éloge de Térence, fecit s'emploie au sens de transtulit (il a traduit).

10
qui utramuis recte norit ambas nouerit:
Qui connaît bien l'une des deux les connaît toutes les deux.

1 vtramvis prima scaena Perinthiae fere isdem uerbis quibus Andria scripta est, cetera dissimilia sunt exceptis duobus locis, altero ad uersus XI, altero ad XX, qui in utraque fabula positi sunt. 2 qvi <vtramvis recte norit ambas noverit id est: qui> norit unam, norit ambas et nouerit omnem rem. 3 <Et mire> uno uersu norit nouerit. 4 vtramvis deest harum.
1 vtramvis la première scène de La Périnthienne est pratiquement écrite dans les mêmes termes que celle de L'Andrienne, mais tout le reste est différent, sauf deux passages aux vers 11 et 20 et qui sont communs aux deux pièces209. 2 qvi vtramvis recte norit ambas noverit c'est-à-dire : qui en connaît une, connaît les deux et connaîtra toute l'intrigue. 3 Et de manière étonnante dans le même vers il y a les deux formes norit et nouerit 210. 4 vtramvis il manque harum (de celles-ci).

11
non ita dissimili sunt argumento, sed tamen
Elles ne sont pas si différentes pour les sujets, et pourtant

1 non ita dissimili svnt ar.argvmento ordo: ita non sunt. ergo ita subdistinguendum. 2 sed tamen discretio est a superioribus. et est ἀνακόλουθον, non enim supra posuit quidem. 3 non ita dissimili svnt oratione6 ita pro ualde. 4 Et caute: potuit enim dici quomodo ergo duae sunt?
1 non ita dissimili svnt argvmento ordre des mots : ita non sunt ; il faut donc mettre une ponctuation faible après ita 211. 2 sed tamen introduit une séparation avec ce qui précède. C'est aussi une anacoluthe (ἀνακόλουθον), car, auparavant il n'a pas mis quidem (il est vrai que)212. 3 non ita dissimili svnt ita est mis pour ualde (beaucoup). 4 Et c'est une précaution car il aurait pu dire : "qu'est-ce qui fait que ce sont deux pièces"213 ?

12
dissimili oratione sunt factae ac stilo.
différentes pour les pensées, elles le sont en fait, et pour le style.

1 dissimili oratione ita 7 ne Menandrum culpare uideatur, hoc adiunxit, quod laudis est. 2 oratione... ac stilo oratio in sensu est, stilus in uerbis. 3 oratio ad res refertur, stilus ad uerba. 4 stilus non est in pectore sed in prolata oratione, oratio autem et in cogitatione est et in prolatu. 5 orationem in sententiis dicunt esse, stilum in uerbis, argumentum in rebus. ergo et poema oratio.
1 dissimili oratione c'est pour éviter l'impression qu'il rejette la faute sur Ménandre, qu'il a ajouté ita, qui est un éloge214. 2 oratione... ac stilo oratio réside dans le sens, stilus réside dans les mots. 3 oratio renvoie au fond, stilus à la forme. 4 stilus ne porte par sur l'implicite, mais sur l'explicite, oratio, quant à lui, porte à la fois sur la pensée et sur son expression. 5 oratio porte, selon l'avis commun, sur les pensées, stilus sur les mots, argumentum sur les faits. Donc un poème aussi fait partie de l'oratio 215.

13
quae conuenere in Andriam ex Perinthia
Les endroits qui allaient bien, dans son Andriennedepuis La Périnthienne,

1 qvae convenere in andriam apparet non de industria sed casu esse translata ea, quae ex Perinthia in Andriam eodem sensu isdemque uerbis perscripta fuerant. 2 qvae convenere in andriam unam ergo, non duas transtulit. 3 qvae convenere in andriam quae apta et commoda fuerunt. 4 in andriam Latinam, non Graecam.
1 qvae convenere in andriam il apparaît clairement que ce n'est pas à dessein, mais par hasard qu'ont été traduits les passages, qui, tirés de La Périnthienne, ont été récrits dans L'Andrienne avec un sens et des mots identiques. 2 qvae convenere in andriam il a donc traduit une seule pièce et non deux216. 3 qvae convenere in andriam qui à la fois étaient adaptés et s'y prêtaient217 . 4 in andriam la pièce latine, pas la grecque.

14
fatetur transtulisse atque usum pro suis.
il l'avoue, il les a transposés, et il en a usé comme de son bien.

fatetvr transtvlisse sed quare ergo se onerat Terentius, cum possit uideri de una transtulisse? sic soluitur: quia conscius sibi est primam scaenam de Perinthia esse translatam, ubi senex ita cum uxore loquitur, ut apud Terentium cum liberto. at in Andria Menandri solus est senex.
fatetvr transtvlisse mais pourquoi donc Térence s'incrimine-t-il, alors qu'il aurait pu donner l'impression de n'avoir traduit qu'une seule pièce ? Réponse : parce qu'il a bien conscience d'avoir traduit la première scène de La Périnthienne où un vieillard parle à son épouse comme il le fait chez Térence à son affranchi218. Mais dans L'Andrienne de Ménandre, le vieillard est seul en scène.

15
id isti uituperant factum atque in eo disputant
Voilà ce que ces gens-là lui reprochent d'avoir fait, et leur argument-clé,

1 id isti vitvperant f.factvm isti ad reprehensionem sumitur personae: interdum reprehensionem rei significat, ut Vergilius « quid petis istis?10 » 2 vitvperant uitium rei parant. 3 dispvtant immorantur, calumniantur, argumentantur.
1 id isti vitvperant factvm isti est à prendre dans un sens péjoratif pour une personne. Il lui arrive de prendre un sens péjoratif pour une chose, comme chez Virgile : « quid petis istis ? » (que demandes-tu pour ces pauvres vaisseaux ?). 2 vitvperant uitium parant (ils préparent une accusation) sur un point219. 3 dispvtant synonyme de immorari (insister lourdement), calumniari (calomnier), argumentari (argumenter).

16
contaminari non decere fabulas.
c'est qu'il est malséant de contaminer des pièces.

1 contaminari contaminare proprie est manibus luto plenis aliquid attingere et polluere.— 2 contaminare contingere est. — Vergilius « linqui pollutum h.hospitium 11 ». 3 contaminari contaminari tangi et relinqui polluta manu ac per hoc uelut foedari aut maculari, ut ipse ait « ne hoc gaudium contaminet uita aegritudine aliqua12 ». 4 contaminari non decere id est: "ex multis unam non decere facere".
1 contaminari le verbe contaminare (contaminer) signifie au sens propre "toucher quelque chose avec des mains pleines de boue" et le "souiller". 2 Contaminare est synonyme de contingere (toucher). Virgile : « linqui pollutum hospitium » (une hospitalité laissée souillée). 3 contaminari contaminari, c'est "être touché et laissé par une main sale" et pour cette raison, est synonyme de foedari (être sali) et maculari (être maculé), comme il le dit lui-même : « ne hoc gaudium contaminet uita aegritudine aliqua ». 4 contaminari non decere signifie : "il n'est pas convenable de faire une seule pièce à partir de plusieurs".

17
faciuntne intellegendo ut nil intellegant?
Vraiment n'en arrivent-ils pas, à force de comprendre, à ne rien comprendre ?

1 facivntne intellegendo ne quidam corripiunt et cum interrogatione pronuntiant, quidam producunt. quorum alii ne pro nonne accipiunt, id est non, alii ne pro ualde, ut « ne ego homo sum infelix13 » et Cicero « ne illi ueh.uehementer e.errant 14 ». 2 Et hoc melius, nam statim infert « quorum aemulari exoptat n.neglegentiam p.potius q.quam i.istorum o.obscuram d.diligentiam 15 ». 3 ne nimis, multum, plurimum.
1 facivntne intellegendo il y a des gens qui abrègent ne et ponctuent interrogativement, d'autres qui l'allongent. Parmi eux, les uns prennent ne au sens de nonne, c'est-à-dire en fait non, d'autres au sens de ualde comme dans « ne ego homo sum infelix » et Cicéron « ne illi uehementer errant » (à coup sûr, ils se trompent lourdement). 2 Et c'est mieux ainsi, car aussitôt il ajoute : « quorum aemulari exoptat neglegentiam potius quam istorum obscuram diligentiam ». 3 ne synonyme de nimis (trop), multum (beaucoup), plurimum (extrêmement)220.

18
qui cum hunc accusant, Naeuium Plautum Ennium
Car, quand ils l'accusent, c'est Naevius, Plaute, Ennius,

1 qvi cvm hvnc accvsant naevivm plavtvm ennivm a.accvsant in singulis magna ἔμφασις auctoribus, sed ordo non est seruatus: Ennius namque ante Plautum fuit. sed quod est summum auctoritatis, Ennium ultimum dixit. 2 qvi cvm hvnc a.accvsant n.naevivm p.plavtvm e.ennivm Terentium, inquit, specialiter accusantes nesciunt se bonis omnibus maledicere, quos ille imitatur. et est argumentum ab exemplo et auctoritate.
1 qvi cvm hvnc accvsant naevivm plavtvm ennivm accvsant dans le fait de nommer chaque auteur il y a une grande insistance (ἔμφασις), mais il ne conserve pas l'ordre chronologique. Car Ennius est antérieur à Plaute. Mais, parce qu'il représente l'autorité la plus grande, il dit Ennius en dernier221. 2 qvi cvm hvnc accvsant naevivm plavtvm ennivm en portant, selon lui, contre Térence une accusation spécifique, ils ignorent qu'ils disent du mal de tous les bons auteurs qu'il imite. C'est ce que l'on appelle un argument fondé sur l'exemple et l'autorité.

19
accusant quos hic noster auctores habet,
qu'ils accusent, que notre auteur a pour garants,

20
quorum aemulari exoptat neglegentiam
dont il choisit d'imiter la liberté

21
potius quam istorum obscuram diligentiam.
plutôt que de ses détracteurs l'obscure exactitude.

22
dehinc ut quiescant porro moneo et desinant
Donc qu'ils se tiennent tranquilles maintenant, je les préviens, et qu'ils cessent

1 dehinc vt q.qviescant p.porro m.moneo recte, nam quiesce illi dicitur, qui est insolens et inquietus. 2 porro porro in futurum dixit. 3 moneo terribiliter dixit. Cicero « moneo praedico a.ante d.denuntiant 16 ». 4 moneo liberatus culpa etiam terret alibi criminaturus aduersarios.
1 dehinc vt qviescant porro moneo mot juste, car on dit quiesce (du calme) à une personne qui est insolente et agitée. 2 porro l'adverbe porro a été utilisé ici pour désigner un fait futur222. 3 moneo sur un ton menaçant. Cicéron : « moneo praedico ante denuntio » (je vous avertis, je vous préviens, je prends les devants). 4 moneo libre de l'accusation qui pesait sur lui, il en vient à faire peur aussi à ses adversaires qu'il est prêt à accuser à son tour sur un autre point.

23
male dicere, malefacta ne noscant sua.
de dire du mal, sous peine d'être instruits du mal qu'ils font.

malefacta ne noscant sva melius quam si dixisset audiant.
malefacta ne noscant sva c'est mieux que s'il avait dit audiant (entendent).

24
fauete, adeste aequo animo et rem cognoscite,
Faites silence, prêtez-nous une juste attention et instruisez l'affaire,

1 favete adeste iam ad auditores conuertitur, a quibus coepit. 2 favete quasi dicat: "haec aduersarii faciunt, uos autem, quod in uobis est, fauete, uos ergo fauorem facite ". 3 adeste non ut absentibus dicit, quippe qui corporibus praesto erant, sed: intenti estote. 4 favete silete. sic et pontifices dicunt fauete linguis, fauete uerbis, unde Vergilius « ore fauete omnes17 » etc. 5 adeste animis scilicet: "auxilium praebete", ut adesse aduocatus dicitur reo. 6 aeqvo animo ab honesto; et rem cognoscite a iusto. 7 cognoscite pro noscite 8 8 sic dixit cognoscite, ut pernoscatis, quemadmodum in Hecyra « orator ad uos uenio ornatu prologi: sinite exorator sim18 ».
1 favete adeste il se tourne désormais vers le public, avec lequel il a commencé sa tirade223. 2 favete revient à dire : "voici ce que font les adversaires, vous, autant que faire se peut, fauete", "vous donc fauorem facite (témoignez-moi votre faveur)" 224. 3 adeste il ne parle pas comme s'il invitait à venir des absents, car ils sont bel et bien présents en chair et en os, mais il veut dire : intenti estote (soyez attentifs). 4 favete faites silence, comme les pontifes disent fauete linguis, fauete uerbis (retenez votre langue, vos mots), d'où Virgile : « ore fauete omnes » (retenez votre bouche) etc. 5 adeste sous-entendre évidemment animis (avec votre esprit) : "assistez-moi", comme on dit que l'avocat assiste (adesse) le prévenu. 6 aeqvo animo argument selon l'honnête, et rem cognoscite argument selon le juste. 7 cognoscite équivaut à noscite. 8 Il a dit cognoscite ut pernoscatis de la même façon que dans L'Hecyre « orator ad uos uenio ornatu prologi : sinite exorator sim »225.

25
ut pernoscatis ecquid spei sit reliquum,
pour déterminer si quelque espoir reste

1 vt pernoscatis ab utili. 2 reliqvvm sunt qui reliquorum accipiunt, ut sit sensus: de hac fabula sumite specimen, ut sciatis, an ceterae uobis spectandae sint. nam postmodum dicit in alio prologo « alias cognostis eius: quaeso hanc noscite19 ». 3 reliqvvm quasi diceret postremum, — est ergo quasi aduerbium, — id est τὸ λοιπόν. 4 reliqvvm siue hoc reliquum dicit siue reliquum pro reliquorum, geminata u scribitur.
1 vt pernoscatis argument selon l'utile. 2 reliqvvm il y en a qui prennent le mot comme équivalent de reliquorum, en sorte que cela veut dire : "à partir de cette pièce prenez un échantillon pour savoir si vous devez voir les autres". Car plus tard 226, il dit dans un autre prologue « alias cognostis eius : quaeso hanc noscite ». 3 reliqvvm équivalent de postremum (pour finir) -c'est donc pour ainsi dire un adverbe – c'est-à-dire τὸ λοιπόν (du reste). 4 reliqvvm que l'on dise reliquum au neutre ou reliquum pour reliquorum, le mot prend deux u 227.

26
posthac quas faciet de integro comoedias,
que, dans la suite, les comédies qu'il fera de son crû

1 posthac <qvas> faciet scribet. 2 de integro utrum denuo an ex integris Graecis?
1 posthac qvas faciet équivaut à scribet (écrira). 2 de integro est-il l'équivalent de denuo (en partant de rien) ou de ex integris Graecis (à partir d'originaux grecs sans contamination)228 ?

27
spectandae an exigendae sint uobis prius.
doivent être bien vues ou être retirées d'emblée.

1 spectandae an e.exigendae s.sint v.vobis p.privs σύλλημψις, ut supra. ad uerbum enim faciet declinauit, non ad spectandae sint. 2 spectandae proprie ut fabulae: probandae. 3 exigendae ἔξω agendae.
1 spectandae an exigendae sint vobis privs syllepse (σύλλημψις) comme ci-dessus : car il accorde pour le cas d'après le verbe faciet, non d'après le cas de spectandae sint 229. 2 spectandae au sens propre s'agissant de pièces : "qu'il faut soumettre à approbation"230. 3 exigendae ἔξω agendae (mises dehors)231.

Actus primus

scaena prima

SimoSosia

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28
Si.-uos istaec intro auferte: abite.–Sosia,
Si.- Vous autres, emportez cela dedans. Allez ! Sosie,

1 vos istaec intro avferte abite in hac scaena haec uirtus est, ut argumenti narratione 9 actio scaenica uideatur, ut sine fastidio longus sermo sit ac senilis oratio. 2 vos istaec i.intro a.avferte a.abite haec scaena pro argumenti narratione proponitur, in qua fundamenta fabulae iaciuntur, ut uirtute poetae, sine officio prologi uel θεῶν ἀπὸ μηχανῆς, et periocham comoediae populus teneat et agi res magis quam narrari uideantur. 3 vos istaec i.intro a.avferte a.abite molliter retenturus et separaturus Sosiam imperat, ut maneat. addit etiam causam illis abeundi dicendo istaec auferte ne suspicionem iniciat Sosiam communicandi secreti gratia remansisse. 4 deinde quasi respicientes increpat dicendo abite. Et bene auferte: auferimus enim ea, quae cum fastidio cernimus, ferimus ea, quae cum honore tractamus. 5 abite concitatius legendum est, quia respectantes properat et discernit a Sosia. 6 Sosiae 10 persona protatica est, non enim usque ad finem perseuerat, ut est Daui in Phormione, in Hecyra Philotidis et Syrae.
1 vos istaec intro avferte abite la valeur de cette scène réside dans le fait que lors de l'exposition de l'intrigue232, on voit une action scénique, de sorte qu'on la suit sans l'ennui qui naîtrait si c'était un long dialogue ou un monologue du vieillard233. 2 vos istaec intro avferte abite cette scène tient lieu d'exposition de l'intrigue ; on y introduit les premiers éléments de la fable, en sorte que par le talent du poète, sans avoir recours aux services d'un personnage Prologue234 ou à ceux d'un deus ex machina (θεοὶ ἀπὸ μηχανῆς)235, le public possède un résumé de la comédie et les faits paraissent se dérouler sous ses yeux plus qu'être racontés. 3 vos istaec intro avferte abite d'une voix douce, comme il veut retenir et mettre à part Sosie, il lui commande de rester. Il ajoute même un prétexte au départ des autres, en disant istaec auferte, pour ne pas laisser soupçonner qu'il a gardé près de lui Sosie pour lui communiquer quelque secret. 4 Ensuite, il s'en prend à eux, comme s'ils faisaient mine de se retourner pour jeter un œil, en leur disant abite (allez-vous en). Et c'est bien de dire auferte (emportez) car nous faisons emporter (auferre) les choses qui nous ennuient, et nous portons (ferre) celles que nous traitons avec honneur. 5 abite il faut prononcer ce mot avec une certaine rapidité, car il presse les serviteurs qui regardent en arrière et les sépare de Sosie236. 6 Le personnage de Sosie est protatique237, car il ne reste pas jusqu'au bout, comme celui de Dave dans le Phormion, de Philotis et de Syra dans L'Hécyre.

29
adesdum: paucis te uolo. So.-dictum puta:
approche donc. Une chose, si tu veux bien. So.-Tiens-la pour dite :

1 adesdvm ades imperatiuum est, dum παρέλκον. est enim productio. 2 pavcis deest colloqui aut uerbis. et est figura σύλλημψις. 3 adesdvm παρέλκον, ut « ehodum ad me20 ». 4 dictvm pvta ad hoc respondet, ut agi res uideantur, quemadmodum supra diximus.
1 adesdvm ades est un impératif, dum est un pléonasme (παρέλκον) ; en effet c'est un allongement. 2 pavcis il manque colloqui (converser) ou uerba (de mots)238. C'est la figure de syllepse (σύλλημψις). 3 adesdvm pléonasme (παρέλκον), comme « ehodum ad me »239. 4 dictvm pvta il répond ainsi pour que les faits paraissent se dérouler sous les yeux du public, ainsi que nous l'avons dit plus haut.

30
nempe ut curentur recte haec? Si.-immo aliud. So.-quid est
n'est-ce pas ? qu'on traite tout cela comme il faut. Si.-Non : c'est autre chose. So.-Qu'est-ce

1 cvrentvr recte diligenter coquantur. curatio proprie medicorum est, cura reliquorum. sed coquina medicinae adulatrix est. 2 haec δεικτικῶς. 3 nempe vt cvrentvr deest uis, ut sit: nempe uis. 4 immo alivd bene ἀντέθηκεν τῷ nempe τὸ immo. et deest uolo. 5 qvid est qvod tibi mea ars effic.efficere ars ἀπὸ τῆς ἀρετῆς dicta est per συγκοπήν. ἀρετή autem uirtus est. uirtutis uero quattuor generales sunt species: prudentia iustitia patientia fortitudo. sed prudentia in multis rebus descendit.
1 cvrentvr recte que les choses soient traitées avec grand soin. La notion de curatio s'applique en propre aux remèdes, celle de cura à tout le reste. Mais la notion de coquina désigne une discipline au service de la médecine240. 2 haec employé comme déictique (δεικτικῶς). 3 nempe vt cvrentvr il manque uis (veux-tu), pour donner le sens : nempe uis. 4 immo alivd c'est bien d'opposer (ἀντέθηκεν 241 ) immo à nempe. Et, en plus, il manque uolo (je veux). 5 qvid est qvod tibi mea ars efficere le mot ars vient de ἀρετή par syncope (συγκοπή). Or ἀρετή est synonyme de uirtus (qualité) 242 . De fait il y a quatre espèces générales de qualités : prudence, justice, patience et force. Mais la prudence s'applique à de nombreux objets.

31
quod tibi mea ars efficere hoc possit amplius?
que pour toi mon savoir-faire peut accomplir de plus ?

efficere facere est in opere esse, efficere autem perfectionem desiderat.
efficere le verbe facere (faire) s'emploie pour l'action en cours, le verbe efficere (accomplir) implique l'idée d'achèvement.

32
Si.-nihil istac opus est arte ad hanc rem quam paro,
Si.-Je n'ai nul besoin de ce savoir-faire pour la chose que je prépare,

nihil istac opvs est a.arte mire ait: arte non opus est, sed opus est artibus.
nihil istac opvs est arte il est remarquable qu'il dise cela243 à savoir qu'il n'est pas besoin d'adresse (ars), mais qu'il est besoin de qualités (artes).

33
sed his 937 quas semper in te intellexi sitas,
mais de ce que j'ai toujours reconnu inné en toi,

1 sed his qvas semper in te intellexi sitas ipse hic signatissime ostendit multas uariasque artes esse, id est ἀρετὰς, quae uirtutes intelleguntur. 2 sed his ζεῦγμα a superiore, quod subauditur artibus. 3 sitas constitutas, positas.
1 sed his qvas semper in te intellexi sitas le personnage indique ici lui-même de la manière la plus explicite que ce sont des qualités (artes) nombreuses et variées, c'est-à-dire des ἀρεταὶ, que l'on comprend comme des vertus. 2 sed his zeugme (ζεῦγμα) à partir de ce qui précède, parce que artibus (qualités) est sous-entendu. 3 sitas synonyme de constitutas (installées), positas (placées).

34
fide et taciturnitate. So.-exspecto quid uelis.
loyauté et discrétion. So.-Je suis impatient de savoir ce que tu veux.

1 fide et tacitvrnitate fides est commendatorum fida exsecutio uel obseruantia, taciturnitas uero obseruantiae genus, in silentio constituta et in celando secreta. quaerit autem taciturnitatem, ne prodat Pamphilo secretum, quod ei commendaturus est. 2 fide ad complenda, tacitvrnitate ad celanda mandata. 3 exspecto qvid velis exspecto desidero, ut Vergilius « exspectate uenis21 ». 4 qvid velis deest scire, nam si dixisset quod uelis, nihil desideraret.
1 fide et tacitvrnitate la fides est l'exécution fidèle de ce qui est commandé, on peut dire aussi la stricte obéissance, mais la taciturnitas est une forme de stricte obéissance, faite de silence et de conservation des secrets. Il demande de se taire, afin de ne pas révéler à Pamphile le secret qu'il va lui confier. 2 fide pour accomplir les ordres ; tacitvrnitate pour les cacher. 3 exspecto qvid velis exspecto est l'équivalent de desidero (je désire) comme Virgile : « exspectate uenis » (tu viens toi que l'on a désiré). 4 qvid velis il manque scire (savoir), car s'il avait dit quod uelis (ta volonté), il n'y aurait pas expression d'un désir244.

35
Si.-ego postquam te emi, a paruulo ut semper tibi
Si.-Pour moi, du jour où je t'ai acheté, tout petit, à quel point toujours

1 ego postqvam te e.emi a p.parvvlo commendatio personae quam serui, ne contra filium leui seruo aliquid committi indecore uideatur. 2 ego postqvam te e.emi a p.parvvlo tale est « paruum ego te, Iugurtha22 ». 3 ego postqvam te e.emi a p.parvvlo non emi a paruulo, sed a paruulo, ut clemens tibi fuerit seruitus, scis, hoc est a paruulo scis. 4 vt semper tibi continuationem significat semper.
1 ego postqvam te emi a parvvlo recommandation du personnage245 qui parle, plus que de l'esclave afin que l'esclave n'ait pas la légèreté de croire qu'on fait quelque chose de déshonnête contre le fils. 2 ego postqvam te emi a parvvlo telle est la phrase : « paruum ego te, Iugurtha, » (tu étais un enfant, Jugurtha, quand moi...). 3 ego postqvam te emi a parvvlo ne pas comprendre emi a paruulo mais a paruulo ut clemens tibi fuerit seruitus, scis, c'est-à-dire a paruulo scis (tu sais depuis ton enfance). 4 vt semper tibi semper marque la continuité246.

36
apud me iusta et clemens fuerit seruitus
chez moi ta condition a été équitable et douce,

1 ivsta et clemens f.fverit s.servitvs ita dixit iusta, ut alibi non necesse habeo omnia pro meo iure agere. quid enim non iustum domino in seruum? 2 ivsta et clemens iusta in qua nihil iniquum iubetur, clemens in qua etiam de iusto multum remittitur. 3 apvd me ivsta et clemens moderata, aequa, leuis, cui contrarium Vergilius ait « et iniquo p.pondere r.rastri 23 » et « iniquo11 sub fasce ue.uiam c.cum c.carpit 24 ». nam qui iustam debitam nunc dici putant, nihil afferunt ad iuuandam sententiam. 4 ivsta et c.clemens f.fverit s.servitvs libertatem imputaturus clementem intulit seruitutem. 5 servitvs mire seruitutem pro dominatu posuit. sic Sallustius « dein seruili imperio patres p.plebem e.exercere 25 ».
1 ivsta et clemens fverit servitvs il dit iusta comme plus loin « non necesse habeo omnia pro meo iure agere ». En effet, s'agissant d'un esclave, en quoi le maître peut-il outrepasser son droit ? 2 ivsta et clemens iusta dans le sens qu'il n'est rien ordonné d'injuste, clemens dans le sens qu'il est beaucoup pardonné même sur ce qui eût été juste. 3 apvd me ivsta et clemens signifie moderata (modérée), aequa (équitable), leuis (légère), au contraire de Virgile qui dit : « et iniquo pondere rastri » (et par le poids excessif du rateau) et « iniquo sub fasce uiam cum carpit » (quand il dévore la route sous des faisceaux iniques). De fait ceux qui pensent que iusta veut ici dire debita (due) n'apportent rien qui éclaire la phrase. 4 ivsta et clemens fverit servitvs comme il allait lui donner sa liberté il lui fit une servitude douce. 5 servitvs emploi paradoxal de seruitus au lieu de dominatus (un maître). Ainsi Salluste : « dein seruili imperio patres plebem exercere » (ensuite les sénateurs exercèrent la plèbe à subir le pouvoir qu'on impose aux esclaves).

37
scis. feci ex seruo ut esses libertus mihi,
tu le sais. D'esclave que tu étais, je t'ai fait mon affranchi,

1 scis feci ex servo vt esses l.libertvs m.mihi dulcem libertatem fecit operatione et tractatione uerborum dicendo: ex seruo libertum; non enim tantam haberet gratiam, si dixisset feci libertus ut esses. 2 Sed ex servo vt esses libertvs ac si quis dicat feci ut esses sanus non tantam haberet gratiam, quam si dicat feci ut ex aegro sanus esses. 3 Et mihi ἔμφασιν habet: quod mihi libertus factus sis, non filio. 4 Aut ideo mihi additum quia libertus ad aliquid dicitur. 5 mihi bene mihi ne pertimesceret filium, cui nec liberti munus debebat. 6 ex servo mire addidit ex seruo, ut uim beneficii ostenderet. 7 scis feci ex servo vt esses libertvs mihi hinc Vergilius « nympha decus f.fluuiorum a.animo c.carissima n.nostro s.scis u.ut t.te c.cunctis u.unam q.quaecumque L.Latinae 26 12 ».
1 scis feci ex servo vt esses libertvs mihi il rend la douceur de la liberté par l'effet et la disposition247 des mots en disant ex seruo libertum ; car l'expression n'aurait pas tant de grâce248 s'il avait dit feci libertus ut esses. 2 Mais ex servo vt esses libertvs et si on disait feci ut esses sanus (j'ai fait en sorte que tu fusses en bonne santé) cela n'aurait pas tant de grâce que s'il disait : feci ut ex aegro sanus esses (que de malade tu fusses en bonne santé)249. 3 Et mihi porte une insistance (ἔμφασις) : que tu es devenu mon affranchi mihi (à moi), pas celui de mon fils. 4 Ou alors mihi a été ajouté parce que le mot libertus est un nom relatif250. 5 mihi c'est bien de dire mihi afin qu'il ne redoute point le fils, envers qui il n'est nullement redevable de son affranchissement. 6 ex servo l'ajout de ex seruo est remarquable, pour montrer la force du bienfait. 7 scis feci ex servo vt esses libertvs mihi : c'est de là que Virgile a tiré : « nympha decus fluuiorum, animo carissima nostro, scis ut te cunctis unam, quaecumque Latinae » (nymphe, ornement des fleuves, très chère à notre cœur, tu sais que toi seule entre toutes les Latines...)251.

38
propterea quod seruiebas 938 liberaliter :
parce que, tout esclave que tu étais, tu agissais fanchement en homme libre.

1 liberaliter 13 bene, quia omne bonum libero aptum est, malum seruo. idem alibi « factum est14 a uobis duriter inmisericorditerque et, si est, pater, dicendum magis aperte, inliberaliter27 ». 2 Et bene admonuit, cur dederit beneficium, eadem et nunc officia quaesiturus. non enim dixit artificiose, quia supra ait « nihil istac opus est arte28 ». 3 qvod serviebas bene imperfecto tempore, non perfecto, ut ostendat potuisse eum etiam atque etiam seruire. quale est illud Vergilianum « atque omnisp.pelagique m.minas c.caelique f.ferebat i.inualidus 29 », ut ostendat eum, quamuis inualidus esset, tamen adhuc potuisse laborem exitiumque ferre.
1 liberaliter bien, car tout ce qui est bon est adapté à un homme libre, tout ce qui est mauvais à un esclave. De la même façon ailleurs : « factum est a uobis duriter inmisericorditerque et si est pater dicendum magis aperte inliberaliter ». 2 Et il a bien fait de rappeler pourquoi il a donné ce bienfait, maintenant qu'il va demander aussi les mêmes services252. En effet, il n'a pas dit artificiose (quel talent !) car il dit plus haut « nihil istac opus est arte ». 3 qvod serviebas c'est bien un imparfait, et non un parfait, pour montrer qu'il aurait pu continuer encore à être esclave. De même dans ce passage virgilien : « atque omnis pelagique minas caelique ferebat, inualidus » (et toutes les menaces de la mer et du ciel il les supportait, bien que faible), pour montrer que quelque faible qu'il fût, il aurait pu encore supporter la peine et la mort.

39
quod habui summum pretium persolui tibi.
Le plus haut prix dont je disposais, je m'en suis acquitté pour toi.

1 svmmvm pretivm libertatem dicit. 2 persolvi tibi quia pretium dixerat, persolui dixit proprie. 3 persolvi tibi modeste pretium redditum dixit, non beneficiis praerogatum.
1 svmmvm pretivm il veut dire la liberté. 2 persolvi tibi parce qu'il avait dit pretium (prix), il emploie persolui au sens propre. 3 persolvi tibi il dit modestement qu'il a donné en retour de services le prix, et non que par ses bienfaits il a payé d'avance.

40
So.-in memoria habeo. Si.-haud muto factum. So.-gaudeo
So.-Je le garde en mémoire. Si.-Je ne change point ce que j'ai fait. So.-Je me réjouis

1 in memoria habeo hoc est: non sum ingratus. 2 havd m.mvto f.factvm uetuste: non me paenitet. nam si quid paeniteret, infectum uelle dicebant. 3 Legitur muto . 4 An secundum ius, quod aduersum libertos ingratos est, ut in seruitutem reuocentur? Sed hoc non conuenit senem dicere. 5 in memoria habeo plus dixit in memoria habeo, quam si dixisset scio. nam quae scimus, possumus obliuisci, quae uero memoriae mandamus, numquam amittimus. 6 havd m.mvto f.factvm legitur et multo, hoc est damno, reprehendo. quod si est, sic intellegeretur, non nollem factum: nemo enim potest factum infectum reddere. 7 Sed aduerbialiter dixit, ut dicimus « nollem factum30 », « nollem hunc 15 exitum31 ». 8 Ergo haud muto factum non me paenitet facti.
1 in memoria habeo cela signifie : non sum ingratus (je ne suis pas un ingrat). 2 havd mvto factvm vieilli : signifie non me paenitet (je ne le regrette pas). Car s'il avait quelque regret, on dirait qu'il veut que cela n'ait pas eu lieu. 3 On lit aussi muto 253. 4 Ou bien est-ce selon le droit qui s'applique aux affranchis ingrats et qui veut qu'ils soient à nouveau réduits en esclavage ? Mais il ne convient pas à un vieillard de dire cela. 5 in memoria habeo in memoria habeo (j'ai en mémoire) est plus explicite que scio (je sais), car ce que nous savons, nous pouvons l'oublier, mais ce que nous confions à la mémoire, jamais nous ne le perdons. 6 havd mvto factvm on lit aussi multo, à savoir je condamne, je reproche. Dans ce cas il voudrait dire : "je ne voudrais pas que cela ne fût pas fait" : car nul ne peut défaire ce qui a été fait. 7 Mais il l'emploie adverbialement comme nous disons « nollem factum » et « nollem hunc exitum ». 8 donc haud muto factum je ne regrette pas ce que j'ai fait.

41
si tibi quid feci aut facio quod placeat, Simo,
d'avoir fait pour toi et de faire encore quelque chose qui te plaise, Simon,

1 si tibi qvid feci avt facio qvod placeat simo et fecisse se et adhuc facere ostendit, quamuis manu emissus sit. 2 gavdeo si tibi q.qvid f.feci a.avt f.facio q.qvod p.placeat felicitatis est, ut ea, quae facienda, grata sint. 3 si tibi qvid pro aliquid.
1 si tibi qvid feci avt facio qvod placeat simo il montre qu'il l'a fait et continue de le faire, bien qu'il l'ait affranchi de sa tutelle. 2 gavdeo si tibi qvid feci avt facio qvod placeat c'est le propre du bonheur que les choses que l'on doive faire soient agréables. 3 si tibi qvid mis pour aliquid.

42
et id gratum fuisse aduersum te habeo gratiam.
et tu as agréé mes services, je t'en sais gré.

1 et id gratvm fvisse a.adversvm t.te id est apud te, penes te. 2 adversvm te sine dubio praepositio est: aduersus et participium potest esse ab eo quod est aduerto. sic alibi. 3 Ergo aduersum te dixit pro apud te.
1 et id gratvm fvisse advorsvm te équivaut à apud te (chez toi), penes te (en toi). 2 adversvm te sans aucun doute préposition : aduersus peut aussi être le participe du verbe aduerto, de même ailleurs. 3 Il dit donc aduersvm te au sens de apud te (chez toi).

43
sed hoc mihi molestum est; nam istaec commemoratio
Mais ce qui me fait de la peine, c'est que le rappel que tu fais,

44
quasi exprobratio est inmemoris beneficii.
est comme un reproche d'avoir oublié ton bienfait.

1 qvasi exprobratio est exprobratio est commemoratio beneficii cum enumeratione factorum. 2 qvasi exprobratio est immemoris recte 16 ostendit se in memoria habere. 3 Sunt qui ad beneficium referant immemor, ut « u.ui s.superum s.saeuae memorem Iunonis ob i.iram 32 » quod est hoc immemore beneficium 17, cuius nemo meminerit.
1 qvasi exprobratio est l'exprobratio (le reproche) consiste dans le rappel d'un bienfait avec énumération des actes concrets. 2 qvasi exprobratio est inmemoris il se hâte de montrer qu'il l'a en mémoire. 3 Il y a des gens qui rapportent inmemoris à beneficii 254 comme « ui superum saeuae memorem Iunonis ob iram » (par la violence des dieux d'en-haut, à cause de la colère de Junon longue à être oubliée), ce qui revient à dire que le neutre immemore beneficium signifie un bienfait dont personne ne peut se souvenir255.

45
quin tu uno uerbo dic quid est quod me uelis.
Mais plutôt, d'un seul mot, dis ce que tu veux de moi.

1 qvin tv vno verbo dic uno uerbo uno ἀξίωματe, una sententia, nam ἀξίωμα sententia est uel enuntiatio uno uerbo nexam continens et perfectam intellegentiam; ἀξίωμα enim constat ex nomine et uerbo. 2 Sed hic quid est ἀξίωμα? hoc est has bene ut adsimules nuptias. ergo omnis uirtus adsimulatio est. 3 qvin tv vno verbo dic una sententia, ut in Adelphis « non meum illud uerbum facio, quod tu, Micio, bene et sapienter dixti dudum: uitium commune omnium18, quod nimium ad rem in senecta a.adtenti s.sumus 33 ». nam male intellegit, qui putat assimules uerbum significari.
1 qvin tv vno verbo dic uno uerbo (d'un mot), c'est-à-dire en un seul ἀξίωμα, en une seule phrase, car un ἀξίωμα est une phrase ou si l'on veut un énoncé qui contient un sens lié à un seul verbe et complet. L'ἀξίωμα en effet comprend un nom et un verbe. 2 Mais quel est ici l'ἀξίωμα ? C'est « has bene ut adsimules nuptias ». Ainsi toute la vertu est dans l'art de faire semblant. 3 qvin tv vno verbo dic d'un mot, comme dans Les Adelphes : « non meum illud uerbum facio quod tu, Micio, bene et sapienter dixti dudum : uitium commune omnium quod nimium ad rem in senecta adtenti sumus ». De fait c'est mal comprendre que de croire que le mot uerbum réfère à assimules (que tu fasses semblant).

46
Si.-ita faciam. hoc primum in hac re praedico tibi:
Si.-Je vais le faire. Voici d'abord dans mon affaire une chose dont je veux te prévenir.

ita faciam hoc est: uno uerbo dicam. et quod uerbum promisit ubi 19 dicit « nunc tuum est officium, h.has b.bene u.ut a.adsimules n.nuptias 34 ».
ita faciam cela veut dire : uno uerbo dicam (je dirai en un mot). Et quel est ce "en un mot" qu'il a promis ? Celui où il dit : « nunc tuum est officium has bene ut adsimules nuptias ».

47
quas credis esse has non sunt uerae nuptiae.
Ce n'est pas là, comme tu le crois, un vrai mariage.

qvas credis esse has n.non s.svnt v.verae n.nvptiae σύλλημψις.
qvas credis esse has non svnt verae nvptiae syllepse (σύλλημψις).

48
So.-cur simulas igitur? Si.-rem omnem a principio audies:
So.-Pourquoi donc cette feinte ? Si.-Toute l'affaire depuis le début, tu vas l'entendre,

cvr simvlas igitvr Vergilius « et quae tanta f.fuit R.Romae t.tibi c.causa u.uidendi?35 ».
cvr simvlas igitvr Virgile : « et quae tanta fuit Romam tibi causa uidendi ? » (et quelle fut la raison si grande qui te fit voir Rome ?).

49
eo pacto et gnati uitam et consilium meum
de cette façon c'est la conduite de mon fils et mes projets

1 eo pacto pacto modo, quoniam antecedit pactum, sequitur modus. ergo ab eo quod sequitur id quod praecedit dixit. 2 et gnati vitam et c.consilivm m.mevm c.cognosces istae diuisiones sunt: gnati uitam, quoniam dicturus est « nam is postquam excessit ex ephebis, Sosia36 »; consilium meum, quia dicturus est « et nunc id operam do37 »; et quid facere in hac re te uelim, quia dicturus est « nunc tuum est officium h.has b.bene u.ut a.adsimules nuptias38 ». 3 et gnati vitam et c.consilivm m.mevm c.cognosces tripertita distributio. 4 et gnati vitam uitam filii in duas partes diuidit in narratione: in ante actam bonam et praesentem malam. et incipit mala ab « interea mulier quaedam39 ». et bonae uitae narratio ad eam rem ualet, ut ostendat, quam iustus dolor patri sit spe decepto.
1 eo pacto il emploie pactum puisque pactum porte sur ce qui va avoir lieu et modus (moyen) porte sur ce qui a eu lieu. Donc il tire la suite de ce qui précède. 2 et gnati vitam et consilivm mevm cognosces voici les divisions257 : gnati uitam puisqu'il va dire : « nam is postquam excessit ex ephebis, Sosia » ; consilium meum parce qu'il va dire « et nunc id operam do » ; et quid facere in hac re te uelim parce qu'il va dire « nunc tuum est officium has bene ut adsimules nuptias ». 3 et gnati vitam et consilivm mevm cognoscas distribution en trois parties. 4 et gnati vitam il divise la vie du fils en deux parties dans son récit : sa vie auparavant vertueuse, sa vie actuelle mauvaise. Et il commence la mauvaise à « interea mulier quaedam ». Et le récit de la vie vertueuse a pour fonction de montrer quelle juste douleur occupe ce père trompé dans son espérance.

50
cognosces et quid facere in hac re te uelim.
que tu vas connaître, comme ce que je veux que tu fasses dans cette affaire.

51
nam is postquam excessit ex ephebis, Sosia,
Quand celui-ci fut sorti de l'éphébie, Sosie,

1 nam is postqvam excessit necessario positum is pronomen, ἀναφορᾷ ad illud gnati uitam; nam si non posuisset hoc pronomen, Sosia erat intellegendus. 2 nam is postqvam excessit ex ephebis argumenta per coniecturam. 3 nam is postqvam excessit ex ephebis ephebia prima aetas adulescentiae est, adulescentia est extrema pueritia. 4 excessit ex ephebis cum sufficeret unum ex.
1 nam is postqvam excessit il est indispensable de mettre le pronom is en fonction anaphorique (ἀναφορά) pour renvoyer à gnati uitam ; car s'il n'avait pas mis ce pronom on aurait dû comprendre "Sosie". 2 nam is postqvam excessit ex ephebis arguments par conjecture. 3 nam is postqvam excessit ex ephebis l'ephebia 258 (éphébie) désigne le premier âge de l'adulescentia (jeunesse), l'adulescentia (jeunesse) est la toute fin de la pueritia (enfance). 4 excessit ex ephebis alors qu'un seul ex aurait suffi.

52
liberius uiuendi fuit potestas; nam antea
il eut la permission de vivre avec quelques libertés. Car auparavant

1 liberivs liberius non est comparatiuus gradus: non enim libere ante uiuere potuit, dum aetas metus magister prohibebant. ergo deest aliquanto, ut sit: aliquanto liberius . 2 liberivs vivendi deest ei.
1 liberivs liberius n'est pas au degré comparatif ; car il ne pouvait pas auparavant vivre en homme libre, « dum aetas metus magister prohibebant ». Il manque donc aliquanto (quelque peu) pour donner le sens aliquanto liberius (quelque peu plus librement). 2 liberivs vivendi il manque ei (pour lui).

53
qui scire posses aut ingenium noscere,
comment pouvait-on connaître et juger son caractère,

qvi scire posses avt ingenivm 20 scimus quod certum est, noscimus quae adhuc incerta desideramus. idem alibi « forma in tenebris n.nosci n.non q.quita e.est 40 ».
qvi scire posses avt ingenivm noscere nous employons scire pour ce qui est certain, noscere pour les choses que nous désirons savoir bien qu'encore incertaines. De même ailleurs : « forma in tenebris nosci non quita est ».

54
dum aetas metus magister prohibebant? So.-Ita est.
tant que l'âge, la crainte, un maître le freinaient ? So.-Oui.

1 dvm aetas metvs magister prohibebant quidam iungunt metus magister. 2 metvs magister ii quoque: potest enim intellegi 21, tamquam si diceret: "quid est metus? magister". 3 magister paedagogus. 4 ita est intercidit poeta, ne solus Simo loqueretur. ceterum non erat respondendi locus necessarius.
1 dvm aetas metvs magister prohibebant certains font un seul groupe de metus magister (un maître ès peurs) ; metvs magister également deux termes, comme s'il disait : "en quoi consiste cette peur ? en le maître". 3 magister le pédagogue259. 4 ita est le poète insère une réplique afin que Simon ne soit pas seul à parler. Autrement, il n'y avait pas lieu nécessairement qu'il répondît.

55
Si.-quod plerique omnes faciunt adulescentuli,
Si.-Ce que fait tout un chacun chez les jeunes,

1 qvod pleriqve o.omnes f.facivnt a.advlescentvli haec adiectio dicitur in primo posita loco, ut alibi « iam calesces plus satis41 »; in ultimo, sicut interea loci42 » id est interim . adiectiones uero aut in prima parte orationis aut in ultima adiciuntur. 2 Attendenda etiam locutio quod plerique o.omnes f.faciunt a.adulescentuli aut enim quod in quae uertendum est, ut sit: quae plerique omnes faciunt adulescentuli, aut quod ad singulare eorum studiorum adiungendum erit: equos alere, canes ad uenandum; aut erit certe figurata locutio, ut est illud « si quisquam est, qui placere studeat bonis quam plurimis et minime multos laedere, in his p.poeta h.hic n.nomen p.profitetur s.suum 43 » et alibi « aperite a.aliquis a.actutum o.ostium 44 ». 3 pleriqve omnes f.facivnt ἀρχαϊσμός est. Naeuius in bello Punico « plerique omnes subiguntur sub unum iudicium45 ». hic ergo plerique ex abundanti positum est, omnes uero necessario additum est. nam errat, qui plerique παρέλκον intellegit aut qui subdistinguit plerique et sic infert omnes. hoc enim pro una parte orationis dixerunt ueteres eodem modo, quo Graeci πάμπολλα et Latini plus satis 22. 4 Figurate Terentius: παρέλκον τῷ ἀρχαϊσμῷ. 5 qvod pleriqve omnes 23 quod faciunt pro quae faciunt, id est: quae faciunt plerique adulescentuli, horum ille nihil egregie p.praeter c.cetera s.studebat est ergo figuratum, quod rectum esset, si diceret: quae plerique omnes faciunt adulescentuli, horum ille nihil praeter cetera studebat. 6 advlescentvli bene diminutiue, ut propter aetatem facile ignoscat.
1 qvod pleriqve omnes facivnt advlescentvli on appelle adiectio l'incidente antéposée, et ailleurs « iam calesces plus satis » ; elle est en dernière place, comme interea loci, c'est-à-dire interim (entre temps) - pour les incidentes, on peut les antéposer ou les postposer260. 2 On remarquera l'expression quod plerique omnes faciunt adulescentuli : soit il faut changer quod en quae (choses que), pour avoir quae plerique omnes faciunt adulescentuli, soit il faut rapporter quod à chaque activité prise isolément : élever des chevaux, des chiens de chasse ; soit, du moins, il s'agit d'une expression figurée indéterminée, comme : « si quisquam est qui placere studeat bonis quam plurimis et minime multos laedere in his poeta hic nomen profitetur suum » et ailleurs « aperite aliquis actutum ostium ». 3 pleriqve omnes facivnt c'est un archaïsme (ἀρχαϊσμός). Naevius dans la Guerre Punique : plerique omnes subiguntur sub unum iudicium (en général, trestous tombent sous la coupe d'un seul). Ici donc plerique est placé en redondance, mais c'est omnes qui est indispensable – car c'est faire erreur de comprendreplerique comme un pléonasme (παρέλκον) ou de ponctuer plerique en le séparant de omnes. Car les anciens faisaient de cela un seul mot de la même façon que le grec πάμπολλα (trestout) et le latin plus satis.- 4 Chez Térence avec une figure : pléonasme par archaïsme (παρέλκον τῷ ἀρχαϊσμῷ). 5 qvod pleriqve omnes facivnt quod faciunt est pour quae faciunt (choses qu'ils font), à savoir quae faciunt plerique adulescentuli, horum ille nihil egregie praeter cetera studebat (choses que font la plupart des jeunes gens, il n'en pratiquait rien de préférence). L'expression est figurée car il faudrait dire : "quae plerique faciunt adulescentuli horum ille nihil praeter cetera studebat" (ce que font la plupart des jeunes gens, il n'en pratiquait rien de préférence). 6 advlescentvli bon emploi du diminutif, car, en raison de son âge, il est facile au personnage de lui pardonner.

56
ut animum ad aliquod studium adiungant, aut equos
s'adonner à quelque passion, les chevaux

1 adivngant alligent, aptent, accommodent. 2 avt eqvos alere avt canes ad venandvm sic et equos ad uenandum alunt, quomodo canes. quod multi docti improbant, ut dicant separata esse et ad uenandum extra rationem esse pro ad uenatum, ut « uenatum Aeneas unaque m.miserrima D.Dido 46 ».
1 adivngant synonyme de alligent (attachent), aptent (adaptent), accommodent (arrangent). 2 avt eqvos alere avt canes ad venandvm on élève des chevaux pour la chasse comme on le fait des chiens. Beaucoup de savants blâment cette explication, en disant que les deux termes sont séparés et que l'expression ad uenandum est incorrecte pour ad uenatum, comme « uenatum Aeneas unaque miserrima Dido » (vont chasser Enée et la très infortunée Didon).

57
alere aut canes ad uenandum aut ad philosophos,
qu'on élève ou les chiens pour chasser ou chez les philosophes,

1 avt ad philosophos mira ἔλλειψις et familiaris Terentio. nam possumus subaudire audiendos siue sectandos. 2 ad philosophos uitium est, quia dixit ad aliquod studium. 3 Aut si ad philosophos separanda erit locutio sic ut animum adiungant ad philosophos.
1 avt ad philosophos étonnante ellipse (ἔλλειψις) et habituelle à Térence. Car nous pouvons sous-entendre audiendos (pour écouter) ou sectandos (pour devenir leur élève). 2 ad philosophos il y a une faute261 car il a déjà dit « ad aliquod studium ». 3 Ou bien, si on construit ad philosophos, il faudra grouper ainsi l'expression pour avoir : ut animum adiungant ad philosophos.

58
horum ille nil egregie praeter cetera
parmi toutes ces choses, lui, il n'y en avait aucune qui de préférence à toutes les autres

1 egregie egregium dicitur, quod ex grege eligitur. 2 Sed hic egregie ualde, nimis. non est ergo ad laudem positum: haec, inquit, ut cetera similiter studebat. 3 praeter cetera mediocriter ergo 24 non extenuauit rem, sed ad laudem rettulit.
1 egregie egregius se dit de ce qui sort du troupeau : ex grege. 2 Mais ici egregie signifie ualde (beaucoup), nimis (à l'excès). Il n'est donc pas pris dans un sens laudatif : ces choses, dit-il, il les étudiait comme toutes les autres. 3 praeter cetera donc mediocriter n'a pas un sens d'atténuation verse du côté de l'éloge.

59
studebat et tamen omnia haec mediocriter.
le passionnait ; mais il faisait tout cela avec modération.

60
gaudebam. So.-non iniuria; nam id arbitror
Je m'en réjouissais. So.-A bon droit : car, selon moi,

1 gavdebam non dixit laudabam sed gaudebam: laudat enim etiam alienus, gaudet qui pater est. 2 non inivria intempestiue Sosia respondet, sed prudentia tantae sententiae compensauit importunitatem.
1 gavdebam il ne dit pas laudabam (je louais), mais gaudebam : car on emploie laudare quand on est un étranger, mais gaudere quand on est un père. 2 non inivria réplique intempestive de Sosie, mais la sagesse d'une si belle maxime excuse son manque d'à-propos.

61
adprime in uita esse utile, ut ne quid nimis.
le fin du fin dans la vie c'est « Rien de trop ».

1 adprime adiectio confirmationis 25, ut admirabiliter dicimus. 2 vt ne qvid nimis sententia non incongrua seruo, quia et peruulgata. et non refertur ad personam modo dicentis, set 26 de quo dicitur 27 . 3 An magis quia conuenit Sosiae cor eiusmodi, χαρακτήρ in uerbis est? 4 ne qvid nimis deest agas, ut sit: ne quid nimis agas.
1 adprime préfixe qui marque le renforcement comme nous disons admirabiliter (admirablement). 2 vt ne qvid nimis la maxime 262 n'est pas incongrue dans la bouche d'un esclave car elle traîne partout. Et elle ne se réfère pas seulement au personnage qui parle, mais aussi à ce dont il parle. 3 Ou bien parce qu'un cœur de cette sorte convient à Sosie, la conformité au caractère (χαρακτήρ) est-elle dans ses mots ? 4 ne qvid nimis il manque agas, pour donner ne quid nimis agas (de peur que tu n'en fasses trop).

62
Si.-sic uita erat: facile omnes perferre ac pati;
Si.-Ainsi allait la vie. Facile, il supportait tout le monde et s'en accomodait.

1 facile omnes p.perferre a.ac p.pati latens argumentum, quare filium ad meretricem commeasse errans pater non ad corruptelam filii sed ad obsequium amicorum traxerit. 2 perferre ac pati ferre est cum certo tempore, perferre finem exspectat effectus. feruntur onera et sustinentur supplicia. 3 perferre mediocriter stultos odiososque.
1 facile omnes perferre ac pati manière cachée de présenter l'argument car le père, en se trompant, aura mis le fait d'aller rendre visite à une prostituée sur le compte non de la corruption morale du fils, mais sur celui de son obéissance à ses amis. 2 perferre ac pati ferre (supporter) porte sur un temps défini, perferre laisse attendre la fin de cette action. On supporte (ferre) des poids, mais on soutient (sustinere) des supplices. 3 perferre des gens moyennement sots et odieux.

63
cum quibus erat cumque una his se939 dedere,
Tous ceux avec qui il était et passait son temps, il était tout à eux,

1 cvm qvibvs erat cq.cvmqve v.vna figura τμῆσις. 2 his se dedere plus est dedere quam consentire quemadmodum in hostium potestatem hostes se dedunt. 3 dedere ergo: pertinacibus. 4 his se dedere e.eorvm o.obseqvi s.stvdiis dedere se et obsequi: superioribus; non aduersari: paribus; non se praeponere: inferioribus.
1 cvm qvibvs erat cvmqve vna figure de la tmèse (τμῆσις). 2 his se dedere dedere est plus fort que consentire (consentir), de la même façon que des ennemis se livrent au pouvoir de leurs ennemis. 3 dedere donc à des acharnés. 4 his se dedere eorvm obseqvi stvdiis dedere se et obsequi se disent à l'égard de supérieurs ; non aduersari (ne pas s'opposer) se dit à l'égard de pairs ; non se praeponere (ne pas se mettre en avant) se dit à l'égard d'inférieurs.

64
eorum obsequi studiis, aduersus nemini,
il se pliait à leurs goûts, ne contrariant personne,

1 eorvm obseqvi s.stvdiis commodior 28 scilicet. 2 eorvm obseqvi stvdiis talem esse Pamphilum adiuuat argumentum fabulae, simul et Charinum. 3 nemini contradicentium, pertinacium.
1 eorvm obseqvi stvdiis évidemment une vie assez sympathique. 2 eorvm obseqvi stvdiis que Pamphile soit ainsi sert grandement l'argument de la pièce ; de la même façon pour Charinus. 3 nemini parmi les contradicteurs, les acharnés.

65
numquam praeponens se illis; ita ut facillime
ne se préférant jamais aux autres, moyen le plus facile

1 nvmqvam praeponens se consentientibus. 2 ita vt deest faciens uolens agens. 3 vt facillime sine invidia lavdem invenias et a.amicos p.pares Sallustius « et cum omnis gloria anteiret, omnibus tamen carus esse 47 ».
1 nvmqvam praeponens se de ceux qui avaient les mêmes idées que lui. 2 ita vt il manque faciens (faisant), uolens (voulant), agens (agissant). 3 vt facillime sine invidia lavdem invenias et amicos pares Salluste « et cum omnis gloria anteriret, omnibus tamen carus esse » (et d'être cher à tous car tous il les dépassait par sa gloire).

66
sine inuidia laudem inuenias et amicos pares.
pour être loué sans envie et se faire des amis.

invenias secunda persona pro tertia, ut « migrantis cernas48 ».
invenias seconde personne pour la troisième indéfinie comme « migrantis cernas » (on voit passer).

67
So.-sapienter uitam instituit; namque hoc tempore
So.-Sage manière pour lui de régler sa vie : car de nos jours

sapienter vitam i.institviti. nq.namqve h.hoc t.tempore o.obseqvivm improbatur a sapientibus haec sententia, nam obsequium adsentator debet, amicus ueritatem. sed in theatro dicitur, non in schola.
sapienter vitam institvit namqve hoc tempore obseqvivm les sages blâment cette maxime, car c'est le flatteur qui se fait un devoir de l'obéissance, l'ami s'en fait un de la vérité. Mais on est au théâtre, pas à l'école.

68
obsequium amicos, ueritas odium parit.
la complaisance se fait des amis, la vérité des ennemis.

1 obseqvivm amicos veritas odivm parit huius uersus pars improbior est ueritas odium p.parit falsum est autem, quod Cicero putat obsequium primo dixisse Terentium, cum et Plautus et Naeuius ante dixerint. 2 Et est sententia παράδοξος et magis theatro apta quam officio, de qua Tullius multa dicit. 3 obseqvivm a.amicos v.veritas o.odivm p.parit ἀμφίβολος sententia et probabilis magis quam necessaria aut honesta.
1 obseqvivm amicos veritas odivm parit la partie la plus immorale de ce vers est ueritas odium parit. De plus il est faux de croire comme Cicéron que le mot obsequium a été employé par Térence le premier alors que Plaute et Naevius avant lui en ont usé. 2 Et c'est une maxime paradoxale (παράδοξος), plus adaptée au théâtre qu'au devoir moral, dont Cicéron parle abondamment263. 3 obseqvivm amicos veritas odivm parit maxime ambiguë (ἀμφίβολος) et qui relève plutôt du probable que du nécessaire ou de l'honnête264.

69
Si.-interea mulier quaedam abhinc triennium
Si.-Sur ces entrefaites, une certaine femme, il y a de cela trois ans,

1 interea mvlier interea est, cum habet instantiam et superiorum actorum. 2 mvlier qvaedam sic dixit, quasi29 ignoraret nomen eius paulo post Chrysidem nominaturus, sed ideo, ut gratam exspectationem faciat simulque auidum lectorem nominis audiendi reddat, ut Vergilius paulo post nominaturus ait « ecce manus i.iuuenem i.interea p.post t.terga r.reuinctum p.pastores 49 ». 3 interea mvlier hic digressio est, nam proposuit gnati uitam dicere. 4 abhinc triennivm artificiose triennium dixit, cum posset plus minusue temporis ponere, ut sit uerisimile unum annum fuisse pudicae parcaeque uitae, sequentem condicionis acceptae, tertium mortis. primo ergo anno ignorata est Pamphilo domus Chrysidis, secundo est Glycerio cognitus, tertio nupsit Glycerium Pamphilo et pariter inuenit parentes.
1 interea mvlier il y a interea, quand il y a pression des événements antérieurs. 2 mvlier qvaedam il s'exprime ainsi comme s'il ignorait son nom alors que peu après il la nommera Chrysis, mais c'est pour créer une attente agréable et en même temps faire ardemment désirer au lecteur d'entendre ce nom, comme Virgile qui va le nommer peu après dit : « ecce manus iuuenem interea post terga reuinctum pastores » (voici alors un jeune homme, mains liées dans le dos, que des bergers...). 3 interea mvlier c'est une digression, car son propos est de parler de la vie de son fils. 4 abhinc triennivm habilement fait, en disant triennium (trois ans) alors qu'il pourrait dire plus ou moins longtemps, pour que soit vraisemblable265 le fait que pendant un an le fils ait eu une vie pudique et chaste, la deuxième année il ait accepté ce qui lui arrivait et la troisième, il ait couru à sa perte. Car la première année la maison de Chrysis était inconnue de Pamphile, la deuxième elle fut connue de Glycère, et la troisième, Glycère épousa Pamphile et du même coup retrouva ses parents.

70
ex Andro commigrauit huc uiciniae,
venue d'Andros, vint s'établir ici dans le voisinage.

1 hvc viciniae uiciniae παρέλκον est, ut « adhuc locorum50 ». 2 hvc viciniae legitur et uiciniam.
1 hvc viciniae uiciniae est un pléonasme (παρέλκον), comme adhuc locorum (jusqu'à ce point)266. 2 hvc viciniae on lit aussi uiciniam.

71
inopia et cognatorum neglegentia
La misère et l'indifférence de sa famille

1 inopia et cognatorvm n.neglegentia laude impertita eius moribus, qui mox ducet uxorem, superest ut futurae quoque matronae, id est Glycerio, probitatem debitam pro persona reddat. quae quia honesta numquam esse poterit, si sic eam constet ante nuptias impudice eductam esse, partim defendenda partim etiam laudanda est Chrysis, cum qua commorata est. quam quoniam necesse est meretricem fateri, in condicione turpissimi nominis mulierum sumitur excusatio uoluntatis. 2 et cognatorvm hic iam parat nos ad Critonis aduentum.
1 inopia et cognatorvm neglegentia après avoir fait l'éloge des mœurs de celui qui va bientôt se marier, il reste à rendre à la future matrone, Glycère, la vertu qui convient au personnage. Parce qu'elle ne pourrait jamais être honnête, s'il était évident qu'avant son mariage elle avait été élevée de façon impudique, il faut en partie défendre Chrysis avec laquelle elle a vécu, en partie aussi la louer. Puisque il faut inévitablement reconnaître que Chrysis est une prostituée, on trouve à cette condition particulièrement déshonorante pour le renom d'une femme une excuse qui dégage sa volonté de tout blâme. 2 et cognatorvm ici il nous prépare déjà à l'arrivée de Criton.

72
coacta, egregia forma atque aetate integra.
l'y avaient contrainte. Une beauté qui sortait du lot et à la fleur de l'âge !

1 egregia id est eminenti praestantique. 2 atqve aetate integra integra aetas est, quae in flore consistit, cui neque addendum iam sit neque adhuc quicquam sit imminutum, ut « integer aeui Ascanius51 ». 3 Et contulit duo ad quaestum congrua meretricium.
1 egregia c'est-à-dire eminens (éminente) et praestans (remarquable). 2 atqve aetate integra on appelle integra aetas la fleur de la vie, période où il ne faut rien ajouter et où rien n'est diminué comme « integer aeui Ascanius » (Ascagne dans la fleur de son âge). 3 Et il a mis à la suite deux arguments propres à faire la fortune de prostituées.

73
So.-ei, uereor ne quid 940 Andria adportet mali!
So.-Aïe ! j'ai peur que l'Andrienne ne nous apporte quelque malheur !

1 ei vereor ne qvid andria apportet mali Andria mire: audiuit enim excessisse ex ephebis Pamphilum illatamque esse mentionem mulieris peregrinae, adulescentulae pulchrae. 2 ne qvid andria eleganter « ex Andro52 »30 Andriae nomen ostendit et mulieris et fabulae. 3 Et bene apportet, quia apportare ignotis est.
1 ei vereor ne qvid andria apportet mali le mot Andria est remarquable267 ; il n'a en effet entendu que ce qui suit : Pamphile est sorti de l'éphébie et on a fait mention d'une femme étrangère, une jolie petite jeune fille. 2 ne qvid andria c'est une dérivation élégante à partir d'Andros que le nom d'Andria, qui montre à la fois celui de la femme et celui de la pièce. 3 Et emploi pertinent du verbe apportare car apportare (apporter) s'applique pour des choses inconnues.

74
Si.-primum 941 haec pudice uitam parce ac duriter
Si.-Elle, d'abord, c'est une vie honnête, économe et dure,

1 primvm haec pvdice v.vitam defendit, ut diximus, uitam Chrysidis, ut potuerit apud eam recte morata esse Glycerium, quae ex argumento matrona erit. 2 primvm haec pvdice vi.vitam bene haec, quasi dicat illa quae coacta est. 3 dvriter contra rationem regulae: dure ab eo quod est durus dicere debuit. tamen est differentia: est enim duriter sine sensu laboris dure autem crudeliter; illud ad laborem, hoc ad saeuitiam relatum est. 4 Sed dure in alterum, duriter in nos aliquid facimus.
1 primvm haec pvdice vitam il défend comme nous l'avons dit la vie de Chrysis pour que chez elle Glycère ait pu apprendre les bonnes mœurs, elle qui, selon l'argument, sera ensuite matrone. 2 primvm haec pvdice vitam emploi pertinent de haec comme s'il disait : celle qui a été contrainte. 3 dvriter formation qui fait exception à la règle : on aurait dû dire dure à partir de durus. Il y a cependant une différence : en effet duriter n'a aucune connotation de peine, dure au contraire signifie « cruellement » ; le premier se rapporte à la peine qu'on prend, le second à la violence qu'on inflige. 4 Mais nous agissons dure sur autrui, duriter sur nous-mêmes268.

75
agebat, lana et942 tela uictum quaeritans;
qu'elle menait, gagnant sa pitance avec la laine et la toile.

1 lana et tela victvm q.qvaeritans subdistingue tela: finis enim laboris est uictum quaeritans, ut Vergilius « cum femina primum, c.cui t.tolerare c.colo u.uitam t.tenuique M.Minerua i.impositum, c.cinerem e.et s.sopitos s.suscitat i.ignis 53 » et deinde finem laboris intulit. 2 Non cibum sed uictum dixit. cibus est enim, qui etiam delicatis praebetur, uictus in paruis aridisque alimoniis est constitutus. unde Vergilius « uictum infelicem, b.bacas l.lapidosaque c.corna d.dant r.rami 54 ». — 3 Et post tantum laborem uictum, non cibum dixit, ut Vergilius « at patiens operum paruoque assueta i.iuuentus 55  » — et non quaerens sed quaeritans dixit. quaerit enim, qui ad plenum et perpetuum reponit, quaeritat, qui uix cotidie inquirendo uictum inuenit. 4 lana et t.tela v.victvm q.qvaeritans artificiose, ut uideatur pudice apud eam futura mater familias educi posse, quam meretricem necessitas fecit.
1 lana et tela victvm qvaeritans ponctuation faible après tela, car le but du travail est uictum quaeritans, comme Virgile : « cum femina primum, cui tolerare colo uitam tenuique Minerua impositum, cinerem et sopitos suscitat ignis » (quand d'abord une femme à qui il est imposé d'endurer une vie de labeur à la quenouille et un petit foyer, éveille la cendre et le feu endormi) et ensuite il ajoute le but de la peine. 2 Il ne dit pas cibum (nourriture), mais uictum. Le cibus comprend en effet aussi ce qui est servi aux personnes raffinées, le uictus consiste en aliments pauvres et secs. D'où Virgile « uictum infelicem bacas lapidosaque corna dant rami » (c'est une pauvre pitance, des baies, des cornouilles dures comme pierre que donnent les buissons). 3 Et après une telle peine il dit uictus et non cibus comme Virgile « at patiens operum paruoque assueta iuuentus » (mais une jeunesse endurante à la peine et habituée à peu) et il ne dit pas quaerens (cherchant), mais quaeritans. Il cherche (quaerere) en effet, celui qui met de côté pour avoir à satiété de manière continue, il cherche sans relâche (quaeritare) celui pour qui c'est à peine s'il trouve en cherchant chaque jour sa pitance. 4 lana et tela victvm qvaeritans habilement dit pour que la future mère de famille paraisse pouvoir être éduquée dans la pudeur, elle dont la nécessité a fait une prostituée.

76
sed postquam amans accessit pretium pollicens
Mais quand un amoureux se présenta, promettant de l'argent,

sed postqvam a.amans amator fingi potest, amans uere amat.
sed postqvam amans l'amator peut agir par feinte, l'amans (amant) aime vraiment.

77
unus et item alter, ita ut ingenium est omnium
un, puis un autre, et comme nous sommes naturellement tous,

1 vnvs et item alter praeter unum duo, ex quibus alter, ut sint tres, nam « hi tres tum simul a.amabant 56 » ut « alter ab undecimo57 » . 2 Ergo alter non est secundus sed tertius. 3 ita vt ingenivm est omnivm hominvm quanta defensio Chrysidis, ut quae antea fecerit, ipsius sint, quae postea peccauerit, naturae hominum adscribantur!
1 vnvs et item alter outre le premier, deux autres, parmi lesquels on prend le deuxième, en sorte qu'ils sont trois, car « hi tres tum simul amabant ». Comme Virgile « alter ab undecimo » (le deuxième ôté de onze). 2 Donc alter ne signifie pas ici le deuxième mais le troisième269. 3 ita vt ingenivm est omnivm hominvm magnifique défense de Chrysis : ce qu'elle a fait auparavant est de son fait, ce qu'elle a été amenée à faire de mal plus tard est imputé à la nature humaine270.

78
hominum ab labore procliue ad libidinem,
les humains, enclins à quitter la peine pour le plaisir,

proclive ad libidinem procliue est porro inclinatum uel pronum inclinatumque.
proclive ad libidinem procliue signifie porro inclinatus (vraiment incliné), ou si l'on veut pronus (penché) et inclinatus (incliné)271.

79
accepit condicionem, dehinc quaestum occipit.
elle s'est fait entretenir, et après elle en fait un métier.

1 accepit condicionem cum uno, qvaestvm 31 cum altero, hoc est cum multis. 2 condicionem condicio est cum uno, certam legem in se continens; postquam accessit alter, hoc est plures, quaestus iam meretricius factus est.
1 accepit condicionem avec l'un, qvaestvm avec l'autre c'est-à-dire avec un grand nombre. 2 condicionem le mot condicio désigne une relation suivie avec un seul, contenant en elle-même une certaine forme de loi ; quand se présenta un autre, c'est-à-dire plusieurs, le quaestus devient alors métier de prostituée.

80
qui tum illam amabant forte, ita ut fit, filium
Ceux qui étaient alors ses amants, comme cela se fait souvent, mon fils

81
perduxere illuc, secum ut una esset, meum.
ils l'ont entraîné là-bas, pour dîner ensemble avec eux.

1 perdvxere illvc secvm inuitum isse Pamphilum his uerbis significat; perducuntur enim necessitate coacti. hoc etiam uerbum iudices pronuntiare solent. 2 Et hoc est quod supra ait «  his se dedere, eorum obsequi studiis58 ». 3 vt vna esset m.mevm et producte legitur esset, ut cibum capiat, et correpte, ut alibi. 4 vna simul, id est: una cibum capturus. 5 perdvxere illvc secvm secum duxerunt, ut secum esset.
1 perdvxere illvc secvm il veut dire par ces mots que c'est contre son gré que Pamphile y est allé ; le verbe perducere s'applique à ceux qui sont contraints par la nécessité. Tel est le mot que les juges prononcent ordinairement. 2 Et c'est ce qu'il dit plus haut : « his se dedere eorum obsequi studiis ». 3 vt vna esset mevm on lit esset à la fois avec voyelle longue, dans le sens de « prendre de la nourriture », et avec voyelle brève comme ailleurs272. 4 vna ensemble c'est-à-dire : « pour prendre leur nourriture ensemble ». 5 perdvxere illvc secvm ils l'emmenèrent avec eux pour qu'il soit avec eux.

82
egomet continuo mecum "certe captus est :
Et moi, aussitôt, en moi-même : « Sûrement il est pris au piège,

1 egomet continvo m.mecvm bene mecum, ut appareat nihil temere constitutum uel prolatum foras, <sed> hoc ipsum satis quaesitum esse, quod statuit de falsis nuptiis, ut inoffensus esset filio. 2 egomet continvo mecvm c.certe c.captvs e.est mecum: deest uoluebam cogitabam uersabam. 3 captvs est tenetur et irretitur, ex translatione ferarum atque uenatus. 4 captvs est Sallustius «  sin captus p.prauis c.cupidinibus 59 ». 5 certe sine dubio, pro certo. 6 captvs est ἰδιωτισμός.
1 egomet continvo mecvm mecum est bien dit pour qu'il apparaisse que le personnage n'a rien décidé ni divulgué à la légère, mais qu'il a suffisamment réfléchi à sa décision au sujet du faux mariage de manière à ne pas susciter l'hostilité de son fils. 2 egomet continvo mecvm certe captvs est avec mecum il manque uoluebam (je méditais), cogitabam (je pensais), uersabam (je tournais et retournais). 3 captvs est synonyme de tenetur (il est pris) et irretitur (comme dans un filet), métaphore prise aux bêtes sauvages et à leur chasse. 4 captvs est Salluste : « sin captus prauis cupidinibus » (mais s'il est pris de désirs pervers). 5 certe équivaut à sine dubio (sans doute), mis pour certo (de manière certaine). 6 captvs est idiotisme (ἰδιωτισμός)273.

83
habet". obseruabam mane illorum seruulos
il en tient ». Je guettais le matin leurs jeunes esclaves,

1 habet id est uulneratus est; habere enim dicitur, qui percussus est. proprie de gladiatoribus dicitur habet, quia prius alii uident, quam ipsi sentiant se esse percussos. 2 habet sic dicitur de eo, qui letaliter uulneratus est. Vergilius «  hoc habet, h.haec m.melior m.magnis d.data u.uictima d.diuis 60 ». 3 Ergo quid sequitur captum nisi occidi? 4 habet observabam mane utrum Pamphilum an illorum seruulos? 5 mane aduerbialiter. 6 observabam deest tamen, hoc est: "quamuis captus erat et iam habebat, tamen obseruabam".
1 habet c'est-à-dire : il a été touché ; on dit en effet habere pour celui qui a été frappé. Au sens propre on dit des gladiateurs habet (il en tient), car les autres voient avant qu'eux-mêmes ne sentent qu'ils ont été frappés. 2 habet se dit de celui qui a été blessé à mort. Virgile « hoc habet haec melior magnis data uictima diuis » (il en tient, victime meilleure donnée aux dieux puissants). 3 Donc quelle est la conséquence du fait d'être pris (captus), sinon le fait d'être tué ? 4 habet observabam mane est-ce Pamphile ou leurs petits esclaves ? 5 mane adverbe274. 6 observabam il manque tamen c'est-à-dire : quamuis captus erat et iam habebat tamen obseruabam (bien qu'il fût pris et qu'il en tînt, j'observais toutefois)275.

84
uenientis aut abeuntis: rogitabam "heus puer,
qui allaient et venaient, et je les pressais de questions : « Hé ! Petit,

1 rogitabam hevs p.pver non rogabam sed rogitabam, quia sedulo faciebat.
1 rogitabam hevs pver non pas rogabam (je demandais), mais rogitabam, car il le faisait sans cesse.

85
dic sodes, quis heri Chrysidem habuit?" nam Andriae
dis-moi, je te prie, qui a eu Chrysis hier ? ». Car de l'Andrienne

1 dic sodes dic imperatiuum est: ideo temperauit iniuriam blandimento sodes. est autem si audes, ut sissi uis 32, nam delirat, qui σῶος ζῇς interpretatur sodes. 2 dic sodes exhortantis uox est, ut amabo rogo. 3 qvis heri chrysidem opportune intulit nomen Chrysidis. 4 qvis heri c.chrysidem h.habvit nam a.andriae i.illi Attico more peregrinis meretricibus a patria nomen imponit et simul celebrat nomen comoediae dicendo «  ex Andro commigrauit61 » et nunc Andriae illi id erat nomen.
1 dic sodes dic est un impératif : c'est pourquoi il tempère l'injure par la politesse de sodes. C'est en fait si audes (si tu en as envie), comme sis est si uis (si tu veux) ; car il faut être fou pour interpréter sodes comme σῶος ζῇς (tu vis sain et sauf). 2 dic sodes parole d'exhortation, comme amabo (pour me faire plaisir), rogo (je te prie). 3 qvis heri chrysidem il introduit à point le nom de Chrysis. 4 qvis heri chrysidem habvit nam andriae illi selon la manière attique, il nomme les prostituées selon leur pays d'origine et en même temps il rappelle le titre de la comédie en disant « ex Andro commigrauit » et maintenant Andriae illi id erat nomen.

86
illi id erat nomen. So.-teneo. Si.-Phaedrum aut Cliniam
tel était le nom. So.-Je saisis. Si.-C'est Phèdre, ou Clinias,

Et bene illi, quasi dicat: "quam tu Andriam nominasti".
Et illi est bien dit, comme s'il disait : "l'Andrienne que tu as nommée".

87
dicebant aut Niceratum; nam i tres tum simul
disaient-ils, ou Nicératus ; car ces trois-là étaient alors

88
amabant. "eho quid Pamphilus?" —"quid? symbolam
ceux qui l'aimaient. « Holà ! et Pamphile ? — Quoi Pamphile ? Son écot

1 qvid symbolam dedit non quid symbolam dedit?, sed subdistingue quid, ut sit uox quaerentis, quid dicat de Pamphilo. 2 eho qvid pamphilvs primo sic egit, ut33 de Pamphilo quaerere crederetur; ad ultimum adiecit nomen, ne quid reliqui faceret. 3 cenavit cetera in gestu sunt quaerentis, quid dicat de Pamphilo, nec inuenientis. 4 symbolam dedit c.cenavit mire nulla pro Pamphilo negatio facti est posita, sed per puerilem simplicitatem omnia gesta narrata sunt. et quod tacitum est, non celatum sed et non factum esse ita uidetur.
1 qvid symbolam dedit non pas quid symbolam dedit, mais séparez quid par une ponctuation faible, pour en faire une phrase interrogative, au sens de quid dicat de Pamphilo ? (que dit-il de Pamphile ?). 2 eho qvid pamphilvs c'est la première fois qu'il agit de manière à laisser croire qu'il s'interroge sur Pamphile ; pour finir il ajoute le nom afin de ne rien laisser de côté. 3 cenavit tout le reste se trouve dans le geste du personnage qui se demande ce qu'il dira de Pamphile sans rien trouver. 4 symbolam dedit cenavit de manière étonnante, on ne trouve ici aucune dénégation de l'acte de Pamphile, mais le récit de tous ses actes est mis sur le compte de sa naïveté d'enfant. Et ce qui est tu, paraît ainsi non seulement caché, mais même ne pas avoir eu lieu.

89
dedit, cenauit". gaudebam. item alio die
il l'a payé, il a dîné ». Je me réjouissais. Pareil, un autre jour

1 item alio die item similiter. 2 Et uide diligentiae tempus adiectum, quasi non suffecerit unus dies.
1 item alio die item équivaut à similiter (de même). 2 Et regardez le soin avec lequel il a ajouté du temps, dans l'idée qu'un seul jour ne saurait suffire.

90
quaerebam: comperiebam nihil 943 ad Pamphilum
je faisais la même question, et je ne découvrais rien sur Pamphile

1 comperiebam n.nihil a.ad p.pamphilvm uide, si non patris uerba sunt et de rebus ueneriis circa filii mentionem agentis. 2 nihil ad p.pamphilvm q.qvicqvam παρέλκον tertium, nam abundat quicquam, nam «  nemo quisquam illorum62 »34
1 comperiebam nihil ad pamphilvm voyez si ce ne sont pas là les paroles d'un père qui traite des affaires de cœur au détour d'une mention des actes de son fils. 2 nihil ad pamphilvm qvicqvam troisième pléonasme (παρέλκον), car quicquam fait redondance, de fait « nemo quisquam illorum »276.

91
quicquam attinere. enimuero spectatum satis
rien qui le concerne. Visiblement il a suffisamment fait ses preuves,

1 spectatvm spectatum ad Pamphilum, non ad exemplum refertur. 2 Et spectatvm probatum.
1 spectatvm spectatum se rapporte à Pamphilum non à exemplum. 2 Et spectatvm équivaut à probatum (digne d'approbation).

92
putabam et magnum exemplum continentiae;
pensais-je, c'est un vrai parangon de vertu.

et magnvm exemplvm continentiae ὑπερβολή laudis: Pamphilus exemplum continentiae!
et magnvm exemplvm continentiae hyperbole (ὑπερβολή) à fonction laudative : Pamphile est un parfait exemple de continence.

93
nam qui cum ingeniis conflictatur eius modi
Car qui est aux prises avec des tempéraments de cet acabit

1 nam qvi cvm ingeniis qui animus scilicet. 2 Aut certe homo subaudiendum, et neque commouetur animus deest eius. 3 nam qvi cvm ingeniis ingenia pro hominibus posuit. 4 conflictatvr id est atteritur. conflictatio est tactus inuicem corporum et collisus.
1 nam qvi cvm ingeniis qui désigne évidemment animus (l'esprit). 2 Ou du moins il faut sous-entendre homo (l'homme) et dans neque commouetur animus il manque eius (de celui-ci). 3 nam qvi cvm ingeniis ingenia est mis ici pour homines (les hommes). 4 conflictatvr équivaut à atteritur (il se frotte). On nomme conflictatio (frottement) l'attouchement et la rencontre de deux corps.

94
neque commouetur animus in ea re tamen,
sans que son cœur en soit ébranlé cependant,

1 neqve commovetvr utrum qui animus an homo, ut nunc subaudiamus eius? 2 neqve commovetvr a.animvs utrum deest eius an ordo est: qui animus cum ingeniis conflictatur eiusmodi neque commouetur in ea re? 3 tamen ἀνακόλουθον, quod non praemisso licet uel quamquam subiecit tamen. Sallustius «  atque edita undique, tribus tamen cum muris et magnis turribus63 ».
1 neqve commovetvr faut-il considérer le sujet qui comme reprenant animus ou homo ce qui oblige alors à sous-entendre eius (de celui-ci) ? 2 neqve commovetvr animvs manque-t-il eius, ou l'ordre des mots est-il : qui animus cum ingeniis eius modi neque commouetur in ea re ? 3 tamen anacoluthe (ἀνακόλουθον) parce que tamen se rapporte à un licet ou un quamquam (quoique) non exprimé dans ce qui précède. Salluste : « atque edita undique tribus tamen cum muris et magnis turribus » (et cependant fortifié de toute part d'une triple muraille et de grandes tours).

95
scias posse habere iam ipsum suae uitae modum.
on sait qu'il est désormais capable d'avoir sa propre règle de vie.

svae vitae modvm moderationem, regimen.
svae vitae modvm modus est synonyme de moderatio (sa conduite mesurée), regimen (sa façon de vivre réglée).

96
cum id mihi placebat tum uno ore omnes omnia
Et outre que cela me plaisait, de même, d'une seule voix, tous

1 cvm id mihi placebat cum praeterquam quod. 2 tvm vno ore omnes omnes, ne pater amore falli uideretur, et ideo mox ait «  bene dissimulatum a.amorem et c.celatum i.indicat 64 ». 3 cvm id mihi p.placebat t.t.tvm v.vno o.ore o.omnes <o.omnia> b.bona d.dicere et lavdare f.fortvnas m.meas ἐμφατικώτερον fortunas quam fortunam. 4 Et de more, ut «  qui 35 tanti t.talem g.genuere p.parentes 65 »,  et « uade, ait, ο felix n.nati p.pietate 66 ». Plautus «  fortunatum, qui illum eduxit sibi67 ».
1 cvm mihi placebat cum équivaut à praeterquam quod (outre le fait que). 2 tvm vno ore omnes omnes afin que le père ne paraisse pas aveuglé par son amour, et de même bientôt il va dire : « bene dissimulatum amorem et celatum indicat ». 3 cvm id mihi placebat tvm vno ore omnes omnia bona dicere et lavdare fortvnas meas le pluriel fortunas est plus emphatique (ἐμφατικώτερον) que le singulier fortunam. 4 Et selon l'habitude comme : « qui tanti talem genuere parentes » (quels parents si illustres t'ont engendré tel que je te vois) et « uade ait o felix nati pietate » (va, dit-il, o bienheureux que tu es d'avoir un si pieux fils). Plaute : « fortunatum qui illum eduxit sibi » (bienheureux homme qui s'est élevé un tel fils).

97
bona dicere et laudare fortunas meas,
lui reconnaissaient toutes les qualités et vantaient ma bonne fortune

98
qui gnatum haberem tali ingenio praeditum.
d'avoir un fils doué d'un tel naturel.

99
quid uerbis opus est? hac fama impulsus Chremes
A quoi bon en dire plus ? Poussé par cette réputation, Chrémès

1 hac fama i.impvlsvs an uere laudatus sit. 2 Et singula hic pro argumentis sunt. et excusatio est, non esse stultitia falsum sed 36 impulsum. 3 impvlsvs bene impulsus: ultro enim uenire impulsus est, qui dat contra officium soceri.
hac fama impvlsvs ou bien parce qu'il était vraiment l'objet d'éloges. 2 Et chaque mot ici a valeur d'argument ; c'est une défense : il ne s'est pas égaré par sottise, mais impulsus. 3 impvlsvs impulsus est bien dit : en effet il est poussé à venir le premier en homme qui rend ses devoirs à son beau-père.

100
ultro ad me uenit, unicam gnatam suam
de lui-même vint me trouver, et, de sa fille unique,

1 vnicam gnatam 37 abundat quidem suam, sed tamen asseueratiuum est. 2 vnicam g.gnatam s.svam quid si taedio multarum filiarum? at unicam.
1 vnicam gnatam suam fait redondance, mais a une fonction de renforcement de l'affirmation. 2 vnicam gnatam svam que se passerait-il s'il le faisait embarrassé par un grand nombre de filles ? Mais c'est sa fille unique.

101
cum dote summa filio uxorem ut daret.
avec une grosse dot, m'offrit pour mon fils la main.

cvm dote svmma quid si pauperem? at cum d.dote s.summa
cvm dote svmma que se passerait-il s'il était pauvre277 ? Mais c'est cum dote summa.

102
placuit: despondi. hic nuptiis dictus est dies.
Ça me plut, je promis. Ce jour est celui fixé pour les noces.

1 placvit despondi cum pronuntiatione placuit. 2 hic nvptiis d.dictvs e.est d.dies utrum constitutus an dicatus, ut «  Iunoni i.infernae d.dictus s.sacer 68 »? 3 despondi ex uetere more, quo spondebat etiam petitoris pater. unde et sponsus et sponsa dicitur. 4 placvit συντομία: adeo bona condicio fuit, ut quamuis ultro obiceretur, tamen statim placeret. 5 despondi proprie, nam desponsa dicitur, quia spondet puellae pater, despondet adulescentis.
placvit despondi dans la prononciation, insistez sur placuit. 2 hic nvptiis dictvs est dies faut-il comprendre constitutus (fixé) ou dicatus (consacré), comme « Iunoni infernae dictus sacer » (saint et consacré à la Junon d'en bas) ? 3 despondi selon l'ancienne mode, car le père du prétendant "promettait" (spondere) aussi ; c'est ce qui fait que fiancé et fiancée se nomment sponsus et sponsa. 4 placvit concision (συντομία)278. Sa condition était si bonne que, malgré un premier mouvement spontané de refus, il a aussitôt accepté. 5 despondi emploi au sens propre, car on dit desponsa (la fiancée), parce que le père de la jeune fille "promet" (spondere) de donner, et celui du jeune homme "promet en retour" (despondere) les fiançailles.

103
So.-quid obstat quor non uerae fiant? Si.-audies.
So.-Qu'est-ce qui s'oppose à ce que ce soit un vrai mariage ? Si.-Tu vas le savoir.

104
ferme in diebus paucis quibus haec acta sunt
A peine quelques jours après qu'on eut fait cela,

105
Chrysis uicina haec moritur. So.-o factum bene!
Chrysis, la voisine, meurt. So.-Ah ! Elle a bien fait !

1 chrysis vicina h.haec m.moritvr commemorans quae esset Chrysis, ait 38 uicina haec; supra enim «  ex Andro commigrauit huc uiciniae69 ». 2 vicina haec ἀνάμνησις. 3 ο factvm bene animaduerte ubique a poeta sic induci comicas mortes, ut cum ad necessitatem argumenti referantur, non sint tamen tragicae. nam aut meretrix sumitur aut senex aut de duabus simul uxoribus una uxor. itaque huiusmodi obitus aut mediocri tristitia excipiuntur aut etiam gaudio. 4 ο factvm bene quasi qui dixerit «  uereor ne quid Andria apportet mali70 ».
1 chrysis vicina haec moritvr en rappelant qui est Chrysis, il dit uicina haec car plus haut « ex Andro commigrauit huc uiciniae ». 2 vicina haec rappel (ἀνάμνησις)279. 3 o factvm bene remarquez que le poète introduit partout de cette manière des morts de comédie, étant donné qu'elles sont rapportées aux contraintes de l'argument sans être toutefois tragiques. Car soit Pamphile choisit la prostituée, soit il choisit le vieillard, soit on fait de deux épouses à la fois une seule. Ce qui fait que les morts présentées de cette façon sont reçues soit avec une tristesse modérée, soit aussi avec joie280. 4 o factvm bene revient à dire : « uereor ne quid Andria apportet mali ».

106
beasti; ei944 metui a Chryside945. Si.-ibi tum filius
tu me fait plaisir ; j'avais grand peur pour lui à cause de Chrysis. Si.-Alors, mon fils

1 metvi chrysidem 39 metuo illum dico40, qui mihi ipse aliquid facturus est, timeo ab illo, cuius causa possum aliquid mali pati, etiamsi ipse in me nihil mali consulat. 2 beasti m.metvi a c.chryside artificiose, quod gaudium subiecit, ne mors in comoedia luctus, ut41 in tragoedia, personaret. 3 metvi a chryside ἀρχαίως.
1 metvi chrysidem on dit metuo, transitif, pour parler de celui qui est sur le point de me faire quelque chose, et timeo ab avec ablatif pour parler de celui de qui je peux souffrir quelque mal, même s'il n'a envers moi nulle intention mauvaise. 2 beasti metvi a chryside habilement dit car il ajoute de la joie, afin que la mort ne rende pas dans la comédie un son lugubre comme dans la tragédie. 3 metvi a chryside archaïsme (ἀρχαίως).

107
cum illis qui amabant Chrysidem una aderat frequens;
avec les amants de Chrysis était souvent posté chez elle ;

1 vna aderat freqvens sic una aderat frequens, ut supra «  cum quibus erat cumque una71 ». 2 Et aderat freqvens possumus enim et adesse et frequentes non esse, si praesentes non adhaereamus his, quibus adsumus. 3 Et freqvens ut miles apud signa.
1 vna aderat freqvens ici una aderat frequens comme plus haut « cum quibus erat cumque una ». 2 Et aderat freqvens nous pouvons en effet être "présents" (adesse) sans être "assidus" (frequentes), si tout en étant présents nous ne nous attachons pas aux pas de ceux auprès de qui nous sommes "présents" (adesse). 3 Et freqvens comme le soldat auprès des enseignes.

108
curabat una funus; tristis interim,
il s'occupait avec eux des funérailles. Triste cependant,

1 cvrabat vna fvnvs funus est pompa exsequiarum, dictum a funalibus: etenim noctu efferebantur propter sacrorum celebrationem diurnam. 2 interim interim discretio est huius rei, quae ad narrationem pertinet superiorem. 3 cvrabat vna f.fvnvs utrum potuerit in exsequiis non uidere patrem.
1 cvrabat vna fvnvs on appelle funus la procession des obsèques, le mot vient de funale (la torche) : de fait c'est la nuit qu'on emportait les morts car le jour on célébrait les cultes. 2 interim interim sert à séparer de l'objet auquel se rapporte le récit précédent. 3 cvrabat vna fvnvs s'il pouvait ou non ne pas voir son père à ces obsèques.

109
nonnumquam collacrimabat. placuit tum id mihi.
parfois il versait des larmes de sympathie. Sur le moment, cela me plut.

1 nonnvmqvam c.collacrimabat illis enim magis flendi causa fuerat, qui quam amabant amiserant: huic amore propter Glycerium suam42. 2 Collacrimat, qui alienis lacrimis suas commodat.
1 nonnvmqvam collacrimabat leur principale raison de pleurer était qu'ils avaient perdu celle qu'ils aimaient : pour lui c'est par amour pour sa chère Glycère. 2 On dit collacrimare pour celui qui compatit de ses propres larmes aux larmes d'autrui.

110
sic cogitabam "hic paruae consuetudinis
Je pensais comme ça : il n'a eu que peu de rapports avec elle,

1 sic cogitabam ac 43 si dixisset hoc cogitabam. sensum tantum cogitationis dicere debuit; sed quia sic cogitabam dixit, ipsum gestum cogitantis exponit. est igitur μίμησις. 2 hic parvae c.consvetvdinis c.cavsa hoc est conuiuii tantum. 3 Et quia dixerat puer hoc solum egisse Pamphilum, nihil aliud: « symbolam dedit, cenauit72 ».
1 sic cogitabamcomme s'il avait dit hoc cogitabam (je pensais cela). Il aurait dû seulement donner la substance de sa pensée ; mais parce qu'il dit sic cogitabam, il donne à voir le geste même de la réflexion281. C'est donc la figure de l'imitation (μίμησις)282. 2 hic parvae consvetvdinis cavsa cela ne s'applique ici qu'à un repas pris en commun283. 3 Et parce que l'enfant avait dit que Pamphile n'avait fait que cela et rien d'autre : « symbolam dedit cenauit ».

111
causa huius mortem tam fert familiariter:
et sa mort le touche de façon si intime !

1 hvivs mortem tam fert f.familiariter familiariter id est grauiter, nam quae nobis sunt familiaria, grauia sunt animo nostro. 2 familiariter quasi familiaris. 3 An potius figuraliter 44?
1 hvivs mortem tam fert familiariter familiariter est pris au sens de grauiter (péniblement), car les choses qui nous sont "familières" (familiaris) sont "pesantes" (grauis) sur notre cœur. 2 familiariter comme quelqu'un de la famille. 3 Ou plutôt au sens figuré284 ?

112
quid si ipse amasset? quid hic mihi faciet patri?"
Que serait-ce s'il l'avait aimée ? Que fera-t-il pour moi, son père ?

1 qvid hic mihi f.faciet patri mihi circa me. 2 Et postquam mihi dixit, pondus intulit nominis dicendo patri. 3 qvid hic mihi f.faciet p.patri uide quam uenuste repetierit hic.
1 qvid hic mihi faciet patri mihi équivaut à circa me (en ce qui me concerne). 2 Et, après avoir dit mihi, il ajoute le poids du nom285 en disant patri (père). 3 qvid hic mihi faciet patri voyez avec quelle grâce il répète hic.

113
haec ego putabam esse omnia humani ingeni
Tout cela je le prenais pour les devoirs d'un naturel humain

1 haec ego pvtabam putare est eius, qui simplicitate pectoris aberrauit. Cicero « non putauit, lapsus est73 ». 2 hvmani ingenii mq.mansvetiqve humani ingenii circa Chrysidem, mansueti circa amicos. 3 haec ego pvtabam esse cum adhuc nihil peccationis ostenderit, tamen dolor in futura prorumpit, ut « gener auxilium P.Priamo P.Phrygibusque f.ferebat 74 ».
1 haec ego pvtabam putare s'applique au sens propre à celui qui s'est trompé par naïveté. Cicéron : « non putauit lapsus est » (il n'a pas réfléchi ; il s'est trompé). 2 hvmani ingeni mansvetiqve humani ingenii s'applique à Chrysis, mansueti s'applique à ses amis. 3 haec ego non pvtabam esse alors qu'il n'a montré encore rien qui fût fautif, la douleur pourtant s'étend sur ce qui va suivre comme « gener auxilium Priamo Phyrgibusque ferebat » (et le gendre portait secours à Priam et aux Phrygiens).

114
mansuetique animi officia. quid multis moror?
et d'un cœur sensible. A quoi bon beaucoup prolonger ?

115
egomet quoque eius causa in funus prodeo,
Moi-même pour lui faire plaisir je me rends aux funérailles,

1 in fvnvs prodeo in funus in pompam exsequiarum. 2 Α funalibus dictum est, id est a cuneis et uncis 45 candelabrorum, quibus delibuti funes et ignei 46 cerei fomites infiguntur. 3 egomet qvoqve ut et ipse Pamphilus. 4 An: "etiam ego, quem quasi minus crederes?". 5 in fvnvs in ipsum officium. 6 eivs cavsa eiusdem mansuetudinis et humanitatis. 7 Et eivs Pamphili.
1 in fvnvs prodeo in funus signifie "à la procession d'obsèques". 2 Le mot vient de funale qui désigne les pointes et les crochets des candélabres, sur lesquels on fixe des mèches imbibées et des chandelles de cire allumées. 3 egomet qvoqve comme Pamphile lui-même. 4 Ou bien : "moi aussi, bien que tu sois moins enclin à le croire" ? 5 in fvnvs dans la cérémonie elle-même. 6 eivs cavsa pour montrer la même douceur et la même humanité. 7 Et eivs de Pamphile.

116
nihil suspicans etiam mali. So.-hem quid id est? Si.-scies.
sans soupçonner encore le moindre mal. So.-Ah ! Lequel ? Si.-Tu vas le savoir.

1 nihil svspicans etiam mali etiam adhuc. 2 nihil svspicans etiam 47 bene suspendit auditorem. 3 etiam alia suspensio audientis et excusatio.
1 nihil svspicans etiam etiam signifie adhuc (encore). 2 nihil svspicans etiam belle façon de créer du suspens pour le public. 3 etiam nouveau suspens pour le public et moyen de défense pour lui-même.

117
effertur; imus. interea inter mulieres
On lève le corps ; nous partons. En chemin, parmi les femmes

1 effertvr efferre Graecum est. quod uitans Vergilius, ne diceret efferunt, « exportant tectis, inquit, corpora luce carentum75 ». 2 effertvr efferri proprie dicuntur cadauera mortuorum. 3 Et ire proprie dicitur ad exsequias. Vergilius « ite, ait, egregias animas, q.quae s.sanguine n.nobis h.hanc p.patriam p.peperere s.suo 76 ».
1 effertvr efferre est un mot grec286. Evitant ce mot, Virgile, pour ne pas dire efferunt, dit « exportant tectis corpora luce carentum » (ils portent hors de leurs toits les corps de ceux qui sont privés de la lumière du jour). 2 effertvr efferri se dit au sens propre pour les cadavres. 3 Et ire est employé au sens propre pour dire "aller aux funérailles". Virgile : « ite, ait egregias animas, quae sanguine nobis hanc patriam peperere suo » (allez, dit-il, ces belles âmes qui au prix de leur sang nous ont donné la patrie que voici, honorez-les).

118
quae ibi aderant forte unam aspicio adulescentulam
qui se trouvaient là, par hasard, j'en aperçois une, toute jeune

1 vnam aspicio advlescentvlam ex consuetudine dixit unam, ut dicimus unus est adulescens. tolle unam et ita fiet, ut sensui nihil desit, sed consuetudo admirantis non erit expressa. 2 vnam ergo τῷ ἰδιωτισμῷ dixit. 3 Vel unam pro quandam. 4 forte vnam aspicio advlescentvlam et hic duo sunt: aetas et forma, quibus additur pudor, quod meretrix non est.
1 vnam aspicio advlescentvlam selon la façon de parler habituelle il dit unam, comme nous disons unus est adulescens (il y a un jeune homme précis). Retirez unam et il arrivera que rien ne manquera au sens, mais on n'aura pas rendu la façon de parler de quelqu'un qui admire. 2 unam est donc dit par particularisation (τῷ ἰδιωτισμῷ). 3 Ou si l'on préfère unam est mis pour quandam (une certaine). 4 forte vnam aspicio advlescentvlam ici, il s'agit de deux choses, l'âge et la beauté, auxquelles s'ajoute la pudeur, parce que ce n'est pas une prostituée.

119
forma... So.-bona fortasse. Si.-et uoltu, Sosia,
d'une beauté... So.-Remarquable, peut-être. Si.-Et un visage, Sosie,

1 forma et vvltv sosia forma immobilis est et naturalis, uultus et mouetur et fingitur. 2 et vvltv sosia adeo quia formae laudatio cum meretrice communis est, progreditur artifex poeta ad laudanda ea, quae honestiora quam forma sunt. 3 et vvltv sosia adeo m.modesto quid hic deest, ut eam nurum dignetur Simo nisi sola cognitio? et formam probat in puella Pamphili pater et matronalem modestiam miratur in uultu et uenustatem stupet. nonne ergo iam cernimus hoc praestruxisse Terentium, ut cum Chremetis filiam esse cognouerit, Simo hanc potius eligat quam Philumenam nurum? quamuis ex sororia pulchritudine et ex amore Charini et Daui laudatione decoram ipsam quoque prope demonstrauerit nobis. 4 et vvltv sosia haec laus adiuuat post cognitionem futuram nurum.
1 forma et vvltv sosia forma désigne une beauté immuable et connaturelle, uultus désigne un air à la fois mobile et susceptible d'être modelé. 2 et vvltv sosia adeo comme l'éloge de la beauté est commun avec une prostituée, le poète créateur va jusqu'à la louange des qualités qui relèvent plus de l'honnête que la beauté 287. 3 et vvltv sosia adeo modesto que manque-t-il ici pour que Simon l'agrée comme belle-fille sinon que s'opère la reconnaissance ? Et la beauté de la jeune fille est objet d'approbation de la part du père de Pamphile, la modestie de son visage qui la rend digne d'être matrone est objet d'admiration, et son charme d'étonnement. Ne voyons-nous pas que Térence a construit ainsi ce passage pour que Simon, lorsqu'il la reconnaîtra comme la fille de Chrémès, la choisisse de préférence à Philumène comme belle-fille ? Pourtant sa beauté qui rappelle sa sœur, l'amour que lui porte Charinus et l'éloge de Dave nous montreront bientôt aussi la beauté remarquable de cette autre jeune fille. 4 et vvltv sosia cet éloge sert bien à la belle-fille qu'elle sera après la reconnaissance.

120
adeo modesto, adeo uenusto ut nihil supra.
si modeste, si gracieux qu'il n'y a rien au-dessus.

1 adeo modesto a.adeo v.venvsto modestus ad probitatem uultus et morum pertinet, uenustus ad naturam corporis. atque adeo uultum sibi fingere multi possunt, formam nemo. 2 vt nihil svpra ἔλλειψις Terentiana, nam non necesse est subiungere duos uersus.
1 adeo modesto adeo venvsto le mot modestus renvoie à la probité du visage et des mœurs, le mot uenustus à son aspect physique. Et beaucoup peuvent se modeler un visage, mais personne ne peut le faire pour la beauté. 2 vt nihil svpra ellipse (ἔλλειψις) toute térentienne, car il n'est pas indispensable de subordonner les deux vers288.

121
quia tum mihi lamentari praeter ceteras
Comme elle se lamentait plus que les autres,

1 qvia tvm mihi excusatio necessaria. 2 praeter ceteras id est: plus quam ceterae.
1 qvia tvm mihi justification indispensable289. 2 praeter ceteras équivaut à plus quam ceterae (plus que toutes les autres).

122
uisa est et quia erat forma praeter ceteras
à mon sens, et qu'elle était belle plus que les autres,

123
honesta ac liberali, accedo ad pedisequas,
convenable et distinguée, je m'approche des suivantes,

honesta ac liberali honesta ad formam, liberali ad uultum rettulit.
honesta ac liberali le mot honesta se rapporte à sa beauté, le mot liberali à son visage290.

124
quae sit rogo: sororem esse aiunt Chrysidis.
je demande qui elle est. C'est, me dit-on, la sœur de Chrysis.

125
percussit ilico animum. attat hoc illud est,
Tout d'un coup, ça m'a frappé l'esprit ! Bon sang ! Mais c'est donc cela !

1 percvssit ilico a.animvm hoc est suspicio uel aliquid tale. 2 attat attat interiectio admirantis. 3 hoc illvd est δεικτικόν eius est rei, quam in animo conceperamus. Vergilius « hoc illud g.germana f.fuit?77 ».
1 percvssit ilico animvm équivaut à suspicio (je soupçonne) ou à quelque chose de ce genre. 2 attat attat est une interjection qui marque l'admiration. 3 hoc illvd est deictique (δεικτικόν) qui exprime la chose que nous avons conçue dans notre esprit. Virgile : « hoc illud germana fuit ? » (C'était donc cela, ma sœur ?).

126
hinc illae lacrimae, haec illa est misericordia.
C'est de là que viennent ces larmes, la voilà cette compassion !

hinc illae lac.lacrimae hinc, ex hac causa.
hinc illae lacrimae hinc équivaut à ex hac causa (pour cette raison).

127
So.-quam timeo quorsum euadas! Si.-funus interim
So.-Que je crains où tu vas en venir ! Si.-Pendant ce temps les funérailles

1 qvorsvm evadas euadas exeas uel peruenias. 2 fvnvs interim p.procedit s.seqvimvr funus a funalibus dictum est, ut supra notauimus. et est funus pompa exsequiarum. 3 Et bene funus procedit, nos sequimur dixit quasi: post ipsum morituri. unde et exsequiae dicuntur. 4 qvam timeo qvorsvm non uidetur adhuc Sosiae plenum amoris argumentum: adeo pendet ad ea, quae dicturus est Simo. 5 fvnvs interim p.procedit ἀσύνδετον.
qvorsvm evadas euadas signifie exeas (que tu sortes) ou peruenias (que tu parviennes). 2 fvnvs interim procedit seqvimvr funus, comme nous l'avons dit plus haut, vient de funale 291. Et funus désigne la procession des obsèques. 3 Et funus procedit nos sequimur est bien dit, comme s'il disait : "prêts à mourir à sa suite". D'où le fait que l'on parle de exsequiae (funérailles que l'on suit)292. 4 qvam timeo qvorsvm il n'apparaît pas encore à Sosie que l'argument repose tout entier sur l'amour : il demeure encore suspendu aux prochaines paroles de Simon. 5 fvnvs interim procedit asyndète (ἀσύνδετον)293.

128
procedit: sequimur; ad sepulcrum uenimus;
avancent ; nous suivons, nous arrivons au tombeau.

1 ad sepvlchrvm venimvs sepulchrum κατ᾽ ἀντίφρασιν dicimus, quod sine pulchra re sit. 2 An quod ibi sine pulsu sint, id est mortui? 3 An quod illuc animae a uiuis sepellantur, id est separentur? 4 Et sepulchrum dixit futurum48, non quod iam esset; sepulchrum enim a sepeliendo dictum. Vergilius proprie « at pius Aeneas i.ingenti m.mole s.sepulcrum i.imponit s.suaque aa.arma u.uiro 78 ».
1 ad sepvlchrvm venimvs le mot sepulchrum est formé par antiphrase (κατ᾽ ἀντίφρασιν) car il n'y a là rien de beau (pulchrum)294 . 2 Ou bien est-ce parce que ceux qui sont là sont sine pulsu (sans pouls)295, c'est-à-dire "morts" ? 3 Ou bien est-ce parce que c'est là que les âmes sont "mises à part" (sepellantur 296) loin des vivants, c'est-à-dire "séparées" (separentur) ? 4 Et il parle d'un sepulcrum à venir, et non qui existerait déjà ; car sepulchrum vient de sepelire. Virgile au sens propre : « at pius Aeneas ingenti mole sepulcrum imponit suaque arma uiro » (mais le pieux Enée met sur le corps du héros l'immense masse d'un tombeau et ses propres armes).

129
in ignem inposita est; fletur. interea haec soror
On met le corps sur le bûcher, on pleure. Cependant la sœur

1 in ignem inposita est ἔλλειψις: non enim quae. 2 Et mire, cum funus supra dixerit. 3 fletvr bene hic impersonaliter fletur: ab omnibus; extrema enim quaeque mortuorum omnes commouent ad lacrimas. 4 interea haec s.soror id est: "quam dixi sororem esse Chrysidis".
1 in ignem inposita est ellipse (ἔλλειψις) ; il manque en effet quae (celle-ci). 2 Et c'est remarquable, puisqu'il vient de parler de funus 297. 3 fletvr bon emploi de l'impersonnel fletur ici : "par tous"298 ; les derniers moments des morts font en effet naître des larmes chez tous. 4 interea haec soror c'est-à-dire "la sœur de Chrysis que j'ai évoquée".

130
quam dixi ad flammam accessit imprudentius,
dont j'ai parlé s'est approchée de la flamme trop imprudemment,

ad flammam accessit imprvdentivs inuenit affectum sororis, unde omnes uinceret: ceteri enim flent, haec flammae se ingerit. sic Vergilius « exstinctum n.nymphae c.crudeli f.funere D.Daphnim cum complexa s.sui c.corpus m.miserabile n.nati, atque deos a.atque a.astra u.uocat c.crudelia m.mater 79 ».
ad flammam accessit imprvdentivs il invente chez la sœur une attitude qui lui permet de les dépasser tous : car tous les autres pleurent, mais elle s'apprête à se jeter dans les flammes. Ainsi Virgile : « exstinctum nymphae crudeli funere Daphnin... cum complexa sui corpus miserabile nati atque deos atque astra uocat crudelia mater » (quant à Daphnis dont la vie s'est éteinte en une mort cruelle, les Nymphes... quand embrassant le corps lamentable de son fils la mère appelle les dieux et les astres cruels)299.

131
satis cum periclo. ibi tum exanimatus Pamphilus
c'est assez dangereux. Là, épouvanté, Pamphile,

1 ibi tvm exanimatvs pamphilvs a uoluntate, a facultate, a summo ad imum, ibi sunt dicta et facta, ubi 49 est pathos. 2 Et mire ibi.
1 ibi tvm exanimatvs pamphilvs argument par la volonté, par la possibilité, du plus important au moins important300. Ici, il y a des paroles et des actes où il y a du pathétique. 2 Et ibi est remarquable301.

132
bene dissimulatum amorem et celatum indicat:
cet amour si bien dissimulé et dérobé ,il le trahit.

1 bene dissimvlatvm bene multum. 2 An quasi dolens, quia etiam negaturus sit Chremeti, dixit bene? 3 et celatvm indicat omnia significanter: non ostendit inquit sed indicat, non accedit sed accurrit, non uestem aut manus sed mediam mulierem, non tenet sed complectitur. 4 Et quia tribus rebus inducitur in alicuius rei gestionem persona: affectu facto dicto, affectus est, quod ait « ibi tum ex.exanimatus P.Pamphilus 80 », factum quod ait « accurrit m.mediam m.mulierem c.complectitur 81 », dictum quod ait « mea Glycerium, inquit, q.quid a.agis? c.cur t.te i.is p.perditum?82 ». 5 indicat indicium proprie est oris et linguae. factis ergo indicat, non enim dixit amo.
1 bene dissimvlatvm bene équivaut ici à multum (beaucoup). 2 Ou bien est-ce parce qu'il souffre qu'il dit bene, parce qu'il dira non même à Chrémès ? 3 et celatvm indicat tout ici a un sens : il ne dit pas ostendit (il montre), mais indicat (il fait voir), non accedit (il arrive) mais accurrit (il accourt), non uestem (son vêtement) ou manus (ses mains), mais mediam mulierem (la femme à bras le corps), non tenet (il la retient), mais complectitur (il l'étreint)302. 4 Et parce qu'il existe trois manières de représenter un personnage dans une action quelconque303, par son attitude, par ses actes et par ses paroles, l'attitude est dans ibi tum exanimatus Pamphilus, les actes dans accurrit mediam mulierem complectitur, les paroles dans mea Glycerium inquit quid agis ? cur te is perditum ?. 5 indicat le mot indicium s'applique au sens propre à un signe corporel ou langagier. Il fait voir par ses actes sans dire amo (je suis amoureux).

133
accurrit; mediam mulierem complectitur:
Il se précipite, embrasse la jeune fille à bras-le-corps :

accvrrit Vergilius « interiora domus irrumpit limina83 ».
accvrrit Virgile : « interiora domus irrumpit limina » (elle se précipite au fond de la maison).

134
"mea Glycerium", inquit "quid agis? cur te is perditum?"
« Ma Glycère, s'écrie-t-il, que fais-tu ? pourquoi te vas-tu perdre ? ».

mea glycerivm i.inqvit q.qvid a.agis mea quasi amator, hoc50 Glycerium quasi familiaris dixit, quid agis quasi perturbatus, cur te is perditum quasi consolatus.
mea glycerivm inqvit qvid agis mea (ma chère), comme dirait un amoureux, Glycerium, comme dirait un familier, quid agis comme dirait un homme profondément troublé, cur te is perditum comme dirait un homme qui console.

135
tum illa, ut consuetum facile amorem cerneres,
Alors elle, laissant aisément voir un amour de longue date,

1 vt consvetvm facile amorem c.cerneres mire non suspicarere dixit sed cerneres et est ordo: facile cerneres. 2 Sed cerneres sic ut supra laudem inuenias et amicos pares.
1 vt consvetvm facile amorem cerneres il est remarquable qu'il ne dise pas : suspicarere (tu soupçonnerais), mais cerneres (tu verrais). Et l'ordre est : facile cerneres. 2 Mais cerneres comme plus haut « laudem inuenias et amicos pares ».

136
reiecit se in eum flens quam familiariter!
se rejeta sur lui en pleurant  ; quelle intimité !

1 reiecit se in evm f.flens q.qvam f.familiariter obicitur ei et quod a Glycerio factum est, ut « ecquis umquam tam palam de honore, tam u.uehementer d.de s.sua s.salute c.c.contendit q.quam i.ille a.atque i.illius a.amici, ut ne 51 h.haec m.mihi d.delatio d.detur?84 ».
1 reiecit se in evm flens qvam familiariter il lui apparaît aussi clairement ce que fait Glycère, comme « ecquis umquam tam palam de honore, tam uehementer de salute sua contendit quam ille atque illius amici ut ne haec mihi delatio detur ? » (y eut-il jamais quelqu'un qui lutta si ouvertement pour son honneur, si violemment pour son salut que cet homme et ses amis, afin que ce rapport d'accusation ne me soit pas donné ?304 ).

137
So.-quid ais? Si.-redeo inde iratus atque aegre ferens;
So.- Que dis-tu ? Si.- Je reviens de là irrité et fort mécontent.

1 qvid ais non interrogantis est sed mirantis. 2 redeo inde iratvs atqve a.aegre f.ferens iratus culpa, aegre ferens, quia praeter spem.
1 qvid ais le ton n'est pas celui de l'interrogation, mais celui de la surprise. 2 redeo inde iratvs atqve aegre ferens iratus à cause de la faute, aegre ferens, car cela contrarie ses espérances.

138
nec satis ad obiurgandum causae. diceret
sans trop de raison de m'en prendre à lui. Il aurait dit :

1 nec satis ad obivrgandvm mire expressit indulgentiam patris circa filium: erat, inquit, causa, sed pro amaritudine obiurgationis non erat satis, hoc est non idonea uidebatur. 2 nec satis ad obivrgandvm cavsae deest habui uel erat, ut Vergilius « nec sat rationis in armis85 »: et hic est uel habui deest ad sententiam. 3 diceret deest enim.
1 nec satis ad obivrgandvm remarquable expression de l'indulgence d'un père envers son fils : il y avait, dit-il, motif à se plaindre, mais ce n'était pas assez en regard de l'amertume que ferait naître le reproche, ce qui revient à dire, le grief ne paraissait pas suffisant. 2 nec satis ad obivrgandvm cavsae il manque habui (j'ai eu) ou erat (il y avait) comme Virgile : « nec sat rationis in armis » (trop peu de raison dans les armes) et ici est ou habui manquent pour faire une phrase complète. 3 diceret : il manque enim (en effet).

139
"quid feci? quid commerui aut peccaui, pater?
« Qu'ai-je fait ? Où sont mes torts et ma faute, père ?

1 qvid feci mire fiduciam praetulit argumento, quod est in sequenti uersu. 2 qvid feci qvid c.commervi αὔξησις a maioribus ad minora 52. 3 Et feci quasi facinus dixit, — facere enim quis et homicidium dicitur —, commerui minoris culpae est, peccaui multo minoris uel leuioris.
1 qvid feci remarquable manière de faire précéder l'argument qui se trouve au vers suivant par la mention de la loyauté. 2 qvid feci qvid commervi gradation (αὔξησις) qui va du plus grand vers le plus petit. 3 Et feci s'emploie comme synonyme de facinus (crime), - on dit en effet de quelqu'un qu'il fait (facere) aussi un homicide305 -, commerui s'applique à une faute plus petite, peccaui d'une beaucoup plus petite ou plus légère encore.

140
quae sese in ignem inicere uoluit, prohibui
Elle voulait se jeter dans le feu, je l'en ai empêchée,

qvae sese in ignem inicere volvit illic mea Glycerium, hic pronomen dixit: mira dissimulatio, tamquam illam praeter periculum nesciat.
qvae sese in ignem inicere volvit tout à l'heure il disait mea Glycerium, maintenant il emploie le pronom : remarquable dissimulation, comme s'il ne la connaissait pas autrement que par le danger qu'elle a couru.

141
seruaui". honesta oratio est. So.-recte putas;
je l'ai sauvée ». Paroles d'honnête homme. SO.-Tu penses juste ;

142
nam si illum obiurges uitae qui auxilium tulit,
car si l'on s'en prend à qui a secouru une vie,

1 nam si illvm obivrges v.vitae q.qvi a.avxilivm t.tvlit argumentum ex coniectura per ratiocinationem a contrario, ut si dicas: « forti uiro praemium debetur, si desertori poena constituta est ». 2 tvlit pro attulit. 3 Sed multa significat, et alias pertulit, ut « ille non tulit hanc s.speciem f.furiata m.mente C.Coroebus 86 », alias sustulit, ut idem « omnia fert aetas87 » pro aufert.
1 nam si illvm obivrges vitae qvi avxilivm tvlit argument tiré d'une conjecture par raisonnement a contrario, comme si l'on disait qu'on doit une récompense à un homme courageux s'il faut donner un châtiment à qui déserte306. 2 tvlit mis pour attulit (apporta). 3 Mais ce verbe a beaucoup de sens : on peut l'interpréter soit comme pertulit (il supporta jusqu'au bout), comme dans ce vers « non tulit hanc speciem furiata mente Coroebus » (cet aspect, l'esprit déchaîné de Corèbe ne le supporta pas), soit comme sustulit (enleva), comme chez le même auteur « omnia fert aetas » (l'âge emporte tout), où il est mis pour aufert (enlève).

143
quid facias illi qui dederit damnum aut malum?
que fera-t-on à celui qui lui a causé du dommage ou du mal ?

1 qvid facias illi pro illo. 2 qvi dederit damnvm avt m.malvm damnum rei est, malum ipsius nominis.
1 qvid facias illi illi est mis pour pro illo. 2 qvi dederit damnvm avt malvm damnum porte sur la chose, malum sur la personne même.

144
Si.-uenit Chremes postridie ad me clamitans:
Si.-Arrive Chrémès, le lendemain, chez moi, jetant les hauts cris :

1 venit chremes p.postridie a.ad m.me c.clamitans argumentum ex coniectura de testibus. 2 Et mire: supra « ultro ad me uenit88 ». ergo hic causa iusti doloris ostenditur, quando dolet etiam Chremes; nam potuit non daturus filiam non uenire. 3 postridie ad me c.clamitans ut sine dilatione sciri possit. 4 Et clamitans indignantis est, ut « clamant omnes89 ».
1 venit chremes postridie ad me clamitans argument tiré d'une conjecture fondée sur des témoignages307. 2 Et remarquable emploi, voir ci-dessus : « ultro ad me uenit ». Donc ici la raison de cette juste douleur apparaît bien puisque Chrémès aussi souffre ; car il aurait pu, s'il ne s'apprêtait pas à donner sa fille, ne pas venir. 3 postridie ad me clamitans afin de pouvoir savoir sans délai. 4 et clamitans c'est le propre de l'indignation, comme dans « clamant omnes ».

145
indignum facinus; comperisse Pamphilum
« c'est un scandale » ; il avait appris que Pamphile

1 indignvm facinvs c.comperisse p.pamphilvm deest se. 2 Et incerta distinctio. 3 indignvm facinvs distinguendum, ut per se intellegatur indignum facinus: et ipse dolet corrumpi Pamphilum. 4 comperisse ergo ab aliis, ut appareat euersum53, quod ait « tum uno ore omnes90 » et « hac fama impulsus C.Chremes 91 ». 5 pamphilvm pro vxore hoc 54 Pamphilum cum emphasi dixit, id est pudentem et bene moratum. 6 Et nec amicam sed pro uxore. ergo, quasi non hoc doleat quod amet, sed quod pro uxore habeat. et simul excusatio filiam denegaturi soceri.
1 indignvm facinvs comperisse pamphilvm il manque se (lui-même)308. 2 Et la ponctuation est incertaine. 3 indignvm facinvs il faut ponctuer de manière à ce que l'on comprenne comme un groupe cohérent indignum facinus et il souffre lui-même de voir la corruption de Pamphile. 4 comperisse donc par d'autres, comme il apparaît du vers où il dit « tum uno ore omnes » et aussi « hac fama impulsus Chremes »309. 5 pamphilvm pro vxore il dit le nom Pamphile avec insistance310, c'est-à-dire en soulignant qu'il est plein de pudeur et de mœurs irréprochables. 6 Et 311 et il ne dit pas amicam (maîtresse), mais pro uxore. C'est paradoxal312, comme si ce qui le fait souffrir n'était pas qu'il l'aime mais qu'il la prenne pour femme. Et en même temps il y a justification de la volonté de Chrémès, le futur beau-père, de refuser sa fille.

146
pro uxore habere hanc peregrinam. ego illud sedulo
vivait maritalement avec cette aventurière. Moi, ça, de toutes mes forces

1 pro vxore habere h.hanc p.peregrinam hanc cum contemptu dictum est. 2 Et peregrinam ut alibi « adeon est d.demens? ex p.peregrina?92 » nam hoc nomine etiam meretrices nominabantur. 3 ego illvd sedvlo quanto affectu pater factum quod uiderat negabat! 4 sedvlo quomodo sedulo, si negabat? an sedulo Sosiae 55, id est simpliciter? 5 sedvlo quia non semel negauit uel ille institit.
1 pro vxore habere hanc peregrinam hanc est dit avec mépris. 2 Et peregrinam comme ailleurs : « adeon est demens ? ex peregrina ? », car les courtisanes étaient également désignées par ce nom313. 3 ego illvd sedvlo avec quelle affection le père niait l'acte qu'il avait vu ! 4 sedvlo comment peut-il y avoir sedulo, s'il niait ? Ou alorssedulo est une réplique de Sosie, c'est-à-dire simpliciter (simplement)314. 5 sedvlo parce qu'il n'a pas nié une seule fois, mais qu'il a insisté.

147
negare factum. ille instat factum. denique
je dis que ce n'est pas vrai ; lui soutient que c'est vrai. Enfin

1 negare factvm impersonaliter. 2 negare factvm officium patris et simul per hoc expressio probationis. 3 ille instat factvm Plautus « instare factum simia93 ». et est ἀρχαϊσμός. 4 instat factvm uetuste. id est: instat dicere factum esse. 5 deniqve quid denique? ad summam properat et ad finem dictorum. 6 deniqve id est postremo.
1 negare factvm tour impersonnel. 2 negare factvm marque le devoir du père et en même temps, par là même, l'expression d'une approbation315. 3 ille instat factvm chez Plaute « instare factum simia » (le singe soutient que c'est la vérité). Et c'est un archaïsme (ἀρχαϊσμός). 4 instat factvm construction vieillie qui signifie "affirmer avec insistance que quelque chose a été fait". 5 deniqve pourquoi denique ? Il va à l'essentiel et au terme de ses paroles. 6 deniqve c'est "en dernier lieu" (postremo).

148
ita tum discedo ab illo, ut qui se filiam
je brise là avec lui, alors que lui, sa fille,

1 ita tvm discedo proprie, non enim abeo: unde discessio. 2 vt qvi se filiam neget datvrvm ut ab eo disceditur, qui se filiam neget daturum. ergo probata res est, quando qui obtulit negat daturum. 3 Probauit quod uolebat senex Sosiae: adhuc superest, ut ostendat, quod non sit irascendum. quin iuste ignoscitur 56.
1 ita tvm discedo sens propre, car ce n'est pas simplement abeo (s'éloigner) : c'est le verbe dont est tiré discessio (séparation). 2 vt qvi se filiam neget datvrvm de la façon dont on se sépare de quelqu'un (ab eo disceditur ) qui affirme qu'il ne donnera pas sa fille. Par conséquent la rupture est suffisamment avérée quand celui qui a fait une offre affirme qu'il ne la donnera pas. 3 Le vieillard a prouvé ce qu'il voulait à Sosie : il lui reste encore à montrer ce qui ne suscite pas sa colère ; bien plus, on a des motifs légitimes de pardonner316.

149
neget daturum. So.-non tu ibi gnatum...? Si.-ne haec quidem
il dit qu'il ne la donnera pas. So.-Et ton fils alors, tu ne l'as pas... Si.-Il n'y avait pas

1 non tv ibi gnatvm ἀποσιώπησις. 2 Vel ἔλλειψις: deest inuasisti, obiurgasti, adortus es.
1 non tv ibi gnatvm aposiopèse (ἀποσιώπησις). 2 Ou bien ellipse (ἔλλειψις) : il manque inuasisti (tu l'as attaqué), obiurgasti (harcelé), adortus es (assailli)317.

150
satis uehemens causa ad obiurgandum. So.-qui? cedo.
là non plus de motif assez fort pour m'en prendre à lui. So.-Comment, s'il te plaît ?

obivrgandvm incusandum, inclamandum.
obivrgandvm "l'accabler de reproches", "le blâmer vivement".

151
Si.-"tute ipse his rebus finem praescripsti, pater:
Si.-« C'est toi-même qui as fixé le terme de ma vie présente, père.

his rebvs finem 57 modo non addidit diceret.
his rebvs finem il a presque ajouté diceret (il aurait pu dire)318.

152
prope adest cum alieno more uiuendum est mihi:
Le moment approche où il me faudra vivre au gré d'autrui.

1 prope adest cvm alieno more prope adsunt nuptiae, id est in proximo sunt metae libertatis et ideo auidius uoluptaria sub fine carpenda sunt. 2 cvm alieno more cum pro quando. hoc enim significat cum.
1 prope adest cvm alieno more les noces sont proches, c'est-à-dire le terme de la liberté est très proche et pour cela les plaisirs qui touchent à leur fin doivent être cueillis plus avidement. 2 cvm alieno more cum pour quando (quand). Car cum a ce sens.

153
sine nunc meo me uiuere interea modo".
Permets que pour l'heure je vive à ma guise ».

sine nvnc meo me vivere i.interea m.modo meo modo, mea uoluntate, meo arbitrio.
sine nvnc meo me vivere interea modo meo modo est synonyme de mea uoluntate (selon ma volonté), meo arbitrio (à ma guise).

154
So.-qui igitur relictus est obiurgandi locus?
So.-Mais alors quel sujet te reste-t-il de t'en prendre à lui ?

qvi igitvr relictvs est obivrgandi locvs mire obiurgandi, tamquam ignoscentior pater in filium uideretur; nam supra commotus plus per ἀποσιώπησιν significauerat.
qvi igitvr relictvs est obivrgandi locvs étonnant emploi d'obiurgare, comme si le père semblait plus indulgent à l'égard de son fils ; car ci-dessus, sous le coup de l'émotion, il avait montré davantage en interrompant Sosie par aposiopèse (ἀποσιώπησις)319.

155
Si.-si propter amorem uxorem nolit946 ducere:
Si.-Si, parce qu'il est amoureux, il refuse de se marier,

1 si propter amorem v.vxorem hoc erat secundum in diuisione « et consilium meum c.cognosces 94 ». 2 si propter amorem vxorem initium consilii sui demonstrandi. 3 nolit legitur et nolet.
1 si propter amorem vxorem c'était le second point de son plan : « et consilium meum cognosces »320. 2 si propter amorem vxorem il commence là l'exposé de sa décision. 3 nolit on lit aussi nolet.

156
ea primum ab illo animaduertenda iniuria est 947;
c'est de sa part un premier affront que j'aurai à punir.

1 ea primvm ab illo animadvertenda inivria est nota participium a passiuo animaduertenda, id est: castiganda ac uindicanda est. 2 ab illo inivria id est quam facit, non quam patitur. 3 ea primvm ab illo animadvertenda ut iam hoc sit peccatum, quod recusat nuptias, non quod amat adulescens. ideo ergo primum dixit. 4 animadvertenda inivria est uindicanda, exsequenda. 5 Et bene ea ab illo dixit iniuria: certissimam enim notauit personam, quae debeat pro iniuriis poenas soluere. quod si dixisset iniuria eius, amphiboliam fecisset, utrum: quam passus est ab alio, an: quam ipse aliis intulit.
1 ea primvm ab illo animadvertenda inivria est remarquez le participe tiré du passif animaduertenda 321, c'est-à-dire : castiganda (à réprimander), uindicanda (à châtier)322. 2 ab illo inivria c'est-à-dire celle qu'il commet, non celle qu'il supporte. 3 ea primvm ab illo animadvertenda de sorte que sa faute, c'est de repousser les noces, et non, jeune homme, d'aimer une jeune fille. C'est pour cette raison qu'il a dit primum. 4 animadvertenda inivria est uindicanda (à châtier), exsequenda (à venger). 5 Et il a dit correctement ea ab illo iniuria 323 : il a ainsi marqué avec la plus grande précision la personne qui doit subir le châtiment de sa faute. Alors que s'il avait dit iniuria eius, il aurait créé une ambiguïté : l'injustice qu'il a subie d'un autre, ou l'injustice qu'il a commise lui-même324 ?

157
et nunc id operam do, ut per falsas nuptias
Et maintenant je ne cherche, par ce faux mariage,

1 et nvnc id operam do vt per f.falsas n.nvptias hic reddidit, quod dixerat « et consilium meum cognosces95 ». 2 id propter id.
1 et nvnc id operam do vt per falsas nvptias il redonne ce qu'il avait dit ci-dessus : « et consilium meum cognosces ». 2 id synonyme de propter id (à cause de cela)325.

158
uera obiurgandi causa sit, si deneget;
qu'un vrai motif pour m'en prendre à lui s'il refuse.

vera obivrgandi ἀντίθετον: quia falsas dixit, intulit uera.
vera obivrgandi antithèse (ἀντίθετον) : parce qu'il vient de dire falsas, il met uera.

159
simul sceleratus Dauus siquid consili
En même temps, si ce coquin de Dave a quelque chose

160
habet, ut consumat nunc quom nil obsint doli;
en tête, qu'il vide son sac tant que ses fourberies ne sauraient nuire.

161
quem ego credo manibus pedibusque obnixe omnia
Je crois qu'il va faire des pieds et des mains et mettre tout

1 manibvs pedibvsqve prouerbiale, id est omnibus uiribus. 2 obnixe omnia cum conatu, instanter, contra conantem.
1 manibvs pedibvsqve expression proverbiale326, c'est-à-dire omnibus uiribus (de toutes ses forces). 2 obnixe omnia "avec effort", "instamment", "contre les efforts de l'autre"327.

162
facturum, magis id adeo mihi ut incommodet
en œuvre, et cela plus pour me contrarier

1 magis id adeo id propter id. 2 mihi vt incommodet noceat, incommodum afferat. 3 magis id adeo mihi vt i.incommodet non enim, inquit, prodest filio amare meretricem.
1 magis id adeo id équivaut à propter id (à cause de cela)328. 2 mihi vt incommodet incommodet est synonyme de noceat (qu'il nuise), incommodum afferat (qu'il porte préjudice). 3 magis id adeo mihi vt incommodet car, dit-il, il n'est pas avantageux pour un fils d'aimer une courtisane.

163
quam ut obsequatur gnato. So.-quapropter? Si. rogas?
que pour obéir à mon fils. So.-Pourquoi ? Si.-Tu le demandes ?

qvapropter mire Sosia interrogat, quasi nulla causa sit fallendi dominum.
qvapropter Sosie pose une question surprenante, comme s'il n'y avait aucune raison de tromper le maître329.

164
mala mens, malus animus. quem quidem ego si sensero...
Mauvaise tête, mauvais cœur. Mais lui, si je m'aperçois...

1 mala mens malvs animus uoluntas est, mens etiam ratio. 2 mala mens malvs animvs argumentum a natura et an aliquis58 sine causa malus an ab impulsione. 3 mala mens malvs animvs quia dixit: magis ut laedat, quam ut prosit.
1 mala mens malvs animus marque la volonté, mens également la raison330. 2 mala mens malvs animvs argument de nature331 : est-ce que quelqu'un est méchant sans raison ou bien par incitation ? 3 mala mens malvs animvs parce qu'il a dit : plus pour offenser que pour servir.

165
sed quid opus est uerbis? sin eueniat quod uolo,
A quoi bon en dire plus ? Mais si arrive ce que je veux

sed qvid opvs est verbis 59 ἀποσιώπησις est grauissimam poenam ostendentis.
sed qvid opvs est verbis c'est l'aposiopèse (ἀποσιώπησις) de qui veut montrer une faute très grave332.

166
in Pamphilo ut nil sit morae, restat Chremes
et que Pamphile ne cherche pas à gagner du temps, il ne reste plus que Chrémès

167
qui mihi exorandus948 est: et spero confore.
à fléchir par mes prières, et j'espère bien le faire.

1 qvi mihi exorandvs legitur et expurgandus. si expurgandus, cui lege, non qui, quia et cui per q ueteres scripserunt. 2 et spero confore ab eo quod est confit, id est perficitur, futurum tempus infinitiui modi confore facit, id est perfectum iri. sic in Adelphis « uerum quid ego dicam? hoc confit quod uolo96 »60. 3 confore confieri, perfici: unde confectum negotium dicitur uel confecta res, quae ad plenum perficiuntur. Vergilius « nunc qua ratione quod i.instat cf.confieri p.possit, p.paucis a.aduerte d.docebo 97 ».
1 qvi mihi exorandvs on lit aussi expurgandus(il faut me justifier) ; si on a expurgandus, il faut lire cui, non qui, également parce que les Anciens écrivaient cui avec un Q 333. 2 et spero confore vient de confit (il se produit), c'est-à-dire perficitur (il résulte), il fait à l'infinitif futur confore, c'est-à-dire perfectum iri (se faire achever) ; comme dans Les Adelphes : « uerum quid ego dicam ? hoc confit quod uolo ». 3 confore synonyme de confieri (être réalisé), perfici (être achevé) : de là on dit une affaire "menée à bonne fin" (confecta) ou une "chose réalisée" (confecta res) pour des choses achevées pleinement (perficiuntur). Virgile : « nunc qua ratione quod instat confieri possit, paucis aduerte docebo » (Maintenant, comment mener à bien ce qui presse, écoute, je vais t'en instruire brièvement)334.

168
nunc tuum est officium has bene ut adsimules nuptias,
Maintenant ton rôle c'est de mentir adroitement sur le mariage,

1 nvnc tvvm e.est o.officivm h.has hoc ad illud tertium respicit, quod dixit « et quid facere in hac re te uelim!98 ». 2 has bene vt a.adsimvles n.nvptias ptf.perterrefacias d.davvm hoc erat tertium de his, quae dicturum se promiserat. 3 adsimvles hoc est unum uerbum: adsimules, quod dixit « quin tu uno uerbo dic: q.quid e.est q.quod m.me u.uelis?99 ».
1 nvnc tvvm est officivm has ceci renvoie à cette troisième partie de son plan, lorsqu'il a dit « et quid facere in hac re te uelim ». 2 has bene vt adsimvles nvptias perterrefacias davvm ceci était le troisième élément de ce qu'il avait promis de dire. 3 adsimvles c'est le mot unique adsimules, qui répond à « quin tu uno uerbo dic : quid est quod me uelis ? »335.

169
perterrefacias Dauum, obserues filium
d'exterrifier Dave et d'observer mon fils,

1 perterrefacias uenuste et poetice. 2 observes filivm obseruatio in duabus rebus est: in obsequio et in speculando.
1 perterrefacias de façon élégante et poétique336. 2 observes filivm observatio (attention) fait référence à deux choses : la complaisance et la nécessité de surveiller337.

170
quid agat, quid cum illo consili captet. So.-sat est:
pour voir ce qu'il fera et quelle décision il prendra avec lui. Si.-Ça me suffit.

171
curabo. Si.-eamus nunciam intro: i prae, sequar.
Je vais traiter la chose. Si.-Entrons maintenant. Va devant, je te suis.

1 cvrabo ut coquus. et supra sic « nempe ut curentur recte haec100 ». 2 i prae figura ἀναστροφή, quod nos praei dicimus.
1 cvrabo comme un cuisinier338. De même plus haut : « nempe ut curentur recte haec ». 2 i prae anastrophe (ἀναστροφή), pour ce que nous nous disons praei.

scaena altera

SimoDauus

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172
Si.-Non dubium est quin uxorem nolit filius;
Si.-Il n'y a pas de doute que mon fils ne refuse une épouse.

1 non dvbivm est qvin v.vxorem n.nolit f.filivs peracta narratione iam persona Sosiae non erat necessaria; ergo substitit senex, per quem agenda sunt reliqua. 2 non dvbivm est qvin v.vxorem n.nolit f.filivs ad hoc certus inducitur Simo, ut et magis perturbetur inopinata consensione Pamphili ad ducendam uxorem et propterea nihil agat cum Chremete de tradenda filia confirmandisque nuptiis.
1 non dvbivm est qvin vxorem nolit filivs une fois son récit terminé339, le personnage de Sosie n'était plus nécessaire ; par conséquent, le vieillard a pris sa place, pour jouer le reste. 2 non dvbivm est qvin vxorem nolit filivs Simon s'avance sur ce point avec assurance, afin que sa surprise soit encore plus grande quand Pamphile, de manière inattendue, accepte de se marier, et qu'en outre, il ne négocie pas avec Chrémès pour le convaincre de donner sa fille en mariage et confirmer les noces.

173
ita Dauum modo timere sensi, ubi nuptias
Dave tout à l'heure a eu peur, je l'ai compris quand le mariage

1 ita davvm modo timere 61 non recessit de loco senex; sensi ergo: antequam cum Sosia loqui coepisset. 2 ita davvm modo timere sensi argumentum quod supra, ab eo quod nostri faciunt. 3 modo antequam cum Sosia loqui coepisset. 4 Dauus ut recte scribatur, Dauos scribendum est, quia nulla littera uocalis geminata unam syllabam facit. sed quia ambiguitas uitanda est nominatiui singularis et accusatiui pluralis, necessario pro hac regula digamma utimur et scribimus DaϜus serϜus corϜus.
1 ita davvm modo timere le vieillard n'a pas quitté la scène ; l'emploi de sensi (j'ai vu) se justifie : avant qu'il n'engage la conversation avec Sosie.  2 ita davvm modo timere sensi argument expliqué plus haut, et tiré de ce que font nos personnages. 3 modo avant qu'il n'engage la conversation avec Sosie340. 4 Pour bien écrire DAVVS il faut écrire DAVOS parce qu'aucune voyelle géminée ne constitue une syllabe. Mais pour éviter l'ambiguïté entre le nominatif singulier et l'accusatif pluriel341, nous devons utiliser, pour cette règle, le digamma et écrire DAϜVS SERϜVS CORϜVS 342.

174
futuras esse audiuit. sed ipse exit foras.
il appris qu'il se ferait. Mais le voilà qui sort.

175
Da.-mirabar hoc si sic abiret et eri semper lenitas
Da.-Je m'étonnais qu'on s'en tire comme ça et l'indulgence du maître sans fin

1 mirabar hoc si sic a.abiret et e.eri s.semper l.lenitas hic locus est, in quo Dauus insinuatur spectatoribus multa gesturus. 2 si sic abiret sic pro leuiter et neglegenter. 3 62 Quod Graeci οὕτω dicunt significanter αὔτως, id est sic. et est de his, quae gestu adiuuanda sunt, « ut tantillum puerum101 » et « huius non faciam102 ». 4 lenitas clementia et facilitas, cui contraria asperitas et difficultas. 5 et eri semper lenitas semper uerebar an semper lenitas, ut sit ὑφέν? Lucretius « semper florentis Homeri103 ». 6 semper lenitas ac per hoc simulata usque nunc lenitas. nam nemo in diuersis actibus semper lenis est nisi forte fictus adsimulator et callidus. 7 semper lenitas sine differentia est importuna lenitas.
1 mirabar hoc si sic abiret et eri semper lenitas c'est à cet endroit que Dave se glisse sur la scène, en faisant de nombreuses mimiques à l'intention des spectateurs. 2 si sic abiret sic est pris au sens de leuiter (avec légèreté), neglegenter (avec désinvolture). 3 Ce que les Grecs expriment avec οὕτω (ainsi) ou d''une manière expressive, avec αὔτως (par à peu près), c'est cela sic et cela ait partie de ces mots qui sont éclairés par le jeu de l'acteur, comme pour « tantillum puerum » et « huius non faciam ». 4 lenitas a pour synonymes clementia (clémence) et facilitas (indulgence) et pour antonymes asperitas (dureté) et difficultas (sévérité)343. 5 et eri semper lenitas faut-il comprendre semper uerebar (toujours je craignais) ou semper lenitas (douceur permanente), comme si c'était un syntagme (ὑφέν) ? Lucrèce : « semper florentis Homeri » (d'Homère sempiternellement florissant). 6 semper lenitas fait aussi référence à la douceur feinte jusqu'à maintenant. Car personne dans ses divers agissements n'est toujours doux, sauf peut-être l'hypocrite rusé qui s'est forgé un rôle. 7 semper lenitas une douceur qui s'exerce sans faire de différence est une douceur mal appropriée344.

176
uerebar quorsum euaderet.
je craignais ce qu'il en sortirait.

1 qvorsvm evaderet ad quam partem erumperet. 2 Et euadere est per quamcumque difficultatem ad aliquid peruenire.
1 qvorsvm evaderet de quel côté elle éclaterait. 2 Et euadere signifie "parvenir à quelque chose après avoir franchi un obstacle, quel qu'il soit".

177
qui postquam audierat non datum iri filio uxorem suo,
Il avait appris qu'on ne donnerait plus femme à son fils,

178
numquam cuiquam nostrum uerbum fecit neque id aegre tulit.
il n'en a soufflé mot à aucun de nous, et ne s'en est pas irrité !

1 verbvm fecit non dixit litigium aut rixam, sed uerbum. istae exiguitates adseuerationis dicuntur et 63 cum pronuntiatione, ut intellegatur: ne uerbum quidem. 2 neqve id aegre tvlit haec est semper lenitas.
1 verbvm fecit il n'a pas dit litigium (litige) ou rixa (rixe), mais uerbum (mot). Ce raccourci comportant une insistance s'exprime aussi avec la prononciation de manière à ce qu'on comprenne ne uerbum quidem (pas le moindre mot)345. 2 neqve id aegre tvlit voilà la douceur permanente.

179
Si.-at nunc faciet neque, ut opinor, sine tuo magno malo.
Si.-Mais il va le faire, et, à mon sens, ce ne sera pas sans douleur pour toi.

1 at nvnc faciet id est irascetur, denuntiabit, loquetur. 2 at nvnc faciet subaudiendum uerbum. et est faciet persona tertia pro prima. 3 neqve vt opinor sine tvo et comminabitur tibi et minas contemnes, ut ad poenas peruenias.
1 at nvnc faciet autrement dit, "il va se mettre en colère", "il va accuser", "il va parler". 2 at nvnc faciet on doit sous-entendre uerbum (mot) et faciet est employé à la troisième personne du singulier au lieu de la première346. 3 neqve vt opinor sine tvo et "il te menacera", "tu ne te soucieras pas de ses menaces et tu finiras par être puni".

180
Da.-id uoluit nos sic necopinantis duci falso gaudio,
Da.-Il a voulu, sans que nous voyions rien venir, nous leurrer par une fausse joie,

1 id volvit aut absolute accipiendum id aut ob praeposito aut id quomodo sic demonstratio est. 2 64 et magis gestu quam sensu intellegitur, ut supra diximus. 3 necopinantis ὑφέν. 4 dvci ducere est exspectatione longi temporis malum prolatare, 5 uel induci, ut feras in retia. 6 falso gavdio uelut euitatae senis iracundiae.
1 id volvit il faut comprendre que id fonctionne de manière autonome, ou bien que ob lui est adjoint comme préposition347, ou bien que id fonctionne comme sic 348 et a une valeur déictique. 2 Il se comprend davantage grâce à la gestuelle qu'au référent, comme nous l'avons dit plus haut349. 3 necopinantis syntagme (ὑφέν). 4 dvci ducere signifie "attendre longtemps pour retarder le moment du malheur". 5 Ou bien au sens de induci, "prendre des bêtes sauvages dans ses filets". 6 falso gavdio d'avoir pour ainsi dire évité la colère du vieillard.

181
sperantis iam amoto metu, interea oscitantis949 opprimi,
tandis que nous espérions, débarrassés de notre crainte, puis nous surprendre bayant aux corneilles,

1 sperantis iam amoto metv ista singula sunt. 2 Et amoto metu sic dixit, quasi metus brutum corpus sit, quod cum molimine moueatur. 3 oscitantis oscitatio est animi otium et securitas, dicta ab ore ciendo. 4 oscitantes securi, id est nihil prouidentes.
1 sperantis iam amoto metv au singulier. 2 Et il dit amoto metu, comme si la crainte était un lourd poids que l'on puisse déplacer au prix de gros efforts. 3 oscitantis l'oscitatio (bâillement) manifeste la sérénité et la tranquillité350, vient de os ciere (bouger la bouche). 4 oscitantes tranquilles (securi), c'est-à-dire qu'ils ne voient rien venir.

182
ne esset spatium cogitandi ad disturbandas nuptias:
sans nous laisser le temps d'aviser à rompre le mariage.

ne esset spativm c.cogitandi a.ad d.distvrbandas n.nvptias miranda locutio, ut si dicas: cogitat ad dicendum.
ne esset spativm cogitandi ad distvrbandas nvptias construction curieuse351, comme si on disait cogitat ad dicendum (il pense à dire).

183
astute. Si.-carnifex quae loquitur? Da.-erus est neque prouideram.
Habile ! Si.-Le bourreau ! que dit-il ? Da.-C'est le patron et je ne l'avais pas vu plus tôt !

1 astvte hoc et gestu et uultu seruili et cum agitatione capitis dixit. 2 carnifex aut excarnificans dominum aut ipse dignus carnifice, ut caro fiat, id est lanietur. Lucilius « carcer uix carcere dignus104 ». 3 neqve provideram prouidentia duplex est: etenim aut animo aut oculis prouidemus.
1 astvte en disant cela, il fait les mimiques et les grimaces de l'esclave, il secoue la tête. 2 carnifex désigne celui qui met à la torture (excarnificans) son maître, ou celui qui mérite la torture (dignus carnifice) au point de devenir de la chair (caro fiat), c'est-à-dire d'être mis en pièces. Lucilius : « carcer uix carcere dignus » (prisonnier à peine digne de la prison) 352. 3 neqve provideram prouidentia (prévoyance) a deux applications : en effet, nous prévoyons ou par l'esprit ou par les yeux353.

184
Si.-Daue. Da.-hem quid est? Si.-eho dum ad me. Da.-quid hic uult? Si.-quid ais?Da.-qua de re? Si.-Rogas?
Si.-Dave ! Da.- Hein ! Qu'est-ce que c'est ? Si.-Allez, ouste ! à moi ! Da.-Qu'est-ce qu'il veut ? Si.-Qu'as tu à dire ? Da.-A quel sujet ? Si.-Tu le demandes ?

1 hem qvid correptio. 2 65 totius corporis eho nutus est intentionem animaduersionemque deposcens eius, cum quo uult loqui. 3 ehodvm ad me dum παρέλκον est hoc loco. 4 qvid hic vvlt more seruili et uernili gestu: sic enim uocati a dominis secum uultuose agunt. 5 qva de re negantis uim habet haec interrogatio; plus est enim qua de re? quam nihil. 6 rogas hoc cum interrogatione indignantis.
1 hem qvid abrègement354. 2 eho mouvement de tout le corps ordonnant à la personne avec qui nous voulons parler qu'elle fasse attention à nous et nous remarque355. 3 ehodvm ad me dum est superflu (παρέλκον) ici356. 4 qvid hic vvlt correspond à l'éthos de l'esclave et au jeu du bouffon ; en effet, c'est ainsi que se parlent à eux-mêmes, avec un jeu de physionomie de circonstance, les esclaves de comédie appelés par leur maître. 5 qva de re cette question a ici la fonction d'une négation, car qua de re est plus fort que nihil. 6 rogas cette question est posée sur le ton de l'indignation.

185
meum gnatum rumor est amare. Da.-id populus curat scilicet.
La rumeur dit que mon fils est amoureux. Da.-Les gens se soucient bien de cela, c'est sûr.

1 mevm gnatvm r.rvmor e.est a.amare mire apud seruum dissimulat id, quod iam probauit. 2 mevm g.gnatvm r.rvmor e.est a.amare grauiter constanterque senex nondum se fatetur credere nec uerum scire, ne amittat uim uindicaturi, si rescierit. 3 id popvlvs cvrat scilicet quia rumigeratio populi est. 4 sed hoc auersus ab illo contumaciter. sic Vergilius « scilicet is superis l.labor e.est 105 ». 5 scilicet semper cum ironia ponitur.
1 mevm gnatvm rvmor est amare c'est paradoxal qu'il cache à son esclave ce qu'il a déjà reconnu. 2 mevm gnatvm rvmor est amare c'est dit avec gravité et fermeté, le vieillard n'avoue pas encore qu'il le croit ni qu'il connaît la vérité, afin que, s'il la découvre ensuite, il n'abandonne pas la rigueur caractéristique de l'homme qui veut se venger. 3 id popvlvs cvrat scilicet parce que le commérage est la spécialité du peuple. 4 Mais en disant cela, il s'oppose carrément à l'affirmation suivante : ainsi Virgile : « scilicet is superis labor est » (voilà ce dont se préoccupent les dieux apparemment)357. 5 scilicet est toujours employé ironiquement.

186
Si.-hocine950 agis an non? Da.-ego uero istuc. Si.-sed nunc ea me exquirere
Si.-Tu es avec moi, oui ou non ? Da.- Moi ! je suis avec toi. Si.- Mais, maintenant, le questionner là-dessus,

1 hocine agis id est audis. alibi « sic hoc agite, amabo106 »; Plautus « uos hoc agite spectatores nunc iam, si uultis107 ». 2 demonstratiue ueluti aurem suam tangens. 3 ego vero istvc deest ago uel audio.
1 hocine agis c'est-à-dire audis (tu entends), ailleurs « hoc agite, amabo » ; Plaute : « uos hoc agite spectatores nunc iam, si uultis » (et maintenant, chers spectateurs, écoutez s'il vous plaît). 2 Il faut prononcer cela de manière démonstrative, en se touchant l'oreille par exemple358. 3 ego vero istvc il manque ago (je fais) ou bien audio (j'écoute).

187
iniqui patris est; nam quae951 antehac fecit nil ad me attinet.
ce serait être un mauvais père ; car ce qu'il a fait jusqu'ici ne me regarde pas.

1 iniqvi patris est iniquum est, si nunc uelim quaerere actus liberos adulescentis. 2 nam qvae antehac fecit antehac pro ante haec consuetudine quam ratione dicitur. 3 nihil ad me attinet id agit, ut superius consilium seruare se ostendat.
1 iniqvi patris est il serait inopportun que je veuille faire une enquête sur les agissements libres d'un jeune homme. 2 nam qvae ante hac fecit on dit antehac pour ante haec (avant cela) plus par habitude que par logique 359 . 3 nihil ad me attinet il dit cela pour montrer qu'il garde son idée première360.

188
dum tempus ad eam rem tulit, siui animum ut expleret suum;
Tant que son âge était porté à la chose, j'ai permis qu'il satisfît son cœur.

1 dvm tempvs ad eam rem t.tvlit deest se, ut sit: dum se tempus praebuit, quia supra dixit « tute his rebus finem praescripsti, pater108 ». 2 sivi animvm vt ex.expleret s.svvm mira ratio, cur siuerit, ut et hoc, quod permisit, ad bonam frugem permiserit, non ad luxuriam. 3 ad eam rem tvlit tulit absolute. 4 Et deest se. 5 sivi autem distingue; est enim modo siui permisi, cessaui. 6 sivi antique. aliter in Adelphis « non siit egestas facere nos109 ».
1 dvm tempvs ad eam rem tvlit il manque se (se)361, ce qui donnerait dum se tempus praebuit (tant que les circonstances se sont présentées), parce que plus haut il a dit « tute his rebus finem praescripsti, pater ». 2 sivi animvm vt expleret svvm raisonnement étonnant, expliquant pourquoi il a autorisé, en disant que ce qu'il a permis avait été permis pour que le fils en fasse bon usage et non pour qu'il se livre à la débauche. 3 ad eam rem tvlit tulit est employé de manière absolue362. 4 Et il manque se. 5 sivi mettez une ponctuation363, en effet, on emploie parfois siui (j'ai laissé), comme permisi (j'ai permis), cessaui (j'ai cédé)364. 6 sivi c'est archaïque. Autre construction dans Les Adelphes : « non siit egestas facere nos »365.

189
nunc hic dies aliam uitam adfert952, alios mores postulat:
Mais ce jour amène une tout autre vie, demande d'autres habitudes.

1 nvnc hic dies a.aliam v.vitam a.adfert hoc est: certe et seuere et inexorabiliter denuntiat. 2 aliam vitam pro diuersam et contrariam. sic Vergilius « dis aliter uisum110 ».
1 nvnc hic dies aliam vitam adfert voilà une affirmation assurée, sévère et sans retour. 2 aliam vitam pour dire diuersam (différente) et contrariam (contraire) ; ainsi chez Virgile : « dis aliter uisum » (les dieux en ont jugé tout autrement)366.

190
dehinc postulo siue aequum est te oro, Daue, ut redeat iam in uiam.
Aussi j'exige, ou s'il le faut, je te prie, Dave, de le ramener dès lors dans le droit chemin.

1 te oro dave grauius illud fecit nomine appellando. 2 vt redeat iam in viam iam modo tarditatis signum est. 3 Et in uiam dixit quasi ex deuiis erroris ad rectam uitam. 4 dehinc post.postvlo ἐπανόρθωσις. 5 vt redeat iam in viam in uiam prouerbiale.
1 te oro dave l'apostrophe rend le ton plus solennel367. 2 vt redeat iam in viam iam signale parfois le début d'un état qu'on attend avec impatience. 3 Et il dit in viam comme pour dire "quitter les détours de l'erreur pour rejoindre la droite voie". 4 dehinc postvlo épanorthose (ἐπανόρθωσις)368. 5 vt redeat iam in viam in uiam est une expression proverbiale369.

191
hoc quid sit? omnes qui amant grauiter sibi dari uxorem ferunt.
Ce que c'est ? Tous les amoureux se révoltent à l'idée qu'on veuille leur donner une épouse.

hoc qvid sit ἔλλειψις, deest enim quaeris.
hoc qvid sit ellipse (ἔλλειψις), car il manque quaeris (tu cherches).

192
Da.-ita aiunt. Si.-tum siquis magistrum cepit ad eam rem inprobum,
Da.-On le dit. Si.-Et qui en la matière a pris un mauvais maître,

1 ita aivnt hoc credunt et loquuntur uniuersi. et est tepida consensio et quasi inuiti responsio, ut in Heautontimorumeno « ita credo monente patre filium111 ». 2 tvm si qvis magistrvm μεταφορικῶς. 3 An quia et paedagogus est66 Geta? 4 ad eam rem id est super eam rem, hoc est super amorem.
1 ita aivnt c'est ce que tout le monde croit et dit. C'est un accord tiède et pour ainsi dire la réponse de quelqu'un qui la fait à contre-cœur, comme dans L'Heautontimoroumenos « ita credo » (c'est bien ce que je pense), alors que le père est en train de mettre en garde son fils370. 2 tvm si qvis magistrvm emploi métaphorique (μεταφορικῶς). 3 Ou est-ce parce que Dave est aussi pédagogue comme Geta ? 4 ad eam rem c'est-à-dire dans cette situation particulière, à savoir en amour.

193
ipsum animum aegrotum ad deteriorem partem plerumque adplicat.
mène le plus souvent son esprit égrotant vers le pire.

ipsvm animvm aegrotvm pro aegro, nam animus aeger, corpus est aegrotum.
ipsvm animvm aegrotvm au lieu de aeger (malade), car si l'esprit peut être qualifié de aeger (malade), c'est le corps qui doit être qualifié de aegrotus (maladif)371.

194
Da.-non hercle intellego. Si.-non? hem. Da.-non: Dauus sum, non Oedipus.
Da.-Bon dieu, je ne comprends rien. Si.-Ah non, vraiment ? Da.-Non. Je suis Dave, pas Œdipe.

1 non hem hem interiectio est irascentis. 2 davvs svm non oedipvs multiplex contumelia: potest enim senem quasi sphingam dixisse, id est deformem monstrique similem; potest etiam inhumanum et ferum ut sphinx; potest etiam per Oedipodem se ultorem promittere futurum atque oppressorem sapientiae senis. 3 davvs svm non oedipvs facete se negat Oedipodem, ut senem sphingam esse confirmet non Oedipum. 4 irritationum 67 duo genera sunt: quaedam necessitas introducit, quaedam uoluntas. 5 non oedipvs si Latine pronunties, genetiuus Oedipi faciet, si Graece, Oedipodis.
1 non hem hem est l'interjection de quelqu'un qui se met en colère372. 2 davvs svm non oedipvs outrage qui a plusieurs sens : en effet, Dave peut dire que le vieillard est comme le sphinx, c'est-à-dire laid et semblable à un monstre, il peut aussi dire qu'il est inhumain et cruel comme le sphinx ; il peut aussi dire par l'évocation d'Œdipe qu'il promet de se venger de la prudence du vieillard et de la prendre au dépourvu. 3 davvs svm non oedipvs avec esprit il dit qu'il n'est pas Œdipe ce qui revient à affirmer que le vieillard est un sphinx et non Œdipe. 4 Il y a deux sortes de provocations : celles qui sont induites par la nécessité, celles qui sont induites par la volonté373. 5 non oedipvs si on le prononce à la manière latine, le génitif sera Oedipi, si on le prononce à la manière grecque, ce sera Oedipodis 374.

195
Si.-nempe ergo aperte uis quae restant me loqui? Da.-sane quidem.
Si.-Tu veux donc que je te dise ouvertement ce qui me reste à dire ? Da.- Ça me ferait du bien, oui.

sane qvidem sane, ualide, quia qui sanus, et ualidus est.
sane qvidem sane signifie ualide (sans doute), parce que celui qui est sanus (sensé) est aussi ualidus (fort)375.

196
Si.-si sensero hodie quicquam in his te nuptiis
Si.- Si je m'aperçois aujourd'hui que dans ce mariage

1 si sensero hodie qvicqvam comminatio. et sit pronuntiatio, ut 68 singulis uerbis ardeant minae. 2 hodie hodie ad comminationem, non ad tempus plerumque refertur, ut Vergilius « numquam omnes h.hodie m.moriemur i.inulti 112 ». 3 Et dies pro nocte accipitur, ut hoc ipsum numquam omnes hodie moriemur inulti.
1 si sensero hodie qvicqvam c'est une menace, et il faut qu'elle soit prononcée de telle sorte que les menaces éclatent à chaque mot376. 2 hodie hodie pour menacer, le plus souvent, ne se rapporte pas au temps, comme chez Virgile : « Numquam omnes hodie moriemur inulti » (Nous ne mourrons jamais tous aujourd'hui sans vengeance !)377. 3 Et dies est mis ici pour nox (nuit) comme dans le texte virgilien précisément : « Numquam omnes hodie moriemur inulti »378.

197
fallaciae conari quo fiant minus,
tu tentes quelque fourberie pour qu'il ne se fasse pas,

qvo fiant minvs hoc est: quominus69 impediturum.
qvo fiant minvs c'est-à-dire impediturum quominus fiant (pour empêcher qu'elles aient lieu)379.

198
aut uelle in ea re ostendi quam sis callidus,
ou veux montrer en la matière comme tu es malin,

199
uerberibus caesum te in pistrinum, Daue, dedam usque ad necem,
je te ferai rouer de coups puis je te livrerai au moulin, Dave, jusqu'à ce que tu en crèves ;

1 verberibvs caesvm te in pistrinvm uult et pronomine et nomine exagitare comminatione seruum, ne quid relinquat inultum iracundiae. 2 dedam dare est quod repetas, dedere ad perpetuum. 3 Et damus etiam amicis, dedimus tantum hostibus.
1 verberibvs caesvm te in pistrinvm il veut inquiéter l'esclave avec une phrase menaçante à la fois par le pronom et par le nom pour que rien dans sa colère ne reste sans vengeance380. 2 dedam on "donne" (dare) ce qu'on pourrait reprendre, on "consacre" (dedere) pour l'éternité381. 3 Et nous "donnons" (damus) aussi aux amis, nous "livrons" (dedimus) seulement aux ennemis382.

200
ea lege atque omine ut, si te inde exemerim, ego pro te molam.
et je m'engage devant hommes et dieux, si je t'en retire, à moudre moi-même à ta place.

1 ea lege atqve omine lege ad homines, omine ad rem diuinam refertur, id est firmamentum per humana et diuina. omen autem est, quicquid ore dicitur. 2 ea lege atqve omine bene lege atque omine, quia leges auspiciis seruatis ferebantur — 3 Ergo sic intellege, quasi diceret: ea condicione. — et antiqui auspicato omnia faciebant, quae rata esse uellent.
1 ea lege atqve omine lege se rapporte aux hommes, omine se rapporte à la divinité, à savoir une affirmation solennelle par les choses divines et humaines. D'ailleurs omen est tout ce qui est dit par la bouche383. 2 ea lege atqve omine lege atque omine est bien dit, parce que les projets de lois étaient présentés après l'observation des auspices. 3 Comprenez donc comme s'il disait ea condicione (avec cette condition). Et c'est après avoir pris les auspices que les Anciens faisaient tout ce qu'ils voulaient voir ratifié384.

201
quid, hoc intellexti? an nondum etiam ne hoc quidem? Da.-immo callide:
Alors ! Tu as compris ? Ou bien pas encore même ainsi ? Da.-Oui, je suis malin,

an nondvm etiam quartum παρέλκον, quia abundat etiam.
an nondvm etiam quatrième pléonasme (παρέλκον), puisque etiam (encore) produit une redondance385.

202
ita aperte ipsam rem modo locutus es, nil circuitione953 usus es.
tant tu as dit la chose tout droit, sans user de détours !

1 ipsam rem modo locvtvs ipsam rem id est uoluntatem suam. an interminationem, hoc est pistrinum et poenas seruiles? 2 nihil circvitione nihil pro non. 3 circvitione τῇ περιφράσει. 4 vsvs es legitur et usor es.
1 ipsam rem modo locvtvs ipsam rem (cette chose) à savoir sa volonté. Ou bien s'agit-il d'une menace conditionnelle, c'est-à-dire de la meule et des châtiments réservés aux esclaves ? 2 nihil circvitione nihil signifienon. 3 circvitione avec une périphrase (τῇ περιφράσει)386. 4 vsvs es on lit aussi usor es (tu es utilisateur)387.

203
Si.-ubiuis facilius passus sim quam in hac re me deludier.
Si.-Partout ailleurs je supporterais plus facilement que dans cette matière d'être joué.

1 vbivis facilivs admonitio. 2 vbivis facilivs p.passvs s.sim Cicero « non est in hac causa peccandi locus, iud.iudices 113 »70.
1 vbivis facilivs c'est un avertissement. 2 vbivis facilivs passvs sim Cicéron : « non est in hac causa peccandi locus, iudices » (il n'est pas permis de faillir dans cette affaire, juges)388.

204
Da.-bona uerba, quaeso! Si.-inrides? nil me fallis. sed edico954 tibi:
Da.-Encourage-moi, de grâce. Si.- Tu te moques ! Tu ne me trompes pas ; mais je te le dis :

1 bona verba qvaeso hic εἰρωνεία est. 2 Εὐφημισμός, quasi dicat: meliora loquere, rogo te. 3 ergo cum admonitione bona uerba inquit rogo te. 4 nihil me fallis id est: non te ignoro, non me decipis. sic Menander « νῦν δ᾽ οὐ λέληθάς με ἄν114 ». 5 nihil me fallis figura ἑλληνισμός: οὐδέν με λανθάνοις ἄν. 6 fallis lates, ut sit: οὐδέν με λέληθας. 7 nihil me fallis nihil nunc pro etiam 71.
1 bona verba qvaeso ici il y a de l'ironie (εἰρωνεία). 2 Euphémisme (εὐφημισμός) comme s'il disait : meliora loquere, rogo te (dis de meilleurs mots, je t'en prie). 3 Donc avec l'avertissement bona uerba (des paroles de bon augure) il dit rogo te (je t'en prie). 4 nihil me fallis c'est-à-dire je ne suis pas dans l'ignorance à ton sujet, tu ne me trompes pas. Comme Ménandre dit : « νῦν δ᾽ οὐ λέληθάς με ἄν » (tu n'agirais pas à mon insu maintenant)389. 5 nihil me fallis c'est la figure d'hellénisme, (ἑλληνισμός) : οὐδέν με λανθάνοις ἄν (tu ne ferais rien à mon insu). 6 fallis lates (tu es caché) comme s'il y avait : οὐδέν με λέληθας (tu n'as rien fait à mon insu). 7 nihil me fallis nihil (en rien) est ici l'équivalent de etiam (oui)390.

205
ne temere facias; neque tu haud dicas955 tibi non praedictum: caue!
n'agis pas à la légère et, après ça, tu n'iras pas ne pas dire que tu n'as pas été prévenu. Attention !

1 neqve tv havt dices tibi non praedictvm duae negatiuae unam consentiuam faciunt; tres negatiuae pro una negatiua accipiuntur, ut hic neque haud non. Sallustius « haud impigre neque inultus115  ». uera ergo lectio est neque tu haud dicas, quod plurimi non intellegunt, <cum> hoc dicas legunt. 2 neqve tv havt dicas tibi non p.praedictvm uera lectio neque haut dicas: est enim quintum παρέλκον. Plautus in Bacchidibus « neque haud subditiua gloria oppidum arbitror116 ».
1 neqve tv havt dices tibi non praedictvm deux négations équivalent à une affirmation ; trois négations sont prises comme une négation391, comme ici neque haud non. Salluste : « haud impigre neque inultus occiditur » (il est tué non sans hésitation et non sans vengeance). La vraie lecture est donc neque tu haud dicas (et ne dis pas que ne pas), ce que la plupart ne comprennent pas, quand ils lisent hoc dicas (dis cela)392. 2 neqve tv havt dicas tibi non praedictvm la vraie lecture est neque tu haud dicas (et ne dis pas que ne pas) : en effet, c'est le cinquième pléonasme (παρέλκον). Plaute dans Les Bacchides dit : « neque haud subditiua gloria oppidum arbitror » (ce n'est vraiment pas une fausse gloire, je pense).

scaena tertia

Dauus

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206
Enimuero, Daue, nihil loci est segnitiae neque socordiae,
Da.-Pour le coup, Dave, ce n'est pas le moment de paresser et de rester là comme un idiot ;

1 enimvero dave nihil l.loci e.est s.segnitiae hic breuis et comica deliberatio est magna exspectatione populum rerum imminentium commotura, aestuantis Daui consideratione proposita. 2 enimvero dave n.nihil persona aut ab altero commendatur aut se ipsam populo commendat aut et ab altero commendatur et a se ipsa, ut hic Daui et per Simonem supra descripta est, ubi dixit « mala mens m.malus a.animus 117 ». et hic per se, dum hoc gestu ac sermone agit ac disputat secum. 3 enimvero dave enimuero significationem habet nimium permoti atque irritati animi. Cicero « hic tum alius ex alia parte: enimuero ferendum non est; u.uocetur m.mulier 118 »72 4 segnitiae ad agendum, socordiae ad consulendum.
1 enimvero dave nihil loci est segnitiae ici il y a une délibération est brève et comique, destinée à provoquer une grande attente chez le public et qui se propose de faire voir Dave en pleine agitation. 2 enimvero dave nihil le personnage est recommandé par un autre ou se recommande lui-même au public ou est recommandé à la fois par un autre et par lui-même393, comme ici le personnage de Dave est décrit plus haut par Simon, quand il dit « mala mens malus animus », et ici par lui-même, pendant qu'il délibère et discute avec lui-même avec ces gestes et ces paroles. 3 enimvero dave enimuero annonce un esprit extrêmement agité et irrité. Cicéron : « hic tum alius ex alia parte : enimuero ferendum non est ; uocetur mulier ! » (Alors d'une autre partie de la salle un autre dit : 'Vraiment il ne faut pas supporter cela : que la femme soit appelée !')394. 4 segnitiae pour agir, socordiae pour réfléchir.

207
quantum intellexi modo senis sententiam de nuptiis:
autant que j'ai pu comprendre la pensée du vieux sur ce mariage,

qvantvm i.intellexi quantum pro in quantum.
qvantvm intellexi quantum est mis pour in quantum (dans la mesure où).

208
quae si non astu prouidentur, me aut erum pessum dabunt.
si on n'y veille pas en rusant, ça ira mal pour moi ou le patron.

1 qvae si non astv p.providentvr exhortatio a periculo. 2 qvae si non a.astv p.providentvr prouisio rerum duas significationes habet: prouidemus enim nobis tam bonum negotium quam malum; malum sicut si quis eminus ueniens telum prouiderit atque cauerit. 3 ergo hic prouidentur cauentur, uitantur. 4 Et nuptias ueluti undam nauigio imminentem fecit, quod si quis non undam, scilicet ex aduerso uenientem, prora exceperit, demersus undis in pessum abit. est ergo μεταφορά. 5 me avt ervm erum hic: erilem filium.
1 qvae si non astv providentvr encouragement à éviter le danger. 2 qvae si non astv providentvr prouisio (fait de prévoir les choses) a deux sens : nous prévoyons (prouidere) pour nous une bonne affaire aussi bien qu'une mauvaise ; mauvaise par exemple si quelqu'un venant de loin a vu par avance un trait et a pris des précautions pour l'éviter. 3 Donc ici prouidentur signifie cauentur (prennent des précautions pour empêcher que), uitantur (évitent). 4 Et il représente le mariage comme une vague qui menace le navire, car si quelqu'un sur la proue n'a pas reçu la vague, qui arrivait de face bien sûr, il est plongé dans les vagues et s'abîme dans la mer395. Il s'agit donc d'une métaphore (μεταφορά). 5 me avt ervm erum désigne ici erilem filium (le fils du maître)396.

209
nec quid agam certum est, Pamphilumne adiutem an auscultem seni.
Que faire ? Je ne sais trop. Aider Pamphile ou obéir au vieux ?

pamphilvmne adivtem an avscvltem seni semper deliberatiua uerba habent quendam sonum, per quem exitus rei demonstratur, ut hic ostendit Pamphilum se magis adiuuaturum quam uerbis senis obtemperaturum.
pamphilvmne adivtem an avscvltem seni les mots utilisés pour la délibération ont toujours une certaine intonation qui oriente l'issue de l'affaire en question, comme, ici, Dave montre qu'il va plutôt aider Pamphile qu'obéir aux paroles du vieillard397.

210
si illum relinquo, eius uitae timeo; sin opitulor, huius minas,
Si j'abandonne l'un, je crains pour sa vie ; si je le secours, c'est les menaces de l'autre,

1 si illvm relinqvo partium tractatus, quae supra sunt « Pamphilumne adiutem an auscultem seni119 ». 2 eivs vitae timeo ut alibi « Syre, tibi timui male120 ». 3 sin opitvlor opem ferre dicitur in malis rebus et his, qui de salute dubii sint, ut « fer opem! serua me, o.obsecro!121 ». 4 opitvlor opitulatio dicta ab opem tollendo, hoc est ferendo. 5 hvivs minas subauditur timeo.
1 si illvm relinqvo développement des rôles qui sont mentionnés plus haut : « Pamphilumne adiutem an auscultem seni ». 2 eivs vitae timeo comme ailleurs : « Syre, tibi timui male »398. 3 sin opitvlor opem ferre (porter secours) se dit pour des situations funestes et pour celles qui sont incertaines en ce qui concerne le salut, comme « fer opem ! serua me, obsecro ! »399. 4 opitvlor opitulatio (secours) vient de opem tollere (porter secours), c'est-à-dire ferre (porter)400. 5 hvivs minas timeo est sous-entendu401.

211
cui uerba dare difficile est: primum iam de amore hoc comperit;
car il n'est pas facile de le payer de mots. D'abord il a déjà découvert cet amour-là.

1 cvi verba dare uerba dare fallacia est 73: ad illud spectat « nihil me fallis122 ». ergo ostendit patrem esse cui 74. 2 difficile est non dixit impossibile est qui 75 pro Pamphilo est. 3 primvm iam primum iam ὑφέν. est enim ἀναστροφή pro iam primum. 4 de amore hoc comperit hoc amore sic, quasi cum taedio et reprehensione eius amoris loquatur.
1 cvi verba dare uerba dare est une tromperie402 : cette parole se rapporte à : « nihil me fallis ! ». Il montre donc que c'est le père qui est représenté par cui. 2 difficile est il ne dit pas : impossibile est (c'est impossible), lui qui est du côté de Pamphile. 3 primvm iam primum iam est un syntagme (ὑφέν) : c'est en effet une anastrophe (ἀναστροφή) qui correspond à iam primum 403. 4 de amore hoc comperit il dit hoc amore 404, comme s'il parlait de cet amour avec dégoût et en le blâmant.

212
me infensus seruat ne quam faciam nuptiis 956 fallaciam.
Il m'en veut, m'observe, de peur que je ne fasse contre ce mariage quelque fourberie.

1 me infensvs scilicet de amore filii. primo, inquit, iam infensus est senex, et reuera timendus est; deinde grauida e Pamphilo est Glycerium 76. 277 ne qvam faciam nvptiis fallaciam hoc ad illud spectat « tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum, ipsum animum ae.aegrotum 123 » etc.
1 me infensvs à propos de l'amour de son fils, bien entendu. Pour commencer, dit-il, déjà "le vieux me surveille", et est réellement redoutable ; en outre, Glycère est enceinte de Pamphile. 2 ne qvam faciam nvptiis fallaciam la phrase se rapporte à : « tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum, ipsum animum aegrotum » etc.

213
si senserit, perii: aut si libitum fuerit, causam ceperit
S'il s'en aperçoit, je suis mort ; ou bien si ça lui prend, il en tirera prétexte

214
quo iure quaque iniuria praecipitem me in pistrinum dabit.
à tort ou à raison, pour me balancer tout droit au moulin.

qvo ivre qvaqve inivria prouerbiale hoc est, qualia sunt fas nefas, uelis nolis.
qvo ivre qvaqve inivria c'est une expression toute faite405, comme aussi fas nefas, uelis nolis.

215
ad haec mala hoc mi accedit etiam: haec Andria,
En plus de cela, j'ai un autre malheur, cette Andrienne,

ad haec ad hoc ipsa re maior est difficultas, quia grauidam Glycerium sciet 78.
ad haec en plus, ce qui en l'occurrence accroît la difficulté, c'est qu'il va savoir Glycère enceinte406.

216
siue ista uxor siue amica est, grauida e Pamphilo est.
femme ou maîtresse, peu importe, est enceinte de Pamphile,

sive ista vxor sive amica est et hoc cum quodam taedio et indignatione stomachi interrumpit.
sive ista vxor sive amica est et là, il s'interrompt avec un certain dégoût et avec l'indignation de la colère407.

217
audireque eorum est operae pretium audaciam
et entendre jusqu'où ils poussent l'audace, vraiment ça vaut le coup :

1 avdireqve eorvm est operae pretivm operae pretium dicitur de mirificis et laudabilibus. nam et ea quae magna sunt, etiamsi mala, tamen admiramur et libenter audimus, et hoc pretium est operae, id est audiendi. 2 Et avdaciam proprie dixit, ut in Eunucho « audaciam meretricum specta124 ».
1 avdireqve eorvm est operae pretivm operae pretium se dit de choses extraordinaires et de choses louables. En effet, même celles qui sont grandes, quand bien même elles sont mauvaises, nous ne manquons pas de les admirer, et les écoutons volontiers ; et ce prix (pretium) qui s'applique au travail (operae) concerne le fait d'écouter408. 2 Et avdaciam il l'emploie au sens propre, comme dans L'Eunuque : « audaciam meretricum specta ! »409.

218
(nam inceptio est amentium, haud amantium):
c'est un dessein de dément, et non d'amant.

nam inceptio est amentivm havd amantivm amabant ueteres de proximo similia dicere, ut Cicero « minus clarum putauit fore, quod79 de armario quam quod de sacrario fuisset ablatum125 ». et quidem si in uerbis sunt, παρόμοια dicuntur, in nominibus80, παρονομασίαι.
nam inceptio est amentivm havd amantivm les Anciens aimaient utiliser des mots qui se ressemblent de façon rapprochée, comme Cicéron : « minus clarum putauit fore, quod de armario quam quod de sacrario fuisset ablatum » (il a cru qu'on remarquerait moins un vol fait dans une armoire que dans un oratoire)410. En outre, s'il s'agit de verbes, on parle de παρόμοια (mots similaires), et de noms, on parle de παρονομασίαι (paronomases)411.

219
quicquid peperisset decreuerunt tollere.
Quoi qu'il naisse, ils ont décrété qu'ils l'élèveraient,

1 qvicqvid peperisset maiorem reprehensionem sonat quicquid peperisset: paritur enim aut mas aut femina, et solet iustior causa esse tollendi, si marem uxor peperit. sed amoris nimii est non exspectare quid tollas. 2 qvicqvid peperisset decrevervnt tollere decernere est de magnis rebus certam proferre sententiam, unde etiam senatus decretum.
1 qvicqvid peperisset quicquid peperisset sonne comme une critique de taille : on accouche en effet soit d'un garçon soit d'une fille, et d'ordinaire on est mieux fondé à le reconaître, si l'épouse accouche d'un garçon. Mais c'est le fait d'un amour qui dépasse la mesure, de ne pas avoir d'appréhension sur ce que l'on aura à élever412. 2 qvicqvid peperisset decrevervnt tollere decernere, c'est avancer un avis certain sur des choses importantes, d'où vient également l'expression senatus decretum (décret du sénat).

220
et fingunt quandam inter se nunc fallaciam
et ils inventent entre eux maintenant je ne sais quelle fourberie :

1 et fingvnt qvandam et argumenti partem narrat et non credit factum esse quod dicit, ut supersit errori locus. 2 Et fallaciam et quandam, ut nec uerisimilis sit ipsa fallacia: totius contemptionis et uilitatis est 81 . 2 fallaciam civem atticam « ψεύδατθις126 » Menander 82.
1 et fingvnt qvandam il raconte une partie de l'argument, et en même temps il ne croit pas que ce qu'il dit soit vrai, de sorte qu'il reste encore place pour une possible méprise413. 2 Et il dit fallaciam et quandam, afin que la tromperie même ne soit pas vraisemblable : c'est le propre d'un total mépris et d'une totale déconsidération414. 2 fallaciam civem atticam « ψεύδατθις » (pseudo-attique) chez Ménandre415.

221
ciuem Atticam esse hanc: "fuit quidam olim 957 senex
elle serait citoyenne d'Athènes. « Il y avait autrefois un vieux

1 fvit qvidam olim senex mercator modo totius summae argumentum populo narratur, sed ut restet aliquid ad errorem, abrogatur fides. 2 fvit qvidam olim senex mire a diegematico ad mimeticum transit.
1 fvit qvidam olim senex mercator la partie essentielle de l'intrigue est entièrement exposée au public à cet instant, mais, pour que la confusion demeure, on lui supprime tout crédit. 2 fvit qvidam olim senex il passe d'une façon surprenante du mode narratif au mode représentatif416.

222
mercator; nauim is fregit apud Andrum insulam ;
marchand ; il fit naufrage sur les côtes de l'île d'Andros ;

223
is obiit mortem". ibi tum hanc eiectam Chrysidis
il y trouva la mort » ; et là, sa fille alors abandonnée, par le père de Chrysis

1 is obiit mortem plene dixit, quod nos obiit tantum. Vergilius « morte obita127 ». 2 chrysidis patrem Phania 83 est.
1 is obiit mortem il utilise toute l'expression, là où nous disons seulement obiit. Virgile : « morte obita » (après avoir trouvé la mort)417. 2 chrysidis patrem c'est Phania418.

224
patrem recepisse orbam paruam. fabulae!
aurait été recueillie, toute petite et orpheline. Cette comédie !

1 recepisse orbam parvam paruam dixit, ut sit uerum non posse eam facile suos agnoscere. 2 fabvlae redit ad narrationem.
1 recepisse orbam parvam il dit paruam, pour que le fait qu'elle ne puisse pas facilement reconnaître les siens419 soit en conformité avec la réalité. 2 fabvlae il retourne à la narration.

225
miquidem hercle non fit ueri simile; atque ipsis commentum placet.
Pour moi, bon dieu, ça n'a rien de vraisemblable ; mais l'invention leur plaît, à eux.

1 atqve ipsis commentvm p.placet atque pro at, ut sit tamen. 2 commentvm placet quod comminiscuntur, probant.
1 atqve ipsis commentvm placet atque est mis pour at (mais), comme si nous avions tamen 420. 2 commentvm placet "ils approuvent ce qu'ils imaginent"421.

226
sed Mysis ab ea egreditur. at ego hinc me958 ad forum ut
Mais voilà Mysis qui sort de chez elle ! Moi, direction le forum, pour

1 sed mysis ab ea egreditvr παρασκευή alterius scaenae. 2 ego me hinc ad forvm nihil adhuc inuenit Dauus consilii, nisi ut quaerat Pamphilum moneatque. 3 ego hinc me ad forvm uultuose hoc pronuntiatur, ut desit pergam aut ducam me. 4 mysis semper nomina comicorum seruorum aut a nationibus sunt indita, ut Mysis Syrus, aut ex accidentibus, ut Lesbia uelut ebriosa a Lesbo insula, quae ferax est suauissimi candidissimique uini, aut a moribus et uernilitate, ut Pseudulus, aut ex negotio, ut Chrysalus, aut ex qualitate corporis, ut Thylacus, aut ex specie formae, ut Pinacium.
1 sed mysis ab ea egreditvr préparation (παρασκευή) d'une autre scène422. 2 ego me hinc ad forvm jusqu'à présent, Dave n'a rien trouvé en fait de plan, si ce n'est l'intention de rechercher Pamphile et de l'avertir. 3 ego hinc me ad forvm il accompagne cette phrase d'une mimique, si bien qu'il manque pergam (je vais me rendre), ou ducam me (je vais me transporter). 4 mysis les noms des esclaves de comédie sont toujours donnés, soit d'après les nationalités : ainsi, Mysis ou Syrus ; soit par accident : ainsi Lesbia, qui sonne à peu près comme "Pocharde", d'après le nom de l'île de Lesbos, qui produit un vin des plus doux et des plus clairs423 ; soit d'après les mœurs et le caractère servile : comme Pseudulus ; soit d'après l'activité, comme Chrysalus ; soit d'après une particularité corporelle, comme Thylacus ; soit d'après un type de physique, comme Pinacium 424.

227
conueniam Pamphilum ne de hac re pater imprudentem opprimat.
rencontrer Pamphile pour que le père ne le prenne pas en flagrant délit d'imprudence.

scaena quarta

Mysis

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228
Audiui, Archylis, iamdudum: Lesbiam adduci iubes.
My.-Je t'ai écouté, Archylis, depuis un bon moment, tu veux que j'aille chercher Lesbie.

1 avdivi archylis iamdvdvm haec sunt inuentionis poeticae, ut ad οἰκονομίαν facetiae aliquid addant. nam οἰκονομία est, ut accersatur obstetrix et conueniatur Pamphilus; facetia scribentis in his uerbis est, quod Archylis compotricem potissimum adduci iubere fingitur. 2 avdivi a.archylis i.iamdvdvm frequenter hoc modo Terentius compendium facit, ut egrediens loquatur persona de eo, quod est gestura, et simul doceat, quid ab altera gestum sit. 3 avdivi a.archylis i.iamdvdvm utrum iamdudum audiui an iamdudum iubes, incerta distinctio est. 4 Et sunt qui iamdudum quamprimum intellegunt, ut « iamdudum sumite poenas128 ».
1 avdivi archylis iamdvdvm paroles qui participent de l'invention poétique, pour ajouter quelque chose de facétieux à l'agencement (οἰκονομία). L'οἰκονομία (agencement) consiste en effet à faire appeler la sage-femme et à faire arriver Pamphile en même temps ; la facétie de l'écrivain dans ce passage vient de ce qu'il représente une Archylis qui a surtout à cœur de faire venir sa compagne de boisson425. 2 avdivi archylis iamdvdvm Térence fait fréquemment un raccourci de ce genre, de sorte qu'en entrant, un personnage parle de ce qu'il va faire, et en même temps instruise le public sur ce qui a été fait par un autre. 3 avdivi archylis iamdvdvm s'il faut comprendre iamdudum audiui ou iamdudum iubes, la ponctuation ne le dit pas avec certitude426. 4 Et il y en a qui comprennent iamdudum comme quamprimum, comme dans : « iamdudum sumite poenas » (Sans délai frappez-moi).

229
sane pol illa temulenta est mulier et temeraria
Nom d'un chien, c'est une pure poivrotte, une risque-tout,

1 sane pol sane multum, ualide; namque ualidus est, qui multum rerum necessariarum habet ad salutem. 2 temvlenta produc primam syllabam te. 3 temvlenta uinulenta, hoc est ebriosa, quia temetum uinum, unde abstemius sobrius. dictum autem temetum ab eo, quod temptet mentem. 4 temvlenta uino, temeraria natura.
1 sane pol sane est l'équivalent de multum (beaucoup), ualide (fortement) ; et en effet il est ualidus (fort), celui qui possède beaucoup de choses nécessaires à sa sauvegarde427. 2 temvlenta allongez la première syllabe te 428. 3 temvlenta synonyme de uinulenta (ivre de vin), c'est-à-dire ebriosa (ivrogne), car le vin est un temetum (boisson capiteuse), d'où il ressort que le sobre est dit abstemius. Et le temetum (boisson capiteuse) est ainsi appelé parce qu'il "attente" (temptet) à la raison429. 4 temvlenta par l'effet du vin ; temeraria de nature430.

230
nec satis digna cui committas primo partu mulierem.
elle ne mérite vraiment pas qu'on lui confie une femme qui accouche pour la première fois.

1 nec satis digna cvi c.committas p.primo bene in conclusione illa specialiter probauit dicendo non idoneam, cui committatur primus partus mulieris. 2 sed mire signateque dixit committas: etenim committimus magna et quae salutem in dubio habent. 3 nec satis digna cvi committas primo duas res: nec parientem nec primo partu. figura δύο δι᾿ ἑνὸς, ut Vergilius « non me tibi Troia e.externum t.tulit 129 » et « dum domus Aeneae C.Capitoli i.immobile s.saxum 130 ».
1 nec satis digna cvi committas primo elle donne son approbation d'une façon bien particulière, dans cette conclusion, en affirmant que Lesbia n'est pas apte à se voir confier le premier accouchement d'une femme. 2 Mais elle dit paradoxalement et clairement committas ; de fait committere (confier) se dit pour des choses importantes, et dont la survie est critique. 3 nec satis digna cvi committas primo il y a deux choses : elle n'est digne ni de s'occuper d'une parturiente, ni d'un premier accouchement. C'est la figure d'hendiadys (δύο δι᾿ ἑνὸς), comme chez Virgile : « non me tibi Troia externum tulit » (C'est Troie qui m'a enfanté, moi qui ne suis pas un étranger pour toi) ; et « dum domus Aeneae Capitoli immobile saxum » (Tant que la maison d'Enée sur le rocher immobile du Capitole...)431.

231
tamen eam959 adducam? inportunitatem spectate aniculae
Et pourtant je la ramènerais ? Voyez un peu ce mauvais numéro de petite vieille,

1 tamen addvcam 84 redit ad illud, quamuis coacta. 2 importvnitatem spectate importunitas neque loci neque temporis habet commoditatem. 3 anicvlae Archylidis scilicet.
1 tamen addvcam elle se résout à cela, contrainte il est vrai. 2 importvnitatem spectate L'importunitas est ce qui n'offre de commodité ni du point de vue du lieu ni du point de vue du temps432. 3 anicvlae Archylis implicitement.

232
quia compotrix eius est. di, date facultatem obsecro
tout ça, parce qu'elles boivent le coup ensemble. Dieux, accordez, je vous prie, une facile

qvia compotrix est in uultu remansit oratio; deest enim per figuram ἔλλειψιν ideo illam uult arcessi.
qvia compotrix est le reste de la phrase est dans sa mimique ; il manque en effet, par la figure de l'ellipse (ἔλλειψις), ideo illam uult arcessi (elle veut que ce soit celle-ci qu'on appelle)433.

233
huic pariundi atque illi in aliis potius peccandi locum.
délivrance à ma maîtresse, et que l'autre aille faire plutôt ses bêtises ailleurs.

in aliis potivs peccandi utrum in aliis mulieribus an in aliis rebus?
in aliis potivs peccandi s'agit-il d'autres femmes (aliis) ou d'autres circonstances (aliis)434 ?

234
sed quidnam Pamphilum exanimatum uideo? uereor quid sit.
Mais que vois-je ? Pamphile tout hors de lui. J'ai peur de ce que ça va être.

1 sed qvidnam pamphilvm e.exanimatvm exanimatus est perturbatus, ut Vergilius « exanimata sequens inp.inpingeret a.agmina m.muris 131 », exanimus mortuus, ut idem « corpus ubi exanimum p.positum P.Pallantis A.Acoetes 132 85 ». 2 vereor qvid sit quid ob quid, propter quid sit exanimatus. 3 Aut aliter quid sit id est: quid sit negotii. 4 Sed quidam putant quid pro quare, ut « quid ueniant133 ». 5 Aut deest ne πρὸς τὸ uereor, ut sit quid non quidnam. hoc comicum est et Terentianum 86.
1 sed qvidnam pamphilvm exanimatvm exanimatus a le sens de perturbatus (bouleversé), comme chez Virgile : « exanimata sequens inpingeret agmina muris » ([Achille] pourchassant les bandes [troyennes] éperdues, les refoulait sous leurs murs) ; exanimus est synonyme de mortuus (mort), comme chez le même : « corpus ubi exanimum positum <Pallantis> Acoetes » (où le corps de Pallas sans vie était exposé, Acétès…)435. 2 vereor qvid sit quid est équivalent de ob quid (à cause de quoi), propter quid (la raison pour laquelle) il est tout troublé. 3 Ou autrement quid sit signifie : quid sit negotii (l'embarras dont il peut s'agir). 4 Mais certains prennent quid comme quare (pourquoi), comme dans : « quid veniant ? » (à quelles fins viennent-ils ?). 5 Ou bien il manque ne (que), rapporté (πρὸς τὸ) à uereor en sorte qu'on a quid et non quidnam. Cela est bien caractéristique de la comédie et térentien436.

235
opperiar, ut sciam numquidnam haec turba tristitiae adferat.
Je vais attendre, pour savoir quelle catastrophe apporte ce trouble.

nvmqvidnam, cum exceptis num et nam sufficere ad interrogationem potuisset τὸ quid.
nvmqvidnam, quand quid (τὸ quid) eût pu suffire pour marquer l'interrogation, en enlevant num et nam.

scaena quinta

MysisPamphilus

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236
Pa.-Hocine est humanum factum aut inceptum960 ? hocine est officium patris?
Pa.-Est-ce là l'acte ou le dessein d'un être humain ? Est-ce là le devoir d'un père ?

1 hocine est hvmanvm factvm a.avt i.inceptvm hic inducitur adulescentis animus circa nuptias, ut ex magnitudine metus ingens gaudium comparetur in fine fabulae cognita Glycerio. et simul id agitur, ut magis magisque per Mysidem Pamphilus excitetur ad resistendum patri nuptias indicenti. 2 hocine est h.hvmanvm f.factvm a.avt i.inceptvm ab iracundia et dolore coepit: iracundia ex iniuria descendit, dolor ex miseria. 3 hocine est h.hvmanvm f.factvm a.avt i.inceptvm quasi deliberatio est, in qua duae partes sunt, una patris, altera amicae; pro suasore Mysis est. 4 principium ab inuectione est, in qua primo ut hominem accusat, deinde ut patrem. 5 hocine est h.hvmanvm f.factvm hoc est dilatare orationem, ne diceret quod fecit. et est peruersa αὔξησις a maioribus descendens ad minora per amplificationem accusationis. 6 factvm avt inceptvm in aliis factu aut inceptu fuit. 7 hocine est officivm officium dicitur ab efficiendo, ab eo, quod quaeritur in eo, quid efficere unum quemque conueniat pro condicione personae.
1 hocine est hvmanvm factvm avt inceptvm ici on met en scène l'état d'esprit du jeune homme concernant le mariage, dans le but de préparer la très grande joie qui, à la fin, vient à la suite d'une grande crainte, lors de la reconnaissance de Glycère. Et, en même temps, cela est fait pour que, par l'entremise de Mysis, Pamphile soit de plus en plus poussé à résister à son père qui lui impose le mariage. 2 hocine est hvmanvm factvm avt inceptvm il commence par la colère et la douleur : la colère découle de l'injustice, la douleur de l'infortune. 3 hocine est hvmanvm factvm avt inceptvm c'est une sorte de délibération437, qui comprend deux partis, celui du père et celui de la maîtresse ; Mysis fait fonction de conseiller438. 4 Le début est fait d'une attaque en règle, dans laquelle il l'accuse d'abord en tant qu'homme ensuite en tant que père. 5 hocine est hvmanvm factvm cela revient à dilater le propos, pour ne pas dire ce qu'il a fait. Et c'est une gradation (αὔξησις) inversée439 : on part des éléments les plus grands et on va vers les plus petits, en usant d'une amplification de l'accusation. 6 factvm avt inceptvm dans d'autres manuscrits on a factu aut inceptu 440. 7 hocine est officivm le mot officium vient du verbe efficere à partir du fait qu'on y recherche ce que chacun doit "effectuer" (efficere) conformément à sa condition441.

237
My.-quid illud est? Pa.-pro deum fidem quid est, si haec non contumelia est?
My.- Qu'est-ce qu'il dit ? Pa.-Au nom des dieux, si ça, ce n'est pas une infamie !

1 qvid est si haec non contvmelia est sic dicimus de his, quae necessario hoc sunt, quod dicimus. 2 si haec non contvmelia est haec cum stomacho δεικτικόν quasi aliquo contradicente non esse contumeliam. Cicero « quid est, quaeso, Metelle, i.iudicium c.corrumpere, si hoc non est?134 ».
1 qvid est si haec non contvmelia est nous nous exprimons ainsi pour des choses qui ne peuvent être que ce que l'on dit442. 2 si haec non contvmelia est haec est un déictique (δεικτικόν) marquant la colère443, comme si quelqu'un venait contester le fait qu'il y ait offense. Cicéron : « quid est, quaeso, Metelle, iudicium corrumpere, si hoc non est » (qu'est-ce que corrompre un jugement, je te prie, Metellus, si ce n'est pas cela ?).

238
uxorem decreuerat961 dare sese mihi hodie: nonne oportuit
Il avait décrété qu'il me donnerait une femme aujourd'hui ; ne fallait-il pas d'abord

1 vxorem decreverat dare sese mihi h.hodie decernere est de magnis rebus certam proferre sententiam. 2 vxorem decreverat propositio iniuriae. 3 nonne oportvit oportuisse ad patrem refert. nam nec sic consentiret ad nuptias. sed "fac tum 87 me uelle: nonne oportuit praescisse me ante?" dolet autem se spatium non habuisse consilio.
1 vxorem decreverat dare sese mihi hodie decernere signifie émettre sur un point important un avis assuré444. 2 vxorem decreverat exposition des torts445. 3 nonne oportvit oportuisse se rapporte au père, car, même ainsi, le jeune homme ne consentirait pas au mariage. "Imaginons un moment que je le veuille, ne fallait-il pas que je le sache avant ?" Il regrette de ne pas avoir eu le temps de réfléchir446.

239
praescisse me ante? nonne prius communicatum oportuit?
que je l'aie su à l'avance ? Ne fallait-il pas auparavant le partager avec moi ?

1 nonne...oportvit quam de stomacho repetitum est oportuit! 2 Et de more praescisse me ante. 3 praescisse 88 proprie ad eum refertur, hoc est ad Pamphilum. 4 commvnicatvm quod neque huius proprium neque illius est. 5 Et ante abundat aut certe prae, cum sufficiat scisse. 6 commvnicatvm quia nuptiarum non omnis potestas in patre est.
1 nonne oportvit voyez combien la répétition d'oportuit provient de sa colère, 2 et de son caractère le fait de dire praescisse me ante 447. 3 praescisse se rapporte au sens propre à lui, c'est-à-dire à Pamphile. 4 commvnicatvm ce qui n'appartient en propre ni à l'un ni à l'autre448. 5 Et ante est pléonastique ou au moins prae, puisque scisse suffit au sens449. 6 commvnicatvm car dans un mariage la totalité du pouvoir n'appartient pas au père du fiancé450.

240
My.-miseram me, quod uerbum audio!
My.-Malheureuse ! Quel mot j'entends ?

qvod verbvm avdio uerbum pro ἀξιώματe more suo posuit, id est « uxorem dare135 » quod ait.
qvod verbvm avdio il met uerbum pour syntagme (ἀξίωμα) selon son habitude, c'est-à-dire ce qu'il dit plus haut « uxorem dare »451.

241
PA.-quid? Chremes, qui denegarat se commissurum mihi
Pa.-Et après ! Chrémès avait refusé de me confier

1 qvid chremes transit a patre nunc et ad socerum redit. τό quid non ad Chremetem, sed aduerbium transeuntis dicitur et non considerantis, quid dicat quid. 2 chremes 89 irascitur patri, quod cogat Chremetem, Chremeti 90, quod non neget uxorem. 3 noue dolet non odio haberi, non repudiari. 4 qvid chremes qvi d.denegarat non latuerat Pamphilum repudiasse Chremetem. unde et Dauus ait « qui posteaquam audierat non datum iri filio uxorem suo136 ».
1 qvid chremes il laisse le sujet du père maintenant et en vient au beau-père. Et le (τὸ) quid se dit non pas rapporté à "Chrémès", mais comme un adverbe de quelqu'un qui change de sujet et non de quelqu'un qui prend en compte ce que veut dire quid 452. 2 qvid chremes il s'indigne contre son père parce qu'il force la main à Chrémès, contre Chrémès parce qu'il ne refuse pas de donner l'épouse. 3 Situation inédite : il souffre de ne pas être détesté, de ne pas essuyer de refus453. 4 qvid chremes qvi denegarat il n'avait pas échappé à Pamphile que Chrémès avait refusé. D'où la remarque de Dave : « qui posteaquam audierat non datum iri filio uxorem suo »454.

242
gnatam suam uxorem, id mutauit quoniam962 me inmutatum uidet?
sa fille en mariage, et le voilà qui change ça, parce qu'il voit que moi, je n'ai pas changé.

1 id mvtavit noue dixit id: τό id enim ad denegarat commissurum mihi gnatam uxorem. 2 pauerat nuptias, et Chremes 91 mutare sententiam. 3 id mvtavit qvoniam m.me i.immvtatvm 92 παρόμοιον. nam quotiens uerba sunt, παρόμοιον dicitur, quotiens nomina, παρονομασία.
1 id mvtavit c'est un emploi inédit de id : en effet id (τὸ id) se rapporte à denegarat commissurum mihi gnatam uxorem 455. 2 Il avait redouté les noces et voilà que Chrémès change d'avis456. 3 id mvtavit qvoniam me immvtatvm c'est un parhomoeon (παρόμοιον)457. De fait quand ce sont des verbes, on parle de parhomoeon (παρόμοιον), quand ce sont des noms de paronomase (παρονομασία)458.

243
itane obstinate operam dat ut me a Glycerio miserum abstrahat?
Avec quelle obstination il travaille à m'arracher de Glycère, pauvre de moi !

1 itane o.obstinate obstinate facere est aliquid in alterius malum cum conatu facere perseueranter et in alterius perniciem nimis niti. 2 vt me a glycerio miservm a.abstrahat magna ui usus est uerbi et proprietate. unde est illud « diuellimur inde Iphitus et Pelias mecum137 93 ». 3 abstrahat magna indignatione usus est, tamquam Chremes non tam filiae consultum uelit quam laesum Pamphilum.
1 itane obstinate faire quelque chose obstinate, c'est agir pour le malheur d'autrui avec des efforts constants, s'efforcer de le perdre459. 2 vt me a glycerio miservm abstrahat il se sert du verbe avec une grande force et de manière particulièrement propre460. C'est de là que vient ce vers : « diuellimur inde Iphitus et Pelias mecum » (nous nous arrachons de là, Iphitus et Pélias avec moi). 3 abstrahat il fait preuve d'une grande indignation, comme si Chrémès ne voulait pas tant consulter sa fille qu'offenser Pamphile461.

244
quod si fit pereo funditus.
Si cela se fait, je suis vraiment mort.

245
adeon hominem esse inuenustum aut infelicem quemquam ut ego sum!
Y a-t-il un homme aussi disgracié, aussi défavorisé que moi ?

1 adeon hominem e.esse i.invenvstvm neminem putat esse in genere humano ita infelicem ut se, quod est commune omnium, qui in aliquo maerore consistunt. itaque non se, sed condicionem humanam dolet et queritur natum esse quemquam, qui possit esse tam miser ut ipse est, ac per hoc: se. 2 adeon hominem e.esse i.invenvstvm amatorie amore nominato exsiluit in gemitus. sic Vergilius « aut, si lux a.alma r.recessit, H.Hector u.ubi e.est?138 ». 3 invenvstvm avt i.infelicem q.qvemqvam inuenustus est sine uenere, id est "sine gratia", "quem omnes respuant repudientque pulchrae" et "quem deformes appetant". 4 invenvstvm avt infelicem inuenustus, cui displicens obicitur, infelix, cui placens negatur. 5 avt infelicem qvemqvam vt ego svm adeo se miserum dicit, quod sibi repudiare non licet, ut propter se doleat humanum genus, in quo sit aliquis tam miser. ut « cadit in quemquam139 ». 6 vt ego svm ἀνακόλουθον est ut: quam enim inferre debuit, non ut.
1 adeon hominem esse invenvstvm il pense qu'il n'y a personne dans l'humanité entière qui soit aussi malheureux que lui, ce qui est le lot commun de tous ceux qui ont quelque chagrin. C'est pourquoi il ne souffre pas pour lui, mais pour la condition humaine entière, et il déplore qu'ait pu naître quelqu'un qui soit aussi malheureux que lui et par là-même il déplore sa propre naissance462. 2 adeon hominem esse invenvstvm à la manière d'un amoureux, en nommant son amour463, il se répand en gémissements. Ainsi Virgile : « aut, si lux alma recessit, Hector ubi est » (ou, si la lumière nourricière s'est effacée pour toi, Hector, où est-il)464 ? 3 invenvstvm avt infelicem qvemqvam inuenustus équivaut à sine uenere (sans Vénus) 465, c'est à dire sans grâce, tel que toutes les belles filles le repoussent et le rejettent, et que les filles laides le recherchent. 4 invenvstvm avt infelicem est inuenustus celui à qui s'offre celle qui lui déplaît, est infelix celui à qui celle qui lui plaît est refusée466. 5 avt infelicem qvemqvam vt ego svm parce qu'il ne lui est pas permis de refuser, il se dit malheureux à un point tel qu'en raison de sa propre souffrance tout le genre humain souffre, puisqu'il s'y trouve un être aussi malheureux. Comme « cadit in quemquam » (il tombe sur le premier venu)467. 6 vt ego svm ut est une anacoluthe (ἀνακόλουθον) : c'est quam en effet qu'il aurait dû mettre et non ut 468.

246
pro deum atque hominum fidem!
Au nom des dieux et des hommes,

pro devm atqve h.hominvm f.fidem quam ferueat indignatione, hinc aspice, quod frequenter exclamat. 2 pro devm a.atqve h.hominvm f.fidem alia exclamatio est aduersum socerum.
1 pro devm atqve hominvm fidem voyez l'échauffement de sa colère au fait qu'il multiplie les exclamations. 2 pro devm atqve hominvm fidem c'est une autre exclamation dirigée contre son beau-père469.

247
nullon ego Chremetis pacto adfinitatem effugere potero?
ne pourrai-je par aucun moyen échapper à l'alliance de Chrémès ?

effvgere effugere in totum fugere.
effvgere effugere vaut pour in totum fugere (fuir complètement)470.

248
quot modis contemptus spretus! acta ac transacta963 omnia. hem
Combien bafoué, méprisé ! Tout était fait, et parfait. Hé bien !

1 qvot modis c.contemptvs s.spretvs si Chremes spretus, intellegeremus Pamphilum dicere, quod operam dederit, ut se repudiaret Chremes, ut supra dixit « mutauit, quia me immutatum uidet140 ». 2 qvot modis c.c.contemptvs Pamphilus an Chremes? 3 acta ac transacta prouerbiale est in id negotii, de quo nihil supersit ad agendum. 4 acta 94 a Pamphilo, transacta a Chreme.
1 qvot modis contemptvs spretvs si l'on comprend que c'est Chrémès qui est dédaigné, nous comprendrions que Pamphile dise qu'il a fait des efforts pour se faire refuser de Chrémès, comme il a dit plus haut « mutauit quia me immutatum uidet ». 2 qvot modis contemptvs Pamphile ou Chrémès471 ? 3 acta ac transacta c'est proverbial pour désigner une affaire dans laquelle il n'y a plus rien à faire472. 4 acta par Pamphile, transacta par Chrémès.

249
repudiatus repetor. quam ob rem? nisi si id est quod suspicor:
Après m'avoir refusé, on me rappelle. Pourquoi ? si ce n'est ce que je soupçonne :

1 repvdiatvs r.repetor quasi et haec iniuria sit, repudiare et repetere. 2 Et tale est in Eunucho « exclusit: reuocat141 ». 3 nisi id est qvod svspicor coniecturale argumentum.
1 repvdiatvs repetor comme si c'était aussi cela l'injustice, me refuser et me redemander473. 2 Et c'est pareil dans L'Eunuque : « exclusit, reuocat ». 3 nisi id est qvod svspicor argument par conjecture474.

250
aliquid monstri alunt: ea quoniam nemini obtrudi potest,
ils nourrissent une espèce de monstre. Et comme elle ne peut être fourguée à personne,

1 aliqvid m.monstri a.alvnt duplex contumelia est: et monstri et aliquid; minus enim esset aliquod monstrum. sic alibi « quid hominis uxorem habes?142 ». 2 Et mutauit genus dicendo ea, quod femina est. sic in Eunucho « taces? monstrum h.hominis, n.non d.dicturus?143 ». 3 aliqvid m.monstri a.alvnt ea dum monstrum dixerat, ea subiunxit tamquam non uerbis sed sententiae seruiens. 4 ea qvoniam nemini obtrvdi mire obtrudi quasi inuito. et totum cum iracundia. 5 obtrvdi infligi, impingi.
1 aliqvid monstri alvnt l'insulte est double : monstri et aliquid ; en effet ce serait moins fort de dire aliquod monstrum (un monstre)475. Ainsi ailleurs : « quid hominis uxorem habes ? ». 2 Et il a changé de genre en disant ea qui est féminin. Ainsi dans L'Eunuque : « taces ? monstrum hominis, non dicturus ? ». 3 aliqvid monstri alvnt ea tout en disant monstrum, il a construit ea en faisant dépendre non des mots mais du sens476. 4 ea qvoniam nemini obtrvdi obtrudi est remarquable, comme à quelqu'un qui ne veut pas477. Et tout cela est dit avec colère. 5 obtrvdi infligi (être infligée), impingi (être imposée).

251
itur ad me. My.-oratio haec me miseram exanimauit metu.
on s'en prend à moi. My.-Ce discours, malheureuse, me glace d'épouvante.

1 itvr ad me dotem amator non cogitat et ad utilitatem trahit, quod ultro uenit et quod se repetit Chremes. 2 itvr ad me quasi ad hostem. Plautus in Pseudulo « itur ad me144 » et Vergilius « simul ense recluso ibat in Euryalum145 » proprie. 3 oratio haec me m.miseram etiam pauca uerba ueteres orationem dicebant.
1 itvr ad me parce qu'il aime, il ne pense pas à la dot et rapporte à l'intérêt le fait que Chrémès vient de son plein gré et qu'il le redemande478. 2 itvr ad me comme s'il s'agissait d'un ennemi. Plaute dans le Pseudolus : « itur ad me » (on m'aborde) et Virgile : « simul ense recluso ibat in Euryalum » (et, en même temps, l'épée nue, il marchait contre Euryale), au sens propre479. 3 oratio haec me miseram même s'il ne s'agissait que de quelques mots les anciens disaient oratio 480.

252
Pa.-nam quid ego dicam de patre? ah
Pa.-Mais que dire de mon père ? Ah !

1 nam qvid ego dicam de patre quasi dicat: "quid ego de patre dicam, qui alienum accusauerim Chremem?". 2 nam qvid ego dicam de patre redit ad patrem, in quo noue hoc accusat neglegenter eum agere, quod nolit fieri.
1 nam qvid ego dicam de patre c'est comme s'il disait : "que vais-je dire de mon père, moi qui ai accusé Chrèmès qui m'est étranger ?"481. 2 nam qvid ego dicam de patre il revient à son père, dans cette réplique où il l'accuse de manière nouvelle de faire, sans y avoir réfléchi, ce qu'il ne voudrait pas qu'on fasse482.

253
tantamne rem tam neglegenter agere! praeteriens modo
une affaire si grave, la traiter si négligemment ! En passant tout à l'heure

1 tantamne rem t.tam n.neglegenter summum uoti ac nuptias. 2 praeteriens modo hic specialiter ostendit, quid peccauerit pater. 3 praeteriens modo m.mi a.apvd f.forvm undique conflatur accusatio: ex facto, quod praeteriens; ex tempore, quod modo; ex loco, quod in foro; ex modo et uerbis « uxor tibi d.ducenda e.est h.hodie 146 »95.
1 tantamne rem tam neglegenter ce qu'il désire le plus c'est-à-dire le mariage. 2 praeteriens modo ici, il montre de manière toute spéciale la nature de la faute paternelle483. 3 praeteriens modo mi apvd forvm de tout côté il trouve de quoi alimenter l'accusation : dans le fait praeteriens, dans le moment modo, dans le lieu in foro, dans la manière et les paroles « uxor tibi ducenda est hodie ».

254
mi apud forum "uxor tibi ducenda est hodie, Pamphile 964" inquit: "para,
près de moi sur la place : « tu dois prendre femme aujourd'hui, Pamphile » ,a-t-il dit, « prépare-toi,

vxor tibi d.dvcenda e.est h.hodie mire ducenda: semper hoc genus declinationis necessitatem ostendit, ut Vergilius « aut pacem T.Troiano ab r.rege p.petendum 147 »; Sallustius « agendum atque obuiam eundum est, Q.Quirites 148 ».
vxor tibi dvcenda est hodie il est remarquable d'utiliser ducenda ; en effet ce type de forme verbale montre toujours l'obligation comme Virgile : « aut pacem Troiano ab rege petendum » (ou il faut demander la paix au roi des Troyens) ; Salluste « agendum atque obuiam eundum est, Quirites » (il faut agir, Quirites, et prendre les devants)484.

255
abi domum". id mihi uisus est dicere "abi cito ac suspende te".
rentre à la maison ». J'ai cru qu'il me disait : « Va vite te pendre ».

id mihi visvs est d.dicere a.abi c.cito a.ac s.svspende t.te ad hodie cito rettulit, ad uxor tibi ducenda est suspende te.
id mihi visvs est dicere abi cito ac svspende te il rapporte cito à hodie, et à uxor tibi ducenda est il rapporte suspende te.

256
obstipui. censen me uerbum potuisse ullum proloqui?
Je suis resté stupéfait. Croit-on que j'aie pu dire un seul mot,

257
aut965 ullam causam, ineptam saltem falsam iniquam? obmutui.
ou une seule raison, même sotte, fausse, injuste ? Je suis resté muet.

1 avt vllam cavsam i.ineptam s.saltem f.falsam duo sunt εὔπορα in defensionem: aut uera aut ad tempus commentata 96. 2 ineptum est, quod a quouis reprehendi potest, falsum est, quod etiam prudentem possit fallere.
1 avt vllam cavsam ineptam saltem falsam il y a deux types d'arguments faciles à utiliser (εὔπορα) pour une défense : soit la vérité, soit des inventions adaptées aux circonstances485. 2 Est ineptus ce qui peut être corrigé par n'importe qui, est falsus ce qui peut tromper même un homme avisé486.

258
quod si ego rescissem id prius, quid facerem siquis966 me roget:
Mais, à supposer que je l'ai su à l'avance, qu'aurais-je pu faire, me dit-on.

1 qvod si ego rescissem id p.privs si mecum communicasset prius. 2 qvid facerem si qvis m.me r.roget ipse se reprehendit. 3 qvod si rescissem ὑποφορά.
1 qvod si ego rescissem id privs s'il en avait parlé avec moi d'abord. 2 qvid facerem si qvis me roget il se blâme lui-même. 3 qvod si rescissem objection (ὑποφορά)487.

259
aliquid facerem ut hoc ne facerem. sed nunc quid primum exsequar?
J'aurais fait quelque chose, pour ne pas faire cela. Mais à présent je ne sais par où commencer.

1 vt hoc ne facerem ut tacerem. 2 Et nota facerem pro tacerem. 3 sed nvnc qvid primvm e.exseqvar deliberatio et partes eius.
1 vt hoc ne facerem à savoir me taire488. 2 Et notez facerem mis pour tacerem (que je me taise). 3 sed nvnc qvid primvm exseqvar c'est un discours délibératif et ses parties489.

260
tot me inpediunt curae, quae meum animum diuersae trahunt:
Tant de soucis m'en empêchent qui tiraillent mon esprit en tous sens :

diversae trahvnt pro in diuersa.
diversae trahvnt mis pour in diuersa (en tous sens)490.

261
amor, misericordia huius, nuptiarum sollicitatio,
l'amour, la pitié de Glycère, l'inquiétude de ce mariage,

1 amor misericordia haec oratoria sunt, cum unum negotium in multas distrahimus partes. 2 amor a necessario, misericordia ἀπὸ τοῦ οἴκτου 97, nvptiarvm sollicitatio 98 a perturbatione; quibus colligit consulere se non posse. 3 misericordia99ἀμφιβολία. 4 sollicitatio sollicitudo est, quae inhaeret mentibus, sollicitatio, quae ab alio fit.
1 amor misericordia on parle ici de manière oratoire en divisant une seule affaire en plusieurs parties491. 2 amor argument par le nécessaire492, misericordia argument par la pitié (ἀπὸ τοῦ οἴκτου)493, nvptiarvm sollicitatio argument par le trouble ; ce qui l'amène à conclure qu'il ne peut pas réfléchir. 3 misericordia hvivs ambiguïté (ἀμφιβολία)494. 4 sollicitatio sollicitudo (le trouble) est inhérent à l'esprit, sollicitatio vient de l'extérieur495.

262
tum patris pudor, qui me tam liberali 967 passus est animo usque adhuc
et puis le respect de mon père qui m'a de façon si bienveillante jusqu'à aujourd'hui

1 tvm patris pvdor qvi me tam l.liberali p.passvs hoc ad illud spectat « tute his rebus f.finem p.praescripsti 149 ». 2 tvm patris pvdor ἀμφιβολία. 3 qvi me tam liberali p.passvs explanatio, in quo pudendum sit apud patrem. 4 qvi me t.tam l.liberali p.passvs atqui accusabat eum: sed amator est.
1 tvm patris pvdor qvi me tam liberali passvs cela concerne le passage « tute his rebus finem praescripsti ». 2 tvm patris pvdor amphibolie (ἀμφιβολία)496. 3 qvi me tam liberali passvs explication de ce qui doit provoquer sa honte envers son père. 4 qvi me tam liberali passvs et pourtant il l'accusait, mais c'est un amant497.

263
quae meo cumque animo libitum est facere. eine ego ut aduerser? ei mihi!
laissé faire tout ce qui me prenait. A cet homme-là, moi m'affronter ? Hélas !

1 eine ego vt adverser pronomen hoc uim qualitatis habet et est tali, an 100 bono. 2 eine ego vt adverser uidetur inclinasse, ut secundum patris animum consisteret, sed amore ad incerta iterum reuoluetur.
1 eine ego vt adverser le pronom insiste sur la qualité, et équivaut à tali (à un tel homme) ; ou bien est-ce bono (à un homme bon)498 ? 2 eine ego vt adverser il semble avoir penché pour s'en tenir à la volonté du père, mais, poussé par l'amour, il va revenir encore une fois à l'incertitude.

264
incertum est quid agam. My.-misera timeo "incertum" hoc quorsum 968 accidat.
Je ne sais que faire. My.-Malheureuse ! je tremble de voir sur quoi ce « je ne sais » va déboucher.

qvorsvm accidat ad quam rem, quo uersum.
qvorsvm accidat ad quam rem (vers quelle chose), comme quo uersum (vers quoi)499.

265
sed nunc peropus est aut hunc cum ipsa aut de illa aliquid me aduersum hunc loqui:
Mais, pour le moment, il est indispensable ou qu'il lui parle ou que je parle d'elle avec lui.

1 sed nvnc peropvs est avt hvnc cvm ipsa avt calliditati femineae et astutiae sententia haec congruit. 2 cvm ipsa ipsa nunc domina mea. 3 adversvm hvnc apud hunc. alibi « et id gratum fuisse aduersum t.te h.habeo g.gratiam 150 ».
1 sed nvnc peropvs est avt hvnc cvm ipsa avt cette phrase va bien avec la ruse et l'astuce féminines. 2 cvm ipsa ipsa désigne maintenant domina mea (ma maîtresse)500. 3 adversvm hvnc mis pour apud hunc (chez lui) ; ailleurs « et id gratum fuisse aduersum te habeo gratiam »501.

266
dum in dubio est animus, paullo momento huc uel illuc impellitur.
Quand un esprit est dans le doute, la moindre secousse d'un côté ou d'un autre le fait tanguer.

dvm in dvbio est animvs p.p.pavlo m.momento h.hvc v.vel i.illvc i.impellitvr translatio haec est a mole alicuius ponderis, quae antequam in loco sederit, cum incerta pendet, facillime commouetur.
dvm in dvbio est animvs pavllo momento hvc vel illvc impellitvr cette métaphore est tirée de la masse d'un objet pesant, qui, avant de se trouver en une place fixe, est aisément déplaçable quand il est mal arrimé, et bouge.

267
Pa.-quisnam969 hic loquitur? Mysis, salue. My.-o salue, Pamphile. Pa.-quid agit? My.- rogas?
Pa.-Qui parle ici ? Mysis, bonjour. My.-Oh ! bonjour, Pamphile. Pa.-Que fait-elle ? My.-Tu demandes ?

1 qvisnam hic loqvitvr mysis salve hoc secum; deinde conuersus uidit. 2 salve difficile est inuenire aliud uerbum, quod sic declinetur:101 salue et saluete, quippe huius uerbi per modos rara est declinatio. 3 qvis hic l.loqvitvr 102 principium Terentianum in iungendis personis. 4 o salve pamphile ο interiectio est optantis aduentum aut repente percussi. 5 qvid agit amatorie et familiariter non addidit quae. Vergilius « quae mihi reddat eum uel eo me soluat amantem151 ». 6 rogas lenta quaedam et tristis responsio est et dolore plena.
1 qvisnam hic loqvitvr mysis salve cela est dit en aparté ; ensuite il se retourne et la voit. 2 salve il est difficile de trouver un autre verbe qui se conjugue comme salue et saluete, car la conjugaison de ce verbe à d'autres modes est rare502. 3 qvis hic loqvitvr début typiquement térentien quand il s'agit de faire se rencontrer des personnages. 4 o salve pamphile o est l'interjection de quelqu'un qui souhaite l'arrivée d'une autre personne ou qui est soudain frappé. 5 qvid agit à la manière d'un amant et de façon familière503 il n'ajoute pas qui. Virgile : « quae mihi reddat eum uel eo me soluat amantem » (la voie qui va me le rendre ou le détacher de mon amour)504. 6 rogas réponse lente, triste et pleine de souffrance.

268
laborat ex dolore atque ex hoc misera sollicita est, diem
Elle est dans les douleurs, et de plus la malheureuse se tourmente, parce que c'est aujourd'hui

1 laborat ex dolore duplicem laborem Glycerii esse dicit: unum partitudinis, alterum curae et sollicitudinis Pamphili nuptiarum. 2 laborat ex d.dolore a.atqve e.ex h.hoc m.misera s.sollicita e.est d.diem callide aggreditur iuuenem, nam utrumque propter illum perpetitur, et dolorem et sollicitudinem. 3 atqve ex hoc m.miseras.sollicitae.estd.diem Mysis, quae contra patrem suasura est, incertum inueniens Pamphilum facile ad se conuertit mentione dominae suae et maxime103, quod addidit, ut illam aegram esse dicat: qua re statim perfectum est quod uolebat, egone istuc conari queam? ut dicat Pamphilus.
1 laborat ex dolore elle dit que la souffrance de Glycère est double : l'une à cause de sa grossesse, l'autre à cause du souci et de l'inquiétude que lui cause le mariage de Pamphile. 2 laborat ex dolore atqve ex hoc misera sollicita est diem c'est avec ruse qu'elle aborde le jeune homme ; de fait, c'est à cause de lui que Glycère souffre durement de ces deux maux, la douleur et l'inquiétude. 3 atqve ex hoc misera sollicita est diem Mysis, qui va plaider contre le père, trouvant Pamphile dans l'incertitude, le retourne facilement en sa faveur, en faisant mention de sa maîtresse et surtout en ajoutant en plus qu'elle est malade : ainsi se produit immédiatement ce qu'elle voulait : que Pamphile dise « egone istuc conari queam ».

269
quia olim in hunc sunt constitutae nuptiae. tum autem hoc timet,
le jour fixé autrefois pour le mariage, et puis elle craint

1 qvia olim in hvnc svnt constitvtae nvptiae nec addidit a patre, sed inuidiose, quasi et a Pamphilo sint constitutae. 2 in hvnc svnt c.constitvtae idem enim dies est, quo placuerant destinatae nuptiae, quamuis Chremes renuntiauerit. 3 Et supra « hic nuptiis dictus est dies152 ». 4 tvm avtem hoc timet tum praeterea: tertiam sollicitudinem habere Glycerium ostendit, ne deseratur a Pamphilo104 sollicitudo rerum incertarum magis, in hvnc svnt constitvtae n.nvptiae 105 hic certior metus est et grauior. 5 An sollicita est die timet in negotio 106.
1 qvia olim in hvnc svnt constitvtae nvptiae et elle n'ajoute pas a patre (par ton père), mais, de manière agressive, elle fait comme si le mariage avait été décidé aussi par Pamphile505. 2 in hvnc svnt constitvtae c'est en effet au même jour qu'on avait fixé le mariage prévu, bien que Chrémès ait renoncé. 3 Et plus haut « hic nuptiis dictus est dies ». 4 tvm avtem hoc timet tum est mis pour praeterea (en outre) : elle montre que Glycère a un troisième sujet d'inquiétude : ne pas être abandonnée par Pamphile. Le mot sollicitudo porte plutôt sur les choses incertaines506 ; in hvnc svnt constitvtae nvptiae ici la crainte est plus certaine et plus grave. 5 Ou bien elle est inquiète (sollicita est) à cause du jour, elle a peur (timet) dans l'affaire qui l'occupe507.

270
ne deseras se. Pa.-hem egone istuc conari queam?
que tu ne l'abandonnes. Pa.-Ah ! pourrais-je préméditer ce crime ?

1 egone istvc conari qveam ideo sic Pamphilus, quia illa inuidiose non deserere cogaris dixit, sed deseras. 2 egone istvc c.conari q.qveam non perficere sed conari: uelle aliquid ad scelus effectio est, etiamsi non potest fieri; hic enim uoluntas, non factum damnatur, ut Vergilius « ausi omnes i.immaneque n.nefas a.ausoque p.potiti 153 ». 3 ergo conari leuius est quam facere.
1 egone istvc conari qveam la raison qui fait parler ainsi Pamphile est qu'elle a dit de manière agressive non pas deserere cogaris (que tu sois contraint de l'abandonner), mais deseras. 2 egone istvc conari qveam non pas perficere (réussir) mais conari, vouloir quelque chose qui se rapporte à un crime c'est déjà le commettre, même si on ne parvient pas à le réaliser ; ici en effet, c'est la volonté que l'on condamne non le fait, comme Virgile « ausi omnes inmaneque nefas ausoque potiti » (tous ont osé un monstrueux forfait et ils ont joui du fruit de leur audace)508. 3 Donc conari est moins fort que facere (faire).

271
egone propter me illam decipi miseram sinam,
Pourrais-je permettre qu'à cause de moi la pauvre fût trompée,

1 egone propter me illam magna uis est in pronominibus: et diuersa sunt et singula et non praecipitantur nec dicuntur uno spiritu, sicut in Eunucho « egone illam, quae illum, quae me154 ». « quae illum », id est "amat", « quae me », id est "non amat". 2 egone suadenter. subauditur ut fieri sinam? 107.
1 egone propter me illam il y a une grande force dans les pronoms : ils sont opposés et individualisés, et ils ne sont dits ni avec précipitation, ni d'un trait, comme dans L'Eunuque 509 : « egone illam, quae illum, quae me ». Quae illum c'est-à-dire elle l'aime, quae me c'est-à-dire elle ne m'aime pas510. 2 egone sur un ton persuasif. On sous-entend ut fieri sinam ! (que je laisse faire !)511.

272
quae mihi suum animum atque omnem uitam credidit,
elle qui m'a livré son cœur et toute sa vie,

1 qvae mihi svvm a.animvm ab eius beneficiis. 2 svvm animvm quantum ad amatorem pertinet. 3 atqve omnem vitam hoc est: ut maritum speraret. 4 qvae mihi svvm a.animvm a.atqve o.omnem v.vitam c.credidit argumenta a consequenti: si eam deserit, haec subiciuntur.
1 qvae mihi svvm animvm argument tiré de ses bienfaits. 2 svvm animvm comme cela relève d'un amant ! 3 atqve omnem vitam c'est-à-dire de telle sorte qu'elle espérait un mari. 4 qvae mihi svvm animvm atqve omnem vitam credidit argument tiré de ce qui suit : s'il l'abandonne, telles sont les conséquences.

273
quam ego animo egregie caram pro uxore habuerim?
que j'ai, elle qui m'est chère au-delà de tout, traitée en épouse ?

qvam ego animo egregie caram pro vxore habverim 108 « nihil egregie praeter cetera s.studebat 155 », id est "nimis".
qvam ego animo egregie caram pro vxore habverim « nihil egregie praeter cetera studebat », c'est-à-dire "trop"512.

274
bene et pudice eius doctum atque eductum sinam
Alors que c'est à la vertu et à l'honneur qu'il a été instruit et formé, je souffrirais

1 bene et pvdice eivs doctvm hic illud soluitur « lana et tela uictum quaeritans156 », ut hoc praestruat bene et pudice Glycerium esse eductam109; « lana et tela uictum quaeritans157 » non pertinet ad argumentum, nisi propter uitam Glycerii intellegas. 2 bene et pvdice ab honesto. 3 bene et pvdice eivs doctvm hanc sententiam quasi de exemplo probat, nam bene educta etiam Chrysis est, quae « primo pudice uitam parce ac duriter agebat158 ».
1 bene et pvdice eivs doctvm ici s'explique la réplique « lana et tela uictum quaeritans »513, afin de construire par avance l'image d'une Glycère bien et honnêtement élevée ; « lana et tela uictum quaeritans » n'a de rapport avec l'argument que pour faire comprendre la vie de Glycère514. 2 bene et pvdice argument tiré de l'honnête. 3 bene et pvdice eivs doctvm cette phrase vaut preuve pour ainsi dire par l'exemple. De fait, même Chrysis est bien éduquée, elle qui « primo515 pudice uitam parce ac duriter agebat ».

275
coactum egestate ingenium inmutarier?
que, sous la contrainte de l'indigence, son caractère se transformât ?

1 coactvm egestate propterea quod Chrysis « inopia et cognatorum n.neglegentia c.coacta 159 ». 2 coactvm egestate non paupertate sed egestate, cui contrarium inopia et cognatorum n.neglegentia.
1 coactvm egestate pour la raison que Chrysis « inopia et cognatorum neglegentia coacta ». 2 coactvm egestate non pas paupertate (pauvreté), mais egestate 516, attitude dont le contraire est « inopia et cognatorum neglegentia »517.

276
non faciam. My.-haut uerear si in te solo sit situm;
Non, impossible. My.-Je n'aurais pas peur si cela ne dépendait que de toi seul ;

havt verear si in te s.solo s.sit s.sitvm acuit animum adulescentis contra patrem, cuius etiam nomen graue est.
havt verear si in te solo sit sitvm : elle affûte le courage du jeune homme contre son père dont même le nom a du poids518.

277
sed uim ut queas ferre. Pa.-adeon me ignauum putas,
mais la violence, pourras-tu y résister ? Pa.- Me crois-tu si indolent,

1 sed vim vt q.qveas f.ferre et hic uereor subauditur. 2 vt pro ne non posuit, ut sit: sed uereor, ne non queas uim patris ferre. 3 Et vt qveas 110 ne non possis: non damnatio est uirium adulescentis, sed prouocatio in contemptum patris. 4 adeon me ignavvm an uerisimile 111 . 5 ignavvm quod aduersum necessitatem proferendum fuit, id primum dixit: adesse sibi uirtutem; quae sequuntur, ad fidem pertinent. ita pro tempore contemptum patris pro fortitudine habet. 6 ignavvm ignauus est, qui uim non potest ferre, qui non est perseuerans.
1 sed vim vt qveas ferre et ici aussi uereor est sous-entendu. 2 Il met vt pour ne non pour avoir : sed uereor ne non queas uim patris ferre (mais je crains que tu ne puisses pas supporter la violence de ton père)519. 3 Et vt qveas équivaut à ne non possis (que tu ne puisses pas) : ce n'est pas pour condamner les forces du jeune homme, mais pour l'inciter à ne pas tenir compte de son père. 4 adeon me ignavvm est-ce même vraisemblable ?520 5 ignavvm ce qu'il fallait dire contre la nécessité qui pèse sur lui, il le met en premier : il a du courage ; ce qui suit concerne sa loyauté. Ainsi, selon les circonstances, il tient le fait de ne pas tenir compte de son père pour une forme de courage521. 6 ignavvm est ignauus celui qui ne peut supporter la violence, qui n'est pas persévérant522.

278
adeon porro ingratum aut inhumanum aut ferum,
si ingrat aussi, si inhumain, si sauvage

1 adeon porro ingratvm porro coniunctio est expletiua, alias aduerbium temporis. 2 ignavvm et ingratvm αὔξησις est. 3 inhvmanvm avt f.fervm propter subiecta dixit. 4 adeon porro ingratvm avt inhvmanvm mira omnis conuersio: non enim dixit adeon me obsequentem patri existimas, adeo gratum, adeo pium, adeo mansuetum. ita amatoris per omnia seruat condiciones, ut oratorie hoc cogatur scelus esse, si pareret nunc patri.
1 adeon porro ingratvm porro est une conjonction explétive, ailleurs un adverbe de temps. 2 ignavvm et ingratvm constituent une gradation (αὔξησις). 3 inhvmanvm avt fervm il parle ainsi à cause de ce qu'il va dire ensuite. 4 adeon porro ingratvm avt inhvmanvm étonnant retournement de l'ensemble : il ne dit pas en effet "adeon me obsequentem patri existimas, adeo gratum, adeo pium, adeo mansuetum" (tu me crois à ce point obéissant à mon père, à ce point reconnaissant, à ce point plein de piété filiale, à ce point apprivoisé). Ainsi il conserve en tout son statut d'amant, et de ce fait, de manière oratoire, ce serait forcément un crime, s'il obéissait maintenant à son père523.

279
ut neque me consuetudo neque amor neque pudor
que notre liaison, que l'amour, que l'honneur

1 vt neqve me consvetvdo neqve amor non ordinem reddidit: ferum enim reddidit ad consuetudinem, qua etiam ferae mansuescunt; neque amor ad illud inhumanum: amor namque uehementior est in homines. Vergilius « quid iuuenis, m.magnum c.cui u.uersat i.in o.ossibus i.ignem d.durus a.amor?160 »; pudorem ad ingratum rettulit. 2 vt neqve me consvetvdo neqve amor consuetudo aduersus feritatem amor aduersus inhumanitatem, pudor aduersus ingratum animum. 3 vt neqve consvetvdo neqve amor 112 ἀπόδοσις ad superiora.
1 vt neqve me consvetvdo neqve amor il n'a pas repris l'ordre : ferum en effet va avec consuetudo, qui désigne ce qui rend douces même les bêtes sauvages ; neque amor va avec inhumanum 524 : de fait l'amour est plus violent envers les humains. Virgile : « quid iuuenis, magnum cui uersat in ossibus ignem durus amor ? » (que dire du jeune homme dans les entrailles duquel un dur amour agite un grand feu ?)525 ; pudorem se rapporte à ingratum. 2 vt neqve me consvetvdo neqve amor consuetudo s'oppose à la sauvagerie, amor s'oppose à l'inhumanité, pudor s'oppose à l'ingratitude de cœur. 3 vt neqve consvetvdo neqve amor apodose (ἀπόδοσις) en lien avec ce qui précède526.

280
commoueat neque commoneat ut seruem fidem?
ne m'ébranlent pas et ne me rappellent pas de garder ma foi ?

1 commoveat neqve commoneat αὔξησις ad maiora. 2 vt servem fidem exquisite: non dixit ut contemnam patrem.
1 commoveat neqve commoneat gradation (αὔξησις) ascendante527. 2 vt servem fidem tour exquis : il ne dit pas ut contemnem patrem (en sorte que je méprise mon père)528.

281
My.-unum hoc scio, hanc meritam esse ut memor esses sui.
My.-Je ne sais qu'une chose, c'est qu'elle a bien mérité que tu te souviennes d'elle.

1 vnvm hoc scio hanc meritam in eodem haeret, ut excitet iuuenem, neque audire se fingit, quod dicit. 2 vnvm hoc scio uide quam callida sint, quae a Myside subiciuntur ad irritandam promissionem Pamphili. 3 vnvm hoc scio subicit illa, quod ardentem incendat magis; nam dixit ille omnia, quibus cogitur fidem seruare, sed merito eius aut nihil addixit aut parum. 4 vnvm hoc scio quasi dicat: quid tu facturus sis, equidem nescio, sed unum scio. 5 vt memor esses svi inuidiose quasi oblito: adeo commouetur hoc dicto Pamphilus. 6 vt memor esses svi bene praeterito effert, quoniam quae praeterita sunt, in recordatione magis lacrimabilia et miserabilia sunt, ut Vergilius « c.cui p.paruos I.Iulus, cui pater et c.coniunx q.quondam t.tua d.dicta r.relinquor?161 »; idem alibi « per caput h.hoc i.iuro, p.per q.quod p.pater a.ante s.solebat 162 ».
1 vnvm hoc scio hanc meritam elle s'attache à exciter le jeune homme et feint de ne pas entendre ce qu'il dit. 2 vnvm hoc scio voyez comme c'est rusé ce que Mysis ajoute pour provoquer la promesse de Pamphile. 3 vnvm hoc scio elle ajoute ce qui est de nature à enflammer plus encore le bouillant jeune homme ; de fait il a dit tout ce qui le contraint à conserver sa loyauté, mais à son mérite à elle, il n'a rien attribué ou trop peu529. 4 vnvm hoc scio c'est comme si elle disait : "ce que tu vas faire, ça je n'en sais rien, mais je sais une chose" (unum scio)530. 5 vt memor esses svi sur un ton agressif, comme si elle parlait à un homme sans mémoire : c'est pour cela que Pamphile est si bouleversé par ces mots. 6 vt memor esses svi elle fait bien de revenir au passé, puisque les choses passées, quand on les rappelle, portent plus aux larmes et à la pitié, comme Virgile : « cui paruos Iulus, cui pater et coniunx quondam tua dicta relinquor ? » (à qui abandonnes-tu le petit Iule, ton père, et moi qu'on appelait naguère ton épouse ?) ; de même ailleurs « per caput hoc iuro, per quod pater ante solebat » (je jure par cette tête, comme hier encore mon père le faisait)531.

282
Pa.-memor essem? o Mysis Mysis, etiam nunc 970
Pa.-Me souvenir d'elle ! Oh, Mysis, Mysis, maintenant encore

1 ο mysis mysis primum uocandi, alterum increpandi est. 2 etiam nvnc scripta id argumentum est, quam uiuae memor sit, qui etiam uerborum mortuae meminerit Chrysidis de Glycerio.
1 ο mysis mysis le premier Mysis sert à appeler, le second à faire des reproches. 2 etiam nvnc scripta c'est l'argument qui montre combien il garde en mémoire celle qui est vivante, puisqu'il se souvient également des mots que Chrysis en mourant lui adressa au sujet de Glycère.

283
scripta illa dicta sunt in animo Chrysidis
sont gravés dans mon cœur les mots de Chrysis

284
de Glycerio. iam ferme moriens me uocat:
au sujet de Glycère. Déjà presque mourante, elle m'appelle.

1 iam ferme moriens ferme aduerbium est festinantis. 2 iam ferme m.moriens m.me v.vocat. ex tempore probauit locutam uera esse et non ficta et simulata; nam qui sani sunt, spe longioris uitae adulantur. Vergilius « et dulcis m.moriens r.reminiscitur A.Argos 163 ». 3 iam ferme moriens affectus a tempore, quod postrema uox erat.
1 iam ferme moriens ferme est un adverbe qui marque la hâte532. 2 iam ferme moriens me vocat en s'appuyant sur le moment, il montre qu'elle a dit la vérité et non des fictions et des mensonges ; de fait, ceux qui sont en bonne santé, flattent parce qu'ils espèrent une vie encore longue. Virgile : « et dulcis moriens reminiscitur Argos » (et, mourant, il se souvient de la douce Argos)533. 3 iam ferme moriens l'émotion naît du moment, car ces paroles étaient ses dernières.

285
accessi; uos semotae: nos soli: incipit
Je me suis approché, vous écartées ; nous sommes seuls. Elle commence :

1 accessi vos semotae nos soli figurae proprie Terentianae, ἀσύνδετον et ἔλλειψις: uos semotae deest estis, nos soli deest remansimus; ut est illud « egone illam q.quae i.illum q.quae m.me 164 ». 2 incipit deest dicere. 3 praeparatio et quasi uestibulum orationis est. 4 inceptio dicitur orationis, quae longa taciturnitate meditate grauiterque profertur, ut Vergilius « tum pater omnip.omnipotens, r.rerum c.cui p.prima p.potestas i.infit 165 113 ». 5 vos semotae n.nos s.soli habuit fidem, quod soli fuimus, quod nemo testis. an timuit, ne hoc pater ante firmatum amorem cognosceret?
1 accessi vos semotae nos soli figures proprement térentiennes, asyndète (ἀσύνδετον) et ellipse (ἔλλειψις) : uos semotae il manque estis (vous êtes), nos soli il manque remansimus (nous sommes restés) ; comme ce passage : « egone illam quae illum quae me ». 2 incipit il manque dicere (dire). 3 C'est la préparation et pour ainsi dire le vestibule534 de son discours. 4 On appelle inceptio d'un discours535, un début qui après un long silence est proféré avec réflexion et gravité, comme Virgile : « tum pater omnipotens, rerum cui prima potestas infit » (alors le Père tout-puissant qui sur le monde entier a pouvoir souverain commence)536. 5 vos semotae nos soli "elle a eu confiance car nous étions seuls, il n'y avait aucun témoin". Ou alors "elle a craint que le père ne connaisse cela avant que cet amour ne soit scellé ?".

286
"mi Pamphile, huius formam atque aetatem uides,
« Mon cher Pamphile, sa beauté et sa jeunesse, tu les vois.

1 mi pamphile μίμησις per prosopopoeiam et principium a blandimento. 2 mi pamphile imitatus est etiam blandimentum Chrysidis. 3 hvivs formam atqve aetatem amat compendium lassitudo; formam enim dicendo pulchritudinem significat, aetatem, quod parua. 4 hvivs formam atqve aetatem duplex causa commendationis: formae et aetatis. et supra « forte unam aspicio adulescentulam 166 114 ». 5 mi pamphile uide redditam uoci morientis densis interuallis intersumptam orationem utpote lasso anhelitu interueniente.
1 mi pamphile imitation (μίμησις) grâce à la prosopopée et début reposant sur la cajolerie537. 2 mi pamphile il a même imité la cajolerie de Chrysis. 3 hvivs formam atqve aetatem la faiblesse se plaît à dire les choses en peu de mots ; en effet, en disant forma elle veut dire pulchritudo (beauté), en disant aetas, qu'elle est jeune538. 4 hvivs formam atqve aetatem la raison qui la fait recommander la jeune fille est double : forma et aetas. Et plus haut « forte unam aspicio adulescentulam »539. 5 mi pamphile voyez le discours d'une mourante qui recouvre la parole après de longues interruptions comme si son souffle affaibli soudain lui revenait540.

287
nec clam te est quam illi nunc utraeque utiles 971
Tu n'ignores pas combien ces deux avantages aujourd'hui lui sont utiles

vtraeqve vtiles legitur et inutiles sient.
vtraeqve vtiles on lit aussi inutiles sient 541.

288
et ad pudicitiam et ad rem tutandam sient.
pour veiller sur son honneur et sur son bien.

1 et ad pvdicitiam quia formam dixit, et ad rem tvtandam quia dixit aetatem. 2 et ad rem tvtandam ἀπόδοσις.
1 et ad pvdicitiam car elle a dit forma, et ad rem tvtandam car elle a dit aetas. 2 et ad rem tvtandam apodose (ἀπόδοσις)542.

289
quod te per hanc dextram972 oro et ingenium973 tuum,
Aussi, par ta main droite, par ton génie,

1 qvod te per hanc dextram 115 quod propter quod, ut « quod te per superos167 ». Et ordo: propter quod oro . 2 per hanc dextram tenet eum, ut apparet. 3 per hanc dextram fidei et foederis membrum et manum conuentionis. 4 et ingenivm legitur et genium.
1 qvod te per hanc dextram quod signifie propter quod (à cause de quoi), comme « quod te per superos »543. Et l'ordre est : proper quod oro. 2 per hanc dextram elle le tient à ce qu'il semble544. 3 per hanc dextram partie du corps qui marque la loyauté et l'engagement et main qui sert à un engagement545. 4 et ingenivm on lit aussi genium 546.

290
per tuam fidem per974 huius solitudinem
par la foi quer tu as jurée, par son isolement,

per hvivs solitvdinem legitur et sollicitudinem.
per hvivs solitvdinem on lit aussi sollicitudinem 547.

291
te obtestor ne abs te hanc segreges neu deseras.
je te conjure de ne pas te séparer de cette petite et de ne point l'abandonner.

1 obtestor obtestatio dicitur, quando eum adiuramus, quem rogamus, per eas res, propter quas rogamus; ut Vergilius « per euersae, g.genitor, f.fumantia T.Troiae e.e.excidia o.obtestor 168 116 ». 2 ne abs te hanc segreges nev d.deseras ad fidem ne segreges rettulit, ad solitudinem neu deseras. 3 Hoc117 est: "ne aliam ducas aut amare desinas, etiamsi nunc ducas aliam". 4 ne abs te hanc s.segreges quasi ipsam amantem. 5 hanc 118 propter formam et aetatem 119 , nev deseras propter amorem. 6 segreges hoc uerbum simplex fieri non potest. 7 te obtestor sextum παρέλκον: dixit enim iam « quod ego te per hanc dexteram oro169 ».
1 obtestor on parle d'obtestatio 548, quand nous adjurons celui que nous prions, par les choses pour lesquelles nous le prions ; comme Virgile : « per euersae, genitor, fumantia Troiae excidia obtestor » (c'est toi, père, que je supplie par les ruines fumantes d'une Troie renversée). 2 ne abs te hanc segreges nev deseras il rapporte ne segreges à fidem, et à solitudinem neu deseras. 3 C'est-à-dire : "pour que tu n'en épouses pas une autre ou cesses de l'aimer même si tu en épouses maintenant une autre". 4 ne abs te hanc segreges comme si elle l'aimait de son côté. 5 hanc à cause de sa beauté et de son âge549. 6 segreges ce verbe n'a aucun verbe simple pour lui correspondre550. nev deseras à cause de son amour. 7 te obtestor pléonasme (παρέλκον) du sixième type : elle a dit en effet « quod ego te per hanc dexteram oro ».

292
si te in germani fratris dilexi loco
S'il est vrai que je t'ai chéri à l'égal d'un véritable frère,

1 si te in germani fratris si tunc dicimus, quando praestitimus aliquid et tamen nolumus exprobrare, ut Vergilius « si qua tuis umquam pro me p.pater H.Hyrtacus a.aris d.dona t.tulit 170 » et alibi « si bene quid de te merui171 ». 2 in germani fratris nec fratris solum, sed etiam germani.
1 si te in germani fratris nous disons si, quand nous avons offert quelque chose et quand cependant nous ne voulons pas faire de reproche comme Virgile : « si qua tuis umquam pro me pater Hyrtacus aris dona tulit » (si mon père Hyrtacus a porté pour moi des présents sur tes autels) et ailleurs : « si bene quid de te merui » (si j'ai bien mérité tes bienfaits)551. 2 in germani fratris et ce n'est pas seulement frère, mais frère germain552.

293
siue haec te solum semper fecit maximi
si cette petite a toujours fait le plus grand cas de toi,

sive haec te solvm "si aut mihi quoque te praetulit aut nullum alium nouerit amatorem in domo meretricis".
sive haec te solvm "si elle t'a préféré même à moi", ou si elle n'a connu aucun autre amant dans la maison de la courtisane.

294
seu tibi morigera fuit in rebus omnibus,
si elle s'est montrée pour toi complaisante en toutes choses,

sev tibi morigera fvit hoc quasi amanti, ut « ille fuit aut tibi quicquam dulce m.meum 172 ».
sev tibi morigera fvit cela comme à un amant, comme le Poète553 : « fuit aut tibi quicquam dulce meum » (si tu as trouvé en moi quelque douceur)554.

295
te isti uirum do, amicum tutorem patrem;
je te donne à elle pour mari, pour ami, pour tuteur et pour père.

1 te isti virvm do haec, ut diximus, et singula sunt et non praecipitantur nec dicuntur uno spiritu. 2 amicvm tvtorem patrem potest enim et maritus esse et non amicus; sed affectu 120 mariti rettulit amicum. 3 tvtorem quasi orbae, patrem quasi paruae. 4 virvm « ne segreges173 », amicvm « ne deseras174 »; illud quod ait « ad rem tutandam175 » tutorem et121 illud quod ait et ad pudicitiam176 patrem. 5 conclusio per mandatum et obtestationem efficax satis. 6 te isti virvm do a.amicvm t.tvtorem p.patrem apparet, quod iungens dexteras haec dicebat. ideo et supra « per hanc d.dexteram o.oro 177 ».
1 te isti virvm do ces paroles, pour reprendre notre expression555, sont individualisées, et elles ne sont dites ni avec précipitation, ni d'un trait. 2 amicvm tvtorem patrem il peut en effet être un mari sans être un amicus ; mais c'est à l'affection du mari qu'elle rapporte amicum 556. 3 tvtorem en tant qu'orpheline, patrem en tant que c'est une jeune fille. 4 virvm pour que « ne segreges », amicvm pour que « ne deseras » ; tutorem se rapporte à ce qu'elle dit « ad rem tutandam » et patrem à ce qu'elle dit ad pudicitiam. 5 Conclusion vraiment efficace reposant sur une mission donnée et une attestation solennelle. 6 te isti virvm do amicvm tvtorem patrem il apparaît clairement qu'elle disait ces mots en lui tenant la main droite dans la sienne. C'est pourquoi plus haut on a aussi « per hanc dextram oro ».

296
bona nostra haec tibi permitto et tuae mando fidei".
Je te laisse tous les biens que nous possédons et les confie à ta loyauté ».

1 bona nostra haec tibi haec uerba quasi supellectilem suam ostendentis sunt. 2 bona nostra hoc est « ad rem tutandam178 ».
1 bona nostra haec tibi haec est le mot qui sert à montrer son bien557. 2 bona nostra c'est-à-dire « ad rem tutandam ».

297
hanc mihi manum975 dat; mors continuo ipsam occupat.
Elle met cette main dans la mienne, et la mort aussitôt s'en empare.

1 hanc mihi m.manvm d.dat 122 confirmatae sunt legitimae nuptiae per manuum conuentionem. 2 Et mire hanc, non huius manum. 3 mors continvo ipsam o.occvpat quo magis memorem esse oportet eorum, post quae illa nihil locuta est.
1 hanc mihi manvm dat on confirme un mariage légitime en se donnant la main pour marquer la convention558. 2 Et il est étonnant qu'il dise hanc, et non huius manum (la main de celle-ci)559. 3 mors continvo ipsam occvpat il convient d'autant plus de se souvenir de ces mots après lesquels elle n'a plus rien dit.

298
accepi: acceptam seruabo. My.-ita spero quidem.
Je l'ai reçue : ce que j'ai reçu je le garderai. My.-Je l'espère, vraiment.

1 accepi accepi proprie quasi uxorem. 2 accepi a.acceptam s.servabo conclusit partem deliberationis suae per electionem.
1 accepi accepi est utilisé au sens propre comme on reçoit une épouse. 2 accepi acceptam servabo il conclut la partie délibérative de son discours par un choix560.

299
Pa.-sed cur tu abis ab illa? My.-obstetricem accerso. Pa.-propera. atque audin?
Pa.-Mais pourquoi t'éloigner d'elle ? My.-Je vais chercher la sage-femme. Pa.-Hâte-toi. Tu m'entends ?

1 obstetricem a.accerso quae opem tetulerit, obstetrix dicitur, unde et parturientes fer opem clamant. 2 sed cvr tv abis ab illa corripit, unde abeat ab illa. 3 Non est interrogantis sed corripientis et increpantis, quod Glycerium deserat. 4 propera atqve avdin et interrogat 123 quo eat et reuocatio ad argumentum magni amoris accedit.
1 obstetricem accerso c'est-à-dire "qui soit venue en aide" (opem tetulerit), le mot obstetrix vient du fait que les parturientes aussi crient fer opem (à l'aide)561. 2 sed cvr tv abis ab illa il lui reproche de s'éloigner d'elle. 3 Ce n'est pas une manière de questionner, mais de faire des reproches et de blâmer le fait que Glycère s'en aille562. 4 propera atqve avdin la question "où vas-tu ?" et le fait de la rappeler ajoutent aux preuves d'un grand amour563.

300
uerbum unum caue de nuptiis, ne ad morbum hoc etiam... My.-teneo.
Garde-toi de dire un mot de ce mariage, pour ne pas à son mal... My.-Je saisis.

1 verbvm vnvm cave d.de n.nvptiis deest dicas: figura ἔλλειψις. 2 verbvm vnvm cave d.de n.nvptiis non quo hodie futuras nescierit Glycerium, sed quod illas odio indixerat pater filio, cum supra et Pamphilo et Glycerio distributae 124 uiderentur, « quia sunt constitutae in hunc diem179 ». 3 cave adnotant quidam caue hic corripiendum esse. 4 ne ad morbvm hoc etiam iterum ἔλλειψις, deest enim accedat.
1 verbvm vnvm cave de nvptiis il manque dicas (de dire) : c'est la figure d'ellipse (ἔλλειψις). 2 verbvm vnvm cave de nvptiis non que Glycère ait pu ignorer que le mariage se ferait aujourd'hui, mais parce que c'est par haine d'elle que le père l'a imposé à son fils, alors que plus haut il semblait devoir être le lot de Pamphile et de Glycère : « quia sunt constitutae in hunc diem »564. 3 cave certains notent qu'il faut ici abréger caue 565. 4 ne ad morbvm hoc etiam encore une ellipse (ἔλλειψις), manque en effet accedat (qu'il s'ajoute).

Actus alter

scaena prima

CharinusByrriaPamphilus

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301
Cha.-Quid ais, Byrria ? daturne illa hodie Pamphilo nuptum ? By.-sic est.
Cha.-Que dis-tu, Byrria ? On la donne aujourd'hui en mariage à Pamphile ? By.-Oui.

1 qvid ais byrria d.datvrne i.illa p.pamphilo h.hodie n.nvptvm in hoc colloquio altera pars ostenditur fabulae, siquidem Andria ex duorum adulescentium periculis gaudiisque componitur, cum fere solam Hecyram Terentius et unius comoediam adulescentis effecerit. 2 qvid ais b.byrria dn.datvrne i.illa h.hodie p.pamphilo n.nvptvm 125 has personas Terentius addidit fabulae, — nam non sunt apud Menandrum, — ne παθητικόν fieret Philumenam spretam relinquere ἀνυμφῆ 126 sponso Pamphilo aliam ducente. 3 qvid ais b.byrria ex uerbis Charini apparet Byrriam nuntiasse futuras nuptias Pamphilo; nec adducitur tamen, ut statim credat et accommodet animum. saepius ergo repetit interrogando. 4 Et bene illa: amatorie, uelut de certa loqueretur persona. sic Vergilius « solam nam p.perfidus i.ille t.te c.colere, a.arcanos e.etiam t.tibi c.credere s.sensus 180 ». ergo non Aeneas sed ille, et, item non hic Philumena sed illa dixit. 5 qvid ais b.byrria miratur magis quam interrogat, uel potius indignatur. 6 sic est hoc cum indignatione stomachi dixit.
1 qvid ais byrria datvrne illa pamphilo hodie nvptvm dans cette conversation l'intrigue secondaire 566 est dévoilée, puisque l'Andrienne est composée des peines et des joies de deux jeunes gens, alors qu'il n'y a presque que dans l'Hécyre que Térence a fait sa comédie avec l'histoire d'un seul jeune homme. 2 qvid ais byrria datvrne illa hodie pamphilo nvptvm ces personnages sont un ajout de Térence à la pièce, — de fait ils ne sont pas chez Ménandre, — pour éviter qu'il y ait du pathétique (παθητικόν) à voir Philumène dédaignée et laissée sans époux, alors que Pamphile en épouserait une autre. 3 qvid ais byrria on comprend par les paroles de Charinus que Byrria vient d'annoncer 567 le prochain mariage de Pamphile ; pourtant il n'est pas porté à y croire tout de suite et à se faire à cette idée. C'est pourquoi il multiplie les questions. 4 Et illa est bien vu : c'est parler en amant, comme si l'on parlait d'une personne bien précise. Ainsi Virgile « solam nam perfidus ille te colere, arcanos etiam tibi credere sensus » (de fait ce perfide n'aimait que toi, c'est même à toi qu'il confiait ses pensées secrètes) donc il dit non pas Aeneas (Enée), mais ille, et, de même ici non pas Philumena (Philumène) mais illa. 5 qvid ais byrria il s'étonne plus qu'il ne questionne, ou plutôt il s'indigne. 6 sic est cela, il le dit avec l'indignation de la colère.

302
Cha.-qui scis ? By.-apud forum modo e Dauo audiui. Cha.-uae misero mihi !
Cha.-Comment le sais-tu ? By.-Au forum tout à l'heure c'est Dave qui me l'a dit. Cha.-Malheureux que je suis !

1 qvi scis non uult enim uerum esse, qui quaerit unde hoc scis? 2 apvt forvm m.modo e d.davo a.avdivi de loco apud forum, de tempore modo, de persona e Dauo. 3 vae misero mihi tandem aliquando perductus est ut crederet. 4 vae interiectio est in his rebus, quas exsecramur. 5 apvd127 forvm m.modo e d.davo a.avdivi plurima dicit ad confirmandum Byrria, quod interrogatus est: a loco, a tempore et a persona.
1 qvi scis en effet, on ne veut pas que cela soit vrai, quand on demande : « d'où sais-tu cela ? ». 2 apvt forvm modo e davo avdivi arguments par le lieu apud forum, par le temps modo, par la personne e Dauo. 3 vae misero mihi il finit par arriver à y croire. 4 vae c'est l'interjection employée pour les choses que nous maudissons. 5 apvd forvm modo e davo avdivi pour confirmer ses dires, Byrria en dit plus que ce que l'autre lui a demandé : argument par le lieu, le temps et la personne.

303
ut animus in spe atque in timore usque ant(e)hac attentus fuit,
Jusqu'ici l'espoir et la crainte tenaient mon esprit en haleine ;

1 vsqve ante hac id est: antequam tua uerba audirem. 2 Et duas praepositiones posuit, ut uidetur, sed unum est totum antehac. uel usque aduerbium nunc, non iam praepositio. 3 attentvs fvit ut attentus auditor dicitur. 4 vsqve ante hac attentvs nulla praepositio praepositioni adiungi separatim potest. sed usque eiusmodi est, ut sine aliqua praepositione raro inueniatur.
1 vsqve ante hac c'est-à-dire : antequam tua uerba audirem (avant d'avoir entendu tes paroles) 568 . 2 Et il paraît avoir mis deux prépositions 569 , mais antehac constitue un seul mot. Ou alors, usque est ici un adverbe et non plus une préposition. 3 attentvs fvit comme on parle d'un auditor attentus (auditeur attentif). 4 vsqve ante hac attentvs on ne peut associer aucune préposition à une autre sans les agglutiner, mais usque est d'une telle nature qu'il est rare qu'on le rencontre sans une préposition 570 .

304
ita, postquam adempta spes est, lassus cura confectus stupet.
maintenant que l'espoir lui est ôté, épuisé, de chagrin accablé, il reste stupide.

1 lassvs c.cvra c.confectvs si lassus cura, ex praeterita spe: nunc confectus est, sicut uulneratus uel percussus, ut sanari non possit. 2 lassvs cvra c.confectvs <lassus> adempta attentione, cura confectus confirmato timore, stupet abiecta spe.
1 lassvs cvra confectvs s'il est lassus cura, c'est à cause de son espérance qu'il a perdue : maintenant il est confectus, autrement dit uulneratus (blessé) ou percussus (frappé), en sorte que rien ne peut le guérir. 2 lassvs cvra confectvs <lassus> parce qu'il n'est plus capable d'attention, cura confectus parce sa peur s'est confirmée, stupet parce qu'il n'a plus aucun espoir.

305
By.-quaeso edepol, Charine, quoniam non potest id fieri quod uis,
By.-Allons ! par Pollux, Charinus, puisque tu ne peux faire ce que tu veux,

1 qvaeso edepol obiurgantis est quaeso uel rogantis. 2 qvoniam non potest id fieri q.qvod v.vis i.id v.velis q.qvod p.possit consolatio, ad id quod fieri non potest, <id quod fieri potest> suadens.
1 qvaeso edepol quaeso est le mot de quelqu'un qui fait un reproche ou une demande. 2 qvoniam non potest id fieri qvod vis id velis qvod possit consolation qui, face à ce qui n'est pas possible, conseille <ce qui est possible> 571 .

306
id uelis quod possit. Cha.-nil uolo aliud nisi Philumenam. By.-Ah
il faut vouloir ce qui est possible. Cha.-Je ne veux rien d'autre que Philumène. By.-Ah !

1 id velis qvod possit prouerbiale est. 2 nihil volo alivd n.nisi ph.philvmenam hoc magis gemitu amatorio quam ut responderet Byrriae, et quasi magis Philumenam uelit, quam uitam et lucem. idem alibi « in eo me oblecto, s.solum i.id e.est c.carum m.mihi 181 ». non enim dixit nullam uolo aliam quam Philumenam, sed nihil uolo aliud, quod infinitum est.
1 id velis qvod possit proverbial. 2 nihil volo alivd nisi philvmenam cela est plus un gémissement d'amant qu'une réplique visant à répondre à Byrria, comme s'il disait qu'il préfère Philumène à la vie et au jour. Le même ailleurs : « in eo me oblecto : solum id est carum mihi ». Il ne dit pas en effet je n'en veux nullam aliam (aucune autre) que Philumène, mais je ne veux nihil aliud (rien d'autre), qui est un pronom indéfini.

307
quanto satiust te id dare operam qui istum amorem ab 976 animo amoueas tuo 977 ,
combien il vaudrait mieux tenter d'enlever cet amour de ton cœur

1 qvanto sativs est t.te i.id d.dare o.operam q.qvi i.istvm a.amorem qui pro ut. 2 qvi istvm amorem ab a.animo a.amoveas t.tvo legitur ex corde eicias.
1 qvanto sativs est te id dare operam qvi istvm amorem qui est mis pour ut (afin que). 2 qvi istvm amorem ab animo amoveas tvo on lit aussi ex corde eicias (que tu rejettes de ton cœur).

308
quam id loqui quo mage lubido frustra incendatur tua !
que de dire des choses qui ne font qu'enflammer en vain ton désir !

309
Cha.-facile omnes quom ualemus recta consilia aegrotis damus.
Cha.-C'est facile pour nous tous, quand nous allons bien, de donner de bons conseils aux malades.

310
tu si hic sis aliter sentias. By.-age age, ut lubet. Cha.-sed Pamphilum
Si tu étais à ma place, tu penserais autrement. By.-D'accord, d'accord, comme tu veux. Cha.-Mais c'est Pamphile

1 tv si hic sis aliter sentias hic gestu scaenico melius commendatur, nam haec magis spectatoribus quam lectori scripta sunt. hic ergo se ipsum ostendens dicit. et est hic pronomen. 2 sed pamphilvm video sed inceptiuum est pro: atque eccum Pamphilum , ut Sallustius « sed Metellus in ulteriorem H.Hispaniam 182 », non discretiuum, ut si dicas: sapiens sed miser; hoc enim discretiuum erit. 3 age age vt l. aduersus haec non habuit, quid loqueretur. et est permissio reprobantis ea, quae sentit.
1 tv si hic sis aliter sentias ici c'est la gestuelle sur scène qui met le mieux en valeur la réplique, de fait ces mots sont écrits plus pour des spectateurs que pour des lecteurs. Donc il dit hic en se montrant lui-même. et hic est un pronom. 2 sed pamphilvm video sed exprime le début de quelque chose comme si c'était : atque eccum Pamphilum (et voici Pamphile), comme Salluste « sed Metellus in ulteriorem Hispaniam » (mais Metellus part pour l'Espagne ultérieure), et non une distinction, comme si l'on disait : sapiens sed miser (sage, mais malheureux) ; là de fait on aura une distinction. 3 age age vt lvbet face à cela il n'a rien à dire. Et c'est une permission qui émane de quelqu'un qui réprouve ce qu'il entend.

311
uideo. omnia experiri certumst prius quam pereo. By.-quid hic agit ?
que je vois là. Je suis résolu à tout tenter avant de périr. By.-Qu'est-ce qu'il fait ?

omnia experiri certvm est idem alibi « omnia prius experiri quam a.armis s.sapientem d.decet 183 ». Vergilius quoque hanc posuit sententiam « ne quid inexpertum f.frustra m.moritura r.relinquat 184 ».
omnia experiri certvm est de même ailleurs : « omnia prius experiri quam armis sapientem decet ». Virgile aussi a utilisé cette tournure : « ne quid inexpertum frustra moritura relinquat » (afin de ne pas mourir en vain sans avoir tout essayé).

312
Cha.-ipsum hunc orabo, huic supplicabo, amorem huic narrabo meum :
Cha.-Je vais le prier lui-même, le supplier, lui expliquer mon amour.

1 Per ἀποστροφήν finguntur <* * *>. 2 ipsvm hvnc o.orabo h.hvic s.svpplicabo bene ipsum quasi auctorem et principem rei. refertur etiam ad dignitatem. 3 ipsvm hvnc orabo h.hvic s.svpplicabo oramus quae bona sunt, supplicamus in aduersis malis uel cum lacrimis. 4 amorem hvic n.narrabo m.mevm nec studium aut uoluntatem sed amorem, nec aperiam sed narrabo dixit: totum magnifice. 5 hvnc orabo h.hvic s.svpplicabo prooemia sunt petitionis, quibus ostendit poeta rationem, qua noua et improba res tamen petitur.
1 il use de l'apostrophe (ἀποστροφή) pour représenter <* * *> 572 . 2 ipsvm hvnc orabo hvic svpplicabo ipsum est bien vu comme si c'était l'instigateur et l'origine de la chose. Ce mot a également une valeur laudative 573 . 3 ipsvm hvnc orabo hvic svpplicabo nous utilisons orare pour ce qui est bon, supplicare dans les maux qui nous sont contraires ou en versant des larmes. 4 amorem hvic narrabo mevm il dit non pas studium (zèle) ou uoluntatem (volonté), mais amorem, non pas aperiam (révèlerai) mais narrabo : tout cela a une certaine grandeur. 5 hvnc orabo hvic svpplicabo c'est le préambule de la demande, par lequel le poète montre la raison pour laquelle on demande une chose pourtant inouïe et immorale.

313
credo impetrabo ut aliquot saltem nuptiis prodat dies :
J'obtiendrai, je pense, qu'il retarde le mariage d'au moins quelques jours.

1 vt aliqvod saltem n.nvptiis p.prodat d.dies desperatis rebus solam petentes salutem hoc utimur uerbo saltem. 2 prodat proferat, prolatet, differat. Lucilius in quinto « an porro prodenda dies sit185 ».
1 vt aliqvod saltem nvptiis prodat dies c'est quand, dans une situation désespérée, nous demandons de pouvoir seulement nous en sortir que nous utilisons le mot saltem. 2 prodat proferat (qu'il reporte), prolatet (qu'il décale), differat (qu'il diffère). Lucilius livre 5 : « an porro prodenda dies sit » (s'il faut vraiment reporter le jour).

314
interea fiet aliquid, spero. By.-id "aliquid" nil est. Cha.-Byrria,
Dans l'intervalle, il arrivera bien quelque chose, j'espère. By.-Quelque chose ! rien du tout oui. Cha.-Byrria,

1 interea fiet a.aliqvid s.spero tale est hoc, quale illud « interea aliquid acciderit boni186 ». sed nihil illum dixisse poeta per seruum ostendit dicendo id aliquid nihil est. 2 fiet aliqvid ut supra « impetrabo187 ».
1 interea fiet aliqvid spero c'est comme dire « interea aliquid acciderit boni » (entretemps il arrivera quelque heureux événement). Mais le poète montre par l'intermédiaire de l'esclave qu'il ne dit rien qui vaille en disant id aliquid nihil est. 2 fiet aliqvid comme plus haut « impetrabo ».

315
quid tibi uidetur ? adeon ad eum ? By.-quidni ? si nihil impetres,
qu'en penses-tu ? Dois-je lui parler ? By.-Pourquoi pas ? Si tu n'obtiens rien,

1 adeon ad evm consuetudine magis quam ratione dicitur; unum enim abundat. 2 qvidni si nihil i.impetres aut quid nisi nihil impetres? in utroque idem sensus est, sed superior per ironiam, inferior per simplicem explanationem soluitur. 3 Et si quidni legeris, subaudiendum adeas, ut sit: quidni adeas, ut te arbitretur s.sibi p.paratum m.moechum, s.si i.illam d.duxerit ? 4 qvidni si nihil impetres nihil ironia uidetur dictum: quidni? si nihil petas! quoniam petitionem saepe impetratio sequitur.
1 adeon ad evm cela est dit plus selon l'usage que selon la raison ; en effet un des deux ad est pléonastique 574 . 2 qvidni si nihil impetres ou bien quid nisi nihil impetres (qu'obtiendras-tu sinon rien) ? Les deux phrases ont le même sens, mais la première use de l'ironie, alors que la seconde se résout par une explication simple 575 . 3 Et si on lit qvidni, il faut sous entendre adeas, pour avoir : quidni adeas (pourquoi ne pas aller lui parler), ut te arbitretur sibi paratum moechum, si illam duxerit ? 4 qvidni si nihil impetres nihil semble ironique : quidni ? si tu ne demandes rien ! 576 puisque souvent la demande est suivie de l'obtention de la chose.

316
ut te arbitretur sibi paratum moechum, si illam duxerit.
il pensera qu'en toi sa femme a un amant tout prêt, s'il l'épouse.

317
Cha.-abin hinc in malam rem cum suspicione istac, scelus ?
Cha.-Vas-tu aller au diable avec tes méchantes insinuations, coquin ?

318
Pa.-Charinum uideo. salue. Cha.-o salue, Pamphile :
Pa.-C'est Charinus que voilà. Bonjour. Cha.-Oh ! bonjour, Pamphile.

1 charinvm video s.salve non imperite Pamphilum priorem loqui fecit, sed ut fiduciam det Charino loquendi; quod et Vergilius eleganter « heus, inquit, iuuenes m.m.monstrate m.mearum u.uidistis s.si q.quam h.hic e.errantem f.forte s.sororum 188 ». 2 charinvm video ad hoc prior incipit Pamphilus, ut ad confessionem Charini non nimis clausa prae pudore sit uia.
1 charinvm video salve ce n'est pas sans savoir-faire qu'il fait parler Pamphile le premier, mais pour qu'il donne à Charinus l'assurance pour parler 577 , ce que Virgile a fait avec élégance : « heus », dit-il, « iuuenes, monstrate mearum uidistis si quam hic errantem forte sororum » (allez, jeunes gens, montrez-moi si par hasard vous avez vu errer par ici quelqu'une de mes sœurs). 2 charinvm video Pamphile commence à parler pour que la pudeur ne barre pas trop la route à l'aveu de Charinus.

319
ad te aduenio spem salutem auxilium consilium expetens.
Je viens à toi pour te demander espoir, salut, aide et conseil.

1 ad te venio spem salvtem a.avxilivm c.consilivm e.expetens eleganter, quoniam demens et improbum est, quod petit, nouissimum posuit consilium, ut si non possit concedi, uel consilium expetat ad sanandam dementiam. Cicero « tu da salutem, qui spem dedisti189 ». 2 spem salvtem a.avxilivm c.consilivm e.expetens ut in petitionibus fieri solet, beneficium petens utitur partibus deliberatiuae.
1 ad te venio spem salvtem avxilivm consilivm expetens avec élégance, puisque ce qu'il demande est dément et malhonnête, il met en dernier consilium en sorte que si l'on ne peut lui accorder ce qu'il réclame, il demande au moins un conseil pour guérir sa démence. Cicéron : « tu da salutem, qui spem dedisti » (donne le salut, toi qui as donné l'espérance). 2 spem salvtem avxilivm consilivm expetens comme il est habituel dans les demandes, en demandant un bienfait, il use des éléments du discours délibératif.

320
Pa.-neque pol consili locum habeo neque auxilii 978 copiam.
Pa.-Parbleu, je ne suis ni en état de te conseiller, ni en mesure de te secourir.

1 neqve pol consilii l.locvs h.habeo n.neqve a.avxilii c.copiam <neque consilii locus> apud amantem neque auxilii facultas apud inopem. 2 neqve pol consilii <l.locvs h.habeo n.neqve a.avxilii> c.copiam his duobus ostendit etiam sese amatorem. 3 neqve pol consilii <l.locvs h.habeo> quia amo, neqve a.avxilii c.copiam quia sum miser.
1 neqve pol consilii locvm habeo neqve avxilii copiam on ne trouve pas plus <de consilii locus (place pour la raison)> chez un amant que de possibilité d'auxilium (aider) chez qui n'a rien. 2 neqve pol consilii <locvm habeo neqve avxilii> copiam par ces deux éléments il montre qu'il est lui-même un amant. 3 neqve pol consilii <locvm habeo> parce que j'aime, neqve avxilii copiam parce que je suis malheureux.

321
sed istuc quidnam est ? Cha.-hodie uxorem ducis ? Pa.-aiunt. Cha.-Pamphile,
Mais de quoi parles-tu ? Cha.-Tu te maries aujourd'hui ? Pa.-On le dit. Cha.-Pamphile,

1 sed istvc qvidnam est hoc si non adderet, locus confitendi amoris Charini nullus fuisset. 2 hodie vxorem d.dvcis uide miram interrogationem ante confessionem. 3 aivnt aiunt de ea re dicimus, quam uolumus esse falsam.
1 sed istvc qvidnam est s'il n'ajoutait pas cela, il n'y aurait aucune place pour l'aveu par Charinus de son amour. 2 hodie vxorem dvcis voyez l'étonnante question avant l'aveu. 3 aivnt nous utilisons aiunt pour une chose dont nous voulons qu'elle soit fausse.

322
si id facis, hodie postremum me uides. Pa.-quid ita ? Cha.-ei mihi,
si tu le fais, aujourd'hui tu me vois pour la dernière fois. Pa.-Pourquoi ? Cha.-Hélas !

1 si id facis h.hodie p.postremvm m.me v.vides nihil prius quam moriturum dixit pudenda dicturus. inde datum est, ut ille instantius quaereret causam. 2 Plus dixit, quam si moriturum dixisset. 3 hodie p.postremvm m.me v.vides a necessario, quia uiuere non potest. 4 Et postremum modo aduerbium est.
1 si id facis hodie postremvm me vides comme il va dire des choses qui font rougir, il dit qu'il ne dira rien avant de mourir. C'est ce qui permet que l'autre lui en demande la raison avec plus d'insistance. 2 Il dit plus que s'il avait dit moriturum (qu'il allait mourir). 3 hodie postremvm me vides c'est un argument tiré de l'inévitable car il ne peut plus vivre. 4 Et postremvm est parfois un adverbe 578 .

323
uereor dicere : huic dic quaeso, Byrria. By.-ego dicam. Pa.-quid est ?
je n'ose te le dire. Dis-le-lui, je te prie, Byrria. By.-Moi ! le lui dire. Pa.-Qu'y a-t-il ?

324
By.-sponsam hic tuam amat. Pa.-ne iste haut mecum sentit. eho dum dic mihi :
By.-Il aime ta fiancée. Pa.-Vraiment ! nous n'avons pas les mêmes goûts. Alors, dis-moi,

1 sponsam hic tvam a.amat nulla cunctatione Byrria, sed facilitate seruili paratissime narrat. 2 ne iste havt m.mecvm s.sentit ne ualde, ut Cicero « ne i.illi u.uehementer e.errant 190 ». 3 sensus est: "hic non id amat, quod amo, nec id odio habet, quod odi". 4 hoc est: "ualde iste, inquit, non mecum sentit: idem amat, quod ego odi". 5 sponsam hic t.tvam a.amat callide et sponsam et amat, hoc est: "neque adhuc uxor tua est neque aliquid admisit, qui amat tantum". 6 ne iste h.havt m.mecvm s.sentit ne ualde aut, ut quidam uolunt, ο quam. Lucilius in decimo « ne, Marce, bouem descripsi magnifice! inquit191 ».
1 sponsam hic tvam amat sans nul retard, mais avec une facilité propre aux esclaves Byrria raconte tout immédiatement. 2 ne iste havt mecvm sentit ne équivaut à ualde (beaucoup), comme Cicéron : « ne illi uehementer errant » (vraiment ils se trompent lourdement). 3 Le sens est : "celui-ci n'aime pas ce que j'aime, et ne déteste pas ce que je déteste". 4 C'est-à-dire : "vraiment, dit-il, celui-là n'a pas les mêmes sentiments que moi : il aime ce que je déteste". 5 sponsam hic tvam amat avec ruse il emploie à la fois sponsam et amat, c'est-à-dire : ce n'est pas encore ta femme et il n'a encore rien fait, celui qui se contente d'être amoureux 579 . 6 ne iste havt mecvm sentit ne vaut pour ualde (beaucoup) ou alors, comme certains le veulent, pour ο quam (ô combien). Lucilius livre 10 : « ne, Marce, bouem descripsi magnifice ! inquit » (vraiment, Marcus, dit-il, avec quelle élévation j'ai décrit ce bœuf !).

325
num quid nam amplius tibi cum illa f<ui>t, Charine ? Cha.-ah[a], Pamphile,
y a-t-il eu quelque chose de plus entre elle et toi, Charinus ? Cha.-Oh ! Pamphile,

ah pamphile artificiose Terentius personam expressit nuptias recusantem et simul τὸ πρέπον uirgini reseruauit.
ah pamphile avec grand art Térence exprime le refus du mariage par le personnage et en même temps conserve à l'égard de la jeune fille le ton convenable (τὸ πρέπον).

326
nil. Pa.-quam uellem ! Cha.-nunc te per amicitiam et per amorem obsecro,
rien. Pa.-J'aurais préféré ! ! Cha.-Maintenant au nom de l'amitié et de l'amour, je te supplie

1 qvam vellem utique uitiatam, ut esset causa recusandae. 2 nvnc te per amicitiam suam et Pamphili dicit. 3 et per amorem obsecro per amorem suum tantum circa uirginem.
1 qvam vellem c'est-à-dire déshonorée, pour qu'il y ait une raison de la refuser. 2 nvnc te per amicitiam il veut dire la sienne et celle de Pamphile. 3 et per amorem obsecro par son si grand amour pour la jeune fille 580 .

327
principio ut ne ducas. Pa.-dabo equidem operam. Cha.-sed si id non potest
avant tout de ne pas l'épouser. Pa.-Je ferai vraiment tout mon possible. Cha.-Mais si tu ne peux pas,

1 principio vt ne dvcas sufficeret dixisse ne ducas. 2 dabo eqvidem operam plus promisit quam ille poposcit. 3 sed si id non potest deest fieri. 4 sed si id non potest hoc ad patrem rettulit. 5 dabo e.eqvidem o.operam pronuntiatione leuandum est: plus enim dixit dabo o.operam , quam si diceret non ducam.
1 principio vt ne dvcas il suffirait de dire ne ducas 581 . 2 dabo eqvidem operam il promet plus que l'autre ne lui a demandé. 3 sed si id non potest il manque fieri (se faire). 4 sed si id non potest il rapporte cela au père. 5 dabo eqvidem operam il faut alléger ces mots en les prononçant : dabo operam en dit plus que s'il avait dit non ducam (je n'épouserai pas).

328
aut tibi nuptiae hae sunt cordi. Pa.-cordi ! Cha.-saltem aliquot dies
ou si ce mariage te tient à cœur ? Pa.-A cœur ! Cha.- Au moins pour quelques jours

1 avt tibi nvptiae h.hae s.svnt c.cordi hoc ad Pamphilum pertinet; non enim unum et idem est. nam si idem esset, tibi nuptiae hae sunt c.cordi superuacuum esset additum. 2 cordi animo. 3 acuto <* * *>. 4 saltem aliqvot dies p.profer d.dvm p.proficiscor a.aliqvo n.ne v.videam primo quae maiora sunt petit, postremo quae ex his uidentur minima. et hoc arte, ut « incute uim uentis, ad postremum aut age diuersos et disice c.corpora p.ponto 192 ».
1 avt tibi nvptiae hae svnt cordi cela se rapporte à Pamphile 582  ; en effet ce n'est pas une seule et même chose. De fait si c'était la même chose tibi nuptiae hae sunt cordi serait un ajout superflu. 2 cordi équivaut à animo (à cœur). 3 Avec un <*****> 583 perçant. 4 saltem aliqvot dies profer dvm proficiscor aliqvo ne videam il demande d'abord ce qui est le plus important, ensuite ce qui là-dedans paraît le moins important. Et c'est composer avec adresse comme : « incute uim uentis, puis aut age diuersos et disice corpora ponto » (déchaîne la violence des vents, submerge et engloutis leurs bateaux, ou disperse-les et parsème leurs cadavres sur la mer).

329
profer, dum proficiscor aliquo ne uideam. Pa.-audi nunciam :
diffère-le, que j'aie le temps de partir quelque part, pour ne pas le voir. Pa.-Ecoute :

1 profer prolata, produc, differ. 2 dvm proficiscor a.aliqvo n.ne v.videam aliquo dixit, ut exsilium esset incertum. 3 avdi nvnc iam correptio impatientis, qui non sinat audire.
1 profer prolata (repousse), produc (retarde), differ (diffère) 584 . 2 dvm proficiscor aliqvo ne videam il dit aliquo, afin que son exil demeure dans le flou. 3 avdi nvnc iam reproche d'un impatient qui ne laisse pas écouter.

330
ego, Charine, neutiquam officium liberi esse hominis puto,
je ne pense pas, Charinus, que ce soit le fait d'un homme honnête,

1 ego charine sententiae, quae a pronominibus incipiunt, seria semper et uera promittunt. Vergilius « me natam n.nulli u.ueterum s.sociare p.procorum f.fas e.erat 193 ». 2 ego charine nevtiqvam officivm sensus hic est: "non puto, inquit, liberum hominem, qui cum nihil praestet, deberi sibi gratiam poscat. ergo cum nihil tibi praestem, nolo mihi gratias agas. non enim tui causa fugio, quam, priusquam me peteres, magis nolebam ducere, quam tu cupis". 3 128 nevtiqvam una pars orationis est pro nequaquam.
1 ego charine les phrases qui commencent par des pronoms promettent toujours un contenu sérieux et vrai. Virgile : « me natam nulli ueterum sociare procorum fas erat » (je n'avais pas le droit d'unir ma fille à l'un de ses anciens prétendants) 2 ego charine nevtiqvam officivm voici le sens : "je ne juge pas, dit-il, honnête homme celui qui, alors qu'il n'apporte rien, demande qu'on lui dise merci. Donc, comme je ne t'apporte rien, je ne veux pas de remerciements. En effet ce n'est pas pour toi que je fuis celle envers laquelle mon désir de ne pas l'épouser était plus fort que ton envie de le faire". 3 nevtiqvam c'est une seule partie du discours équivalant à nequaquam 585.

331
cum is nihil mereat, postulare id gratiae poni 979 sibi.
quand il ne rend aucun service, de vouloir qu'on lui en sache gré.

1 cvm <is> nihil mereat merere est aliquid mercedis pro labore sumere. cum dicimus nihil meretur, hoc intellegitur: "nihil mercedis dignus est accipere". 2 uel alio modo dicitur: cum is mereat id est praestet, ut « quique sui memores aliquos f.fecere m.merendo 194 » et « numquam, regina, negabo promeritam195 ». et e contrario laedit « quid commerui aut peccaui, p.pater?196 ». 3 cvm is nihil mereat laboret et mereatur, uel: mercedis petere debeat, ut « quid meret machaera197 ». Plautus in Pseudulo. 4 postvlare id gratiae poni sibi aut id propter id aut id "quod nihil mereat". 5 id gratiae poni sibi addi in gratiam suam. 6 id est: "sibi gratiam mereri".
1 cvm <is> nihil mereat merere signifie recevoir quelque chose en salaire de sa peine. Quand nous disons, nihil meretur, on comprend : il n'est pas digne de recevoir un quelconque salaire. 2 On peut aussi dire cela autrement : cum is mereat c'est-à-dire l'offre, comme : « quique sui memores aliquos fecere merendo » (ceux qui, par leurs mérites, ont laissé leur nom dans les mémoires) et « numquam, regina, negabo promeritam » (jamais, reine, je ne nierai ce que j'ai obtenu de toi) et au contraire dans un sens blessant : « quid commerui aut peccaui, pater ? ». 3 cvm is nihil mereat il peine et il mérite salaire, ou alors : il doit demander salaire, comme : « quid meret machaera ? » (que donnera-t-on à ce couteau ?) Plaute, Pseudolus. 4 postvlare id gratiae poni sibi soit id équivaut à propter id (à cause de cela), soit id signifie le fait qu'il ne mérite rien. 5 id gratiae poni sibi gagner en plus sa reconnaissance. 6 C'est-à-dire : s'obtenir des remerciements.

332
nuptias effugere ego istas malo quam tu adipiscier.
Ce mariage, j'ai plus envie d'y échapper que toi de le conclure.

nvptias effvgere ego istas m.malo qvam tv a.adipiscier interposita distinctione uultuose hoc dicitur, hoc est cum gestu.
nvptias effvgere ego istas malo qvam tv adipiscier en mettant une ponctuation, on dit cela avec un jeu d'expression, c'est-à-dire avec une gestuelle 586.

333
Cha.-reddidisti animum. Pa.-nunc siquid potes aut tu aut hic Byrria,
Cha.-Tu me rends la vie. Pa.-Maintenant, si vous y pouvez quelque chose, toi ou lui, Byrria,

1 reddidisti animvm plus dici non potest. 2 avt tv avt hic byrria hic δεικτικῶς: quasi efficaciorem ostendit. 3 ergo ad comparationem alterius refertur.
1 reddidisti animvm on ne peut rien dire de plus fort. 2 avt tv avt hic byrria hic est un déictique (δεικτικῶς) : comme si en le montrant il le rendait plus efficient. 3 Donc cela se rapporte à la comparaison avec l'autre.

334
facite fingite inuenite efficite qui detur tibi ;
agissez, imaginez, trouvez, arrangez-vous pour qu'on te la donne.

1 facite fingite i.invenite e.efficite fit quod uerum est, fingitur quod falsum est, inuenitur, ne temere fiat. 2 invenite ergo "cogitate" dixit, "post cogitationem efficite" id est "in effectum perducite". Sallustius « nam et priusquam incipias consulto et u.ubi c.consulueris m.mature f.facto o.opus e.est 198 ». 3 facite fingite invenite mire exprimit animum Pamphili nuptias metuentis, cui quicquid dixerit parum est. 4 qvi detvr tibi qui pro quemadmodum.
1 facite fingite invenite efficite on utilise fit pour ce qui est vrai, fingitur pour ce qui est faux, inuenitur, pour que rien ne se fasse à la légère. 2 invenite donc il dit "réfléchissez, après avoir réfléchi soyez efficients c'est-à-dire produisez un effet". Salluste : « nam et priusquam incipias consulto et ubi consulueris mature facto opus est » (de fait avant de commencer, il faut réfléchir, et, après réflexion, agir sans retard). 3 facite fingite invenite il exprime admirablement l'état d'esprit de Pamphile qui redoute le mariage, et pour qui tout ce qu'il a dit est trop peu. 4 qvi detvr tibi qui est mis pour quemadmodum.

335
ego id agam mihi qui ne detur. Cha.-sat habeo. Pa.-Dauum optume
Moi je ferai en sorte qu'on ne me la donne pas. Cha.-Ça me va. Pa.-Voici Dave, il tombe à pic,

1 mihi ne detvr ueteres frequenter ne pro non dicebant. 2 ego id agam mihi qvi ne d.detvr non dixit ego non instabo ut ducam, sed quod est amplius <ego id agam m.mihi q.qui n.ne d.detur >. 3 Et recte: utriusque opera opus est; non enim continuo ducet Charinus, si non duxerit Pamphilus. 4 sat habeo sic antiqui pro sufficit satis habeo dicebant. 5 An uelut habundo 129 ?
1 mihi ne detvr les anciens disaient fréquemment ne pour non. 2 ego id agam mihi qvi ne detvr il ne dit pas ego non instabo ut ducam (je n'insisterai pas pour épouser), mais, ce qui est plus fort, <ego id agam mihi qvi ne detvr>. 3 Et c'est à juste titre : il faut l'aide de l'un et de l'autre ; en effet Charinus ne pourra pas l'épouser tant que Pamphile ne s'est pas marié. 4 sat habeo c'est ainsi que disaient les anciens pour sufficit (il suffit), satis habeo (j'en ai assez). 5 Ou alors est-ce l'équivalent de habundo (j'ai ce qu'il me faut) ?

336
uideo, cuius consilio fretus sum. Cha.-at tu hercle haud quicquam mihi,
lui dont les conseils sont mon appui. Cha.-Mais toi, par Hercule, tu ne sais rien me dire,

at tv hercle havt qvicqvam deest effers dicis nuntias.
at tv hercle havt qvicqvam il manque effers (tu apportes), dicis (tu dis), nuntias (tu annonces).

337
nisi ea quae nil opus sunt scire. fugin hinc ? By.-ego uero ac lubens.
sinon ce que je n'ai nul besoin de savoir. Vas-tu te sauver d'ici ? By.-Moi ! ah oui, et de bon cœur.

1 nisi ea qvae nihil opvs svnt hoc est « daturne illa hodie nuptum Pamphilo?199 ». et « sic est apud forum modo e Dauo audiui200 », quod memor est Charinus se non libenter audisse. 2 fvgin hinc comminantis est et abigentis a se. 3 ego vero ac lvbens nemo liber fugit nisi necessitate coactus, hic etiam libens dixit, quod est libenter.
1 nisi ea qvae nihil opvs svnt c'est-à-dire « daturne illa hodie nuptum Pamphilo ? », et « sic est apud forum modo e Dauo audiui », dont Charinus se souvient bien qu'il ne l'a pas appris avec plaisir588. 2 fvgin hinc paroles de menace et qui éloignent de soi. 3 ego vero ac lvbens : personne ne fuit avec plaisir si ce n'est poussé par la nécessité, ici il dit libens, c'est-à-dire libenter (bien volontiers).

scaena altera

CharinusPamphilusDauus

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338
Da.-Di boni, boni quid porto ? sed ubi inueniam Pamphilum,
Da.-Bonté divine ! La bonne nouvelle que j'apporte ! Mais où trouver Pamphile

1 di boni boni qvid p.porto haec scaena consilium continet personarum, ad quas maxime pertinet argumentum. et hic est locus, in quo ut fieri solet fortuna mixta rebus dispositis magnas turbas dat. 2 di boni b.boni q.qvid p.porto non mirum, quod insolentius Dauus exsultat, qui, ut Simo dicebat, timidus fuit, ut ipse Dauus, etiam desperauit ex nuptiarum terrore, quas nunc falsas comperit. 3 di boni b.boni q.qvid p.porto ex proximo repetiuit bis, sed tamen alterum nominatiuo plurali, alterum genetiuo singulari dictum est. 4 boni qvid porto non solum enim corpore, sed etiam animo portamus tam bona quam mala. sic alibi « ne quid Andria a. m.201 ».
1 di boni boni qvid porto cette scène contient une délibération des personnages les plus importants de l'intrigue. Et c'est le lieu dans lequel, comme de coutume, une fortune changeante jette une grande confusion dans les choses qui ont été déjà arrangées. 2 di boni boni qvid porto il n'est pas étonnant de voir Dave se réjouir avec assez d'insolence, lui qui était plein de timidité selon Simon589, et qui, selon son propre aveu590, est même allé jusqu'à désespérer par peur du mariage dont il apprend maintenant qu'il est simulé. 3 di boni boni qvid porto il dit deux fois boni de manière très proche, mais cependant l'un est au nominatif pluriel l'autre au génitif singulier. 4 boni qvid porto c'est non seulement dans notre corps, mais aussi dans notre esprit que nous portons aussi bien les bonheurs que les malheurs. Ainsi ailleurs : « ne quid Andria adportet mali »591.

339
ut metum in quo nunc est adimam atque expleam animum gaudio ?
pour le tirer de l'inquiétude où il est et remplir son cœur de joie ?

vt metvm in qvo nvnc est a.adimam a.atqve e.expleam a.animvm g.gavdio ordine locutus est: prius enim metum adimere, sic demum gaudio perfundere. hic ordo etiam in laude seruatur.
vt metvm in qvo nvnc est adimam atqve expleam animvm gavdio il s'exprime dans l'ordre : d'abord en effet, enlever la crainte, puis répandre des sujets de joie. C'est aussi l'ordre que l'on conserve dans l'éloge.

340
Cha.-laetus est nescioquid. Pa.-nil est : nondum haec resciuit mala.
Cha.-Il est joyeux, je ne sais pourquoi. Pa.-Ce n'est rien : il n'a pas encore appris nos malheurs.

1 laetvs est nescio qvid deest propter, ut sit: propter nescio quid. 2 nescio qvid aduerbiale.
1 laetvs est nescio qvid il manque propter, pour avoir : propter nescio quid (à cause de je ne sais quoi). 2 nescio qvid pris adverbialement592.

341
Da.-quem ego nunc credo, si iam audierit sibi paratas nuptias...
Da.-Je crois qu'en ce moment, si on lui a dit que ses noces se préparent...

342
Cha.-audin tu illum ? Da.-toto me oppido exanimatum quaerere.
Cha.-Tu l'entends ? Da.- Par toute la ville, il s'essouffle à me chercher.

exanimatvm q.qvaerere perterritum et perturbatum.
exanimatvm qvaerere à la fois perterritus (frappé de terreur) et perturbatus (profondément troublé).

343
sed ubi quaeram ? quo nunc primum intendam ? Cha.-cessas conloqui ?
Mais où le trouver ? où me diriger d'abord ? Cha.-Que tardes-tu à lui parler ?

sed vbi qvaeram qvo nvnc in omnes se uersat partes quaerens, quo dirigat cursum.
sed vbi qvaeram qvo nvnc il se tourne de tous côtés cherchant où diriger sa course.

344
Da.-habeo. Pa.-Daue, ades resiste. Da.-quis homo est, qui me... ? O Pamphile,
Da.-Je sais. Pa.-Dave. Je suis là. Arrête. Da.-Qui est-ce qui me... ? Ah ! Pamphile,

1 abeo uidetur quasi constitisse, dein quasi elegisse quo pergat. 2 habeo inueni. legitur et abeo, ut merito illi dicatur resiste. 3 qvis homo est qvi me o pamphile ante uidit, quam compleret orationem.
1 abeo il paraît faire mine de s'arrêter puis de choisir où il va aller. 2 habeo égale inueni (j'ai trouvé). On lit aussi abeo (je m'en vais), en sorte que c'est à bon droit qu'il lui dit resiste 593. 3 qvis homo est qvi me ο pamphile il le voit avant d'avoir achevé son discours594.

345
te ipsum quaero. euge, Charine ! ambo opportune: uos uolo.
c'est toi que je cherche. Bravo ! Charinus ! Vous tombez à pic tous les deux. C'est vous que je voulais.

1 evge charine euge modo pro interiectione positum est. 2 ambo opportvne deest adestis, non: opportune uos uolo.
1 evge charine euge est parfois mis pour une interjection 595 . 2 ambo opportvne il manque adestis, ce n'est pas : opportune uos uolo (c'est à vous que j'en ai, opportunément)596.

346
Pa.-Daue, perii. Da.-quin tu hoc audi. Cha.-interii. Da.-quid timeas scio.
Pa.-Dave, je suis perdu. Da.-Ecoute plutôt ceci. Cha.-Je suis mort. Da.-Je sais ce que tu crains.

1 dave perii proprium dolentibus praefestinare ad indicanda, quae dolent. 2 <perii> ἀπόλωλα. 3 dave perii habet nonnullum affectum, quod addidit Daue. 4 qvin tv hoc avdi quin modo pro immo, alias quare non.
1 dave perii c'est le propre de ceux qui souffrent que de se hâter par avance d'indiquer ce qui les fait souffrir. 2 <perii> grec ἀπόλωλα (je suis mort)597. 3 dave perii il y a là quelque sentiment car il ajoute Daue 598 . 4 qvin tv hoc avdi quin est parfois utilisé pour immo (bien plus), d'autre fois pour quare non (pourquoi ne…pas).

347
Pa.-mea quidem hercle certe in dubio uita est. Da.-et quid tu, scio.
Pa.-Pour moi, par Hercule, pas de doute : ma vie est compromise. Da.-Toi aussi, je sais ce que tu crains.

1 mea qvidem hercle c.certe certa sententia est: uidetur Charinus plus dixisse interii quam Pamphilus mea quidem hercle c.certe in d.dubio u.uita e.est , sed non est hoc; plus enim Pamphilus dixit. nam qui uiuit, non potest interisse, is autem qui uiuit, potest in dubio uitam habere. ideo et iurauit hercle et adfirmans iusiurandum certe addidit. 2 hercle certe bene certe, quasi illud interii falsum sit. ita Pamphilus plus fecit periturum se esse dicendo quam Charinus interisse. 3 et qvid tv scio mira compendia, quae contrahit poeta longitudine fabulae nec tamen perdit affectus personarum. 4 et qvid tv deest timeas.
1 mea qvidem hercle certe le sens est certain : Charinus semble dire plus avec son interii que Pamphile avec mea quidem hercle certe in dubio uita est, mais ce n'est pas le cas ; en effet Pamphile dit plus. De fait celui qui vit ne peut pas être mort, mais celui qui vit peut voir sa vie en danger599. C'est pourquoi il jure hercle et ajoute certe à l'affirmation contenue dans ce juron. 2 hercle certe certe est bien vu, comme si ce qu'il a dit, interii, était faux. Ainsi Pamphile fait plus en disant qu'il va mourir que Charinus en disant qu'il est mort. 3 et qvid tv scio admirable résumé que le poète tire du long déploiement de l'intrigue, sans toutefois perdre de vue le sentiment des personnages. 4 et qvid tv il manque timeas.

348
Pa.-nuptiae mi... Da.-et id scio ? Pa.-hodie... Da.-obtundis; tametsi intellego.
Pa.-Mon mariage... Da.-Puisque je le sais ! Pa.-aujourd'hui... Da.-Tu me casses les oreilles : j'ai beau te dire que je suis au courant.

1 et id scio ἐν ὑποκρίσει, tamquam dicat "nihil est". 2 et id scio legitur etsi scio. 3 hodie tempus addidit tamquam rem sciens. 4 obtvndis idem saepe repetendo dicere obtundere est: translatio a fabris, qui saepe repetunt tundendo aliquid malleo et idem obtundunt atque hebetant. 5 obtvndis tametsi sincerius est et melius subdistinguere.
1 et id scio avec un jeu de scène (ἐν ὑποκρίσει), comme s'il disait : "ce n'est rien". 2 et id scio on lit aussi etsi scio (même si je sais). 3 hodie il ajoute le complément de temps, en homme qui connaît l'affaire. 4 obtvndis obtundere c'est répéter souvent la même chose : c'est une métaphore tirée du vocabulaire des forgerons qui souvent reviennent frapper (tundere) quelque chose de leur marteau, le battent et l'émoussent. 5 obtvndis tametsi c'est plus naturel et meilleur de mettre une ponctuation faible600.

349
id paues ne ducas tu illam; tu autem ut ducas. Cha.-rem tenes.
Toi, tu crains de l'épouser, et toi, de ne pas l'épouser. Cha.-Tu y es.

1 id paves ne dvcas deest ob, ut sit: ob id. hoc autem Pamphilo dicit. 2 tv avtem vt dvcas hoc Charino. 3 vt dvcas pro ne non ut posuit.
1 id paves ne dvcas il manque ob, pour avoir : ob id (à cause de cela). Il dit cela à Pamphile. 2 tv avtem vt dvcas cela à Charinus601. 3 vt dvcas il met ut pour ne non (que... ne... pas)602.

350
Pa.-istuc ipsum. Da.-atque istuc ipsum nil pericli est : me uide.
Pa.-C'est cela même. Da.-Et cela même n'est pas à craindre ; crois-moi.

1 atqve istvc ipsvm nihil p.pericli e.est ἐν ὑποκρίσει: ille enim hoc idem dixerat cum exclamatione, quod quasi uanum contemnit. 2 me vide utrum: "quia laetus sum", an: "me specta fidei datorem", ut dici solet me habes, me respice?
1 atqve istvc ipsvm nihil pericli est avec un jeu de scène (ἐν ὑποκρίσει) : en effet, il avait dit sur le mode exclamatif la même chose qu'il méprise comme vide de sens. 2 me vide faut-il comprendre : "parce que je suis heureux", ou : "regarde-moi, moi qui t'en donne l'assurance", comme on dit me habes (tu m'as là à portée de la main), me respice (regarde-moi) ?

351
Pa.-obsecro te, quam primum hoc libera me 980 miserum metu. Da.-em
Pa.-Je t'en conjure, au plus vite délivre-moi de cette malheureuse crainte. Da.-Voilà !

1 obsecro te qvam p.primvm h.hoc l.libera m.me m.miservm cum precibus et tempus admiscuit. 2 et bene libera: perfecta enim securitas liberatio nominatur. 3 em ecce: demonstratio est facti.
1 obsecro te qvam primvm hoc libera me miservm à ses prières, il mêle aussi des considérations de temps. 2 Et libera est bien vu : en effet on nomme liberatio un état de parfaite sécurité. 3 em mis pour ecce (voici) : cela montre un fait.

352
libero : uxorem tibi non dat iam Chremes. Pa.-qui scis ? Da.-scio.
Tu es libre. Chrémès ne te donne plus sa fille. Pa.-Comment le sais-tu ? Da.-Je le sais.

1 vxorem tibi non dat iam chremes oratorie a summa coepit, cuius partes multis dicentur. 2 non dat iam chremes bene iam, quod si non dixisset, intellegeret Pamphilus uel postea Chremetem filiam esse daturum. sed addito iam plena securitas est, iam enim renuntiatio est perpetuitatis. 3 scio praeparatio est auditoris ad eam narrationem, quae ostendit argumenta falsarum nuptiarum.
1 vxorem tibi non dat iam chremes de manière oratoire il commence par une vue d'ensemble dont il exposera ensuite les parties abondamment. 2 non dat iam chremes iam est bien vu, parce que, s'il ne l'avait pas dit, Pamphile comprendrait que Chrémès donnera sa fille peut-être plus tard. Mais en ajoutant iam, la sécurité est complète, iam en effet est une marque de renoncement définitif603 . 3 scio c'est une préparation du spectateur pour le récit qui montrera les arguments qui font pencher pour un faux mariage.

353
tuus pater modo me prehendit : ait tibi uxorem dare
Ton père m'a tantôt pris à part. Il m'a dit qu'il te mariait

1 tvvs pater modo me prehendit pro prendit: addita aspiratione geminauit syllabam. 2 Et prehendit dixit quasi uitantem se ac fugientem. 3 ait tibi vxorem d.dare ait proprie, quia contemnenda dicuntur. 4 ait tibi v.vxorem d.dare h.hodie coniecturam facit ex malis, quae praecesserint. 5 ait tibi v.vxorem d.dare s.se h.hodie 130 dicit cur primo crediderit ueras, dicturus subinde cur falsas putet.
1 tvvs pater modo me prehendit mis pour prendit : en ajoutant l'aspiration il redouble la syllabe604. 2 Et il dit prehendit comme s'il était à ce moment-là en train de l'éviter et de le fuir. 3 ait tibi vxorem dare : ait est employé au sens propre, car ce qui est dit est quantité négligeable 605 . 4 ait tibi vxorem dare hodie : il tire une conjecture des maux qui ont précédé. 5 ait tibi vxorem dare se hodie : il dit pourquoi d'abord il a cru que ce mariage était vrai, alors qu'il va dire immédiatement après pourquoi il pense qu'il est faux.

354
se hodie, item alia multa quae nunc non est narrandi locus.
aujourd'hui, et avec cela beaucoup d'autres choses qu'il n'est pas lieu de te raconter à présent.

1 item alia mvlta qvae nvnc n.non e.est n.narrandi l.locvs bene distulit narrationem, ne audirent Charinus et Byrria, ne desinant dolos aduersus uigilantissimum senem. 2 item a.alia m.mvlta q.qvae n.nvnc n.non e.est n.narrandi l.locvs commoda narratio de necessariis tantum. minas autem senis praetermisit, ne corrumperet bona, quae nuntiabat. 3 qvae nvnc argumentum est quaerere potuisse eum, qui sit territus: nam timor curam parit. 4 narrandi locvs modo tempus, spatium 131 eius. 5 qvae nvnc non est n.narrandi l.locvs non uult dicere, quam minaciter secum egerit senex quamque instet nuptiis, ne Charinum Byrriamque spe deiciat, quos uult secum anniti, ne uxorem Pamphilus ducat.
1 item alia mvlta qvae nvnc non est narrandi locvs il fait bien de différer le récit, afin que Charinus et Byrria ne l'entendent point, et qu'ils ne cessent point leurs fourberies envers le vieillard extrêmement aux aguets. 2 item alia mvlta qvae nvnc non est narrandi locvs narration bien appropriée qui se contente des choses indispensables. Il passe sous silence les menaces du vieillard, afin de ne pas jeter de trouble sur le bonheur qu'il annonçait. 3 qvae nvnc l'argument est que Pamphile aurait pu chercher sous l'effet de la crainte : de fait la crainte provoque le souci606. 4 narrandi locvs parfois synonyme de tempus(temps) : l'espace nécessaire pour le faire607. 5 qvae nvnc non est narrandi locvs il ne veut pas dire quelle attitude menaçante le vieillard a eue à son égard et combien il a pressé pour le mariage, afin de ne pas briser l'espoir de Charinus et Byrria, qu'il veut voir unir leurs efforts aux siens pour empêcher que Pamphile ne se marie.

355
continuo ad te properans percurro ad forum ut dicam haec tibi.
Aussitôt je cours en toute hâte au forum pour te le dire.

continvo ad te properans percvrro uide quantum dixerit: et properans et percurro, ut continuationem cursus ostenderet.
continvo ad te properans percvrro voyez combien il en dit : et properans et percurro, pour montrer qu'il n'a pas cessé de courir608.

356
ubi te non inuenio ibi escendo in quendam excelsum locum,
Comme je ne te trouve pas, je monte sur un endroit élevé,

1 vbi te non invenio ibi ubi modo non est aduerbium loci sed temporis pro postquam. 2 vbi te non invenio ibi a summo ad imum diuisiones, quibus dicta et facta continentur, sub quorum genere sunt species non dictorum nec factorum cum consideratione rerum personarumque.
1 vbi te non invenio ibi ubi parfois n'est pas un adverbe de lieu, mais de temps qui équivaut à postquam (après que). 2 vbi te non invenio ibi division du plus grand au plus petit, qui comprend les paroles et les actes, espèce sous laquelle on range le caractère de ce qui n'a été ni dit, ni fait, avec la prise en compte des choses et des personnes609.

357
circumspicio: nusquam. forte ibi huius uideo Byrriam ;
je regarde autour de moi : personne. Par hasard je vois le Byrria de Charinus.

1 nvsqvam deest uidi. 2 forte ibi hvivs video byrriam deest seruum. 3 Et recte: dixerat enim « apud forum modo e Dauo a.audiui 202 ».
1 nvsqvam il manque uidi (j'ai vu). 2 forte ibi hvivs video byrriam il manque seruum (l'esclave). 3 Et c'est correct610  : il avait dit en effet : « apud forum modo e Dauo audiui ».

358
rogo : negat uidisse. mihi molestum; quid agam cogito.
Je le questionne ; il ne t'a pas vu. J'en suis peiné, et je me demande ce que je vais faire.

rogo negat vidisse mira breuitas et imitanda.
rogo negat vidisse brièveté admirable qui mérite d'être imitée611.

359
redeunti interea ex ipsa re mi incidit suspicio "hem
En m'en revenant, il me vient sur cette affaire un soupçon. Hum !

360
paullulum obsoni ; ipsus tristis; de inprouiso nuptiae :
maigres provisions, air sombre du maître, mariage précipité,

1 pavlvlvm obsoni hinc est, quod ait « nimium parce facere sumptum 203 ». 2 ipsvs tristis de improviso n.nvptias mire et moraliter: ex his enim, quae facta non sunt, docet, quid fecisse deberet. 3 Et de improviso et nvptiae pronuntiandum.
1 pavlvlvm obsoni c'est de là que vient ce qu'il dit : « nimium parce facere sumptum ». 2 ipsvs tristis de improviso nvptiae étonnant et bien conforme au personnage : en effet, en partant de ce qui ne s'est pas fait, il enseigne ce qui aurait dû se faire612. 3 Et il faut souligner par la prononciation de improviso et nvptiae.

361
non cohaerent." Pa.-quorsus nam istuc ? Da.-egomet 981 continuo ad Chremen.
cela ne colle pas. Pa.- Où veux-tu en venir ? Da.-Je cours aussitôt chez Chrémès.

1 egomet continvo a.ad c.chremen bene continuo, ut si ab utroque hoc fieret, uera esset suspicio Daui. 2 egomet continvo deest duco: consuetudine dictum. est et ἐλλειπτικῶς. 3 egomet una pars orationis est. 4 <chremen sic> Chremen et Chremetem, ut Daren et Daretem.
1 egomet continvo ad chremen continuo est bien vu, en sorte que si cela se vérifiait des deux côtés613, le soupçon de Dave serait fondé. 2 egomet continvo il manque duco(je me tire)614 ; c'est dit selon l'usage. Et c'est une ellipse (ἐλλειπτικῶς). 3 egomet est une seule partie du discours. 4 <chremen ainsi> on dit à l'accusatif Chremen et Chremetem, comme Daren et Daretem.

362
cum illo aduenio, solitudo ante ostium : iam id gaudeo.
Lorsque j'arrive, personne devant sa porte. Me voilà déjà content.

1 cvm illo advenio solitvdo a.ante o.ostivm signa ab his, quae sunt, quae non esse deceret. 2 solitvdo ante ostivm quasi circumuentum et non consentientem Pamphilum excitat ad gaudium laetitia sua. 3 iam id gavdeo sic Vergilius « cum uenit, aulaeis iam se r.regina s.superbis 204 ».
1 cvm illo advenio solitvdo ante ostivm ce sont des signes reposant sur ce qui est et qui ne devrait pas être. 2 solitvdo ante ostivm c'est un Pamphile pour ainsi dire oppressé et réticent qu'il excite à la joie par son allégresse. 3 iam id gavdeo ainsi Virgile « cum uenit, aulaeis iam se regina superbis » (quand il vient dès lors la reine sous de riches tentures…)615.

363
Cha.-recte dicis. Pa.-perge. Da.-maneo. interea introire neminem
Cha.-Tu as raison. Pa.-Continue. Da.-J'attends. Cependant je ne vois

1 recte dicis <hoc Charinus dicit>. 2 perge uultu enuntiandum: hoc dicit Pamphilus. 3 maneo ne temporius fugerit. 4 interea temporis longi significatio. 5 introire neminem <a> non factis.
1 recte dicis <c'est Charinus qui parle>. 2 perge à prononcer avec un jeu de physionomie : c'est Pamphile qui parle. 3 maneo pour ne pas fuir trop vite. 4 interea signifie un long moment. 5 introire neminem argument <par> ce qui ne s'est pas fait.

364
uideo, exire neminem; matronam nullam in aedibus,
personne entrer, personne sortir ; aucune matrone dans la maison ;

exire neminem quid si intus erant? ideo ait exire neminem.
exire neminem qu'en serait-il s'ils étaient dedans ?616 C'est pourquoi il dit exire neminem.

365
nihil ornati, nil tumulti: accessi; intro aspexi. Pa.-scio :
nul apprêt, nul mouvement. Je me suis approché, j'ai regardé dedans. Pa.-Je sais,

nihil ornati ἀρχαϊσμός. sic Sallustius « igitur senati decreto seruiendumne sit? 205 ».
nihil ornati archaïsme (ἀρχαϊσμός). Ainsi Salluste : « igitur senati decreto seruiendumne sit ? » (donc il faut s'en tenir au décret du sénat ?)617.

366
magnum signum. Da.-num uidentur conuenire haec nuptiis ?
c'est un vrai indice. Da.-Trouves-tu que cela s'accorde avec un mariage ?

1 magnvm signvm proprie signum pro argumento. 2 nvm videntvr convenire a consequentibus argumentum.
1 magnvm signvm signum est pris au sens propre pour argumentum (argument). 2 nvm videntvr convenire argument par les conséquences.

367
Pa.-non opinor, Daue. Da.-"opinor" narras ? non recte accipis :
Pa.-Non, Dave, je crois. Da.-Je crois, dis-tu. Tu ne comprends rien.

1 non opinor dave opinor ille opinionem accommodat tantum, hic multum attribuit coniecturis. 2 opinor narras quoniam argumenta sunt ex coniectura, opinor dixit; nam contra opinionem certa res est. quae autem opinamur, putamus; quae putamus, incerta sunt. 2 opinor narras bene a prima ad secundam personam.
1 non opinor dave opinor l'un se contente d'ajuster son opinion, l'autre attribue beaucoup à des conjectures. 2 opinor narras puisque ce sont des arguments par conjecture, il dit opinor ; de fait ce qui s'oppose à l'opinion, c'est la certitude. Ce dont nous avons l'opinion (opinor), nous le pensons, ce que nous pensons n'est pas certain. 3 opinor narras bien vu, le passage de la première à la deuxième personne.

368
certa res est. etiam puerum inde abiens conueni Chremi :
La chose est sûre. De plus, en partant, j'ai rencontré le petit esclave de Chrémès

1 etiam pvervm inde abiens conveni chremi sic Chremi, ut Vlixi et Achilli. 2 etiam pvervm etiam pro praeterea.
1 etiam pvervm inde abiens conveni chremi on dit au datif Chremi, comme Vlixi et Achilli. 2 etiam pvervm etiam est mis pour praeterea.

369
holera et pisciculos minutos fer[r]e obolo in cenam seni.
avec des légumes et des petits poissons à une obole pour le dîner du vieux.

1 holera et piscicvlos minvtos sufficeret diminutiue pisciculos dixisse, quos sic minutos dixit et obolo esse emptos, quae est ultima nummorum significatio; sunt enim genera piscium minutorum, quae magno ueneant. hic ergo etiam de pretio uilissimos pisces significauit. 2 Et quid si minutos sed omnibus? seni dixit, ut obsonationis ostenderet causam. 3 holera et piscicvlos quod supra generaliter paululum obsonii, hic specialiter dixit. 4 in cenam seni misere seni, cuius maior est cura domi.
1 holera et piscicvlos minvtos il suffirait de dire pisciculos avec le diminutif, pour ces poissons qu'il dit petits et achetés une obole, ce qui veut dire la plus petite somme possible ; il existe en effet des variétés de poissons petits, mais qui se vendent cher. Ici donc, en donnant le prix, il veut dire que c'est du menu fretin618. 2 Et que serait-ce s'ils étaient minutos, mais pour tous ?619 Il dit seni, pour montrer la raison de ce menu. 3 holera et piscicvlos ce qu'il a défini plus haut de manière générale comme paululum obsonii, il le précise ici. 4 in cenam seni c'est une façon d'apitoyer que de dire seni, celui dont on a le plus grand soin à la maison 620 .

370
Cha.-liberatus sum hodie, Daue, tua opera. Da.-ac nullus sum 982 quidem.
Cha.-Me voilà délivré aujourd'hui, Dave, grâce à toi. Da.-Je n'en suis pas du tout sûr.

nvllvs svm nullus pro non, ut alibi « nullus dixeris 206 ».
nvllvs svm nullus est mis pour non, comme ailleurs : « nullus dixeris ».

371
Cha,-quidita ? nempe huic prorsus illam non dat. Da.-ridiculum caput,
Cha.-Comment cela ? Puisqu'on ne la lui donne pas du tout ? Da.-Grotesque !

1 qvidita una pars orationis. 2 ridicvlvm capvt <caput> pro toto homine. nemo enim ore contempto ex aliis membris hominem uelit significare. et est συνεκδοχὴ τρόπος.
1 qvidita une seule partie du discours. 2 ridicvlvm capvt <caput> est mis pour la totalité de la personne. Nul en effet ne songerait, en omettant le visage, à désigner un homme par d'autres parties de son corps. Et c'est une synecdoque (συνεκδοχὴ τρόπος).

372
quasi necesse sit, si huic non det 983 , te illam uxorem ducere,
comme s'il s'ensuivait nécessairement, si on ne la lui donne pas, que toi, tu l'épouses,

1 qvasi necesse sit si hvic non det ostendit uitiosum ἐνθύμημα hoc esse, in quo altero sublato non necessario alterum relinquatur. 2 si hvic non det te i.illam v.vxorem d.dvcere hoc laborat Dauus, quemadmodum Philumenam Charinus propriis laboribus promereatur uxorem. 3 is hvic non det te illam vxorem dvcere artificiose Dauus Charinum excitat, ut, si fieri possit, adiuuetur negotium Pamphili, dum ille sibi prouidet.
1 qvasi necesse sit si hvic non det il montre qu'il s'agit d'un enthymème (ἐνθύμημα) vicié dans lequel en supprimant la proposition A, on ne conserve pas nécessairement la proposition B621. 2 si hvic non det te illam vxorem dvcere ce qui met en peine Dave, c'est la manière dont Charinus, par ses propres peines, va pouvoir se gagner Philumène comme épouse. 3 si hvic non det te illam vxorem dvcere avec adresse, Dave pousse Charinus, à, si faire se peut, seconder les affaires de Pamphile tout en servant ses propres intérêts.

373
nisi uides, nisi senis amicos oras ambis. Cha.-bene mones :
à moins que tu ne voies les amis du vieux, les pries, tâches de les gagner. Cha.-Le conseil est bon.

1 nisi vides uides prouides. 2 ambis magnarum rerum desiderium et appetitus ambitio dicitur.
1 nisi vides uides équivaut à prouides (prévois). 2 ambis le désir de grandes choses et leur convoitise se nomme ambitio.

374
ibo, etsi hercle saepe iam me spes haec frustrata est. uale.
Je vais y aller, bien que souvent déjà, par Hercule, cet espoir m'ait trompé. Adieu.

vale confirmata re a factis et personis deliberatiua nascitur.
vale maintenant que la chose est confirmée par la situation et les personnes, il naît une délibération.

scaena tertia

PamphilusDauus

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375
Pa.-Quid igitur sibi uult pater ? cur simulat ? Da.-ego dicam tibi.
Pa.-Que veut donc mon père ? Pourquoi feint-il ? Da.-Je vais te le dire.

1 qvid igitvr sibi vvlt pater haec scaena deliberationem continet Daui et Pamphili. 2 Et bene igitvr: si enim falsae sunt nuptiae, quid cogitat? stomachose etiam hoc dixit <quid> sibi <uult>, ut « ille quid uult concursus ad amnem? 207 ».
1 qvid igitvr sibi vvlt pater cette scène comprend la délibération de Dave et de Pamphile. 2 Et igitvr est bien vu : si en effet le mariage est faux, qu'a-t-il en tête ? il dit aussi avec colère <quid> sibi <uult>, comme le poète : « quid uult concursus ad amnem ? » (que signifie cet attroupement près du fleuve ?).

376
si id succenseat nunc quia non det tibi uxorem Chremes,
S'il s'irritait à présent, parce que Chrémès ne veut pas te donner sa fille,

si id svccenseat id ob id, propter id.
si id svccenseat id est mis pour ob id, propter id (à cause de cela).

377
ipsus sibi esse iniurius uideatur, neque id iniuria,
il se trouverait lui même injuste, et ce ne serait que justice,

neqve id inivria id est: "usque adeo iniustus sibi uidebitur, ut se iniustitiae ipse condemnet".
neqve id inivria c'est-à-dire : il se rendra compte qu'il est à ce point injuste qu'il se condamnera lui-même pour son injustice.

378
prius quam <tuu>m ut sese habeat animum ad nuptias perspexerit :
avant d'avoir sondé tes dispositions à l'égard du mariage.

ad nvptias perspexerit perspicere est ad plenum et perfectum uidere.
ad nvptias perspexerit perspicere c'est voir pleinement et parfaitement.

379
sed si tu negaris ducere, ibi culpam in te transferet :
Mais si tu refuses d'épouser, il rejettera la faute sur toi,

380
tum illae turbae fient. Pa.-quiduis patiar. Da.-pater est, Pamphile :
et alors, cela fera du vilain. Pa.-J'endurerai tout. Da.-C'est ton père, Pamphile.

1 tvm illae tvrbae τὸ illae ad terrorem rettulit. 2 qvidvis patiar hoc est: patiar me uxorem ducere. 3 pater est pamphile hoc uultuose pronuntiandum est. 4 Et mire pater dixit, ut in ipso nomine uideatur habere auctoritatem. 5 Et ueluti dormitantem et oblitum potestatis paternae his tribus excitat: pater est, Pamphile, difficile est, haec sola est mulier. 6 132 qvidvis patiar sunt qui quiduis pro quicquid euenerit intellegant, quia dixerat « adeo me ignauum putas? 208 ». alii pronuntiant, ut sit sensus: "quid me uis facere? an ut hoc patiar mihi uxorem dari?". 7 pater est a necessario argumentum.
1 tvm illae tvrbae le (τὸ) illae se rapporte à sa peur. 2 qvidvis patiar c'est-à-dire : patiar me uxorem ducere (je supporterai de me marier). 3 pater est pamphile il faut souligner la prononciation par un jeu de physionomie. 4 Et c'est étonnant qu'il dise pater, afin que dans le nom même semble résider son autorité. 5 Et par les trois expressions suivantes, il éveille Pamphile pour ainsi dire endormi et oublieux de la puissance paternelle : pater est, Pamphile, difficile est, haec sola est mulier. 6 qvidvis patiar il y a des gens qui comprennent quiduis comme équivalent de quicquid euenerit (quoi qu'il arrive), parce qu'il a dit « adeo me ignauum putas ? » ; d'autres prononcent avec insistance pour donner le sens : "que veux-tu que je fasse ? que je supporte qu'il me donne une épouse ?". 7 pater argument tiré de la nécessité 622 .

381
difficile est. tum haec sola est mulier. dictum ac 984 factum inuenerit
C'est difficile. Et puis cette femme est seule. En un tournemain il aura trouvé

1 difficile est hoc est resistere contradicere. 2 difficile Pamphilo, perniciosum Glycerio. 3 sola autem: sine defensoribus propriis. 4 Et sola et mvlier dixit. 5 sola sine auxilio ac per hoc deserta. 6 difficile est ἀποσιώπησις cum uultu: deest resistere. 7 dictvm ac factvm prouerbium celeritatis, id est cito. 8 dictvm ac factvm invenerit pro inueniet: coniunctiuo modo pro indicatiuo usus est. et est honesta locutio.
1 difficile est c'est-à-dire de résister et de le contredire. 2 difficile pour Pamphile, pour Glycère, c'est risqué. 3 Or sola c'est-à-dire sans personne pour la défendre623. 4 Et il dit sola et mvlier. 5 sola : sans secours et par là-même abandonnée. 6 difficile est : aposiopèse (ἀποσιώπησις) avec jeu de physionomie : il manque resistere. 7 dictvm ac factvm : expression proverbiale marquant la rapidité, c'est-à-dire cito (vite). 8 dictvm ac factvm invenerit : pour inueniet (il trouvera) : il utilise le subjonctif au lieu de l'indicatif 624 . C'est une manière de parler de gens de la bonne société.

382
aliquam causam quamobrem eiciat oppido. Pa.-eiciat ? Da.-cito.
un prétexte pour la faire chasser de la ville. Pa.-Chasser ? Da.-Et vite !

1 qvamobrem eiciat o.oppido callide ad eius periculum se conuertit, cui plus amator timet quam sibi; ideo uincitur statim. apparet autem Dauum male sic agere, quia cum caueat Pamphilo, tum cum maxime formidat senem. 2 oppido ex oppido, ex ciuitate. 3 eiciat miratur et stupet. 4 cito illo admirante hic etiam confirmauit. addidit etiam tempus celeritatis.
1 qvamobrem eiciat oppido avec ruse il se tourne vers le danger qu'elle court, elle pour laquelle l'amant a plus de craintes que pour lui-même ; c'est pourquoi il est immédiatement vaincu. Or il semble bien que Dave agit ainsi mal parce que, si d'un côté il prend des mesures pour aider Pamphile, de l'autre surtout il craint extrêmement le vieillard625. 2 oppido mis pour ex oppido, ex ciuitate (hors de la cité). 3 eiciat il s'en étonne et en reste interdit626. 4 cito comme l'autre s'étonne, il confirme. Il ajoute aussi une notation de temps marquant la rapidité.

383
Pa.-cedo igitur quid faciam, Daue ? Da.-dic te ducturum. Pa.-hem. Da.- quid est ?
Pa.-Alors qu'est-ce que je dois faire, Dave. Da.-Dis que tu épouseras. Pa.-Hein ! Da.-Quoi ?

1 cedo cedo singularis numerus est, cette pluralis, ut salue, saluete. 2 dic te dvctvrvm pronuntia dic quasi rem facilem et nullius praeiudicii. 3 dic te dvctvrvm hoc est, quo a principio nitebatur.
1 cedo cedo est un singulier, le pluriel est cette, comme salue, saluete (salut)627. 2 dic te dvctvrvm prononcez dic comme si c'était chose facile et qui n'appelle aucune réflexion préalable. 3 dic te dvctvrvm c'est-à-dire ce qu'il s'efforçait de faire depuis le début.

384
Pa.-egon dicam ? Da.-cur non ? Pa.-numquam faciam. Da.-ne nega.
Que je dise cela, moi ? Da.-Pourquoi pas ? Pa.-Jamais je ne le ferai. Da.-Ne dis pas non.

1 egone dicam τὸ ego ἔμφασιν habet, hoc est uel: "quem non oporteat dicere", uel: "quem non conueniat fallere atque mentiri". 2 cvr non non interrogat, sed facilitatem rei ostendit. 3 nvmqvam plus habet negationis quam non.
1 egone dicam le (τὸ) ego porte une emphase (ἔμφασις), c'est-à-dire soit : "moi pour qui il n'est pas opportun de le dire", soit : "moi dont ce n'est pas le caractère de tromper et mentir". 2 cvr non il ne pose pas de question, il montre la facilité de la chose. 3 nvmqvam porte un sens plus négatif que non (ne …pas).

385
Pa.-suadere noli. Da.-ex <ea> re quid fiat uide.
Pa.-N'essaie pas de me convaincre. Da.-Vois-en les conséquences.

ex ea re qvid fiat vide ἀπὸ τῆς ἐκβάσεως.
ex ea re qvid fiat vide argument par le résultat (ἀπὸ τῆς ἐκβάσεως).

386
Pa.-ut ab illa excludar, hoc concludar. Da.-non ita est.
Pa.-D'être exclu de chez l'une, ou emprisonné par cela. Da.-Pas du tout.

1 vt ab illa exclvdar hoc conclvdar mire hoc: amicam pronomine significat dicens ab illa, huic nec sexum seruauit, ne uxor esse uideatur. 2 Et ex ferarum translatione conclvdar dixit, ut alibi « conclusam hic habeo uxorem saeuam 209 ». 3 vt ab illa exclvdar hac 133 conclvdar ἐν ὑποκρίσει, nam aliud infert, atque intellegit Dauum dicere.
1 vt ab illa exclvdar hoc conclvdar étonnant ce hoc : tout en désignant sa maîtresse avec un pronom en disant ab illa, avec hoc, en revanche, il n'a pas conservé le sexe, de peur qu'il ne semble s'agir d'une épouse628 . 2 Et conclvdar est une métaphore empruntée au vocabulaire des bêtes sauvages, comme ailleurs : « conclusam hic habeo uxorem saeuam » (je garde ici en cage une épouse sauvage). 3 vt ab illa exclvdar hac 629 conclvdar avec un jeu de scène (ἐν ὑποκρίσει), de fait il avance autre chose que ce qu'il comprend que dit Dave.

387
nempe hoc sic esse opinor : dicturum patrem
Voici ce que je crois qu'il arrivera. Ton père va dire :

1 nempe hoc sic esse opinor dictvrvm patrem coniectura atque diuinatio, an hoc an illud euenturum sit. 2 nempe hoc sic esse opinor ab imitatione. mimesis enim dicitur. 3 nempe hoc a possibili.
1 nempe hoc sic esse opinor dictvrvm patrem conjecture et prédiction : qu'arrivera-t-il, ceci ou cela ? 2 nempe hoc sic esse opinor figure de l'imitation. On l'appelle mimesis. 3 nempe hoc argument par le possible.

388
« ducas uolo hodie uxorem » ; tu « ducam » inquies :
« Je veux que tu te maries aujourd'hui. Et toi tu diras : « Oui »

389
cedo quid iurgabit tecum ? hic reddes omnia.
Alors, pourquoi s'en prendra-t-il à toi ? Alors tu rendras

1 cedo qvid ivrgabit cedo singularis tantum, cette pluralis. 2 hic reddes omnia hic aduerbium loci non est, sed aduerbium temporis, ut Vergilius « hic annis grauis atque a.animi m.maturus A.Aletes 210 ». 3 reddes facies, restitues. 4 cedo qvid ivrgabit ab utili.
1 cedo qvid ivrgabit cedo n'est que singulier, le pluriel est cette. 2 hic reddes omnia hic n'est pas un adverbe de lieu, mais un adverbe de temps comme Virgile : « hic annis grauis atque animi maturus Aletes » (alors, riche en années et plein de mûrs conseils, Alétès dit). 3 reddes facies (tu feras), restitues (tu rendras). 4 cedo qvid ivrgabit argument par l'utile.

390
quae nunc sunt certa [ei] consilia, incerta ut sient
toutes ses idées, qui sont à présent bien arrêtées, incertaines,

incerta vt sient hic est euentus.
incerta vt sient c'est-à-dire l'issue.

391
sine omni periculo. nam hoc haut dubium est quin Chremes
sans le moindre risque ; car il est sûr que Chrémès

1 sine omni pericvlo hoc est: sine ducenda Philumena. 2 nam hoc havt dvbivm ne consentiat Chremes filiam dare.
1 sine omni pericvlo c'est-à-dire : "sans risque d'épouser Philumène". 2 nam hoc havt dvbivm que Chrémès ne consente pas à donner sa fille.

392
tibi non det gnatam ; nec tu <ea> causa minueris
ne te donnera pas sa fille. Et toi, ne change rien pour cela

1 nec tv ea cavsa m.minveris h.haec q.qvae f.facis ne is mvtet svam sententiam hoc est quod supra « id mutauit, quia me immutatum uidet 211 ». 2 nec tv ea cavsa minveris quia promisisti te esse ducturum.
1 nec tv ea cavsa minveris haec qvae facis ne is mvtet svam sententiam c'est ce qu'il a dit plus haut : « id mutauit, quia me immutatum uidet ». 2 nec tv ea cavsa minveris parce que tu as promis que tu te marierais630.

393
haec quae facis, ne is mutet s<ua>m sententiam.
à ce que tu fais de peur qu'il ne change d'avis.

1 ne is mvtet sententiam 134 Chremes scilicet. 2 ne is mvtet redit ad consilium et coniungit euentum.
1 ne is mvtet sententiam Chrémès évidemment. 2 ne is mvtet il revient à son idée et y joint la conséquence.

394
patri dic uelle, ut, cum uelit, tibi iure irasci non queat.
Dis à ton père que tu veux bien, afin que, quand il le voudra, il ne puisse pas s'en prendre à toi à bon droit.

patri dic velle vt cvm v.velit t.tibi i.ivre i.irasci n.non q.qveat scilicet ne securus, quod non sit daturus Chremes filiam suam, parui faciat iram patris et neget uxorem ducere utpote fretus neminem alium sibi commissurum coniugem.
patri dic velle vt cvm velit, tibi ivre irasci non qveat évidemment pour éviter que, certain que Chrémès ne donnera pas sa fille, il ne fasse que peu de cas de la colère de son père et refuse de se marier, en homme qui est assuré que personne d'autre ne lui donnera une épouse.

395
nam quod tu speres propulsabo facile uxorem his moribus ;
Quant à ce que tu attends, je ferai fuir toute épouse par cette conduite ;

1 nam qvod tv speres sunt qui speres pro timeas habeant. 2 nam qvod tv s.speres alium daturum. 3 propvlsabo hoc est: "causam inanem esse monstrabo", id est: "ostendam nihilominus te esse ducturum aliam uxorem, etiamsi hanc non duxeris". 4 propvlsabo eleganter pro eo, quod est repellam. 5 vxorem his moribvs deest aliquid, ut sit: his moribus agenti, aut: his moribus praedito. 6 vxorem his moribvs dabit nemo ne alteram quaerat.
1 nam qvod tv speres il y a des gens qui prennent speres pour un équivalent de timeas (tu craignes). 2 nam qvod tv speres qu'un autre donnera sa fille. 3 propvlsabo c'est-à-dire : "je montrerai que cette cause ne vaut rien", à savoir : "je montrerai que tu épouseras néanmoins une autre femme, même si tu n'épouses pas celle-là"631. 4 propvlsabo tournure recherchée pour repellam (je repousserai). 5 vxorem his moribvs il manque quelque chose, pour avoir : his moribus agenti (agissant selon de telles mœurs), ou : his moribus praedito (avec de telles mœurs). 6 vxorem his moribvs dabit nemo de peur qu'il n'en cherche une autre.

396
dabit nemo : inueniet inopem potius quam te corrumpi sinat.
personne ne donnera sa fille ; ton père te trouvera plutôt une pauvresse que de te laisser dans le désordre.

1 inveniet inopem ὑποφορὰ εὔστοχος. 2 inveniet inopem sed ne inopem quaerat. 3 inveniet inopem sunt qui κατὰ ἀνθυποφορὰν dici putant inueniet inopem potius, quam te corrumpi sinat.
1 inveniet inopem réponse à une objection pleine de sagacité (ὑποφορὰ εὔστοχος). 2 inveniet inopem mais pour éviter qu'il n'en cherche une pauvre. 3 inveniet inopem il y a des gens qui pensent que inueniet inopem potius, quam te corrumpi sinat est dit par réplique à une objection prévue (κατὰ ἀνθυποφοράν).

397
sed si te aequo animo ferre accipiet, neglegentem feceris ;
Mais s'il constate que tu prends bien la chose, tu lui ôteras son ardeur.

sed si te aeqvo animo ferre accipiet neglegentem feceris hoc est: etiam in paratis nuptiis.
sed si te aeqvo animo ferre accipiet neglegentem feceris c'est-à-dire même dans le mariage que l'on te prépare632.

398
aliam otiosus quaeret : interea aliquid acciderit boni.
Il t'en cherchera une autre sans se presser. Pendant ce temps, il peut arriver quelque heureux accident.

1 aliam otiosvs ex otio, hoc est securus. 2 interea aliqvid a.acciderit b.boni sed ne quaerendo inueniat. 3 interea aliqvid mortem patris adulescentis in delicto pro bono seruus ostentat. 4 acciderit et ad causam refertur et certe, quia mortem patris bonum denuntiat. 5 acciderit nota acciderit etiam pro bono et ab hoc et apud ueteres frequentatum.
1 aliam otiosvs ex otio (à ses moments perdus), c'est-à-dire sans se faire de souci. 2 interea aliqvid acciderit boni mais de peur qu'en cherchant il n'en trouve une. 3 interea aliqvid l'esclave, de façon fautive, montre la mort du père du jeune homme comme un bien. 4 acciderit se rapporte à l'affaire en cause et sans doute parce qu'il représente comme un bien la mort du père. 5 acciderit notez qu'acciderit s'emploie aussi pour un bien et pour cette raison est également d'un emploi fréquent chez les anciens633 .

399
Pa.-itan credis ? Da.-haud dubium id quidem est. Pa.-uide quo me inducas.Da.-quin taces ?
Pa.-Tu crois ? Da.-Cela ne fait absolument aucun doute. Pa.-Vois où tu m'engages. Da.-Sois tranquille.

1 havd dvbivm id qvidem est plus intulit, quam interrogatus est. 2 vide qvo me indvcas quo me inducas in eadem translatione permansit, qua sursum dixit « hoc concludar 212 ». 3 bona οἰκονομία, ut mox iuste Dauo succenseat Pamphilus. 4 qvin taces quin taces? "cur non securus es?" significat, nam nunc tacere <est> "securum esse", ut in Adelphis « tace, egomet conueniam Pamphilum 213 ». et ideo ille ut consentire dicenti taces uideretur, dicam <ait>, ut scias illum non silentium sed securitatem imperasse. 5 qvin taces correptio est silentium praecipientis de eo dumtaxat, ne timeat de nuptiis. 6 id est: "esto securus", nam tacere securi est.
1 havd dvbivm id qvidem est en exprime plus que ce qu'on lui a demandé. 2 vide qvo me indvcas quo me inducas métaphore filée, qui continue ce qu'il a dit plus haut : « hoc concludar ». 3 Bonne préparation (οἰκονομία), pour que, peu après, Pamphile ait de juste raisons de se mettre en colère contre Dave. 4 qvin taces quin taces ? veut dire "pourquoi n'es-tu pas tranquille ?", de fait ici tacere <c'est> être tranquille comme dans les Adelphes : « tace, egomet conueniam Pamphilum ». Et c'est pourquoi l'autre dit dicam pour avoir l'air d'être d'accord avec celui qui dit taces, afin que l'on sache que ce n'est pas le silence qu'il lui a recommandé mais la tranquillité. 5 qvin taces formule de reproche faite par celui qui ordonne le silence tout au moins sur un sujet précis : ne plus redouter le mariage. 6 C'est-à-dire : "sois tranquille", car se taire est le fait d'un homme tranquille634.

400
Pa.-dicam. puerum autem ne resciscat mi esse ex illa cautio est ;
Pa.-Je dirai oui. Mais qu'il ne vienne pas à savoir que j'ai un enfant d'elle, prudence ;

1 pvervm avtem ne resciscat uidetur hoc illi contrarium esse, quod dixit « quicquid peperisset d.decreuerunt t.tollere 214 ». sic ergo soluitur: quod ibi seruus cum stomacho dixit, hic tamen Pamphilum uerecunde locutum accipimus. 2 pvervm avtem ne r.resciscat num diuinat an puerum pro quolibet sexu, ut Graeci [pueros] παῖδας? Homerus « Πριάμοιό τε παῖδες215 » et Horatius « dicam et Alcidem puerosque Ledae 216 ». 3 135 subolem, hoc est filium, significat, ut « quicquid peperisset d.decreuerunt t.tollere 217 ». 4 cavtio est cautione opus est, hoc est cauendum est.
1 pvervm avtem ne resciscat cela paraît contradictoire avec ce qu'il a dit : « quicquid peperisset decreuerunt tollere ». On résout ainsi le problème635 : nous comprenons que ce que là-bas l'esclave a dit avec colère, ici Pamphile le dit avec respect. 2 pvervm avtem ne resciscat est-ce une prédiction ou le mot puer peut-il s'appliquer à l'un ou l'autre sexe, comme les Grecs disent pour les enfants παῖδας ? Homère : « Πριάμοιό τε παῖδες » (les enfants de Priam) et Horace : « dicam et Alcidem puerosque Ledae » (je dirai Alcide et les enfants de Léda). 3 Cela signifie "rejeton", c'est-à-dire "fils" comme « quicquid peperisset decreuerunt tollere » 636. 4 cavtio est il faut de la cautio c'est-à-dire qu'il faut cauere (être prudent)637.

401
nam pollicitus sum suscepturum. Da.-o facinus audax ! Pa.-hanc fidem
car j'ai promis de le reconnaître. Da.-Quelle audace ! Pa.-Ma parole,

1 nam pollicitvs svm svsceptvrvm promissio et pollicitatio eandem uim habent, sed pollicitatio maioris asseuerationis est. 2 hanc fidem ordo est: ut hanc fidem darem sibi, me obsecrauit, qui <se> sciret non deserturum.
1 nam pollicitvs svm svsceptvrvm le mot promissio et le mot pollicitatio ont le même sens, mais pollicitatio ajoute plus de force à l'affirmation. 2 hanc fidem ordre des mots : ut hanc fidem darem sibi, me obsecrauit, qui <se> sciret non deserturum.

402
sibi me obsecrauit, qui se sciret non deserturum, ut darem.
elle m'a demandé de la lui donner, pour être sûre que je ne l'abandonnerai pas.

403
Da.-curabitur. sed pater adest. caue te esse tristem sentiat.
Da.-On y veillera. Mais voici ton père. Prends garde qu'il ne perçoive ta tristesse.

cvrabitvr non curabo, sed impersonaliter cum difficultate, quod quasi arduum est et graue, dixit.
cvrabitvr il dit non pas curabo (j'y veillerai), mais une expression impersonnelle qui marque la difficulté comme quelque chose de délicat et d'important.

scaena quarta

PamphilusDauusSimo

404 | 405 | 406 | 407 | 408 | 409 | 410 | 411

404
Si.-Reuiso quid agant aut quid captent consili.
Si.-Je reviens voir ce qu'ils vont faire et ce qu'ils vont tramer.

1 reviso qvid agant avt q.qvid c.captent c.consili haec scaena nodum innectit erroris fabulae et periculum comicum; facit etiam exsecutionem consiliorum. 2 reviso qvid a.agant a.avt q.qvid c.captent c.consili πρὸς τὸ quid agant auribus est opus, πρὸς τὸ quid captent prudentia et sagacitate. 3 Et quod supra dixit, non paenituit idem repetere « obserues filium, quid agat, quid cum illo consilii captet 218 »; quod enim prudenter dictum fuerit, non piget repetere. actio tamen ex his tribus consistit: cogitatione, dicendo, gerendo. 4 reviso "redeo ut uideam". 5 qvid agant quid respondeant, quid dicant.
1 reviso qvid agant avt qvid captent consili cette scène resserre le nœud de la méprise qui alimente la pièce et le péril comique ; elle mène aussi à exécution les projets. 2 reviso qvid agant avt qvid captent consili pour répondre à (πρὸς τὸ) quid agant il faut utiliser ses oreilles, pour répondre à (πρὸς τὸ) quid captent il faut de la prudence et de la sagacité. 3 Et ce qu'il a dit plus haut, il n'a pas honte de le répéter : « obserues filium, quid agat, quid cum illo consilii captet » ; en effet, ce qui a été dit avec sagesse, il n'est pas oiseux de le répéter. L'action cependant consiste en ces trois éléments : la réflexion, la parole, l'acte. 4 reviso redeo ut uideam (je reviens voir)638. 5 qvid agant quid respondeant (ce qu'ils vont répondre), quid dicant (ce qu'ils vont dire)639.

405
Da.-hic nunc non dubitat quin te ducturum neges.
Da.-Celui-là ne doute pas maintenant que tu ne refuses de te marier.

hic nvnc non dvbitat non dixit senex aut pater, sed hic cum odio, quoniam auerso animo loquitur.
hic nvnc non dvbitat il ne dit pas senex (le vieillard) ou pater (ton père), mais hic avec haine, parce qu'il parle avec hostilité.

406
uenit meditatus alicunde ex solo loco :
Il vient de ruminer tout seul en quelque coin :

1 ex solo loco solo deserto, ubi meditari facilius possit. Menander « εὑρετικὸν εἶναί φασι τὴν ἐρημίαν οἱ τὰς ὀφρῦς αἴροντες219 ». 2 venit meditatvs alicvnde terror obiurgaturi patris hortatio est ad promittendum Pamphilo quod iubetur.
1 ex solo loco solus veut dire desertus (désert), où il est assez facile de méditer. Ménandre « εὑρετικὸν εἶναι φασι τὴν ἐρημίαν οἱ τὰς ὀφρῦς αἴροντες » (ceux qui marchent d'un grave pas et d'un grave sourcil disent que le désert est propre à l'inventivité). 2 venit meditatvs alicvnde la peur que suscite un père qui va réprimander est un encouragement pour Pamphile à promettre ce qu'on lui ordonne640.

407
orationem sperat inuenisse se
il espère avoir trouvé une harangue

Et 136 orationem dixit, quod quasi ad plenum cogitari potuisset, quippe « <uenit>meditatus alicunde ex solo loco 220 ».
Et il dit orationem, comme s'il avait pu réfléchir tout à loisir, car « <uenit> meditatus alicunde ex solo loco ».

408
qua 985 differat te : proin tu fac apud te [ut] 986 sies.
propre à te retarder. Tâche donc de garder ton sang-froid.

1 qva differat te differat disturbet et in diuersum ferat. Vergilius « atque arida d.differt n.nubila 221 »137, hoc est in diuersum rapit, dissipat. 2 Et in Adelphis « miseram me, differor doloribus 222 ». 3 proin tv fac apvd te sies non ne timeat cauet Dauus, sed ne amore a consilio suo alienetur Pamphilus. 4 apvt te sies pro paratus sis, cui contrarium est « non sum apud me223 ».
1 qva differat te differat veut dire disturbet (trouble) et in diuersum ferat (détourne)641. Virgile : « atque arida differt nubila » (et détourne les nuages de sécheresse), c'est-à-dire in diuersum rapit (emporte en diverses directions), dissipat (dissipe). 2 Et dans les Adelphes : « miseram me, differor doloribus ». 3 proin tv fac apvd te sies Dave ne veille pas à ce que Pamphile craigne, mais à ce qu'il ne soit pas éloigné de sa décision par son amour642. 4 apvt te sies équivaut à paratus sis (sois prêt), dont le contraire est « non sum apud me ».

409
Pa.-modo ut possim, Daue ! Da.-crede inquam hoc mihi, Pamphile,
Pa.-Maintenant j'ai peur de ne pas pouvoir, Dave ! Da.- Crois-moi, je te le dis, Pamphile :

1 modo vt possim dave ut ne non. 2 modo vt possim a possibili. 3 possim apud me esse.
1 modo vt possim dave ut est mis pour ne non (que…ne… pas). 2 modo vt possim argument par le possible. 3 possim être sur mes gardes643.

410
numquam hodie tecum commutaturum patrem
jamais aujourd'hui ton père n'échangera avec toi

1 nvmqvam hodie tecvm ab utili euentu. 2 nvmqvam plus asseuerationis habet quam nοn, ut Vergilius « numquam omnes hodie m.moriemur i.inulti 224 ». 3 commvtatvrvm patrem iurgium habiturum. hoc est enim uerba commutare. 4 commvtatvrvm altercaturum. in Phormione sic tria non commutabitis uerba hodie inter uos, quod est dabitis atque accipietis, id est iurgabitis. 5 ego puto commutare uerba esse pro bonis dictis mala ingerere, hoc est iracundia in maledicta compelli.
1 nvmqvam hodie tecvm argument par l'utilité du résultat. 2 nvmqvam a plus de poids que non comme Virgile : « numquam omnes hodie moriemur inulti » (jamais aujourd'hui nous ne mourrons sans vengeance). 3 commvtatvrvm patrem avec qui il aura une querelle. En effet c'est cela uerba commutare. 4 commvtatvrvm altercaturum (qui aura une altercation). Ainsi dans le Phormion : « tria non commutabitis uerba hodie inter uos », c'est-à-dire dabitis atque accipietis (vous donnerez et vous recevrez), c'est-à-dire iurgabitis (vous vous querellerez). 5 Pour ma part je pense que commutare uerba c'est répondre des choses méchantes à des choses bonnes, c'est-à-dire être poussé par la colère à des paroles blessantes.

411
unum esse uerbum, si te dices ducere.
un seul mot plus haut que l'autre, si tu dis que tu épouses.

scaena quinta

PamphilusDauusSimoByrria

412 | 413 | 414 | 415 | 416 | 417 | 418 | 419 | 420 | 421 | 422 | 423 | 424 | 425 | 426 | 427 | 428 | 429 | 430 | 431

412
By.-Erus me relictis rebus iussit Pamphilum
By.-Le maître m'a commandé de tout laisser

1 ervs me relictis rebvs i.ivssit p.pamphilvm h.hodie o.observare uide quam mire, cum omnes consulto consilio sibi agere uideantur, omnes tamen rerum exitu inopinato ludificentur, et Simo et Pamphilus et Dauus et Charinus et ipse Byrria. 2 ervs me r.relictis r.rebvs ad hoc uenit Byrria, ut in errorem concitet Charinum. 2 Et in hac scaena quattuor personae sine implicatione intellectus locuntur. 4 ervs me r.relictis r.rebvs imponitur manus rebus, cum perficitur id quod coeperit, ut Vergilius « imponit regina manum 225 »; relinquuntur uero res, cum imperfectae relinquuntur, ut Vergilius « atque opere in medio defixa r.reliquit a.aratra 226 ». 5 pamphilvm hodie observare obseruatio duplex est: uel captationis uel obsequii. 6 ervs me r.relictis r.rebvs adeo praeposuit hoc negotii omnibus rebus.
1 ervs me relictis rebvs ivssit pamphilvm hodie observare voyez de quelle manière étonnante? alors que tous ont l'impression d'agir à dessein et conformément aux plans, tous sont cependant trompés par l'issue inattendue de l'affaire : Simon, Pamphile, Dave, Charinus et Byrria lui-même644. 2 ervs me relictis rebvs Byrria est venu pour pousser Charinus dans l'erreur645. 3 Et dans cette scène quatre personnages parlent sans que la compréhension en devienne difficile. 4 ervs me relictis rebvs on utilise l'expression manus imponi quand on achève ce que l'on a commencé, comme Virgile : « imponit regina manum » (la reine met la dernière main) ; on emploie relinqui quand les choses sont laissées inachevées, comme Virgile : « atque opere in medio defixa reliquit aratra » (et au milieu de son travail il laissa là sa charrue plantée dans le sol). 5 pamphilvm hodie observare le mot observatio 646 a deux sens : soit il désigne la perception, soit il désigne l'obéissance. 6 ervs me relictis rebvs tant il a mis cette affaire devant tout le reste.

413
hodie obseruare, ut quid ageret de nuptiis
pour observer Pamphile aujourd'hui et, ce qu'il en est en est de son mariage,

414
scirem : id propterea nunc hunc uenientem sequor.
essayer de le savoir. C'est pour cela que je viens sur les pas de celui-là.

id propterea nvnc hvnc v.venientem s.seqvor necesse est aut alterum esse superuacuum aut propterea propter accipiendum.
id propterea nvnc hvnc venientem seqvor il est inévitable soit que l'un des deux mots soit superflu, soit que propterea soit pris au sens de propter (à cause de)647.

415
ipsum adeo praesto uideo cum Dauo : hoc agam.
Le voici justement en compagnie de Dave. J'y vais !

hoc agam in gestu est, nam est figura corporis obseruantis, quid agatur.
hoc agam c'est dans la gestuelle, de fait, il faut représenter un personnage en train d'observer ce qui va se passer648.

416
Si.-utrumque adesse uideo. Da.-em serua. Si.-Pamphile.
Si.-Les voici tous les deux. Da.-Hé ! Attention ! Si.-Pamphile !

vtrvmqve adesse video et Dauum et Pamphilum.
vtrvmqve adesse video Dave et Pamphile.

417
Da.-quasi de inprouiso respice ad eum. Pa.-ehem pater.
Da.-Comme si tu étais surpris, retourne-toi vers lui. Pa.-Ah ! père !

1 qvasi de improviso respice ad evm interest eius, qui repente aspexerit; nam uidebitur nihil dolose locuturus. 2 Vt « respexit ad urbem 227 ». 3 qvasi de improviso respice ad evm scilicet ne meditata eum intellegat habuisse consilia.
1 qvasi de improviso respice ad evm il y va de l'intérêt de celui qui va soudain regarder ; de fait il paraîtra ne devoir rien dire avec ruse649. 2 Comme : « respexit ad urbem » (il se retourna vivement vers la ville). 3 qvasi de improviso respice ad evm sans nul doute pour éviter qu'il comprenne qu'il s'agit là d'un plan mûrement réfléchi.

418
Da.-probe. Si.-hodie uxorem ducas, ut dixi, uolo.
Da.-Parfait ! Si.- Aujourd'hui je veux, comme je te l'ai dit, que tu te maries.

hodie vxorem d.dvcas v.vt d.dixi v.volo uolo et nοlο nimis imperiosa et superba dictio est, ut alibi « piscis ceteros purga D.Dromo; c.congrum i.istum m.maximum i.in a.aqua s.sinito l.ludere t.tantisper; u.ubi e.ego r.rediero e.exossabitur; p.prius nolo 228 ».
hodie vxorem dvcas vt dixi volo uolo et nolo sont deux verbes qui marquent un ordre extrêmement impérieux et hautain, comme ailleurs : « piscis ceteros purga, Dromo ; congrum istum maximum in aqua sinito ludere tantisper; ubi ego rediero, exossabitur ; prius nolo ».

419
By.-nunc nostrae timeo parti quid hic respondeat.
By.-J'ai peur pour notre cause. Que va-t-il répondre ?

nvnc nostrae timeo parti q.qvid h.hic r.respondeat <**** *>
nvnc nostrae timeo parti qvid hic respondeat <*****>650.

420
Pa.-neque istic neque alibi tibi erit usquam in me mora. By.-hem.
Pa.-Ni ici, ni ailleurs, tu ne subiras de mon fait quelque retard. By.-Hein !

1 in me mora recusantis est magis, non uolentis consensio tam segnis ac tepida, si penitus consideres. 2 hem percussus hoc dicto Byrria interiectione magis quam uerbo exclamauit.
1 in me mora si on y regarde de près, un acquiescement si mou et si tiède marque plutôt un refus qu'une acceptation. 2 hem frappé de plein fouet par cette parole, Byrria pousse une exclamation qui est une interjection plutôt qu'un vrai mot651.

421
Da.-obmutuit. By.-quid dixit ? Si.-facis ut te decet,
Da.-Le voilà muet. By.-Qu'a-t-il dit ? Si.-Tu agis comme il sied à ta condition

qvid dixit nota hic Byrriae personam quartam, sed non admixtam.
qvid dixit notez ici la présence d'un quatrième personnage, Byrria, mais il ne se mêle pas à la conversation652.

422
cum istuc quod postulo impetro cum gratia.
en m'accordant ce que j'exige de bonne grâce.

1 cvm istvd qvod p.postvlo i.impetro c.cvm g.gratia nimis obsequenter locutus est pater: et postulo pro iubeo et impetro pro extorqueo. 2 postvlo iuste uolo; petimus enim precario, poscimus imperiose, postulamus iure. 3 <cvm> impetro pro cum impetrem.
1 cvm istvd qvod postvlo impetro cvm gratia le père parle sur un ton extrêmement condescendant : et postulo est mis pour iubeo (j'ordonne) et impetro pour extorqueo (j'arrache). 2 postvlo je le veux et c'est juste ; nous employons en effet petere pour une prière, poscere pour un ordre, postulare pour une demande juste653. 3 <cvm> impetro mis pour cum impetrem (puisque j'obtiens)654.

423
Da.-sum uerus ? By.-erus, quantum audio, uxore excidit.
Da.-Ai-je dit vrai ? By.-Le maître, à ce que j'entends, est privé de sa femme.

1 ervs qvantvm a.avdio v.vxore e.excidit cadere saepe138dicuntur, qui, leuati, a summo ad inferiora labuntur. 2 vxore hoc est matrimonio ac nuptiis. 3 svm vervs id est ueridicus, ut falsus pro fallaci. 4 vxore excidit quod Graeci dicunt ἀπέτυχεν.
1 ervs qvantvm avdio vxore excidit on utilise souvent l'idée de chute pour ceux qui, après s'être élevés655, tombent des sommets aux abîmes. 2 vxore c'est-à-dire matrimonio (le mariage) et nuptiis (les noces). 3 svm vervs c'est-à-dire ueridicus (véridique), comme falsus, employé pour fallax (trompeur). 4 vxore excidit ce que les Grecs expriment avec ἀπέτυχεν (il a perdu).

424
Si.-i nunciam intro, ne in mora, quom opus sit, sies.
Si.-Rentre à présent pour ne pas être en retard, quand on aura besoin de toi.

425
Pa.-eo. By.-nullane in re esse cuiquam homini fidem !
Pa.-J'y vais. By.-Dans aucune affaire on ne peut trouver de personne loyale !

nvllane in re esse cviqvam homini f.fidem non in nullis rebus, sed neque in rebus neque in persona, ut Vergilius « nusquam tuta fides 229 », cum in amore fracta esset ab eo « quem subiisse u.umeris c.confectum a.aetate p.parentem 230 » audierat. alibi Terentius « cuius tu fidem in pecunia perspexeris, uerere ei uerba credere? ubi quid mihi lucri est? 231 » et hic ad rem perspexeris.
nvllane in re esse cviqvam homini fidem non pas en nulle chose, mais ni en une chose ni en une personne, comme Virgile : « nusquam tuta fides » (nulle part de vraie loyauté), lorsque son amour avait été brisé par celui dont elle avait appris « quem subiisse umeris confectum aetate parentem » (qu'il prit sur ses épaules son père accablé par l'âge). Ailleurs Térence : « cuius tu fidem in pecunia perspexeris, uerere ei uerba credere ? ubi quid mihi lucri est ? » et ici perspexeris se rapporte à une chose.

426
uerum illud uerbum est, uolgo quod dici solet,
Il est bien vrai ce proverbe qui traîne partout :

1 vervm illvd verbvm est id est prouerbium et sententia. 2 Et sic ueteres uerbum pro sententia.
1 vervm illvd verbvm est c'est-à-dire prouerbium (un proverbe) et sententia (une maxime)656. 2 Et les anciens utilisaient ainsi uerbum pour sententia (maxime).

427
omnes sibi malle melius esse quam alteri.
chacun cherche son bien avant celui d'autrui.

omnes sibi melivs malle qvam a.alteri sic alibi « proximus sum egomet mihi 232 ».
omnes sibi melivs malle qvam alteri ainsi ailleurs : « proximus sum egomet mihi ».

428
ego illam uidi : uirginem forma bona
Je l'ai vue, moi, cette jeune fille : je l'ai jugée belle,

ego illam vidi v.virginem f.forma b.bona hic corrigitur a poeta, quod per iracundiam dixit Pamphilus « aliquid monstri alunt 233 ».
ego illam vidi virginem forma bona ici le poète corrige ce que Pamphile a dit sous l'effet de la colère : « aliquid monstri alunt ».

429
memini uidere : quo aequior sum Pamphilo,
je me souviens. Aussi je pardonne presque à Pamphile

1 memini videre aut: "memor sum me uidisse", aut "memini uideri", non uidere, hoc est "intellego", "scio". 2 An "memini quod uiderim"? 3 memini videre pro uidisse. Ennius « memini me fieri pauum 234 ». alii139 forma bona distinguunt. 4 Sic memini videre ut noui probare. 5 qvo aeqvior quo hoc est qua re. 6 aeqvior svm pamphilo beniuolentior, "non iratus" uel "minus iniquus".
1 memini videre soit je me souviens d'avoir vu (uidisse), soit memini uideri 657 au lieu de uidere, c'est-à-dire intellego (je comprends), scio (je sais)658. 2 Ou alors "je me souviens que j'ai vu" ? 3 memini videre mis pour uidisse (avoir vu). Ennius : « memini me fieri pauum » (je me souviens d'être devenu un paon)659. D'autres mettent une ponctuation après forma bona 660. 4 Ainsi memini uidere est comme noui probare (je sais que j'approuve) 661. 5 qvo aeqvior quo c'est qua re (c'est pourquoi). 6 aeqvior svm pamphilo beniuolentior (plus bienveillant), "dépourvu de colère" ou si l'on veut "moins injuste".

430
si se illam in somnis quam illum amplecti maluit.
s'il veut dormir entre ses bras, lui plutôt que l'autre.

1 si se illam in somnis in somnis "per noctem", ut Vergilius « libra die somnique pares u.ubi f.fecerit h.horas 235 » et Plautus « miris modis <di> ludos faciunt hominibus mirisque exemplis omnia in somnis danunt 236 ».140 alii insomnis "uigilans", sed melius "per noctem". 2 <amplecti> quod uulgo dicitur "cum illa manere", "cum illa dormire".
1 si se illam in somnis in somnis "pendant la nuit" comme Virgile : « libra die somnique pares ubi fecerit horas  (quand la balance a rendu égales jour et heures de sommeil) et Plaute : « miris modis <di> ludos faciunt hominibus mirisque exemplis omnia in somnis danunt » (de manière merveilleuse les dieux se jouent des hommes et par de merveilleux exemples leur donnent tout dans le sommeil). D'autres lisent insomnis et comprennent "éveillé", mais c'est mieux de comprendre "la nuit"6622 <amplecti> comme on dit familièrement : "être avec elle", "coucher avec elle".

431
renuntiabo, ut pro hoc malo mihi det malum.
Je vais le dire et pour ce malheur il fera mon malheur.

scaena sexta

DauusSimo

432 | 433 | 434 | 435 | 436 | 437 | 438 | 439 | 440 | 441 | 442 | 443 | 444 | 445 | 446 | 447 | 448 | 449 | 450 | 451 | 452 | 453 | 454 | 455 | 456 | 457 | 458

432
Da.-Hic nunc me credit aliquam sibi fallaciam
Da.-Celui-là croit maintenant que c'est quelque fourberie

1 hic nvnc me c.credit a.aliqvam s.sibi f.fallaciam haec scaena dolos continet utriusque personae, quibus utraque et capit et capitur miro modo. 2 hic nvnc <me> credit aliqvam sibi fallaciam Dauus ita uidetur loqui, ut spectator, non senex audiat, sed hoc agit, ut uelit a sene audiri.
1 hic nvnc me credit aliqvam sibi fallaciam cette scène comprend les ruses des deux personnages, par lesquelles chacun est pris et prend l'autre, d'une manière admirable. 2 hic nvnc <me> credit aliqvam sibi fallaciam Dave paraît parler ainsi afin que ce soit le spectateur et non le vieillard qui l'entende, mais il le fait en sorte d'être entendu expressément du vieillard663.

433
portare et ea me hic restitisse gratia.
que j'apporte et que je suis resté pour cela.

gratia gratia ueteres pro causa ponebant.
gratia les anciens utilisaient gratia pour causa (en vue de)664.

434
Si.-quid Dauus narrat ? Da.-aeque quicquam nunc quidem.
Si.-Que raconte Dave ? Da.-Au juste, maintenant, rien vraiment…

1 qvid davvs narrat uidetur illi blandius locutus esse. 2 aeqve qvicqvam nvnc qvidem bene nunc quidem, similiter nunc nihil ut paulo ante, cum dixit « id populus curat scilicet 237 ». 3 aeqve qvicqvam nvnc qvidem hoc est: nihil.
1 qvid davvs narrat il lui semble qu'il parle de manière assez douce. 2 aeqve qvicqvam nvnc qvidem nunc quidem est bien vu, de même nunc nihil 665 comme un peu avant quand il dit : « id populus curat scilicet ». 3 aeqve qvicqvam nvnc qvidem c'est-à-dire : nihil (rien).

435
Si.-nihilne ? hem. Da.-nihil prorsus. Si.-atqui exspectabam quidem.
Si.-Rien ? Ah bon ! Da.-Rien du tout. Si.-Je m'attendais pourtant...

1 nihilne hem hem interiectio est irati aduersum eum, qui neget se aliquid esse locutum. 2 simul quid sit « aeque quicquam nunc quidem 238 » senex explicandum dat: nihil. et est εὐφημισμός antiquorum pro nihil. 3 nihil prorsvs id est: neque <quicquam>. 4 nihil prorsvs dicitur, in quo nulla est ambiguitas; est enim confirmatio negantis. 5 atqvi exspectabam qvidem exspectamus tam bona quam mala, speramus bona.
1 nihilne hem hem est une interjection de colère contre celui qui prétend n'avoir rien dit. 2 En même temps le vieillard donne à expliquer ce qu'est « aeque quicquam nunc quidem » : nihil. Et c'est un euphémisme (εὐφημισμός) archaïque pour nihil. 3 nihil prorsvs c'est-à-dire : neque <quicquam> (et <rien>). 4 On dit nihil prorsvs quand il n'y a nulle ambiguïté ; en effet c'est un moyen de renforcer la négation. 5 atqvi exspectabam qvidem on emploie exspectare autant en bonne qu'en mauvaise part, sperare uniquement en bonne part666.

436
Da.-praeter spem euenit, sentio : hoc male habet uirum.
Da.-La chose tourne contre son attente, je le sens : mon homme le prend mal.

1 praeter spem evenit praeter pro contra, ut « praeter aetatem tuam 239 ». 2 hoc male habet v.virvm εἰρωνικῶς uirum dixit defessum senem.modo enim ioculariter dixit uirum. uir enim modo ad uituperationem cum ironia, modo ad laudem sumitur <sine> ironia.
1 praeter spem evenit praeter est mis pour contra (contrairement à), comme : « praeter aetatem tuam » (contrairement à ton âge). 2 hoc male habet virvm ironiquement (εἰρωνικῶς) il utilise uir pour un vieillard fatigué. Ici en effet il dit uir en plaisantant 667. Vir en effet est soit pris pour blâmer avec ironie, soit pour louer sans ironie.

437
Si.-potin es mihi uerum dicere ? Da.-nil facilius.
Si.-Es-tu capable de me dire la vérité ? Da.-Rien de plus facile.

potin es mihi v.vervm d.dicere integrum potisne <es>, id est potes, ut Vergilius « nec potis Ionios f.fluctus a.aequare s.sequendo 240 ». et deest illic est. est autem nomen potis et facit potis potior potissimus.
potin es mihi vervm dicere la forme complète est potisne <es>, c'est-à-dire potes (peux-tu), comme Virgile : « nec potis Ionios fluctus aequare sequendo » (incapables de le rattraper sur les flots ioniens) et il manque ici est. D'ailleurs potis est un nom668 et fait potis potior potissimus.

438
Si.-num illi molestae quippiam haec sunt nuptiae
Si.-Est-ce que cela ne le contrarie pas un petit peu, ce mariage,

nvm illi molestae q.qvippiam h.haec s.svnt n.nvptiae quippiam significatio est minimae rei.
nvm illi molestae qvippiam haec svnt nvptiae quippiam désigne une très petite chose.

439
propter huiusce hospitae consuetudinem ?
à cause de sa liaison avec cette étrangère ?

1 propter hvivsce hospitae consvetvdinem haec omnia pronominibus bene mollita sunt; etenim atrocia sunt, si cum suis nominibus nuda ponantur. 2 hvivsce hospitae c.consvetvdinem et hospitae, non meretricis et consuetudinem, non amorem dixit: ita omnia extenuat, ut Dauus audeat confiteri.
1 propter hvivsce hospitae consvetvdinem tout cela est bien adouci par l'emploi de pronoms ; en effet, si on dit les choses toutes nues avec les mots propres c'est très dur669. 2 hvivsce hospitae consvetvdinem il dit hospita et pas meretrix (courtisane), consuetudo et pas amor (amour) : ainsi il atténue tout pour que Dave ose se confier à lui.

440
Da.-nil hercle ; aut, si adeo, bidui est aut tridui
Da.-Aucunement, par Hercule ; ou alors c'est l'affaire de deux ou trois jours,

avt si adeo bidvi est avt tridvi bene ait si adeo, ne, si omnino negaret, « cur igitur tristis est? » ille diceret.
avt si adeo bidvi est avt tridvi si adeo est bien dit, de peur que, s'il niait tout en bloc, l'autre ne dise « pourquoi est-il triste ? ».

441
haec sollicitudo : nostin 987  ? deinde desinet.
s'il en a du chagrin, tu sais, et puis ce sera fini ;

sollicitvdo propter turbationem. 2 nostin deinde desinet in significatione multorum, quae compendii facimus, nostin? dicimus.
sollicitvdo en raison du trouble. 2 nostin deinde desinet nous disons nostin ? pour signifier beaucoup de choses dont nous faisons un simple résumé.

442
etenim ipsus secum eam rem reputauit uia.
car il a réfléchi à la question méthodiquement.

1 eam rem repvtavit via reputauit retractauit, quia putare purgare est, unde et arbores et uites putare dicimus. 2 via consilio, ratione.
1 eam rem repvtavit via reputauit signifie retractauit (il a retouché), parce que putare c'est purgare (nettoyer), d'où le fait qu'on utilise putare pour dire émonder les arbres et les vignes670. 2 viaéquivaut à consilio (à dessein), ratione (avec méthode)671.

443
Si.-laudo. Da.-dum licitum est ei dumque aetas tulit,
Si.-Je le félicite. Da.-Tant qu'il lui a été permis et que son âge le tolérait,

1 lavdo senex inducitur et credit. 2 dvm licitvm est ei licitum est "per te", hoc est: "dum tu permisisti". 3 Et mire hic utitur senis uerbis: ipse enim supra dixerat « dum tempus ad eam r.rem t.tulit, s.siui a.animum u.ut e.expleret s.suum 241 ». 4 dvmqve aetas tvlit dum esset immatura aetas nuptiis. 5 tvlit duo significat: "attuli" et "abstulit", "passus est" et "pertulit". 6 dvm licitvm est ei sic et placitum et puditum dicebant, quod nos placuit et puduit.
1 lavdo le vieillard se laisse prendre et y croit. 2 dvm licitvm est ei cela est permis per te (par toi), c'est-à-dire : "tant que tu le lui as permis"672. 3 Et c'est admirable de voir comment il se sert des paroles du vieillard : il avait en effet dit lui-même plus haut : « dum tempus ad eam rem tulit, siui animum ut expleret suum ». 4 dvmqve aetas tvlit tant qu'il n'avait pas l'âge de se marier. 5 tvlit a deux sens : attulit (apporter) et abstulit (emporter), passus est (souffrir) et pertulit (supporter)673. 6 dvm licitvm est ei on disait placitum et puditum, là où nous disons674 placuit et puduit.

444
amauit ; tum id clam : cauit ne umquam infamiae
il a aimé, mais en s'en cachant ; il a veillé à ne pas nuire à sa réputation

1 tvm id clam bene clam, quia nunc liquido apparet Pamphilum uoluntatem propositumque mutasse. 2 tvm id clam cavit ne vmqvam infamiae <ea res> sibi esset *****141
1 tvm id clam clam est bien vu, parce qu'il apparaît maintenant de façon limpide que Pamphile a changé de volonté et de but. 2 tvm id clam cavit ne vmqvam infamiae <ea res> sibi esset *****675.

445
ea res sibi esset, ut uirum fortem decet.
avec cette affaire, comme il convient à un homme de cœur.

446
nunc uxore opus est : animum ad uxorem adpulit.
A présent, il lui faut une femme et il a abordé la question d'une femme.

1 nvnc vxore opvs est animvm ad vxorem appvlit quasi denuntiatio est quaedam senis necessitatis impositae. 2 Et bene appvlit quasi ab iactatione fluctuum et aestus marini; has enim tempestates habet amor. 3 Et sic dixit ad vxorem appvlit, ut supra « animum ad s.scribendum a.appulit 242 ».
1 nvnc vxore opvs est animvm ad vxorem appvlit c'est pour ainsi dire la preuve que le vieillard se trouve devant une nécessité qui s'impose à lui. 2 Et appvlit est bien vu pour parler comme de l'agitation des flots et du courant marin ; telles sont en effet les tempêtes que connaît l'amour. 3 Et il dit ad vxorem appvlit, comme plus haut : « animum ad scribendum appulit »676.

447
Si.-subtristis uisus est esse aliquantum mihi.
Si.-Il est un peu triste, ce me semble.

1 svbtristis visvs est esse a.aliqvantvm m.mihi sub temperamentum est plenae pronuntiationis, ut subridet non ad plenum ridet, ut confessionem eliceret. 2 svbtristis v.visvs e.est e.esse a.aliqvantvm m.mihi mire seruatum est in adulescente libero τὸ πρέπον et in amatore τὸ πιθανόν, nam et honesto iuueni non congruebat uersipellis uultus et amatorem absurdum fuerat ingenii celare tristitiam. itaque nec ad plenum tristis fuit, quia, <ut> dixit, celanda res erat, nec gaudium fuerat, quia et ingenium et amoris necessitas in tristitiam retrahebat.
1 svbtristis visvs est esse aliqvantvm mihi sub est un adoucissement du mot plein, comme subridet adoucit le sens plein de ridet 677, pour arracher l'aveu. 2 svbtristis visvs est esse aliqvantvm mihi c'est admirable d'avoir conservé ainsi dans un jeune homme comme il faut le convenable (τὸ πρέπον) et dans un amant le vraisemblable (τὸ πιθανόν), de fait il n'était pas séant pour un jeune homme comme il faut d'avoir un visage qui change sans cesse et il aurait été absurde qu'un amant cachât la tristesse de son cœur. C'est pourquoi il n'est ni tristis au sens plein du terme, parce que, comme il l'a dit, il fallait cacher la chose, ni joyeux parce que son cœur et les nécessités où se trouve son amour le ramenaient à la tristesse.

448
Da.-nil propter hanc rem, sed est quod suscenset tibi.
Da.-Rien à voir ; il a une raison de t'en vouloir.

1 sed est qvod svccenseat tibi quod ille a summo ad imum proposuit, hic causae deriuationem opposuit. 2 qvod svccenseat tibi succensere potioris est. 3 Succensere in re graui et iusta irasci.
1 sed est qvod svccenseat tibi parce que l'autre a proposé d'aller du plus grand au plus petit, il lui oppose ici un détournement de la cause678. 2 qvod svccenseat tibi succensere est le fait d'un supérieur679. 3 Succensere c'est se mettre en colère pour une chose grave et juste.

449
Si.-quidnam est ? Da.-puerile est. Si.-quid id est ? Da.-nihil <est> 988 . Si.-quin dic, quid est ?
Si.-Quoi donc ? Da.-C'est puéril. Si.-Quoi ? Da.-Ce n'est rien. Si.-Dis-le enfin ; qu'est-ce ?

1 pverile est apparet Dauum nunc quaerere, quid respondeat et ad quam causam deriuet auersa suspicione tristitiam Pamphili, quam animo aduertit senex. 2 pverile est ... nihil est utrum magis ideo suspendit, ut senex audire desideret, an quia necdum commentus est causam contra rependendam propositioni senis? 3 nihil uidetur non posse inuenire.
1 pverile est Dave a l'air de chercher maintenant ce qu'il va pouvoir répondre et vers quelle cause il va bien pouvoir faire dériver, en détournant les soupçons, la tristesse de Pamphile que le vieillard a remarquée. 2 pverile est ... nihil est est-ce plutôt qu'il suspend son discours pour que le vieillard désire l'entendre, ou parce qu'il n'a pas encore inventé de raison à opposer à la proposition du vieillard ? 3 nihil il a l'air de ne pas pouvoir trouver.

450
Da.-<ai>t nimium parce facere sumptum. Si.-mene ? Da.-te.
Da.-Il trouve qu'on fait trop d'économie dans la dépense. Si.-Moi ? Da.-Toi.

1 ait nimivm parce facere svmptvm mirum ipsum dicere, ueluti fecit: et nimium et parce. 2 parce facere svmptvm parce ait142, ne diceret sordide. 3 Et perturbati indicium est, quia se ipsum pronomine ostendit.
1 ait nimivm parce facere svmptvm c'est étonnant en soi de dire comme il le fait à la fois nimium et parce. 2 parce facere svmptvm il dit parce pour ne pas dire sordide (avec une avarice sordide). 3 Et c'est le signe qu'il est troublé, qu'il se désigne lui-même par un pronom680.

451
"uix" inquit "drachumis est opsonatum decem :
« C'est à peine, dit-il, si, pour le repas, on a dépensé dix drachmes.

452
non filio uidetur uxorem dare.
On ne dirait pas qu'il marie son fils !

453
quem" inquit "uocabo ad cenam m<eo>rum aequalium
Lequel inviterai-je au repas parmi mes camarades,

meorvm aeqvalivm potissimvm aequalium <ab> aetate, potissimum <a> dignitate. etenim potis potior potissimus facit.
meorvm aeqvalivm potissimvm aequalium argument par l'âge, potissimum par la dignité. En effet681 potis fait potior potissimus 682.

454
potissimum nunc ?" et, quod dicendum hic siet,
lequel choisir maintenant ?» Soit dit entre nous,

nvnc et qvod dicendvm hic siet bene hic, ubi non sit adulescens.
nvnc et qvod dicendvm hic siet hic est bien vu, là où le jeune homme ne saurait être présent.

455
tu quoque perparce nimium : non laudo. Si.-tace.
tu vas beaucoup trop à l'économie. Je ne te félicite pas. Si.-Tais-toi.

1 tv qvoqve perparce bene quoque, quasi dicat: "cum ille peccet, quod pueriliter succenseat, tu quoque peccas". 2 tv qvoqve perparce nimivm et perparce et nimium, cum sufficeret per; etenim per et nimium uituperatio est, ut « ne quid nimis 243 ». 3 non lavdo quia perparce et quia nimium; nam parce agere laudis, nimium peccati est. 4 non lavdo magna moderatione non laudo dixit potius quam reprehendo.
1 tv qvoqve perparce quoque est bien vu comme s'il disait : "si lui commet une faute en s'irritant de façon puérile, toi aussi tu en commets une". 2 tv qvoqve perparce nimivm il y a à la fois perparce et nimium, alors que per suffirait ; en effet per et nimium constituent un reproche comme « ne quid nimis »683. 3 non lavdo parce que perparce et parce que nimium ; de fait agir parce (avec économie) est digne de louange, mais agir nimium, c'est une faute. 4 non lavdo avec une grande modération il dit non laudo plutôt que reprehendo (je te blâme).

456
Da.-commoui. Si.-ego istaec recte ut fiant uidero.
Da.-Touché. Si.-Les choses se feront comme il faut, je m'en charge.

1 commovi ideo commoui, quia argumenta dixit seni, quibus proditur non esse ueras nuptias. 2 commovi supra « sollicitaui244 » dixit, modo commoui. 3 Et commovi dixit apud se, ut spectator audiat, non senex.
1 commovi commoui parce qu'il vient d'asséner au vieillard des arguments qui trahissent que le mariage est fictif. 2 commovi plus haut il a dit « sollicitaui »684, maintenant commoui. 3 Et il dit commovi en aparté, afin que le spectateur l'entende mais non le vieillard.

457
quidnam hoc est rei ? quid hic uolt ueterator sibi ?
Qu'est-ce que cela signifie ? Où veut en venir ce vieux briscard ?

1 143 qvidnam hoc est rei uerba sunt secum cogitantis senis aut de his, quae nunc locutus est Dauus, aut de aduentu mulierum, quae in scaenam ueniunt. 2 qvidnam hoc est rei pulsatus est senex argumento falsarum nuptiarum « paululum obsonii 245 », tamquam se illuderet Dauus. 3 qvid hic vvlt veterator sibi ueterator est uetus in astutia et qui in omni re callidus est. 4 Et hi duo uersus ostendunt pulsatum esse senem ex argumento falsarum nuptiarum, illo argumento, quod ait « paululum obsonii 246 », tamquam se illuderet Dauus. 5 Sunt ergo uerba, ut diximus, secum cogitantis senis aut de his, quae nunc locutus est Dauus, aut de aduentu mulierum, quae in scaenam ueniunt modo.
1 qvidnam hoc est rei ce sont les mots du vieillard qui réfléchit en lui-même sur ce que Dave vient de dire ou sur l'arrivée des femmes qui entrent en scène685. 2 qvidnam hoc est rei le vieillard est ébranlé par l'argument du mariage fictif donné par « paululum obsonii », dans la pensée que Dave se joue de lui. 3 qvid hic vvlt veterator sibi un ueterator est un vieux briscard en astuces et qui est en tout plein de ruse. 4 Et ces deux vers montrent que le vieillard est ébranlé par l'argument du mariage fictif,donné par « paululum obsonii », dans la pensée que Dave se joue de lui686. 5 Ce sont donc les mots, comme nous l'avons dit, du vieillard qui réfléchit en lui-même sur ce que Dave vient de dire ou sur l'arrivée des femmes qui entrent en scène à cet instant.

458
nam si hic mali est quicquam, em illic est huic r<ei> caput.
S'il y a quelque mauvaise action en train, c'est bien lui qui en est à la tête.

1 nam si hic mali est qvicqvam si promissa non compleuerit Pamphilus. 2 illic est hvic rei capvt caput est origo et summa unius cuiusque rei, ut Vergilius « o Latio caput horum et causa malorum 247 ».
1 nam si hic mali est qvicqvam si Pamphile ne remplit pas sa promesse. 2 illic est hvic rei capvt caput désigne l'origine et le sommet de chaque chose, comme Virgile : « o Latio caput horum et causa malorum  (ô pour le Latium origine et cause de ces malheurs).

Actus tertius

scaena prima

DauusSimoMysisLesbia

459 | 460 | 461 | 462 | 463 | 464 | 465 | 466 | 467 | 468 | 469 | 470 | 471 | 472 | 473 | 474 | 475 | 476 | 477 | 478 | 479 | 480

459
My.-Ita pol quidem res est, ut dixti, Lesbia :
My.-Par Pollux, c'est bien comme tu dis, Lesbie :

1 ita pol qvidem res est vt dixti lesbia in hac scaena nouo modo cessante Dauo fallitur Simo per nimiam sagacitatem suam. simul in hac scaena id agit poeta, ut ad nuptias faciendas magis accendatur Simo. et quaedam industria, quaedam uelut casu eueniunt, ut nunc suspicio senis; in multis enim οἰκονομία comicorum poetarum ita se habet, ut casu putet spectator uenisse, quod consilio scriptoris factum sit. 2 ita pol qvidem r.res e.est v.vt d.dixi l.lesbia ex hoc sermone, quem habent ingredientes, scaenae apparet principium. quod enim auditur, non quod incipitur, dicunt. 3 ita pol q.qvidem r.res e.est productio est narratiua ad explendum modo potius iusiurandum. 4 vt dixti lesbia et dixti et dixisti legitur.
1 ita pol qvidem res est vt dixti lesbia dans cette scène, de manière originale, alors que Dave s'arrête d'agir, Simon est trompé par l'excès de sa propre sagacité. En même temps dans cette scène le poète s'arrange pour que Simon s'enflamme plus encore pour conclure le mariage. Et certains événements arrivent à dessein, d'autres comme par hasard, comme maintenant le soupçon du vieillard ; dans beaucoup de cas en effet, l'agencement (οἰκονομία) pratiqué par les poètes comiques est tel que le spectateur pense qu'arrive par hasard ce qui se produit conformément au dessein de l'écrivain. 2 ita pol qvidem res est vt dixti lesbia à partir de la conversation qu'ont entre eux les personnages qui entrent en scène, on voit bien d'où part la scène687. En effet elles parlent de ce qui se dit, non de ce qui est en train de se mettre en place688. 3 ita pol qvidem res est c'est un prolongement narratif dont le but n'est que de développer son juron. 4 vt dixti lesbia on lit à la fois dixti et dixisti.

460
fidelem haud ferme mulieri inuenias uirum.
d'amants fidèles on n'en trouve guère.

1 fidelem havd ferme fidelem maluit quam fidum dicere; fidum enim honestius dixisset. 2 ferme pro facile posuit. 3 Et ferme facilitatem significat, quia sunt aduerbia aestimationis. 4 invenias virvm secundam pro tertia persona posuit, pro inueniat quis uel inuenire quis possit, ut Vergilius « migrantis c.cernas t.totaque e.ex u.urbe r.ruentis 248 ».
1 fidelem havd ferme elle préfère dire fidelem que fidum (fidèle) ; il aurait en effet été plus correct de dire fidum 689. 2 ferme mis pour facile (facilement). 3 Et ferme signifie la facilité, car ce sont des adverbes d'estimation. 4 invenias virvm il met la seconde personne pour la troisième, au lieu de inueniat quis (on trouverait) ou inuenire quis possit (on pourrait trouver), comme Virgile « migrantis cernas totaque ex urbe ruentis » (on les voit affluer et se précipiter de toute la ville).

461
Si.-ab Andria est ancilla haec. Da.-quid narras ? ita est.
Si.-C'est une servante à l'Andrienne, celle-là ? Da.-Qu'est ce que tu racontes ? Si.-C'est cela.

1 ab andria est ancilla haec simpliciter dixit ab Andria est pro Andriae est, nam ex usu sic dicere solemus. 2 ergo ab andria est hoc est: Andriae est. 3 <An>: Andriae fauet, ut cum dicimus ab illo sto, hoc significamus: "illi faueo, illi accommodo suffragium"?
1 ab andria est ancilla haec il dit simplement ab Andria est pour Andriae est (elle est à l'Andrienne), de fait, dans l'usage, nous disons d'ordinaire ainsi. 2 Donc ab andria est veut dire : Andriae est (elle est à l'Andrienne). 3 <Ou alors est-ce>: Andriae fauet (elle est du côté de l'Andrienne), comme quand, disant ab illo sto (je suis de son côté), nous voulons dire : "je l'appuie, je lui donne mon suffrage" ?

462
My.-sed hic Pamphilus... Si.-quid dicit ? My.-firmauit fidem. Si.-hem.
My.-Mais notre Pamphile... Si.-Que dit-elle ? My.-a bien tenu sa parole. Si.-Hein !

1 sed hic pamphilvs semper sed contrariae sententiae significatio est. 2 Et bene hic, ut ostendat de illo fuisse sermonem. 3 hem interiectio est accipientis uerba et admirantis.
1 sed hic pamphilvs sed a toujours un sens d'opposition. 2 Et hic est bien, pour montrer qu'on parlait de lui. 3 hem interjection de quelqu'un qui perçoit des mots et s'en étonne.

463
Da.-utinam aut hic surdus aut haec muta facta sit !
Da.-Si seulement celui-ci était sourd et celle-là devenait muette !

1 vtinam avt hic svrdvs comice et facete: aut hic surdus qui audire non possit, aut haec muta quae dicere non possit. 2 avt hic s.svrdvs a.avt h.haec m.mvta <f.facta s.sit> σύλλημψις per genera.
1 vtinam avt hic svrdvs dans la manière des comiques et amusant : ou bien hic surdus en sorte qu'il ne puisse entendre, ou alors haec muta en sorte qu'elle ne puisse parler690. 2 avt hic svrdvs avt haec mvta <facta sit> syllepse (σύλλημψις) de genre691.

464
My.-nam quod peperisset iussit tolli. Si.-o Iuppiter,
My.-Car il a donné l'ordre de faire reconnaître l'enfant dont elle accoucherait. Si.-O Jupiter,

1 ivssit tolli haec est fides. 2 <ivssit tolli id est>: "suscipi". legitimos filios faciunt partus et sublatio: matris est parere, patris tollere. 3 ivppiter qvid ego avdio bene rursus adducitur ad desperationem senex Mysidis uerbis.
1 ivssit tolli c'est cela que désigne fides 692. 2 <ivssit tolli c'est à dire> "être reconnu". Pour rendre un enfant légitime il faut une naissance et une reconnaissance : c'est à la mère que revient la naissance, au père l'action de tollere (la reconnaissance)693. 3 ivppiter qvid ego avdio c'est bien que le vieillard soit ramené au désespoir par les paroles de Mysis.

465
quid ego audio ? actum est, siquidem haec uera praedicat.
qu'entends-je ! C'en est fait si du moins elle dit vrai.

1 actvm est in summa rerum desperatione ponitur144 actum est, ilicet, peristi. 2 haec res secundum ius ciuile dicitur, in quo cauetur, ne quis rem actam apud iudices repetat. sic ipse in Phormione « actum aiunt ne agas 249 ».
1 actvm est quand on désespère totalement d'une situation on met actum est, ilicet, peristi. 2 Cela est dit selon le droit civil dans lequel on veille à ce que nul ne ramène devant les juges une chose jugée694. Ainsi lui-même dans le Phormion : « actum aiunt ne agas ».

466
Le.-bonum ingenium narras adulescentis. My.-optimum
Le.-C'est un bien bon jeune homme celui dont tu parles. My.-Excellent.

bonvm ingenivm narras advlescentis ingenium naturam.
bonvm ingenivm narras advlescentis ingenium veut dire natura (le naturel).

467
sed sequere me intro, ne in mora illi sis. Le.-sequor.
Mais suis-moi dans la maison pour qu'elle n'attende pas. Le.-Je te suis.

468
Da.-quod remedium nunc huic malo inueniam ? Si.-quid hoc ?
Da.-Quel remède maintenant trouver à ce mal ? Si.-Qu'est-ce à dire ?

qvid hoc secum senex ἐλλειπτικῶς, deest enim rei est.
qvid hoc le vieillard pour lui-même695 ; de manière elliptique (ἐλλειπτικῶς), il manque en effet rei est.

469
adeon est demens ? ex peregrina ? iam scio : ah
Serait-il assez fou ?... D'une étrangère ?... Je sais ! Ah !

1 adeon est demens ex peregrina ἔλλειψις per ἀποσιώπησιν apta cogitanti. reliquum autem sic pronuntiat quasi reperto consilio. 2 Et bene adeo, quia iam demens est, quod amat. 3 ex peregrina id est ex meretrice; mulieres enim peregrinae inhonestae ac meretrices habebantur. sic ipse alibi « Samia mihi m.mater f.fuit, ea h.habitabat R.Rhodi 250 » et seruus « potest taceri hoc 251 ». quid est potest taceri hoc? meretricem habuisse matrem uerisimile est. 4 ex peregrina ἀποσιώπησις, deest enim ut filium suscipiat aut aliquid tale.
1 adeon est demens ex peregrina ellipse (ἔλλειψις) par aposiopèse (ἀποσιώπησις) qui convient bien à qui est en train de réfléchir. Le reste, en revanche, il le prononce comme s'il avait trouvé une idée. 2 Et adeo est bien, car il est déjà demens parce qu'il est amoureux. 3 ex peregrina c'est à dire ex meretrice (de la courtisane) ; en effet les femmes étrangères étaient tenues pour des femmes sans vertu et des courtisanes. Ainsi lui-même ailleurs : « Samia mihi m. f., ea h. R. » et l'esclave : « potest taceri hoc ». Que veut-dire potest taceri hoc ? Il est vraisemblable que sa mère était courtinsane 696. 4 ex peregrina aposiopèse (ἀποσιώπησις), il manque en effet ut filium suscipiat (pour reconnaître le fils) ou quelque chose de ce genre697.

470
uix tandem sensi stolidus. Da.-quid hic sensisse ait ?
n'avoir pas deviné plus tôt ! Imbécile ! Da.-Qu'est-ce qu'il prétend avoir deviné ?

1 vix tandem s.sensi s.stolidvs pulchro colore uitae inducto poeta ostendit non minus falli suspiciosum, quam qui stultus est; huic enim ueritas fallacia uidetur, dum nimis est acutus ac perspicax. et hoc est, quod ab euentu fingit poeta; non enim in Dauo est sic errare nunc senem. 2 vix tandem sensi stolidvs quinque sunt sensus, quorum duos, uisum et auditum, magis nos sensibiles habemus quam pecora. unde Cicero « non solum uideam, sed etiam audiam planeque sentiam 252 ». 3 <sensi> quasi ad tactum rettulit, quo etiam pecora impelluntur ad sensum. 4 Duabus ergo rebus scimus: aut ratiocinatione aut sensu, quibus maxime praestamus ceteris animalibus. 5 ergo senex se non sensu, non ratione sensisse ait, sed ueluti calcaribus et stimulis punctum.
1 vix tandem sensi stolidvs en introduisant la belle couleur de la vie le poète montre que l'on ne trompe pas moins le suspicieux que celui qui est idiot ; celui-là en effet prend la vérité pour fausseté en étant trop affuté et perspicace. Et c'est ce qu'imagine le poète en raison du dénouement ; en effet il ne dépend pas de Dave que le vieillard se trompe maintenant ainsi698. 2 vix tandem sensi stolidvs il y a cinq sens dont deux, la vue et l'ouïe, sont chez nous plus sensibles que chez les animaux. D'où Cicéron : « non solum uideam, sed etiam audiam planeque sentiam » (non seulement que je le voie, mais encore que je l'entende et que je le perçoive clairement). 3 <sensi> il se rapporte pour ainsi dire au toucher, qui conduit même les animaux à sentir. 4 Donc il faut deux choses pour savoir : du raisonnement ou de la sensation, deux éléments par lesquels nous l'emportons principalement sur tous les autres êtres animés. 5 Donc le vieillard dit qu'il n'a pas senti par le sens ni par la raison, mais qu'il a été comme piqué par des éperons et des aiguillons.

471
Si.-haec primum adfertur iam mihi ab hoc fallacia :
Si.-C'est la première fourberie qu'il me fait celui-là,

1 haec primvm adfertvr iam mihi satis se sagacem senex ostendit, quando ipsa principia inceptionesque comprehendit. 2 haec primvm bene primum quasi ex multis, quas parauerat Dauus.
1 haec primvm adfertvr iam mihi le vieillard se montre assez sagace, puisqu'il saisit les tenants mêmes de l'affaire et ce qui a été mis en route. 2 haec primvm primum est bien pour dire 'parmi les nombreuses fourberies que Dave a préparées.

472
hanc simulant parere, quo Chremetem absterreant.
il fait croire qu'elle accouche, pour faire peur à Chrémès.

qvo chremetem quo qua re.
qvo chremetem quo équivaut à qua re.

473
Le.-(intus) Iuno Lucina, fer opem, serua me, obsecro.
Gly.-(hors-scène) Junon Lucine, secours-moi, sauve-moi, je t'en conjure.

1 ivno lvcina Iuno ab iuuando dicta145 , Lucina ab eo, quod in lucem producat. 2 ivno lvcina Iunonis filia, Graece Εἰλείθυια. Latini Nixos dicunt. 3 Et gemina uota sunt: ut et partus et pariens seruetur, nam fer opem propter partum, serua me propter parientem dicitur. 4 ivno lvcina f.fer o.opem s.serva m.me o.obsecro nota hoc uersu totidemque uerbis uti omnes puerperas in comoediis nec alias induci loqui in postscaenio146, nam haec uox post scaenam tollitur. 5 fer opem propter quod Lucina est. inde opstetrix, quod opem tulerit. 6 serva me obsecro obstetriciam hanc potestatem Iunoni attribuit, quamquam illam Menander Dianam appellet et hoc sentiat in Bucolicis Vergilius.
1 ivno lvcina le nom Junon vient de iuuare 699, Lucina vient du fait qu'elle fait venir in lucem (à la lumière)700. 2 ivno lvcina fille de Junon, en grec Εἰλείθυια. Les Latins les appellent Nixi 701. 3 Et il y a deux sortes de vœux : que les dieux protègent et l'accouchement et celle qui accouche, de fait la formule fer opem se dit à cause de l'accouchement, la formule serua me à cause de celle qui accouche. 4 ivno lvcina fer opem serva me obsecro notez que c'est à ce vers et à ces mêmes mots qu'on a recours dans toutes les naissances de comédie et qu'il n'y a aucun autre moment où l'on représente quelqu'un qui parle depuis l'arrière-scène ; de fait, cette parole est proférée derrière la scène. 5 fer opem parce que c'est Lucine, ensuite opstetrix, parce qu'elle porte ops (secours)702 . 6 serva me obsecro il rapporte ce pouvoir d'obstetrix à Junon, bien que Ménandre l'appelle Diane et que ce soit aussi l'avis de Virgile dans les Bucoliques.

474
Si.-hui tam cito ? Ridiculum : postquam ante ostium
Si.-Fi ! si vite ? grotesque ! Comme devant sa porte

1 hvi tam cito tam cito, ut felicitatem partus ostendat incredibilem. 2 tam cito ad reprehensionem, ridicvlvm ad irrisionem. 3 Et inspice ridicvlvm, aduerbium sit an nomen, ut sit: uide hominem ridiculum. sed aduerbium magis est.
1 hvi tam cito tam cito, pour montrer l'incroyable chance que constitue l'accouchement703. 2 tam cito pour faire un reproche, ridicvlvm pour se moquer. 3 Et examinez ridicvlvm, pour savoir si c'est un adverbe ou un nom, pour avoir : uide hominem ridiculum (vois cet homme ridicule)704. Mais c'est plutôt un adverbe.

475
me audiuit stare, adproperat. non sat commode
elle a appris que j'étais, elle se dépêche. Ce n'est pas assez bien

1 non sat commode divisa svnt temporibvs "confusa tibi sunt", inquit, "omnia nec unum quidque suo tempore geritur, qua re proderis". 2 non sat non satis. 3 divisa svnt: digesta et composita et distributa. 4 temporibvs: id est per tempora.
1 non sat commode divisa svnt temporibvs "tu as tout confondu", dit-il, "et rien ne se passe en son temps, ce qui te trahit". 2 non sat équivaut à non satis. 3 divisa svnt digesta (réparties), composita (organisées) et distributa (distribuées). 4 temporibvs c'est-à-dire per tempora (selon les moments).

476
diuisa sunt temporibus tibi, Daue, haec. Da.-mihin ?
avoir réparti dans le temps, Dave, ces actions. Da.-Moi !

1 mihin adhuc Dauus non percipit. 2 Et bene, quasi dicat: "cum ille loquatur, illae agant". 3 mihin nvm inmemores discipvli discipuli Mysis, Lesbia et Pamphilus: omnes, per quos agitur fallacia. bene ergo discipulos imperitos ostendit et magistrum Dauum, quia supra dixit « tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum 253 ». alii hic Pamphilum significari putant discipulum, quia Dauus magister; <nam> nomen est ad aliquid discipulus, ut magister. 4 Et nunc discipvli genetiuus singularis est casus. alii nominatiuum pluralem putant, ut discipulos dixerit omnes, per quos agitur fallacia, secundum illud « tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum254 ».
1 mihin Dave ne saisit pas encore. 2 Et c'est bien tourné, comme s'il disait : "pendant que, lui, il parle, qu'elles, elles agissent". 3 mihin nvm inmemores discipvli les discipuli sont Mysis, Lesbie et Pamphile : tous ceux par l'intermédiaire de qui se réalise la fourberie. Il montre donc bien que les élèves sont incompétents et que le maître est Dave, parce qu'il a dit plus haut : « tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum ». D'autres pensent qu'ici le mot discipulus désigne Pamphile, parce que Dave est son maître ; <de fait> discipulus est un nom relatif, comme magister 705. 4 Et, dans ce cas, discipuli est un génitif singulier706 . D'autres en font un nominatif pluriel en sorte qu'il parle de discipuli pour tous ceux par l'intermédiaire de qui se réalise la fourberie, selon cette réplique : « tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum ».

477
Si.-num inmemores discipuli ? Da.-ego quid narres nescio.
Si.-Est-ce que tes élèves auraient perdu la mémoire ? Da.-Je ne sais ce que tu racontes.

1 ego qvid narres nescio quasi fabulam. 2 nvm inmemores discipvli deest nunc. 3 Et bene discipvli, quia ipsum « magistrum 255 » supra fecit. 4 ego qvid n.narres n.nescio semper ita respondet Dauus seni, tamquam non intellegat, quid loquatur.
1 ego qvid narres nescio comme si c'était des histoires. 2 nvm inmemores discipvli il manque nunc. 3 Et c'est bien de dire discipvli, car il a fait de lui un « maître » plus haut. 4 ego qvid narres nescio Dave répond toujours au vieillard comme s'il ne comprenait pas de quoi il parle.

478
Si.-hicine 989 me si imparatum990 in ueris nuptiis
Si.-Si celui-là, à l'improviste et dans un vrai mariage,

hicine me si imparatvm redit ad illam sententiam « simul sceleratus Dauus si quid consilii habet, ut consumat nunc 256 ».
hicine me si imparatvm il revient en même temps à cette idée : « simul sceleratus Dauus si quid consilii habet, ut consumat nunc 444 ».

479
adortus esset, quos mihi ludos redderet !
m'avait attaqué, comme il m'aurait fait danser !

1 adortvs esset adortus dicitur, qui ex insidiis repente inuadit: dictum ab eo, quod corpora aggredientium exsurgant subito atque increscant. 2 adortvs aggressus.
1 adortvs esset on dit adortus pour celui qui, sortant d'un piège, attaque tout soudain : cela vient du fait que le corps des assaillants se dresse soudain et grandit. 2 adortvs commeaggressus 707.

480
nunc huius periclo fit, ego in portu nauigo.
Maintenant, c'est à ses risques et périls ; moi je navigue dans le port.

ego in p.portv na.navigo haec ex translatione maris sunt dicta μεταφορικῶς.
ego in portv navigo ces propos sont tirés d'une métaphore marine (μεταφορικῶς).

scaena altera

DauusSimoLesbia

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481
Le.-adhuc, Archylis, quae adsolent quaeque oportent
Le.-Jusqu'à présent, Archylis, tout ce que d'ordinaire, il faut

1 adhvc archylis qvae ads.adsolent qq.qvaeqve o.oportent specta in hac scaena, quam scite expressa sit consuetudo medici uel medicae egredientis ex aegri domo: nam ueniens de negotiis eius loquitur, abiens de morbo. et haec sunt praeter οἰκονομίαν quae dicuntur εὑρήματα. 2 adhvc arc.archylis sic ueteres scribebant adhuc, quando incerti futurarum rerum ex praesentibus firmum intimabant, quod est genus cautissimae promissionis et certae. 3 adhvc arc.archylis q.qvae ads.adsolent medicina aut in ratione est aut in consuetudine et in exemplis. adsolent ergo consuetudinis est, oportent rationis. 4 Et sunt qui adhuc Archylis correptionem esse nimium sollicitae nutricis putent, quod ego non probo.
1 adhvc archylis qvae adsolent qvaeqve oportet voyez dans cette scène présentées aussi habilement que possible les paroles habituelles du médecin ou de la sage-femme sortant de la maison d'un personnage malade : en effet en arrivant, ce ou cette dernière parle de la situation du malade et en sortant de sa maladie. Et ces paroles qui sortent du strict agencement de l'intrigue (οἰκονομία) sont appelées des trouvailles (εὑρήματα). 2 adhvc archylis les anciens employaient ainsi adhuc quand, bien qu'ils fussent incertains des événements à venir, ils voulaient présenter une information comme assurée au vu des éléments présents, ce qui est une forme de promesse absolument sûre et certaine. 3 adhvc archylis qvae adsolent la médecine repose soit sur le raisonnement soit sur l'habitude et les exemples. Ainsi adsolent relève de l'habitude tandis que oportent relève de la raison. 4 Et il y a des gens pour penser que adhuc Archylis est un reproche de la part de la nourrice qui a été trop inquiète, mais je ne suis pas de cet avis.

482
signa esse ad salutem, omnia huic esse uideo.
comme signe d'heureuse délivrance, je le vois chez elle.

1 signa esse ad salvtem deest haerentia aut pertinentia. sic in Heautontimorumeno « atque haec sunt ad uirtutem omnia 257 ». 2 absolute ergo dixit, ut desit aliquid tale. unde et nos dicimus quid ad rem? uel quid ad me?
1 signa esse ad salvtem il manque haerentia (inhérents) ou pertinentia (caractéristiques). Comme dans l'Héautontimorouménos : « atque haec sunt ad uirtutem omnia » (tout cela au nom de la vertu). 2 Il fait donc un construction détachée, en sorte qu'il manque quelque chose de cet ordre-là708 . D'où nous aussi nous disons quid ad rem ? (qu'est-ce que cela fait ?) ou bien quid ad me ? (que m'importe ?).

483
nunc primum fac ista ut 991 lauet ; post<e> deinde,
Maintenant la première chose à faire est de lui donner un bain; après cela

1 nvnc primvm fac ista vt lavet imperitiae notantes Menandrum aut Terentium ipsi ultro imperiti inueniuntur, nam et ille « λούσατ᾽ αὐτήν258 » dicens a consuetudine non recessit, cum lauisse sexum lauisse pro parte totum significans 147, et Terentius propius ad significationem accessit ista dicendo, ne pudenda nominaret. 3 fac ista vt lavet ista quae ex puerperio sordebant. quidam ista ipsam puerperam dicunt — sic enim et Menander « λούσατ᾽ αὐτήν αὐτίκα259 » — sed imperitiae accusantur, quod non continuo solent post puerperium lauare, sed diebus omissis.
1 nvnc primvm fac ista vt lavet ceux qui blâment Ménandre ou Térence en les accusant d'incompétence dénoncent en fait leur propre incompétence, car Ménandre qui dit « λούσατ᾽ αὐτήν » ne s'est pas écarté de l'usage traditionnel en signifiant avec le verbe lauisse 709 "lui laver les parties génitales", en utilisant le tout pour la partie, et Térence a utilisé cette acception de façon particulièrement appropriée en disant ista, pour ne pas dire le nom de parties honteuses. 3 fac ista vt lavet ista c'est-à-dire les humeurs répugnantes de l'accouchement. Certains disent que ista désigne l'accouchée elle-même – c'est ainsi en effet que l'on retrouve aussi chez Ménandre « λούσατ᾽ αὐτήν αὐτίκα » – mais on les taxe d'incompétence parce ce n'est pas aussitôt après l'accouchement qu'on a l'habitude de pratiquer ces ablutions mais après avoir laissé passer quelques jours710.

484
quod iussi dari bibere et quantum imperaui,
vous lui donnerez à boire ce que j'ai ordonné et la dose que j'ai prescrite,

1 qvod ivssi dari bibere et qvantvm imperavi date consuetudine quam ratione dixit pro: date ei potionem. Lucilius in quinto « da bibere <a> summo 260 ». 2 dari bibere <*****> nam duo uerba iniuncta nullum habent significatum sine nomine aut pronomine, ut si dicas dic facere. 3 qvod ivssi dari bibere et q.qvantvm i.imperavi et qualitatem et modum rei dixit.
1 qvod ivssi dari bibere et qvanvm imperavi date elle dit cela plus sous l'effet de l'usage que de la règle : date bibere. Comme Lucilius dans le cinquième livre : « da bibere <a> summo » (donne-leur à boire en commençant par le lit du haut)711. 2 dari bibere <*****> en effet deux verbes adjoints n'ont aucune signification sans un nom ou un pronom, comme si on disait dic facere (dis defaire)712. 3 qvod ivssi dari bibere et qvantvm imperavi elle indique à la fois la nature et les proportions du breuvage.

485
date ; mox ego huc reuertor.
donnez-la lui. Je reviens dans un moment.

mox ego hvc r.revertor uide ut auctoritatem et iactantiam medicorum imitetur dicendo quod iussi; et non sufficiebat, sed etiam imperaui dixit. simul haec dicit, quae solent medici promittere frequenter mox ego huc reuertor.
mox ego hvc revertor notez comme elle imite l'autorité et la suffisance des médecins lorsqu'elle dit quod iussi. Et comme si cela ne suffisait pas, elle a aussi ajouté imperaui. Et en même temps elle dit ce que les médecins ont souvent l'habitude de promettre, mox ego huc reuertor.

486
per ecastor scitus puer est natus Pamphilo.
Par Castor, le voilà père d'un mignon petit garçon, ce Pamphile.

1 scitvs pver est satis obstetrici est adhuc incertum aeui, ut ita dicam, et a matre sanguinulentum non pulchrum — quod ipsum nimium uideretur — cito dicere, sed scitum pronuntiat. 2 ideo subblanditur, ut operae pretium maius accipiat. 3 per ecastor per Castorem et Pollucem ornatiua sunt iurandi apta feminis. 3 Et natvs pamphilo dixit, ut Vergilius « quem Dardanio A.Anchisae a.alma V.Venus Ph.Phrygii 148 g.genuit S.Simoentis a.ad u.undam 261 ». 4 scitvs elegans, pulcher, quem Graeci κομψόν dicunt. quod enim quis scit, hoc scitum et pulchrum est. 5 Et est diaeresis, nam ordo est: perscitus ecastor, ut in Hecyra « per pol quam paucos r.reperias m.meretricibus f.fideles e.euenire a.amatores, S.Syra 262 », ut sit: perquam paucos.
1 scitvs pver est c'est bien le fait d'une accoucheuse que de dire de cet enfant qui n'est pas sûr de vivre pour ainsi dire et qui sort tout sanguinolent du ventre de sa mère non pas tout de go qu'il est pulcher (beau) – ce qui de toute évidence serait trop -, mais elle dit qu'il est scitus (mignon). 2 Elle la flatte un peu dans le but de recevoir une plus grande rétribution pour prix de son travail. 3 per ecastor per Castorem et Pollucem (par Castor et Pollux) sont des jurons qui agrémentent le discours et sont propres aux femmes. 3 Et elle dit natvs pamphilo comme Virgile « quem Dardanio Anchisae alma Venus Phrygii genuit Simoentis ad undam » (celui que pour Anchise le Dardanien Vénus, douce mère, fit naître près de l'onde du phrygien Simoïs !). 4 scitvs elegans (élégant), pulcher (beau) ; les Grecs disent κομψός (beau). En effet ce que l'on sait (scit) est scitus et pulcher (beau) 713 . 5 Et il y a une tmèse car l'ordre des mots est le suivant : perscitus ecastor (très mignon par Castor) comme dans l'Hécyre « per pol quam paucos reperias meretricibus fidelis euenire amatores Syra , pour donner perquam paucos (vraiment très peu)714.

487
deos quaeso ut sit superstes, quandoquidem ipse est ingenio bono,
Que les dieux le lui conservent, puisqu'il est si bon

1 deos qvaeso vt sit svperstes superstes nunc saluus. alias superstites sunt senes et anus, quia aetate multis superstites iam delirant. unde et superstitiosi, qui deos nimis timent, quod est signum deliramenti. 2 qvando qvidem ipse est quando et cum interdum causales sunt coniunctiones. 3 Et qvando pro quoniam et pro quia intellegimus. 4 qvandoqvidem ipse est transit a puero ad ipsum Pamphilum.
1 deos qvaeso vt sit svperstes superstes c'est-à-dire ici saluus (qui est en bonne santé). Ailleurs un vieillard et une vieille femme sont des superstites (survivants) parce qu'ils survivent à beaucoup dans leur génération mais sont désormais gâteux. De là on dit superstitiosi (superstitieux), ceux qui craignent trop les dieux, ce qui est un signe de leur divagation. 2 qvando qvidem ipse est quando et cum (lorsque) sont quelquefois des conjonctions exprimant la cause. 3 Et nous comprenons qvando à la fois comme ayant le sens de quoniam (puisque) et celui de quia (parce que). 4 qvandoqvidem ipse est l'accoucheuse passe de l'enfant à Pamphile lui-même.

488
cumque huic est ueritus optumae adulescenti facere iniuriam.
et qu'il a craint de faire du tort à cette excellente jeune femme !

489
Si.-uel hoc quis non 992 credat, qui te norit, abs te esse ortum 993  ? Da.-quidnam id est ?
Si.-Ce tour-ci, de fait, comment douter quand on te connaît, qu'il ne vienne de toi ? Da.-Quel tour ?

1 vel hoc qvis non credat ironia est. 2 vel modo non est disiunctiua coniunctio, sed pro etiam posita, ut apud Vergilium « uel Priamo miseranda manus263 » et « carmina <uel> c.caelo p.possunt d.deducere l.lunam 264 ». 3 Et bene vel hoc subaudias "exceptis illis", quae reprehendit supra. 4 abs te esse natvm et ortum legitur, ut sit: instructum, commentum et compositum.
1 vel hoc qvis non credat c'est de l'ironie. 2 vel n'est parfois pas une conjonction disjonctive, mais il est mis à la place de etiam (même), comme chez Virgile : « uel Priamo miseranda manus » (et même une pauvre poignée d'hommes que Priam prendrait en pitié) et « carmina uel caelo possunt deducere lunam » (les incantations peuvent même faire descendre du ciel la lune). 3 Et il dit à raison vel hoc on sous-entend "mis à part ces choses qu'il a critiquées ci-dessus". 4 abs te esse natvm on lit aussi ortum (issu de) c'est comme s'il y avait : instructum (organisé), commentum (pensé) et compositum (construit).

490
Si.-non imperabat coram quid opus facto esset puerperae,
Si.-Elle n'a rien ordonné dedans de ce qu'il fallait à l'accouchée ;

1 non imperabat c.coram coram ad certas personas refertur, palam ad omnes. 2 qvid opvs factv esset impersonatiue dicitur opus facto esse. 3 pverperae datiuus casus est: ipsi puerperae coram non imperabat. 4 Et qvid facto opvs esset <p.pverperae> sic enim dicimus quid uis tibi faciam? 5 pverperae omnis, quae peperit149, et non quod puerum, sed quod filium, puerpera dicta. et apud ueteres puer puellus, puera puella. 6 Puerpera πρωτότοκος.
1 non imperabat coram coram (ouvertement) se rapporte à un nombre défini de personnes tandis que palam (publiquement) se rapporte à tout le monde sans distinction715. 2 qvid opvs factv esset on utilise la tournure impersonnelle opus facto esse (il faut agir)716. 3 pverperae est au datif : elle ne prescrivait pas ouvertement à l'accouchée en personne. 4 Et qvid facto opvs esset pverperae 717 en effet on dit aussi quid uis tibi faciam ? (que veux-tu que je fasse pour toi ?). 5 pverperae toute femme qui vient d'accoucher. Ce n'est pas parce qu'elle a eu un enfant mais parce qu'elle a eu un fils qu'on la qualifie de puerpera 718 . Et chez les anciens on disait puer puellus, puera puella 719. 6 Puerpera πρωτότοκος (qui enfante pour la première fois).

491
sed postquam egressa est, illis quae sunt intus clamat de uia
mais dès qu'elle est sortie, à ceux qui sont dedans elle le crie de la rue.

1 illis qvae svnt intvs clamat de via argumentum ex eo quod non factum est, cum fieri oportuerit, et ex eo quod est factum, cum fieri non oportuerit. 2 clamat de via mire clamat, quasi dicat: "maluit clamare quam sine labore intus imperare".
1 illis qvae svnt intvs clamat de via argument par ce qui n'a pas été fait et qui aurait dû être fait et par ce qui a été fait mais qui n'aurait pas dû être fait. 2 clamat de via clamat est étonnant ; c'est comme s'il disait : "elle a préféré crier que donner un ordre sans se fatiguer à l'intérieur".

492
o Daue, itan contemnor abs te ? aut itane tandem idoneus
O Dave, me méprises-tu à ce point ? me crois-tu enfin si facile

1 ο dave itane contemnor hoc est: usque adeone. 2 itan contemnor ualde temnor 150, nam ueteres temnere dicebant sine praepositione. temnor autem Graecum est, id est caedor et reicior. 3 itane tandem indignatio est ad aestimationem reuocantis eius dicta uel facta, <a> quo contemnitur quis. 4 idonevs aptus et huic rei natus.
1 o dave itane contemnor itane vaut pour usque adeone (à ce point). 2 itan contemnor c'est-à-dire ualde temnor (je suis vraiment méprisé), car les Anciens disaient temnere, sans préverbe720 . Temnor est un mot grec qui signifie caedor (je suis coupé), reicior (je suis méprisé) 721 . 3 itane tandem c'est l'indignation de celui qui rapporte au jugement d'autrui722 les paroles et les faits d'un homme qui méprise quelqu'un. 4 idonevs idoneus signifie aptus (apte) et né pour cela.

493
tibi uideor esse quem tam aperte fallere incipias dolis ?
à duper que tu veuilles me tromper si ouvertement ?

aperte fallere δύο δι᾿ ἑνός cito: et fallere et aperte.
aperte fallere c'est un raccourci avec hendiadys (δύο δι᾿ ἑνὸς) : faire d'une part l'action de tromper (fallere) et d'autre part le faire ouvertement (aperte).

494
saltem accurate, ut metui uidear certe, si resciuerim.
Mets-y au moins quelque finesse, pour que j'aie au moins l'air redoutable, si je les découvre.

1 saltem accvrate mire saltem, quod ponitur in desperatione rerum; primum enim fuerat ut ne conareris fallere. 2 saltem accvrate v.vt m.metvi ζεῦγμα a superiore fallere incipias. 3 Aut certe σύλλημψις fallere incipias. 4 certe si resciverim utrum pro cum resciuerim an quia stultum me putas?
1 saltem accvrate saltem est bizarre dans la mesure où il s'applique ici à une situation désespérée. Il aurait fallu d'abord ut ne conareris fallere (n'essaye pas de me tromper). 2 saltem accvrate vt metvi c'est un zeugme (ζεῦγμα) qui part de fallere incipias du vers précédent. 3 Ou du moins il y a syllepse avec fallere incipias 723. 4 certe si resciverim cela est-il mis pour cum resciuerim (puisque je l'aurais appris) ou pour quia stultum me putas (parce que tu me prends pour un imbécile) ?

495
Da.-certe hercle nunc hic se ipsus fallit, haud ego. Si.-edixi 994 tibi,
Da.-Pour le coup, si quelqu'un le trompe à présent, c'est lui-même, ce n'est pas moi. Si.-Ne t'ai-je pas prévenu ?

1 certe hercle nvnc hic se i.ipsvs f.fallit h.havd e.ego hoc ita dixit, ut audiat spectator, non ut Simo. 2 edixi tibi hic illud reddit « edico tibi, ne temere facias265 ».
1 certe hercle nvnc hic se ipsvs fallit havd ego il dit cette réplique pour se faire entendre du public sans se faire entendre de Simon. 2 edixi tibi il renvoie à la réplique « edico tibi ne temere facias ».

496
interminatus sum ne faceres ? num ueritus ? quid retulit 995  ?
Ne t'ai-je défendu sévèrement d'agir ? En as-tu tenu compte ? Qu'y as-tu gagné ?

1 interminatvs svm ne f.faceres pro minatus sum. Plautus in Aulularia « interbibere sola si ui.uino 266 ». 2 nvm veritvs ueretur liber, metuit seruus151. alibi « nοn simultatem meam reuereri267 ». 3 Et deest es: apta ἔλλειψιςirascenti. 4 qvid retvlit retulit profuit uel interfuit. et producit re syllabam. 5 Et est sensus: "sic contempsisti, quasi tibi non comminatus sim".
1 interminatvs svm ne faceres interminatus sum pour minatus sum (je t'ai mis en garde). Cf. Plaute dans l'Aululaire : « interbibere sola si ui<no scatat> » (écluser toute seule, s'il en coulait du vin)724. 2 nvm veritvs uereor se dit du point de vue d'un homme libre, metuo (craindre), d'un esclave725. Ailleurs il dit « non simultatem meam reuereri ». 3 Et il manque es : ellipse (ἔλλειψις) propre à caractériser la colère. 4 qvid retvlit retulit signifie profuit (il a été utile) ou interfuit (il a été avantageux). Et il allonge la syllabe re 726 . 5 Et le sens est : "tu m'as pris de haut, comme si je ne t'avais pas mis en garde".

497
credon tibi hoc nunc, peperisse hanc e Pamphilo ?
M'as-tu fait croire qu'elle vient de mettre au monde un enfant de Pamphile ?

498
Da.-teneo quid erret et quid agam habeo. Si.-quid taces ?
Da.-Je tiens son erreur, et je sais ce que j'ai à faire. Si.-Pourquoi ne dis-tu rien ?

1 teneo qvid erret et qvid agam habeo hoc dixit non ut Simo, sed ut spectator audiat. hoc denique senex probat dicens Dauo quid taces? 2 et qvid agam habeo "et quid respondeam scio".
1 teneo qvid erret et qvid agam habeo il dit cette réplique sans se faire entendre de Simon mais pour se faire entendre du public. La preuve en est que le vieillard dit à Dave quid taces ? 2 et qvid agam habeo "et je sais quoi répondre".

499
Da.-quid credas ? quasi non tibi renuntiata sint haec sic fore.
Da.-Que parles-tu de croire ? Comme si on ne t'avait pas prévenu qu'il en serait ainsi !

1 qvid credas propter quid aut propter quam rem aut quomodo [aut propter quid] 152. 2 qvid credas repetit uerbum eius, quod ait « credοn268 »: quare adiuuandum pronuntiatione est. 3 qvasi non tibi renvntiata nuntiata: compositum pro simplici.
1 qvid credas quid vaut pour propter quid (pourquoi) ou propter quam rem (pour quelle raison) ou quomodo (comment). 2 qvid credas il remploie le verbe que Simon venait d'utiliser en disant credon aussi faut-il appuyer l'effet par la prononciation. 3 qvasi non tibi renvntiata équivaut à nuntiata (annoncés) : emploi du composé pour le simple.

500
Si.-mihin quisquam ? Da.-eho an tute intellexti [hoc] adsimularier ? Si.-inrideor.
Si.-On m'a prévenu, moi ? Da.-Allons ! est-ce que tu aurais compris tout seul que c'était faux ? Si.-On se moque de moi.

1 mihin qvisqvam fauet sibi senex in eo, quod se uult perspicacem uideri. 2 eho an tvte eho nunc interiectio est admirantis, alias ad se uocantis, ut « ehodum ad me269 ».
1 mihin qvisqvam le vieillard se fait valoir en ce qu'il veut passer pour un homme perspicace. 2 eho an tvte eho est une interjection admirative ici ; ailleurs, une interjection de quelqu'un qui appelle une autre personne à lui, comme dans « ehodum ad me ».

501
Da.-renuntiatum est ; nam qui istaec tibi incidit suspicio ?
Da.-Tu étais prévenu ; autrement comment ce soupçon te serait-il venu ?

nam qvi istaec qui unde.
nam qvi istaec  qui équivaut à unde (d'où).

502
Si.-qui ? quia te noram. Da.-quasi tu dicas factum id consilio meo.
Si.-Comment ? Parce que je te connaissais. Da.-Autant dire que c'est moi qui ai machiné cela.

1 qvasi tv dicas factvm id c.consilio m.meo dicas pro credas; non enim dicimus nisi quod credimus: ab eo quod sequitur id quod praecedit153. idem alibi « audacter dicito270 » et alibi « faeneratum istud beneficium pulchre tibi dices271 », id est credes, scies, senties. 2 figura μετάλημψις a posterioribus ad priora.
1 qvasi tv dicas factvm id consilio meo dicas est mis pour credas (tu croirais) car nous ne disons que ce que nous croyons : il tire ce qui suit de ce qui précède. De même ailleurs : « audacter dicito » (dis-le donc en toute assurance) et ailleurs « faeneratum istud beneficium pulchre tibi dices », c'est-à-dire credes (tu croiras), scies (tu sauras), senties (tu auras le sentiment)727. 2 C'est la figure dite métalepse (μετάλημψις) : on remonte du conséquent à l'antécédent.

503
Si.-certe enim scio. Da.-non satis me pernosti etiam qualis sim, Simo.
Si.-J'en suis sûr. Da.-Tu ne sais pas encore bien quel genre d'homme je suis, Simon.

non satis me pernosti etiam qvalis sim simo etiam pro adhuc, ut Vergilius « Idaeumque etiam c.currus, e.etiam a.arma t.tenentem 272 ».
non satis me pernosti etiam qvalis sim, simo etiam équivaut à adhuc (encore), comme chez Virgile : « Idaeumque etiam currus, etiam arma tenentem » (Idéus qui tenait encore son char, qui tenait encore ses armes).

504
Si.-egone 996 te ? Da.-sed si quid tibi narrare occepi, continuo dari
Si.-Moi ! je ne te... ? Da.-Je n'ai pas commencé à te raconter quelque chose

1 egone te duobus istis pronominibus ostendit senex omnia se scire. 2 sed si qvid tibi narrare occepi occepi melius quam incepi. dicitur ab occipitio; est enim occepi quasi caput rei institui.
1 egone te avec ces deux pronoms, le vieillard montre qu'il sait tout. 2 sed si qvid tibi narrare occepi occepi est meilleur que incepi (j'ai commencé)728. Le mot vient d'occipitium (arrière de la tête) ; car occepi se comprend comme caput rei institui (j'ai mis en tête le principal)729.

505
tibi uerba censes. Si.-falso ! Da.-itaque hercle nil iam mutire audeo.
que tu t'imagines qu'on te raconte des histoires. Si.-J'ai tort ! Da.-Aussi, par Hercule, je n'ose plus dire un mot.

1 falso potest et εἰρωνικῶς falso pronuntiari, potest et falso loqueris dici, ut « falso queritur de n.natura s.sua g.genus h.humanum 273 ». 2 Et uocalitatis causa sic dixit, ut sedulo optato certo, quam false sedule optate certe. 3 nihil iam mvtire Ennius « nec dico nec facio <mu>274 », — unde et mutos dicimus, — quod Graeci φθέγγεσθαι.
1 falso on peut tout aussi bien dire falso, sur le mode ironique (εἰρωνικῶς), que dire falso loqueris (tu parles à tort), comme : « falso queritur de natura sua genus humanum » (c'est à tort que le genre humain se plaint de sa nature). 2 Et c'est une prononciation euphonique, comme sedulo (franchement), optato (à mon gré), certo (assurément), plutôt que false sedule, optate, certe. 3 nihil iam mvtire Ennius : « nec dico nec facio mu » (je ne dis rien, je ne souffle mot), — d'où l'adjectif mutus (muet) 730  —, ce pour quoi les Grecs disent φθέγγεσθαι (émettre un son).

506
Si.-ego unum hoc scio, neminem 997 peperisse hic. Da.-intellexti ;
Si.-Ce que je sais bien, c'est que personne n'a accouché ici. Da.-Tu as compris.

1 ego vnvm hoc scio neminem neminem dicendo maiorem confirmationem fecit: non solum Glycerium non peperisse, sed neminem. 2 Et hic dicendo ostendit domum. 3 Et est neminem nullum hominem. 4 Et nota in feminino genere etiam neminem positum.
1 ego vnvm hoc scio neminem en disant nemo (personne), il renforce la confirmation : non seulement Glycère n'a pas accouché, mais personne d'autre non plus. 2 Et en disant hic, il désigne la maison731. 3 Et nemo est mis pour nullus homo (aucun être humain). 4 Et notez que nemo vaut aussi pour le féminin732.

507
sed nilo setius referetur mox huc puer ante ostium.
Mais on n'en va pas moins bientôt apporter un enfant ici devant ta porte.

1 referetvr mox hvc pver ante ostivm pro feretur. 2 hvc quasi nobis.
1 referetvr mox hvc pver ante ostivm referetur est mis pour feretur (on te l'apportera). 2 hvc pour ainsi dire nobis (à nous)733.

508
id ego iam tibi renuntiabo, ere 998 , futurum, ut sis sciens,
Je te préviendrai désormais, maître, de ce qui arrivera, pour que tu le saches bien

1 id ego iam tibi renvntiabo fingit se prodere id, quod ipse facturus est, ut non credat senex ab illo fieri, quod praedixit fore. 2 id ego iam tibi renvntiabo ere fvtvrvm re syllaba apud ueteres interdum abundat, ut modo154 et Cicero « renuntiatur mihi275 ». 3 renvntio pro nuntio. 4 renvntio quasi secretum consilium, ut supra « renuntiatum est276 ».
1 id ego iam tibi renvntiabo il feint de révéler ce qu'il s'apprête à faire lui-même, de sorte que le vieillard n'ait pas l'impression qu'il est lui même à l'origine de ce dont il a prédit la réalisation. 2 id ego iam tibi renvntiabo ere fvtvrvm la syllabe re‑ est parfois superflue chez les Anciens, comme on l'a vu à l'instant734 et comme dans Cicéron : « renuntiatur mihi445 » (la chose m'est signalée). 3 renvntio est mis pour nuntio. 4 renvntio se dit d'un projet secret, comme plus haut : « renuntiatum est. »

509
ne tu hoc [mihi] posterius dicas Daui factum consilio aut dolis.
et que tu ne viennes pas dire plus tard que c'est un tour, une fourberie de Dave.

davi factvm consilio avt dolis commodius et magna cum inuidia dixit Daui, quam si meo dixisset, ut Vergilius, cum Turnus incusaretur, ait « nulla mora in Turno277 ».
davi factvm consilio avt dolis en disant Daui (le plan de Dave) plutôt que meo (mon plan), il parle avec plus d'à-propos et une grande hostilité735, comme chez Virgile quand on accuse Turnus et qu'il répond : « nulla mora in Turno » (aucun délai chez Turnus).

510
prorsus a me opinionem hanc tuam esse ego amotam uolo.
Je veux absolument t'ôter l'opinion que tu as de moi.

1 prorsvs a me opinionem prorsus quasi porro uersus, quod Graeci dicunt μακράν. 2 prorsvs <quidam prorsus> pro uere positum putant, ego pro eo quod est omnino. sunt qui coniunctionem uelint esse. 3 opinionem tvam hanc hanc tuam cum taedio eius dixit, hoc est: "nimis molestam, nimis suspicacem, nimis accusatricem"155. et in Adelphis « iam uero omitte, Demea, tuam istam iracundiam278 ». 4 Sic dixit hanc tvam, ut ille de apibus « uere suo279 » et « solemque suum, s.sua s.sideran.norunt 280 ».
1 prorsvs a me opinionem prorsus (absolument) vaut pour porro uersus (tourné au loin), ce qui se dit en grec μακράν (loin, longtemps)736. 2 prorsvs certains pensent que prorsus est mis pour uere (vraiment), moi je suis d'avis qu'il vaut omnino (tout à fait). Certains sont d'avis d'en faire une conjonction. 3 opinionem tvam hanc il prononce hanc tuam avec dégoût pour lui, comme s'il disait : "ton avis trop hostile, trop soupçonneux, trop accusateur". Et dans les Adelphes : « iam vero omitte, Demea, tuam istam iracundiam ». 4 Il dit hanc tvam comme le Poète, parlant d'abeilles, dit : «  uere suo » (leur printemps) et « solemque suum sua sidera norunt » (ils connaissent leur propre soleil, leurs propores astres)737.

511
Si.-unde id scis ? Da.-audiui et credo : multa concurrunt simul
Si.-D'où sais-tu cela ? Da.-Je l'ai entendu dire et je le crois. Plusieurs raisons concourent

1 avdivi et credo locus communis, an famae credendum sit. 2 bene subiunxit credo: non enim audisse statim credere est. 3 mvlta concvrrvnt simvl qvi coniectvram hanc restat enim, ut multis concurrentibus signis una coniectura confletur.
1 avdivi et credo lieu commun : faut-il croire à la rumeur ? 2 Il a bien fait d'ajouter credo, car avoir entendu dire ce n'est pas croire aussitôt. 3 mvlta concvrrvnt simvl qvi coniectvram hanc de fait il reste, à partir de ce faisceau d'indices concordants, à combiner une seule conjecture.

512
qui coniecturam hanc nunc facio. iam primum 999 haec se ex Pamphilo
à me le faire supposer. D'abord elle s'est dite

1 iam primvm haec se ex pamphilo a falso concepit, secundum quod credit, senex. 2 Et a summo ad imum et ex factis et ex dictis et ex rebus atque personis sumit argumenta.
1 iam primvm haec se ex pamphilo le vieillard échafaude un plan sur un mensonge, en fonction de ce qu'il croit. 2 Et il choisit ses arguments dans un ordre décroissant d'importance, c'est-à-dire à partir des faits, des paroles, des événements et des personnages738 .

513
grauidam dixit esse : inuentum est falsum. nunc, postquam uidet
enceinte de Pamphile; cela s'est trouvé faux. Aujourd'hui qu'elle voit

postqvam videt nvptias domi parari eleganter omisit, in cuius domo.
postqvam videt nvptias domi parari avec élégance il ne précise pas dans la maison de qui.

514
nuptias domi parari 1000 , missa est ancilla ilico
faire chez nous des préparatifs de noces, vite elle envoie une servante

missa est ancilla ilico quod Graeci dicunt αὐτόθεν, αὐτῇ, αὐτοῦ; nam loci significatio est, etiam breuitatem temporis notans.
missa est ancilla ilico ilico correspond au grec αὐτόθεν (d'ici), αὐτῇ (par ici), αὐτοῦ (ici) ; car il il a une valeur locale même s'il connote aussi l'instantanéité739.

515
obstetricem accersitum ad eam et puerum ut adferret simul.
appeler la sage-femme et lui dire d'apporter avec elle un enfant ;

516
hoc nisi fit, puerum ut tu uideas, nihil mouentur nuptiae.
car à moins de te faire voir un enfant, il n'y a pas moyen de déranger le mariage.

1 nihil moventvr nvptiae non perturbabuntur nuptiae. 2 moventvr differuntur.
1 nihil moventvr nvptiae "les noces ne seront pas perturbées". 2 moventvr vaut pour differuntur (elles sont différées).

517
Si.-quid ais ? cum intellexeras
Si.-Que dis-tu là ? Quand tu t'es aperçu

qvid ais cvm intellexeras quaqua se uerteret Dauus, obuium infestumque inuenit senem, et tamen uersute it obuiam et iam comprehensus elabitur.
qvid ais cvm intellexeras où que se tourne Dave, il trouve face à lui un vieillard hostile et pourtant, en fourbe qu'il est, il fait face et, bien que déjà acculé, il s'en tire.

518
id consilium capere, cur non dixti extemplo Pamphilo ?
de ce qu'elle tramait, pourquoi ne l'as tu pas dit tout de suite à Pamphile ?

519
Da.-quis igitur eum ab illa abstraxit nisi ego ? nam omnes nos quidem
Da.-Et qui donc l'a arraché de cette femme, si ce n'est moi ? Car nous tous

1 qvis igitvr evm ab illa abstraxit non frigide intulit dixisse se, sed cum magna asseueratione. 2 Et abstraxit proprie, ut supra « me a Glycerio miserum abstrahat281 » et « diuellimur inde Iphitus et P.Pelias m.mecum 282 ». 3 qvis igitvr evm hoc sic audiendum est, quasi dicat dixi.
1 qvis igitvr evm ab illa abstraxit ce n'est pas sans marquer d'émotion qu'il prétend avoir parlé, mais avec un puissante affirmation catégorique740. 2 Et abstraxit est au sens propre, comme ci-dessus : « me a Glycerio miserum abstrahat  ; et : « diuellimur inde Iphitus et Pelias mecum » (nous en sommes tirés Iphitus, Pélias et moi). 3 qvis igitvr evm il faut entendre ces mots comme s'il disait dixi (je l'ai dit)741.

520
scimus quam misere hanc amarit : nunc sibi uxorem expetit.
savons bien avec quelle passion il l'aimait. A présent, il ne demande qu'à se marier.

1 qvam misere hanc amarit misere ualde, nimis. 2 nvnc sibi vxorem expetit oratorie pro eo quod non recusat, expetit.
1 qvam misere hanc amarit misere vaut pour ualde (beaucoup), nimis (trop). 2 nvnc sibi vxorem expetit expetit est un moyen oratoire de dire non recusat (il ne refuse pas).

521
postremo id mihi da negoti ; tu tamen[i]dem has nuptias
Charge-moi donc enfin de cette affaire. Toi cependant, à ce mariage

1 postremo id mihi da negoti de proiectione pueri pro foribus. 2 tv tamen idem idem abundat. 3 apud ueteres tamenidem integrum fuit, unde apud nos et tandem et tamen natum est. sic et identidem <iterum> iterumque dictum. 4 tv tamen idem tamen idem aut pro tamen positum est aut pro tandem, ut <sit: « tu tandem has nuptias> perge facere ita ut facis283 »157. 5 tv tamen idem has nvptias ut caueatur ab appositione pueri ante ostium.
1 postremo id mihi da negoti il parle de l'exposition du bébé devant la porte. 2 tv tamen idem idem est superflu. 3 Chez les Anciens, tamenidem 742 était en un mot, d'où nous avons tiré à la fois tandem (enfin) et tamen (pourtant). De même on a identidem qui signifie encore et encore. 4 tv tamen idem tamen idem est mis soit pour tamen soit pour tandem, pour avoir : « tu tandem has nuptias perge facere ut facis ». 5 tv tamen idem has nvptias il faut veiller à empêcher l'exposition du bébé sur le seuil.

522
perge facere ita ut facis, et id spero adiuturos deos.
continue à travailler , comme tu fais, et j'espère que les dieux nous aideront.

523
Si.-immo abi intro : ibi me opperire et quod parato opus est para.
Si.-Rentre plutôt ; attends-moi là bas et prépare ce qui est nécessaire.

qvod parato opvs est para diserte et Latine dixit quod parato opus est.
qvod parato opvs est para quod parato opus est c'est bien dit et en bon latin.

524
non inpulit me haec nunc omnino ut crederem ;
Il ne m'a pas amené à croire tout à fait son histoire,

1 non impvlit me haec nvnc omnino vt crederem non impulit non persuasit, non perfecit, "ut crederem Glycerium peperisse". 2 Et cum dicit omnino, ostendit quaedam se credidisse, in quibusdam iam esse circumuentum. mire autem cautum capi inducit senem, ut crederet, quod Glycerium peperisset.
1 non impvlit me haec nvnc omnino vt crederem non impulit signifie non persuasit (il ne m'a pas convaincu), non perfecit (il n'a pas obtenu) que je croie que Glycère avait accouché. 2 Et quand il dit omnino, il montre qu'il a cru certaines choses et que pour certaines autres il s'est déjà laissé berner. Or il est paradoxal qu'il représente un vieillard sur ses gardes et en même temps se laissant prendre à croire que Glycère ait pu accoucher.

525
atque haut scio an quae dixit sint uera omnia,
et pourtant je ne sais pas si tout cela n'est pas vrai.

1 atqve havt scio an qvae dixit sint vera o.omnia quae praeterea <dixit> Dauus. 2 Et bene omnia, ut appareat senem multa credere uera esse, quae Dauus dixerit.
1 atqve havt scio an qvae dixit sint vera omnia c'est-à-dire ce qu'a dit en outre Dave. 2 Et omnia est bien dit pour qu'il soit clair que le vieillard croit vrai beaucoup de ce que lui a dit Dave.

526
sed parui pendo : illud mihi multo maximum est
Mais peu m'importe. Le principal, et de beaucoup,

mvlto maximvm est multo et comparatiuis <et superlatiuis> antiqui adiunxerunt.
mvlto maximvm est multo, chez les Anciens, se joint aussi aux comparatifs et aux superlatifs743.

527
quod mihi pollicitus est ipsus gnatus. nunc Chremem
c'est que j'ai la parole de mon fils. A présent,

qvod mihi pollicitvs est pollicitatio multarum rerum promissio est.
qvod mihi pollicitvs est une pollicitatio est une promesse multiple744.

528
conueniam, orabo gnato uxorem : si impetro,
je m'en vais trouver Chrémès et lui demander sa fille pour mon fils. Si je l'obtiens,

gnato vxorem subauditur ut det.
gnato vxorem sous-entendu : ut det (de donner).

529
quid alias malim quam hodie has fieri nuptias ?
pourquoi préférer un autre jour qu'aujourd'hui pour le mariage ?

1 qvid alias quid pro cur. 2 alias alio tempore.
1 qvid alias quid vaut pour cur (pourquoi). 2 alias alio tempore (à un autre moment).

530
nam gnatus quod pollicitus est, haud dubium est mihi, id
Du moment que mon fils a promis, il n'y a pas de doute,

531
si nolit, quin eum merito possim cogere.
s'il refuse, que je ne puisse le contraindre.

532
atque adeo in ipso tempore eccum ipsum obuiam Chremem1001 .
Mais voici qui arrive juste à point Chrémès lui-même.

1 atqve adeo in ipso tempore in ipsa opportunitate, in ipso articulo. 2 eccvm ipsvm obviam chremem 158 continuo mutauit declinationem, ut « iubeo Chremetem 284 ».
1 atqve adeo in ipso tempore comprendre in ipsa opportunitate (au moment opportun), in ipso articulo (à point nommé). 2 eccvm ipsvm obviam chremem il ne cesse de changer la déclinaison du mot Chrémès comme dans : « iubeo Chremetem »745.

scaena tertia

SimoChremes

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533
Si.-iubeo Chremetem... Ch.-o te ipsum quaerebam. Si.-et ego te. Ch.-optato aduenis.
Si.-Chrémès, je te donne le... Ch.-Ah ! c'est justement toi que je cherchais. Si.-Moi, de même. Ch.- Tu arrives à souhait.

1 ivbeo chremetem haec congressio duorum senum ad tale periculum adigit fabulam, ut id non uideatur consilio, sed euentu posse uitari: qui euentus est Critonis praesentia, nam nunc ex falsis fient uerae nuptiae. 2 ivbeo chremetem ferme aliquid iubere uelle est159 , ut Vergilius « reddique uiro p.promissa i.iubebant 285 ». iubeo ergo: uolo. 3 Et deest saluere, quod opprimitur ab alterius personae interuentu. 4 Et μεταλημπτικῶς, quia qui dicit salue, iubet: uolumus enim animo, iubemus uerbis. 5 te ipsvm qvaerebam placabilis et lenis amicus per totam fabulam inducitur Chremes, ut cognitioni ad ultimum interesse possit. 6 160 optato advenis optato aduerbium est, ut Vergilius « ac uelut optato uentis286 ».
1 ivbeo chremetem la rencontre des deux vieillards mène l'intrigue à un tel péril746 qu'il ne semble pouvoir être évité par la ruse, mais seulement par une péripétie, laquelle se trouve être la présence de Criton, car dès lors on passe d'un faux à un vrai mariage. 2 ivbeo chremetem iubere (ordonner quelque chose), c'est d'ordinaire le vouloir, comme chez Virgile : « reddique uiro promissa iubebant » (ils demandaient qu'on remît au héros ce qui lui avait été promis). Donc iubeo équivaut à uolo. 3 Et il manque saluere, qui est étouffé par l'interruption du deuxième personnage. 4 Et il y a métalepse (μεταλημπτικῶς), parce que dire salue (porte-toi bien, bonjour), c'est donner un ordre : On veut (uelle) en intention, on ordonne (iubere) en paroles. 5 te ipsvm qvaerebam dans toute la pièce, Chrémès est représenté comme un ami clément et facile, ce qui le rend apte à participer à la reconnaissance de la toute fin. 6 optato advenis optato est un adverbe, comme chez Virgile : « ac uelut optato uentis » (et comme quand les vents, conformément à ses vœux…).

534
aliquot me adierunt, ex te auditum qui <ai>bant hodie filiam
Quelques personnes m'ont abordé, qui prétendaient t'avoir ouï dire que ma fille

1 aliqvot me adiervnt aliquot hoc est: nec multi nec pauci. 2 Et adiervnt non accesserunt, quia aditus arduus difficilisque est. 3 adiervnt quasi importune et interpellantes. 4 adiervnt sic alibi « Byrria, quid tibi uidetur? adeon ad eum?287 ». 5 ex te avditvm ut supra « e Dauo audiui288 ». 6 ex te avditvm ergo non iam rumor, sed ueritas.
1 aliqvot me adiervnt aliquot, c'est-à-dire ni beaucoup ni peu. 2 Et il dit adiervnt, non pas accesserunt (ils sont arrivés), parce que aditus (accès) implique un passage ardu et difficile. 3 adiervnt implique qu'on est importun et qu'on interpelle. 4 adiervnt se lit ailleurs : « Byrria, quid tibi uidetur ? adeon ad eum ? ». 5 ex te avditvm comme ci-dessus : « e Dauo audiui ». 6 ex te avditvm ce n'est donc plus une rumeur, mais la vérité.

535
meam nubere tuo gnato ; id uiso tune an illi insaniant.
épousait ton fils aujourd'hui. Je viens voir qui, de ces gens-là, ou de toi, est devenu fou.

1 id viso id ob id. 2 viso deest te. 3 Et viso ad uidendum uenio. 4 tvne an illi insaniant tu insanis, si dixisti, illi insaniunt, si non audita referunt.
1 id viso id pour ob id (pour cette raison). 2 viso il manque te (toi). 3 Et viso veut dire ad uidendum uenio (je viens pour voir). 4 tvne an illi insaniant c'est toi qui délires si tu l'as dit, ce sont eux, s'ils rapportent des paroles qu'ils n'ont pas entendues.

536
Si.-ausculta paucis 1002  : et quid ego te uelim et tu quod quaeris scies.
Si.-Ecoute-moi ; deux mots, et tu sauras ce que je désire de toi et ce que tu veux savoir.

1 avscvlta pavcis et paucis et pauca legitur. 2 et qvid ego te velim a docilitate.
1 avscvlta pavcis on lit paucis et pauca. 2 et qvid ego te velim argument par la capacité à se laisser convaincre.

537
Ch.-ausculto ; loquere quid uelis.
Ch.-J'écoute ; dis-moi ce que tu veux.

538
Si.-per te deos oro et nostram amicitiam, Chremes 1003 ,
Si.-Au nom des dieux, je t'en conjure, et de l'amitié, Chrémès,

1 per te deos oro ordo: per deos te oro, ut Vergilius « per has ego te289 ». 2 et nostram amicitiam chremes legitur et Chreme.
1 per te deos oro ordre des mots : per deos te oro (au nom des dieux, je te conjure) comme chez Virgile : « per has ego te… » (moi je te conjure par ces larmes…). 2 et nostram amicitiam chremes on lit aussi le vocatif Chreme.

539
quae incepta a paruis cum aetate adcreuit simul,
qui commencée dans notre enfance n'a fait que croître avec l'âge,

1 qvae incepta a parvis cvm aetate mire ait incepta a paruis cum aetate, ut ostendat non nuper cognitam amicitiam sed antiquam, ut « ueterem Anchisen a.agnoscit a.amicum 290 »; idem alibi « neque enim nouus iste D.Dianae u.uenit a.amor 291 ». 2 accrevit: ut supra « accurate292 »: ad praepositione familiariter utitur. 3 adcrevit: hinc Vergilius « crescent illae, crescetis a.amores 293 ».
1 qvae incepta a parvis cvm aetate c'est remarquable de dire incepta a paruis cum aetate pour faire comprendre qu'il s'agit non d'une amitié toute récente mais ancienne, comme : « ueterem Anchisen agnoscit amicum » (il reconnaît son vieil ami Anchise) ; ou le même, ailleurs : « neque enim nouus iste Dianae uenit amor » (et cet amour qui occupe Diane n'est pas récent). 2 accrevit même utilisation que ci-dessus avec « accurate » : ad est couramment utilisé comme préfixe. 3 accrevit de là Virgile : « crescent illae, crescetis amores » (les arbres grandiront, vous grandirez aussi, amours).

540
perque unicam gnatam tuam et meum gnatum 1004 ,
au nom de ta fille unique et de mon fils,

1 perqve vnicam gnatam t.tvam et m.mevm g.gnatvm ineptum est sic adiurare aliquem: "per salutem filii mei", ut facias id, quod te rogo! sed hic caute subiunxit « cuius tibi potestas summa seruandi datur294 »: "in tua est, inquit, potestate et tuus est". 2 haec ergo obtestatio dicitur, cum per eas res adiuramus aliquem, de quibus agitur causa, ut « Iliaci cineres et f.flamma e.extrema m.meorum 295 »; idem alibi « per euersae, g.genitor, f.fumantia Troiae excidia obtestor296 ».
1 perqve vnicam gnatam tvam et mevm gnatvm 747 c'est absurde d'implorer ainsi quelqu'un748 : fais ce que je te demande, sur la tête de mon fils ! Mais Simon, prudemment, ajoute « cuius tibi potestas summa seruandi datur » : il est en ton pouvoir, dit-il, et il est tien. 2 C'est ce qu'on appelle une obtestatio (adjuration solennelle), quand on adjure quelqu'un au nom même de ce qui constitue le fond de l'affaire, comme chez Virgile : « Iliaci cineres et flamma extrema meorum » (cendres de Troie et flammes qui furent fatales aux miens, je jure que…)749 ; Virgile encore, ailleurs : « per euersae, genitor, fumantia Troiae » (par les <ruines> fumantes de Troie renversée, mon père, je te conjure de…)750.

541
cuius tibi potestas summa seruandi datur,
dont le salut est entièrement entre tes mains,

542
ut me adiuues in hac re atque ita nuptiae ut 1005
aide-moi en cette occasion, et qu'ainsi le mariage

1 vt me adivves in hac re atqve ita petitio est. 2 nvptiae vt fverant fvtvrae f.fiant breuiter et Latine. et hoc genus compositionis ueteres non uitabant.
1 vt me adivves in hac re atqve ita c'est une requête. 2 nvptiae vt fverant fvtvrae fiant brièvement et en bon latin. Les Anciens ne cherchaient pas à éviter ce genre de construction751.

543
fuerant futurae, fiant. Ch.-ah ne me obsecra :
se fasse comme il était décidé. Ch.-Ah ! ne me supplie pas

an ne me obsecra τῷ ἑλληνισμῷ μὴ λιτάνευε, μὴ μάχου , pro ne obsecres.
ah ne me obsecra c'est un hellénisme (τῷ ἑλληνισμῷ) μὴ λιτάνευε (cesse de supplier), μὴ μάχου (ne va pas combattre) pour ne obsecres (cesse de m'implorer)752.

544
quasi hoc te orando a me impetrare oporteat.
comme si tu avais besoin de prières pour obtenir cela de moi.

qvasi hoc te orando impetrare oporteat haec plena uox est et caritatis et officii; quod enim amicus ab amico petit, iustum esse debet, nec pro eo, quod est iustum, supplicare oportet.
qvasi hoc te orando impetrare oporteat c'est une parole pleine d'affection et de prévenance ; car ce qu'un ami demande à un ami doit être juste et, par là-même, ne nécessite pas de supplication.

545
alium esse censes nunc me atque olim cum dabam ?
Crois-tu que je sois autre aujourd'hui qu'au moment où je te la donnais ?

1 alivm esse censes nvnc me atqve olim cvm dabam nos dicimus cum darem. Vergilius « tum decuit, cum sceptra dabas. E.En d.dextra fq.fidesque 297 ». 2 Et nota olim pro nuper. 3 alivm esse censes nvnc me non persona, sed rei condicio commutata est.
1 alivm esse censes nvnc me atqve olim cvm dabam nous, nous disons cum darem (quand je te l'accordais)753. Voir Virgile : « tum decuit cum sceptra dabas. En dextra fidesque » (c'est quand tu donnais le sceptre qu'il aurait fallu être touché. Voilà une main, voilà une foi !). 2 Et notez l'emploi d'olim pour nuper (récemment). 3 alivm esse censes nvnc me ce n'est pas la personne qui a changé, mais la situation.

546
si in rem est utrique ut fiant, accersi iube ;
Si cela peut se faire dans leur intérêt à tous deux, envoie-la chercher ;

1 si in rem est vtriqve vt fiant τῷ δευτέρῳ συλλογισμῷ praue proposuit, ut recte replicaret. hic syllogismus negatiuus dicitur, nam in secundo λήμματe negat, quod prius dixit, « sed si ex ea re plus mali est quam commodi298 ». 2 si in re est vtriqve ab utili argumentum. 3 si in re est vtriqve utrumque de duobus constat. 4 Bene vtriqve: "mihi et tibi", non "alteri utile, alteri inutile".
1 si in rem est vtriqve vt fiant par la deuxième forme du syllogisme (τῷ δευτέρῳ συλλογισμῷ), il pose une proposition fausse, pour répliquer correctement754. C'est ce qu'on appelle un syllogisme négatif, car dans le second lemme (λῆμμα) il nie ce qu'il a d'abord affirmé : « sed si ex ea re plus mali est quam commodi ». 2 si in re est vtriqve argument par l'utile. 3 si in re est vtriqve utrumque s'emploie pour deux personnes. Emploi légitime755 d'utrumque : comprendre "utile à toi et à moi" et non pas "utile pour l'un, inutile pour l'autre".

547
sed si ex ea re plus mali est quam commodi
mais s'il doit en résulter plus de mal que de bien

1 sed si ex ea re id est nuptiarum. 2 Mutauit numerum, ex plurali singularem: fiant ex ea re.
1 sed si ex ea re comprendre "du mariage". 2 Il a changé le nombre, passant du pluriel fiant au singulier ex ea re.

548
utrique, id oro te in commune ut consulas,
pour tous les deux, consulte, je te prie, nos intérêts communs,

in commvne <vt c.consvlas> id est: "ex aequali prouide".
in commvne vt consvlas comprendre : "veille à tout faire sur un pied d'égalité".

549
quasi si illa tua sit Pamphilique ego sim pater.
comme si ma fille était la tienne et que je fusse le père de Pamphile.

qvasi si illa tva sit pamphiliqve ego sim pater nota suauissimam uarietatem; non enim dicit quasi illa tua sit et ille meus.
qvasi si illa tva sit pamphiliqve ego sim pater notez la délicieuse variation ; il ne dit pas quasi illa tua sit et ille meus (comme si elle était ta fille et lui mon fils).

550
Si.-immo ita uolo itaque postulo ut fiat, Chreme,
Si.-C'est ma volonté et ce qui me fait demander que le mariage se fasse, Chrémès ;

1 immo ita volo quia utile est, quia « in re est299 ». 2 itaqve postvlo itaque modo duae partes orationis sunt, ut in Hecyra « itaque una inter nos agere aetatem liceat300 ».
1 immo ita volo parce que c'est utile, parce que « in re est ». 2 itaqve postvlo itaque, de temps en temps, est l'association de deux parties du discours, comme dans l'Hécyre : « itaque una inter nos agere aetatem liceat »756.

551
neque postulem abs te nisi 1006 ipsa res moneat. Ch.-quid est ?
et je ne te le demanderais pas, si les circonstances mêmes ne m'y poussaient. Ch.-Qu'y a-t-il donc ?

nisi ipsa res moneat bene intulit moneat, non postulet, quia postulo praetulit.
nisi ipsa res moneat il a bien fait de mettre moneat plutôt que postulet (enjoignait), parce qu'il a mis postulo en tête de vers.

552
Si.-irae sunt inter Glycerium et gnatum. Ch.-audio.
Si.-Il y a brouille entre Glycère et mon fils. Ch.-J'entends.

1 irae svnt inter glycerivm et gnatvm hoc laeto uultu pronuntiat Simo161, loquitur enim apud eum, ex quo audierat Pamphilum pro uxore habere hanc peregrinam et hic paulo sapientior inducitur et minus obnoxius dolis. 2 Et hoc a possibili est. 3 avdio ironia: mox « fabulae!301 ».
1 irae svnt inter glycerivm et gnatvm Simon dit cette réplique avec une expression de joie757, car il parle devant celui de qui il tenait que Pamphile épousait cette étrangère et il se montre ici un peu plus malin et moins dupe du subterfuge. 2 Et c'est un argument par le possible. 3 avdio ironique ; plus bas « fabulae ! ».

553
Si.-ita magnae ut sperem posse auelli. Ch.-fabulae !
Si.-A tel point que j'espère l'arracher de là. Ch.-Fariboles !

554
Si.-profecto sic est. Ch.-sic hercle ut dicam tibi :
Si.-C'est exactement ainsi. Ch.-Pardieu !c'est comme je vais te le dire :

profecto sic est profecto confirmatio est.
profecto sic est profecto est une confirmation.

555
amantium irae amoris integratio est.
brouilles d'amants, renouveau d'amour.

1 amantivm irae sententia γνωμική, in qua a specie receditur et in omnes aliquid dicitur. 2 Παροιμία. est autem sine auctore sententia. 3 integratio instauratio.
1 amantivm irae c'est une maxime gnomique (γνωμική), dans laquelle on part du cas d'espèce pour dire une généralité. 2 Proverbe (παροιμία). C'est une sentence sans auteur. 3 integratio comprendre instauratio (renouveau).

556
Si.-em id te oro ut ante eamus, dum tempus datur
Si.-Eh bien ! je t'en prie, prenons les devants, tandis que nous avons le temps

id te oro deest ob, ut sit: ob id, ut Vergilius « quod te per superos... oro302 ».
id te oro il manque ob pour avoir ob id (pour cette raison), comme dans Virgile : « quod te per superos (…) oro » (je t'en supplie par les dieux).

557
dumque eius libido occlusa est contumeliis,
et que sa passion est étouffée par les outrages,

558
prius quam harum scelera et lacrumae confictae dolis
avant que la malignité de ces créatures, leurs larmes feintes par leurs ruses

privs qvam harvm inuidiosius harum, cum una sit, ut in Eunucho « non perpeti meretricum c.contumelias?303 ».
privs qvam harvm harum est péjoratif, dans la mesure où il n'y en a qu'une. Même effet dans l'Eunuque : « non perpeti meretricum contumelias758 ».

559
reducunt animum aegrotum ad misericordiam,
ne ramènent ce cœur malade à la pitié.

redvcvnt animvm ae.aegrotvm hoc ut supra « ipsum animum aegrotum ad d.deteriorem p.partem p.plerumque a.adplicat 304 ».
redvcvnt animvm aegrotvm c'est la même formule que plus haut : « ipsum animum aegrotum ad deteriorem partem plerumque adplicat ».

560
uxorem demus. spero consuetudine et
Marions-le. J'espère que cette relation suivie

vxorem demvs ἠθικῶς demus, ut in Heautontimorumeno « quo modo minimo periculo id demus adulescentulo305 ».
vxorem demvs le pluriel demus est éthique (ἠθικῶς), comme dans l'Héautontimorouménos : « quo modo minimo periculo id demus adulescentulo » (comment nous le donnerons au gamin au moindre risque)759.

561
coniugio liberali deuinctum, Chreme,
et une épouse honnête en viendront à bout, Chrémès,

562
dehinc facile ex illis sese emersurum malis.
et qu'il se tirera aisément de cet abîme de maux.

563
Ch.-tibi ita hoc uidetur ; at ego non posse arbitror
Ch.-Tu vois cela ainsi ; mais moi je ne pense pas qu'il le puisse ;

564
neque illum hanc perpetuo habere neque me perpeti.
d'un autre côté, il ne peut pas garder toujours sa maîtresse et moi je ne le tolèrerai pas.

1 neqve illvm hanc perpetvo amphiboliam de industria posuit. 2 Aut utrumque significat.
1 neqve illvm hanc perpetvo il y a équivoque faite exprès760. 2 Ou alors il veut dire les deux choses à la fois.

565
Si.-qui scis ergo istuc, nisi periculum feceris ?
Si.-Comment peux-tu savoir cela, si tu n'en as pas fait l'épreuve ?

nisi pericvlvm feceris temptamentum. Cicero « aut tute tui p.periculum f.fecisti?306 »; idem Terentius « fac periculum in l.litteris 307 ».
nisi pericvlvm feceris periculum équivaut à temptamentum (épreuve). Cf. Cicéron : « aut761 tute tui periculum fecisti ? » (à moins que tu n'en aies fait l'épreuve sur toi-même ?) ; de même chez Térence : « fac periculum in litteris ».

566
Ch.-at istuc periculum in filia fieri graue est.
Ch.-Mais, en faire l'épreuve sur sa fille, ce n'est pas rien.

at istvc pericvlvm memorabile dictum nimis et id, quod merito in prouerbium cesserit.
at istvc pericvlvm encore un trait particulièrement facile à mémoriser et qui, à juste titre, pourrait être passé en proverbe762.

567
Si.-nempe incommoditas denique huc omnis redit
Si.-C'est-à-dire que tout l'inconvénient se réduit en somme

568
si eueniat, quod di prohibeant, discessio.
à une séparation, si elle arrive, ce qu'aux dieux ne plaise !

si eveniat qvod di prohibeant παρένθεσις per εὐφημισμόν.
si eveniat qvod di prohibeant parenthèse (παρένθεσις) par euphémisme (εὐφημισμός).

569
at si corrigetur 1007 , quot commoditates uide :
Mais, s'il se corrige, que d'avantages ! Regarde :

at si corrigetvr qvot c.commoditates v.vide alter est syllogismus per contraria lemmata et ipse negatiuus.
at si corrigetvr qvot commoditates vide 763 c'est la mineure d'un syllogisme par lemmes contraires et elle est elle-même la négation de la majeure764.

570
principio amico filium restitueris,
d'abord tu auras rendu un fils à ton ami ;

1 principio amico filivm r.restitveris principio nec intulit secundo. 2 restitveris... invenies ergo ἀνακόλουθον duplex. 3 amico filivm ab honesto.
1 principio amico filivm restitveris il a mis principio, sans mettre secundo (en deuxième lieu). 2 restitveris… invenies donc double anacoluthe (ἀνακόλουθον). 3 amico filivm argument par l'honnête.

571
tibi generum firmum et filiae inuenies uirum.
puis tu auras un gendre sûr, et ta fille un mari.

572
Ch.-quid istic ? si ita 1008 animum induxti esse utile,
Ch.-Eh bien, quoi ! Si tu es persuadé que c'est utile,

1 qvid istic si ita animvm i.indvxti e.esse v.vtile quid istic? concedentis et ueluti uicti uerbum, tamquam si diceret quid? 2 abundat istic. 3 uel potius qvid istic? significat hominem de loco ac de sententia secedere, ut e contrario perstare ac resistere dicitur, qui aliquid negat. 4 si id animvm indvxisti legitur et animum induxisti et animum induxti, sed illud plenum est, hoc per metaplasmum συγκοπήν diminuitur.
1 qvid istic si ita animvm indvxti esse vtile quid istic ? est la réplique d'un personnage qui cède et qui est quasi-vaincu, comme s'il disait quid ? (Quoi !). 2 istic est superflu. 3 Ou plutôt qvid istic signale que le personnage est en train de changer d'argument et d'avis, comme, au contraire, un interlocuteur qui refuse passe pour perstare (faire du sur-place) et resistere (résister). 4 si id animvm indvxti 765 on lit animum induxisti et animum induxti, mais la première forme est complète et la seconde est réduite par le métaplasme de syncope (συγκοπή).

573
nolo tibi ullum commodum in me claudier.
je ne veux être un obstacle à aucun des avantages que tu vois.

574
Si.-merito te semper maximi feci, Chreme.
Si.-Tu mérites bien la très haute estime que j'ai toujours eue pour toi, Chrémès.

575
Ch.-sed quid ais ? Si.-quid ? Ch.-qui scis eos nunc discordare inter se ?
Ch.-Mais à propos ? Si.-Quoi ? Ch.-Comment sais-tu qu'ils sont brouillés ?

576
Si.-ipsus mihi Dauus, qui intimus est eorum consiliis, dixit ;
Si.-C'est Dave lui-même, qui est au cœur de leurs secrets, qui me l'a dit ;

1 ipsvs mihi davvs qvi i.intimvs e.est e.eorvm c.consiliis dixit est commendatio testis, ut « in foro modo e Dauo audiui308 ». 2 Ergo ipsvs quasi qui maxime sciat.
1 ipsvs mihi davvs qvi intimvs est eorvm consiliis dixit c'est une recommandation du témoin comme plus haut : « in foro modo e Dauo audiui ». 2 Donc ipsvs équivaut à qui maxime sciat (celui qui est susceptible d'en savoir le plus).

577
et is mihi persuadet nuptias quantum queam ut maturem.
et c'est lui qui me conseille autant que possible de hâter le mariage.

578
num censes faceret, filium nisi sciret eadem haec uelle ?
Crois-tu qu'il le ferait, s'il n'était sûr que mon fils le veut aussi ?

579
tute adeo iam eius audies uerba. [heus] euocate huc Dauum.
Tu vas même l'entendre toi-même de sa bouche. [Holà !] appelez-moi ici Dave.

tvte adeo iam eivs avdies verba adeo modo παρέλκεται [et abundat], ut Vergilius « tuque adeo, quem mox quae s.sint h.habitura d.deorum c.concilia i.incertum e.est 309 ».
tvte adeo iam eivs avdies verba adeo de temps en temps est accessoire (παρέλκεται) [et superflu], comme chez Virgile : « tuque adeo quem mox quae sint habitura deorum concilia incertum est » (toi qu'un jour on ne sait quelles assemblées des dieux accueilleront).

580a
atque eccum uideo ipsum foras exire.
Mais je le vois, le voici justement qui sort de la maison.

atqve eccvm video eccum quasi ecce eum, ueteres dixerunt, <ut> eccillum, quod apertius significat ecce illum et obscurius ellum.
1 atqve eccvm video eccum équivaut à ecce eum (le voilà) chez les Anciens, comme eccillum, lequel est clairement mis pour ecce illum (voilà l'autre), et, de manière moins claire, ellum.

scaena quarta

SimoChremesDauus

580b | 581 | 582 | 583 | 584 | 585 | 586 | 587 | 588 | 589 | 590 | 591 | 592 | 593 | 594 | 595 | 596 | 597 | 598 | 599 | 600 | 601 | 602 | 603 | 604 | 605 | 606

580b
… Da.-ad te ibam. Si.-quidnam id est 1009  ?
Da.-Je venais te voir. Si.-Qu'y a-t-il donc ?

1 ad te ibam qvidnam id est cvr vxor Dauus ut recte scribatur, Dauos scribendum est, quia nulla littera uocalis geminata unam syllabam facit. sed quia ambiguitas uitanda est nominatiui singularis et accusatiui pluralis, necessario pro hac regula digamma utimur et scribimus DaϜus serϜus Ϝulgus corϜus. 2 ad te ibam qvidnam hic locus est, in quo iam ad discrimen mali perducta comoedia in meliorem partem iam incipit inclinare.
1 ad te ibam qvidnam id est cvr vxor pour bien écrire DAVUS il faut écrire DAVOS parce qu'aucune voyelle géminée ne constitue une syllabe. Mais pour éviter l'ambiguïté entre le nominatif singulier et l'accusatif pluriel766 , nous devons utiliser, en conformité avec cette règle, le digamma et écrire DAϜVS SERϜVS ϜVLGVS CORϜVS 767. 2 ad te ibam qvidnam c'est le moment où la comédie, menée jusqu'à la limite du malheur, commence à pencher vers une amélioration.

581
Da.-cur uxor non accersitur ? iam aduesperascit. Si.-audin ?
Da.-Pourquoi ne fait-on pas venir la mariée ? Le soir vient. Si.-Tu l'entends ?

582
ego dudum non nihil ueritus sum, Daue, abs te ne faceres idem
(A Dave.) Je me suis longtemps méfié de toi, Dave. J'avais peur que comme

1 ego dvdvm non nihil veritvs svm semper grauis orationis inceptio est, quae exordium sumit a pronomine ego, ut « ego te quae p.plurima f.fando e.enumerare u.uales 310 » <et> « ego postquam te e.emi 311 ». 2 ego dvdvm non nihil veritvs svm aduerbia temporis aut certa sunt, ut hodie cras, aut incerta, ut dudum nuper. itaque incertis additur tempus, ut iam dudum, nunc nuper. 3 non nihil veritvs svm d.dave abs t.te n.ne f.feceris breuiter pro: ueritus sum, ne quid abs te fieret. sic et supra « metui a Chryside 312 » et Cicero « quae precatus sum ab dis immortalibus 313 » pro eo quod est: quae ab dis petii precatus eos.
1 ego dvdvm non nihil veritvs svm c'est toujours un début solennel pour un discours que de commencer par le pronom ego, comme : « ego te quae plurima fando enumerare uales » (moi je ne dirai jamais que tu t'es mal comportée à mon endroit, toi qui peux énumérer en un long discours tes bienfaits) et : « ego postquam te emi ». 2 ego dvdvm non nihil veritvs svm les adverbes de temps sont soit définis, comme hodie (aujourd'hui), cras (demain), ou indéfinis, comme dudum (depuis quelque temps), nuper (récemment). C'est pourquoi, aux indéfinis, on ajoute une indication temporelle, comme iam dudum (depuis longtemps), nunc nuper (tout récemment). 3 non nihil veritvs svm dave abs te ne faceres raccourci pour ueritus sum ne quid abs te fieret (j'ai craint que quelque chose n'arrive de ton fait). De même plus haut : « metui a Chryside », et Cicéron : « quae precatus sum ab dis immortalibus » (ce dont j'ai supplié les dieux) pour quae ab dis petii precatus eos (ce que j'ai demandé aux dieux en les suppliant)768.

583
quod uolgus seruorum solet, dolis ut me deluderes
les vulgaires esclaves, tu ne te joues de moi par tes fourberies,

584
propterea quod amat filius. Da.-egon istuc facerem ? Si.-credidi,
en raison des amours de mon fils. Da.-Moi ? Agir ainsi ! Si.-Je l'ai cru,

propterea qvod amat filivs totum cum extenuatione protulit, tamquam qui satisfactum uoluerit Dauo ob comprobatam fidem eius.
propterea qvod amat filivs il dit le tout en atténuant, en homme qui consent à faire réparation à Dave dont il a reconnu la bonne foi.

585
idque adeo metuens uos celaui quod nunc dicam. Da.-quid ? Si.-scies ;
et c'est dans cette crainte que je vous ai caché ce que je vais dire à présent. Da.-Quoi ? Si.-Tu vas le savoir ;

586
nam propemodum habeo iam fidem. Da.-tandem cognosti qui siem ?
car à présent j'ai presque confiance. Da.-Enfin. tu me re connais pour ce que je suis ?

1 nam propemodvm habeo iam ridicula dilatio eius rei, quae iamdudum nota est audituro. 2 nam propemodvm habeo iam hoc est: prope modum, cuius auctiuum est admodum.
1 nam propemodvm habeo iam : retard comique d'une réplique déjà depuis longtemps connue de celui qui va l'entendre. 2 nam propemodvm habeo iam : comprendre prope modum (presque la mesure), dont l'augmentatif est admodum (à la mesure) 769 .

587
Si.-non fuerant nuptiae futurae. Da.-quid ? non ? Si.-sed ea gratia
Si.-Ce mariage ne devait pas être. Da.-Quoi ! Non !... Si.-En m'en servant

sed ea gratia simvlavi gratiam pro causa posuit noue.
sed ea gratia simvlavi il met gratia (à cause de) au lieu de causa (en vue de). Néologisme.

588
simulaui uos ut pertemptarem. Da.-quid ais ? Si.-sic res est. Da.-uide :
j'ai feint pour vous sonder. Da.-Que dis-tu ? Si.-C'est ainsi. Da.-Regarde-moi ça !

sic res est quod Graeci dicunt οὕτως ἔχει.
sic res est équivaut au grec οὕτως ἔχει (il en est ainsi).

589
numquam istuc quiui ego intellegere. uah consilium callidum !
Et cela je n'ai jamais pu le deviner. Pfui ! Quel plan rusé !

590
Si.-hoc audi : ut hinc te intro ire iussi, opportune hic fit mi obuiam. Da.-hem
Si.-Écoute. Je venais de t'ordonner de rentrer, quand à point nommé j'ai recontré cet homme. Da.-Hum !

591
numnam perimus ? Si.-narro huic quae tu dudum narrasti mihi.
Serions-nous perdus ? Si.-Je lui raconte ce que tu venais de me raconter.

nvmnam perimvs nam παρέλκεται, ut quisnam.
nvmnam perimvs nam est superflu (παρέλκεται), comme dans quisnam.

592
Da.-quidnam audio ? Si.-gnatam ut det oro uixque id exoro. Da.-occidi.Si.-hem
Da.- Qu'entends-je ? Si.-Je le prie de nous accorder sa fille et avec peine je l'obtiens. Da.-C'en est fait. Si.- Hein !

1 qvidnam avdio legitur et audiam; Menander enim sic ait τί ποτ᾽ ἀκούσομαι; 2 occidi hem qvid dixti: bene usus est παρομοίῳ occidi et optime, ut similitudine falleret audientem.
qvidnam avdio on lit aussi audiam. De fait, Ménandre a écrit un futur : τί ποτ᾽ ἀκούσομαι ;. 2 occidi hem qvid dixti il a finement usé de la paronomase (παρόμοιον), occidi et optime, pour que la ressemblance abuse son interlocuteur770.

593
quid dixti ? Da.-optume inquam factum. Si.-nunc per hunc nulla est mora.
que dis-tu ? Da.-Je dis : C'est parfait. Si.-Maintenant de son côté il n'y a plus de délai.

nvnc per hvnc Chremem scilicet.
nvnc per hvnc comprendre évidemment Chremem (du côte de Chrémès).

594
Ch.-domum modo ibo, ut adparetur dicam, atque hunc 1010 renuntio.
Ch.-Je vais seulement aller jusqu'à chez moi dire qu'on se prépare et je te dis ce qu'il en est.

ibo atqve hvc renvntio uarie ibo et renuntio.
ibo (…) atqve hvnc renvntio variation de temps entre ibo et renuntio 771.

595
Si.-nunc te oro, Daue, quoniam solus mihi effecisti has nuptias...
Si.- Maintenant, Dave, je te prie, puisque toi seul a permis ce mariage...

1 nvnc te oro dave te id est: "per quem stat summa negotii". 2 Et modo magis uere rogat quam tunc, cum ait « dehinc postulo siue aequum est te oro, Daue 314 »; ibi enim ironia latet, cum dicit « siue aequum est 315 ». 3 qvoniam solvs mihi effecisti non fecisti: est enim efficere perficere faciendo. 4 Et bene hashas: "quarum causa laboro".
1 nvnc te oro dave te, c'est-à-dire "celui sur qui repose l'intégralité de l'affaire". 2 Et il fait davantage une requête que tout à l'heure, quand il disait « dehinc postulo siue aequum est te oro Dave » ; car il y a là de l'ironie sous-jacente quand il dit « siue aequum est ». 3 qvoniam solvs mihi effecisti effecisti et non pas fecisti (tu as fait) : car efficere c'est parfaire en faisant. 4 Et c'est bien de dire has : "celles auxquelles je travaille".

596
Da.-ego uero solus. Si.-corrigere mihi gnatum porro enitere.
Da.- Oui, moi seul. Si.- Tâche désormais de corriger mon fils.

1 ego vero solvs διλογία. 2 Et hoc ad increpationem, non ad confirmationem. 3 solvs id est: "cui non assentiebat Pamphilus". 4 porro enitere porro in futurum, deinceps. 5 futuri temporis aduerbium aut hortantis, ut « <percipe> porro, q.quid d.dubitem 316 ». 6 enitere elabora, quasi difficile sit et conatu opus.
1 ego vero solvs équivoque (διλογία)772. 2 Et c'est plutôt pour blâmer que pour confirmer. 3 solvs c'est-à-dire "sans l'assentiment de Pamphile". 4 porro enitere porro marque le futur, au sens de deinceps (aussitôt après). 5 porro est un adverbe de temps qui marque le futur ou d'exhortation, comme : « percipe porro quid dubitem » (apprends donc ce que je me propose). 6 enitere équivaut à elabora (travaille à), comme s'il s'agissait d'une mission difficile même à entreprendre.

597
Da.-faciam hercle sedulo. Si.-potes nunc, dum animus inritatus est.
Da.- Par Hercule, j'y mettrai tout mon zèle. Si.- Tu le peux, en ce moment où son coeur est irrité.

1 faciam hercle sedvlo productiones sunt comici stili hercle sedulo ad fucum orationis positae. 2 potes nvnc dvm animvs inritatvs est a possibili argumentum. 3 dvm animvs inritatvs quia dixerat « irae sunt inter Glycerium et gnatum 317 ». 4 irritatvs est ira commotus, ut in Phormione. ducitur autem uerbum a canibus, qui restrictis dentibus hanc litteram imitantur.
1 faciam hercle sedvlo hercle sedulo rallonge propre au style comique, pour donner de la couleur à son discours. 2 potes nvnc dvm animvs inritatvs est argument par le possible. 3 dvm animvs inritatvs est parce qu'il avait dit ci-dessus : « irae sunt inter Glycerium et gnatum ». 4 irritatvs est il est sous l'emprise de la colère, comme dans Phormion773. Le mot irritatus vient du grognement des chiens, qui, en retroussant leurs babines, imitent le r774.

598
Da.-quiescas. Si.-age igitur, ubi nunc est ipsus ? Da.-mirum ni domi est.
Da.-Sois tranquille. Si.-Mais à propos, où est-il lui-même à présent ? Da.-Etonnant qu'il ne soit pas à la maison.

1 qviescas pro quiesce imperatiui modi, ne iniuriosum uideretur. 2 age igitvr age aut dic, ut est « egi atque oraui tecum 318 », aut aduerbium est hortandi. 3 qviescas pro quiesce. 4 aut deest uolo aut facito. 5 mirvm ni domi est aestimationem intulit τό certum fugiens. et est compositum quasi miror. 6 mirvm ni domi est compositum est quasi: hoc miror, ni domi est. 7 Caute seruus callidam interrogationem senis paratus excepit: memor simulatae discordiae cum amica fingit non se eum alibi esse suspicari quam domi.
1 qviescas pour l'impératif quiesce, pour ne pas paraître impoli775. 2 age igitvr age est soit un impératif équivalant à dic (dis), comme : « egi atque oraui tecum », soit un adverbe d'exhortation. 3 qviescas pour l'impératif quiesce. 4 Ou alors il manque uolo ou facito (je veux que tu te tranquillises, fais en sorte de te tranquilliser). 5 mirvm ni domi est en évitant de dire certum (il est certain que), il introduit une conjecture. 6 Et mirvm est construit comme miror (s'étonner). 6 mirvm ni domi est la construction équivaut à hoc miror ni domi est (ce qui m'étonnerait c'est qu'il ne soit pas chez lui). 7 C'est astucieusement que l'esclave, sur ses gardes, reçoit la question subtile du vieillard : se souvenant de la dispute simulée entre le jeune homme et son amie, il feint de ne pas soupçonner qu'il puisse être ailleurs que chez lui.

599
Si.-ibo ad eum atque <ea>dem haec quae tibi dixi dicam eadem 1011 illi. Da.-nullus sum.
Si.-Je vais le trouver et lui dire ce que je t'ai dit. Da.-(seul) Je n'existe plus.

1 dicam eadem illi in aliis idem scriptum est. quod si est, pro item accipiamus. 2 An: ego idem? an pro item? 3 nvllvs svm plus est nullum esse quam perisse; nam qui perit, uel corpus habet reliquum, qui uero nullus est, ita non est, ac si non natus sit.
1 dicam eadem illi dans d'autres manuscrits, on lit idem. Dans ce cas, faisons-en l'équivalent d'item (de nouveau). 2 Est-ce ego idem ? est-ce pour item ? 3 nvllvs svm nullus sum est plus fort que perii (je suis mort) : car celui qui est mort (perit) laisse une trace corporelle, alors que celui qui nullus est n'est rien exactement comme s'il n'était pas né.

600
quid causa est quin hinc ad pistrinum recta proficiscar uia ?
Qu'est-ce qui m'empêche d'aller tout droit d'ici au moulin ?

1 qvid cavsae est qvin hinc ad p.pistrinvm r.recta p.proficiscar v.via bene recta: ut uel corporis impulsionem lucri faciam. 2 Aut recta: ut <non> eam ad precatorem aut ad Pamphilum. 3 Bene proficiscar. proficisci enim in rem aegram et difficilem dicimus. 4 Et recta via plene dixit, non tantum recta. 5 qvin hinc id est ex hoc loco.
1 qvid cavsae est qvin hinc in pistrinvm recta proficiscar via recta est bien trouvé : soit cela signifie "pour transformer en profit mon énergie physique"776. 2 Ou alors recta signifie directement, sans même aller voir un intercesseur ni Pamphile. 3 proficiscar est bien trouvé car on dit qu'on part (proficisci) vers une chose pénible et difficile. 4 Et il a donné la formule complète recta via et non pas seulement recta. 5 qvin hinc c'est-à-dire ex hoc loco (de ce lieu-ci).

601
nihil est preci 1012 loci relictum : iam perturbaui omnia :
Plus de place pour les prières. J'ai semé le trouble partout,

1 nihil est preci loci relictvm subiungit ergo causas, cur proficiscatur in pistrinum. 2 nihil est preci quia praedixit senex. 3 iam pertvrbavi o.omnia allocutio, in qua quid metuat quid uelit palam est.
1 nihil est preci loci relictvm il ajoute donc les raisons pour aller au moulin. 2 nihil est preci parce que le vieillard l'a prévenu. 3 iam pertvrbavi omnia c'est une adresse dans laquelle il dévoile ce qu'il redoute et ce qu'il espère.

602
erum fefelli ; in nuptias conieci erilem filium ;
j'ai trompé mon maître; j'ai embarqué son fils dans ce mariage.

1 ervm fefelli haec enumeratio causarum est, qua magnifice exaggerauit errores suos. 2 in nvptias conieci e.erilem f.filivm nec inmisi sed conieci, quod impetum iniuriamque significat. 3 erilem filivm τρόφιμον.
1 ervm fefelli c'est l'énumération des causes, dans laquelle il enfle hyperboliquement ses torts. 2 in nvptias conieci erilem filivm non pas immisi (j'ai mis) mais conieci (j'ai jeté), ce qui marque de la violence et une situation propre à causer du tort. 3 erilem filivm τρόφιμος (nourrisson) 777.

603
feci hodie ut fierent, insperante hoc atque inuito Pamphilo.
J'ai fait aujourd'hui que la noce va se faire contre l'attente de l'un et le gré de l'autre.

1 feci hodie vt fierent <nec solum> feci, uerum etiam addidit tempus hodie, ut ne diecula quidem eius sit quod fecerit mali. 2 insperante hoc atqve invito insperante et inuito duplex offensio.
1 feci hodie vt fierent il ne dit pas seulement feci, mais il ajoute le complément de temps hodie en sorte qu'il n'y a pas le moindre délai à sa faute. 2 insperante hoc atqve invito insperante, inuito : double offense778.

604
em astutias ! quod si quiessem, nil euenisset mali.
Ah ! les fourberies ! Si j'étais resté tranquille, il ne serait rien arrivé de mal.

em astvtias bona ironia pluraliter dixit astutias quasi is qui abundet astutiis, ut ei non una sufficeret.
em astvtias plaisante ironie d'utiliser le pluriel astutias, comme un homme qui regorge d'expédients et à qui un seul ne saurait suffire.

605
sed eccum ipsum uideo : occidi.
Mais je le vois lui-même. Je suis mort.

606
utinam mihi aliquid esset 1013 hic quo nunc me praecipitem darem !
Que n'ai-je ici et maintenant un précipice pour m'y jeter ?

1 vtinam mihi aliqvid esset h.hic q.qvo n.nvnc m.me p.praecipitem d.darem non dixit gladium aut laqueum, ne esset tragicum. 2 Ergo bene pressit dicens praecipitem darem.
1 vtinam mihi aliqvid esset hic qvo nvnc me praecipitem darem il ne parle pas de glaive ni de corde, pour éviter le genre tragique. 2 Donc en disant praecipitem darem, il conclut de façon ramassée et bien dans le ton.

scaena quinta

DauusPamphilus

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607
Pa.-ubi illic est scelus qui me perdidit1014? Da.-perii. Pa.-atque hoc confiteor iure
Pa.-Où est-il, ce scélérat qui aujourd'hui... ? Da.-Je suis mort. Pa.-D'ailleurs je l'avoue je n'ai

1 vbi illic est s.scelvs q.qvi m.me p.perdidit haec scaena cuius perturbationis esse debeat, iam supra praestruxit poeta, cum ad consentiendum Daui consilio tardum Pamphilum faceret. 2 vbi illic est scelvs accusatio. 3 vbi illic est scelvs nimium terribile est saeuire, antequam uideas eum, contra quem irasceris. 4 vbi illic est s.scelvs q.qvi m.me ad intellectum, non ad uerba redegit. et est figura σύλλημψις per genera162; nam quia scelus scelestus intellegitur, modo qui subiunxit, non quod. 5 Vergilius « pars in frusta secant 319 ». sed hic figura est per numeros.
1 vbi illic est scelvs qvi me perdidit le type d'imbroglio dont doit relever cette scène, le poète l'a déjà préparé ci-dessus en faisant hésiter Pamphile à accepter le projet de Dave. 2 vbi illic est scelvs accusation. 3 vbi illic est scelvs il est franchement terrible d'écumer de rage avant même d'avoir vu celui contre qui on est en colère. 4 vbi illic est scelvs qvi me il a accordé au sens non pas aux mots et c'est la figure dite syllepse (σύλλημψις) de genre ; car comme scelus s'interprète scelestus (scélérat), il a subordonné avec le masculin qui et non pas le neutre quod. 5 Cf. Virgile : « pars in frusta secant » (une partie d'entre eux coupent des morceaux) ; mais en l'occurrence, c'est une syllepse de nombre.

608
mi obtigisse, quandoquidem tam iners, tam nulli consili sum.
que ce que je mérite, pour avoir été si sot, si imprudent.

1 tam iners "sine arte", id est "sine ἀρετῇ". 2 tam nvlli consili una pars orationis est. 3 nvlli consili nos nullius et soius, recte autem ueteres nullus nulli et solus soli declinabant.
1 tam iners iners c'est sine arte (sans technique), c'est-à-dire sans ἀρετή (vertu)779. 2 tam nvlli consili c'est une expression qui fait un tout780. 3 nvlli consili nous, nous disons au génitif nullius et solius, mais les Anciens déclinaient régulièrement nullus nulli, solus soli.

609
seruon fortunas meas me commisisse futili !
Aller confier mon sort à un esclave sans cervelle !

1 me commisisse f. non commendasse sed commisisse: committimus enim, quae magno cum periculo uolumus esse seruata. 2 fvtili leui, inani: a uase quod futile dicitur, quod non deponunt ministri sacrificiorum, quod est acuto fundo et patulo ore instabileque est. ut Vergilius « consiliis habitus non futilis a. 320 ». 3 Et est figura ἔλλειψις, ut apud Vergilium « inuidisse deos, patriis ut r. a. 321 ».
1 me commisisse fvtili il utilise commisisse (confier) et non pas commendasse (recommander) ; de fait nous confions (committere) ce que nous désirons voir sauvé en cas de grand péril. 2 fvtili leuis (léger), inanis (vain) ; se dit d'un vase (appelé futile) que les servants de sacrifices ne déposent pas parce que son fond pointu et sa gueule large le rendent instable. Comme chez Virgile : « consiliis habitus non futilis auctor » (considéré dans les assemblées comme un conseiller d'importance). 3 Et c'est la figure dite ellipse (ἔλλειψις), comme chez Virgile : « inuidisse deos, patriis ut redditus aris » (et les dieux de me refuser, une fois rendu à ma patrie, <de voir mon épouse désirée>).

610
ego pretium ob stultitiam fero : sed inultum numquam id auferet.
Me voilà payé de ma sottise; mais il ne s'en tirera pas sans me le payer.

1 ergo pretivm et pretium et praemium generaliter pro bono aut malo facto redditur, sed discernuntur hoc modo: pretium pro stultitia poena est, praemium pro uirtute et sapientia honor est et lucrum163. Vergilius « rem magnam, pretiumque m. f. 322 » et alibi « rem magnam, pretiumque m. f. 323 » et alibi « illum Tydides a. p. t. a. a. p. 324 ». 2 pretivm ob stvltitiam sic et Plautus locutus est « pretium ob asinos 325 » pro asinorum pretium.
1 ergo pretivm pretium (prix) et praemium (récompense) valent l'un et l'autre en général pour un fait bon ou mauvais, mais on les distingue l'un de l'autre de la façon suivante : pretium est un châtiment pour une sottise, praemium est une marque d'honneur et un bénéfice accordé à la sagesse ou à la bravoure781 . Virgile : « rem magnam, pretiumque morae fore » (c'est une affaire importante et qui mérite un peu de temps), et ailleurs : « illum Tydides alio pro talibus ausis affecit pretio » (Diomède, pour une telle audace, l'affecta d'une autre récompense). 2 pretivm ob stvltitiam le prix de ma sottise : ainsi chez Plaute on trouve « pretium ob asinos »782 au lieu de asinorum pretium (le prix des ânes) 783.

611
Da.-posthac incolumem sat scio fore me 1015 , nunc si deuito hoc malum.
Da.-Après ça, je serai hors de tout danger, j'en suis sûr, si maintenant j'évite ce coup.

1 posthac incolvmem sat scio fore me sic dicere solemus in magno periculo positi: numquam nos periclitaturos, si illud periculum potuerimus euadere. 2 posthac audacter se incolumem in futurum promittit fore, cum uita hominis tam uariis multisque sit periculis conferta164. Menander sic ἂν θεὸς θέλῃ, οὐκ ἂν ἀπολοίμην. 3 Sed hoc dicit: "sic, inquit, periclitor: si hoc euasero, scio me postea non periclitaturum". 4 Et est sensus: "tam difficile est hinc euadere, ut qui hinc euaserit, uideatur immortalis futurus".
1 posthac incolvmem sat scio fore me ainsi d'ordinaire quand nous sommes confrontés à un grand danger disons-nous que plus jamais on ne nous y reprendra, si l'on en réchappe. 2 posthac il se promet bien audacieusement le salut pour l'avenir, alors que la vie humaine est pleine de périls nombreux et variés. Ménandre dit : ἂν θεὸς θέλῃ, οὐκ ἂν ἀπολοίμην (si le dieu le veut, je ne périrai pas). 3 Mais voilà ce qu'il dit : je risque le tout pour le tout ; si je m'en sors, je sais que par la suite je ne prendrai plus de risque. 4 Et le sens est : il est si difficile de s'en tirer que celui qui s'en tire paraît devoir être immortel.

612
Pa.-nam quid ego nunc dicam patri ? negabon uelle me, modo
Pa.-Que dire maintenant à mon père ? Que je ne veux plus, moi qui tantôt

1 nam qvid ego nvnc dicam patri bene patri, non Simoni, ut de auctoritate huius nominis summus terror exsurgat. 2 modo pollicitvs svm modo mire: etenim maiorem uim habent recentiora promissa. 3 modo pollicitvs svm oratorie pollicitus sum dixit quam si promisi diceret.
1 nam qvid ego nvnc dicam patri il a raison de dire patri plutôt que Simoni (à Simon), pour que la gravité d'un tel mot fasse surgir la plus grande terreur784. 2 modo (…) pollicitvs svm modo est admirable : car les promesses les plus récentes sont celles qui ont le plus grand impact. 3 modo pollicitvs svm il dit pollicitus sum de façon plus oratoire que s'il disait promisi (j'ai promis)785.

613
qui pollicitus sum 1016 ducere? qua fiducia 1017 id facere audeam ?
ai promis de me marier ? Où trouver l'aplomb pour oser cela ?

1 qva fidvcia id facere a. percutiendum qua fiducia: ad personam suam rettulit. 2 Et fidvcia modo impudentiam significat.
1 qva fidvcia id facere avdeam il faut marteler qua fiducia : il le rapporte à sa propre personne. 2 Et fidvcia signifie parfois impudentia (impudence).

614
nec quid nunc me faciam scio. Da.-nec mequidem, atque id ago sedulo.
Je ne sais plus quoi faire. Da.-Ni moi non plus, et pourtant j'y travaille...

1 nec qvid nvnc me faciam s. nos quid faciam, ueteres autem me addebant. 2 Et nota faciam <cum> ablatiuo casu. 3 atqve id ago id quaero, hoc est: "ut inueniam quid faciam".
1 nec qvid nvnc me faciam scio nous, nous disons quid faciam (ce que je dois faire), mais les Anciens ajoutaient me. 2 Et notez faciam accompagné de l'ablatif me. 3 atqve id ago signifie quaero (je cherche), c'est-à-dire "pour trouver quoi faire".

615
dicam aliquid me inuenturum, ut huic malo aliquam producam 1018 moram.
Je vais dire que je vais inventer quelque chose, pour retarder un peu mon châtiment.

aliqvam prodvcam m. et productam legitur. significat autem differam, protendam, prolatem.
aliqvam prodvcam moram on lit aussi productam (un retardement prolongé) dans les manuscrits. Cela veut dire differam (que je diffère), protendam (que j'allonge), prolatem (que je retarde).

616
Pa.-oh ! Da.-uisus sum Pa.-ehodum, bone uir, quid ais ? uiden me tuis consiliis 1019
Pa.-Oh ! Da.-Je suis repréré. Pa.-Holà, mon bonhomme, qu'en dis-tu ? Vois-tu par tes conseils

1 ehodvm bone vir qvid ais grauis interrogatio est inuehentis <in> eum pro iracundia. et hoc ironia prosequitur, cum omne genus contumeliae leue in eum ducimus, in quem ferimur iracundia. 2 viden me tvis c. hoc est: "numquid negare potes?".
1 ehodvm bone vir qvid ais interrogation sérieuse de Pamphile qui l'attaque violemment dans sa colère. Et l'ironie naît de ce que sous couleur de légèreté nous enchaînons toute sorte d'insultes à l'encontre de celui contre qui nous sommes en colère. 2 viden me tvis consiliis c'est-à-dire : "peux-tu par hasard nier ?".

617
miserum inpeditum esse ? Da.-at iam expediam. Pa.-expedies ? Da.-certe, Pamphile.
dans quel déplorable embarras je suis ? Da.-Mais je vais t'en tirer. Pa.-M'en tirer ? Da.-Sans aucun doute, Pamphile.

1 impeditvm esse impeditus est proprie, qui ita pedes habet illigatos, ut progredi non possit. sed hic ad negotium rettulit. 2 at iam e. non defendit, sed emendaturum promittit. 3 Et bene ad impeditum expediam rettulit. 4 Duo promisit simul: et tempus cum celeritate et effectum.
1 impeditvm esse est impeditus (entravé), au sens propre, celui qui a les pieds liés au point de ne pouvoir avancer. Mais ici, il rapporte le mot à la situation786. 2 at iam expediam il ne plaide pas, mais il promet de faire mieux. 3 Et il rapporte astucieusement787 le verbe expediam à impeditum. 4 impeditvm esse : il fait deux promesses en même temps : une sur le court laps de temps, une sur le résultat788.

618
Pa.-nempe ut modo. Da.-immo melius spero. Pa.-oh tibi ego 1020 credam, furcifer ?
Pa.-Oui, comme tout à l'heure ! Da.-Mieux, j'espère. Pa.-Ah ! Je te croirais, moi, pendard ?

1 immo melivs s. bene melius comparatiuo, quasi hoc bonum sit, illud melius. 2 oh tibi ego credam f. furciferi dicebantur, qui ob leue delictum cogebantur a dominis ignominiae magis quam supplicii causa circa uicinias furcam in collo ferre subligatis ad eam manibus et praedicare peccatum suum simulque summonere ceteros ne quid simile admittant. itaque et Cicero « de seruo quid deinde? furcifer quo progreditur? 326 ».
1 immo melivs spero le comparatif melius est bon, comme si la première promesse était bonne et la seconde meilleure. 2 oh tibi ego credam fvrcifer on disait furcifer 789de ceux qui, pour un petit délit, étaient forcés par leurs maîtres, davantage pour leur faire honte que pour leur faire mal, de faire le tour du quartier avec sur le cou une fourche à laquelle on leur attachait les mains, et d'avouer leur faute en dissuadant par là même les autres d'en faire de même. Aussi même chez Cicéron on lit à propos d'un esclave : « quid deinde ? furcifer quo progreditur ? » (et quoi ensuite ? Où va ce gibier de potence ?).

619
tu rem impeditam et perditam restituas ? hem quo fretus siem,
Une affaire si embarrassée et perdue, tu la rétablirais ! Pfui ! comment compter sur toi,

1 tv rem impeditam et per. multum progressus est impeditam dicere: modo perditam dixit. 2 Sensus hic est: "integram perdidisti et perditam restitues?". 3 <tv> hoc est: "qui integram expeditamque turbasti". 4 hem qvo fretvs siem memor est se ante dixisse « Dauum uideo, cuius consilio fretus sum 327 ».
1 tv rem impeditam et perditam il y a une grande progression à dire impeditam (embrouillée) puis perditam (perdue). 2 Le sens, ici, est : "la situation était en bon état, c'est toi qui l'as ruinée et maintenant qu'elle est ruinée c'est toi qui vas la redresser ?". 3 tv c'est-à-dire toi qui as perturbé une situation integra (en bon état) et expedita (bien débrouillée)790 . 4 hem qvo fretvs siem il se souvient qu'il a dit antérieurement : « Dauum uideo cuius consilio fretus sum ».

620
qui me hodie ex tranquillissuma re coniecisti in nuptias.
qui, aujourd'hui, d'une situation de tout repos, m'as jeté dans ce mariage ?

621
an non dixi 1021 hoc futurum ? Da.-dixti. Pa.-quid meritus 1022  ? Da.-crucem.
N'avais-je pas dit que cela arriverait ? Da.-Si. Pa.-Que mérites-tu? Da.-La croix.

1 an non dixi hoc fvtvrvm ut « ab illa excludar, hoc c. 328 » et « uide quo me inducas 329 ». 2 qvid meritvs crvcem plena satisfactio est confessio peccati sine recusatione poenarum; nam mitiores eos reddimus, quibus ultro operae pretium pro delictis offerimus nostris. Vergilius « equidem merui n. d., i. 330 ».
1 an non dixi hoc fvtvrvm comme plus haut : « ab illa excludar hoc concludar ? » et : « uide quo me inducas ». 2 qvid meritvs crvcem il y a satisfaction pleine et entière quand l'accusé confesse sa faute sans refuser le châtiment : car nous adoucissons la sévérité de ceux à qui, spontanément, nous proposons pour nos fautes une peine en rapport. Ainsi Virgile : « equidem merui nec deprecor, inquit » (« J'ai mérité mon sort et ne cherche aucune échappatoire par mes prières », dit-il).

622
sed sine paululum ad me ut 1023 redeam : iam aliquid dispiciam. Pa.-ei mihi,
Mais laisse-moi un peu revenir à moi ; je découvrirai bien quelque chose. Pa.-Pauvre de moi !

1 sed sine pavlvlvm ad me vt r. ad se redire dicitur, qui animum recipit in sedem mentis. Vergilius « uictus ad se redit 331 ». et hic de corpore dixit. ad se autem redit, qui amens esse desistit. 2 iam aliqvid dispiciam dispicere est "disquirere consilium", despicere "deorsum aspicere".
1 sed sine pavlvlvm ad me vt redeam on dit qu'on revient à soi (ad se redire) quand on recouvre ses esprits et ses facultés mentales. Virgile : « uictus ad se redit » (vaincu il redevient lui-même). Et là il l'applique au corps. Revient à lui (ad se redire) celui qui cesse d'être dément. 2 iam aliqvid dispiciam dispicere c'est s'enquérir soigneusement d'un plan ; despicere c'est regarder d'en haut791.

623
cum non habeo spatium ut de te sumam supplicium ut uolo !
Je n'ai pas le temps de t'infliger la punition que je veux.

non habeo spativm vt de te s. s. v. v. οἰκονομία.
non habeo spativm vt de te svmam svpplicivm vt volo préparation (οἰκονομία)792.

624
namque hoc tempus praecauere mihi me, haud te ulcisci sinit.
Car le temps dont je dispose ne me permet que de veiller à mes affaires, et non de me venger de toi.

namqve hoc tempvs praecavere sic Vergilius « sed motos praestat c. f. 332 » et est σύλλημψις: illud enim cogit, hoc sinit.
namqve hoc tempvs praecavere de même Virgile : « sed motos praestat componere fluctus » (mais mieux vaut contenir les flots agités) et c'est une syllepse (σύλλημψις) : il oblige à une chose, il permet l'autre793 .

Actus quartus

scaena prima

DauusPamphilusCharinus

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625
Ch.-hocine est credibile aut memorabile,
Ch.-Peut-on croire, peut-on admettre

1 hocine est credibile avt memorabile elegans perturbatio, in qua inter se Simo, Dauus, Pamphilus, Charinus, Byrria, Chremes, omnes omnibus redduntur offensi. 2 hocine est c.credibile a.avt m.memorabile et incredibile est, inquit, et nefandum; e contrario enim ab interrogatione quadam incipiunt, qui nimis irascuntur, ut est illud « hocine est humanum f.factum a.aut i.inceptum? h.hocine e.est o.officium p.patris? 333 ». 3 Et totum in pronuntiatione est: hoc enim genus interrogationis uim negandi exprimit. 4 hocine est credibile a generalitate incipit, ut Cicero « quam facile serpat iniuria et peccandi locus, quam non f.facile r.reprimatur u.uidete 334 ». 5 Idem « hocine saeclum! ο scelera, ο g.genera s.sacrilega, ο h.hominem i.impium! 335 ».
1 hocine est credibile avt memorabile élégante scène d'imbroglio où Simon, Dave, Pamphile, Charinus, Byrria, Chrémès s'attaquent mutuellement les uns les autres794. 2 hocine est credibile avt memorabile c'est à la fois, dit-il, incroyable et indicible ; car on commence par une interrogative qui appelle une réponse négative quand on est particulièrement irrité, comme plus haut : « hocine est humanum factum aut inceptum ? hocine est officium patris ? »795. 3 Et tout est dans la prononciation car ce genre d'interrogation exprime la valeur négative. 4 hocine est credibile il commence par une généralité, comme Cicéron : « quam facile serpat iniuria et peccandi locus796, quam non facile reprimatur uidete » (avec quelle facilité l'injustice et l'occasion de mal agir s'insinuent, avec quelle difficulté on les réprime, voyez-le, <juges>). 5 De même : « hocine saeclum ! o scelera, o genera sacrilega, o hominem impium ! »797.

626
tanta uecordia innata cuiquam ut siet
qu'un homme ait une nature si démente

tanta vecordia i.innata c.cviqvam vt siet singulari et plurali numero respondet.
tanta vecordia innata cviqvam vt siet il répond à la fois avec un singulier et un pluriel.

627
ut malis gaudeant atque ex incommodis
qu'il se réjouisse des malheurs et que des disgrâces

1 vt malis gavdeant cum dixisset cuiquam, intulit numerum pluralem, ut alibi « si quisquam est, qui placere s.studeat b.bonis q.quam p.plurimis et m.minime m.multos l.laedere, i.in h.his p.poeta n.nomen p.profitetur s.suum 336 ». 2 vt malis gavdeant legitur et gaudeat et comparet. 3 ex incommodis a.alterivs et hic gaudeat subauditur. 4 atqve ex incommodis a.alterivs s.sva vt c.comparent c.commoda hoc est: "non intellegunt commoda sua, nisi ex alterius incommodis ea aestimauerint".
1 vt malis gavdeant alors qu'il avait mis le pronom singulier quisquam, il met ici le pluriel, comme ailleurs : « si quisquam est qui placere studeat bonis quam plurimis et minime multos laedere, in his poeta nomen profitetur suum »798. 2 vt malis gavdeant on lit aussi le singulier gaudeat dans les manuscrits ainsi que comparet au vers suivant799. 3 ex incommodis alterivs ici on sous-entend gaudeat (il se réjouit)800. 4 atqve ex incommodis alterivs sva vt comparent commoda c'est-à-dire : ils ne comprennent leur bonheur qu'à l'aune des malheurs d'autrui.

628
alterius sua ut comparent commoda ? Ah
des autres il tire avantage ? Ah !

sva vt comparent hoc est adquirant uel aestiment.
sva vt comparent c'est-à-dire acquirant (ils acquièrent) ou aestiment (ils évaluent).

629
id est 1024 uerum ? immo id est genus hominum pessumum in
serait-ce vrai ? Oui, la pire espèce d'hommes est celle

1 id est vervm immo id est alii sic uerum est hoc genus hominum: <hominem> se probauit esse, cum malus sit et hic contra hoc immo non hominem, sed pessimum hominem se probauit. 2 vervm immo id est parum accusauerat dicens id est uerum hominum genus et ideo addidit id est pessimum hominum genus, ut hoc facere non hominis modo sit, sed pessimi hominis.
1 id est vervm immo id est certains comprennent : uerum est hoc genus hominum: <hominem> se probauit esse, cum malus sit (voilà la véritable nature humaine : il a prouvé qu'il était un homme puisqu'il est mauvais) et son contraire : immo non hominem, sed pessimum hominem se probauit (mais tout ce qu'il a prouvé, ce n'est pas qu'il est un homme, mais qu'il est un homme de la pire espèce). 2 vervm immo id est en disant id est uerum hominum genus, il avait proféré une accusation insuffisante ; du coup il ajoute id est pessimum hominum genus, pour qu'une telle action soit mise au compte non pas de l'homme seulement, mais de l'homme de la pire espèce.

630
denegando modo quis pudor paullum adest ;
qui n'a un peu de pudeur que pour refuser.

1 in denegando modo modo pro tantummodo. 2 qvis pvdor p.pavllvm a.adest adest pudor, ne denegent, non adest, ut et praestent.
1 in denegando modo modo est mis pour tantummodo (un tant soit peu). 2 qvis pvdor pavllvm adest le scrupule existe assez pour empêcher les gens de refuser mais il n'existe pas suffisamment pour qu'ils aillent jusqu'à accorder801.

631
post ubi tempus promissa iam perfici,
Vienne le temps de tenir leurs promesses,

post vbi tempvs deest est, ut sit: tempus est.
post vbi tempvs il manque le verbe est de sorte qu'on ait : ubi tempus est (quand le moment est venu).

632
tunc 1025 coacti necessario se aperiunt,
alors, contraints par l'inévitable, ils se révèlent ;

1 tvnc coacti necessario s.se a.aperivnt mire ait necessario, quia natura sunt tales; necessitas autem in natura est constituta. 2 aperivnt mire aperiunt, quoniam tunc, cum promittebant, mali erant, sed latebat malitia intra pectoris altitudinem.
1 tvnc coacti necessario se aperivnt remarquable emploi de necessario, parce que c'est bien leur nature ; or la nécessité se trouve dans la nature. 2 aperivnt remarquable emploi de aperiunt, puisque, au moment de la promesse, ils étaient méchants, mais la méchanceté était cachée au plus profond de leur cœur.

633
et timent et tamen res premit denegare ;
ils ont peur, mais la situation les force à se dédire.

1 et timent et t.tamen r.res p.premit d.denegare bis numero subauditur denegare. 2 Et melius timent, quam si diceret pudet eos; nam timor etiam malorum, pudor tantum bonorum. 3 res malitia scilicet: id est "quia mali sunt ad rem, quam praestare non possunt".
1 et timent et tamen res premit denegare denegare est sous-entendu deux fois802. 2 Et il est meilleur de dire timent que eos pudet (ils ont honte) ; car le timor (peur) est l'apanage des mauvaises gens, le pudor (honte) ne concerne que les braves. 3 res à savoir par méchanceté ; c'est-à-dire parce qu'ils sont mauvais eu égard à la chose qu'ils ne peuvent accorder803.

634
ibi tum eorum inpudentissuma oratiost
Ils tiennent alors les discours les plus impudents :

635
"quis tu es ? quis mihi es ? cur meam tibi ? heus proximus sum egomet mihi."
« Qui es-tu ? que m'es-tu ? pourquoi te céder celle qui est à moi ? Hé ! mon prochain, c'est moi-même. »

1 qvis tv es qvis mihi es quis tu es ad dignitatem refertur, quis mihi es ad necessitudinem, id est frater aut cognatus. 2 Et haec uerba mollia dictu sunt, sed animo aspera. 3 cvr meam tibi ἔλλειψις.
1 qvis tv es qvis mihi es quis tu es se rapporte à l'identité, quis mihi es se rapporte à la parenté, c'est-à-dire qu'il est un frère ou un parent. 2 Et ces mots sont doux dans leur ton, mais cruels dans l'esprit. 3 cvr meam tibi ellipse (ἔλλειψις).

636
at tamen "ubi fides ?" si roges,
Demandez leur où est la bonne foi :

1 hevs proximvs heus significatio est modo nominis ad intentionem considerationemque reuocandi. 2 proximvs svm egomet mihi id est: "carior mihimet ipse sum quam quisquam alienus". 3 proximvs carus, beniuolus. — 4 Et hoc est, quod ait supra « quo aequior sum Pamphilo, si se illam in somnis quam illum amplecti maluit 337 » — inde et proximi et propinqui dicuntur, qui nobis cari esse debent.
1 hevs proximvs l'interjection heus signifie parfois qu'on rappelle quelqu'un à son intention et à la réflexion. 2 proximvs svm egomet mihi c'est-à-dire : "je suis plus proche de moi-même que n'importe qui d'autre". 3 proximvs proximus signifie carus (cher), beniuolus (bien intentionné). 4 Et c'est qu'il veut dire ci-dessus : « quo aequior sum Pamphilo si se illam in somnis quam illum amplecti maluit ».. C'est pourquoi proximus (très proche) et propinquus (proche) se disent de ceux qui doivent nous être chers.

637
nihil pudet hic, ubi opus est ; illic 1026 ubi
ils n'ont point de honte, alors qu'il faudrait en avoir ; lorsqu'il

1 nihil pvdet pudor est mali facti, uerecundia recti et honesti. ergo mire posuit. 2 si roges abundat si roges, sed ἠθικῶς additum est. 3 hic vbi opvs est ubi iam promiserunt. 4 hic vbi opvs est saluo pudore.
1 nihil pvdet le pudor (honte) est suscité par une mauvaise action, la uerecundia (respect) par une belle et bonne action. Aussi est-ce un emploi paradoxal 804. 2 si roges si roges est superflu, mais c'est un ajout conforme au caractère du personnage (ἠθικῶς). 3 hic vbi opvs est au moment où ils ont fait leur promesse. 4 hic vbi opvs est sans manquer à la pudeur.

638
nihil opus est, ibi uerentur.
n'en faut point, c'est alors qu'ils en ont.

1 illic vbi nihil nota illic et ibi: aptum irascenti repetitionis genus. 2 illic legitur et illi. 3 vbi nihil opvs est ubi nondum promiserunt. 3 ibi verentvr quod ait supra « in denegando modo quis p.pudor p.paullum a.adest 338 ».
1 illic vbi nihil notez les adverbes illic et ibi : ils manifestent un type de répétition propre au personnage en colère. 2 illic on lit aussi illi (là-bas). 3 vbi nihil opvs est quand ils n'ont pas encore promis. 4 ibi verentvr comme ci-dessus : « in denegando modo quis pudor paullum adest ».

639
sed quid agam ? adeamne 1027 ad eum et cum eo iniuriam hanc expostulem ?
Mais que faire ? Aller le trouver ? Lui demander raison de cet affront ?

1 sed qvid agam adeamne ad evm hic locus deliberationis est, an adeat Pamphilum. 2 Et unum abundat. 3 Et moraliter uerba Charini sunt posita. 4 et cvm eo inivriam pro de iniuria. 5 expostvlem expostulatio est aduersus eum, quem incusamus; nam expostulare est querellam apud eum ipsum deponere de eo ipso, qui fecit iniuriam, postulare autem querellam dicere de altero apud alterum.
1 sed qvid agam adeamne ad evm délibération pour savoir s'il doit aller voir Pamphile. 2 Et il y en a un qui est superflu805. 3 Et les paroles de Charinus sont conformes à son caractère. 4 et cvm eo inivriam iniuriam est mis pour de iniuria (lui demander raison de son affront). 5 expostvlem l'expostulatio (réclamation) se fait à l'encontre de quelqu'un que l'on accuse ; car expostulare c'est porter plainte devant la personne même et contre la personne même qui a commis une injustice, alors que postulare (poursuivre) c'est porter plainte contre autrui devant autrui.

640
ingeram mala multa ? atque aliquis dicat "nil promoueris" :
L'agonir de force injures ? On me dira : à quoi cela t'avancera-t-il ?

1 ingeram mala m.mvlta quasi tela ista se dixit ingesturum mala. 2 atqve aliqvis d.dicat n.nil p.promoveris hoc dicit: "etsi exsistat aliquis, qui mihi dicat quid profeceris?, respondeo multum".
1 ingeram mala mvlta il dit quasiment qu'il va lancer de ces traits assassins. 2 atqve aliqvis dicat nihil promoveris il veut dire : imaginons que quelqu'un vienne me dire quid profeceris (en quoi cela t'aura-t-il avancé ?), je réponds multum (énormément).

641
multum : molestus certe ei fuero atque animo morem gessero.
A beaucoup : je lui aurai du moins fait de la peine et j'aurai satisfait mon ressentiment.

1 mvltvm non subiunxit, quomodo multum, sed: aliud faciam. 2 Transitum fecit dicendo molestus certe ei fuero. 3 mvltvm subauditur promouero. 4 molestvs certe ei f.fvero hoc est: "si nihil aliud promouero, certe ei molestus fuero". 5 atqve animo m.morem g.gessero erit fructus iracundiae ex uindicta. 6 Et per iracundiam atque turbationem non inuenit, quid sit multum; aliud ergo inuenit molestus certe ei fuero.
mvltvm il n'a pas ajouté de quelle manière il entend multum, mais aliud faciam (je vais faire autre chose)806. 2 Il fait une transition807 en disant molestus certe ei fuero. 3 mvltvm promouero (j'aurai <beaucoup> avancé) est sous-entendu. 4 molestvs certe ei fvero c'est-à-dire : "si je n'obtiens rien d'autre, au moins je lui aurai fait un peu de mal". 5 atqve animo morem gessero la colère se paiera de la vengeance. 6 Et sous le coup de la colère et du trouble, il ne trouve pas ce que représente ce multum. Il trouve donc autre chose en disant molestus certe ei fuero.

642
Pa.-Charine, et me et te inprudens, nisi quid di respiciunt, perdidi.
Pa.-Charinus, toi et moi, par imprudence, si les dieux ne nous viennent en aide, je nous ai perdus.

1 charine et me et te inp.inprvdens mire et artificiose Pamphilum fecit priorem alloqui ad perfringendam iracundiam Charini: alioquin si prior uociferari potuisset, tragica exclamatione usus fuisset. 2 inprvdens est defensio ab imprudentia: etenim nisi bonae esset conscientiae, numquam diceret te perdidi purgaturus.
1 charine et me et te inprvdens c'est remarquable et de bonne technique que de faire parler Pamphile le premier pour briser la colère de Charinus : sinon, si Charinus avait pu d'abord proférer ses insultes, il aurait usé d'exclamations tragiques. 2 inprvdens c'est un argument de défense par absence de préméditation : de fait, s'il n'avait pas bonne conscience, jamais il ne dirait pour se justifier te perdidi.

643
Ch.-itane "inprudens" ? tandem inuentast causa : soluisti fidem.
Ch.-Vraiment, « par imprudence » ? Enfin tu as trouvé un prétexte. Tu as tenu parole.

1 itane inprvdens inprudens distingue et attende hoc illum repetere, quod indignatur magis, quasi audierit inprudens et non audierit reliqua. 2 itane inprvdens quia articulus omnis defensionis per concessiuam qualitatem hoc dicto est constitutus, idcirco hoc ipsum Charinus per infirmationem repetit, hoc cupiens eripere Pamphilo, quo ille maxime nititur.
1 itane inprvdens faites une pause avant inprudens et remarquez que Charinus répète le mot qui suscite le plus son indignation, comme s'il avait entendu inprudens sans entendre la suite. 2 itane inprvdens parce que toute l'articulation de la défense fondée sur un état concessif de la cause repose sur ce mot, Charinus à dessein le répète pour l'infirmer, en espérant arracher à Pamphile ce qui constitue son meilleur appui808.

644
Pa.-quid "tandem" ? Ch.-etiamnunc me ducere istis dictis postulas ?
Pa.-Quoi « enfin » ? Ch.-Prétends-tu me mener encore en bateau avec tes paroles ?

645
Pa.-quid istuc est ? Ch.-postquam me amare dixi, conplacitast tibi.
Pa.-Qu'est-ce que cela veut dire ? Ch.-Quand je t'ai dit que j'étais amoureux, elle t'a plu.

646
heu me miserum qui tuum animum ex animo spectaui meo !
Ah ! malheureux que je suis d'avoir jugé de ton cœur par le mien !

qvi tvvm animvm ex a.animo s.spectavi m.meo legitur et cum.
qvi tvvm animvm ex animo spectavi meo on lit aussi cum.

647
Pa.-falsus es. Ch.-non tibi sat esse hoc solidum uisum est gaudium,
Pa.-Tu t'abuses. Ch.-Sans doute ta joie ne t'aurait pas semblé complète,

1 falsvs es modo participium est, id est falleris, si Pamphilus dicit; si uero coniungitur, pro fallax accipitur. 2 hoc solidvm visvm solidum plenum, idoneum, integrum.
1 falsvs es falsus est parfois un participe équivalent de falleris (tu te trompes), si c'est Pamphile qui parle. Mais si c'est la même réplique, il équivaut à fallax (mensonger)809. 2 hoc solidvm visvm solidus veut dire plenus (plein), idoneus (adapté), integer (entier).

648
nisi me lactasses amantem et falsa spe produceres ?
si tu n'avais roulé dans la farine un pauvre amant, en le berçant longtemps d'un faux espoir.

1 nisi me lactasses produxisses, oblectasses, induxisses, quae significatio frustrationem ostendit. 2 lactare est "inducere in aliquam uoluntatem" a laciendo; unde et oblectare dicitur.
1 nisi me lactasses le verbe signifie producere (mener en bateau), oblectare (amuser), inducere (induire en erreur) et relève du lexique de la tromperie. 2 Lactare c'est "induire à suivre la volonté de quelqu'un", cela vient du verbe lacere, d'où vient aussi le verbe oblectare (amuser)810.

649
habeas. Pa.-habeam ? ah nescis quantis in malis uorser miser
Prends-la. Pa.-Que je la prenne ! Ah ! tu ne sais pas dans quels maux je me débats, malheureux,

1 habeas permissio animi irati. 2 habeam ut supra « aut si tibi nuptiae hae s.sunt c.cordi -c.cordi? 339 ».
1 habeas permission émanant d'un esprit irrité. 2 habeam de même que ci-dessus : « aut si tibi nuptiae hae sunt cordi… — Cordi ? ».

650
quantasque hic suis consiliis mihi conflauit sollicitudines
quelles angoisses m'ont données les conseils de Dave,

1 qvantas hic mihi svis consiliis ironia dixit, ut supra « cuius consilio fretus sum 340 ». 2 Et cum uerser praetulerit, conficiat debuit inferre. est ergo ἀνακόλουθον, ut est illud « principio amico filium r.restitueris ... i.inuenies 341 ». 3 confecit legitur et conflauit. 4 sollicitvdines perturbationes.
1 qvantas hic mihi svis consiliis dit avec ironie comme ci-dessus : « cuius consilio fretus sum ». 2 Et comme il a d'abord mis uerser, il aurait dû continuer avec conficiat 811. C'est donc une anacoluthe (ἀνακόλουθον), comme ci-dessus : « principio amico filium restitueris (...) inuenies ». 3 confecit on lit aussi conflauit. 4 sollicitvdines synonyme de perturbationes (troubles, soucis).

651
meus carnufex. Ch.-quid istuc tam mirum est de te si exemplum capit ?
mon bourreau. Ch.-Qu'y a-t-il d'étonnant, s'il prend exemple sur toi ?

mevs carnifex id est: in me carnifex, "qui me torserit", ut alibi « deo irato meo 342 », hoc est: "in me deo irato". 2 de te si exemp.exemplvm c.capit utrum: "si te imitatur", an: "si de te exigit poenas", ut ipse alibi « uterque exempla in te edent 343 »? 3 Sed melius "te imitatur" accipimus.
1 mevs carnifex c'est-à-dire un carnifex in me (un bourreau dont je suis la victime), "qui me torturera". Ainsi ailleurs : « deo irato meo », c'est-à-dire "un dieu irrité contre moi". 2 de te si exemplvm capit au choix : "s'il t'imite" ou bien "s'il te punit", comme on le voit ailleurs : « uterque exempla in te edent ». 3 Mais il vaut mieux comprendre "il t'imite".

652
Pa.-haud istuc dicas, si cognoris uel me uel amorem meum.
Pa.-Tu ne dirais pas cela si tu me connaissais moi, ou mon amour.

havt istvc dicas si cognoris nosti enim, sed si cognoueris, non ita dicas.
havt istvc dicas si cognoris car tu l'as connu, mais si tu avais appris à le connaître, tu ne parlerais pas ainsi812.

653
Ch.-scio : cum patre altercasti dudum et is nunc propterea tibi
Ch.-Je sais. Tu as bien tenu tête à ton père tout à l'heure, et contre toi

1 cvm patre altercasti ab his quae facta sunt ad ea quae facta non sunt. 2 cvm patre altercasti legitur et altercatus es, non enim alterco dicimus.
1 cvm patre altercasti on part de ce qui a été fait pour aller vers ce qui n'est pas fait. 2 cvm patre altercasti on lit aussi altercatus es, car on ne dit pas alterco 813.

654
suscenset nec te quiuit hodie cogere illam ut duceres.
il est fâché, et de tout le jour il n'a pu te contraindre à l'épouser.

nec te qvivit h.hodie c.cogere argumentum attulit ex his quae non sunt facta, cum fieri debuerint.
nec te qvivit hodie cogere il argumente d'après des événements qui n'ont pas eu lieu alors qu'ils auraient dû avoir lieu.

655
Pa.-immo etiam, quo minus tu scis 1028 aerumnas meas,
Pa.-Il n'en est rien, et tu ne sais rien de mes malheurs.

1 immo etiam pro: praeterea et amplius. 2 immo etiam deest audi. 3 qvo minvs tv scis quo id est quod. et deest audi. 4 Vel accipe, ut sit quod uel quoniam. 5 Vel quo id est ex quo aut qua re. 6 Aut certe erit sensus cum subauditione huiusmodi: "immo etiam quo minus scis aerumnas meas, eo magis audi", aut: "immo etiam hae nuptiae non apparabantur mihi, quo ipso minus tu scis aerumnas meas", id est "falsae nuptiae erant, quae res te magis fallit irascique mihi cogit merito".
1 immo etiam équivaut à praeterea (en outre) et amplius (bien plus). 2 immo etiam il manque audi (écoute). 3 qvo minvs tv scis quo c'est-à-dire quod et il manque audi (écoute) 4 Ou bien accipe (entends) ; quo équivaut à quod ou à quoniam 814. 5 Ou encore quo équivaut à ex quo ou qua re. 6 Ou assurément le sens sera le suivant, avec un sous-entendu de ce genre : "bien plus, tu sais d'autant moins mes infortunes, écoute-les donc d'autant plus", ou bien "bien plus, on ne me prépare pas un mariage, ce qui fait vraiment que tu ne sais rien de mes infortunes", c'est-à-dire que "les noces étaient fausses, chose qui t'induit grandement en erreur et qui me pousse à m'irriter à juste titre".

656
haec nuptiae non apparabantur mihi
Ce mariage ne se préparait pas pour moi,

1 hae nvptiae legitur et haec nuptiae; sic enim ueteres dixerunt. 2 non apparabantvr apparari cum datiuo casu iunctum semper cladem et perniciem significat, ut « mihi sacra parari 344 ».
1 hae nvptiae on lit aussi haec nuptiae ; c'est ainsi en effet que s'exprimaient les anciens. 2 non apparabantvr le verbe apparari construit avec le datif signifie toujours un désastre et une calamité comme dans l'expression « mihi sacra parari » (on prépare pour moi l'appareil des sacrifices)815.

657
nec postulabat nunc quisquam uxorem dare.
et personne ne songeait à me donner femme.

658
Ch.-scio : tu coactus tua uoluntate es. Pa.-mane :
Ch.-Je sais : on t'a fait violence, ...de ton plein gré. Pa.-Attends :

tv coactvs tva volvntate hic est accusatio: ille enim excusat per imprudentiam, hic arguit uoluntatem. hoc ergo dicit: "eo grauius, quod nullo cogente, peccasti".
tv coactvs tva volvntate c'est une accusation : l'un des personnages en effet s'excuse en prétextant l'imprudence, l'autre lui oppose la volonté. Donc cela veut dire : "c'est d'autant plus grave que tu as fauté sans que nul te contraigne".

659
nondum scis. Ch.-scio equidem illam ducturum esse te.
tu ne sais pas encore. Ch.-Je sais du moins que tu vas l'épouser.

660
Pa.-cur me enecas 1029  ? hoc audi : numquam destitit
Pa.-Pourquoi me tortures-tu ? Écoute : il n'a pas cessé un moment

cvr me enecas enecas excrucias.
cvr me enecas enecas vaut pour excrucias (tu tortures).

661
instare ut dicerem me ducturum patri ;
d'insister pour que je dise que j'épouserais à mon père,

instare vt dicerem me dvctvrvm patri svadere orare instare suadere orare: quarto nihil potest esse.
instare vt dicerem me dvctvrvm patri svadere orare instare, suadere, orare : il ne peut y avoir de quatrième verbe816.

662
suadere orare usque adeo donec perpulit.
de conseiller, de prier, jusqu'à ce qu'enfin il m'y ait poussé.

663
Ch.-quis homo istuc ? Pa.-Dauus... Ch.-Dauus ? Pa.-interturbat. Ch.-quam ob rem ? Pa.-nescio ;
Ch.-Qui a fait ça ? Pa.-Dave... Ch.-Dave ? Pa.-Il jette le trouble partout. Ch.-Pourquoi ? Pa.-Je n'en sais rien ;

1 davvs intertvrbat Dauus cum admiratione pronuntiandum. 2 intertvrbat deerat, ut et hic Dauus diceret, sed plus intulit interturbat. 3 Et inter modo pronominis hoc non habet significationem 165; est enim auctiua particula, ut « interfectus, interemptus 345 ». 4 Vel inter modo pro per, ut ille « hunc inter fluuio Tiberinus amoeno u.uerticibus r.rapidis et m.multa f.flauos h.harena in mare pror.prorumpit 346 ». 5 nescio quia irascitur Dauo, dixit nescio; alioquin scit.
1 davvs intertvrbat il faut prononcer Dauus avec étonnement. 2 intertvrbat il manque de dire ici aussi Dauus, mais interturbat est plus expressif. 3 Et inter n'a pas ici le sens d'un énoncé supposant le pronom hoc 817 ; c'est en effet une particule intensive comme dans « interfectus, interemptus » (massacré, éliminé). 4 Ou bien ici il vaut pour per comme le Poète : « hunc inter fluuio Tiberinus amoeno uerticibus rapidis et multa flauos harena in mare prorumpit » (Le Tibre, qui traverse de son flot riant, va, en tourbillons rapides et tout jaune du sable qu'il roule, se jeter dans la mer). 5 nescio parce qu'il est en colère contre Dave, il dit nescio, mais pourtant il sait.

664
nisi mihi deos satis scio fuisse iratos qui auscultauerim.
tout ce que je sais, c'est que les dieux étaient assez irrités contre moi, pour que je l'écoute.

nisi mihi deos fvisse iratos deest quia, ut sit: nisi quia.
nisi mihi deos (…) fvisse iratos il manque quia pour avoir : nisi quia (si ce n'est parce que).

665
Ch.-factum hoc est, Daue ? Da.-factum. Ch.-hem quid ais ? scelus !
Ch.-Tu as fait cela, Dave ? Da.-Je l'ai fait. Ch.-Hein ! que dis-tu, pendard ?

factvm hoc est dave non quod non credat interrogat, sed quod increpet.
factvm hoc est dave ce n'est pas parce qu'il est incrédule qu'il pose une question, mais parce qu'il le réprimande.

666
at tibi di dignum factis exitium duint !
Que les dieux te donnent la fin que tu mérites !

at tibi di dignvm pactis exitivm dvint at principium increpationi aptum, ut Vergilius « at tibi pro scelere 347 » et Horatius « at ο deorum quicquid in caelo regit terras et h.humanum g.genus 348 ».
at tibi di dignvm factis exitivm dvint at marque de façon adaptée un début de réprimande, comme chez Virgile : « at tibi pro scelere » (mais que pour ton forfait <les dieux te etc.>), ou Horace : « at o deorum quicquid in caelo regit terras et humanum genus » (Mais au nom de tout ce qu'il y a de divin dans le ciel pour régir la terre et le genre humain…).

667
eho dic mihi, si omnes hunc coniectum in nuptias
Allez, dis-moi, si tous ses ennemis dans ce mariage avaient voulu

1 eho dic mihi eho interiectio est intentionem audientis exposcens. 2 dic mihi semper τὸ dic mihi iniuriosum est, ut ille « dic mihi, Damoeta, c.cuium p.pecus? 349 ». 3 si omnes hvnc coniectvm cum odio hoc pronuntiandum est; ideo coniectum dixit.
1 eho dic mihi eho est une interjection qui réclame l'attention de l'interlocuteur. 2 dic mihi le (τὸ) dic mihi est toujours insultant, comme chez le Poète : « dic mihi Damoeta cuium pecus ? » (Dis donc, Damète, à qui est ce troupeau ?). 3 si omnes hvnc coniectvm il faut dire cette réplique avec agressivité ; c'est pourquoi il dit coniectus.

668
inimici uellent, quod nisi hoc consilium darent ?
l'embarquer, quel autre conseil lui auraient-ils donné ?

1 deceptvs svm concessio. 2 scio τὸ scio non ad deceptionem, sed ad defetigationem reddidit. ergo cum ironia sonandum.
1 deceptvs svm concession. 2 scio le (τὸ) scio répond à l'idée contenue dans defatigatus (découragé) et non dans celle contenue dans deceptus (déçu). Aussi faut-il le rendre ironiquement.

669
Da.-deceptus sum, at non defetigatus. Pa.-scio.
Da.-Je suis déçu, mais non découragé. Ch.-Je vois.

1 hac non svccessit deest quod conabamur. et proprie de bono sic dicitur. 2 alia adoriemvr adoriri proprie dicitur repente ex insidiis aliquem inuadere.
1 hac non svccessit il manque quod conabamur (ce que nous tentions). Et le verbe succedere se dit au sens propre en bonne part. 2 alia adoriemvr adoriri signifie au sens propre "attaquer quelqu'un en lui tendant un piège"818.

670
Da.-hac non successit, alia adoriemur uia :
Da.-Ce moyen ne m'a pas réussi ; j'en tenterai un autre.

671
nisi si id putas, quia primo processit parum,
Crois-tu, parce que les choses ont mal débuté,

672
non posse iam ad salutem conuorti hoc malum.
qu'on ne puisse plus à notre salut faire tourner cet échec ?

673
Pa.-immo etiam ; nam satis credo, si aduigilaueris,
Pa.-Au contraire ; je suis sûr que si tu veux y veiller,

674
ex unis geminas mihi conficies nuptias.
tu me mettras sur les bras deux mariages au lieu d'un.

hoc tibi pro s.servitio d.debeo μεταλημπτικῶς seruitium pro seruitute posuit, ut « seruitio enixae tulimus 350 ».
hoc tibi pro servitio debeo par métalepse (μεταλημπτικῶς) il met seruitium pour seruitus (esclavage), comme dans Virgile : « seruitio enixae tulimus » (ayant enfanté dans la servitude, nous avons supporté ...).

675
Da.-ego, Pamphile, hoc tibi pro seruitio debeo,
Da.-Pour moi, Pamphile, tel est le devoir de mon esclavage :

676
conari manibus pedibusque1030 noctesque et dies,
faire des pieds et des mains, jour et nuit,

1 conari m.manibvs pq.pedibvsqve ut supra « quem ego credo manibus pedibusque obnixe omnia facturum 351 ». 2 Et accusatiuo casu "sine intermissione" significat noctes et dies. 3 manibvs et pedibvs ὑπερβολικῶς.
1 conari manibvs pedibvsqve comme plus haut : « quem ego credo manibus pedibusque obnixe omnia facturum ». 2 Et à l'accusatif noctes et dies signifie "sans interruption". 3 manibvs et pedibvs hyperbole (ὑπερβολικῶς)819.

677
capitis periclum adire, dum prosim tibi ;
et risquer ma tête pour t'être utile.

678
tuum est, si quid praeter spem euenit, mi ignoscere.
Le tien, si l'événement a trompé mes calculs, c'est de me pardonner.

1 si qvid praeter spem evenit euenit producta magis, quia hoc perpetuo non uult accidere Pamphilo. 2 Ergo euēnit, non eueniet aut euĕnit media correpta.
1 si qvid praeter spem evenit dans euenit le e est plutôt long, parce qu'il ne veut pas que cela arrive toujours à Pamphile. 2 Donc il faut lire euēnit et non eueniet ou euĕnit avec la syllabe médiane brève820 .

679
parum succedit quod ago ; at facio sedulo.
Ce que j'entreprends échoue ; mais je fais tout ce que je peux.

1 parvm svccedit qvod ago si nostrum est officia praebere, at nostrum non est fortunam posse praestare. 2 Et bene succedit, ut quod agimus ostendat successus esse fortunae166. 3 at facio sedvlo id est "ex animo" et sine dolo. 4 parvm svccedit qvod ago utilis sententia pro sapiente contra fortunam.
1 parvm svccedit qvod ago s'il est en notre pouvoir de remplir des offices, il n'est pas en notre pouvoir de leur donner une heureuse issue. 2 Et succedit est bien dit, pour montrer que le successus (dénouement) de ce que nous faisons dépend de la fortune. 3 at facio sedvlo c'est-à-dire "de tout mon cœur" et sine dolo sans ruse821. 4 parvm svccedit qvod ago maxime utile pour le sage contre les aléas de fortune.

680
uel melius tute reperi, me missum face.
Ou bien trouve mieux toi-même et laisse-moi tomber.

me missvm face id est: "noli uti opera mea".
me missvm face c'est-à-dire : "ne te sers pas de mon aide".

681
Pa.-cupio : restitue in quem me accepisti locum.
Pa.-Je ne demande pas mieux. Remets-moi dans la situation où tu m'as pris.

restitve in qvem me a.accepisti l.locvm sensus hic est: "omnia mihi integra et salua redde, qualia tibi tradidi consulturo uel cum nihil promisissem patri".
restitve in qvem me accepisti locvm le sens ici est le suivant : "fais que pour moi soit sain et sauf tout ce que je t'ai remis pour que tu y réfléchisses, même alors que je n'avais encore rien promis à mon père".

682
Da.-faciam. Pa.-at iam hoc opust. Da.-hem... sed mane ; concrepuit a Glycerio ostium.
Da.-Je le ferai. Pa.-Mais j'en ai besoin tout de suite. Da.-Hum ! mais attends : la porte de Glycère a grincé.

hem sed mane hem quasi incipientis est demonstrantisque aliquid noui se inuenisse.
hem sed mane hem est le mot de quelqu'un qui entame quelque chose et qui montre qu'il a trouvé quelque chose de nouveau.

683
Pa.-nihil ad te. Da.-quaero. Pa.-hem nuncine demum ? Da.-at iam hoc tibi inuentum dabo.
Pa.-C'est pas ton affaire. Da.-Je cherche. Pa.-Hein ! tu en es encore là ? Da.-Un instant et je te dirai ce que j'aurai trouvé.

1 nvncine demvm pro denique. 2 nihil ad te qvaero haec enim ad cogitantem nihil pertinere oportuit. 3 at iam hoc tibi i.inventvm d.dabo consilium scilicet, quo in pristinum restituaris locum.
1 nvncine demvm mis pour denique. 2 nihil ad te qvaero il aurait fallu que cela n'ait aucun rapport avec celui qui est en train de réfléchir. 3 at iam hoc tibi inventvm dabo évidemment l'idée qui va lui permettre de tout remettre en ordre.

scaena altera

DauusPamphilusCharinusMysis

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684
My.-iam iam 1031 ubi ubi erit, inuentum tibi curabo et mecum adductum
My.-Tout de suite, où qu'il soit, je me charge de le trouver et de l'amener avec moi,

1 iam iam vbi vbi erit inventvm t.tibi c.cvrabo in hac scaena instauratio est adhortationis Pamphili per Mysidem; opus est enim excitari rursus adulescentem, ne sub patris oppressione frangatur. 2 iam iam vbi vbi erit opportune rursus aestuanti Pamphilo amicae mentio obicitur per Mysidem, ne succumbat ad nuptias patri, quamuis promiserit se ducturum coniugem. aduersum quam difficultatem quia ipsius persona non sufficit, id agit, ut ad ipsam Glycerium modo adducat Pamphilum, cui affectum concitat non ex eo solum quod eum uocat puella, sed etiam quod desiderat eum uidere. 3 vbi vbi erit in.inventvm <ubi ubi> in prima parte uim suam tenet, in posteriore productio est. et est quemadmodum utut, quaqua, undeunde pro utcumque, quacumque, undecumque. 4 inventvm tibi cvrabo et m.mecvm a.addvctvm t.tvvm p.pamphilvm non solum se ad ducturam promisit, sed et tempus addidit. 5 Et bene tibi quasi amanti.
1 iam iam vbi vbi erit inventvm tibi cvrabo dans cette scène on voit le renouvellement de l'exhortation de Pamphile par Mysis ; il faut en effet pousser à nouveau le jeune homme de peur que son courage ne se brise sous le poids de la colère de son père. 2 iam iam vbi vbi erit c'est à point nommé que, tandis que Pamphile recommence à s'échauffer, Mysis lui oppose la mention de sa maîtresse, afin qu'il ne cède pas, en ce qui concerne le mariage, à son père, bien qu'il ait promis qu'il se marierait. Contre cette difficulté, parce que sa personne ne suffit pas, elle s'arrange pour conduire bientôt Pamphile devant Glycère elle-même, et réveille ses sentiments non seulement parce que la jeune fille l'appelle, mais parce qu'elle désire le voir. 3 vbi vbi erit inventvm dans ubi ubi la première partie de la formule porte le sens, la seconde est une rallonge822. Et c'est comme utut, quaqua, undeunde au lieu de utcumque, quacumque, undecumque. 4 inventvm tibi cvrabo et mecvm addvctvm tvvm pamphilvm non seulement elle promet de le lui amener, mais elle ajoute aussi le moment où elle le fera. 5 Et tibi est bien comme pour signifier amanti (toi qui l'aimes).

685
tuum Pamphilum : tu modo, anime mi, noli te macerare.
ton Pamphile. Seulement toi, ma chérie, ne te tourmente pas.

1 tv modo anime mi n.noli t.te m.macerare mollis oratio et feminea multis implicata blandimentis. ait enim tu modo, anime mi . 2 mi pro meus.
1 tv modo anime mi noli te macerare réplique pleine de douceur et typiquement féminine où se mêlent des cajoleries en grand nombre. Elle dit en effet tu modo, anime mi. 2 mi est mis pour meus 823.

686
Pa.-Mysis. My.-quis est ? <e>hem Pamphile, optume mihi te offers. Pa.-quid <id> est ?
Pa.-Mysis ! My.-Qui est-ce ? Ah ! Pamphile, tu tombes à pic. Pa.-Qu'y a-t-il ?

687
My.-orare iussit, si se ames, era, iam ut ad sese uenias :
My.-Ma maîtresse te fait dire, si tu l'aimes, de venir auprès d'elle à l'instant.

688
uidere te ait cupere. Pa.-uah perii : hoc malum integrascit.
Elle dit qu'elle veut te voir. Pa.-Ah ! Je suis mort ; mon tourment recommence.

1 hoc malvm integrascit integratur, quod ad integrum redit, quod repetitur, quod instauratur, ut Vergilius « ramoq.ramoques.sedensm.miserabilec.carmeni.integrat352 ». 2 hoc malvm "amor meus" aut "Glycerii sollicitudo", quam nescire oportuit <nuptias>.
1 hoc malvm integrascit on emploie integrari pour ce qui revient à être integer (dans son état premier), pour ce que l'on va rechercher, que l'on répare, comme Virgile : «ramoque sedens miserabile carmen integrat » (et posée sur une branche, elle recommence son chant lamentable). 2 hoc malvm "mon amour" ou "l'inquiétude pour Glycère", qui doit rester dans l'ignorance de l'existence du mariage824.

689
sicin me atque illam opera tua nunc miseros sollicitarier !
Sais-tu que elle et moi, par ton ouvrage, malheureux, maintenant nous sommes dans les affres ?

sollicitarier perturbari.
sollicitarier synonyme de perturbari (être pertubé).

690
nam idcirco accersor nuptias quod mihi apparari sensit.
car, si elle me fait appeler, c'est qu'elle a eu vent qu'un mariage se préparait pour moi.

1 nvptias qvod mihi apparari apparari ad horrorem et timorem refertur. 2 Et datiuo casui iunctum cladem et perniciem significat, ut Vergilius « mihi sacra parari 353 ».
1 nvptias qvod mihi apparari apparari se rapporte à son horreur et à sa crainte. 2 Et avec le datif cela marque un désastre ou un fléau, comme Virgile : « mihi sacra parari » (on a préparé pour moi l'appareil du sacrifice)825.

691
Ch.-quibus quidem quam facile potuerat quiesci, si hic quiesset !
Ch.-Nous qui aurions été si aisément tranquilles de ce côté, s'il s'était tenu tranquille !

692
Da.-age, si hic non insanit satis sua sponte, instiga. My.-atque edepol
Da.-Vas-y, s'il n'est pas assez fou tout seul, excite-le encore. My.-Mais, par Pollux,

1 age si hic non insanit satis hic exsertius comprimit Charinum, ne fomenta iracundiae Pamphilo praeberet. 2 aut: "si paenitet te, quantum sua sponte insanit". 3 si hic non insanit ironia est. an laus ad mitigandum Pamphilum? 4 atqve edepol ea res est id est « nuptias apparari sensit 354 ».
1 age si hic non insanit satis ici il arrête plus nettement Charinus de peur qu'il ne vienne donner à Pamphile de quoi nourrir sa colère. 2 Autre interprétation : "si toi tu te repens, autant qu'il est, lui de son côté, en proie à la folie"826. 3 si hic non insanit c'est de l'ironie827. Ou alors un éloge pour calmer Pamphile ? 4 atqve edepol ea res est c'est-à-dire « nuptias apparari sensit ».

693
ea res est, proptereaque nunc misera in maerorest. Pa.-Mysis,
c'est ce mariage ; c'est pour cela que la malheureuse à présent est dans le chagrin. Pa.-Mysis,

mysis asseueratio est, si a nomine eius incipias, cum quo loqueris.
mysis c'est une affirmation insistante quand on commence par le nom de la personne à qui l'on parle.

694
per omnis tibi adiuro deos numquam <ea>m me deserturum,
je te jure par tous les dieux que je ne l'abandonnerai jamais,

1 per omnis tibi adivro deos ad auctiua particula est, ut admirabiliter ualde mirabiliter et aduerto, addo . 2 Et hoc superest amissa fide, ut iurandum sit.
1 per omnis tibi adivro deos ad est une particule intensive, comme admirabiliter qui signifie ualde mirabiliter (très admirablement) et aduerto, addo 828 . 2 Et il reste quand on a perdu la confiance d'autrui l'obligation de jurer.

695
non si capiundos mihi sciam 1032 inimicos omnes homines.
non, même si je savais que le monde entier me sera hostile.

1 non si capivndos mihi s.sciam i.inimicos o.omnes h.homines mira uerecundia omnes homines maluit dicere, ut in his parentes quoque significaret, quam aperte dicere patrem, cuius metu promisit nuptias. 2 Et contra illud « sed uim ut queas ferre 355 ». 3 non si capivndos m.mihi s.sciam ita dixit de uno, hoc est patre, omnes homines, ut idem alibi « o caelum, o terra, ο maria Neptuni! 356 ». numquid et caelum Neptuni est? non utique, sed omnia haec mare uult esse, ut Vergilius « omnia uel medium fiant mare 357 ».
1 non si capivndos mihi sciam inimicos omnes homines avec une admirable pudeur il a préféré dire omnes homines, pour désigner les parents, plutôt que dire ouvertement patrem (mon père), par crainte duquel il a promis le mariage. 2 Et de façon contraire à cette réplique : « sed uim ut queas ferre ». 3 non si capivndos mihi sciam il parle ainsi d'un seul homme, son père, en disant omnes homines, comme le même ailleurs : « o caelum, o terra, ο maria Neptuni ! ». Est-il vrai que le ciel aussi appartient à Neptune ? non vraiment, mais il veut que tout cela soit de la mer comme Virgile : « omnia uel medium fiant mare » (Oui, que tout devienne Océan)829.

696
hanc mi expetiui : contigit ; conueniunt mores : ualeant
Je l'ai recherchée, je l'ai obtenue ; nos caractères s'accordent. Au diable

1 contigit quod uix euenit, contigisse dicitur. 2 convenivnt mores recte et id quod matrimonium firmat conueniunt mores. 3 valeant hoc est abeant, recedant, quia et discedentibus et mortuis uale dicitur, ut Vergilius « salue aeternum m.mihi, m.maxime P.Palla, aq.aeternumque u.uale 358 ». 4 Vel potius τῷ εὐφημισμῷ: cum male optaturus esset, considerato patre παραδόξως locutus est et non dixit, quod intenderat, pereant. 5 Et attende, quam moderate pluraliter dixerit, cum significaret patrem. 6 valeant renuntiationis et imprecationis est uerbum.
1 contigit ce qui vient juste de se produire on le désigne par le verbe contingere. 2 convenivnt mores conueniunt mores est correct et c'est ce qui rend stable un mariage. 3 valeant c'est-à-dire abeant (qu'ils aillent au diable), recedant (qu'ils s'en aillent), car à ceux qui partent et aux morts on dit uale (au revoir), comme Virgile : « salue aeternum mihi, maxime Palla, aeternumque uale » (Adieu pour toujours, ô grand Pallas ; pour toujours adieu !). 4 Ou plutôt par euphémisme (τῷ εὐφημισμῷ) : comme il est sur le point de faire un mauvais choix, en considération de son père il parle de manière paradoxale (παραδόξως) et ne dit pas pereant (qu'ils aillent au diable), ce qu'il avait l'intention de faire. 5 Et remarquez avec quelle modération il parle au pluriel, en voulant signifier son père. 6 valeant parole de renoncement et d'imprécation.

697
qui inter nos discidium uolunt : hanc nisi mors mi adimet nemo.
ceux qui veulent entre nous une rupture ! Sinon la mort, personne ne me l'enlèvera.

1 hanc nisi mors etsi ualeant167: hoc enim per concessionem dicitur. 2 hanc nisi mors haec concessio est. 3 hanc nisi mors mihi adimet nemo perseuerat, ne dicat pater. 4 Pro: non adimet pater.
1 hanc nisi mors même s'ils ont de la force : en effet cela est dit en usant d'une concession. 2 hanc nisi mors c'est cela la figure de concession. 3 hanc nisi mors mihi adimet nemo il continue à ne pas dire le mot pater. 4 Mis pour : non adimet pater (mon père ne me l'enlèvera pas).

698
My.-resipisco. Pa.-non Apollinis magis1033 uerum atque hoc responsumst.
My.-Je reviens à moi. Pa.-Non, l'oracle d'Apollon n'est pas plus vrai que celui-là.

1 resipisco spiritum reuocat sensus. 2 magis vervm aut magis uerum aut uerius dicimus.
1 resipisco la phrase lui redonne vie. 2 magis vervm nous disons soit magis uerum soit uerius.

699
si poterit fieri ut ne pater per me stetisse credat
Si l'on peut faire croire à mon père qu'il n'a pas tenu à moi

1 vt ne pater ut non. 2 vt ne pater per me stetisse stetisse hoc est esse, ut ille « desertaque montis stat d.domus 359 » aliter plenum est, ut idem « stant et iuniperi et c.castaneae h.hirsutae 360 », aliter horrent, ut « stant lumina f.flamma 361 » et Lucilius « stat sentibus fundus 362 ». 3 per me stetisse hoc est: "per me factum esse", ne fierent nuptiae.
1 vt ne pater mis pour ut non 830. 2 vt ne pater per me stetisse stetisse équivaut à esse (être), comme dit le Poète : « desertaque montis stat domus » (cette maison debout et abandonnée au flanc de la montagne). Dans d'autres cas il a son sens plein comme chez le même : « stant et iuniperi et castaneae hirsutae » (j'ai ici le genièvre et la châtaigne hérissée), il a aussi le sens de horreo (se hérisser), comme : « stant lumina flamma » (ses yeux se hérissent de flammes) et Lucilius : « stat sentibus fundus » (le terrain est hérissé de buissons). 3 per me stetisse cela veut dire : per me factum esse (c'est moi qui ai tout fait) pour que ce mariage ne se fasse pas.

700
quo minus haec fierent nuptiae, uolo ; sed si id non poterit,
que ce mariage ne se fasse, j'y consens. Mais si la chose est impossible,

701
id faciam, in procliui quod est, per me stetisse ut credat.
je ferai en sorte qu'il croie que ce qui fait obstacle est venu de moi.

702
quis uideor ? Ch.-miser, aeque atque ego consilium quaero. Pa.-fortis !
Que penses-tu de moi ? Ch.-Que tu es à plaindre, tout comme moi je cherche un expédient. Pa.-Tu as du courage.

1 miser aeqve atqve ego bene atque ego, quia et hic amore uexatur. 2 Et intulit παράδοξον, nam uolebat sibi dici fortis, quod illi tamen mox dicetur. hic igitur aliter respondet atque interrogauerat Pamphilus ideo, quod uideat impossibile esse palam resistere parenti. 3 consilivm qvaero sensus est: "scio quidem quid coneris, sed an efficere possis nescio".
1 miser aeqve atqve ego atque ego est bien dit parce que lui aussi est blessé par son amour. 2 Et il introduit un paradoxe (παράδοξον), de fait il voulait que ce soit à lui qu'on disefortis, alors que c'est à l'autre que le mot sera bientôt attribué. Il répond donc autre chose que ce que Pamphile lui a demandé, parce qu'il voit qu'il est impossible de résister ouvertement à un père. 3 consilivm qvaero le sens831 est : "je sais bien ce que tu tentes, mais je ne sais pas si tu pourras réussir".

703
scio quid conere. Da.-hoc ego tibi profecto effectum reddam.
Ch.-Je connais tes expédients. Da.-Tu en verras l'effet, j'en réponds.

1 scio qvid conere si Pamphili est persona, cum ironia dicitur, si Charini, simplex laudatio est. 2 Sed si Pamphili est, hoc significat, quod supra « ex unis geminas mihi conficies nuptias 363 ». 3 Sed non esse personam Pamphili ex subiectis ostenditur.
1 scio qvid conere si le personnage qui parle est celui de Pamphile c'est dit avec ironie, si c'est celui de Charinus, c'est un simple éloge. 2 Mais si c'est celui de Pamphile, cela veut dire ce qu'il a dit plus haut : « supra ex unis geminas mihi conficies nuptias . 3 Mais qu'il ne s'agit pas du personnage de Pamphile, on le voit bien à ce qui suit832.

704
Pa.-iam hoc opus est. Da.-quin iam habeo. Ch.-quid est ? Da.-huic, non tibi habeo, ne erres.
Pa.-C'est maintenant qu'il le faut. Da.-Oui, à présent je l'ai. Ch.-Qu'est-ce ? Da.-C'est pour lui et non pour toi que je l'ai, ne t'y trompe pas.

1 non tibi habeo ne erres deterret etiam nunc Charinum, ut et ipse adiuuet Dauum, ne Pamphilo nubat Philumena. 2 Et eodem sensu utitur Dauus aduersus Charinum, quo supra « quasi necesse sit, si huic eam non dat, te illam uxorem ducere 364 ». 3 non tibi habeo ne erres uel ut etiam Charinus pro se sentiat, hoc dicit, uel ut solent serui contumaciores aduersus amicum domini, quia nuper a Charino accusatus est, uel quia et quid dicat non habet et uidet tacendum non esse.
1 non tibi habeo ne erres même maintenant l'idée d'aider lui-même Dave à empêcher que Philumena n'épouse Pamphile, terrifie Charinus. 2 Et Dave l'utilise dans le même sens contre Charinus que plus haut : « quasi necesse sit, si huic eam non dat, te illam uxorem ducere ». 3 non tibi habeo ne erres il dit cela soit pour que même Charinus se range à son avis, soit, comme c'est de coutume chez les esclaves d'être récalcitrants envers l'ami de leur maître, parce qu'il vient d'être accusé par Charinus, soit parce qu'il n'a rien à dire et voit qu'il ne faut pas se taire.

705
Ch.-sat habeo. Pa.-quid facies ? cedo. Da.-dies [hic] mi ut satis sit uereor
Ch.-Cela me suffit. Pa.-Que vas-tu faire ? dis. Da.-Ce jour ne suffira pas, j'en ai peur,

1 sat habeo quia dilatio facta est. 2 vt satis sit ut pro ne non.
1 sat habeo car on a mis un délai. 2 vt satis sit ut est mis pour ne non 833.

706
ad agendum : ne uacuum esse nunc me 1034 ad narrandum credas :
pour le faire. Aussi ne crois pas que j'aie le loisir de te l'expliquer.

1 ne vacvvm esse nvnc me ne pro nedum 168. Sallustius in secundo libro « ne illa tauro paria sint 365 » pro nedum . 2 Aut aduerbium prohibentis, ut sit ne non.
1 ne vacvvm esse nvnc me ne est mis pour nedum. Salluste au deuxième livre des Histoires : « ne illa tauro paria sint » (qu'ils soient encore moins égaux au taureau) 834, passage où ne est mis pour nedum. 2 Ou c'est un adverbe marquant la défense, en sorte que ne vaut pour non.

707
proinde hinc uos amolimini ; nam mihi inpedimento estis.
Filez donc d'ici vous deux : vous êtes dans mes jambes.

1 proinde hinc vos amolimini amoliri dicuntur ea, quae cum magna difficultate et molimine submouentur et tolluntur e medio. 2 Sic dixit quasi odioso et molesto. 3 Discedere dicitur qui facile abit e medio, amoliri qui uix recedit. 4 proinde hinc vos amolimini molestum impedimentum ex rei magnitudine iacentis in medio. et ideo impedientibus se amolimini dicit, non abite. 5 proinde hinc vos a.amolimini spe iniecta iam etiam imperat domino callidus seruus. 6 nam mihi i.impedimento e.estis utrum hoc uerum dicit an fingit, quia adhuc consilium non inuenit, quod narrare possit?
1 proinde hinc vos amolimini on emploie amoliri pour les choses que l'on a grande difficulté et grande peine (molimen) à écarter et à enlever du milieu. 2 Il s'exprime ainsi comme s'adressant à quelqu'un d'insupportable et de pénible. 3 On dit discedere pour celui qui s'en va facilement du milieu, amoliri pour qui se retire à grand peine. 4 proinde hinc vos amolimini gêne pénible causée par la taille de la chose qui se trouve au milieu. Et c'est pour cela qu'il dit à ceux qui le gênent amolimini, et non abite (allez-vous-en). 5 proinde hinc vos amolimini maintenant qu'il lui a donné espoir, l'esclave rusé donne même des ordres à son maître. 6 nam mihi impedimento estis dit-il la vérité ou feint-il parce qu'il n'a pas encore trouvé ce qu'il pourrait raconter ?

708
Pa.-ego hanc uisam. Da.-quid tu ? quo hinc te agis ? Ch.-uerum uis dicam ? Da.-immo etiam :
Pa.-Moi, je vais aller la voir. Da.-Et toi, où vas-tu? Ch.-Tu veux vraiment que je te le dise ? Da.-Pour sûr.

1 ego hanc visam Glycerium scilicet. et cum commiseratione puellae hanc. 2 qvid tv qvo hinc te agis ut tarditatem discedentis ostendat; agere se enim tardi et tristes dicuntur. sic Vergilius « amissis remis atque o.ordine d.debilis u.uno i.inrisam s.sine h.honore r.ratem S.Sergestus a.agebat 366 »; idem alibi « ecce gubernator sese P.Palinurus a.agebat 367 ». 3 qvid tv hinc qvo te agis admonitio discedentis, ut solet; nam a quo discedere desideramus, admonemus eum, ubi uadat uel quo eat. idem facete per interrogationem admonet Dauus Charinum, ut <et> ipse abscedat Charinus, qui nunc ultimus remanet. 4 vervm vis dicam pro initio sedulae narrationis hoc sumimus. an sic respondet Charinus, tam quam qui intellegat non dici sibi uelle Dauum quo eat, sed id agere ut abscedat?
1 ego hanc visam Glycère évidemment. Et hanc est dit avec apitoiement sur la jeune fille. 2 qvid tv qvo hinc te agis pour montrer combien il tarde à partir ; se agere en effet se dit pour les gens lents et tristes. Ainsi Virgile : « amissis remis atque ordine debilis uno inrisam sine honore ratem Sergestus agebat » (dépouillé de ses avirons et n'ayant plus qu'un seul banc de rameurs et couvert de confusion, Sergeste ramène, au milieu des rires, sa galère sans honneur) ; le même ailleurs : « ecce gubernator sese Palinurus agebat » (Voici que le pilote Palinure se portait au devant d'Enée). 3 qvid tv hinc qvo te agis avertissement ordinaire de celui qui veut rompre la discussion835 ; de fait celui que nous désirons voir parti,r nous l'avertissons en lui demandant quand il s'en va ou où il va. De même avec humour Dave avertit Charinus en usant de la question, pour que Charinus aussi s'en aille, lui le dernier qui reste. 4 vervm vis dicam nous prenons cela pour le début d'une narration en forme. Ou alors, Charinus répond-il ainsi en comprenant que Dave ne veut pas qu'il lui dise où il va, mais veut le faire partir ?836

709
narrationis mihi incipit 1035 initium. Ch.-quid me fiet ?
Il va me commencer une histoire. Ch.-Qu'est-ce que je vais devenir, moi ?

1 narrationis mihi incipit initivm narrationis scilicet quo eat, quia uerum uis dicam? uelut prooemium narraturi est. 2 qvid me fiet "quid ergo, inquit, quid me fiet?". 3 ab eo hoc quasi ab iocante pronuntiandum est, nam sic ille impudens respondet. 4 qvid me fiet de Philumena ducenda.
1 narrationis mihi incipit initivm évidemment la narration au sujet de l'endroit où il va parce qu'il a dit uerum uis dicam ? comme préambule à ce qu'il va raconter. 2 qvid me fiet "qu'as-tu à faire837, dit-il, qu'est-ce qui va m'arriver ?". 3 Il doit prononcer cela comme s'il plaisantait ; de fait, c'est sur ce ton que l'autre répond impudens. 4 qvid me fiet "quant au fait d'épouser Philumena".

710
Da.-eho tu impudens, non satis habes quod tibi dieculam addo,
Da.-Ah ! tu as du culot ! Ne te suffit-il pas que je te fasse gagner une petite journée

1 eho tv impvdens non satis proprie Charino impudens dixit quasi et insolita et multa poscenti, quippe qui et sponsam alienam petere ausus sit et non satis habeat per Dauum sibi moram praestitam Pamphili nuptiarum. 2 qvod iam tibi diecvlam addo dieculam moram. 3 Et est ὑποκόρισμα diecula, hoc est tempusculum, et sumitur ab eo quod est haec dies. 4 diecula mora et quasi dies parua. 5 Et diecula, in qua scilicet ambias quantum potes ad ducendam Philumenam; uult enim se Dauus adiuuari per Charinum et Byrriam.
1 eho tv impvdens non satisc'est au sens propre qu'il dit impudens à Charinus, comme s'il lui demandait des choses extraordinaires et en grand nombre, car il a osé demander la fiancée d'un autre et ne se contente pas que Dave lui ait procuré une occasion de retarder le mariage de Pamphile. 2 qvod iam tibi diecvlam addo diecula est synonyme ici de mora (délai). 3 Et diecula est un diminutif (ὑποκόρισμα), comme tempusculum (un petit moment), et il vient de dies au féminin838. 4 Diecula est un délai et comme une petite journée839. 5 Et diecula, dans laquelle évidemment tu te démèneras autant que tu le peux pour épouser Philumena ; Dave veut en effet se faire aider par l'action de Charinus et de Byrria.

711
quantum huic promoueo nuptias ? Ch.-Daue, at tamen... Da.-quid ergo ?
le temps que je recule le mariage de celui-là ? Ch.-Mais pourtant, Dave... Da.-Quoi donc ?

1 promoveo differo. 2 promoveo nvptias memoriter Dauus: scit enim illum his uerbis petisse « saltem aliquot dies p.profer, d.dum p.proficiscor a.aliquo, n.ne u.uideam 368 », cuius rei oblitus Charinus etiam ut ducat uxorem petit.
1 promoveo signifie differo (je diffère). 2 promoveo nvptias Dave a bonne mémoire : il sait en effet que c'est avec ces mots que l'autre lui a demandé : « saltem aliquot dies profer, dum proficiscor aliquo, ne uideam » ; Charinus, qui l'a oublié, lui redemande de l'aider à se marier.

712
Ch.-ut ducam. Da.-ridiculum. Ch.-huc face ad me [ut] uenias, siquid poteris.
Ch.-Me la faire épouser ! Da.-Grotesque. Ch.-Arrange-toi pour venir ici chez moi, si tu peux quelque chose.

ridicvlvm deest hominem.
ridicvlvm il manque hominem (homme).

713
Da.-quid ueniam ? nil habeo. Ch.-at tamen, siquid. Da.-age ueniam. Ch.-siquid,
Da.-A quoi bon venir ? Je n'ai rien. Ch.-Pourtant, si tu... Da.-Allons, j'irai. Ch.-Si oui,

age veniam uix concedentis et uix consentientis est age ueniam.
age veniam age ueniam est une expression qui marque que l'on concède et consent avec difficulté.

714
domi ero. Da.-tu, Mysis, dum exeo, parumper me opperire hic.
je serai chez moi. Da.-Toi, Mysis, jusqu'à ce que je sorte, attends-moi un peu ici.

tv mysis dvm exeo a Glycerio scilicet.
tv mysis dvm exeo de chez Glycère évidemment.

715
My.-quapropter ? Da.-ita factost opus. My.-matura. Da.-iam inquam hic adero.
My.-Pourquoi ? Da.-Parce qu'il le faut le faire. My.-Dépêche. Da.-Je serai ici dans un instant, te dis-je.

scaena tertia

DauusMysis

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716
My.-nihilne esse proprium cuiquam ! di uostram fidem !
My.- Personne ne peut compter sur rien ! Dieux, je vous prends à témoin :

1 nihilne esse proprivm cviqvam haec scaena administrationem doli habet, quo fit ut deterreatur Chremes filiam suam Pamphilo dare. et uide non minimas partes in hac comoedia Mysidi attribui, hoc est personae femineae, siue haec personatis uiris agitur, ut apud ueteres, siue per mulierem, ut nunc uidemus. 2 nihilne ne aduerbium percontantis est. 3 nihilne esse p.proprivm omne, quod habemus, aut mutuum est aut proprium, — ergo proprium perpetuum . — ut « propriae haec si dona f.fuissent 369 ». 4 Ergo nihil nobis proprium esse potest. quod enim non fuit, ne esse quidem potest, aut quod eripi potest, non est nostrum, nisi illa quae eripi non possunt, ut sapientia, iustitia, prudentia, quae fortuna neque dare neque eripere cuiquam potest. 5 Et simul hoc ipsum et a re et a persona: a re nihil esse proprium, a persona cuiquam. 6 proprivm perpetuum, non temporale ac mutuum. 7 di vestram f.fidem admirantis aduerbium est cum exclamatione. 8 fidem fidem dixit "opem" et "auxilium", ut « Tyrrhenamque fidem 370 ».
1 nihilne esse proprivm cviqvam cette scène comprend l'exécution de la ruse, qui permet de détourner Chrémès de donner sa fille à Pamphile. Et voyez que le rôle attribué dans cette comédie à Mysis n'est pas mince, or c'est un personnage féminin, soit qu'un homme masqué joue ce rôle, comme chez les anciens, soit qu'il soit joué par une femme, comme dans les représentations actuelles840. 2 nihilne ne est un adverbe interrogatif. 3 nihilne esse proprivm tout ce que nous avons est mutuus (partagé) ou bien proprius (propre), donc proprius veut dire perpetuus (en possession perpétuelle) comme : « propriae haec si dona fuissent » (si ces dons lui eussent étés propres). 4 Donc rien ne peut nous appartenir en propre. Car ce qu'on n'a pas eu, on continue à ne pas l'avoir ou ce qui peut nous être enlevé ne nous appartient pas, sinon ce qu'on ne peut nous enlever, comme la sagesse, la justice, la prudence, qualités que la fortune ne peut ni donner, ni enlever à quiconque. 5 Et c'est à la fois un argument de la chose et de la personne : de la chose avec nihil esse proprium, de la personne avec cuiquam. 6 proprivm perpétuel non pas temporaire et partagé. 7 di vestram fidem adverbe marquant l'admiration avec exclamation. 8 fidem il appelle fides l'appui et le secours comme : « Tyrrhenamque fidem » (l'alliance tyrrhénienne).

717
summum bonum esse erae putabam hunc Pamphilum,
je croyais que notre Pamphile était pour ma maîtresse le bien suprême,

svmmvm bonvm esse mirum, quod pleno et neutro extulit summum bonum . . . Pamphilum.
svmmvm bonvm esse étonnant que summum bonum Pamphilum allie le masculin et le neutre841.

718
amicum, amatorem, uirum in quouis loco
un ami, un amant, un époux en toute circonstance

1 amicvm a.amatorem v.virvm amicus animi est, amator corporis. non enim continuo amator et bene uult, ut Dido amauit quidem Aeneam, sed non et amica fuit, quae ait « non potui a.abreptum d.diuellere c.corpus e.et u.undis s.spargere 371 » et item Catullus « cogit amare magis, sed bene uelle minus 372 ». et est hic officium et blandimentum. 2 Amatorem et uirum dixit ad discretionem, ut per ea quae enumerat maritum ostenderet. 3 in qvovis loco paratvm paratum dixit ad omnes affectus, quicumque de proximo esse possunt. et maxime ad Homericam sententiam respexit « Ἕκτορ ἀτὰρ σύ μοί ἐσσι πατὴρ καὶ πότνια μήτηρ ἠδὲ κασίγνητος, σὺ δέ μοι θαλερὸς παρακοίτης373 ».
1 amicvm amatorem virvm l'amicus (ami) est celui de l'âme, l'amator (amant) celui du corps. En effet l'amant ne veut pas toujours le bien de celui qu'il aime comme Didon qui a aimé naguère Enée, mais qui n'a pas été son amie et qui dit : « non potui abreptum diuellere corpus et undis spargere » (et je n'ai pu me saisir de son corps, le démembrer, le disperser sur les ondes) et de même Catulle : « cogit amare magis, sed bene uelle minus » (<une telle trahison> redouble la passion d'un amant et diminue sa tendresse). Et c'est ici une marque de son devoir et une cajolerie. 2 Amator et uir sont dits pour établir une différence, afin de montrer par cette énumération qu'il est un maritus (mari). 3 in qvovis loco paratvm il a dit paratum pour tous les sentiments quels qu'ils soient dans son entourage. Et cela regarde surtout vers la phrase d'Homère « Ἕκτορ ἀτὰρ σύ μοί ἐσσι πατὴρ καὶ πότνια μήτηρ ἠδὲ κασίγνητος, σὺ δέ μοι θαλερὸς παρακοίτης·» (Hector, tu es pour moi tout ensemble, un père, une digne mère ; pour moi tu es un frère autant qu'un digne époux).

719
paratum ; uerum ex eo nunc misera quem capit
prêt à l'aider ; et, au contraire, à cause de lui, la pauvre, quel tourment

1 vervm ex eo id est Pamphilo. 2 nvnc misera qvem c.capit l.laborem cum admiratione pronuntia quem et cum exclamatione quadam.
1 vervm ex eo c'est-à-dire Pamphile. 2 nvnc misera qvem capit laborem prononcez quem avec admiration et en avec une forme d'exclamation.

720
laborem ! facile hic plus mali est quam illic boni.
elle éprouve ! Vraiment il lui fait plus de mal ici qu'il ne lui a jamais fait de bien.

1 facile hic plvs m.mali facile aduerbium confirmantis est, id est liquido et manifesto. 2 Veteres facile dicebant pro certo, ut Cicero « illius169 uicinitatis f. p. 374 ». 3 dolorem dolorem distinxit Probus et post intulit separatim quod sequitur. 4 facile hic plvs mali est in dolore <et> metu scilicet amittendi, qvam <illic boni> in uoluptate retinendi. 5 qvam illic boni in bono summo; dicit enim ex bonis, quae bona existimamus, plus nos mali capere, cum aut amissuros nos credimus aut amittimus, quam boni, cum habemus. 6 facile hic plvs mali est plus mali in dolore et metu, ut diximus. 7 qvam illic boni id est in amico, amatore et uiro.
1 facile hic plvs mali facile est un adverbe de confirmation, c'est-à-dire liquido (clairement) et manifesto (à l'évidence). 2 Les anciens disaient facile là où nous disons certo (assurément) comme Cicéron : « illius uicinitatis facile primus » (il était assurément le premier de la ville). 3 dolorem Probus ponctue dolorem et sépare ensuite ce qui suit. 4 facile hic plvs mali est dans la douleur et dans la peur de perdre évidemment, qvam <illic boni> dans le plaisir de conserver. 5 qvam illic boni dans summo bono (le souverain bien) ; il dit en effet que des biens que nous tenons pour des biens nous recevons plus de mal, quand nous croyons que nous allons les perdre ou les perdons, que de biens quand nous les possédons. 6 facile hic plvs mali est plus mali dans la douleur et la crainte, comme nous l'avons dit. 7 qvam illic boni c'est-à-dire dans un ami, un amant et un mari.

721
sed Dauus exit. mi homo, quid istic 1036 obsecro est ?
Mais voilà Dave qui sort. Mon cher ami ! qu'est-ce là, je te prie ?

1 mi homo qvid istic obsecro est ex Mysidis uerbis quid Dauus faciat demonstratur. 2 qvid istvc mali est inuolutum puerum portabat Dauus, et ideo dicit mulier quid istuc mali est?, dum ille euoluit et puerum profert; quem postquam expediuit pannis, tum illa dixit « quo portas puerum? 375 ».
1 mi homo qvid istic obsecro est l'action de Dave est montrée à travers les paroles de Mysis. 2 qvid istvc mali est Dave portait un enfant enveloppé dans une couverture et c'est pourquoi la femme dit quid istuc mali est ?, jusqu'à ce qu'il découvre l'enfant et le montre ; après qu'il l'eut débarrassé de la couverture, alors la femme demande « quo portas puerum ? » (où portes-tu l'enfant?)842.

722
quo portas puerum ? Da.-Mysis, nunc opus est tua
Où portes-tu l'enfant ? Da.- Mysis, à présent, j'ai besoin

1 mysis nvnc opvs est a.ad h.hanc r.rem haec scaena actuosa est, magis enim in gestu quam in oratione est constituta. 2 mysis nvnc opvs properantis et impense agentis Daui uerba monstrantur.
1 mysis nvnc opvs est ad hanc rem cette scène est pleine de mouvement ; elle est en effet plus fondée sur le jeu des acteurs que sur les dialogues. 2 mysis nvnc opvs de telles paroles montrent Dave qui se hâte et agit avec énergie.

723
mihi ad hanc rem exprompta memoria atque astutia.
que pour cette affaire tu déploies ta mémoire et ta finesse.

1 exprompta in medium prolata. 2 memoria atqve astvtia memoria ut praecepta retineat Daui, astutia ad agendum strenue quae imperaret. 3 memoria simpliciter magis: ut memor sit Daui praeceptorum. 4 Et memoria modo pro intellegentia, ut Vergilius « instamus tamen inm.inmemores 376 ».
1 exprompta exposée au grand jour. 2 memoria atqve astvtia memoria est dit pour qu'elle retienne les instructions de Dave ; astutia est dit pour pousser à exécuter avec diligence les ordres donnés. 3 memoria plus simplement : pour qu'elle se souvienne des instructions de Dave. 4 Et memoria est parfois mis comme synonyme d'intellegentia (intelligence) comme chez Virgile : « instamus tamen inmemores » (nous poursuivons toutefois, oublieux de tout).

724
My.-quidnam incepturus es ? Da.-accipe a me hunc ocius
My.- Que vas-tu donc entreprendre ? Da.- Prends-moi cet enfant vite

725
atque ante nostram ianuam adpone. My.-obsecro,
et dépose-le devant notre porte. My.- dis-moi :

726
humine ? Da.-ex ara sume hinc uerbenas tibi
par terre ?. Da.- Prends ici sur l'autel une poignée de verveine,

1 ex ara svme h.hinc v.verbenas t.tibi ex ara Apollinis scilicet, quem Ἀγυιαῖον Menander uocat. 2 Aut quod Apollini comoedia est dicata, in cuius honorem aram statuebant comoediam celebrantes. 3 Apollini ergo comoedia, Libero patri tragoedia. 4 verbenas tibi uerbenae quasi herbenae redimicula sunt ararum. 5 τὸ tibi quasi gestum quendam et motum stomachantis habet, ut alibi « nam quid uis tibi? 377 ». 6 Et tibi sume dixit, non tibi substerne. 7 ex ara s.svme v.verbenas uerbenae sunt omnes herbae frondesque festae ad aras coronandas uel omnes herbae frondesque ex loco puro decerptae. uerbenae autem dictae ueluti herbenae. Menander sic « κολεξιασσυμυρρινασχχησαιετεινε378 ».
1 ex ara svme hinc verbenas tibi ex ara l(autel d'Apollon bien sûr, que Ménandre appelle Agyeus (Ἀγυιαῖον). 2 Ou bien parce que la comédie est consacrée à Apollon, en l'honneur duquel ceux qui jouaient la comédie élevaient un autel. 3 Donc à Apollon appartient la comédie, à Liber Pater la tragédie. 4 verbenas tibi uerbenae comme *herbenae 843 : ce sont les ornements des autels. 5 Le (τὸ) tibi contient pour ainsi dire le geste et le mouvement de quelqu'un qui s'irrite, comme ailleurs : « nam quid uis tibi ? » (mais que veux-tu donc ?). 6 Et il a dit tibi sume, non tibi substerne (va donc étendre). 7 ex ara svme verbenas le feuillage (uerbenae) c'est toutes les herbes et les feuilles festives (festae) pour faire des couronnes pour les autels ou bien toutes les herbes et les feuilles cueillies dans un lieu sans souillure. D'autre part uerbenae est employé comme s'il y avait herbenae. Ainsi chez Ménandre κολεξιασσυμυρρινασχχησαιετεινε 844 .

727
atque <ea>s substerne. My.-quamobrem tute id 1037 non facis ?
et couche-le dessus. My.- Pourquoi tu ne le fais pas toi-même ?

qvamobrem tvte id non facis tute tunc dicitur, cum pronomen ad eam reuocatur personam, a qua sumitur. ut uerbi gratia cum dicimus tu lege, ille nobis respondet cur tute non legis?
qvamobrem tvte id non facis tute est employé quand on répond par un pronom à la personne qui a utilisé en premier le pronom. Comme par exemple quand nous disons tu lege (toi, lis !), la personne nous répond cur tute non legis? (pourquoi ne lis-tu pas toi-même ?).

728
Da.-quia, si forte opus sit ad erum iurandum mihi
Da.- Parce que, si par hasard il me faut jurer à mon maître

1 qvia si forte opvs sit ad ervm i.ivrandvm m.mihi sic locutus est, ut explicari atque intellegi non possit; aut enim deest ius, ut sit: ius iurandum, — 2 ivrandvm pro ius iurandum. — aut ut uulgo dicitur iuramentum. 3 Et opus est illam rem, non opus est illa re.
1 qvia si forte opvs sit ad ervm ivrandvm mihi c'est dit de telle sorte que l'on ne peut ni l'expliquer ni le comprendre ; ou bien en effet il manque ius, pour que l'on ait ius iurandum (serment). 2 ivrandvm mis pour ius iurandum. Ou bien comme on dit ordinairement iuramentum (serment). 3 Et opus est construit ici avec l'accusatif de la chose (illam rem) et non avec l'ablatif de la chose (illa re).

729
non adposisse, ut liquido possim. My.-intellego :
que je ne l'ai pas mis là, je veux pouvoir le faire la conscience tranquille. My.- Je comprends ;

vt liqvido possim liquido pure et manifeste, nam quae sunt pura et defaecata, liquida sunt.
vt liqvido possim liquido signifie pure (sans souillure) et manifeste (sans réserve), car les choses qui sont sans souillure (pura) et nettoyées (defaecata) sont claires (liquida).

730
noua nunc religio in te istaec incessit. cedo !
c'est nouveau, ce scrupule qui te prend aujourd'hui. Donne.

1 nova nvnc religio in te istaec bene: ius iurandum metuere seruum monstri simile est. 2 nova religio in seruo et subita. 3 nova nvnc r.religio seruum nolle mentiri noua religio est. 4 cedo porrigentis est manum cedo.
nova nvnc religio in te istaec bien dit : qu'un esclave craigne de faire un serment ressemble à un prodige. 2 nova religio chez un esclave et se produisant soudainement845. 3 nova nvnc religio qu'un esclave ne veuille pas mentir est une noua religio. 4 cedo cedo est le terme employé par celui qui tend la main.

731
Da.-moue ocius te, ut quid agam porro intellegas.
Da.- Remue-toi un peu, que je t'explique ce que je veux faire.

vt qvid agam porro i.intellegas porro aduerbium est modo ordinis, alias temporis.
vt qvid agam porro intellegas porro est un adverbe à sens tantôt logique tantôt temporel.

732
pro Iuppiter ! My.-quid est ? Da.-sponsae pater interuenit.
O Jupiter ! My.- Quoi ? Da.- Le père de la fiancée qui arrive.

sponsae pater i.intervenit mire non dixit Chremes, ne cum dixisset quis Chremes?, rursus hic responderet sponsae pater. et non temere hoc facit poeta, nam promiserat se rediturum Chremes « domum modo ibo, dicam ut apparentur, a.atque h.huc r.renuntio 379 ».
sponsae pater intervenit de façon remarquable il ne dit pas Chremes (Chrémès), pour que, alors qu'elle lui aurait dit quis Chremes ? (quel Chrémès ?) Dave ne lui réponde en retour sponsae pater (le père de la fiancée). Et le poète n'a pas fait cela à la légère, car Chrémès avait promis qu'il reviendrait : « domum modo ibo, dicam ut apparentur, atque huc renuntio ».

733
repudio quod consilium primum intenderam.
Je renonce au projet que j'avais formé d'abord.

1 repvdio consilivm qvod p.primvm i.intenderam bene intenderam: uerbum a uenatoribus translatum, qui retia intendunt ad feras captandas. hic ergo, quia parat Chremem et Simonem fallere, intenderam dixit. 2 uel a sagittariis atque arcu.
1 repvdio consilivm qvod primvm intenderam intenderam est bien dit : le mot vient par métaphore des chasseurs, qui tendent (intendunt) leurs filets pour capturer les animaux sauvages. Ici donc, puisqu'il se prépare à prendre au piège Chrémès et Simon, il dit intenderam. 2 Ou bien le mot vient des archers et de l'arc.

734
My.-nescio quid narres. Da.-ego quoque hinc ab dextera
My.- Je ne comprends rien à tes histoires. Da.- Moi aussi, de ce côté, par la droite

1 nescio qvid narres bene narres: narrare enim aliena et quae nobis non sunt necessaria dicimus. 2 ego qvoqve hinc ab d.dextera v.venire m.me a.adsimvlabo bene ait quoque, quia et Chremes ueniebat.
1 nescio qvid narres narres est bien dit : nous employons en effet le verbe narrare pour des choses qui nous sont extérieures et qui ne sont pas proches de nous. 2 ego qvoqve hinc ab dextera venire me adsimvlabo il dit à juste titre quoque car Chrémès également arrivait846.

735
uenire me adsimulabo : tu ut subseruias
je vais faire semblant de venir. Toi, prends soin d'abonder dans le sens

tv vt svbservias recte ut subseruias dicit, non enim tantum loquetur Mysis quantum Dauus.
tv vt svbservias il dit correctement ut seruiebas ; en effet Mysis ne parlera pas autant que Dave.

736
orationi, ut cumque opus sit, uerbis uide.
de mon propos, quand ce sera nécessaire.

1 orationi [meae] vt cvmqve opvs sit verbis orationi meae, tuis uerbis; plura enim loquetur Dauus, inde orationi dixit, illa subsequetur, ideo uerbis. 2 vide cauta esto, specta, intellege.
1 orationi meae vt cvmqve opvs sit verbis mon discours (oratio), tes paroles (uerba) ; en effet Dave parlera davantage : il dit donc oratio ; Mysis quant à elle aura le second rôle : de là l'emploi de uerba 847. 2 vide synonyme de cauta esto (sois prudente), de specta (observe), de intellege (comprends).

737
My.-ego quid agas nil intellego ; sed siquid est
My.- Je ne saisis rien à ce que tu fais ; mais s'il y a quelque chose

738
quod mea opera opus sit uobis, aut tu plus uides,
où vous ayez besoin de mon aides, comme tu y vois plus clair que moi,

avt tv plvs vides si sapis, intellegis.
avt tv plvs vides si tu sais, si tu comprends.

739
manebo, ne quid uestrum 1038 remorer commodum.
je resterai, pour ne pas mettre d'obstacle à vos intérêts.

ne qvid vestrvm remorer c.commodvm remorer retardem retineam: a remora, pisce minutissimo, qui nauem retinet; nam Graece ἐχεναΐς uocatur.
ne qvid vestrvm remorer commodvm remorer synonyme de retardem (pour ne pas retarder), et de retineam (pour ne pas retenir) ; le verbe remoror vient de remora, un poisson minuscule qui est capable de retenir un navire ; de fait en grec il est appelé ἐχεναΐς 848.

scaena quarta

DauusMysisChremes

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740
Ch.-reuertor, postquam quae opus fuere ad nuptias
Ch.- Je reviens maintenant que ce qu'il faut pour les noces

revertor postqvam q.qvae o.opvs f.fvere adest ipse nunc Chremes, cuius causa scaena fraudibus instructa est, ne promissas compleat nuptias.
1 revertor postqvam qvae opvs fvere maintenant Chrémès est là en personne : c'est à cause de lui que la scène comporte des tromperies, pour l'empêcher de mener à bien les noces auxquelles il s'est engagé.

741
gnatae paraui, ut iubeam accersi. sed quid hoc ?
de ma fille est prêt, et je vais dire qu'on l'envoie chercher. Mais qu'est-ce ?

1 vt ivbeam accersi recte iubeam, quia summa potestas nuptiarum in patre puellae est. 2 sed qvid hoc non interrogantis est, sed mirantis et non intellegentis, ut appareat eum non oculis prius quam corporis offensu sensisse puerum iacentem.
1 vt ivbeam accersi iubeam est correctement employé puisque le père a un très grand pouvoir pour le mariage de sa fille. 2 sed qvid hoc ce n'est pas l'expression d'une interrogation mais d'un étonnement et d'une incompréhension, pour qu'il apparaisse qu'il ne s'est pas rendu compte qu'un enfant se trouvait par terre : il ne l'a pas vu avant de le heurter.

742
puer hercle est. mulier, tun posisti hunc ? My.-ubi illic est ?
C'est un enfant, ma foi. Femme, est-ce toi qui l'as déposé là ? My.- Où est-il passé ?

1 pver hercle est hercle ornatiua particula est. 2 mvlier magis quam Mysis. 3 vbi illic est Dauum quaerit, qui nunc abscessit, ut et ipse de foro uenire uideatur.
1 pver hercle est hercle est une particule d'ornement. 2 mvlier mieuxt que Mysis. 3 vbi illic est elle cherche Dave qui s'est éloigné pour avoir l'air lui aussi de venir du marché.

743
Ch.-non mihi respondes ? My.-nusquam est. uae miserae mihi !
Ch.- Tu ne me réponds pas ? My.- Disparu. Malheureuse !

non mihi respondes bene non respondes: se enim memor est uetitam quicquam dicere, nisi subseruiat orationi Daui.
non mihi respondes non respondes est employé à juste titre : en effet elle se souvient qu'il lui a été interdit de dire quoi que ce soit, sauf pour seconder le discours de Dave.

744
reliquit me homo atque abiit. Da.-di uestram fidem,
Ce type m'a plantée là et il a décampé. Da.- Grands dieux !

1 reliqvit me homo a.atqve a.abiit mire hominem, non Dauum dixit, ut etiamsi audiat Chremes, incertam personam hominis audiat, non Dauum. 2 di vestram fidem aduerbium est admirantis cum exclamatione.
1 reliqvit me homo atqve abiit de façon remarquable elle a dit homo (l'individu) et non Dave, pour que même si Chrémès entend, il entende parler du personnage indéterminé d'un individu, non de Dave. 2 di vestram fidem expression adverbiale exclamative marquant la surprise.

745
quid turbae est apud forum ! quid illic 1039 hominum litigant !
Quelle foule au marché ! que de gens qui se disputent !

1 qvid tvrbae est apvd forvm haec uerba sunt uenientis de foro. 2 qvid illic hominvm litigant legitur et litigat.
1 qvid tvrbae est apvd forvm ces mots sont ceux de quelqu'un qui revient du marché. 2 qvid illic hominvm litigant on lit aussi litigat.

746
tum annona cara est. (quidnam aliud dicam1040 nescio.)
et puis l'alimentation est bien chère ! (Que dire encore ? Je n'en sais rien).

1 tvm annona cara est comminiscentis est potius quam alicui referentis. 2 qvidnam alivd dicam hoc propter spectatores.
1 tvm annona cara est plutôt la réplique de quelqu'un qui forge un mensonge que de quelqu'un qui rapporte une nouvelle à autrui. 2 qvidnam alivd dicam ceci est dit à l'intention des spectateurs.

747
My.-cur tu obsecro me hic solam 1041  ? Da.-hem quae haec est fabula ?
My.- Pourquoi, je te prie, m'as-tu laissée seule ? Da.- Hein ! Qu'est ce que c'est que cette histoire !

1 cvr te obsecro me hic solam ἀποσιώπησις tertia. 2 hem qvae haec est fabvla fabulam se dicit audire, qui rei principium rationemque ignorat.
1 cvr te obsecro me hic solam aposiopèse (ἀποσιώπησις) du troisième type849. 2 hem qvae haec est fabvla dit qu'il entend une histoire celui qui ne connaît ni l'origine ni la raison de ce qu'on lui dit.

748
eho Mysis, puer hic undest ? quisue huc attulit ?
Holà, Mysis, d'où vient cet enfant ? Qui l'a apporté ici ?

eho mysis eho interiectio est uel principium animaduersionem in se poscentis aut repente cernentis.
eho mysis eho est une interjection ou plutôt ce par quoi commence quelqu'un qui demande qu'on fasse attention à lui ou qui voit brusquement quelqu'un d'autre.

749
My.-satin sanu's qui me id rogites ? Da.-quem ego igitur rogem
My.- Perds-tu la tête de me damnder cela ? Da.- A qui le demander donc ?

750
qui hic neminem alium uideam ? Ch.-miror unde sit.
Je ne vois personne d'autre. Ch.- Je me demande d'où il vient.

1 qvi hic neminem a.alivm v.videam callide affirmat non sibi uisum Chremem, cum et praeuiderit uenientem et praesentem uideat. 2 miror vnde sit miror ueteres cum unde pro nescio ponebant, nam admiratio ab ignorantia descendit. Plautus ne quis miretur qui sim, paucis eloquar.
1 qvi hic neminem alivm videam avec habileté, il déclare qu'il ne voit pas Chrémès, alors qu'il a bien vu auparavant qu'il venait et qu'il voit qu'il est là. 2 miror vnde sit les anciens utilisaient miror avec unde pour nescio (je ne sais pas), car l'étonnement vient de l'ignorance. Plaute : « ne quis miretur qui sim, paucis eloquar » (pour que personne ne se demande qui je suis je vais le dire brièvement)850.

751
Da.-dictura es quod rogo ? My.-au ! Da.-concede ad dexteram.
Da.- Me diras-tu ce que je te demande ? My.- Hé ! Da.- Passe sur la droite.

1 av interiectio est consternatae mulieris. 2 concede ad d.dexteram bene ad dexteram: sinistra enim uenit Chremes. 3 Et non uult proximum ei Chremetem, sed iuxta; supra enim dixit « ego quoque hinc ab d.dextera u.uenire m.me a.adsimulabo 380 ».
1 av c'est une interjection de femme bouleversée. 2 concede ad dexteram ad dexteram est bien dit : en effet Chrémès arrive du côté gauche. 3 Et il ne veut pas que Chrémès soit juste à côté d'elle, mais à ses côtés à lui ; en effet il a dit plus haut : « ego quoque hinc ab dextera uenire me adsimulabo »851.

752
My.-deliras : non tute ipse ? Da.-uerbum si mihi
My.- Tu es fou ; n'est-ce pas toi-même ? Da.- Un seul mot

1 deliras non tvte ipse deest eum mihi dedisti? sed et supra et nunc interturbat Dauus, ne mulier totum dicat. 2 non tvte ipse summissa uoce. 3 verbvm si mihi vnvm accommodate comminatur Dauus: paene enim Mysis uniuersa narrabat.
1 deliras non tvte ipse il manque eum mihi dedisti ? (...qui me l'as donné ?), mais ici comme plus haut Dave jette le trouble en l'interrompant pour éviter qu'elle ne dise tout. 2 non tvte ipse à voix basse852. 3 verbvm si mihi vnvm faxis Dave menace, comme il convient : en effet Mysis allait raconter toute l'affaire.

753
unum praeterea 1042 quam quod te rogo faxis : caue !
au delà de ce que je te demande, et gare à toi !

1 praeterea qvam qvod te rogo hoc et sensim et ut senex audiat pronuntiari potest praeter quam quod te rogo. 2 cave gestv comminatus est et uultu, ut suspenderet comminationem; deinde infert gestum. 3 ordo: caue faxis.
1 praeterea qvam qvod te rogo praeter quam quod te rogo peut être prononcé à la fois insensiblement et de manière à ce que le vieillard l'entende. 2 cave gestv il a menacé aussi avec son visage, pour suspendre la menace ; ensuite il ajoute le geste. 3 L'ordre des mots est : caue faxis.

754
maledicis ? unde est ? dic clare. My.-a nobis. Da.-hahae !
Tu réponds mal ? D'où vient-il ? Dis-le tout haut. My.- De chez nous. Da.- Ah ! ah !

1 maledicis "cum contemptu loqueris, conuicium facis". apparet ergo maledicis lentius dictum esse, cum dixerit dic clare. 2 maledicis noue maledicis pro comminatione posuit, cum pro conuicio poni soleat, nisi forte quia contumeliae genus est comminatio. 3 Quidam putant esse unam personam, Daui scilicet dictum superius Mysidis non satis manifestum Chremi in male dicti similitudinem deriuantis. 4 vnde est dic clare hoc pressius dixit. 5 a nobis 170 quia a nobis parum intellegebatur, hic addidit morem meretricis, ut uel sic intellegat senex.
1 maledicis quand on parle avec dédain on fait un conuicium (une insulte). Il est donc clair que maledicis est dit à voix basse, alors qu'il dit dic clare 853. 2 maledicis c'est un sens nouveau que de mettre maledicis pour désigner une menace, alors qu'il devrait l'employer au lieu de conuicium, à moins peut-être que ce ne soit parce que la menace est une forme d'insulte. 3 Certains pensent qu'il n'y a qu'un personnage et que c'est évidemment Dave qui tire le propos que Mysis vient de tenir et qui n'est pas assez clair pour Chrémès dans le sens d'une insulte. 4 vnde est dic clare il dit cela d'un ton plus pressant. 5 a nobis parce que a nobis est peu intelligible, il ajoute la manière de faire habituelle d'une courtisane pour que le vieillard ainsi puisse comprendre854.

755
mirum uero impudenter mulier si facit
Etonnez vous de voir agir avec un tel culot

1 mirvm vero <uero> saepe ad ironiam refertur. 2 mirvm vero impvdenter bono ordine locutus est: primo enim causa impudentiae natura est, deinde condicio.
1 mirvm vero uero est souvent ironique. 2 mirvm vero impvdenter bon ordre des idées dans cette réplique : en effet la première raison de son impertinence est la nature, la seconde sa condition.

756
meretrix ! Ch.-ab Andria est ancilla haec, quantum intellego.
une courtisane ! Ch.- Cette fille est de chez l'Andrienne, à ce que je comprends.

ab andria est a.ancilla h.haec effecit quod uoluit Dauus, nam intellexit Chremes, ex qua sit Pamphilo natus puer.
ab andria est ancilla haecDave a réussi ce qu'il voulait, car Chrémès a compris de qui un enfant était né à Pamphile.

757
Da.-adeon uidemur uobis esse idonei
Da.- Pensez-vous que nous soyons pour vous autres des gens faits

1 adeon videmvr vobis e.esse i.idonei idoneus est aptus ad omnia et bona et mala. 2 adeon adeone, ut « adeon ad eum? 381 ».
1 adeon videmvr vobis esse idonei idoneus désigne celui qui est adapté à tout, bien comme mal. 2 adeon mis pour adeone, comme : « adeon ad eum ? ».

758
in quibus sic inludatis ? Ch.-ueni in tempore.
pour être joués de la sorte ? Ch.- J'arrive au bon moment.

1 in qvibvs sic inlvdatis et inludo in te septimo casu et inludo te accusatiuo dicimus. 2 Sed in primo superuacuum est, ut sit: quibus sic inludatis. 3 veni in tempore cum prouisus sit, interuenisse <se> putat. 4 veni in tempore in tempore opportune. nos sine praepositione dicimus tempore et tempori.
1 in qvibvs sic inlvdatis nous employons à la fois inludere in te avec le septième cas, et inludere te avec l'accusatif. 2 Mais le premier in est superflu pour donner : quibus sic inludatis 855 . 3 veni in tempore alors qu'on l'attendait, il imagine qu'il est tombé à pic. 4 veni in tempore in tempore veut dire "à pic". Nous nous le disons sans préposition : tempore et tempori.

759
Da.-propera adeo puerum tollere hinc ab ianua.
Da.- Allons dépêche-toi d'enlever l'enfant de cette porte.

propera adeo pvervm tollere hic uersus clare dicitur, sequens, ne senex audiat, presse.
propera adeo pvervm tollere ce vers est dit à haute voix, le suivant à voix basse pour que le vieillard n'entende pas.

760
mane : caue quoquam ex isto 1043 excessis loco !
Ne bouge pas ; garde-toi de bouger d'un pas hors de ta place.

1 cave qvoqvam ex isto excessis loco necessario Dauus retinet Mysidem; nondum enim omnia audiuit Chremes, nondum comperit, unde sit mulier et puer de quo susceptus sit. 2 excessis pro excedas, ut faxis.
1 cave qvoqvam ex isto excessis loco il est indispensable que Dave retienne Mysis ; en effet, Chrémès n'a pas encore tout entendu, il n'a pas encore appris d'où est la femme et, quant à l'enfant, qui l'a reconnu. 2 excessis mis pour excedas, comme faxis.

761
My.-di te eradicent ! ita me miseram territas.
My.- Que les dieux te réduisent en cendres pour faire une telle peur à une pauvre femme !

762
Da.-tibi ego dico an non ? My.-quid uis ? Da.-at etiam rogas ?
Da.- Est-ce à toi que je parle, oui ou non ? My.- Que veux-tu ? Da.- Tu le demandes encore ?

at etiam rogas rursus iurgium repetit et turbulentam orationem.
at etiam rogas il recommence ses querelles et ses répliques violentes.

763
cedo, cuius 1044 puerum hic adposisti ? dic mihi.
Allez, de qui est l'enfant que tu as déposé là ? Dis-le moi.

cedo cvivs p.pvervm cedo idem significat, quod dic et da mihi. — ergo repetitionem significat, non superuacuam orationem. — et est dictum cum quadam fiducia et contemptu eius, cum quo sermo est, interrogantis aliquid.
cedo cvivs pvervm cedo a le même sens que dic (dis) et da mihi (donne-moi). —·Donc il signifie une répétition non une réplique superflue. — et c'est l'expression de quelqu'un qui demande quelque chose avec une certaine confiance en soi et un certain mépris pour l'interlocuteur.

764
My.-tu nescis ? Da.-mitte id quod scio : dic quod rogo.
My.- Tu ne le sais pas ? Da.- Laisse tomber ce que je sais, dis ce que je demande.

mitte id qvod s.scio hoc lentius et summisse.
mitte id qvod scio ceci est dit avec un assez grand calme et de la modération.

765
My.-uostri. Da.-cuius nostri ? My.-Pamphili. Da.-hem quid ? Pamphili ?
My.- Il est de vous. Da.- De qui, nous ? My.- De Pamphile. Da.- Hein ! Quoi ! de Pamphile ?

1 hem qvid pamphili apparet mulierem uestri et Pamphili lentius pronuntiasse quam Dauus uellet, et ideo hunc repetisse nomen nostri?, Pamphili? 2 hem qvid duas res operatur Dauus simul: et ut ignarissimum se ostendat et ut Pamphilus nominetur. et argute repetit nomen Pamphili quasi per indignationem, ut soceri auribus adulescentis nomen inculcet; metuit enim, ne non audiat uelut senex.
1 hem qvid pamphili il est clair que la femme a prononcé les termes uestri et Pamphilià voix plus basse que Dave ne l'aurait voulu, et que par conséquent il reprend le nom nostri ?, Pamphili ?. 2 hem qvid Dave travaille à deux choses en même temps : il agit de manière à se montrer totalement ignorant et de manière à ce que Pamphile soit nommé. Et astucieusement il répète le nom de Pamphile comme sous le coup de l'indignation, pour faire pénétrer le nom du jeune homme dans les oreilles du beau-père ; il a eu peur en effet qu'il n'entende pas vu que c'est un vieillard.

766
My.-eho an non est ? Ch.-recte ego has semper fugi nuptias.
My.- Ce n'est pas vrai peut-être ? Ch.- J'ai eu raison de chercher toujours à éviter ce mariage.

1 recte ego h.has s.semper f.fvgi n.nvptias et hic effecit quod uoluit Dauus, ut et Pamphili Chremes puerum esse cognoscat et recuset generum. 2 has fvgi id est "huiusmodi".
1 recte ego has semper fvgi nvptias et ici Dave est arrivé à ce qu'il voulait, que Chrémès apprenne que l'enfant était de Pamphile et qu'il récuse ce dernier comme gendre. 2 has fvgi c'est-à-dire des noces de ce genre.

767
Da.-o facinus animaduertendum ! My.-quid clamitas ?
Da.- C'est un crime qu'il faut punir. My.- Qu'as-tu à crier ?

1 ο facinvs animadvertendvm ἀποσιώπησις quarta. 2 qvid clamitas clamauit enim Dauus, ut puerum audiret Chremes.
1 o facinvs animadvertendvm aposiopèse (ἀποσιώπησις) du quatrième type. 2 qvid clamitas en effet Dave a crié pour que Chrémès entende l'enfant.

768
Da.-quemne ego heri uidi ad uos adferri uesperi ?
Da.- Un enfant que j'ai vu, moi, apporter chez vous hier au soir !

qvemne ego h.heri v.vidi a.ad v.vos a.adferri v.vesperi uult negando inritare mulierem ad confirmanda quae uult.
qvemne ego heri vidi ad vos adferri vesperi il veut en niant énerver la femme pour voir confirmer ce qu'il veut entendre dire.

769
My.-o hominem audacem ! Da.-uerum : uidi Cantharam
My.- Quelle audace ! Da.- C'est vrai : j'ai vu Canthara

1 ο hominem a.avdacem exclamatio Mysidis testimonium ueritatis est. 2 vervm vidi c.cantharam s.svbfarcinatam uide infirmum argumentum: prius uidi puerum adferri dixit, post non puerum sed Cantharam subfarcinatam. 3 Canthara nomen est anus. 4 Et hoc dixit, ut leuiter redarguat Mysidem, non ut uincatur: hoc enim uidisse se, subfarcinatam Cantharam, non puerum portantem.
1 o hominem avdacem l'exclamation de Mysis est un témoignage de la vérité. 2 vervm vidi cantharam svbfarcinatam noter la faiblesse de la preuve : d'abord il a dit « j'ai vu qu'on apportait un enfant », ensuite il dit non pas « j'ai vu un enfant  mais « j'ai vu Canthara bien rembourrée »856. 4 Canthara est un nom de vieille femme. 4 Et il a dit ceci pour apporter à Mysis une légère réfutation, non pour avoir le dessus : ce qu'il a vu en effet c'est que Canthara était bien rembourrée, non qu'elle transportait un enfant.

770
subfarcinatam. My.-dis pol habeo gratiam
avec un paquet sous sa robe. My.- Grâce aux dieux, par Pollux,

svbfarcinatam proprium anibus subfarcinatas esse, ut Persius « pannucia Baucis 382 » et Plautus « doliarem claudam crassam 383 ».
svbfarcinatam c'est le propre des vieilles femmes que d'être bien rembourrées, comme chez Perse : « pannucia Baucis » (Baucis couverte de haillons) et Plaute : « doliarem claudam crassam » (<Chrysis> ronde comme un tonneau, boîteuse, grosse)857.

771
quod 1045 in pariundo aliquot adfuerunt liberae.
il y avait plusieurs femmes libres présentes à l'accouchement.

1 qvod in parivndo a.aliqvot a.adfvervnt l.liberae indicium secuta confirmatio est, quam expressit Daui refutatio. superest ut etiam concludatur effectus doli negante Chremete se daturum filiam, quod subinde efficit Dauus dolo. 2 aliqvot liberae nec paucae nec multae. 3 liberae testimonia libera contra seruum. et hoc proprium Terentii est, nam de Romano more hoc dixit.
1 qvod in parivndo aliqvot adfvervnt liberae la révélation est suivie par la confirmation qu'a provoquée la réfutation de Dave. Il reste à achever la réalisation de la ruse, Chrémès disant qu'il ne donnerait pas sa fille, ce que Dave obtient immédiatement après en rusant. 2 aliqvot liberae ni peu ni beaucoup. 3 liberae des témoignages de personnes libres contre celui d'un esclave. Et cela appartient en propre à Térence, car il a dit cela conformément à la pratique romaine858.

772
Da.-ne illa illum haud nouit cuius causa haec incipit :
Da.- Bien sûr ! ta maîtresse ne connaît pas celui qu'elle entreprend ainsi.

1 ne illa illvm ne ualde. Cicero « ne illi uehementer errant 384 ». 2 ne illa illvm Chremem scilicet.
1 ne illa illvm ne a le sens de ualde (assurément). Cicéron : « ne illi uehementer errant » (assurément ils se trompent lourdement). 2 ne illa illvm Chrémès bien entendu.

773
"Chremes si positum puerum ante aedis uiderit,
« Chrémès, voyant un enfant exposé devant leur porte,

1 chremes si positvm pvervm ἐν ὑποκρίσει. et est μίμησις, transit enim a mixto ad imitatiuum characterem. 2 chremes si p.positvm p.pvervm μίμησις, quando aliena uerba sic pronuntiamus, ut uana uideantur.
1 chremes si positvm pvervm en jouant un rôle (ἐν ὑποκρίσει). Et il y a représentation (μίμησις), en effet il passe du genre mixte au caractère imitatif859. 2 chremes si positvm pvervm il y a représentation (μίμησις) quand nous disons les mots de quelqu'un d'autre de sorte qu'ils apparaissent vains .

774
s<ua>m gnatam non dabit" : tanto hercle mage dabit.
ne donnera pas sa fille. » Il la donnera par Hercule d'autant plus volontiers.

775
Ch.-non hercle faciet. Da.-nunc adeo, ut tu sis sciens,
Ch.- Non, par Hercule, il ne le fera pas. Da.- Et maintenant, pour que tu sois au courant :

non hercle f.faciet bene ipse de se tertiam personam fecit, ut supra « at nunc faciet 385 ». 2 vt tv sis sciens eloquenter: sic enim ueteres pro scias.
1 non hercle faciet il a bien créé lui-même à partir de lui une tierce personne, comme plus haut : « at nunc faciet ». 2 vt tv sis sciens éloquemment, c'est ainsi que disaient les anciens pour scias (que tu saches).

776
nisi puerum tollis iam ego hunc in mediam uiam
si tu n'enlèves pas l'enfant, moi au milieu du chemin

iam ego hvnc i.in m.mediam v.viam p.provolvam bene in mediam uiam, quia ante fores positus iacebat171.
iam ego hvnc in mediam viam provolvam in mediam uiam est bien dit, car il se trouvait par terre devant la porte.

777
prouoluam teque ibidem peruoluam in luto.
je vais le rouler et t'y rouler, toi aussi, dans la boue.

1 provolvam teqve i.ibidem per.pervolvam i.in l.lvto de proximo παρόμοιον repetiuit. quando nomina sint, παρονομασία, quando uerba, παρόμοιον dicitur. 2 provolvam porro uoluam. 3 Et dolo quidem minatur quod facturus non est, uerum sedulo id agit, ut iam puer tollatur e medio. simul enim seruat Chremeti, ut ipse recuset generum, non ut a quoquam passus uideatur iniuriam.
1 provolvam teqve ibidem pervolvam in lvto il répète un quasi-homonyme (παρόμοιον) à peu de distance. On dit paronomase (παρονομασία) quand ce sont des noms, et paromoïon (παρόμοιον) quand ce sont des verbes860. 2 provolvam comme porro uoluam (je vais t'envoyer rouler au loin). 3 Et certes il fait par ruse des menaces qu'il ne mettra pas à exécution, mais il agit en cela promptement pour que l'enfant soit retiré du milieu de la scène. En même temps en effet il évite à Chrémès de devoir récuser lui-même son gendre, mais non de paraître supporter une mauvaise manière de la part de quelqu'un.

778
My.-tu pol homo non es sobrius. Da.-fallacia
My.- Par Pollux, tu as bu. Da.- Une fourberie

1 tv pol homo non es s.sobrivs sobrius est sanae mentis quasi sebrius, hoc est quasi separatus ab ebrio, ut secretus separatus ab his qui cernuntur. 2 fallacia alia aliam t.trvdit prouerbium, cui subiacet memorem mendacem esse oportere.
1 tv pol homo non es sobrivs est sobrius celui qui est sain d'esprit, comme s'il y avait *sebrius, c'est-à-dire 'à l'écart de l'ivresse' comme est secretus (secret) celui qui est 'à l'écart' de ceux que l'on 'discerne' (cernunutur)861. 2 fallacia alia aliam trvdit proverbe, sous lequel on comprend qu'il faut que le menteur ait de la mémoire.

779
alia aliam trudit : iam susurrari audio
en amène une autre : j'entends déjà murmurer

780
ciuem Atticam esse hanc. Ch.-hem. Da.-"coactus legibus
que c'est une citoyenne d'Athènes. Ch.- Hein ! Da.- Que contraint par la loi

civem atticam esse h.hanc transit ad imitationem.
civem atticam esse hanc il passe au style direct862.

781
eam uxorem ducet." My.-au obsecro, an non ciuis est ?
il l'épousera. My.- Eh bien ! je te prie, est-ce qu'elle ne l'est pas, citoyenne ?

av interiectio est conturbatae mulieris.
av c'est une interjection de femme bouleversée863.

782
Ch.-iocularium in malum insciens paene incidi.
Ch.- J'ai failli tomber sans le savoir dans une mésaventure qui aurait prêté à rire.

iocvlarivm in malvm e contrario: pro graui et molesto ac nimio iocosum. ergo κατὰ ἀντίφρασιν.
iocvlarivm in malvm iocosus est mis par antiphrase au lieu de "pénible, désagréable et excessif". Donc par antiphrase (κατὰ ἀντίφρασιν).

783
Da.-quis hic loquitur ? o Chreme, per tempus aduenis :
Da.- Qui parle ici ? O Chrémès, tu arrives au bon moment.

1 qvis hic loqvitvr ο chreme principium loquendi Dauus Chremeti dat perfectis quae ipse conatus est. 2 per tempvs a.advenis idem est per tempus quod in tempore. 3 Aut certe per tempus tempestiue. 4 ο chreme per tempvs a.advenis astute, quasi eum nunc primum uiderit.
1 qvis hic loqvitvr o chreme Dave donne la parole à Chrémès, une fois accompli ce qu'il a lui-même manigancé. 2 per tempvs advenis per tempus est la même chose que in tempore (au bon moment). 3 Ou du moins, per tempus signifie tempestiue (à propos). 4 o chreme per tempvs advenis avec ruse, comme s'il venait de le voir. 

784
ausculta. Ch.-audiui iam omnia. Da.-an nec 1046 tu omnia ?
Ecoute. Ch.- J'ai déjà tout entendu. Da.- Tout ce que nous avons dit ?

1 ah nec tv omnia aut nec pro non legitur aut ne omnia, ut ne producatur et accipiatur pro non. 2 nec tv omnia audisti subauditur.
1 ah nec tv omnia on lit nec pour non ou pour ne omnia, de sorte que ne a une voyelle longue et se comprend au sens de non. 2 nec tv omnia audisti (tu as entendu) est sous-entendu.

785
Ch.-audiui, inquam, a principio. Da.-audistin, obsecro ? hem
Ch.- Oui, te dis-je, depuis le début. Da.- Tu as entendu, vraiment ? Hein !

1 avdisti obsecro hem exsultans Dauus infert et inculcat frequenter repetendo audisti. 2 avdisti o.obsecro hem difficile credendo affirmat non sciuisse praesentem, ut hac confirmatione nihil illum de se faciat suspicari.
1 avdisti obsecro hem Dave, tout content, va de l'avant et lui rebat les oreilles en répétant audisti. 2 avdisti obsecro hem il déclare, ce qui est difficile à croire, qu'il ne savait pas qu'il était là, pour éviter par cette affirmation de donner à Chémès le moindre soupçon à son égard.

786
scelera ! hanc iam oportet in cruciatum hinc abripi.
les scélérates ! En voici une qu'il faudrait enlever d'ici à l'instant et mener à la torture.

in crvciatvm hi.hinc a.abripi nec in crucem sed in cruciatum.
in crvciatvm hinc abripi non pas in crucem (sur la croix) mais in cruciatum.

787
hic est ille : non te credas Dauom ludere.
C'est lui, ne va pas croire que c'est Davec que tu trompes.

1 hic est ille ille cum emphasi quasi uir magnus. sed hoc Chremetem ostendens dicit cum ironia. 2 non te credas d.davvm l.lvdere Vergilius « non Diomedis equos n.nec c.currum c.cernis A.Achillis 386 ».
1 hic est ille ille avec emphase, comme pour un grand homme. Mais en montrant Chrémès, il dit cela avec ironie. 2 non te credas davvm lvdere Virgile : « non Diomedis equos nec currum cernis Achillis » (non, tu ne vois pas les chevaux de Diomède ou le char d'Achille)864 .

788
My.-me miseram ! nihil pol falsi dixi, mi senex.
My.- Malheureuse que je suis ! Par Pollux, je n'ai rien dit de faux, mon cher vieillard.

1 nihil pol falsi dixi mi senex bene senex, quia quasi alienior est et ignotus Mysidi. 2 mi <s.senex> subpalpatio muliebris.
1 nihil pol falsi dixi mi senex senex est bien employé, puisque Chrémès est pour ainsi dire tout à fait étranger à Mysis et lui est inconnu. 2 mi senex flatterie de femme865.

789
Ch.-noui omnem rem. est Simo intus ? Da.-est. My.-ne me attingas,
Ch.- Je sais à quoi m'en tenir. Simon est-il chez lui ? Da.- Oui. My.- Ne me touche pas,

ne me attingas quaedam ostenduntur aperte in comoediis, quaedam ex aliis personis intelleguntur.
ne me attingas certaines choses sont ouvertement montrées dans les comédies, certaines sont comprises d'après ce que disent les autres personnages866.

790
sceleste. si pol Glycerio non omnia haec .
scélérat. Par Pollux, si je ne dis pas tout à Glycère...

si pol glycerio non omnia haec ἀποσιώπησις tertia, quod <quaedam> alienae personae intercessione reticentur. fiunt autem ἀποσιωπήσεις, id est reticentiae, modis tribus: aut enim tacet per se ipsum et ad aliud transit et est prima, aut tacet nec ultra aliquid dicet et est secunda, aut alterius interuentu personae silet et est tertia.
si pol glycero non omnia haec aposiopèse (ἀποσιώπησις) de troisième catégorie, parce que certaines choses sont tues en raison de l'intervention d'un autre personnage. Les aposiopèses (ἀποσιωπήσεις), c'est-à-dire le fait de taire quelque chose (reticentia), se produisent de trois manières : ou bien le personnage qui parle se tait de lui-même et passe à autre chose et c'est la première catégorie, ou bien il se tait et ne dira plus rien d'autre et c'est la deuxième catégorie, ou bien il fait silence à cause de l'intervention d'un autre personnage et c'est la troisième catégorie.

791
Da.-eho inepta, nescis quid sit actum ? My.-qui sciam ?
Da.- Eh ! Idiote que tu es, tu ne sais pas ce qu'on a fait ? My.- Comment le saurais-je ?

nescis qvid sit actvm nescis plerumque dicitur ei, non quem uolumus redarguere imperitiae aut ignorantiae, sed quem facere uolumus ut uelit libenter audire.
nescis qvid sit actvm on dit très souvent nescis non pas à celui dont nous voulons dénoncer le manque de connaissance ou l'ignorance, mais à celui dont nous voulons obtenir qu'il nous écoute de bon gré.

792
Da.-hic socer est. alio pacto haud poterat fieri
Da.- C'est le beau-père. On ne pouvait pas faire autrement

793
ut sciret haec quae uoluimus. My.-praediceres.
pour lui faire savoir ce que nous voulions. My.- Tu aurais pu me prévenir.

794
Da.-paulum 1047 interesse censes ex animo omnia,
Da.- Crois-tu qu'il y ait peu de différence si l'on fait tout

1 pavlvm interesse noue pro multum: ἐλάττωσις σχῆμα. 2 ex animo omnia vt f.fert n.natvra f.facias figura ἐφεξήγησις ; nam quid est ex animo nisi ut fert natura? 3 Et haec sententia a Terentio ἐρωτηματικῶς prolata est, quam Menanderἐπιδεικτικῶςposuit.
1 pavlvm interesse paulum est utilisé de façon inédite pour multum (beaucoup) : figure d'amoindrissement (ἐλάττωσις σχῆμα). 2 ex animo omnia vt fert natvra facias figure d'explication (ἐφεξήγησις) ; car qu'est-ce que ex animo (de façon spontanée) si ce n'est ut fert natura (comme le veut la nature) ? 3 Et Térence a exprimé cette sentence sous forme interrogative (ἐρωτηματικῶς) alors que Ménandre l'a fait sous forme assertive (ἐπιδεικτικῶς).

795
ut fert natura, facias an de industria ?
de façon naturelle, ou en y ayant bien réfléchi ?

vt fert <n.natvra> naturalis et ingenita actio, quam αὐτοφυῆ dicimus, ut Vergilius « et cui putre solum – namque h.hoc i.imitamur a.arando 387 ».
vt fert natvra action naturelle et spontanée, que nous appelons en grec αὐτοφυής 867 , comme dans Virgile : « et cui putre solum — namque hoc imitamur arando » (et dont le sol est meuble — car c'est ce que nous imitons en labourant)868.

scaena quinta

DauusMysisCrito

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796
Cr.-in hac habitasse platea dictum est Chrysidem,
Cr.-C'est dans cette rue, m'a-t-on dit, qu'habitait Chrysis,

1 in hac h.habitasse p.platea d.dictvm e.est c.chrysidem in hoc loco persona ad catastropham machinata nunc loquitur, nam hic Crito nihil argumento debet nisi absolutionem erroris eius. simul ex uerbis suis quam grauis, quam modestus sit quamque iustus ostendit. 2 in hac h.habitasse p.platea d.dictvm e.est c.chrysidem non habitare, sed quia mortua est, habitasse dixit. 3 platea Graeci πλατεῖαν dixerunt, quam nos plateam dicimus. secundum formam eiusmodi et Μήδειαν Medeam, σπονδεῖον spondeum scribimus.
1 in hac habitasse platea dictvm est chrysidem dans cette scène parle maintenant un personnage imaginé pour provoquer le dénouement, car ici Criton ne sert en rien à l'intrigue si ce n'est en vue de la résolution de la méprise qu'elle contient869. En même temps, il montre par ses mots combien il est sérieux, honnête et juste. 2 in hac habitasse platea dictvm est chrysidem il a dit non pas habitare (habite) mais habitasse, puisqu'elle est morte. 3 platea les Grecs nommaient πλατεῖα ce que nous nommons platea. Conformément à une disposition de ce genre, nous écrivons Μήδεια Medea (Médée) et σπονδεῖος spondeus (spondée)870.

797
quae sese inhoneste optauit parere hic diuitias 1048
qui a choisi de malhonnêtement s'enrichir ici

1 qvae sese inhoneste o.optavit optare est unum de duobus eligere. Vergilius « pars optare l.locum t.tecto 388 ». 2 parere hic d.divitias animo heredis dixit parere diuitias.
1 qvae sese inhoneste optavit optare c'est choisir entre deux possibilités. Virgile : «pars optare locum tecto » (d'autres choisissent un emplacement pour leur demeure). 2 parere hic divitias 871 pensant en héritier il dit parere diuitias.

798
potius quam in patria honeste 1049 pauper uiuere 1050  :
plutôt que de vivre honnête et pauvre dans son pays.

1 potivs qvam in p.patria primum dolet Crito, quia meretrix fuit Chrysis; secundo progressus queritur, quod mortua est. 2 Et nota, quod tria dicit contempsisse Chrysidem: patriam, honestatem, paupertatem. Τὸ πρέπον etiam seruatum est graui uiro, cum illum sobrinae pudet. simul et hic ostenditur eius generis fuisse Chrysidem, ut probe uiuere potuerit, nisi, ut ait, necessitas cogeret. 3 qvam in patria h.honeste ἀντίθετον primum. 4 potivs qvam in p.patria h.honeste p.pavper v.vivere his uerbis iam honestus a poeta inducitur Crito et dignus, cui credi oporteat. 5 pavper vivere sed « cognatorum n.neglegentia c.coacta 389 » est.
1 potivs qvam in patria d'abord Criton s'afflige, puisque Chrysis était une courtisane ; dans un second temps, allant plus loin, il se plaint parce qu'elle est morte. 2 Et notez que selon lui Chrysis a méprisé trois choses : sa patrie, l'honnêteté, la pauvreté. La bienséance (τὸ πρέπον) doit également être conservée par un homme sérieux quand il éprouve de la honte à cause de sa cousine. En même temps il est ici montré que Chrysis est le genre de femme qui aurait pu vivre honnêtement si, comme il est dit, la nécessité ne l'avait contrainte. 3 qvam in patria honeste antithèse (ἀντίθετον) de la première catégorie. 4 potivs qvam in patria honeste pavper vivere par ces mots le poète met déjà en scène un Criton honnête et digne, qui mérite qu'on lui fasse confiance. 5 pavper vivere mais elle a été « cognatorum neglegentia coacta ».

799
eius morte ea ad me lege redierunt bona.
Par sa mort, c'est à moi que légalement ses biens reviennent.

ad me lege rediervnt b.bona hic ius tractauit dicendo redierunt, quia in familiam redeunt, si non est heres de proximo aut ex testamento.
ad me lege rediervnt bona ici il expose le droit en disant redierunt, puisque les biens reviennent dans la famille, s'il n'y a pas d'héritier issu des gens les plus proches ou désigné par testament.

800
sed quos perconter uideo : saluete. My.-obsecro,
Mais voici des gens de qui je peux m'informer. Bonjour. My.-Ma parole !

sed qvos p.perconter v.video interrogatio est, cui necessario respondetur aut etiam aut non, percontatio, cui nihil horum, ut si quis dicat: ubi habitabat Chrysis?, : dicatur: ecce hic. Percontatio, ut si quis dicat: cur adulterium commisisti? simul etiam modeste et mature et de se nihil interrogaturus coepit a blandimentis.
sed qvos perconter video c'est une interrogation totale (interrogatio) quand la réponse est nécessairement oui ou non, c'est une interrogation partielle (percontatio), quand il ne faut ni l'une ni l'autre de ces réponses, comme si l'on disait : « où habitait Chrysis ? » et qu'on dise : « voilà c'est là ». Interrogation partielle comme si l'on disait : « pourquoi as-tu commis un adultère ? » 872. Et en même temps, de manière modeste, au bon moment et en homme qui ne va rien demander à son propre sujet, il commence par des propos amènes.

801
quem uideo ? estne hic Crito sobrinus Chrysidis ?
qui vois-je ? N'est-ce pas là Criton, le cousin de Chrysis ?

estne hic crito s.sobrinvs c.chrysidis sobrini sunt consobrinorum filii, — nam sic dicit Menander —; uerum ut alii putant, de sororibus nati, ut sint sobrini quasi sororini.
estne hic crito sobrinvs chrysidis on appelle consobrini, les fils du sobrinus (cousin), de fait c'est ainsi que s'exprime Ménandre ; ou comme certains le pensent les enfants mâles de la sœur, comme si c'étaitsororini 873.

802
is est. Cr.-o Mysis, salue ! My.-saluus sis, Crito.
C'est lui. Cr.-Ah ! Mysis, bonjour. My.-Je te souhaite le bonjour, Criton.

ο mysis salve salvvs sis c.crito saluus sis asseueratio salutantis est, non quasi responsio.
o mysis salve salvvs sis crito saluus sis est l'affirmation de celui qui salue, non une forme de réponse.

803
Cr.-itan Chrysis ? hem. My.-nos quidem pol miseras perdidit.
Cr.-Alors Chrysis ? Hein ! My.-Par Pollux, nous sommes bien malheureuses de l'avoir perdue.

1 itan chrysis hem non nunc interrogat, sed commiseratur, et ita sequebatur, ut diceret periit; sed magis gemitu significat, quod minus dixerat. 2 nos qvidem pol miseras perdidit hic intellegitur supra subaudiendum periit, nam πρὸς τὸ periit haec reposuit perdidit.
1 itan chrysis hem ce n'est pas maintenant qu'il interroge, il fait montre de compassion, et la suite logique serait de dire periit (elle est morte) ; mais il exprime plus par son gémissement en disant moins. 2 nos qvidem pol miseras perdidit ici on comprend que plus haut il faut sous-entendre periit , car face à (πρὸς τὸ ) ce periit 874, elle oppose perdidit.

804
Cr.-quid uos ? quo pacto hic ? satine recte ? My.-nosne ? Sic
Cr.-Et vous ? Comment ça va ici ? Comme il faut ? My.-Nous ? On fait

1 qvid vos qvo pacto hic progressio loquentis ad interrogandum, id est: "puto, inquit, quod illa periit, uos autem quomodo?". 2 qvo pacto hic significatio est peregrinantis. 3 nosne sic vt qvimvs a.aivnt τὸ sic nudum est. et est significatio languoris cuiusdam et lentitudinis. 4 sic vt qvimvs a.aivnt q.qvando v.vt v.volvmvs n.non l.licet et ad praesentis et ad praeteritae uitae excusationem pertinet ista responsio, qua purgatur uoluntas in quaestu meretricio Chrysidis. Caecilius in Plocio « uiuas ut possis, quando nequit ut uelis 390 ».
1 qvid vos qvo pacto hic progression de celui qui parle vers la question, c'est-à- dire : "je pense, dit-il, qu'elle est morte, mais, vous, comment ça va ?". 2 qvo pacto hic expression de celui qui arrive de l'étranger. 3 nosne sic vt qvimvs aivnt le (τὸ) sic va tout seul. Et il exprime une certaine langueur et un certain abattement. 4 nosne sit vt qvimvs aivnt qvando vt volvmvs non licet c'est à la fois à excuser sa vie présente et sa vie passée que vise cette réponse, dans laquelle elle élimine toute volonté délibérée dans la profession de courtisane qu'a exercée Chrysis. Cécilius dans le Plocium : « uiuas ut possis quando nequit ut uelis » (vis comme tu peux, puisque tu ne peux vivre comme tu veux).

805
ut quimus, aiunt, quando ut uolumus non licet.
comme on peut, dit-on, quand on ne peut faire comme on veut.

806
Cr.-quid Glycerium ? iam hic suos parentes repperit ?
Cr.-Et Glycère ? A-t-elle enfin retrouvé ses parents ici ?

1 qvid glycerivm iam h.hic s.svos conuenit hereditatem petenti, conuenit indici futuro. 2 Ergo recte et ordine quaesiuit « quid Chrysis? (...) quid uos? (...) quid Glycerium? 391 ».
1 qvid glycerivm iam hic svos convient à celui qui demande l'héritage, convient à l'indice à venir. 2 Donc c'est comme il faut et dans l'ordre qu'il a demandé « qu'en est-il de Chrysis ? qu'en est-il de vous ? qu'en est-il de Glycère ? ».

807
My.-utinam ! Cr.-an nondum etiam ? haut auspicato huc me appuli ;
My.-Si seulement ! Cr.- Quoi ! pas encore ? Alors c'est bien mal à propos que je débarque ici.

1 vtinam nouo genere exoptationem pro negatione intulit. 2 havt avspicato hvc m.me a.appvli id est inauspicatus, quod non esset auspicatus. et usitatum ueteribus sic dicere, si quando aliter quid euenisset, quam uellent.
1 vtinam d'une manière nouvelle elle a mis le souhait à la place de la négation. 2 havt avspicato hvc me appvli c'est-à-dire inauspicatus (de manière imprévue), parce que ce n'était pas prévu. Et c'était l'usage des anciens de s'exprimer ainsi si jamais quelque chose se passait autrement qu'ils ne l'avaient voulu.

808
nam pol, si id scissem, numquam huc tetulissem pedem.
Par Pollux, si je l'avais su, je n'y aurais jamais porté mes pas.

nvmqvam hvc tetvlissem pedem Vergilius « mene efferre pedem, g.genitor, t.te p.posse r.relicto s.sperasti 392 » et « ferte simul F.Faunique p.pedem Dq.Dryadesque p.puellae 393 ». sed critici adnotant altius esse charactere comico tetulissem pedem.
nvmqvam hvc tetvlissem pedem Virgile : « mene efferre pedem, genitor, te posse relicto sperasti » (Mon père, as-tu espéré que je pourrais partir en t'abandonnant ?) et : « ferte simul Faunique pedem Dryadesque puellae » (portez ici vos pas, Faunes, ainsi que vous, jeunes Dryades), mais les critiques font remarquer que tetulissem pedem est d'un niveau de langue trop élevé pour un personnage de comédie.

809
semper enim 1051 dicta est esse haec atque habita est soror ;
On a toujours dit qu'elle était sa sœur ; elle a toujours passé pour telle ;

1 semper enim dicta est e.esse h.haec a.atqve h.habita e.est s.soror aut ueris credendum est aut etiam falsis, quae tamen inueterauerint. hinc Cicero « ita habeantur itaque dicantur 394 ». Habita ergo plus est quam dicta. 2 semper eivs a possibili et utili.
1 semper enim dicta est est esse haec atqve habita est soror il faut croire soit des choses vraies soit même des fausses à condition cependant qu'elles aient pour elle la caution de l'ancienneté. De là Cicéron : « ita habeantur itaque dicantur » (qu'on les croie telles, qu'on les dise telles). Habita est donc plus que dicta (dites). 2 semper eivs argument par le possible et l'utile.

810
quae illius fuere possidet : nunc me hospitem
elle est maintenant en possession de son bien. A présent, moi un étranger,

1 nvnc me hospitem l.lites s.seqvi et me et hospitem et lites sequi mire dicit172: totum μετ᾽ ἐμφάσεως. 2 Me cum emphasi, id est senem et remotum a litibus, hospitem hoc est peregrinum, lites sequi id est pauperem.
1 nvnc me hospitem lites seqvi me, hospitem et lites sequi sont une manière étonnante de s'exprimer : tout est dit avec emphase (μετ᾽ ἐμφάσεως). 2 Me est dit avec emphase c'est-à-dire un vieillard qui se tient loin des procès, hospitem c'est-à-dire un étranger, lites sequi c'est-à-dire un pauvre.

811
lites sequi quam id mihi sit facile atque utile
irai-je faire un procès ? Ce ne serait ni facile, ni utile,

qvam id mihi sit facile a.atqve v.vtile id est difficile et inutile. et est comicum.
qvam id mihi sit facile atqve vtile c'est-à-dire difficile et inutile. Et c'est propre au genre comique.

812
aliorum exempla commonent. simul arbitror
si j'en crois l'exemple d'autrui. En même temps je pense

813
iam aliquem esse amicum et defensorem <ei> ; nam fere
qu'elle a déjà quelque ami et protecteur ; car elle était déjà

814
grandiuscula iam profecta est illinc : clamitent
grandette quand elle est partie. On criera

1 grandivscvla iam profecta est ad partem aetatis refertur grandis. 2 Id est: grandis natu est. maior autem generaliter et ad summam aetatis refertur et ad comparationem aetatis pariliter positum.
1 grandivscvla iam profecta est c'est à la partie que constitue son âge que se rapporte grandis. 2 C'est-à-dire : elle est assez âgée. Le mot maior en général se réfère à un âge important et se met également pour comparer les âges875.

815
me sycophantam, hereditatem persequi
que je suis un calomniateur, un coureur d'héritages,

1 sycophantam hoc est: "cum in me conueniunt lites". 2 sycophantam bene sycophantam, quia bonam causam habet et nihil aliud timet nisi conuicia. 3 Et sycophantam subdistingue et sic infer sequentia.
1 sycophantam c'est-à-dire quand les procès me viennent. 2 sycophantam sycophantam est bien dit, car sa cause est solide et il ne craint rien sinon les insultes. 3 Et mettez une ponctuation faible avant sycophantam puis enchaînez le reste.

816
mendicum. tum ipsam despoliare non lubet.
un mendiant ; et puis, je n'ai pas envie de la dépouiller.

1 tvm ipsam despoliare non l.lvbet ab honesto. 2 Et bene, quia nihil suum habet nisi Chrysidis.
1 tvm ipsam despoliare non lvbet argument par l'honnête. 2 Et c'est bien car il n'a rien en propre sinon ce qui est à Chrysis.

817
My.-o optime hospes ! pol, Crito, antiquum obtines.
My.-Ah ! L'excellent étranger que voilà ! En vérité, Criton, tu es encore l'homme d'autrefois.

1 optime hospes p.pol c.crito a.antiqvvm o.obtines antiquum absolute dixit, ut aequum aut bonum, quod antiqui solebant. 2 Aut certe per ἔλλειψιν, id est morem et ingenium.
1 optime hospes pol crito antiqvvm obtines antiquum est dit de manière absolue, en synonyme de "juste et bon", selon l'usage des Anciens. 2 Ou du moins par ellipse (ἔλλειψις) c'est-à-dire de morem (mœurs) et ingenium (caractère).

818
Cr.-duc me ad eam, quando huc ueni, ut uideam. My.-maxime.
Cr.-Mène-moi chez elle, puisque je suis ici, que je la voie. My.-Bien-sûr.

1 dvc me ad eam qvando hvc v.veni v.vt v.videam ueni huc inquit ut uideam; cur autem ut uideam? quia timet. 2 Et est ordo: duc me ad eam, <ut uideam>.
1 dvc me ad eam qvando hvc veni vt videam ueni huc, dit-il, ut uideam ; mais pourquoi ut uideam ? parce qu'il a peur. 2 Et l'ordre des mots est : duc mihi ad eam ut uideam.

819
Da.-sequar hos : nolo me hoc in tempore 1052 uideat senex.
Da.-Je vais les suivre. Je ne veux pas qu'en ce moment le vieux me voie.

nolo me hoc in tempore v.videat s.senex bene senex: Simo enim cum Chremete est. propter hoc uideri non uult, ne eius utatur apud socerum testimonio, rem esse Pamphilo aduersus Glycerium, et rursus nuptiae confirmentur.
nolo me hoc in tempore videat senex senex est bien dit : Simon en effet est accompagné de Chrémès. C'est la raison pour laquelle il ne veut pas être vu, de peur qu'il se serve de son témoignage chez le beau-père pour lui faire dire qu'il y a quelque chose chez Pamphile qui s'oppose à Glycère, et de peur que le mariage ne soit à nouveau confirmé.

Actus quintus

scaena prima

ChremesSimo

820 | 821 | 822 | 823 | 824 | 825 | 826 | 827 | 828 | 829 | 830 | 831 | 832 | 833 | 834 | 835 | 836 | 837 | 838 | 839 | 840 | 841

820
CH. Satis iam satis, Simo, spectata erga te amicitia est mea ;
Chr.-C'est assez maintenant, assez, Simon, mettre mon amitié à l'épreuve ;

1 satis iam s.satis s.simo s.spectata e.erga t.te a.amicitia m.mea haec scaena officiorum disceptationem continet patrum inter se de officio amicorum et paterna pietate tractantium. 2 satis i.iam s.satis s.simo s.spectata haec ueluti quaedam controuersia est, namque iniuriarum reus fit Simo: contradicitur per coniecturam falsum esse quod intendit, cum Pamphilus neque amet neque ex eo filius natus sit, et adhibetur deriuatio causae, qua dicitur meretricem ista omnia esse molitam ad disturbandas nuptias. 3 satis i.iam s.satis s.simo s.spectata bene negaturus filiam purgat prius officium suum de fide promissi et ultro accusat ipse. 4 spectata probata, ut ille ait « et rebus s.spectata i.iuuentus 395 ».
1 satis iam satis simo spectata erga te amicitia cette scène contient un affrontement de devoirs chez les pères qui discutent entre eux du devoir que l'on doit aux amis et de la piété due aux pères. 2 satis iam satis simo spectata il y a là comme une controverse, et de fait Simon devient coupable d'injures : il est contredit par conjecture et convaincu de fausseté dans ce qu'il affirme puisque Pamphile n'est pas amoureux et qu'il n'a pas eu de fils, et on a recours à une dérivation de la cause, par laquelle il dit que la courtisane a ourdi tout cela dans le but de semer le trouble dans le mariage. 3 satis iam satis simo spectata il a raison, au moment de refuser sa fille, de commencer par se disculper d'avoir manqué à sa promesse et ensuite il accuse à son tour. 4 spectata synonyme de probata (irréprochable) comme le dit le poète : « et rebus spectata iuuentus » (une jeunesse que ses exploits ont fait connaître).

821
satis pericli incepi adire : orandi iam finem face.
c'est assez du risque que j'ai couru ; cesse de me prier.

822
dum studeo obsequi tibi, paene inlusi uitam filiae.
Dans mon désir de t'obliger, j'ai presque joué la vie de ma fille.

823
SI. Immo enim nunc cum maxime abs te postulo atque oro, Chreme,
Si.-Au contraire, plus que jamais maintenant j'insiste et je te prie, Chrémès,

1 immo enim enim παρέλκον est figura. 2 immo enim nvnc cvm maxime abs te postvlo renuntiare affinitati Chremem aut parum adhuc intellegit Simo aut subtiliter dissimulat, ut ad fidem promissi hominem compellat.
1 immo enim enim relève de la figure de pléonasme (παρέλκον). 2 immo enim nvnc cvm maxime abs te postvlo que Chrémès renonce au lien de parenté, soit Simon ne le comprend pas, soit il feint avec adresse pour pousser l'autre à tenir sa promesse.

824
ut beneficium uerbis initum dudum nunc re comprobes.
de montrer le bienfait que tu m'as accordé d'abord en paroles, maintenant en actes.

vt beneficivm verbis i.initvm initum coeptum ab ineundo, unde et initia quoque dicta.
vt beneficivm verbis initvm initum qui signifie coeptum (commencé) vient de inire (entrer dans) d'où on a tiré aussi initia (commencements).

825
CH. Vide quam iniquus sis prae studio : dum id efficias quod uelis 1053 ,
Chr.-Vois combien ton désir te rend injuste. Pourvu que tu fasses ce que tu veux,

dvm id efficias qvod velis legitur et quod lubet.
dvm id efficias qvod velis on lit aussi quod lubet (ce qui te plaît).

826
neque modum benignitatis neque quid me ores cogitas ;
tu oublies qu'un bienfait a ses limites et tu ne réfléchis pas à ce dont tu me pries.

neqve modvm b.benignitas n.neqve q.qvid m.me o.ores c.cogitas id est: "non cogitas aut quantum de benignitate amoris exigendum aut praesumendum sit aut quam sit impossibile quod petas".
neqve modvm benignitatis neqve qvid me ores cogitas c'est-à-dire : "tu ne te rends pas compte de ce qu'on peut exiger de la bienveillance de l'amour, ou de ce qu'il faut en présumer, ou à quel point est impossible ce que tu demandes".

827
nam si cogites remittas iam me onerare iniuriis.
Si tu y réfléchissais, tu cesserais de m'excéder de requêtes déraisonnables.

remittas iam remittas pro mittas.
remittas iam remittas est mis pour mittas (tu envoies)876.

828
SI. Quibus ? CH. at rogitas ? perpulisti me ut homini adulescentulo
Si.-Lesquelles ? Chr.-Tu le demandes ! Tu m'as déterminé à donner à un petit jeune

1 perpvlisti me vt h.homini a.advlescentvlo hic est tota accusatio. 2 homini a.advlescentvlo sic Sallustius « occultans se tugurio mulieris ancillae 396 ».
1 perpvlisti me vt homini advlescentvlo là réside l'ensemble de l'accusation. 2 homini advlescentvlo ainsi Salluste : « occultans se tugurio mulieris ancillae » (se cachant dans la cabane d'une servante) 877 .

829
in alio occupato amore, abhorrenti ab re uxoria,
dont le cœur est pris ailleurs et qui a horreur du mariage,

830
filiam ut darem in seditionem atque in incertas nuptias,
ma fille et cela au risque d'une mésentente et d'un mariage chancelant,

filiam vt d.darem i.in s.seditionem inuidiose non promitterem inquit, sed darem, quantum in te est.
filiam vt darem in seditionem de manière agressive il dit non pas perpulisti ut promitterem (tu m'as poussé à promettre), mais ut darem, autant que tu le pouvais878.

831
eius labore atque eius dolore gnato ut medicarer tuo.
pour que, aux dépens du repos et du bonheur de mon enfant, je guérisse ton fils.

832
Impetrasti : incepi, dum res tetulit. Nunc non fert : feras.
Tu l'as obtenu ; je l'ai fait, tant que la situation était supportable. Elle n'est plus supportable ; à toi de le supporter.

dvm res tetvlit compositum pro simplici est tetulit. et altius, quam decet comicum characterem, dictum uidetur.
dvm res tetvlit utilisation d'un verbe composé pour un simple avec tetulit 879. Et cela semble être dit avec plus de hauteur qu'il ne convient à un caractère comique.

833
Illam hinc ciuem esse aiunt ; puer est natus : nos missos face.
On dit qu'elle est citoyenne ; il y a un enfant. Laisse-nous tomber.

834
SI. Per ego te deos oro, ut ne animum illis 1054 inducas credere,
Si.- Au nom des dieux, je t'en prie, ne te laisse pas aller à croire ces créatures

per ego te deos o.oro v.vt n.ne a.animvm i.illis i.indvcas c.credere defensio per coniecturam. et est ordo: per deos oro te ego.
per ego te deos oro vt ne animvm illis indvcas credere défense par conjecture. Et l'ordre des mots est : per deos oro te ego.

835
quibus id maxime utile est illum esse quam deterrumum.
qui ont tout intérêt à faire de mon fils le pire des êtres.

1 qvibvs id maxime argumentum a persona. 2 qvibvs id maxime vtile est a causa ratiocinatiua.
1 qvibvs id maxime argument par la personne. 2 qvibvs maxime id vtile est par le raisonnement880.

836
Nuptiarum gratia haec sunt ficta atque incepta omnia.
C'est pour le mariage qu'elles ont imaginé et fait tout cela.

837
Vbi ea causa quam ob rem haec faciunt erit adempta his, desinent.
Quand le motif qui les fait agir leur sera ôté, elle arrêteront.

1 vbi ea cavsa qvam ob rem haec facivnt ἀνακόλουθον, nam non intulit ob quam causam, cum supra dixerit ea causa; sed quasi dixerit ubi ea res, intulit quam ob rem. 2 <vbi ea cavsa qvam ob rem> h.haec f.facivnt e.erit a.adempta aut rem abundat aut causa.
1 vbi ea cavsa qvam ob rem haec facivnt anacoluthe (ἀνακόλουθον), car il n'a pas continué en disant quam ob causam (pour laquelle raison), alors qu'il avait commencé par ea causa (pour cette raison) ; mais comme s'il avait dit ubi ea res (quand cette chose), il continue par quam ob rem (pour laquelle chose)881. 2 vbi ea cavsa qvam ob rem haec facivnt erit adempta ou rem est superflu, ou c'est causa qui l'est882.

838
CH. Erras : cum Dauo egomet uidi iurgantem ancillam. SI. Scio. CH. At
Chr.-Tu te trompes : j'ai vu moi-même la servante se disputer avec Dave. Si.-Je sais. CH.-Mais,

839
uultu uero 1055 , cum ibi adesse me 1056 neuter tum senserit 1057 .
face à face, et lorsque ni l'un ni l'autre n'avaient senti ma présence.

vvltv vero quasi dixerit Simo simulabat ancilla. 2 cvm ibi adesse me nevter senserit quaeritur: etsi uisus a Myside erat, tamen ignorabatur Chremes esse, donec diceret Dauus « hic est ille, non te c.credas D.Dauum l.ludere 397 »? 3 cvm ibi adesse tum deest, ut sit integrum tum cum.
1 vvltv vero comme si Simon avait dit simulabat ancilla (la servante faisait semblant). 2 cvm ibi adesse me nevter senserit le problème883 est : bien que Chrémès ait été vu par Mysis, son identité restait-elle ignorée, jusqu'à ce que Dave dise : « hic est ille : non te credas Dauom ludere ? ». 3 cvm ibi adesse il manque tum, pour qu'on ait l'expression intégrale tum cum (à ce moment, quand).

840
SI. Credo et id facturas Dauus dudum praedixit mihi ; et
Si.-Je le crois. Dave m'avait déjà prévenu qu'elles agiraient ainsi,

davvs dvdvm praedixit mihi hic ostenditur, quod uidit callidus Dauus, ut praediceret futurum seni, quod ipse erat facturus.
davvs dvdvm praedixit mihi on montre ici que le rusé Dave a veillé à prédire au vieillard ce qu'il s'apprêtait à faire lui-même.

841
nescio quid tibi sum oblitus hodie, ac uolui, dicere.
et je ne sais pourquoi j'ai oublié aujourd'hui, comme je le voulais, de t'en parler.

1 nescio qvid tibi svm o.oblitvs deest propter, ut sit: propter nescio quid. 2 Aut: nescio quare, ut sit aduerbiale. 3 ac volvi dicere ac pro contra quam.
1 nescio qvid tibi svm oblitvs il manque propter, pour faire propter nescio quid (pour je ne sais quelle raison). 2 Ou nescio quare (je ne sais pourquoi), pour faire un emploi adverbial884. 3 ac volvi dicere il emploie ac (et) pour contra quam (contrairement à ce que).

scaena altera

ChremesSimoDauusDromo

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842
DA. Animo nunc iam otioso esse impero. CH. em Dauom tibi !
Da.-A présent vous pouvez être tranquilles, c'est moi qui vous le dis. Chr.- Tiens, le voilà, ton Dave.

1 animo nvnc iam otioso esse impero haec scaena principium indicii et iracundiam senis continet, atque in ea uehementer exprimitur consuetudo patris ac domini offensi et indignantis. 2 animo n.nvnc i.iam o.otioso e.esse exsultans egreditur Dauus nuntians prona esse omnia ad securitatem. 3 Et otioso securo, quia negotium sollicitudo est. 4 impero pro uolo. an ut statim fiat tamquam illud quod imperatur? 5 Et impero superbe dixit: summum enim indicium securitatis est superbia.
1 animo nvnc iam otioso esse impero cette scène contient le début de la révélation et la colère du vieillard et s'y exprime avec vivacité la manière habituelle885 d'un père et maître bafoué et indigné. 2 animo nvnc iam otioso esse Dave entre en scène en exultant et en annonçant qu'il n'y a plus aucun danger. 3 Et otioso signifie securo (en sécurité), car une affaire (negotium) est un souci886. 4 impero mis pour uolo (je veux). Est-ce que cela signifie qu'il faut que cela se fasse séance tenante, comme ce qui relève de l'ordre donné ? 5 Et il dit impero avec orgueil : car la meilleure preuve de sécurité est dans l'orgueil.

843
SI. unde egreditur ? DA. meo praesidio atque hospitis. SI. quid illud mali est ?
Si.-D'où sort-il ? Da.-Comptez sur moi et sur l'étranger. Si.-Quel est ce nouveau malheur ?

1 vnde egreditvr hic non interrogat, sed cum admiratione uel magis cum indignatione dicit. 2 meo praesidio a.atqve h.hospitis id est « animo nunc iam otioso esse impero 398 ». 3 atqve hospitis Critonis scilicet.
1 vnde egreditvr il ne pose pas une question mais parle sur un ton d'étonnement ou, mieux, d'indignation887. 2 meo praesidio atqve hospitis c'est-à-dire « animo nunc iam otioso esse impero ». 3 atqve hospitis de toute évidence, de Criton.

844
DA. ego commodiorem hominem aduentum tempus non uidi. SI. Scelus,
Da.-Je n'ai jamais rien vu de mieux à point : l'homme, son arrivée, le moment. Si.-Coquin !

1 ego commodiorem hominem hic Dauus admiratur, quod in ipso articulo periculi superuenerit Crito. 2 ego commodiorem h.hominem potest enim et commodus esse quis et alieno tempore superuenire potest: — 3 Et commodum in homine est, sed et opportunus aduentum malum habere potest. — nam commodum in homine est, aduentus in facto eius, tempus in opportunitate facti. 4 commodiorem h.hominem σύλλημψις. 5 scelvs qvem h.hic l.lavdat scelus hic non est soloecismus: ad sensum enim, non ad uerba respexit. etenim propter sensum uerba sunt, non propter uerba sensus.
1 ego commodiorem hominem ici Dave s'étonne de l'arrivée inopinée de Criton dans un tel moment de péril. 2 ego commodiorem hominem car il peut se faire et qu'un homme soit à propos et en même temps qu'il n'arrive pas au moment opportun. 3 Et le caractère providentiel dépend de l'homme, mais, même opportun, il peut avoir une arrivée néfaste. Car être commodus (à propos) dépend de l'homme, l'aduentus (arrivée) est de son fait, le tempus (temps) est dans le caractère opportun de son arrivée. 4 commodiorem hominem syllepse (σύλλημψις)888. 5 scelvs qvem hic lavdat scelus hic (ce scélérat) n'est pas un solécisme, car il fait un accord pour le sens non pour les mots889. Et de fait, les mots sont mis en vue du sens, non le sens en vue des mots.

845
quem 1058 hic laudat ? DA. omnis res est 1059 in uado. SI. cesso adloqui ?
Qui vante-t-il ainsi ? Da.-Tout est à bon port. Si.-Je vais lui parler.

1 omnis res est in vado in uado in securitate: nam ut in profundo periculum est, ita in uado securitas est. 2 Prouerbiale in uado in tuto.
1 omnis res est in vado in uado (sur le gué) veut dire en sécurité : car de même qu'on est en danger dans l'eau profonde, de même sur le gué on est en sûreté. 2 Proverbialement in uado veut dire in tuto (à l'abri).

846
DA. erus est : quid agam ? SI. o salue, bone uir. DA. ehem Simo, o noster Chreme,
Da.-Le maître ! Que faire ? Si.-Ah! bonjour, mon brave garçon ! Da.-Ah! Simon, mon cher Chrémès.

1 qvid agam plus est dicere quid agam? quam cogitare de fuga. 2 salve bone vir ironia maior est quam increpatio; cum enim omne genus criminis aliquis spreuerit, tunc exclusi ironia laudamus. 3 ehem simo interiectio perturbati est. 4 ο noster chreme noster dicendo latenter significat Glycerium filiam Chremetis esse inuentam.
1 qvid agam c'est plus fort de dire quid agam ? que de songer à s'enfuir. 2 salve bone vir l'ironie a plus d'effet que la réprimande. Car quand quelqu'un traite par le mépris tous les griefs qu'on peut lui faire, alors, puisqu'il nous rejette, nous le félicitons ironiquement890. 3 ehem simo interjection qui exprime le trouble. 4 o noster chreme en disant noster, il sous-entend que Glycère se révèle être la fille de Chrémès.

847
omnia apparata iam sunt intus. SI. curasti probe.
Tout est prêt maintenant là dedans. Si.-Tu t'en es bien occupé.

1 omnia app. s.svnt i.intvs quia infecta sunt, dicit parata s.sunt . 2 cvrasti probe memoriter: supra enim senex dixerat « immo abi intro, ibi me opperire et quod parato opus est para 399 ».
1 omnia apparata svnt intvs comme les choses ne sont pas achevées, il dit parata sunt (elles ont été préparées)891. 2 cvrasti probe pour mémoire. Car il avait dit plus haut : « immo abi intro ibi me opperire et quod parato opus est para ».

848
DA. ubi uoles accerse. SI. bene sane ; id enim uero hinc nunc abest.
Da. Quand tu voudras, fais-la venir. Si.-Très bien ; il ne manque plus que cela en effet.

1 vbi voles accerse ubi pro quando, non est enim loci sed temporis aduerbium. 2 bene sane <sane> ualide, quia qui sanus, idem et ualidus. 3 id enim vero h.hic n.nvnc abest abest pro deest.
1 vbi voles accerse ubi est mis pour quando (quand), car ce n'est pas un adverbe de lieu mais de temps. 2 bene sane sane signifie ualide (fort), car qui est sain est également fort892. 3 id enim vero hinc nvnc abest abest est mis pour deest (manque).

849
etiam tu hoc respondes quid istic tibi negoti est ? DA. mihine ? SI. ita.
Maintenant réponds : qu'as-tu à faire ici ? Da.-Moi ? Si.-Oui.

1 etiam tv hoc respondes deest an non. 2 etiam tv hoc respondes etiam aut hortatio est aut coniunctio. 3 Et uide quanta dixerit: et quid et istic et tibi. 4 mihine quando non sumus parati ad respondendum, ducendo tempus eludimus. 5 mihine apparet ita turbari Dauum modo consilio poetae, ut omnes amittat fallacias et oppressus prodat Pamphilum, dum malum comminus perhorrescit. totumque hoc ex argumento est: uult enim poeta iam catastropham patefieri.
1 etiam tv hoc respondes il manque an non (ou pas). 2 etiam tv hoc respondes etiam fonctionne soit comme mot d'encouragement soit comme conjonction893. 3 Et voyez tout le matériel qu'il déploie : quid, istic et tibi. 4 mihine quand nous ne sommes pas prêts à répondre, nous éludons la question en gagnant du temps. 5 mihine il est clair que c'est à dessein que le poète fait que Dave se trouble au point de perdre toute sa malice et, sous la pression, de trahir Pamphile en redoutant une imminente punition ; et tout ceci est conditionné par l'argument de la pièce : car le poète veut que la catastrophe commence ici.

850
DA. mihin ? SI. tibi ergo. DA. modo introii. SI. quasi ego quam dudum rogem.
Da.-Moi ? Si.-Oui, toi. Da.-Je viens juste d'arriver... Si.-Comme si je lui demandais depuis quand.

modo introii hoc signum perturbati inducit ob conscientiam Daui.
modo introii il introduit un signe de trouble chez Dave à cause de sa mauvaise conscience.

851
DA. cum t<uo> gnato una. SI. anne est intus Pamphilus ? crucior miser !
Da.-...avec ton fils. Si.-Pamphile est là dedans ? Je suis au supplice, infortuné !

1 cvm tvo gnato vna serui excusatio filii accusatio est. 2 Et hoc quasi a perturbato dicitur seruo, sed consilio poetae ad exitum festinantis et resolutionem fabulae. 3 anne est intvs pamphilvs causa irae uehementior inuenta.
1 cvm tvo gnato vna la justification de l'esclave équivaut à une accusation du fils. 2 Et la chose est dite comme si l'esclave se troublait, mais c'est le dessein du poète, à ce moment où la pièce se hâte vers sa fin et son dénouement. 3 anne est intvs pamphilvs il a trouvé une raison plus vive de se mettre en colère.

852
eho non tu dixti esse inter eos inimicitias, carnufex ?
Quoi ? Ne m'avais tu pas dit qu'ils étaient brouillés, bourreau ?

853
DA. sunt. SI. cur igitur hic est ? CH. quid illum censes ? cum illa litigat.
Da.-Ils le sont. Si.-Que fait-il donc ici ? Chr.-Que veux-tu qu'il y fasse ? Il se dispute avec elle.

1 svnt nulla ratione dicit sunt, sed ne nihil respondeat; nam turbatus est utpote oppressus. 2 qvid illvm deest propter, ut sit: propter <quid>. 3 qvid illvm c.censes c.cvm i.illa l.litigat Chremi conuenit hic sermo: hic enim irridet, qui et supra dixit « amantium irae amoris integratio est 400 ». 4 Et sic hoc dicit, ut alibi « credo, ut fit, m.misera p.prae a.amore e.exclusti h.hunc f.foras 401 ». 5 cvm illa litigat irridet Simonem Chremes, qui dixerat « irae sunt inter Glycerium et gnatum 402 ».
1 svnt il n'a pas de raison de dire sunt (il y en a), mais c'est pour éviter de rester sans réponse ; car il s'est troublé sous la pression. 2 qvid illvm il manque propter, pour faire propter quid (à cause de quoi ?)894. 3 qvid illvm censes cvm illa litigat cette réplique convient bien à Chrémès ; car il se moque, lui qui disait plus haut : « amantium irae amoris integratio est ». 4 Et il s'exprime comme ailleurs : « credo ut fit misera prae amore exclusti hunc foras ». 5 cvm illa litigat Chrémès se moque de Simon, qui avait dit : « irae sunt inter Glycerium et gnatum »895.

854
DA. immo uero indignum, Chremes 1060 , iam facinus faxo ex me audies.
Da.-Non ; mais tu vas apprendre de moi, Chrémès, une chose qui va t'indigner.

1 immo vero indignvm chremes bene ad eum loquitur, qui est a nuptiis deterrendus, uel qui non interturbet orationem suam uel quem iam sibi precatorem destinet. 2 Ita loquitur, quasi haec sit causa, cur sit Pamphilus ingressus, quod quasi ei lis intendatur a Critone hospite ducendae uxoris, quam ciuem Atticam uitiauerit.
1 immo vero indignvm chremes il fait bien de s'adresser à celui qu'il faut détourner de ce mariage ou pour qu'il n'aille interrompre son propos ou pour en faire un intercesseur en sa faveur. 2 Il parle comme si la sortie de scène de Pamphile était due à une sorte de procès qui lui était fait par son hôte Criton pour avoir épousé une femme qu'il avait déshonorée bien qu'elle fût citoyenne athénienne.

855
nescio quis senex modo uenit, ellum, confidens catus :
Un vieillard que je ne connais pas vient d'arriver , il est là, sûr de lui, un malin.

1 nescio qvis senex modo venit bene nescio quis: etenim si notus esset, uideretur gratificari, id est gratiosus esse testis et minus uerus. 2 ellvm ueteres quod nos illum dicimus, uel ellum uel ollum dicebant. quamuis ellum quidam ecce illum uelint intellegi, tamquam pro ipso domum Glycerii ostendat Dauus dicens ellum. 3 <ellvm> quasi en illum; est enim, ut alii <uolunt>, pronomen, ut alii, aduerbium demonstrantis. nam pronomen huiusmodi ueteres sic proferebant: ille ollus ellus. 4 Sed, ut diximus, aduerbium compositum ex pronomine uideri potest, ut sit en uel ecce illum. 5 confidens confidentem hic pro constanti, non mala significatione posuit. 6 catvs callidus, doctus. 7 <catvs> ardens παρὰ τὸ κάειν, unde Cato dictus; ingeniorum etenim igneus uigor est.
1 nescio qvis senex modo venit nescio quis (je ne sais quel) est bien trouvé : de fait, s'il le connaissait, il semblerait être complaisant, c'est-à-dire un témoin de complaisance et, de ce fait, moins crédible. 2 ellvm les anciens disaient, là où nous disons illum (celui-là) soit ellum soit ollum. Certains pourtant sont d'avis que ellum vaut pour ecce illum (le voilà), comme si, au lieu de lui, Dave montrait la maison de Glycère en disant ellum. 3 ellvm pour ainsi dire en illum (le voilà) ; car c'est, selon certains, un pronom, selon d'autres un adverbe démonstratif. Car le pronom de ce type, les anciens le prononçaient ainsi : ille, ollus ou ellus. 4 Mais, comme on l'a dit, l'adverbe peut sembler composé à partir du pronom, comme en ou ecce illum 896. 5 confidens ici il a mis confidens pour constans (constant), sans valeur péjorative897. 6 catvs "rusé", "savant". 7 catvs "ardent", du verbe grec κάειν (brûler), d'où vient le nom Caton 898  : la force du feu, de fait, est le propre des génies.

856
cum faciem uideas, uidetur esse quantiuis pretii :
Quand tu vois sa figure il n'a pas l'air d'un homme de rien.

1 videtvr esse qvantivis pretii ad magnitudinem refertur quantiuis, <non> ad paruitatem pretii. 2 Et totum oratorie: scite enim locutus est. 3 Sed interest inter quiuis et quantiuis; nam alteram contemptionis est, alterum laudis.
1 videtvr esse qvantivis pretii quantiuis oriente vers un prix élevé, non vers un prix modique. 2 Et c'est entièrement oratoire : car il a parlé finement. 3 Et il y a une différence entre quiuis et quantiuis : le premier est péjoratif, le second laudatif.

857
tristis seueritas inest in uoltu atque in uerbis fides.
Il a une gravité austère sur le visage, et dans ses paroles de la bonne foi.

tristis ad laudem interdum sumitur, non ad amaritudinem tristis. Cicero « iudex tristis et integer 403 ».
tristis tristis sert parfois à l'éloge, sans connoter l'aigreur. Ainsi chez Cicéron : « iudex tristis et integer » (un juge austère et intègre).

858
SI. quidnam adportat ? DA. nil equidem nisi quod illum audiui dicere.
Si.-Qu'est ce que tu racontes ? Da.-Rien d'autre que ce que je lui ai entendu dire.

859
SI. quid ait tandem ? DA. Glycerium se scire ciuem esse Atticam. SI. Hem
Si.-Que dit-il enfin ? Da.-Qu'il sait que Glycère est citoyenne d'Athènes. Si.-Hein !

glycerivm se scire civem esse atticam bene: constanter ad ea, quae locutus est, scire se dixit.
glycerivm se scire civem esse atticam bien trouvé : il dit qu'il sait de source sûre ce qu'il avance.

860
Dromo, Dromo. DA. quid est ? SI. Dromo. DA. audi. SI. uerbum si addideris ! Dromo.
Dromon, Dromon ! Da.-Qu'y a-t-il ? Si.-Dromon ! Da.-Écoute. Si.-Si tu ajoutes un mot... Dromon !

1 dromo dromo commotus ira et dolore nihil dicit, nisi lorarium repetendo saepius uocat. 2 verbvm si addideris bene, quia omnia praesente socero contra nuptias loquitur.
1 dromo dromo sous le coup de la colère et de la douleur, il ne peut rien faire d'autre que d'appeler l'esclave fouetteur en répétant son nom. 2 verbvm si addideris bien trouvé, parce qu'il plaide entièrement contre le mariage en présence du beau-père.

861
DA. audi obsecro. DR. quid uis ? SI. sublimen 1061 intro rape hunc, quantum potest.
Da.-Écoute, je t'en prie. Dr.-Que veux-tu ? Sa.-Dégage-moi ça au plus vite, et rentre-le.

1 avdi obsecro plerumque a uerberandis uel indulgentia loquitur uel mora. 2 svblimen id est sublime, per altum. 3 qvantvm potest hoc est celerrime, quia segniores se ostendunt serui ad puniendos conlibertos, scilicet mora ueniam captantes indignantium dominorum.
1 avdi obsecro le plus souvent ceux qui vont être battus demandent ainsi l'indulgence ou un délai. 2 svblimen c'est-à-dire sublime (en haut), en hauteur899. 3 qvantvm potest sous-entendre celerrime (le plus vite possible), parce que les esclaves se montrent plutôt réticents à punir leurs congénères, sûrement dans l'idée d'obtenir par leur retard la grâce de leur maître indigné.

862
DR. quem ? SI. Dauom. DA. quam ob rem? SI. quia lubet. rape inquam. DA. quid feci ? SI. Rape.
Dr.-Qui ? Si.-Dave. Da.-Pourquoi ? Si.-Parce que cela me plaît. Dégage, te dis-je. Da.-Qu'est-ce que j'ai fait ? Si.-Dégage.

1 qvia lvbet hoc sensu et supra dictum est « ut, si libitum fuerit, causam ceperit, quo iure quaque iniuria 404 ». 2 qvia lvbet Dauo dicit, rape inqvam Dromoni.
1 qvia lvbet l'expression a déjà été utilisée plus haut en ce sens : « ut si libitum fuerit causam ceperit quo iure quaque iniuria ». 2 qvia lvbet il dit quia lubet à Dave, rape inquam à Dromon.

863
DA. si quicquam inuenies mentitum me 1062 , occidito. SI. nil audio.
Da.-Si tu découvres que j'ai menti d'un seul mot, tue-moi. Si.-Je ne veux rien entendre.

si qvicqvam invenies mentitvm me occidito hic plus <quam> supra dixit; ibi enim « uerbera 405 » dixit, nunc occidito.
si qvicqvam invenies mentitvm me occidito il en rajoute par rapport à tout à l'heure ; là il parlait de « uerbera » (coups)900, ici il dit occidito.

864
DR. ego iam te commotum reddam. DA. tamen etsi hoc uerum est ? SI. Tamen.
Dr.- Je vais te flanquer une trempe. Da.-Même si c'est vrai ? Si.-Oui.

commotvm citum, celerem.
commotvm vif, rapide.

865
cura adseruandum uinctum, atque audin ? quadrupedem constringito.
Attache-le et tiens le sous bonne garde ; et entends-tu ? ligote-lui les quatre pattes,

1 qvadrvpedem c.constringito utrum genus ligaturae sic dicitur quadrupes an quadrupedem ut feram? 2 An quadrupedem id est: "cum pedibus et manibus"? 3 An qvadrvpedem pro ceruo ac fugitiuo posuit? sic Vergilius « saucius at quadrupes n.nota i.intra t.tecta r.refugit 406 ». 4 constringito mire: ne quid fiat tragicum in comoedia, usque ad uincula ira progreditur nec quicquam temptat ulterius.
qvadrvpedem constringito veut-il désigner par ce mot de quadrupes une sorte de nœud ou un quadrupède, un animal ? 2 Faut-il comprendre quadrupedem, "pieds et poings liés" ? Faut-il comprendre qu'il a mis quadrupedem pour un cerf, de plus fugitif901 ? De même Virgile : « saucius at quadrupes nota intra tecta refugit » (mais le quadrupède blessé se réfugie dans son abri familier). 4 constringito admirable : pour éviter un épisode tragique dans une comédie, sa colère progresse jusqu'à le faire attacher mais elle ne va pas au-delà.

866
age nunciam: ego pol hodie, si uiuo, tibi
allez, file. Par Pollux, aujourd'hui si je vis jusque là,

si vivo tibi qui certa minari uolunt, incertam faciunt uitam suam.
si vivo tibi ceux qui acceptent que des choses certaines les menacent rendent leur vie incertaine.

867
ostendam erum quid sit pericli fallere,
je te ferai voir ce qu'on risque à tromper son maître,

ervm qvid sit p.pericli f.fallere erum et patrem cum ingenti pronuntiatione dicit. et alibi « nam qui mentiri aut fallere i.insuerit p.patrem, au.aut t.tanto m.magis a.audebit c.ceteros 407 ».
ervm qvid sit pericli fallere il dit erus et pater sur un ton grandiloquent. De même ailleurs : « nam qui mentiri aut fallere insuerit patrem aut tanto magis audebit ceteros ».

868
et illi patrem. CH. ah ne saeui tanto opere. SI. o Chreme,
et lui, son père. Chr.-Ah ! ne t'emporte pas tant. Si.-O Chrémès !

ne saevi tanto opere ne imperatiuo magis quam coniunctiuo adiungitur, ut Vergilius « ne saeui, magna sacerdos 408 ».
ne saevi tanto opere ne se construit plutôt avec l'impératif qu'avec le subjonctif. Ainsi Virgile : « ne saeui, magna sacerdos » (ne sévis pas, grande prêtresse).

869
pietatem gnati ! nonne te miseret mei ?
Voilà le respect des fils ! Ne me plains-tu pas ?

1 pietatem gnati ἔλλειψις, deest enim uides aut quid tale. et est ironia pro: impietatem. 2 Et uide inuidiam quasi parricidam accusantis: non enim pudorem dixit, sed pietatem.
pietatem gnati ellipse (ἔλλειψις), car il manque uides (tu vois) ou quelque équivalent. Et c'est de l'ironie, à la place d'impietas (impiété). 2 Et voyez ll'agressivité, comme s'il l'accusait de parricide : car il ne dit pas pudor (retenue), mais pietas.

870
tantum laborem capere ob talem filium !
Prendre tant de peine pour un tel fils !

tantvm laborem c.capere σύλλημψις, assumendum est enim extrinsecus me.
tantvm laborem capere syllepse (σύλλημψις), il faut en effet aller tirer le pronom me (moi) du contexte.

871
age Pamphile, exi Pamphile! ecquid te pudet?
Va, Pamphile, sors, Pamphile ! Tu n'as pas honte ?

scaena tertia

ChremesSimoPamphilus

872 | 873 | 874 | 875 | 876 | 877 | 878 | 879 | 880 | 881 | 882 | 883 | 884 | 885 | 886 | 887 | 888 | 889 | 890 | 891 | 892 | 893 | 894 | 895 | 896 | 897 | 898 | 899 | 900 | 901 | 902 | 903

872
PA. Quis me uult ? perii, pater est. SI. quid ais, omnium... ? CH. ah
Pa.-Qui me demande ? Je suis mort : c'est mon père. Si.-Que dis-tu, le plus... ? Chr.-Ah !

1 qvis me vvlt p.perii p.pater est hic accusatio est, quae soluitur defensione: in eo quod ad amorem pertinet, per concessionem, in eo quod ad Critonis personam, per coniecturam. 2 qvid ais omnivm ἀποσιώπησις tertia. et est ad deformationem personae. 3 Et est irati familiaris ἀποσιώπησις, cum pro dignitate peccati non inueniat conuicium. 4 Et qvid ais non est interrogantis sed inuehentis. 5 Et est ἔλλειψις multa significans, quod ait omnium.
1 qvis me vvlt perii pater est c'est la scène de l'accusation. Celle-ci est levée par une défense, qui s'opère par concession pour ce qui relève de l'intrigue amoureuse, par conjecture pour ce qui relève de l'identité de Criton. 2 qvid ais omnivm aposiopèse (ἀποσιώπησις) de troisième catégorie. Et il s'agit d'avilir la personne. 3 Et c'est l'aposiopèse (ἀποσιώπησις) habituelle d'un homme en colère, dans la mesure où il ne trouve pas de terme d'injure à la mesure de ce que mérite la faute commise. 4 Et qvid ais n'est pas une interrogation, mais une invective. 5 Et c'est une ellipse (ἔλλειψις) très signifiante que de dire omnium.

873
rem potius ipsam dic ac mitte male loqui.
dis-lui plutôt ce dont il s'agit, et laisse tomber les injures.

874
SI. quasi quicquam in hunc iam grauius dici possiet.
Si.-Comme si l'on pouvait à présent dire contre lui quelque chose de plus grave !

qvasi qvicqvam in h.hvnc i.iam g.gravivs d.dici p.possiet quam quod fecit, quam quod peccauit.
qvasi qvicqvam in hvnc iam gravivs dici possiet que ce qu'il a fait, que la faute qu'il a commise.

875
<ai>n tandem, ciuis Glycerium est ? PA. ita praedicant.
Tu prétends donc que Glycère est citoyenne ? Pa.-On le dit.

ain tandem c.civis g.glycerivm e.est quaerit Probus ain quae pars orationis sit et an una sit. est autem ain quasi aisne. 2 Et mire, quasi ipse dicat, quod Dauus dixerat. 3 Ergo ain percontatiuum uerbum est. 4 tandem pro tamen. 5 ita praedicant <praedicant> artificiose pro dicunt posuit: adeo in hac re uehementer commotus senex hoc ipsum repetit praedicant per iracundiam. et ita est ἐν ἤθει, ut repetantur uerba, in quibus arguitur impudentia.
1 ain tandem civis glycerivm est Probus demande quelle partie du discours est ain et si c'en est une et une seule. Or ain vaut pour aisne (dis-tu ?). 2 Et c'est étonnant qu'il dise lui-même ce que Dave avait dit 902. 3 Donc ain est un verbe interrogatif. 4 tandem mis pour tamen (pourtant). 5 ita praedicant il dit avec habileté praedicant pour dicunt (c'est ce qu'on dit) : au point que le vieillard, profondément ébranlé dans cette affaire, répète ce même praedicant sous l'effet de la colère. Et c'est conforme au caractère du personnage (ἐν ἤθει) que de répéter les mots de ceux qu'on accuse d'impudence.

876
SI. « ita praedicant » ? o ingentem confidentiam !
Si.-On le dit ! O comble d'effronterie !

1 Et confidentia modo pro audacia et pro improbitate, ut in Phormione « homo confidens 409 ». aliter hic supra confidens pro constanti et graui. 2 Ergo confidentia interdum in mala significatione, interdum in bona significatione ponitur; sed fiducia semper in bona significatione ponitur.
1 Et confidentia vaut tantôt pour audacia (audace), tantôt pour improbitas (malhonnêteté), comme dans le Phormion : « homo confidens ». Ailleurs dans cette pièce, plus haut, confidens est mis pour constans (constant) et grauis (sérieux)903. 2 Donc confidentia s'entend parfois en mauvaise part, parfois en bonne part, alors que fiducia (confiance) ne s'entend qu'en bonne part.

877
num cogitat quid dicat ? num facti piget ?
Songe-t-il à ce qu'il dit ? a-t-il regret de ce qu'il a fait ?

1 nvm cogitat q.qvid d.dicat amens est, qui nesciat quid dicat, amentior, quem non paeniteat facti sui. 2 nvm cogitat qvid dicat quia iniuriarum se alligat. 3 nvm facti piget quia praedicant dicit, non dicunt. 4 Et ut solent irascentes, auertit orationem a secunda ad tertiam personam, ab ea cum qua loquebatur ad aliam.
1 nvm cogitat qvid dicat est fou celui qui ne sait pas ce qu'il dit, encore plus fou celui qui ne regrette pas ce qu'il a fait904. 2 nvm cogitat qvid dicat parce qu'il se rend coupable d'injustices. 3 nvm facti piget parce qu'il dit praedicant et non pas dicunt (ils disent). 4 Et comme le font habituellement les gens en colère, il fait passer l'énoncé de la deuxième à la troisième personne, de la personne qui désigne l'interlocuteur à celle qui désigne une personne extérieure.

878
uide num ei(u)s color pudoris signum usquam indicat.
Voit-on sur son visage le moindre signe de honte ?

1 nvm eivs c.color p.pvdoris s.signvm v.vsqvam i.indicat signum est parua quaedam significatio indicans totius rei qualitatem. 2 nvm eivs c.color p.pvdoris paterno animo dicit, namque patribus uelle erubescere filios pudentesque esse familiare est. cui contrarium est « erubuit: salua res est 410 ». 3 Hoc ergo dicit: nec timet, inquit, nec eum paenitet nec pudet.
1 nvm eivs color pvdoris signvm vsqvam indicat signum désigne un petit indice qui révèle la qualité d'un tout. 2 nvm eivs color pvdoris il le dit avec son cœur de père, car il est habituel pour les pères de vouloir que les fils rougissent et soient réservés. On a le contraire avec : « erubuit : salua res est ». 3 Voici donc ce que dit Simon : Pamphile dit qu'il n'a ni peur, ni regret, ni honte.

879
adeo inpotenti esse animo ut praeter ciuium
Être incapable de se dominer jusqu'à vouloir, au mépris des coutumes

1 vt praeter civivm m.morem praeter pro: contra ciuium morem. nunc enim praeter contra significat. 2 impotenti minus potenti. 3 Vel certe debili et deuicto. 4 civivm morem atqve l.legem et s.sviv.volvntatemp.patris tria contempta sunt: mos, lex, imperium patris.
1 vt praeter civivm morem praeter est mis pour contra (contre) ciuium morem. Car en l'occurrence praeter signifie contra (contre) 905. 2 inpotenti moins potens (puissant)906. 3 Ou du moins debilis (faible) et uictus (vaincu). 4 civivm morem atqve legem et svi volvntatem patris trois institutions ont été bafouées : la coutume, la loi, l'ordre paternel.

880
morem atque legem et s<ui> uoluntatem patris
de la cité, de la loi, de la volonté de son père,

881
tamen hanc habere studeat cum summo probro !
posséder cette créature en se déshonorant totalement !

tamen cum non dixerit quamuis, subiecit tamen. et est figura ἀνακόλουθον.
tamen bien qu'il n'ait pas dit quamuis (bien que), il a ajouté tamen (cependant) et c'est la figure d'anacoluthe (ἀνακόλουθον).

882
PA. me miserum ! SI. hem modone id demum sensisti 1063 , Pamphile ?
Pa.-Que je suis malheureux ! Si.-Ah ! c'est maintenant seulement que tu t'en aperçois, Pamphile ?

1 me miservm initium defensionis et deploratio calamitatis et miseriae, qua in amorem culpam remouet a uoluntate sua, cum pater, quod amat filius, uitium mentis dicat esse, non impulsum dei. 2 modone id demvm sensisti pamphile comprobatione ostendit eum esse miserum. demum autem signum est tarditatis. 3 Et sentire dicitur, qui uix se colligit uixque animaduertit, ut alibi « uix tandem sensi stolidus 411 ».
1 me miservm début de la défense et déploration de la calamité qui le frappe et de ses malheurs. Par ce moyen, pour ce qui concerne l'intrigue amoureuse, il dément que la faute soit volontaire, alors que son père dit que le fait que son fils soit amoureux provient d'un défaut de l'esprit de ce dernier, et non de l'impulsion d'un dieu. 2 modone id demvm sensisti pamphile il montre par son indulgence que son fils est malheureux. Demum est un indice de lenteur907. 3 Et on dit sentire pour celui qui peine à rassembler ses esprits et à remarquer les choses, comme ailleurs : « uix tamen sensi stolidus ».

883
olim istuc, olim quom ita animum induxti tuum,
C'est le jour, oui le jour où tu t'es mis en tête

olim obiurgatio est, quod dictum est olim. confirmationem autem per repetitionem ostendit, ut ille « diuum inc.inclementia, d.diuum, <h.has> e.euertit o.opes 412 ».
olim le mot olim est un blâme. Il le confirme avec insistance en le répétant, comme le Poète : « diuum inclementia, diuum has euertit opes » (la méchanceté des dieux, oui des dieux, a mis à bas cette puissance)908.

884
quod cuperes aliquo pacto efficiundum tibi,
de satisfaire de quelque manière que ce soit ta passion,

884 aliqvo pacto quoquo modo.
aliqvo pacto quoquo modo (d'une façon ou d'une autre).

885
<eo>dem die istuc uerbum uere in te accidit.
c'est ce jour-là que cette parole s'appliquait vraiment à toi.

<accidit> euenit, fuit.
accidit euenit (il est arrivé), fuit (il y a eu).

886
sed quid ego ? cur me excrucio ? cur me macero ?
Mais moi, pourquoi me tourmenter, me mettre au supplice,

1 sed qvid ego cvr me e.excrvcio proprium est parentibus indignatione uelut abicere curam filiorum, cum destomachati fuerint. 2 sed qvid ego a.a? 173 c.cvrm.mee.excrvcio ἔλλειψις per ἀποσιώπησιν. 3 cvr me m.macero c.cvr meam s.senectvtem non me sed meam senectutem, quod plus est et miserabilius, dicit.
1 sed qvid ego cvr me excrvcio c'est le propre des parents une fois qu'ils se sont mis en colère que de mettre de côté, sous l'effet de l'indignation, le souci qu'ils ont de leur fils. 2 sed qvid ego cvr me excrvcio ellipse (ἔλλειψις) par aposiopèse (ἀποσιώπησις). 3 cvr me macero cvr meam senectvtem il ne dit pas me (moi) mais meam senectutem, ce qui est plus fort et plus propre à exciter la pitié.

887
cur meam senectutem huius sollicito amentia ?
pourquoi inquiéter mes vieux jours par ses folies ?

sollicito sollicitam reddo, id est contristo et perturbo.
sollicito sollicitam reddo (je rends inquiète <ma vieillesse>), c'est-à-dire contristo (je l'attriste) et perturbo (je la trouble).

888
an ut pro hui(u)s peccatis ego supplicium sufferam ?
Est-ce à moi de supporter la peine de ses fautes ?

889
immo habeat, ualeat, uiuat cum illa. PA. mi pater !
Non, certes ; qu'il la possède, qu'il aille au diable, qu'il vive avec elle ! Pa.-Cher père !

1 immo habeat valeat vivat cvm i.illa non irascitur ut pater, sed dissimulat ut alienus, quia uehementer dolet. 2 Et habeat subauditur illam.
1 immo habeat valeat vivat cvm illa il ne se met pas en colère comme un père mais dissimule comme un étranger, parce qu'il souffre vivement. 2 Et habeat : sous-entendu illam (celle-là).

890
SI. quid « mi pater » ? quasi tu huius indigeas patris.
Si.-Quoi, cher père ? Comme si tu en avais besoin, de ce père !

1 mi pater mi meus. 2 Et principium factum a conciliatione personae. 3 qvasi tv hvivs i.indigeas p.patris huius se ostendens dixit, ut ille « est hic, est animus lucis c.contemptor 413 ».
1 mi pater mi vaut meus (mon). 2 Et c'est le début de la réconciliation entre personnages. 3 qvasi tv hvivs indigeas patris il dit huius (de celui-ci) en se désignant lui-même, comme Virgile : « est hic est animus lucis contemptor » (la voici, la voici cette âme qui méprise la lumière).

891
domus uxor liberi inuenti inuito patre ;
Maison, femme, enfants, tu t'es procuré tout cela malgré ton père ;

1 domvs vxor l.liberi i.inventi mira grauitate sensus elatus est; nec de Menandro, sed proprium Terentii. 2 liberi inventi dicit, cum unus esset; sed inuidiosius liberi. 3 Et inventi, non geniti, secundum illud « hoc ego scio, neminem p.peperisse h.hic 414 ». 4 Addidit domus, non lupanar. 5 Oratorie de uno pluraliter loquimur.
1 domvs vxor liberi inventi le sens est rehaussé d'une étonnante gravité ; et cela ne vient pas de Ménandre mais est une invention propre à Térence. 2 Il dit liberi inventi (des enfants qu'on s'est procurés), alors qu'il n'y en a qu'un ; mais le pluriel marque mieux son ressentiment. 3 Et il dit inventi et non pas geniti (engendrés), conformément à ses dires : « hoc scio neminem peperisse hic ». 4 Il ajoute domus, et non pas lupanar (lupanar). 5 C'est par effet oratoire que nous utilisons le pluriel pour le singulier.

892
adducti qui illam hinc ciuem dicant : uiceris.
on a amené des gens pour dire qu'elle est citoyenne. Tu as gagné.

viceris uerbum est eius, qui uix sibi extorquet, ut abiciat curam, et proprium patribus ac familiare iratis.
viceris c'est la parole de quelqu'un qui a du mal à s'obliger à se tranquilliser et propre à des pères et familière aux gens en colère.

893
PA. pater, licetne pauca ? SI. quid dices mihi ? CH. at
Pa.-Père, deux mots, si tu le permets. Si.-Que me diras-tu ? Chr.-Mais,

pater licetne p.pavca titubans et balbutiens oratio pudore et conscientia.
pater licetne pavca tirade hésitante et timide à cause de sa retenue et de sa mauvaise conscience.

894
tamen, Simo, audi. SI. ego audiam ? quid audiam,
enfin, Simon, écoute-le. Si.-Moi l'écouter ! Ecouter quoi,

895 at tamen dicat sine age dicat tout ceci vient non d'un esprit permissif, mais de l'esprit d'un homme qui souffre en même temps qu'il se met en colère.

895
Chreme ? CH. at tandem dicat. SI. sine, age dicat 1064 .
Chrémès ? Chr.-Mais enfin qu'il parle. Si.-Allons, soit, qu'il parle !

at tamen dicat sine age dicat hoc totum non ex animo permittentis, sed cum stomacho patientis est.

896
PA. ego me amare hanc fateor ; si id peccare est, fateor id quoque.
Pa.-J'avoue que je l'aime. Si c'est là une faute, je l'avoue aussi.

1 ego me amare h.hanc f.fateor ἀμφιβολία τῆς ἐρωμένης. 2 hanc fateor bene hanc dicit, non Glycerium, cuius in nomine offenditur senex, nec peregrinam, ignominiam scilicet uitans. 3 si id peccare est fateor "noli, inquit, me incusare, quoniam amo"; amantem enim nemo incusat, ut febricitantem nemo potest incusare, cur febricitet. "sed amare, inquit, si putas esse peccatum, fateor me etiam hoc peccasse". mire igitur et subdefendit culpam et assensus irato est. 4 fateor id qvoqve "me peccare" scilicet. 5 si id peccare est peccare: quia amor deus est, non uoluntas.
1 ego me amare hanc fateor ambiguïté sur l'identité de la femme aimée (ἀμφιβολία τῆς ἐρωμένης). 2 hanc fateor il fait bien de dire hanc, et non Glycerium (Glycère), dont le nom exaspère le vieillard, ni peregrinam (l'étrangère), de toute évidence pour éviter un terme injurieux909. 3 si id peccare est fateor "ne m'incrimine pas, dit-il, d'être amoureux" ; car on n'incrimine pas un amoureux, pas plus qu'on n'incrimine un fiévreux d'avoir de la fièvre. "Mais l'amour, dit-il, si c'est à ton avis une faute, alors je reconnais que moi aussi je l'ai commise". Donc paradoxalement tout en défendant sa cause il est d'accord avec le vieillard en colère. 4 fateor id qvoqve "que je commets la faute", implicitement. 5 si id peccare est parce que l'amour est un dieu, non un élan de la volonté.

897
tibi, pater, me dedo : quiduis oneris inpone, impera.
Je m'en remets à toi, père. Impose-moi la peine qu'il te plaira ; commande.

1 tibi pater me dedo bene dedo quasi hostilia et contraria uolenti, nam deditio in hoste fieri solet. 2 qvid vis oneris impone impera exsecutus est translationem oneris dicendo impone et feram.
1 tibi pater me dedo dedo est bien trouvé, comme si le complément était quelqu'un qui a des intentions contraires et hostiles, car la deditio (reddition) se fait habituellement à destination d'un ennemi. 2 qvid vis oneris impone impera il file la métaphore de la charge en disant impone et feram.

898
uis me uxorem ducere ? hanc uis amittere ? ut potero feram.
Veux-tu que je me marie ? Veux-tu que je la perde ? Comme je pourrai, je le supporterai.

1 vis me vxorem d.dvcere h.hanc v.vis a.amittere quod unum est, duo fecit, ut ostendat se non posse sufferre. 2 vt potero feram obsequium sine uoluntate ostendit. et multum ualet sub Chremetis praesentia haec confessio ad recusandas nuptias.
1 vis me vxorem dvcere hanc vis amittere de ce qui est un seul argument, il en fait deux, pour montrer qu'il ne peut le supporter. 2 vt potero feram il montre qu'il obéit sans le vouloir. Et cet aveu fait en présence de Chrémès a beaucoup de poids pour qu'il renonce au mariage.

899
hoc modo te obsecro, ut ne credas a me adlegatum hunc senem :
Je ne te demande qu'une chose, c'est de ne pas croire que j'aie suborné ce vieillard.

1 vt ne credas pro ut non. 2 allegatvm adhibitum. 3 hvnc senem Critonem scilicet. 4 Et non Critonem sed senem dicit, ut de hac appellatione pondus adiceret testimonio.
1 vt ne credas ut ne mis pour ut non. 2 allegatvm adhibitum (utilisé). 3 hvnc senem Criton, évidemment. 4 Et il ne dit pas Criton mais le vieillard, pour que cette désignation ajoute du poids à son témoignage.

900
sine me expurgem atque illum huc coram adducam. SI. Adducas ? PA. sine, pater.
Permets que je me justifie et que je l'amène ici en ta présence. Si.-Que tu l'amènes ! Pa.-  Permets-le, mon père.

sine pater "ut me purgem", non "adducam".
sine pater comprendre ut me purgem (laisse-moi me justifier) et non pas adducam (laisse-moi l'amener).

901
CH. aequum postulat : da ueniam. PA. sine te hoc exorem. SI. sino.
Chr.-Sa demande est juste : donne ta permission. Pa.-Permets-moi de te supplier. Si.-Soit ;

1 aeqvvm postvlat da veniam artificiose interponit loquentem Chremem, quem uolens usque ad cognitionem filiae retinere non facit irasci Pamphilo ob contemptum filiae suae et propter hoc abire de medio. 2 da veniam concede et indulge.
1 aeqvvm postvlat da veniam avec beaucoup d'art il fait intervenir Chrémès, qu'il décide de retenir sur scène jusqu'à la reconnaissance de la fille sans le faire se mettre en colère contre Pamphile à cause du dédain qu'éveille sa propre fille et sans le faire par là même quitter la scène. 2 da veniam concede (laisse faire) et indulge (pardonne).

902
quiduis cupio dum ne ab hoc me falli comperiar, Chreme.
tout ce qu'on voudra, pourvu que je ne découvre point qu'il me trompe, Chrémès.

ab hoc me falli comperiar ο paterna pietas! ipse accusator est et redargui se cupit.
ab hoc me falli comperiar quel vrai sentiment paternel ! il est l'accusateur, mais souhaite en même temps être confondu.

903
CH. pro peccato magno paululum 1065 supplici satis est patri.
Chr.-Pour une grande faute, c'est assez d'un tout petit châtiment pour un père.

pavlvlvm s.svpplici s.satis e.est p.patri supplicium dicit ipsam accusationem.
pavlvlvm svpplici satis est patri il appelle supplicium l'accusation même.

scaena quarta

ChremesSimoPamphilusCrito

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904
CR. Mitte orare. una harum quaeuis causa me ut faciam monet,
Cr.-Laisse tomber les prières. Une seule de ces raisons suffit pour me décider :

mitte orare vna harvm qvaevis c.cavsa hic in scaenam progreditur Crito, in cuius uerbis non modo quod ipse promittit, sed etiam quid ei Pamphilus dixerit, demonstratur. et hic omnino error omnis aperietur fabulae. 2 mitte o.orare v.vna h.harvm Pamphilo dicit. 3 Et dicendo una harum ostendit multas esse causas et iam pares esse magnitudine dicendo quaeuis.
1 mitte orare vna harvm qvaevis cavsa ici Criton entre en scène et ses paroles montrent non seulement la teneur de sa promesse mais aussi ce que lui a dit Pamphile. Et c'est dans cette scène que toute la méprise de la pièce va être levée définitivement. 2 mitte orare vna harvm il parle à Pamphile. 3 Et en disant una harum, il montre qu'il y a plusieurs raisons et, en disant quaeuis il montre qu'elles sont toutes d'égale importance.

905
uel tu uel quod uerumst uel quod ipsi cupio Glycerio.
toi, la vérité, et le bien que je veux à Glycère elle-même.

906
CH. Andrium ego Critonem uideo ? certe is est. saluus sis, Crito 1066 .
Chr.-N'est-ce pas Criton d'Andros que je vois ? Sûr, c'est lui. Bonjour Criton.

1 andrivm ego c.critonem bonum initium cognituri filiam, itaque compendii causa non laborat de agnitione personae Critonis, ut ab eo facile doceri possit. 2 salvvs sis crito ne laboret ad persuadendum, miro compendio poetae iam Crito notus est Chremi.
1 andrivm ego critonem bon début pour celui qui s'apprête à reconnaître sa fille ; aussi, pour raccourcir la scène, il ne passe pas trop de temps sur la reconnaissance du personnage de Criton, pour qu'on puisse facilement être renseigné par lui. 2 salvvs sis crito pour ne pas passer trop de temps à la scène de persuasion, par un raccourci remarquable du poète, Criton est déjà connu de Chrémès.

907
CH. quid tu Athenas insolens ? CR. euenit. sed hicine est Simo ?
Qu'est-ce qui t'amène à Athènes contre toute attente ? Cr.-Une occasion. Mais est-ce là Simon ?

1 qvid tv a.athenas i.insolens insolens insuetus, insolitus. Cicero « moueor etiam loci i.ipsius i.insolentia 415 », Sallustius « insolens uera accipiendi 416 ». insolens et arrogans intellegitur. 2 Qui praeter legem agit humanam et naturalem, insolens dicitur. Cicero « in uictoria, quae natura insolens et s.superba e.est 417 ». 3 evenit sed hicine est simo pudet fateri propter hereditatem uenisse. et uide ipsum esse, qui dixerat supra « clamitent me sycophantam, h.hereditates p.persequi, m.mendicum 418 ».
1 qvid tv athenas insolens insolens signifie insuetus (inusité), insolitus (inhabituel). Cicéron : « moueor etiam loci ipsius insolentia » (je suis ému aussi par le caractère insolite du lieu), Salluste : « insolens uera accipiendi » (peu habitué à accepter la vérité). Insolens signifie aussi arrogans (insolent). 2 Celui qui agit à l'encontre des lois humaines et des lois naturelles est dit insolens. Cicéron : « in uictoria quae natura insolens et superba est » (dans la victoire, qui, par nature, est insolente et orgueilleuse). 3 evenit sed hicine est simo il a honte d'avouer qu'il est venu pour un héritage. Et voyez que c'est le même qui avait dit ci-dessus : « clamitent me sycophantam hereditates persequi mendicum ».

908
CH. hic. CR. Simo... SI. men quaeris ? eho tu, Glycerium hinc ciuem esse ais ?
Chr.-C'est lui. Cr.-Simon... Si.-On me cherche ? Holà ! c'est toi qui prétends que Glycère est citoyenne d'ici ?

909
CR. tu negas ? SI. itane huc paratus aduenis ? CR. qua re ? SI. Rogas ?
Cr.-Le nies-tu ? Si.-C'est avec de telles idées que tu viens ici ? Cr.-Quelles idées ? Si.-Tu le demandes ?

itane hvc paratvs id est "subornatus" et "compositus dolo".
itane hvc paratvs c'est-à-dire en témoin suborné et qui par ruse se compose un personnage910.

910
tune inpune haec facias ? tune hic homines adulescentulos
Crois-tu pouvoir faire cela impunément ? Tu viens ici et des petits jeunes gens

1 tvne inpvne h.haec f.facias mire acriter aggressus Critonem dilatauit incusationem et generalem fecit uirtute oratoria, quae δεινότης dicitur. 2 tvne hic id est "Athenis", ubi delicta uindicantur.
1 tvne inpvne haec facias en attaquant Criton avec une agressivité étonnante, il amplifie l'accusation et la rend générale au moyen d'une qualité oratoire qui s'appelle l'habileté (δεινότης)911. 2 tvne hic c'est-à-dire "à Athènes", où ces délits sont punis.

911
inperitos rerum, eductos libere, in fraudem inlicis ?
sans expérience, élevés comme il faut, tu les attires dans un piège ?

in fravdem inlicis inligas, unde Vergilius « terna tibi haec primum t.triplici d.diuersa c.colore l.licia c.circumdo 419 »; licia enim dicta sunt quasi ligia.
in fravdem inlicis tu attaches, d'où Virgile : « terna tibi haec primum triplici diuersa colore licia circumdo » (pour commencer je t'entoure de ces triples liens faits de trois couleurs) ; car on appelle les cordons licia, comme si c'était ligia.

912
sollicitando et pollicitando eorum animos lactas ? CR. sanun es ?
Par tes sollicitations et tes promesses tu séduis leur esprit ? Cr.-Es-tu dans ton bon sens ?

1 sollicitando et pollicitando eorvm animos lactas hinc etiam oblectatio dicitur. 2 lactas quasi teneros animos. lactare est dulcedine aliqua tenere, ad persuasionem inducere, unde et delectare et oblectare dicimus.
1 sollicitando et pollicitando eorvm animos lactas de là vient le terme d'oblectatio (divertissement)912. 2 lactas comme on le fait avec des esprits tendres913. Lactare c'est retenir quelqu'un par des douceurs, l'amener à une conviction ; de là nous disons delectare (délecter) et oblectare (divertir).

913
SI. ac meretricios amores nuptiis conglutinas ?
Si.-Et tu cimentes par le mariage des amours de courtisane ?

1 ac meretricios a.amores n.nvptiis c.conglvtinas uide oratorie agi: ut grauius Critonem accuset, Simo nunc defendit filium, quem iamdudum increpuerat. 2 ac meretricios amores peius lenocinio crimen ingessit, non amicam facere de meretrice, sed coniugem. 3 nvptiis conglvtinas hoc grauius est lenocinio.
1 ac meretricios amores nvptiis conglvtinas voyez que l'affaire est menée à la manière des orateurs914 : pour accuser plus gravement Criton, Simon défend maintenant son fils, que tout à l'heure il avait blâmé. 2 ac meretricios amores il met en avant un crime plus grave que le proxénétisme, celui d'avoir fait d'une courtisane non pas une maîtresse mais une épouse. 3 nvptiis conglvtinas c'est cela qui est plus grave que le proxénétisme.

914
PA. perii, metuo ut substet hospes. CH. si, Simo, hunc noris satis,
Pa.-Je suis mort : j'ai peur que l'étranger ne résiste pas. Chr.-Simon, si tu le connaissais assez,

1 metvo vt s.svbstet h.hospes ut ne non. Lucilius « <me>tuam, ut memoriam retineas 420 ». 2 Et bene hospes ait, non homo uel Crito: est enim <in> ipso nomine causa diffidentiae.
1 metvo vt svbstet hospes ut équivaut à ne non (que ne pas). Lucilius : « metuam ut memoriam retineas » (je craindrais que tu n'en gardes pas le souvenir). 2 Et le terme hospes est bien choisi, plutôt que homo (homme) ou Crito (Criton), parce qu'il y a dans le mot même des raisons de se méfier.

915
non ita arbitrere : bonus est hic uir. SI. hic sit uir 1067 bonus ?
tu n'aurais pas cette idée : c'est un homme bien. Si.-Lui, un homme bien ?

1 non arbitrere id est non arbitreris. 2 bonvs est hic vir cum pondere et distinctione inferendum. 3 hic sit vir b.bonvs hic per ironiam: nec uirum nec bonum esse dixit. 4 hic vir sit b.bonvs mire poeta, cum oportuerit Critonem inimiciorem Chremi esse quam Simoni, sic rem inducit, ut ei sit notior, contra quem maxime uenerat, atque ab eo defendatur magis, ut res progredi ad catastropham possit.
1 non arbitrere c'est-à-dire non arbitreris. 2 bonvs est hic vir à prononcer avec insistance et en détachant les mots. 3 hic sit vir bonvs emploi ironique de hic ; il veut dire qu'il n'est ni homme (uir) ni bon (bonus). 4 hic vir sit bonvs le poète crée un paradoxe : alors que c'est envers Chrémès plutôt qu'envers Simon que Criton devrait avoir de la rancœur, il met en scène une situation telle que Criton est connu de celui contre les intérêts duquel il était principalement venu et se trouve assez nettement défendu par lui, afin que l'action puisse progresser jusqu'au dénouement.

916
itane adtemperate euenit, hodie in ipsis nuptiis
Et, comme cela, à point nommé, voilà, le jour même des noces,

in ipsis n.nvptiis in ipso articulo nuptiarum.
in ipsis nvptiis au moment précis du mariage.

917
ut ueniret, ant(e)hac numquam ? est uero huic credendum, Chreme.
il arrive lui qu'on n'a jamais vu ici ? Et il faudrait vraiment avoir confiance en lui, Chrémès ?

vt veniret antehac n.nvmqvam plerumque casus imitatur industriam et hinc saepe fit, ut etiam sedulo facta suspecta sint.
vt veniret antehac nvmqvam souvent le hasard imite le stratagème et il arrive souvent qu'on en vienne à douter d'événements qui se sont produits sans aucune intention maligne.

918
PA. ni metuam patrem, habeo pro illa re illum quod moneam probe.
Pa.-Si je ne craignais mon père, j'aurais une réponse à suggérer, pour soutenir son dire, et une bonne.

919
SI. sycophanta. CR. hem. CH. sic, Crito, est hic: mitte. CR. uideat qui siet.
Si.-Imposteur ! Cr.-Hein ! Chr.-Il est comme cela, Criton ; laisse tomber. Cr.-Qu'il soit ce qu'il voudra.

sycophanta hoc est, quod minime uoluit sibi dici Crito, nam ita locutus est « clamitent me sycophantam, hereditates p.persequi, m.mendicum 421 ». 2 hem principium iracundiae: audiuit enim, quod maxime uitabat, nam ait supra « c.clamitentm.mes.sycophantam422 ». 3 sic crito est hic mitte hic Chremes traducit illum ab iracundia dicendo sic eum esse. Menander « οὕτως αὐτός ἐστιν423 ». 4 Et recte, quia naturae ignoscitur, uoluntati non.
1 sycophanta c'est-à-dire l'insulte qu'il voulait le moins s'entendre dire, car il a dit plus haut : « clamitent me sycophantam hereditates persequi mendicum ». 2 hem début de sa colère : car il a entendu ce qu'il souhaitait le plus éviter, car il disait ci-dessus : « clamitent me sycophantam ». 3 sic crito est hic mitte ici Chrémès calme sa colère en disant que Simon est comme ça. Ménandre : « οὕτως αὐτός ἐστιν » (c'est comme ça qu'il est). 4 Et c'est exact, parce l'on pardonne à la nature, non aux intentions.

920
si mihi pergit 1068 quae uolt dicere, ea quae non uult audiet.
S'il continue à me dire tout ce qu'il lui plaît, il entendra des choses qui ne lui plairont pas.

si mihi pergit qvae volt dicere grauiter et mature.
si mihi pergit qvae volt dicere sur un ton grave et dans un tempo rapide.

921
ego istaec moueo aut curo ? non tu t<uo>m malum aequo animo feras !
Est-ce moi le responsable, est-ce mon affaire ? Ne saurais-tu supporter ton mal d'un cœur égal ?

1 ego istaec moveo avt cvro est enim sycophantae perturbare rem bonam et curare malam. hoc ergo dicit cum ὑποκρίσει: "ego haec turbo aut cogito, quemadmodum tu dicis, Simo?". 2 non tv tvvm m.malvm ae.aeqvo a.animo f.feres malum feres: non filium, sed amorem in filio significat. an quia iratus est? 3 Et quaere, an conueniant haec uerba pro Pamphilo uenienti. immo enim conueniunt; nam quanto magis dissimulat fauorem, tanto plus acquirit ad ea, quae loquitur.
1 ego istaec moveo avt cvro c'est le propre d'un dénonciateur de troubler une affaire saine et de s'occuper d'affaires malsaines. Il dit donc cela en jouant le jeu qu'on lui prête (cum ὑποκρίσει) : "est-ce que je mets du trouble dans cette affaire ou est-ce que j'y pense, comme tu le dis, Simon ?". 2 non tv tvvm malvm aeqvo animo feres malum feres (tu supporteras ton malheur) : il veut dire non pas son fils mais l'amour pour son fils. Ou s'agit-il du fait qu'il est en colère ? 3 Et demandez-vous si ces mots conviennent à un plaidoyer en faveur de Pamphile qui arrive : eh bien si, ils conviennent, car plus il dissimule sa faveur, plus il en acquiert à l'égard de ce qu'il dit.

922
nam ego quae dico uera an falsa audierim iam sciri potest.
Quant à ce que je dis, si j'ai été bien ou mal informé, on peut le savoir à l'instant.

iam sciri p.p.potest addidit et temporis celeritatem et magna maturitate dixit.
iam sciri potest il ajoute une grande promptitude et le dit avec un tempo rapide.

923
Atticus quidam olim naui fracta ad Andrum eiectus est
Un Athénien fut jeté par un naufrage sur la côte d'Andros,

atticvs qvidam n.navi f.fracta haec pars argumenti est, quae et supra iam dicta est.
atticvs qvidam navi fracta c'est une partie de l'argument de la pièce, qui a été évoqué plus haut.

924
et istaec una parua uirgo. tum ille egens forte adplicat
et avec lui cette jeune fille, encore toute petite. Dans son dénuement, le hasard veut qu'il aborde

forte adplicat adplicat proprie de naufrago in litus eiecto atque egenti.
forte adplicat adplicat se dit au sens propre d'un naufragé échoué sur le rivage et dénué de tout.

925
primum ad Chrysidis patrem se. SI. fabulam inceptat. CH. sine.
d'abord le père de Chrysis. Si.-C'est parti pour un mélo... Chr.-Laisse.

1 primvm ad c.chrysidis p.patrem quid est primum? an quia postea mortuus est? 2 fabvlam in.inceptat aut ad comoediam rettulit fabulam, quia fabula comoedia est et quia argumentum quasi fabulae narratur, aut certe ad irrisionem narrationis dicit; etenim olim fabulae proprium est, ut Horatius « olim rusticus urbanum murem mus paupere fertur accepisse cauo, ueterem uetus hospes amicum 424 ».
1 primvm ad chrysidis patrem qu'est-ce que ce primum ? est-ce parce qu'ensuite il est mort ? 2 fabvlam inceptat soit fabula se réfère à la comédie, parce qu'une fable est une comédie et parce que c'est l'argument de la fable qui est ici raconté, soit le mot vise à dévaloriser le récit ; de fait olim (autrefois, il était une fois) est un mot propre à la narration de fables, comme chez Horace : « olim rusticus urbanum murem mus paupere fertur accepisse cauo, ueterem uetus hospes amicum » (il était une fois un rat des champs qui, dit-on, reçut un rat des villes dans son pauvre réduit, en vieil hôte qui reçoit un vieil ami...).

926
CR. itane uero obturbat ? CH. perge. CR. Tu... is mihi cognatus fuit
Cr.-Va-t-il m'interrompre ainsi ? Chr.-Continue. Cr.-Toi... Cet homme était mon parent

1 itane vero obtvrbat si subdistinguit, "interstrepit" accipe, sin distinguit, "euertit" intellegas. 2 itane vero obtvrbat potest itane uero subdistingui et sic cum comminatione inferri obturbat.
1 itane vero obtvrbat avec une ponctuation faible, comprenez obturbat au sens de interstrepit (il m'interrompt), avec une ponctuation forte, comprenez-le au sens de euertit (il bouleverse tout). 2 itane vero obtvrbat on peut mettre une ponctuation faible après itane uero (ah oui, vraiment ?) et faire de obturbat une sourde menace.

927
qui <eu>m recepit. ibi [ego 1069 ] audiui ex illo sese esse Atticum.
celui qui le reçut. C'est là que j'appris de lui qu'il était Athénien.

ibi avdivi ex illo magna confirmatio ueritatis est.
ibi avdivi ex illo c'est la confirmation éclatante de la vérité.

928
is ibi mortuus est. CH. ei(u)s nomen ? CR. nomen tam cito tibi 1070  ? Phania ? hem
Il mourut là. Chr.-Son nom ? Cr.-Te dire son nom, si vite?... Phania ? Pa.-Ah !

1 nomen tam c.cito t.tibi 174 non negantis est, sed difficile se dicturam ostendit. 2 phania hoc ita dicit Crito, ut nemo audiret, scilicet adhuc dubitans an ipse sit. 3 hem sunt qui putent Simonem dicere irascentem filio Critonem submonenti.
1 nomen tam cito tibi ce n'est pas qu'il refuse, mais il montre qu'il s'apprête à dire quelque chose de difficile. 2 phania Criton dit cela sans se faire entendre, en doutant sûrement encore de son identité. 3 hem il y en a qui estiment que c'est Simon qui dit cela, en colère contre son fils qui souffle son texte à Criton915.

929
perii ! uerum hercle opinor f<ui>sse Phaniam ; hoc certo scio,
Je suis mort. Cr.-Par Hercule, je crois bien que c'était Phania. Ce dont je suis sûr,

1 perii hoc Pamphilus propter iracundiam patris. an Chremis est dolentis uel eius mentionem uel quod in filiam paene peccarat? 2 vervm hercle o.opinor hoc adhuc cunctanter est dictum et ideo indiget confirmationis.
1 perii c'est Pamphile qui dit cela à cause de la colère de son père. Ou de celle de Chrémès, qui se plaint de la mention faite à Phania ou de ce qu'il a failli commettre une faute à l'égard de sa propre fille ? 2 vervm hercle opinor la réplique est dite avec encore un peu d'hésitation et pour cela manque de force persuasive.

930
Rhamnusium se aiebat esse. CH. o Iuppiter ! CR. eadem haec, Chreme,
c'est qu'il se disait de Rhamnonte. Chr.-O Jupiter ! Cr.-La même histoire, Chrémès,

1 rhamnvsivm se Rhamnusium: Piraeum, Rhamnus et cetera huiusmodi maritima Atticae proprie intellegenda sunt. 2 Rhamnus pagus Atticae est.
1 rhamnvsivm se Rhamnusium (de Rhamnonte) : il faut comprendre Le Pirée, Rhamnonte et tous les bourgs côtiers d'Attique de ce genre916. 2 Rhamnonte est un canton d'Attique.

931
multi alii in Andro tum audi[ue]re. CH. utinam id sit quod spero ! eho dic mihi,
beaucoup d'autres à Andros l'ont entendue comme moi. Chr.-Pourvu que ce soit ce que j'espère ! Mais dis-moi,

1 mvlti alii in andro hoc testimonium caecum dicitur; testimoniorum enim modus duplex est: manifestus et caecus. manifestus est, qui certos testes et praesentes habet, caecus, in quo multitudinem aut ciuitatem dicimus scire, ut Cicero « testis est tota Sicilia 425 », quod tamen audientem consternat. est etiam in caeco iusiurandum, tabulae absentesque personae.
1 mvlti alii in andro c'est ce qu'on appelle un témoignage aveugle ; car il y a deux sortes de témoignages : le manifeste et l'aveugle. Le témoignage est manifeste quand il émane de témoins précis et présents, il est aveugle quand nous disons que c'est une communauté ou une cité qui sait la chose, comme Cicéron : « testis est tota Sicilia » (le témoin, c'est toute la Sicile), chose qui est de nature à égarer l'auditeur. Dans le témoignage aveugle il y a aussi un serment, des tablettes et des personnes absentes917.

932
quid eam tum ? suamne esse aibat ? CR. non. CH. cuiam igitur ? CR. fratris filiam.
cette enfant, qu'en disait-il ? Que c'était la sienne ? Cr.-Non. Chr.-A qui donc ? Cr.-A son frère.

cviam igitvr uetuste cuiam, quod omnibus generibus et casibus seruit.
cviam igitvr cuia (de qui ?) est un pronom vieilli, qui s'utilise à tous les genres et à tous les cas918 .

933
CH. certe mea est. CR. quid ais ? SI. quid tu ais ? PA. arrige aures, Pamphile !
Chr.-Sûr : c'est ma fille. Cr.-Que dis-tu ? Si.-Que dis-tu, toi ? Pa.-Dresse les oreilles, Pamphile.

1 arrige avres p.pamphile translatio a pecudibus, quibus intendit accipiendam esse uocem. 2 arrige a.avres p.pamphile hoc Simo uidetur dicere, ut alii putant, ipse sibi Pamphilus.
1 arrige avres pamphile métaphore tirée de l'élevage des bêtes qui, prétend-il, doivent comprendre des paroles. 2 arrige avres pamphile c'est Simon qui semble dire cela, mais selon d'autres c'est Pamphile qui se parle à lui-même919.

934
SI. qui credis ? CH. Phania illic frater meus fuit. SI. noram et scio.
Si.-Qu'est-ce qui te le fait croire ? Chr.-Ce Phania était mon frère. Si.-Je sais ; je l'ai connu.

1 noram et scio noram Phaniam, scio fratrem fuisse. ergo et ad personam et ad rem rettulit.
noram et scio je connaissais Phania, je sais que c'était son frère. Donc il se réfère et à la personne et à la chose.

935
CH. is bellum hinc fugiens meque in Asiam persequens proficiscitur :
Chr.-Il était parti d'ici, pour fuir la guerre et me rejoindre en Asie ;

1 meqve in asiam p.perseqvens p.proficiscitvr bene in Asiam, ubi bellum non erat, sed in Graecia. 2 Et perseqvens dixit perseuerationem sequentis ostendens; persequitur enim, qui non desinit sequi. Vergilius « multis e matribus a.ausa p.persequitur426 ».
1 meqve in asiam perseqvens proficiscitvr « vers l'Asie » est bien trouvé, un endroit où il n'y avait pas la guerre, alors qu'il y avait la guerre en Grèce920. 2 Et il dit persequens pour montrer la persévérance de celui qui suit l'autre. Car il poursuit (persequitur), dit-on, celui qui ne cesse de suivre. Virgile : « multis e matribus ausa persequitur » (parmi de nombreuses mères, elle seule a osé te suivre à la trace).

936
tum illam relinquere hic est ueritus. postilla nunc primum audio
il n'osa laisser ici cette enfant. Depuis, c'est la première fois que j'entends dire

937
quid illo sit factum. PA. uix sum apud me : ita animus commotus metu est1071
ce qu'il en est addvenu. Pa.-Je ne me contiens plus, tant le cœur me bat de crainte,

1 vix svm apvd me hoc est argumentum sapientibus laetitiam uehementem in bonis moderandam, cum unus quisque gaudens ita perturbetur, ut apud se ipsum iam non sit. 2 vix svm apvd me non sum apud me: consuetudine magis quam ratione dicitur. aut forte sic dicit, quasi abierit animus et rursus redierit. 3 ita animvs c.commotvs m.metv est duo carnifices futurarum rerum: spes et metus, dolor enim et gaudium praesentium rerum intelleguntur. Vergilius « hinc metuunt cq.cupiuntque, d.dolent gq.gaudentque427 », sed dolorem hic in laetitia non posuit. 4 Et mire ordinem seruauit: sic enim se haec inuicem secuntur.
1 vix svm apvd me c'est la preuve que les sages doivent dans les succès modérer une joie violente, puisque chacun, quand il se réjouit, montre un si grand trouble qu'il ne s'appartient plus. 2 vix svm apvd me équivaut à non sum apud me (je ne m'appartiens pas). Cela se dit par usage plutôt que par système. Ou alors peut-être il dit cela comme si son âme s'était absentée et était revenue. 3 ita animvs commotvs metv est on comprend que les deux bourreaux futurs sont l'espoir et la crainte, les deux bourreaux présents la douleur et la joie. Virgile : « hinc metuunt cupiuntque, dolent gaudentque » (de là vient qu'ils craignent et espèrent, qu'ils souffrent et se réjouissent), mais ici il n'a pas mis de douleur dans la joie. 4 Et d'une façon remarquable, il a conservé l'ordre : car c'est ainsi que ces sentiments se succèdent.

938
spe gaudio, mirando tanto tam repentino hoc bono.
d'espérance et de joie, dans la surprise d'un si grand, si inespéré bonheur.

1 Et ἀσυνδέτως distinguendum est spe gaudio, ut separatim inferatur mirando tanto hoc tam rep.repentino b.bono . 2 mirando tanto mirando dum miror. et est participium.
1 Et il faut une ponctuation forte avec asyndète (ἀσυνδέτως) après spe gaudio, pour que mirando tanto hoc tam repentino bono soit dit de façon détachée du reste. 2 mirando tanto mirando équivaut à dum miror (pendant que je m'étonne) et c'est un participe921.

939
SI. ne istam multis modis 1072 t<ua>m inueniri gaudeo. PA. credo, pater.
Si.-En vérité, pour plus d'une raison, je suis ravi qu'elle se trouve être ta fille. Pa.-Je le crois, mon père.

1 ne istam mvltis ne nimis. Cicero « ne isti u.uehementer e.errant428 », Sallustius « ne ista uobis mansuetudo et misericordia429 ». 2 gavdeo gaudemus nostris, gratulamur alienis, ut Sallustius « ei uoce maxima u.uehementer g.gratulabantur430 ». 3 ne istam m.mvltis non multis modis inueniri, sed tuam inueniri. alii multis modis tuam inueniri gaudeo. 4 <credo p.pater> hic iam redit in gratiam Simo cum filio, nisi forte patrem socerum appellat, ut Turnus apud Vergilium « et nos tela, p.pater, fq.ferrumque h.haud d.debile d.dextra s.spargimus431 », non quomodo infra dicit « quod restat, pater432 ». an ideo « restat433 », quia haec iam maior pars reconciliationis est? 5 credo pater incertum, utrum qui gratulatur Simo sit, quamuis Pamphilus respondeat; potest enim pater et Chremes uideri. 6 credo pater sic responderi solet dicenti gaudeo.
1 ne istam mvltis ne signifie nimis (trop, particulièrement). Cicéron : « ne illi uehementer errant » (oui, ils se trompent lourdement), Salluste : « ne ista uobis mansuetudo et misericordia » (certes, cette mansuétude et cette pitié se retournera contre vous). 2 gavdeo nous nous réjouissons pour les nôtres, nous félicitons autrui, comme Salluste : « ei uoce maxima922 uehementer gratulabantur » (ils le remerciaient avec force et à grands cris). 3 ne istam mvltis non pas "qu'elle se trouve être par de nombreuses façons", mais "qu'elle se trouve être à toi". D'autres comprennent "je me réjouis pour toutes sortes de raisons qu'elle se trouve être ta fille"923. 4 credo pater c'est ici que Simon se réconcilie avec son fils, à moins qu'il ne faille comprendre que Pamphile appelle « père » son beau-père, comme Turnus chez Virgile : « et nos tela, pater, ferrumque haud debile dextra spargimus » (et nous, père, nous répandons des traits et du fer vigoureux avec notre main droite), au contraire de ce qu'il dit plus bas : « quod restat pater »924. Ou bien dit-il restat parce que la plus grande partie de la réconciliation est déjà faite ici ? 5 credo pater on ne sait pas si celui qui félicite est Simon, malgré la réponse de Pamphile ; car c'est Chrémès aussi à qui il peut sembler dire « père ». 6 credo pater c'est la réponse habituelle à qui a dit « je me réjouis ».

940
CH. at mihi unus scrupulus etiam restat qui me male habet. PA. dignus 1073
Chr.-Mais il me reste encore un petit point qui me tourmente. Pa.-Tu le mérites bien

1 at mihi vnvs scrvpvlvs etiam restat at discretiuum est superiorum dictorum. 2 scrvpvlvs a scrupo lapide dictus lapillus minimus, nam nimis molestae sunt pedibus scrupulosae uiae, ut Vergilius « scrupea, t.tuta l.lacu n.nigro nq.nemorumque t.tenebris434 ». 3 etiam pro adhuc. 4 dignvs c.cvm t.tva r.religio o.odivm aut dignus odio, aut accusatiuus pro ablatiuo est positus, pro odio, aut separatim odium legendum, ut sit: "dignus qui male habearis".
1 at mihi vnvs scrvpvlvs etiam restat at (mais) sert à se démarquer de l'énoncé précédent925. 2 scrvpvlvs le mot, qui désigne un tout petit caillou, vient de scrupus (pierre) ; car les routes faites de gravillons sont très désagréables pour les pieds, comme Virgile : « scrupea, tuta lacu nigro nemorumque tenebris » (une grotte rocailleuse, protégée par un lac sombre et les ténèbres des bois). 3 etiam pour adhuc (encore). 4 dignvs cvm tva religione odivm comprendre soit dignus odio (digne de haine), soit c'est un accusatif pour un ablatif, pour odio, soit il faut lire odium séparé, pour donner dignus qui male habearis (tu mérites d'être mal en point).

941
cum t<ua> religione, odium : nodum in scirpo quaeris. CR. quid istuc est ?
avec ton scrupule, insupportable bonhomme : tu cherches un nœud dans un jonc. Cr.-Quel est ce scrupule ?

1 nodvm in scirpo qvaeris scirpus palustris res est et leuissima. Lucilius in primo « nodum in scirpo, in sano facere ulcus435 »175, Plautus « scirpo induitur ratis436 ». 2 Est autem scirpus sine nodo et leuis iunci species. alibi ipse « reddunt curatura iunceas437 ».
1 nodvm in scirpo qvaeris scirpus (jonc) désigne une plante qu'on trouve dans les marécages, et qui est très légère. Lucilius dans son livre I : « nodum in scirpo, in sano facere ulcus » (faire un nœud dans un jonc, un ulcère dans un corps sain). Plaute : « scirpo induitur ratis » (le radeau est recouvert de jonc). 2 Or le scirpus n'a pas de nœud et c'est une espèce de jonc léger. Ailleurs, Térence lui-même dit : « reddunt curatura iunceas ».

942
CH. nomen non conuenit. CR. fuit hercle huic aliud paruae. CH. quod, Crito ?
Chr.-Le nom ne s'accorde pas. Cr.-Par Hercule, elle en avait un autre, petite. Chr.-Lequel, Criton ?

943
numquid meministi ? CR. id quaero. PA. egon huius memoriam patiar meae
t'en souviens-tu ? Cr.-Je le cherche. Pa.-Souffrirai-je que son défaut de mémoire à mon

id qvaero rursus Crito obliuiosus est utpote alienarum rerum.
id qvaero Criton a de nouveau un trou de mémoire, surtout concernant des faits qui lui sont étrangers.

944
uoluptati obstare, cum ego possim in hac re medicari mihi ?
bonheur fasse obstacle, quand j'ai le remède à ma disposition ?

volvptati obstare nunc laetitiae et gaudio.
volvptati obstare maintenant faire obstacle à son bonheur et à sa joie.

945
heus, Chremes 1074 , quod quaeris, Pasibula est. CH. ipsa <ea>st. CR. ea est.
Hé ! Chrémès, le nom que tu demandes, c'est Pasibule. Chr.-C'est cela même. Cr.-C'est cela.

hevs chremes heus dicendum erat, quia Chremes Critonem intuebatur.
hevs chremes il fallait dire heus , parce que Chrémès regardait Criton.

946
PA. ex ipsa milies audiui. SI. omnis nos gaudere hoc, Chreme,
Pa.-De sa propre bouche je l'ai entendu mille fois. Si.-La joie que nous éprouvons tous, Chrémès,

1 ex ipsa milies a.avdivi duas res ostendit Pamphilus: et quam uerum sit, quod ex ipsa saepe audierit, et quam sua sit Glycerium. 2 omnis nos gavdere hoc chreme aut hoc gaudere correpte aut hoc producte, ut sit: hac re. 3 Et gavdere supra adnotauimus: nostris gaudere, alienis gratulari. Sallustius « et ei u.uoce m.maxima u.uehementer g.gratulabantur438 ». plus est ergo gaudere quam laetari.
1 ex ipsa milies avdivi Pamphile montre deux choses : d'une part à quel point c'est la vérité, puisqu'il a souvent entendu cette histoire de sa bouche, et à quel point Glycère est à lui. 2 omnis nos gavdere hoc chreme comprendre soit hoc gaudere avec o bref (s'en réjouir), soit hoc gaudere avec o long, forme d'ablatif (se réjouir de cela). 3 Et nous avons annoté gaudere plus haut : nous nous réjouissons pour les nôtres, nous félicitons autrui. Salluste : « et ei uoce maxima uehementer gratulabantur » (ils le remerciaient avec force et à grands cris). Donc gaudere est plus fort que laetari (être content).

947
te credo credere. CH. ita me di ament, credo. PA. quod restat, pater...
je pense que tu n'en doutes pas. Chr.-Les dieux m'en sont témoins, je n'en doute pas. Pa.-Pour ce qui reste, mon père...

qvod restat pater hoc est: "ne irascaris".
qvod restat pater c'est-à-dire "de ne pas te mettre en colère".

948
SI. iamdudum res redduxit me ipsa in gratiam. PA. o lepidum caput 1075  !
Si.-La situation m'a immédiatement réconcilié avec toi. Pa.-O l'aimable personne !

ο lepidvm capvt in quo leporis est plurimum, lepidus dicitur, nam lepos est uenustas.
o lepidvm capvt celui qui a le plus de charme (lepos) est dit charmant (lepidus), car le charme (lepos) est la beauté (uenustas).

949
de uxore, ita ut possedi, nil mutat Chremes ? CH. causa optuma est ;
Quant à ma femme, comme je l'ai, je la garde. Chrémès n'y change rien ? Chr.-Rien de plus juste,

950
nisi quid pater ait aliud. PA. Nempe 1076 . SI. scilicet. CH. dos Pamphili 1077 est
à moins que ton père ne dise autre chose. Pa.-Sans doute. Si.-C'est d'accord. Chr.-Pamphile, la dot est

1 nempe scilicet nempe et scilicet dicentes manu uel uultu dotem significant, quod mox intellegit Chremes. alii ἀπὸ τοῦ scilicet Chremetis faciunt personam. 2 dos pamphili est id est: Pamphilo pro uxore dabitur.
1 nempe scilicet en disant nempe (à savoir) et scilicet (évidemment), ils désignent de la main ou du regard la dot, ce que comprend Chrémès peu après. D'autres mettent le personnage de Chrémès à partir du scilicet 926. 2 dos pamphili est c'est-à-dire qu'elle sera donnée comme femme à Pamphile.

951
decem talenta. PA. accipio. CH. propero ad filiam. eho mecum, Crito ;
de dix talents. Pa.-J'accepte. Chr.-Je cours chez ma fille. Holà, avec moi, Criton ;

1 decem talenta accipio ille nisi dixisset accipio, dos non esset; datio enim ab acceptione firmatur nec potest uideri datum id, quod non sit acceptum. 2 eho hic eho <non> admirationis est, <sed> intentionis ad id, quod dicturi sumus.
1 decem talenta accipio s'il n'avait pas dit « j'accepte », ce ne serait pas une dot ; car un don est confirmé par l'acceptation, et une chose qui n'a pas été acceptée ne peut être tenue pour donnée927. 2 eho ici eho n'est pas une marque d'étonnement mais une demande pour qu'on prête attention à ce que l'on va dire.

952
nam illam me credo haud nosse... SI. cur non illam huc transferri iubes ?
car je pense qu'elle ne me connaît pas. Si.-Pourquoi ne la fais-tu pas transporter ici ?

953
PA. recte admones : Dauo ego istuc iam dedam 1078 negoti. SI. non potest.
Pa.-Bonne idée ! Je vais charger Dave de le faire. Si.-Impossible.

davo ego i.istvc i.iam d.dedam n.negoti addidit et temporis celeritatem.
davo ego istvc dedam negoti il ajoute la rapidité du tempo.

954
PA. qui ? SI. quia habet aliud magis ex sese et maius. PA. quidnam ? SI. uinctus est.
Pa.-Comment ? Si.-Parce qu'il a autre chose à faire qui le touche de plus près, et de plus important. Pa.-Quoi ? Si.-Il est enchaîné.

qvi quam ob rem.
qvi équivaut à quamobrem (pourquoi).

955
PA. pater, non recte uinctus est. SI. haut ita iussi. PA. iube solui, obsecro.
Pa.-Père, enchaîné ! c'est mal ! Si.-J'ai demandé qu'on l'attache bien. Pa.-Fais-le détacher, je t'en prie.

1 pater non recte vinctvs est id est: non iuste. sed hic ad causam rettulit nοn recte, senex uero ad rem rettulit. 2 havt ita ivssi quia quadrupedem constringi iusserat quasi recte ac diligenter. et hoc ipsum non uacat, nam iam ioculariter loqui et minus irascentis est et placabilis animi. 3 havt ita i.ivssi eleganter lusit ad amphiboliam et simul ostendit, quam propitius sit Pamphilo pater et quam facile ueniam Dauo impetrare possit ab eo, quippe qui iam etiam iocetur; Pamphilus enim dixerat non iuste, ille sic respondit, quasi dixerit nοn diligenter uinctus est. 4 Et havt ita ivssi sic enim praeceperat « quadrupedem c.constringito439 ».
1 pater non recte vinctvs est c'est-à-dire "injustement". Mais lui se réfère à la cause en disant non recte, alors que le vieillard se réfère à la chose. 2 havt ita ivssi parce qu'il avait ordonné qu'on l'attache pieds et poings liés, pour ainsi dire en bonne et due forme. Et ce trait même n'est pas sans importance car faire une plaisanterie est la marque d'un esprit moins irrité et apaisé. 3 havt ita ivssi il fait un élégant jeu de mots tourné vers l'ambiguïté et montre en même temps combien son père veut de bien à Pamphile, avec quelle facilité le pardon pour Dave peut être obtenu de lui, qui désormais va jusqu'à plaisanter ; car Pamphile avait dit non iuste (ce n'est pas juste que) et lui a répondu comme s'il avait dit « il n'a pas été attaché en bonne et due forme ». 4 Et havt ita ivssi car il avait donné l'ordre suivant : « quadrupedem constringi »928 .

956
SI. age fiat. PA. at matura. SI. eo intro. PA. o faustum et felicem diem !
Si.-Allons, soit ! Pa.-Mais tout de suite. Si.-J'y vais. Pa.-O l'heureux, le beau jour !

scaena quinta

PamphilusCharinus

957 | 958 | 959 | 960 | 961 | 962 | 963 | 964

957
CH. Prouiso quid agat Pamphilus. atque eccum. PA. aliquis fors[itan] me putet
Cha.-Je viens voir ce que fait Pamphile. Tiens ! le voici. Pa.-On pourrait croire

1 proviso qvid a.agat p.pamphilvs a.atqve e.eccvm haec scaena alterum generum Chremeti comparat, ne aut Charinus tristis recedat aut non prouisum uideatur Philumenae. 2 proviso q.qvid a.agat hoc colloquium propter compendium fabulae inducitur, ut una narratione etiam negotium Charini transigi possit. 3 proviso q.qvid a.agat dupliciter res ab oculis spectatorum mouentur: aut enim futura promittuntur aut facta narrantur. 4 proviso prouiso duas res significat: et procedo et uideo.
1 proviso qvid agat pamphilvs atqve eccvm cette scène présente le deuxième gendre de Chrémès, pour éviter que Charinus s'en aille insatisfait ou qu'on semble ne rien avoir prévu pour Philumène. 2 proviso qvid agat ce dialogue sert à abréger la fable, pour que dans un seul et même récit l'intrigue de Charinus puisse être elle aussi menée à son terme. 3 proviso qvid agat la situation s'éloigne doublement de devant les yeux du spectateur : car ou on s'engage pour le futur ou on raconte des faits passés929. 4 proviso prouiso (je m'avance pour voir) signifie deux choses : à la fois procedo (je m'avance) et uideo (je vois).

958
non putare hoc uerum, at mihi nunc sic esse hoc uerum lubet.
que je ne crois pas que ce soit vrai ; mais il me plaît maintenant de le tenir pour vrai.

1 nvnc sic esse hoc vervm l.lvbet sic delicate pronuntiandum est et separatim distinguendum. 2 at mihi nvnc sic esse <hoc> vervm lvbet sensus hic est: "alii putent ut uolunt, ego autem uerum esse confirmo, quod mihi libet uerum credere".
1 nvnc sic esse hoc vervm lvbet il faut prononcer sic (ainsi) de façon délicate et le détacher avec une pause. 2 at mihi nvnc sic esse hoc vervm lvbet le sens est le suivant : "les autres peuvent bien penser ce qu'ils veulent, moi je confirme comme vrai ce que j'ai plaisir à croire vrai".

959
ego d<eo>rum uitam propterea sempiternam esse arbitror
Si les dieux sont immortels, c'est parce que, je pense,

1 ego deorvm v.vitam p.propterea s.sempiternam e.esse a.arbitror omne quod habemus aut mutuum est aut proprium. mutuum est, quicquid ad tempus habemus nec postmodum nostrum futurum est, ut uilla, domus, uxor, filii et cetera in hunc modum, proprium, ut uirtus animi, est bonum sempiternum, quod proprie de diis dicitur; non enim aliunde uenerunt, sed apud se ipsos sunt semper. et Epicurum secutus hoc dixit. 2 Proprie ergo de diis sempiternum dixit, nam inter sempiternum et perpetuum hoc interest, quod sempiternum ad deos, perpetuum proprie ad homines pertinet. 3 ego deorvm v.vitam p.propterea s.sempiternam e.esse a.arbitror hanc sententiam totam Menandri de Eunucho transtulit. et hoc est quod dicitur contaminari non decere fabulas. 4 ego deorvm vitam non dixit quod sit, sed quod uerum putet. et est δόγμα Ἐπικούρειον, quod a ceteris philosophis repudiatur, de otio deorum ac perenni uoluptate.
1 ego deorvm vitam propterea sempiternam esse arbitror tout ce que nous possédons est soit partagé, soit propre. Est partagé tout ce que nous possédons pour un temps et qui cessera d'être à nous après quelque temps, comme une ferme, une maison, une épouse, des fils et toutes choses de cet acabit, alors que le propre, comme la vertu de l'âme, est un bien sempiternel qui se dit au sens propre des dieux ; car les dieux ne viennent pas d'ailleurs mais s'appartiennent à eux-mêmes définitivement. Et il dit cela en suivant Epicure930 . 2 C'est donc au sens propre qu'il utilise le mot sempiternus (sempiternel) en parlant des dieux, car entre sempiternus (sempiternel) et perpetuus (perpétuel) il y a cette différence que le sempiternel appartient en propre aux dieux, le perpétuel aux hommes. 3 ego deorvm vitam propterea sempiternam esse arbitror cette maxime est tout entière traduite de L'Eunuque de Ménandre. Et c'est ce qui est dit plus haut, qu'il ne faut pas contaminer les pièces de théâtre. 4 ego deorvm vitam il ne dit pas ce qui est, mais ce qu'il croit être vrai, et c'est la doctrine épicurienne (δόγμα Ἐπικούρειον), qui est récusée par tous les autres philosophes, de l'inactivité des dieux et de leur plaisir permanent.

960
quod uoluptates <eo>rum propriae sunt ; nam mi inmortalitas
leurs plaisirs sont inaltérables ; car pour moi l'immortalité

propriae svnt "perpetuae", "sempiternae", quae non sint accommodatae ad tempus ac mutuae. sic et supra « nihilne esse proprium cuiquam!440 ».
propriae svnt perpétuelles, sempiternelles, qui ne sont pas assujetties au temps et partagées. Ainsi disait-il plus haut : « nihilne esse proprium cuiquam »931.

961
parta est, si nulla aegritudo huic gaudio intercesserit.
est acquise, si aucun chagrin ne vient se mêler à ma joie.

si nvlla aegritvdo hvic gavdio i.intercesserit scilicet secundum supra dictam sententiam: "si propria, inquit, haec fuerit uoluptas, deus sum."
si nvlla hvic gavdio intercesserit évidemment selon la maxime ci-dessus : "s'il est vrai, dit-il, que ce plaisir est un bien propre, alors je suis un dieu".

962
sed quem ego mihi potissumum optem, nunc cui haec narrem, dari ?
Mais qui souhaiterais-je le plus de rencontrer en ce moment, pour lui raconter ce qui m'arrive ?

963
CH. quid illud gaudi est ? PA. Dauum uideo. nemo est quem mallem omnium ;
Cha.-Qu'est-ce que cette joie ? Pa.-C'est Dave que je vois. Personne qui ne convienne mieux ;

qvid illvd gavdi est in aliis Daui persona infertur.
qvid illvd gavdi est chez d'autres, c'est le personnage de Dave qui est introduit ici.

964
nam hunc scio mea solide solum gauisurum gaudia.
car je sais qu'il est le seul à pouvoir si bien jouir de ma joie.

1 nam hvnc scio mea solide ἀρχαϊσμός. 2 solide solvm figura παρόμοιον.
1 nam hvnc scio mea solide archaïsme (ἀρχαϊσμός). 2 solide solvm figure de paronomase (παρόμοιον).

scaena sexta

PamphilusCharinusDauus

965 | 966 | 967 | 968 | 969 | 970 | 971 | 972 | 973 | 974 | 975 | 976 | 977 | 978 | 979 | 980 | 981

965
DA. Pamphilus ubinam hic est ? PA. Daue. DA. quis homo est? PA. ego sum. DA. o Pamphile.
Da.-Où est donc Pamphile ? Pa.-Dave ! Da.-Qui est-ce ? Pa.-C'est moi. Da.-Ah ! Pamphile.

1 pamphilvs vbinam h.hic e.est in hoc actu mira arte ea, quae restant de comoedia, breuiter explicantur et designantur duarum sororum binae nuptiae. 2 pamphilvs vbinam h.hic e.est dave qvis homo in affectu gaudentis Pamphili et Daui gratulatione cognitionem rerum Charino praebuit, cuius persona parce utitur propter compendium.
1 pamphilvs vbinam hic est dans cette scène932 , avec un art consommé, ce qui reste à traiter de cette comédie est expliqué brièvement et le double mariage des deux sœurs est arrangé. 2 pamphilvs vbinam hic est dave qvis homo l'exultation de Pamphile et les félicitations de Dave servent à donner de la situation une claire connaissance à Charinus, personnage qu'il utilise peu par souci d'abréger.

966
PA. nescis quid mi obtigerit. DA. certe; id scio quid me obtigerit 1079 .
Pa.-Tu ne sais pas ce qui m'est arrivé. Da.-Non, certes ; mais je sais ce qui m'est arrivé, à moi.

certe id scio qvid mihi obtigerit scio id est persensi.
1 certe id scio qvid mihi obtigerit scio (je sais), c'est-à-dire persensi (j'ai bien senti).

967
PA. et quidem ego. DA. more hominum euenit ut quod sim nanctus mali
Pa.-Moi aussi. Da.-C'est bien selon l'usage des hommes que le mal qui m'a frappé

1 more hominvm hominum abundat. 2 more hominvm evenit vt qvod sim nactvs mali quia fama mali celerior est quam boni. 3 Id est: "ut facilius mala quam bona nuntientur". ad hoc ergo dixit, quod ille prior rescierit quod esset uinctus, quam ipse cognitam Glycerium cognosceret.
1 more hominvm hominum est superflu. 2 more hominvm evenit vt qvod sim nactvs mali parce que la nouvelle d'un malheur va plus vite que celle d'un bonheur. 3 C'est-à-dire : "c'est l'usage que les malheurs soient plus faciles à annoncer que les bonheurs". Il dit donc cela en visant le fait que Pamphile a appris que Dave avait été mis aux fers avant que lui-même ne soit au courant de la reconnaissance de Glycère.

968
prius rescisceres tu quam ego illud quod tibi euenit boni.
tu l'aies appris plus vite que moi le bien qui t'est venu.

969
PA. mea Glycerium 1080 s<uo>s parentis repperit. DA. factum bene. CH. hem.
Pa.-Ma Glycère a retrouvé ses parents. Da.-Quel bonheur ! Cha.-Hein ?

mea glycerivm s.svos p.parentes r.repperit haec ita narrantur Dauo, ut eadem opera etiam Charinus audiat.
mea glycerivm svos parentes repperit ce récit est fait à Dave de façon à ce que Charinus l'entende par la même occasion.

970
PA. pater amicus summus nobis. DA. Quis ? PA. Chremes. DA. narras probe.
Pa.-Son père est notre meilleur ami. Da.-Qui ? Pa.-Chrémès. Da.-Bien présenté !

1 pater amicvs svmmvs haec omnia, ut diximus, propter Charinum dicuntur, ut audiat. 2 amicvs svmmvs deest eius.
1 pater amicvs svmmvs tout cela, comme nous l'avons dit, est destiné à Charinus, pour qu'il l'entende. 2 amicvs svmmvs il manque eius (son).

971
PA. nec mora ulla est quin eam uxorem ducam. CH. num ille 1081 somniat
Pa.-Rien ne s'oppose plus à ce que je l'épouse. Cha.-Est-ce qu'il rêve

nvm ille somniat ea qvae v.vigilans hinc Vergilius « credimus? an qui a., i.ipsi s.sibi s.somnia f.fingunt?441 ».
nvm ille somniat ea qvae vigilans d'où Virgile : « credimus ? an, qui amant, ipsi sibi somnia fingunt ? » (le croyons-nous ? Ou bien les amants s'inventent-ils à eux-mêmes des songes ?).

972
ea quae uigilans uoluit ? PA. tum de puero, Daue... DA. ah desine !
ce qu'il souhaitait éveillé ? Pa.-Mais l'enfant, Dave... Da.-Ah ! Arrête !

ah desine compendium attulit.
ah desine il veut abréger.

973
solus est quem diligant di. CH. saluus sum si haec uera sunt.
Il est l'enfant chéri des dieux. Cha.-Je suis sauvé, si cela est vrai.

974
conloquar. PA. quis homo est ? [o] Charine, in tempore ipso mi aduenis.
Parlons-lui. Pa.-Qui est là ? Charinus, tu m'arrives au bon moment.

975
CH. bene factum. PA. audisti ? CH. omnia. age, me in t<ui>s secundis respice.
Cha.-Bravo. Pa.-Tu as entendu ? Cha.-Tout. Allons, maintenant que tu es heureux, songe à moi,

1 bene factvm a gratulatione coepit. 2 omnia compendium. 3 age me in tvis secvndis [rebvs 176 ] respice haec sunt, quae absolute dicuntur. et est admonitio; sunt enim, qui felicitate elati ne respicere quidem uelint amicos. 4 Et respicere est proprie retro aspicere. 5 Id est: quem praecedis felicitate, non obliuiscaris.
1 bene factvm il commence par les félicitations. 2 omnia abrégé. 3 age me in tvis secvndis respice ce sont des choses qui se disent dans l'absolu. Et c'est un avertissement ; car il y en a qui, transportés de bonheur, ne songent même plus à jeter un regard sur leurs amis. 4 Et respicere (regarder) c'est proprement retro aspicere (regarder derrière soi). 5 C'est-à-dire : "tu ne devrais pas oublier celui que tu devances dans ton succès".

976
tuus est nunc Chremes : facturum quae uoles scio esse omnia.
Chrémès est à toi, à présent ; je sais qu'il fera tout ce que tu voudras.

tvvs est nvnc c.chremes Lucilius in septimo « nunc praetor tuus est meus, si discesserit homo, gentilis442 ».
tvvs est nvnc chremes Lucilius au livre VII : « nunc praetor tuus est meus, si discesserit homo, gentilis » (maintenant que l'homme est parti, ton préteur est mon compatriote).

977
PA. memini : atque adeo longum est illum 1082 exspectare dum exeat.
Pa.-Je me souviens. Mais il serait trop long d'attendre sa sortie.

atqve adeo longvm est illvm exspectare quia et audacter et artificiosissime binos amores duorum adulescentium et binas nuptias in una fabula machinatus est, —et id extra praescriptum Menandri, cuius comoediam transferebat, — idcirco aliud in proscaenio, aliud post scaenam rettulit, ne uel iusto longior fieret uel in eandem propter rerum similitudinem cogerentur.
atqve adeo longvm est illvm exspectare parce qu'il a eu l'audace et le grand art d'arranger les amours en double des deux jeunes gens et un double mariage en une seule et même pièce (et ce contre le modèle de Ménandre dont il transcrivait la comédie), il traite l'une des affaires sur le devant de la scène et l'autre en coulisse pour éviter que la longueur n'excède la juste mesure et qu'on ne se trouve confronté à la même scène à cause de la ressemblance des situations.

978
sequere hac me : intus apud Glycerium nunc est. tu, Daue, abi domum,
Suis-moi par ici ; il est chez Glycère en ce moment. Toi, Dave, retourne à la maison.

1 tv dave abi domvm hi uersus usque ad illum « gnatam tibi meam Philumenam uxorem 443 » negantur Terentii esse adeo, ut in plurimis exemplaribus bonis non inferantur. 2 seqvere me intvs apvd glycerivm iam post scaenam itur, quia ulterius in proscaenio nihil agitur.
1 tv dave abi domvm ces vers, jusqu'à celui qui dit : « gnatam tibi meam Philumenam uxorem », passent pour ne pas être de Térence, en sorte qu'on ne les trouve pas dans les bons exemplaires933. 2 seqvere me intvs apvd glycerivm on va désormais en coulisse, parce par la suite plus rien de ne se passe à l'avant-scène.

979
propera, accerse hinc qui auferant. em quid stas ? quid cessas ? DA. eo.
Hâte-toi de faire venir des gens pour la transporter. Hé ! Pourquoi ne bouges-tu pas ? Qu'attends-tu ? Da.-J'y vais.

980
ne exspectet 1083 dum exeant huc : intus despondebitur ;
pour qu'on n'attende pas qu'ils sortent et reviennent ici. C'est à l'intérieur que se feront les accords

ne expectet dvm exeant hvc intvs despondebitvr mire dixit latenter se laudans: quo uerbo auidum adhuc populum audiendi adeoque cupidum et intentum ostendit, ut finem comoediae uenisse non senserit.
ne exspectetis dvm exeant hvc intvs despondebitvr de façon étonnante, il fait implicitement son propre éloge : car par ce mot, il montre que le public est encore tout désireux d'écouter et à ce point intéressé et attentif qu'il n'a pas vu arriver la fin de la comédie.

981
intus transigetur siquid est quod restat 1084 . CANTOR. plaudite !
et les arrangements, s'il en reste à faire. Le Chanteur-Applaudissez.

1 intvs transigetvr si qvid est qvod restat artificiose poeta hereditatis iustam repetitionem ex Critonis persona praetermisit, quae ei Glycerio cognita iure tribuebatur, ne uel paruae rei Critonis tractatu aut defraudatione Glycerii infuscaretur finis fabulae ad laetum exitum spectans. 2 si qvid est qvod restat quia narratione dignum non est, quod Charinus roget.
1 intvs transigetvr si qvid est qvod restat avec art le poète passe outre la question de la légitime réclamation par le personnage de Criton de son héritage, qui lui revenait de droit une fois reconnue Glycère, pour éviter, en traitant l'affaire sans intérêt de Criton ou la spoliation de Glycère, de ternir la fin de la pièce toute tournée vers son heureux dénouement. 2 si qvid est qvod restat parce que cela ne vaut pas la peine de raconter la demande de Charinus934.

Notes

1. Wessner éditait : "continetque actus amatorum adulescentium et patrum piorum: ***** callidi serui, ancillae astutae, seueri senes, adulescentulae liberales". Les ***** se justifiaient selon lui par un ajout d'Estienne (1529) qui, supposant une lacune (qui n'est pas dans les mss.), complétait par "sunt ibi" pour justifier les nominatifs pluriels qui suivent, apparemment au motif que la rupture de construction est un peu abrupte. Même option chez Reifferscheid. Mais peut-être y a-t-il au fond une erreur invétéree sur les mots de la fin de ce segment, "senes" et "liberales". De fait, si on corrige en "senis" et "liberalis", on a alors affaire à des groupes homogènes au génitif singulier qui s'enchaînent parfaitement sur "actus": "actus 1. amatorum adulescentium et patrum piorum, 2. callidi serui, 3. ancillae astutae, 4. seueri senis, 5. adulescentulae liberalis". Et il n'y a plus aucune lacune à supposer. Et d'ailleurs, la préférence de singuliers pour les groupes 2 et suivants est justifiable : on peut estimer qu'il n'y a pas plusieurs "adulescentulae liberales" (ce qui avait incité l'astucieux scribe de V à préférer écrire "adulescentuli", pour référer à Pamphile et à Charinus), mais seulement une, la toute jeune Glycère, qui se révèle à la fin fille de Chrémès et de naissance libre ; un seul esclave rusé, Dave ; une seule servante rouée, Mysis ; pour les pères, en revanche, on peut hésiter pour déterminer, de Simon ou de Chrémès, lequel des deux serait plutôt l'unique "seuerus" de service. Notons que le "seueri" de Wessner, dû à une conjecture stéphanienne ici aussi, est instable dans les mss. : AG portent "seriue", M "serue", T "serii", C "serti", UV "parci", p n'a rien du tout... Nous corrigeons donc "senes" en "senis" et "liberales" en "liberalis", à peu de frais, pour homogénéiser la construction, d'une part, et mieux coller à l'argument et à la caractérologie de la pièce, d'autre part. Par ailleurs nous optons pour "parci", attesté chez l'excellent V et qui correspond bien à l'argument s'il s'agit de caractériser le vieux Simon. Quant au segment de Wessner "et patrum piorum", du début de la phrase, il est induit par une intervention d'Estienne (1529), bizarre, au demeurant, dans la mesure où on ne voit pas ce que Simon et Chrémès ont de particulièrement "pius". Lindenbrog (1623) s'en explique dans la présentation de la liste des personnages, en disant que Simon est "pius in filium" et Chrémès "pius in filiam", mais c'est peut-être seulement pour justifier qu'il suit dans son édition, ad loc., la conjecture "piorum" d'Estienne (1529). Mais les mss. ont autre chose. TC ont "ex partibus priorum", UMp ont "ex partibus patrum priorum", K a sauté un feuillet qui nous prive de sa lecture à cet endroit, et V a "continetque ex se actus amatorum adolescentium ex partibus priorum" avec insertion de "patrum" au-dessus de la ligne pour corriger en "ex partibus patrum priorum", retrouvant ainsi la leçon spontanée de UM. Cette leçon se comprend presque : "adulescentium ex partibus patrum priorum", "des jeunes gens qui sont les principaux en dehors des rôles de leurs pères", encore qu'elle contredise ce que le commentaire dit juste après sur la préséance des rôles. Mais quoi qu'il en soit, on est loin du texte du vénérable A, le plus ancien, qui écrit là un très étrange segment "ex patriâ prior. d.", vraiment énigmatique. Faut-il voir dans cette succession de lettres la mention d'un premier accouchement ("partum priorem" ? "partuum priorum" ?), ce qui ne dénoterait pas dans ce catalogue des stéréotypes de la palliata (des jeunes gens amoureux, des pères sérieux ou sévères ou chiches, des esclaves rusés, des servantes astucieuses, des jeunes filles de bonne naissance...) ? Si on lit "ex patria" comme A, faut-il voir là une mention à Chrysis, la courtisane expatriée, autre poncif du genre ? Dans ce cas que cache "prior. d." ? Difficile de lire là le mot "meretricis"... Le "d." est-il une abréviation ? Si oui, il est tentant d'y voir celle de "Daui", qui s'enchaînerait bien avec la suite "callidi serui". Mais alors on attendrait le nom (abrégé éventuellement) des autres rôles mentionnés : Mysis, "la servante rusée", Simon "le vieillard sérieux (ou pingre ou sévère)", Glycère (ou Pasibule) "la jeune fille de naissance libre". Bref, il semble difficile d'y voir clair dans ce passage d'allure pourtant assez tranquille. Faute de mieux, et pour l'instant, nous nous rallions au "et patrum piorum" d'Estienne, suivi par Lindenbrog et Wessner.2. Les mss. font figurer après les noms des deux édiles attendus de l'année 166 avant J. C., "M. Fuluio M'. Glabrione", d'autres noms propres, souvent dans un ordre indistinct et qui ne respecte pas la syntaxe de ce type de segments  : G a "M. fuluio edilibus et M. glabrione minucio Valerio currulibus", U "M. Fuluio edilibus. L. M. gabrione Numicio valerio curulibus", V "M. fuluio. M. glabrione Q. mminucio termonii. L. ualerio edili curuli", etc. Il y a là l'insertion ancienne d'une didascalie correspondant à une seconde représentation de la pièce. Cf. Marouzeau (1967, p. 14-15). Le texte de Donat présentait peut-être une notice précise ("une première fois sous les édiles Fulvius et Glabrion, une seconde fois sous les édiles Minucius et Valerius"). Mais il suffit que le chiffre "ii" ait été entraîné dans les jambages de l'initiale de "Minucio" pour que la confusion soit devenue irréductible. Sur les erreurs de ce type, voir notre note à Ph. Praef. I, 6.3. Erreur manifeste dans la numérotation de Wessner qui répète deux fois "6" ; nous décalons la numérotation à partir de ce paragraphe jusqu'à la fin du chapitre 1.4. Dans l'édition Wessner l'intervention de la deuxième main coupe cette explication du lemme 1. Nous la mettons à une place plus logique après ce développement.5. Wessner édite ici comme un locus desperatus "amantibus" (texte de AUVM), qui n'a effectivement aucun sens. Gp portent "ab amantibus", Le contexte rend la restitution de "a manentibus" comme contraire de "deperdimus" extrêmement probable.6. Wessner édite contre tous ses manuscrits "non ita dissimili svnt ar." (pour "argumento"), ce qui conduit à comprendre la scholie avec le sens "'ita' est mis pour 'ualde' (beaucoup)". De fait, ainsi édité,ce commentaire est totalement contradictoire avec la scholie 1 où Donat avec une question d'ordre des mots interdit de comprendre "ita" comme un intensif. Nous proposons de revenir au texte des manuscrits qui évite cette contradiction.7. Rabbow, suivi par Wessner, athétise ce mot, présent dans les mss., mais il n'y a rigoureusement aucune raison de le faire, puisque c'est toujours l'adverbe "ita" de Térence qui est l'objet de ce commentaire.8. Wessner suppose, à la suite de Rabbow, une lacune qui ne se trouve nulle part dans les manuscrits et édite "cognoscite pro *****. 8 cognoscite". Rabbow supposait la chute d'un mot comme "iudicate", dont on voit mal pourquoi il serait tombé. Or les manuscrits disent tout autre chose et il y a quatre lectures possibles toutes très proches : 1-V lit "cognoscite pro cognoscite sic", ce qui apparemment n'a aucun sens sauf si l'on comprend "'cognoscite' vaut pour 'cognoscite sic'". Le résultat, bien qu'acrobatique, n'est pas dénué de sens, "sic" devenant le corrélatif absent chez Térence du "ut" du vers suivant. Dans cette hypothèse la scholie relève une anacoluthe selon Donat. O lit "cogniscte percognoscite", laissant ainsi supposer une synonymie de "cognosco" avec un "percognosco" qui n'existe guère, mais se lit cependant chez Augustin et peut se défendre avec le "pernoscatis" qui suit. 3-MGJC lisent "cognoscite pernoscite" reprenant l'idée d'une synonymie, mais avec un verbe très bien attesté puisqu'il se trouve au vers suivant. Ce qui est étrange, c'est qu'on aboutit à reformuler ainsi : "pernoscite rem ut pernoscatis" ! 4-U a peut-être conservé la meilleure lecture (à moins qu'il ne l'ait inventée, fort habilement) en lisant "cognoscite pro noscite". Paléographiquement la confusion de l'abréviation per avec celle de pro est absolument triviale et tous les manuscrits abrègent ici. Ce qui nous fait préférer la leçon de U est le jeu très habile que Donat établit alors entre ce que Térence aurait pu écrire, soit "noscite ut pernoscatis", et la citation de L'Hécyre, où on trouve "orator" suivi de "exorator", soit le rapport d'un simple à un composé. Soit U s'est montré très fin conjectureur, et nous pouvons accepter sa lecture, soit il a conservé, Dieu sait comment, le bon texte. Du coup, notre scholie 8 est légèrement décalée par rapport à l'édition Wessner.9. Wessner ajoutait devant ce groupe la préposition "in" qui ne s'impose nullement si l'on fait de "narratione" un complément de moyen.10. Devant ce mot, Wessner proposait de répéter "Sosia" de façon à avoir un lemme. C'est totalement inutile et ne se trouve dans aucun de ses manuscrits.11. "Iniusto" dans les éditions modernes.12. "gratissima" au lieu de "carissima" dans les éditions modernes de Virgile. A la suite de cette citation, Wessner ajoute "etc.", mais les manuscrits qui poursuivent jusque là la citation, comme A, l'arrêtent clairement après le "l.". Nous supprimons donc l'ajout.13. Ajout d'Estienne (1529) qui est particulièrement bien venu, car, sans cet ajout, la scholie continue le commentaire du vers précédent, mais de manière relativement incohérente. Il est possible que le dernier mot de la citation abrégé "l." ait fait disparaître un autre "l." pour "liberaliter".14. "Factum" dans les éditions modernes de la pièce. Dans le passage cité des Adelphes, Donat revient au texte consensuel "factum" (sans "est").15. Wessner édite ici "hu[n]c", mais la variante "hunc" est bien attestée dans la tradition manuscrite de Térence, comme dans celle de Donat. Il n'y a donc pas lieu de corriger.16. Wessner édite "cito", mais l'immense majorité des manuscrits a "recte". La différence de sens n'est pas telle que l'on doive faire droit au texte minoritaire, de A, qui peut très bien provenir d'une mélecture du "quin tu" qui suit immédiatement chez Térence.17. Le texte de ce passage est troublant. Wessner édite "quod <si> est, hoc immemor est beneficium", mais sans tenir compte, ailleurs que dans son apparat, du fait que le problème est en réalité beaucoup plus vaste et engage la citation virgilienne. Une partie de la tradition, UGDJ, en effet, l'omet et la remplace par une citation fort maladroite du texte (en toutes lettres ou en initiale) des vers 43b-44, précédée de la mention "ut sit sensus". Nous pensons qu'il s'est produit la chose suivante. L'original d'où remontent la plupart des manuscrits du XVe (Mayence ?) devait lire : "v. s. s. m. i. o. i" soit "ui superum saeuae memorem iunonis ob iram" autrement dit En. 1, 4 en entier. Prenant la section v. s. s. pour l'abréviation de "ut sit sensus" que l'on lit explicitement chez V (en marge), UGDJ et M (en marge), un copiste (celui de Mayence ?) s'est demandé ce que pouvait bien vouloir dire m. i. o. i. suivi de q. e. ("quod est") et ingénieusement, mais à tort, a remarqué que cela pouvait plus ou moins ressembler à n. i. c. q. e. e. i. b. soit le vers 43b-44 de Térence. A partir de là, il n'a plus qu'à développer pour obtenir une scholie complète, mais parfaitement stupide car il dit en substance "le sens est exactement ce que vous lisez", ce qui constitue un truisme. La formule "ut sit sensus" est récurrente, mais Donat ne l'utilise que pour reformuler et non pour citer verbatim, ce qui n'a d'ailleurs ici aucun intérêt. Seul V et M ont les deux options (à la fois la citation virgilienne et le truisme), mais cela s'explique aisément pour V au moins, car on sait que son copiste a découvert une autre tradition alors qu'il avait déjà copié le début du commentaire et qu'il est revenu en arrière pour porter les leçons nouvelles de son nouveau manuscrit. De fait, la leçon avec le truisme se trouve en marge. M a oublié la scholie 1 et le début de 2 qu'il a rajoutés en marge avec un renvoi. En découvrant cet oubli il a découvert aussi un texte autre que le truisme qu'il avait copié et qui est la citation virgilienne et il l'a rajoutée en bas de page avec un autre renvoi. Ce qui est certain c'est qu'aucun manuscrit n'a les deux textes en statut principal, ce qui signifie à coup sûr que l'un des deux est erroné. Pour la fin de "quod" à "beneficium", nous suivons VK et en partie A ("immemorie") qui portent de façon quasi certaine le bon texte. Voir à ce sujet la note apposée à la traduction.18. "Omniumst" texte reçu.19. Wessner édite "et quod uerbum promisit? <illud>, ubi", mais le démonstratif est une conjecture de Rabbow, provenant sans doute du fait qu'on interprète "quod uerbum promisit" comme une interrogative directe (quel mot promet-il ? Celui-ci lorsque...), ce qui est manifestement erroné. Nous rétablissons le texte des manuscrits parfaitement clair et supposons qu'il s'agit d'une simple relative avec attraction de l'antécédent.20. Wessner ajoute ici le mot suivant chez Térence "noscere" abrégé car il comprend que la scholie porte sur une différence entre "scire" et "noscere", ce qui est sans doute le cas. Notons que plusieurs manuscrits dont A n'ont pas compris cette differentia et opposent "scimus" à "nescimus", rendant ainsi le commentaire tautologique pour ne pas dire stupide.21. Wessner édite "magister ✝ is quoque ✝: potest enim intellegi", ce qui est en gros le texte de AVK. UGTC n'ont pas la scholie. M la possède en marge, car, comme V, il possède un exemplaire de chaque filière. Toutefois, à la différence de V, il possède comme exemplaire principal ce qui est l'exemplaire secondaire de V. Quoi qu'il en soit, tout porte à croire que cette scholie existe, mais qu'elle a été mal transmise. MA portent "is quoque", qui n'a aucun sens, KV portent "id quoque", qui présente au moins l'avantage de sauver la forme de l'anaphorique qui se comprend alors. Il demeure cependant que "quoque" et "enim" (de plus mal placé) dans la même phrase sont extrêmement suspects. Nous pensons que, malgré la tentative de KV, c'est bien "id/is " qui pose problème, tout simplement parce que ce n'est probablement pas un mot, mais un chiffre "ii" devenu "is" ou "id", "is" par simple mélecture, "id" par souci de le rattacher syntaxiquement. Le désordre a pu naître aussi de la répétition "metus magister metus magister" rapidement simplifiée, faisant ainsi disparaître un lemme indispensable pour le sens. Nous recréons donc une scholie 2, ce qui entraîne le décalage des scholies 2-3 de Wessner qui deviennent 3-4. Pour l'interprétation des trois scholies, voir la note apposée au texte français.22. Passage où les interventions de la prétendue seconde main de Wessner ont jeté un trouble inouï dans la cohérence du raisonnement. Nous reconstruisons, en déplaçant les scholies dites de la seconde main, une argumentation cohérente. En effet, dans cet ordre, les scholies se comprennent parfaitement et donnent un commentaire riche et complet sur le pléonasme.23. Wessner ajoutait ici "<f.>", pour englober "faciunt" dans le lemme. C'est inutile et la scholie reste claire sans cet ajout, qui ne figure pas dans les manuscrits.24. Wessner considérait que "mediocriter" faisait partie du lemme et éditait "praeter cetera...mediocriter", mais c'est absurde. Le commentaire s'appuie sur "praeter cetera" pour dégager le sens de "mediocriter" qui est donc autonyme. Ce qui est absurde parce que totalement contraire à la pratique de Donat est d'utiliser pour le lemme les mots frontière du segment commenté, au lieu de l'ensemble.25. Wessner édite ici "adprime <ad> adiectio est confirmationis", mais est ne se trouve que dans une correction interlinéaire de V et "ad "est un ajout de Wessner. Le texte se comprend très bien sans l'un et l'autre.26. Wessner édite "sed", mais tous les manuscrits portent "et". Nous pensons que le texte des manuscrits résulte de la simplification du segment "dicentis set", la variante graphique "set" étant mal connu des scribes.27. Wessner met entre cruces "de quo", mais les cruces sont inutiles le texte est limpide.28. Wessner suivant Estienne (1529) éditait "commodiorum" mais les manuscrits unanimes portent "commodior". On peut sans doute sauver cette leçon en comprenant que tout ce qui précède rend évidemment ("scilicet") la vie du personnage "assez facile" (commodior uita). Le vers 62 ramasse ici un commentaire global des vers 60-62, dont "uita" est le point-clé.29. Wessner édite ici une conjecture de Lindenbrog "<non> quasi" dans laquelle le "non" paraît appelé par le "sed" qui suit. Toutefois, le commentaire se comprend parfaitement sans l'ajout de cette négation. 30. Wessner ajoutait ici "andria" partie du lemme commenté, mais cela ne sert à rien, et ne figure pas dans les manuscrits.31. Wessner ajoutait ici "<o.>" pour "occipit", mais cela est inutile, puisque le commentaire porte bien sur "quaestum".32. Nous adoptons le texte que Lindenbrog (1623) affirme avoir lu dans des "ueteres codices", sans doute Pithou et Cujas (cf. Observationes p. 634). Wessner éditait à partir de Festus 50, 10 M "ut 'scilicet scias <licet>", mais les manuscrits encore lisibles aujourd'hui attestent plutôt la leçon retenue par Lindenbrog: UM "et si scias", V "ut sic scias", K "ut si scias". Dans chacun de ces témoins on reconnaît le segment "sis". D'autre part le rapprochement entre "sodes" et "sis" est beaucoup plus attendu que celui entre "sodes" et "scilicet". Voir Cicéron, Orator, 154 : "Libenter etiam copulando uerba iungebant, ut 'sodes' pro 'si audes', 'sis' pro 'si uis'" (ils se plaisaient à joindre des mots en les agglomérant, comme "sodes" pour "si audes" et "sis" pour "si uis").33. Ici Schopen ajoutait un "non" que reprenait Wessner, mais, bien que plus difficile à comprendre, la phrase demeure possible en restant affirmative.34. Wessner édite ici une double conjecture de lui-même et de Schoell "ut quisquam". Cette conjecture, qui ne repose sur aucun témoin, est inutile. Toutefois, il demeure un problème qui est celui de l'insertion de "nam" soit dans la citation d'Hec. 67, soit dans le commentaire lui-même. La confusion a pu conduire à la conjecture. Il nous semble donc plus prudent de considérer que "nam" est une partie du commentaire et non de la citation.35. Wessner athétise ici un "te" donné par le manuscrit A ('t.' chez V), mais on peut très bien considérer que "t.ta." chez V explique qu'on ait lu "te tanti" au lieu de "tanti". TC ont le texte virgilien.36. Wessner suppose ici une lacune à la suite de Rabbow, et fait commencer après "falsum" une scholie 3. Cela est inutile. Nous modifions donc la numérotation des scholies.37. Wessner ajoute ici "s." pour "suam" qui est effectivement le mot commenté, mais cela ne sert à rien.38. Wessner édite "commemorat nos quae esset Chrysis <cum> ait", mais ce texte repose sur un "cum", conjecture de Rabbow. Il nous semble que tout part de la confusion observée dans A qui lit "commemorat nos", ce qui paraît incorrect à V qui corrige en "nobis" et à TC qui le suppriment. Sans doute "commemorat nos" est-il le résultat de la mélecture d'un "commemorans". A partir de ce moment, le texte de la suite se comprend parfaitement sans aucun ajout, ni la correction judicieuse de V qui, ayant retouché "commemorat nos" en "commemorat nobis", corrige le "ait" qu'il lit dans son modèle mais ne peut plus construire en un "ut" qui rend la phrase limpide.39. Bien que ce texte soit en contradiction totale avec le commentaire et les lemmes des scholies 3 et 4, il est ce que donnent les manuscrits en première intention, V ayant été assez habile comme à son habitude pour revenir corriger ce premier lemme après avoir lu les derniers. Cela prouve que son modèle et sans doute l'archétype portaient clairement cette absurdité.40. Rabbow, suivi par Wessner, ajoutait ici "de eo", qui ne sert à rien.41. Ce mot est ajouté par Schopen, suivi par Wessner, et il s'impose effectivement pour rendre la phrase compréhensible.42. Ici Rabbow, suivi par Wessner ajoutait "collacrimandi", que déjà Karsten (1912, 18) jugeait "uix necessarium". Nous suivons son avis.43. Wessner, suivant Rabbow, athétise ce mot, en construisant la proposition par "si" comme subordonnée de la proposition suivante. Toutefois, l'existence de "ac si" comme équivalent de "quasi" rend cette suppression inutile. Donat explique que "sic" qui est normalement anaphorique a ici une valeur cataphorique et équivaut à "hoc".44. Wessner suppose ici une lacune, et édite " 3 an potius familiariter <****>?". Or cette lacune n'est signalée par aucun témoin. Certes, en l'état, le texte n'a aucun sens, mais M montre une hésitation sur la première syllabe où l'on pourrait lire "fg" plutôt "fa" de ce qu'il finit par écrire "familiariter". Quand on connaît le soin du copiste de M, il ne fait aucun doute que le mot qu'il croit lire est sans nul doute pratiquement incompréhensible, et qu'il tente de le recopier avant de faire ce qu'a sans doute fait la source de la plupart des manuscrits, recopier "familiariter" qu'ils viennent d'écrire. A partir de là nous supposons quelque chose comme "fgltr", lu par erreur "familiariter", par confusion du "g" et du "a". Si l'on veut conserver "familiariter" tout en sauvant la scholie, il faut supposer quelque chose comme "an potius familiariter quasi ipse amasset" dans lequel le segment quasi ipse amasset" a été pris pour le début de 112 et omis pour cette raison. Dans ce cas, il faut comprendre "ne serait-ce pas plutôt 'familiariter', comme si lui-même était amoureux ?".45. Wessner édite un texte plausible "uncis et aculeis" qu'il tire de la première version de V, qui s'est ensuite corrigé en "uncis et acuneis" rejoignant la tradition unanime. Nous pensons qu'il s'agit sans doute du mot "cuneus", mais qu'une inversion malencontreuse au stade l'archétype a rendu le texte difficilement compréhensible. V dont on connaît les efforts pour rendre un texte intelligibile a tenté comme il pouvait de corriger, mais a renoncé et fini par copier ce qu'il lisait. "Aculeis" est un excellent texte, mais l'usage étymologique antique nous incite à faire droit à un énoncé contenant la préposition "ab" des deux côtés du "id est" (exemples innombrables chez Isidore).46. Wessner athétise ici une forme d'"ingenium", qui se trouve dans une partie de la tradition manuscrite, les autres donnant à peu près unanimement "ingenii", aucun des deux mots ne faisant sens. G a conservé très probablement le bon texte en lisant "ignei cereis", mais il est aisé de comprendre ce qui s'est passé. "Ingeni" se lit un peu plus haut (vers 113) et a pu "inspirer" les scribes face à un mot qu'ils lisaient difficilement.47. Wessner, à cete scholie et à la suivante, ajoutait au lemme le mot "mali". Il ne sert à rien car c'est "etiam" qui est commenté.48. Wessner édite "ut in quinto" précédé d'une crux. C'est le texte de A, mais il est fort isolé et les autres témoins essentiels n'ont rien du tout, ni non plus d'indication de lacune. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas de mention de "sepulchrum" au cinquième acte et d'ailleurs Donat ne cite jamais en numérotant les actes. On peut supposer que le modèle de A portait soit deux fois "futurum" par une dittographie que le scribe de A a essayé de corriger comme il a pu, soit qu'il ait porté un mot que les autres témoins n'ont pas eu et qui pourrait être "utique", soit encore que "futurum" ait été graphié "f uturû". Dans ce cas, le scribe a lu le "f" comme valant "futurum" et le reste comme "ut in v", qu'il a graphié en développant le chiffre "ut in quinto". Les autres manuscrits, même s'ils ont le même modèle, ont bien vu qu'il n'y avait là qu'un seul mot.49. Wessner, suivant Rabbow, édite "ubi sunt dicta et facta, ubi", qui ne signifie pas grand'chose. Les manuscrits donnent "ubi... ibi" qui, lui, se comprend mais donne du pathétique une définition tellement large qu'elle en devient suspecte. Nous pensons que l'archétype a inversé les corrélatifs, le tour "ubi... ibi" lui étant sans doute plus familier, notamment dans des tours sentencieux. En rétablissant le texte que nous éditons, on retrouve non plus une définition du pathétique mais une application à cette situation spécifique de la notion de pathétique.50. Ce démonstratif, qui figure dans tous les manuscrits, est athétisé par Wessner. Ce n'est sans doute pas nécessaire si l'on suppose que Donat, en bon grammairien, fait une remarque morpho-syntaxique au passage, faisant remarquer (avec beaucoup d'implicite) l'accord entre le fémini "mea" et le neutre "Glycerium", dont le genre est marqué par "hoc", confomément aux usages grammairiens.51. Le texte cicéronien généralement édité est "ne".52. Wessner éditait "a minoribus ad maiora", ce qui est contredit par la scholie suivante, qui marque clairement qu'il s'agit d'une gradation descendante. Nous trouvons le texte que nous éditons par exemple chez VM.53. Wessner édite "euersum", mais le "uersum" du ms. T invite plutôt à éditer "e uersu" qui convient parfaitement à la première citation qui suit, mais non à la présence d'une seconde citation ce qui a pu troubler les copistes.54. Texte de A, Wessner édite, d'après les autres manuscrits un lemme abrégé plus long auquel il doit ajouter une abréviation "h." pour avoir le bon nombre de mots. Sans doute le modèle de toute une partie de la tradition a-t-il fait du zèle, prenant le premier mot de la scholie pour la suite du lemme.55. Wessner édite "an sedulo , ὡσεὶ <ἁπλῶς> id est simpliciter? " avec une conjecture de Schoell sur ἁπλῶς (déduit évidemment de "simpliciter") et de Rabbow sur ὡσεὶ. Le texte unanime des manuscrits est "an sedulo sosie id est simpliciter" et il n'y a, de fait, aucune raison de le suspecter. Voir la note apposée à la traduction pour l'interprétation de ce segment restitué.56. Passage extrêmement difficile, et peut-être irrémédiablement corrompu. Wessner édite "quam non sit iracundum, <* * * *> quin iuste irascatur", mais les manuscrits ne présentent aucune lacune. De plus ils sont unanimes (sauf V qui a "quam") à lire "quod", et une immense majorité lit "quin iuste irascitur" et non le subjonctif (lu par O, mais peut-être fruit d'une "correction" qui se veut grammaticale). Les témoins se partagent en revanche sur la forme que nous éditons "irascendum" (OJMGU) et une forme de l'adjectif "iracundus" ("iracundum" C, "iracundus" VK). Nous pensons que l'archétype pouvait porter "iracendum" (faute) ou "irascundum" (forme ancienne peu probable chez Donat, mais sait-on jamais ?), et que les copistes ont "corrigé" à leur façon. Il semble en revanche pratiquement certain que c'est une forme de "irascor" qui a été corrigée en "iracundus /um" et non l'inverse, la faute ne s'expliquant pas si aisément dans l'autre sens. Pour "iracundus" (VK) on suppose une première "correction" d'"irascendum" à "iracundum", jugée non grammaticale par ces deux copistes savants et avisés et corrigée au nominatif masculin pour donner une construction compréhensible. La question la plus difficile est en réalité sur la fin, car "quin iuste irascitur" ne signifie pratiquement rien si le début est "quod sit irascendum", le commentateur paraissant se contredire. Nous supposons à la lecture du massif "irascitur" qu'à date très ancienne (archétype ?), il s'est produit une attraction de la forme "irascendum" sur la forme du verbe suivant "quin" devenue "irascitur". Il faut supposer une forme très proche et, dans ce cas, il devient évident qu'une forme comme "ignoscitur" devient très plausible, puisque le vieillard souligne dans la suite qu'il ne va pas s'irriter contre ce qu'a fait son fils, mais bien au contraire qu'il le lui pardonne et ne s'irriterait que s'il refusait de lui obéir, ce qui n'est pas le cas.57. Wessner édite ici un lemme un peu plus long "<tvte ipse> his rebvs finem". Nous revenons au texte des manuscrits, d'autant que "tute ipse" n'est pas spécifiquement concerné par la scholie, qui vise le dialogisme dans son entier.58. Wessner ajoutait ici le verbe "sit", certes plus correct, mais dont l'absence (garantie pa tous les témoins) n'est en rien rédhibitoire.59. Wessner entourait ce lemme de cruces au motif que la scholie concerne l'énoncé interrompu du vers 164. Mais c'est tout à fait inutile, étant donné que c'est à ce vers 165 qu'on est en mesure de s'apercevoir de l'interruption.60. Variante : "confit cum quod uolo".61. Wessner ajoutait ici "s." pour "sensi", mais cela est totalement inutile.62. Nous modifions la frontière des scholies et la ponctuation de Wessner en éliminant au passage un ajout personnel de "sic" devant "significanter". Tout le reste est strictement conforme aux manuscrits, du moins ceux qui notent le grec.63. Texte des manuscrits contre Wessner qui éditait suivant Rabbow "adseuerationis <sunt> et dicuntur". V atteste que ce que nous éditons est le bon texte précisément parce qu'il le "corrige" avec sa finesse habituelle en "adseuerationes", pensant sans doute voir là un commentaire lexical, impliquant un nominatif terminologique. Ce faisant, il montre simplement qu'il na pas vu que "et "est un adverbe ici.64. Wessner éditait "aut absolute accipiendum 'id' aut opposite. 2 SIC demonstratio est et" etc., texte qui repose pour l'essentiel sur A. Or ce texte n'a la confirmation partielle que de CT (C lisant "ob" sans rien d'autre, et T lisant "ob" suivi d'une lacune sans doute pour un texte qu'il n'arrive pas à lire). Tous les autres (notamment VKGMJU...) ont consensuellement tout autre chose ("aut id quomodo"), et ceux qui séparent lemme et scholie hésitent quant à savoir si le "sic" qui suit est une partie de la même scholie ou le lemme de la suivante, comme chez Wessner. Selon nous, il y avait à l'origine, non pas deux options, mais trois, toutes précédées de "aut". Le scribe de A atteste d'une tradition qui n'a recopié que les options 1 et 2, sans doute trompée par la similitude des finales "opposito / quomodo". Il ne reste alors que les options 1 et 2, et "aut absolute" entraîne mécaniquement, chez A, le passage de "aut ob p(rae)posito", peut-être déjà lu "aut opposito" à "aut opposite". A, qui date du onzième siècle, a sans doute sous les yeux un texte encore recopiable. CT, qui suivent la même tradition au quinzième, n'arrivent visiblement plus à lire ce qui est derrière "ob". Cela peut expliquer que l'autre partie de la tradition, voyant cet endroit illisible, ou plus simplement encore sautant du même au même du "aut" 2 au "aut" 3, n'ait conservé, elle, que les options 1 et 3. Une fois que l'on comprend que "sic" n'est pas un lemme mais un mot de la scholie autonyme, on comprend aisément le raisonnement. Voir la note apposée au texte français.65. Wessner éditait "HEM quasi correptio totius corporis. 2 EHO" etc., ce qui est apparemment le texte tout à fait consensuel des manuscrits et qui s'interprète soit 1- scholie de jeu de scène, "'hem', il y a une contraction de tout le corps", ce qui oblige à tordre un peu le sens de "correptio", soit 2-scholie stylistique, "'hem' blâme de tout le corps", ce qui au fond n'a pas grand sens, sauf à comprendre "blâme fait avec tout le corps", ce qui est quand même acrobatique. On trouve plus ou moins trace de cette idée dans une tradition grammaticale visible chez Victorinus GL, 6, 205 : "hem quoque interdum coercentis, ut in heautontimorumeno 'hem tibine hoc diutius / licere speras facere' ; aliquando etiam admirantis, ut in Andria 'hem quid est? scies''' ("hem" s'emploir parfois pour marquer la contrainte comme dans L'Héautontimorouménos : 'hem tibine hoc diutius / licere speras facere' ; parfois l'admiration comme dans L'Andrienne : "hem quid est? scies"). Nous pensons quant à nous qu'il s'agit d'une remarque de métrique défigurée par la transformation de "quid" du lemme en "quasi" de la scholie, ce qui impose un changement de ponctuation et un déplacement du début du lemme 2. Sur son interprétation, voir la note apposée au texte français.66. Wessner suivait ici un ajout d'Estienne (1529) et lisait "ut Geta", mais cet ajout est totalement inutile et fait contresens. Il s'agit pour Simon de dire que Dave a été le "magister" de son fils et l'a conduit dans une mauvaise passe. Ou bien, note Donat, de donner simplement la fonction domestique de Géta, il est le "pédagogue" de la maison.67. Wessner éditait " 4 †NON OEDIPVS† imitationum", ce qui n'a effectivement aucun sens. Dans son apparat, il proposait de rattacher la scholie qu'il faisait commencer par "imitationum" au vers 192, sans être bien convaincant, parce que Donat ne parle absolument pas d'imitation dans ce vers. Or tous les manuscrits sont unanimes à lire "non oedipum" (avec des graphies variées mais pas sur la finale). Les scribes comprennent donc tous qu'il s'agit de la fin de la phrase précédente et non pas d'un nouveau lemme. Nous les suivons, d'autant plus aisément que si la phrase est assez contournée, on voit bien la plaisanterie ("facete"). Dave dit qu'il n'est pas Œdipe, sans dire pour autant que Simon n'est pas le sphinx. On comprend donc que Simon est un sphinx, même si Dave qui n'est pas Œdipe n'a aucune chance de comprendre ses énigmes. Quant à "imitationum" de Wessner, il n'a pour lui que A et peut-être V qui a corrigé sans doute "mutationum" (leçon de K), en quelque chose qui commence par un "i" mais dont la suite peut se lire "imitationum" ou "irritationum". Cette dernière leçon, excellente, est celle de MUG. Un erreur d'interprétation des jambages explique sans aucune difficulté les trois variantes de ce mot.68. Wessner édite "sic pronuntiatur, ut <in>", dans lequel "pronuntiatur " est une conjecture personnelle et "in" un ajout d'Estienne (1529). Tous les manuscrits lisent "pronuntiatio" précédé de "sit" ou de "sic" confusion aisément compréhensible devant "ut". Quant à "in" il ne sert rigoureusement à rien. Signalons que le dernier mot de la scholie "minae" devait être très difficilement lisible dès l'archétype car on trouve aussi bien à sa place "nunc" chez les très soigneux MV, que le très habile "mire" chez Calfurnio (1477) qui l'a peut-être conjecturé lui-même, mais qui est sans doute trop adroit pour être vraiment convaincant.69. Wessner empruntait un "<fiant>" à Goetz, mais cela ne sert rigoureusement à rien et nous le supprimons.70. Les éditions modernes donnent le texte suivant : "Non est, non est in hoc homine cuiquam peccandi locus, iudices".71. Wessner éditait "nihil pro [etiam] non", mais "non" est une conjecture personnelle, à la place de "nunc" unanimement donné par la tradition, mais placé parfois ici, parfois avant "pro" (MU), place qui nous semble bien plus judicieuse. Si l'on conserve "nunc" il n'y a plus aucune raison d'athétiser "etiam". Sur le sens de cette scholie apparemment paradoxale puisqu'on lit à première vue "rien" vaut pour "oui", voir la note apposée au texte français.72. Le texte donné pour les Verrines est "Enimuero ferendum hoc quidem non est: uocetur mulier!".73. Wessner, à la suite de Rabbow éditait ici "scilicet" contre tous les manuscrits qui ont "est". Nous rétablissons ce texte. Signalons que commence ici un passage qui montre des signes très importants de désordres dans la succession des scholies et l'attribution des lemmes. Nous intervenons à plusieurs reprises pour déplacer des segments, qui, pour des raisons que l'on verra au fil des notes, ont probablement à date très ancienne "voyagé" de manière intempestive.74. Cette scholie se trouve chez Wessner en 211, 3 après "impossibile est" et se lit "ergo ostendit partem se sequi, quae pro Pamphilo est", ce qui est une suggestion habile d'Estienne (1529). Toutefois, aucun manuscrit ne donne "partem se sequi", mais tous donnent "patrem esse qui". Il est facile de comprendre ce qui s'est passé. Le segment "ergo ostendit patrem esse cui" a atterri, on ne sait pourquoi (passage de notes marginales à texte continu ?), devant "qui pro pamphilo est", donnant la succession "cui qui", évidemment simplifiée en "qui".75. Wessner suivant Estienne (1529) édite "quae", pour une raison que nous avons expliquée en note à 211, 1. "Quae" n'a peut-être pour lui que la lecture de la première version de V, corrigée ensuite très clairement en "qui". Avec "qui" ici et le déplacement que nous avons proposé, le texte est parfaitement clair.76. Nous pensons à nouveau ici qu'il y a eu des déplacements importants, mais explicables par le caractère assez répétitif des scholies. Wessner plaçait le segment "primo, inquit, iam infensus est senex, deinde grauida e Pamphilo est Glycerium", en scholie 211,2, suivant en cela les manuscrits. Nous pensons que cette position a été attirée par "primum" qui a appelé "primo" compris comme une glose de "primum". D'ailleurs certains témoins lisent directement "primum". Or ce commentaire n'a aucun sens dans le vers 211, alors qu'il prend tout son sens ici. Toutefois une trace de cette position originelle demeure dans le fait que les manuscrits lisent ici "senex me seruat et reuera timendus est", car, après le déplacement il restait "scilicet de amore filii senex et reuera timendus est", et ils on complété par un peu de Térence. 77. En scholie 2, Wessner lit "seruat φυλάττει" qu'il reprend à Estienne (1529), qui a pu le voir dans des manuscrits, car A écrit "ΦΫλΑΓ ΤΙC" et G "φιλαπισ". Seul M (sans doute en reprenant une édition imprimée) écrit en marge la forme choisie par Wessner. Présentent une lacune pouvant indiquer du grec VKzC. On pourrait donc penser qu'Estienne a eu raison dans sa restitution, si la scholie avait un sens, mais pourquoi gloser "seruat" en grec ? Est-ce pour dire implicitement que le terme est chez Ménandre ou que "seruat" a ici le sens qu'aurait φυλάττει en grec ? La forme donnée par A, le seul avec M (qui recopie une édition imprimée pour noter le grec) à savoir exactement ce qu'il écrit, est plus que troublante (et se termine par une sifflante) et aiguillerait à la limite plutôt vers "φύλαξ τις" qui n'est pas très satisfaisant non plus. Selon nous, il y a eu ici, attiré par le mot "fallaciam" dernier mot du vers, l'importation aberrante d'un lemme de 220-221 "fallaciam ciuem atticam" ,abrégé peut-être "fal. c. atti. ", et de sa scholie, qui consistait en du grec (d'où une lacune chez certains manuscrits) et une abréviation "me." pour "Menander". Sur l'établissement de ladite scholie, voir la note au vers 221. Certains ont pris ce groupe abrégé "fal.c.at." (délesté de son grec incompréhensible) pour une abréviation de "fallatiam" du lemme suivant, et l'ont supprimé puisqu'il se répète immédiatement après. Il reste alors un texte tel que "glicerium grauidam sciet me. seruat ne quam etc.", avec une fin de scholie "glicerium grauidam sciet" (212, 1), un bout mutilé de la scholie errante de 221 ("me.") et le début du lemme suivant (212, 2). Dès lors que "sciet" a été pris pour "seruat" (mélecture jointe à un contexte contraignant), la succession "seruat me seruat" a été pensée comme "seruat. ME SERVAT NE QVAM" et le lemme a été simplifié, d'où "seruat. NE QVAM".78. Chez Wessner, ce vers n'avait pas de scholie et le contenu se trouvait en 212, 1, sur le lemme "me infensus s.". Toutefois, il s'applique extrêmement mal à ce vers, mais on comprend ce qui s'est produit quand on observe que deux manuscrits aO ont cette scholie en réponse à un lemme comportant des éléments du vers 213. Nous pensons que c'est là le signe d'une scholie déplacée, et dont les copistes ne savent plus au bout d'un moment à quel vers la rapporter. Nous lui rendons ce qui peut-être était sa place. D'autre part tous les manuscrits lisent ici "grauidam Glycerium seruat", qui s'explique, une fois la scholie déplacée par la présence de "seruare" au vers 211 et le lemme de la scholie suivante qui s'enchaîne directement sur ce verbe. Nous pensons que "seruat" peut cacher par mélecture d'abréviation "sciet". C'est en effet ce qui va se produire, Simon découvrant l'accouchement de Glycère à l'acte suivant. Notons enfin que nous restituons "ipsa re" au lieu de "in ipsa re" chez Wessner, "in" ne se trouvant que chez V.79. Ce mot a été omis dans certains manuscrits, mais de bons témoins l'ont au moins après correction comme M en marge.80. Wessner éditait "<si> in nominibus", en ajoutant de son fonds la conjonction, mais elle ne sert rigoureusement à rien, l'énoncé étant parfaitement clair et correct sans.81. Nous revenons ici au texte des manuscrits, unanimes pour les quatre premiers mots, et à la suggestion de G pour l'inclusion d'un verbe, en l'occurrence chez lui de "fuit" dans cette scholie, là où les autres en font le début du lemme suivant, la séquence "est fuit" ayant eu toutes les chances d'être simplifiée, surtout si "est "et "fuit" étaient plus ou moins abrégés dès l'archétype. Gêné comme Estienne (1529) avant lui, lequel supposait une lacune avant "ipsa fallacia", Wessner adoptait une conjecture de Rabbow et éditait "<in> toto uis".82. Nous rétablissons ici une scholie qui avait migré en 212, 2, avec "Menander" abrégé (voir la note ad loc.). Il nous paraît que le grec qui figure dans A sous la forme "ΦΫλΑΓ ΤΙC" peut dissimuler un hapax de Ménandre, qui intéresse au plus haut point, comme on peut s'en douter, le grammairien Donat. On peut supposer que la forme est au nominatif, puisque c'est ainsi qu'elle se restitue le mieux. Le personnage ménandrien devait donc dire quelque chose comme "Dieu sait quelle idée va leur venir... une fausse Athénienne, un faux naufrage", etc. Le mot lui-même n'est pas autrement attesté mais il est fort plausible (à côté du "Pseudattikos" de Lucien), ce genre de formation adjectivale en "ψευδ-" étant très fréquent. Ménandre lui-même a écrit un Ψευδηρακλῆς.83. Correction qui nous est suggérée par V. En effet, ce témoin qui écrit parfaitement le latin graphie soudain, on ne sait pourquoi "phama", là où tous les autres manuscrits suivis par Wessner lisent "fama". Or il ne s'agit pas de "fama", puisque Dave va dire que tout est inventé, et donc que ce n'est pas une rumeur, mais une affabulation, mais bien de Phania, le père de Chrysis, mort à cette heure, frère de Chrémès et père adoptif de Pasibule, la future Glycère. Que le mot ait été graphié à un moment "Fania" ne fait quasiment aucun doute et explique que toute la tradition sauf l'excellent V s'y soit laissé prendre.84. Il est inutile de rajouter "eam" comme le fait Wessner par souci de recopier l'intégralité du segment térentien.85. Tous les manuscrits ne portent pas le second "P." pour "Pallantis". Il s'agit à coup sûr d'une inadvertance due à l'haplographie.86. Wessner éditait "aut deest propter, ut sit <propter> quid. 235 NVMQVIDNAM hoc comicum est et terentianum". Mais il se trouve que le second "propter" est une conjecture personnelle, et que le premier "propter" repose sur les leçons de A ("p(er)oste") et de C ("post"). Les autres manuscrits n'ont aucun équivalent, et le texte est assez consensuel pour contredire Wessner. Les manuscrits qui distinguent les lemmes des scholies sont assez unanimes à faire terminer le commentaire de 234 sur "et terentianum". Nous les suivons et faisons de "numquidnam" premier mot de la scholie chez Wessner, le lemme de 235. Pour le reste les leçons des manuscrits permettent de cibler trois zones problématiques. Le début où ils hésitent entre "aut " (VGAUKC) et "nam" (DJOM), ce qui suit "deest" où, en plus de la leçon de AC ("p(er)oste / post"), on trouve "nam" (VGUDJOM), et sur ce qui suit "ut sit quid" qui se lit "quid numquidnam" AV, "quid non quidnam" GJM, "quidnam" O, "quid numquam nam" K, "quid pro quidnam" U, "quid nomen quidnam" C... Nous pensons qu'il s'est produit la chose suivante : le groupe contenant le grec "NEΠΡΟCΤΟV.", soit "ne πρὸς τὸ uereor" a été soit pris pour du grec global AC et traité comme tel par les copistes chacun avec leurs moyens, parfois limités comme C (!), soit a purement et simplement disparu comme étant une succession de lettres aberrantes en laissant orphelin ce que les copistes comprenaient "ne". On est alors à un stade où on lit "aut deest ne ut sit quid non quidnam". Il devient alors évident que ce qui manque à "quid" pour faire "quidnam" ce n'est pas "ne" mais "nam", ce qui explique VGUDJOM. Sur la suite, la frontière floue entre lemme et scholie a pu entraîner la corruption de "quid non quidnam" en "quid numquidnam" qui est le lemme suivant. Notre restitution nous semble confirmée par le τὸ quid de 235, et donne d'ailleurs un sens tout à fait satisfaisant (voir les notes apposées au texte français).87. Wessner éditait "fac tu me uelle", mais les manuscrits MVGUCTamJO lisent "factum me uelle", alors qu'on lit aussi "factum ne" (D), "factum euelle" (A) "factu me uelle" (K). Wessner se fonde évidemment sur une mécoupure d'un texte correct chez A et K, nous pensons quant à nous que la mécoupure existe, mais sur le texte le plus consensuel. En effet, "fac" au sens de "supposons que..." à valeur indéfinie est aisément compréhensible seul, mais l'est moins avec "tu", à moins que Pamphile ne s'adresse à Mysis, ce que Donat dément au vers 267, 1, où il montre bien qu'il s'agissait jusque là d'un monologue. En revanche avec notre lecture on comprend très bien que Pamphile suppose qu'il pourrait vouloir se marier, mais dans ce cas, il faudrait quand même que son père le laisse réfléchir. Ce commentaire rejoint celui d'Eugraphius ad loc. qui note "in hoc adulescens collocat iniuriam, quod pater sibi nuptias repente mandauerit: non quo nubere huic iniuria sit, quamquam esse uideatur, uerum intelligit, si ante mandasset pater, consilium se facile aduersum imperium patris inuenire potuisse" (le jeune homme place l'injustice dans le fait que son père lui a ordonné soudainement de se marier ; non que le mariage en soi soit à ses yeux une injustice, quoi qu'il en paraisse, mais il comprend que, si son père lui en avait donné l'ordre plus tôt, il aurait pu trouver un moyen de contrer l'ordre de son père). En fait il ne s'agit pas tant de ne pas se marier que de ne pas se marier avec celle-là.88. Wessner donnait ce mot comme premier de la scholie, après avoir ajouté de son initiative un lemme "praescisse me ante" absent des manuscrits. Cela ne sert à rien, "praescisse" faisant un excellent lemme à lui tout seul.89. Passage compliqué malgré l'unanimité des manuscrits sur la plupart des secteurs. Wessner éditait "nunc ad socerum. Et redit τό quid non ad chremetem sed ad illum transeuntis [dicitur] est et non considerantis, quid dicat. 2 QVID CHREMES etc.". Ce texte présente bien des difficultés. D'abord il n'a à peu près aucun sens, "redi" au sens de "se rapporter à", comme semble le penser Wessner, n'est pas donatien, et on ne voit absolument pas ce que peut bien désigner le masculin "illum", puisque précisément il passe à Chrémès. L'athétèse de "dicitur", donné unanimement par les manuscrits, est une proposition de Rabbow, Estienne (1529) ayant déjà déplacé le verbe pour donner un sens satisfaisant. Ce qu'on trouve dans les manuscrits est curieux, mais sauvable au prix de très légères modifications. En effet, si l'on élimine des variantes rares et difficilement interprétables autrement que comme des lectures isolées, on obtient : "transit a patre nunc et ad socerum redit quid non ad chremetem sed ad illum transeuntis dicitur et non considerantis quid dicat quid... ". On peut discuter sur le τό entre "redit" et "quid", minoritaire mais probable car donné non seulement par A (qui copie le grec), mais en translittération par KT qui usuellement ne recopient pas le grec. Sur ce segment qui paraît refléter l'unanimité de la tradition, toutes familles confondues, nous proposons seulement de lire "aduerbium" au lieu de "adillum", sans doute par mélecture d'un segment abrégé dans un original séparant mal les mots. Lisant "non ad chremetem sed ad???um", un copiste très ancien a pu penser "non ad chremetem sed ad illum" en se disant que c'était "simonem" qu'il fallait comprendre. Or c'est un contresens, puisque précisément Pamphile passe maintenant à Chrémès. Quant à la fin, "quid dicat quid" a pu paraître curieux, alors même que le lemme suivant est "chremes" précédé de "quid" chez Térence. Il était facile de ponctuer "quid dicat. quid chremes ", mais du coup le segment "quid dicat" s'explique moins bien.90. Wessner éditait "quod cogat, chremeti, quod non neget uxorem. 3 noue" etc. "chremeti" vient d'une correction de V, le reste de la tradition (y compris sans doute V1) lisant "chremetem". Du coup le sens de la scholie devient difficile. On voit mal en quoi, alors que le lemme indique qu'il s'agit de Chrémès, on s'intéresserait exclusivement à ce que fait Simon, sauf à comprendre que "non neget" n'a pas le même sujet que "cogat", ce qui en soi n'est pas impossible, V2 ayant alors, avec son acuité habituelle, "restauré" ce qui lui semblait nécessaire. Nous supposons plutôt que V, en se corrigeant, a masqué, comme l'avait fait avant lui l'archétype de tous les manuscrits que nous possédons, une répétition qui a pu entraîner un désordre. On peut supposer que "chremeti" a été jugé comme une glose entrée dans le texte et éliminé et que "cogat chremetem" étant bien plus correct et naturel que "cogat chremeti", la lecture facile s'est imposée au détriment de la gradation et de la complexité du commentaire.91. Wessner supposait une lacune après "uxorem" et éditait ensuite "parauerat nuptias, et chremem mutare sententiam", qui n'a pas de sens. Il suggérait donc de suppléer "ID MVTAVIT necesse fuerat, quoniam pater" etc. Cette lacune, que supposait Estienne (1529), sans toutefois la placer au même endroit, ne se voit d'aucune manière dans la tradition et supposerait la chute d'une ligne dans l'archétype, ce qui n'est pas impossible. Toutefois A donne sans doute la solution en lisant "putauerat nuptias et chremes mutare sententiam". En effet, la forme de nominatif qu'il est seul à donner a parfaitement pu devenir "chremem" puis "chremetem" en raison de la forme "putauerat", parfois lu "parauerat". Or cette confusion même du verbe a un sens, car si on lit en parallèle "parauerat" (VUGM) et "putauerat" (AK) c'est peut-être qu'il ne faut lire ni l'un ni l'autre, mais une forme moins familière à ces scribes et aisément "corrigeable", comme "pauerat" qui rend un sens excellent. Pamphile, tant qu'il croyait qu'on allait le marier, "redoutait" ces noces, il respirait depuis qu'il savait qu'on ne le mariait plus, et "voilà que Chrémès change d'avis".92. Les deux derniers mots sont un ajout indispensable de Wessner. Leur chute dans les manuscrits s'explique par la proximité du grec qu'ils ne notent pas ou qui leur pose de toute façon problème. Il est fréquent que même A ait des doutes sur le début du segment grec.93. Les deux premiers mots de la citation de Virgile sont une restitution de Wessner qui s'impose, puisque la correspondance se fait sur les verbes "abstrahat" / "diuellimur". Les manuscrits qui ne les ont pas ont commencé au vers 435.94. Wessner édite "facta" leçon de AK retenue par la plupart des éditeurs térentiens sur la foi de cette scholie de Donat et sur une attestation équivalente chez Nonius (sv. "spernere"). En l'absence d'apparat clair des éditions de Nonius on ne sait si les éditeurs du lexicographe n'ont pas tout simplement édité la citation de Térence sous sa forme térentienne reçue. Cela est d'autant plus possible que le commentaire de Nonius ne porte pas sur "(f)acta", mais sur "spretus". Mais tout porte à croire et en particulier l'emploi de "agendum" dans la scholie précédente que c'est bien "acta" que lisait Donat. Sur le sens de la scholie et une histoire possible du texte "facta", voir la note apposée au texte français.95. Nous suivons Wessner dans la restitution de ce segment qui constitue le lemme suivant. La duplication a pu entraîner sa disparition.96. Wessner éditait "duo patent in defensione : aut uera aut ad tempus commodata", où "patent" est une conjecture de Rabbow, inexplicable paléographiquement, pour un texte unanime des manuscrits "tempora", qui donnent également de manière unanime "in defensionem", et presque unanime "commendata" (VUGMODC) face à "commodata" (A). Estienne avait finement suggéré "comparantur" à la place de "tempora", mais cette solution est paléographiquement compliquée. Il apparaît donc clairement que la difficulté se trouve sur "tempora" et à une mesure moindre sur "commendata". En effet, avec "tempora", le commentaire devient absurdement tautologique : "il y a deux temps dans la défense, le vrai et ce qui est adapté au temps", et surtout il n'a aucun rapport avec la situation dramatique. PLusieurs solutions sont possibles. 1-il y a eu disparition d'un mot grec au niveau de l'archétype (solution que nous éditons) et, dans ce cas, le texte est facile à reconstruire avec des changements minimes ; le mot ΕΥΠΟΡΑ était précédé de "sunt" abrégé soit une séquence DUOSTΕΥΠΟΡΑ, lu "duos tempora" et corrigé en "duo tempora". 2-"tempora" dissimule bien du latin et, dans ce cas, il faut supposer soit "duo temperat" (il mélange) avec comme sujet implicite "Pamphilus", soit "duo autem parat" avec là encore "Pamphilus" comme sujet implicite. Dans les deux cas, il est facile de voir que l'archétype a lu "duo tempora". Toutefois, Pamphile ne prépare pas vraiment sa défense puisqu'il n'a rien dit du tout. Nous proposons de comprendre "il aurait eu deux moyens faciles de se défendre : dire la vérité ou inventer un mensonge plausible". Du coup, "commendata" est fort suspect et nous sommes enclins à une correction minime pour donner un mot très technique et antonymique de "uera", "commentata".97. Wessner éditait "ἀπὸ τοῦ ὁσίου" à partir du texte de A qui graphie "ΑΠΟΤΟΫΟΫCΙΟΫ", ainsi que le faisait sans doute le manuscrit Cujas. Déjà Estienne (1529) avait des doutes sur cette forme et proposait "ἀπὸ τοῦ αἰσίου" (argument par l'opportunité). Le problème, c'est que ni l'un ni l'autre de ces arguments ne sont vraiment atestés chez les rhéteurs grecs et ni l'un ni l'autre ne s'appliquent ici. Nous supposons que le copiste de A a bien lu le début "ΑΠΟ ΤΟΥ Ο" et a confondu le segment "ΙΚΤ" avec le segment "ΥCΙ", ce qui n'est pas impossible s'il sait un tout petit peu de grec et connait le mot "saint", "hosios", qu'il peut croire avoir reconnu. Avec cette correction minime, le commentaire a un sens très clair. Il s'agit d'un argument "par la pitié", le mot étant bien attesté comme élément d'argumentation chez les rhéteurs grecs. L'utilisation du grec se justifie ici pour éviter le très tautologique "misericordia a misericordia", puisque cet argument en latin s'appelle "argumentum a misericordia".98. Devant ce lemme se plaçait le commentaire de la seconde main, qui coupe la démonstration ; nous le plaçons à la fin du développement.99. Wessner juge utile de rajouter "huius" sur lequel porte effectivement la figure, mais le mot "misericordia" peut suffire à indiquer au lecteur où il faut regarder.100. Estienne (1529) suivi par Wessner proposait de corriger le "an" unanime des manuscrits en un "tam" qui induit en réalité une explication à contresens (voir la note apposée au texte français). Nous rétablissons ce texte, un peu difficile il est vrai, car on attendrait plutôt "uel".101. Schopen proposait ici d'ajouter un "ut" pour servir de répondant à "sic", mais c'est sans nul doute inutile.102. Inconséquence dans le texte de Donat qui lit une fois "quisnam", une fois "quis".103. Ici Rabbow suggérait l'ajout de "eo", et Wessner acceptait cet ajout, mais il est inutile.104. Wessner considère que ce texte qu'il ne trouve que chez Calfurnio (1477) doit être athétisé. Malheureusement il se lit dans des témoins aussi importants que KMGU. Un saut du même au même et du lemme au lemme a entraîné la chute de ce commentaire à date ancienne dans toute une partie de la tradition, et a eu pour effet collatéral le désordre que nous indiquons dans la scholie 5, à moins qu'il n'en soit la conséquence, ce qui est indécidable.105. Wessner n'indique pas pourquoi il élimine ce lemme, qui est pourtant parfaitement cohérent avec ce qui précède. Nous le conservons donc.106. Wessner proposait une lacune avant et après le segment "an timet in negotio" qu'il plaçait en numéro 2. Il explique dans son édition qu'il s'agit peut-être d'un vestige d'une compilation hasardeuse. Nous lui donnons entièrement raison sur la question de la compilation, confirmée par le désordre de la tradition manuscrite observé plus haut scholie 4, mais non sur l'existence d'une lacune. En réalité, le désordre textuel a abouti au déplacement de segments, le "an" et le fragment "timet in negotio" ayant abouti, on ne sait trop pourquoi, dans les manuscrits, à la place où on les lit chez Wessner. Ramené ici et rendu à une forme compréhensible par le simple déplacement de "an" en tête de scholie, l'énoncé devient tout à fait cohérent et acceptable sans lacune.107. Wessner éditait "euidenter subauditur id fieri sinam", mais tous les manuscrits ont ce que nous éditons, sauf A qui porte l'absurde "uadenter". Le mot "suadenter", bien que très rare, est attesté en commentaire chez Tibérius Donat En. 7, 233 en dehors d'attestations dans la littérature chrétienne et médiévale. Il nous semble que ce mot impose de ponctuer comme nous le faisons, en créant deux phrases, l'une très elliptique et l'autre complète.108. Dans le lemme "egregie" est un ajout de Wessner, indispensable au sens. De même Wessner, suivant Schoell ajoutait "ut" en tête de la scholie. Cette fois, c'est inutile.109. Ici Wessner ajoutait "nam" après la ponctuation ce qui est totalement inutile.110. Ce dernier mot n'est pas dans les manuscrits utilisés par Wessner. On peut toutefois faire droit à l'ajout de l'éditeur, car le commentaire a l'air de traiter aussi de l'équivalence "queas" / "possis".111. Ce texte se comprend si on considère que l'appel au vraisemblable se fait par "adeon...putas". Cela dit, la conjecture d'Estienne "a uerisimili" peut également se défendre.112. Wessner insère entre "neque" et "consuetudo" le pronom "me" présent chez Térence. Les manuscrits ne l'ont pas et le commentaire n'en tient pas compte. Nous supposons donc que Donat cite ce qui l'intéresse.113. Wessner édite la fin de cette citation "<p.> p. i.", ce qui s'impose puisqu'il est aisé de comprendre que les scribes ont pu simplifier la succession des abréviations.114. Wessner ajoute le mot suivant dans cette citation, car c'est "forma" et il pense que Donat renvoyait cet emploi de "forma" à son commentaire présent. Toutefois c'est sans doute toute la description des vers 118 et suivants que vise le commentateur et il en cite le début.115. Wessner choisissait d'éditer "dexteram" ce qui rend le sénaire amétrique, bien que ce soit le texte de manuscrits aussi soigneux que V. Notons cependant que d'autres témoins de qualité comme M lisent "dextram" qui rend le sénaire scandable.116. Wessner propose d'ajouter "o." pour "obtestor" à la citation, ce qui est le texte virgilien et s'impose en raison du commentaire fait par Donat.117. Devant ce mot Wessner créait un lemme "ne abs te hanc segreges nev deseras", totalement inutile. Le commentaire est parfaitement clair sans.118. Wessner ajoute ici "segreges" mot suivant du texte térentien, mais il ne sert pas à grand chose. Nous le supprimons.119. Ici se place le commentaire de la seconde main, qui coupe la démonstration; nous le plaçons à la fin du développement.120. Wessner faisait droit à une correction de Rabbow "ad affectum", mais ce texte, donné par les manuscrits, est tout aussi aisé. Nous supprimons donc la conjecture de Rabbow.121. Nous adoptons l'idée de Rabbow qu'une ligne a pu tomber où Donat commentait le mot "tutorem", à sa place entre "amicum" et "patrem". En revanche nous éliminons de sa restitution, au demeurant ingénieuse les "ad" devant "illud" qui ne concordent pas avec la manière de s'exprimer de la partie de la scholie conservée.122. Wessner édite suivant une correction d'Estienne (1529) le texte consensuel de Térence "hanc mihi in manum", mais ce texte rend impossible la compréhension de la scholie 2, et ne figure pas dans les bons manuscrits qui lisent "hanc mihi manum" conformément à une tradition térentienne minoritaire illustrée pour nous par le manuscrit P de Térence (Paris, BNF Lat. 7899). Sans doute Donat lisait-il ainsi.123. Wessner suivait une correction d'Estienne (1529) en "interrogatio" qui rend un parallélisme élégant à la tournure beaucoup plus heurtée dans les manuscrits qui lisent "interrogat". La phrase telle quelle se comprend et "interrogatio" est une lectio facilior. Le sens n'en est pas affecté.124. Wessner édite "hodie indixerat pater filio cum supra et Pamphilo et Glycerio disturbatae", où "disturbatae" est une ingénieuse correction d'Estienne (1529), les manuscrits unanimes portant "distributae", qui se comprend également, et qui est une lectio difficilior. Pour le "hodie", seuls Om donnent autre chose qui a toutes les chances d'être le bon texte, "odio". En effet le premier "hodie" a pu entraîner mécaniquement le second sans doute à date très ancienne car la lecture "hodie" est attestée dans toutes les familles. Si c'est une correction de copiste elle est en tout cas extraordinairement adroite. Ce qui pourrait en revanche défendre une origine ancienne c'est que ni O ni m n'ont le premier "hodie", ce qui a peut-être protégé "odio" d'une réfection analogique sur le premier "hodie".125. L'ordre des mots "hodie" et "Pamphilo" dans le lemme n'est pas stabilisé. Au lemme 1, si l'on en croit les abréviations, Donat dit "daturne illa Pamphilo hodie nuptum" (qui est le texte consensuel des éditeurs de Térence ; nootons au passage qu'une partie de la tradition térentienne ignore "hodie"), au lemme 2 "daturne illa hodie Pamphilo nuptum". C'est cette seconde version qui est donnée en toutes lettres au commentaire au vers 337 et c'est pourquoi nous lui donnons la préférence dans notre édition.126. note ecdotique à faire.127. On notera l'inconséquence dans la graphie de "apud", que nous conservons.128. Pour ce vers et pour le suivant nous rectifions des erreurs de numérotation des scholies de Wessner.129. Wessner édite ici "An uelut 'habundo'", conjecture habile de Rabbow qui se comprend comme un chaînon manquant étymologique préparé par "uelut" (là où on on a en général "quasi" ; mais "uelut n'est pas dans les mss, qui portent plutôt "anut" pour "an uelut" ou "uel" tout seul dans le cas de V) : comprendre que "satis habeo" équivaut à "habundo", qui s'écrit en réalité "abundo", ce qui met en relation "abundare" et "habere". Les mss. fluctuent sur le texte entier de la scholie. T donne un texte satisfaisant "anulis abundo" ("j'ai des anneaux <de fiançailles> en stock"), sauf qu'on ne voit pas comment le justifier dans le contexte. ABC ont "anut (h)abundabant" qui n'a guère de sens. On peut supposer que la finale en "-abant" est induite par le début du lemme suivant "at tu", que B n'a pas et qu'il semble avoir interprété comme partie intégrante de la scholie précédente. Nous pourrions penser aussi qu'il y a indication d'une variante textuelle "sat habendo". Le texte (implicite) serait alors "An ut habendo ?", complétant la réplique précédente et se comprenant : "Ego id agam mihi ne detur. Cha.-Sat habendo?" ("je ferai ce qu'il faut pour qu'on ne me la donne pas à épouser. Cha.-en en ayant déjà une?"). Faute de mieux, nous nous rallions au texte de Wessner.130. Si l'on en croit le manuscrit V, il faut lire ici un "se" qui généralement n'est pas retenu par les éditeurs de Térence.131. Wessner éditait "modo tempus et spatium eius", mais le "et" n'est pas donné dans ABCTV, qui lisent soit ce que nous éditons (A), soit une forme simplifiée ("tempus spatium"), soit une forme développée ("est modo tempus spatium").132. Numéroté 5 par erreur dans l'édition Wessner. Nous rectifions pour les deux lemmes suivants.133. Nouvelle incohérence textuelle, Donat hésitant entre "hoc" et "hac" comme d'ailleurs la tradition manuscrite elle-même.134. Nouvelle incohérence textuelle, Donat hésitant entre "suam sententiam" et "sententiam" seul.135. Cette insertion de la seconde main se trouve chez Wessner après "sexu" et coupe le commentaire. Nous la plaçons à un endroit moins gênant pour la lecture.136. Ce commentaire de la seconde main se trouve, dans l'édition Wessner, après le mot "possit" et sépare le commentaire de la citation de Ménandre. Nous le plaçons ici à ce qui est sans doute sa juste place, puisqu'il commente un mot du vers 407.137. Ici se place dans l'édition Wessner l'ajout de la seconde main, qui, de toute évidence, brise la logique du commentaire. Nous la plaçons là où elle est la plus pertinente.138. Wessner édite "cadere spe" qui n'a guère de sens, car Térence dit "uxore excidit". Suivant le manuscrit V avant correction, nous préférons éditer ici "saepe".139. La seconde main coupe ici le commentaire ; nous restituons la succession la plus claire.140. La seconde main coupe ici le commentaire; nous restituons la succession la plus claire.141. Wessner édite après ce lemme le commentaire que l'on trouve en 443, 3. Nous laissons quant à nous ce lemme vide, car la répétition du commentaire ne se justifie absolument pas. 142. Wessner édite "perpercit", mais un parfait dans ce contexte est difficilement compréhensible, à moins de construire "parcere ne". Nous choisissons de reprendre en partie une conjecture de Teuber.143. Le commentaire de ce vers présente des signes évidents de désordre, ou d'une fusion incomplète de deux versions. Le commentaire de 457, 1 est intégralement repris en 457, 5 et 457, 2 et 4 présentent de fortes similitudes. Nous laissons cependant le texte tel qu'il est en raison de l'intérêt que peut présenter ce texte pour la formation même du commentaire.144. Nous supprimons ici de l'édition Wessner le "ut" rajouté par Schopen qui croit reconnaître une citation d'Eun. 1, 9-10, dans ce qui est sans doute plutôt un énoncé général.145. Le commentaire de la seconde main se place ici et brise complètement la logique de l'explication onomastique. Nous le plaçons à un endroit plus commode.146. Le texte de Wessner "in proscaenio" fait contresens. Car l'acteur est en fait dans les coulisses ou "postscenium", pour donner l'illusion que le personnage crie depuis l'intérieur de la maison. Nous rétablissons le mot "postscaenium" évident en raison de la suite du commentaire.147. Le texte est ici particulièrement délicat, même si le sens se comprend aisément à partir de ce qui suit, en particulier de la mention des "pudica" dans la réponse aux reproches faits à Térence. Il s'agit de toute évidence de considérer qu'en disant "on la lave", les poètes euphémisent le fait qu'on lui lave les organes génitaux. On peut donc faire droit à la conjecture de Sabbadini qui lit "pro parte totum". Reste alors à reconstituer le reste à partir du texte des MSS: "cum lauisse se aut non lauisse pro parte totum significantes". "Significantes" n'étant pas constructible en l'état, on peut sans doute penser à faire droit en partie au texte de V "significat" ou peut-être plutôt "significans". Il reste alors à comprendre ce qui a pu se passer dans le segment "cum lauisse se aut non lauisse". Remarquons d'abord que "aut non lauisse" a l'air d'une glose insérée sur un passage mal compris ou peut-être pour sauver un segment "cum lauisse se lauisse" qui n'a aucun sens. Peut-être faut-il alors comprendre "cum lauisse sexum lauisse pro parte totum signifians" et traduire "en voulant dire avec le verbe 'lauisse', lui laver les parties génitales en utilisant le tout pour la partie". Térence est alors plus près du sens propre en ce qu'il substitue au très euphémistique "elle", le moins euphémistique neutre pluriel qui renvoie aux "muliebria pudenda".148. Wessner éditait ici une initiale "F." (pour "Frygii" probablement), mais nous normalisons l'orthographe sur la foi de V, qui porte bien "Ph".149. Ici se place le commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.150. Ici se place le commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.151. Ici se place le commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.152. Nous éliminons comme Wessner le texte "propter quid", réitération d'un segment précédent.153. Ici se place un commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.154. Ici se place un commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.155. Ici se place un commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.156. Nous corrigeons une erreur de Wessner dans la numérotation de la scholie.157. Wessner juge bon ici de restituer le début de la citation qu'il ne trouve pas dans les MSS, mais il a manifestement tort, car le texte est parfaitement clair si l'on remet la seconde main à une place plus logique qu'au milieu d'une scholie.158. Wessner ajoute, pour la cohérence du propos, un "Chremem" qui n'est pas dans les mss. Notons qu'une partie de la tradition térentienne le connaît aussi. Il rend pourtant amétrique le vers, dont Donat cite dans les deux lemmes tous les mots nécessaires et suffisants pour former le sénaire iambique attendu et consensuellement édité par les éditeurs de Térence. Peut-être le mot, dernier de la scène, est-il entré erronément dans le texte à partir de la notice de scène suivante ("CHREMES SIMO") ?159. L'ajout de la seconde main se place ici est brise la continuité du commentaire. Nous le déplaçons à un endroit moins gênant.160. Erreur manifeste de numérotation chez Wessner (5). Nous corrigeons.161. L'ajout de la seconde main se place ici est brise la continuité du commentaire. Nous le déplaçons à un endroit moins gênant.162. L'annotateur place ici un commentaire qui brise la logique du développement. Nous le plaçons à un endroit plus commode.163. L'annotateur place ici un commentaire qui brise la logique du développement. Nous le plaçons à un endroit plus commode.164. L'annotateur place ici un commentaire qui brise la logique du développement. Nous le plaçons à un endroit plus commode.165. De façon assez étrange, Wessner conserve le texte des manuscrits en y voyant un locus desperatus et édite "✝pronuntiabat habetur significatio✝" qui n'a évidemment aucun sens. On voit pourtant à son apparat comment ce passage a pu se corrompre jusqu'à devenir incompréhensible. V porte "pronoĩe hoc non habet significatum". Le tilde sur le mot paraît indiquer une forme "pronomine" (à l'ablatif, induit par "hoc"). A défaut d'un texte sauvable sur tout le passage chez A et B, on peut cependant leur accorder "significatio" et considérer que "pronomine hoc habet significatio" a pu dérouter et entraîner dès le stade β des tentatives de restauration. Toutefois le sens est clair. Donat veut dire ici qu'"inter "n'est pas une préposition, mais un préverbe, ce qu'il explique ensuite. Nous pouvons donc en conservant tout ce qui est récupérable dans les MSS proposer une restauration comme "pronominis hoc non habet significationem".166. Nous éditons "successus esse fortunae" en nous conformant aux manuscrits BC et V qui ommettent "atque". Le sens nous paraît plus clair ainsi.167. Le commentaire de la seconde main brise ici le raisonnement, nous le déplaçons là où il doit se trouver pour respecter la logique de l'argumentation.168. Le commentaire de la seconde main brise ici le raisonnement, nous le déplaçons là où il doit se trouver pour respecter la logique de l'argumentation.169. Eius uicinitatis edd.170. Wessner éditait le lemme "a nobis" entre cruces alors qu'il est bien placé et cohérent avec la scholie. Nous supprimons les cruces.171. Wessner affectait les trois scholies suivantes au même vers 776 mais étant donné qu'elles portent sur des éléments du vers 777 nous les décalons pour les remettre à leur place.172. Le commentaire de la seconde main brise la logique de cette scholie. Nous le déplaçons à une place moins gênante.173. De toute évidence, Donat lit ici "at", "aut" ou quelque chose de ce genre.174. Il est difficile de dire à quoi correspond cette initiale, qui n'a pas d'équivalent dans la tradition térentienne. Certains manuscrits proposent "tibi".175. Bien qu'il puisse se comprendre à cet endroit, nous déplaçons légèrement le commentaire de la seconde main, afin de maintenir la cohérence des citations.176. Wessner considère probablement à juste titre que "rebus" ici, impossible dans le vers, est un ajout de scribe pour préciser le sens du vers.177. Donat note que le titre est certes emprunté à Ménandre et qu'il s'agit d'un titre "de loco" (sur cette typologie du titre des comédies, voir Evanthius VI, qui évoque "Andria" à côté de "Leucadia" et "Brundisina" comme titre bâti sur un nom de lieu). Mais en même temps, ce titre est, très tôt dans la pièce, justifié par un mot du texte, "Andria", au vers 73.178. Donat veut dire que le titre de cette palliata est grec, condformément aux usages de Térence, dont tous les titres sont des mots grecs. Simplement, ici, on pourrait croire que c'est du latin, puisque "Andria" peut être le féminin d'"Andrius", adjectif latin bâti sur un nom propre grec. Il n'y a pas d'ambiguïté en revanche avec des titres comme "Heautontimorumenus", "Adelphoe", "Hecyra", "Phormio", "Eunuchus" qui ont tous quelque chose, dans leur forme même (y, ph, ch, heau-), qui empêche de les considérer comme des mots latins.179. Sur l'opposition typologique "motoria" vs "stataria" des comédies, voir Evanthius IV, 4.180. Sur l'édition de ce texte malmené, notamment pour ce qui concerne les "pères pleins de piété", voir la note apposée au texte latin. D'évidence, il s'agit de montrer là un catalogue des rôles types de la comédie romaine et de dire que Térence s'est bien conformé aux lois du genre.181. Sur cette double paire inattendue d'édiles, voir la note apposée au texte latin. Il s'agit là d'une confusion, sans doute entretenue par la tradition manuscrite plutôt que par Donat lui-même, entre deux représentations, l'une sous les édiles Fulvius et Glabrion (c'est la première, en 166), l'autre sous les édiles Minucius et Valerius.182. On admet généralement qu'il faut comprendre non pas "fils de Claudius", comme on pourrait s'y attendre, mais "affranchi" de Claudius. Les manuscrits portent néanmoins bien la mention "filius". Si ce n'est pas une erreur de Donat, ce peut être un ajout de l'archétype, comprenant "Flaccus Claudi" comme sous-entendant évidemment "dilius".183. Comprendre que la formule normale est "Terenti Andria" (Térence, L'Andrienne), mais que, le poète étant totalement inconnu, l'effet publicitaire de son nom est absolument nul. On préfère donc donner le titre d'abord, afin d'intriguer les spectateurs avec le sujet, sans risquer de les effrayer avec un poète nouveau. Voir Evanthius VIII, 1.184. Voir Evanthius III, 2.185. C'est-à-dire en costume grec (pallium).186. L'invocation à la déesse des accouchées Junon Lucine ("Iuno Lucina, fer opem, serua me obsecro!") est celle que font les parturientes lors de l'accouchement. Dans cette pièce, Glycère prononce cette formule rituelle au vers 473 depuis la coulisse. Elle ne paraît donc pas effectivement sur la scène.187. Par le verbe "sortir" (egredior), Donat entend non pas "sortir de scène", comme aujourd'hui, mais sortir d'une des maisons qui constituent le décor. Il faut donc comprendre que ce qui pour Donat est une "sortie" est pour nous une "entrée".188. Les entrées sont limitées à cinq, mais rien n'oblige le poète à faire entrer tous ses personnages cinq fois.189. Sur la question de la délimitation des actes, voir Nicolas (2007 b).190. Fine remarque de dramaturgie. Les mouvements d'une maison à l'autre (lesquelles figurent dans les éléments du décor) sont très rapides puisqu'elles sont voisines. Il ne faut donc pas s'étonner de ce qui pourrait passer pour une compression du temps scénique : c'est en réalité un temps vraisemblable.191. Il s'agit des éditeurs et commentateurs antérieurs de Térence, Donat affirmant ainsi qu'il reprend la division traditionnelle de la pièce, sans préjuger outre mesure de sa valeur.192. C'est-à-dire qu'ils ont supposé des changements d'acte là où il était possible de voir un moment de scène vide, même si rien dans le texte ne le laisse explicitement supposer.193. Comprendre que Térence souffre de se voir dénié le titre de poète que le prologue lui rend ici.194. Donat montre ici qu'il procède, en plus du commentaire, et évidemment en préalable, à l'établissement du texte térentien. Il choisit entre deux leçons celle qui lui paraît plus conforme, dans la mesure où la structure proposée comme la meilleure se retrouve plus bas dans le texte. Cette méthode comparative est tout à fait semblable à celle des modernes.195. Donat souligne que "ut" peut être aussi un adverbe, toutefois, dire que c'est "parfois" une conjonction revient à nier que dans l'immense majorité de ses emplois "ut" est une conjonction. Mais la raison d'être principale de cette scholie est de signaler qu'ici la structure térentienne s'apparente à un verbe de crainte, comme si implicitement il fallait comprendre "id sibi negoti credidit solum dari, timens ut populo placerent", ce qui revient à dire "timens ne non populo placerent". Cela peut sembler bizarre car on a le sentiment que la complétive en "ut" développe naturellement le verbe d'effort "id negoti dari" (se donner pour mission de), sans sous-entendre d'idée de crainte.196. Donat note qu'on pourrait attendre "fabulae" au nominatif (sujet de "placerent") plutôt que "fabulas" à l'accusatif, objet de "fecisset". C'est cette mécanique de l'attraction de l'antécédent dans la relative qu'il appelle ici syllepse, une syllepse de cas en l'espèce.197. Fine remarque fondée sur une étymologie bilingue. Le poète "fait" des pièces, ou "fait" des vers, car, étymologiquement, le mot grec que les Latins ont transformé en "poeta" veut dire "faiseur". 198. Ce commentaire n'est pas très clair, en particulier pour ce qui concerne le lien avec la citation virgilienne. Toutefois, le contexte du passage virgilien peut éclairer le sens : le poète se prépare à évoquer les origines du conflit qui va constituer la fin du poème. C'est donc la logique même des choses qui le conduit à présenter Latinus.199. Donc écrire que le poète croit quelque chose reviendrait à donner à la chose crue un faible crédit, alors que dire que le poète comprend quelque chose donne à ladite chose un statut de vérité. Donat note donc, au moyen de cette differentia, un choix des mots judicieux.200. Cet exemplum illustre, dans le traité cicéronien, le développement ex contrario.201. "Qui" n'est donc pas ici le pronom relatif (dans une relative à valeur finale au subjonctif), avec comme antécédent le sujet du verbe "abutitur" représentant "le poète" (il perd son temps, non pas en homme qui... mais en homme qui). Ici, "qui" est adverbe relatif, issu de l'ablatif neutre archaïque du pronom : "...écrire des prologues, chose grâce à quoi il ne raconte pas l'argument mais grâce à quoi..."). Peut-être peut-on comprendre aussi que "qui" est adverbe interrogatif : "il s'épuise à chercher non pas comment raconter l'argument mais comment répondre". Qu'il s'agissde d'une relative à valeur finale ou d'une interrogative indirecte, "ut" est un substitut possible de l'adverbe "qui", avec qui il partage le sens de "afin que" et celui de "comment".202. La différence dont parle Donat ne se trouve pas dans Les Tusculanes telles que nous les avons, ni ailleurs chez Cicéron. Pro Fonteio 37 Pro Flacco 7 203. Differentia qui distingue deux synonymes en fonction de la portée de leurs compléments respectifs. C'est la même méthode que ci-dessus en And. 5 pour "utor" et "abutor". Comprendre ici encore que Térence est justifié dans le choix de son vocavulaire : s'il avait utilisé "uituperare", il aurait plaidé coupable en quelque sorte, puisqu'on utilise ce verbe pour des reproches fondés. En utilisant "uitio dare", il signale la mauvaise foi de son adversaire.204. Simple remarque sur, implicitement, l'ordre des mots, qui paraît faire porter l'adverbe sur le segment le plus proche quand il fonctionne en fait sur le segment plus éloigné.205. Après avoir évoqué au singulier son adversaire ("maleuoli ueteris poetae"), il passe ici au pluriel "dent" pour paraître amplifier l'attaque injuste dont il est l'objet. Il en va de même dans le passage virgilien. On est dans un discours d'Amata qui s'adresse au seul Turnus et tente de le dissuader d'engager le combat singulier avec le seul Enée. Mais elle utilise l'ethnique pluriel "Teucris", pour évoquer le seul Enée.206. L'exposé des griefs est en réalité ce qui suit, c'est-à-dire l'exposé des griefs que Luscius a contre Térence.207. Donat atteste une variante textuelle "animum attendite" (sans incidence sur la métrique), qui ne semble pas attestée dans la tradition térentienne. En tout cas, il montre que dans la forme "animaduertite" (présente dans le lemme), la structure archaïque postulée "animum aduertite" est encore tout à fait pereptible car, comme le montre la fin de la scholie, le remplacement ne se fait pas entre "animaduertite" et attendite" mais entre le seul "aduertite" et "attendite", avec "animum" comme complément dans les deux cas.208. Donat poursuit sa réflexion autour de la désignation des poètes par un dérivé du verbe grec signifiant "faire". Cf. 3, 3.209. Cette référence chiffrée est absolument exceptionnelle, et donc pourrait paraître suspecte. D'ordinaire les Anciens sont beaucoup plus vagues et disent "dans le premier acte", ou "dans le début", etc. Néanmoins les mss. sont assez unanimes ("undecim" en totues lettres chez V, "XI" chez A. Hésitation dans le comput entre 20 et 21 ("XXti" comme "uiginti" ou "XXI" ?).210. C'est-à-dire la forme syncopée et la forme pleine du même verbe au même temps et à la même personne.211. Comprendre selon Donat non pas "elles ne sont pas à ce point dissemblables", comme l'induit l'ordre apparent des mots, mais "ainsi, elles ne sont pas dissemblables". Mais les scholies 3-4 disent l'inverse.212. Donat voit de l'anacoluthe là où au lieu d'un binôme de corrélatifs on ne trouve que l'un des éléments du diptyque. VoirAnd. 94 ; 881 ; Ad. 110 ; 159 ; etc.213. Contradiction avec la scholie 1, car ici et dans la scholie précédente, le commentateur analyse "ita" comme ayant sa portée sur "dissimili" : "elles ne sont pas tellement dissemblables". Cette modalisation permet d'authentifier la différence : elles se ressemblent, certes, mais elles sont deux. La scholie 12, 1 continue cet argument.214. Comprendre : l'ajout d'"ita" amenuise la faute de Ménandre, qui s'est auto-plagié dans les deux pièces L'Andrienne et La Périnthienne ("il a presque fait la même pièce mais pas tout à fait quand même") ; et l'ensemble de l'argument vaut éloge de Térence.215. Dans cette differentia, Donat veut dire que le poème, parce qu'il est acte de langage, rentre dans les catégories les plus générales de classement des discours.216. Le reproche que fait le poète concurrent Luscius de Lanuvium à Térence est donc celui de la "contaminatio", la fusion de deux pièces modèles en une seule, péché d'auteur qui a pour effet de gaspiller les sources grecques. Voir le vers 16.217. La notion de "commodum" est ici proche de celle de πρέπον. Cicéron (Inv. 1, 33) emploie d'ailleurs "commode" à propos de L'Andrienne de Térence : "Partitur apud Terentium breuiter et commode senex in Andria, quae cognoscere libertum uelit" (Le vieillard dans L'Andrienne de Térence fait un plan bref et approprié de ce dont il veut informer son affranchi).218. Première apparition dans le commentaire de la méthode des problèmes ("quaestiones", ou "problemata", ou "zetemata"), lieux difficiles à interpréter ou contradictoires, et pour lesquels le commentateur propose une solution (voir l'emploi ici de "soluitur"). On se pose donc à soi-même une question ("Pourquoi Achille joue-t-il de la lyre à ce moment-là du récit, alors qu'il devrait être très énervé ?") et on y répond ("parce que cela le calme"). Ainsi, on disculpe le poète commenté d'une faute narratologique pressentie. En l'occurrence, face à l'évidence, Donat explique que Térence ne peut guère que plaider coupable dans ce soupçon de contamination.219. "Vituperant" est ici expliqué étymologiquement, morphème par morphème et dans l'ordre des formants, par "uitium parant". La reformulation met en évidence la forme interne du mot.220. Donat précise qu'on peut lire soit "faciuntne etc.", avec la particule interrogative enclitique "-ne" (e bref), soit "faciunt, ne, etc.", avec adverbe "ne" (e long), renforcement d'une affirmation. Du coup, le "quorum" (parmi eux) de la scholie 1 ne saurait reprendre les seuls tenants de l'affirmation, qui seraient l'objet d'une subdivision, car la scholie serait alors incohérente. Il reprend en fait les deux catégories et complète la première information : "ne" équivaut à "nonne" (donc c'est un interro-négatif) ou biern il équivaut à "ualde", donc c'est une affirmation renforcée. C'est plutôt, d'ailleurs, vers cette deuxième solution qu'il semble pencher dans la scholie 3. De toute manière, la scansion n'est ici d'aucun secours pour choisir entre les deux options.221. Donat place Ennius au-dessus de Plaute sans doute parce qu'il est poète épique et non comique. De ce fait, Donat reprend à son compte la hiérarchie des genres. On sait en quelle estime était Ennius à l'époque de Cicéron, mais le fait que Claudien (Cons. Stil. 3, praef.) se compare encore à lui à la fin du IVe siècle montre que cet auteur, à défaut d'être sans doute encore lu couramment, demeurait la référence pour la poésie antévirgilienne.222. Remarque morpho-sémantique : le subjonctif ne dispose pas de moyen d'indiquer le futur, donc c'est le lexique qui y supplée : "qu'ils restent calmes à l'avenir".223. Donat note ici une adresse au public. Tout se passe comme si, dans son rôle d'avocat du poète, Prologue jouait la comédie du tribunal. Il parle de son ou ses adversaires à la troisième personne, utilise le péjoratif "isti" (vers 15, voir la scholie ad loc.) et, dans les moments forts, interpelle le public, comme 'lavocat le fait avec le jury. C'est aussi une manière d'expliquer que l'adresse se fait au public et non aux adversaires, comme cela aurait pu être le cas, comme au tribunal.224. La deuxième main propose une sorte d'explication étymologique du verbe "faueo" compris comme "fauorem facio".225. Le jeu sur "orator" / "exorator" explique le jeu précédent sur "cognoscite" / "noscite". Il s'agit d'un jeu sur les variations de préfixes. Sur le texte de la scholie, voir la note apposée au texte latin. Le rapprochement entre les deux pièces est sans doute facilité par le contexte juridique des deux prologues.226. Il faut se souvenir que L'Andrienne est la première comédie représentée par Térence. Donat tient compte ici de l'évolution de la pensée du poète au fil de sa carrière.227. Donat rappelle que la forme "reliquum" peut en latin archaïque être sentie comme un génitif pluriel. Et il signale que l'orthographe correcte est "reliquum", non "relicum" ou "relicuum". Cette question est relayée par Cassiodore dans son De orthographia (GL 7, 158).228. Donat envisage en réalité deux manière de composer une pièce. Soit le poète invente totalement l'intrigue, soit il l'emprunte à un modèle grec, mais, dans ce cas, il n'a pas le droit de recourir à une autre pièce grecque qu'il mêlerait à son modèle dominant. C'est ce que signifie "laisser le modèle grec intact", autrement dit se contenter de le traduire.229. Placée ici cette scholie n'a pas grand sens, mais ce que dit Donat est évident. A partir du moment où Térence attire l'antécédent "comoediae" dans la relative, celui-ci devient obligatoirement "comoedias", le retour au nominatif est alors assez brutal car on lit "comoedias spectandae", ce qui ne peut manquer d'évoquer au commentateur la figure de syllepse.230. Dans L'Eunuque, 565-566, Donat commente de la même façon le substantif "spectator" qui signifie selon lui "connaisseur". Autant ce sens paraît s'imposer dans L'Eunuque, autant ici le sens courant de "regarder" paraît suffire. Le commentaire est sans nul doute induit par "exigendae" qui constitue l'autre terme de l'alternative.231. Donat donne une sorte d'étymologie bilingue. L'élément "-igendae" est rapproché à juste titre du verbe "agere", et le préverbe est dit en grec, pour souligner qu'il a bel et bien son sens spatial, car, à l'époque de Donat, "exigere" ne veut plus dire de manière courante "mettre dehors", mais "exiger".232. L'expression "argumenti narratio" définit cette première scène comme une scène protatique (cf. Evanthius à propos de la "protasis" (7, 4) : la protase est le premier acte de la fable, où l'on développe une partie de l'intrigue, "pars argumenti").233. Dans la pièce de Ménandre, c'était un monologue du vieillard qui servait d'exposition. Voir Prol. 14.234. Cf. Prol. 6, 1 : "non qui argumentum narret" : en effet, on n'a pas eu affaire ici à un prologue "argumentativus", mais à un prologue "commendativus" (Evanthius, 7, 2).235. Cf. Evanthius 3, 2 pour la définition des "θεοὶ ἀπὸ μηχανῆς" : ce sont les dieux qu'on descend de la machine pour qu'ils viennent raconter l'intrigue.236. Série de scholies de "mise en scène". Simon parle à des esclaves muets, mais effectivement présents sur scène, des utilités que Donat appelle ordinairement des κωφὰ πρόσωπα (personnages muets), et met à part Sosie pour lui parler. D'où les jeux de scène proposés de mouvement et d'intonation ("molliter") pour faire comprendre les passages du pluriel au singulier.237. Evanthius (3, 2) : les personnages protatiques sont des personnages extérieurs à l'intrigue et qu'on met sur scène. Evanthius note que Térence en fait un usage fréquent pour faire connaître plus facilement l'intrigue.238. "Et" conviendrait que "ou" mieux au développement de l'ellipse. En effet, le tour non elliptique serait "paucis uerbis te uolo colloqui".239. La remarque concerne à nouveau "dum", cette fois accroché à une interjection.240. L'intertexte de la seconde main est ici clairement un passage de Quintilien résumant un passage du Gorgias de Platon : cf. Quint. 2, 15, 25.241. L'emploi du verbe grec s'explique probablement par la construction au datif grec qui suit, impossible en latin. Le commentateur normalise la construction en remontant la phrase grecque jusqu'au verbe. L'ensemble est induit par le fait que Donat a souhaité démarquer les autonymes latins "nempe" et "immo" par l'article grec, qui sert de délimiteur d'autonymie (ainsi chez des grammairiens latins, par exemple Priscien). Le verbe remplace ici le terme "antithesis", qui est formé sur lui et qui est d'allure plus technique. On retrouve le verbe dans le commentaire aux Adelphes, 72, 2 (καλῶς ἀντέθηκεν), sans que l'emploi du grec soit cette fois justifié par quoi que ce soit.242. Cette étymologie se trouve chez différents grammairiens. Ainsi chez Probus (GL 4, 47, 16) : "Nam et Graeci ἀπὸ τῆς ἀρετῆς, a uirtute, censebant artem esse dicendam. Vnde et ueteres artem pro uirtute frequenter usurpant" (de fait, les Grecs aussi pensaient qu'il faut faire venir "ars" de ἀρετή. De là vient également le fait que les Anciens employaient fréquemment "ars" à la place de "uirtus"). On la trouve également chez Cassiodore, Diomède, Isidore de Séville. Gavoille (2000) analyse ainsi ce rapprochement : "Cette étymologie synchronique a le mérite de nous renseigner sur la conscience des utilisateurs de la langue : c'est une notion commune de performance ou d'excellence qui doit motiver le rapprochement avec ἀρετή". Cette "notion commune" d'excellence explique l'emploi fréquent de "ars" à la place de "virtus" dont parle Probus.243. "Remarquable", en raison de la non-conformité de ces qualités avec l'éthos habituel de l'esclave de comédie.244. Il s'agit d'une remarque de syntaxe opposant la proposition interrogative indirecte en "quid" à la relative en "quod". Donat paraît comprendre que "exspecto quod uelis" signifierait quelque chose comme "j'attends un signe de ta volonté", sans impliquer que le personnage désire savoir ce que l'autre veut. Donat construit quand à lui "exspecto scire quid uelis" (j'attends pour savoir ce que tu veux). C'est en quelque sorte la construction d'"exspecto" qui lui donne son sens de verbe de désir.245. Chez Cicéron, la recommandation est ce qui permet de se montrer sous un jour favorable. Or., 124 : "Principia uerecunda, nondum elatis incensa uerbis, sed acuta sententiis vel ad offensionem aduersarii uel ad commendationem sui". (Trad. A. Yon : [à propos de l'homme éloquent] Ses exordes seront réservés, sans être encore enflammés par l'emploi d'un vocabulaire élevé, mais aiguisés de traits destinés soit à jeter le discrédit sur l'adversaire, soit à se faire soi-même bien voir). 246. Et non pas la répétition d'un fait ponctuel comme le français "au restaurant il prend toujours un café", face à "il est toujours imperturbable".247. Selon Cicéron (Or., 201) : "materia in verbis, tractatio in conlocatione verborum" (la matière réside dans les mots, la disposition porte sur leur placement).248. Un terme qui équivaut certainement au grec χάρις. Cicéron ne parlerait pas de "gratia" (terme trop connoté politiquement et socialement à l'époque classique), mais de "uenustas". Ici, cette grâce résulte de ce que Térence a trouvé l'expression la plus juste, la disposition des mots la plus exacte. A comparer avec ce que dit Cicéron des proverbes et mots d'esprits, qui perdent leur "uenustas" si on change l'ordre des mots (De Or., II, 258 : mutatis uerbis non possunt retinere eamdem uenustatem (une fois changé les mots, les passages ne peuvent garder le même charme).249. Donat trouve "gracieux" le fait d'exposer successivement et dans l'ordre logique les deux états successifs du personnage d'autant que ces deux états marquent une progression considérable dans le statut social de Sosie, de même que, pour le malade, recouvrer la santé constitue un progrès notable.250. C'est-à-dire que "libertus" suppose que l'on soit affranchi par quelqu'un et donc on n'est "libertus" que si on a un "patronus". Il en va donc de ce mot comme des célèbres noms relatifs "père", "fils" etc. qui supposent que, pour être père, il faut des enfants, pour être fils, il faut un père, etc.251. On voit mal par quel procédé, tant les deux citations sont dissemblables. Peut-être est-ce "scis ut" qui constitue l'emprunt virgilien à Térence.252. Simon attend maintenant une réciprocité au bienfait qu'il a eu envers Sosie.253. Ce qui suppose que l'auteur de la prétendue seconde main a sous les yeux le texte "multo" dont Donat dira un mot en scholie 6.254. Donat oppose deux constructions : soit on comprend "le reproche que l'on fait à quelqu'un qui a oublié un bienfait" (dans ce cas "inmemoris" est complément de "exprobratio" et "beneficii" complément d'"inmemoris", soit on comprend "exprobratio benefici inmemoris" (le reproche d'un bienfait oublié) et "inmemoris" est épithète de "beneficii".255. Remarque grammaticale dont on trouve l'écho chez Priscien (GL, 2, 341, 3) : "antiquissimi hic et haec memoris et hoc memore proferebant" (à l'époque très archaïque on disait "memoris, memoris, memore", au masculin, féminin et neutre). L'adjectif dont le neutre est "immemore" est attesté au féminin "immemoris" chez Cécilius Statius (frg. 31Ribbeck=Epiklèros 2). La remarque de Donat est ici à la fois morphologique (le génitif "inmemoris" qu'on trouve chez Térence procède d'un adjectif archaïque "inmemoris, -is, -e", et non du classique "inmemor, -oris") et sémantique (l'adjectif signifie non pas "qui n'a pas de mémoire" mais "qui ne laisse pas de trace en mémoire", "qui se laisse oublier"). 256. Donat signale une syllepse de cas, qui produit l'énoncé "has non sunt uerae nuptiae" au lieu de "hae non sunt uerae nuptiae". Le démonstratif est en fait inclus dans la proposition infinitive en qualité d'attribut de l'objet ("ce mariage que tu crois tel n'est pas authentique").257. Donat reprend largement Cic, De Inv., I, 33 (à propos de la "partitio", ici nommée "divisiones)", mais est encore plus précis que Cic (ex. : il indique qu'on a une division de la vie du fils en deux parties). But de la "partitio", selon De Inv. : la "partitio" (ou ici "divisio") n'implique pas une vue parcellaire du plan du discours, mais plutôt une vue complète ("absolutio", De Inv., I, 32[20]), permettant une appréhension synthétique du propos.258. Ephebia est un hapax de Donat.259. Ce texte, chahuté par la tradition (voir note apposée au texte latin), est en réalité un commentaire extrêmement subtil. Donat, qui lit sûrement, comme une partie de la tradition térentienne, "prohibebat" au lieu de "prohibebant" (sans quoi il ne saurait y avoir trois solutions), commence par dire que le groupe "aetas metus magister" fonctionne comme un seul sujet qui se construit "l'âge, ce maître ès peurs". Dans ce cas, "metus" est un génitif complément de "magister", lui-même apposé à "aetas". Puis Donat indique que le groupe "aetas metus magister" peut également former deux sujets, "aetas" d'un côté, de l'autre "metus magister", où "magister" est apposé au nominatif "metus", ce qui se comprend, comme l'indique sa reformulation : "l'âge, la peur (ce maître)...". Enfin, dans la scholie 3, il indique qu'il peut y avoir trois sujets juxtaposés et qu'on peut comprendre : "l'âge, la peur, le pédagogue".260. En fin de phrase cela se nomme "productio".261. La faute est dans le passage d'un inanimé "studium" à un animé "philosophos".262. Cf. 67, 40 et Evanthius, à propos de l'usage que la nouvelle comédie fait des "utiles sententiae".263. Voir par exemple, Laelius, 89 qui cite et commente ce vers dans un sens bien plus moral.264. D'après le De Inventione, l'honestum n'est pas sur le même plan que le probabile et le necessarium. L'honestum est un genre de cause (genus causarum, De Inv., I, 20) ; il est aussi un précepte du genre délibératif (ad deliberationem praeceptum, II, 157), avec l'utile. Le necessarium et le probabile sont des modes de l'argumentation (I, 44 : omnis argumentatio…aut probabilis aut necessaria esse debebit).265. Le vraisemblable est une des qualités de la narration (ueri similem esse et apertam et breuem, De Or., II, 83).266. Sur ce passage voir la note apposée à Pho. 95, 2.267. Donat souligne ici sans doute un jeu métathéâtral. En disant l'Andrienne, Sosie peut tout aussi bien vouloir dire L'Andrienne qui va être représentée. Voir scholie 2.268. Donat constate que pour un même adjectif de la première classe, il existe deux formations adverbiales, l'une attendue "dure", l'autre inattendue puisque théoriquement réservée aux adjectifs de la deuxième classe "duriter". Mais la coexistence des deux formes suppose chez lui une différence de sens. Toutefois les grammairiens latins ont de forts doutes sur l'existence de la forme "dure". Cela est d'autant plus troublant que Donat se contredit. Il commence, en conformité avec sa grammaire, par dire que "duriter" fait exception et qu'on devrait avoir "dure" qui n'existe pas, puis il atteste l'existence du doublet en créant (ou reprenant on ne sait trop d'où) une differentia. Priscien est le seul des grammairiens avec ce passage de Donat à accorder quelque crédit à l'existence de "dure", qui de fait est attesté chez Cicéron (une fois), Horace (une fois) et Apulée. L'exemple d'Horace (Ep. 2, 1, 66, avec "antique") montre cependant que le mot doit être archaïque. L'emploi des démonstratifs ajoute encore à la confusion, puisqu'on aboutit à un énoncé absolument contradictoire sur le sens de "duriter", qui renvoie à la notion de peine dans l'expression "illud ad laborem", alors que Donat vient de dire que "duriter" est "sine sensu laboris".269. Donat comprend "un et un autre de deux", ce qui revient à dire qu'il y a trois amants, ce que confirme les vers 86-87, où on voit Phèdre, Clinias et Nicératus se partager les faveurs de la courtisane. Ce qui est assez forcé, c'est de tirer de l'exemple virgilien l'idée que "alter" désigne le troisième et non le deuxième car chez Virgile "alter ab undecimo" signifie "neuvième" et non "dixième". Grammaticalement il appuie son raisonnement sur la présence d'une succession "unus alter" là où l'on attendrait soit "primus alter", soit "alter alter". Dans ces deux cas, "alter" ne signifierait que "deuxième".270. Donat veut absolument disculper la courtisane. Pour cette raison, il considère que Térence fait imputer à la volonté de la jeune femme ses activités honnêtes et à la nature humaine, contre laquelle on ne peut sans doute rien, les activités de prostitution qu'elle exerce ensuite.271. Il s'agit évidemment d'un commentaire étymologique.272. Donat distingue dans la forme "esset" deux homonymes, qu'oppose la quantité du "e" initial. Avec "e" long, il s'agit du verbe "edo" (manger), avec "e" bref il s'agit du verbe "être". Donat semble vouloir dire que ses exemplaires peuvent porter des signes permettant d'indiquer la quantité quand celle-ci pose une difficulté en influant sur le sens, comme ici. On pourrait supposer un recours au macron ou à l'apex. On notera de plus que les deux solutions "être" ou "manger" sont possibles ici, tant pour la prosodie (indifférente) que pour le sens.273. L'idiotisme paraît ici reposer sur le recours à une métaphore empruntée à la chasse. Cela dit, on voit mal en quoi cela est spécifique du personnage. On pourrait supposer que le texte n'est pas exactement celui-là, mais plutôt "captus est habet ἰδιωτισμός id est uulneratus est etc.", la scholie portant alors sur les deux expressions rattachées au vocabulaire du Cirque.274. Cette remarque a probablement pour but soit 1-d'éviter la confusion avec l'impératif de "maneo" (reste), qui serait en incise, soit 2-de souligner que "mane" qui est un nom est ici utilisé de manière adverbiale, autrement dit sans déterminant ni préposition pour garantir qu'il s'agit d'un nom. 275. Donat signale ainsi une asyndète, jugée par les puristes comme anormale entre deux phrases, et complète avec la liaison qu'il déduit du contexte.276. Même tour au masculin au lieu du neutre. Le pléonasme repose sur la présence conjointe d'une négation et d'un forclusif par là-même inutile.277. Ou "si elle était pauvre" ce qui est indiscernable en Latin.278. Donat emploie visiblement συντομία comme synonyme de "βραχυλογία" (formule brève et frappante). Or, traditionnellement (chez Platon, Aristote, Rh. à Alex., chez les sophistes, ou Démétrios de Phalère), "συντομία" désigne une qualité du style, non une formule brève (à la différence de "βραχυλογία", qui peut désigner soit une qualité du style, soit la brachylogie proprement dite). Par contre, les rhétoriques latines classiques, elles, peuvent employer le terme de "breuitas" à la fois pour désigner une qualité générale du style et une forme brève (en l'occurrence la brachylogie : De Oratore, III, 202). L'usage que Donat fait de "συντομία" se fait donc certainement par contamination avec celui du terme "breuitas".279. Le mot "ἀνάμνησις" est ici rapproché de "commemoratio". Les deux termes impliquent que l'on remette en lumière, d'une manière synthétique, des événements connus de tous. Cicéron (Or., 34, 120) emploie, par exemple, "commemoratio" pour souligner l'intérêt pragmatique du bref rappel du passé historique ("commemoratio antiquitatis"). Ici, le rappel est interne à l'intrigue, et sa fonction est essentiellement de "docere". Cette "ἀνάμνησις" met donc en lumière l'extrême cohérence de la pièce, où tout est solidaire et paraît avoir été composé d'un seul tenant (Evanthius 3, 7 : "aptum ex se totum et uno corpore uideatur esse compositum").280. Il y a ici une réflexion sur les limites du genre comique et l'intégration de la mort dans la comédie. En effet, apparemment, la mort n'a pas sa place dans la comédie : cf. Evanthius 4, 2 : "dans la comédie…les attaques et les périls sont de faible portée" (in comoedia…parui impetus periculorum). Mais ici, selon Donat, la mort ne remet pas en cause le comique, pour deux raisons : 1-"cum ad necessitatem argumenti referantur" : cette mort est ici un élément d'une intrigue purement fictive, alors qu'une mort de tragédie, elle, serait tirée de l'Histoire (cf. Evanthius 4, 2 : "omnis comoedia de fictis est argumentis, tragoedia saepe de historia fide petitur"). 2-les conséquences de cette mort ne vont pas contre les principes du genre comique, et en particulier ce principe selon lequel dans la comédie le début est agité et la fin (exitus) paisible (Evanthius), puisque cette mort n'entraîne pas de risques majeurs ("aut meretrix sumitur aut…aut"). C'est pourquoi la comédie, à la différence de la tragédie, demeure, malgré l'évocation de la mort, le domaine du juste milieu ("mediocri tristitia" fait écho aux propos d'Evanthius 4, 2 : "in comoedia mediocres fortunae hominum").281. Donat indique ici qu'un geste doit suffire à en dire long sur le contenu de la pensée du vieillard avant même qu'il ne la formule. Il s 'agit évidemment d'une remarque de mise en scène, indiquant comment il faut à la fois prononcer, gestuer et rythmer ce vers.282. L'"imitatio" (ici "μίμησις") est, note fréquemment Evanthius, aux fondements de la définition de la comédie (Evanth. 5, 1) : il reprend en effet la définition de Cicéron, selon laquelle la comédie… est une imitation de la vie, un miroir de l'usage, une image du réel. Or geste et parole sont les deux éléments qui participent à cette imitation du réel (Evanth. 5, 3 : "comoedia…, quia poema sub imitatione uitae atque morum similitudine compositum est, in gestu et pronuntiatione consistit"). Lorsque Simon s'imite lui-même en train de penser, on a donc, en quelque sorte, une "imitatio" (avec "gestus" et "pronuntiatio") dans l'"imitatio" que constitue la comédie.283. Donat distingue ici cet emploi de "consuetudo" de l'emploi ordinaire du terme qui s'applique au concubinage. Le mot ici est dans son sens le plus neutre de "relation". Voir Pho. 161, 3.284. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. Donat veut dire qu'il faut entendre "familiariter" soit au sens propre et étymologique comme "de manière propre à la 'familia'" (scholie 2) ou métaphoriquement comme synonyme de "grauiter", parce que les affaires de famille nous pèsent sur le cœur (scholie 1).285. Comprendre du nom de la fonction sociale "paterfamilias".286. En réalité non, "efferre" est un mot parfaitement latin. Donat suppose qu'il s'agit d'un emprunt du grec ἐκφέρειν, spécialisé dans ce sens, cf. Hom. Il. 24, 786, alors qu'il ne s'agit bien sûr que d'un héritage commun à l'Indo-européen.287. L'éloge de Pamphile porte donc non seulement sur la beauté, mais sur l'"honestum", qui, selon le De Inv., 1, 53, 159, comporte quatre parties : "Habet [honestas] igitur partes quattuor : prudentiam, iustitiam, fortitudinem, temperantiam (ou "modestia", selon Her., 3, 3 ; selon le De Inv., la "modestia" est une subdivision de la "temperantia") (l'honnêteté a quatre parties, la prudence, la justice, le courage et la tempérance). Ici, c'est la "modestia" de Pamphile que met en valeur Térence. Une "modestia" ainsi définie par le De Inv., 1, 54, 164 : "modestia, per quam pudor honestus caram et stabilem comparat auctoritatem" (La modestie consiste en une honorable réserve qui nous assure une précieuse et durable autorité, trad. G. Achard). Mettre sur scène des courtisanes qui ne soient pas des dépravées est, selon Evanthius (3, 4), une innovation de Térence. Bien plus, il a eu seul l'audace, en recherchant dans des intrigues fictives un haut degré de réalisme, fût-ce contre les règles du genre comique, de mettre sur la scène des courtisanes qui ne soient pas méchantes ("quin etiam solus ausus est, cum in fictis argumentis fidem ueritatis assequeretur, etiam contra praescripta comica meretrices interdum non malas introducere").288. Donat semble vouloir dire que le vers qu'il commente ici, étant elliptique, on pourrait avoir tendance à chercher le verbe qui manque dans le vers suivant. Mais, dit-il, Térence ne procède pas ainsi et se satisfait très bien d'énoncés inachevés.289. Il s'agit d'excuser l'intérêt que le jeune homme porte à la belle pleureuse et ainsi de commencer à le disculper en indiquant que même son père s'est laissé attendrir par ce spectacle.290. "Liberalis" se rapporte au visage parce que l'expression de la jeune femme montre qu'elle n'est pas de condition vulgaire, "honesta" se rapporte à sa beauté extérieure, c'est-à-dire à la façon modeste qu'elle a de se tenir, qui dénote qu'elle n'est pas une courtisane.291. Voir And. 108, 1.292. Donat signale l'étymologie d'"exsequiae" sur le verbe "sequor" (suivre).293. Donat note une asyndète, mais la figure porte en réalité sur ce qui suit, le vers 128 ne contenant aucun mot de liaison.294. S'il s'agit d'expliquer" sepulchrum" par "se" + "pulchrum", alors il n'y a justement pas antiphrase : le composé signifie dasn ce cas "non beau" et est conforme au sens de "sepulchrum" (tombeau). L'étymologie par "se" + "pulchrum" se trouve chez Charisius (93, 6, "seorsum a pulchro"), qui avance également une autre explication : l'élément "se-" viendrait de "semis" (à moitié).295. "Sine pulsu" traduit un étymon théorique"se pulsum".296. Le verbe n'existe pas. Conjecture de Rabbow : "sepelire" s'expliquerait alors par "se-" + "pellere", non attesté, de la famille de "pellere", avec préverbe "se" (chasser au loin, éloigner pour mettre à part), d'où la glose par "separare". La conjecture (avec néologisme "sepellere") est intelligente, car toutes ces étymologies de "sepulchrum" ont en commun d'utiliser un préfixe négatif "se-").297. Ce qui est remarquable aux yeux du grammairien, c'est que "funus", qui signifie ici "le cadavre", est neutre et qu'il est repris ici par un féminin qui désigne la morte.298. Donat souligne ici la valeur généralisante de l'impersonnel.299. La citation virgilienne est tronquée d'un vers entier, le vers 21 de cette Bucolique, ce qui est d'autant plus incompréhensible que c'est le vers qui comprend "flebant" à partir duquel se faisait le rapprochement avec le vers de la comédie. Inadvertance de l'archétype ? Le jeu intertextuel est intéressant puisqu'il s'agit de la mort de Daphnis, le fondateur et le maître de la poésie bucolique, de même qu'il s'agit chez Térence de la mort d'un personnage qui va enclencher tout le mécanisme comique.300. L'argument par la volonté est à la fois dans "dissimulatum" (acte volontaire) et dans "indicat" (acte involontaire) ; l'argument par la possibilité est dans "indicat", en l'espèce "impossibilité" de cacher son amour ; l'argument régressif est plus difficile à déterminer ; sans doute Donat considère-t-il qu'après avoir dit "exanimatus" Térence affaiblit forcément la suite.301. On n'est pas sûr de comprendre ce qu'il y a de remarquable dans cet emploi. S'agit-il de dire implicitement que la description confine à l'hypotypose ? Ou que l'adverbe "ibi" est ici l'équivalent d'un "eo modo" complément de manière ?302. Ce que remarque Donat, c'est le choix systématique d'un tour plus expressif que celui qu'on attend.303. En exprimant l'idée selon laquelle les trois manières de présenter un personnage ("persona") dans une action quelconque sont les suivantes : "affectus", "factum", "dictum", Donat s'inspire visiblement de la définition cicéronienne de la narration concernant des personnes ("personae"), dans le De Inv., 1, 19, 27. L'exemple donné par Cicéron concerne d'ailleurs Les Adelphes de Térence ! "La narration qui concerne les personnes est ainsi faite que l'on a l'impression de voir non seulement les actions ('cum rebus ipsis') elles-mêmes, mais aussi le langage ('sermones') et le caractère ('animi') des personnages" (trad. G. Achard).304. Le rapport entre la citation cicéronienne et le texte commenté est loin d'être évident : sans doute faut-il penser que le point commun est dans la caractère manifeste de ce qui est décrit.305. Et non pas seulement une belle action.306. Donat se livre ici à une formalisation de l'argumentation de Sosie : -Il s'agit d'un raisonnement par conjecture ("ex coniectura"), puisque la controverse repose sur un fait ("factum", De Inv., 1, 8, 11). -Plus précisément, c'est un raisonnement par déduction : la "ratiocinatio" est une adaptation rhétorique du syllogisme, fondée sur des propositions probables ("probabile", De Inv., 1, 34, 57), et qui, une fois exposée et connue en elle-même, se confirme par sa propre force et sa propre justification ("sua ui et ratione)" (trad. G. Achard). Ici, la "ratiocinati"o, qui s'inscrit dans une controverse, est fondée sur l'opposition des contraires ("a contrario").307. Dans l'état de cause conjectural ("coniecturalis constitutio", De Inv., 2, 16, 49, cf. 142, 115, 1), interviennent des lieux communs : il faut attacher foi ou non aux soupçons, aux rumeurs, par exemple ; ou alors (comme ici), il faut attacher foi ou non aux témoignages ("testibus credi oportere et non oportere"). Ici, on a une opposition entre le témoignage de Chrémès et celui de Simon.308. Ils 'agit en réalité d'un commentaire de syntaxe et de ponctuation. Donat ne veut pas que l'on comprenne "indignum facinus comperisse Pamphilum" (que Pamphile a découvert une forfait indigne), mais que l'on comprenne que le sujet de "comperisse" est "Simo" (autrement dit "se" à suppléer dans la proposition infinitive). De ce fait, il demande dans la scholie suivante à ce qu'on ponctue après facinus de manière à ce que la proposition infinitive dépendant de "<se> comperisse" soit bien "Pamphilum pro uxore habere hanc peregrinam". 309. Donat paraît ainsi établir une differentia implicite entre "comperio" et un verbe du type "inuenire". Dans son esprit "comperire" impliquerait que l'emploi de ce verbe suppose, ce qui est souvent le cas, mais pas toujours, que la personne qui instruit est différente de celle qui apprend. Au contraire un verbe du type "inuenire" indique que la personne s'instruit elle-même de ce qu'elle apprend et le découvre par déduction.310. Sur l'"emphasis", cf. Quintilien 8, 2, 11: "Possunt uideri uerba quae plus significant quam elocuntur in parte ponenda perspicuitatis : intellectum enim adiuuant ; ego tamen libentius emphasim retulerim ad ornatum orationis, quia non ut intellegatur efficit sed ut plus intellegatur" (il peut sembler nécessaire de verser les mots qui signifient plus que ce qu'ils disent sous la rubrique de la clarté, car ils aident à la compréhension ; mais pour ma part je mettrais plus volontiers l'emphase en relation avec l'ornemantation verbale, parce qu'elle a pour effet non de faire comprendre, mais de faire comprendre plus), et 8, 2, 83 : "... emphasis, altiorem praebens intellectum quam quem uerba per se ipsa declarant. Eius duae sunt species : altera quae plus significat quam dicit, altera quae etiam id quod non dicit" (l'emphase, qui offre une signification plus profonde que celle que les mots mêmes indiquent. Il y en a de deux sortes : la première qui signifie plus que ce qu'on dit, la seconde qui va même jusqu'à dire ce qu'on ne disait pas). Il y a sans doute un jeu étymologique sur le nom "Pamphilus". Le nom grec "Πάμφιλος" signifie "cher à tous", ce qui n'est certes pas le cas à ce moment de l'intrigue.311. Le "et" de la seconde main est absurde car le "nec" n'a, si on le maintient, plus aucune raison d'être, à moins, ce qui n'est pas impossible mais improbable, que l'on y lise la forme tout à fait courante équivalent à "ne...quidem". Or il se trouve que cette forme ne se rencontre guère chez Donat. En tout cas, s'il y a ici seconde main, il est certain que c'est cela qu'elle a compris ; si la seconde main en revanche n'existe que dans l'imagination de Wessner, il faut comprendre "et il ne dit pas non plus 'amica' etc.", ce qui attesterait chez Donat l'emploi de "nec" pour "ne... quidem".312. Ce que veut dire ici Donat est que Térence fait dire à Simon "en lieu et place d'épouse", ce qui est beaucoup plus grave que de dire "une maitresse". Le paradoxe vient du fait que c'est la situation de concubinage et non le sentiment qui le fait souffrir. Il y a là une préparation d'un dénouement possible. En outre, cela renforce la cohérence du personnage.313. C'est-à-dire que les courtisanes étaient surnommées les étrangères. Dans les intrigues comiques, il arrive souvent, de fait, qu'une étrangère sans protection se trouve obligée de vivre de ses charmes. Ou qu'elle en ait au moins la réputation.314. Donat signale que, si l'on prend les vers 146- 147 comme appartenant à une seule et même réplique, il y a une contradiction dans les termes, car en niant ("negare"), Simon fait un mensonge effronté , ce qui est incompatible avec l'adverbe "sedulo" qui signifie étymologiquement "sans ruse", "ingénument" (cf. Pho. 428). Cela revient donc à dire "mentir en toute franchise". D'où l'autre solution proposée: "sedulo" pourrait être dans la bouche de Sosie, en interruption. Le passage s'interprète alors: " Si. -et moi, là... So. Tu as tout dit sans mentir? Si. -...je nie la chose".315. Donat souligne que le fait de tout nier en bloc vise pour le père à protéger la réputation de son fils, ce qui implicitement revient, sinon à l'approuver, du moins à faire comme s'il l'approuvait.316. Donat souligne ici qu'on est à un tournant de la scène. Simon a fini d'instruire le spectateur, représenté par Sosie, de ses démêlés avec Chrémès. Il lui faut encore présenter son attitude vis-à-vis de son fils : il sera indulgent et pardonnera la faute ancienne, pour peu que le garçon accepte désormais de lui obéir. Sur ce texte plus que controversé, voir la note apposée au texte latin.317. En réalité, il y a aposiopèse par ellipse, et il est même constitutif de l'aposiopèse d'aboutir à un énoncé elliptique. La distinction de Donat n'est donc pas purement rhétorique, elle envisage deux manières de traiter cet énoncé, une manière stylistique (aposiopèse) et une manière grammaticale (ellipse). Quant à la nature de cette aposiopèse que le commentateur n'a pas ici numérotée, il s'agit d'une interruption et non par exemple d'une litote ou d'un euphémisme par autocensure.318. Donat signale ici qu'il y a imitation du discours de son fils dans le discours de Simon. Ce procédé aurait pu être clarifié, notamment à l'usage des lecteurs, au moyen d'un verbe de déclaration susceptible de faire entendre cette sous-énonciation. Sans le dire, Donat évoque ici ce qu'il appelle des noms de "dialogismos" ou de "mimésis" (représentation de soi et/ou d'un autre en train de parler).319. Donat hésitait au vers 149 entre aposiopèse et ellipse (voir la note à ce vers). Ici il tranche, c'est une aposiopèse. Notons que ce commentaire renforce la vraisemblance de notre restitution du texte de 148, 3.320. Il s'agit de la construction du discours ("diuisio") qui est un élément évidemment fondamental dans le commentaire oratoire de ce que Donat considère bien, malgré ce qu'il dit de l'intérêt dramaturgique de la présence de Sosie, comme une unique tirade de Simon.321. C'est ainsi que Donat ici désigne l'adjectif verbal.322. Donat fait peut-être ici remarquer le tour "ab illo animaduertenda", comme si "ab illo" était un complément d'agent, alors qu'on attend un datif à côté d'un adjectif verbal. Mais en réalité, "ab illo" développe "iniuria" (une mauvaise manière émanant de lui), comme cela ressort de son commentaire 156, 5, où il explique qu'"ab illo iniuria" est plus clair qu'"eius iniuria" (génitif objectif ou subjectif ? "eius" masculin ou féminin ?).323. Donat met en garde contre une mésinterprétation qui conduirait à voir ici un solécisme. Le tour "ab eo" n'est pas induit par l'adjectif verbal de sens passif (il faudrait un datif), mais par "iniuria", comprendre "iniuria ab illo facta" (un affront venant de lui, ou fait par lui). On peut aussi comprendre, avec la scholie 4 que Donat veut que l'on construise comme s'il y avait "uindicanda ab illo iniuria" au sens de "tirer sur lui vengeance d'un affront".324. Evidemment selon qu'on interprète le pronom comme, respectivement, un génitif objectif ou un génitif subjectif.325. C'est-à-dire qu'il s'agit d'un accusatif de relation.326. Otto signale ce proverbe, avec cette occurence et une autre en And. 676. Macaire 5, 5 connaît lui aussi ce proverbe qui semble attesté dès Eschine Ctes. 109, voir Homère Il. 20, 360.327. Donat explique successivement l'élément "nixe" qu'il rapproche de "nitor" (faire effort) et glose par "cum conatu" en utilisant "conor" synonyme de "nitor", puis l'élément "ob" qu'il glose par "contra", l'ensemble signifiant "cum conatu contra conantem" (avec effort contre qui fait effort).328. Voir 157,2.329. Sosie représente l'esclave modèle (qui donc disparaîtra dès la fin de la scène), face à Dave qui a le vrai rôle de l'esclave de comédie : inventer des fourberies.330. Differentia qui repose sur la conception psychologique des Anciens. L'"animus" est le siège des mouvements affectifs, la "mens" le siège des mouvements intellectuels réfléchis.331. Reprise de la differentia sous une autre forme, d'ailleurs assez obscure. On peut penser que celui qui a une "mala mens" est méchant par nature, et a pleinement conscience de l'être ; celui qui a un "malus animus" peut être devenu méchant par quelque impulsion extérieure agissant sur son affectivité. Toutefois l'énoncé est si peu clair, qu'on pourrait aussi supposer l'inverse.332. La faute est si grave qu'il n'y a pas de mots pour le dire et Simon s'en tire en disant "à quoi bon le dire ?".333. "Exorandus" se trouve dans la recension calliopienne, mais nous n'avons pas pour cette partie de L'Andrienne la recension du Bembinus. Peut-être est-ce dans cette tradition que Donat, qui connaît les leçons du Bembinus, va chercher cette variante. Pour le sens de la scholie, il faut comprendre que la présence d'"expurgandus" nécessité de faire du pronom relatif un datif pour interpréter "Chrémès auprès de qui il me faut justifier Pamphile". Donat fait alors une remarque d'orthographe signalant que la forme "qui" peut s'interpréter comme un datif en graphie archaïque.334. Donat relie des formes de "fore" (qui sert d'infinitif futur à "sum"), de "fieri" (qui sert de passif à "facio" (faire)), et de formes passives de composés de "facio" ("perficiuntur" etc.). Cela est sémantiquement justifiable, mais il est difficile de dire si Donat ne fait pas aussi une connexion morphologique. Il semble en effet dire que "confore" est l'infinitif futur de "confit" de "confieri", à moins qu'il ne veuille seulement souligner qu'il fonctionne comme "confit". Ce qui peut surprendre dans ces reformulations, c'est qu'il utilise le verbe "perficio" plutôt que le verbe "conficio", sans doute parce que, de son temps, "conficio" ne signifie plus "achever", mais "accabler". Ses élèves ne comprendraient pas le sens de la reformulation alors qu'ils ont l'habitude d'utiliser "perficio" dans ce sens.335. En effet, au vers 45, Sosie lui a dit d'exprimer en un mot ce qu'il avait à dire. Voilà le mot : "feindre". Voir 45, 2, sur ce qu'il faut ici entendre par "uerbum" selon Donat.336. Le mot est rarissime. De ce que nous avons conservé de la littérature latine, c'est sa seule attestation.337. Comme souvent chez les Latins, Donat explique un verbe par l'un de ses dérivés. Ce qu'il dit d'"observatio" vaut analogiquement pour "observare".338. Donat paraît ici commenter en réalité une particularité plautinienne, qui donne à "curo" un complément signifiant le repas : Rud. 1215 ("cena ut curetur"), Merc. 582- 583 ("obsonium curamus").339. Voir Cic., Inv. 1, 19 : "tum denique ordinandae sunt ceterae partes orationis. eae partes sex esse omnino nobis uidentur : exordium, narratio, partitio, confirmatio, reprehensio, conclusio" (alors pour finir il faut mettre en ordre les parties restantes du discours. Ces parties nous semblent à tous être au nombre de six : l'exorde, la narration, la division, la confirmation, la réfutation, la conclusion) ; et Cic., Inv. 1, 27 : "narratio est rerum gestarum aut ut gestarum expositio" (la narration est l'exposition d'actes réalisés ou considérés comme réalisés).340. Donat signale que, bien que les dernières paroles de Simon au vers 171 (fin de scène 1) semblent indiquer qu'il quitte la scène, en réalité il est toujours là, sinon la scène serait restée vide et il y aurait eu entracte après une seule scène, il est vrai gigantesque. Donat pose donc seulement un interscène, motivé par la sortie de Sosie et explique que "sensi" ne renvoie pas au temps scénique entre 1, 1 et 1, 2 puisqu'il n'y en a pas, mais à un temps antérieur à 1, 1.341. "Davos" dans les deux cas, même si l'on peut légitimement se demander à quoi sert l'accusatif pluriel de ce nom propre, à moins de supposer des tours du type "ainsi voit-on tous les Dave de comédie".342. Du temps de Térence, le nominatif avait la forme "Davos", comme tous les mots en "-vus", pour qui la fermeture de la voyelle thématique a été plus tardive. L'emploi du digamma grec est clairement un usage de grammairien destiné à éviter la séquence "VV", dès lors que l'on a modernisé la graphie et que l'on écrit désormais "DAVVS".343. Voir Sen., Clem. 2, 3, 1 : "Clementia est temperantia animi in potestate ulciscendi uel lenitas superioris aduersus inferiorem in constituendis poenis" (la clémence est l'usage tempérant du pouvoir que nous avons de nous venger ou la douceur d'un supérieur vis-à-vis d'un inférieur s'agissant de fixer les punitions). Cette définition paraît particulièrement adaptée pour la situation maître / esclave.344. La question que pose Donat est celle de la place de "semper" qui théoriquement porte sur le verbe, mais qu'il veut ici faire porter sur le nom "lenitas", en en faisant l'équivalent d'un adjectif du type "sempiternus". On voit le même phénomène dans le français "la toute-puissance". Quant à l'"ὑφέν", il désigne en réalité un signe de ponctuation qui marque l'unité du syntagme. Voir Diomède GL 1, 434, 36 : "hyphen cuius forma est uirgula sursum sensim curuata subiacens uersui et inflexa ad superiorem partem. hac nota subterposita utriusque uerbi proximas litteras in una pronuntiatione colligimus" (l'hyphen dont la forme est une virgule se relevant doucement vers le haut, placée sous le vers et concave. En mettant ce signe en dessous de deux mots, nous lions dans la prononciation les deux lettres conjointes).345. Donat veut ici remettre à l'acteur le soin de faire entendre pleinement l'insistance que l'énoncé particulièrement raccourci pourrait masquer. On voit ici que Donat tranche clairement en faveur de l'"hyphen" qui fait lire "semper-lenitas". Voir 175, 5.346. Donat remarque que Simon se glisse parfaitement dans l'énoncé monologal de Dave en respectant la situation de l'énonciation, ce qui fait qu'il parle de lui à la troisième personne. C'est probablement un ressort comique.347. Donat indique ici qu'il y a deux manières, à vrai dire équivalentes, d'expliquer "id". Soit on considère qu'il s'agit d'un accusatif de relation (le COD de "uoluit" étant pour lui clairement la complétive qui suit) et l'on comprend "en cela il a voulu...", soit il faut suppléer la préposition "ob" et on comprend "pour cette raison il a voulu...". Au fond cela ne change pas grand chose, mais cela reprend clairement l'opposition chez les grammairiens entre "absolute" et "praepositiue".348. Voir 175, 2-3. Dans cette troisième hypothèse "id" est bien le COD de "uoluit", et annonce la complétive qui suit. On comprend avec une gestuelle appropriée qu'il est cataphorique et le sens est : "voilà ce qu'il a voulu, que nous soyons etc...".349. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin.350. Cf. Quint., 11, 3, 3 : "Nam cum haec omnia fecerimus, felices tamen si nostrum illum ignem iudex conceperit, nedum eum supini securique moueamus ac non et ipse nostra oscitatione soluatur" (De fait, une fois tout cela fait, nous serons cependant heureux si le juge éprouve ce feu qui est en nous ; a fortiori il ne pourrait se faire que nous puissions l'émouvoir, en restant en dedans et inertes, au contraire il serait lui-même plongé dans notre torpeur).351. Ce qui étonne Donat c'est la double construction avec le gérondif, puis "ad" et l'adjectif verbal. Il ne voit pas immédiatement pourquoi on construit "cogitare ad", alors que le verbe est transitif ou qu'on dit "cogitare de" + abl. Le tour, quoique fort rare, est toutefois cicéronien puisqu'on lit en Att. 9, 6, 7 "ad haec igitur cogita, mi Attice" (penses-y, mon cher Atticus).352. Le rapport entre le commentaire et l'illustration tirée de Lucilius se comprend par analogie. "Carnifex" a un sens actif ("qui torture") et un sens passif ("gibier de potence", "qui mérite la torture"). Le mot est analysé pour ce qu'il est, à savoir un composé de "caro" et de "facio", mais avec une neutralité de diathèse susceptible de le faire interpréter au passif ("caro fiat", explication passive de "carnifex"). Pour "carcer", c'est un argument de même type, qui active non plus l'opposition actif / passif mais l'opposition contenant / contenu : le terme signifie "prison" mais aussi "prisonnier" et les deux occurrences de la citation de Lucilius activent ces deux sens alternativement.353. Donat joue sur le sens propre et le sens figuré du verbe "prouideo", qui est un composé de "uideo" (voir). Il dit ainsi que "pré-voir" c'est "voir par avance", ou "prévoir". En réalité le premier sens a pratiquement disparu.354. Donat remarque ici, une fois n'est pas coutume, un phénomène métrique. En effet le premier pied de cet octonaire iambique n'est scandable que sous la forme "Dau(e) hem quid", dactyle, ce qui suppose de ne pas allonger par position "hem". Le fait qu'il s'agisse d'un dactyle, pied très familier aux élèves, invite sans doute le commentateur à rompre son habituel silence sur les questions de métrique et de prosodie. Sur l'édition de ce texte, voir la note apposée au texte latin.355. Donat rejoint ici l'enseignement grammatical en l'adaptant à des considérations de mise en scène. Voir Agroecius 101, 7 (Pugliarello 1978) : "eho est interiectio iubentis uel hortantis".356. "Ehodum" a le même sens que "eho", ce qui conduit Donat à considérer que la particule "dum" ne sert à rien. Voir 29, 1 et 3.357. Virgile, Aen. 4, 379 : au moment du départ d'Enée, Didon se plaint de son ingratitude. Les dieux ont peut-être décidé qu'il irait en Italie, mais elle promet de se venger... Or on sait que c'est la rumeur qui perd la reine, comme ici, c'est la rumeur qui peut perdre l'honneur de Simon. Sans doute Donat, comme à son habitude, s'amuse-t-il avec le contexte.358. Donat imagine ici une mise en scène possible qui rende compte du sens particulier de "hoc agere" dans ce contexte.359. Donat comprend "ante hac" comme "ante" suivi de l'ablatif ce qui n'est pas possible, il corrige donc en "ante haec" ("ante" suivi de l'accusatif neutre pluriel) et met la "faute" sur le compte de l'usage.360. Simon passe donc sur les agissements récents de son fils pour se concentrer sur son propre projet de mariage.361. Donat veut clairement que l'on comprenne que le sujet de "tulit" est "tempus". On pourrait en revanche tout aussi bien comprendre "eum" et non "se" et comprendre "tant que l'âge le (Pamphile) portait à la chose".362. Nouvelle affirmation que "tempus" n'est pas le complément de "tulit" qui n'a pas de COD exprimé, ce qui le rend "absolu" selon les grammairiens.363. En effet, Donat ne veut pas que l'on comprenne de façon erronée "siui animum" mais bien "siui, animum ut etc.", avec une prolepse de "animum".364. Il s'agit d'une remarque de syntaxe, portant sur la construction du verbe "sino ut", sans doute devenu rare à l'époque de Donat. Quant au verbe "cesso" au sens de "concéder", "permettre", il appartient exclusivement à la langue tardive.365. Donat précise que la construction non archaïque du verbe "sinere" est la proposition infinitive.366. Le rapport avec la citation virgilienne est lexicologique : ce qui est vrai pour l'adjectif "alius" l'est pour l'adverbe "aliter" de l'illustration virgilienne. Cette famille de mots aiguille habituellement vers le sème 'autre' mais, contextuellement, et notamment s'il s'agit de morale, vers celui de 'contraire'.367. Donat revient à plusieurs reprises sur l'emploi du "nomen" dans les apostrophes. Voir par exemple Pho. 1048, 2 avec renvoi à Ad. 891-892.368. Vu la forme du lemme, il est délicat de dire sur quel segment, Donat fait porter l'épanorthose. Soit il s'agit d'une rectification de personne, en passant de "postulat" à "postulo" introduisant l'autorité paternelle, soit il s'agit d'une rectification sémantique par amplification en passant de "postulo" à "oro". La présence de l'apostrophe à l'esclave rend la seconde hypothèse plus probable.369. Le caractère proverbial de cet emploi métaphorique de "uia" semble attesté par Plaute, Asin. 54, et trouver quoi qu'en dise Otto (1962) un écho chez Macaire 4, 74 avec l'expression ἴθι ὀρθός (marche droit).370. Cette réplique (Heaut. 211) se situe dans une scène entre le père et son fils. Le père lui dit de faire sur autrui des expériences dont il puisse profiter, donc de ne pas reproduire les mêmes erreurs que son ami Clitiphon. Le fils a une maîtresse comme son ami, donc il fait semblant d'adhérer à cette maxime de bon sens.371. Il semble qu'il y ait là un usage térentien, voir 559 et Héaut. 100. La differentia de Donat se trouve exactement dans l'anonyme "De differentiis" qui note "Aegrum et aegrotum. aeger animo, aegrotus corpore". "Aeger animus" ou "aeger animi" est une expression très fréquente notamment chez Tite-Live. Dans son commentaire de L'Enéide, Servius note de même (1, 208, 5) : "aeger: 'aeger' est et tristis et male valens, aegrotus autem sive aegrotans tantummodo male valens". il s'agit d'un esprit accablé de "curisque ingentibus" (soucis immenses).372. Sur ce commentaire voir, 184, 1-2. Notons que cette analyse n'infirme pas notre lecture de 184, 1, comme une remarque de métrique et non de dramaturgie.373. Sur l'établissement du texte, voir la note apposée au texte latin. Le commentaire reste cependant un peu obscur. Ce que Donat veut dire, c'est qu'il existe deux manières de provoquer la colère d'un adversaire. La première est totalement indépendante de notre action et provient uniquement de l'enchaînement inévitable des circonstances (par exemple, nous avons commis un acte délictueux à l'endroit de cette personne et elle nous en veut). La seconde consiste à provoquer la colère en asticotant l'adversaire par plaisir et donc volontairement. Dave ici recourt manifestement à la seconde manière pour faire enrager Simon. Donat reprend ainsi le thème de la "contumelia" de la scholie 1.374. La remarque est évidemment morphologique. Ce nom propre fait partie de ces mots d'emprunt qui peuvent suivre plusieurs modèles flexionnels : une déclinaison entièrement grecque ("nomina tota Graeca" disent les grammairiens), ce qui n'est pas le cas ici, puisque le génitif authentiquement grec devrait être non "Oedipodis" mais "Oedipodos" ; entièrement latine ("tota Latina"), comme par exemple "Vlixes" en remplacement de "Odysseus" pour le nom d'Ulysse ; mixte, avec passage d'un type à l'autre.375. Remarque lexicologique de type analogique. "Sanus" et "ualidus" sont tous deux des adjectifs synonymes du registre de la santé et qui signifient tout deux "sain, en bonne santé, en bonne forme", "Validus" s'oriente vers la notion de force et signifie "fort", "costaud". Son adverbe, du coup (surtout sous la forme syncopée "ualde"), a une vbaleur intensive, comparable à celle de l'adverbe "fort" en français. Analogiquement, "sane", l'adverbe de "sanus", se fait donc le synonyme de "ual(i)de" dans ses emplois intensifs.376. C'est en réalité probablement une remarque de ponctuation dans la diction, Donat demandant que l'on prononce "si / sensero / hodie / qvicqvam"... avec une mimique de circonstance probablement.377. Cette parole émane d'Enée, s'adressant à ses compagnons, la dernière nuit de Troie, ce qui va expliquer l'étrange commentaire de la seconde main. La situation est donc comparable dans le fait qu'il s'agit d'une menace, mais elle diffère assez nettement dans le fait que la menace virgilienne demeure indirecte puisque les Grecs ne sont pas visibles, alors que celle de Simon est on ne peut plus directe.378. Ici l'annotateur que Wessner considère comme une seconde main trouve amusant de préciser que l'adverbe "hodie", qui inclut "dies", peut impliquer la durée nocturne ("jour" au sens de durée de 24h, d'un lever du soleil au prochain lever du soleil) et non pas la seule durée diurne. Mais, si l'on peut à la rigueur voir ce sens dans le vers virgilien, on ne voit guère pourquoi il en irait de même dans la réplique de Simon. Le mariage n'est pas censé avoir lieu la nuit et toute l'action (selon un précepte dramaturgique encore implicite chez Donat) doit se dérouler dans la même journée.379. Remarque de morpho-syntaxe. Sans le dire, Donat signale la tmèse de la conjonction "quominus" et précise qu'il y a une ellipse sous laquelle il faut sous-entendre un verbe d'empêchement pour que ladite conjonction soit correctement utilisée.380. En semblant dupliquer l'information qui est dans le pronom de seconde paersonne par l'ajout du nom propre "Daue", Simon adresse véritablement sa menace. L'acte de langage ainsi proféré, en bonne et due forme, devrait immanquablement produire l'effet escompté sur le destinataire nommément désigné, dans une sorte de pensée magique.381. La "differentia" est assez obscure, mais elle ne se comprend que si l'on accepte le fait que "dare" pour Donat est un acte simplement humain, alors que "dedere" introduit les dieux et donc un possible sacrilège.382. "Dare in pistrinum" signifie "envoyer à la meule" (cf. v. 214), d'où le sens donné à ici à "dare" seul.383. Etymologie populaire de "omen" par le nom de la bouche "os". Cf. Varron, LL, 6, 76.384. Un acte juridique romain était souvent accompagné d'une acte religieux pour le sanctionner. Ce que Donat ne fait pas remarquer ici, c'est qu'il y a du romain dans cette réplique censément prononcée par un Athénien.385. On ne sait trop par rapport à quoi "etiam" ("encore" ou "même") fait redondance. Est-ce par rapport à "nondum", qui signifie "ne pas encore", ou par rapport à "ne... quidem", qui signifie "ne pas même" ?386. Donat traduit purement et simplement en grec le mot latin et, faute d'ablatif, le met au datif.387. Le mot "usor" n'est apparemment pas attesté ailleurs, à supposer même qu'il le soit ici. Certains éditeurs de Térence (dont Marouzeau) ont retenu ce texte au détriment de "usus es" en signalant qu'en langue archaïque un nom d'agent peut avoir la même construction que le verbe dont il dérive, soit ici l'ablatif.388. Le rapport formel entre le passage de Cicéron et le lemme n'est pas clair. Peut-être est-ce le rapprochement entre "in hoc homine" et "in hac re". Ce qui est certain, c'est que Donat s'amuse du contexte, où Cicéron ironisait sur l'opportunité de poursuivre Verrès dont certains disaient qu'il était innocent. Ici, le fils est coupable de toute évidence, et Simon, tels les défenseurs de Verrès, refuse de se rendre à l'évidence.389. "Bona uerba, quaeso" est l'équivalent du grec "εὐφήμει" qui signifie "prononce des paroles de bon augure", d'où "garde un silence religieux, silence !". L'emploi de "ἄν" avec un parfait n'est pas classique : il s'agit d'une correction comme l'indique l'apparat critique de Wessner. L'emploi de "ἄν" avec le parfait, qui finit par avoir le sens d'un aoriste, est probablement postérieur à Ménandre, il pourrait s'agir d'un irréel du passé ou du présent. Ce fragment de Ménandre n'est pas connu autrement que par Donat, d'après l'édition Teubner des fragments de cet auteur : deux autres corrections ont été apportées au texte et elles sont jugées insatisfaisantes. Il semble qu'il vaudrait mieux enlever ce "ἄν". Cf. Menander, reliquiae, éd. Koerte, Teubner, 1959, vol. 2, p. 26 : "Meineke e lemmate quinto conclusit Menandri uerba esse οὐδέν με λανθάνοις ἄν, sed νῦν δ'οὐ λέληθάς με ἄν e lemmate quarto satis certo restituitur" et Saekel l. c. p. 3 "scite obseruauit lemmatibus quarto et sexto potius figuram ἑλληνισμοῦ exemplo illustrari quam Menandri uerba referri. At quid litteris NaM codicis A faciam nescio, με ἄν tentauit Lindenbr., quod ferri non potest, μέν ἐσμεν Dziatko, cui recte Saekel oblocutus est, ipse proponit < ἐσ >μεν πάνυ sed πάνυ ad sententiam non quadrat". Cependant, s'il faut garder "ἄν", nous pouvons traduire cette phrase comme un irréel du présent plutôt qu'un irréel du passé à cause de "νῦν". Nous remercions Pascal Luccioni pour ces remarques sur le texte de Ménandre ou supposé tel.390. Ce qui est l'équivalent de "oui", c'est l'ensemble "nihil me fallis", comme le montre le renvoi au grec, puisqu'il y a deux négations, une formelle "nihil" et une sémantique "fallis", ce qui aboutit à un énoncé affirmatif par litote ("la chose ne m'échappe pas", autrement dit "je vois clair dans ton jeu"), donc "tu te moques bel et bien de moi".391. Tout se passe ici comme si les deux négations "neque" et "non" fonctionnaient comme l'adverbe "necnon" affirmatif ("assurément") et il ne reste donc que "haud " pour donner à la principale une valeur négative.Sur ces tours à trois négations très complexes, voir Touratier (1994, 475).392. Remarque d'ecdotique. Donat ne veut pas qu'on lise ici "neque hoc dicas". Marouzeau, bien qu'il lise comme Donat, traduit comme s'il avait "neque hoc dicas", signe de l'embarras que provoque cette triple négation.393. L'idée qu'il faut qu'un personnage jouisse d'une recommandation auprès du public quand il entre sur la scène est récurrente chez Donat. On la trouve dès le prologue de L'Andrienne, 1, 1 pour une "commendatio personae" de l'auteur par le Prologus.394. Il s'agit d'un emprunt probablement contextualisé. Dans Les Verrines, il s'agit de la colère des convives amenés par Verrès à un banquet, quand ils s'apercoivent que le maître de maison n'y a pas invité sa fille, conformément à la coutume grecque. Or l'affaire va dégénérer par le viol de la jeune femme. Ici le contexte est moins tragique évidemment, mais ce rapprochement rend un son étrange, quant à la moralité de l'esclave.395. Donat se souvient sans nul doute du sens premier de "pessum", "au fond" qu'il trouve encore chez Plaute ou Lucrèce, avant que la métaphore ne soit lexicalisée au sens de "à sa perte".396. La précision est effectivement d'importance, car un lecteur inattentif pourrait supposer qu'il s'agit ici de Simon que l'on vient de voir en scène. Sur la désignation du "fils du maître" en latin et dans les originaux grecs, voir Pho. 39, 1. 397. Donat réfléchit ici sur l'ordre des propositions dans l'interrogation double. Selon lui, la place que l'on réserve à chaque proposition indique par avance l'option préférentielle. Ce qui précède "an" paraît ici ce qui est choisi. Notons toutefois qu'il n'applique pas toujours lui-même cette règle dans son commentaire, puisqu'il met parfois après "an" ce qu'il considère comme la bonne solution d'une "quaestio". Peut-être Donat veut-il aussi souligner qu'il faut accentuer dans la diction "adiutem".398. Notons que c'est Syrus ici qui se parle à lui-même, comme Dave.399. Cette réplique apparaît deux fois à l'identique chez Térence (And. 473 et Ad. 487) à chaque fois dans un contexte d'accouchement. Donat commente longuement cette expression en And. 473.400. Etymologie. Donat remarque sans surprise dans "opitulor", la racine de "ops" et la racine de "tollo" (qui fait au parfait "sus-tuli"), en rappelant le supplétisme de ce radical avec celui de "fero", dans la formation "opem ferre", qui donne au parfait "opem tulisse". Signalons une fois de plus l'à peu près de la formulation, puisque pour expliquer "opitulor" il passe par "opitulatio", à qui il donne un étymon verbal "tollendo", "ferendo". "Opitulatio" est sans doute exclusivement tardif. La seule attestation non chrétienne est chez Ulpien (mort en 228) et le mot ne semble pas avoir été utilisé avant l'époque de Cyprien et Ulpien.401. Donat propose donc une double construction de "timeo", une fois avec un datif "uitae" ("je crains pour sa vie", et une fois avec un COD ("je crains les menaces"). Il est autorisé à le faire par And. 419, où on rencontre de même une double construction datif + interrogative indirecte. Donat n'en dit peut-être rien, mais le texte à cet endroit est corrompu.402. Donat commente ainsi l'expression "uerba dare" en Eun. 24.403. Le fait qu'il s'agisse d'une anastrophe explique l'hyphen, puisqu'il faut indiquer que cela doit se prononcer comme un seul mot. Le problème est que "iamprimum" en hyphen n'existe pas. Il faut donc en conclure que Donat fait en réalité sans doute une remarque de ponctuation. il faut lire "primum iam de amore etc." et non "difficile est primum. Iam etc.". On comprend alors parfaitement l'anastrophe, car il faut comprendre "iam primum de hoc amore etc.".404. Donat voit ici à "hic" un sens péjoratif, comme en Pho. 425 A.405. Ici, il ne faut pas comprendre "prouerbiale" au sens du mot moderne "proverbe", mais considérer que Donat désigne ainsi un énoncé stéréotypé, une sorte d'expression toute faite, du type "bon gré mal gré", ou "bonnet blanc, blanc bonnet". Les autres exemples donnés sont du même type en plus condensé. A chaque fois on voit deux antonymes en asyndète et dans le même ordre, positif puis négatif.406. "Il" désigne évidemment Simon.407. Notons que cette scholie ressemble (trop ?) étrangement à 211, 4.408. Donat s'attache à expliquer une expression toute faite en lui rendant un sens qui confine à l'interprétation. Il en va comme si l'on essayait d'expliquer "va" dans "comment ça va". L'explication en soi n'est pas impossible, mais la formule s'est tellement éloigné de son sens premier en se lexicalisant que la tentative est assez vaine.409. Donat indique sans doute que le mot "audacia" doit être pris ici non dans son sens positif dérivé ("l'audace des courageux"), mais dans son sens péjoratif étymologique ("qui ose tout pour satisfaire son désir"), car le mot est de la famille d'"auidus" (cupide). On comprend alors l'allusion aux courtisanes de L'Eunuque.410. Comme exemple de paronomase, Donat aurait pu mieux faire. On se souvient de "nomen omen", qui est un exemple presque parfait. En réalité, ce qui a appelé cette citation est la présence immédiatement avant notre passage de l'adjectif "amens", l'Arpinate écrivant : "Verum hominem amentem hoc fugit : minus clarum putavit fore quod de armario quam quod de sacrario esset ablatum". Dans sa grammaire, Donat cite ce vers de Térence comme exemple de "paronomasia" (Ars Maior, 665, 12 Holtz).411. La distinction repose sur l'étymologie de "paronomasia" qui comprend "onoma" (le nom), elle est assez constante dans la tradition grammaticale.412. Donat renvoie ici au genre neutre du pronom relatif "quicquid", qu'il interprète dans la logique du petit monde de la comédie. Dans cette Athènes de convention, où il ne naît d'ailleurs presque que des garçons, les filles courent le risque d'être exposées. En revanche s'il naît un garçon même illégitime, l'intrigue de L'Hécyre montre bien qu'il faut avoir un cœur de pierre pour refuser de le reconnaître comme le fait le mari de l'accouchée poussé par la belle-mère.413. Ce commentaire s'explique par le lemme 221, 1. Ce que l'esclave dit sur le mode de l'indignation devant d'énormes mensonges est en réalité l'exacte vérité, on l'apprendra à la fin. Donat s'amuse évidemment du jeu térentien sur les conventions théâtrales.414. Ce qui rend invraisemblable cette "fallacia" est l'ajout de "quandam" à côté de "fallaciam", mais peut-être le commentateur pense-t-il aussi à la "mimesis" de l'esclave qui se récite tous les mensonges que l'on va inventer pour sauver la jeune fille et qui, comme nous l'apprendrons, ne sont que l'exacte vérité. C'est donc de l'invraisemblable vrai. Le fait que tout se termine sur "fabulae" introduit évidemment un jeu métathéâtral sur le caractère invraisemblable des intrigues de comédie.415. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. Donat semble citer un mot remarquable de Ménandre, car le terme "ψεύδατθις" n'est pas autrement attesté. Il est toutefois restituable par le rendu qu'en fait Térence avec "fallaciam ciuem atticam", Térence n'étant pas, comme les Grecs, gêné à l'idée de dire qu'une femme est "citoyenne". Rappelons qu'à Athènes une femme n'est citoyenne qu'indirectement, parce qu'elle est "fille de citoyen", puis "femme de citoyen". Le féminin "πολῖτις" est rare et désigne en réalité "celle qui habite dans la cité", sans aucune implication politique.416. Donat veut dire qu'au lieu de raconter, Dave fait parler les personnages, et invente une petite mise en scène dans laquelle il imagine ce qu'ils vont dire. Ce procédé est très térentien et Donat s'y intéresse régulièrement.417. Donat signale qu'à son époque on dit "obit" (comme on dit en français "il a passé") sans plus préciser où ni quoi. Le passage de Virgile donne la même expression (littéralement "il a trouvé la mort") au passif ("la mort ayant été trouvée"). 418. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. On découvrira au vers 928 qui est Phania.419. "Ou que les siens ne puissent la reconnaître", on peut hésiter entre les deux traductions.420. Comprendre qu'ici "atque" équivaut à "attamen" (et pourtant).421. L'air de rien, le grammairien souligne implicitement le rapport morphologique entre le mot "commentum" de Térence et le verbe "comminiscuntur" qu'il utilise dans sa reformulation. Il ne s'agit donc pas d'une simple tautologie mais bel et bien d'une remarque étymologique.422. Donat dit "alterius scaenae", comme s'il s'agissait de dire "la scène 2". Or c'est la scène 4 qui se prépare avec l'entrée de Mysis, peut-être 3 pour Donat, car les manuscrits ne sont pas unanimes à voir un interscène au vers 205. Du coup, Donat ce qu'annonce ici Donat, c'est bien la préparation d'une "autre" scène, avec un emploi forcé de l'indéfini "alter".423. Lesbia est la sage-femme de la pièce. Les sages-femmes, comme les nourrices, sont réputées très portées sur la boisson.424. Ce commentaire repose sur une série de jeux de mots que le commentateur n'explique pas toujours : "Mysis" et "Syrus" (nom d'esclaves récurrents en comédie) peuvent se traduire par "Mysienne" et "Syrien" (on pense aux valets de comédie nommés Basque ou Bourguignon dans le théâtre classique), "Pseudulus" ou "Pseudolus" (personnage éponyme de Plaute) pourrait se traduire par "Lefourbe", "Chrysalus" (personnage des Bacchides de Plaute) peut faire penser à "Lorfèvre" (et son rôle dans la pièce est de faire de l'or pour les jeunes gens aux dépens des pères), "Thylacus" (inconnu par ailleurs) se rendrait par "Bidon" (ou "Labourse" (ce qui implique que la particularité physique qui le désigne s'obtient sur scène par des rembourrages bien placés, comme ceux que l'on soupçonne dans le Rudens au vers 432), et "Pinacium" (nom de jeune esclave dans le Stichus de Plaute) est en relation avec la planche de bois qui sert de support à un portrait, donc "Laplanche" ou peut-être "Bellimage". Cette remarque sur le sens des noms propres comiques trouve un écho chez Evanthius (6, 4) sur la manière d'intituler les pièces.425. Autrement dit, l'art de Térence joint l'utile pour l'intrigue à l'agréable pour le spectacle. La courte scène qu'on a là n'est donc pas seulement un petit divertissement : elle prépare aussi des ressorts futurs de l'intrigue.426. Est donc en question la portée de l'adverbe de temps, que seule la ponctuation peut régler.427. Même type de raisonnement analogique que plus haut en 195. Voir notre note à ce propos.428. La raison de cette scholie ne saute pas aux yeux. De fait, la syllabe "te-" est longue (autant que dans "temetum" et "abstemius" proposés dans l'analyse lexicologique de la scholie suivante). Mais on ne voit pas l'intérêt de le faire remarquer. Est-ce pour différencier cet adjectif du "temeraria" qui clôture le vers, dans lequel la syllabe initiale est brève ?429. Etymologie populaire dans laquelle, d'ailleurs, Donat ne se préoccupe plus du fait que la syllabe initiale de "temetum" est longue, au contraire de celle de "temptet".430. Les deux qualificatifs, qui forment une légère paronomase (ce qui justifie peut-être la differentia phonétique de la scholie 229, 2), s'opposent donc sur le critère du structurel et du conjoncturel.431. Mysis dit donc deux choses en une, avec une progression : Lesbia ne devrait pas (dans l'état où elle se met) présider à un accouchement, a fortiori pour une primipare. De la même façon, les deux citations virgiliennes donnent une double indication avec amplification. La première (Aen. 3. 42) émane du fantôme de Polydore, depuis le fond de son tombeau sauvage. Polydore dit à Enée qu'il est Troyen, d'une part, et qu'il lui est apparenté ; voir le commentaire de Servius ad loc. : "ordo est 'Troia me tibi tulit, id est educauit, non externum' ; nam et ciuis Aeneae fuerat et cognatus", (l'ordre est "Troia me tibi tulit, id est educauit, non externum", Troie m'a porté, c'est-à-dire élevé, et je ne suis pas un étranger pour toi) ; car il avait été à la fois concitoyen d'Enée et son parent). La seconde (Aen. 9. 448) dit que Rome est protégée par la présence de la famille d'Enée (donc d'Auguste) sur le Capitole mais aussi, avec "immobile", que cette présence est immuable, éternelle. On voit donc que l'hendiadys, tel qu'il est illustré ici, doit receler dans le même segment deux renseignements dont l'un implique l'autre ; chez Virgile, c'est le second argument qui implique le premier : si Polydore est de la famille d'Enée, il est Troyen ; si Rome est protégée éternellement, elle l'est sous le règne d'Auguste ; chez Térence en revanche, c'est le premier qui implique le second: si Lesbia est incapable de faire accoucher une femme déjà mère, elle est d'autant plus incapable de faire accoucher une primipare.432. Cette définition d'"importunitas" est négative, comme s'il s'agissait surtout d'en faire l'antonyme d'"opportunitas". Est donc considéré comme inopportun quelque chose ou quelqu'un qui arrive au mauvais moment ("temporis") ou au mauvais endroit ("loci"). D'ordinaire, on lie la famille de l'adjectif "opportunus" au temps, mais Donat signale qu'il y a aussi une "importunitas" de lieu. Cela tient peut-être au fait qu'étymologiquement les Latins reconnaissent dans la formation du mot le nom de lieu "portus". De fait, les tours comme "opportuna locorum" (les avantages du lieu : Tac. Ann. 4, 24) se comprennent parfaitement, dès lors qu'"opportunus" est un para-synonyme de "commodus", comme le montre Donat qui utilise dans sa définition le terme "commoditas".433. Si une mimique peut suppléer l'énoncé elliptique, c'est que Donat envisage la représentation comme devant être faite sans recours au masque comique. Mais on se demande quel jeu de physionomie pourrait rendre explicite l'ellipse supposée. En fait, le grammairien suppose une ellipse parce qu'il ne voit pas de rapport logique entre l'énoncé "importunitatem spectate aniculae" et la proposition causale. Il suppose donc qu'il s'agit de deux phrases différentes, dont la seconde est dépourvue de principale, d'où l'ellipse. En fait c'est plutôt accolée au vers 231qu'il faudrait supposer une ellipse : "voyez comme cette petite vieille est pénible <à réclamer Lesbia> au motif qu'elle est sa compagne d'ivresse".434. Mysis fait une prière en deux volets : elle souhaite pour sa maîtresse une délivrance facile, pour laquelle donc Lesbia et Archylis pourraient s'en tirer sans dommage, soit, au moins, que ce ne soit pas aujourd'hui que les deux accoucheuses fassent preuve de leur incompétence. "In aliis" peut donc renvoyer ce désastre annoncé "sur d'autres femmes" ou (ce qui revient au même, au fond) "à d'autres circonstances".435. Donat fait une differentia entre "exanimatus" et "exanimus" en considérant que le participe "exanimatus" implique seulement l'idée de "souffle" (qui a perdu le souffle, essoufflé, éperdu) alors que "exanimus" implique l'idée d'"âme, vie" (qui a perdu la vie, à qui on a retiré l'âme). A vrai dire, les faits sont moins nets et si "exanimatus" signifie parfois "essoufflé" il signifie aussi "mort" ou au moins "inanimé".436. Sur l'édition de ce texte, voir la note apposée au texte latin. Il y a en réalité quatre explications de cette construction. 1-La première consiste à prendre "quid" comme équivalent de "ob quid", avec ellipse d'une préposition (234, 2) et donc d'en faire un pronom interrogatif. 2- "Quid" est encore un pronom interrogatif, mais ce qui manque n'est plus une préposition, mais un déterminant nominal ici représenté par "negotii" (quoi en fait d'affaire ?) (234, 3). Ces deux premières solutions sont proches car elles supposent l'une et l'autre un emploi pronominal de "quid" avec ellipse. 3-"Quid" est un adverbe interrogatif équivalant à "quare" (pourquoi) et il n'y a donc pas d'ellipse (234, 4). 4-"Quid" est un pronom indéfini et non plus interrogatif, et ce qui manque est la conjonction de subordination "ne" introduisant une complétive derrière un verbe de "crainte", ici "uereor", d'où "j'ai peur qu'il n'y ait quelque chose".437. Donat assimile ici le débat qui agite Pamphile à l'exercice oratoire de la "deliberatio" dans laquelle l'élève se voit proposer une alternative et où il doit présenter la solution la plus satisfaisante. Ici l'alternative est entre le respect dû au père et celui dû aux engagements pris envers la jeune fille.438. Il ne faut pas comprendre que Mysis se livre à l'exercice de la suasoire, mais que, dans la delibération du jeune homme, elle sert de faire-valoir à la décision finale en présentant les arguments nécessaires à l'orateur. Notons ici l'emploi du masculin "suasor" pour un personnage féminin, qui a choqué le copiste de V au point de lui faire corriger le texte en "persuasorie". Il faut reconnaître que le mor "suastrix", qui devrait être le féminin de "suasor", ne semble pas exister. 439. Donat vise ici la gradation "factum, inceptum, officium" qu'il analyse comme une succession de termes apparemment de moins en moins forts (l'acte, la tentative, le devoir abstrait), mais qui précisément placés dans cet ordre accroissent l'accusation : non seulement il l'a fait, mais il l'a prémédité, et, en plus, c'est contraire à son devoir de père.440. Ce texte est en effet celui choisi par les éditeurs modernes de Donat (Marouzeau, Kauer-Lindsay). Le texte de Donat, avec les formes en "-um", n'est attesté que par lui. D'où le tient-il, mystère.441. Voir le commentaire à Ad. 69.442. Donat vise ici le tour "quid est si... non" ("c'est quoi si ce n'est pas..."), qui en latin comme en français est en réalité affirmatif ("c'est évidemment...").443. Le démonstratif "hic" n'a pas vocation intrinsèque à marquer la colère, mais son caractère déictique, souligné ici par Donat, le met en l'espèce en situation de le faire ici, comme si Pamphile montrait avec indignation quelque chose du doigt. Nous sommes donc à la limite entre la scholie grammaticale et l'indication scénique.444. Donat peut appuyer cette analyse sur la formule bien connue "decreuit senatus ut..." (Liv. 2, 37 ; 41, 28 ; entre bien d 'autres). Le verbe a donc un emploi juridique, que le commentateur souligne ici.445. Suite du recours analogique à l'analyse juridique. On en vient à la lecture de l'acte d'accusation.446. Sur l'établissement du texte de ce passage, voir la note apposée au texte latin.447. Donat signale un trait de caractère ("de more", variante de "moraliter") de l'"adulescens". il s'agit donc d'une remarque de caractérologie, mais faut-il comprendre que "repetitum est" est en facteur commun, comme l'induit la structure parallèle en "de" + ablatif ? Dans ce cas, Donat anticipe sur son commentaire du pléonasme en notant une répétition formelle dans le premier cas, et une répétition par le biais du pléonasme dans le second. La caractérologie souligne évidemment ici le fait que Pamphile en bon jeune homme de comédie ne se préoccupe que de ses propres affaires.448. Il s'agit sans doute d'une remarque de type juridique. Papinien (Dig. 8, 3, 34) indique clairement que ce qui est "communicatum" suppose que chaque co-propriétaire renonce à la pleine propriété et que l'exercice plénier de la propriété et des droits qui y sont attachés ne peut se faire qu'avec l'accord exprès de tous les co-propriétaires. Ici, il est clair que cela explique la formulation négative de Donat. S'il y a co-propriété c'est que la personne morale propriétaire est en réalité les deux, ici Pamphile et Simon, et que donc Simon ne peut se prévaloir d'avoir pris seul une décision qui engage aussi Pamphile.449. Donat remarque l'abondance d'informations redondantes puisque l'antériorité est marquée 1-par le préverbe "prae" (pré-), 2-par l'adverbe "ante" (auparavant), 3-par le temps parfait du verbe "scisse" (avoir su). Littéralement "il avait pré-su avant", effectivement cela fait beaucoup, d'où le pléonasme.450. Le juriste Paul est sur ce point formel (Dig. 23, 1, 13) : "Filio familias dissentiente sponsalia nomine eius fieri non possunt" (en cas de désaccord du fils de famille, il ne peut y avoir fiançailles en son nom). Pamphile peut donc s'appuyer sur ce point de droit pour s'opposer à Simon. Notons que, même si la référence de Paul appartient au droit romain, le droit athénien interdit le mariage d'un citoyen majeur sans son consentement, sauf cas très particuliers et d'ailleurs débattus.451. Donat, en bon grammairien, signale que le mot "uerbum" ici ne signifie ni "verbe", ni même "mot", mais correspond à un énoncé plus complexe, ce que nous appellerions avec un vocabulaire aussi technique que le sien un "syntagme".452. Donat veut distinguer ce "quid", qui n'est guère plus qu'une interjection, d'un "quid" qui serait un véritable pronom ou adverbe interrogatif. En réalité, le commentateur propose deux manières de ponctuer. Soit on lit "quid chremes ?" ("au fait et Chrémès !"), soit on lit "quid ? Chremes qui denegarat..." (et après ! Chrémès qui avait refusé...). Dans ce cas, comme le dit Donat le sens de "quid" est totalement affaibli, et ne dépend nullement de "chremes", simple transition vers un autre argument. Ce "quid ?" est évidemment extrêmement fréquent y compris dans la meilleure langue.453. Donat relève évidemment une infraction aux codes de la comédie, où le jeune homme passe son temps à se lamenter parce que précisément on lui refuse de se marier. Ici, au contraire, c'est le fait qu'on l'y oblige qui tourmente Pamphile. Sur l'emploi de l'adverbe "noue", traditionnellement réservé à la lexicologie ou à la syntaxe, mais ici utilisé pour une situation dramatique, voir Eun. 198 et 325, 2.454. La citation tend à justifier une circonstance essentielle à l'action dramatique, mais qui n'a pas été représentée. Pamphile, apprenons-nous par la réplique de Dave (177), est au courant du fait que Chrémès a refusé sa fille, ce qui évidemment l'arrangeait avant que le vieillard ne change d'avis.455. La référence de l'anaphorique "id" semble être le contenu de l'infinitive dépendant de "denegarat", donc globalement la relative "qui denegarat...". C'est sans doute cela qui gêne le grammairien, d'autant que la citation que propose le grammairien comme équivalent de "id" pose un grave problème de négation. Si en effet "id" représente strictement le contenu de l'infinitive "se commissurum mihi", il lui manque la négation qui se trouve en réalité dans le verbe support "denegarat" (il avait dit que... ne... pas). Il faut comprendre donc, ce qui explique que la citation commence à "denegarat", que "commissurum mihi" représente "non commissurum mihi".456. Sur ce texte et son interprétation, voir la note apposée au texte latin. Ce qui est compliqué, c'est que le commentaire comprend une part d'implicite. Pamphile avait commencé par redouter qu'on le marie, puis était soulagé qu'on ne le marie plus, et voilà qu'on le marie à nouveau !457. Donat vise ici la proximité phonique entre "mutauit" et son composé "immutatum".458. Voir le commentaire du vers 218, et la note qui s'y trouve.459. Festus (193, 7) donne d'"obstinatus" une définition qui reprend la notion de "perseuerantia", mais non explicitement l'idée qu'il s'agit d'une obstination à faire le mal. Peut-être en revanche faut-il induire ce sens de sa citation de Caton : "Rumorem, famam flocci fecit <inter>cutibus stupris obstinatus, insignibus flagitiis" (il se moquait comme d'une guigne de la rumeur et de la réputation, obstiné qu'il était dans ses débauches secrètes et ses scandales énormes).460. Il s'agit, comme le montre l'exemple de Virgile d'un emploi expressif du verbe "abstrahere".461. En réalité, Donat commente toujours "abstrahat" car le verbe suppose une complète passivité de la jeune femme et donc une action strictement dirigée contre Pamphile, ce qui correspond pleinement à la caractérologie comique. Même dans une telle circonstance, Pamphile ne peut pas supposer que l'on s'intéresse à autre chose qu'à son sort à lui.462. C'est-à-dire le fait d'être né pour subir de tels malheurs.463. Glycère, nommée au vers 243.464. Dans ce passage, il s'agit d'Andromaque, exilée, qui voit venir à elle Enée. Elle imagine alors qu'elle est déjà morte et s'étonne de ne pas voir aux enfers son époux Hector. Le passage, hautement pathétique, introduit pour ce passage de la comédie l'idée d'un style paratragique.465. "In-" ayant ici son sens privatif. Autre étymologie chez Isidore (Orig. 10, 277) pour "uenustus : Venustus, pulcher, a uenis, id est sanguine" ("uenustus", beau, vient de "uena" (la veine) c'est-à-dire le sang). Voir pour un complément à cette explcation la note apposée au texte de Térence par Marouzeau (1967).466. Donat fait une differentia entre les deux adjectifs négatifs, pour signaler non sans humour deux manières d'être malheureux en amour, la première n'étant pas exempte de sous-entendus érotiques. L'"invenustus" est celui que Vénus n'assiste pas au moment crucial parce que la partenaire ne répond pas aux attentes du jeune homme.467. Le sens de cette citation ici ne saute pas aux yeux. En réalité, c'est le contexte virgilien qui permet de comprendre en quoi ce segment illustre ce que dit Donat. Il s'agit d'une exclamation de désespoir de Lycidas : "Heu ! Cadit in quemquam tantum scelus ? Heu ! Tua nobis paene simul tecum solacia rapta, Menalca ?" (Hélas un tel crime tomber sur quelqu'un ! Hélas, tes consolations nous sont enlevées en même temps que toi, Ménalque !). Il est probable que, derrière la similitude de situation, le grammairien Donat remarque aussi l'emploi du semi-négatif "quemquam" dans une exclamation.468. Donat veut visiblement éviter que les élèves considèrent le tour "adeo... ut" comme ce qu'il est le plus souvent, un tour consécutif, nécessitant par là-même le subjonctif. Or ici le verbe est à l'indicatif. En introduisant un système corrélatif comparatif "adeo...quam" qui n'est pas sans exemple (Liv. 30, 44, 6 et Quint. Decl. 250, 8, 2), mais qui est rare, Donat empêche la confusion. 469. Sur le rôle de l'exclamation comme marqueur de sentiments violents, voir par exemple Pho. 201, 3 ; Eun. 171, 1 et 2 ; 924.470. Allusion à la valeur intensive du préverbe "ex-". Il ne faut pas comprendre "s'enfuir au dehors", ce qui explique sans doute la remarque du grammairien. Or en réalité le verbe a toujours ou presque le sens figuré qu'il a ici.471. La question peut effectivement se poser, car Chrémès pourrait à juste titre se sentir offensé de l'attitude de Pamphile. Or la phrase nominale de Pamphile ne permet pas de savoir exactement de qui il parle. Voir la même ambiguïté en 249,1.472. L'expression est difficilement identifiable comme un proverbe en l'état. Otto (1962) le cite avec le texte "facta" (voir note apposée au texte latin), mais ne signale aucune autre attestation. Tel quel l'énoncé a une certaine connotation juridique puisqu'on trouve une formule devenue ensuite célèbre chez les jurisconsultes ("iudicata transacta finitaue") dans le SC Orfitianum ( 178 de notre ère) conservé par exemple par Ulpien (Dig. 38, 17). Chez Cicéron, Cat. 3, 15, 9, on lit "atque illud quod faciendum primum fuit, factum atque transactum est", ce qui peut à la fois être à l'origine de la variante térentienne "facta", du fait que le groupe "facta transacta" ait été compris comme un proverbe, alors qu'en fait il s'agit plutôt selon nous d'une formule judiciaire. D'ailleurs notons que "acta transacta" est bien meilleur comme proverbe que "facta transacta".473. Evidemment l'injustice consiste à contraindre Pamphile à épouser une femme qu'il n'aime pas, mais ce que note Donat ici c'est que l'expression du jeune homme est à ce point centrée sur sa personne qu'il n'envisage le tort que dans la partie qui touche son amour-propre.474. La classification de l'argument ici relève de la pure et simple prise en compte de la présence de "suspicor" dans la phrase.475. Comme Donat le note ailleurs (Eun. 237, 1), le fait de construire un pronom neutre avec le génitif du nom porte une valeur expressive particulière. Il faut donc comprendre ici "quelque chose en fait de monstre", soit peut-être "une espèce de monstre". Notons que la référence à L'Hécyre donnée ici par Donat (Hec. 643) provoque un commentaire de la formule, mais sans que le commentateur ne renvoie à ce vers de L'Andrienne.476. Donat remarque que "monstrum" qui est neutre, mais désigne le laideron que Pamphile redoute d'épouser, est repris ici par un féminin conforme au sexe de la fiancée. De même, dans l'exemple cité et pris à L'Eunuque, "monstrum hominis" avec le même mot neutre est apposé à un sujet masculin comme le montre la forme "dicturus".477. Donat admire la justesse du choix du verbe qui signifie au sens propre "pousser avec violence" quelque chose vers quelqu'un comme on dirait en français "on veut me faire avaler la pilule".478. Commentaire assez obscur. Pamphile, parce qu'il est amoureux d'une autre que la fille de Chrémès, ne peut considérer la proposition de mariage de celui-ci que comme un moyen de satisfaire son intérêt en trouvant un parti acceptable pour le "monstre". Qu'il puisse, lui Pamphile, y gagner ne serait-ce qu'une dot ne l'effleure même pas.479. Donat signale ici l'acception agressive de la préposition "ad" sans doute en en forçant un peu le sens. Notons que les deux exemples qu'il adjoint appartiennent à deux univers totalement différents. Ce que l'on pourrait prendre pour une protestation légitime qui serait illustrée par l'exemple noble de Virgile a déjà été annulé par la référence comique. De plus, Donat dans la citation plautinienne lit "ad me" là où on lit ordinairement "ad te". Dans la comédie de Plaute le sens est exactement le même qu'ici. Pseudolus se prépare à affronter un vieillard et se parle à lui-même en disant : "Itur ad te, Pseudole. orationem tibi para aduorsum senem".480. Nous avons ici un phénomène semblable à la remarque faite plus haut au vers 240. On peut avoir le sentiment que Donat précise les acceptions non techniques de termes techniques usuels chez le grammairien ou le rhéteur.481. Comprendre "que vais-je pouvoir dire qui soit à la mesure de la faute de mon père" dans un argument a fortiori.482. Comprendre "que Simon ne voudrait pas qu'on lui fasse". C'est-à-dire contracter un mariage sur un coup de tête.483. A mettre en rapport avec 238, 3 où Donat considère que la clé de l'opposition de Pamphile est qu'il n'a pas eu le temps d'y penser, mais a été mis devant le fait accompli.484. Donat s'étonne ici de voir une forme attachée à l'obligation stricte, comme l'adjectif verbal en particulier dans les exemples qu'il donne, servir ici pour un mariage qui est un acte dans lequel au plus haut point intervient le consentement et non la contrainte. La citation virgilienne sert de nouveau pour un commentaire semblable en Eun. 97. Note à revoir 485. Un emploi intéressant de l'adjectif εὔπορος se trouve dans les Progymnasmata de Libanios (7, 1, 16), où il est précisément question d'une violence faite à une femme. L'argument consiste à prétendre que l'on n'a pas été soumis à son désir, mais victime de la colère d'Eros auquel il est impossible de résister. Chez le rhéteur Anaximène (4, 116), on trouve une mention de l'"euporia" dans la défense, dans un contexte judiciaire où l'avocat, à défaut de pouvoir nier l'évidence, va tenter de trouver un raison plausible pour justifier la faute : ὅτε δὲ οἱ δικασταὶ καθεστήκασι τιμηταὶ τῆς ζημίας, ὁμοίως πάλιν οὐ φατέον, ὅτι ταῦτα οὐκ ἐποίησεν, ἀλλὰ μικρὰ βεβλαμμένον τὸν ἐναντίον καὶ ἀκούσια ἀποφαίνειν πειρατέον. ἐκ τούτων μὲν οὖν καὶ ἐκ τῶν τούτοις ὁμοιοτρόπων ἐν ταῖς κατηγορίαις καὶ ἐν ταῖς ἀπολογίαις εὐπορήσομεν• (quand les juges siègent pour évaluer l'amende, de même il ne faut pas dire à nouveau que l'accusé n'a pas fait cela, il faut s'efforcer de montrer clairement qu'on a à peine nui à la partie adverse et involontairement. Avec ces arguments et d'autres tout à fait semblables à ceux-ci, dans les accusations comme dans les défenses, nous aurons la partie facile).486. Cette differentia rappelle celle d'Eun. 104 qui a sans nul doute influencé Isidore dans ses propres differentiae. Ici toutefois elle porte non sur "falsum" face à "fictum" et "uanum", mais sur l'adjectif "ineptum". Pour "falsum" le lien étymologique établi par le commentateur est évident : le "falsum" est fait pour "fallere" (tromper).487. Il s'agit ici d'une objection que Pamphile se fait à lui-même en recourant au procédé du dialogisme qui le conduit à s'inventer un contradicteur.488. Mot à mot, il faut comprendre "j'aurais fait quelque chose pour ne pas faire ce que j'ai fait", à savoir "me taire". Cela explique pourquoi Donat glose ensuite comme il le fait le verbe "facio" par "taceo" considérant que "facere" peut remplacer à peu près n'importe quel verbe d'action.489. Sur les parties du discours délibératif Donat est beaucoup plus explicite en Eun. 144, 2 où il indique qu'il y a un exorde, une narration, une confirmation, une objection et une péroraison.490. Prolepse stylisitique que remarque Donat. La qualité prêtée au souci, "diuersae curae", ne sera effective qu'à réalisation de l'action marquée par le verbe "trahere".491. Il est de bonne politique de chercher à établir qu'un même chef d'accusation recouvre en réalité plusieurs éléments. Voir Cic. Part. 29, 5. Ainsi on peut réfuter seulement une partie de cette accusation et laisser croire que tout a été réfuté, ou minimiser la gravité du crime en le morcelant en délits moins graves. 492. Car dans la tradition comique (et rhétorique), c'est un lieu commun qu'on ne saurait résister à l'amour.493. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin.494. La question porte sur l'ambiguïté du génitif subjectif ou objectif, l'expression pouvant signifier "la pitié que j'avais pour elle" ou "la pitié qu'elle avait pour moi".495. Donat propose une définition un peu différente de "sollicitudo" en 269, 5.496. Nouveau cas d'ambiguïté du génitif. On peut comprendre "la pudeur qu'éprouve le père" (génitif subjectif) ou "celle qu'il inspire" (génitif objectif).497. Ce que pointe Donat ici est l'inconséquence des raisonnements amoureux qui font passer les jeunes gens par des sentiments apparemment incompatibles.498. Le pronom en question est "ei" comme le montre la reformulation au datif. Donat ici que le complément "ei" de "aduerser" doit être pris dans un sens axiologique, équivalent d'un adjectif laudatif. La correction proposée par Estienne (1529) semblait accréditer l'idée impossible grammaticalement d'un "ei" corrélatif d'un "ut" consécutif qui n'est pas employé ici.499. Priscien, Inst. GL 3, 138 : "'quorsum' quoque ex 'quo' et 'uersum' compositum tam interrogatiuum quam relatiuum et infinitum esse potest omnium localium ad regionem aliquam uergere demonstrantium, ut si interrogem 'quorsum uadis ?' bene redditur 'horsum', 'istorsum', 'sursum', 'deorsum', 'dextrorsum', 'sinistrorsum', 'orientem uersus', 'occidentem uersus' et similia" ("quorsum" aussi, composé de "quo" et de "uersum", peut être aussi bien un interrogatif qu'un relatif et un indéfini portant sur toutes les questions de lieu impliquant un mouvement vers, comme si je posais la question "quorsum uadis ?" les réponses correctes seraient "horsum", "istorsum", "sursum", "deorsum", "dextrorsum", "sinistrorsum", "orientem uersus", "occidentem uersus" etc.).500. Donat remarque ici l'emploi de "ipse" propre à l'idiolecte des esclaves de comédie pour désigner "le patron", "la patronne".501. Commentaire identique en And. 42, 3.502. Charis. 333 : "et sunt haec duo, 'aue salue', et declinantur hoc modo : imperatiuo modo 'aue auete', futuro 'aueto tu' 'aueto ille'; infinitiuo modo praesentis temporis 'auere te uolo' et 'uos' et 'illos'. item imperatiuo modo 'salue saluete', futuro 'salueto tu' 'salueto ille'; infinito modo praesentis temporis 'saluere te uolo' et 'uos' et 'illos'" (et il y a deux verbes "aue" et "salue" qui se conjuguent de la façon suivante : impératif "aue auete", futur "aueto" deuxième et troisième personnes, infinitif présent "auere te uolo" ou "uos" ou "illos". De même à l'impératif "salue", "saluete", au futur "salueto". deuxième et troisième personnes, infinitif présent "saluere te uolo" ou "uos" ou "illos").503. On peut hésiter ici sur le sens de "familiariter", soit "familier" concernant le registre de langue, soit un sens plus social "de manière intime", comme chez Térence au vers 136.504. On pourrait être tenté de comprendre "il n'ajoute pas 'quae'", ce qui rend du coup incompréhensible la citation virgilienne où il y a précisément "quae". Il faut comprendre dans la citation virgilienne que ce qui est en jeu est "eum" qui remplace le nom propre d'Enée.505. Le fait de laisser planer le doute sur l'identité de celui ou ceux qui veulent ce mariage permet d'y inclure Pamphile qui apparaît ainsi comme un traître.506. Donat a donné en 261, 4 une définition un peu différente, mais non contradictoire de la "sollicitudo".507. Sur ce texte, et l'ordre des scholies dans ce vers, voir les notes apposées au texte latin. Dans les deux dernières scholies Donat établit deux differentiae en "sollicitudo" et "timor", la première porte sur l'intensité de la crainte, la seconde sur la nature de ce qui la provoque. Notons que les deux differentiae sont en réalité assez contradictoires, ce que le commentateur exprime par "an". On peut choisir l'une ou l'autre, mais difficilement les deux.508. On voit mal le lien entre cette citation virgilienne et le commentaire. En effet, les criminels virgiliens sont bel et bien passés à l'acte. Sans doute est-ce le verbe "audeo" qui rapproche les deux contextes, Donat considérant que dans l'audace de la conception du crime se trouve déjà le crime lui-même. Servius (inspiré du commentaire de Donat ?) fait ad loc. ce commentaire : "illic sunt et qui fecerunt et qui conati sunt. dicit autem secundum Romanum ritum, in quo non tantum exitus punitur, sed et voluntas" (là sont à la fois ceux qui ont fait et ceux qui ont essayé. C'est dit selon la coutume romaine qui veut qu'on ne punisse pas seulement l'effet, mais aussi l'intention). Ici tout porte à croire que le commentateur anticipe sur une possible réponse de Mysis, portant non sur ce qu'a effectivement fait Pamphile (et qui n'a rien de délictueux de son point de vue), mais sur son intention qu'elle soupçonne perverse, avant cette dénégation formelle du jeune homme.509. Donat fait en réalité trois remarques sur ces pronoms, deux qui relèvent de la grammaire au sens large et un qui relève de la diction et qui est double. Ils sont opposés, comme dans la citation de L'Eunuque, parce qu'ils présentent la confrontation de la première et de la troisième personne. Ils sont individualisés par leur fonction différente clairement soulignée par le cas et la construction prépositionnelle, et donc il faut rendre tout cela dans la prononciation en introduisant les ponctuations qui s'imposent "egone / propter me / illam". Sur la ponctuation après "egone", voir la note à la scholie 2.510. La deuxième main commente non le passage de L'Andrienne, mais la citation de L'Eunuque. Le commentaire ad loc. n'utilise pas les mêmes reformulations, ce qui peut effectivement faire douter de l'authenticité de ce segment, par ailleurs inutile.511. Donat fait une remarque de ponctuation et de prononciation. Il entend évidemment que nous prononcions : "egone ! propter me illam..." et insiste sur le fait qu'"egone" doit être prononcé avec l'intonation que lui donnerait un subjonctif de protestation, ici de l'innoncence outragée.512. Le commentaire porte sur le sens en contexte de l'adverbe "egregie".513. Ce qui à première vue ne servait à rien au moment où c'était prononcé trouve ici sa justification. C'est donc une manière de souligner que Térence ne laisse rien au hasard et que tout fait sens dans sa comédie.514. La nature de la profession exercée par l'Andrienne avant qu'elle ne soit une courtisane n'a aucune importance. Seul compte le fait qu'elle ait exercé un métier honnête, montrant ainsi qu'elle n'a pas toujours eu une vie dépravée et qu'elle a donc assez de sens moral pour tenter d'éviter le même sort à Glycère. Voir le lemme 3.515. Petite variation textuelle : dans son lemme ad loc. (And. 74), Donat écrivait non pas "primo" (leçon consensuelle des mss de Térence) mais "primum".516. Donat se réfère ici à une differentia que l'on trouvera plus tard chez Isidore Diff. 1, 185 : "Inter egestatem et paupertatem. Quod egestas peior est quam paupertas. Paupertas enim potest esse honesta, nam egestas semper turpis est" (entre "egestas" et "paupertas" et de ce que "egestas" est pire que "paupertas". En effet la "paupertas" peut être honnête mais l'"egestas" est toujours honteuse). Pamphile tolèrerait sans doute que sa bien-aimée connaisse la "paupertas" et la partage avec lui, il ne peut souffrir qu'on lui impose la honte de l'"egestas", en la séparant de lui.517. Il s'agit évidemment d'opposer la générosité de Pamphile à l'indifférence passée de la famille de Chrysis, et non les mots "paupertas" et "inopia".518. Comprendre : et c'est pour cette raison qu'elle ne prononce pas ce mot de "pater".519. Donat signale (ainsi que dans la scholie suivante) la valeur de la conjonction "ut" ("que ne pas" derrière un verbe de crainte) et la glose avec la formulation plus classique en "ne non" en suppléant le verbe "uereor" qui figurait au subjonctif au vers précédent. On suppose que les élèves de Donat auraient pu facilement se tromper sur la valeur paradoxale de ce "ut". En tout cas, Donat le glose souvent quand il le rencontre chez Térence : voir And. 3 ; 349 ; 409, 1 ; 705, 2 ; 914 ; Pho. 965...520. Donat explique la valeur pragmatique de l'adverbe "adeo", repris au vers suivant. Sa reformulation avec la particule "an", volontiers ironique, souligne que le ton indigné sur lequel le jeune homme se justifie rend l'accusation de Mysis invraisemblable. Peut-on vraiment le prendre à ce point pour un lâche ? Comprenons donc : "je suis lâche, d'accord, mais tout de même pas à ce point ! Restons dans les limites du vraisemblable".521. Voir le commentaire au vers suivant, scholie 4.522. Dans sa définition de l'adjectif "ignauus", Donat prend soin de signaler implictement que, antonyme morphologique de "gnauus", il est marqué formellement comme un mot négatif. Sa paraphrase définitoire en témoigne, ainsi que le commentaire stylistique fait au vers suivant sur la séquence d'adjectifs négatifs "ignauum", "ingratum","inhumanum".523. Le retournement oratoire consiste à changer le point de vue par le choix paradoxal d'adjectifs dont la forme est négative (ou le sens, avec "ferus", sauvage). Au lieu de dire qu'il n'est pas si obéissant qu'il en a l'air (avec l'emploi d'adjectifs fortement laudatifs), il préfère dire qu'il n'est pas inhumain. Le paradoxe est que les deux formulations disent logiquement la même chose malgré les oppositions qui se font finement terme à terme ("obsequentem"/"ignauum", "gratum"/"ingratum", "pium"/"inhumanum", "mansuetum"/"ferum"). En orientant le point de vue vers le devoir filial, il se verrait contraint, pour se défendre, de se montrer défaillant à cet égard ("me crois-tu à ce point un bon fils ? Tu te trompes") ; mais en changeant le point de vue, il accentue non pas son caractère de mauvais fils mais, habilement, d'être humain ("me crois-tu à ce point inhumain ? Tu te trompes"). Du coup, le courage, la gratitude et l'humanité consistent, dans la circonstance, à s'opposer à son père.524. Sur ces rapprochements voir la note à 278, 4, en notant toutefois que Donat se fait fort d'avoir suivi dans ses reformulations l'ordre des renvois au texte térentien, établissant ainsi des parallèles dont celui-ci et le suivant paraissent un peu forcés.525. La référence virgilienne rapproche la passion humaine du désir animal par diverses comparaisons (étalon, sanglier etc.) , mais ne dit pas expressément que le désir humain l'emporte sur le désir animal. Ce qui est certain c'est que le passage accrédite l'idée d'un "inhumanus amor".526. Donat signale que la principale qui introduit cette consécutive se trouve en réalité dans le vers précédent et que nous n'avons ici que la deuxième partie de l'énoncé. Sur cette figure voir par exemple Pho. 191, 3.527. En effet, il est plus fort d'"être averti" que d'être simplement "ému". La gradation porte donc sur le passage à l'acte qui peut suivre la prise de consicence chez Pamphile. Notons que Donat ne dit rien de ce bel exemple de "paromoion", "commoueat / commoneat".528. Ce que Donat considère comme "exquis" est sans nul doute l'euphémisme qui évite au jeune homme de proférer une maxime totalement contraire à la morale commune.529. Donat remarque ce qui provoque la colère de Mysis. Pamphile, conformément à son caractère n'a parlé que de lui et de tout ce qu'il a fait pour Glycère, nullement des mérites propres de la jeune fille, justifiant qu'il l'aime fidèlement. Nous sommes encore une fois dans la caractérologie comique, nons sans une part de jeu d'ailleurs, puisque le grammairien précise que Mysis agit ainsi pour faire réagir Pamphile, donc dans une stratégie dramatique.530. Cette remarque ne se comprend que dans la logique des scholies précédentes. Donat a remarqué la stratégie de Mysis qui tente de décentrer Pamphile pour qu'il s'intéresse directement à Glycère. Ici il remarque que la servante refuse de prendre parti sur le discours de Pamphile, pour s'appuyer exclusivement sur ce qu'elle sait de sa protégée. C'est une manière de pousser Pamphile à passer aux actes, et donc à promettre.531. Dans son commentaire du premier passage cité par Donat, Servius note : "diversam autem aetatem pueri, senis et feminae ad miserationem commovendam videtur obicere" (il semble lui opposer l'âge de son enfant, celui du vieillard et de la femme, dans le but de susciter sa compassion). Sur le second vers, le commentateur ne dit rien, mais le contexte est suffisamment clair. Un serment sur la tête du père mort (Anchise) est évidemment un élément important du pathétique et invite à prendre très au sérieux la demande d'une promesse à Pamphile sur ce qu'il a de plus sacré.532. La hâte marquée par l'adverbe selon Donat ne peut provenir de son sémantisme propre qui relève du champ lexical de l'approximation. Il faut donc comprendre que l'idée de hâte provient de la combinaison de cet adverbe avec le participe "moriens", le tout donnant une impression d'urgence, et que, par conséquent celui qui se hâte n'est pas tant la mourante que le jeune homme à son chevet. Tel quel le commentaire est difficilement compréhensible.533. Donat ne peut trouver de correspondance nette entre ce passage de Térence et la mort d'Antor au combat, mais ce qui l'intéresse ici c'est l'effet de pathétique obtenu par cette citation.534. La comparaison d'un discours avec un édifice ou une maison fait partie des arts de la mémoire à Rome. Pour "uestibulum" voir Cic. De Or. 2, 320-321 : "sed oportet, ut aedibus ac templis uestibula et aditus, sic causis principia pro portione rerum praeponere ; itaque in paruis atque infrequentibus causis ab ipsa re est exordiri saepe commodius" (de même que, pour les temples et sanctuaires, il faut un vestibule et une entrée, de même pour les causes, il faut placer en tête de discours des débuts proportionnés à l'affaire ; c'est ce qui fait que, dans les petits procès sans grand public, c'est de l'affaire elle-même que provient souvent l'exorde le plus expédient).535. Le mot technique "inceptio" est ici induit par le verbe non technique "incipit". C'est sans doute la raison qui fait ajouter à Donat "dicere" (scholie 2) tirant ainsi le verbe vers un sens technique oratoire.536. On remarquera que cette citation ne sert pas tant pour l'identité de la formule ("infit" n'est pas "incipit"), que pour le caractère solennel que l'intervention de la mourante prend, comparée à la parole auguste du roi des dieux.537. Le principe est celui du dialogisme qui consiste à mettre en scène ses propres paroles ou celles d'un tiers. Ici Donat souligne trois éléments complémentaires d'une juste analyse rhétorique du passage. Sur le plan du type de discours c'est une prosopopée, car on fait parler un personnage qui ne peut pas (ou plus) le faire, sur le plan de la technique d'insertion c'est donc une mimèsis car on ne raconte pas, mais on reproduit la réalité, et sur le plan de l'éthos c'est une cajolerie car l'expression "mi Pamphile" appartient à la langue affectueuse, voir Eun. 95, 2.538. Le "compendium" ou "discours abrégé" repose ici sur le caractère très elliptique de l'énoncé, qui s'en tient aux données essentielles à l'argumentation, comme le remarque le grammairien. D'ailleurs c'est ce qu'il indique lui-même à la scholie 4.539. Donat renvoie ici au récit de la rencontre de Simon et de Glycère et à l'éblouissement que la jeune fille a causé même chez le vieillard. Ainsi le discours de la vieille femme se trouve corroboré même par son apparent ennemi.540. Il s'agit évidemment d'une indication scénique mettant en jeu la prononciation de cette réplique. Pamphile joue ici le rôle de la mourante.541. Donat propose comme leçon variante pour autant qu'on puisse en juger le sénaire iambique correct suivant : "nec clam te est quam illi nunc inutiles sient". Pour la première leçon, s'il lit le début du vers comme nous le lisons aujourd'hui "nec clam te est quam illi nunc utraeque", le sénaire n'est pas métrique. Il faut sans doute supposer qu'il lit quelque part "res", sans doute avec un sénaire qui est "nec clam te est quam illi utraeque res nunc utiles". Notons que les manuscrits sont loin d'être d'accord sur ce qu'il faut lire de part et d'autre de "legitur et".542. Si Donat voit ici une apodose, c'est qu'il considère que l'accent de la phrase se trouve sur "pudicitia", la fortune étant moins importante que la vertu de la jeune fille. Il y a donc cadence mineure, "apodose".543. La citation virgilienne souligne le phénomène grammatical en incluant "te" qui est le COD de "oro", empêchant ainsi "quod" de l'être. Il faut donc construire "quod" comme un relatif de liaison au sens de "et". Même remarque chez Servius ad loc.544. Indication scénique induite par la valeur déictique de "hanc".545. Donat paraît dissocier ici la main donnée qui est selon lui signe de loyauté, et le fait que ce soit la main droite qui, dans son esprit, paraît indiquer qu'un engagement est conclu. Voir le commentaire à 295, 6.546. Si on place "genium" ou "et genium" à la place d'"et ingenium" ou de "ingenium", le vers en l'état est amétrique. Il faut donc supposer que Donat lit autre chose avant ce segment (peut-être le "ego" qui parcourt la tradition térentienne un peu plus haut dans le vers), mais il nous est impossible de reconstituer pleinement l'une ou l'autre variante. Sémantiquement cela ne change rien, même si "genium" est sans doute meilleur dans ce contexte de serment.547. La variante est métriquement indifférente, elle suppose un dactyle 5 au lieu d'un iambe 5. Elle est attestée par une partie de la tradition, dont E (11e siècle). Elle est d'ailleurs plausible en rappel du vers 268 ("sollicita est").548. Sur cette manière d'introduire un mot technique voir la note à 285,4. Sur la notion elle-même, voir P.-Fest. 184 "obtestatio est, cum deus testis in meliorem partem vocatur" (on parle d'"obtestatio" quand un dieu est appelé à titre de témoin en notre faveur). Notons que le mot technique proposé ici est rare et que la définition que lui donne Donat est différente de celle proposée par Festus. Donat revient sur ce mot en 540, 2 pour en dire à peu près la même chose.549. Donat commente l'emploi du déictique "hanc", comme il le fait à plusieurs reprises, en lui cherchant un équivalent expressif. Ici il faut comprendre "cette femme-là, cette femme précise qui est amoureuse". Sur cet emploi voir par exemple Pho. 425.550. Frg Bobbien. De uerbo : "et cum 'grego' Latinum non sit, 'segrego' 'congrego' 'adgrego' suauissime dicitur" (et alors que "grego" n'est pas correct, on dit de manière fort correcte "segrego", "congrego", "adgrego"). De fait "segrego" est un verbe parasynthétique, dont la base est non un verbe, mais le substantif "grex", et dont le sens est "sortir du troupeau".551. Tel quel le commentaire est incompréhensible, mais les exemples éclairent l'analyse du grammairien. Dans la deuxième citation, Didon reproche à mots couverts à Enée son ingratitude, en lui faisant discrètement remarquer qu'elle a payé de sa personne pour le satisfaire. Dans le premier, Nisus supplie la lune de lui venir en aide pour lui permettre de sauver Euryale, tout en lui faisant discrètement le reproche d'avoir trahi son compagnon qu'elle a dénoncé en éclairant les dépouilles qu'il portait.552. En droit romain on distingue le "frère" qui peut être de même père, mais non de même mère ou l'inverse, du "frère germain" qui a même père et même mère que son frère.553. Ici comme à plusieurs reprises "ille" désigne le poète par excellence, Virgile.554. Donat a déjà cité ce vers pour son commentaire de "si" en 292, 1. Il semble faire droit ici à une possible explication érotique de "dulce meum" dont on retrouve trace chez Servius ad loc., celui-ci considérant qu'il ne faut pas entendre "dulce meum" au sens de "présents" ou "cadeaux", mais au sens de "faveurs".555. Ce que veut dire Donat c'est qu'il s'autocite en reprenant textuellement les neuf mots qui suivent de son commentaire de 271, 1. Or en 271, 1, curieusement il ne cite pas ce vers.556. Donat a bien conscience qu'un mariage d'intérêt unit des conjoints qui ne sont pas des "amis", mais ici, il va de soi qu'il s'agit d'un mariage d'amour, donc entre amis.557. En réalité "haec" est un énoncé autonymique et "uerba" son attribut est accordé en genre et en nombre avec le mot autonymisé. Sur cette curieuse manière de pratiquer l'accord qui rend l'interprétation malaisée, cf. par exemple Quint. 1, 5, 2 : "'Verba' nunc generaliter accipi uolo : nam duplex eorum intellectus est, alter qui omnia per quae sermo nectitur significat, ut apud Horatium : 'uerbaque prouisam rem non inuita sequentur' ; alter in quo est una pars orationis : 'lego', 'scribo'" (je souhaite qu'on prenne le mot "uerba" dans son sens général ; de fait il a deux sens, l'un qui signifie tout ce qui fait la continuité du discours, comme chez Horace : "uerbaque prouisam rem non inuita sequentur" ; l'autre pour désigner une partie du discours comme "lego" "scribo"). Noter dans la phrase de Quintilien l'anaphorique "eorum", qui reprend non pas "les mots" mais "le mot uerba", et qui s'accorde au pluriel, ce qui n'éclaire guère le sens...558. Donat relève le rite de la "dextrarum iunctio", souvent représentée dans les documents figurés et qui marque l'accomplissement légal du mariage. L'interprétation de ce rite est traditionnellement exactement celle que donne Donat, la ratification d'un contrat en bonne et due forme et "bona fide".559. Ce qui est étonnant c'est que Térence semble dire "la main que voilà", donc celle de Pamphile, alors qu'en réalité il s'agit de la main de la jeune fille. Cela explique sans doute que la plupart des éditeurs ne fassent pas droit à cette variante du texte de Térence et lisent, comme la majorité des manuscrits de Térence, "hanc mi in manum".560. Voir 258.561. Ce commentaire est repris au vers 473, 5. il s'agit d'une étymologie reposant sur une graphie courante "opstetrix" interprété comme "quae opem (te)tulit" (qui apporte (apporta) son secours). Sur la forme "tetulit" dans cette étymologie, voir 832 et la note apposée au texte français.562. Sur l'emploi non interrogatif de la question pour marquer une entrée ou sortie imminente d'un personnage, voir à compléter 563. Donat remarque ici l'incohérence de Pamphile qui presse Mysis de sortir et lui demande aussitôt après de rester pour écouter son avertissement. Le commentateur y voit un indice d'égarement amoureux.564. Sur le texte de cette scholie voir la note apposée au texte latin. Le désordre des manuscrits s'explique par le caractère assez confus du raisonnement. Pamphile veut le silence de Mysis, non pas pour qu'elle cache ce que Glycère sait déjà (puisque Mysis a fait dire à sa maîtresse au vers 269 que "ce mariage prévu pour aujourd'hui" l'angoissait), mais pour que Glycère ignore le vrai motif du refus de Simon. Ce n'est pas tant pour qu'il épouse l'autre que pour qu'il ne l'épouse pas, elle. Quant au fait que Glycère et Pamphile pouvaient se croire en sécurité, c'est une allusion au refus de Chrémès de donner sa fille à un débauché comme Pamphile lorsqu'il découvre sa liaison avec Glycère, sécurité qui vient de tomber puisque Simon a réussi à faire changer Chrémès d'avis. Pour ajouter à la confusion, Donat introduit la citation de 269 (qu'il modifie assez largement) de manière tellement abrupte qu'on voit mal en quoi elle éclaire le raisonnement. sa place aurait été beaucoup plus judicieuse après "non que Glycère ait pu ignorer que le mariage se ferait aujourd'hui". Toutefois, nous ne jugeons pas utile de déplacer ce segment, de tels raccourcis étant familiers au commentateur.565. La remarque de "certains" est particulièrement justifiée. Il faut abréger le "e" final de "caue" pour obtenir un dactyle 2 "num caue", sans lequel le vers (septénaire iambique) ne peut se scander. La remarque de Donat pourrait paraître étrange, car on pourrait comprendre qu'il sous-entend que l'on peut scander autrement. Mais il n'en est sans doute rien car il se borne probablement à citer sans prendre parti un commentaire antérieur, sans autrement le vérifier. Cela confirme son intérêt très limité pour la métrique.566. Nous traduisons ainsi en raison du caractère moins important de l'intrigue mettant en scène Philumène, souligné en 301, 2.567. C'est-à-dire hors scène. La scène commence clairement au milieu d'une conversation.568. Le commentaire porte à la fois sur le contenu représenté par "hac" et sur l'emploi d'"antehac" comme équivalent d'une proposition temporelle.569. Soit usque et ante.570. Donat, A. Mai. 643 : "praepositio separatim aduerbiis non adplicabitur, quamuis legerimus 'de repente', 'de sursum', 'de subito' et 'ex inde' et 'ab usque' et 'de hinc'. sed haec tamquam unam partem orationis sub uno accentu pronuntiabimus (une préposition ne pourra pas porter séparément sur un adverbe, bien que nous trouvions dans les textes "de repente", "de sursum", "de subito", "ex inde", "ab usque" et "de hinc". Mais ces expressions ne constituent qu'une seule partie du discours avec un seul accent). Voir aussi A. Mai. 649 : "usque praepositio plurimis non uidetur, quia sine aliqua praepositione proferri recte non potest" ("usque" aux yeux de la plupart des grammairiens n'est pas une préposition, parce que le mot ne peut être correctement employé sans préposition).571. Donat indique ici clairement que Byrria use des lieux communs de la consolation. A compléter 572. Il manque quelque chose comme "la véhémence du jeune homme".573. Donat veut probablement dire « dans d'autres contextes », car ici le sens qu'il donne en premier paraît s'appliquer plus nettement au texte commenté.574. Donat considère que la logique voudrait que l'on dise soit "ad eum eo", soit "eum adeo" ; la répétition du préverbe sous la forme d'une préposition est pour lui pléonastique.575. Dans le premier cas "quidni" (pourquoi pas ?) est ironique parce qu'en allant lui dire qu'il aime sa fiancée, Charinus agira de façon totalement stupide, en éveillant les soupçons de Pamphile (voir commentaire suivant) ; si on lit "quid nisi nihil impetres" (qu'obtiendras-tu sinon rien), il n'y a pas d'ironie, car il n'y a aucun sous-entendu, mais un simple sarcasme de l'esclave. L'indécision porte donc sur la frontière graphique des mots dans la séquence QVIDNISI.576. Wessner ponctue à tort ici d'un point d'interrogation. Le sens est « pourquoi ne pas aller lui parler ? » surtout « si tu ne lui demandes rien ». Si la conversation n'a aucun enjeu (ce qu'évidemment Byrria ne croit pas une seconde, d'où l'ironie), il peut bien aller lui parler. Si, comme il le pense, c'est pour lui demander de rompre avec Philumène, c'est totalement stupide. Il semble de plus que Donat sépare "nihil impetres" de la proposition par "ut" du vers suivant, dont on voit mal alors comment il la construit.577. Obligé de répondre à son salut, Charinus ne pourra pas garder le silence.578. Et non une forme de l'adjectif "postremus". Confirmation par Charisius 438, 28, dans cette liste d'adverbe de temps : "'postea'. 'posterius'. 'postremum'. 'nouissimum'".579. Ou ironiquement "qui est si amoureux".580. Commentaire bizarre : rien n'empêche d'imaginer dans la formule "nunc te per amicitiam et amorem obsecro" qu'est envisagé, entre les deux jeunes gens, un sentiment d'"amor". Le mot est banal (par exemple dans la correspondance de Cicéron) pour qualifier une amitié profonde entre deux hommes. Mais sans doute Donat a-t-il raison de penser que l'amplification (qu'il n'évoque pas explicitement) est meilleure si l'on comprend non pas "par notre amitié, par le profond sentiment d'affection qui nous lie", mais "par notre amitié, par l'amour que tu lui portes".581. C'est-à-dire que "ut ne" substitut de "ne", en introduction d'une finale négative, est considéré comme pléonastique.582. Et non au père comme précédemment. Toutefois il faut comprendre ce commentaire à la lumière du précédent. En effet, il est évident que tibi interdit de rapporter cela à quelqu'un d'autre qu'à Pamphile. Il faut donc comprendre que c'est quand il disait si id non potest qu'il ne parlait pas de Pamphile.583. Sans doute « un ton » ou quelque autre indication de sentiment pour indiquer que cette hypothèse serait, pour Charinus, la plus désagréable.584. La note lexicologique obéit ici à une logique certaine : le verbe "profer" est glosé par trois verbes, les deux premiers présentant le même préverbe avec un radical différent, le dernier le même radical avec un préverbe différent.585. L'explication peut provenir du fait que dans les listes alphabétiques d'adverbes ces deux adverbes se suivent et peuvent donc être considérés comme des équivalents pour le sens, voir Charisius 270, 7 : "'neutiquam' Cicero de senectute, 'mihi uero neutiquam probari potuit tam flagitiosa et tam perdita libido', idem <in> commentario de uirtutibus 'illud neutiquam probantes'. 'nequaquam' idem de senectute, 'est istud quidem, Laeli, aliquid, sed nequaquam tibi concedendum fuit'. Le même Charisius glose cependant 438, 26 : "'neutiquam' 'numquam'".586. Le commentaire de la seconde main paraît considérer que l'acteur portant un masque il ne peut rien exprimer avec son visage "uultuose" ; le commentaire de Donat paraît suggérer exactement le contraire.587. Sur l'édition de la scholie, voir la note apposée au texte latin. Le sens est le suivant : "sat habeo" équivaut à un "*habundo" qui n'existe pas (chaînon manquant dans une chaîne étymologique). Et ainsi les familles lexicales de "habeo" (avoir) et "abundo" (avoir en quantité) se trouvent connectées étymologiquement.588. La citation des vers 301 et 302 est approximative. Du moins Donat rassemble-t-il ici les paroles de Byrria sans tenir compte de l'interruption de Charinus "Qui scis ?".589. Allusion au vers 173 "Ita Dauum modo timere sensi".590. Voir le monologue de Dave de l'Acte I scène 3, vers 206 et suivants.591. Excellent rapprochement de deux passages à structure et à termes quasi-identiques "quid adportet mali ?" vs "boni quid porto ?". Donat dit, du coup, que la structure vaut aussi bien pour les bonnes nouvelles ("quid boni") que pour les mauvaises ("quid mali"), mais aussi que nous la "portons" physiquement ("adportet", "porto"), manière probable de dire que le discours doit être physiquement appuyé par une mimique adaptée.592. Comme souvent, l'explication prend deux voies différentes. Donat propose d'abord de voir dans le "quid" de "nescio quid" un pronom, dans un syntagme prépositionnel elliptique valant "propter nescio quid" ; puis il propose d'en faire un adverbe, dans une structure comparable à "nescio quomodo" (je ne sais comment). Les deux solutions sont incompatibles et doivent se comprendre comme les deux volets d'une alternative.593. De fait les deux leçons se voient dans la tradition térentienne, ce qui se comprend aisément si le scribe écrit sous la dictée : "habeo" et "abeo", parfait homonymes à l'oreille, sont ici tous les deux plausibles : "je m'en vais" ou "j'ai <la solution>", "ça y est". Dans les deux cas, Dave s'apprête à se retirer et la réplique de Pamphile "Dave, attends, arrête" peut s'enchaîner aussi bien sur l'une que sur l'autre solution.594. Donat justifie l'aposiopèse de Dave.595. Comprendre que c'est le cas ici. Mais si c'est la situation majoritaire, il arrive qu"euge" soit un nom (comme "bravo" en français dans "tes bravos me font plaisir"). En effet, si Diomède GLK, 1, 419 range bien le mot parmi les interjections, Priscien note des cas où le mot s'emploie dans une structure syntaxique complète qu'il explique deux fois à partir du même exemple en Instit. 2, 552 et 3, 369 : "inuenimus enim loco aduerbii nomen, ut 'una', 'multum', 'falso', 'qua', et pronomen similiter : 'eo', 'illo', et loco coniunctionis tam nomen quam pronomen: 'quare', 'ideo', et aduerbium loco nominis, ut 'mane' 'nouum' et 'sponte sua' et 'euge tuum et belle' et 'cras alterum'" (nous trouvons au lieu d'un adverbe un nom comme "una", "multum", "falso", "qua", et pareillement un pronom "eo", "illo", et à la place d'une conjonction aussi bien un nom qu'un pronom "quare", "ideo", et un adverbe à la place d'un nom comme "mane nouum" (le petit matin) et "sponte sua" (de son plein gré) et "euge tuum et belle" (tes bravos et tes 'chouette') et "cras alterum"(le prochain demain, après-demain)). Même effet en français avec des adverbes de temps substantivables, comme le mallarméen "le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui". Mais ici, somme toute, Térence a un emploi standard de l'interjection "euge".596. Remarque de ponctuation implicite. A cause de l'ellipse du verbe sur le quel porte l'adverbe "opportune", on pourrait croire, du coup, qu'il porte sur "uolo" ("c'est justement vous que je cherche"). Mais en fait il porte sur le segment précédent: "vous deux, <vous tombez> à pic : c'est vous que je cherche".597. Sans doute une référence implicite à la réplique correspondante dans la pièce originale de Ménandre. C'est au demeurant, comme "perii" chez les Latins, une réplique récurrente chez les amoureux de comédie quand tout va mal pour eux ou les esclaves pris sur le fait en pleine fourberie.598. L'emploi du nom propre est considéré par Donat, rappelons-le, comme un signe d'expressivité et donc ici d'affectivité.599. C'est la raison de l'apparent paradoxe que relève Donat : un personnage vivant ne peut dire "perii" que par manière de parler. En revanche, pour un personnage, dire qu'il risque la mort peut être une crainte totalement fondée.600. C'est-à-dire qu'il faut faire de "tametsi" non une conjonction ("tu m'assommes bien que je comprenne") mais un adverbe, dans une phrase indépendante : "Obtundis ; tametsi intellego" ("tu m'assommes ; pourtant je comprends !").601. La scholie équivaut à une didascalie d'adresse qui permet de bien comprendre le référent mobile du pronom "tu". Donat aide son lecteur à interpréter le texte.602. Donat explicite ici un trait archaïque de syntaxe. Les verbes de crainte se construisaient ainsi : "paueo ne" pour "j'ai peur que", "paueo ut" pour "j'ai peur que... ne... pas". Comme la complétive du tour "paueo ut" avait une portée négative sans contenir d'élément négatif, les Latins de l'âge classique ont remplacé "ut" par "ne non". A l'époque tardive, "timeo/paueo ut" risque fort d'être pris à contresens, d'où la reformulation "moderne" de Donat. Voir plus haut le commentaire au vers 277.603. Donat veut dire que "iam" associé à la négation (ce qui donne le sens de "ne... plus") marque que la décision ainsi exprimée est irrévocable.604. Remarque de prononciation et d'orthographe. A l'époque de Donat le verbe se prononce exclusivement "prendit" et s'écrit préférentiellement comme il se prononce. La graphie "prehendit", dans laquelle le h est un ornement graphique qui a cessé depuis fort longtemps d'être aspiré, oblige à prononcer trois syllabes, malgré un hiatus qui tend à dupliquer la voyelle e.605. Ailleurs, Donat fait remarquer que ait s'applique à des choses auxquelles on ne croit pas.606. Le commentaire porte en réalité sur "nunc". Le sens paraît être : l'esclave précise qu'il a d'autres choses à raconter (mais qu'il ne le fera pas maintenant) pour éviter que Pamphile ne se mette en tête de les imaginer et ne perde son bonheur présent.607. Donat signale que le mot "locus" a ici un sens non pas local, mais temporel, comme peut d'ailleurs aussi le faire "spatium".608. Il y a donc une insistance métathéâtrale à évoquer le motif du "servus currens", l'esclave qui court.609. Commentaire obscur à force de concision : il s'agit ici d'une note sur les types de l'argumentation, qui précise qu'on peut, sans changer de catégorie, considérer soit des éléments présentés comme réalisés, soit des éléments présentés comme non-réalisés. Ainsi la catégorie des dits et faits comprend aussi ce qui n'a été ni dit ni fait. On complète alors cette catégorie des faits (avérés ou non-réalisés) par les deux catégories des choses (présentes ou absentes) et des personnes (présentes ou absentes). On obtient ainsi le schéma suivant qui rend parfaitement compte de l'enquête que mène Dave : classement du plus grand au plus petit : paroles : ce qui a été dit / non dit // actes : ce qui a été fait / non fait // observations complémentaires : choses présentes / absentes// personnes présentes / absentes.610. C'est-à-dire cohérent.611. La remarque vaut sans doute pour tout le vers, qui mêle en huit mots un élément de récit ("rogo"), un discours indirect réduit à sa plus simple expression ("negat uidisse") et impliqué par "rogo", une notation psychologique sans verbe ("mihi molestum"), un discours intérieur au style indirect ("quid agam cogito"). Le tout en asyndète.612. Comprendre : Dave, en esclave rusé, considère qu'il existe des signes qui garantissent que le mariage va se faire. Ne les trouvant pas, il infère immédiatement que le mariage est annulé.613. C'est-à-dire "si chez Chrémès comme chez Simon il ne se passe rien".614. Comprendre l'ellipse de "me duco". A moins que le pronom "me" soit impliqué dans le lemme sous "egomet". Les éditeurs de Térence, de fait, éditent plutôt "ego me continuo ad Chremen" (où il manque "duco"). Mais Donat, en disant à la scholie suivante que "egomet" est une seule partie du discours atteste qu'il lit "egomet" et non "ego me". On peut alors supposer soit qu'il faut ajouter "me" à la scholie (ellispe de "me duco") soit au lemme où il aurait été omis ("egomet me continuo"), soit, peut-être, qu'il analyse ce mot unique comme équivalant à lui seul à "ego me" ("moi-même je me"), auquel cas l'ellispe supposée concerne bien le seul verbe "duco". Mais dans sa grammaire il ne dit rien de tel, se contentant d'indiquer que "-met" est un ajout qui donne de l'intensité aux pronoms personnels.615. En apparence, le rapport entre cette citation virgilienne et le texte de Térence est totalement obscur. Il faut en réalité comprendre que c'est l'emploi identique du couple "cum/ iam" qui est remarqué et déduire de cela une analyse de la succession temporelle supposée par cet énoncé, comme on le trouve chez Charisius qui, analysant les emplois de la conjonction "cum", commente le même passage virgilien, (Charis, 292) : "sed interest utrum finitiuis an subiunctiuis iungatur. finitiuis enim iungitur, quotiens ad id tempus quo agebam refertur, <uelut:> cum declamo uenit, id est ipso tempore quo declamo, cum declamabam, <id est ipso tempore quo declamabam>, ut apud Vergilium 'cum uenit, aulaeis iam se regina superbis / aurea conposuit sponda', id est tempore ipso quo uenit" (Mais ce qui compte c'est de savoir si "cum" se construit avec des indicatifs ou avec des subjonctifs ; en effet, il se construit avec l'indicatif chaque fois qu'il réfère au moment même où je faisais l'action, comme dans "cum declamo uenit" (au moment où je déclame, il arrive), c'est-à-dire au moment exact où je suis en train de déclamer, "cum declamabam", c'est-à-dire au moment exact où j'étais en train de déclamer ; ainsi chez Virgile "cum uenit etc.", c'est-à-dire au moment exact où il vient).616. Comprendre : l'ensemble des invités au mariage pourrait se trouver dans la maison et donc ne donner depuis la rue aucune indication quant à l'ajournement du mariage. Le fait que personne ne sorte constitue donc un indice supplémentaire, qui complète le fait que personne ne paraisse venir pour la fête.617. Contrairement à ce que l'on pourrait croire à la lecture du lemme, le tour visé n'est pas le génitif dépendant de pronom neutre ("rien de décoré"), mais la forme inhabituelle du génitif "ornati" (du substantif "ornatus", quatrième déclinaison, "rien en fait de décor") là où Donat et ses élèves disent "ornatus". C'est la citation de Salluste qui éclaire le lemme en montrant la forme "senati" là où l'on attendrait "senatus".618. Donat veut sans doute dire que "pisciculos obolo" n'est pas une indication superflue puisque ce n'est pas la taille qui fait le prix : on peut trouver de tout petits poissons qui valent cher au kilo. En revanche "pisciculos minutos" relève du pléonasme puisque l'indication de petitesse est donnée à la fois par le diminutif et par l'épithète.619. Autrement dit "si ces quelques petits poissons constituaient le repas de toute une noce".620. Le vieillard qui est le personnage le plus important dans la maison ne mange que de la nourriture de vil prix. Mais ce peut être aussi par avarice, trait de caractère fréquemment prêté aux vieillards de comédie.621. La proposition A est "il la donne à l'autre", la B est "il te la donne à toi" : l'enthymème est "si non A, alors B" : donc on pourrait conclure avec Charinus : "s'il ne la donne pas à l'autre, elle est pour moi", mais c'est évidemment faux, puisque le vieux peut très bien la refuser à l'autre sans la donner nécessairement à Charinus. En réalité, il ne s'agit pas vraiment d'un enthymème, mais Donat qui a remarqué "necesse" en profite pour faire un peu de logique.622. Comprendre "argument tiré d'un fait incontestable et impossible à contourner".623. En réalité ce commentaire et le précédent n'en font qu'un ; ce qui met Glycère en danger c'est son état de "sola" qui en fait une proie facile pour la vengeance de Simon.624. Nous aurions tendance à voir plutôt là un futur antérieur, mais Donat comprend une forme de subjonctif d'affirmation atténuée, ce qui explique son commentaire.625. Ce commentaire est loin d'être clair. Dave agirait-il mal dans les fourberies qu'il prépare ? ou est-ce parce que, selon Donat, il mène en réalité un double jeu : d'un côté il cherche à défendre le bonheur de Pamphile, mais d'un autre côté, dans les conseils qu'il donne, il trahit son souci de ne pas exaspérer Simon pour éviter de finir au moulin ?626. Evidemment il s'agit ici du second "eiciat", celui que prononce Pamphile.627. Cf. le pseudo-Probus, Cathol. GL 4, 38 : "nam cedo, quod significat da, sine uerbi totius substantia solum reperitur numero singulari, cedo, numero plurali cette ; sic Plautus et antiqui comoediographi, sicut et <salue> saluete saluere" (de fait "cedo" qui veut dire "donne" se rencontre sans l'intégralité de sa morphologie, verbale, au singulier "cedo" et au pluriel "cette" ; ainsi chez Plaute et les anciens Comiques, comme aussi "salue", "saluete", "saluere").628. Commentaire peu clair : Donat remarque que "illa" est féminin pour désigner la maitresse de Pamphile, alors que "hoc" qui devrait désigner sa future femme (dont il ne veut pas) est neutre. Mais ne serait-ce pas plutôt un adverbe (cf. Gaffiot s v) : "qu'on me chasse de chez elle pour aller m'enfermer ici" ?629. On remarquera que Donat lisait "hoc" au lemme 1. Le texte "hac" (ou "ac") est donné par tous les MSS de Térence sauf Vat Lat 3226.630. Le commentaire porte sur "ea causa".631. De manière très étrange, Donat paraît ne pas avoir vu la mimesis qui caractérise ce vers et considérer que Dave continue à parler en son nom propre, faisant ainsi de "propulsabo" le verbe principal, ce qui accréditerait le sens de "speres" comme équivalent de "timeas". Toutefois, comme on l'observera dans la traduction française, cette construction peine à fournir un sens cohérent avec la suite.632. Donat semble comprendre que Simon se contentera de l'accord verbal de son fils et laissera traîner le mariage. Tout porte à croire en revanche que le texte signifie : comme tu lui auras dit oui pour te marier, et qu'il n'aura plus de fiancée puisque Chrémès refusera sa fille, Simon, sûr que tu ne vis plus dans la débauche, prendra son temps pour te marier avec une autre.633. Ce commentaire paraît impliquer que Donat comprend ici "accidere" au sens d'"arriver un malheur", ce qui l'entraîne d'ailleurs de manière assez gratuite à supposer que ce qui est visé est la mort du père.634. Cette série de commentaires montre un réel flottement dans l'interprétation de "taces", que Donat prend tantôt au sens propre de "se taire" tantôt au sens figuré de "faire taire ses inquiétudes". Peut-être faut-il voir là le résultat du "copier-coller" de deux traditions intérprétatives divergentes.635. Tour typique du genre des problèmata.636. L'enjeu de ce groupe de scholies est à la fois grammatical et dramaturgique. L'emploi du masculin "puerum" est ici celui d'un mot générique (comme "enfant"), qui ne préjuge pas du sexe de l'enfant à naître, pas plus que le groupe avec pronom neutre en "quicquid" rappelé ici. Mais il s'avère que, par un heureux hasard dramaturgique, les enfants qui naissent dans les comédies romaines sont toujours des garçons.Voir notre note à Ad. 333.637. Malgré les apparences il s'agit ici d'un commentaire étymologique, d'où la traduction. Le nom "cautio" est rapproché du verbe "caueo".638. Il ne s'agit pas tant sans doute d'un commentaire sémantique, que de montrer la formation du verbe composé "re-" + "uiso".639. En proposant ces équivalents de "agere", Donat souligne que Simon vient comme un juge pour écouter les plaidoieries ("actiones") du camp de son fils.640. L'ordre des mots pourrait faire construire "pour promettre à Pamphile ce qu'on ordonne", mais cela n'aurait aucun sens. Si Dave souligne l'air sombre de Simon, c'est paradoxalement pour renforcer la décision de Pamphile d'accepter le mariage. Plus la punition paraîtra inévitable en cas de refus, plus le jeune homme pourra surmonter ses craintes.641. Comme à son habitude, Donat explique séparément les deux parties du composé, d'abord "ferat" qu'il glose avec le verbe "turbare" puis le préverbe "dis-" qu'il glose par "in diuersum".642. Il s'agit de commenter "apud te sies" : ce que cherche Dave selon Donat, c'est à éviter que Pamphile ne se jette tout de go dans un récit de ses amours avec Glycère ce qui ferait évidemment tout rater. Il ne s'agit donc pas d'exciter le jeune homme, mais de lui rappeler qu'il doit feindre la docilité parfaite, quoi qu'il lui en coûte.643. Ce commentaire suppose, parce que "ut" est selon Donat équivalent de "ne non", qu'il faut sous-entendre un verbe de crainte et le sens du vers est celui que nous donnons en traduction. La plupart des traducteurs modernes comprennent cependant "ut" comme dépendant de modo au sens de "pourvu que". Sur "ut" à sens négatif derrière un verbe de crainte, voir la remarque de Donat à And. 277 et 349.644. Ce résumé de la scène n'est pas très clair. Donat veut dire que chacun est trompé dans son attente individuelle : Simon parce qu'il croyait que Pamphile allait lui résister, Pamphile parce qu'il pensait que son père allait lui faire de vifs reproches, Charinus et Byrria parce qu'ils croyaient l'affaire entendue avec le refus de Pamphile. Quant à Dave, il est celui dont on saisit le moins bien en quoi il peut être surpris par une fourberie qu'il dirige depuis le début et dont il dit qu'il a tout prévu.645. Commentaire particulièrement obscur : Donat veut-il souligner l'intention de Byrria ou celle de Térence ? Dans le premier cas, on comprend mal le lien de cette venue de Byrria avec les propos mêmes que tient le personnage, qui explique clairement pourquoi il est venu. Il faut donc sans doute comprendre que l'intention signalée est celle de Térence, qui fait en sorte que Byrria se trouve là afin que Charinus puisse croire que Pamphile a finalement choisi d'épouser celle qu'il aime.646. Le commentaire porte sur "obseruare", mais c'est "obseruatio" qui est expliqué ; ce glissement d'un mot à l'autre (qu'on observe identiquement dans le commentaire au Prologue 2, 2 des Adelphes) est assez commun (cf. par ex. Cic. Fin. 2, 10, sur "uariatio", "uariare" et "uarius"). C'est le concept qui est expliqué, plutôt que le mot. C'est un cas d'"autonymie conceptuelle" ; cf. Nicolas (2005).647. Les deux mots en question sont "id" et "propterea". Soit on comprend "id" comme équivalent de "ob id" ou "propter id" (voir plus haut dans le commentairen au vers 376), et, dans ce cas, "proterea" ne sert à rien, soit on comprend "propterea" comme une préposition gouvernant l'accusatif, ce qui ne paraît pas autrement attesté, surtout dans cet ordre, avec postposition.648. Note de mise en scène. Donat est souvent amené à faire une didascalie de gestuelle dès que le texte contient un déictique (ici "hoc"). Comme le texte ne dit pas ce qui est désigné par ce pronom, il faut que l'acteur le montre. Néanmoins, ici, le trait est forcé dans la mesure où le démoinstratif est vraiment anaphorique et reprend ce que Byrria vient d'expliquer.649. Nouveau commentaire assez obscur : comprendre que si Pamphile paraît surpris de rencontrer son père, il sera très douteux qu'il prépare quelque mauvais coup mûrement réfléchi (cf. commentaire au lemme 3).650. Scholie vide selon Wessner.651. Sur la nature de "hem" et l'emploi affectif d'une interjection, voir par exemple Charis. 311 : "interiectiones sunt quae nihil docibile habent, significant tamen adfectum animi, uelut 'heu eheu hem ehem eho ohe pop papae at attatae'". (Les interjections sont des mots qui ne portent aucun sémantisme, elles traduisent en effet un état affectif comme "heu eheu hem ehem eho ohe pop papae at attatae").652. C'est-àdire que ses interventions se font en aparté. Donat a expliqué plus haut que c'était remarquable d'avoir quatre personnages ensemble sur scène sans que cela gêne l'interprétation.653. Bel exemple de differentia.654. Donat précise qu'il ne faut pas entendre cette proposition comme temporelle, mais bien comme causale, malgré son mode (l'indicatif au lieu du subjonctif attendu).655. "Leuati" équivaut ici à "eleuati".656. Le mot visé est ici "uerbum". Voir lemme suivant.657. La variante "memini uideri", acceptée généralement par les éditeurs modernes, est ici métriquement indifférente (spondée au lieu d'iambe).658. Donat paraît comprendre "memini uideri" comme "je me souviens qu'elle m'a semblé", d'où il tire (abusivement) "je sais maintenant".659. Ce qui gêne Donat dans l'expression térentienne c'est le choix du présent de l'infinitif. "Memini uidere" paraît signifier "je me souviens de voir", alors qu'on préférerait "je me souviens d'avoir vu". Il suppose donc que "uidere" vaut pour "uidisse". Deuxième supposition, indifférente métriquement et attestée aussi dans la tradition manuscrite : "memini uideri", texte encore plus compliqué pour les élèves de Donat : "je me souviens de paraître" ? "je me souviens qu'elle me paraît" ? "qu'elle m'a paru" ? Dans la foulée il rappelle la citation emblématique d'Ennius qui, lui aussi, met un présent derrière "memini" pour exprimer ce qui relève du passé. L'exemple est utilisé aussi dans Ph. 74, dans les mêmes circonstances, et dans Ad. 106 pour une remarque métrique.660. On peut alors comprendre que "forma bona" se rattache au segment précédent : "uirginem forma bona", "une fille de bel aspect".661. "Memini" et "noui" comme "odi" appartiennent aux verbes inusités à l'infectum et de sens présent au parfait. La seconde main rapproche deux constructions ; cf. Charis. Ars 337 (Barwick) : "sunt quaedam uerba confusa temporibus, uelut 'odi noui pepigi memini'. in his enim instans et perfectum tempus idem est, item inperfectum et plusquamperfectum, nec participia fere habent. temporibus haec deficere dicuntur" (quelques verbes ont des temps confus, comme "odi noui pepigi memini". Dans ces verbes, le présent et le parfait sont identiques, ainsi que l'imparfait et le plus-que-parfait, et ils n'ont pas de participe. On dit qu'ils sont défectifs en temps).662. Soit c'est en deux mots "in somnis" et cela signifie "en songe", soit c'est un adjectif de sens négatif "insomnis, -e", et cela signifie "privé de sommeil". Donat opte pour la première solution, plus facile au demeurant.663. Donat veut dire que Dave fait semblant de monologuer (à l'adresse du public, donc) tout en veillant à se faire entendre du vieillard, qu'il feint de ne pas avoir vu. C'est le principe du faux aparté.664. Il s'agit de toute évidence du tour prépositionnel "ea gratia" = "eius rei gratia".665. La seconde main poursuit la réplique de Dave en reliant le "nunc" à "nihil prorsus" du vers suivant.666. Encore une differentia en bonne et due forme. Mais le commentaire est en partie contradictoire avec ce que Donat a rapporté plus haut à propos de "sperare" ; certains proposent en effet selon lui d'en faire un synonyme de "timere". Voir And. 395, 1.667. Commentaire purement redondant de la seconde main, que l'on hésite à conserver.668. Nous dirions "adjectif". Mais pour Donat, comme pour tous les grammairiens antiques, l'adjectif n'est qu'une espèce du nom, le "nomen adiectiuum". L'intérêt de la remarque est visiblement d'éviter que l'élève ne prenne "potis" pour une forme verbale.669. Donat donne d'ailleurs les mots propres au lemme suivant.670. Isid. Etym.17, 32 : "Putare est uirgam ex uite superuacuam resecare, cuius flagellis luxuriat ; putare enim dicitur purgare, id est amputare". ("Putare" c'est couper un sarment de vigne superflu, dont les branchages débordent largement ; "putare" signifie en effet "purgare" (nettoyer), c'est-à-dire "amputare" (amputer)). Voir aussi le commentaire à Ad. 796, 2.671. Le commentaire est ici indispensable car on pourrait comprendre "en chemin".672. Donat considère que l'ellipse du complément "per te" rend délicate l'interprétation, et il supplée au manque.673. Il semble qu'il faille grouper ces quatre équivalents deux à deux, les deux premiers illustrant le sens propre"porter", les deux derniers le sens figuré "supporter". Cette interprétation est plus probable que celle qui opposerait "ad-" et "abs- tulit, parce que, dans ce cas, le second couple ne présenterait plus d'opposition sémantique.674. Remarque plus précise chez Diomède GLK 1, 398 : "ex his praeterea uerbis quaedam licenter ueteres tempora figurabant, perfecta ex forma actiuae declinationis more passiuae declinationis, uelut 'libet mihi, libitum est mihi ; placet mihi, placitum est mihi', ut est apud Vergilium 'sic placitum' ; item 'pudet puditum est, miseret miseritum est' : pro eo sane quod est 'libuit placuit puduit'. item 'taedet me', unde Vergilius ita formauit, 'si non pertaesum thalami'. sed tamen haec quidam perfecta ex forma passiuae declinationis aliter declinando figurabant, ut est 'pudetur taedetur licetur' ; eorum praeteritum perfectum 'puditum est licitum est'. nam 'puduit' et 'licuit' more actiuae declinationis dicimus ; 'taeduit' autem dicere non possumus, sed nec 'taesum est', quod tantum modo 'pertaesum' conposita figura dixerunt" (en outre parmi ces verbes, les anciens formaient certains temps, alors que ceux du présent reposent sur une forme active, selon la conjugaison passive, comme "libet mihi, libitum est mihi, placet mihi placitum est mihi", comme on trouve chez Virgile "sic placitum" ; de même "pudet, puditum est", "miseret, miseritum est" pour les formes "libuit, placuit, puduit". De même "taedet me" d'où Virgile a formé "si non pertaesum thalami". Pourtant certains formaient des présents qu'ils tiraient de la forme passive en conjuguant d'une autre manière, comme "pudetur, taedetur, licetur" ; leur prétérit parfait est "puditum, licitum est" ; de fait nous disons, nous, "puduit" et "licuit" selon la conjugaison active ; "taeduit" ne se dit pas, mais "taesum est" non plus, ce qu'on ne dit qu'en ayant recours à la forme composée "pertaesum est").675. Sur cette scholie vide, voir la note apposée au texte latin.676. Au vers 1, cité ici, Donat renvoie réciproquement à ce vers 445. Il se servait alors de cette référence pour justifier la leçon "appulit" contre "attulit". Bonne méthode et belle cohérence.677. "Tristis aut" de la seconde main est éliminé à juste titre par Wessner ; cela n'a aucun sens et se déduit (à tort) du mot "tristis" dans le lemme.678. Ainsi présenté le raisonnement n'est pas très clair. Donat considère que le mot "subtristis" commenté comme il l'a fait, est un adoucissement de ce qu'imaginait Simon au vers 438 avec "molestae". Il y a donc passage du plus grand au plus petit. L'ayant emporté sur ce premier point, qui consiste à rassurer le vieux, Dave tente une manœuvre audacieuse qui consiste à faire porter le trouble de Pamphile qu'il a su minimiser sur un objet à la fois vraisemblable et sans grande importance pour Simon, la pauvreté de la noce. Dans tout cela évidemment le commentateur se représente le dialogue comme un affrontement judiciaire.679. Il s'agit de la manière dont on désigne la colère d'un supérieur envers son inférieur, ici un père envers son fils, sans doute en raison du préverbe "sub-".680. En l'absence de lemme, nous suppléons que ce commentaire porte donc sur "mene".681. Donat explique ici la notion de "dignitas" par le recours au superlatif, ce qui n'est pas manifeste à la lecture de la suite du lemme.682. Reprise du commentaire de 437.683. Comme le montre la scholie suivante, Donat signale une sorte de pléonasme. L'idée d'excès, qui, comme dans le "ne quid nimis" cité, relève du reproche, est donnée à la fois sémantiquement par l'adverbe "nimium" et morphologiquement par le préfixe intensif de "perparce".684. Nous suivons le texte de Wessner pour l'instant. Mais nulle part auparavant le personnage n'a dit "sollicitaui". Wessner propose de voir une allusion au vers 436, mais le commentateur ici, avec "dixit", fait une citation au sens strict. Le problème est certainement d'ordre textuel.685. Ce commentaire indique donc que, dans l'esprit de Donat, les actes 2 et 3 s'enchaînent sans aucune transition, puisque cette réplique de Simon, telle qu'il l'interprète, annonce l'arrivée sur la scène de Mysis et Glycère. De ce fait, on ne peut pas considérer qu'il y a un changement d'acte selon la définition que Donat lui-même en donne, puisque la scène ne demeure absolument pas vide. Sur cette question, voir Nicolas( 2007 b). Le commentateur paraît se contredire lui-même dans une succession de lemmes sans doute endommagés comme le montre la répétition de la scholie 2 dans la scholie 4.686. Cette répétition de la scholie 2 montre un passage suspect dans les manuscrits.687. C'est-à-dire quel était le sujet de la conversation que tenaient les personnages avant d'être visibles.688. C'est-à-dire que le début de la réplique ne se rapporte en rien à la situation qui sera celle de la scène, mais constitue la fin d'une autre conversation.689. La conjonction "enim", dans un premier temps, paraît porter à faux. On s'attend à une idée concessive ("et pourtant l'autre solution était plus correcte"). Mais en fait c'est un jugement favorable fait implicitement au poète : car il a choisi un adjectif d'un registre plus conforme à la personnalité de la courtisane. On comprend donc, paradoxalement, que le choix de "fidus", plus correct, aurait été moins efficace. Quant à la remarque lexicale sur les deux adjectifs, elle se comprend en comparant Ph. 76, 2 (c'est l'ami qui est "fidus", l'esclave qui est "fidelis') ou Hec. 460, 1 ("fidus" s'emploie pour les grandes choses, "fidelis" pour les petites). Pour parler d'un jeune homme de naissance libre, la courtisane devrait employer l'adjectif qui convient aux plus hautes sphères plutôt que celui qui va pour l'esclave. Mais c'est précisément ce choix qui, caractérisant la courtisane et son "esclave" d'amant, est justement réussi.690. Ce qui est comique et drôle c'est la remarque métathéâtrale de Dave, lequel fait un aparté parallèle à celui de Simon. Les deux hommes entendent et commentent ce que disent les deux femmes. Mais parfois ou Simon ou Dave fait un aparté dans l'aparté, sans se faire entende de l'autre. Et Dave, dans cet aparté de niveau 2, illustre l'artifice du procédé de l'aparté, dans lequel des personnages sont opportunément sourds ou semblent opportunément muets, quoiqu'ils parlent.691. Il s'agit de l'accord avec le plus rapproché de "facta" accordé au seul "haec".692. Comprendre que "iussit tolli" est la réalisation en acte du contenu de la promesse faite.693. La coutume voulait que l'on posât au sol aux pieds du père l'enfant nouveau-né. En le soulevant ("tollere") il l'acceptait comme sien ("suscipere").694. Sur l'autorité de la "chose actée" voir par exemple Liv. 28, 40, 3 : "Q. Fabius Maximus rogatus sententiam : 'scio multis uestrum uideri, patres conscripti, rem actam hodierno die agi et frustra habiturum orationem qui tamquam de integra re de Africa prouincia sententiam dixerit'" (Quand on demanda son avis à Quintus Fabius Maximus, il déclara : "je sais que pour beaucoup d'entre vous, sénateurs, la chose actée aujourd'hui est actée et qu'il ne servira à rien de faire un discours pour donner sur de nouveaux frais un avis à propos de la .province d'Afrique".)695. Didascalie signalant un aparté.696. Le commentateur de la seconde main analyse ici non pas la réplique de l'Andrienne dont Donat a commencé l'examen, mais la réplique de l'Eunuque qui comprend "postest taceri hoc".697. Considérer cela comme une aposiopèse n'est compréhensible que dans la mesure où "ex peregrina" constitue une tournure euphémistique pour ne pas dire "ex meretrice". Il n'en demeure pas moins que ce commente ici Donat ce n'est pas l'aposiopèse, mais bel et bien l'ellipse.698. Comprendre que le vieillard se trompe tout seul et ce, afin de rendre possible le dénouement que Térence a imaginé.699. Cette étymologie se trouve chez Varron L.L. 5, 10 : "Quod Iouis Iuno coniunx et is Caelum, haec Terra, quae eadem Tellus, et ea dicta, quod una iuuat cum Ioue, Iuno, et Regina, quod huius omnia terrestria" (quant au fait que Junon est la femme de Jupiter, il est le ciel elle est la terre, on la nomme également Tellus, et elle porte le nom de Junon parce qu'elle aide ("iuuat") avec Jupiter et de Reine parce que tout ce qui est sur la terre lui appartient).700. Simplification d'une notice varronienne consacrée à Luna L.L. 5, 10 : "Quae ideo quoque uidetur ab Latinis Iuno Lucina dicta uel quod est et Terra, ut physici dicunt, et lucet ; uel quod ab luce eius qua quis conceptus est usque ad eam, qua partus quis in lucem, luna iuuat, donec mensibus actis produxit in lucem, ficta ab iuuando et luce Iuno Lucina. A quo parientes eam inuocant : luna enim nascentium dux quod menses huius" (elle paraît nommée en latin "Iuno Lucina" soit parce qu'elle est la terre, selon ce qu'affirment les physiciens, et qu'elle est lumineuse ; soit parce que la lune aide ("iuuat") chacun depuis le jour ("lux") de sa conception jusqu'au jour ou il paraît à la lumière ("lux"), jusqu'au moment où, les mois nécessaires s'étant écoulés, il paraît à la lumière ("lux") : c'est de "iuuare" et de "lux" qu'on a formé "Iuno Lucina").701. Ces dieux sont attestés par un culte à Rome lié à Minerve sur le Capitole. Leur nom est bâti sur celui de l'accouchement "nixus, -us".702. "Obstare" est pris ici non au sens habituel de "faire obstacle", mais au sens étymologique de "se tenir devant", sens par ailleurs très mal attesté. On pourrait aussi penser à une étymologie par "ops" (secours) que paraît indiquer la structure "opem tulerit". Cette étymologie du mot "obstetrix" (dont nous corrigeons ad hoc l'orthographe en une variante, banale, "opstetrix") est fantaisiste. On peut supposer que Donat l'interprète comme une forme qui ramasse en une formation composée les deux mots de la formule "fer opem". Donc quelque chose comme "ops-" (pour "ops", maintenu au nominatif contre la syntaxe et les usages de la formation des noms) et "-te..." qui rappelle "tuli", le parfait de "fero" : il est notable que l'explication "quod opem tulerit" fait intervenir (sans besoin réel) une forme du perfectum, sans doute pour expliquer la phonologie du nom expliqué.703. C'est-à-dire le coup de chance extraordinaire qu'elle accouche précisément maintenant qu'il est là devant la porte. Térence paraît se moquer de ses propres conventions, mais Donat ne s'attarde guère sur cette dimension.704. Dans ce cas, Simon commencerait ici à s'en prendre à Dave considéré comme metteur en scène de cet accouchement que le vieillard croit fictif.705. Ce sont des noms relatifs car qui dit "disciple" suppose "maître" et qui dit "maître" suppose "disciple", comme "père", "fils", ou "frère", "sœur" etc.706. Le construction et le sens deviennent acrobatiques : "les autres, qui jouent la comédie, ont-ils oublié ton élève Pamphile ?".707. Commentaire assez obscur : pour Donat le mot "adortus" vient d'un mouvement très précis de tactique militaire : des ennemis se sont cachés dans les trous et ils en sortent brutalement, c'est la raison pour laquelle leur taille grandit, puisqu'ils jaillissent des trous. Sur le rapprochement apparemment systématique que Donat fait entre les verbes "adoriri" et "aggredi", cf. son commentaire à Ad. 402.708. Il s'agit d'une remarque de syntaxe : la construction absolue ou détachée remarquée ici est celle qui consiste à accrocher directement une structure préspositionnelle à un nom ou à un pronom ("signa ad salutem", "haec ad uirtutem", "quid ad rem", "quid ad me"), par ellipse d'un participe construit en "ad". Les "choses de ce genre" signalées en fin de scholie sont des participes comme "pertinens" ou "haerens", cités au début du commentaire à 482.709. Le commentateur utilise par mégarde le verbe latin "lauisse" en l'attribuant au Grec Ménandre. Ce type de code-switching est assez habituel chez les auteurs antiques. Le fait que le grammairien ait traduit en latin le verbe grec a pu contribuer au mauvais placement de ce segment dans le texte. Il faut noter que la forme de parfait "lauisse" (alors que "lauare" au présent serait meilleur) est sans doute induite par le fait que la forme originale du grec est un aoriste.710. Quoi qu'en dise Donat, on ne trouve pas pareille prescription chez le gynécologue Soranos. Les cas de contre-indication de bain, chez lui, sont les suivantes : 1) pendant plusieurs jours après la conception, pour que l'embryon ne se décroche pas (1, 46, 4 Ilberg = I, 16, ligne 32 Gour.). 2) pour la nourrice, pour que ses seins ne s'assèchent pas - car le bain assèche ! - 2, 24, 6 Ilberg= II, 10, ligne 38 Gour. 3) si le lait est trop ténu (pour la même raison que ci-dessus) - 2, 29, 2 = II, 11, ligne 46 Gour. 4) une femme devrait s'abstenir de bain le premier jour des règles - 1, 26 = I, 7, 42 Gour. Dans le cas de la jeune accouchée en phase de relevailles, aucune indication à ce sujet, sauf, naturellement et implicitement, pour les femmes qui nourrissent leur bébé elles-mêmes, auquel cas elles rentrent dans le cadre des prescriptions faites aux nourrices. Précisions apportées par Pascal Luccioni.711. On voit donc que ce qui est en cause ne concerne plus les soins donnés aux accouchées mais un point de grammaire, à savoir la construction d'un verbe "donner" avec un infinitif de but. La réflexion se poursuit à la scholie suivante, de l'autre côté de la lacune pressentie par Wessner.712. La réflexion engagée ici rappelle celle qui concerne d'autres parties du discours. Ainsi pour "derepente" (Hec. 518 et 554), senti comme "de" + "repente", deux parties du discours qui ne sont pas censées se succéder. Mais ici on s'étonne : la succession de deux verbes, voire trois (comme dans ce même vers de Térence "iussi dari bibere" par exemple) n'a rien de surprenant ni de rare dès lors que les deux verbes ne sont pas au même mode. En outre il y a un "nom ou un pronom" dans la phrase térentienne, à savoir "quod", complément de "bibere" et la phrase n'est pas aussi abrupte que le "dic facere" proposé comme incorrect.713. La seconde main se risque ici à un commentaire étymologique qui n'a pas grand lien avec celui de Donat. L'anonyme de Differentiis donne une autre explication qui convient mieux au commentaire de Donat : "Scientem et scitum. sciens qui scit, scitus qui scitur uel festiuusu (entre "sciens" et "scitus" : est "sciens" celui qui sait, "scitus" celui qui est connu ou agréable).714. La tmèse consiste à séparer et éloigner deux morphèmes d'un même mot. Pour Donat, "ecastor" et "pol" sont des jurons qui ne souffrent pas le régime prépositionnel. Il faut donc que le "per" qu'on voit à leur gauche appartienne en réalité au mot qui se trouve à leur droite, à qui il donne une valeur intensive, d'où "perscitus" ou "perquam". Voir le commentaire à Hec. 58, 4 et Pho. 200, 1.715. Un fragment de Varron conservé dans le Servius auctus donne une autre différence : "coram de praesentibus nobis, palam etiam de absentibus" ("coram" s'emploie pour ceux qui nous sont présents, "palam" même pour des absents).716. On notera ici une discordance entre le texte du lemme "factu" et celui du commentaire "facto", d'ailleurs relevée par les éditeurs modernes qui se partagent sur le texte à éditer.717. Nouvelle discordance entre les lemmes, cette fois sur l'ordre des mots.718. Wessner considère que le mot "filium" est corrompu, mais ce n'est absolument pas utile. Donat veut dire que même si le mot "puerpera" comprend le mot "puer" (enfant) sans précision de sexe, il est ici utilisé pour désigner la naissance d'un fils.719. On trouve des traces de cette differentia chez Charisius GLK 1, 84, et chez Flavius Caper de Orth. 103, 5. Elle peut provenir de Varron.720. Le verbe simple a quitté l'usage au temps de Donat et ne survit plus que dans ses composés. On remarquera que Donat en profite pour faire montre à peu de frais de sa science, car Térence utilise un composé "contemnor" tout à fait courant à l'époque de Donat.721. L'annotateur considère ici comme étymologiquement pertinente l'homonymie entre "temno" et le verbe grec τέμνω (je coupe), auquel il donne un premier équivalent correct, d'où il tire le second, qui n'a plus guère de rapport avec le verbe grec mais coïncide avec le sens du verbe latin.722. Le "ad" pose problème, mais on peut comprendre ainsi : il s'agit de déterminer sur quoi porte l'indignation. Donat considère qu'elle porte sur la manière dont Dave l'estime en lui parlant ainsi ou en agissant de la sorte. De cette façon à coup sûr Simon paraîtra l'objet du mépris de Dave qui le prend pour un imbécile. Voir Cic. Inv. 1, 101, 12 : "secundus locus est, per quem illa res ad quos pertineat, cum amplificatione per indignationem ostenditur, aut ad omnes aut ad maiorem partem, quod atrocissimum est ; aut ad superiores, quales sunt ii, quorum ex auctoritate indignatio sumitur, quod indignissimum est ; aut ad pares animo, fortuna, corpore, quod iniquissimum est ; aut ad inferiores, quod superbissimum est" (Le second lieu est celui par lequel on montre, avec l'amplification et en usant de l'indignation, quels sont ceux que le délit dont on parle intéresse le plus ; si c'est tout le monde ou la majeure partie, ce qui présage quelque chose d'absolument affreux ; ou des supérieurs, c'est-à-dire ceux en vertu du crédit desquels on s'indigne, ce qui présage quelque chose d'absolument indigne ; ou encore des égaux en courage, en fortune, en avantages corporels, ce qui présage quelque chose d'absolument injuste ; ou des inférieurs, ce qui présage beaucoup de morgue).723. Donat veut dire soit qu'il faut considérer que le segment "saltem accurate" modifie encore "fallere incipias", auquel cas il y a zeugme, soit qu'il y a syllepse parce que le "ut" qui suit "saltem accurate" doit encore être rapporté pour le sens à "fallere inicpias," mais suppose une forme du type "fallere incipe".724. C'est donc, comme le montre l'exemple de Plaute avec le verbe "interbibere", le sens intensif du préverbe" inter-" qui est en cause dans cette scholie.725. Cette differentia se trouve chez Cicéron (Senec. 37), où l'on peut se demander si "liberi" signifie "les hommes libres" ou "les enfants". Il s'agit de la manière dont Appius est respecté dans sa maison : "Tenebat non modo auctoritatem, sed etiam imperium in suos : metuebant serui, uerebantur liberi, carum omnes habebant (non seulement il détenait une autorité, mais il avait même un réel pouvoir sur les siens : ses esclaves le redoutaient, ses enfants (ou les hommes libres) le respectaient, tous l'aimaient).726. Cette notation de métrique (on sait qu'elles sont très rares chez Donat) a été contournée par les modernes qui éditent "quid re tulit", sans qu'on doive supposer un allongement. En effet le préverbe "re-" a un e bref, tandis que l'ablatif "re" a un e long.727. Le fait de mettre "dire" au lieu de "croire" relève de l'anticipation : le poète décrit la phase 2 sans avoir indiqué la phase initiale. C'est l'argument qui "tire ce qui suit de ce qui précède". Sous cette désignation récurrente, Donat désigne ce que les modernes appellent "hysteron proteron". Voir And. 49, 1 ; Eun. 762, 2 ; 780, 4 ; 973, 5 ; Ph. 20, 2 ; 713 : Ad. 460 (et notre note) ; 823, 2 (et notre note). Lui-même l'appelle "métalepse" à la scholie suivante.728. Il est possible que Donat ait en vue que l'on n'utilise pas le perfectum d'"incipio" dans la langue soignée.729. Le verbe est un composé de "capio", mais il est tentant, sinon inévitable, dans les étymologies synchroniques des Latins, de forcer un rapprochement entre "capio" (prendre) et "caput" (tête).730. Etymologie varronienne (LL 7, 101, 2) : "mussare dictum, quod muti non amplius quam MU dicunt ; a quo idem dicit id quod minimum est : 'neque, ut aiunt, mu facere audent' (le verbe "mussare" vient du fait que les muets ne disent rien de plus que "mu" ; de là vient que le mot désigne le plus petit son possible : et ils n'osent pas, comme on dit, "faire mu", donc "souffler mot"). C'est là l'explication ancienne de ce que Benveniste appelle les verbes délocutifs.731. Encore une indication de gestuelle à l'occasion d'un déictique.732. De fait, dans la circonstance, la relation à l'acte d'accoucher fait de ce pronom un féminin. Mais Donat dit en fait plus que cette évidence : il signale que "nemo" implique (et inclut) le substantif "homo" (d'où sa reformulation en "nullus homo") et rappelle implicitement que "homo", terme générique pour désigner l'humanité, convient aussi pour des féminins. Il en va donc aussi, par implication, pour "nemo".733. Manière de rappeler le lien sémantique et pragmatique entre les adverbes liés au démonstratif "hic" et la première personne.734. C'est-à-dire à la scholie 507, 1 à propos de "referetur".735. En utilisant la troisième personne pour parler de soi-même, le personnage met en scène la voix de son maître et traduit ainsi son impatience devant les accusations non fondées du vieillard.736. La traduction en grec du mot latin à expliquer peut s'expliquer soit parce que Donat donnne implicitement le mot correspondant dans la pièce originale de Ménandre soit parce que le mot grec permet d'ineterpréter la valeur en contexte d'un adverbe polysémique en latin.737. Par l'autre citation térentienne proposée en exemple, on comprend que ce qui est en jeu ici c'est la double détermination "hanc tuam", à laquelle le grammairien compare "tuam istam" dans les Adelphes et à qui il donne une connotation méprisante. En revanche les exemples virgiliens, insérés par le commentateur de seconde main (selon Wessner), viennent à contretemps et n'ontrien à voir avec le propos. Seul point commun : la présence d'un adjectif possessif, mais en détermination unique et avec un emploi standard du réffléchi. C'est un cas clair d'interpolation.738. Pour comprendre, il faut considérer qu'il commence son examen après "inuentum est falsum", argument qui est de lui-même exclu de la succession rhétorique puisqu'il est manifestement inopérant. Sur la suite, voir par exemple Cic. Inv. 2, 16 : "causa, persona, factum".739. Donat, par l'emploi de synonymes grecs, précise que les valeurs locales de l'adverbe "ilico" relèvent contectuellement des questions "unde ?", "qua ?" et "ubi ?".740. "Frigide" s'oppose à "asseueratio" qui paraît signifier ici "affirmation catégorique" et teintée de passion, pour "frigide" ("sans marquer d'émotion") ; cf. Quint. 6, 1, 39: "Transtulit aliquando patronus puellam, quae soror esse aduersarii dicebatur (nam de hoc lis erat), in aduersa subsellia, tamquam in gremio fratris relicturus ; at is a nobis praemonitus discesserat. Tum ille, alioqui uir facundus, inopinatae rei casu obmutuit et infantem suam frigidissime reportauit" (une fois un avocat fit passer une jeune fille que l'on disait sœur de son adversaire (c'était là le motif du procès) sur le banc adverse, comme s'il allait la laisser dans le giron de son frère ; mais lui, que nous avions mis en garde, s'était retiré. Alors l'autre, par ailleurs homme éloquent, resta bouche bée devant cet événement inattendu et reporta son enfant à sa place sans marquer la moindre émotion).741. Le commentaire n'est pas très clair. Donat remarque une certaine désinvolture dans la réponse de Dave à la question du vieillard : pourquoi n'as-tu pas informé Pamphile ? question à laquelle Dave paraît répondre à côté. Il suppose donc l'enchaînement suivant : pourquoi ne l'as-tu pas dit à Pamphile ? Je le lui ai dit. D'ailleurs tu peux remarquer que c'est moi qui l'ai séparé de sa concubine...742. Nouvelle inconséquence dans le texte commenté où Donat hésite visiblement entre "tamen idem" (texte généralement suivi par les modernes) et l'étrange "tamenidem".743. L'ajout par Wessner de "et superlatiuis" ne s'impose pas vraiment. Donat peut signifier exactement la même chose en indiquant que l'adverbe, chez les Anciens comme aujourd'hui se joint "aussi" aux comparatifs. Toutefois, nous conservons l'ajout parce qu'il clarifie le commentaire.744. Il s'agit de distinguer "promissio" (promesse simple) et "pollicitatio" (promesse intensive). Mais ce sens prêté à "pollicitatio" paraît contaminé (faussement) par le grec : Donat croit sans doute voir là un mot composé en" poly-" (lequel connaît un allomorphe "poll-") : "polli-citus" serait ainsi "celui qui s'agite beaucoup pour promettre", "polli-citatio" signifierait "agitation multiple". La differentia proposée est dont entièrement induite par une mauvaise analyse de la forme interne du mot. Comme on sait, le verbe "polliceor" est en réalité un composé (en "por-", variante archaïque de "per-") de "liceor" et signifie proprement "proposer une enchère supérieure" (d'où dérive l'idée de "promettre").745. Le mot "Chremes" fait à l'accusatif "Chremen", "Chremem" et "Chremetem". Il est souvent, de ce fait, cité par les grammairiens. Donat remarque ici une variation brutale, puisque Simon dit "Chremem" au dernier mot de la scène, et "Chremetem" dès le vers suivant, dans une succession "Chremem. Iubeo Chremetem" qui rend de fait la variation particulièrement spectaculaire. Mais il n'est pas sûr qu'il faille, comme Donat, le lire au vers 532 : voir la note apposée au texte latin.746. Sur la notion d'"euentus", voir Evanthius Fab. 5.747. L'ordre des mots proposé par Donat est amétrique : le texte est "…gnatum meum".748. La raison de l'absurdité n'est pas évidente. C'est probablement que Donat considère comme totalement inefficace de supplier un personnage au nom d'une personne avec laquelle il n'a aucun lien. Si l'on supplie un personnage au nom d'un enfant, il faut que ce soit l'enfant du personnage que l'on supplie.749. Enée jure ici qu'il a combattu et risqué sa vie pour cette Troie en flammes par laquelle il jure.750. Vénus implore son père de protéger au moins Ascagne de la colère de Junon, par ces mêmes ruines de Troie qui montrent la colère de la terrible déesse.751. L'objet exact du commentaire est difficile à cerner. C'est soit la présence dans le même énoncé du même verbe à deux temps différents ("fuerant" + "futurae") dans un rapport de dépendance l'un par rapport à l'autre, soit un énoncé dont trois mots successifs commencent par la même initiale.752. Le latin, au contraire du grec, n'admet normalement pas l'impératif dans l'expression de la défense, ce qui provoque le commentaire de Donat. La forme la plus littéraire serait "ne me obsecraueris".753. Donat remarque ici que l'emploi du "cum" historicum s'imposerait, puisque le rapport est à la fois temporel et causal, et que rien ne justifie, selon lui, la présence de l'indicatif, qu'il attribue à un fait de langue ancienne. On observera toutefois que ce mode et ce temps peuvent se rencontrer pour marquer la succession immédiate de deux actions : "au moment précis où je te la donnais", ce qui n'est pas absurde ici, et encore moins dans l'exemple virgilien.754. Dans le schéma de Chrysippe cette proposition est la suivante: si A donc B, mais non B, donc non A. Soit, avec une légère variante par rapport au schéma strict : "SI c'est notre avantage à tous les deux, fais le venir, MAIS ce N'est PAS notre avantage à tous les deux, DONC ne le fais pas venir et réfléchis".755. L'emploi est légitime car l'adjectif "utile" s'applique parfaitement aux deux personnages, "uterque" impliquant selon Donat non seulement la présence de deux personnes ou choses, mais une action conjointe de ces deux entités, ou un état commun.756. Soit "ita" et "-que" et non l'adverbe "itaque". Donat fait le même commentaire à Hec. 207, rappelé ici. Sur l'incidence à l'oral et sur la place de l'accent qui permet de différencier les deux homonymes, voir l'intéressante scholie à Ad. 258 et notre note.757. Ce qui implique qu'il n'a pas de masque.758. Est réputé péjoratif, donc, non pas l'emploi du démonstratif "hic", mais l'emploi du pluriel pour le singulier. Le vers cité de L'Eunuque (qui est l'objet d'une remarque comparable) dit le pluriel "meretricum" pour référer de façon générale à une situation particulière qui concerne la courtisane de la pièce. L'effet serait sans doute le même en français avec un tour comme "évidemment, avec des filles de ce genre...".759. Une construction éthique est une construction dans laquelle un élément qui relève en général des pronoms personnels est superflu : par exemple un datif d'intérêt dans une phrase où il ne s'analyse pas tout à fait, comme le "me" de "Tu vas me la finir cette viande ?". Le locuteur marque ainsi son extrême intérêt à l'action. Dans l'exemple cité de L'Héautontimorouménos, le pluriel signale la même chose : c'est toi qui maries, c'est toi qui donnes de l'argent, mais la chose m'intéresse, comme si c'était notre argent à tous les deux ; dans le cas présent, c'est un peu plus compliqué : c'est à Simon de marier son fils ; mais en disant "marions-le <toi et moi>", il implique Chrémès dans la décision.760. L'équivoque repose sur les deux accusatifs "illum" et "hanc" : on ne sait si le sens est que "lui la possède" ou "qu'elle le possède". D'ailleurs Donat propose immédiatement une autre solution, qui réduit le problème : l'énoncé fonctionne dans les deux sens.761. On lit également "sed" dans ce passage.762. On voit mal en quoi l'énoncé "istuc periculum in filia fieri graue est" peut devenir un proverbe au sens moderne du terme. On voit ici encore la confusion qui règne chez Donat entre ce que nous nommons, nous, proverbe et les maximes ou les sentences. Ici de toute évidence, il s'agit plutôt d'une sentence.763. Le texte de Donat "corrigetur" est amétrique, à moins de rejeter le "at" au vers précédent. Les éditeurs modernes choisissent "corrigitur", qui est métriquement possible.764. Le syllogisme paraît reposer sur la succession des propositions hypothétiques dans ces deux phrases. Il faut donc poser comme majeure : "si eueniat discessio incommoditas redit" et comme mineure "at si corrigitur commoditates sunt", ce que l'on peut formaliser ainsi : "SI discessio, NON commoditates ; AT SI correctio, commmoditates" en comprenant, pour que le syllogisme fonctionne, que "correctio" = "non discessio" ce qui donne effectivement la forme négative et les lemmes contraires : "SI discessio, NON commoditates ; SI NON discessio, commmoditates".765. Noter ici l'incohérence (assez fréquente dans le commentaire) du texte proposé par les lemmes 1 et 2.766. "DAVOS" dans les deux cas. Du moins à supposer que le nom propore a un pluriel...767. Même commentaire qu'en Andr. 173, 4.768. Le commentaire s'éclaire grâce à l'exemple de Cicéron. Donat remarque qu'on dit "precari aliquem", mais "petere ab aliquo". Donc une construction "precari ab aliquo" est irrégulière, et suppose une forme de zeugme où l'un des termes est sous-entendu. Le même phénomène s'applique alors aisément à la phrase de Térence : on ne dit pas "uereor a te", mais on dit "uereor te" et on dit "fieri a te" donc il faut comprendre "te uereor ne id a te fiat".769. Donat repart de la structure de l'adverbe et isole l'élément modum (de modus = mesure). Il remarque alors que « presque la mesure » est moins que « exactement la mesure », et en tire cette gradation entre propemodum et admodum.770. Selon la technique de l'aparté perçu : Dave a grommelé "occidi !", dont Simon a perçu à peu près la structure phonique. Sur la demande du vieillard Dave fait mine de répéter ce qu'il a dit entre ses dents mais c'est autre chose de ressemblant, "optime", et qui va à contresens de ses sentiments réels. Les deux mots ont même nombre et même structure de syllabes, même initiale, même place de l'accent, même timbre des voyelles. L'illusion est réussie, en effet. Pour autant ce n'est pas un pur "paromoion" si l'on en croit sa définition de la scholie And. 777, 1 : voir notre note ad loc.771. Le premier verbe est au futur, le second au présent.772. C'est sans doute le ton qui est équivoque ici : son maître attend que Dave tire gloire d'avoir fait cela tout seul, mais en réalité le constat est amer : Dave s'est mis tout seul dans cette situation impossible.773. Allusion au vers 240, "sum irritatus animum".774. Il s'agit de la "littera canina" que l'on retrouve chez Perse (1, 109-110). Le rapprochement entre la lettre R et les chiens se trouve déjà chez Lucilius, 1, 32 M au témoignage de Charisius GL 1, 159 : "canes Lucilius I, 'inritata canes quam homo quam planius dicit', pro 'canis'" (Lucilius dit "canes" au lieu de "canis" au livre I : "lettre qu'une chienne chienne irritée prononce plus clairement qu'un humain") et de Nonius 31, 21. Donat cite le passage de Lucilius au commentaire d'Ad. 292, 2, dans une version légèrement différente de celle de Charisius.775. La politesse passe ici par l'emploi d'un acte de langage moins agressif : l'impératif dénote l'ordre sans ambages, le subjonctif glisse vers le souhait et semble laisser une échappatoire à l'interlocuteur.776. Ce sens de "rectus" est bien improbable et on voit mal comment Donat y parvient.777. Le même commentaire se lit en Eun. 289. Voir notre note ad loc.778. Comprendre "dirigée contre les deux personnages" : Simon "insperante" et Pamphile "inuito".779. Il est habituel de rapporter "iners" à "ars" (légitimement), mais tout aussi habituel de rapprocher (erronément) "ars" et le mot grec "ἀρετή" (vertu). Cf. par ex. Isidore de Séville, Et. I, 1, 2.780. Donat dit littéralement "c'est un seul mot", en utilisant le terme consacré "pars orationis". Mais de quoi parle-t-il exactement ? Faut-il comprendre que "tam" et "nulli" forment un seul mot "tamnulli" ? ou "nulli" et "consili", sous la forme "nulliconsili" ? Aucun de ces "mots" ne semble attesté et les grammairiens latins ne disent rien de tel, même ceux qui citent ce vers de Térence, comme Charisius ou Priscien (c'est alors à chaque fois pour signaler, comme Donat à la scholie suivante, que "nulli" est un génitif archaïque). Peut-être faut-il comprendre, en forçant sensiblement le sens de l'expression "pars orationis" (qui veut dire "mot"), que "nulli consili" fonctionne comme une lexie adjectivale, comme le ferait au fond n'importe quel groupe au génitif de qualité : "sum tam nulli consili", "je suis tellement sans-idée".781. Il y a là trace d'une differentia varronienne (LL 5, 177-179) : "poena a poeniendo aut quod post peccatum sequitur. pretium, quod emptionis aestimationisue causa constituitur, dictum a peritis, quod hi soli facere possunt recte id. si quid datum pro opera aut opere, merces, a merendo. quod manu factum erat et datum pro eo, manupretium, a manibus et pretio. corollarium, si additum praeter quam quod debitum ; eius uocabulum fictum a corollis, quod eae, cum placuerant actores, in scena dari solitae. praeda est ab hostibus capta, quod manu parta, ut parida praeda. praemium a praeda, quod ob recte quid factum concessum" (le mot "poena" vient de "poenire" autrement dit ce qui suit une faute. "Pretium" c'est ce qui est fixé en vue d'un achat ou d'une estimation, le mot venant de "peritus" car ce sont eux (les "periti" = les experts) seuls qui sont capables de faire cela correctement. Si l'on donne quelque chose pour un travail ou un ouvrage, on parle de "merces", qui vient de "merere" (mériter) ; ce qui a été fabriqué à la main et donné, pour cela s'appelle "manupretium", qui vient de "manus" (la main) et de "pretium" (le prix). On parle aussi de "corollarium" si on ajoute quelque chose à ce qui est dû ; ce mot a été forgé à partir du mot "corollae" (petites couronnes) parce que c'était là ce qu'on avait coutume de donner en scène aux acteurs qui avaient eu du succès. Le mot "praeda" désigne ce qui est pris par les ennemis, autrement dit "manu parta" (acquis par son bras) comme si on avait "parida" au lieu de "praeda". Le mot "praemium" vient de "praeda" pour ce qui est accordé en raison d'une bonne action).782. La citation n'est pas de Plaute au sens strict : elle figure dans l'Argument acrostiche de l'Asinaria, dont l'auteur n'est pas identifiable mais bien plus tardif. Pour Donat, néanmoins, il n'y a pas de différence : le texte se lit dans son édition de Plaute et peut donc être rapportée au grand comique.783. La scholie fait une differentia entre "praemium" et "pretium", en insistant sur le sens en bonne part de "praemium" et, éventuellement, en mauvaise part de "pretium" (comme pour "mériter" dans "tu l'as bien mérité !"). Mais dans la scholie 2 il s'agit d'une remarque de construction, avec le tour prépositionnel en "ob" à la place du génitif adnominal. Est-ce le tour prépositionnel qui aiguille vers le sens péloratif de "pretium" ? La chose s'interprète en effet "une récompense pour ta sottise". En revanche dans le tour plautinien "pretium ob asinos", il ne semble pas qu'il y ait péjoration : est dénoté le prix obtenu par la vente des ânes (qui donne son titre à la pièce Asinaria). Inversement, "pretium stultitiae" (le prix de ta sottise) donnerait le même effet négatif que "pretium ob stultitiam". Donc ce n'est pas la construction qui oriente la connotation du mot "pretium" mais bel et bien le sens du mot qui le complète, quelque construction qu'il adopte.784. C'est bien le nom de "père" qui, selon un poncif de la comédie, est de nature à provoquer la terreur chez un jeune homme. Une terreur ici auto-alimentée par Pamphile lui-même !785. Sur cette differentia entre deux verbes "promettre" et le caractère intensif de "polliceor", voir le commentaire à And. 527 et notre note.786. La situation est évidemment la punition terrible que l'esclave suppose qu'il va recevoir dans les plus brefs délais.787. Parce que cela fait un jeu de mots, "expedire" pouvant signifier "délier" : "je trouverai quelque expédient à cet empêchement", ou "je me délierai de mes entraves". Térence joue en trois vers sur la famille de mots : "impeditum", "impeditam", "expediam", "expedies". Ce sont par ailleurs des mots du théâtre pour caractériser l'imbroglio et le déblocage d'une situation inextricable, mais Donat ne fait pas explicitement remarquer le caractère métathéâtral de ces répliques.788. La première porte sur "iam" et la seconde sur "expediam".789. Llittéralement "porte-carcan".790. Il paraît assez clair que le commentaire est autant lexicologique que dramaturgique : Donat oppose clairement "impeditus" et "expeditus" et donc logiquement "integer" à "perditus". C'est la raison pour laquelle nous traitons ces adjectifs comme des autonymes.791. Il s'agit là d'une differentia de type homonymique, comme on en trouve beaucoup dans le "De Differentiis" d'Isidore de Séville. Les élèves de Donat sont susceptibles, manifestement, de confondre les deux verbes dont la différence phonique est, à leur époque, encore moins sensible qu'à l'époque classique. La scholie vise à distinguer par l'orthographe autant que par le sens deux verbes qui se ressemblent beaucoup.792. En ce que, parce qu'il ne punit pas immédiatement Dave, il lui laisse la possibilité de reparaître en scène et donc de jouer encore un rôle dans l'argument.793. Le moins qu'on puisse dire est que le commentaire de Donat n'est pas très clair. L'idée paraît être la suivante : le verbe "sinere" ne s'applique en propre qu'à "ulcisci" (le temps dont je dispose ne me permet pas de te punir) et non à "praecauere" (pour donner : le temps dont je dispose me permet de me prévenir contre tes fourberies), et il faut donc sous-entendre selon le commentateur un verbe "cogit" pour avoir : "le temps dont je dispose me contraint à me contenter de me prévenir contre tes fourberies, mais il ne me permet pas de te punir". C'est là que se trouve la syllpese, dans l'usage du seul verbe "sinere" pour les deux constructions. Sans doute parlerait-on plutôt de zeugme.794. Donat caractérise ici moins la première scène de l'acte que l'acte tout entier.795. Rapprochement heureux avec un vers qui est, lui aussi, un tout début de scène.796. Les éditeurs modernes retiennent plutôt ici le texte "consuetudo".797. Ce vers (Ad. 304) n'est pas, lui, un début de scène ni même un début de réplique, mais de structure identique à celui qui est commenté, il propose une gradation qui mène de la généralité à la spécificité, comme ce qui est relevé dans la citation cicéronienne, qui fait donc transition entre les deux passages térentiens qui répondent à celui-ci. C'estde belle méthode.798. A propos de ce passage de L'Eunuque (1-3), Donat remarquait ad loc. le même phénomène par lequel le singulier "quisquam" est repris par le pluriel "his" et renvoyait pour l'illustrer non pas à ce vers de L'Andrienne, par un effet de bouclage, mais à un troisième, tiré de L'Héautontimorouménos (393).799. Mais Donat préfère le pluriel, qui fait syllepse et qui est stylistiquement plus intéressant.800. Incohérence de Donat (ou des manuscrits) : il faudrait sous-entendre "gaudeant", pour se mettre en conformité avec la scholie 1.801. Commentaire sentencieux et quelque peu énigmatique : Donat indique en réalité qu'il existe deux sortes de "pudor", un positif et un négatif. Le "pudor" négatif est celui qui empêche le mal, le positif celui qui préconise le bien. Ici il considère les deux notions en gradation, mais la gradation elle-même repose en réalité sur des données implicites aux paroles de Charinus que le commentateur ne développe pas. Pour Charinus, le "pudor" négatif empêche de refuser ce qui est selon lui légitime, mais il ne va pas jusqu'à un "pudor" positif qui le ferait accorder. A travers la palinodie des "pessimi", c'est bel et bien cette impossibilité de passer du "pudor" négatif au "pudor" positif qui apparaît.802. Tel quel le commentaire est incompréhensible : il faut comprendre soit que "denegare" est sous-entendu "une deuxième fois", c'est-à-dire en complément du verbe "timent" qui est en réalité le premier, soit que "denegare" est sous-entendu à la fois comme complément de "coacti" et comme complément de "timent".803. Nouveau commentaire énigmatique. Il faut de toute évidence comprendre "malitia" comme un ablatif, car en faire un équivalent de "res" obligerait en raison de la suite du commentaire de Donat à supposer deux fois le mot dans la phrase, une fois pour désigner la méchanceté, et une fois pour désigner l'objet sur lequel elle s'applique. En fait, Donat précise seulement que ce qui caractérise ces gens comme des méchants c'est uniquement qu'ils refusent la chose qu'ils ont promise.804. Le commentaire de la deuxième main est assez obscur. Il repose probablement sur l'opposition entre "pudet" et "ueretur" d'un côté et "ubi opus est", "ubi nihil opus est" de l'autre. Si l'on s'en tient au commentaire de Donat, "pudet" paraît présupposer que l'on évite quelque chose, alors que "uereor" semble supposer que l'on accepte quelque chose avec respect. Sans doute la seconde main préfèrerait-elle que Térence écrive : "ubi opus est ueretur, ubi non opus est pudet", au sens de "dans ce qui le mérite il montre du respect, dans ce qu'il ne le mérite pas il a honte de s'engager".805. Ce qui pose sans doute problème à Donat, c'est la construction "adeamne ad eum" qui met en regard deux "ad". Il est probable que le commentateur juge qu'un des deux "ad" est de trop.806. Donat veut dire en réalité que l'énoncé est incomplet, parce que le personnage ne présente pas tout ce que contient "multum".807. La scholie 6 explique de quoi il s'agit.808. Donat veut dire que Pamphile choisit de plaider la non-responsabilité par imprudence ; il choisit donc de concéder la faute mais non sa préméditation, ce qui constitue une "concessio". Charinus s'empare du point qui fonde la "concessio" pour réfuter non tant l'argumentation de Pamphile que sa stratégie défensive elle-même.809. Donat, on le sait, dipose de textes où les personnages qui parlent ne sont pas précisés. Ici donc on peut lire la phrase comme une seule réplique de Charinus : "Heu me miserum... falsus es" et dans ce cas effectivement, "falsus" signifie "fallax" ("tu es un menteur").810. P.-Fest 117 : "lacit, in fraudem inducit. Inde est allicere et lacessere ; inde lactat, illectat, delectat, oblectat" ("lacere" : tromper. Dérivés "allicere" et "lacessere" ; dérivés "lactare", "illectare", "delectare", "oblectare").811. Au subjonctif, donc, au lieu de l'indicatif "confecit".812. Cette remarque semble opposer la connaissance que le personnage croit avoir et celle qu'il devrait avoir s'il avait saisi l'évolution.813. Il existe un "altercor" (déponent) qui a un doublet actif "alterco", mais Donat a une préférence exclusive pour le déponent.814. Donat hésite sur la nature de ce "quo" : soit il s'agit d'un relatif à l'ablatif (mais comment construit-il ?, voir le lemme 5), soit il s'agit d'une conjonction. La seconde solution est évidemment extrêmement préférable, mais non avec l'équivalent que donne Donat ; il faudrait, s'il n'y avait pas "minus", non pas "quoniam" ni "quod", mais "ut".815. Donat fait deux raccourcis : d'une part il commente "apparari" mais exemplifie avec le verbe simple "parari", d'autre part il itire du contexte très fortement tragique d'une citation virgilienne (c'est une victime qui parle, en l'espèce le perfide Sinon racontant le simulacre de son immolation) une portée générale forcée.816. Il est difficile de voir ce que le commentateur a voulu dire ici. Peut-être salue-t-il le rythme ternaire du vers en indiquant qu'il est inutile de mettre un quatrième verbe. Peut-être caractérise-t-il une gradation dont le sommet, "orare"é est indépassable.817. Dans notre reconstruction du texte, Donat voudrait dire que "inter" ici ne doit pas être construit comme un adverbe qui signifierait "inter hoc" et donnerait à la phrase le sens de "il jette le trouble là-dedans", mais bien avec un sens de préverbe intensif : "il jette un trouble complet". A défaut d'assurer notre reconstruction du texte la suite de ce lemme et le lemme 4 en assurent le sens.818. Voir commentaire au vers 479.819. On notera, ici comme assez souvent, une incohérence dans le texte térentien fourni par le lemme.820. Le commentaire porte sur le temps de la forme "euĕnit" présent ou "euēnit" parfait. Si c'était un présent, cela impliquerait un procès répété ("chaque fois que quelque chose arrive") et non pas ponctuel ("s'il est arrivé quelque chose"). La forme de futur "eueniet" est également attesté dans les manuscrits térentiens.821. Ici comme ailleurs dans le commentaire, l'élément "se-" s'interprète comme un préfixe privatif, ce qu'il est effectivement. On a là une étymologie classique de l'adverbe "sedulo".822. Donat veut dire que le premier "ubi" suffit seul à exprimer le sens, mais il paraît ignorer délibérément la différence avec la forme redoublée qui est indéfinie, ce que n'est pas "ubi".823. En écrivant cela, Donat semble considérer, ce qui est sans doute le cas de son temps dans la langue courante, que le vocatif de "meus" est "meus". L'emploi de "mi" est absolument courant dans la latinité classique, mais le vocatif "meus" n'est pas sans exemple y compris aux côtés de "mi". Voir par exemple Plaut., Asin. 664.824. L'idée n'est de toute évidence pas que Glycère ne se marie jamais mais qu'elle continue d'ignorer qu'un autre mariage est prévu pour Pamphile.825. Scholie identique au mot près en 656, 2. Voir notre note ad loc.826. Le commentaire n'est pas très clair. On voit mal d'abord en quoi les deux explications s'excluent mutuellement, ce que semble indiquer "aut". De plus la reformulation n'est absolument pas claire. Donat semble indiquer qu'on peut comprendre ce vers comme une description de l'état de Charinus dont le remords est aussi dément que la passion de Pamphile. Le plus simple serait cependant de considérer que "insanit", bien qu'à l'indicatif, est le verbe d'une exclamative indirecte : "si tu te repens en voyant combien spontanément il s'est mis dans tous ses états".827. S'il y a ici de l'ironie, elle est plutôt sur "satis" que sur le passage cité dans le lemme.828. La deuxième main semble croire que les verbes composés "aduerto" et "addo" sont des intensifs par rapport aux verbes simples "uerto" et "do". On notera alors qu'il ne perçoit évidemment pas que seul "addo" peut à la limite se ranger dans son explication, le "ad" de "ad-uerto" ayant un tout autre sens. A moins qu'il ne fasse le rapprochement avec "admirabiliter" qu'en raison de la particule "ad" en début de chaque mot, sans pour autant avoir à l'esprit de notion sémantique précise pour les verbes "aduerto" et "addo".829. Commentaire pour le moins surprenant, Donat semblant construire "Neptuni" en facteur commun des trois éléments, ce qui ne s'impose pas. Ce type d'analyse est typique de la tendance du grammairien à créer un problème pour y apporter une solution qui lui permette de dire ce qu'il a envie de dire, ici de toute évidence la citation virgilienne. Il a déjà fait un commentaire comparable (mais plus étoffé) en Ad. 790, 4, d'où il tire cet excursus qui n'a à peu près rien à voir avec le lemme de départ.830. C'est-à-dire introduisant une consécutive négative et non une finale négative.831. Il n'y a aucune raison de considérer le lemme comme "locus desperatus" comme le fait Wessner. Il faut au contraire supposer que Donat attribue cette réplique à Charinus (et non à Dave comme les éditeurs modernes), dont le texte est alors : "miser aeque, atque ego consilium quaero". Voir le lemme suivant.832. Nouvelle attribution des répliques problématique, qui confirme une incertitude sur la construction de ce passage. Nous avons édité dans le texte latin de la comédie ce que Donat paraît privilégier.833. Commentaire habituel à l'égard de la construction archaïque de "ut" avec un verbe de crainte. Voir notre note à 277, 2.834. La citation de Salluste n'étant connue que par Donat, la traduction est purement conjecturale.835. "Discedentis" n'est pas à prendre ici au sens premier de "celui qui veut partir" (encore qu'il s'agisse probablement de la finalité de l'avertissement) mais il désigne à notre sens "celui qui veut mettre un terme à une discussion avec quelqu'un" et qui, pour ce faire, lui demande quand il s'en va ou où il s'en va, pour le pousser à partir. Cette interprétation nous paraît confirmée par le propos du lemme 4 au même vers.836. L'intérêt de ce commentaire réside dans le statut de "uerum" qui oriente la lecture. Si "uerum" est un adjectif substantivé, et que le vers signifie "tu veux que je te dise la vérité", cela implique que Charinus, au lieu de s'en aller, va raconter son histoire ; si au contraire "uerum" est une conjonction ou un adverbe, et que le phrase signifie "tu veux vraiment que je te le dise ?" (la réponse étant évidemment "non"), cela signifie que Charinus a parfaitement compris qu'il doit s'en aller. 837. Le commentaire veut souligner qu'il faut en réalité comprendre deux fois "quid".838. Le diminutif étant féminin, Donat considère qu'il ne peut provenir que de l'emploi féminin de "dies", dont on sait qu'il peut avoir les deux genres. Il s'attendrait dans le cas contraire à un "dieculus" qui ne semble pas avoir existé.839. Nous comprenons ici que "diecula" désigne un délai d'une journée ou de moins d'une journée.840. Difficile de savoir à quel genre de représentation moderne pense Donat : théâtre public ? théâtre scolaire dans le cadre même du cours sur Térence ?841. L'attribut "summum bonum" est un neutre alors que le sujet est un masculin. Il n'y a tout de même là rien qui puisse choquer.842. Le commentaire de Donat laisse supposer un changement de scène à cet endroit (voir la scholie 722, 1 qui débute par "in hac scaena") où les éditeurs modernes préfèrent voir la suite de la scène précédente. Le changement de scène (avéré dans certains manuscrits) est induit par l'entrée de Dave.843. Ce terme, formé sur "herba" et censé désigné toutes sortes de végétaux, est inconnu des lexiques et autres dictionnaires. C'est un chaînon manquant dans un raisqonnement étymologique, ce qu'atteste la présence de "quasi" dans cet énoncé.844. Ce mot grec nous paraît intraduisible ; c'est à peine si nous reconnaissons à l'intérieur le terme de "murrinai" qui désigne des couronnes de myrtes. Dans les fragments de Ménandre (frg 40 Sandbach) le passage est ainsi reconstruit : ἀ]πὸ Λοξίου σὺ μυρρίνας.845. Le commentaire porte ici sur l'adjectif "nouus" ; la chose semble inédite pour un personnage d'esclave et tout à fait subite de surcroît.846. Donat signale un jeu de scène. Dave ne veut pas être vu de Chrémès avec Mysis et le bébé. Il fait donc une fausse sortie pour pouvoir reparaître dans une fausse entrée. Il sort par la droite, du côté de l'autel de Liber (voir Evanthius, 8, 3), en se dissimulant de Chrémès qui arrive par la gauche (voir le vers 751) ; il feindra d'arriver de la ville exténué au vers 745 et de ne pas voir Chrémès (cf. vers 749-750). Si la fausse sortie de Dave se fait par la droite et l'entrée de Chrémès par la gauche (si l'on en juge au commentaire de 751), c'est que les deux accès (dont l'un, théoriquement, donne au port, l'autre à la ville) sont vraisemblables pour les activités que les deux personnages ont eu à y faire (réellement ou censément) : Chrémès pour les préparatifs du mariage, Dave pour le marché. Du coup, on serait tenté de croire que c'est du côté ville (là où l'on trouve les traiteurs et le forum, voir la scholie 742, 3) que devraient venir et Chrémès et (prétendument) Dave, après sa fausse sortie. Dans ce cas, il faut que les deux personnages se soient croisés sans que Chrémès voie Dave sortir puis que Dave, après son entrée, puisse avec vraisemblance ne pas voir Chrémès, dans l'idée de lui faire saisir de prétendues confidences entre Dave et Mysis. Comme Donat semble opposer les deux côtés en 751 mais au contraire attester que les deux entrées se font du même côté en 742, 3, il est difficile, en définitive, de déterminer exactement le jeu de scène et d'avoir une idée précise de l'espace scénique que se représentait Donat.847. C'est une differentia implicite entre "oratio" (discours constitué) et "uerba" (bribes).848. Isidore de Séville (Et. 12, 6, 34) évoque lui aussi cette légende zoologique : "Echenais, paruus et semipedalis pisciculus, nomen sumpsit quod nauem adhaerendo retineat. Ruant licet uenti, saeuiant procellae, nauis tamen quasi radicata in mari stare uidetur nec moueri, non retinendo, sed tantummodo adhaerendo. Hunc Latini moram appellauerunt, eo quod cogat stare nauigia" (L'echenaïs, petit poisson d'un demi-pied de long, tire son nom du fait qu'en s'accrochant au navire, il le retient. Les vents ont beau souffler, les tempêtes faire rage, le navire pourtant, comme s'il était enraciné dans la mer, paraît stable et immobile, non pas parce que le poisson le retient, mais parce qu'il s'y accroche. Les Latins l'ont appelé "mora" (retard) parce qu'il oblige les embarcations à s'arrêter). Le nom grec de ce poisson semble en effet signifier "qui retient les navires" (d'où la légende, par rétromotivation) mais il signifie en réalité "qui s'accroche aux navires". La légende par réinterprétation du nom semble dater du premier siècle de notre ère : voir Pline 9, 79 et surtout 32, 2 (qu'Isidore cite implicitement), où le naturaliste rappelle comment un "echeneis" stoppa la fuite d'Antoine pendant la bataille d'Actium ; Luc. 6, 674 ; etc. Le nom latin "re-mora" plutôt que "mora" semble trouver chez Donat sa première attestation, reprise par Servius. Sur l'ensemble du dossier, cf. A. Blanc, "Du composé au mythe : l'échénéis", dans Les zoonymes, Nice, 1997, p. 77-89.849. Voir le commentaire à And. 790.850. Ce que fait remarquer Donat c'est donc la construction de "miror" avec l'interrogative indirecte. Apparemment cette tournure cbanale s'est suffisamment raréfiée à l'époque tardive pour qu'il y ait besoin de l'expliquer.851. Sur le jeu de scène de la fausse sortie et fausse entrée de Dave et l'interaction avec l'espace scénique, voir notre note à 734, 2.852. Cette scène est tiche en apartés (entre Dave et Mysis) et Donat signale à l'occasion les décrochages énonciatifs que cela suppose.853. Donat note un jeu comique : Dave dit "maledicis" en aparté et juste après enjoint à Mysis de parler haut et clair, ce qu'il ne fait pas lui-même. Cette manière de faire paradoxale est comique en soi et trompe la malheureuse servante qui ne comprend plus rien à ce qu'il faut faire et dire.854. En fait Dave veut que Mysis dise la vérité et avoue d'où vient l'enfant. La servante n'entre pas dans son jeu et se contente de réponses allusives et louvoyantes. Dave supplée le "a nobis" (il est de chez nous), trop peu précis, en poussant une tirade sur les courtisanes, qui fait comprendre à Chrémès que Mysis est la servante de l'Andrienne.855. Le commentaire à ce morceau est assez bousculé, le commentaire de la seconde main étant inséré au milieu du commentaire d'un autre passage. Nous rétablissons l'ordre des lemmes.856. La preuve est faible car Canthara, comme les vieilles femmes de comédie, est naturellement rembourrée. Elle pouvait donc ne rien dissimuler.857. Il y a lieu de supposer que l'acteur qui jouait le rôle de la vieille femme devait effectivement porter des rembourrages. Sur cesaccoutrements comiques, voir A. Piqueux, « Rembourrages et image du corps dans la comédie ancienne et moyenne : témoignages archéologiques et textes comiques», dans F. Prost et J. Wilgaux (éds), Penser et représenter le corps dans l’Antiquité, Celtic Conference in Classics, Rennes II (1-4 septembre 2004), PUR, 2006, p. 133-150. Voir aussi une partie de notre note (sur le nom de "Thylacus") à la scholie 226, 4.858. En se dégageant donc de sa tutelle grecque, en adaptant Ménandre aux usages romains.859. C'est-à-dire qu'il mêle à son récit les paroles d'autrui, en les imitant. Cf. la note au commentaire d'And. 780.860. Les deux procédés sont proches et souvent signalés par Donat. Il fait ici une intéressante differentia terminologique : "paronomasia" implique étymologiquement le mot "onoma", donc le nom. Ici les deux formes quasi-homonymes "prouoluam" et "peruoluam" étant des verbes, il s'interdit d'utiliser le terme de "paronomasia". Il a cette même rigueur en Eun. 42, Ad. 300, 2, Ad. 423, Hec. 168, 2 ainsi que plus haut en And. 218 et 242, 3 ; mais en And. 963, avec un couple adverbe-nom, il utilise la notion de paromoion, malgré la présence d'un nom (adjectif) ; même chose en Hec. 50 (qui cite aussi Hec. 54), Hec. 274. Dans Eun. 42, le paromoion proposé concerne bien des verbes, mais en Eun. 245, le mot semble désigner autre chose (une isotopie) ainsi qu'en 780, 1 (allitération d'initiales). Cas discutable également en And. 592, 2 ("occidi" vs "optime" : voir notre note ad loc.). Le terme "paronomasia" en revanche est systématiquement affecté à des couples de noms (ou de pronoms, ou d'adjectifs) : voir Hec. 1, 8 ; 55, 4 ; 475, 1 ; Ad. 299, 3.861. Etymologie de "sobrius", via un chaînon manquant "sebrius", compris comme "se-ebrius", avec préverbe "se-" indiquant la séparation ; c'est une étymologie analogique : "sobrius" est à "ebrius" (ivre) ce que "se-cretus" est à "cretus" (représenté par le verbe "cernunutur" de la morphologie duquel il relève).862. C'est une allusion, comme dans le commentaire au vers 773 ci-dessus, à la théorie platonicienne de la mimésis, adaptée au contexte générique. Pour Platon, il y a trois sortes d'énonciation : le niveau diégétique, qui consiste à s'exprimer en son nom propre et à raconter ou décrire quelque chose de façon auctoriale (par exemple dans le genre historiographique ou le traité scientifique) ; le mimétique, qui consiste à utiliser la voix de personnages (comme dans la tragédie ou la comédie ou les dialogues, notamment platoniciens) ; le genre mixte, qui passe du diégétique au mimétique (par exemple l'épopée, qui fait se succéder récits et discours). Ce que Donat fait voir ici (d'une façon d'autant plus remarquable qu'il travaille probablement sur un texte comique peu ponctué et dont les répliques sont mal délimitées), c'est que Dave, au vers 773 puis au vers 780, fait parler quelqu'un d'autre à l'intérieur de son propre discours, au style direct. On comprend donc qu'il considère que, dans le genre comique qui est par définition homogènement mimétique, il peut y avoir de la mimésis dans la mimésis, dès qu'une sous-énonciation est mise en œuvre. Du coup, dans ce cadre-là, le genre peut être considéré comme mixte. Mimétique par essence, il devient exégétique si l'on considère Dave comme l'"auteur" de ses propres répliques (comme l'historien est l'auteur du récit qu'il fait), les paroles de chaque personnage-auteur étant dès lors un récit ; il devient mimétique dès que cet "auteur" laisse la place à un autre énonciateur, comme ici, puisque Dave cite au discours direct les paroles de quelqu'un d'autre ; dans cette optique, le genre est donc mixte, oscillant entre le récit et le discours.863. Donat a fait la même remarque mot pour mot en 750, 1 ("consternatae" au lieu de "contubatae"). Peut-être s'agit-il d'une remarque socio-linguistique : "au" serait-il un juron typique de femme (comme "ecastor" par exemple) ?864. Sans doute doit-on comprendre que le vers de Virgile devait être passé en proverbe pour dire "ce n'est pas ce que tu crois".865. Remarque socio-linguistique : il est adapté pour Mysis de dire à Chrémès "Vieillard", ce qui est une marque de politesse pour une inférieure à l'égard d'un supérieur âgé. La flatterie est dans l'emploi du possessif "mi" (comme dans une formule du type "mon bon Monsieur").866. Donat signale donc une didascalie interne : la réplique de Chrémès permet de comprendre que Mysis vient de le toucher.867. Nous adoptons ici la correction de Schoell, qui sous le locus desperatus "quam †ea quae dicimus" lit ingénieusement "quam αὐτοφυῆ ".868. Donat cite ce passage des Géorgiques dans lequel la nature offre spontanément une terre meuble, comparable à une terre travaillée par le labour. Le rapport est assez ténu avec le texte de Térence.869. Comprendre : Criton n'a joué aucun rôle dans l'intrigue, il est uniquement celui qui connaît assez d'éléments pour résoudre le conflit. Bref, il est un personnage catastrophique, comme il existe des personnages protatiques, qui servent uniquement au bon déroulement de la protase.870. Ou peut-être aussi "vase à libations" si l'on considère que la forme est l'accusatif du neutre "σπονδεῖον" et non celle du masculin "σπονδεῖος". Mais comme Donat est grammairien (et même s'il n'est pas métricien de métier), gageons qu'il pense plus facilement au spondée qu'à un objet de culte.871. D'après le commentaire, Donat lit ici "diuitias" et non "ditias" comme la plupart des éditeurs modernes.872. La seconde main ici ajoute un exemple qui n'apporte absolument rien. Pour ce qui concerne la differentia terminologique entre "interrogatio" (interrogation totale) et "percontatio" (interrogation partielle), Donat est plus ou moins rigoureux dans son commentaire, utilisant les mots de la famille de "percontor" effectivement pour l'interrogation partielle (Eun. 571, 1 ; Pho. 57, 6 ; Hec. 177, 2 ; 643, 4), mais avec des entorses (Hec. 570, où "percontatiue" voisine de fait avec "interrogatiue" dans une mécanique de synonymie pure ; même effet en Pho. 208, 1 avec des alternances entre la série "interrogatio" et la série "percontatio" ; en And. 875, 2, "ain" est qualifié de verbe "percontatiuum" alors qu'il relève, avec la particule "-ne", de l'interrogation totale, laquelle est spécifiquement qualifiée de "aduerbium percontantis" en And. 716, 2 et Eun. 388, 4). En Ad. 650, 2 l'opposition (entre "interrogantem" et "percontatorem") est déplacée sur un autre terrain : voir notre note ad loc.873. Même étymologie chez Isidore, Etym. 9, 14 : "Consobrini uero uocati, qui aut ex sorore et fratre, aut ex duabus sororibus sunt nati, quasi consororini" (on désigne du nom de "consobrinus" celui qui est né d'un frère ou d'une sœur ou ceux qui sont nés de deux sœurs comme si le mot était "consororinus"). L'étymologie est correcte et validée par les modernes : i.-e. "*swesr-ino-" (sur la base "*swes(o)r-" du nom indo-européen de la sœur), qui aboutit régulièrement à "sobrinus". Sur la difficulté à époque tardive à distinguer les "sobrini" et les "consobrini", voir notre note à Hec. 459, 2.874. Donat veut dire que la présence de "perdidit" (usuellement le verbe actif qui correspond à "pereo") assure le fait que ce soit ce verbe qui soit sous-entendu plus haut.875. Autrement dit son emploi est soit absolu ("un grand âge"), soit relatif ("un âge plus grand qu'un autre").876. Donat signale qu'il n'y a ici aucune nuance à voir dans le choix d'un préverbé, de même sens que le simple. En réalité il pense au sens spécial et familier de "mittere" qu'on trouve chez les comiques pour dire "laisser tomber".877. Le rapport entre Salluste et Térence est dans l'adjonction d'un nom générique à un nom de fonction entraînant ainsi le changement du nom de fonction en quasi-adjectif. La citation de Salluste sert ailleurs à Donat dans les mêmes circonstances : voir Pho. 292, 2 (à propos de "seruum hominem").878. "Inuidiose quantum in te est" porte en réalité non pas tant sur "darem" ou "promitterem" que sur l'action violente marquée par "perpulisti". Mais il y a plus dans le fait de donner que dans celui de promettre et le rappel de cette incitation maximaliste est de nature à provoquer l'agressivité remarquée.879. La part n'est pas toujours bien faite chez les grammairiens entre forme composée (par exemple "profero" en regard de "fero") et forme redoublée, comme ici "tetulit", parfait à redoublement, forme archaïque de "tulit" parfait sans redoublement. Dire que "tetulit" est une forme composée relève de l'inexactitude, au moins aux yeux des modernes. La forme, quoi qu'en dise dans ce qui suit la seconde main, n'est pas spécialement incongrue en poésie : les exemples abondent chez Plaute. Cette impression de l'annotateur est sans doute induite par le caractère archaïsant de la forme.880. L'argument par la personne est placé par Donat sur le pronom "quibus", l'argument par le raisonnement sur l'adjectif "utile".881. La rupture de construction est ici blâmée assez sévèrement : Donat semble préconiser une construction bien maladroite "ea causa quam ob causam" (que personne ne songerait à utiliser), alors que "quamobrem" est depuis longtemps lexicalisé au sens de "pourquoi". En tout cas, c'est la preuve que l'on peut encore remotiver la forme "quamobrem" ; il en va sûrement de même pour "quare", sans doute moins pour "cur", dont la formation n'est plus transparente.882. "Causa", sujet de "adempta erit", a du mal à être superflu ; "rem" peut être économisé : "causa ob quam", "la raison pour laquelle", pouvant suffire. Ici encore, comme dans le lemme précédent, c'est la corrélation "ea causa quamobrem" qui gêne le commentateur.883. "Quaeritur" renvoie aux "quaestiones", terme qui sert à traduire le προβλήματα ou le ζητήματα des philologues alexandrins pour signaler les passages dont il est difficile d'établir le sens ou de reconstituer la cohérence.884. Est en cause, dans ces deux lemmes qui n'en font qu'un pour le raisonnement, la valeur adverbiale de "quid" : ici, "nescio quid" signifie "je ne sais pourquoi" et non pas "je ne sais quoi".885. On peut hésiter ici, pour "consuetudo", entre le sens de parlure et le sens d'habitude, et presque de caractère ; "consuetudo" serait alors un calque sémantique du grec "ethos".886. Il s'agit d'une remarque étymologique de type proportionnel, en quelque sorte : comprendre que "otiosus" (oisif), bâti sur "otium" (loisir") est à "securus" (sûr) (étymologiquement "sans souci", bâti sur "cura", "souci") ce que "negotium" (affaire), le contraire d'"otium", est à "sollicitudo" (inquiétude). Dans chacun deux termes de l'équation on trouve un terme morphologiquement positif ("otiosus" et "sollicitudo") et un terme morphologiquement négatif ("securus" et "negotium"), ce qui revient à dire au plan du lexique que si –x=y, alors x=-y.887. La remarque, implicitement, vaut remarque de ponctuation. Il faut comprendre que c'est une exclamation, non une question, dans la mise en scène que se fait Donat de ce passage.888. Il y a syllepse parce que Donat comprend que "commodiorem" se rapporte à "hominem, aduentum et tempus" et voudrait lire "commodius tempus, commodiorem aduentum, commodiorem hominem". L'accord de l'épithète se fait donc avec le nom le plus proche. Syllepse de nombre, par conséquent.889. Le solécisme (qui relèverait de la syllepse de genre) serait dans l'accord au masculin de "scelus", mot neutre siginifiant "crime"», employé ici au sens de "criminel".890. Le personnage incriminé repousse toute forme de critique, pour se faire entendre il faut donc faire son éloge, mais de manière ironique pour qu'il perçoive le reproche ; l'ironie est donc bien dans ce cas plus efficace que la réprimande.891. Donat met couramment "parata" en lieu et place d'"apparata", ainsi dans les exemples virgiliens qu'il donne en regard des vers 656, 2 et 690, 2. Peut-on supposer qu'il ne lit pas le même texte que nous, et qu'il a des formes de "parare" là où les éditeurs de Térence éditent "apparare" ? Ou avons-nous une preuve de plus que, dans le cadre de rapprochements textuels, ce qui compte, plus que l'identité de forme, c'est l'appartenance à un même réseau lexical ?892. Même type de commentaire en And. 195 ; And. 229 ; Ad. 580, 2 ; Hec. 178, 2 ; Hec. 459, 3.893. De fait dans la grammaire de Donat, "etiam" est classé non parmi les adverbes (il aurait alors relevé des "aduerbia a se nata", les adverbes spontanément formés, comme "nuper", par opposition aux adverbes dérivés d'une autre partie du discours, comme les adverbes déadjectivaux de type "docte"), mais parmi les conjonctions causales, dans une longue liste qui commence ainsi : "si, etsi, etiam, etiamsi, ac si, tamen si, si quidem, quando, quando quidem, quin, quin etiam", etc. (cf. Donat, Ars GL IV, 389, 3).894. Même remarque qu'en 841, 2.895. Donc, implicitement, Donat signale de l'ironie : Chrémès, en disant des amoureux qu'ils se battent, veut dire qu'en réalité ils sont en train de se réconcilier sur l'oreiller.896. Donat lui-même, dans ses deux traités de grammaire, ne tranche pas dans ce débat, dont voici les données : la forme "ellum" peut être interprétée comme une forme archaïque de "illum", auquel cas c'est un pronom ; soit c'est une forme syncopée de "en illum", où l'on reconnaît l'adverbe "en", et la lexie est classée adverbe, au sens de "le voici".897. L'adjectif "confidens" a souvent le sens péjoratif de "<trop> sûr de soi".898. Voir Priscien, 2, 121, 16. Sur l'étymologie grecque, cf. à l'identique Serv. Aen. 1, 423, 5 ; Isid. Orig. 12, 2, 38. Sur le sens Porphyr. Carm. 3, 12, 10-11, 2.899. Donat remplace l'adverbe archaïque par l'adverbe habituel.900. Plutôt que d'une citation du vers 199, qui comporte le mot "uerberibus" à l'ablatif, il s'agit d'une allusion.901. Jeu de mots implicite "ceruus" / "seruus" (d'ailleurs donné par certains mss. mais qui doit être une lectio facilior), ce qui entraîne la citation virgilienne.902. Au vers 859.903. Voir 855, 6.904. Donat voit ici une gradation.905. La remarque de la seconde main s'explique par le fait que l'annotateur suppose que l'on va comprendre "contra ciuium morem" comme synonyme du seul "praeter".906. Ou "non-potens" en donnant à "minus" le sens d'une négation.907. Comprendre de la lenteur que Pamphile a mise à saisir.908. Donat illustre avec le vers de Virgile non pas la valeur de reproche incluse dans "olim", et qu'il vient de remarquer chez Térence, mais le procédé de la répétition d'un mot et la valeur d'insistance qu'elle implique.909. Le terme injurieux est "peregrina" qui connote la prostitution, comme Donat l'a déjà dit.910. Donat comprend "un témoin préparé", c'est-à-dire dont on a acheté et composé le témoignage par avance. On peut aussi comprendre "un témoin qui tombe à pic", avec une allusion métathéâtrale à l'arrivée inopinée d'un témoin essentiel au dénouement. Dans ce cas la réplique est ironique.911. Il est possible que Donat joue sur les deux sens du terme grec : "caractère effrayant" de la menace et "habileté" de l'amplification et de la généralisation.912. C'est-à-dire de "lactas", du verbe "lactare", verbe de base de "delectare" et "oblectare". Cette remarque signifie qu'il ne faut pas confondre ce verbe avec son homonyme "lactare", "allaiter". Donat revient ici encore sur un problème qu'il a déjà évoqué plus haut. Dans la fin du commentaire, les redites deviennent de plus en plus fréquentes.913. L'adjectif "tener" (tendre) désigne le jeune âge. Du coup, il n'est pas exclu que Donat exploite l'homonymie entre les deux verbes "lactare", comme si le verbe signifiait, en empruntant aux deux homonymes à la fois, "séduire en attirant par du lait des enfants dans l'âge tendre".914. "Agere" peut avoir soit le sens faible et fréquent chez Donat de "faire" ou un sens plus fort et judiciaire "plaider".915. Les scholies 3 et 4 sont des didascalies. La 3 précise un aparté, justifié sans doute par le fait que, hésitant sur le nom, Criton va le confirmer à voix haute au vers suivant. La 4 pose une question d'attribution de réplique. On peut comprendre l'enchaînement de trois façons : Situation 1. "CHREMES-Son nom ? CRITON-Si vite que ça, son nom ? (bas) Phania.... PAMPHILE- Ah ! Je suis mort. CRITON-Oui c'est ça, je crois bien que c'était Phania." Dans ce cas, on ne comprend pas pourquoi Pamphile dit "Ah ! je suis mort". A moins que cela ne soit à cause du silence de Criton, qui cherche le nom Phania qu'il dit en aparté. Son "Hem perii" serait alors une marque d'impatience. Situation 2 (variante proposée par la fin de scholie 929, 1) "CHREMES-Son nom ? CRITON-Si vite que ça, son nom ? Phania.... CHREMES-Ah ! Je suis mort. CRITON-Oui c'est ça, je crois bien que c'était Phania." Dans ce cas il n'y a pas d'aparté de Criton puisque c'est en entendant le nom de Phania que Chrémès dit "Je suis mort". Mais la suite rend difficile l'attribution de ce segment à Chrémès qui est tout heureux d'entendre des nouvelles de son frère disparu. Sauf à forcer le sens habituel de "perii" (qui est vraiment un tic de langage de jeune homme plutôt que de vieillard, soit dit en passant), en lui donnant le sens de "je défaille d'émotion". Situation 3. "CHREMES-Son nom ? CRITON-Si vite que ça, son nom ? (Pamphile lui souffle quelque chose à l'oreille) Phania.... SIMON- Hé là ! PAMPHILE-Je suis mort. CRITON-Oui c'est ça, je crois bien que c'était Phania." Dans ce cas il n'y a pas aparté de Criton mais jeu de scène avec connivence entre Pamphile et Criton. La réplique de Pamphile "Je suis mort" est justifiée : pris en flagrant délit de subornation de témoin, il craint les représailles de son père. Comme on voit, les trois scolies successives 928,2-3 et 929, 1 ne sont pas compatibles entre elles, chacune justifiant une ou deux des trois situations mais jamais les trois en même temps. On ne sait donc pleinement reconstituer l'attribution des répliques et des jeux de scène selon Donat. Signalons tout de même que la situation 3 n'est pas vraisemblable : Pamphile ne peut souffler la vérité à l'oreillle de Criton car il n'a aucune raison de connaître le nom, ni même l'existence, de ce Phania, frère de Chrémès et disparu sans laisser de traces depuis fort longtemps. Il faut donc se rallier à la 1 ou à la 2 en admettant que, dans un cas comme dans l'autre, "perii" ("je suis mort d'impatience", dans la bouche de Pamphile, "je suis mort d'émotion", dans celle de Chrémès) a un sens forcé.916. Rappel géographique et politique de Donat pour ses lecteurs. Etre de Rhamnonte ou du Pirée c'est bien être citoyen athénien ou attique et il n'y a donc pas de contradiction avec le statut de citoyenne athénienne de Glycère, une fois achevée la scène de reconnaissance.917. La notion est absente de Cicéron et Quintilien. Le dictionnaire de Dasypodius (1536) en donne une définition qui peut provenir directement de ce passage de Donat : "Et cæcum testimonium, quod scripto ab absenti perhibetur" (le témoignage aveugle est celui qui est remis par écrit par un absent).918. Il s'agit de l'emploi du pronom archaïque "cuius, a, um" à propos duquel Donat engage ailleurs l'exemplification virgilienne standard (Buc. 3, 1) "dic mihi Damoeta, cuium pecus ?". Voir Hec. 356.919. Encore un problème d'attribution de réplique, comme aux vers 928-929. Ici les deux solutions sont également plausibles. L'attribution à Pamphile est plus comique : adresse à soi-même, conforme au caractère auto-centré des amoureux, métaphore animale d'autant plus drôle si elle est adressée à soi-même ("redresse ton encolure, Pamphile" ou "ouvre bien tes naseaux, Pamphile").920. Est justifié ainsi le départ précipité de Phania et l'absence à cette époque de Chrémès. Il doit s'agit de la guerre qui a opposé Athènes à Sparte.921. Certains grammairiens citent le "gerundium" comme un mode : ainsi Servius (GL IV, 412, 17). Donat le range parmi les participes, précisément participes futurs passifs (GL IV, 387, 30). Mais ce qu'il évoque à cette occasion, c'est l'adjectif verbal (il cite "legendus" comme exemple de participe futur passif). Il semble donc que, trompé par l'identité formelle, il ne distingue pas le gérondif de l'adjectif verbal. Quant au classement parmi les participes, il est naturel, puisque le participium est le mode des formes verbales qui "participent" de la déclinaison nominale. Le gérondif et l'adjectif verbal, tous deux "formes nominales du verbe", dotés de cas, sont donc, dans cette typologie, d'authentiques "participia".922. Les éditeurs des fragments de Salluste donnent ici "magna" au lieu de "maxima". On voit mal pourquoi puisque ce texte est la seule attestation de ce fragment. De ce fait, les deux derniers mots sont purement hypothétiques, mais peuvent effectivement se tirer du contexte de la seconde citation de ce passage, un peu plus loin.923. Est donc en cause la portée de la lexie adverbiale "multis modis" (beaucoup) : si elle porte sur "inueniri", il faut prendre au sens littéral et comprendre "je me réjouis qu'elle se trouve être ta fille par de multiples modes <de reconnaissance>" ; mais on voit bien que la chose est forcée, la reconnaissance n'étant pas multiforme ici ; elle peut porter plus naturellement sur "gaudeo" avec son sens intensif (je me réjouti beaucoup). 924. Réplique cette fois adressée clairement à Simon, son père.925. "Discretivus" n'est pas une typologie de conjonction chez Donat. La conjonction "at" n'est pas citée dans la liste des prépositions là où on l'attendrait, parmi les "disiunctiuae". Mais elle est citée, hors typologie sémantique, pour illustrer l'ordre des mots, comme un exemple de conjonction prépositive (parce que placée en début de phrase), s'opposant ainsi à "-que" ou "autem". La notion de "discretio" est commune chez les grammatici et désigne la séparation qui est faite entre les mots pour désambiguïser. "At" est donc ici commenté pour sa valeur séparative entre deux énoncés ou deux idées.926. Comprendre : "d'autres mettent le nom 'Chremes' à partir du mot 'scilicet'", c'est-à-dire "attribuent la réplique 'scilicet' à Chrémès".927. Donat insiste ici sur la valeur performative du verbe "accipio" dans ce contexte juridique : c'est donc une formule juridique sans laquelle l'opération ne peut être entérinée.928. Autrement dit, le père rebondit sur "haud iuste" (ce n'est pas juste) de Pamphile en feignant de le comprendre comme "ce n'est pas bien fait" (donc "il n'est pas attaché en bonne et due forme"). D'où la réponse "ce n'est pas là conforme à mes ordres, qui étaient de lui lier pieds et poings".929. Manière de dire qu'on est dans la scène de conclusion : le dénouement est fait, il reste à régler la question de l'intrigue secondaire de Charinus et de Pamphila, la laissée pour compte. Mais il n'y a pas besoin d'action pour cela : quelques paroles suffisent.930. Sen. Ep. 85, 18 : "Epicurus quoque iudicat, cum uirtutem habeat, beatum esse, sed ipsam uirtutem non satis esse ad beatam uitam, quia beatum efficiat uoluptas quae ex uirtute est, non ipsa uirtus. Inepta distinctio : idem enim negat umquam uirtutem esse sine uoluptate. Ita si ei iuncta semper est atque inseparabilis, et sola satis est ; habet enim secum uoluptatem, sine qua non est etiam cum sola est. Illud autem absurdum est, quod dicitur beatum quidem futurum uel sola uirtute, non futurum autem perfecte beatum ; quod quemadmodum fieri possit non reperio. Beata enim uita bonum in se perfectum habet, inexsuperabile ; quod si est, perfecte beata est. Si deorum uita nihil habet maius aut melius, beata autem uita diuina est, nihil habet in quod amplius possit attolli" (Epicure aussi est d'avis qu'on est heureux avec la vertu : mais il ajoute que "la vertu seule ne suffit point pour le bonheur, parce que le bonheur est produit par le plaisir, lequel, s'il découle de la vertu, n'est pourtant pas la vertu même". Distinction puérile ! car lui-même convient "que la vertu ne se trouve jamais sans le plaisir". Or, si la vertu est toujours unie au plaisir, si elle en est inséparable, il est évident que seule elle suffit, car elle apporte avec elle la volupté, sans laquelle elle n'est jamais, alors même qu'elle est toute seule. Or c'est une absurdité de dire qu'on sera heureux avec la seule vertu, mais non parfaitement heureux. Je ne vois pas en effet comment cela serait possible. La vie heureuse renferme un bien parfait, et que rien ne peut surpasser. Cela posé, elle est parfaitement heureuse. S'il est vrai qu'il n'y a rien de plus grand et de meilleur que la vie des dieux, la vie heureuse étant toute divine, il s'ensuit qu'elle est au point le plus éminent où elle puisse monter). Rappelons que Manandre, le modèle de Térence pour cette pièce, était un ami d'Epicure et que la maxime térentienne est peut-être directement traduite de Ménandre (ou de L'Eunuque de Manandre : voir la scholie 3) et donc indirectement tirée des leçons du philosophe.931. Ce commentaire est repris par l'auctor de Servius à propos de Buc. 7, 31.932. Occasionnellement, Donat dit "in hoc actu" au lieu de "in hac scaena", semblant confondre l'acte et la scène. Ce peut être parce que, parfois, il place une frontière d'actes là où les modernes mettent un interscène. Mais ici, si proche de la fin, il est invraisemblable qu'il veuille signifier un changement d'acte et il s'agit vraiment d'une bévue.933. Donat traite le commentaire jusqu'au vers 981. C'est là que s'arrête la pièce dans les mss de Térence (et nous l'arrêtons là nous aussi), sauf dans quelques manuscrits récents, qui donnent un second dénouement d'une vingtaine de vers, ajout apocryphe de Donat et d'Eugraphius dans leur commentaire respectif. La tirade de Chrémès qui commence par "gnatam tibi meam Philumenam uxorem" (vers 20 et 21 de ce morceau ajouté) est effectivement celle qui clôture la pièce augmentée.934. Autant de questions mineures qui regardent la conclusion de la pièce mais qui ne méritent pas d'être traitées en action.935. operam edd.936. animum adtendite edd.937. eis edd.938. seruibas edd.939. is sese edd.940. nequid edd.941. primo edd.942. ac edd.943. comperibam nil edd.944. Non legitur apud Donatum.945. Legitur et metui Chrysidem in lemmatibus Donati.946. nolet edd. apud Donatum legitur utraque forma.947. animum aduortenda iniuriast edd.948. cui mi expurgandus edd. cui et expurgandus leguntur apud Donatum in commento. In lemmate autem legit Donatus qui et exorandus.949. sic uidetur legi apud Donatum. interoscitantis edd.950. hoccin edd.951. quod edd.952. defert apud Ciceronem legitur, sic aliquot edd.953. circum itione edd.954. dico edd. Donatus sic legit secundum scholium ad And. 495, 2.955. dicas et dices leguntur apud Donatum.956. in nuptiis edd.957. olim quidam edd.958. Legitur et me hinc apud Donatum959. Non legitur eam in Donati lemmate, sed omissio fortasse fortuita est.960. factu aut inceptu edd. Vide Donati commentum de hac lectione.961. decrerat edd.962. quia edd.963. facta transacta edd.964. Pamphile hodie edd.965. aut in v. 256 edd.966. nunc add. edd.967. leni edd.968. quorsus edd.969. quis edd. legitur et quis in Donati lemmate.970. nunc mihi edd.971. inutiles edd. at uide Donati commentum972. ego per hanc te edd.973. genium edd. at uide Donati commentum974. perque edd.975. mi(hi) in manum edd.976. ex edd.977. legitur tuo apud Donatum at ab editoribus plerumque seclusum est uerbum.978. legitur tantum a. apud Donatum; quod uidetur pro uerbo auxilii poni. ad auxilium edd.979. adponi edd.980. me libera edd.981. ego me edd.982. sum del. edd.983. det edd.984. secl. edd.985. qui edd.986. apud Donatum non legitur987. nosti edd.988. est secl. edd.989. hic in edd.990. inperatum edd.991. istaec [ut] edd.992. non del. edd.993. natum quoque legitur apud Donatum.994. edixin edd.995. re tulit edd.996. egon edd.997. hoc ego scio unum, neminem edd.998. nunc tibi, ere, renuntio edd.999. prius edd.1000. adparari edd.1001. Chremem om. edd.1002. pauca edd.1003. Chreme edd. legitur utraque forma apud Donatum1004. gnatum meum edd.1005. uti nuptiae edd.1006. ni edd.1007. corrigitur edd.1008. ita istuc edd.1009. quidnamst edd.1010. huc edd.1011. idem uel itidem edd.1012. preti edd.1013. esset aliquid edd.1014. perdidit me edd.1015. me delev. edd.1016. sum pollicitus edd.1017. audacia edd.1018. productem edd.1019. consiliis tuis edd.1020. ut add. edd.1021. esse add. edd.1022. meritus es edd.1023. ut om. edd1024. Idnest edd.1025. Tum edd.1026. Illi edd.1027. Adeon edd.1028. Quo tu minus scis edd.1029. Enicas edd.1030. manibus pedibus edd.1031. iam edd. non iam iam1032. sciam esse edd.1033. mage edd.1034. Nunc uaccum esse me nunc edd.1035. Narrationis incipit mi edd.1036. istuc edd.1037. quam ob rem id tute edd.1038. nequod uostrum edd.1039. Illi edd.1040. Quid dicam aliud edd.1041. Hic me solam edd.1042. Praeter edd.1043. Istoc edd.1044. Quoium edd.1045. Quom edd.1046. <ne> haec edd.1047. Paullum edd.1048. ditias edd.1049. quam honeste in patria edd.1050. uiueret edd.1051. eius edd.1052. in tempore hoc edd.1053. Vide commentum Donati ad locum.1054. Illis animum edd.1055. Vero uultu edd.1056. Me adesse edd.1057. Praesenserant edd.1058. quemnam edd.1059. est iam edd.1060. Chreme edd.1061. sublimem edd1062. me mentitum1063. sensti edd.1064. age dicat, sino edd.1065. paullum edd.1066. Chreme edd. qui saluus sis Critoni tribuunt1067. vir sit edd.1068. perget edd.1069. non legitur apud Donatum1070. hoc uerbum in quibusdam Donati codicibus legitur. Recentiores editores id deleuerunt.1071. commotust metu edd.1072. multis modis uel multis dubium apud Donatum. Multimodis edd.1073. dignus es edd.1074. chreme edd.1075. patrem edd.1076. nempe id edd.1077. pamphile edd.1078. dedam iam edd.1079. sed quid mihi obtigerit scio edd.1080. Glycerium mea edd.1081. illic edd.1082. me add. edd.1083. exspectetis edd.1084. restet edd.

Citations

1. uereor ne quid Andria a.apportet m.mali (TerAnd. 73)2. hinc me digressum u.uestris d.deus a.appulit o.oris (VergAen. 3, 715)3. animum ad uxorem appulit (TerAnd. 446)4. Pollio et ipse facit noua carmina (VergBuc. 3, 86)5. maior mihi rerum nascitur ordo, m.maius o.opus m.moueo (VergAen. 7, 44-45)6. dis aliter uisum (VergAen. 2, 428)7. non debet, inquit, ea mulier, cui uir bonorum suorum usumfructum legauit, cellis uinariis plenis relictis putare id ad se pertinere: usus enim, non abusus legatus est. ea sunt inter se contraria (CicTop. 17)8. uetus ueternosus senex (TerEun. 688)9. desiste manum committere T.Teucris (VergAen. 12, 60)10. quid petis istis? (VergAen. 9, 94)11. linqui pollutum h.hospitium (VergAen. 3, 61)12. ne hoc gaudium contaminet uita aegritudine aliqua (TerEun. 552)13. ne ego homo sum infelix (TerAd. 540)14. ne illi ueh.uehementer e.errant (CicCatil. 2, 3, 6)15. quorum aemulari exoptat n.neglegentiam p.potius q.quam i.istorum o.obscuram d.diligentiam (TerAnd. 20-21)16. moneo praedico a.ante d.denuntiant (CicVerr. 1, 12, 36)17. ore fauete omnes (VergAen. 5, 71)18. orator ad uos uenio ornatu prologi: sinite exorator sim (TerHec. 9-10)19. alias cognostis eius: quaeso hanc noscite (TerHec. 8)20. ehodum ad me (TerAnd. 184)21. exspectate uenis (VergAen. 2, 283)22. paruum ego te, Iugurtha (SalJug. 10, 1)23. et iniquo p.pondere r.rastri (VergGeo. 1, 164)24. iniquo11 sub fasce ue.uiam c.cum c.carpit (VergGeo. 3, 347)25. dein seruili imperio patres p.plebem e.exercere (SalHist. 1, frg. 11 M)26. nympha decus f.fluuiorum a.animo c.carissima n.nostro s.scis u.ut t.te c.cunctis u.unam q.quaecumque L.Latinae (VergAen. 12, 142-143)27. factum est14 a uobis duriter inmisericorditerque et, si est, pater, dicendum magis aperte, inliberaliter (TerAd. 662-664)28. nihil istac opus est arte (TerAnd. 32)29. atque omnisp.pelagique m.minas c.caelique f.ferebat i.inualidus (VergAen. 6, 113-114)30. nollem factum (TerAd. 165)31. nollem hunc 15 exitum (TerAd. 775)32. u.ui s.superum s.saeuae memorem Iunonis ob i.iram (VergAen. 1, 4)33. non meum illud uerbum facio, quod tu, Micio, bene et sapienter dixti dudum: uitium commune omnium18, quod nimium ad rem in senecta a.adtenti s.sumus (TerAd. 952-954)34. nunc tuum est officium, h.has b.bene u.ut a.adsimules n.nuptias (TerAnd. 168)35. et quae tanta f.fuit R.Romae t.tibi c.causa u.uidendi? (VergBuc. 1, 26)36. nam is postquam excessit ex ephebis, Sosia (TerAnd. 51)37. et nunc id operam do (TerAnd. 157)38. nunc tuum est officium h.has b.bene u.ut a.adsimules nuptias (TerAnd. 168)39. interea mulier quaedam (TerAnd. 69)40. forma in tenebris n.nosci n.non q.quita e.est (TerHec. 572)41. iam calesces plus satis (TerEun. 85)42. interea loci (TerEun. 126)43. si quisquam est, qui placere studeat bonis quam plurimis et minime multos laedere, in his p.poeta h.hic n.nomen p.profitetur s.suum (TerEun. 1-3)44. aperite a.aliquis a.actutum o.ostium (TerAd. 634)45. plerique omnes subiguntur sub unum iudicium (NaevPun. libr. inc. frg. 14 M)46. uenatum Aeneas unaque m.miserrima D.Dido (VergAen. 4, 117)47. et cum omnis gloria anteiret, omnibus tamen carus esse ()48. migrantis cernas (VergAen. 4, 401)49. ecce manus i.iuuenem i.interea p.post t.terga r.reuinctum p.pastores (VergAen. 2, 57-58)50. adhuc locorum (PlautCap. 385)51. integer aeui Ascanius (VergAen. 9, 255-256)52. ex Andro (TerAnd. 70)53. cum femina primum, c.cui t.tolerare c.colo u.uitam t.tenuique M.Minerua i.impositum, c.cinerem e.et s.sopitos s.suscitat i.ignis (VergAen. 8, 408-410)54. uictum infelicem, b.bacas l.lapidosaque c.corna d.dant r.rami (VergAen. 3, 649-650)55. at patiens operum paruoque assueta i.iuuentus (VergGeo. 2, 472)56. hi tres tum simul a.amabant (TerAnd. 87)57. alter ab undecimo (VergBuc. 8, 39)58. his se dedere, eorum obsequi studiis (TerAnd. 63)59. sin captus p.prauis c.cupidinibus (SalJug. 1, 4)60. hoc habet, h.haec m.melior m.magnis d.data u.uictima d.diuis (VergAen. 12, 296)61. ex Andro commigrauit (TerAnd. 70)62. nemo quisquam illorum (TerHec. 67)63. atque edita undique, tribus tamen cum muris et magnis turribus (SalHist. 2, frg. 57 M)64. bene dissimulatum a.amorem et c.celatum i.indicat (TerAnd. 132)65. qui 35 tanti t.talem g.genuere p.parentes ()66. « uade, ait, ο felix n.nati p.pietate ()67. fortunatum, qui illum eduxit sibi (PlautBac. 455)68. Iunoni i.infernae d.dictus s.sacer (VergAen. 6, 138)69. ex Andro commigrauit huc uiciniae (TerAnd. 70)70. uereor ne quid Andria apportet mali (TerAnd. 73)71. cum quibus erat cumque una (TerAnd. 63)72. symbolam dedit, cenauit (TerAnd. 88)73. non putauit, lapsus est (CicLig. 30)74. gener auxilium P.Priamo P.Phrygibusque f.ferebat (VergAen. 2, 344)75. exportant tectis, inquit, corpora luce carentum (VergGeo. 4, 255-256)76. ite, ait, egregias animas, q.quae s.sanguine n.nobis h.hanc p.patriam p.peperere s.suo (VergAen. 11, 24-25)77. hoc illud g.germana f.fuit? (VergAen. 4, 675)78. at pius Aeneas i.ingenti m.mole s.sepulcrum i.imponit s.suaque aa.arma u.uiro (VergAen. 6. 232-233)79. exstinctum n.nymphae c.crudeli f.funere D.Daphnim cum complexa s.sui c.corpus m.miserabile n.nati, atque deos a.atque a.astra u.uocat c.crudelia m.mater (VergBuc. 5, 20-23)80. ibi tum ex.exanimatus P.Pamphilus (TerAnd. 131)81. accurrit m.mediam m.mulierem c.complectitur (TerAnd. 133)82. mea Glycerium, inquit, q.quid a.agis? c.cur t.te i.is p.perditum? (TerAnd. 134)83. interiora domus irrumpit limina (VergAen. 4, 645)84. ecquis umquam tam palam de honore, tam u.uehementer d.de s.sua s.salute c.c.contendit q.quam i.ille a.atque i.illius a.amici, ut ne 51 h.haec m.mihi d.delatio d.detur? (CicDivCaec. 22)85. nec sat rationis in armis (VergAen. 2, 314)86. ille non tulit hanc s.speciem f.furiata m.mente C.Coroebus (VergAen. 2, 407)87. omnia fert aetas (VergBuc. 9, 51)88. ultro ad me uenit (TerAnd. 100)89. clamant omnes (TerAd. 91)90. tum uno ore omnes (TerAnd. 96)91. hac fama impulsus C.Chremes (TerAnd. 99)92. adeon est d.demens? ex p.peregrina? (TerAnd. 469)93. instare factum simia (PlautMerc. 242)94. et consilium meum c.cognosces (TerAnd. 49)95. et consilium meum cognosces (TerAnd. 49)96. uerum quid ego dicam? hoc confit quod uolo (TerAd. 814)97. nunc qua ratione quod i.instat cf.confieri p.possit, p.paucis a.aduerte d.docebo (VergAen. 4, 115-116)98. et quid facere in hac re te uelim! (TerAnd. 49)99. quin tu uno uerbo dic: q.quid e.est q.quod m.me u.uelis? (TerAnd. 45)100. nempe ut curentur recte haec (TerAnd. 30)101. ut tantillum puerum (TerAd. 563)102. huius non faciam (TerAd. 173)103. semper florentis Homeri (Lucr. 1, 125)104. carcer uix carcere dignus (LucilSat. H 91 Charpin)105. scilicet is superis l.labor e.est (VergAen. 4, 379)106. sic hoc agite, amabo (TerEun. 130)107. uos hoc agite spectatores nunc iam, si uultis (PlautAsin. 1)108. tute his rebus finem praescripsti, pater (TerAnd. 151)109. non siit egestas facere nos (TerAd. 104)110. dis aliter uisum (VergAen. 2, 428)111. ita credo monente patre filium (TerHeaut. 211)112. numquam omnes h.hodie m.moriemur i.inulti (VergAen. 2, 679)113. non est in hac causa peccandi locus, iud.iudices (CicVerr. 2, 1, 10)114. νῦν δ᾽ οὐ λέληθάς με ἄν (MenAnd. Meineke p. 19)115. haud impigre neque inultus (SallHist. 4, frg. 41 M)116. neque haud subditiua gloria oppidum arbitror (PlautBacc. 19)117. mala mens m.malus a.animus (TerAnd. 164)118. hic tum alius ex alia parte: enimuero ferendum non est; u.uocetur m.mulier (CicVerr. 2, 1, 66)119. Pamphilumne adiutem an auscultem seni (TerAnd. 209)120. Syre, tibi timui male (TerHeaut. 531)121. fer opem! serua me, o.obsecro! (TerAnd. 473)122. nihil me fallis (TerAnd. 204)123. tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum, ipsum animum ae.aegrotum (TerAnd. 192)124. audaciam meretricum specta (TerEun. 994)125. minus clarum putauit fore, quod79 de armario quam quod de sacrario fuisset ablatum (TerVerr. 2, 4, 27)126. ψεύδατθις (MenAnd. frg. nunc primum repertum)127. morte obita (VergAen. 10, 641)128. iamdudum sumite poenas (VergAen. 2, 103)129. non me tibi Troia e.externum t.tulit (VergAen. 3, 42)130. dum domus Aeneae C.Capitoli i.immobile s.saxum (VergAen. 9, 448)131. exanimata sequens inp.inpingeret a.agmina m.muris (VergAen. 5, 805)132. corpus ubi exanimum p.positum P.Pallantis A.Acoetes (VergAen. 11, 30)133. quid ueniant (VergAen. 1, 518)134. quid est, quaeso, Metelle, i.iudicium c.corrumpere, si hoc non est? (CicVerr. 1, 8)135. uxorem dare (TerAnd. 238)136. qui posteaquam audierat non datum iri filio uxorem suo (TerAnd. 177)137. diuellimur inde Iphitus et Pelias mecum (VergAen. 2, 434-435)138. aut, si lux a.alma r.recessit, H.Hector u.ubi e.est? (VergAen. 3, 311)139. cadit in quemquam (VergBuc. 9, 17)140. mutauit, quia me immutatum uidet (TerAnd. 242)141. exclusit: reuocat (TerEun. 49)142. quid hominis uxorem habes? (TerHec. 643)143. taces? monstrum h.hominis, n.non d.dicturus? (TerEun. 695)144. itur ad me (PlautPseud. 458)145. simul ense recluso ibat in Euryalum (VergAen. 9, 423-424)146. uxor tibi d.ducenda e.est h.hodie (TerAnd. 254)147. aut pacem T.Troiano ab r.rege p.petendum (VergAen. 11, 230)148. agendum atque obuiam eundum est, Q.Quirites (SallHist. frg. 1, 55 M)149. tute his rebus f.finem p.praescripsti (TerAnd. 151)150. et id gratum fuisse aduersum t.te h.habeo g.gratiam (TerAnd. 42)151. quae mihi reddat eum uel eo me soluat amantem (VergAen. 4, 479)152. hic nuptiis dictus est dies (TerAnd. 102)153. ausi omnes i.immaneque n.nefas a.ausoque p.potiti (VergAen. 6, 624)154. egone illam, quae illum, quae me (TerEun. 65)155. nihil egregie praeter cetera s.studebat (TerAnd. 58)156. lana et tela uictum quaeritans (TerAnd. 75)157. lana et tela uictum quaeritans (TerAnd. 75)158. primo pudice uitam parce ac duriter agebat (TerAnd. 74-75)159. inopia et cognatorum n.neglegentia c.coacta (TerAnd. 71)160. quid iuuenis, m.magnum c.cui u.uersat i.in o.ossibus i.ignem d.durus a.amor? (VergGeo. 3, 258)161. c.cui p.paruos I.Iulus, cui pater et c.coniunx q.quondam t.tua d.dicta r.relinquor? (VergAen. 2, 677)162. per caput h.hoc i.iuro, p.per q.quod p.pater a.ante s.solebat (VergAen. 9, 300)163. et dulcis m.moriens r.reminiscitur A.Argos (VergAen. 10, 782)164. egone illam q.quae i.illum q.quae m.me (TerEun. 65)165. tum pater omnip.omnipotens, r.rerum c.cui p.prima p.potestas i.infit (VergAen. 10, 100)166. forte unam aspicio adulescentulam (TerAnd. 118)167. quod te per superos (VergAen. 2, 141)168. per euersae, g.genitor, f.fumantia T.Troiae e.e.excidia o.obtestor (VergAen. 10, 45)169. quod ego te per hanc dexteram oro (TerAnd. 289)170. si qua tuis umquam pro me p.pater H.Hyrtacus a.aris d.dona t.tulit (VergAen. 9, 406-407)171. si bene quid de te merui (VergAen. 4, 317)172. ille fuit aut tibi quicquam dulce m.meum (VergAen. 4, 317-318)173. ne segreges (TerAnd. 291)174. ne deseras (TerAnd. 291)175. ad rem tutandam (TerAnd. 288)176. et ad pudicitiam (TerAnd. 288)177. per hanc d.dexteram o.oro (TerAnd. 289)178. ad rem tutandam (TerAnd. 288)179. quia sunt constitutae in hunc diem (TerAnd. 269)180. solam nam p.perfidus i.ille t.te c.colere, a.arcanos e.etiam t.tibi c.credere s.sensus (VergAen. 4, 421-422)181. in eo me oblecto, s.solum i.id e.est c.carum m.mihi (TerAd. 49)182. sed Metellus in ulteriorem H.Hispaniam (SallHist. 2, fr. 68 = 70 M)183. omnia prius experiri quam a.armis s.sapientem d.decet (TerEun. 789)184. ne quid inexpertum f.frustra m.moritura r.relinquat (VergAen. 4, 415)185. an porro prodenda dies sit (LucilSat. 5, fr. 32 M)186. interea aliquid acciderit boni (TerAnd. 398)187. impetrabo (TerAnd. 313)188. heus, inquit, iuuenes m.m.monstrate m.mearum u.uidistis s.si q.quam h.hic e.errantem f.forte s.sororum (VergAen. 1, 321-322)189. tu da salutem, qui spem dedisti (CicLig. 30)190. ne i.illi u.uehementer e.errant (CicCatil. 2, 3, 6)191. ne, Marce, bouem descripsi magnifice! inquit (LucilSat. 10, fr.10 M30)192. incute uim uentis, ad postremum aut age diuersos et disice c.corpora p.ponto (VergAen. 1, 69)193. me natam n.nulli u.ueterum s.sociare p.procorum f.fas e.erat (VergAen. 12, 27-28)194. quique sui memores aliquos f.fecere m.merendo (VergAen. 12, 27-28)195. numquam, regina, negabo promeritam (VergAen. 4, 334-335)196. quid commerui aut peccaui, p.pater? (TerAnd. 139)197. quid meret machaera (PlautPseud. 1185)198. nam et priusquam incipias consulto et u.ubi c.consulueris m.mature f.facto o.opus e.est (SallCatil. 1, 6)199. daturne illa hodie nuptum Pamphilo? (TerAnd. 301)200. sic est apud forum modo e Dauo audiui (TerAnd. 302)201. ne quid Andria a. m. (TerAnd. 73)202. apud forum modo e Dauo a.audiui (TerAnd. 302)203. nimium parce facere sumptum (TerAnd. 450)204. cum uenit, aulaeis iam se r.regina s.superbis (VergAen. 1, 697)205. igitur senati decreto seruiendumne sit? (SallHist. 1, fr. 72 M)206. nullus dixeris (TerHec. 79)207. ille quid uult concursus ad amnem? (VergAen. 6, 318)208. adeo me ignauum putas? (TerAnd. 277)209. conclusam hic habeo uxorem saeuam (TerAndPho. 744)210. hic annis grauis atque a.animi m.maturus A.Aletes (VergAen. 9, 246)211. id mutauit, quia me immutatum uidet (TerAnd. 242)212. hoc concludar (TerAnd. 386)213. tace, egomet conueniam Pamphilum (TerAd. 209)214. quicquid peperisset d.decreuerunt t.tollere (TerAnd. 219)215. Πριάμοιό τε παῖδες (HomIl. 1, 255)216. dicam et Alcidem puerosque Ledae ()217. quicquid peperisset d.decreuerunt t.tollere (TerAnd. 219)218. obserues filium, quid agat, quid cum illo consilii captet (TerAnd. 169-170)219. εὑρετικὸν εἶναί φασι τὴν ἐρημίαν οἱ τὰς ὀφρῦς αἴροντες (MenAnd. Meineke p. 20)220. <uenit>meditatus alicunde ex solo loco ()221. atque arida d.differt n.nubila (VergGeo. 3, 197)222. miseram me, differor doloribus (TerAd. 486)223. non sum apud me (TerPho. 204 TerHeaut. 921)224. numquam omnes hodie m.moriemur i.inulti (VergAen. 2, 670)225. imponit regina manum (VergAen. 7, 573)226. atque opere in medio defixa r.reliquit a.aratra (VergGeo. 3, 519)227. respexit ad urbem (VergAen. 12, 671)228. piscis ceteros purga D.Dromo; c.congrum i.istum m.maximum i.in a.aqua s.sinito l.ludere t.tantisper; u.ubi e.ego r.rediero e.exossabitur; p.prius nolo (TerAd. 376-379)229. nusquam tuta fides (VergAen. 4, 373)230. quem subiisse u.umeris c.confectum a.aetate p.parentem (VergAen. 4, 599)231. cuius tu fidem in pecunia perspexeris, uerere ei uerba credere? ubi quid mihi lucri est? (TerPho. 60-61)232. proximus sum egomet mihi (TerAnd. 639)233. aliquid monstri alunt (TerAnd. 250)234. memini me fieri pauum (EnnAnn. 1, fr. 17 M)235. libra die somnique pares u.ubi f.fecerit h.horas (VergGeo. 1, 208)236. miris modis <di> ludos faciunt hominibus mirisque exemplis omnia in somnis danunt (PlautMerc. 225-226)237. id populus curat scilicet (TerAnd. 185)238. aeque quicquam nunc quidem (TerAnd. 434)239. praeter aetatem tuam (TerHeaut. 59)240. nec potis Ionios f.fluctus a.aequare s.sequendo (VergAen. 3, 671)241. dum tempus ad eam r.rem t.tulit, s.siui a.animum u.ut e.expleret s.suum (TerAnd. 188-189)242. animum ad s.scribendum a.appulit (TerAnd. 1)243. ne quid nimis (TerAnd. 61)244. ()245. paululum obsonii (TerAnd. 360)246. paululum obsonii (TerAnd. 360)247. o Latio caput horum et causa malorum (VergAen. 11, 361)248. migrantis c.cernas t.totaque e.ex u.urbe r.ruentis (VergAen. 4, 401)249. actum aiunt ne agas (TerPho. 419)250. Samia mihi m.mater f.fuit, ea h.habitabat R.Rhodi (TerEun. 107)251. potest taceri hoc (TerEun. 108)252. non solum uideam, sed etiam audiam planeque sentiam (CicCatil. 1, 3, 8)253. tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum (TerAnd. 192)254. tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum (TerAnd. 192)255. magistrum (TerAnd. 192)256. simul sceleratus Dauus si quid consilii habet, ut consumat nunc (TerAnd. 159-160)257. atque haec sunt ad uirtutem omnia (TerHeaut. 207)258. λούσατ᾽ αὐτήν (MenAnd. Meineke p. 20)259. λούσατ᾽ αὐτήν αὐτίκα (MenAnd. Meineke p. 20)260. da bibere <a> summo (LucilSat. 5, fr. 24 M)261. quem Dardanio A.Anchisae a.alma V.Venus Ph.Phrygii 148 g.genuit S.Simoentis a.ad u.undam (VergAen. 1, 617-618)262. per pol quam paucos r.reperias m.meretricibus f.fideles e.euenire a.amatores, S.Syra (TerHec. 58)263. uel Priamo miseranda manus (VergAen. 11, 259)264. carmina <uel> c.caelo p.possunt d.deducere l.lunam (VergBuc. 8, 69)265. edico tibi, ne temere facias (TerAnd. 204-205)266. interbibere sola si ui.uino (PlautAul. 558)267. nοn simultatem meam reuereri (TerPho. 232-233)268. credοn (TerAnd. 497)269. ehodum ad me (TerAnd. 184)270. audacter dicito (PlautMerc. 726)271. faeneratum istud beneficium pulchre tibi dices (TerPho. 493)272. Idaeumque etiam c.currus, e.etiam a.arma t.tenentem (VergAen. 6, 485)273. falso queritur de n.natura s.sua g.genus h.humanum (SallJug. 1, 1)274. nec dico nec facio <mu> (EnnLocinc. fr. 4 M)275. renuntiatur mihi (CicVerr. 2, 149)276. renuntiatum est (TerAnd. 501)277. nulla mora in Turno (VergAen. 12, 11)278. iam uero omitte, Demea, tuam istam iracundiam (TerAd. 754-755)279. uere suo (VergGeo. 4, 22)280. solemque suum, s.sua s.sideran.norunt (VergAen. 6, 641)281. me a Glycerio miserum abstrahat (TerAnd. 243)282. diuellimur inde Iphitus et P.Pelias m.mecum (VergAen.2, 434-435)283. tu tandem has nuptias> perge facere ita ut facis (TerAnd. 521-522)284. iubeo Chremetem (TerAnd. 533)285. reddique uiro p.promissa i.iubebant (VergAen. 5, 386)286. ac uelut optato uentis (VergAen. 10, 405)287. Byrria, quid tibi uidetur? adeon ad eum? (TerAnd. 314-315)288. e Dauo audiui (TerAnd. 302)289. per has ego te (VergAen. 12, 56)290. ueterem Anchisen a.agnoscit a.amicum (VergAen. 3, 82)291. neque enim nouus iste D.Dianae u.uenit a.amor (VergAen. 11, 537-538)292. accurate (TerAnd. 494)293. crescent illae, crescetis a.amores (VergBuc. 10, 54)294. cuius tibi potestas summa seruandi datur (TerAnd. 494)295. Iliaci cineres et f.flamma e.extrema m.meorum (VergAen. 2, 431)296. per euersae, g.genitor, f.fumantia Troiae excidia obtestor (VergAen.10, 45-46)297. tum decuit, cum sceptra dabas. E.En d.dextra fq.fidesque (VergAen. 4, 597)298. sed si ex ea re plus mali est quam commodi (TerAnd. 547)299. in re est (TerAnd. 546)300. itaque una inter nos agere aetatem liceat (TerHec. 207)301. fabulae! (TerAnd. 546)302. quod te per superos... oro (VergAen. 2, 141-143)303. non perpeti meretricum c.contumelias? (TerEun. 48)304. ipsum animum aegrotum ad d.deteriorem p.partem p.plerumque a.adplicat (TerAnd. 193)305. quo modo minimo periculo id demus adulescentulo (TerHeaut. 477)306. aut tute tui p.periculum f.fecisti? (CicDivCaec. 27)307. fac periculum in l.litteris (TerEun. 476)308. in foro modo e Dauo audiui (TerAnd. 302)309. tuque adeo, quem mox quae s.sint h.habitura d.deorum c.concilia i.incertum e.est (VergGeo. 1, 24-25)310. ego te quae p.plurima f.fando e.enumerare u.uales (VergAen. 4, 333-334)311. ego postquam te e.emi (TerAnd. 35)312. metui a Chryside ()313. quae precatus sum ab dis immortalibus (CicMur. 1)314. dehinc postulo siue aequum est te oro, Daue (TerAnd. 190)315. siue aequum est (TerAnd. 190)316. <percipe> porro, q.quid d.dubitem (VergAen. 9, 190)317. irae sunt inter Glycerium et gnatum (TerAnd. 552)318. egi atque oraui tecum (TerHec. 686)319. pars in frusta secant (VergAen. 1, 212)320. consiliis habitus non futilis a. (VergAen. 11, 339)321. inuidisse deos, patriis ut r. a. (VergAen. 11, 269)322. rem magnam, pretiumque m. f. (VergAen. 11, 269)323. rem magnam, pretiumque m. f. (VergAen. 9, 232)324. illum Tydides a. p. t. a. a. p. (VergAen. 12, 351-352)325. pretium ob asinos (PlautAsin. arg. 3)326. de seruo quid deinde? furcifer quo progreditur? ()327. Dauum uideo, cuius consilio fretus sum (TerAnd. 335-336)328. ab illa excludar, hoc c. (TerAnd. 386)329. uide quo me inducas (TerAnd. 399)330. equidem merui n. d., i. (VergAen. 12, 931)331. uictus ad se redit (VergGeo. 4, 433-434)332. sed motos praestat c. f. (VergAen. 1, 135)333. hocine est humanum f.factum a.aut i.inceptum? h.hocine e.est o.officium p.patris? (TerAnd. 236)334. quam facile serpat iniuria et peccandi locus, quam non f.facile r.reprimatur u.uidete (Cic2Verr. 2, 53)335. hocine saeclum! ο scelera, ο g.genera s.sacrilega, ο h.hominem i.impium! (TerAd. 304)336. si quisquam est, qui placere s.studeat b.bonis q.quam p.plurimis et m.minime m.multos l.laedere, i.in h.his p.poeta n.nomen p.profitetur s.suum (TerEun. 1-3)337. quo aequior sum Pamphilo, si se illam in somnis quam illum amplecti maluit (TerAnd. 429-430)338. in denegando modo quis p.pudor p.paullum a.adest (TerAnd. 630)339. aut si tibi nuptiae hae s.sunt c.cordi -c.cordi? (TerAnd. 328)340. cuius consilio fretus sum (TerAnd. 336)341. principio amico filium r.restitueris ... i.inuenies (TerAnd. 570)342. deo irato meo (TerPho. 74)343. uterque exempla in te edent (TerEun. 1022)344. mihi sacra parari (VergAen. 2. 132)345. interfectus, interemptus (PlautMerc. 833)346. hunc inter fluuio Tiberinus amoeno u.uerticibus r.rapidis et m.multa f.flauos h.harena in mare pror.prorumpit (VergAen. 7, 30-32)347. at tibi pro scelere (VergAen. 2, 535)348. at ο deorum quicquid in caelo regit terras et h.humanum g.genus (HorEp. 5, 1-2)349. dic mihi, Damoeta, c.cuium p.pecus? (VergBuc. 3, 1)350. seruitio enixae tulimus (VergAen. 3, 327)351. quem ego credo manibus pedibusque obnixe omnia facturum (TerAnd. 161-162)352. ramoq.ramoques.sedensm.miserabilec.carmeni.integrat (VergGeo. 514-515)353. mihi sacra parari (VergAen. 2, 132)354. nuptias apparari sensit (TerAnd. 690)355. sed uim ut queas ferre (TerAnd. 277)356. o caelum, o terra, ο maria Neptuni! (TerAd. 790)357. omnia uel medium fiant mare (VergBuc. 8, 58)358. salue aeternum m.mihi, m.maxime P.Palla, aq.aeternumque u.uale (VergAen. 11, 97-98)359. desertaque montis stat d.domus (VergAen. 8, 191-192)360. stant et iuniperi et c.castaneae h.hirsutae (VergBuc. 7, 53)361. stant lumina f.flamma (VergAen. 6, 300)362. stat sentibus fundus (LucilSat. 5, fr. 4 M)363. ex unis geminas mihi conficies nuptias (TerAnd. 673)364. quasi necesse sit, si huic eam non dat, te illam uxorem ducere (TerAnd. 372)365. ne illa tauro paria sint (SallHist. 2, fr. 109 M)366. amissis remis atque o.ordine d.debilis u.uno i.inrisam s.sine h.honore r.ratem S.Sergestus a.agebat (VergAen. 5, 271-272)367. ecce gubernator sese P.Palinurus a.agebat (VergAen. 6, 337)368. saltem aliquot dies p.profer, d.dum p.proficiscor a.aliquo, n.ne u.uideam (TerAnd. 328-329)369. propriae haec si dona f.fuissent (VergAen. 6, 871)370. Tyrrhenamque fidem (VergAen. 10, 71)371. non potui a.abreptum d.diuellere c.corpus e.et u.undis s.spargere (VergAen. 4, 600-601)372. cogit amare magis, sed bene uelle minus (CatulCarm. 72, 8)373. Ἕκτορ ἀτὰρ σύ μοί ἐσσι πατὴρ καὶ πότνια μήτηρ ἠδὲ κασίγνητος, σὺ δέ μοι θαλερὸς παρακοίτης (HomIl. 6, 429-430)374. illius169 uicinitatis f. p. (CicRoscAm. 15)375. quo portas puerum? (TerAnd. 722)376. instamus tamen inm.inmemores (VergAen. 2, 244)377. nam quid uis tibi? (TerHeaut. 61)378. κολεξιασσυμυρρινασχχησαιετεινε (MenAnd. 44 Sandbach)379. domum modo ibo, dicam ut apparentur, a.atque h.huc r.renuntio (TerAnd. 594)380. ego quoque hinc ab d.dextera u.uenire m.me a.adsimulabo (TerAnd. 734-735)381. adeon ad eum? (TerAnd.315)382. pannucia Baucis (PersSat. 4, 21)383. doliarem claudam crassam (PlautPseud. 659)384. ne illi uehementer errant (CicCatil. 2, 6)385. at nunc faciet (TerAnd. 179)386. non Diomedis equos n.nec c.currum c.cernis A.Achillis (VergAen. 10, 581)387. et cui putre solum – namque h.hoc i.imitamur a.arando (VergGeo. 2, 204)388. pars optare l.locum t.tecto (VergAen. 1, 425)389. cognatorum n.neglegentia c.coacta (TerAnd. 71-72)390. uiuas ut possis, quando nequit ut uelis (CaecPloc. fr. 171 Warmington)391. quid Chrysis? (...) quid uos? (...) quid Glycerium? (TerAnd. 803-806)392. mene efferre pedem, g.genitor, t.te p.posse r.relicto s.sperasti (VergAen. 2, 657-658)393. ferte simul F.Faunique p.pedem Dq.Dryadesque p.puellae (VergGeo. 1, 11)394. ita habeantur itaque dicantur (Cic2Verr. 2, 87)395. et rebus s.spectata i.iuuentus (VergAen. 8, 151)396. occultans se tugurio mulieris ancillae (SallJug. 12, 5)397. hic est ille, non te c.credas D.Dauum l.ludere (TerAnd. 787)398. animo nunc iam otioso esse impero (TerAnd. 842)399. immo abi intro, ibi me opperire et quod parato opus est para (TerAnd. 523)400. amantium irae amoris integratio est (TerAnd. 555)401. credo, ut fit, m.misera p.prae a.amore e.exclusti h.hunc f.foras (TerEun. 98)402. irae sunt inter Glycerium et gnatum (TerAnd. 552)403. iudex tristis et integer (Cic1Verr. 30)404. ut, si libitum fuerit, causam ceperit, quo iure quaque iniuria (TerAnd. 213-214)405. uerbera (TerAnd. 199)406. saucius at quadrupes n.nota i.intra t.tecta r.refugit (VergAen. 7, 500)407. nam qui mentiri aut fallere i.insuerit p.patrem, au.aut t.tanto m.magis a.audebit c.ceteros (TerAd. 55-56)408. ne saeui, magna sacerdos (VergAen. 6, 544)409. homo confidens (TerPho. 123)410. erubuit: salua res est (TerAd. 643)411. uix tandem sensi stolidus (TerAnd. 470)412. diuum inc.inclementia, d.diuum, <h.has> e.euertit o.opes (VergAen. 2, 602-603)413. est hic, est animus lucis c.contemptor (VergAen. 9, 205)414. hoc ego scio, neminem p.peperisse h.hic (TerAnd. 506)415. moueor etiam loci i.ipsius i.insolentia (CicDej. 5)416. insolens uera accipiendi (SallHist. 4, fr. 57 M)417. in uictoria, quae natura insolens et s.superba e.est (CicMarc. 9)418. clamitent me sycophantam, h.hereditates p.persequi, m.mendicum (TerAnd. 814-815)419. terna tibi haec primum t.triplici d.diuersa c.colore l.licia c.circumdo (VergBuc. 8, 73-74)420. <me>tuam, ut memoriam retineas (LucilSat. loc. inc. fr. 136 M)421. clamitent me sycophantam, hereditates p.persequi, m.mendicum (TerAnd. 814-815)422. c.clamitentm.mes.sycophantam (TerAnd. 814-815)423. οὕτως αὐτός ἐστιν (MenAnd. Meineke p. 21)424. olim rusticus urbanum murem mus paupere fertur accepisse cauo, ueterem uetus hospes amicum (HorSat. 2, 6, 79-81)425. testis est tota Sicilia (Cic2Verr. 2, 146 Cic2Verr. 3, 149 CicPomp. 30)426. multis e matribus a.ausa p.persequitur (VergAen. 9, 217-218)427. hinc metuunt cq.cupiuntque, d.dolent gq.gaudentque (VergAen. 6, 733)428. ne isti u.uehementer e.errant (CicCatil. 2, 6)429. ne ista uobis mansuetudo et misericordia (SallCat. 52, 27)430. ei uoce maxima u.uehementer g.gratulabantur (SallHist.1, fr. 89 M)431. et nos tela, p.pater, fq.ferrumque h.haud d.debile d.dextra s.spargimus (VergAen. 12, 50-51)432. quod restat, pater (TerAnd. 947)433. restat (TerAnd. 940)434. scrupea, t.tuta l.lacu n.nigro nq.nemorumque t.tenebris (VergAen. 6, 238)435. nodum in scirpo, in sano facere ulcus (LucilSat. 1 fr. 36 M)436. scirpo induitur ratis (PlautAul. 595)437. reddunt curatura iunceas (TerEun. 316)438. et ei u.uoce m.maxima u.uehementer g.gratulabantur (SallHist. 1, fr. 89 M)439. quadrupedem c.constringito (TerAnd. 865)440. nihilne esse proprium cuiquam! (TerAnd. 716)441. credimus? an qui a., i.ipsi s.sibi s.somnia f.fingunt? (VergBuc. 8, 108)442. nunc praetor tuus est meus, si discesserit homo, gentilis (LucilSat. 7, fr 3 M)443. gnatam tibi meam Philumenam uxorem (TerAnd. alter exitus 20)444. simul sceleratus Dauus si quid consilii habet, ut consumat nunc (TerAnd. 159-160)445. renuntiatur mihi (CicVerr. 2, 149)

Notice Editoriale

Aelii Donati in Andriam Terenti commentum
[fr] Commentaire d'Aelius Donat à L'Andrienne de Térence[en] Aelius Donatus' Commentary on Terence's Andria (The Girl from Andros)Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti (Vol. 1.1)

Ediderunt, interpretati sunt et adnotauerunt :

[fr] Edition, traduction et commentaire :[en] Edition, translation and commentary by :Bruno Bureau (PR) - Université Jean Moulin-Lyon 3Christian Nicolas (PR) - Université Jean Moulin-Lyon 3

Auxilio editoribus fuerunt :

[] Assistants à l'édition :[] Assistants to Editors :Sarah Laborie (Professeur agrégé, ex ADR) - Cécile Parras (ADR) - Université Jean Moulin-Lyon 3Ariane Pinche (étudiante) - Université Jean Moulin-Lyon 3Emmanuelle Raymond (MCF) - Université d'AngersMarie Rébeillé-Borgella (Professeur agrégé, ex ADR) - - EditeurUniversité Jean Moulin-Lyon 3UMR 5189 (HiSoMA)AHN (Atelier des Humanités Numériques) ENS LyonLyon2009-07-07

Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti1.1

Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti accedunt Eugraphi Commentum et Scholia Bembina recensuit Paulus Wessner, Lipsiae, in Aedibus B. G. Teubneri, 1902.Editio textus latini sine ulla translatione a pagina tomi primi editionis Pauli Wessner 35 ad paginam 261. [fr] Edition en latin du commentaire pages 35-261 de l'édition Wessner, tome 1.[en] Latin text without translation corresponding to pages 35-261 of Wessner's edition, vol. 1.

Collection

Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti
[fr] Commentaires de Donat aux comédies de Térence[en] Donatus' Commentary on TerenceAeli Donati quod fertur Commentum Terenti (Vol. 1)EditeurUniversité Jean Moulin-Lyon 3UMR 5189 (HiSoMA)AHN (Atelier des Humanités Numériques) ENS LyonLyon2009-07-27