Aelii Donati in Eunuchum Terenti commentum
Praefatio
1 Haec
masculini generis nomine nuncupata est Eunuchus fabula et est
palliata Menandri uetus, quam ille auctor de facto adulescentis, qui
se pro eunucho deduci ad meretricem passus est, nominauit. 2 Itaque ex magna parte motoria est. 3 Atque in hac comoedia qui personam Parmenonis
actor sustinet primas habet partes, secundae sunt Chaereae, tertiae
ad Phaedriam spectant. 4 Huius
prologus sane est concitatior, nam et obicit crimina aduersantibus
et comminatur in posterum et accusatorie narrat iniuriam Terentio
factam et ad ultimum tumultuose et cum magna inuidia defendit
poetam. haec et πρότασιν et ἐπίτασιν et καταστροφήν ita aequales habet, ut nusquam
dicas longitudine operis Terentium delassatum dormitasse. 5 Actus sane implicatiores sunt in ea et qui non
facile a parum doctis distingui possint, ideo quia tenendi
spectatoris causa uult poeta noster omnes quinque actus uelut unum
fieri, ne respiret quodammodo atque, distincta alicubi continuatione
succedentium rerum, ante aulaea sublata fastidiosus spectator
exsurgat. 6 Acta plane est ludis
Megalensibus
L.
Lucio
Postumio
L.
Lucio
Cornelio aedilibus curulibus, agentibus etiam tunc
personatis
L.
Lucio
Minucio Prothymo
L.
Lucio
Ambiuio Turpione, item modulante Flacco Claudi tibiis
dextra et sinistra ob iocularia multa permixta grauitati.
7
1 et acta est tanto successu, plausu atque
suffragio, ut rursus esset uendita et ageretur iterum pro noua
proque ea pretium, quod nulli ante ipsam fabulae contigit, octo
milibus sestertium, numerarent poetae. 8 Deuerbia in illa crebro pronuntiata et cantica saepe
mutatis modis exhibita sunt. 9 Προτατικὸν
πρόσωπον nusquam habet, sed suis tantum personis
utitur. 10 In hac Terentius delectat
facetiis, prodest exemplis et uitia hominum paulo mordacius quam in
ceteris carpit. exempla autem hic morum trina praecipua proponuntur:
urbani moris, parasitici, militaris. 11 Haec edita tertium est et pronuntiata Terenti
Eunuchus quippe iam adulta commendatione poetae ac meritis ingenii
notioribus populo. 12 Facta autem ex
duabus Graecis una est Latina, nam ex Eunucho et Colace Menandri
fabulis haec Eunuchus Terentiana scripta est, non sine crimine, quod
multa in hanc translata sint ex multis poetis Latinis: quod totum
per prologum purgat atque defendit.
1 Cette
pièce a reçu le titre, au masculin, d'Eunuque ; c'est
une ancienne palliata de Ménandre que cet auteur a intitulée d'après
un fait98 qui
concerne un jeune homme qui a accepté de se faire amener en qualité
d'eunuque auprès d'une courtisane. 2 C'est pourquoi la pièce est pour une grande part du
type mouvementé99. 3 Et, dans cette comédie, l'acteur qui joue
Parménon a le premier rôle, le deuxième rôle est joué par Chéréa, le
troisième concerne Phédria. 4 Le
prologue de cette pièce est vraiment particulièrement animé ; de
fait, d'un côté il fait des reproches à ses adversaires, d'un autre
il les menace pour la suite ; c'est dans le style de l'accusation
qu'il raconte l'injustice faite à Térence et, vers la fin, prend la
défense du poète vivement et avec une grande agressivité. La pièce
montre dans la protase, l'épitase et la catastrophe100 une si grande égalité que l'on pourrait dire que
nulle part Térence, malgré la longueur de l'oeuvre, n'a éprouvé de
fatigue ou s'est endormi101. 5 Les actes y sont
particulièrement imbriqués et difficiles à séparer si l'on n'est pas
tant soit peu spécialiste, parce que, pour tenir en haleine le
spectateur, notre poète veut que les cinq actes n'en fassent pour
ainsi dire qu'un, afin qu'il n'ait pas le temps de respirer et que,
devant un enchaînement d'événements qui se succèdent avec de rares
pauses ici ou là, le spectateur fatigué ne quitte pas le théâtre
avant le lever de rideau102. 6 Elle fut jouée dans son intégralité aux Jeux
Mégalésiens, quand Lucius Postumius et Lucius Cornelius étaient
édiles curules ; les acteurs, encore masqués à l'époque103,
étaient Lucius Minucius Prothymus104 et Lucius
Ambivius Turpion, avec une musique de Flaccus, affranchi de
Claudius, sur une flûte à deux tuyaux droit et gauche, à cause du
mélange fréquent de ton plaisant et de ton grave. 7 Et elle fut jouée avec un tel succès, de tels
applaudissements, de tels suffrages, qu'elle fut revendue et rejouée
une deuxième fois comme une pièce inédite et valut au poète le prix,
qu'aucune pièce n'avait atteint avant elle, de 8 000
sesterces. 8 Des extraits des
dialogues de cette pièce furent fréquemment donnés105 et des cantica furent souvent
réinterprétés et repris. 9 On n'y
trouve nulle part de personnage protatique, mais Térence n'utilise
que ses propres personnages. 9 Térence
nous y délecte de plaisanteries, prodigue d'utiles préceptes, et
croque les vices humains de façon plus mordante que dans les autres
pièces. 10 Y sont proposés
principalement trois types de caractères : le citadin, le parasite,
le soldat. 11 Elle fut donnée la
troisième106 et
annoncée sous la forme “ Térence: L'Eunuque” du fait
d'une plus grande reconnaissance du poète par le public et d'une
meilleure notoriété de son génie107. 12 Mais la pièce unique en latin a été composée à
partir de deux modèles grecs, puisque c'est à partir de
L'Eunuque et du Flatteur de Ménandre que Térence a
écrit L'Eunuque, non sans avoir encouru le reproche
d'avoir emprunté de nombreux autres passages à de nombreux poètes
latins, grief dont pendant tout le prologue il se justifie et se
défend.
Rapta quaedam ex Attica uirgo nobilis
atque aduecta est Rhodum ibique matri Thaidis meretricis ab amico
dono data est et educta uelut soror cum filia est Thaide. sed Thais
relicta matre Rhodo cum amatore quodam Athenas se contulit ab eoque
heres instituta mortuo mox a milite Thrasone diligebatur nimis. qui
cum matrem Athenis profectus Thaidis mortuam Rhodi et supradictam
uirginem ab heredibus mortuae animaduertisset ueno esse propositam,
quamuis ignarus rerum omnium emit tamen et dono amicae suae uexit
Thaidi. uerum postquam adueniens riualem Phaedriam apud amicam
repperit, quem per eius absentiam sibi meretrix conciliauerat,
affirmauit se non ante daturum promissam uirginem, quam Thais foras
aemulum pepulisset. illa igitur etsi amabat Phaedriam, cupiditate
tamen recuperandae uirginis et ciuis Atticae et quam a paruula ut
sororem dilexerat, exclusit Phaedriam. hinc ille primo irascitur,
post accepta facti ratione a Thaide lenitur et in bidui spatium
sponte concedens militi rus proficiscitur statim ac, ne uel
muneribus ab aemulo superaretur milite, ipse quoque eunuchum et
puellam Parmenoni iubet abiens ad amicam deducere. uerum Chaerea
frater Phaedriae tunc ephebus uisa in uia uirgine inflammatus amore
eius ad hoc euasit ardore uehementi, ut pro eunucho ipse deduceretur
ad Thaidem. hac occasione uitiata uirgo et mox ciuis et nobilis
cognita datur uxor Chaereae; Phaedria et miles ex riualibus
concordes per parasitum redditi communi amica sine certamine
potiuntur.
1 Une
jeune fille noble a été enlevée et transportée d'Attique à Rhodes ;
là elle est offerte en cadeau par un ami à la mère de Thaïs la
courtisane ; cette mère l'élève avec sa fille Thaïs comme si elles
étaient sœurs. Mais Thaïs, ayant laissé sa mère à Rhodes, s'est
rendue à Athènes avec un amoureux et, après la mort de cet homme qui
avait fait d'elle son héritière, le soldat Thrason lui faisait une
cour très assidue. Ce dernier, après avoir quitté Athènes, apprit
que la mère de Thaïs était morte à Rhodes et que la jeune fille dont
j'ai parlé au début avait été mise en vente par les héritiers de la
morte ; sans savoir les tenants et les aboutissants, il se porta
néanmoins acquéreur de la jeune fille et la ramena pour en faire
cadeau à son amie Thaïs. Mais là, à son arrivée, trouvant auprès de
son amie un rival, Phédria, dont la courtisane, pendant son absence,
s'était attiré les bonnes grâces, il affirme qu'il ne lui donnera la
jeune fille promise que lorsque Thaïs aura mis à la porte son rival.
Thaïs donc, malgré son amour pour Phédria, mue par son désir de
récupérer la jeune fille, qui plus est citoyenne d'Athènes, et que,
depuis son jeune âge, elle avait aimée comme une sœur, chasse
Phédria. Celui-ci d'abord en conçoit du courroux ; mais ensuite, mis
au courant des raisons, il se laisse fléchir par Thaïs et, laissant
la place de son propre chef au soldat pour deux jours, il part
aussitôt à la campagne et, pour éviter d'être surpassé en cadeaux
par le soldat son rival, il ordonne à Parménon, au moment de partir,
d'amener à son amie un eunuque et une fillette. Mais Chéréa, frère
de Phédria et encore éphèbe, après avoir vu la jeune fille sur la
route et en être tombé éperdument amoureux, en vient, en proie à une
passion violente, à se faire passer pour l'eunuque pour être conduit
auprès de Thaïs. A cette occasion, la jeune fille, après avoir été
déshonorée, est bientôt reconnue citoyenne et noble et est donnée en
mariage à Chéréa ; quant à Phédria et au soldat, de rivaux qu'ils
étaient ils deviennent associés, grâce à l'entremise d'un parasite,
et partagent conjointement leur maîtresse sans se battre.
1 In
primo actu Phaedria exclusus a Thaide et secum primo et mox cum
Parmenone conqueritur fortunas suas et ad postremum coram accusat
Thaidem; permulcetur ab eadem et uoluntate digrediens rus sese
concessurum in spatium bidui esse promittit. 2 Secundus actus profectionem Phaedriae continet
delegantis seruo deductionem eunuchi et puellae ad Thaidem, tum
parasitum loquentem, per quem uirgo a milite dono amicae missa est,
tum interuentum Chaereae amantis uirginem eiusdemque cum Parmenone
consilium de ea potiunda per fallaciam, quia pro eunucho ipse
supponitur Thaidi. 3 Tertius actus
characterem exprimit militis et parasiti per ridiculum colloquium,
tum inuitationem ad cenam Thaidis, tum oblationem uelut eunuchi
Chaereae et puellae ex Aethiopia per Parmenonem factam, tum uerba
Chremetis ad Thaidem uenientis perductique ad militem2, Antiphonis Chaeraeque colloquium de uitiata per
dolum uirgine. 4 In quarto actu Dorias
nuntiat iurgium inter militem et Thaidem; 3 reditum ex
uilla Phaedriae, querelam Pythiae de uitiata uirgine apud Phaedriam
et eiusdem stupentis quod audiebat, errorem ebrii Chremetis, uerba
petulantia Thaidis aduersum militem et militis aduersus Thaidem
parata proelia ridiculeque deposita. 5 Quintus actus haec continet: querelam Thaidis de
uitiata uirgine primo cum Pythia, post cum ipso Chaerea; tum
interuentum Chremetis atque nutricis, tum perturbationem Parmenonis
per dolum Pythiae atque eius indicio per senem, qui rure tunc
aduenerat, confirmatas nuptias et ad ultimum reditum in gratiam
militis cum Phaedria et Chaerea.
1 Dans
l'Acte I, Phédria, chassé par Thaïs, s'apitoie d'abord sur lui-même,
après se plaint à Parménon de son sort et enfin accuse ouvertement
Thaïs ; il se fait amadouer par ladite Thaïs et, partant
volontairement à la campagne, il promet de laisser la place pour
deux jours. 2 L'Acte II contient le
départ de Phédria qui confie à son esclave le soin d'amener à Thaïs
un eunuque et une fille, puis le discours du parasite par qui la
jeune sœur est envoyée en cadeau de la part du soldat, puis
l'intervention de Chéréa, qui est amoureux de la jeune fille, et le
plan du même parasite, aidé de Parménon, pour la posséder par ruse,
puisque c'est Chéréa lui-même qu'on amène à Thaïs à la place de l'
eunuque. 3 L'Acte III révèle les
caractères du soldat et du parasite à travers une conversation
comique, puis l'invitation à dîner de Thaïs, puis le cadeau du faux
eunuque et de la petite Ethiopienne par Parménon, puis les paroles
de Chrémès qui venait voir Thaïs et qui est amené au soldat, puis la
conversation entre Antiphon et Chéréa au sujet de la jeune fille
qu'un stratagème a permis de déshonorer. 4 Dans l'Acte IV, Dorias fait le récit de la dispute
entre le soldat et Thaïs,... le retour de la campagne de Phédria, la
plainte de Pythias auprès de Phédria au sujet de la jeune fille qui
a été déshonorée puis celle de ce dernier stupéfait de cette
nouvelle, puis l'erreur de Chrémès ivre, les paroles injurieuses de
Thaïs à l'endroit du soldat et du soldat à l'endroit de Thaïs, dans
un affrontement qui manque de tourner au pugilat mais qui tourne
court par un procédé comique. 5 L'Acte
V contient les événements suivants : plainte de Thaïs sur le viol de
la jeune fille, d'abord à Pythias puis à Chéréa lui-même, puis
intervention de Chrémès et de la nourrice, puis trouble de Parménon,
suite au stratagème de Pythias, puis, après l'aveu de Parménon,
confirmation par le vieux père, qui venait de rentrer de la
campagne, du mariage et enfin réconciliation du soldat avec Phédria
et Chéréa.
Prologus
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | 32 | 33 | 34 | 35 | 36 | 37 | 38 | 39 | 40 | 41 | 42 | 43 | 44 | 45
Si quisquam est qui placere studeat
bonis
S'il est quelqu'un qui s'efforce de
plaire aux honnêtes gens
1 si qvisqvam est
qvi placere stvdeat bonis attendenda poetae copia, quod in
tot prologis de eadem causa isdem fere sententiis uariis uerbis
utitur. 2 bonis qvam plvrimis et minime mvltos laedere
ἀντίθετον
πρῶτον.
1 si qvisquam est
qvi placere stvdeat bonis108 il faut remarquer l'abondance du poète
parce que, dans de si nombreux prologues qui évoquent le même
sujet avec pratiquement les mêmes opinions, il arrive à varier le
choix des mots109. 2 bonis qvam plvrimis et minime mvltos
laedere première antithèse (ἀντίθετον πρῶτον).
quam plurimis et minime multos
laedere,
en plus grand nombre possible, et d'en
choquer le moins possible,
in is poeta hic nomen profitetur
suum.
c'est dans ce nombre que le poète
inscrit son nom.
in
his poeta hic nomen profitetvr svvm cum dixisset
quisquam,
intulit in
his. et alibi «
cuius mos maxime est consimilis uestrum,
hi se ad uos applicant
1 ».
in
his poeta hic nomen profitetvr svvm après avoir écrit un
singulier quisquam (quelqu'un), il met un pluriel
in his
(parmi eux) ; il le fait ailleurs aussi : « cuius mos maxime est
consimilis uestrum, hi se ad uos applicant ».
tum si quis est qui dictum in se
inclementius
Maintenant s'il y a un homme qui pense
qu'en termes un peu rudes
1 tvm si qvis
est bene si
quis, cum Luscium Lanuuinum significet, ne uel ipsum a
se laesum esse fateretur. 2 Et tvm praeterea, ut «
tum canit Hesperidum
2 ». 3 inclementivs pro inclementer, ut
«
iam senior, sed cruda deo uiridisque
senectus
3 ».
1 tvm si qvis
est il fait bien de dire si quis, alors qu'il désigne Luscius
Lanuvinus, pour éviter d'avouer que c'est lui personnellement
qu'il a offensé. 2 Et tvm signifie praeterea (en outre),
comme chez Virgile : « Tum canit Hesperidum… » (puis il chante la
jeune fille admirant les pommes des Hespérides). 3 inclementivs comparatif pour le positif
inclementer, comme chez Virgile : « iam
senior, sed cruda deo uiridisque senectus » (il est vieux mais
comme il sied à un dieu d'une vieillesse pleine de sang et de
verdeur).
existimauit esse, sic existumet
on a parlé de lui, qu'il se dise
bien
existimavit pro existimarit 4.
existimavit mis pour le subjonctif parfait
existimarit.
responsum, non dictum esse, quia
laesit prior.
que c'est une riposte, non une
attaque, puisqu'il a blessé le premier.
1 responsvm non
dictvm esse deest ei, ut in Phormione «
si quis quid reddit, magna habenda est
gratia
4 ». 2 non dictvm esse superius «
dictum
5 » participium est5, inferius nomen, a quo etiam dicaces
dicuntur, qui malignis iocosis salibus maledicunt. 3 responsvm non
dictvm esse figura πλοκή, nam dictum bis numero positum supra nomen
significat, infra participium, ut in Heautontimorumeno «
in quem quiduis harum rerum conuenit,
quae sunt dicta in stultum
6 ».
1responsvm non dictvm esse il manque
ei (pour
lui), comme dans le Phormion : « siquis quid reddit
magna habendast gratia ». 2 non dictvm esse plus haut
« dictum » est un participe, plus bas c'est un nom, d'où dérive
l'adjectif dicax (mordant) qui désigne ceux qui
disent du mal des méchants dans des plaisanteries pleines de
piquant. 3 responsvm non dictvm esse c'est la figure
dite πλοκή
(répétition) car dictum utilisé deux fois désigne un nom
la première fois, un participe la seconde, comme dans
L'Héautontimorouménos: in quem quiduis harum rerum
conuenit quae sunt dicta in stultum110 (à moi convient tout ce qui dans ce domaine se
dit à l'égard d'un sot111).
qui bene uertendo et easdem scribendo
male
C'est lui qui, par une traduction
exacte, mais mal écrite,
1 qvi bene
vertendo bene pro ualde. 2 Et vertendo in Latinam linguam transferendo, ut
«
Plautus uertit barbare
7 ». 3 Aut vertendo corrumpendo.
1 qvi bene
vertendo bene est mis pour valde
(vigoureusement). 2 Et vertendo veut dire ici en
traduisant en latin, comme dans Plaute « Plautus uortit barbare »
(Plaute a traduit en latin). 3 Ou
alors vertendo veut dire
ici corrumpendo (en abîmant)112.
ex Graecis bonis Latinas fecit non
bonas,
a fait, à partir de bonnes pièces
grecques, de mauvaises pièces latines.
idem Menandri Phasma nunc nuper
dedit,
Il vient aussi de donner le Fantôme de
Ménandre,
1 idem menandri
ΦΑΣΜΑ
6 nvnc
nvper dedit τὸ
αὐτὸ7 apparet
pronuntiatum, quasi hoc ipso admonuerit spectatorem, quam turpiter
et imperite haec fabula scripta sit. 2 Et bene nvnc nvper , ut ex uicinitate facti ostendat
nihil esse dicendum, quam displicuerit haec comoedia Luscii
Lanuuini, propterea quod res recens sit et omnes
meminerint. 3 phasma autem nomen fabulae Menandri est, in qua
nouerca superducta adulescenti uirginem, quam ex uicino quodam
conceperat, furtim eductam, cum haberet in latebris apud uicinum
proximum, hoc modo secum habebat assidue nullo conscio: parietem,
qui medius inter domum mariti ac uicini fuerat, ita perfodit, ut
ipso transitu sacrum locum esse simularet eumque transitum
intenderet sertis ac fronde felici rem diuinam saepe faciens et
uocaret ad se uirginem. quod cum animaduertisset adulescens, primo
aspectu pulchrae uirginis uelut numinis uisu perculsus exhorruit,
unde fabulae
Phasma nomen est; deinde paulatim re cognita exarsit in
amorem puellae ita, ut remedium tantae cupiditatis nisi ex nuptiis
non reperiretur. itaque ex commodo matris ac uirginis et ex uoto
amatoris consensuque patris nuptiarum celebritate finem accipit
fabula. 4 Vtrum ergo hoc dicat, quod
totam fabulam transferendo laeserit Luscius Lanuuinus, an non hoc,
de quo tantum reprehendat, sed his signis uelit ostendere, quem
dicat uitiose Thesaurum composuisse, ut in Thesauro sit culpa, non
in Phasmate? 5 nvnc nvper nuper ex illis uerbis est, quae ueteres
propter ambiguitatem cum adiectione proferebant; nam nisi adderet
nunc, hoc
nuper
olim,
pridem
etiam significasset. 6 idem menandri phasma nvnc nvper
dedit hanc fabulam totam damnat, ut apparet, silentio;
Thesaurum uero non totum, sed ex uno loco.
1 idem menandri
ΦΑΣΜΑ nvnc nvper
dedit il est clair que le mot Phasma (τὸ αὐτό)113 est
prononcé de manière à faire comprendre au spectateur combien le
style de cette pièce est mauvais et fautif. 2 Et nvnc
nvper est bon pour montrer qu'en raison de la proximité de
l'événement il n'y a rien à ajouter pour dire combien la comédie
de Luscius Lanuvinus a déplu, puisque la chose est récente et que
tout le monde s'en souvient. 3 Le
Fantôme (Phasma ) est le
nom de la pièce de Ménandre dans laquelle une marâtre, entrée dans
la famille d'un jeune homme, avait une fille qu'elle avait conçue
d'un voisin et éduquée en cachette, et qu'elle côtoyait souvent de
cette façon sans que personne le sache : elle avait fait percer le
mur qui séparait la maison de son mari de celle du voisin, en
faisant croire que le passage menait à un lieu sacré et elle
ornait le passage de guirlandes et d'un épais feuillage en faisant
de fréquents sacrifices et elle faisait venir à elle la jeune
fille. Comme le jeune homme avait remarqué ce manège, la première
fois qu'il vit la jolie jeune fille, il fut frappé comme à la vue
d'une déesse et fut terrifié, d'où le nom de Fantôme qu'a pris la
pièce ; puis, ayant petit à petit appris la vérité, il s'enflamma
d'amour pour la jeune fille sans trouver d'autre solution à une
telle passion que le mariage. Et c'est donc avec l'arrangement de
la marâtre et de la jeune fille, avec la volonté expresse du jeune
amoureux et avec l'assentiment paternel que la pièce se termine
par la célébration du mariage114. 4 Veut-il donc dire que c'est en traduisant
l'intégralité de la pièce que Luscius Lanuvinus lui a causé du
tort ? N'est-ce pas plutôt ceci seulement qu'il lui reproche, tout
en voulant faire comprendre par ces signes qui il désigne comme le
mauvais auteur du Trésor, à savoir que c'est dans
Le Trésor qu'il y a une faute, non dans Le
Fantôme ? 5 nvnc nvper dedit nuper (récemment) fait
partie de ces mots que les Anciens, pour éviter l'ambiguïté,
accompagnaient d'un autre mot; car s'il n' ajoutait pas nunc (maintenant),
nuper
pourrait tout aussi bien signifier olim (un jour) ou pridem
(autrefois). 6 idem menandri phasma nvnc nvper dedit il
condamne la pièce en bloc, à ce qu'il semble, par son silence; Le
Trésor en revanche, il la condamne non en bloc mais pour un
passage précis115 .
atque in Thesauro scripsit causam
dicere
et dans Le Trésor, il a écrit que
celui qui plaide
1 atqve in
thesavro scripsit cavsam dicere thesaurum Latini
ueteres secundum Graecos sine N littera proferebant. 2 atqve in
thesavro scripsit cavsam dicere arguit Terentius, quod
Luscius Lanuuinus contra consuetudinem litigantium defensionem
ante accusationem induxerit. huiusmodi enim est Luscii argumentum:
adulescens, qui rem familiarem ad nequitiam prodegerat, seruulum
mittit ad patris monumentum, quod senex sibi uiuus magnis opibus
apparauerat, ut id aperiret illaturus epulas, quas pater post
annum decimum cauerat inferri sibi. sed eum agrum, in quo
monumentum erat, senex quidam auarus ab adulescente emerat. seruus
ad aperiendum monumentum auxilio usus senis, thesaurum cum
epistula ibidem repperit. senex thesaurum tamquam a se per
tumultum hostilem illic defossum retinet et sibi uindicat.
adulescens iudicem capit, apud quem prior senex, qui aurum
retinet, causam suam sic agit «
Atheniense bellum, cum Rhodiensibus |
quod fuerit, quid ego hic praedicem, quod tu scias?
8 » etc. quae contra naturam iurisque consuetudinem posita
argumenta notat Terentius, quod ille ordo potior erat, ut
adulescens prior proponeret causam, qui petitor inducitur.
1 atqve in
thesavro scripsit cavsam dicere les Anciens, suivant en
cela les Grecs, prononçaient thesaurus sans N116. 2 atqve in
thesavro scripsit cavsam dicere Térence fait grief à
Luscius Lanuvinus de ce que, contre l'usage judiciaire, il a mis
la plaidoirie avant le réquisitoire. Car voici l'argument de la
pièce de Luscius Lanuvinus : un jeune homme, qui avait gaspillé le
patrimoine familial en débauches diverses, envoie un jeune esclave
au caveau de son père, caveau que le vieillard s'était fait
construire de son vivant à grands frais, pour qu'il l'ouvre et
apporte le festin que le père avait veillé à ce qu'on lui apportât
dix ans après 117. Mais le champ où se trouvait le caveau avait
été acheté au jeune homme par un vieillard cupide. L'esclave
demande de l'aide au vieillard pour ouvrir le caveau et là, trouve
un trésor avec une lettre. Le vieillard garde le trésor au motif
qu'il l'a enterré lui-même là-bas à la faveur d'une situation de
guerre118 et le revendique pour sien. Le jeune homme va voir
un juge auprès duquel le vieillard, qui garde l'or, plaide le
premier sa cause de cette façon : « la guerre qui a opposé Athènes
à Rhodes, pourquoi devrais-je en faire étalage ici, puisque tu la
connais ? » etc. C'est contre la nature et l'usage juridique que
les arguments sont mis, comme le note Térence, parce que l'ordre
préférentiel était de faire plaider d'abord le jeune homme, qui se
présente comme demandeur119.
prius unde petitur aurum qua re sit
suum,
en premier est celui à qui on réclame
l'or, pour dire pourquoi c'est le sien,
1 privs vnde
petitvr avrvm unde a quo, ut Vergilius «
genus unde Latinum
9 ». 2 Nam possessorem fecit
priorem agere quam petitorem, quod abhorret a consuetudine et
iuris et litium.
1 privs vnde
petitvr avrvm unde est mis pour a quo (de qui), comme
chez Virgile : « genus unde Latinum » (de qui vient la race
latine). 2 Car il a fait plaider le
propriétaire avant le demandeur, ce qui va à l'encontre des usages
et juridiques et judiciaires.
quam310
qui petit, unde is sit thensaurus sibi
avant celui qui le réclame pour
expliquer comment le trésor est à lui
1 qvam
ille deest dicat. 2 qvi
petit ἀντὶ
τοῦ petitor. 3 qvam ille qvi
petit esset recta locutio, si diceret
quam petitor
em
aut quam
illum qui petit, sed quam ille maluit, ut subaudiamus
causam
dicat per ζεῦγμα a superiore figuratum.
1 qvam
ille 120 il manque
dicat. 2 qvi
petit à la place de petitor (le demandeur). 3 qvam ille qvi
petit l'expression serait correcte s'il disait quam petitorem ou quam illum qui petit à
l'accusatif, mais il a préféré quam ille qui petit en sous-entendant
causam
dicat, par un zeugme modelé sur ce qui précède.
aut unde in patrium monumentum
peruenerit.
et comment il s'est retrouvé dans le
tombeau de son père.
dehinc ne frustretur ipse se aut sic
cogitet
Et maintenant qu'il ne s'abuse pas et
n'aille pas se dire :
1 dehinc
si loquatur. 2 ne frvstretvr ipse se παρὰ προσδοκίαν dicitur,
sed ἠθικῶς
addidit. 3 avt sic cogitet si taceat.
1 dehinc
au cas où il parle. 2 ne frvstretvr ipse se
expression qui vient contre toute attente (παρὰ προσδοκίαν) mais
qu'il ajoute pour accentuer le trait de caractère (ἠθικῶς). 3 avt sic
cogitet au cas où il se taise.
« defunctus iam sum nihil311 est quod dicat mihi »:
« Désormais me voilà quitte, il n'a
plus rien à me reprocher ».
1 defvnctvs iam
svm id est: omni labore liberatus sum, auctoritate iam
confirmata et inuiolabili. 2 defvnctvs iam svm id est: iam
egi fabulas meas, aut: iam destiti periclitari in edendis
comoediis, aut certe: iam edidi quam tu reprehendis
fabulam. 3 defvnctvs iam svm σχῆμα διανοίας ∙ ἠθοποιΐα. 4 nihil est qvod
dicat mihi non sit, inquit, de suis uitiis securus propter
uetustatem: nihilominus a me reprehendetur.
1 defvnctvs iam
svm c'est-à-dire "je suis libéré de tout souci", "mon
autorité est renforcée et inviolable". 2 defvnctvs iam
svm c'est-à-dire "j'ai désormais fini mes pièces" ou bien
"j'ai désormais cessé de prendre des risques en faisant paraître
des comédies" ou sûrement "j'ai déjà fait paraître la comédie que
tu blâmes". 3 defvnctvs iam svm figure de pensée (σχῆμα διανοίας) : éthopée
(ἠθοποιΐα). 4 nihil est qvod
dicat mihi il ne devrait pas, veut dire Térence, avoir un
sentiment d'impunité de ses fautes en raison de son grand âge : il
n'en sera pas moins l'objet de reproches de ma part.
is ne erret moneo, et desinat
lacessere.
Qu'il ne s'y trompe pas, je l'en
avertis, et qu'il cesse son harcèlement.
is
ne erret moneo σχῆμα ἐπιεικείας.
is
ne erret moneo figure de modération121
(σχῆμα
ἐπιεικείας).
habeo alia multa quae nunc
condonabitur,
J'en ai bien d'autres, dont je lui
ferai grâce pour l'instant,
habeo alia mvlta qvae nvnc condonabitvr sic
in Phormione «
argentum quod habes condonamus te
10 ». nam dono ablatiuo casui iungebant ueteres,
condono
accusatiuo.
habeo alia mvlta qvae nvnc condonabitvr il
dit de même dans le Phormion : « argentum quod habes
condonamus te »122. De fait les Anciens construisaient dono avec l'ablatif et
condono
avec l'accusatif.
quae proferentur post si perget
laedere
mais qui sortiront plus tard, s'il
continue à me blesser
ita ut facere instituit. quam nunc
acturi sumus
comme il a décidé de le faire. La
pièce que nous allons jouer,
ita vt facere
institvit
8.
ita
vt facere institvit .
Menandri Eunuchum, postquam aediles
emerunt,
L'Eunuque de Ménandre,
ayant été achetée par les édiles,
postqvam aediles emervnt mire, cum ordo
melior uideretur, si sic diceret postquam aediles emerunt quam nunc acturi sumus,
perfecit ut inspiciundi esset copia. emerunt autem mediam
corripe, ut «
matri longa decem tulerunt fastidia
menses
11 ».
postqvam aediles emervnt étonnant, puisque
l'ordre meilleur semble être postquam aediles emerunt quam nunc acturi sumus,
perfecit ut inspiciundi esset copia (après que les
édiles eurent acheté la pièce que nous allons jouer, il réussit à
avoir la possibilité de la voir). emerunt il faut abréger la syllabe
centrale, comme chez Virgile « matri longa decem tulerunt fastidia
menses » (dix mois apportèrent à ta mère de longs ennuis123).
perfecit sibi ut inspiciundi esset
copia.
il a si bien fait qu'il a obtenu la
faveur de l'examiner.
perfecit mire, quasi difficile et
illicitum.
perfecit remarquable, comme si cela avait
été difficile et illicite.
magistratus quom ibi adesset occepta
est agi.
Comme le magistrat était arrivé, on a
commencé à jouer.
exclamat furem, non poetam
fabulam
Il s'écrie au voleur, que ce n'est
pas un poète qui donne
1 exclamat fvrem
non poetam obliqua narratio facta est secundum casum
accusatiuum9. 2 exclamat fvrem non poetam mire
reprehendit ante uitium, quam de causa maledicti dicat. 3 exclamat
fvrem non poetam adhuc nulla reprehensio, siquidem licet
transferre de Graeco in Latinum.
1 exclamat fvrem
non poetam discours indirect en raison de l'accusatif124. 2 exclamat fvrem non poetam
étonnamment, il blâme le défaut avant de dire la raison de
l'insulte. 3 exclamat fvrem non poetam il n'y a encore
nul blâme, dès lors qu'on a le droit de traduire du grec en
latin.
une pièce, mais il n'a pas donné le
change.
1 et nihil dedisse
verborvm tamen aut neminem fefellisse aut nihil apposuisse
de suo. 2 et nihil dedisse verborvm tamen dare uerba decipere
est eum, qui cum rem exspectet, nihil inueniet praeter uerba. et
alibi «
uerba istaec sunt
12 » et de contrario «
rem10 cum uideas, censeas
13 ». 3 An aliter: nihil
addidisse de stilo suo Terentium?
1 et nihil dedisse
verborvm tamen ou cela signifie qu'il n'a trompé personne
ou qu'il n'a rien écrit de son fonds. 2 et nihil dedisse
verborvm tamen dare uerba (payer de paroles) signifie
tromper celui qui, alors qu'il s'attend à quelque chose de réel,
ne trouvera que des paroles. De même ailleurs, « uerba istaec
sunt » et pour le contraire « rem cum uideas censeas » (à voir la
chose pour de vrai, on se rend compte125). 3 Ou est-ce cette autre interprétation : Térence n'a
rien ajouté de sa propre main ?
Colacem esse Naeui, et Plauti ueterem
fabulam;
Il existe, dit-il, un
Flatteur de Naevius et de Plaute, une vieille
pièce ;
parasiti personam inde ablatam et
militis.
c'est là qu'il a pris le personnage
du parasite et celui du soldat.
parasiti personam inde ablatam et hoc mire
non uersus obicit sed personam esse translatam. quid stultius aut
calumniosius dici potest?
parasiti personam inde ablatam là encore
c'est étonnant : le reproche porte non sur les vers, mais sur la
transposition d'un rôle. Que peut-on dire de plus sot ou de plus
calomnieux ?
si id est peccatum, peccatum
imprudentia est
S'il y a péché en cela, c'est péché
par ignorance
1 peccatvm
imprvdentia id est ignorantia, ut «
imprudens harum rerum
14 »; non enim stultitia. 2 si id est
peccatvm peccatvm imprvdentia est poetae primo negat
peccatum,
dehinc concedit et purgat. 3 imprvdentia
e.
est
ignorantiam, non imperitiam
<significat>. 4 si id est peccatvm peccatvm
πλοκή, nam
superius peccatum nomen est, sequens
participium. 5 Et primo negat
peccatum, deinde si peccatum est, purgat id ipsum ueniali
qualitate ab imprudentiae partibus.
1 peccatvm
imprvdentia c'est-à-dire par ignorance, comme plus bas
« imprudens harum rerum » ; car il ne s'agit pas de
sottise. 2 si id est peccatvm peccatvm imprvdentia est
poetae d'abord il nie la faute, ensuite il la concède et
la justifie. 3 imprvdentia est signifie de l'ignorance, non
de l'incompétence. 4 si id est peccatvm peccatvm
figure dite πλοκή (répétition) car la première fois
peccatum
est un nom, la seconde un participe. 5 Et il commence par nier la faute, puis, si faute
il y a, il la justifie en elle-même par son statut de faute
vénielle sous couleur d'inconscience.
poetae, non quo furtum facere
studuerit.
de la part du poète ; il n'a pas eu
l'intention de commettre un vol :
id ita esse uos iam iudicare
poteritis.
qu'il en est ainsi, vous pourrez tout
à l'heure en juger par vous-mêmes.
Colax Menandri est: in ea est
parasitus Colax
Le Flatteur est de Ménandre : il y a
dans cette pièce, un parasite, le Flatteur,
et miles gloriosus: eas se non
negat
et un soldat fanfaron. Ces
personnages, il ne nie pas
personas transtulisse in Eunuchum
suam
qu'il les a transportés dans son
Eunuque
in
evnvchvm svam ad fabulam, non ad hominem rettulit, ut
«
Centauro inuehitur magna
15 ».
in
evnvchvm svam se rapporte au titre de la pièce, non au
personnage, comme chez Virgile « Centauro inuehitur magna » (il se
porte sur le grand Centaure126 …).
ex Graeca; sed eas fabulas factas
prius
depuis la pièce grecque ; mais que
ces pièces aient déjà auparavant
Latinas scisse sese id uero
pernegat.
été traduites en latin, il nie
formellement l'avoir su.
quod si personis isdem huic uti non
licet:
Et si se servir des mêmes personnages
ne lui est pas permis,
qui mage licet currentem seruum
scribere,
qui aura davantage la permission de
mettre en scène un esclave qui court,
bonas matronas facere, meretrices
malas,
de représenter de gentilles matrones,
des courtisanes méchantes,
1 bonas
matronas ut Nausistratam. 2 meretrices
malas ut Thaidem atque Bacchidem. 3 bonas matronas
facere meretrices malas sic est in Heautontimorumeno
«
scortari crebro nolunt, nolunt crebro
conuiuarier
16 ». 4 Et artificiose
ostendit omnem materiam comicorum.
1 bonas
matronas comme Nausistrata. 2 meretrices
malas comme Thaïs et Bacchis. 3 bonas matronas
facere meretrices malas il en va ainsi dans
L'Héautontimorouménos : « scortari crebro nolunt,
nolunt crebro conuiuarier » (ils ne veulent pas qu'on soit sans
arrêt à courir la gueuse, sans arrêt à faire la
bringue). 4 Et avec beaucoup d'art
il montre tout l'attirail des auteurs comiques.
parasitum edacem, gloriosum
militem,
un parasite glouton, un soldat
fanfaron,
1 parasitvm ut Gnathonem. 2 gloriosvm
militem ut Thrasonem. 3 gloriosvm
militem facere subauditur.
1 parasitvm comme Gnathon. 2 gloriosvm
militem comme Thrason. 3 gloriosvm
militem facere (faire) est sous-entendu.
puerum supponi, falli per seruum
senem,
un enfant qu'on échange, un vieillard
qui se fait duper par un esclave,
falli per servvm senem ut Demeam et
Simonem.
falli per servvm senem comme Deméa et
Simon.
amare odisse suspicari? denique
l'amour, la haine, le soupçon ? Pour
finir,
1 amare odisse
svspicari mire a personis ad gesta cum uarietate transitum
fecit; omne enim, quod in orationem uenit, uel persona uel factum
est. 2 amare odisse quia odere non est
Latinum11 infinitiuo modo.
1 amare odisse
svspicari il passe remarquablement des personnages aux
actions avec variation ; car tout ce qui vient dans le discours
c'est un personnage ou un fait. 2 amare
odisse de fait odere n'est pas latin à l'infinitif127
.
nullum est iam dictum quod non dictum
sit prius.
rien ne se dit qui n'ait déjà été dit
auparavant.
nvllvm est iam dictvm qvod non dictvm sit
privs σχῆμα λόγου
πλοκή, nam dictum bis positum, ut superius «
peccatum
17 », diuersa significat.
nvllvm est iam dictvm quod non sit dictvm
privs128
figure de mots (σχῆμα
λόγου) dite πλοκή (répétition) car dictum est mis deux
fois, comme plus haut « peccatum », dans deux sens différents.
qua re aequum est uos cognoscere
atque ignoscere
Donc l'équité veut que vous
instruisiez l'affaire et que vous excusiez
aeqvvm est vos cognoscere atqve ignoscere
σχῆμα λόγου
παρόμοιον.
aeqvvm est vos cognoscere atqve ignoscere
figure de mots (σχῆμα
λόγου) dite paronomase (παρόμοιον).
quae ueteres factitarunt si faciunt
noui.
que, ce que les Anciens ont toujours
fait, les Modernes le fassent aussi.
qvae veteres factitarvnt si facivnt novi et
uarie dixit factitarunt et faciunt et cum magna
defensione Terentii semel facientis id, quod saepe ueteres.
qvae veteres factitarvnt si facivnt novi
variation de temps entre factitarunt et faciunt, et avec
beaucoup d'efficacité dans la défense de Térence, qui fait une
fois ce que les Anciens ont fait souvent.
date operam, cum silentio
animaduertite314,
Donnez-nous votre soutien, en silence
soyez bien attentifs
animadvertite nos ἐλλειπτικῶς dicimus12 attendite, ueteres plene animum aduertite.
animadvertite nous, nous disons
elliptiquement (ἐλλειπτικῶς) comme attendite (soyez
attentifs), mais les Anciens utilisaient l'expression complète
animum
aduertite (ayez l'esprit attentif).
ut pernoscatis quid sibi Eunuchus
uelit.
afin de bien saisir de quoi il s'agit
dans L'Eunuque.
qvid sibi evnvchvs velit τῷ ἀττικισμῷ sibi, ut alibi «
nam pro deum atque hominum fidem, quid
uis tibi aut quid quaeris
18 »?
qvid sibi evnvchvs velit sibi est un atticisme
(τῷ ἀττικισμῷ),
comme ailleurs : « nam pro deum atque hominum fidem, quid uis tibi
aut quid quaeris ? » (car par les dieux et par les hommes, que
veux-tu et que cherches-tu129 ?).
Actus primus
scaena prima
Phaedria Parmeno
46 | 47 | 48 | 49 | 50 | 51 | 52 | 53 | 54 | 55 | 56 | 57 | 58 | 59 | 60 | 61 | 62 | 63 | 64 | 65 | 66 | 67 | 68 | 69 | 70 | 71 | 72 | 73 | 74 | 75 | 76 | 77 | 78 | 79 | 80
Ph.-Quid igitur faciam? non eam ne
nunc quidem
Ph.-Que faire donc ? ne pas y aller,
même à présent
1 qvid igitvr
faciam in hac προτάσει exemplum proponitur, quam non
suae potestatis sit qui amat, quam sapiat qui non amat neque
aliter affectus est. 2 qvid igitvr faciam σχῆμα διανοίας ∙
διαλογισμός. et apparet multa tacitum cogitasse
adulescentem et tandem in haec uerba erupisse. 3 igitvr
pro deinde,
ut Plautus in Amphitruone «
si aliter fuerint animati neque dent quae
petat, sese igitur summa ui uirisque oppidum
oppugnassere
19 ». 4 qvid igitvr faciam Menander ἀλλὰ τί ποιήσω; hinc
Vergilius «
hem quid agam
20 ». 5 Et est διαλογισμός perditae
mentis post multam frustra cogitationem. 6 qvid igitvr
faciam non eam ne nvnc qvidem hoc uidetur non esse
contrarium, sed est; nam dubitat, utrum meretricis satisfactionem
exspectet an illam omnino non quaerat. 7 non eam ne nvnc
qvidem non
eam Probus distinguit; iungunt qui secundum Menandri
exemplum legunt.
1 qvid igitvr
faciam dans cette protase (πρότασις) est proposé un exemple qui
montre à quel point l'amoureux n'est pas maître de lui, à quel
point sage est celui qui n'est pas amoureux ni en proie à une
autre passion. 2 qvid igitvr faciam figure de pensée
(σχῆμα
διανοίας) : dialogisme (διαλογισμός). Et il est clair que le jeune
homme a beaucoup ressassé en silence et qu'enfin il explose dans
cette réplique. 3 igitvr mis pour deinde (enfin) comme
chez Plaute dans l'Amphitryon : « si aliter fuerint
animati neque dent quae petat, sese igitur summa ui uirisque
oppidum oppugnassere130 » (si au contraire ils ont un autre état d'esprit
et lui refusent ce qu'il réclame, alors il attaquera leur ville
avec toutes ses forces et tous ses hommes). 4 qvid igitvr
faciam Ménandre dit de même :« ἀλλὰ τί ποιήσω ; » d'où Virgile « hem
quid agam » (hé! que faire ?). 5 Et
c'est le dialogisme (διαλογισμός) d'un esprit éperdu après une
longue et vaine réflexion. 6 qvid igitvr faciam non eam ne nvnc
qvidem on a l'impression qu'il n'y a pas de contradiction,
mais il y en a une ; car il hésite entre attendre une réparation
de la part de la courtisane et ne pas du tout la réclamer131. 7 non eam ne nvnc qvidem Probus met une
ponctuation après non
eam ; ceux qui lisent l'exemple en suivant Ménandre ne
ponctuent pas.
cum accersor ultro? an potius ita me
comparem
que je suis convoqué de son fait ? Ne
vaudrait-il pas mieux me préparer
comparem constituam, ut «
quam inique comparatum est
21 ».
comparem synonyme de constituam (je place),
comme dans le Phormion : « quam inique comparatum
est ».
non perpeti meretricum
contumelias?
à ne plus supporter les affronts des
courtisanes ?
non
perpeti meretricvm contvmelias ἐν ἤθει. sic in Andria «
prius quam harum scelera et lacrimae
confictae dolis
22 ». cum uni sit iratus, de omnibus queritur.
non
perpeti meretricvm contvmelias c'est conforme au type du
personnage (ἐν
ἤθει). De même dans L'Andrienne : « prius
quam harum scelera et lacrimae confictae dolis » : alors qu'il en
veut à une seule, il se plaint de toutes132.
exclusit; reuocat: redeam? non si me
obsecret.
Elle m'a flanqué dehors, elle me
rappelle, j'y retournerais ? Non, dût-elle m'en supplier.
1 exclvsit
revocat utrumque iniuriam fecit ex uerbo, dicendo et
exclusit
potius quam non
admisit et reuocat potius quam petit ut redeam, quod
erat moderatius. 2 redeam non si me obsecret uides
ergo superiorem partem dubitationis in eo fuisse, ut rogatus
rediret, inferiorem ut ne rogatus quidem. 3 non si me
obsecret bene de ea, quae totum proterue agens exclusit et reuocat, non
petat nec
roget nec
oret. sed
obsecret
inquit, quod horum omnium in maiorem partem est ultimum.
1 exclvsit
revocat les deux verbes constituent une injure en parole,
en préférant dire exclusit plutôt que non admisit (elle ne
m'a pas reçu), et reuocat (elle me rappelle) plutôt que
petit ut
redeam (elle me prie de revenir), expressions plus
modérées. 2 redeam non si me obsecret on voit donc que
la première partie de son dilemme réside dans l'hésitation à
revenir quand il y est invité, et la deuxième partie à revenir
même s'il n'y est pas invité. 3 non si me
obsecret c'est à juste titre que, à propos de celle qui,
faisant tout avec brutalité, l'a laissé dehors et convoqué, il dit
non pas petat, roget ou oret (enjoignait, demandait, priait),
mais obsecret (suppliait), verbe qui, de
toute la série, représente le point culminant.
Pa.-Si quidem hercle possis nihil
prius neque fortius.
Pa.-Ma foi, si tu le peux rien de
mieux ni de plus courageux.
1 si qvidem hercle
possis διαλογισμός quasi ad alterum, ut «
nescis heu, perdita,
nd.
necdum
L.
Laomedonteae
s.
sentis
p.
periuria
g.
gentis
!
23 ». 2 nihil privs neqve fortivs deest est, ut «
multum ille et terris iactatus et
alto
24 ». 3 Et prius modo ad laudem,
non ad ordinem pertinet, ut Sallustius «
quae prima mortales ducunt
25 » et ipse in Heautontimorumeno «
et suauia quae essent prima
habere
26 »13 ».
1 si qvidem hercle
possis dialogisme133
(διαλογισμός),
comme adressé à un interlocuteur, comme chez Virgile « nescis heu
perdita necdum Laomedonteae sentis periuria gentis ? » (tu
ignores, hélas !, pauvre folle, et tu ne sens pas encore les
parjures de la race née de Laomédon ?). 2 nihil privs
neqve fortivs il manque est (il y a) comme chez Virgile « multum
ille et terris iactatus et alto » (longtemps ballotté et sur terre
et sur mer). 3 et prius réfère seulement
à l'éloge, non à la chronologie, comme chez Salluste « quae prima
mortales ducunt » (que les hommes tiennent pour les plus
importants) et Térence même dans
L'Héautontimorouménos : « et suauia quae essent prima
habere134 » (donner la
première place aux plaisirs de l'instant).
uerum si incipies neque pertendes
nauiter
Mais si tu commences et ne vas pas
jusqu'au bout bravement,
naviter a naui ductum, a qua in alto nullum
diuersorium est.
naviter vient de nauis (navire), parce
que sur un bateau en haute mer il n'y a aucun gîte d'escale135.
atque, ubi pati non poteris, cum nemo
expetet,
et si, quand tu n'en pourras plus,
sans que personne te demande rien,
infecta pace ultro ad eam uenies
indicans
sans avoir fait la paix, de ton
propre chef tu viens la trouver, lui montrant
1 infecta
pace ἔμφασις per μεταφοράν. 2 indicans te
amare non uerbis sed factis indicans, ut alibi «
ibi tum exanimatus Pamphilus bene
dissimulatum amorem et celatum indicat
27 ».
1 infecta
pace emphase (ἔμφασις), par métaphore (μεταφορά). 2 indicans
te amare en l'indiquant par des mots, non par des faits,
comme ailleurs : « ibi tum exanimatus Pamphilus bene dissimulatum
amorem et celatum indicat » (Alors là Pamphile éperdu révèle son
amour, qu'il avait bien réussi à dissimuler et à cacher).
te amare et ferre non posse: actum
est ilicet,
que tu es amoureux et que tu n'en
peux plus, l'affaire est close, circulez,
1 actvm
est de iure translatum, ilicet de iudicio, peristi de
supplicio. 2 actvm est ad ultro ad eam uenies relatum est, ilicet ad indicans te amare,
peristi ad ferre non
posse. 3 ilicet semper in fine rei
transactae ponitur.
1 actvm
est se réfère au vocabulaire du droit, ilicet (qu'on se
retire) à celui du tribunal, peristi (tu es mort) à
l'exécution. 2 actvm est se rapporte à ultro ad eam uenies,
ilicet
(qu'on se retire) se rapporte à indicans te amare, peristi (tu es mort)
se rapporte à ferre non
posse. 3 ilicet formule habituelle qui
marque la fin d'une transaction.
peristi; eludet ubi te uictum
senserit.
tu es mort ; elle esquivera quand
elle te verra vaincu.
1 peristi
ὑπερβολή. 2 elvdet vbi te
victvm senserit eludere proprie gladiatorum est, cum
uicerint. Cicero «
quam diu etiam furor iste tuus
eludet?
28 ». 3 eludere est finem ludo
imponere.
1 peristi
hyperbole (ὑπερβολή). 2 elvdet vbi te
victvm senserit eludere (esquiver) est proprement un
terme de gladiateurs, quand ils ont vaincu. Ainsi chez Cicéron
« quam diu etiam iste tuus furor eludet » (combien de temps encore
ta folie va-t-elle esquiver ?). 3 eludere c'est (étymologiquement) mettre
fin à un jeu.
proin tu, dum est tempus, etiam atque
etiam cogita,
Alors toi, tant qu'il en est temps,
réfléchis encore et encore,
proin tv ut exin et exinde, sic proin et proinde dicebant.
proin tv comme on disait exin et exinde (ensuite) on
disait proin et proinde (ainsi donc).
ere : quae res in se neque consilium
neque modum
maître. Une chose qui n'a en soi ni
raison ni mesure,
ere
qvae res in se neqve consilivm neqve modvm habet vllvm
concessum est in palliata poetis comicis seruos dominis
sapientiores fingere, quod idem in togata non fere licet.
ere
qvae res in se neqve consilivm neqve modvm habet vllvm il
est autorisé aux poètes comiques, dans la palliata, de représenter
des esclaves plus sages que leur maître, ce qui n'est pas permis
ou presque dans la togata.
habet ullum eam consilio regere non
potes.
tu ne peux la gouverner par
raison.
eam
consilio regere non potes nunc domino seruus est
sapientior, sed amatore non amans, ut idem in Andria « «
facile omnes, cum ualemus, recta consilia
aegrotis damus
29 ».
eam
consilio regere non potes là l'esclave est plus sage que
son maître, mais c'est un homme qui n'est pas amoureux par rapport
à un amoureux, comme dans L'Andrienne : « facile
omnes cum ualemus recta consilia aegrotis damus ».
in amore haec omnia insunt uitia:
iniuriae,
Dans l'amour, il y a tous les vices :
insultes,
in
amore haec omnia insvnt duae14 praepositiones
in amore
insunt.
in
amore haec omnia insvnt remarquez la présence double de la
préposition dans in
amore insunt (en amour tout cela est enfermé136).
suspiciones, inimicitiae,
indutiae,
soupçons, brouilles, trêve,
indvtiae indutiae sunt pax in paucos dies, uel
quod in diem dentur uel quod in dies otium praebeant.
indvtiae indutiae paix pour quelques jours, ou
parce qu'on la fixe pour un jour précis (in diem), ou parce
qu'elle offre de la tranquillité pour quelques jours (in dies
otium137
).
bellum, pax rursum: incerta haec si
tu postules
guerre et paix à nouveau ; ces choses
incertaines, si tu prétends
1 pax
rvrsvm bene, ut consolaretur, ultimam pacem
posuit. 2 haec si tv postvles quasi dicat uelis uel coneris.
1 pax
rvrsvm à juste titre, pour le rassurer, il a mis
pax en
dernier. 2 haec si tv postvles équivaut à uelis (si tu voulais)
ou à coneris (si tu essayais).
ratione certa facere, nihilo plus
agas
les fixer par la raison, tu ne feras
pas plus
nihilo plvs agas id est: nihil agas.
nihilo plvs agas c'est-à-dire tu ne ferais
rien.
quam si des operam ut cum ratione
insanias.
que si tu t'efforçais de déraisonner
raisonnablement.
et quod nunc tute tecum iratus
cogitas
Et tout ce que maintenant tu penses
en toi-même dans ta colère :
et
qvod nvnc tvte tecvm iratvs cogitas pro quae, ut sit
consequens «
haec
uerba
30 ». sic et in Andria «
quod plerique omnes faciunt
adulescentuli, horum ille nihil
31 ».
et
qvod nvnc tvte tecvm iratvs cogitas il met quod au lieu du
pluriel quae attendu pour l'accord avec
« haec
uerba ». Même phénomène dans
L'Andrienne : « quod plerique omnes faciunt
adulescentuli, horum ille nihil ».
« egone illam, quae illum, quae me,
quae non...! sine modo,
« Moi, chez elle, qui le... qui me...
qui ne... ! Laisse tomber.
1 egone illam qvae
illvm familiaris ἔλλειψις irascentibus; nam singula sic
explentur: egone illam
non ulciscar, quae illum recepit, quae me exclusit, quae non
admisit. etenim nec15 necesse habet nec
potest complere orationem, qui et secum loquitur et dolore
uexatur. 2 Nam amat ἀποσιωπήσεις nimia
indignatio, ut Vergilius «
quos ego...! sed motos praestat componere
fluctus
32 ».
1 egone illam qvae
illvm ellipse (ἔλλειψις) familière aux personnages en
colère; car chaque segment se complète ainsi : egone illam non
ulciscar ! (moi, ne pas me venger d'elle !) ; quae illum recepit
(elle qui a reçu l'autre !), quae me exclusit (elle qui m'a
éconduit !), quae
non admisit (qui ne m'a pas laissé entrer !). Et de
fait il n'a ni le besoin ni la faculté de compléter sa phrase
celui qui monologue et souffre. 2 Car l'excès d'indignation raffole des aposiopèses
(ἀποσιώπησις),
comme chez Virgile « quos ego ! —sed motos praestat componere
fluctus » (je vous… —Mais mieux vaut apaiser les flots
tempêtueux).
mori me malim: sentiet qui uir
siem »:
J'aimerais mieux mourir... Elle verra
quel vrai homme je suis »,
haec uerba una mehercle falsa
lacrimula
ces paroles ma foi, une seule
larmette menteuse,
1 haec
verba ἐμφατικῶς uerba dixit, quae scilicet nihil
effectura sunt. 2 vna me hercle falsa lacrimvla
expressio ad αὔξησιν ducens: et non uera sed falsa et non
lacrima sed
lacrimula
et non ultro
flens sed oculos terendo et non facile sed ui et non exstillauerit sed
expresserit. hinc Vergilius «
captique dolis
l.
lacrimisque
c.
coactis
33 ».
1 haec
verba il dit uerba de manière emphatique (ἐμφατικῶς) car à
l'évidence ces mots ne seront pas suivis d'effets. 2 vna me hercle
falsa lacrimvla l'expression amène à l'amplification
(αὔξησις) : non
pas uera
(vraie) mais falsa (fausse); non pas lacrima (larme) mais
lacrimula
(larmette), non pas ultro flens (en pleurant spontanément)
mais oculos
terendo (en frottant ses yeux), non pas facile (facilement)
mais ui (en
se forçant), non pas exstillauerit (fondre en larmes) mais
expresserit
(arracher une larme)138. D'où chez Virgile « captique dolis lacrimisque
coactis »(pris au piège de ruses et de larmes feintes).
quam oculos terendo misere uix ui
expresserit,
qu'en se frottant les yeux, elle aura
eu du mal à s'arracher,
qvam ocvlos terendo misere vix vi
expresserit totum sensum uerbis significantibus protulit,
ut «
stridenti miserum stipula disperdere
carmen
34 » et «
una dolo diuum si femina uicta duorum
est
35 ».
qvam ocvlos terendo misere vix vi
expresserit il fait ressortir tout le sens avec des mots
expressifs, comme Virgile « stridenti miserum stipula disperdere
carmen » (exécuter un malheureux chant sur un pipeau strident) et
« una dolo diuum si femina uicta duorum est » (si une femme seule
a été vaincu par la ruse de deux divinités).
restinguet, et te ultro accusabit, et
dabis
les éteindra. Et elle sera la
première à t'accuser, et toi
ultro supplicium. Ph.-o indignum
facinus! nunc ego
le premier à te faire punir. Ph.-O
l'abominable forfait ! A présent, moi,
nvnc ego et illam scelestam nunc id est sero, ut
Vergilius «
nunc scio, quid sit amor
36 » et «
nunc augur Apollo, nunc Lyciae
sortes
37 ».
nvnc ego et illam scelestam nunc, c'est-à-dire
tardivement, comme chez Virgile « nunc scio quid sit amor » (c'est
à mon âge que j'apprends ce qu'est l'amour) et « nunc augur
Apollo, nunc Lyciae sortes » (c'est seulement maintenant que
l'augure Apollon, que les oracles lyciens <(…) lui apportent
des ordres effrayants>).
et illam scelestam esse et me miserum
sentio:
je sens bien que c'est une garce et
que je suis malheureux.
et taedet et amore ardeo, et prudens
sciens,
Ça me dégoûte et je brûle d'amour.
Conscient, en toute connaissance de cause,
1 et
prvdens prudens est qui intellegentia sua
aliquid sentit, sciens qui alicuius indicio rem
cognoscit. 2 Ergo prudens per se,
sciens per
alios.
1 et prvdens
sciens est prudens celui qui pressent quelque chose
grâce à sa propre intelligence, sciens (averti) celui qui apprend
quelque chose grâce à une indication extérieure. 2 on est donc prudens (avisé) de soi-même, sciens (averti) par
les autres.
uiuus uidensque pereo, nec quid agam
scio.
vivant et clairvoyant, je meurs et ne
sais que faire.
1 vivvs vidensqve
pereo mire et noue uiuus pereo: et pereo sic dixit, ut
intellegamus occidor, et uiuus quasi sapiens et sentiens. 2 vivvs vidensqve
pereo bene addidit uidens, nam uiuus perit etiam qui dormiens
opprimitur, uidens autem qui uigilans uim patitur,
ut pereat. 3 Nam uidere pro uigilare
posuit, ut etiam Vergilius, cum de Sileno dicit «
iamque uidenti sanguineis frontem moris
et tempora pingit
38 ». 4 Ergo uiuus non mortuus,
uidens non
dormiens.
1 vivvs vidensqve
pereo expression paradoxale et inédite uiuus pereo (je meurs
vivant); et quand il dit pereo, nous devons comprendre occidor (je suis mis à
mort), et, avec uiuus, nous devons comprendre sapiens (en
connaissance de cause) et sentiens (en conscience). 2 vivvs
vidensqve pereo bon ajout de uidens car meurt vivant même celui qui
est frappé alors qu'il dort, mais meurt vigilant celui qui subit
une violence en état de veille, jusqu'à périr. 3 Car uidere (voir) est mis pour uigilare (veiller),
comme chez Virgile disant de Silène « iamque uidenti sanguineis
frontem moris et tempora pingit » (alors qu'il s'éveille, elle lui
barbouille le front et les tempes de mûres sanglantes). 4 Donc uiuus signifie qui n'est pas mort et
uidens
signifie qui n'est pas endormi.
Pa.-quid agas? nisi ut te redimas
captum quam queas
Pa.-Que faire ? Rien d'autre pour un
prisonnier comme toi que te racheter
1 captvm
Sallustius «
sin captus prauis cupidinibus
39 ». 2 qvam qveas perseuerauit in translatione,
quam iamdudum sumpsit a bello.
1 captvm
Salluste « sin captus prauis cupidinibus » (mais si prisonnier de
passions vicieuses…). 2 qvam qveas minimo il file la
métaphore guerrière exprimée déjà ci-dessus .
minimo; si nequeas paullulo, at
quanti queas;
à moindre coût ; et, si tu ne peux
pas à bon marché, du moins au prix que tu pourras ;
et ne te adflictes. Ph.-itane suades?
Pa.si sapis,
et ne pas te laisser abattre.
Ph.-Est-ce là ce que tu me conseilles ? Pa.-Oui, si tu es
sage.
si
sapis id est si sapias; ad inferiora iungendum est, nam
aliter non intellegitur.
si
sapis c'est-à-dire si sapias (si tu étais sage) au
subjonctif; il faut le subordonner à la suite, sinon cela n'a
aucun sens.
neque praeter quam quas ipse amor
molestias
Et aux peines que l'amour
lui-même
habet addas, et illas quas habet
recte feras.
comporte, n'ajoute rien ; et celles
qu'il comporte, supporte-les droit dans tes bottes.
sed eccam ipsa egreditur, nostri
fundi calamitas;
Mais la voici elle-même qui sort,
cette grêle qui hache notre patrimoine :
nostri fvndi calamitas proprie. calamitatem rustici
grandinem dicunt, quod comminuat calamum, id est culmum ac segetem.
nostri fvndi calamitas à prendre au sens
propre : calamitas est le nom de la grêle chez
les paysans, du fait qu'elle abîme le chaume (calamus),
c'est-à-dire la paille, la moisson.
nam quod nos capere oportet haec
intercipit.
ce que nous devrions récolter, c'est
elle qui l'intercepte.
intercipit proprie intercipit quasi totum
capit. Plautus in Aulularia «
quae sola interbibere, si uino scatat,
Corinthiensem fontem Pirenem potest
40 ».
intercipit à prendre au sens propre:
intercipit
c'est comme totum
capit (elle rafle tout). Voir Plaute dans
L'Aululaire, « quae sola interbibere si uino scatat
Corinthensem fontem Pirenem potest » (capable d'écluser toute
seule, s'il en coulait du vin, la fontaine de Pirène à
Corinthe139).
scaena altera
Phaedria Parmeno Thais
81 | 82 | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 | 92 | 93 | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | 100 | 101 | 102 | 103 | 104 | 105 | 106 | 107 | 108 | 109 | 110 | 111 | 112 | 113 | 114 | 115 | 116 | 117 | 118 | 119 | 120 | 121 | 122 | 123 | 124 | 125 | 126 | 127 | 128 | 129 | 130 | 131 | 132 | 133 | 134 | 135 | 136 | 137 | 138 | 139 | 140 | 141 | 142 | 143 | 144 | 145 | 146 | 147 | 148 | 149 | 150 | 151 | 152 | 153 | 154 | 155 | 156 | 157 | 158 | 159 | 160 | 161 | 162 | 163 | 164 | 165 | 166 | 167 | 168 | 169 | 170 | 171 | 172 | 173 | 174 | 175 | 176 | 177 | 178 | 179 | 180 | 181 | 182 | 183 | 184 | 185 | 186 | 187 | 188 | 189 | 190 | 191 | 192 | 193 | 194 | 195 | 196 | 197 | 198 | 199 | 200 | 201 | 202 | 203 | 204 | 205 | 206
Th.-Miseram me, uereor ne illud
grauius Phaedria
Th.-Que je suis malheureuse ! J'ai
peur que Phédria n'ait eu du mal
tulerit neue aliorsum atque ego feci
acceperit,
à supporter et qu'il n'ait interprété
à l'envers de ce que j'ai voulu,
neve aliorsvm < aliorsum > in
aliam partem, ut seorsum et retrorsum dicitur.
neve aliorsvm aliorsum, en autre part, comme on dit
seorsum (à
part) et retrorsum (en arrière).
quod heri intromissus non est.
Ph.-totus, Parmeno,
le fait qu'hier on ne l'ait pas
laisser entrer. Ph.-Tout entier, Parménon,
qvod heri intromissvs non est haec lenius ut
de facto suo loquens, <at ille dolens> «
exclusit, reuocat inquit, redeam? non, si
me obsecret
41 ».
qvod heri intromissvs non est c'est la
version atténuée, comme le fait quelqu'un qui parle de ses propres
actes, des paroles de Phédria « exclusit reuocat redeam non si me
obsecret ».
tremo horreoque, postquam aspexi
hanc. Pa.-bono animo es:
je tremble, je frissonne depuis que
je l'ai vue. Pa.-Remets-toi.
1 tremo
horreoqve ex amore nimio. nimius ignis effectum frigoris
reddit, ut ex frigore nimio effectus ignis exsistit, secundum
illud quod physici aiunt ἀκρότητες ἰσότητες, hinc et Vergilius
«
aut Boreae
p.
penetrabile
f.
frigus
adu.
adurat
42 » inquit. 2 tremo horreoqve postqvam aspexi
hanc natura magni caloris etiam horrorem incutit, ut
nimiae febres.
1 tremo
horreoqve marques d'un excès d'amour. Un feu excessif fait
sentir le froid comme un froid excessif fait éprouver l'effet du
feu, selon la propriété que les physiciens décrivent par la
formule ἀκρότητες ἰσότητες (les
extrêmes s'équivalent). C'est pourquoi Virgile écrit « aut Boreae
penetrabile frigus adurat » inquit. (<pour éviter> que le
froid pénétrant de Borée ne le brûle). 2 tremo horreoqve
postqvam aspexi hanc une grande chaleur aussi fait
naturellement se dresser les poils, comme une grosse fièvre.
accede ad ignem hunc, iam calesces
plus satis.
Approche-toi de ce feu, bientôt tu
grilleras plus qu'il ne faut.
1 accede ad ignem
hvnc aptius ignem meretricem accipiemus quam aram
Apollinis Agyiei, uel quia amator uritur, ut «
at mihi sese offert ultro meus ignis
Amyntas
43 », uel quia auida et auara est, ut ignis,
alimentorum. 2 iam calesces plvs satis noue, id est aequo.
et alibi «
quam ne quid in illum iratus plus satis
faxit, pater
44 ». 3 iam calesces plvs satis noue, sed
intellegitur plus
satis quam horrueras. 4 Hoc quidam putant, at mihi uidetur de his esse,
quae a ueteribus geminabantur ut «
plerique omnes
45 » id est omnes et «
pleraque omnia
46 » id est omnia. sic etiam plus satis pro satis.
1 accede ad ignem
hvnc le feu dont il s'agit s'interprétera comme
représentant la courtisane plus facilement140 que l'autel
d'Apollon Agyée, soit parce que l'amoureux brûle, comme chez
Virgile « at mihi sese offert ultro meus ignis Amyntas » (mais
Amyntas l'objet de ma flamme s'offre de lui-même à moi), soit
parce que Thaïs est avide et cupide, comme l'est le feu, de ses
aliments. 2 iam calesces plvs satis formule inédite, qui
s'interprète plus
aequo (plus que de juste). De même ailleurs « quam ne
quid in illum iratus plus satis faxit, pater » (que de voir mon
père dans sa colère s'emporter contre lui plus que de
raison). 3 iam calesces plvs satis formule inédite,
mais qui s'interprète plus satis quam horrueras (tu auras plus
chaud que tu n'avais frissonné). 4 c'est l'opinion de certains, mais je suis d'avis
qu'il s'agit d'un de ces mots que les anciens utilisaient par
couples, comme « plerique omnes » (trestous) c'est-à-dire omnes
(tous) ou « pleraque
omnia » (trestout) c'est-à-dire omnia (tout). De même
plus satis
(plus qu'assez) pour satis (141).
Th.-quis hic loquitur? ehem tun hic
eras, mi Phaedria?
Th.-Qui parle ici ? Comment ? C'est
toi qui étais là, mon Phédria ?
qvis hic loqvitvr non imperite intellegunt,
qui existimant meretricem etiam hoc simulare, quod non praeuiderit
Phaedriam. nam et personae et dictis eius ceteris hoc conuenit et
tunc erunt gratiosa omnia, quae supra dixit.
qvis hic loqvitvr ce n'est pas sans
pertinence que certains interprètes estiment que la courtisane
fait ici semblant de ne pas avoir vu d'emblée Phédria. Car cela
concorde avec son personnage et avec toutes ses paroles, et ses
propos antérieurs seront mieux reçus.
quid hic stabas? cur non recta
introibas? Pa.-ceterum
Pourquoi rester là ? Pourquoi ne pas
entrer tout droit ? Pa.-C'est ça,
cvr
non recta introibas quasi parum fuerit introibas, satis mire
additum recta.
cvr
non recta introibas comme si introibas ne suffisait pas, elle a fort
remarquablement ajouté recta.
de exclusione uerbum nullum. Th.-quid
taces?
de la mise à la porte, pas un mot.
Th.-Pourquoi restes-tu silencieux ?
1 de exclvsione
verbvm nvllvm plenus admirationis est nec accusationi nec
satisfactioni locum reliquisse meretricem callide dissimulata
iniuria. 2 qvid taces et hoc callide, quasi innocens ne
suspicetur quidem, quid succenseat adulescens.
1 de exclvsione
verbvm nvllvm il est tout étonné que la courtisane ne
laisse place ni à l'accusation ni à la réparation142 en dissimulant finement143 son injure. 2 qvid
taces là aussi elle joue finement, comme si dans son
innocence elle ne pouvait même deviner pourquoi le jeune homme est
furieux.
Ph.-sane quia uero hae315 mihi patent semper fores
Ph.-Peut-être parce que ta porte
m'est toujours ouverte,
1 sane qvia vero
hae mihi patent semper fores tolle sane et uero et pronuntiandi
adiumenta uultumque dicentis et in uerbis non negatio sed
confessio esse credetur. 2 Nam
uero
ironiae conuenit, ut «
egregiam uero laudem et
s.
spolia
a.
ampla
r.
refertis
47 ».
1 sane qvia vero
hae mihi patent semper fores enlevez sane (vraiment) et
uero
(n'est-ce pas) ainsi que les marques auxiliaires de prononciation
et la physionomie du locuteur, et on croira que cette réplique
porte non un effet négatif mais une affirmation. 2 Car uero convient à l'ironie, comme chez
Virgile « egregiam uero laudem et spolia ampla refertis » (beau
succès vraiment, amples dépouilles que vous rapportez là !).
aut quia sum apud te primus.
Th.-missa istaec face.
ou que je suis le premier dans ton
cœur. Th.-Laisse tomber.
1 avt qvia svm
apvd te primvs duo dixit, quae dolet: quia clausae fores
et quia posterior habetur praelato milite. 2 avt qvia svm
apvd te primvs subauditur ideo non recta introii. 3 missa istaec
face alia dissimulatio et durior post
admonitionem. 4 Sed bene intellegit,
qui hoc a meretrice ridente molliter et osculum porrigente dici
accipit.
1 avt qvia svm
apvd te primvs il fait deux griefs : d'une part la porte
lui est restée fermée, d'autre part il passe au second rang
puisqu'on lui préfère le soldat. 2 avt qvia svm
apvd te primvs sous-entendu : ideo non recta
introii (voilà pourquoi je ne suis pas entré de ce
pas). 3 missa istaec face encore une
dissimulation144, et plus désagréable
encore après un encouragement. 4 Mais on comprend bien, en interprétant cette
parole comme dite par une courtisane qui sourit lascivement et
envoie un baiser.
Ph.-quid « missa »? o Thais, Thais,
utinam mihi esset316
Ph.-Quoi « Laisse tomber » ? O
Thaïs, Thaïs, si seulement pour moi tu avais
1 qvid
missa magna uirtus poetae est non sententias solum de
consuetudine ac de medio tollere et ponere in comoedia, uerum
etiam uerba quaedam ex communi sermone, <unde> est quod ait
nunc quid
missa? 2 o thais thais vtinam mihi esset pars
aeqva amoris tecvm uel amandi uel non amandi scilicet.
1 qvid
missa la grande qualité du poète est de prendre non
seulement ses idées dans l'usage ou dans le style moyen pour les
mettre dans sa comédie, mais aussi des tournures tirés de la
langue populaire145, d'où cette expression quid
missa ? 2 o thais thais vtinam mihi esset pars
aeqva amoris tecvm une part égale d'amour ou de désamour,
évidemment.
pars aequa amoris tecum ac pariter
fieret,
autant d'amour que j'en ai pour toi
et que ce soit à égalité,
ac
pariter fieret pariter similiter. Sallustius «
cui nisi pariter obuiam iretur
48 ».
ac
pariter fieret pariter vaut pour similiter
(semblablement). De même chez Salluste : « cui nisi pariter obuiam
iretur » (si on n'allait pas pareillement à son encontre).
ut aut hoc tibi doleret itidem ut
mihi dolet
au point que cela te fît souffrir
comme cela me fait souffrir,
vt
avt hoc tibi doleret itidem vt mihi dolet si ambo
amaremus.
vt
avt hoc tibi doleret itidem vt mihi dolet c'est-à-dire si
nous étions tous deux amoureux.
aut ego istuc abs te factum nihili
penderem!
ou que moi, ce que tu as fait, je
n'en aie rien à faire !
Th.-ne crucia te obsecro, anime mi,
mi317 Phaedria.
Th.-Ne te torture pas, je t'en prie,
mon cœur, mon Phédria.
1 anime mi
<mi>16 phaedria mi uocatiuus est ab eo quod est
meus. 2 Vide quam familiariter hoc idem repetat
blandimentum; uult enim Terentius uelut peculiare uerbum hoc esse
Thaidis: adeo totiens dictum est «
tune hic eras, mi Phaedria?
49 », ne crucia
te obsecro, anime mi, <mi> Phaedria, «
quaesiui: nunc ego eam, mi Phaedria,
multae sunt causae
50 », «
mi Phaedria, et tu
51 ». 3 ne crvcia te obsecro anime mi <mi>
phaedria haec rursum nisi amplectens adulescentem mulier
dixerit, uidebitur ne
crucia te sine affectu dicere. sed sic dicit
ne crucia
te et eo gestu, quasi in eo et ipsa crucietur; nam
ideo subicit anime
mi hoc est animus meus.
1 anime mi
mi mi est le vocatif de meus. 2 Notez la familiarité de la répétition de ce
mot caressant146 ; car Térence veut que ce mot soit comme un
idiotisme de Thaïs ; elle le dit d'ailleurs très souvent : « tune
hic eras, mi Phaedria ? » ; ne crucia te obsecro, anime mi, mi
Phaedria ; « quaesiui : nunc ego eam, mi Phaedria,
multae sunt causae » ; « mi Phaedria, et tu ». 3 ne crvcia te
obsecro anime mi mi phaedria ici encore, à moins de dire
ces mots en embrassant le jeune homme, la courtisane paraîtra dire
ne crucia te sans affectivité particulière. Mais en fait elle le
dit d'une façon telle et avec un geste tel qu'elle fait croire
qu'elle-même est à la torture dans le cas présent ; car c'est dans
cette intention qu'elle ajoute anime mi, c'est-à-dire animus meus (mon
cœur).
non pol quo quemquam plus amem aut
plus diligam
Non, nom d'un chien, ce n'est pas
qu'il y ait quelqu'un que j'aime plus ou chérisse plus,
non pol qvo qvemqvam plvs amem hoc totum
nimis blande et cum contractatione adulescentis dicit
meretrix.
non pol qvo qvemqvam plvs amem toute cette
réplique est dite par la courtisane de manière bien caressante et
en serrant le jeune homme.
eo feci; sed ita erat res, faciundum
fuit.
si j'ai agi comme je l'ai fait :
mais c'était comme ça, je devais le faire.
facivndvm fvit legendum faciundum
scribendum: totum hoc semper necessitati
adiungitur, ut Vergilius «
aut pacem Troiano ab
r.
rege
p.
petendum
52 » et alibi «
arma
a.
acri
f.
faciendum
u.
uiro
53 ».
facivndvm fvit faciundum
scribendum : toutes ces formes se
rattachent à l'obligation, comme chez Virgile « aut pacem Troiano
ab rege petendum » (ou il faut demander la paix au roi Troyen) ou
« arma acri faciendum uiro » (il faut faire des armes pour un fier
guerrier).
Pa.-credo, ut fit, misera prae amore
exclusti hunc foras.
Pa.-Je le crois ; c'est ainsi : ma
pauvre, c'est par amour que tu l'as flanqué à la porte.
1 credo vt fit
misera prae amore exclvsti hvnc foras oratorie ac facete
additum misera. 2 Et cum illa a deriuatione causae argumentaretur,
mire a Parmenone correpta est, uerisimile non esse, ut, quem quis
amat, eundem possit excludere. 3 exclvsti hvnc
foras παρὰ προσδοκίαν intulit intuens puellam et ei
ostendens Phaedriam, ut ostendat, quam falsa ac repugnantia
loquatur meretrix.
1 credo vt fit
misera prae amore exclvsti hvnc foras c'est par effet
oratoire et par plaisanterie qu'il ajoute misera
(malheureuse). 2 Et alors que Thaïs
argumente en détournant la cause147, elle se fait remarquablement reprendre par
Parménon sur le fait qu'il n'est pas vraisemblable que, quand on
aime quelqu'un, on puisse l'éconduire. 3 exclvsti hvnc
foras il intervient contre toute attente (παρὰ προσδοκίαν) en regardant la jeune
femme et en lui montrant Phédria, pour montrer à quel point la
courtisane dit des choses fausses et contradictoires.
Th.-sicin agis, Parmeno? age; sed
huc qua gratia
Th.-Tu le prends comme ça,
Parménon ? Va. Mais pourquoi ici
age sed hvc qva gratia te accersi ivssi
avscvlta corripientis est modo age, non hortantis
aduerbium.
age sed hvc qva gratia te accersi ivssi
avscvlta age est parfois un adverbe de blâme, non
d'exhortation.
te accersi iussi, ausculta.
Ph.-fiat. Th.-dic mihi
je t'ai fait venir, écoute.
Ph.-Soit. Th.-Dis-moi
1 te accersi ivssi
avscvlta hoc est quod supra ait «
non eam ne nunc quidem, cum accersor
ultro
54 »? 2 dic mihi meretricia calliditate commendat
quae dictura est.
1 te accersi ivssi
avscvlta c'est ce qu'il a dit ci-dessus « non eam ne nunc
quidem, cum accersor ultro ». 2 dic mihi
elle fait valoir avec son adresse de courtisane ce qu'elle
s'apprête à dire.
hoc primum, potin est hic tacere?
Pa.-egone? optime.
d'abord ça : est-il capable de se
taire, celui-ci ? Pa.-Moi ! parfaitement ;
egone optime bene non exspectauit seruus, ut
pro se dominus responderet Thaidi.
egone optime l'esclave a bien fait de ne pas
attendre que son maître réponde à Thaïs à sa place.
uerum heus tu, hac lege tibi meam
astringo fidem:
mais fais gaffe, toi. C'est à cette
condition que je m'engage envers toi :
1 vervm hevs tv
hac lege tibi astute seruus reponit Thaidi uicem, nam illa
ut magnum uoluit exspectari quod dictura est, iste ut falsum
contemnit. 2 meam astringo fidem fidem astringo
promitto, quia uincula fidei dicuntur.
1 vervm hevs tv
hac lege tibi astucieusement l'esclave rend la pareille à
Thaïs, car celle-ci a voulu que ce qu'elle s'apprête à dire soit
attendu comme une grande chose, mais lui, en le réputant faux, le
rend négligeable. 2 meam astringo fidem fidem astringo 148 vaut pour promitto (je
promets), car on parle des liens de la bonne foi.
quae uera audiui, taceo et contineo
optime;
ce que j'entends de vrai, je le
tais et le garde parfaitement ;
1 qvae vera
avdivi mire uicem Parmeno reddidit meretrici, nam ut
seruum difficile est tacere commissa, ita meretricem rarum est
uera dicere. 2 qvae vera avdivi figura παρασκευή. 3 contineo
optime proprie a metaphora uasis transtulit uerba.
1 qvae vera
avdivi Parménon rend remarquablement la pareille à la
courtisane, car autant il est difficile pour un esclave de celer
les secrets qu'on lui a confiés, autant il est rare pour une
courtisane de dire la vérité. 2 qvae vera
avdivi figure de préparation (παρασκευή). 3 contineo
optime à prendre au sens propre ; il a mis un sens figuré
emprunté à la métaphore du récipient.
si318 falsum
aut uanum aut fictum est, continuo palam est:
mais si c'est faux, vain ou
inventé, c'est tout de suite dehors.
1 si falsvm avt
vanvm avt fictvm est continvo palam est falsum est quo
tegitur id quod factum est, uanum est quod fieri non potest,
fictum
quod factum non est et fieri potuit. 2 Vel falsum est fictum mendacium simile
ueritati, uanum nec possibile nec uerisimile,
fictum
totum sine uero sed uerisimile. 3 Falsum loqui mendacis est, fictum callidi,
uanum
stulti. 4 Falsum loqui culpae
est, fictum uersutiae, uanum
uecordiae. 5 Falsis decipimur,
fictis delectamur, uana contemnimus. 6 palam est plenvs
rimarvm svm hac atqve illac perflvo uilis et abiecta
translatio est, apta apud meretricem loquenti. 7 Translata autem est quasi ab aquario uase
fictili.
1 si falsvm avt
vanvm avt fictvm est continvo palam est falsus (faux) se dit
de ce par quoi on dissimule un fait, uanus (vain) de ce qui ne peut se faire,
fictus
(feint) de ce qui ne s'est pas fait mais aurait pu se
faire. 2 ou bien falsus (faux) se dit
d'un mensonge qui, bien qu'inventé, ressemble à la vérité,
uanus
(vain) de ce qui n'est ni possible ni vraisemblable, fictus
(feint) de ce qui est entièrement dépourvu de vérité mais est
vraisemblable. 3 dire un falsum (chose fausse)
est le propre d'un menteur, dire un fictum (chose inventée) est le propre
d'un rusé, dire un uanum (chose vaine) est le propre d'un
sot. 4 dire un falsum (chose fausse)
relève d'une faute, dire un fictum (chose inventée) d'une fourberie,
dire un uanum (chose vaine) d'une
extravagance. 5 avec des falsa
(choses fausses) nous sommes trompés, avec des ficta (choses
inventées) nous sommes charmés, les uana (choses vaines) nous les
méprisons. 6 palam est plenvs rimarvm svm hac atqve illac
perflvo métaphore de style bas et vulgaire, qui convient
bien à qui s'adresse à une courtisane. 7 de plus métaphore tirée d'un pot à eau en
terre.
plenus rimarum sum, hac atque illac
perfluo.
Je suis tout fissuré et je fuis de
ci, de là.
hac atqve illac perflvo contra «
contineo
55 ».
hac atqve illac perflvo c'est le contraire
de « contineo149 »(je le garde).
proin tu, taceri si uis, uera
dicito.
Donc toi, si tu veux qu'on se
taise, dis la vérité.
proin tv taceri si vis vera dicito utrum
te
taceri aut tuum dictum an impersonaliter infinitiuo
modo?
proin tv taceri si vis vera dicito faut-il
comprendre te
taceri (si tu veux qu'on ne parle pas de toi), ou
tuum
dictum (si tu veux que tes paroles soient tues) ou un
infinitif impersonnel (si tu veux qu'on se taise) ?
Th.-Samia mihi mater fuit: ea
habitabat Rhodi.
Th.-Ma mère était de Samos ; elle
habitait Rhodes.
samia mihi mater fvit puduit dicere Thaidem
meretrix mihi mater
fuit, quod tamen significauit dicendo aliunde ciuem
alibi habitasse. nam ideo meretrices peregrinae dictae sunt in
comoediis, ut in Andria «
adeon est demens? ex peregrina?
56 »
samia mihi mater fvit Thaïs a honte de dire
ma mère était une courtisane, ce que pourtant elle fait150 en
disant qu'une citoyenne d'une cité en a habité une autre. C'est
pour cette raison que les courtisanes sont dites étrangères dans
les comédies, comme dans L'Andrienne151 : « adeon est demens ? ex
peregrina ? ».
Pa.-potest taceri hoc; Th.-ibi tum
matri paruulam
Pa.-Ça, on peut le taire. Th.-Là,
alors, à ma mère, d'une fille
1 potest taceri
hoc id est uerisimile est. nec hoc ad laudem proficit sed
ad dedecus meretricis. 2 potest taceri hoc peregrinam
nasci meretricem, et ideo potest uerum uideri.
1 potest taceri
hoc c'est-à-dire que c'est vraisemblable. Et cela ne
contribue pas à la gloire de la courtisane, mais à son
déshonneur. 2 potest taceri hoc c'est-à-dire le fait que
la courtisane est née étrangère, et que, pour cette raison, cela
peut sembler vrai.
puellam dono quidam mercator
dedit
toute petite un marchand fit
présent,
1 <parvvlam>
pvellam dono qvidam aetas et sexus causa amoris sunt, cur
hanc Thais puellam diligat. 2 pvellam dono qvidam mercator
dedit propter hoc ostendit meretricem fuisse matrem, ut
dono accipere puellam potuisset.
1 parvvlam pvellam
dono qvidam l'âge et le sexe sont des raisons qu'a Thaïs
d'aimer cette petite. 2 pvellam dono qvidam mercator
dedit la preuve que sa mère était une courtisane, c'est
qu'elle a pu recevoir en cadeau la petite.
ex Attica hinc abreptam.
Ph.-ciuemne? Th.-arbitror;
enlevée d'ici, de l'Attique.
Ph.-Citoyenne ? Th.-Je crois,
1 ex attica hinc
abreptam quia Athenis scaena est constituta. 2 arbitror bene arbitror et nihil certi: quomodo enim
ausurus esset Parmeno adornare Chaeream ad uitiandam uirginem, si
praescisset ciuem esse?
1 ex
attica hinc abreptam d'ici, puisque la
scène est à Athènes. 2 arbitror arbitror est bien dit
et il n'y a rien de sûr : car comment Parménon aurait-il osé
déguiser Chéréa pour qu'il puisse déshonorer la jeune fille s'il
avait su d'avance qu'elle était citoyenne ?
certum non scimus: matris nomen et
patris
sans en être sûre. Le nom de son
père et de sa mère,
matris nomen et patris dicebat ipsa quae
infantis memoriae proxima sunt; nam quid prius aetas illa quam
patrem matremque cognoscit?
matris nomen et patris dicebat ipsa les
souvenirs d'enfance les plus immédiats ; car à cet âge-là
qu'apprend-on à reconnaître plus tôt que son père et sa mère ?
dicebat ipsa; patriam et signa
cetera
elle-même les disait ; quant à sa
patrie et aux autres renseignements,
et signa cetera id est domum patriam
regionemque eius.
et signa cetera c'est-à-dire sa maison, sa
patrie, sa région.
neque scibat neque per aetatem
etiam poterat319.
elle ne savait rien et, à cause de
son âge, ne pouvait rien savoir.
neqve per aetatem etiam poterat hoc ideo
addidit, ne esset minus elegans, quae nesciret.
neqve per aetatem etiam poterat il ajoute
cela pour que son ignorance n'enlève pas à sa distinction.
mercator hoc addebat: e
praedonibus,
Voici ce que le marchand ajoutait :
aux pirates
mercator hoc addebat ad matris scilicet
nomen et patris, quod puella dicebat.
mercator hoc addebat se rapporte assurément
au nom du père et de la mère, que la petite152.
unde emerat se audisse abreptam e
Sunio.
auxquels il l'avait achetée il
avait entendu dire qu'elle avait été enlevée à Sunium.
1 vnde
emerat a
quibus, ut «
genus unde Latinum
57 » et «
qui
<scis>?— modo e Dauo audiui
58 »17 et «
causam dicere prius unde petitur
aurum
59 ». 2 e svnio Sunium promontorium est Atheniensium
et in eo [forum uenalium rerum] emporium.
1 vnde
emerat mis pour a quibus (de qui), comme chez Virgile:
« genus unde Latinum » (de qui vient la race latine)153 et
« qui scis ?— modo e Dauo audiui et « causam dicere prius unde
petitur aurum ». 2 e svnio Sounion est un cap
d'Attique où se trouvait un marché.
mater, ubi accepit, coepit studiose
omnia
Ma mère, quand elle l'eut reçue,
commença avec sérieux à tout
1 mater vbi
accepit haec figura in narrationibus basis dicitur, cum
omnia pedetemptim dicuntur insinuandi gratia, ut nunc «
matri mercator dono dedit
60 », mater ubi
accepit. 2 Et simul
conuenit mulieri l?quenti huiuscemodi mora. 3 coepit stvdiose
omnia docere mire non docuit sed coepit docere
τῷ
μελλησμῷ. 4 Et uide quam
satis muliebriter. 5 mater vbi accepit accepit simpliciter
an audiuit
ingenuam, ut «
accipe
n.
nunc
D.
Danaum
i.
insidias
et
c.
crimine
a.
ab
<
u.
uno
>
d.
disce
o.
omnes
61 »? sed melius prius.
1 mater vbi
accepit cette figure, dans les narrations, s'appelle
basis, quand tout se dit pas à pas, par insinuations, comme ici
« matri mercator dono dedit », mater ubi accepit. 2 Et en même temps ce retard convient bien à la
parole d'une femme. 3 coepit stvdiose omnia docere il
dit excellemment non pas docuit (elle lui apprit tout), mais
coepit docere, par un effet d'attente (τῷ
μελλησμῷ). 4 Et notez à
quel point c'est féminin. 5 mater vbi accepit accepit au sens
propre ou équivalant à audiuit ingenuam (elle apprit qu'elle était
de naissance libre), comme chez Virgile « accipe nunc Danaum
insidias et crimine ab uno disce omnes » (Écoute désormais les
pièges des Grecs et par le crime d'un seul, apprends-les tous) ?
Mais la première solution est meilleure.
docere, educere ita ut320 esset filia.
lui apprendre et à l'éduquer comme
si elle était sa fille.
1 ita vt esset
filia ergo uelut soror habenda est Thaidi, et ideo
sequitur «
sororem plerique esse credebant
meam
62 ». 2 Et oratorie
cumulat dignitatem et amorem puellae, ut eius comparatione
leniatur iniuria facta Phaedriae.
1 ita vt esset
filia donc elle doit être tenue pour une sœur par
Thaïs154, d'où la suite « sororem plerique esse credebant
meam ». 2 Et elle signale par une
accumulation oratoire le statut de la jeune fille et l'affection
qu'elle lui porte, pour qu'en comparaison l'affront fait à Phédria
soit amoindri.
sororem plerique esse credebant
meam.
La plupart des gens croyaient que
c'était ma sœur.
ego cum illo, quocum uno tum321 rem habebam hospite,
Moi, avec cet étranger qui était
alors ma seule liaison,
1 ego cvm illo
qvocvm vno tvm rem habebam hospite honeste totum dixit et
quod hospite et quod rem
habebam. 2 Et bene
tunc 18 et non nunc; nam nunc cum duobus. 3 qvocvm vno
rem consuetudinem, amorem. 4 hospite id est Attico.
1 ego cvm illo
qvocvm vno tvm rem habebam hospite elle avoue tout avec
honnêteté, et le fait qu'il ait été étranger, et qu'elle ait eu
une liaison avec lui. 2 Et il fait
bien de dire tunc (alors) et non nunc (maintenant) ; car
maintenant, elle est avec deux hommes en même temps. 3 qvocvm vno
rem res équivaut à consuetudo (relation), amor (affaire de
cœur). 4 hospite c'est-à-dire avec un Athénien.
abii huc qui mihi reliquit haec
quae habeo omnia.
je vins ici, c'est lui qui m'a
laissé tout ce que je possède.
1 abii hvc
Rhodo Athenas scilicet. 2 qvi mihi reliqvit haec qvae habeo
omnia hoc ideo, ne tantundem obsequii exigat Phaedria. at
econtra Parmeno «
utrumque hoc falsum est: effluet
63 ». 3 Ipse exponit hoc
utrumque
quid dicat. et contra dicendum est, quia praesens amator grauatur
hoc dicto.
1 abii hvc
c'est-à-dire de Rhodes à Athènes. 2 qvi mihi
reliqvit haec qvae habeo omnia elle dit cela pour que
Phédria n'exige pas d'elle tant d'obéissance. Mais Parménon dira
le contraire « utrumque hoc falsum est : effluet ». 3 Il expose lui-même quelles sont les deux
choses dont il parle ; et il faut la contredire, parce que
l'amoureux, du fait qu'il est présent, est ébranlé par cette
parole.
Pa.-utrumque hoc falsum est:
effluet. Th.-qui istuc? Pa.-quia
Pa.-Voilà deux mensonges, ça va
fuir. Th.-Comment ça ? Pa.-Parce que
neque tu uno contenta eras322 neque solus dedit;
tu ne te contentais pas d'un seul
et qu'il n'a pas été le seul à donner.
1 neqve tv vno
contenta eras quippe quae admiseris militem. 2 neqve
solvs dedit quippe quia non omnia tua illius fuere
mortui.
1 neqve tv vno
contenta eras puisque tu as fait bon accueil au
soldat. 2 neqve solvs dedit puisque tout ce que tu
possèdes ne te vient pas de ton premier amant défunt.
nam hic quoque bonam magnamque
partem ad te attulit.
Car celui-là aussi, c'est une bonne
grosse part qu'il t'a apportée.
1 nam hic
qvoqve ἀστείως, nec Phaedria sed hic dixit tangens
illum et quasi inuito illo haec exprobrat. 2 bonam magnamqve
partem ad te attvlit haec dicuntur ἰσοδυναμοῦντα, ut «
abs te petere et poscere
64 ». 3 An potius bonam specie,
magnam
quantitate? 4 Et nunc discretiue
dictum est, nam alias bona pro magna accipimus
et multa .
1 nam hic
qvoqve avec esprit (ἀστείως), il ne dit pas Phaedria (Phédria)
mais hic, en le touchant, et il fait ce
reproche presque sans l'accord de son maître. 2 bonam magnamqve
partem ad te attvlit les deux adjectifs sont équipollents
(ἰσοδυναμοῦντα), comme le sont
les deux verbes dans « abs te petere et poscere ». 3 A moins que bona ne se rapporte à l'155, magna à
la quantité ? 4 Et ici les deux
épithètes sont disjointes, alors qu'ailleurs bona est mis pour
magna
et multa.
Th.-ita est; sed sine me peruenire
quo uolo.
Th.-C'est vrai ; mais laisse-moi en
venir où je veux.
ita est ; non erat negandum, quod dixit
Parmeno, meretrici satisfacere cupienti et non tacenti culpam in
conscientia esse.
ita est il ne fallait pas que les paroles de
Parménon soient niées par la courtisane qui désire faire
réparation et ne dissimule pas qu'elle a conscience de sa
faute.
interea miles qui me amare
occeperat
Entre temps, le soldat qui avait
commencé à être amoureux de moi
in Cariam est profectus; te interea
loci
partit pour la Carie ; c'est à ce
moment-là
1 te interea loci
cognovi oratorie priorem amatorem facit militem quam
Phaedriam; nam posterius dicit hunc cognitum per absentiam
militis. ergo cum militi Phaedria riualis superductus sit,
consequens est, ut miles queri debuerit, non Phaedria, et
propterea nihil mirum, si ordine seruato miles antepositus fuerit
amatori postmodum cognito; et hoc, sine puellae et munerum causa,
multum pro milite contra Phaedriam ualet. 2 Sed uide meretricem, quia rem dixit percutientem,
quot et qualia blandimenta subiecerit dicendo «
tute scis postilla quam intimum habeam
te
65 » etc.
1 te interea loci
cognovi conformément à la technique oratoire elle désigne
comme premier amant le soldat plutôt que Phédria ;de fait elle dit
qu'elle a connu celui-ci ensuite à la faveur de l'absence du
soldat. Donc, puisque Phédria son rival a eu la préséance sur le
soldat, il en résulte que c'est le soldat qui devrait se plaindre,
et non Phédria, et, du coup, il n'y a rien d'étrange à ce que,
conformément à l'ordre chronologique, le soldat ait précédé
l'amoureux, connu ultérieurement ; et cela, n'était le prétexte de
la jeune fille et des cadeaux, vaut beaucoup en faveur du soldat
contre Phédria. 2 Mais voyez comment
la courtisane, parce qu'elle dit quelque chose qui fait mal,
ajoute force cajoleries156 expertes, en
disant « tute scis postilla quam intimum habeam te » etc.
cognoui. tute scis postilla quam
intimum
que je t'ai connu. Tu sais, depuis
ce moment, avec quelle intimité
1 cognovi
proprie cognoui. 2 tvte scis
postilla qvam intimvm σχῆμα ἐπιμονή, nam hoc ad narrationem non
pertinet.
1 cognovi
cognoui, au sens propre157. 2 tvte scis
postilla qvam intimvm figure de dilatation (σχῆμα ἐπιμονή), car cela n'a pas de
rapport avec la narration.
habeam te et mea consilia tibi323 credam omnia.
je te traite, et je te confie
toutes mes pensées.
1 et mea consilia
tibi credam omnia ex praesenti actu sumpsit argumentum,
quod nunc eum tanquam consultorem adhibuerit. 2 Et bene credam secundum illud «
potin est hic tacere?
66 »
1 et mea consilia
tibi credam omnia elle tire argument de l'acte présent,
puisque désormais elle l'utilise comme conseiller. 2 Et elle dit bien credam, pour faire suite à « potin est
hic tacere ? »?
Ph.-ne hoc quidem tacebit Parmeno.
Pa.-oh, dubiumne id est?
Ph.-Cela non plus, Parménon ne va
pas le taire. Pa.-Oh non, pas de doute là-dessus.
1 ne hoc
qvidem id est: hoc quoque falsum est. 2 dvbivmne id
est me non taciturum scilicet.
1 ne hoc
qvidem c'est-à-dire que cela aussi est faux. 2 dvbivmne
id est c'est-à-dire que je ne vais pas me taire.
Th.-hoc agite, amabo. mater mea
illic mortua est
Th.-Allez écoutez, je vous en prie.
Ma mère est morte là-bas
1 hoc agite
amabo hoc
agite pro aduerbio corripientis est positum aut certe
pro adhortatione audientiae praebendae. sic Plautus «
hoc agite si uultis, spectatores
67 ». 2 Et conuenit
ueluti nutu audientiam significantis et gestu hoc ipsum
adiuuari. 3 hoc agite id est: illud desinite et hoc
attendite.
1 hoc agite
amabo hoc agite, fonctionne comme un adverbe de reproche
ou du moins comme une exhortation à prêter attention. Ainsi chez
Plaute « hoc agite si uultis, spectatores » (allons, s'il vous
plaît, spectateurs). 2 Et il
convient d'aider ce propos pour ainsi dire d'un hochement de tête
et d'un geste qui signifient l'attention. 3 hoc
agite c'est-à-dire cessez cela et observez ceci.
nuper; eius frater aliquantulum
324 est ad rem auidior.
dernièrement. Son frère est un tout
petit peu trop attaché aux biens ;
1 nvper eivs
frater ut adhuc amor flagrare uideatur, addidit nuper. 2 aliqvantvlvm est ad rem avidior uultu
accommodato ad reprehensionem pronuntiandum est. 3 ad rem
avidior proprie auidior. 4 ad rem
pecuniam modo dicit.
1 nvper eivs
frater pour que l'amour semble encore tout ardent, elle
ajoute nuper. 2 aliqvantvlvm est ad rem avidior il faut dire
cette réplique avec un visage propre à exprimer le
reproche 3 ad rem avidior auidior est au sens
propre. 4 ad rem le mot désigne parfois l'argent.
is ubi esse hanc forma uidet
honesta uirginem
quand il voit que cette fille est
d'un physique avenant,
is vbi hanc forma videt ex aliena persona
uult ostendere praeter affectum quanti sibi existimanda sit et
quanto munere miles Phaedriae meruerit anteponi.
is vbi hanc forma videt elle veut montrer
par le biais d'une tierce personne à quel prix, indépendamment de
son affection, elle doit estimer la petite et quel grand cadeau a
dû valoir au soldat la préséance sur Phédria.
et fidibus scire pretium sperans
ilico
et qu'elle sait la lyre, dans
l'espoir d'en tirer un bon prix, aussitôt
1 et fidibvs
scire uetusta ἔλλειψις. 2 pretivm
sperans deest magnum 19, ut «
stabulo frenos
a.
audire
s.
sonantis
68 ».
1 et fidibvs
scire ellipse (ἔλλειψις)
archaïque. 2 pretivm sperans il manque magnum (beaucoup),
comme chez Virgile « stabulo frenos audire sonantis » (à l'écurie
entendre tinter les mors).
producit, uendit. forte fortuna
adfuit
il la met aux enchères, il la vend.
Par un heureux hasard se trouvait là
1 prodvcit
proprie, nam produci uenales dicuntur. 2 prodvcit
vendit haec celeritas uendibilem indicat mercem. 3 forte
fortvna id est bona fortuna.
1 prodvcit
au sens propre, car on dit des personnes que l'on vend qu'on les
expose. 2 prodvcit vendit cette rapidité atteste une
marchandise facile à vendre. 3 forte
fortvna c'est-à-dire par une heureuse fortune.
hic meus amicus: emit eam dono
mihi
ce mien ami : il l'achète pour me
la donner,
hic mevs amicvs quia locus est meritorum,
non iam miles, sed meus amicus. uide enim quid sequatur:
«
emit inquit eam dono mihi
69 ».
hic mevs amicvs parce que c'est le lieu
commun des mérites elle ne dit plus miles (le soldat), mais meus amicus. Voir en
effet la suite : elle dit « emit inquit eam dono mihi ».
imprudens harum rerum ignarusque
omnium.
sans savoir ces détails et ignorant
de tout.
1 imprvdens harvm
rervm hic ostendit quam auidus id faceret, si rem penitus
nosset. 2 Simul etiam ostenditur
quanta secreta dicat Phaedriae, utpote quae riualis
nesciat. 3 imprvdens harvm rervm ignarvsqve omnivm
prudentia naturalis est, gnaritas extrinsecus uenit. 4 Imprudens per se, ignarus per
alios. 5 Hoc est: qui nec suspicatus
sit neque ex aliquo audierit.
1 imprvdens harvm
rervm elle montre par là avec quelle cupidité il l'aurait
fait s'il avait eu la pleine et entière connaissance de
l'affaire. 2 En même temps aussi,
elle montre à Phédria l'importance du secret qu'elle lui dévoile
d'autant plus que son rival l'ignore. 3 imprvdens harvm
rervm ignarvsqve omnivm la prévoyance est innée, la
connaissance vient du dehors. 4 On
est imprudens par soi-même, ignarus du fait d'autrui. 5 C'est-à-dire : qui ne l'avait pas deviné ni
n'avait été mis au courant par quelqu'un.
is uenit: postquam sensit me tecum
quoque
Il est arrivé ; quand il a compris
qu'entre toi et moi aussi
1 postqvam sensit
me tecvm qvoqve rem habere non dictum sed quasi celatum
< sensit >. 2 sensit me tecvm
qvoqve rem habere magno pondere dixit tecum quoque, tamquam
irascendi magis iusta causa sit militi quam Phaedriae. nam
sensit
et
tecum quoque
hoc significat.
1 postqvam sensit
me tecvm qvoqve rem habere quelque chose qui n'était pas
dit mais presque caché. 2 sensit me tecvm qvoqve rem
habere elle dit tecum quoque en donnant beaucoup de
poids à ses paroles, comme si le soldat avait de plus justes
raisons de dépit que Phédria. Car sensit et tecum
quoque ont ce sens.
rem habere, fingit causas ne det
sedulo:
il y avait quelque chose, il
invente des raisons pour ne pas la donner tout de suite.
1 rem
habere sic dixit, ut honeste res impura dicatur. 2 ne det
sedvlo sine
dolo, hoc est impense.
1 rem
habere elle parle ainsi pour évoquer en termes policés une
chose scabreuse. 2 ne det sedvlo sine dolo (sans
ruse), d'où avec empressement.
ait si fidem habeat se iri
praepositum tibi
Il dit que s'il avait la certitude
d'être préféré à toi
1 ait
semper ait
dicimus, cum uel inuisa nobis et audientibus uel uana dicta
narramus alicuius. 2 si fidem habeat hoc est: si
faciam aliquid, unde credat se tibi praeponi. 3 si fidem
habeat si credere cogatur. 4 Id est si credat: unde fideiussor
dicitur, hoc est auctor credendi. 5 se iri
praepositvm tibi apvd me ἀναστροφή in uerbo praepositum
iri. 6 Necessaria
implicatio in his, quae dura dictu sunt.
1 ait nous
disons toujours ait (dit-il) quand nous parlons de
choses odieuses à nous ou à nos auditeurs, ou des paroles vaines
de quelqu'un. 2 si fidem habeat c'est-à-dire si je faisais
quelque chose qui lui fît croire qu'il a la préférence sur
toi. 3 si fidem habeat s'il était contraint de le
croire. 4 C'est-à-dire s'il lui
faisait crédit : d'où le nom du fideiussor (fidéjusseur), c'est-à-dire
le garant d'un crédit. 5 se iri praepositvm tibi apvd me
il y a une anastrophe (ἀναστροφή)
dans le verbe praepositum iri. 6 Il y a une complication nécessaire pour exprimer
les choses désagréables à dire.
apud me, ac non id metuat, ne, ubi
acceperim,
dans mon cœur et s'il ne craignait
pas que, quand je l'aurais reçue,
sese relinquam, uelle se illam mihi
dare;
je ne le plante là, il accepterait
de me la donner ;
uerum id uereri. sed ego quantum
suspicor,
mais il a peur. Mais, pour autant
que moi je le devine,
sed ego qvantvm svspicor alta et acuta
inuentio: scit meretrix amatores hoc solo inimicos esse, quod idem
diligunt; magnifice igitur, ut riualis odium deleniret, uult
persuadere Phaedriae non se amari sed uirginem.
sed ego qvantvm svspicor invention158 supérieure et
pénétrante : la courtisane sait que des rivaux se détestent pour
la seule raison qu'ils aiment le même objet ; donc sans lésiner
sur les moyens, pour adoucir la haine qu'il porte à son rival,
elle veut faire croire à Phédria que ce n'est pas elle, mais la
jeune fille qui est aimée du soldat.
ad uirginem animum adiecit.
Ph.-etiamne amplius?
il a jeté son dévolu sur la fille.
Ph.-Rien de plus ?
1 ad virginem
animvm adiecit cur hoc inferat? ut uel laedendi militis
causa Phaedria patiatur eum, quam amet et nolit, uirginem dono
dare. 2 etiamne amplivs mundat Terentius, ut solet,
res huiusmodi per ἔλλειψιν suam.
1 ad virginem
animvm adiecit pourquoi ajouter cela ? Pour que Phédria,
dans l'idée de léser le soldat, accepte que ce dernier donne la
jeune fille en cadeau, alors que, prétendument, il l'aime et ne
souhaite pas la donner. 2 etiamne amplivs comme souvent,
Térence expurge les saletés de ce genre grâce à une ellipse
(ἔλλειψις) de son159.
Th.-nihil325; nam
quaesiui. nunc ego eam, mi Phaedria,
Th.-Rien, j'ai fait mon enquête. Et
moi maintenant, mon Phédria,
1 nihil nam
qvaesivi nvnc ego optime purgauit Terentius, quod mox
liberalibus nuptiis fuerat obfuturum, si uitiatam uirginem duceret
Chaerea. necessario ergo defenditur, tamquam quae honeste nuptura
est. 2 nvnc ego eam mi phaedria mvltae svnt cavsae
non indiligenter considerauerunt hanc meretricis orationem, qui
illam instar controuersiae rettulerunt. nam et principium est
«
me miseram! uereor ne illud grauius
Phaedria tulerit
70 » et narratio «
Samia mihi mater fuit
71 » et partitio cum confirmatione «
nunc ego eam, mi Phaedria, multae sunt
causae quamobrem cupio abducere: primum quod soror est
dicta
72 » etc. et reprehensio «
egone id timeo?
73 » et «
egone non ex animo misera dico?
74 » et conclusio per conquestionem «
quam ioco rem a me <..> impetrare
abs te nequeo, biduum saltem ut concedas20
75 ».
1 nihil nam
qvaesivi nvnc ego Térence lève excellemment l'obstacle qui
aurait pu empêcher un mariage comme il faut, si Chéréa devait
épouser la jeune fille après l'avoir déshonorée. Donc il faut la
disculper en en faisant une fille qui pourra se marier en toute
honnêteté. 2 nvnc ego eam mi phaedria mvltae svnt cavsae
on n'a pas tort de considérer ce discours de la courtisane comme
une sorte de controverse. En effet, on y trouve un exorde « me
miseram ! uereor ne illud grauius Phaedria tulerit » puis une
narration « Samia mihi mater fuit » puis une partie avec
confirmation160 « nunc ego
eam, mi Phaedria, multae sunt causae quamobrem cupio abducere :
primum quod soror est dicta » etc. puis une objection « egone id
timeo ? » et « egone non ex animo misera dico ? » puis une
conclusion en forme de plainte « quam ioco rem a me (...)
impetrare abs te nequeo, biduum saltem ut concedas solum ».
multae sunt causae quam ob rem
cupio abducere:
j'ai beaucoup de raisons pour
désirer la lui retirer ;
qvamobrem cvpio abdvcere etiam hoc uerbo
gratificatur Phaedriae, non enim accipere ut ab amico remunerante, sed
abducere
ut ab stulto et experte.
qvamobrem cvpio abdvcere par ce mot aussi
elle avantage Phédria, car elle ne dit pas accipere (recevoir),
comme on le dirait d'un ami qui fait un cadeau, mais abducere (enlever)
comme on le dirait d'un sot ou d'un benêt.
primum quod soror est dicta;
praeterea ut suis
d'abord parce qu'elle a passé pour
ma sœur ; ensuite à sa famille
restituam ac reddam; sola sum;
habeo hic neminem
je veux la ramener et la rendre. Je
suis seule ; je n'ai ici personne,
1 vt svis
restitvam ac reddam restituimur his, quibus nos uolumus,
reddimur
his, qui nos uolunt. 2 Ergo
restituimur uolentes, reddimur uolentibus.
sed in hac utrumque est. 3 sola svm habeo hic neminem
sola ad
familiarium refertur absentiam, habeo hic neminem ad alienorum
amicitiam. potest enim sola domi esse, habere tamen aliquem
foris. 4 Et
habeo hic
neminem plus sonat quam neminem hic habeo. 5 Et sola sum ab his quos natura conciliat
per se, habeo hic
neminem eorum qui uoluntate iunguntur.
1 vt svis
restitvam ac reddam nous sommes restitués à ceux à qui
nous voulons l'être, nous sommes rendus à ceux qui nous
veulent. 2 Donc quand nous sommes
restitués, nous le sommes de notre plein gré, quand nous sommes
rendus c'est au gré des destinataires, mais ici c'est les
deux. 3 sola svm habeo hic neminem sola se rapporte à
l'absence de ses proches, habeo hic neminem, à l'amitié des
personnes extérieures. Car elle peut être seule chez elle et avoir
tout de même quelqu'un au dehors. 4 Et habeo hic neminem, est plus expressif
que neminem hic
habeo (je n'ai personne 161). 5 Et il faut
comprendre sola
sum, je suis seule, loin de ceux que la nature
rassemble d'elle-même, habeo hic neminem, comprendre : de ceux
qui se joignent à moi par affinité.
neque amicum neque cognatum.
quamobrem, Phaedria,
ni ami, ni parent. C'est pourquoi,
Phédria,
1 neqve
amicvm bene hoc apud amatorem, nam aliud est amator, aliud
amicus:
amator qui
ad tempus, amicus qui perpetuo amat. 2 An quia in patris potestate est
Phaedria? 3 qvamobrem phaedria in necessariis interponi
nomen licet audientis.
1 neqve
amicvm bon choix de terme auprès de son amoureux ; car
amator
(amoureux) et amicus (ami) sont deux choses
différentes: l'amoureux aime pour un temps, l'ami aime pour la
vie. 2 Ou bien est-ce parce que
Phédria est sous la puissance paternelle ? 3 qvamobrem
phaedria le nom de l'interlocuteur peut être compté parmi
ceux de ses obligés.
cupio aliquos parare326 amicos beneficio meo.
je veux me faire quelques amis par
ma bonne action.
1 cvpio aliqvos
parare amicos beneficio meo hic ostendit specialiter,
cuiusmodi amicos quaerat, ne Phaedriam contemnere
uideatur. 2 parare amicos beneficio meo quia pariuntur
et suo, sed minus diligunt.
1 cvpio aliqvos
parare amicos beneficio meo162 elle montre ici spécialement
quel genre d'amis elle recherche pour ne pas paraître mépriser
Phédria. 2 parare amicos beneficio meo parce qu'on se
fait des amis aussi avec son argent, mais ils ont moins
d'affection.
id amabo adiuta me, quo id fiat
facilius:
S'il te plaît, aide-moi pour que
cela soit plus facile.
1 21 amabo adivta me qvo id fiat facilivs
παρέλκον bis
id
posuit. 2 adivta me mira coactio: pro patere excludi
adiuta me
dixit.
1 id amabo adivta
me qvod id fiat facilivs pléonasme (παρέλκον), il met deux fois id. 2 adivta
me elle donne un résumé163
paradoxal : au lieu de patere excludi (veuille bien te laisser
congédier), elle dit adiuta me (aide moi).
sine illum priores partis hosce
aliquot dies
Permets que ce soit lui, pendant
ces quelques jours, qui ait la primauté
1 sine
illvm blande sine illum, tamquam in manu eius sit
iniuriam non pati et excludi militem; non enim dixit fer aut patere sed sine. 2 priores partes
hosce aliqvot dies honeste circumloquitur et oratorie, ne
dicat abi
foras atque excludi te patere.
1 sine
illvm manière caressante de dire sine illum, comme
s'il était en son pouvoir de ne pas souffrir cette injustice et
que ce soit le soldat qui fût éconduit ; car elle ne dit pas
fer
(accepte) ou patere (supporte) mais sine
(permets). 2 priores partes hosce aliqvot dies elle fait
une circonlocution polie et oratoire pour éviter de dire
abi foras
(fiche le camp) et excludi te patere (laisse-toi
congédier).
apud me habere. nihil respondes?
Ph.-pessuma,
dans mon cœur. Tu ne réponds rien ?
Ph.-Sale garce !
1 nihil
respondes iam silentium accusat, quia scit nihil
contrarium responsurum. 2 Et satis
blande mihi 22 dixit, tamquam: cui debeas amoris
uicem.
1 nihil
respondes elle accuse maintenant son silence, parce
qu'elle sait qu'il n'aura pas de contre-argument. 2 Et elle dit mihi (à moi) de manière assez
caressante, comme pour dire moi à qui tu devrais un amour
réciproque.
egon quidquam cum istis factis tibi
respondeam?
que puis-je te répondre, après ce
que tu fais là ?
egon qvidqvam facete exprimitur amantis ira,
amoris integratio.
egon qvidqvam expression facétieuse du dépit
amoureux, renouveau d'amour164.
Pa.-eu noster, laudo: tandem
perdoluit: uir es.
Pa.-Bravo, notre maître ;
compliments. Finalement, ça a fait bien mal ; tu es un homme.
1 tandem
perdolvit nimis doluit. 2 Id
est persensit dolorem. 3 Et tandem quasi qui
impatiens fuit. 4 tandem perdolvit vir es
eleganter uariauit personas, secundam et tertiam. 5 vir es
non puer
nunc es, sed iam uir, qui meretricem contemnis.
1 tandem
perdolvit ça a fait bien mal. 2 C'est-à-dire il a senti toute sa
douleur. 3 Et tandem (enfin) est le
mot d'un homme pour ainsi dire impatient. 4 tandem perdolvit
vir es élégant passage de la deuxième à la troisième
personne. 5 vir es tu n'es plus un enfant (puer), mais
désormais un homme (uir) : tu as du mépris pour une
courtisane.
Ph.-aut ego nescibam quorsum tu
ires? « paruola
Ph.-Ne savais-je pas où tu voulais
en venir ? « Une toute petite
hinc est abrepta; eduxit mater pro
sua;
a été enlevée d'ici ; ma mère l'a
élevée comme si elle était à elle.
hinc est abrepta edvxit mater pro sva uide
μίμησιν cum
odio inductam et deprauatam pronuntiatione ita, ut et ὁμοιοτέλευτα non
uitarentur de industria: abrepta pro sua soror est dicta.
hinc est abrepta edvxit mater pro sva voyez
comme il représente165
(μίμησις) la haine et les défauts
de prononciation qu'elle implique, au point de ne pas travailler à
éviter des homéotéleutes (ὁμοιοτέλευτα) : abrepta, pro sua, soror est dicta 166.
soror dicta est; cupio abducere, ut
reddam suis »:
Elle a passé pour ma sœur, je veux
la soustraire pour la rendre aux siens ».
nempe omnia haec nunc uerba huc
redeunt denique:
Vraiment, toutes ces belles paroles
reviennent pour finir à ceci :
1 haec nvnc
verba id est false dicta. 2 hvc
redevnt ut excludar.
1 haec nvnc
verba c'est-à-dire des mensonges. 2 hvc
redevnt ces paroles aboutissent à mon renvoi.
ego excludor, ille recipitur. qua
gratia?
moi on me flanque dehors, et lui on
le reçoit. Au nom de quoi,
nisi327
illum plus amas quam me et istam nunc times
sinon parce que tu l'aimes plus que
moi, parce que tu as peur que cette fille
1 nisi illvm plvs
amas qvam me repudiatis causis, quas illa attulerat, per
deriuationem causae hic aliud inducit esse cur
repellatur. 2 et istam nvnc times qvae advecta est adeo,
inquit, amas militem, ut etiam inuideas, si quam amauerit.
1 nisi illvm plvs
amas qvam me après avoir repoussé les raisons qu'elle
avait invoquées, en détournant la cause il apporte un autre
argument qui justifie son éviction. 2 et istam nvnc
times qvae advecta est tu aimes tellement le soldat,
dit-il, que tu en es à être jalouse qu'il en aime une autre.
quae aduecta est ne illum talem
praeripiat tibi.
qu'il a amenée ne te souffle un
amant de cette trempe ?
talem praeripiat tibi εἰρωνεία stomachantis
amatoris.
talem praeripiat tibi ironie (εἰρωνεία) de l'amoureux dépité.
Th.-egon id timeo? Ph.-quid te ergo
aliud sollicitat? cedo.
Th.-Moi ! craindre ça ? Ph.-Alors
quel autre souci as-tu ? Vas-y.
qvid te ergo alivd sollicitat quid est,
inquit, si hoc non est?
qvid te ergo alivd sollicitat qu'est-ce,
dit-il, si ce n'est cela?
num solus ille dona dat? num ubi
meam
Est-ce qu'il est le seul à te faire
des cadeaux ? As-tu jamais
1 nvm solvs ille
dona dat hic iam quasi quaestiones tractantur: sed ille
munus aduexit. 2 nvm solvs ille dona dat 23 possunt enim dona
dari sed exigua aut minus libenter, et ideo mentionem benignitatis
adiecit. 3 nvm vbi meam benignitatem sed ille benignus
est. 4 nvm vbi numquid alicubi. 5 Aut si nuncubi legimus, erit temporis
aduerbium, ut sicubi quo in loco, qua in re. 6 nvm vbi
meam benignitatem intellegit se et donum obtulisse et id
benigne saepe fecisse; nam plerumque ingrata dona sunt, in quibus
benignitas non apparet, quae aut in quantitate rerum est aut in
facilitate praestantis.
1 nvm solvs ille
dona dat ici sont désormais traitées des sortes de
questions : mais lui a apporté un cadeau. 2 nvm solvs ille
dona dat car on peut faire des cadeaux, mais maigres et
sans envie d'en faire ; aussi fait-il aussi mention de sa
bienveillance. 3 nvm vbi meam benignitatem mais lui est
bienveillant. 4 nvm vbi équivaut à numquid alicubi
(est-ce que par hasard, en une occasion…). 5 Ou alors si nous lisons nuncubi (est-ce que
quelque part) ce sera un adverbe de temps, comme sicubi (ici, en
cela). 6 nvm vbi meam benignitatem il comprend qu'il
a fait des cadeaux et qu'il les a souvent faits avec
bienveillance ; car le plus souvent sont désagréables les cadeaux
dans lesquels on ne sent pas de bienveillance, laquelle réside
dans la quantité des cadeaux ou dans la spontanéité à offrir.
benignitatem sensisti in te
claudier?
senti que ma libéralité à ton égard
clochait ?
clavdier claudi aut claudicare. Sallustius «
neque enim ignorantia res claudit
76 » et «
nihil socordia claudebat
77 ».
clavdier équivaut à claudi (être fermé)
ou à claudicare (être boiteux). Ainsi chez
Salluste « neque enim ignorantia res claudit »(car ce n'est pas
par ignorance que les affaires clochent) et « nihil socordia
claudebat » (rien ne clochait à cause de la stupidité).
nonne mihi ubi328 dixti
cupere te ex Aethiopia
N'est-il pas vrai que, quand tu
m'as dit que tu avais envie d'une Ethiopienne
1 nonne mihi vbi
dixti plus dixit ubi dixti cupere te, quam si diceret
petisti ut
emerem; plus est enim id praestitisse, quod qui
acceperit non ausus fuerit postulare. 2 cvpere
te uult rem parui pretii ex illius cupiditate et suo
labore perpendi. 3 ex aethiopia non Aethiopissam sed
honestius ex Aethiopia.
1 nonne mihi vbi
dixti il dit plus en disant ubi dixti cupere te, que s'il disait
petisti ut
emerem (tu m'as demandé d'acheter) ; car c'est
davantage d'avoir fourni ce que le récipiendaire n'aurait pas osé
réclamer. 2 cvpere te il veut qu'une chose de peu de
valeur soit évaluée à l'aune de son désir à elle et de la peine
qu'il y a prise. 3 ex aethiopia il ne dit pas
Aethiopissam (Éthiopienne), mais plus
honnêtement ex
Aethiopia (d'Éthiopie).
ancillulam, relictis rebus
omnibus
comme petite servante, j'ai tout
laissé
relictis rebvs omnibvs qvaesivi haec iam
omnia in beneficiis considerari solent.
relictis rebvs omnibvs qvaesivi tout cela
est d'ordinaire compté parmi les bienfaits.
quaesiui? porro eunuchum dixti
uelle te,
pour t'en chercher une ? Après,
c'est un eunuque que tu as dit que tu voulais,
1 qvaesivi
uide quemadmodum adhibeat atque aerumnas sibi difficilium munerum
dicat imposuisse meretricem: ex Aethiopia ancillulam inquit
dixti te
cupere; quid ego feci in re caeli ac solis ac paene
orbis alterius? quaesiui, nec enim in promptu
erat. 2 Deinde non petisti sed
dixisti,
nec uelle
te sed cupere, non nigram sed ex Aethiopia, nec
dedi sed
relictis rebus omnibus
is quaesiui: quid hic non exquisitum, quid non ita
expressum, ut nihil addi possit? 3 porro
evnvchvm deinde uel postea uel multo post. 4 evnvchvm
velle eunuchos a Persis institutos putant ex captiuis; a
Babylonibus enim Hellanicus auctor exstat id habuisse. 5 porro
evnvchvm dixti velle te uide quemadmodum, ut maius faciat
quod praestitit, non semel imputat duo mancipia, sed primo
puellam, deinde eunuchum: illam quia ex Aethiopia, hunc quia solae utuntur his
reginae. quid tale Thaidi riualis dedit? 6 evnvchvm εὐνοῦχος εἴρηται ὡς εὐνὴν ἔχων, τοῦτ᾽ ἔστιν
φυλάττων, ὡς ἡνίοχος ῥαβδοῦχος σκηπτοῦχος εὐνὴν οὖν γυναικὸς
κἀνδρός.
1 qvaesivi
voyez comment il la traite et dit que la courtisane lui a imposé
des épreuves consistant en cadeaux difficiles : une petite
servante d'Éthiopie, dit-il, c'est ce que tu as dit que tu
désirais ; et qu'est ce que j'ai fait dans cette chose qui coûtait
le prix du ciel, du soleil, voire d'un autre monde167 j'ai recherché, car ce n'était pas sous la
main. 2 Ensuite, tu n'as pas demandé
mais tu as dit, non pas que tu voulais mais que tu désirais, non
pas une noire, mais une fille d'Éthiopie, et je ne l'ai pas donnée
mais en laissant tomber tout le reste, je l'ai recherchée : y
a-t-il là rien qui ne soit recherché et si bien dit qu'on ne peut
rien y ajouter ? 3 porro evnvchvm deinde (ensuite) ou
postea
(après quoi) ou multo
post (bien après)168. 4 evnvchvm velle on pense que les
eunuques sont une institution des Perses, à partir de prisonniers;
car l'auteur Hellanicos atteste que les Perses le tenaient des
Babyloniens. 5 porro evnvchvm dixti velle te voyez comment,
pour majorer son cadeau, il ne dénombre pas les deux esclaves en
une seule fois, mais évoque d'abord la petite servante puis
l'eunuque, la première parce qu'elle est d'Éthiopie, le second
parce que seules les reines en ont. Qu'est-ce que son rival a
offert de comparable à Thaïs ? 6 evnvchvm
le mot εὐνοῦχος vient de εὐνὴν ἔχων (qui tient la couche),
c'est-à-dire qui la surveille, comme on dit ἡνίοχος (celui qui tient les rênes)
ῥαβδοῦχος (celui qui porte une
baguette) σκηπτοῦχος (celui qui
porte un sceptre). La couche est donc celle de la femme comme
celle de l'homme.
quia solae utuntur his329 reginae; repperi,
parce que il n'y a que les aristos
qui en ont ; je l'ai trouvé.
1 reginae
reginae
diuites, sed ἐμφατικώτερον est. 2 qvia solae
vtvntvr his reginae uarie eunuchum dixit et intulit his, ut «
si quisquam est qui placere se studeat
bonis quam plurimis et minime multos laedere, in his poeta hic
nomen profitetur suum
78 ». 3 repperi plus est quam emi. 4 Et uide quam propriis et amplissimis
uerbis usus est, quia et ancillam ex Aethiopia et eunuchum < quia solae utuntur his
reginae >: illam quaesiui, hunc repperi. 5 Ergo uigilanter ancillam quaesiui, hunc
repperi:
neutrum enim horum facile positum erat. 6 qvia solae
vtvntvr his reginae nota, cum eunuchum singulari
numero praeposuerit, his subiunxisse. 7 Sed his non ad eunuchum rettulit, sed ad
delicias aut quid tale: quia solae utuntur huiusmodi deliciis
seruitiisque reginae. 8 Et
oratorie hic subdidit quod in ancillula praetermisit, quia nulla
Aethiopissa honesta dici potuit. 9 Et reginas modo diuites dicit. in Phormione
«
o, regem me esse oportuit!
79 »
1 reginae
les reines, c'est-à-dire les riches, mais c'est dit avec un peu
d'emphase (ἐμφατικώτερον). 2 qvia solae
vtvntvr his reginae par variation de nombre, il dit
eunuchum
au singulier et le reprend par his au pluriel, comme dans le prologue
« si quisquam est qui placere se studeat bonis quam plurimis et
minime multos laedere, in his poeta hic nomen profitetur
suum ». 3 repperi c'est plus que emi (j'ai
acheté). 4 Et voyez quels termes
appropriés et amples il utilise, puisque la servante est
d'Éthiopie et l'eunuque, parce que seules les reines en ont :
celle-là je l'ai recherchée, celui-ci je l'ai trouvé. 5 C'est donc diligemment que j'ai cherché la
servante et trouvé l'eunuque : car aucun des deux n'était
facilement disponible. 6 qvia solae vtvntvr his reginae
remarquez que, alors qu'il a d'abord mis eunuchum au
singulier, il ajoute le pluriel his. 7 Mais his reprend non pas l'eunuque mais les
délices et autres choses de ce genre : parce que seules les reines
ont des délices et des services de ce genre. 8 Et de façon oratoire il met la deuxième fois ce
qu'il a passé sous silence à propos de la petite servante, parce
qu'aucune Éthiopienne ne peut être dite honorable. 9 Et par reginas (reines) il veut seulement dire
les dames riches. Dans le Phormion il dit: « o, regem
me esse oportuit ! ».
heri minas uiginti pro ambobus
dedi.
Hier j'ai donné vingt mines pour
les deux.
1 heri minas
viginti pro ambobvs dedi recentiora beneficia grauiora
sunt aduersum ingratos. ergo a tempore inducitur
exprobratio. 2 pro ambobvs dedi melius amborum pretium,
quam ut separatim diceret, quantillo emerit ancillulam nigram, de
qua mox dicetur «
hic sunt tres minae
80 ». nam constat eunuchum solum emptum esse minis uiginti,
ut ipse Parmeno confitebitur seni.
1 heri minas
viginti pro ambobvs dedi les tout derniers bienfaits ont
plus de poids à l'égard des ingrats. Donc c'est de l'indication de
temps que vient le reproche. 2 pro ambobvs
dedi il fait mieux de dire le prix global que de le
détailler en avouant quelle misère lui a coûté la petite servante
noire, sur laquelle bientôt on dira « hic sunt tres minae ». Car
il s'avère que l'eunuque seul a été acheté vingt mines, comme
Parménon l'avouera au vieillard.
tamen contemptus abs te haec habui
in memoria:
Tu as beau me dédaigner, je n'ai
pas oublié cela,
tamen contemptvs abs te et hoc seruatur in
beneficiis, nam maiora sunt cessantibus meritis eorum, quibus
praestantur.
tamen contemptvs abs te et cela est mis au
compte des bienfaits, car les bienfaits sont majorés quand ceux à
qui ils sont destinés ont cessé de les mériter.
ob haec facta abs te spernor.
Th.-quid istic, Phaedria?
et pour récompense, tu me rejettes.
Th.-Que dis-tu, Phédria ?
1 ob haec facta
abs te spernor hic duplex pronuntiatio est: uel per
interrogationem uel per inuidiosam exprobrationem. 2 Et melius uelut indicatiuo modo quam interrogatiuo
profertur; hoc enim est multo grauius quam illud. 3 ob haec facta
abs te spernor sic Vergilius «
nos munera templis quippe tuis
ferimus
81 ». et eum interrogatione uel cum increpatione proferri
potest. 4 qvid istic hoc aduerbium consentire
incipientis est. et est ἔλλειψις: deest enim remoramur aut quid
tale.
1 ob haec facta
abs te spernor ici, double prononciation possible : ou sur
le mode interrogatif ou sur celui de l'exclamation
indignée. 2 Et mieux vaut le
proférer sur le ton assertif que sur le ton interrogatif, car ce
dernier est beaucoup plus grave que le premier. 3 ob haec facta
abs te spernor Virgile dit de même « nos munera templis
quippe tuis ferimus » (c'est pour cela que de toute évidence nous
apportons des dons à tes temples). Et on peut le proférer ou comme
une question ou comme un blâme. 4 qvid
istic cet adverbe signale un début d'accommodement. Et il
y a une ellipse (ἔλλειψις) : il
manque en effet remoramur (que tardons-nous ?) ou
quelque chose de ce genre169.
quamquam illam cupio abducere atque
hac re arbitror
Même si je désire soustraire cette
jeune fille et que c'est là, à mon avis,
1 qvamqvam illam
cvpio abdvcere abducere dixit quasi ab stulto, nec per
uerum meritum sed per fraudem. Cicero «
per uim ac dolum abducta ab Rhodio
tibicine
82 ». 2 atqve hac re arbitror non dicit <qua>,
quia hoc est ex re.
1 qvamqvam illam
cvpio abdvcere elle dit abducere, comme on enlève à un sot, et
non pas par ses propres mérites mais par ruse. Cicéron « per uim
ac dolum abducta ab Rhodio tibicine » (enlevée par force et par
ruse à un joueur de flûte rhodien). 2 atqve hac re
arbitror 170
qua re
(c'est pourquoi) parce qu'ici cela veut dire ex re (à partir
de ce fait précis).
id fieri posse maxume, uerum
tamen
le meilleur moyen d'y parvenir,
pourtant
vervm tamen scit meretrix contentione quadam
negari. ergo fingit se uinci, ut adulescentem molliat, et ipsa
cedit, ut et ille remittat pertinaciam.
vervm tamen la courtisane sait bien qu'après
une dispute on peut essuyer un refus. Du coup elle fait semblant
d'être vaincue, pour adoucir le jeune homme, et elle cède la
première pour qu'il renonce à sa ténacité.
potius quam te inimicum habeam,
faciam ut iusseris.
plutôt que de t'avoir comme ennemi,
je ferai comme tu l'ordonneras.
1 potivs qvam te
inimicvm habeam hoc totum ita loquitur, tamquam ipsa magis
amet Phaedriam, quam ab illo ametur. 2 <potivs
qvam> te inimicvm habeam huic contrarium est ut te amicum
habeam. 3 faciam vt ivsseris nec
uoluntate nec uultu consentientis hoc ait meretrix, sed callide
temptat omnia. nam quia persistendo non perfecit quod exspectabat,
docet Phaedriam etiam ipsum neglegentius negare quod poscitur. et
adeo hoc subtile est, ut statim impetrauerit; peruulgatum est enim
quod summa ui defenderis, cum extorqueretur, hoc idem postmodum
remittere remittenti.
1 potivs qvam te
inimicvm habeam elle dit tout cela comme si c'était elle
qui aimait Phédria plus qu'elle n'est aimée de lui. 2 potivs
qvam te inimicvm habeam le contraire de cette proposition
est ut te amicum
habeam (pour garder ton amitié). 3 faciam vt
ivsseris la courtisane affirme cela sans le vouloir et
sans montrer le visage de celle qui est d'accord, mais en rusée
elle tente le tout pour le tout. Car puisqu'en insistant elle n'a
pas obtenu le résultat qu'elle attendait, elle montre que Phédria
lui-même refuse sa demande avec moins de constance. Et cela est si
habile qu'elle obtient gain de cause tout de suite ; car on sait
bien que ce qu'on a défendu d'arrache-pied, dès qu'on l'a arraché
à l'autre, on y renonce peu après au profit de celui qui avait
renoncé.
Ph.-utinam istuc uerbum ex animo ac
uere diceres
Ph.-Ah ! si cette parole était
sortie de ton cœur, si c'était vrai
1 vtinam istvc
verbvm istuc
uerbum pro tota sententia. 2 verbvm
pro dicto.
sed proprie ἀξίωμα, id est sententia uel enuntiatio,
quae uno stringitur et ligatur uerbo, uerbum a ueteribus
dicebatur. 3 ex animo ac vere diceres < uere > certe, quia est
qui ex
animo dicat, fallatur tamen.
1 vtinam istvc
verbvm istuc
uerbum désigne toute la proposition. 2 verbvm
équivaut à dictum (énoncé). Mais à proprement
parler, la proposition (ἀξίωμα),
c'est-à-dire la phrase ou l'énoncé qui est attaché et lié à un
seul verbe, était appelée uerbum par les anciens. 3 ex animo ac vere
diceres uere au sens de certe
(assurément), parce qu'on peut trouver des gens qui parlent du
fond du cœur (ex
animo) et se trompent tout de même.
« potius quam te inimicum habeam »!
si istuc crederem
ce « plutôt que de t'avoir comme
ennemi » ! Si je pouvais croire que ce que tu dis
potivs qvam te inimicvm habeam tantum in
animum Phaedriae hoc descendit, ut etiam repetat quod amica
dixerat adulans.
potivs qvam te inimicvm habeam l'expression
a tellement fait mouche au cœur de Phédria qu'il répète ce que sa
maîtresse avait dit pour le flatter.
sincere dici, quiduis possem
perpeti.
est dit avec sincérité, je pourrais
endurer tout ce que tu veux.
1 sincere dici
qvidvis possem perpeti sincerum purum sine fuco et simplex est,
ut mel sine
cera. 2 Bene ergo
<ut> mel blandimentum meretricis dulce fatetur, sed negat
esse sincerum.
1 sincere dici
qvidvis possem perpeti sincerus veut dire pur sans fard et
simple, comme le miel sans cire (sine cera). 2 C'est une bonne idée de reconnaître que les
cajoleries de la courtisane sont douces comme le miel, mais il dit
qu'elles ne sont pas171.
Pa.-labascit uictus uno uerbo quam
cito!
Pa.-Il chancelle, vaincu par un
seul mot, et à quelle vitesse !
1 victvs vno
verbo utinam istuc uerbum et uno uerbo, ut
diximus, sic accipe, ut uerbum dictum intellegas, quod uerbo
complectitur completae sententiae pronuntiationem, quod ἀξίωμα
nominabatur. 2 labascit omnia incohatiua trisyllaba fere
media producta enuntiantur. 3 victvs vno verbo qvam cito ait,
quine illum «
falsa lacrimula
83 » uinci crediderat posse; plus factum est: et uno uerbo uictus est
et cito.
1 victvs vno
verbo utinam istuc uerbum et uno uerbo, comme
nous l'avons dit, doivent se prendre au sens de uerbum valant ce
qui, par le verbe, embrasse la prononciation d'une proposition
complète, qu'on appelait axioma (ἀξίωμα). 2 labascit
à peu près tous les incohatifs de trois syllabes ont la syllabe
médiane longue. 3 victvs vno verbo qvam cito il
dit cela, lui qui avait cru que le jeune homme pouvait être vaincu
par une « falsa lacrimula » ; mieux encore : il a été vaincu
uno uerbo
uictus est et cito.
Th.-ego non tam330 ex
animo misera dico? quam ioco
Th.-Moi, malheureuse, je ne parle
pas du fond du cœur ? Y a-t-il une chose que même par caprice
1 ego non tam ex
animo misera dico quod sensit multum ualuisse, hoc Thais
inculcat animo amici sui. 2 Et
ego uide
quanta significet: conuenit hoc pronomen multa blande exprobranti,
ut «
mene fugis?
84 » 3 qvam ioco rem volvisti a me tandem contra
illud refertur, quod ait Phaedria «
nonne ubi dixti cupere te
85 ». 4 Sed hoc uehementius et
disertius: quam
rem inquit; non munus sed quod plus est rem, et non dixit
serio sed
ioco a
facilitate praestantis, et uoluisti, non etiam dixisti. — 5 Mirandum obsequium ex voto animi pendens: non
exspectat imperium, ne uoluptati mora sit, dum iubetur. —
tum illud quod ait perfeceris: nonne pondus hoc uerbi et
potentiam Phaedriae circa amicam et illius obsequium uehemens et
rerum difficultatem, quae extortae sunt, monstrat atque omnem
obterit querelam Phaedriae?
1 ego non tam ex
animo misera dico ce qu'elle a senti très efficace, Thaïs
le martèle au cœur de son amant. 2 Et voyez tout ce que signifie ego (moi) : ce pronom
convient à qui fait maint reproche sur un ton caressant, comme
chez Virgile « mene fugis ? » (est-ce moi que tu
fuis ?). 3 qvam ioco rem volvisti a me tandem se réfère
de manière contradictoire aux paroles de Phédria « nonne ubi dixti
cupere te ». 4 Mais ici c'est plus
vif et plus éloquent : elle dit quam rem (quelle chose) ; elle ne dit
pas munus
(cadeau) mais il y a plus dans res (chose) et elle ne dit pas
serio
(sérieusement) mais ioco, pour caractériser sa complaisance
à offrir, et uoluisti, et non pas encore dixisti (tu as dit).
— 5 Remarquable obéissance suspendue
au souhait de l'âme : elle n'attend pas que l'ordre soit exprimé,
pour éviter tout délai à la satisfaction. — puis perfeceris : le
poids de ce verbe ne montre-t-il pas à la fois l'emprise de
Phédria sur sa maîtresse, sa vive obéissance et la difficulté de
ce qui est lui arraché de force, et cela ne ruine-t-il pas toute
la plainte de Phédria ?
rem uoluisti a me tandem, quin
perfeceris?
tu aies voulu de moi, enfin, sans
que je le fasse ?
ego impetrare nequeo hoc abs te,
biduum
Et moi je ne puis obtenir de toi
que deux jours,
ego impetrare neqveo hoc abs te tu et
ioco et
non
petisti, cum perfeceris tamen, at ego impetrare non
possum.
ego impetrare neqveo hoc abs te de ton côté
ioco et
non
petisti, tout en l'obtenant quand même, tandis que moi
je ne peux pas l'obtenir172.
saltem ut concedas solum.
Ph.-siquidem biduum:
seulement, tu me les accordes ?
Ph.-Si ce n'était que deux jours ;
1 saltem vt
concedas solvm argute additum et saltem et solum. 2 Et bene concedas , ut uoluntatis sit; <nam
sic> dixit supra «
sine illum priores partes hosce aliquot
dies
86 » etc.
1 saltem vt
concedas solvm astucieusement elle ajoute saltem et solum. 2 Et concedas est bien trouvé, pour que cela
émane de sa propre volonté ; car elle disait plus haut « sine
illum priores partes hosce aliquot dies » etc.
uerum ne fiant isti uiginti
dies.
mais que ça ne devienne pas vingt
jours !
1 vervm ne fiant
isti viginti dies facete biduum decuplauit. 2 Et simul, quia ex eadem ratione sunt
uiginti ex qua duo, <et> ex qua uiginti, ducenti, duo milia
et similiter deinceps.
1 vervm ne fiant
isti viginti dies facétieusement il multiplie biduum (deux jours)
par dix. 2 Et en même temps, c'est
parce qu'on a le même rapport proportionnel entre 20 et 2, qu'entre 200 et 20, 2000 et ainsi
de suite.
Th.-profecto non plus biduum aut...
Ph.-« aut » nil moror.
Th.-Non vraiment, pas plus de deux
jours, ou bien... Ph.-Je passe sur ce « ou bien ».
profecto non plvs bidvvm avt ἀποσιώπησις secunda.
profecto non plvs bidvvm avt seconde
aposiopèse (ἀποσιώπησις).
Th.-non fiet: hoc modo sine te
exorem. Ph.-scilicet
Th.-Ça n'arrivera pas ; juste ça,
accorde-le-moi, je t'en supplie. Ph.-Evidemment,
1 hoc modo sine te
exorem noue nunc non de te exorem sed te exorem. 2 Et hoc absolute.
1 hoc modo sine te
exorem construction inédite : il écrit ici non pas
de te
exorem (obtenir de toi) mais te exorem. 2 Et hoc est construit détaché173.
faciundum est quod uis. Th.-merito
te amo, bene facis.
il faut faire ce que tu veux.
Th.-J'ai bien raison de t'aimer, tu agis bien.
1 facivndvm est
qvod vis non quod oportet sed quod uis dicendo
multum addidit obsequio suo. 2 bene
facis in consuetudinem uenit, bene facis et «
bene fecisti
87 » non iudicantis esse sed gratias agentis. 3 merito te
amo bene amoris mentionem ad auferendam suspicionem
contemptus Phaedriae fecit.
1 facivndvm est
qvod vis en disant non pas quod oportet (ce qu'il faut) mais
quod uis
il amplifie beaucoup sa complaisance. 2 bene
facis il est devenu usuel que bene facis (tu fais
bien) et « bene fecisti » émanent d'une personne non pas qui émet
un jugement mais qui remercie. 3 merito te
amo elle fait bien de mentionner son amour, pour ôter à
Phédria tout soupçon d'être délaissé.
Ph.-rus ibo! ibi me hoc macerabo
biduum.
Ph.-Je vais aller à la campagne,
là, je vais me morfondre pendant deux jours.
1 rvs ibo
et hoc amatorium est, odisse urbem sine amica. 2 Nec dixit ibi ero sed ibi me
macerabo. 3 me hoc macerabo bidvvm
pronuntiandum biduum, ut si dixit biennio.
1 rvs ibo
et c'est bien d'un amoureux de détester la ville en l'absence de
sa maîtresse. 2 Et il ne dit pas
ibi ero
(j'y serai) mais ibi
me macerabo 3 me hoc macerabo bidvvm il faut
prononcer biduum (deux jours), comme s'il disait
biennio
(deux ans).
ita facere certum est; mos gerendus
est Thaidi.
C'est ce que je vais faire, c'est
décidé. Il faut complaire à Thaïs.
1 ita facere
certvm est ex his apparet uerbis, quam sibi amator hoc
aegre imperet. 2 mos gerendvs est thaidi cum pronuntiatione
et gestu, ut ostendat quae uis amoris sit, ut Thaidi mos
geratur.
1 ita facere
certvm est ces mots font apparaître à quel point
l'amoureux s'impose cela à contrecœur. 2 mos gerendvs est
thaidi avec une intonation et une gestuelle pour montrer
la force de l'amour qui fait obéir au caprice de Thaïs.
tu, Parmeno, huc fac illi
adducantur. Pa.-maxume.
Toi, Parménon, fais-les amener ici.
Pa.-Absolument.
1 hvc fac illi
addvcantvr eunuchus et ancilla, sed praeualet genus
masculinum. 2 <fac illi> addvcantvr pro adducito
eos. 3 Et bene
adiectum, ne dilatis ob retentionem muneribus non procederent
actus fabulae. 4 Et simul, quia
absentia Phaedriae opus est, dum per Chaeream ludificatur
meretrix.
1 hvc fac illi
addvcantvr c'est-à-dire l'eunuque et la servante, mais le
masculin l'emporte sur le féminin. 2 fac illi
addvcantvr équivaut à adducito eos (amène-les). 3 Et c'est un bon ajout, pour éviter que le
report de ces cadeaux par rétention n'empêche la progression des
actes de la pièce. 4 Et en même
temps parce que l'absence de Phédria est nécessaire, le temps pour
la courtisane de se laisser abuser par Chéréa.
Ph.-in hoc biduum, Thais, uale.
Th.-mi Phaedria,
Ph.-Pour ces deux jours, Thaïs,
adieu. Th.-Mon Phédria,
1 in hoc bidvvm
thais vale nunc uale abscessum significat, non
salutationem. nam si mera salutatio est, biduo solum amicam ualere
optat; sed praescribere conatur, quanto tempore abfuturus
sit. 2 Et simul
ostendit, quam inuitus abscedat. 3 in hoc bidvvm
thais vale accusatiuo casu utens expressit amatoris
impatientiam, biduum dicens praescripsit de tempore.
et uale
maiorem uim habet ex dolore discedentis quam obsequio
salutantis.
1 in hoc bidvvm
thais vale ici uale signifie l'adieu et non le bonjour.
Car si c'est un simple salut, il souhaite la bonne santé à son
amie pour deux jours seulement ; mais en fait il entreprend de
mentionner d'emblée la durée de son absence. 2 Et en même temps il montre avec quels regrets il
se retire. 3 in hoc bidvvm thais vale en utilisant
l'accusatif, il caractérise l'impatience de l'amoureux, en disant
biduum
(deux jours), il donne une indication temporelle. Et uale (adieu) a plus
de force quand il exprime la douleur de celui qui part que quand
il exprime la politesse de celui qui donne le bonjour.
et tu. numquid uis aliud? Ph.-egone
quid uelim?
adieu à toi aussi. Veux-tu encore
quelque chose ? Ph.-Moi ? Que puis-je vouloir,
1 et tv nvmqvid
vis alivd uale subaudiendum
salutatorium. 2 Et subintellegendum
post osculum dici numquid uis aliud? quasi recte
factum.
1 et tv nvmqvid
vis alivd sous-entendre un uale d'adieu. 2 Et comprendre entre les lignes que numquid uis aliud ?
(veux-tu autre chose?) se dit après un baiser d'adieu fait pour
ainsi dire en bonne et due forme.
cum milite isto331
praesens absens ut sies;
sinon que près de ce maudit soldat
tu en sois loin,
1 cvm milite
isto isto bene additum quasi odioso, ut alibi
«
iam uero mitte, Demea, tuam istanc
iracundiam
88 » et Vergilius «
aut quid petis istis?
89 » haec enim pronomina spernentis sunt odiumque
monstrantis. 2 praesens absens vt sies praesens absens
κακόζηλον.
1 cvm milite
isto isto est un bon ajout, pour équivaloir à
odieux, comme ailleurs « iam uero mitte, Demea, tuam istanc
iracundiam » et chez Virgile « aut quid petis istis ? » (que
demandes-tu pour ces pauvres vaisseaux ?). Car ces pronoms sont
méprisants et connotent la haine. 2 praesens absens
vt sies praesens absens, affectation précieuse
(κακόζηλον).
dies noctesque me ames, me
desideres,
que jour et nuit tu m'aimes, que tu
me regrettes,
1 me
desideres αὔξησις, quia plus est ab amore
desiderium. 2 <me ames me> desideres me somnies me
exspectes ἐπαναφορά prima. 3 Cum amare et desiderare sit uoluntatis atque
obsequii, num etiam somniare? 4 Satis amatorie dictum est.
1 me
desideres amplification (αὔξησις), car le regret né de l'amour a
plus de force. 2 me ames me desideres me somnies me exspectes
première épanaphore (ἐπαναφορά). 3 Alors qu'aimer et regretter dépendent de la
volonté du sujet, en va-t-il de même pour rêver ? 4 C'est bien un discours d'amoureux.
me somnies, me exspectes, de me
cogites,
que tu rêves de moi, que tu
m'attendes, que tu penses à moi,
me speres, me te oblectes, mecum
tota sis:
que tu m'espères, que tu te
délectes de moi, que tu sois toute avec moi,
1 me
speres cum me
exspectes iam dixerit, quid sibi uult iterum
me
speres? 2 An exspectatio certorum
est, spes
incertorum? 3 Et exspectatio
propinquarum rerum, spes longinquarum. 4
Et
exspectatio destinat tempus, spes non
destinat. 5 An me speres idem
facere, id est de te cogitare, ut sit speres credas, ut statim
in subditis inuenies «
nam eius fratrem spero iam propemodum
repperisse
90 »? 6 me te oblectes septimus casus <
me
>. 7 mecvm tota sis toto animo. nam illam nunc
animum is uult esse, non corpus. 8 Et simul quod ipse ab eius corpore
patitur, id uult militi eius mente contingere tamquam penitus
excluso ab amica.
1 me
speres alors qu'il a dit me exspectes (m'attendre), que veut-il
dire une fois de plus avec son me speres ? 2 Est-ce que ce sont des choses connues que
l'on
attend, des inconnues que l'on espère ? 3 Et l'attente concerne des choses proches,
l'espoir
des lointaines. 4 Et l'attente fixe un
temps, l'espoir n'en fixe pas. 5 Ou faut-il comprendre me speres idem
facere, (espères-tu que je vais faire la même
chose ?), c'est-à-dire penser à toi, en sorte que speres équivaut à
credas
(tu crois), comme juste quelques vers plus bas on trouvera « nam
eius fratrem spero iam propemodum repperisse ? ». 6 me te
oblectes me est au septième cas174. 7 mecvm tota sis de tout ton
cœur ; car il veut qu'elle soit désormais un cœur, non un
corps. 8 Et en même temps, ce qu'il
supporte lui de la part de son corps à elle, il veut que le soldat
l'éprouve de son esprit à elle, comme s'il était complètement tenu
à l'écart de son amie.
meus fac sis postremo animus quando
ego sum tuus.
enfin que ton cœur soit à moi,
puisque le mien est à toi.
qvando ego svm tvvs animus scilicet.
qvando ego svm tvvs animus (cœur)
évidemment.
Th.-Que je suis malheureuse !
Peut-être n'a-t-il pas grande confiance en moi
me miseram forsitan hic mihi parvam habet
fidem recte Thais nunc partem argumenti exsequitur tacitam
apud Phaedriam propter praesentiam serui, quem poeta uult ita
nescire, ut audeat ad uitiandam uirginem subornare Chaeream.
me miseram forsitan hic mihi parvam habet
fidem c'est à juste titre maintenant que Thaïs poursuit la
partie de l'argumentaire qu'elle a cachée à Phédria à cause de la
présence de l'esclave, que le poète veut laisser dans l'ignorance,
pour qu'il ait l'audace de préparer Chéréa à déshonorer la jeune
fille.
atque ex aliarum ingeniis nunc me
iudicet.
et me juge-t-il maintenant sur le
caractère des autres.
atqve ex aliarvm ingeniis nvnc me ivdicet
hic Terentius ostendit uirtutis suae hoc esse, ut peruulgatas
personas noue inducat et tamen a consuetudine non recedat, ut puta
meretricem bonam cum facit, capiat tamen et delectet animum
spectatoris.
atqve ex aliarvm ingeniis nvnc me ivdicet
ici Térence montre que son talent consiste à renouveler les
personnages traditionnels qu'il met en scène sans pour autant
s'éloigner de l'usage, au point que, quand il rend par exemple une
courtisane sympathique, il captive néanmoins et séduit l'esprit du
spectateur.
ego pol, quae mihi sum conscia, hoc
certo scio
Mais moi, nom d'un chien, qui me
connais bien, il y a une chose dont je suis sûre,
neque me finxisse falsi quicquam
neque meo
c'est que je n'ai rien inventé de
faux et que, à mon
1 neqve me
finxisse falsi qvicqvam aut dixisse debuit dicere aut abundat
falsi. 2 Aut ideo, quia et uanum aliquid fingi potuit, ut
supra «
si uanum aut falsum aut fictum
est
91 ».
1 neqve me
finxisse falsi qvicqvam ou il aurait dû dire dixisse (dire) ou
falsi
(mensonge) est pléonastique. 2 Ou
alors il le dit ainsi parce que l'on peut aussi inventer quelque
chose de vain, comme plus haut « si uanum aut falsum aut fictum
est ».
cordi esse quemquam cariorem hoc
Phaedria.
cœur, personne n'est plus cher que
mon Phédria.
1 neqve meo cordi
esse qvemqvam24 melius quemquam quam si
diceret militem. 2 qvemqvam
cariorem quasi meretrix non carum alterum sed cariorem
negat.
1 neqve meo cordi
esse qvemqvam cariorem mieux vaut dire quemquam (quelqu'un)
que militem (le soldat). 2 qvemqvam
cariorem en quelque sorte la courtisane ne nie pas qu'il y
en ait un autre de cher, mais qu'il y en ait un autre de plus
cher.
et quidquid huius feci causa
uirginis
Et tout ce que j'en ai fait, c'est
pour la jeune fille
1 et qvicqvid
hvivs feci huius absolute aut per ἔλλειψιν, ut desit
rei. in
Hecyra «
ne quid sit huius oro
92 », in Heautontimorumeno «
nihil me istius facturum, pater
93 ». 2 Aut <ut> «
quid petis istis?
94 » 3 qvicqvid hvivs rei subaudiendum est, <id est>:
quod eum exclusi foras.
1 et qvicqvid
hvivs feci huius est détaché, ou par ellipse
(ἔλλειψις), si bien qu'il manque
rei (cette
chose). Ainsi dans L'Hécyre « ne quid sit huius
oro », dans L'Héautontimorouménos « nihil me istius
facturum, pater » (que je ne ferai rien de cela, père). 2 Ou comme chez Virgile « quid petis istis ? »
(que demandes-tu pour ces pauvres vaisseaux ?). 3 qvicqvid
hvivs sous-entendre rei (chose), c'est-à-dire le fait que je
t'aie mis175.
feci; nam me eius fratrem spero
propemodum
que je l'ai fait ; car, son frère,
je suis presque sûre
1 spero
propemodvm noue spero pro credo uel confido. 2 propemodvm ideo propemodum, quia
hominem quidem nouit, sed fratrem esse uirginis nondum
probauit.
1 spero
propemodvm sens inédit de spero équivalant à credo (je crois) ou
confido
(j'ai foi). 2 propemodvm propemodum se comprend parce que si elle
connaît le bonhomme, elle n'est pas encore sûre qu'il soit le
frère de la jeune fille.
iam repperisse, adulescentem adeo
nobilem;
de l'avoir déjà retrouvé, un jeune
homme bien comme il faut,
1 adeo
nobilem adeo pro nimis positum
est. 2 Aut expletiua particula.
1 adeo
nobilem adeo est mis pour nimis
(extrêmement). 2 Ou alors c'est une
particule explétive.
et is hodie uenturum ad me
constituit domum.
et il a décidé de venir me voir
chez moi aujourd'hui.
concedam hinc intro atque
exspectabo dum uenit.
Je vais rentrer et attendre qu'il
arrive.
atqve exspectabo dvm venit futurum actum
uoluit promittere, non quo aliquis gestus sit exspectantis.
atqve exspectabo dvm venit elle fait une
préparation pour un prochain acte, ça ne veut pas dire pas qu'il y
a un geste d'attente.
Actus alter
scaena prima
Phaedria Parmeno
207 | 208 | 209 | 210 | 211 | 212 | 213 | 214 | 215 | 216 | 217 | 218 | 219 | 220 | 221 | 222 | 223 | 224 | 225 | 226 | 227 | 228 | 229 | 230 | 231
Ph.-Fac, ita ut iussi, deducantur
isti. Pa.-faciam. Ph.-at diligenter.
Ph.-Aie soin, selon mon ordre, de
les amener ici. Pa.-Oui. Ph.-Mais vite.
fac ita vt ivssi iam amatorium multiloquium et uaniloquium
continet ista actio, nam et repetit quod iam dictum est et id
facit <* * *> magis et odiose nimis.
fac ita vt ivssi désormais cette scène
contient un bavardage amoureux et qui ne rime à rien, car il
répète aussi ce qui a déjà été dit et il le fait <****> et
de manière très odieuse.
Pa.-fiet. Ph.-at mature. Pa.-fiet.
Ph.-satine hoc mandatum est tibi? Pa.-ah
Pa.-D'accord. Ph.-Mais de suite.
Pa.-D'accord. Ph.-L'ordre que tu as reçu est-il assez clair ?
Pa.-Ah !
rogitare, quasi difficile sit!
me harceler comme si c'était chose
difficile !
1 rogitare qvasi
difficile sit deest uis uel pergis, ut sit: rogitare
pergis. 2 Vel te, si ipsum respicit,
uel hunc,
si auersus haec dicit, ut sit: rogitare te! aut: rogitare
hunc! 3 Et
distinctione interposita inferendum uultuose quasi difficile sit,
<scilicet> id quod mandat. ita et ineptiam nimiam circa haec
solliciti amatoris expressit et ostendit nihil esse facilius, quam
deducere ad meretricem munera, cum contra illud sit difficillimum,
poscenti aliquid non dare. 4 rogitare subauditur te mirum est, qvasi difficile sit complere
quod iubes.
1 rogitare qvasi
difficile sit il manque uis ou pergis pour donner rogitare pergis (tu
continues à demander). 2 soit il
faut comprendre te (toi) s'il regarde vers l'autre
personnage, soit hunc (celui-là) s'il dit cela en aparté,
pour donner : tu le demandes ou il le demande. 3 Et, avec la ponctuation, il faut lancer avec un
jeu de physionomie quasi difficile sit évidemment ce qu'il
demande. C'est ainsi qu'à la fois il exprime la sottise excessive
en ces matières d'un amoureux inquiet et il montre que rien n'est
plus facile que d'amener des présents à la courtisane alors qu'au
contraire la chose qui serait la plus difficile ce serait de ne
rien lui donner quand elle demande. 4 rogitare
sous-entendre te mirum
est (c'est étonnant que tu) qvasi difficile sit de faire ce que tu
ordonnes.
utinam tam aliquid inuenire facile
possis, Phaedria,
Si tu pouvais trouver quelque chose
d'aussi facile, Phédria,
1 vtinam tam aliqvid
invenire possis <
f.
facile
> phaedria inuenire acquirere. Sic in Heautontimorumeno
«
patri quo modo obsequare et ut serues
quod labore inuenerit
95 ». 2 Nam ideo a praecedenti
etiam quaestus dicuntur.
1 vtinam tam
aliqvid invenire possis facile phaedria inuenire équivaut à
acquirere
(acquérir). Ainsi dans L'Héautontimorouménos « patri
quo modo obsequare et ut serues quod labore inuenerit » (le moyen
de plaire à ton père et de garder ce qu'il a amassé par son
travail). 2 Et c'est en raison de ce
qui précède qu'on dit aussi questus 176.
que ton cadeau est peine perdue !
Ph.-Moi aussi je suis perdu, moi la chose à laquelle je tiens le
plus.
1 qvam hoc
perit deest facile, <ut sit: quam facile> hoc
perit. 2 qvod mihi carivs pro qui mihi sum
carior. 3 Sed ego dixit, absolute,
occurrens huic pronomini < quod >.
1 qvam hoc
perit il manque facile pour donner : qu'il sera facile
que ton cadeau soit en pure perte. 2 qvod mihi
carivs mis pour qui mihi sum carior (moi qui me suis le
plus cher). 3 mais ego est dit absolument
et quod
vient se heurter à ce pronom.
ne istuc tam iniquo patiare animo.
Pa.-minime: qui effectum dabo.
Ne prends pas cela avec si peu de
sang-froid. Pa.-Du tout ! je vais le faire.
qvi effectvm dabo qui pronomen, ut in
Heautontimorumeno «
qui nolo mentiare
96 ».
qvi effectvm dabo qui est un pronom
comme dans L'Héautontimorouménos « qui nolo
mentiare » (moi je ne veux pas que tu mentes).
sed numquid aliud imperas?
Mais as-tu autre chose à me
commander ?
sed nvmqvid alivd imperas in his seruus
nihil uult nisi coactus facere propter maiorem dominum. sic et
alibi «
iubesne?
97 » inquit, respondente Chaerea «
cogo atque impero
98 ».
sed nvmqvid alivd imperas dans cette
réplique, l'esclave ne veut rien d'autre qu'agir sous la
contrainte à cause d'un maître plus puissant. Ainsi ailleurs il
dit « alors que Chéréa répond « cogo atque impero ».
Ph.-munus nostrum ornato uerbis,
quod poteris, et istum aemulum,
Ph.-Notre cadeau, emballe-le d'un
compliment comme tu pourras et ce fichu rival,,
1 mvnvs nostrvm
ornato verbis ἠθικῶς non dixit meum, quasi etiam
Parmenonis sit. 2 et istvm id est molestum et
odiosum. nam
hoc significat
istum
.
1 mvnvs nostrvm
ornato verbis c'est par respect du type (ἠθικῶς) qu'il ne dit pas
meum (mon),
comme si c'était aussi le fait de Parménon. 2 et istvm
c'est à dire pénible et odieux. De fait c'est la nuance de
istum.
quod poteris, ab ea pellito.
comme tu pourras, chasse-le de chez
elle.
1 ab ea
pellito ab
ea ab eius animo. 2 Et
non pelli
facito sed pellito.
1 ab ea
pellito ab
ea signifie de son coeur. 2 Et il ne dit pas pelli facito (fais évincer) mais
pellito
(évince).
Pa.-memini, tam etsi nullus moneas.
Ph.-ego rus ibo atque ibi manebo.
Pa.-Je m'ensouvenais, même si tu ne
me l'avais pas dit. Ph.-Pour moi, j'irai à la campagne et j'y
resterai.
1 memini tametsi
nvllvs moneas properat seruus carpere uaniloquium
domini. 2 nvllvs moneas nullus pro non in Hecyra «
nullus dixeris
99 », Plautus in Trinummo «
nullus credas
100 ». 3 ego rvs ibo et hoc iam dictum est, sed
ostendit, quam olim id incipiat Phaedria.
1 memini tametsi
nvllvs moneas l'esclave se hâte de blâmer177 le bavardage
de son maître. 2 nvllvs moneas nullus est mis pour non comme dans
L'Hécyre « nullus dixeris », Plaute dans le
Trinummus « nullus credas178 » (tu ne
croirais pas). 3 ego rvs ibo cela aussi a déjà été dit, mais
il montre depuis combien de temps Phédria est en train179 de commencer à
agir ainsi.
Pa.-censeo. Ph.-sed heus tu.
Pa.-quid uis? Ph.-censen me posse336
obfirmare et
Pa.-Je sios d'accord. Ph.-Mais dis
donc, toi. Pa.-Que veux-tu ? Ph.-Crois-tu que je puisse tenir bon
et
1 censen me
posse arbitraris, ut censores, qui morum aliorum sunt
summum arbitrium. 2 Et ideo
hunc putat non censere, quia ipse desperat fieri posse. 3 obfirmare
et perpeti uerba sunt desperantis: non firmare sed obfirmare, non
pati sed
perpeti.
1 censen me
posse peux-tu croire comme les censeurs qui sont les juges
souverains des moeurs d'autrui. 2 Et
il pense que l'autre ne peut pas le croire car lui-même désespère
de pouvoir le faire. 3 obfirmare et perpeti ce sont là
les mots d'un homme en plein désespoir : il ne dit pas firmare (être ferme)
mais obfirmare (être vraiment ferme), pas
pati
(souffrir) mais perpeti (souffrir jusqu'au bout).
perpeti ne redeam interea?
Pa.-tene? non hercle arbitror;
souffrir jusqu'au bout sans revenir
dans l'intervalle ? Pa.-Toi ? Non, ma foi, je ne crois pas ;
tene te quod ait hanc uim habet, ut
significet perditum amatorem esse Phaedriam.
tene le te qu'il dit a une telle force qu'il
montre bien que Phédria est un amoureux incorrigible.
nam aut iam reuertere aut mox noctu
te adigent337 horsum insomnia.
car soit tu vas revenir bientôt,
soit très vite cette nuit, l'insomnie te poussera par ici.
1 nam avt iam
revertere modo iam pro statim. 2 mox noctv te
adigent hoc est ad urbem agent. 3 insomnia
uigiliae. legitur et adiget, ut sit insomnia numeri
singularis.
1 nam avt iam
revertere iam est seulement l'équivalent de
statim. 2 mox noctv te
adigent c'est à dire te conduiront à la ville. 3 insomnia des veilles. On lit aussi
adiget, ce
qui fait d' insomnia un singulier.
Ph.-opus faciam, ut defetiger usque
ingratiis ut dormiam.
Ph.-Je travaillerai à m'épuiser
jusqu'à dormir malgré moi.
1 vt defetiger
vsqve ordo: usque ut defetiger. 2 ingratiis vt
dormiam id est: etiam inuitus, etiam coactus. 3 Nam ingratis non ultro significat, quia ultronea grata sunt,
ingrata
quae ab inuitis fiunt aut recusantibus.
1 vt defetiger
vsqve l'ordre des mots est : usque ut defetiger. 2 ingratiis vt
dormiam cela veut dire : même contre mon gré, même sous la
contrainte. 3 de fait ingratis signifie qui
n'agit pas de son gré (non ultro) car les choses dites
ultronea
sont les choses que l'on fait de bon gré, tandis que les choses
ingrata
sont faites par des gens qui ne sont pas d'accord ou qui
refusent.
Pa.-uigilabis lassus: hoc plus
facies. Ph.-abi, nil dicis, Parmeno.
Pa.-Tu veilleras fatigué : c'est
tout ce que tu y gagneras. Ph.-Va-t'en ! tu parles pour ne rien
dire, Parménon.
eiciunda hercle haec est mollities
animi; nimis me indulgeo.
Ce qu'il faut chasser, ma foi,
c'est cette mollesse : je m'écoute trop.
nimis me indvlgeo me indulgeo: sic
ueteres, quod nos mihi. alibi «
te indulgebant, tibi dabant
101 ».
nimis me indvlgeo me indulgeo : les
anciens disaient ainsi là où nous nous mettons le datif mihi. Ailleurs « te
indulgebant, tibi dabant » (ils t'accordaient, ils te
donnaient).
tandem ne338 ego
illam caream, si sit opus, uel totum triduum? Pa.-hui
Mais enfin, moi je ne pourrais pas
me passer d'elle, s'il le fallait, même trois jours pleins ?
Pa.-Pff !
1 tandem ne ego
illa caream si sit opvs vel totvm tridvvm sic coepit,
tamquam aliquid forte dicturus et magnificum. non autem est
παρὰ προσδοκίαν,
sed vere amator magnum hoc putat. 2 vel totvm
tridvvm magna professio uirtutis, cum biduo sit opus,
triduo posse durare, et totum triduum.
1 tandem ne ego
illa caream si sit opvs vel totvm tridvvm il commence
comme s'il allait dire quelque chose de courageux et de
magnifique. Mais ce n'est pas le cas car le poète trompe notre
attente (παρὰ
προσδοκίαν), mais à la vérité l'amant croit que c'est
grand. 2 vel totvm tridvvm grande déclaration de
vertu de dire quand il faut deux jours que l'on peut tenir trois
jours et en plus trois
jours pleins.
uniuersum triduum? uide quid agas.
Ph.-stat sententia.
trois jours entiers ! Songe à ce
que tu fais. Ph.-C'est décidé.
1 vniversvm
tridvvm εἰρωνικῶς uniuersum, quasi triduum in multo numero
<sit>. 2 vide qvid agas sic dicitur magna
aggredientibus. 3 stat sententia et uultu et
gestu magis spectabile quod dixit stat sententia. 4 Vel maxime eo, quod tanto sonitu hoc de se
promittat Phaedria continuo rediturus uel potius non accessurus ad
uillam. tantum autem aberit, quantum temporis opus est ad
uitiandam uirginem.
1 vniversvm
tridvvm uniuersum (entiers) est dit ironiquement
(εἰρωνικῶς),
comme si trois jours c'était beaucoup. 2 vide qvid
agas on parle ainsi aux gens qui abordent de grandes
entreprises. 3 stat sententia l'expression du visage et la
gestuelle rendent plus remarquables les paroles c'est
décidé. 4 Ou plutôt
parce qu'à si grand bruit Phédria promet qu'il reviendra
immédiatement ou plutôt qu'il n'ira pas à la maison de campagne.
Or il ne sera absent que le temps nécessaire pour déshonorer la
jeune fille.
Pa.-di boni, quid hoc morbi est?
adeon homines inmutarier
Pa.-Bon Dieu ! quel genre de
maladie est-ce là ? Que les gens changent tellement
qvid hoc morbi est excusatio amoris, quando
non culpa est sed morbus.
qvid hoc morbi est excuse de son amour
puisque ce n'est pas une faute mais une maladie.
ex amore ut non cognoscas eundem
esse! hoc nemo fuit
par amour, au point qu'on ne les
prend pas pour les mêmes ! Par rapport à lui, il n'y avait
personne
1 adeon homines
inmvtarier ex amore vt non cognoscas evndem esse more suo
a plurali numero ad singularem se conuertit. 2 ex amore vt non
cognoscas evndem esse non solent stulti induci
adulescentes et ideo ad amorem transtulit stultitiam
Phaedriae.
1 adeon homines
inmvtarier ex amore vt non cognoscas evndem esse comme de
coutume chez lui, il passe du pluriel au singulier. 2 ex amore
vt non cognoscas evndem esse il n'est pas habituel de
représenter des jeunes gens stupides et c'est ce qui fait que
Térence met sur le compte de l'amour la stupidité de Phédria.
de moins sot, de plus austère,
personne, ni de plus tempérant.
1 minvs ineptvs
magis severvs nisi enim hoc esset, quid esset quod illum
mulier praeferret militi, aut quid relinqueretur proprium personae
militis, si et hic stolidus esset? 2 magis severvs
qvisqvam nec magis continens animaduerte ut amet Terentius
magis
addere positiuo quam comparatiuum facere. 3 Nam neque seuerior neque continentior tam
uoluit dicere quam magis seuerum et magis continentem.
1 minvs ineptvs
magis severvs si en effet il n'en allait pas ainsi quelle
serait la raison pour laquelle la femme le préfèrerait au soldat,
ou que resterait-il de propre au personnage du soldat si celui-là
aussi était idiot ? 2 magis severvs qvisqvam nec magis
continens remarquez combien Térence aime ajouter
magis
(plutôt) à l'adjectif au positif plutôt que d'utiliser le
comparatif. 3 de fait il a préféré
ne pas dire seuerior (plus sérieux) et continentior (plus
retenu) mais magis
seuerus et magis continens.
sed quis hic est qui huc pergit?
attat hic quidem est parasitus Gnatho
Mais qui est-ce qui vient par ici ?
Eh ! mais c'est le parasite Gnathon,
hic qvidem est parasitvs gnatho haec apud
Menandrum in Eunucho non sunt, ut ipse professus est «
parasiti personam... et militis
102 », sed de Colace translata sunt.
hic qvidem est parasitvs gnatho ces éléments
sont absents de L'Eunuque de Ménandre comme il l'a
déclaré lui-même « parasiti personam... et militis », mais ils ont
été pris du Flatteur.
militis: ducit secum una uirginem
dono huic. papae
celui du soldat. Il amène avec lui
la fille en guise de cadeau pour elle. Peste !
facie honesta! mirum ni ego me
turpiter hodie hic dabo
ce visage, quelle classe ! ça
m'étonnerait que je ne me mette pas minable aujourd'hui ici
1 facie
honesta οἰκονομία, qua ostenditur amaturus
Chaerea, si quidem hanc Parmeno ipse miratur. 2 facie
honesta sic Vergilius «
et laetos oculis afflarat honores
103 ». 3 Et mox idem
«
ita me di ament, honestus
104 ». 4 ni ego me tvrpiter hodie hic dabo ni dabo pro ni dedero. Vergilius
«
quamuis solus
a.
auem
c.
caelo
d.
deiecit
a.
ab
a.
alto
105 ».
1 facie
honesta agencement (οἰκονομία) qui vise à montrer que Chéréa
va l'aimer si même Parménon lui-même l'admire. 2 facie
honesta ainsi Virgile « et laetos oculis afflarat
honores » (avait insufflé à ses yeux une beauté
charmante). 3 Et peu après même
chose « ita me di ament, honestus ». 4 ni ego me
tvrpiter hodie hic dabo ni dabo est mis pour ni dedero. Virgile
« quamuis solus auem caelo deiecit ab alto » (bien que lui seul
eût fait tomber l'oiseau du haut du ciel180).
cum meo decrepito hoc eunucho. haec
superat ipsam Thaidem
avec mon pauvre eunuque décrépit.
Elle surpasse Thaïs elle-même.
1 cvm meo
decrepito evnvcho facete meo ad parasitum rettulit cum pulchro
munere uenientem. 2 Et iam
praeparatio est ad deducendum Chaeream quam deformem
eunuchum. 3 decrepito hoc evnvcho decrepiti dicti sunt,
quorum crepitu et plangore familiae funera iam
conclamata fuerint. 4 haec svperat ipsam thaidem hoc
sic accipias, non tamquam uituperari Thaidem, sed ὑπερβολικῶς. ideo addidit
ipsam,
quasi quae nimiae pulchritudinis est. 5 Et bene ipsam, propter quam datur.
1 cvm meo
decrepito evnvcho meo est rapporté avec humour au parasite
qui vient, lui, avec un beau cadeau. 2 Et c'est déjà la préparation pour amener Chéréa
sous l'aspect de ce si vilain eunuque. 3 decrepito hoc
evnvcho on dit decrepitus (décrépit) celui dont les
funérailles ont déjà été annoncées par les cris (crepitus) et le
plaintes de la famille. 4 haec svperat ipsam thaidem
veillez à entendre ainsi cette réplique : il ne s'agit pas de
blâmer Thaïs, mais, de façon hyperbolique (ὑπερβολικῶς), il ajoute
ipsam pour
ainsi dire cette femme d'une beauté si admirable. 5 Et ipsam est bien dit, pour désigner celle
à cause de qui on donne.
scaena altera
Parmeno Gnatho
232 | 233 | 234 | 235 | 236 | 237 | 238 | 239 | 240 | 241 | 242 | 243 | 244 | 245 | 246 | 247 | 248 | 249 | 250 | 251 | 252 | 253 | 254 | 255 | 256 | 257 | 258 | 259 | 260 | 261 | 262 | 263 | 264 | 265 | 266 | 267 | 268 | 269 | 270 | 271 | 272 | 273 | 274 | 275 | 276 | 277 | 278 | 279 | 280 | 281 | 282 | 283 | 284 | 285 | 286 | 287 | 288 | 289 | 290 | 291
Gn.-Di immortales, homini homo quid
praestat? stulto intellegens
Gn.-Dieux immortels ! D'un homme à
l'autre, quelle supériorité ! Entre le crétin et le malin,
1 di inmortales
homini homo qvid praestat in hac scaena non stans sed
quasi ambulans persona inducitur; constitit tamen
aliquantum intuens spectatores, dum secum loquitur. exprimit
autem parasitum et sub eius uerbis corruptos mores in
assentationem ostendit, prorsus ut honestae quoque personae in
huiusmodi culpa inuentae sint, ut alibi «
obsequium amicos, ueritas
106 » etc. 2 di inmortales hoc iam mire et
pro saeculi ac temporum reprehensione satirice Terentius, quod
apud eum stultum uocat simplicem parasitus et intellegentem
malum. 3 di inmortales admirantis exclamatio est cum
parasiti gesticulatione. 4 di inmortales homini
h.
homo
q.
qvid
p.
praestat
morata narratio a sententia incipi solet, quae
dicitur προμύθιον. 5 homini homo qvid
praestat alii distinguunt quid praestat stulto intellegens, alii
stulto intellegens
quid interest, quia sic ueteres loquebantur.
1 di inmortales
homini homo qvid praestat dans cette scène on représente
un personnage non pas statique, mais pour ainsi dire en
déplacement ; toutefois il s'arrête de temps en temps et regarde
les spectateurs quand il se parle à lui-même. Térence expose la
figure du parasite et sous ses paroles montre ses moeurs dépravées
de manière à provoquer l'assentiment dans le but précis de rendre
aussi honnêtes les personnes que l'on trouve coupables de cette
faute, comme ailleurs « obsequium amicos, ueritas » etc. 2 di
inmortales voici déjà qui est étonnant : pour s'en prendre
à son siècle et à son temps, Térence parle de manière satirique,
parce qu'un parasite, chez lui, nomme un naïf un imbécile et un
homme intelligent un méchant. 3 di
inmortales exclamation marquant l'admiration accompagnée
d'une gestuelle du parasite. 4 di inmortales
homini homo qvid praestat une narration morale commence
d'ordinaire par une sentence que l'on nomme préambule (προμύθιον). 5 homini homo qvid
praestat certains ponctuent pour avoir "en quoi un homme
intelligent l'emporte sur un imbécile", d'autres pour avoir "entre
un imbécile et un homme intelligent quelle différence", car les
anciens s'exprimaient ainsi181.
quid interest? hoc adeo ex hac re
uenit in mentem mihi:
quelle différence ! Voilà bien d'où
cela m'est venu à l'esprit :
qvid interest hoc admirantis <est> et
ideo sic pronuntiandum.
qvid interest réplique pleine d'étonnement
et à prononcer comme telle.
conueni hodie adueniens mei loci
hinc341 atque ordinis,
j'ai rencontré aujourd'hui en
venant ici un type de ma condition et de mon rang,
1 conveni hodie
adveniens conuenisse non uidisse tantum sed etiam
collocutum esse significat. 2 mei loci atqve ordinis
loci
ingenuum, ordinis pauperem: illud natalium, hoc
fortunae est. 3 Et τὸ ἑξῆς quendam (..)
hominem.
1 conveni hodie
adveniens conuenisse ne signifie pas seulement
avoir vu mais aussi avoir parlé avec la personne. 2 mei loci atqve
ordinis loci (d'ici) signifie du pays,
ordinis (de
ma condition) signifie pauvre : l'un est le fait de la naissance,
l'autre de la fortune. 3 Et la
succession (τὸ ἑξῆς) est
quendam
rapporté à hominem.
hominem haud inpurum, itidem patria
qui abligurrierat bona:
pas le mauvais bougre, qui comme
moi avait siphonné les biens paternels.
1 havt
inpvrvm dixit non prodigum, sed quia hoc ipsum probat, non
avarum non improbum. et sic laudamus eos, in quibus nihil est quod
magnopere proferamus. 2 itidem patria qvi abligvrierat
bona hoc ioculari uultu dicitur. 3 Eleganter ex persona parasiti non culpatur qui
comederit bona. 4 abligvrierat suauibus escis
consumpserat. nam ἀπὸ τοῦ
λιγυροῦ est ligurire et λιγυρόν Graeci suaue appellant.
1 havt
inpvrvm il veut dire non pas prodigue, mais parce qu'il
approuve ce comportement précis sans avarice sans malice et c'est
ainsi que nous louons ceux en qui il n'est rien que nous puissions
grandement mettre en182. 2 itidem patria qvi abligvrierat
bona cela est dit avec une expression plaisante du
visage. 3 c'est élegamment fait pour
un personnage de parasite de ne pas considérer comme une faute le
fait de dévorer son bien. 4 abligvrierat il a épuisé en
douces nourritures. De fait ligurire vient de λιγυρόν et λιγυρόν en Grec signifie doux.
uideo sentum squalidum aegrum,
pannis annisque obsitum. « oh
Je le vois hirsute, dégoûtant,
malingre, chargé de haillons et d'années. « Oh !
1 video
sentvm o quam bene uideo, postquam dixit «
conueni
107 »: et tempus mutauit et uerbum. 2 sentvm
horridum. 3 sentvm ad horrorem rettulit, sqvalidvm ad sordes, aegrvm ad maciem, pannis annisqve <obsitvm>
ad uestitum et ad tristitiam. 4 Sed
pannis et
annis morologiae parasitorum sunt. 5 pannis annisqve
obsitvm pannis
annisque uel parasitica uernilitate κατὰ τὸ ὁμοιοτέλευτον
dictum uel quia Homerus dixit «
αἶψα γὰρ ἐν κακότητι
βροτοὶ καταγηράσκουσι
108 ». 6 Et est miseriae
senium debitum. unde huic magis tristitia grauitasque displicuit,
aliena semper ab hominibus parasitis. 7 annisqve
obsitvm bene addidit annis, quia ut quisque miser est, ita
senior uidetur. 8 obsitvm ut sentum, obsitum dixit:
μεταφορά ab
agro.
1 video
sentvm que c'est bien de dire uideo après avoir dit « conueni » : il
change à la fois de temps et de verbe. 2 sentvm
hirsute. 3 sentvm se rapporte à son aspect hirsute,
sqvalidvm à sa saleté,
aegrvm à sa maigreur,
pannis annisqve obsitvm
à sa mise et à son air triste. 4 Mais pannis et annis sont des extravagances
de parasites. 5 pannis annisqve obsitvm pannis annisque : est
dit soit pour faire homéotéleute (κατὰ τὸ
ὁμοιοτέλευτον)par bouffonerie de parasite soit aussi
parce qu'Homère a dit « αἶψα γὰρ ἐν
κακότητι βροτοὶ καταγηράσκουσι » (les mortels sont
prompts à vieillir dans le malheur). 6 Et la vieillesse est une dette contractée auprès
de la misère. C'est ce qui fait que la tristesse et la gravité
déplaisent tant à notre homme, car ce sont des conditions que les
parasites fuient à tout coup. 7 annisqve
obsitvm il a bien fait d'ajouter annis, car plus
quelqu'un est malheureux plus il paraît vieux. 8 obsitvm
obsitum
(chargé) est comme sentum (hirsute) : c'est une métaphore
(μεταφορά)183
.
quid istuc » inquam « ornati est?
quoniam miser quod habui perdidi, hem
lui dis-je, c'est quoi cet
équipage ? ». —Puisque, malheureux, ce que j'avais, je l'ai perdu,
ah !
1 qvid istvc
inqvam ornati est scire nos conuenit, cum recto casu
profertur interrogatio, non esse contumeliosum, ut si dicatur
«
quis hic homo est
109 », si autem non, contemptum significari, ut «
quid hoc est hominis?
110 », «
quid mulieris
111 », «
quid ornatus
112 »? 2 qvid istvc inqvam ornati est ornatus τῶν μέσων est: ad decus
et ad turpitudinem. 3 Vel
simpliciter hoc accipe uel εἰρωνικῶς. 4 Et ornati ut senati antiquus genetiuus. 5 qvod habvi
perdidi non dixit, id quod erat, comedi aut consumpsi.
1 qvid istvc
inqvam ornati est il nous faut savoir que, lorsque le mot
sur lequel porte une interrogation 184 est mis à un cas direct, l'interrogation n'est pas
injurieuse, comme si on disait « quis hic homo est » (qui est cet
homme ici ?), mais dans le cas contraire, il y a un sens injurieux
comme, « quid hoc est hominis ? » (c'est quoi cet homme ?), « quid
mulieris » (c'est quoi cette femme ?), « quid ornatus » (c'est
quoi cette tenue ?). 2 qvid istvc inqvam ornati est
ornatus est
un mot de sens neutre (τῶν
μέσων) : il va aussi bien pour honorer que pour faire
honte. 3 On peut prendre la réplique
soit au sens propre soit ironiquement (εἰρωνικῶς). 4 Et ornati est comme senati (sénat) un
génitif archaïque. 5 qvod habvi perdidi il ne dit
pas ce qui est, comedi (j'ai dévoré) ou consumpsi (j'ai
consumé).
quo redactus sum. omnes noti me
atque amici deserunt ».
voilà où j'en suis réduit. Toutes
mes connaissances, tous mes amis m'abandonnent ».
1 hem qvo redactvs
svm uel habitum suum uel corpus ostendens hoc dicit. nec
quicquam hic nisi media <de> consuetudine collocatum
est. 2 omnes noti me atqve amici deservnt
sententiose et mordaciter in mores.
1 hem qvo redactvs
svm il dit cette réplique en montrant soit sa mise soit
son corps. Et on ne trouve ici rien qui n'y soit pris, à son
habitude, dans un sens neutre. 2 omnes noti me
atqve amici deservnt sentence qui est une critique morale
mordante.
hic ego illum contempsi prae me :
« quid homo » inquam « ignauissime?
Ici, moi je me suis mis à le
mépriser, en le comparant à moi. « Comment ! », ai-je dit,
« grosse feignasse,
hic ego illvm contempsi hoc est illud «
homo homini quid praestat stulto
intellegens?
113 ».
hic ego illvm contempsi c'est ce qu'il a
dit : « homo homini quid praestat stulto intellegens » ?
itan parasti te ut spes nulla
reliqua in te sit342 tibi?
tu t'es vraiment arrangé pour qu'il
ne te reste aucun espoir ?
1 itan parasti
te quam obiurganter! tamquam in illo sit, quod miser est.
et alibi «
nam nemo illorum quisquam ad te uenit,
quin ita paret sese, ut abs te blanditiis quam minimo pretio
suam uoluptatem expleat
114 ». 2 Et hoc proprie
uerbum ad exprimendam immunitatem et ignauiam factum
est. 3 vt spes nvlla reliqva in te sit sententiose
ad illud, quod et Vergilius ait «
ponite spes sibi quisque
115 ». 4 vt spes nvlla reliqva in te sit tibi bene,
quasi qui rem a fortuna acceperit.
1 itan parasti
te quel ton de reproche! Comme si c'était sa faute s'il
est malheureux. et ailleurs « nam nemo illorum quisquam ad te
uenit, quin ita paret sese, ut abs te blanditiis185 quam minimo pretio suam
uoluptatem expleat ». 2 Et cette
expression est devenue au sens propre une formule pour exprimer
l'absence de charge et la paresse. 3 vt spes nvlla
reliqva in te sit de manière sentencieuse186
conformément à ce qu'on trouve aussi chez Virgile « ponite spes
sibi quisque » (que chacun de vous renonce à tout
espoir). 4 vt spes nvlla reliqva in te sit tibi bien
dit en homme qui a reçu quelque bien de la fortune187.
Tu as perdu ton cerveau avec ta
fortune ? regarde-moi, moi qui sors du même trou.
1 simvl cvm re
consilivm amisisti Vergilius «
nec, si miserum fortuna Sinonem finxit,
uanum etiam mendacemque improba finget
116 » et Sallustius «
neque fortuna eget, quippe quae
probitatem industriam aliasque artes neque dare neque eripere
cuiquam potest
117 ». — 2 Ergo haec
interrogatio increpantis est nec desiderat responsionem. —
nam consilium in hominibus est, res in potestate
fortunae. 3 ex eodem loco id est ex eadem fortuna.
1 simvl cvm re
consilivm amisisti Virgile « nec, si miserum fortuna
Sinonem finxit, uanum etiam mendacemque improba finget » (et si la
fortune a fait de Sinon un malheureux, si mauvaise soit-elle, elle
n'en fera ni un fourbe ni un menteur) et Salluste « neque fortuna
eget, quippe quae probitatem industriam aliasque artes neque dare
neque eripere cuiquam potest » (on n'aura pas besoin de la
fortune, qui ne peut ni donner ni enlever à personne la probité,
l'activité et les autres vertus). — 2 Donc cette question est le fait d'un personnage
qui fait des reproches et ne demande pas de réponse. — de fait la
décision est au pouvoir des hommes, la réalisation au pouvoir de
la fortune. 3 ex eodem loco c'est-à-dire de cette même
fortune.
qui color nitor uestitus, quae
habitudo est corporis!
quel teint ! quel éclat ! quelle
tenue ! quelle prestance !
1 qvi color nitor
vestitvs hoc contra illud quod ait «
uideo sentum
118 ». 2 color ad sentum, nitor ad squalidum, vestitvs ad pannis annisque obsitum, habitvdo corporis ad aegrum. 3 qvae
habitvdo est corporis Plautus in Epidico «
corpulentior habere atque
habitior
119 ».
1 qvi color nitor
vestitvs cela fait contraste avec ses paroles : « video
sentum ». 2 color se rapporte à « sentum », nitor à « squalidum », vestitvs à « pannis annisque
obsitum », habitvdo
corporis à «
aegrum ». 3 qvae habitvdo est corporis
Plaute dans l'Epidicus « corpulentior habere atque
habitior » (être bien gras et de bien belle mine).
omnia habeo neque quicquam habeo;
nihil cum est, nihil defit tamen ».
J'ai tout et je n'ai rien, quand il
n'y a rien, rien ne me manque pourtant.
1 omnia
habeo ad «
quod habui perdidi
120 », neqve qvicqvam
habeo ad «
mei loci atque ordinis hominem
121 ». 2 omnia habeo ad industriam rettulit, neqve qvicqvam habeo
<ad> fortunae culpam. 3 Et item
denuo <ad> fortunae crimen nihil cum est, ad suam laudem nihil defit
tamen. 4 omnia habeo neqve qvicqvam
habeo alterutrum horum neutrumue potest cuiuis accidere,
utrumque nulli. 5 nihil cvm est nihil defit tamen
figura κακόζηλον, ut apud Vergilium «
sequiturque sequentem
122 ». et Cicero «
cum tacent, clamant
123 ».
1 omnia
habeo se rapporte à « quod habui perdidi », neqve qvicqvam habeo à « mei
loci atque ordinis hominem ». 2 omnia
habeo il le rapporte à son activité, neqve qvicqvam habeo il le rapporte à la
faute de la fortune. 3 Et de
nouveau, à la responsabilité de la fortune qu'il ne possède rien,
mais à sa louange que rien ne lui manque pourtant. 4 omnia
habeo neqve qvicqvam habeo l'un ou l'autre de ces
événements peut arriver à tout le monde, ou ni l'un ni l'autre,
mais les deux à la fois c'est impossible. 5 nihil cvm est
nihil defit tamen figure dite excès de préciosité
(κακόζηλον), comme chez Virgile
« sequiturque sequentem » (il suit qui le suit). Et Cicéron « cum
tacent, clamant » (en se taisant ils crient).
« at ego infelix neque ridiculus
esse neque plagas pati
-Mais moi, pauvre hère, supporter
le ridicule et les coups,
1 at ego infelix
neqve ridicvlvs iam transit ad μιμητικὸν χαρακτῆρα. 2 at ego infelix
neqve ridicvlvs uehementer inuectus est in tempora et
mores poeta sub hac persona, in qua hominem ita inducit paenitere
probitatis suae, ut se infelicem, non honestum dicat et non
nolo sed
non
possum.
1 at ego infelix
neqve ridicvlvs il passe maintenant à l'imitation du
type188 (μιμητικὸν
χαρακτῆρα). 2 at ego infelix neqve ridicvlvs
le poète se lance dans une violente critique de son temps et de
ses moeurs sous le masque de ce personnage, dans lequel il met en
scène un homme qui se repent de sa probité au point qu'il se dise
malheureux et non pas honnête et qu'il dise non pas je ne veux pas
mais je ne peux pas.
possum ». « quid? tu his rebus
credis fieri? tota erras uia.
je ne peux pas. -Quoi ! tu crois
que c'est comme ça qu'on fait ? Fausse route complète !
1 qvid tv his
rebvs credis fieri dum quis ridetur aut uapulat. 2 tota erras
via παρόμοιον per μεταφοράν.
1 qvid tv his
rebvs credis fieri quand un homme est moqué ou prend des
coups. 2 tota erras via isotopie (παρόμοιον) fondée sur une métaphore
(μεταφοράν).
olim isti fuit generi quondam
quaestus apud saeclum prius:
C'est autrefois que pour les gens
comme ça, dans le passé, il y avait quelque chose à gagner, dans
l'ancien temps.
apvd saeclvm privs scilicet cum essent
tempora meliora.
apvd saeclvm privs sans nul doute quand les
temps étaient meilleurs.
hoc nouum est aucupium; ego adeo
hanc primus inueni uiam.
Maintenant il y a une nouvelle
manière de prendre les pigeons, et c'est moi qui ai ouvert la
route.
1 hoc novvm est
avcvpivm uide quid intersit cum illum quaestum dicat, hoc
aucupium:
illud de sapientibus, hoc de stultis. 2 inveni
viam adeo nouum est aucupium.
1 hoc novvm est
avcvpivm remarquez la différence quand il dit d'une chose
quaestus,
d'une autre aucupium : l'un se dit des sages,
l'autre des idiots189. 2 inveni
viam c'est la nouvelle technique pour prendre les
pigeons.
est genus hominum qui esse primos
se omnium rerum uolunt
Il y a un genre de types qui
veulent être premiers de tout
est genvs hominvm quia multi sunt huiusmodi.
non dixit sunt
homines sed est genus hominum.
est genvs hominvm parce qu'il y en a
beaucoup de ce genre-là. Il n'a pas dit sunt homines (il y a
des gens), mais est genus hominum (il y a un genre d'hommes190).
nec sunt: hos consector; hisce ego
non paro me ut rideant,
et qui ne le sont pas ; c'est eux
que je suis pas à pas ; je ne leur donne pas l'occasion de rire de
moi :
hisce ego non paro me vt rideant quia ille
dixerat «
ego infelix neque ridiculus esse neque
plagas pati possum
124 ».
hisce ego non paro me vt rideant parce que
l'autre avait dit « ego infelix neque ridiculus esse neque plagas
pati possum ».
sed eis ultro adrideo et eorum
ingenia admiror simul.
c'est moi qui leur ris le premier,
en m'extasiant en même temps sur leur génie.
1 sed his vltro
arrideo quid est his arrideo? aut ueluti pareo, id est obsequi
uenio, aut ueluti dictis delector. 2 Atque arrideo non, ut parasitis fieri solet,
ut his arrideatur a regibus quam ipsi dictis factisue arrideant
alienis, hic esse intellegendum etiam ipsa res indicat e
contrario; nam quod ait supra «
his ego non paro me, ut rideant
125 », hoc e contrario ostendit, quod subiciatur sed his etc 3 sed his
vltro ultro uersa uice an prior? 4 An etiam insuper, hoc est ultra? 5 admiror
simvl plus intulit, quam si laudo dixisset.
1 sed his vltro
arrideo que veut dire his arrideo ? soit comme pareo (j'obéis à
quelqu'un), c'est à dire je viens faire l'obséquieux, ou comme
dictis
delector (je me délecte de leurs paroles). 2 Et qu' arrideo ne veut pas dire ici, que (comme
c'est le lot ordinaire des parasites) les puissants font des
sourires à ceux qui d'eux-mêmes font des sourires aux paroles et
aux actions d'autrui, le contexte lui-même le montre a contrario ;
de fait quand il dit plus haut « his ego non paro me, ut
rideant », il montre a contrario ce que sous entend sed his
etc 3 sed his vltro ultro veut-il dire en retour ou le
premier ? 4 Ou même en plus c'est à
dire comme ultra ? 5 admiror simvl c'est plus que
s'il avait dit laudo (je loue).
quicquid dicunt laudo; id rursum si
negant, laudo id quoque;
Quoi qu'ils disent, j'approuve ;
s'ils disent ensuite le contraire, j'approuve aussi.
1 qvicqvid
dicvnt non quod
dicunt, sed quicquid dicunt, id est bene maleue, ut,
uel si interclusa fuisset assentatio, non se impediuerit, quod
contrarium laudauerit. 2 id rvrsvm si negant lavdo id
qvoqve praeclare Terentius, quod a satirico de aliis
diceretur, id hic de se dicentem inducit, facetius multo, quam si
aliter fecisset, κακολογῶν mores temporum iam tum
uitiatorum per assentationem, quod fere in plerisque fabulis
monstrat, ut etiam in Andria «
hoc tempore obsequium amicos, ueritas
odium parit
126 » et in Adelphis «
quod te isti facilem et festiuum putant,
id non fieri ex uera uita neque adeo ex aequo et iusto, sed ex
indulgendo atque assentando et largiendo, Micio
127 ».
1 qvicqvid
dicvnt il ne dit pas quod dicunt (ce qu'ils disent), mais
quicquid
dicunt, c'est-à-dire : que ce soit à tort ou à raison
qu'on le coupe dans sa flatterie, il ne sent pas gêné car il loue
aussi le contraire. 2 id rvrsvm si negant lavdo id
qvoqve c'est admirable de voir Térence se peindre lui-même
en train de dire de lui ce qu'un poète satirique dirait des
autres, de façon bien plus drôle que s'il avait procédé autrement,
vitupérant (κακολογῶν) les mœurs
de temps déjà pourris par la flatterie à cette époque, ce qu'il
montre ordinairement dans la plupart de ses pièces, comme dans
L'Andrienne « hoc tempore obsequium amicos, ueritas
odium parit » et dans Les Adelphes « quod te isti
facilem et festiuum putant, id non fieri ex uera uita neque adeo
ex aequo et iusto, sed ex indulgendo atque assentando et
largiendo, Micio ».
negat quis: nego; ait: aio;
postremo imperaui egomet mihi
On dit non, je dis non ; oui, je
dis oui ; pour finir, je me suis donné la consigne
negat qvis nego bene sic dixit. negat et ait contraria sunt, ut
Plautus in Rudente «
uel tu ais uel negas
128 ».
negat qvis nego c'est bien dit ainsi.
Negat et
ait sont
des contraires, comme Plaute dans le Rudens « uel tu
ais uel negas » (tu dis oui ou non).
omnia adsentari. is quaestus nunc
est345 uberrimus ».
d'être d'accord avec tout. Cette
façon de gagner sa vie est aujourd'hui de beaucoup la plus
fructueuse.
1 is qvaestvs nvnc
est vberrimvs quam ille «
apud saeclum prius
129 » fuerat. 2 Et uide
quemadmodum inliberalem uitam honestiore nomine primo «
aucupium
130 », post etiam quaestum nominauerit ῥωποκάπηλος impudens.
1 is qvaestvs nvnc
est vberrimvs plus fructueux qu'il avait été « apud
saeclum prius ». 2 Et voyez comment
il habille sa vie indigne d'un homme comme il faut de noms plus
honnêtes avec d'abord « aucupium », et maintenant quaestus, ce
bonimenteur (ῥωποκάπηλος)
impudent.
Pa.-scitum hercle hominem! hic
homines prorsum ex stultis insanos facit.
Pa.-Voilà, ma foi, un joli coco !
ce gars-là, en un tournemain, il change les crétins en
débiles.
scitvm
h.
hercle
hominem mire Terentius longae orationi
interloquia quaedam adhibet, ut fastidium prolixitatis euitet,
uelut nunc Parmeno procul audiens Gnathonem haec loquitur.
scitvm hercle hominem il faut admirer la
manière dont Térence coupe les longues tirades de quelques
interventions d'un autre personnage pour éviter la lassitude que
provoque la prolixité, comme il le fait maintenant avec Parménon
qui dit cela en écoutant de loin Gnathon.
Gn.-dum haec loquimur, interealoci
ad macellum ubi aduenimus,
Gn.-Tout en causant de la sorte,
voilà qu'entretemps, quand nous arrivons au marché,
interealoci duae partes orationis cum
coniunctae unam fecerint, mutant accentum.
interealoci deux parties du discours, quand
elles sont conjointes en une seule, changent d'accent.
concurrunt laeti mihi obuiam
cuppedinarii omnes,
se ruent au devant de moi, tout
contents, tous les boutiquiers,
1 concvrrvnt laeti
mihi obviam et multos et properos uno uerbo ostendit et ex
diuerso ad se festinantes. 2 cvppedinarii omnes Varro
Humanarum rerum «
Numerius Equitius Cuppes, inquit, et
Manius Macellus singulari latrocinio multa loca habuerunt
infesta. his in exsilium actis bona publicata sunt, aedes ubi
habitabant dirutae eque ea pecunia scalae deum penatium
aedificatae sunt. ubi habitabant, locus, ubi uenirent ea, quae
uescendi causa in urbem erant allata. itaque ab altero
Macellum, ab altero Forum Cuppedinis appellatum
131 ». 3 cvppedinarii omnes qui esculenta et
poculenta uendunt, a rebus cupidinis ob alimentum
cupidinarii
appellantur. 4 Et ipse
subiecit, qui accipiendi sint cupidinarii.
1 concvrrvnt laeti
mihi obviam en un mot il montre qu'ils sont nombreux,
qu'ils vont vite, et qu'ils se hâtent de partout vers
lui. 2 cvppedinarii omnes Varron dans les
Antiquités humaines écrit : « Numerius Equitius Cuppes et Manius
Macellus singulari latrocinio multa loca habuerunt infesta. his in
exsilium actis bona publicata sunt, aedes ubi habitabant dirutae
eque ea pecunia scalae deum penatium aedificatae sunt. ubi
habitabant, locus, ubi uenirent ea, quae uescendi causa in urbem
erant allata. itaque ab altero Macellum, ab altero Forum
Cuppedinis appellatum » (Numerius Equitius Cuppes et Manius
Macellus désolèrent de nombreux lieux par un brigandage sans
exemple. Quand on les eut exilés leurs biens furent confisqués au
profit de l'Etat, les maisons où ils habitaient furent détruites
et avec cet argent on bâtit les escaliers des dieux pénates. Le
lieu où il habitaient devint celui ou étaient vendues les choses
qui étaient apportées à la Ville pour nourrir les habitants. Voilà
pourquoi il fut appelé du nom de l'un Macellum, et du nom de
l'autre Forum Cuppedinis). 3 cvppedinarii omnes ceux qui
vendent des comestibles et des boissons sont nommés cupidinarii à cause
des choses qui provoquent le désir de manger. 4 Et et il indique ensuite lui-même quelle sorte de
gens il faut entendre sous le nom de cupidinarii.
cetarii lanii coqui fartores
piscatores,
pêcheurs au gros, bouchers,
traiteurs, charcutiers, poissonniers,
1 lanii
qui laniant pecora; unde et lanistae dicti, qui laniandis praesunt
gladiatoribus. 2 Sic et
macellum
a
mactandis
pecoribus dictum. 3 piscatores qui recentem piscem
praebent. 4 fartores qui insicia et farcimina
faciunt. 5 cetarii qui cete, id est magnos
pisces, uenditant et bolonas exercent. 6 cetarii lanii
coqvi fartores σχῆμα comicum, nam in palliata Romanas res
loquitur.
1 lanii
ceux qui découpent en morceaux le bétail ; c'est aussi de là que
vient le mot laniste, pour désigner ceux qui commandent aux
gladiateurs qui se coupent en morceaux. 2 Ainsi le mot macellum vient aussi du verbe qui
signifie abattre (mactare) le bétail. 3 piscatores ceux qui proposent du poisson
frais. 4 fartores ceux qui font des saucisses et des
boudins. 5 cetarii ceux qui vendent des baleines,
autrement dit des gros poissons, et font le métier de
poissonnier. 6 cetarii lanii coqvi fartores figure
(σχῆμα) comique car dans une
pièce en costume grec on parle de réalités romaines.
quibus et re salua et perdita
profuerim346 et prosum saepe:
gens à qui j'avais rendu service
quand ma fortune était encore là et et après l'avoir perdue, et à
qui je rends service souvent encore.
1 qvibvs et re
salva cum de meo impenderem, et perdita profverim cum de alieno
manticulor atque impendo. 2 saepe expletiuae
significationis est.
1 qvibvs et re
salva quand je payais sur mes propres fonds, et perdita profverim maintenant
que je vole à la tire 191 et paye avec le bien d'autrui. 2 saepe le sens est explétif.
salutant, ad cenam uocant, aduentum
gratulantur.
Ils saluent, invitent à dîner, se
félicitent de ma venue.
1 ad cenam
vocant utrum ad emendam cenam an uero ad
conuiuium? 2 adventvm gratvlantvr accusatiuum pro datiuo,
pro aduentui
gratulantur. 3 Et aduentus proprie
exspectatorum necessariorumque dicitur.
1 ad cenam
vocant on se demande si c'est pour acheter le dîner ou
alors pour l'inviter à manger ? 2 adventvm
gratvlantvr accusatif mis pour le datif, pour aduentui
gratulantur. 3 Et
aduentus se
dit au sens propre pour des gens qu'on attend et qui nous sont
proches.
Quand ce pauvre crève-la-faim me
voit qu'on me tient en si grand honneur et
1 ille vbi miser
famelicvs videt me hic ostendit, quae res coegerit ad
discendum. 2 Et simul
uide famelicum uulgi opinionem loqui parasitum: miserum et famelicum, hominem
honestis moribus praeditum. 3 ille vbi miser famelicvs videt
me uide ut sententiose demonstret malos ex bonis
contagione fieri, exemplis in prauum praeualentibus: uidet mihi
hoc prodesse et discere optat, quod negabat se posse. 4 tanto
honore quia «
concurrunt
132 », «
salutant
133 ». 5 famelicvs a fame et edendo dictum est quasi famedicus.
1 ille vbi miser
famelicvs videt me ici il montre ce qui a contraint
l'autre à se mettre à son école. 2 Et en même temps, remarquez que le parasite parle
conformément à l'opinion du vulgaire à son sujet : miserum et famelicum (pauvre et
famélique) désignent un homme de mœurs honnêtes. 3 ille vbi miser
famelicvs videt me voyez sur quel ton sentencieux il
démontre que les bons deviennent mauvais par contagion, avec des
exemples qui poussent au pire : il voit que cela me rend service
et il décide d'apprendre ce qu'il disait ne pas pouvoir
faire. 4 tanto honore parce que « concurrunt »,
« salutant ». 5 famelicvs vient de fames (la faim) et de
edo
(manger) comme si on avait famedicus.
tam facile uictum quaerere, ibi
homo coepit me obsecrare
que je gagne si aisément ma vie,
voilà le type qui se met à me supplier
1 tam facile
victvm qvaerere quia «
ad cenam uocant
134 ». 2 ibi pro tunc. 3 homo
mire addidit homo. 4 Aut additum superuacuo homo, ut «
donat habere uiro decus et tutamen in
armis
135 ».
1 tam facile
victvm qvaerere parce que « ad cenam uocant ». 2 ibi pour tunc. 3 homo
c'est étonnant qu'il ait ajouté homo. 4 ou
alors le mot homo est ajouté de manière superflue comme « donat
habere uiro decus et tutamen in armis » (il la donne pour qu'elle
serve au héros de marque d'honneur et de protection sous les
armes).
ut sibi liceret discere id de me:
sectari iussi,
de lui permettre de s'instruire à
mon école. Je lui ai commandé de s'attacher à mes pas,
1 vt sibi liceret
discere quasi disciplinam aut artem: tantum auctoritatis
criminum felicitas sumpsit. 2 discere id de me magis
de illo et
de me
ueteres dicebant quam, ut nos dicimus, a me aut ab illo. 3 sectari
ivssi proprie, nam et sectae philosophorum ab hoc
significatu dictae sunt.
1 vt sibi liceret
discere comme si c'était une discipline ou un art : tant
le succès de ses crimes lui a procuré d'ascendant. 2 discere id de
me les anciens disaient plus volontiers de illo et de me qu' a me ou ab illo comme nous le
faisons nous. 3 sectari ivssi le mot est au sens propre, de
fait le mot sectae pour les écoles des philosophes vient de ce
sens.
si potis est, tamquam philosophorum
habent disciplinae ex ipsis
s'il en est capable. Comme les
écoles des philosophes tirent d'eux
ex ipsis philosophis scilicet.
ex ipsis comprendre évidemment les
philosophes.
uocabula, parasiti ita ut
Gnathonici uocentur.
leur nom, que les parasites soient
baptisés Gnathoniciens.
1 ex ipsis
vocabvla ut Pythagorica, Platonica. 2 Hoc igitur non est consequens ad id quod uult
dicere; nisi forte disciplinam pro discipulis
posuit. 3 vocabvla non hoc intulit quod coeperat
dicere; nisi forte disciplinam pro discipulis
accipimus.
1 ex ipsis
vocabvla comme on dit Pythagoricien,
Platonicien. 2 Ce n'est donc pas en
accord avec ce qu'il veut dire ; à moins qu'il n'ait mis le mot
disciplina
(discipline) pour discipuli (les192). 3 vocabvla
cela ne produit pas ce qu'il avait commencé à dire ; à moins que
nous ne comprenions que disciplina est mis pour discipulis.
Pa.-uiden otium et cibus quid
facit349 alienus? Gn.-sed ego
cesso
Pa.-Voyez un peu l'oisiveté et la
nourriture, le mal que ça fait. Gn.- Mais je m'en vais
1 viden otivm et
cibvs qvid faciat alienvs rursus Parmeno et facetias dicit
et distinguit longiloquium parasiti. 2 qvid
faciat legitur quid facit, ut sit figura per modos pro
quid
faciat.
1 viden otivm et
cibvs qvid faciat alienvs Parménon recommence à raconter
des blagues et coupe la tirade du parasite. 2 qvid
faciat on lit aussi l'indicatif quid facit ce qui
donne un jeu sur les modesà la place du subjonctif quid faciat 193.
ad Thaidem hanc deducere et rogare
ad cenam ut ueniat?
emmener cette fille à Thaïs et la
prier de venir souper.
1 hanc
dedvcere proprie, nam ducitur quis ad supplicium, deducitur in
laetitiam. 2 et rogare ad cenam uide parasitum optare
Thaidem ad cenam uocari quam munus accipere.
1 hanc
dedvcere au sens propre, de fait on utilise duco pour conduire
quelqu'un à un supplice, deduco pour conduire à un événement
heureux. 2 et rogare ad cenam voyez le parasite
souhaiter que Thaïs soit invitée à dîner plutôt qu'elle n' accepte
le cadeau.
sed Parmenonem ante ostium
Thaidis350 tristem
uideo,
Mais c'est Parménon, que j'aperçois
devant la porte de Thaïs, avec une tête sinistre,
thaidis legitur et Thainis.
thaidis on lit aussi Thainis.
riualis seruum: salua res est.
nimirum hic homines frigent.
l'esclave de notre rival : on est
sauvé ; vraiment, ici, les gens leur battent froid.
1 salva res
est quia et «
ante ostium
136 » et «
tristem uideo
137 », salva res
est. nec hoc ualet ad laetitiam, quod Parmeno est, sed
quod riualis seruus. 2 salva res est
prouerbialiter.
1 salva res
est puisque « ante ostium » et « tristem uideo », tout va
bien. Et ce qui le met ainsi en joie ce n'est pas que ce soit
Parménon, mais que son rival soit un esclave. 2 salva res
est expression proverbiale.
nebulonem hunc certum est ludere.
Pa.-hisce hoc munere arbitrantur
Ce benêt, c'est sûr que je vais me
le faire. Pa.-Ceux-là, ils croient qu'avec leur cadeau
1 nebvlonem uel furem quia nebulas obiciat, uel
mollem ut nebulam, uel inanem ac uanum, ut nebula est. 2 hisce pro hi uetuste, Vergilius
«
his certe — neque amor causa est — uix ossibus
haerent
138 », quia hice debebat dicere. 3 hisce hoc mvnere
arbitrantvr non immerito Gnathonem deridet Parmeno, qui
penitus nouerit consilium meretricis.
1 nebvlonem soit voleur, car il se cache
derrière des nuées (nebula), soit inconsistant comme une
nuée, soit creux et vide comme l'est une nuée. 2 hisce
archaïque pour hi, Virgile « his certe — neque amor
causa est — uix ossibus haerent » (elles sont maigres -ce n'est
pas l'amour qui en est cause- à laisser voir leurs os), parce
qu'il aurait dû dire hice. 3 hisce hoc mvnere
arbitrantvr ce n'est pas sans fondement que Parménon se
moque de Gnathon, car il connaît à fond le dessein de la
courtisane.
suam Thaidem esse. Gn.-plurima
salute Parmenonem
Thaïs est à eux. Gn.- Un très grand
bonjour à Parménon
summum suum inpertit Gnatho. quid
agitur? Pa.-statur. Gn.-uideo.
son très grand ami, de la part de
Gnathon. Dans quel état est-on ? Pa.-Stationnaire. Gn.-Je
vois.
1 svmmvm
ἔλλειψις. 2 svmmvm svvm
impertit haec tota locutio parasiticae elegantiae et simul
et εἰρωniae
plena est. nam et plurimam dicit ei salutem, quem ne exiguam
quidem uelit continere, <et> summum dicit eum, qui nec leuis amicus
sit sibi, et Parmenonem
Gnatho, non te ego. 3 svmmvm
svvm quam uenuste, quod summum amicum non resalutet
Parmeno! 4 qvid agitvr pro blandimento, non pro
interrogatione nunc ponitur, ut «
o noster, quid fit? quid agitur?
139 » 5 qvid agitvr statvr pro quid agis?
sto. 6 Et facete
statur, nam
stat, cui ingredi non licet.
1 svmmvm
ellipse (ἔλλειψις). 2 svmmvm
svvm impertit toute cette expression est pleine de
l'élégance du parasite et en même temps aussi d'ironie (εἰρωnia). De fait, il lui fait mille
courbettes, de peur qu'un salut trop modeste ne sache le retenir,
et il le dit très grand pour qu'il ne soit pas pour lui non plus
un ami inconstant et il dit Parménon et Gnathon et non "toi" et "moi". 3 svmmvm
svvm que c'est charmant : Parménon ne rend pas son salut à
son très grand ami ! 4 qvid agitvr cette expression
est placée là en guise de flatterie non comme une vraie question,
comme « o noster, quid fit ? quid agitur ? » 5 qvid agitvr
statvr mis pour quid agis ? sto (qu'est-ce que tu fais ?
Je stationne). 6 Et c'est comique de
dire statur
(on stationne), de fait il stationne lui à qui il est interdit
d'entrer.
numquid nam hic quod nolis uides?
Pa.-te. Gn.-credo; at numquid aliud?
N'y a-t-il rien ici que tu voudrais
ne pas voir ? Pa.-Toi. Gn.- Je te crois. Mais n'y a-t-il rien
d'autre ?
nvmqvid alivd uirginem. hic de illo
respondit et ideo repetit dictum Gnatho.
at nvmqvid alivd la jeune fille. L'autre lui
a répondu toi et c'est pourquoi Gnathon repose la question.
Pa.-qui dum? Gn.-quia tristis es.
Pa.-nil quidem351. Gn.-ne sis; sed quid uidetur
Pa.-Pourquoi donc ? Gn.-Parce que
tu es triste. Pa.-Non, du tout. Gn.-Ne le sois pas. Mais comment
trouves-tu
1 qvi dvm
interrogat interrogantem, ne ipse respondeat. 2 nihil
qvidem dicens nihil mutauit uultum Parmeno in
laetitiam. ideo illi facete Gnatho hoc ipsum agenti ne sis dixit, ut
probaret tristem fuisse. 3 nihil eqvidem pro non. infra «
nihil dixit, ut sequerere sese?
140 »
1 qvi dvm
il interroge celui qui l'interroge pour ne pas répondre
lui-même. 2 nihil qvidem en disant nihil (rien) Parménon
a changé d'expression de visage pour marquer la joie. C'est
pourquoi de manière comique Gnathon au moment même où il fait cela
lui dit ne le sois pas, pour montrer qu'il était triste. 3 nihil
eqvidem mis pour non. Ci-dessous « nihil dixit, ut
sequerere sese ? ».
hoc tibi mancupium? Pa.-non malum
hercle. Gn.-uro hominem. Pa.-ut falsus animi est!
cet objet ? Pa.-Pas mal, ma foi.
Gn.-Je le mets sur le gril, le gars. Pa.-Comme il se trompe dans
sa tête !
1 hoc tibi
mancipivm ταπείνωσις τῷ ἀστεϊσμῷ: mancipium dicit
puellam aut uirginem. 2 non malvm hercle inimica
laudatio. 3 vro hominem sibi hoc gestu et uultu
parasitico dicit. 4 Et uro pro eo quod est
dolere cogo. 5 vt falsvs animi est similiter et Parmeno
secum seruili gestu. 6 Et
animi pro
animo:
ἀντίπτωσις
ueterum, qui «
ingens uirium
141 », «
diues opum
142 », «
abundans < lactis
143 » solebant> dicere. 7 vt falsvs animi
est ex hoc falsus animi est, quod putat huiusmodi
munere capi posse Thaidem.
1 hoc tibi
mancipivm litote par élégance (ταπείνωσις τῷ ἀστεϊσμῷ) : il dit
mancipium
(le personnel) pour la petite ou la jeune fille. 2 non malvm
hercle éloge hostile. 3 vro
hominem il se parle à lui même en prenant le visage et la
mimique typiques du parasite. 4 Et
uro est
mis pour je le fais souffrir. 5 vt falsvs animi
est de la même façon Parménon aussi se parle à lui-même
avec une mimique typique d'esclave. 6 Et le génitif animi est mis pour l'ablatif animo : changement de
cas (ἀντίπτωσις) propre aux
anciens, qui disaient ordinairement « ingens uirium » (aux forces
immenses), « diues opum » (riche de biens), « abundans lactis »
(abondant en lait). 7 vt falsvs animi est ce qui fait
qu'il est falsus animi
est c'est qu'il croit pouvoir séduire Thaïs avec un
cadeau de ce genre.
Gn.-quam hoc munus gratum Thaidi
arbitrare esse? Pa.-hoc nunc dicis
Gn.- Quel plaisir penses-tu que ce
présent va faire à Thaïs ?Pa.-Tu veux dire par là
qvam hoc mvnvs gratvm thaidi mire insultat
Gnatho: quanto enim gratum munus fuerit, tanto erit riualis
exclusior.
qvam hoc mvnvs gratvm thaidi c'est étonnant
de voir Gnathon aussi insolent : en effet plus son cadeau fera
plaisir, plus son rival sera flanqué dehors.
eiectos hinc nos: omnium rerum,
heus, uicissitudo est.
qu'on nous a flanqués dehors.
Toutes choses, hélas, ont leurs vicissitudes.
omnivm rervm hevs vicissitvdo est uide
locum, in quo erumpere dolor Parmenonis potuit, nisi commissa
seruaret et celaret Thaidis consilium.
omnivm rervm hevs vicissitvdo est voici
l'endroit où la douleur de Parménon aurait pu éclater s'il n'avait
pas en tête sa mission et ne cachait pas le dessein de Thaïs.
Gn.-sex ego te totos, Parmeno, hos
menses quietum reddam
Gn.- Moi, c'est six mois pleins,
Parménon, de vacances que je vais te donner,
1 sex ego totos
parmeno hos te menses qvietvm reddam quid est totos? an diebus et noctibus,
utpote amatoris seruum, ac per hoc sine ulla cessatione et
intermissione? 2 hos menses qui nunc aguntur, id est hoc
tempore. 3 qvietvm reddam facete, quasi hoc ipse
fecerit. 4 Et hoc est
quod ait «
summum suum impertit Gnatho
Parmenonem
144 », tamquam amico consulat.
1 sex ego totos
parmeno hos te menses qvietvm reddam que veut dire
totos ?
est-ce jour et nuit, à la manière de l'esclave d'un amoureux, et
par là sans aucune trêve ni aucun repos ? 2 hos
menses ceux dans lesquels nous sommes, c'est à dire le
moment présent. 3 qvietvm reddam comique, comme
s'il l'avait fait lui-même. 4 Et
c'est ce qu'il a dit « summum suum impertit Gnatho Parmenonem »,
comme s'il avait souci d'un ami.
ne sursum deorsum cursites
neque352 usque ad lucem uigiles.
pour t'éviter de monter et
descendre en courant et de veiller jusqu'au jour.
ne svrsvm deorsvm cvrsites quod est laboris,
neqve vsqve ad lvcem
vigiles quod est exitii.
ne svrsvm deorsvm cvrsites c'est le propre
de la peine, neqve vsqve ad
lvcem vigiles c'est ce qui va causer sa perte.
ecquid beo te? Pa.-men? papae.
Gn.-sic soleo amicos. Pa.-laudo.
Je ne te fais pas plaisir ? Pa.-A
moi ? Peste ! Gn.-Voilà comme je traite mes amis. Pa.-Bravo.
sic soleo amicos hoc ἐλλειπτικῶς.
sic soleo amicos expression elliptique
(ἐλλειπτικῶς).
Gn.detineo te: fortasse tu
profectus alio fueras.
Gn.-Je te retiens. Tu allais
peut-être ailleurs ?
1 detineo
ualde teneo. 2 fortasse tv profectvs alio fveras uult
exprimere confessionem, quod ad Thaidem uenerit, sed intrare non
possit.
1 detineo
te je te retiens trop. 2 fortasse tv
profectvs alio fveras il veut extorquer l'aveu qu'il était
venu voir Thaïs, mais qu'il n'a pas pu entrer.
Pa.-nusquam. Gn.-tum tu igitur
paululum da mi operae: fac ut admittar
Pa.-Nulle part. Gn.-Eh bien ! en ce
cas rends-moi un petit service : fais-moi recevoir
1 pavlvlvm da mihi
operae hoc quasi supplicantis uultu ad irrisionem
dicitur. 2 pavlvlvm da mihi operae proprie sic dicitur
adiuua me.
sic in Adelphis «
haec opera ut data sit
145 ».
1 pavlvlvm da mihi
operae il dit cela avec pour ainsi dire un visage de
suppliant pour se moquer. 2 pavlvlvm da mihi operae au
propre on dit ainsi : adiuua me. Ainsi dans Les
Adelphes « haec opera ut data sit ».
chez elle. Pa.-Vas-y donc :
aujourd'hui tu trouveras cette porte ouverte, vu la fille que tu
amènes.
1 age modo nvnc
tibi patent hae fores ex eo, quantum licere oportuit,
ostendit, quam misere nihil illic liceat Parmenoni. 2 qvia istam
dvcis hoc quasi ad Gnathonem, sed lente ac sub lingua
murmurat.
1 age modo nvnc
tibi patent hae fores en disant cela, il montre, autant
qu'il peut se l'autoriser194, combien il est triste que Parménon ne puisse rien faire
là-bas. 2 qvia istam dvcis ces mots sont adressés pour
ainsi dire à Gnathon, mais c'est un murmure circonspect et presque
inarticulé.
Gn.-numquem euocari hinc uis foras?
Pa.-sine biduum hoc praetereat:
Gn.- As-tu quelqu'un de la maison à
faire appeler dehors ? Pa.-Laisse seulement passer ces deux
jours.
1 nvmqvem evocari
hinc vis foras quia ipse intrare non potest. 2 sine
bidvvm hoc praetereat et hoc lentius; nam si aliter
pronuntiaueris, secreta produntur.
1 nvmqvem evocari
hinc vis foras parce que lui-même ne peut pas
entrer. 2 sine bidvvm hoc praetereat et cela est dit
de façon encore plus circonspecte ; de fait si on le dit
autrement, les secrets sont révélés.
qui mihi nunc uno digitulo fores
aperis fortunatus,
tu m'ouvres aujourd'hui du bout du
doigt la porte, veinard ;
1 qvi mihi
nvnc mihi τῷ ἀττικισμῷ dictum est. 2 fortvnatvs ut ipse uideris tibi.
1 qvi mihi
nvnc mihi est un atticisme (τῷ ἀττικισμῷ). 2 fortvnatvs comme tu crois l'être
toi-même.
ne tu istas faxo calcibus saepe
insultabis frustra.
pour sûr, toi, cette porte, je
ferai en sorte que tu l'outrages de coups de pied sans
résultat.
1 ne tv istas
faxo ne ualde. 2 ne tv istas faxo
calcibvs saepe insvltabis frvstra noua locutio calcibus insultabis
fores. Sallustius «
multos tamen ab adulescentia bonos
insultauit
146 ». 3 ne tv istas faxo calcibvs mira loquentia, in
qua utraque ὑπερβολή expressissima est; nam neque
uno
digitulo minus aliquid dici potest neque calcibus saepe
insultabis aut amplius aut ingentius.
1 ne tv istas
faxo ne vaut pour ualde
(beaucoup). 2 ne tv istas faxo calcibvs saepe insvltabis
frvstra expression nouvelle tu outrageras les portes de
coups de pied. Salluste « multos tamen ab adulescentia bonos
insultauit » (dès sa jeunesse il outragea bien des gens
honnêtes). 3 ne tv istas faxo calcibvs admirable
formulation, dans laquelle les deux hyperboles (ὑπερβολή) sont d'une très grande
expressivité; ; de fait, on ne peut minorer davantage qu'en disant
du bout de ton petit doigt (uno digitulo), ni amplifier et majorer
davantage qu'en disant tu l'outrageras de coups de pied
(calcibus saepe
insultabis).
Gn.-etiamnunc tu hic stas, Parmeno?
eho numnam hic relictus es custos,
Gn.-Tu es encore là à stationner,
Parménon ? Holà, on ne t'aurait pas laissé là en sentinelle,
1 nvmnam
nam
abundat, ut quidnam. 2 relictvs
cvstos bene relictus, quasi ab expulso.
1 nvmnam
hic nam est pléonastique comme dans
quidnam
(quoi donc). 2 relictvs cvstos relictus (laissé) est bien dit, comme
par quelqu'un qu'on a flanqué dehors.
nequis forte internuntius clam a
milite ad istam curset?
pour empêcher peut-être un messager
du soldat de courir en cachette chez elle ?
1 ne qvis forte
internvntivs proprie internuntius. 2 ne qvis forte
internvntivs clam a milite etc. et hoc facete, quasi ipse
sibi totam Thaidem uindicauerit. quod miles facit.
1 ne qvis forte
internvntivs internuntius est au sens
propre. 2 ne qvis forte internvntivs clam a milite
etc : et c'est dit de manière comique comme s'il avait réclamé
pour lui-même la totalité de la possession de Thaïs, ce que fait
le soldat.
Pa.-facete dictum: mira uero militi
quae placeant355!
Pa.-Très drôle ! ils sont vraiment
bizarres, les goûts du soldat !
1 facete
dictvm εἰρωνικῶς, quia infacete. 2 mira vero militi
qvae placeant mira pro mirum. Vergilius «
nota tibi
147 ». et est ironia: quid mirum est, inquit, facete loqui
eum, qui militi placeat? 3 Potest
tamen et pluraliter intellegi.
1 facete
dictvm ironiquement (εἰρωνικῶς), car cela n'a rien de
comique. 2 mira vero militi qvae placeant mira est mis pour
mirum.
Virgile : « nota tibi » (cela t'est connu). Et c'est de l'ironie :
qu'y a-t-il d'étonnant, dit-il, à ce que celui qui plaît au soldat
parle de manière comique ? 3 On peut
cependant comprendre aussi un pluriel.
sed uideo erilem filium minorem huc
aduenire.
Mais j'aperçois le fils cadet du
maître qui vient par ici.
sed video erilem filivm non potest Terentius
τρόφιμον dicere
et ideo erilem
filium dicit.
sed video erilem filivm Térence ne peut pas
dire
τρόφιμον
c'est pourquoi il dit erilem filium (le fils du patron195).
miror quid ex Piraeo abierit; nam
ibi custos publice est nunc.
Je me demande pourquoi il a quitté
le Pirée car il y est à présent comme garde public.
1 miror qvid ex
piraeo abierit hic causa ostenditur, cur possit ignotus
esse uicinis et pro eunucho fingi. 2 miror
pro nescio. 3 miror qvid ex
piraeo abierit ut ex Piraeo discederet, symbola amicorum,
ut huc perueniret omisso negotio, conspectus uirginis
fecit. 4 nam ibi cvstos pvblice aduersus praedonum
incursus illic excubabat iuuentus Attica. 5 Piraeeum, ut Sunium, est Atticae maritimae
accessus litoris clementior. 6 pvblice est
nvnc < nunc > ambigua distinctione positum
est.
1 miror qvid ex
piraeo abierit ici on voit la raison pour laquelle il peut
ne pas être connu des voisins et se faire passer pour
l'eunuque. 2 miror pour nescio (j'ignore). 3 miror qvid ex
piraeo abierit ce qui a fait qu'il a quitté le Pirée,
c'est l'accord entre les amis, ce qui a fait qu'il est venu ici en
oubliant qu'il est de service, c'est d'avoir vu la jeune
fille. 4 nam ibi cvstos pvblice pour lutter contre
les incursions des pirates c'est là que la jeunesse de l'Attique
montait la garde. 5 Le Pirée, comme
Sounion, sont des accès assez faciles aux côtes de l'Attique par
la mer. 6 pvblice est nvnc la place de la ponctuation
avant ou après nunc n'est pas clairement196.
non temere est; et properans uenit:
nescioquid circumspectat.
Ce n'est pas pour rien, et il
marche bien vite. Je ne sais pas ce qu'il à regarder autour de
lui ?
1 et properans
venit mire locuturum ante formauit, ut gestus uerba
praecedant, uerba habitum consequantur. 2 non temere
est hinc illa Vergilius «
haut temere est uisum.
c.
conclamat
ab agmine
V.
Volcens
148 ».
1 et properans
venit comme il va s'exprimer de manière étrange le poète a
fait une préparation en sorte que la mimique précèdera les paroles
et que les paroles seront la conséquence de son allure. 2 non temere
est c'est de là que viennent ces mots de Virgile « haut
temere est uisum. conclamat ab agmine Volcens » (Ce ne fut pas
sans conséquence. De la colonne, Volcens s'écrie).
scaena tertia
Parmeno Chaerea
292 | 293 | 294 | 295 | 296 | 297 | 298 | 299 | 300 | 301 | 302 | 303 | 304 | 305 | 306 | 307 | 308 | 309 | 310 | 311 | 312 | 313 | 314 | 315 | 316 | 317 | 318 | 319 | 320 | 321 | 322 | 323 | 324 | 325 | 326 | 327 | 328 | 329 | 330 | 331 | 332 | 333 | 334 | 335 | 336 | 337 | 338 | 339 | 340 | 341 | 342 | 343 | 344 | 345 | 346 | 347 | 348 | 349 | 350 | 351 | 352 | 353 | 354 | 355 | 356 | 357 | 358 | 359 | 360 | 361 | 362 | 363 | 364 | 365 | 366 | 367 | 368 | 369 | 370 | 371 | 372 | 373 | 374 | 375 | 376 | 377 | 378 | 379 | 380 | 381 | 382 | 383 | 384 | 385 | 386 | 387 | 388 | 389 | 390
Ch.-Occidi!
Ch.-Je suis mort !
1 occidi neqve
virgo est vsqvam in hac scaena nouus amor adhuc ephebi et
consilium dehonestande uirginis ostenditur tanta uirtute poetae
comici, ut hoc commentum non quaesitum esse sed occurrisse sua
sponte uideatur. 2 occidi neqve virgo est vsqvam
quid dicere debebat aliud properans et circumspiciens, nisi quod
dixit occidi? 3 occidi
produc mediam syllabam huius uerbi et contrarium significat.
1 occidi neqve
virgo est vsqvam dans cette scène, on montre le nouvel
amour d'un garçon qui n'est encore qu'un éphèbe et la décision de
déshonorer la jeune fille avec une telle valeur chez le poète
comique que le commentaire ne paraît pas naître d'une recherche,
mais surgir spontanément. 2 occidi neqve virgo est vsqvam
que devait-il dire en se hâtant ainsi et en jetant des coups
d'oeil alentour d'autre que ce qu'il dit occidi (je suis
mort) ? 3 occidi allongez la syllabe médiane de ce mot
et cela voudra dire le contraire197.
neque uirgo est usquam neque ego,
qui illam e conspectu amisi meo.
La jeune fille est nulle part, et
moi non plus, puisque je l'ai perdue de vue.
neqve ego qvi illam e conspectv amisi meo
amatorie, dum illam non inuenit et se perdidit.
neqve ego qvi illam e conspectv amisi meo à
la façon d'un amant : il ne l'a pas trouvée et s'est perdu.
ubi quaeram, ubi inuestigem, quem
perconter, quam insistam uiam
Où la chercher ? où retrouver sa
trace ? qui interroger ? quel chemin prendre ?
1 vbi
qvaeram hoc circumspectantis est. 2 vbi
investigem plus intulit. 3 qvem
perconter hoc iterum plus intulit, nam ubi nec uestigium
reperietur, superest interrogatio. 4 qvam insistam
viam si nec quem interroget apparet. 5 qvam insistam
viam legitur et qua uia.
1 vbi
qvaeram réplique d'un personnage qui jette des coups
d'oeil alentour. 2 vbi investigem c'est dire
plus. 3 qvem perconter c'est dire encore plus car
quand on ne trouve pas de traces, on peut encore poser des
questions. 4 qvam insistam viam si personne qu'il puisse
interroger ne se montre. 5 qvam insistam viam on lit aussi
qua
uia.
incertus sum. una haec spes est:
ubi ubi est, diu celari non potest.
Je n'en sais rien. Un seul espoir
me reste : où qu'elle soit, on ne peut pas la cacher
longtemps.
vbi vbi est div celari non potest ob nimiam
scilicet formae gratiam.
vbi vbi est div celari non potest sans nul
doute à cause de l'extrême grâce de sa silhouette.
o faciem pulchram! deleo omnes
dehinc ex animo mulieres:
Quelle ravissant visage ! J'efface
dès lors de mon cœur toutes les femmes.
1 o faciem
pvlchram faciem modo non partem corporis dicit
sed totam speciem, quae apparet et cernitur. Vergilius «
quibus aspera quondam uisa maris
facies
149 ». 2 deleo omnes dehinc ex animo mvlieres
πρὸς τὸ πιθανόν
argumentatus est, ut ostenderet hunc grandem iam ephebum etiam
amoris expertem non fuisse. sic et alibi «
cum me ipsum <noris> quam elegans
formarum spectator siem? in hac commotus sum
150 ».
1 o faciem
pvlchram par le mot facies (figure) il ne veut pas dire la
partie du corps, mais la totalité de son aspect qui se montre et
qui se fait voir. Virgile « quibus aspera quondam uisa maris
facies » (ceux qui naguère avaient jugé redoutable l'aspect de la
mer). 2 deleo omnes dehinc ex animo mvlieres il
argumente selon le vraisemblable (πρὸς τὸ πιθανόν) pour montrer que cet
éphèbe déjà assez avancé en âge n'était pas non plus tout à fait
ignorant de l'amour. De même ailleurs « cum me ipsum noris quam
elegans formarum spectator siem ? in hac commotus sum ».
taedet cotidianarum harum formarum.
Pa.-ecce autem alter356!
J'en ai marre de ces beautés
banales. Pa.- Voilà l'autre !
1 taedet
cotidianarvm harvm formarvm hoc est leuium et usitatarum.
et est huic contrarium «
noua figura oris. — papae!
151 ». 2 ecce avtem alter sic dicimus, cum propter
alterum de altero uenit in mentem.
1 taedet
cotidianarvm harvm formarvm c'est-à-dire sans importance
et habituelles. Le contraire en est « noua figura oris. —
papae ! ». 2 ecce avtem alter nous nous exprimons ainsi
quand penser à une personne en fait venir une autre à
l'esprit.
nescioquid de amore loquitur; o
infortunatum senem!
il parle d'amour, va savoir quoi ;
pauvre vieux !
1 nescio qvid de
amore loqvitvr ut iamdudum Phaedria loquebatur. 2 o
infortvnatvm senem hoc dicto praestruxit ad exitum fabulae
[ad καταστροφήν
]; nam perturbatus ad Thaidem ingreditur hic senex per fallaciam
Pythiae et indicium Parmenonis, atque ita firmabuntur nuptiae
uirginis, quam ducet Chaerea.
1 nescio qvid de
amore loqvitvr comme Phédria en discourait depuis un
moment déjà. 2 o infortvnatvm senem en disant cela il
construit par avance ce qui sera le dénouement de la pièce [la
catastrophe (καταστροφή)] ; de fait c'est tout troublé
que ce vieillard va vers Thaïs à cause de la fourberie de Pythias
et de l'indice fourni par Parménon, et c'est ainsi que se scellera
le mariage de la jeune fille qu'épousera Chéréa.
hic uero est qui si occeperit,
Celui-ci est du genre à, s'il
entreprend quelque chose,
1 hic vero
est utrum senex an Chaerea? sed senex potius. 2 hic vero
est senex. 3 qvi
s.
si
occep.
occeperit
Chaerea.
1 hic vero
est on peut hésiter entre le vieillard et Chéréa, mais
c'est plutôt le vieillard. 2 hic vero est le
vieillard. 3 qvi si occeperit Chérea.
ludum iocumque dices fuisse illum
alterum357,
te faire dire que c'était pour
jouer et pour rire, l'autre, le deuxième,
praeut huius rabies quae dabit.
à côté de ce que la rage de
celui-ci va provoquer.
1 illvm altervm
praevt hvivs rabies prae ex comparatione significat. ergo
praeut
proprie; et est integra locutio. 2 Et ordo: praeut illa sunt, <quae> huius rabies
dabit. 3 Et bene
dabit quasi
de re uiolenta, ut «
dabit ille ruinam
a.
arboribus
152 » 4 praevt hvivs rabies hic ex parte χαρακτηρισμός quidam est
personae Chaereae, quem moribus conicit seruus ardentiorem amore
fieri posse, simul coeperit. 5 praevt hvivs
rabies qvae dabit et hic ostenditur iampridem motus in res
uenerias Chaerea, et magna poetae cura est, ne incredibile
uideatur adulescentulum, qui pro eunucho deduci potuerit, tam
expedite uirginem uitiasse. quocirca artifex summus quod aetati
non potest, naturae attribuit Chaereae, ut calidior ingenio et
ante annos amator non libidinem in sese sed quandam rabiem
designauerit in uenerios appetitus.
1 illvm altervm
praevt hvivs rabies prae signifie le degré de comparaison.
Donc praeut
est au sens propre ; et cela ne constitue qu'un seul
mot. 2 Et l'ordre est : praeut illa sunt, quae huius
rabies dabit. 3 Et c'est
bien dit que de dire dabit comme si l'on parlait d'une chose
violente, comme « dabit ille ruinam arboribus » (l'ouragan ruinera
les arbres). 4 praevt hvivs rabies ici il y a pour une part
caractérisation (χαρακτηρισμός) du personnage de Chéréa,
que l'esclave suppose, en raison de ses mœurs, passablement
susceptible d'échauffement par l'amour, dès qu'il commence à
aimer. 5 praevt hvivs rabies qvae dabit et ici,
Chéréa est montré comme déjà porté depuis longtemps sur les choses
de Vénus et le poète a grand soin d'éviter qu'il paraisse
incroyable qu'un petit jeune homme qui a pu être amené à la place
de l'eunuque ait si tôt fait de déshonorer la jeune fille. C'est
pourquoi, avec une adresse consommée, il a attribué à la nature de
Chéréa ce qu'il ne pouvait attribuer à son âgeâge, en sorte que,
passablement chaud de nature, et amoureux avant l'âge, ce ne soit
pas seulement du désir qu'il montre en lui-même, mais une sorte de
rage pour les appétits de Vénus.
Ch.-ut illum di deaeque omnes358 senium perdant qui me hodie remoratus est;
Ch.-Que tous les dieux et déesses
confondent cette antiquité qui m'a retenu aujourd'hui,
1 vt illvm
ut pro
utinam. 2 di deaeqve omnes
senivm perdant plus dixit senium quam senem. nec mireris post senium qui additum, non
quod, ideo
quia declinationem ad intellectum rettulit, ut alibi «
in Eunuchum suam
153 ». 3 Et senex ad aetatem
refertur, senium ad conuitium. sic Lucilius †ast,
«
ait, quid iam te, senium atque insulse
sophista?
154 » 4 remoratvs est a remora pisciculo, qui ἐχεναΐς uocatur,
remoratio
et remoratus dicitur.
1 vt illvm
ut est mis
pour utinam
(si seulement). 2 di deaeqve omnes senivm perdant
senium est
plus fort que senex. On ne s'étonnera pas de voir,
après senium, qui, et non quod, pour la raison qu'il décline et
accorde selon le sens, comme ailleurs « in Eunuchum
suam ». 3 Et le mot senex porte sur l'âge,
le mot senium porte une injure. Ainsi Lucilius
« † ast, ait, quid iam te, senium atque insulse sophista ? »
(mais, dit-il, qu'es-tu toi, vieux croûton, sophiste sans
esprit ?). 4 remoratvs est du nom du petit poisson dit
remora, qui
en grec s'appelle
ἐχεναΐς
, on a fait remoratio et remoratus.
meque adeo qui ei restiterim; tum
autem qui illum flocci fecerim.
et moi aussi qui lui ai fait face !
Alors que je me fous de lui comme d'une guigne.
1 tvm avtem qvi
illvm tum
autem pro et; duas uult enim causas esse, cur se
ipsum di perdant: unam quod restiterit, alteram quod senem
perueritus diu remanserit a persequenda uirgine. 2 Et nota < floccifacere, ut> «
floccipendere
155 », et contemnere et non contemnere significare, ut
nunc. 3 qvi illvm floccifecerim deest uel, ut sit:
uel
floccifecerim.
1 tvm avtem qvi
illvm tum
autem est mis pour et ; en effet il veut qu'il y ait deux
raisons pour lesquelles les dieux le perdent ; un : il s'est
arrêté ; deux : par crainte du vieillard, il s'est attardé
longtemps sans suivre la jeune fille. 2 Et notez que floccifacere, comme floccipendere,
signifie à la fois mépriser et ne pas mépriser comme à
présent. 3 qvi illvm floccifecerim il manque uel, pour donner :
uel
floccifecerim.
sed eccum Parmenonem. salue.
Pa.-quid tu es tristis quidue es alacris359?
Mais voici Parménon. Salut.
Pa.-Pourquoi es-tu sinistre ? Pourquoi es-tu agité ?
1 qvid tv
tristis prouerbiale est in hominem perturbatum et incerti
uultus. 2 qvidve es alacris aut uelox
aut laetus es; nam alacris, l littera pro d posita, non tristis
id est ἄδακρυς
intellegitur. 3 qvid tv es alacris 25 et alacer et alacris dicitur,<ut> habes apud
Vergilium «
ergo alacris cunctosque
p.
putans
e.
excedere
p.
palma
156 ». 4 qvid tv es alacris alacritas est mutatio
quaedam uultus gestientis in spem aliquam.
1 qvid tv
tristis expression proverbiale pour parler d'un homme
troublé et au visage défait. 2 qvidve es
alacris ou tu es rapide ou tu es heureux ; de fait le mot
alacris, en
changeant l
pour d se
comprend comme ἄδακρυς c'est-à-dire qui n'est pas triste
198. 3 qvid tv es
alacris on dit à la fois au nominatif alacer et alacris,comme on l'a
chez Virgile « ergo alacris cunctosque putans excedere palma »
(heureux à l'idée que tous ont renoncé à la palme). 4 qvid tv es
alacris le mot alacritas désigne quelque changement
d'expression du visage qui s'agite dans quelque espoir.
unde is? Ch.-egone? nescio
hercle,
D'où viens-tu ?Ch.-Moi ? Ma foi, je
ne sais pas,
1 vnde is
modo
ad quid
uenis significat. 2 Sed eo de loco ad locum ueteres dicebant, quod
subiectis mox probabitur. 3 qvorsvm eam bene, quia proxime
dixerat «
ubi quaeram, ubi inuestigem, quem
perconter, quam insistam uiam, incertus sum
157 ». 4 qvorsvm eam hinc, ut diximus, manifestum est
ire et
aduentum significare.
1 vnde is
signifie seulement dans quel but tu viens. 2 Mais les anciens disaient eo de loco ad locum
(je vais d'un lieu à un lieu), comme le montrera ce qui
suit. 3 qvorsvm eam bien dit, parce qu'il venait de
dire « ubi quaeram, ubi inuestigem, quem perconter, quam insistam
uiam, incertus sum ». 4 qvorsvm eam c'est de là qu'on
voit à l'évidence, comme nous venons de le dire, que le verbe
ire marque
l'action d'arriver.
neque unde eam neque quorsum eam:
ita prorsus sum oblitus mei.
ni d'où je viens, ni où je vais
tant je ne sais plus qui je suis !
1 ita prorsvs svm
oblitvs mei huic contrarium «
dum memor ipse mei
158 ». 2 Ergo oblitus mei
insanus. 3 ita prorsvs svm oblitvs mei prorsum idest
recte
uel omnino. 4 Nam prorsum est porro uersum, id est ante uersum; hinc
et prosa
oratio, quam non inflexit cantilena.
1 ita prorsvs svm
oblitvs mei au contraire « dum memor ipse mei » (tant que
je me souviendrai de moi). 2 Donc
oblitus mei
veut dire fou. 3 ita prorsvs svm oblitvs mei prorsum veut dire
recte ou plutôt omnino. 4 De fait prorsum c'est porro uersum,
c'est-à-dire tourné vers l'avant ; de là vient le mot prose, pour un texte
que le chant n'a pas infléchi.
Pa.-qui quaeso? Ch.-amo. Pa.-hem.
Ch.-nunc, Parmeno, ostenderis360
qui uir sies.
Pa.-Pourquoi, s'il te plaît ?
Ch.-Je suis amoureux. Pa.-Aïe ! Ch.-C'est maintenant, Parménon,que
tu vas pouvoir montrer quel homme tu es.
1 hem si
cum aspiratione26,
Parmeno, si leniter, Chaerea. 2 ostenderis qvi
vir sies non qui sies, sed quod est ἐμφατικώτερον, qui uir
sies. 3 An debeat
praestare, qui uirum se sic monstraturus est. 4 Et uir modo non ad sexum uel aetatem
dicitur sed ad laudem. 5 qvi vir sies qui uir sies in
ueteribus inuenitur.
1 hem si
l'on y met une aspiration c'est Parménon qui parle, si l'on n'en
met pas, c'est Chéréa. 2 ostenderis qvi vir sies non pas
qui sies
(qui tu es), mais, avec plus d'emphase (ἐμφατικώτερον) : qui uir sies (quel
homme tu es). 3 ou alors il devrait
l'emporter celui qui va montrer ainsi l'homme qu'il est. 4 Et le mot uir ne se rapporte pas seulement au sexe
ou à l'âge, mais c'est laudatif. 5 qvi vir
sies on trouve qui vir sies chez les auteurs
anciens.
scis te mihi saepe pollicitum esse:
« Chaerea, aliquid inueni
Tu sais ce que tu m'as souvent
promis : « Chéréa, trouve seulement un objet
1 saepe pollicitvm
esse pollicitum, quod promittentem ultro
significat, dixit. 2 Et saepe pollicitvm esse an
necesse sit praestare eum, qui promiserit. 3 chaerea aliqvid
inveni induxit μίμησιν. 4 Dramatice more suo, non contentus dicere quod
pollicitus sit tantum, sed quomodo etiam et quibus uerbis.
1 saepe pollicitvm
esse il dit pollicitum, parce que cela veut dire
promettant spontanément. 2 Et saepe pollicitvm esse ou
serait-il inévitable que l'emporte celui qui a promis. 3 chaerea
aliqvid inveni il fait un pastiche199 (μίμησις). 4 De façon théâtrale et à sa manière il ne se
contente pas de dire ce qu'il a promis, mais il ajoute comment et
en quels termes.
modo quod ames; utilitatem in ea
re361 ego faciam ut cognoscas meam »,
que tu aimes ; à quoi je sers, à
cette occasion je te le ferai voir »,
1 modo qvod
ames < modo > tantummodo, quasi haec mora sit
promissis complendis. 2 vtilitatem in ea re ego faciam vt
cognoscas an possit, qui posse affirmauit. 3 Plus est probasse quod promiserit, quam ostendere
quod possit.
1 modo qvod
ames modo vaut pour tantummodo, comme si
ce retard avait pour but d'accomplir les promesses. 2 vtilitatem
in ea re ego faciam ou il le pourrait lui qui a affirmé
qu'il le pouvait. 3 C'est faire plus
que de prouver que l'on peut faire ce que l'on a promis que de
montrer ce que l'on peut200.
cum in cellulam ad te patris penum
omnem congerebam clanculum.
quand dans ta cellule j'entassais
toutes les provisions de mon père en cachette.
1 cvm in cellvlam
ad te an is debeat, qui et acceperit beneficium. 2 patris
penvm omnem ipsum penum, non ex eo aliquid: ὑπερβολικῶς. 3 Et hoc penus et hic penus et
haec penus
ueteres dixerunt. 4 Ergo et
omne et
omnem
legitur. 5 congerebam clancvlvm ἠθικῶς et ἱλαρῶς nimis.
1 cvm in cellvlam
ad te ou le devrait-il parce qu'il a aussi reçu un
bienfait ? 2 patris penvm omnem la subsistance même, non
quelque chose qui en serait une partie : c'est dit de façon
hyperbolique (ὑπερβολικῶς). 3 Les anciens faisaient de penus un mot neutre,
masculin et féminin201. 4 donc on lit à la fois omne et omnem. 5 congerebam
clancvlvm c'est à la fois conforme au caractère du
personnage (ἠθικῶς) et dit de façon plaisante
(ἱλαρῶς).
Pa.-age, inepte. Ch.-hoc hercle
factum est; fac sis nunc promissa adpareant,
Pa.-Allons ! idiot. Ch.-Ma foi,
c'est fait. Fais voir maintenant, s'il te plaît, tes
promesses,
1 age
inepte qui dubites de promissis an qui exprobres te multa
esse largitum? 2 hoc hercle factvm est inueni quod
amem. 3 Hoc quod dicebas, inquit,
morae esse, iam factum est: amo. 4 promissa
appareant utilitatem ut cognoscam tuam.
1 age
inepte toi qui doutes des promesses ou qui me fais le
reproche de m'avoir beaucoup donné ? 2 hoc hercle
factvm est j'ai trouvé ce que je puis aimer. 3 Ce que tu disais, dit-il, c'était des
manœuvres dilatoires, maintenant c'est fait : j' aime. 4 promissa
appareant afin que je sache à quoi tu es utile.
siue362 adeo
digna res est ubi tu neruos intendas tuos.
si du moins l'affaire mérite que tu
y bandes tous tes ressorts.
1 sive adeo digna
res est si persona Parmenonis est, sive
abundat. 2 Et pro
expletiua coniunctione est modo; in quibusdam omnino non
legitur. 3 adeo aut abundat aut nimis significat uel
satis
. 4 sive adeo digna res est si
Chaerea dicit, hic ordo et sensus est: fac si uis nunc, si adeo
digna res est, ubi tu neruos intendas tuos, ut promissa appareant,
ut <sit> sis si uis <et> ut addatur <ad>
id quod est fac promissa appareant. 5 vbi tv nervos
intendas tvos utrum obscene hoc, ut seruus, an μεταφορικῶς: ubi laborare
ac periclitari debeas? 6 Sed melius
legunt, qui hoc totum ad personam applicant Chaereae. 7 Et melius, quam qui Parmenonem hoc putant
loqui siue adeo digna
res est.
1 sive adeo digna
res est si le personnage qui parle est Parménon siue fait
pléonasme. 2 Et siue n'est là que
comme conjonction explétive ; dans certains manuscrits, on ne lit
pas le mot du tout. 3 adeo soit fait pléonasme soit
veut dire trop ou plutôt assez. 4 sive adeo digna
res est si c'est Chéréa qui parle l'ordre et le sens
sont : fac si uis nunc,
si adeo digna res est, ubi tu neruos intendas tuos, ut promissa
appareant (fais-le maintenant s'il te plaît, si la
chose pour laquelle tu te mets sur les nerfs mérite à ce point que
l'on voie l'effet de ce que tu as promis), en sorte que sis équivale à
si uis et
qu'on ajoute à ce qu'on a fac promissa appareant. 5 vbi tv nervos
intendas soit au sens obscène,202 comme il convient à un esclave, soit
métaphoriquement (μεταφορικῶς) : où devrais-tu travailler et
prendre des risques ? 6 Mais la
lecture de ceux qui donnent toute cette réplique au personnage de
Chéréa est meilleure. 7 Et c'est
mieux que ceux qui pensent que c'est Parménon qui dit siue adeo digna res
est.
haud similis uirgo est uirginum
nostrarum quas matres student
La fille n'est pas comme les filles
de chez nous, dont les mères s'appliquent
1 havt similis
virgo est virginvm nostrarvm ciuium et ἐγχωριarum, ut Vergilius
«
non eadem arboribus pendet uindemia
nostris
159 ». 2 nostrarvm nostrarum ciuium scilicet, id est terrae
ac patriae nostrae, ut Vergilius «
non eadem arboribus
p.
pendet
u.
uindemia
n.
nostris
160 » et Sallustius «
nostri foeda fuga
161 ». 3 qvas matres stvdent hoc uerbo ostendit
cultum industriae, non pulchritudinem naturalem.
1 havt similis
virgo est virginvm nostrarvm les citoyennes et les filles
du pays (ἐγχωρι
arum), comme Virgile « non eadem arboribus pendet uindemia
nostris » (La vendange qui pend à nos arbres n'est pas la
même). 2 nostrarvm nos concitoyennes évidemment,
c'est-à-dire les filles de notre terre et de notre patrie, comme
Virgile « non eadem arboribus pendet uindemia nostris » (la
vendange qui pend à nos arbres n'est pas la même) et Salluste
« nostri foeda fuga » (la fuite honteuse des nôtres). 3 qvas
matres stvdent par ce mot, il montre que le charme est le
produit de l'artifice non une beauté naturelle.
demissis humeris esse, uincto
pectore ut gracilae sient.
à faire tomber les épaules à
sangler la poitrine pour qu'elles soient filiformes.
1 demissis hvmeris
esse antiqui enim Graeci etiam uirginibus suis praebebant
palaestram ad componenda corpora. 2 demissis hvmeris
esse scilicet liquide et molliter deductis neque
exstantibus athletico modo. 3 vincto pectore castigato ac
tenui et uelut uincto. deest ergo
uelut
. 4 gracilae sient a singulari
gracila
uenit haec declinatio. 5 demissis hvmeris esse vincto
pectore non accipiendum est quasi hoc dicat ad hoc illas
student matres demissis humeris esse et uincto pectore, ut
gracilae sient, quasi haec duo propter unum illud fiant, sed uarie
tria dixit, ne diceret aut student illas demissis humeris et
uincto <pectore et gracilas esse aut student, ut illae demissis
humeris sient et uinciant> pectus et gracilae sient.
1 demissis hvmeris
esse en effet les anciens Grecs ouvraient la palestre même
aux filles afin qu'elles y fortifient leur corps. 2 demissis hvmeris
esse comprendre qui dégoulinent mollement et non qui se
tiennent bien droites à la façon des athlètes. 3 vincto
pectore contraint et sans rondeur et comme sanglé. Il
manque donc
uelut
. 4 gracilae sient cette
déclinaison vient d'une forme de singulier gracila. 5 demissis
hvmeris esse vincto pectore il ne faut pas comprendre
comme s'il disait : les mères font tout pour qu'elle aient les
épaules avachies la poitrine sanglée, pour qu'elles soient
filiformes, comme si les deux premières actions avaient pour but
la troisième, mais il dit trois choses de manière variée pour
éviter d'unifier les deux constructions : soit student illas demissis humeris et
uincto pectore et gracilas esse soit student, ut illae demissis humeris
sient et uinciant pectus et gracilae sient.
si qua est habitior paullo pugilem
esse aiunt, deducunt cibum:
Si une a un peu d'allure, elles
disent que c'est une catcheuse, elles lui coupent les vivres.
1 si qva est
habitior inde et habitudo dicitur, ut «
quae habitudo est corporis!
162 » 2 Nam habilior aptior intellegitur,
ut «
namque humeris de more habilem
suspenderat arcum
163 » Vergilius. ergo
habitior
legendum est. 3 pvgilem esse
aivnt laus in uirginem. 4 dedvcvnt
cibvm mire uituperauit eam formam, quam accurauerit
fames. 5 Et proprie
deducunt.
1 si qva est
habitior de là vient le mot habitudo, comme « quae habitudo est
corporis ! ». 2 De fait habilior se comprend
comme aptior (plus adapté), comme « namque
humeris de more habilem suspenderat arcum » (Car, à la manière
d'une chasseresse, elle portait un arc souple suspendu à son
épaule) Virgile. Donc c'est habitior qu'il faut lire203. 3 pvgilem esse aivnt éloge de la
jeune fille. 4 dedvcvnt cibvm étonnant : il s'en prend à la
beauté que l'on obtient à force de régime. 5 Et deducunt (filer) est pris au sens
propre204.
tametsi bona est natura, reddunt
curatura iunceas:
Même si elles ont une bonne nature,
le régime les transforme en brindilles.
1 tametsi bona est
natvra id est plena, magna et pinguis. 2 reddvnt
exhibent, perficiunt. 3 cvratvra cura mentis est,
curatio
medicinae, curatura diligentiae. 4 ivnceas
tenues et pallidas.
1 tametsi bona est
natvra veut dire pleine, grande et épanouie. 2 reddvnt montrent, réalisent. 3 cvratvra
le mot cura
s'applique à l'esprit, le mot curatio à la médecine, le mot curatura au soin que
l'on prend. 4 ivnceas menues et pâles.
itaque ergo amantur. Pa.-quid tua
istaec? Ch.-noua figura oris. Pa.-papae.
Et c'est donc comme ça qu'on les
aime. Pa.-Et la tienne ? Ch.-Un visage, du jamais vu !
Pa.-Peste !
1 itaqve ergo
amantvr itaque inquit nemo illas amat: εἰρωνεία. 2 Vere amantur, ut eo magis haec amanda sit, quae
naturae beneficio, non industria aut factis comptibus, pulchra
est. 3 itaqve ergo amantvr atque ita, ut sit:
atque ita fit, ut amentur non naturae merito sed
industria. 4 qvid tva istaec recte, sic enim ipse dicet
«
at nihil ad nostram hanc
164 ». 5 nova figvra oris laudis genus est noua, quia dixerat
«
taedet cotidianarum harum
formarum
165 ». 6 qvid tva istaec deest qualis est?
dic. 7 papae interiectio mira subito
accipientis.
1 itaqve ergo
amantvr c'est pourquoi, personne, dit-il, ne les aime :
ironie (εἰρωνεία). 2 Elles sont vraiment aimées en sorte qu'il faut
aimer la jeune fille en question d'autant plus qu'elle est belle
par le bienfait de la nature et non par l'artifice ou quelque
parure qu'on lui a faite. 3 itaqve ergo amantvr et il dit
ita pour
donner le sens : et ainsi il arrive qu'on les aime non pour leur
mérite naturel mais pour l'artifice. 4 qvid tva
istaec juste ; il dira en effet « at nihil ad nostram
hanc ». 5 nova figvra oris c'est un nouveau genre
d'éloge parce qu'il avait dit « taedet cotidianarum harum
formarum ». 6 qvid tva istaec il manque qualis est ? dic
(comment est-elle ? dis). 7 papae interjection de quelqu'un
qui voit soudain un spectacle étonnant.
Ch.-color uerus, corpus solidum, et
suci plenum. Pa.-anni? Ch.-anni? sexdecim.
Ch.-Un teint naturel, un corps
solide plein de suc. Pa.-Son âge ? Ch.-Son âge ? Seize.
1 color
vervs quia non de cura est ac de fuco, sed naturalis
neque
fucatus. 2 corpvs solidvm quia iunceum non
est. 3 svci plenvm quia nemo deduxit cibum; nam
sucus est
humor in corpore, quo abundant bene ualentes «
et sucus pecori et lac subducitur
agnis
166 ». 4 Sucus est proprie
quasi sugus, quem sibi ex alimentis membra
sugunt, ut
se repleant. 5 corpvs solidvm plenum et forte, id est non
flaccidum. 6 svci plenvm sucus est interior pinguedo
membrorum. 7 anni sexdecim uide quemadmodum aetatem
maturae uirginis poeta ex occasione demonstrauerit.
1 color
vervs parce qu'elle ne résulte pas du soin et du fard,
mais est naturelle et sans fard. 2 corpvs
solidvm car il n'est pas filiforme. 3 svci
plenvm car personne ne l'a empêchée de manger ; de fait on
appelle sucus l'humeur corporelle qui se trouve
en abondance chez les gens en bonne santé. et « sucus pecori et
lac subducitur agnis » (il épuise les bêtes, dérobe le lait aux
agneaux). 4 Sucus est au sens
propre comme serait sugus, ce que le corps suce (sugo) des aliments
pour se rassasier. 5 corpvs solidvm plein et
vigoureux, c'est-à-dire qui n'est pas tout flasque. 6 svci
plenvm sucus désigne ce qui nourrit le corps à
l'intérieur. 7 anni sexdecim voyez comment le poète a tiré
parti de l'occasion pour indiquer que la jeune fille a l'âge qui
convient205.
Pa.-flos ipse. Ch.-hanc tu mihi uel
ui uel clam uel precario
Pa.-Le bel âge. Ch.-Cette fille,
toi, soit par force, soit par ruse, soit par prière,
1 hanc tv mihi vel
vi vel clam vel precario haec tria sunt, quibus non rite
res agitur. 2 vel vi vel clam vel precario pretii mentio
non est, uel quia uirgo, non meretrix, uel quia nulla ephebo spes
est fallendi senis. 3 hanc tv mihi vel vi vel clam vel
precario fac tradas secundum ius locutus est, nam his
tribus mala fide aliquid possidetur. 4 vi… clam …
precario ui quia uirgo, clam quia custoditur,
precario
quia pretium non habet Chaerea.
1 hanc tv mihi vel
vi vel clam vel precario voici trois façons de ne pas
faire la chose comme il faut. 2 vel vi vel clam
vel precario il ne parle pas de payer, soit parce que
c'est une jeune fille et non une courtisane, soit parce que
l'éphèbe n'a aucun espoir de tromper le vieillard. 3 hanc tv mihi vel
vi vel clam vel precario fac tradas il parle selon le
droit ; de fait, par ces trois moyens, il est possesseur de
mauvaise foi de l'objet. 4 vi… clam … precario ui parce que c'est une
jeune fille, clam parce qu'elle est surveillée,
precario
car Chéréa n'a pas la somme qu'il faut.
fac tradas: mea nihil refert dum
potiar modo.
fais-la-moi avoir ; je m'en fiche,
pourvu que je la possède.
mea nihil refert dvm potiar non hoc personae
attribuendum est sed affectui; non enim quia Chaerea est, sed quia
amator, dicit se parui facere quemadmodum potiatur, dum
potiatur.
mea nihil refert dvm potiar modo il ne faut
pas rapporter cela au personnage mais à ce qu'il éprouve ; ce
n'est pas en effet parce qu'il est Chéréa, mais parce qu'il est
amoureux qu'il dit qu'il se moque bien de la manière dont il la
possèdera pourvu qu'il la possède.
Pa.-quid? uirgo cuia est?
Ch.-nescio hercle. Pa.-unde est? Ch.-tantundem. Pa.-ubi
habitat?
Pa.-Quoi ? A qui est-elle, cette
fille ? Ch.-Ma foi, je l'ignore. Pa.-D'où est-elle ? Ch.-Pareil.
Pa.-Où habite-t-elle ?
qvid virgo cvia est utrum serua an
filia?
qvid virgo cvia est c'est l'esclave ou la
fille ?
Ch.-ne id quidem. Pa.-ubi uidisti?
Ch.-in uia. Pa.-qua ratione363 amisti?
Ch.-Ça non plus. Pa.-Où l'as-tu
vue ? Ch.-Dans la rue. Pa.-Comment as-tu fait pour la perdre ?
1 ne id
qvidem pulchra uarietas: nescio tantundem ne id quidem. 2 qva ratione
amisti figura συγκοπή pro amisisti. 3 qva ratione
amisti nisi remansisset Chaerea, sed consecutus uirginem
uidisset quo deducta sit, quam Parmenonem conueniret, non ita
procederet fabula, ut nunc procedit; inruisset enim in cognitionem
meretricis importune Chaerea nec pro eunucho adduceretur
ulterius.
1 ne id
qvidem belle variation : nescio tantundem ne id quidem. 2 qva
ratione amisti figure de syncope (συγκοπή) pour amisisti. 3 qva
ratione amisti si Chéréa ne restait pas là mais
poursuivait la jeune fille pour voir où on l'emmène, plutôt que de
rencontrer Parménon, la pièce n'avancerait pas comme elle le fait
à présent ; car Chéréa se serait fait malencontreusement connaître
de la courtisane et il ne pourrait ensuite être emmené en se
faisant passer pour l'eunuque.
Ch.-id equidem adueniens mecum
stomachabar modo,
Ch.-C'est justement de quoi en
arrivant tout à l'heure je pestais en moi-même.
1 id eqvidem
adveniens deest ob aut propter, ut sit ob id aut propter
id. 2 mecvm stomachabar bene mecum, quia acriorem
dolorem sustinet, qui ipse sibi irasci cogitur. 3 mecvm
ergo pro apud
me uel mihi.
1 id eqvidem
adveniens il manque ob ou propter, pour avoir ob id ou propter id (à cause de
cela). 2 mecvm stomachabar mecum est bien, parce
qu'il endure une douleur trop forte celui qui est contraint à
s'irriter contre lui même. 3 mecvm est donc mis pour
apud me ou
si l'on veut mihi.
Et je ne crois pas qu'il y ait
aucun homme à qui plus qu'à moi les bonnes
hominem esse arbitror deest quam me.
hominem esse arbitror il manque quam me.
felicitates omnes aduersae
sient.
fortunes dans leur ensemble soient
contraires.
1 felicitates
omnes adversae sient felicitas aduersa est, cum ex
prosperitate quod laedat nascitur. 2 cvi magis bonae
felicitates omnes adversae sient bonae magnae. noue
autem dixit magnas felicitates sibi aduersari, eo quod uirginem
tantae pulchritudinis ex oculis amiserit; nam uidisse eam
felicitatis iudicat, sed amisisse aduersae felicitatis. 3 Et quod addidit bonae, uel magnae et nimiae
intelleguntur uel ἐπίθετον proprium et perpetuum felicitatum
est bonae.
— 4 Et magna
ἔμφασις
, quod
felicitates
pluraliter posuit. — ἐπίθετα autem tribus de causis nominibus
adduntur: discretionis, proprietatis, ornatus. discretionis, ut
«
et Phrygiae molimur montibus Idae
167 », proprietatis, ut «
terribili impexum saeta
c.
cum
d.
dentibus
a.
albis
168 », ornatus, ut «
alma Venus
c.
caeli
s.
subter
l.
labentia
s.
signa
169 ».
1 felicitates
omnes adversae sient felicitas aduersa désigne le moment où
d'un état de prospérité naît un état susceptible de causer de la
douleur. 2 cvi magis bonae felicitates omnes adversae
sient bonae vaut pour magnae (grandes). Il
est tout à fait nouveau de dire que de grandes félicités
s'opposent à lui, sous prétexte qu'il a perdu de vue une jeune
fille d'une si grande beauté ; de fait, il considère que le propre
de la félicité, c'est de l'avoir vue, mais l'avoir perdue de vue
l'est d'une félicité devenue contraire. 3 Et dans l'ajout de bonae, on peut soit comprendre grandes
et extrêmes soit aussi bonae est une épithète (ἐπίθετον) propre et
constante pour des félicités. — 4 Et
il y a une grande emphase (ἔμφασις), parce qu'il a mis felicitas au
pluriel. — quant aux épithètes (ἐπίθετα) on les ajoute aux noms pour trois
raisons : la spécification, la propriété et l'ornement. La
spécification comme « et Phrygiae molimur montibus Idae » (au pied
des monts de l'Ida de Phrygie, nous entreprenons de construire),
la propriété comme « terribili impexum saeta cum dentibus albis »
(aux poils hirsutes et effrayants, et avec des crocs blancs),
l'ornement, comme « alma Venus, caeli subter labentia signa »
(bienfaisante Vénus, sous les astres errants du ciel,…).
quid hoc est sceleris? perii.
Pa.-quid factum est? Ch.-rogas?
Qu'est-ce que c'est que ce méfait !
Je suis mortt ! Pa.-Qu'est-il arrivé ? Ch.-Cette demande !
qvid hoc est <
s.
sceleris
> hoc propter quod patior, inquit; nunc enim
scelus
dixit a sene commissum.
qvid hoc est sceleris hoc (ce) à cause de
quoi je souffre, dit-il ; à présent en effet il dit que le
vieillard a commis une mauvaise action.
patris cognatum atque aequalem
Archidemidem
Le parent et contemporain de mon
père, Archidémide,
archidemidem hoc sic pronuntiandum est, ut
appareat ex ipso nomine statim odiosum nescio quem occurrisse ac
permolestum.
archidemidem il faut prononcer cela de façon
à faire ressortir dans le nom même qu'il s'est présenté je ne sais
qui d'odieux et d'insupportable.
nostin? Pa.-quidni? Ch.-is, dum
hanc sequor, fit mi obuiam.
tu le connais ? Pa.-Comment non ?
Ch.-Eh ben lui, tandis que je suis la jeune fille, il me barre la
route.
qvidni correptio est a se manifesta
quaerentis. est enim sensus: quid nisi aut cur non nouerim, — est enim
quidni
aut
quid nisi
aut
cur non
, — quia ueteres ni pro ne ponebant et ne pro non, ut Plautus «
ni stulta sis
170 » pro
ne et neuult pro non uult.
qvidni c'est la réprimande que l'on fait à
qui nous demande des évidences. En effet le sens est : comment non
ou pourquoi aurais-je pu ne pas le savoir, — en effet quidni vaut pour quid nisi (comment non) ou cur non (pourquoi pas), — car les
anciens mettaient ni pour ne et ne pour non, comme Plaute « ni stulta sis » (ne
sois pas stupide) pour ne et neuult pour non uult (il ne veut pas).
Pa.-incommode hercle. Ch.-immo enim
uero infeliciter;
Pa.-Dommage, ma foi. Ch.-Tu veux
dire une catastrophe !
immo enim vero infeliciter bene hoc
interponit, quia incredibile est tardiorem amatorem fuisse incessu
uirginis.
immo enim vero infeliciter c'est bien
d'avoir mis cette interruption, car il est incroyable qu'un amant
ait été trop lent à suivre les pas de la jeune fille.
nam incommoda alia sunt dicenda,
Parmeno.
Car des dommages, ça se dit pour
d'autres choses, Parménon.
nam incommoda alia svnt <
d.
dicenda
> quae minora sunt scilicet aut
similia.
nam incommoda alia svnt dicenda évidemment
ce qui est plus petit ou semblable.
illum liquet mihi deierare his
mensibus
Ce type, je peux jurer que depuis
des mois,
1 illvm liqvet
mihi deierare liquidum est, constans et manifestum et
certum. — 2 Et sic
liquet
pro
liquidum est
, ut
claudit
pro
claudum est
, ut apud Sallustium «
nihil socordia claudebat
171 ». — et est liquet uerbum iuris, quo utebantur
iudices, cum amplius pronuntiabant, obscuritate commoti causae
magis quam negotii simplicitate. 3 deierare
ualde iurare, — ut «
demiror
172 » et «
deamo te, Syre
173 », — si de producta legeris, si correpta,
deos iurare
intellegitur.
1 illvm liqvet
mihi deierare c'est limpide, bien établi, évident et
certain. — 2 Et liquet est mis pour liquidum est, comme claudit (ça cloche) pour claudum est (c'est boiteux), comme dans
Salluste « nihil socordia claudebat » (rien ne clochait par
paresse). — et liquet est un verbe emprunté au
vocabulaire du droit qu'utilisaient les juges quand on206 parlait trop
abondamment sous l'effet plus de l'obscurité de la cause que de la
simplicité de l'affaire207. 3 deierare
jurer (iurare) beaucoup, — comme « demiror » et « deamo te, Syre » (je
t'aime à la folie, Syrus), — si de est lu long, s'il est bref, on
comprend attester les dieux208.
sex septem prorsum non uidisse
proximis,
les six ou sept derniers, je ne
l'avais pas vu du tout,
sex septem prorsvs non vidisse proximis quia
non uidisse
dixit, proximis praeteritis intellegimus.
proxima
enim nobis aut praeterita aut futura sunt; nam praesentia ea sunt,
in quibus nunc sumus.
sex septem prorsvs non vidisse proximis
parce qu'il dit non
uidisse (ne pas avoir vu), nous comprenons que
proximis
désigne des faits passés. En effet, les choses toutes proches de
nous sont soit passées soit futures ; car les choses présentes
sont celles dans lesquelles nous sommes.
nisi nunc cum minime uellem
minimeque opus fuit.
sauf au moment où j'en avais le
moins envie et le moins besoin.
1 nisi nvnc cvm
minime vellem quia semper nolui, ideo nunc minime, utpote
adulescens senem. 2 minimeqve opvs fvit saepe enim
nolumus, tamen non et non opus est.
1 nisi nvnc cvm
minime vellem parce que j'ai toujours refusé, donc
nunc minime
(maintenant encore moins), comme un jeune homme vis à vis d'un
vieillard. 2 minimeqve opvs fvit souvent en effet nous ne
voulons pas, et ce n'est pas pour autant que nous n'en ayons pas
besoin.
eho nonne hoc monstri simile est?
quid ais? Pa.-maxume.
Ah ! n'y a-t-il pas là quelque
chose qui tient du prodige ? Que dis-tu ? Pa.-Absolument.
Ch.-continuo occurrit ad me, quam
longe quidem,
Ch.-Aussitôt il court vers moi, et
de loin en plus,
1 qvam longe
qvidem bene longe dixit, quia <a> longe dicere
non potuit. 2 Aut subauditur
erat, ut
sit: quam longe
erat. 2 bis continvo occvrrit 27: ut omnia
ostendat in contrarium sibi uersa, etiam cursum attribuit seni
.
1 qvam longe
qvidem c'est bien de dire longe, parce qu'il ne pouvait pas dire
a
longe. 2 Ou alors on
sous-entend erat, pour avoir : quam longe erat
(combien il était loin). 2 bis
continvo occvrit pour
montrer que tout s'est retourné contre lui, il attribue même au
vieillard le fait de courir .
incuruus, tremulus, labiis demissis
gemens:
tout courbé, tremblant, les lèvres
tombantes et gémissant :
1 incvrvvs
tremvlvs labiis demissis gemens . 2 labiis demissis
gemens labra sunt superiora, labia inferiora,
labeae
asinorum proprie dicuntur. gemens autem ob
continuam tussim, sic Lucilius «
ante fores autem et triclini limina
quidam perditus Tiresia tussi grandaeuus gemebat
174 ». 3 incvrvvs ualde curuus, ut Vergilius «
Turnus ut infractos
a.
aduerso
M.
Marte
L.
Latinos
d.
defecisse
u.
uidet
175 »; infractos enim ualde fractos
significat, nam in praepositio nunc auget nunc minuit
dictionem. 4 Et recte etiam
deformitatem describit senis, quod praeter aetatem post pulchram
uirginem foedior uidebatur. 5 Et quam
importune omnia: pro puella senex occurrit, pro uirgine incuruus tremulus, pro
pulchra labiis demissis
gemens; et cum amor sit in animo adulescentis, ipse
iudicium loquitur, dum festinandum sit, remoratur. 6 labiis
demissis maiora labra, unde labeones. alii labia dicunt inferiora
et labra
superiora.
1 incvrvvs
tremvlvs labiis demissis gemens . 2 labiis demissis
gemens labra s'utilise pour la lèvre
supérieure, labia pour la lèvre inférieure,
labeae
s'emploie en propre pour les ânes. Quant à gemens, c'est le
résultat d'une toux continue, ainsi Lucilius « ante fores autem et
triclini limina quidam perditus Tiresia tussi grandaeuus gemebat »
(devant les portes et le seuil de la salle à manger, un pauvre
type, un vieux, Tirésias, gémissait en toussant). 3 incvrvvs
très courbé, comme Virgile « Turnus ut infractos aduerso Marte
Latinos defecisse uidet » (Turnus voit que les Latins totalement
brisés par un combat malheureux ont perdu courage) ; infractos en effet
signifie complètement brisé, de fait le préfixe in a tantôt valeur
intensive, tantôt valeur privative. 4 Et il a bien fait de décrire la déformité du
vieillard, parce qu'à cause de son âge après la beauté de la jeune
fille il paraissait plus repoussant encore. 5 Et que tout va contre son intérêt ! au lieu de la
jeune fille, c'est un vieillard qui arrive, au lieu d'une jeune
femme un homme tout courbé et tremblant, au lieu d'une belle, un
être les lèvres pendantes, geignant ; et alors qu'il n'y avait que
de l'amour dans le cœur du jeune homme, l'autre209 lui parle de jugement, alors qu'il lui faut se hâter,
il s'attarde. 6 labiis demissis avec de grandes lèvres d'où
vient le mot labeo (lippu). D'autres disent que
labia
désigne la lèvre inférieure et labra la lèvre supérieure.
« heus heus, Chaerea366 tibi dico » inquit. restiti.
« Hep ! hep Chéréa !, c'est à toi
que je parle », dit-il. Je m'arrête.
1 hevs hevs
chaerea tibi dico < Chaerea tibi dico> non adderet,
nisi uideret Chaeream dissimulantem praeterire. 2 inqvit
aliter inquit pronuntiandum, hoc est concitate;
nam senis uerba aliter proferenda sunt.
1 hevs hevs
chaerea tibi dico il n' ajouterait pas Chéréa c'est à toi que je
parle , s'il ne voyait pas Chéréa qui fait semblant de
passer sans le voir. 2 inqvit il faut prononcer sur un
ton précis ce inquit (dit-il), de manière emportée ;
de fait, il faut énoncer sur un tout autre ton les paroles du
vieillard210.
« scin quid ego te uolebam? ».
« dic ». « cras est mihi
« Sais-tu ce que je te voulais ? ».
-« Dis ». -« C'est demain que j'ai
1 scin qvid ego te
volebam hic ostenditur odiosa tarditas senis apud
festinantem Chaeream, nam non dicit quid, sed promittit esse
dicturum. 2 cras est mihi ivdicivm huic morae etiam
illud additum, quod cum debeat dicere quid uelit, prius dicit quod
non est necessarium, quare uelit.
1 scin qvid ego te
volebam ici on voit l'odieuse lenteur du vieillard auprès
de Chéréa qui est pressé ; de fait, il ne dit pas ce qu'il va
dire, mais il promet qu'il va parler. 2 cras est mihi
ivdicivm à ce retard il ajoute encore ceci : alors qu'il
devrait dire ce qu'il veut, il commence par dire (ce qui ne sert à
rien) pourquoi il le veut.
iudicium ». « quid tum? » « ut
diligenter nunties
mon procès ». -« Et alors ? ».
-« Aie soin d'annoncer
vt diligenter nvnties < diligenter > nihil
tam ex abundanti et nihil tam moraliter dici potuit.
vt diligenter nvnties diligenter : on ne
peut rien dire de si pléonastique et de si conforme au
personnage.
patri, aduocatus mane mi esse ut
meminerit ».
à ton père qu'il se souvienne qu'il
est mon avocat demain matin ».
esse vt meminerit non ut sit sed ut esse meminerit: o
prolixitas!
esse vt meminerit non pas qu'il soit mais
qu'il se souvienne d'être : quelle prolixité !
dum haec dicit abiit hora. rogo
numquid uelit.
Le temps qu'il me dise cela, une
heure est passée. Je lui demande s'il a autre chose à me dire.
1 dvm haec
<
d.
dicit
> dat tempus uerbis, quae non potuit,
quamuis imitaretur, exprimere. 2 rogo nvmqvid
velit hoc est: significo me abire; nam abituri, ne id dure
facerent, numquid
uis dicebant his, quibuscum constitissent. 3 Quid est ergo rogo numquid uelit? hoc est: dico quod
abeuntes solent.
1 dvm haec
dicit il donne une durée aux paroles qu'il n'a pas pu
exprimer bien qu'il ait reproduit le ton de la conversation211. 2 rogo nvmqvid
velit c'est à dire : je lui fais comprendre que je m'en
vais ; de fait, au moment de s'en aller, pour ne pas le faire trop
brutalement, on disait veux-tu autre chose à ceux avec qui on
s'était arrêté à parler. 3 Qu'est-ce
donc que rogo numquid
uelit ? c'est : je dis ce qu'on dit d'ordinaire en
s'en allant.
« recte » inquit. abeo. cum huc
respicio ad uirginem,
« Ça va », dit-il. Quand je jette
les yeux par ici vers la fille,
1 recte
inqvit pro eo quod est nihil. 2 Et moraliter τῷ ἀστεϊσμῷ. 3 cvm hvc
respicio in hanc partem scilicet, qua meretrix
habitabat.
1 recte
inqvit équivaut à rien. 2 Et
conformément à son caractère, avec urbanité (τῷ ἀστεϊσμῷ). 3 cvm hvc
respicio évidemment du côté où habite la courtisane.
illa sese interea commodum huc
aduerterat
Elle venait dans l'intervalle
justement de tourner de ce côté,
1 commodvm
tantum quod uel ipso eodemque tempore. 2 commodvm
commodum
una uel ex hoc significat, ut si dicas: eodem tempore, quo haec
agebantur. 3 Nam interea nunc
coniunctio accipienda est, non, ut alias, pro aduerbio
ponitur.
1 commodvm
précisément ou si l'on veut au même moment. 2 commodvm
commodum
veut dire ensemble ou si l'on veut comme si l'on disait : au
moment précis où cela se passait. 3 De fait interea doit être maintenant compris
comme conjonction et n'est pas, comme ailleurs, employé comme
adverbe.
in hanc nostram plateam. Pa.-mirum
ni hanc dicit, modo
dans notre rue. Pa.-JCe serait
étonnant qu'il ne parle pas de celle qu'on vient
in hanc nostram plateam recte, quia uicina
illis est Thais, ad quam deducitur.
in hanc nostram plateam juste car Thaïs à
laquelle elle est conduite est leur voisine.
huic quae data est dono. Ch.-huc
cum aduenio nulla erat.
de donner en cadeau à l'autre.
Ch.-Quand j'arrive ici, plus de fille.
hvc cvm advenio nvlla erat etenim ingressa
iam fuerat.
hvc cvm advenio nvlla erat et de fait elle
était déjà entrée.
Pa.-comites secuti scilicet sunt
uirginem?
Pa.-Il y avait des gens évidemment
qui accompagnaient la fille ?
comites secvti scilicet svnt virginem
interrogatiue quidem, sed sic, ut scire uideatur id <quod>
quaerit, sed ad
hoc quaerere, ut quod scit confirmet.
comites secvti scilicet svnt virginem c'est
dit sur le mode interrogatif certes, mais de manière à ce qu'il
paraisse savoir ce qu'il demande, et demander cela pour avoir
confirmation de ce qu'il sait.
Ch.-uerum: parasitus cum ancilla.
Pa.-ipsa est: ilicet.
Ch.-Oui, un parasite avec une
servante. Pa.-C'est bien elle. Circulez.
1 vervm
parasitvs uerum modo inceptiua est, non relatiua
particula, ut in Andria «
uerum: uidi Cantharam
suffarcinatam
176 ». 2 ipsa est id est <formosa> est uel
pulchra est, quia et ipse dixerat «
haec superat ipsam Thaidem
177 ».
1 vervm
parasitvs uerum ici est seulement une particule
initiale et non relative, comme dans L'Andrienne
« uerum : uidi Cantharam suffarcinatam ». 2 ipsa est
c'est-à-dire elle est jolie ou si l'on veut elle est belle, parce
qu'il l'avait dit lui-même : « haec superat ipsam Thaidem ».
desine; iam conclamatum est.
Ch.-alias res agis.
Laisse tomber : c'est mort et
enterré. Ch.-Tu as la tête ailleurs.
1 iam conclamatvm
est transactum ac finitum, ut conclamata corpora nihil
reliqui iam habent ad uitae officia. 2 iam conclamatvm
est conclamatum manifestum significat, quia dixerat
«
o infortunatum senem, si et hic amare
coeperit28
178 », tamquam dicat: iam occisum patrem tuum scimus iamque
defleuimus. 3 Aut conclamatum satis
deploratum satisque uociferatum est, ut in conclamatis funeribus
nulla iam dilatio est doloris ac luctus, ut Lucanus ait «
corpora nondum conclamata iacent
179 ». 4 alias res agis recte, quia dixit ille iam
conclamatum est. 5 alias res agis aut non intendis ad id quod
dico significat, ut nulla sit in eo attentio — nam
hinc natum est «
agite amabo
180 » — aut nugatorias res agis, hoc est iocaris. 6 Quasi dicat uanas res agis.
1 iam conclamatvm
est achevé et fini comme on dit conclamata corpora
(corps morts et enterrés212) pour
ceux à qui il ne reste rien pour accomplir les offices de la
vie. 2 iam conclamatvm est conclamatum veut dire
évident, parce qu'il avait dit « O infortunatum senem, si et hic
amare coeperit », comme s'il disait : nous savons que ton père est
déjà mort et nous l'avons déjà pleuré. 3 Ou alors conclamatum veut dire assez déploré et
sur lequel on a poussé assez de cris, comme dans ce qu'on appelle
conclamata
funera, il n'est nul frein mis à la douleur et au
chagrin, comme dit Lucain « corpora nondum conclamata iacent »
(gisent les corps que nul n'a encore pleurés). 4 alias res
agis juste, car il a dit l'affaire est enterrée. 5 alias res
agis signifie soit tu ne prêtes aucun intérêt à ce que je
dis, en sorte qu'il n'a nulle attention — de fait c'est de là que
vient « agite amabo » — soit tu fais des babioles, c'est-à-dire tu
t'amuses. 6 C'est comme s'il disait
tu fais des choses qui ne servent à rien.
Pa.-istuc ago equidem. Ch.-nostin
quae sit, dic mihi, aut
Pa.-Je l'ai exactement ici. Ch.-Tu
sais qui elle est ? Dis-moi. Ou bien
uidistin? Pa.-uidi noui scio quo
abducta sit.
tu l'as vue ? Pa.-Je l'ai vue, je
la connais, je sais où on l'a emmenée.
1 scio qvo abdvcta
sit plus dixit, quam interrogabatur, credo taedio
interrogantis; nam properat, ut dicturus est, ad deducendum
eunuchum ad Thaidem cum ancilla ex Aethiopia. 2 scio qvo abdvcta
sit secunda ἀποσιώπησις.
1 scio qvo abdvcta
sit il dit plus que ce qu'on lui demandait, parce qu'il en
a, je crois, assez des questions de l'autre ; de fait, il se
dépêche, comme il le dira, pour conduire l'eunuque à Thaïs avec la
servante éthiopienne. 2 scio qvo abdvcta sit deuxième
aposiopèse (ἀποσιώπησις).
Ch.-eho Parmeno mi, nostin? et scis
ubi siet?
Ch.-Ah ! mon bon Parménon, tu la
connais ? et tu sais où elle est ?
eho parmeno <
m.
mi
n.
nostin
e.
et
> scis amatorie satis repetuntur, quae semel
dicta suffecerant.
eho parmeno mi nostin et scis quand on parle
en amant, on redemande encore ce qui aurait suffit en étant dit
une fois.
Pa.-huc deducta est ad
meretricemThaidem: ei dono data est.
Pa.-On l'a emmenée ici chez la
courtisane Thaïs : c'est un cadeau qu'on lui a fait.
hvc dedvcta est ad meretricem et hoc
effundit semel aceruatimque dicit uelut odio interrogantis saepius
et festinatione ad mandata Phaedriae peragenda.
hvc dedvcta est ad meretricem et il déverse
cela d'un coup et en tas comme par haine de ce personnage qui ne
cesse de poser des questions et par hâte d'arriver à
l'accomplissement des ordres de Phédria.
Ch.-quis is est tam potens cum
tanto munere hoc? Pa.-miles Thraso,
Ch.-Qui est le gros bonnet, avec un
tel cadeau ? Pa.-Le soldat Thrason,
Phaedriae riualis. Ch.-duras partes
fratris367 praedicas.
le rival de Phédria. Ch.-C'est un
rôle difficile pour mon frère que tu m'annonces.
1 phaedriae
rivalis cum pronuntiatione addendum quod magis doleat, id
est Phaedriae
riualis. 2 dvras partes fratris praedicas
scilicet contra aemulum et diuitem et largissimum. 3 Et partes duras μεταφορικῶς ab actoribus scaenicis.
1 phaedriae
rivalis dans l'intonation, il faut ajouter ce qui le fait
le plus souffrir c'est-à-dire Phaedriae riualis. 2 dvras partes
fratris praedicas comprendre contre un adversaire à la
fois riche et extrêmement généreux. 3 Et partes duras métaphoriquement (μεταφορικῶς) à partir des
acteurs de théâtre.
Pa.-immo enim si scias quod donum
huic dono contra conparet,
Pa.-Et encore, si tu savais quel
cadeau il a à opposer à ce cadeau, de son côté,
1 comparet
iam hic ostenditur miles per riualis dona illustrior quam per sua.
et est qualitas comparatiua. 2 comparet
pro emat
aut comparandum
putet.
1 comparet
désormais on voit ici que le soldat est rendu plus illustre par
les dons de son rival que par les siens propres. Et c'est un
énoncé de type comparatif. 2 comparet pour emat (il achète) ou
comparandum
putet (il croit qu'il faut comparer).
alors tu le dirais bien davantage.
Ch.-Quoi, je t'en prie, bon sang ? Pa.-Un eunuque. Ch.-Est-ce,
s'il te plaît,
1 tvm magis id
dicas duras partes fratris esse. 2 qvidnam qvaeso
hercle curiositatem addidit παρελκόντων quaeso et hercle. 3 Et uide quam molliter et sine intellectu
spectatoris ad argumenti spectati ordinem poeta perueniat, ut de
eunucho facta mentione consilium nascatur supponendi
Chaereae. 4 evnvchvm mire Terentius primo simpliciter
eunuchum
posuit, huic quoque, detracturus.
1 tvm magis id
dicas que le rôle de frère est dur. 2 qvidnam qvaeso
hercle il ajoute la curiosité que donnent les pléonasmes
(παρελκόντων)
quaeso et
hercle. 3 Et observez avec quelle douceur et comment sans
que le spectateur ne s'en rende compte le poète parvient à la
disposition de l'intrigue attendue, en sorte que de la mention
faite ici de l'eunuque naisse la décision de le remplacer par
Chéréa. 4 evnvchvm admirable : Térence écrit d'abord
simplement eunuque, avant de s'en prendre aussi à
lui213.
inhonestum hominem, quem mercatus
est heri, senem mulierem?
ce type déclassé qu'il a acheté
hier, cette vieille bonne femme ?
1 inhonestvm foedum, ut contra «
facie honesta
181 ». 2 Vt apud Vergilium
«
et laetos oculis afflarat honores
182 ». 3 hominem opportune hominem dixit tamquam
incerti sexus. 4 senem mvlierem non communi genere dixit
senem,
quippe qui alibi separauerit dicendo «
senex atque anus
183 », sed subdistinguendum est, ut sit duplex uituperatio:
una ab aetate quod ait senem, altera <a> membrorum
mollitie quod ait mulierem.
1 inhonestvm affreux comme à l'inverse « facie
honesta ». 2 de même chez Virgile
« et laetos oculis afflarat honores » (elle avait empli ses yeux
d'une grâce charmante). 3 hominem opportunément il dit un
être (homo)
comme pour souligner que le sexe est incertain. 4 senem
mvlierem il ne dit pas senem (vieillard) sans distinction de
genre, car ailleurs il a séparé les genres en disant « senex atque
anus » (un vieillard et une vieille), mais il faut mettre une
ponctuation faible pour obtenir un double reproche : un fondé sur
l'âge, ce qu'exprime senem, l'autre sur la mollesse physique,
ce qu'exprime mulierem.
Pa.-istunc ipsum. Ch.-homo
quatietur certe cum dono foras.
Pa.-C'est exactement ça. Ch.-Le
type, c'est sûr, se fera jeter dehors à coups de baffes avec son
cadeau.
1 qvatietvr certe
cvm dono mire cum dono, tamquam illi repulsae causa
donum futurum sit. 2 Tum deinde non
eicietur
sed quatietur. 3 Vide quam contumeliosius dictum sit quatietur foras: uel
uerberibus impelletur foras, non expulsione et
detrusione. 4 Vel sic dixit
foras
quatietur, ut desit uersum, ut sit: foras uersum
uerberabitur, ut uerberetur et fugetur foras. nam et peruulgatae
consuetudinis est dictum feri canem foras, hoc est: feriendo
canem foras eice.
1 qvatietvr certe
cvm dono cum
dono : est un paradoxe: c'est comme s'il allait être
rejeté précisément à cause de son cadeau. 2 Alors il ne sera pas chassé (eicietur) mais balancé
(quatietur). 3 Observez toute l'injure qu'il y a dans
l'expression il se fera balancer dehors (quatietur foras) :
soit c'est à force de coups qu'on le poussera dehors, (et ce ne
sera pas une expulsion, mais une éjection214). 4 ou si l'on
préfère il dit foras
quatietur (il se fera balancer dehors), en omettant
uersum
(vers), qui donnerait : on le battra vers dehors, en sorte qu'il
sera battu et s'enfuira dehors. De fait, on dit dans le langage
populaire flanque le
chien dehors, c'est-à-dire mets le chien dehors en lui
flanquant une râclée.
sed istam Thaidem non sciui nobis
uicinam. Pa.-haud diu est.
Mais cette Thaïs, je ne savais pas
que c'était notre voisine. Pa.-Ça ne fait pas longtemps.
1 sed istam
thaidem non scivi nobis vicinam καλῶς: quomodo enim pro eunucho ueniet, si
nouit aut notus est? et si adulescens mulierem ne nouit quidem,
multo maxime ipse nescitur. 2 sed istam thaidem non scivi nobis
vicinam οἰκονομία contra illud, quod meretrix
uicina erat. 3 havd div est uicina scilicet. et est causa, an
uerisimile sit nescire potuisse uicinam. 4 Et nota apud Terentium uicinas poni
saepius adulescentibus meretrices, ut haec prima sit amoris
illecebra.
1 sed istam
thaidem non scivi nobis vicinam bien (καλῶς) : comment en effet
viendra-t-il à la place de l'eunuque s'il la connaît ou si elle le
connaît ? et si le jeune homme ne connaît pas la femme non plus,
il est bien plus encore inconnu d'elle. 2 sed istam
thaidem non scivi nobis vicinam agencement (οἰκονομία) qui rend
improbable le fait que la voisine soit une courtisane. 3 havd div
est uicina évidemment. Et la raison en est :
est-il vraisemblable qu'il ait pu ne pas connaître sa
voisine. 4 Et notez que chez Térence
les courtisanes sont souvent placées comme voisines des jeunes
gens, afin que ce soit là le premier appât de l'amour.
Ch.-perii, numquamne etiam me illam
uidisse! eho dum dic mihi:
Ch.-Je suis mort ! et dire que je
ne l'ai jamais vue ! Au fait, dis-moi :
1 nvmqvamne etiam
me illam vidisse artificiose inculcat poeta τὸ πιθανόν. 2 Sed nimio lepore Terentiano iam illud
agitur. nam hic ostenditur uerisimile esse pro eunucho creditum
apud uicinam meretricem Chaeream, qui adeo ignotus sit mulieri, ut
nec ipse eam nouerit, quod erat facilius et promptius. et additur
color, quod et illa non diu uicina est et quod adulescens in
Piraeo primum commoratus est.
1 nvmqvamne etiam
me illam vidisse le poète intercale avec grand art le
vraisemblable (τὸ
πιθανόν). 2 mais désormais
c'est l'agrément extrême propre à Térence qui mène l'action. De
fait, on voit ici qu'il est vraisemblable que Chéréa puisse être
pris pour un eunuque chez la voisine courtisane, parce qu'il est à
ce point inconnu de cette femme qu'il ne la connaît même pas
lui-même, ce qui était plus facile et plus à portée de main. Et à
cela s'ajoute une couleur qui est qu'elle n'est pas sa voisine et
que le jeune homme a commencé par passer du temps au Pirée.
estne, ut fertur, forma? Pa.-sane.
Ch.-at nihil370 ad nostram hanc? Pa.-alia res
est.
est-ce comme on le dit une beauté ?
Pa.-Plutôt. Ch.-Mais ce n'est rien auprès de la nôtre, hein ?
Pa.-C'est autre chose.
1 estne vt fertvr
forma hoc propter illud, quod supra diximus. 2 at nihil
ad nostram hanc moraliter nostram dixit pro meam. 3 alia res
est non potuit melius utrique suam gratiam reseruare, nam
et illa et haec amantur.
1 estne vt fertvr
forma et ce pour la raison que nous avons dite plus
haut. 2 at nihil ad nostram hanc conformément au
caractère de son personnage, il dit nostram (notre) pour meam (ma). 3 alia res
est il n'a pu choisir d'accorder son pardon plutôt à l'une
qu'à l'autre, car il les aime l'une et l'autre.
Ch.-obsecro hercle, Parmeno, fac ut
potiar. Pa.-faciam sedulo ac
Ch.-Je t'en prie, ma foi, Parménon,
fais que je la possède. Pa.-Je ferai de mon mieux et
faciam sedvlo <
d.
dabo
o.
operam
a.
adivvabo
> mire in promissis posterioribus
difficultas rei ostenditur, cum primo faciam dixerit.
faciam sedvlo dabo operam adivvabo de
manière paradoxale, on voit la difficulté de la chose dans les
promesses qui suivent, alors qu'il a commencé à dire faciam (je vais
faire).
dabo operam, adiuuabo: numquid me
aliud? Ch.-quo nunc is? Pa.-domum,
j'y travaillerai, je te seconderai.
Autre chose ? Ch.-Où vas-tu maintenant ? Pa.-A la maison,
1 nvmqvid me
alivd hoc dicere abeuntes solent. 2 Et bene hic, quia festinat. 3 Et simul quia hinc nascitur dolus
fallendae meretricis.
1 nvmqvid me
alivd c'est ce qu'ont coutume de dire ceux qui s'en
vont. 2 Et c'est bien ici parce
qu'il se dépêche. 3 Et en même temps
parce que c'est de là que naît la ruse qui consiste à tromper la
courtisane.
ut mancipia haec, ita ut371 iussit frater, ducam ad Thaidem.
pour conduire ces objets, comme l'a
ordonné ton frère, chez Thaïs.
vt mancipia haec ita vt ivssit
f.
frater
d.
dvcam
ad
th.
thaidem
uide <id agere> Terentium, ut non
quaesita esse haec fallacia, sed ipsa se obtulisse uideatur.
vt mancipia haec ita vt ivssit frater dvcam ad
thaidem voyez que Térence fait cela, en sorte que cette
tromperie ne paraisse pas le fruit d'une recherche, mais comme se
présenter d'elle-même.
Ch.-o fortunatum istum eunuchum qui
quidem in hanc detur domum!
Ch.-Quel veinard cet eunuque d'être
placé dans cette maison !
1 o fortvnatvm
istvm evnvchvm istum saepe adnotauimus ut ad
contemptum. aut ad odium referri, ut Vergilius «
aut quid petis istis?
184 » et «
ista quidem qui
n.
nota
m.
mihi
t.
tua
m.
magne
u.
uoluntas
I.
Iuppiter
185 ». 2 qvi qvidem in hanc detvr domvm quid
facilius, quam imitari uelle quod laudes? nec quisquam, nisi qui
cupit eligi pro eunucho, eunuchum putat beatum.
1 o fortvnatvm
istvm evnvchvm istum, nous l'avons souvent noté, se
rapporte au mépris ou à la haine, comme Virgile « aut quid petis
istis ? » (que demandes-tu pour ces pauvres vaisseaux ?) et « ista
quidem quia nota mihi tua, magne, uoluntas, Iuppiter » (Grand
Jupiter, c'est bien parce que ta volonté m'est connue.) 2 qvi qvidem
in hanc detvr domvm quoi de plus facile que de vouloir
imiter ce qu'on approuve ? et personne, sinon celui qui désire
être pris pour un eunuque, ne saurait penser qu'un eunuque est
heureux.
Pa.-quid ita? Ch.-rogitas? summa
forma semper conseruam domi
Pa.-Pourquoi donc ?Ch.-Cette
demande ! Cette beauté suprême, toujours sera sa compagne
d'esclavage à la maison,
36629 qvid ita
potuit intellegere statim seruus, sed ad hoc interrogat, ut
spectator doceatur.
qvid ita : l'esclave aurait pu comprendre
tout de suite, mais il continue à interroger pour que le
spectateur soit instruit.
uidebit conloquetur aderit una in
unis aedibus,
il la verra, lui parlera, sera
présent avec elle ensemble sous le même toit ;
1 videbit
colloqvetvr aderit vna amatorie nimis quinque lineas
amoris exsecutus est, adeo diligenter, ut etiam ordinem
custodiret. 2 videbit colloqvetvr aderit vna in vnis
aedibvs mire amator non semel effudit hoc bonum, sed
particulatim digessit, ut maior uoluptas futura esse
noscatur. 3 videbit colloqvetvr etc. istae enim sunt
amoris lineae, etsi eas non omnes est persecutus.
1 videbit
colloqvetvr aderit vna : de façon extrêmement propre aux
amants, il a consacré cinq vers à son amour, et avec un tel soin
qu'il a même conservé l'ordre. 2 videbit
colloqvetvr aderit vna in vnis aedibvs : de façon
étonnante, l'amant ne déverse pas d'un coup toutes ces belles
paroles mais il les coupe en morceaux pour que l'on sache que le
plaisir sera plus grand encore. 3 videbit
colloqvetvr etc. : c'est là l'esquisse d'un amour même si
de tout cela il n'a rien obtenu.
cibum non numquam capiet cum ea,
interdum propter dormiet.
le repas, parfois il le prendra
avec elle, à l'occasion il dormira près d'elle.
Pa.-quid si nunc tute fortunatus
fias? Ch.-qua re, Parmeno?
Pa.-Et si c'était toi qui devenais
aujourd'hui ce veinard ? Ch.-Par quel biais, Parménon ?
qvid si nvnc tvte fortvnatvs fias sic
uidetur dicere Parmeno, ut iocetur quam ut credat fieri posse.
qvid si nvnc tvte fortvnatvs fias Parménon
semble ainsi dire qu'il plaisante plutôt que dire qu'il croit cela
possible.
responde. Pa.-capias tu illius
uestem. Ch.-uestem? quid tum postea?
Réponds. Pa.-Tu pourrais prendre
les habits de l'autre, là. Ch.-Ses habits Et après ?
1 qvid tvm
<
p.
postea
> uide quam molli descensu ad hoc consilium
peruenitur; res enim hoc suggerit potius quam Parmeno, ideo quia
seruum hoc suadere Chaereae nimis temerarium fuit. 2 capias tv illivs
vestem non semel ostenditur quid futurum sit, quia
particulatim potest etiam quod turpe est tamen inmitti ad
persuasionem, semel ingestum respuitur. 3 Ergo non dixit ibis pro eunucho, sed primo capies illius uestem;
tum deinde hoc ipsum non aspernante domino pergit seruus ad
cetera, quae audaciora sunt. 4 vestem
quam libenter audiat, repetitio dictorum per interrogationem
ostendit.
1 qvid tvm
postea voyez avec quelle lente progression on en vient à
cette décision ; c'est la situation qui suggère ce stratagème plus
que Parménon parce que ç'aurait été extrêmement téméraire pour un
esclave de conseiller cela à Chéréa. 2 capias tv illivs
vestem on ne voit pas en une seule fois ce qui va se
produire, parce qu'on peut, en l'exposant par morceaux, parvenir à
persuader même d'une chose honteuse que l'on repousse si elle est
présentée en une seule fois. 3 Donc
il ne dit pas tu iras à
la place de l'eunuque, mais d'abord tu prendras ses
vêtements ; alors ensuite, vu que le maître ne
repousse pas ce premier point, l'esclave passe au reste qui est
plus audacieux. 4 vestem le plaisir qu'il a à
l'entendre, la répétition des mots dans l'interrogation le
montre.
Pa.-pro illo te ducam. Ch.-audio.
Pa.-te esse illum dicam. Ch.-intellego.
Pa.-C'est à sa place que je
t'emmènerai, toi. Ch.-J'entends. Pa.-Je dirai que lui, c'est toi.
Ch.-Je comprends.
1 avdio id
est libenter. 2 Hoc est: admitto et
consentio, ut in Phormione «
audio et fateor
186 » et contra «
non audio
187 ».
1 avdio
c'est-à-dire avec plaisir. 2 cela
veut dire : j'admets ton idée et j'y consens comme dans le
Phormion « audio et fateor » et au contraire « non
audio ».
Pa.-tu illis fruare commodis quibus
tu illum dicebas modo:
Pa.-C'est toi qui jouirais de ces
avantages dont tu disais qu'il jouirait lui à l'instant :
intellego audio et intellego uim modo non usitatam
exprimunt, scilicet consentientis immodicum affectum.
intellego audio et intellego expriment une force
inhabituelle, évidemment le sentiment immodéré d'un homme qui
acquiesce.
cibum una capias, adsis tangas
ludas propter dormias;
ton repas, tu pourrais le prendre
avec elle, tu serais près d'elle, tu la toucherais, tu jouerais
avec elle, tu dormirais près d'elle,
1 cibvm vna
capias bene seruus interturbauit, supra dictas amandi
lineas et ordinem uoluptatum, quippe qui amare non
nouerit. 2 cibvm vna capias adsis tangas lvdas propter
dormias etsi sat erat superior uersus, tamen incentiua
sunt amatori etiam singillatim haec enumerata, quae una sententia
superior uersus ostenderat.
1 cibvm vna
capias c'est bien que l'esclave ait jeté le trouble au
milieu de l'esquisse faite par l'amant et dans le catalogue des
plaisirs, car il ignore l'amour. 2 cibvm vna capias
adsis tangas lvdas propter dormias même si le vers
précédent était suffisant, ce catalogue une par une des choses
qu'il avait montrées au vers précédent en une seule expression est
une incitation pour l'amant.
quandoquidem illarum neque te
quisquam neque scit qui sies.
puisque parmi elles là-bas, aucune
et ne sait qui tu es.
1 qvandoqvidem
illarvm pro ex
illis. 2 qvisqvam ideo quisquam, quia
quaequam
dicere absurdum est. 3 illarvm qvisqvam quisquam multis
exemplis probatur etiam feminino genere ueteres protulisse, ita ut numeris et
generibus haec pronomina infinita sint. 4 neqve scit qvi
sies hoc est quod supra callide poeta praestruxit.
1 qvandoqvidem
illarvm mis pour ex illis (parmi elles). 2 qvisqvam
quisquam
est utilisé parce qu'il est absurde de dire quaequam 215. 3 illarvm qvisqvam quisquam est employé
par les anciens même au féminin comme on le voit par de nombreux
exemples, en sorte que ces pronoms sont indéterminés en genre et
en nombre. 4 neqve scit qvi sies c'est ce qui se trouve
plus haut et que le poète a, avec beaucoup d'adresse, anticipé
alors.
praeterea forma et aetas ipsa est
facile ut pro eunucho probes.
En plus tu es de figure et d'âge à
te faire prendre facilement pour l'eunuque.
1 praeterea forma
et aetas ipsa est deest in te. 2 facile vt pro
evnvcho probes formam scilicet et aetatem: formam, quia
pulcher, aetatem, quia ephebus. 3 facile vt pro
evnvcho probes probes nunc fingas aut persuadeas, ut in
consuetudine dicimus homo sacrilegus pro innocente se
probauit, et Cicero «
hoc tu his probabis
188 ». itaque deest te, quod subaudiemus, ut sit: pro eunucho te
probes. 4 probes ut «
migrantis cernas
189 ». 5 Aut probes persuadeas. 6 Et simul honeste non dixit, quod erat
rectum, ut eunuchum
probes, sed pro eunucho, ne esset contumeliosum in
Chaeream.
1 praeterea forma
et aetas ipsa est il manque in te (en toi). 2 facile vt pro
evnvcho probes par le bel aspect évidemment et l'âge ; le
bel aspect : parce qu'il est joli garçon, l'âge : parce que c'est
encore un éphèbe. 3 facile vt pro evnvcho probes
probes ici
signifie feindre ou persuader, comme dans l'usage courant nous
disons l'homme
sacrilège se fit prendre pour un innocent, et Cicéron
« hoc tu his probabis » (tu leur feras prendre cela pour argent
comptant). C'est pourquoi il manque te, que nous sous-entendrons pour
avoir : pro eunucho te
probes (qu'on te prennes pour l'eunuque). 4 probes comme « migrantis cernas » (on
pouvait voir des gens se déplaçant216). 5 ou
alors probes signifie persuadeas (que tu
persuades). 6 Et en même temps, il a
la politesse de ne pas dire, ce qui est juste, pour qu'on te tienne pour
eunuque, mais, qu'on te prenne pour un eunuque 217, afin de ne pas être
désobligeant envers Chéréa.
Ch.-dixti pulchre: numquam uidi
melius consilium dari.
Ch.-Tu as bien parlé. Jamais je
n'ai vu donner un meilleur conseil.
Allons, entrons ; équipe-moi tout
de suite, emmène-moi, conduis-moi dès que possible.
1 orna me nvnc
iam hortatiue orna me dixit, non dispolia aut
exue
me. 2 abdvc <dvc> abducimur unde
uolumus, ducimur quo uolumus. 3 qvantvm
potes deest cito.
1 orna me nvnc
iam c'est sur le ton de l'exhortation qu'il dit orna me, et non
dépouille-moi ou déshabille-moi. 2 abdvc
dvc on nous ramène de là où nous voulons, on nous amène où
nous voulons. 3 qvantvm potes il manque cito (vite).
Pa.-quid agis? iocabar equidem.
Ch.-garris. Pa.-perii, quid ego egi miser!
Pa.-Que fais-tu ?Je blaguais moi.
Ch.-Tu plaisantes ! Pa.-Je suis perdu. Qu'est-ce que j'ai fait,
malheureux ?
qvid agis callide seruus non uult auctorem
se uideri tanti facinoris.
qvid agis avec adresse l'esclave ne veut pas
paraître être à la source d'un tel méfait.
quo trudis? perculeris iam tu me.
tibi equidem dico, mane.
Où me pousses-tu ? Tu auras vite
fait de me faire dérailler. Et moi je te le dis : reste ici.
1 qvo
trvdis comici semper ea ostendunt fieri ab altero uerbis
alterius personae, quae ostendi per se ipsa non poterant; ut nunc
manu agere Chaeream Parmenonem Parmenone ipso dicere
cognoscimus. 2 qvo trvdis praebet se ui cogendum domino,
quem compulit dictis. 3 percvleris iam tv me
peruerteris, unde prouerbium bene plaustrum perculit. 4 tibi eqvidem
dico <mane> singillatim ista pronuntianda sunt, ex
quibus intellegatur non cessare Chaeream, quin adhuc impellat et
trudat.
1 qvo
trvdis les comiques montrent toujours que c'est l'un des
deux qui, sur les mots de l'autre, fait ce qui ne peut pas être
montré en soi218 ;
comme ici, nous apprenons parce que Parménon le dit lui-même que
Chéréa mène Parménon par la main. 2 qvo
trvdis il se laisse contraindre par son maître qu'il a
poussé par ses paroles. 3 percvleris iam tv me
peruerteris ("tu auras vite fait de me
renverser"), d'où, à bon droit, le proverbe plaustrum perculi
(j'ai poussé mon chariot, j'ai déraillé). 4 tibi eqvidem
dico mane il faut détacher chaque mot pour faire
comprendre que Chéréa n'a de cesse de le stimuler et de le
pousser.
Ch.-Allons-y. Pa.-Tu continues ?
Ch.-Pour sûr. Pa.-Attention à ce que ça ne chauffe pas trop
bientôt.
1 pergisne
quasi uero ioco dixerit, non serio. 2 ne nimivm
calidvm periculosum. 3 Sed
melius callidum legitur. 4 <ne>
nimivm prouerbiale, quia nimium propria uox est.
1 pergisne
comme s'il avait parlé par plaisanterie et non
sérieusement. 2 ne nimivm calidvm dangereux. 3 Mais il vaut mieux lire callidum
(rusé). 4 ne nimivm proverbial, parce que nimium est le mot
propre219.
Ch.-non est profecto: sine. Pa.-at
enim istaec in me cudetur faba. Ch.-ah.
Ch.-Il n'y a pas lieu, vraiment ;
laisse faire. Pa.-Mais c'est sur mon dos qu'on battra le beurre.
Ch.-Bah !
1 at enim istaec
in me cvdetvr faba παροιμία, id est: in me hoc malum recidet,
in me haec uindicabitur culpa, ut laborat solum, in quo cuditur id
est batuitur faba, cum siliquis exuitur tunsa fustibus, ut in
areis more rusticorum fit. 2 Vel
quod quidam male coctam fabam et quae non maduerit sed dura
permanserit, supra caput coqui <cudunt> uelut ipsi fabae
irati, dum eius granum saxo comminuunt: tum uniuersum malum
et omnis dolor ad coquum peruenit. simile et alibi a pulmento
prouerbium est «
tute hoc intristi, tibi hoc est
exedendum, accingere
190 ».
1 at enim istaec
in me cvdetvr faba c'est un proverbe (παροιμία), cela veut
dire : c'est sur moi que ce mal retombera, c'est moi qu'on punira
de cette faute, comme souffre le sol sur lequel on bat,
c'est-à-dire on vanne les fèves, quand on les tire de leurs cosses
en les frappant avec des bâtons 220, comme on
le fait sur les aires à la campagne. 2 ou si l'on veut parce qu'on frappe sur la tête du
cuisinier avec un fève mal cuite, et qui n'a pas trempé et reste
dure comme s'ils s'acharnaient sur la fève elle-même en réduisant
son grain à la meule : alors tout le mal et toute la souffrance
sont pour le cuisinier. De même ailleurs, on trouve un proverbe
tiré des ragoûts « tute hoc intristi. tibi hoc est exedendum,
accingere ».
Pa.-flagitium facimus. Ch.-an id
flagitium est si in domum meretriciam
Pa.-C'est une honte, ce que nous
faisons. Ch.-Vraiment, c'est une honte si c'est dans une maison de
courtisanes que
1 flagitivm
facimvs flagitium more militari dicitur res
flagitatione, hoc est increpatione
digna. 2 Nam flagitatio a strepitu
dicitur, unde flamma et flagella et flagellare, id est personare,
intellegimus dici. nam haec omnia sine sonitu crepituque non
sunt. 3 an id flagitivm est an liceat, an deceat. et
prius quia licet. 4 an id flagitivm est Terentius
laudat argumentum huius fabulae, in quo exemplum promitur, quod
prosit parentibus, obsit meretricibus; et simul deliberationibus
tractans, <an> sit faciendum. 5 si in domvm
meretriciam dedvcar hoc tale est, ut nulla lex prohibeat,
ut defendatur esse licitum.
1 flagitivm
facimvs flagitium est un mot du vocabulaire
militaire : chose qui mérite la flagitatio c'est-à-dire le blâme221. 2 de
fait, on parle de flagitatio à cause du bruit sec, d'où
l'on comprend que l'on a tiré flamma (la flamme), flagella (les fouets)
et flagellare (fouetter), c'est-à-dire
résonner ; car toutes ces choses ne sont jamais exemptes de son et
de crépitement. 3 an id flagitivm est est-ce que
c'est permis, est-ce que c'est convenable ? et ce qui est premier
c'est le fait que ce soit permis222. 4 an id flagitivm
est Térence fait l'éloge de l'intrigue de cette pièce dans
laquelle on a un exemple où ce qui sert les parents, dessert les
courtisanes ; et en même temps, il traite par ses délibérations de
la question : faut-il le faire ? 5 si in domvm
meretriciam dedvcar cet acte n'est pas interdit par
quelque loi qui défendrait que cela soit autorisé.
deducar et illis crucibus, quae nos
nostramque adulescentiam
je suis introduit, que c'est à ces
tortionnaires qui, de nous et de notre jeunesse
et illis crvcibvs qvae nos nostramqve
advlescentiam hoc iam ad illud pertinet, ut ostendatur
decere. et primo a persona eius, cui fit.
et illis crvcibvs qvae nos nostramqve
advlescentiam ce qui vient maintenant a pour but de
montrer que c'est convenable : et d'abord par la personne de celle
à qui cela arrive223.
habent despicatam et quae nos
semper omnibus cruciant modis,
se moquent et toujours nous
torturent de toutes les façons,
1 habent
despicatam contemptam ac despectam. et est παρένθεσις
μεταπλασμός. 2 Vel certe
alterius uerbi declinatio, ab eo quod est conspicor despicor. Sallustius
«
cum interea Metellus monte degrediens cum
exercitu conspicatur, primo dubius quidnam insolita facies
ostenderet
191 ».
1 habent
despicatam dédaignée et méprisée. Et la parenthèse
(παρένθεσις) est
un métaplasme (μεταπλασμός). 2 ou si l'on veut du moins la déclinaison du second
mot despicor suit celle de conspicor 224. Salluste « cum interea Metellus monte degrediens
cum exercitu conspicatur, primo dubius quidnam insolita facies
ostenderet ». (Cependant Métellus, ignorant la présence de
l'ennemi, descend des hauteurs avec ses troupes ; il observe. Tout
d'abord, il ne sait que penser du spectacle insolite qu'il a sous
les yeux).
que maintenant je rends ce qu'elles
méritent et que je trompe de la même manière que nous sommes
trompés par elle !
1 nvnc iam referam
gratiam non eas, inquit, lacessam, sed quod iustum est,
uicem reddam: quasi ipse in aliis laesus sit. 2 vt ab illis
fallimvr non dixit alii falluntur.
1 nvnc iam referam
gratiam non, dit-il, je ne les harcèlerai pas, mais je
leur rendrai selon ce qui est juste : c'est comme si c'était lui
qui avait été lésé dans les autres choses. 2 vt ab illis
fallimvr il ne dit pas alii falluntur (d'autres sont
trompés).
an potius haec patri aequum est
fieri ut a me ludatur dolis?
Est-ce que ce serait plus juste que
ça arrive à mon père, qu'il soit joué par mes ruses ?
1 an potivs haec
patri 30 aeqvvm est fieri illic uicissitudo est,
at in patre dolus. 2 vt a me lvdatvr dolis σύλλημψις: auditur
pater.
1 an potivs haec
patri aeqvvm est fieri il y a bien là échange de bons
procédés, mais c'est une ruse envers le père225. 2 vt a me lvdatvr dolis syllepse (σύλλημψις) : on entend le
père.
quod qui resciuerint378 culpent; illud merito factum omnes putent.
Ceus qui le sauraient m'en feraient
grief ; mais là, tout le monde penserait que c'est bien fait.
1 qvod qvi
resciverint a consequentibus argumentum; nam illud factum
uituperatio sequitur, hoc approbatio. 2 illvd merito
factvm omnes pvtent bene non iudicent, quia et hoc ipsum non
satis probum est, id est meretricem fallere.
1 qvod qvi
resciverint argument tiré des conséquences ; de fait, la
première action entraîne le blâme, la seconde
l'approbation. 2 illvd merito factvm omnes pvtent c'est bien
de ne pas dire qu'ils jugent parce que ce n'est pas vraiment
honnête non plus de tromper une courtisane.
Pa.-quid istic? si certum est
facere, facias; uerum ne post conferas
Pa.-Quoi ? Si tu as décidé de le
faire, fais-le, mais après ne rejette pas
1 qvid
istic aduerbium est aegre concedentis. 2 facias
pro facito. 3 vervm
deest uide. 4 vervm ne post
conferas cvlpam in me si ne prohibentis est, nihil deest, si
percunctantis, item; sin ne ne forte, deest timeo. 5 vervm ne post
conferas cvlpam in me in hoc negotio non auctor uult
interesse, sed seruus.
1 qvid
istic adverbe qu'emploie quelqu'un qui cède à
regret. 2 facias pour facito. 3 vervm il
manque uide
(vois). 4 vervm ne post conferas cvlpam in me si
ne
s'emploie pour la défense, il ne manque rien ; si c'est pour la
délibération, même chose ; mais si ne vaut pour ne forte, il manque
timeo (je
crains)226. 5 vervm ne post conferas cvlpam in
me dans cette affaire il ne veut pas être instigateur,
mais serviteur.
culpam in me. Ch.-non faciam.
Pa.-iubesne? Ch.-cogo atque impero:
la faute sur moi. Ch.-Je ne le
ferai pas. Pa.-C'est un ordre ? Ch.- J'exige, et je commande.
cogo atqve impero euidenter ostendit plus
esse imperare quam iubere.
cogo atqve impero à l'évidence il montre que
imperare
est plus fort que iubere.
Pa379. numquam defugiam auctoritatem. sequere. di
uertant bene!
Pa.-Jamais je ne me déroberai à ton
autorité. Suis-moi. Fasse le Ciel que ça tourne bien !
1 nvmqvam defvgiam
avctoritatem < numquam > pro non, ut «
numquam omnes hodie moriemur
inulti
192 ». 2 nvmqvam defvgiam avctoritatem non, inquit,
recusabo facere, dum tu auctor facti sis.
1 nvmqvam defvgiam
avctoritatem numquam est mis pour non, comme « numquam
omnes hodie moriemur inulti » (jamais nous ne mourrons tous
aujourd'hui sans nous venger). 2 nvmqvam defvgiam
avctoritatem non, dit-il, je ne refuserai pas de le faire
du moment que tu en est l'instigateur.
Actus tertius
scaena prima
Gnatho Thraso
391 | 392 | 393 | 394 | 395 | 396 | 397 | 398 | 399 | 400 | 401 | 402 | 403 | 404 | 405 | 406 | 407 | 408 | 409 | 410 | 411 | 412 | 413 | 414 | 415 | 416 | 417 | 418 | 419 | 420 | 421 | 422 | 423 | 424 | 425 | 426 | 427 | 428 | 429 | 430 | 431 | 432 | 433 | 434 | 435 | 436 | 437 | 438 | 439 | 440 | 441 | 442 | 443 | 444 | 445 | 446 | 447 | 448 | 449 | 450 | 451 | 452 | 453
Thr.-Magnas uero agere gratias
Thais mihi?
Thr.-Ce sont, vraiment, de grands
remerciements que Thaïs me fait ?
1 magnas vero
agere gratias thais mihi hic sermo sic prodit, ut post
scaenam incohatus esse noscatur. continet autem assentationem
parasiticam et stultitiam gloriosi militis. 2 agere
plus sonat infinitus modus finito.
1 magnas vero
agere gratias thais mihi Cette conversation se présente de
telle sorte qu'on comprend qu'elle a débuté en coulisses ; elle
contient la flatterie caractéristique du parasite et la sottise du
soldat fanfaron. 2 agere le mode infinitif fait
entendre davantage qu'un mode conjugué227.
Gn.-ingentes. Thr.-ain tu, laeta
est? Gn.-non tam ipso quidem
Gn.-Immenses. Thr.-Que dis-tu ?
Elle est contente. Gn.-Non pas tant certes
ingentes uide quantum adiciat parasitus:
ille magnas dixit, hic respondit ingentes; ille
laeta est,
hic triumphat.
ingentes voyez tout ce que le parasite
ajoute : l'un a dit grands, l'autre a répondu immenses ; celui-là
elle est
contente, celui-ci elle triomphe228.
dono quam abs te datum esse: id
uero serio
du présent lui-même que de ce qu'il
vient de toi: c'est de cela que, pour de vrai,
1 id vero
serio id ob id, ut «
id amabo adiuta me
193 ». 2 id ob id alias, at nunc παρέλκεται, id est
productionis locus est. 3 qvam abs te
datvm esse maioris est gratiae tantum potuisse amorem
militis, ut meretrix minus laetetur ob lucrum.
1 id vero
serio id est l'équivalent de ob id, comme « id
amabo, adiuta me ». 2 id est l'équivalent de
ob id
ailleurs, et dans le cas présent il fait pléonasme (παρέλκεται),
c'est-à-dire qu'il est l'occasion d'allonger l'énoncé. 3 qvam abs
te datvm esse c'est le fait d'une plus grande
reconnaissance d'avoir pu inspirer au soldat un si grand amour que
la courtisane soit moins contente du profit obtenu 229.
triumphat. Pa.-hoc prouiso ut, ubi
tempus siet,
elle triomphe. Pa.-Je vais prévoir
quand ce sera le moment
1 trivmphat ut militaribus dictis tangit
militem parasitus! 2 hvc proviso vt vbi tempvs siet
tertia persona uenit in scaenam, sed separatim loquitur et
secum.
1 trivmphat comme le parasite touche le soldat
en utilisant des mots de soldat230 ! 2 hvc
proviso vt vbi tempvs siet un troisième personnage arrive
en scène, mais il parle en aparté et à lui-même.
deducam. sed eccum militem.
Thr.-est istuc datum
de les apporter. Mais voici le
soldat. Thr.-C'est un don que j'ai,
1 sed eccvm
militem iniuriose militem, honorifice
proprio nomine dicitur, ut <in> subiectis «
audire uocem uisa sum modo
militis
194 ». 2 est istvc datvm fato decretoque concessum,
ut «
non dabitur regnis, esto, prohibere
Latinis
195 ».
1 sed eccvm
militem c'est de manière insultante qu'il dit miles (c'est avec
considération qu'on désigne les gens par leur nom propre231), comme dans le passage suivant « audire uocem uisa
sum modo militis ». 2 est istvc datvm accordé par le
destin et l'ayant décrété, ainsi dans : « Non dabitur regnis,
esto, prohibere Latinis » (Il ne (me) sera pas donné de fermer (à
Enée) le royaume de Latinus, soit !232).
profecto ut grata mihi sint quae
facio omnia.
certainement : on adore tout ce que
je fais.
1 vt grata mihi
sint qvae facio omnia gratae nobis aut res aut personae
sunt; sed nunc res dicit. 2 qvae facio omnia ἔλλειψις uel σύλλημψις.
1 vt grata mihi
sint qvae facio omnia ce sont soit les personnes soit les
choses qui nous sont agréables ; mais ici il parle des
choses. 2 qvae facio omnia ellipse (ἔλλειψις) ou233 syllepse (σύλλημψις).
Gn.-aduerti hercle animum. Thr.-uel
rex semper maximas
Gn.-J'y avais, ma foi, prêté
attention. Thr.-Même le roi m'adressait toujours les plus
grands
1 adverti hercle
animvm approbauit dictum. et hoc <est> «
ait? aio
196 ». 2 vel rex mihi semper gratias maximas agebat
quam intempestiue miles ad regem transitum fecit, cum de meretrice
agatur! 3 vel rex ut in Hecyra «
uel hic Pamphilus iurabat quotiens
Bacchidi, quam sancte
197 ». 4 vel rex mihi semper <maximas> agebat
subauditur gratias ab eo quod supra dixit «
magnas uero agere gratias Thais
mihi?
198 »
1 adverti hercle
animvm il a approuvé ce qu'il a dit, et c'est déjà dans
« ait ? aio ». 2 vel rex mihi semper gratias maximas agebat
comme c'est mal à propos que le soldat fait la transition au roi,
alors qu'il était question de la courtisane ! 3 vel rex
comme dans L'Hécyre « uel hic Pamphilus iurabat
quotiens Bacchidi, quam sancte ». 4 vel rex mihi
semper maximas agebat sous-entendre le mot gratias
(remerciements) à partir de ce qu'il a dit plus haut : « magnas
uero agere gratias Thais mihi ? ».
mihi agebat quidquid feceram: aliis
non item.
remerciements, quoi que j'aie
fait ; pour les autres, pas pareil.
Gn.-labore alieno magno partam
gloriam
Gn.-La gloire qui s'acquiert aux
grands travaux d'autrui
partam gloriam id est quae paritur, ut
«
uectus equo spumante Saces
199 ».
partam gloriam c'est-à-dire qui est acquise,
comme « uectus equo spumante Saces » (Sacès, monté sur un cheval
écumant).
uerbis saepe in se transmouet qui
habet salem;
par des discours souvent l'attire
qui est fin.
1 qvi habet
salem sal neutraliter condimentum est,
masculine sapientia. 2 verbis saepe in se transmovet qvi habet
salem mire adulatur: hoc attribuit militi quod minime
habet, uel uerba uel salem.
1 qvi habet
salem sal, au neutre, désigne un condiment ;
au masculin, c'est l'esprit234. 2 verbis saepe in se transmovet qvi habet
salem comme il flatte admirablement ; il attribue au
soldat ce qu'il possède le moins, soit les mots soit l'esprit.
quod in te est. Thr.-habes. Gn.-rex
te ergo in oculis... Thr.-scilicet.
C'est ton cas. Thr.-Tu l'as. Gn.-Le
roi donc de ses yeux te... Thr.-Evidemment.
1 qvod in te
est quod tu habes. 2 habes intellegis. quod enim
tenemus corpore, habemus quoque; item animo quod habemus,
intellegimus. 3 habes pro intellegis. sic dicitur accipe et da. 4 habes id
est dicis, ut Sallustius «
Tartessum, Hispaniae ciuitatem, quam nunc
Tyrii mutato nomine Gaddirum habent
200 ». 5 rex te ergo in ocvlis scilicet gestire uide
inconditam properationem laudari se cupientis adeo, ut non sinat
uerba compleri, quin praefestinet scilicet et uere dicere.
1 qvod in te
est ce que tu as, toi. 2 habes
signifie intellegis (tu comprends). Ce que nous
tenons en effet physiquement, nous le possédons aussi ; de même ce
que nous possédons par l'esprit, nous le comprenons. 3 habes est l'équivalent de intellegis. On dit
ainsi accipe (écoute ) et da (vois). 4 habes c'est-à-dire tu le dis, comme chez
Salluste « Tartessum, Hispaniae civitatem, quam nunc Tyrii mutato
nomine Gaddirum habent235 ». (Tartesse, cité
d'Espagne que les Tyriens possèdent maintenant, après avoir changé
le nom en Gadès). 5 rex te ergo in ocvlis scilicet
gestire voyez la hâte mal maîtrisée de celui qui désire
être loué au point qu'il lui coupe la parole et s'empresse de dire
bien sûr
et vraiment.
Gn.-couvait. Thr.-Vraiment ! il me
confiait toute son armée,
1 credere omnem
exercitvm magis ridebis, si consideres militem μάταιον esse, qui dicit
credere omnem
exercitum et consilia. 2 credere omnem
exercitvm consilia sub obtentu militis ea stultitia
descripsit breuiter comitem regium acceptumque imperatori. nam qui
nunc credit exercitum, credit et consilia. Vergilius «
nulla meis sine te quaeretur gloria
rebus, seu pacem seu bella geram: tibi maxima rerum
uerborumque fides
201 ».
1 credere omnem
exercitvm on rira davantage si on considère que le soldat
est un vantard (μάταιος), qui dit il me confiait son armée entière
et ses projets. 2 credere omnem exercitvm
consilia en se dissimulant sous le personnage du soldat il
a décrit en peu de mots avec cette imbécillité un courtisan de
surcroît dans les bonnes grâces du général en chef ; car celui qui
confie maintenant son armée, confie aussi ses projets. Virgile
« nulla meis sine te quaeretur gloria rebus, seu pacem seu bella
geram : tibi maxima rerum verborumque fides » (Je ne chercherai
pour mes intérêts aucune gloire sans toi ; en paix ou en guerre ;
dans l'action comme dans la discussion tu auras ma plus grande
confiance).
consilia. Gn.-mirum. Thr.-tum sic
ubi eum satietas
ses projets. Gn.-Merveilleux !
Thr.-De temps en temps comme ça quand le dégoût le
1 consilia
αὔξησις: plus
est consilia quam totus exercitus. 2 mirvm
melius per εἰρωνείαν pronuntiamus mirum: quid ni
crederet tali uiro? 3 Sed potest
etiam simpliciter pro admirantis gestu accipi. 4 vbi satietas
hominvm avt negoti rei p. princeps duas res patitur:
homines et negotia, <id est> personas et res. 5 satietas
hominvm avt negoti siqvando
o.
odivm
c.
ceperat
proprie reddidit et decenter hominum satietas
negoti odium ; non enim par erat rei p. principem hominum odio
laborare.
1 consilia
amplification (αὔξησις) ; les projets c'est bien plus que
l'armée entière236. 2 mirvm
c'est mieux de prononcer mirum par ironie (εἰρωνείαν) : comment ne
croirait-on pas un tel homme ? 3 Mais cela peut aussi simplement être pris pour un
élan d'admiration237. 4 vbi satietas hominvm avt negoti le premier
personnage de l'Etat supporte deux choses : les hommes et les
affaires, c'est-à-dire les personnes et les actions. 5 satietas
hominvm avt negoti siqvando odivm ceperat il a rendu au
sens propre et convenablement la satiété des hommes et le dégoût
des affaires ; il n'est pas équitable, en effet, que le premier
personnage de l'Etat souffre de misanthropie.
hominum aut negoti siquando odium
ceperat,
prenait ou si parfois c'était la
haine des affaires,
hominvm avt negoti eos qui gerunt et ea quae
geruntur.
hominvm avt negoti les personnes qui
administrent et les choses qui sont administrées.
requiescere ubi uolebat, quasi...
nostin? Gn.-scio:
quand il voulait se reposer,
c'était comme... Tu saisis ? Gn.-Je saisis,
1 reqviescere vbi
volebat bono uerbo usus est, nam cessat desidiosus,
requiescit
defessus. 2 qvasi nostin grate expressit stulti
infantiam militis, qui ante uult intellegi quod sentit, quam ipse
dicat. 3 Et proprie hoc
morale est stolidis inerudite loquentibus. 4 qvasi
nostin ἀποσιώπησις.
1 reqviescere vbi
volebat il utilise le bon verbe, car cessat s'applique à
un oisif, requiescit à un homme fatigué. 2 qvasi
nostin il exprime de manière agréable l'incapacité de
s'exprimer du soldat stupide, qui veut qu'on comprenne ce qu'il
ressent avant de l'avoir exprimé. 3 Et ce sont les termes appropriés au caractère des
parleurs stupides qui causent dans l'ignorance. 4 qvasi
nostin aposiopèse238 (ἀποσιώπησις).
quasi ubi illam exspueret miseriam
ex animo. Thr.-tenes.
comme quand il voulait recracher ce
malheur de son cœur. Thr.-Tu le tiens.
1 tenes
pro habes,
hoc est quod supra intellegis
. 2 qvasi vbi illam exspveret miseriam
ubi pro
quando et
in his et supra. 3 expveret expuere est cum
fastidio aliquid reicere et expellere. nam expuere est ἔξω pus mittere, id est
foras. nam pus
est omnis humor corpori onerosus.
1 tenes
est l'équivalent de habes (tu y es), c'est ce qui est plus
haut « intellegis ». 2 qvasi vbi illam exspveret
miseriam ubi est l'équivalent de quando (quand) et sur
ces considérations, voir ci-dessus. 3 expveret
expuere
c'est rejeter et cracher quelque chose avec répugnance. Car
expuere
c'est envoyer des humeurs ἔξω (dehors), c'est-à-dire à l'extérieur
du corps. Car l'humeur est le liquide difficile à digérer de tout
corps.
tum me conuiuam solum abducebat
sibi. Gn.-hui
A ce moment-là, c'est moi seul
qu'il prenait comme convive. Gn.-Pfui !
1 tvm me convivam
solvm abdvcebat sibi hoc supererat, <ut> qui esset
minister magnarum rerum, id est consiliarius, uoluptatibus quoque
regi idem particeps esset. 2 Et uide quo
significatu dicatur me <et> conuiuam et
solum et
abducebat
; nam non uocabat. 3 Et sibi quasi non
propter
me, sed ut
sibi bene esset. 4 tvm me
convivam id est: cum satietas hominum esset, cum odisset
negotia. 5
convivam solvm
abdvcebat
31
<ut> «
solam nam perfidus ille te <
c.
colere
>
202 ». significat autem saepicule factum.
1 tvm me convivam
solvm abdvcebat sibi il se montrait supérieur en homme qui
traite des grandes choses, c'est-à-dire un conseiller, et qui est
compagnon du roi dans ses plaisirs. 2 Et voyez ce qui est signifié quand il dit
me et
conuiuam
et solum
et abducebat ; car il ne l'invitait
pas. 3 Et sibi n'est pas
vraiment équivalent de propter me (près de moi) mais de
ut sibi bene
esset (pour qu'il aille bien). 4 tvm me
convivam c'est-à-dire : alors qu'il éprouvait la satiété
des hommes, alors qu'il avait le dégoût des affaires. 5 convivam
solvm abdvcebat comme « solam nam perfidus ille te
colere » (Car pour toi seule, ce perfide avait de la
considération). Or cela veut dire qu'il le faisait assez
souvent.
regem elegantem narras. Thr.-immo
sic homo est
c'est d'un roi de bon goût dont tu
me parles. Thr.-Carrément, c'est le genre du type,
regem elegantem narras qui eligere sciat aut
qui ipse sit eligendus.
regem elegantem narras qui sait choisir ou
qu'il faut choisir 239 lui-même.
perpaucorum hominum. Gn.-immo
nullorum arbitror,
avoir un ou deux amis. Gn.-Ou même
zéro à mon avis,
1 perpavcorvm
hominvm aut qui paucis utitur aut qui de paucis est aut
qui paucis placet, hoc est bonis et sapientibus, qui fere pauci
sunt. 2 immo nvllorvm arbitror hoc auersus, ne miles
audiat. 3 Potest tamen et aliter
intellegi: maxime stolidos milites.
1 perpavcorvm
hominvm ou bien qui a des relations avec peu de gens ou
qui fait partie d'une petite élite, ou encore qui plaît à peu de
gens, c'est-à-dire aux gens de bien et d'esprit qui de fait sont
peu nombreux. 2 immo nvllorvm arbitror il dit cela en
aparté, afin que le soldat ne l'entende pas. 3 On peut cependant comprendre aussi autrement :
surtout des soldats stupides.
si tecum uiuit. Thr.-inuidere omnes
mihi,
si c'est avec toi qu'il vit.
Thr.-Ils me jalousaient tous,
invidere omnes mihi plus potest ad
significandum infinitum tempus quam finitum.
invidere omnes mihi il y a plus de valeur
expressive dans un infinitif que dans un mode conjugué.
mordere clanculum: ego non flocci
pendere:
me mordaient en douce ; moi je m'en
foutais.
ego non floccipendere quod morderent
clanculum uel quod inuiderent.
ego non floccipendere sous prétexte qu'ils
lui décochaient en cachette des traits mordants ou si l'on préfère
qu'ils le jalousaient.
illi inuidere misere; uerum unus
tamen
Eux, ils étaient jaloux, une
misère. Mais il y en a un pourtant
1 illi invidere
misere misere nimis, quia nimia
misera. 2 vervm vnvs proprie, nam unus ex multis
dicitur. 3 Et mire
facta nullius ponderis repetitio ad inertiam loquentis
exprimendam. nam postquam dixit «
inuidere omnes mihi
203 », repetit inuidere misere; et cum misere et impense idem
significent, mox tamen sine ullo auctu addidit uerum unus tamen
impense. 4 Aut plus est
misere
quam impense.
1 illi invidere
misere misere est hyperbolique, parce que ce
sont des misères hyperboliques. 2 vervm
vnvs pris au sens propre, de fait il s'agit d'un parmi
beaucoup. 3 Et la répétition est
admirablement faite sans aucune lourdeur pour exprimer
l'inculture240 du personnage qui
parle. De fait après avoir dit « inuidere omnes mihi », il répète
inuidere
misere ; et comme misere et
impense
ont le même sens, aussitôt après c'est sans rien
dire de plus qu'il ajoute uerum unus tamen impense. 4 Par rapport à impense, misere dit plus.
inpense, elephantis quem Indicis
praefecerat.
jusqu'à la ruine ; c'était celui
qui était chargé des éléphants indiens.
1 elephantis qvem
indicis praefecerat et hoc stulte, cum hoc ad dignitatem
sumit et sic pronuntiat, ut magna esse praefectura uideatur haec
ipsa. 2 Et hoc a
stolido milite sic profertur, tamquam magnum hominem uelit esse,
qui sibi inuiderit. 3 Et indicis πρὸς ἀντιδιαστολήν
Maurorum, qui et mitiores sunt.
1 elephantis qvem
indicis praefecerat cela aussi est idiot, puisqu'il prend
cela pour une dignité et prononce de manière à ce que ce
commandement même ait l'air d'être quelque chose de
grand. 2 Et le soldat stupide
prononce cela comme s'il voulait que ce soit un homme d'importance
qui le jalouse. 3 Et indicis pour opérer une
différenciation (πρὸς
ἀντιδιαστολήν) avec ceux des Maures qui sont mieux
apprivoisés.
is ubi molestus magis est,
« quaeso » inquam « Strato,
Un jour qu'il me casse grave les
pieds, je lui dis comme ça : « Dis-moi, Straton,
1 is vbi molestvs
magis est more suo magis addidit, ne diceret molestior. 2 qvaeso
inqvam strato Strato nomen accommodatum militiae.
1 is vbi molestvs
magis est selon son habitude, il ajoute magis, pour éviter la
forme molestior. 2 qvaeso inqvam
strato Straton est un nom bien approprié pour quelqu'un
qui exerce le métier de soldat.
eone es ferox quia habes imperium
in beluas? ».
t'es à ce point féroce parce que tu
commandes à des fauves ? ».
1 eone es
ferox causale est ideone significans. 2 qvia habes
imperivm in belvas mire extulit imperium, dicturus
in beluas.
sic Vergilius «
illa se
i.
iactet
i.
in
a.
aula
Aeol.
Aeolus
et
c.
clauso
u.
uentorum
c.
carcere
r.
regnet
204 ».
1 eone es
ferox c'est causal et cela signifie ideone (est-ce la
raison pour laquelle). 2 qvia habes imperivm in belvas
c'est étonnant de parler d' imperium, alors qu'il va dire in beluas. Ainsi
Virgile « illa se iactet in aula Aeolus et clauso uentorum carcere
regnet » (Qu'Éole se pavane dans cette cour et qu'il règne sur les
vents, sur leur prison bien close).
Gn.pulchre mehercle dictum et
sapienter. papae
Gn.-Bien répondu, ma foi, et avec
sagesse. Peste !
pvlchre mehercle dictvm immodica laudatione
euertit, etiam si quid facete dictum est. sufficeret enim
pulchre,
quod est sapienter.
pvlchre mehercle dictvm il éclate en éloges
sans mesure, même si ce qui a été dit est drôle. Il suffirait en
effet de dire pulchre, ce qui vaut pour sapienter (sage
réponse).
iugularas hominem. quid ille?
Thr.-mutus ilico.
tu lui avais coupé le sifflet. Et
l'autre ? Thr.-Muet sur le coup.
1 ivgvlaras
hominem pulchre tangit militem iugularas dicendo,
non occideras, quasi gladio, non uerbo usus
sit. 2 mvtvs ilico tam hoc stultum est, quam si
diceret statim
nihil. recte autem diceret ex illo mutus fuit.
tale est illud tacere
festinat.
1 ivgvlaras
hominem il touche joliment le soldat en disant iugularas, et non
occideras
(tu l'avais tué), comme si c'était d'une épée et non d'un mot
qu'il s'était servi. 2 mvtvs ilico cela est aussi
stupide que s'il disait statim nihil (aussitôt…rien). Il aurait
dû dire pour parler correctement ex illo mutus fuit (après ça il est
resté muet). De ce genre est l'expression tacere festinat (il
se dépêche de ne rien dire).
Gn.-quid ni esset? Pa.-di uestram
fidem, hominem perditum
Gn.-N'est-ce pas ? Pa.-Bonté
divine, le type sans foi ni loi,
1 qvid ni
esset hoc est: ut posset <esse>,
iugularas. 2 hominem perditvm deest o, ut sit: o hominem perditum.
sed sic melius sonat; maioris enim stuporis est hoc modo
pronuntiatum. 3 hominem perditvm miservmqve uide quantum
addiderit, qui non hunc simplicem sed perditum et
miserum
nec illum malum sed sacrilegum dixerit.
1 qvid ni
esset c'est-à-dire : pour qu'il puisse l'être, tu lui
avais coupé la gorge. 2 hominem perditvm il manque
o, pour
avoir : o hominem
perditum. Mais ainsi c'est plus expressif ; en effet
de cette manière la prononciation marque mieux la
stupeur. 3 hominem perditvm miservmqve voyez combien il
en rajoute en disant non pas simplex (simple) mais perditus et
miser, non
pas malus
(mauvais), mais sacrilegus.
miserumque et illum sacrilegum!
Thr.-quid illud, Gnatho,
le misérable, le mécréant ! Thr.-Ah
et ça, Gnathon,
quo pacto Rhodium tetigerim in
conuiuio,
comment ce Rhodien je l'ai manié
dans un banquet,
qvo pacto rhodivm tetigerim luserim, fatigauerim. nam
tangere
cum multa tum etiam hoc significat.
qvo pacto rhodivm tetigerim mis pour
luserim
(je l'ai joué), fatigauerim (je l'ai accablé). De fait,
tangere entre bien d'autres
sens a aussi celui-là.
numquam tibi dixi? Gn.-numquam; sed
narra obsecro.
jamais je ne te l'ai dit ?
Gn.-Jamais, mais raconte, je t'en supplie.
nvmqvam sed narra obsecro callide parasitus
intellegit ad hoc se interrogatum, ut audire postulet.
nvmqvam sed narra obsecro avec ruse le
parasite comprend qu'il n'est interrogé que pour qu'il demande à
entendre la suite.
(plus milies382
audiui). Thr.-una in conuiuio
(plus de mille fois, je l'ai
entendu !). Thr.-Avec moi, au banquet,
1 plvs milies iam
avdivi ὑπερβολή aut superfertur aut aequatur aut
subiacet. superfertur nunc, aequatur milies, subiacet ut tantum non
milies. 2 Conuenit
stultum eundem et immemorem esse, quia et <memoria>
intellegentia est.
1 plvs milies iam
avdivi hyperbole (ὑπερβολή) : l'énoncé est soit supérieur à
la chose référée, soit égal à elle, soit inférieur. Dans le cas
présent il est supérieur, quand on dit milies (mille fois)
il est égal, quand on dit tantum non milies (pas mille fois), il
est inférieur. 2 il convient bien à
ce même imbécile d'être aussi dépourvu de mémoire, parce que la
mémoire aussi est une forme d'intelligence.
erat hic, quem dico, Rhodius
adulescentulus.
il se trouvait celui dont je te
parle, un Rhodien, un petit jeune.
forte habui scortum: coepit ad id
adludere
Il se trouve que j'avais une pute.
Il se met à jouer avec
1 forte habvi
scortvm uide quemadmodum miles, dum uult ad dictum suum
peruenire, fateatur interim quam contemptus sit atque
derisus. 2 Abdomen in corpore
feminarum patiens iniuriae coitus scortum dicitur, ideo quia scorta sunt dura
coria. a parte ergo sui meretrices scorta dicuntur. 3 Vel ἀπὸ
τοῦ σκαίρειν, quod Graece palpitare intellegitur, quod
illae faciunt saltando assidue uel potius crissando, ut Lucretius
ait ob eam causam, ut concinniorem uenerem exhibeant uiris aut
sibi abigant conceptum, quod in uuluam feminae in ipso coitu non
se mouentis incidit.
1 forte habvi
scortvm voyez comment le soldat, en voulant parvenir à
dire son bon mot, avoue entre temps combien il est méprisé et
raillé. 2 on appelle scortum le ventre sur
le corps des femmes quand il endure de façon habituelle la
blessure du coït, pour la raison que scortum signifie cuirs durs. C'est de
cette partie de leur anatomie que l'on tire le nom des
courtisanes : scorta. 3 Autre étymologie possible: le mot vient du verbe
σκαίρειν
(ἀπὸ τοῦ
σκαίρειν), qui signifie en Grec palpiter, chose qu'elle
font en dansant sans cesse ou plutôt en se tortillant, comme le
dit Lucrèce, pour cette raison qu'elles exhibent ainsi aux yeux
des hommes une anatomie plus propre aux plaisirs de Vénus ou se
détournent du liquide de la conception parce que celui-ci pénètre
dans la vulve de la femme si dans le coït elle ne bouge pas.
et me inridere. « quid ais » inquam
homini « inpudens?
et à me moquer. « Qu'est-ce que tu
racontes, je dis au type, espèce de mal embouché,
lepus tute es et pulpamentum
quaeris »?. Gn.-hahahe383.
t'es un chaud lapin et tu veux
encore du râble » ? Gn.-Ah ! ah ! ah !
1 lepvs tvte es et
pvlpamentvm qvaeris lepus pro infamia ob multa ponitur: uel
quod magis a posteriore parte, hoc est armis, pulpamentum de se
praebeat, cum in conuiuio carpatur appositus, ut Horatius ait
«
fecundi leporis sapiens sectabitur
armos
205 »; uel quod uenantur illum et persectantur canes, quos
pro amatoribus ἀλληγορικῶς intellegimus, ut ipse
Terentius ait «
ceruam uidere fugere, sectari
canes
206 »; uel quod illum sic fugientem nos consectantur ut hunc
libido effeminata 32; uel quod a physicis dicatur incerti sexus
esse, hoc est modo mas modo femina. 2 lepvs tvte es et
pvlpamentvm qvaeris quod in te habes, hoc quaeris in
altero. et est τρόπος
ἀλληγορία. 3 hahahe hic parasitus et
interiectionem risus addidit, quo magis nunc primum hoc audisse
credatur.
1 lepvs tvte es et
pvlpamentvm qvaeris lepus est mis pour ses sens péjoratifs
pour de nombreuses raisons : soit parce que c'est plutôt à partir
de la partie postérieure, c'est-à-dire les rables, qu'il offre de
la viande, bien que dans un banquet on s'en saisisse apprêté,
comme le dit Horace « fecundi leporis sapiens sectabitur armos »
(l'homme de goût recherchera dans le lièvre fécond les râbles) ;
soit parce que c'est le lièvre que les chiens poursuivent et
chassent et que par les chiens nous comprenons allégoriquement
(ἀλληγορικῶς)
les amants, comme le dit Térence lui-même : « ceruam uidere
fugere, sectari canes » ; soit parce que, même s'il nous fuit, les
chiens le poursuivent comme il est poursuivi par son désir
efféminé ; soit parce que les naturalistes disent que le sexe du
lièvre est incertain, c'est-à-dire tantôt mâle, tantôt
femelle. 2 lepvs tvte es et pvlpamentvm qvaeris ce que
tu as en toi tu le cherches en autrui. et c'est la figure de
l'allégorie (τρόπος
ἀλληγορία). 3 hahahe ici le parasite ajoute
même une interjection exprimant le rire, afin de faire mieux
croire qu'il l'entend pour la première fois.
Thr.-quid est? Gn.-facete lepide
laute nil supra.
Thr.-Alors ? Gn.-Spirituel,
plaisant, magnifique, rien au-dessus.
1 qvid est
haec interrogatio gestum uultumque continet alacris cuiusdam et
certi, quod laudandus sit. 2 facete facetus est, qui
facit uerbis quod uult; lepide lepidus, qui politus est ut λεπίς, id est lamina;
lavte lautus, qui mundus et
splendidus.
1 qvid est
cette question contient la mimique et l'expression de visage de
quelqu'un qui est tout content et certain que l'on va faire son
éloge. 2 facete est facetus celui qui fait ce qu'il veut
avec les mots ; lepide
est lepidus, celui qui est poli comme une
λεπίς, c'est à
dire en grec une lame ; lavte est lautus, celui qui est soigné et
magnifiquement mis.
tuumne, obsecro384,
hoc dictum erat? uetus credidi.
Mais, s'il te plaît, il est bien de
toi, ce bon mot-là ? Je le croyais ancien.
1 tvvmne obsecro
hoc dictvm erat et dicta et prouerbia et adagiones, quae
ad rem agant
, facetis hominibus ascribuntur. 2 Et hoc laudis genus est ad potiores
referre, quod alter probatur dixisse. 3 vetvs
credidi quia omnia uetera magna sunt.
1 tvvmne obsecro
hoc dictvm erat les bons mots, les proverbes et les
adages, mot qui vient de ad rem
agere (conduire à une chose), sont attribués aux gens
d'esprit. 2 Et ce genre d'éloge
consiste à rapporter à de grands personnages ce qui de toute
évidence a été dit par l'autre241. 3 vetvs
credidi parce que toutes les choses anciennes sont
grandes.
Thr.-audieras? Gn.-saepe, et fertur
in primis. Thr.-meum est.
Thr.-Tu l'avais entendu ?
Gn.-Souvent, et on le met dans les premiers rangs. Thr.-Il est de
moi.
1 saepe et fertvr
in primis non ex ipso; nam erit contrarium
superiori. 2 mevm est non sensu modo, sed uerbis quoque
ipsis agreste est, quod nunc dicit meum est.
1 saepe et fertvr
in primis non de lui-même ; de fait ce serait contraire à
ce qui a été dit plus haut. 2 mevm est c'est non seulement le
sens, mais les mots eux-mêmes qui rendent rustique ce qu'il dit
maintenant meum
est.
Gn.-dolet dictum imprudenti
adulescenti et libero.
Gn.-C'est malheureux qu'il ait été
dit contre un étourdi jeune et comme il faut.
1 dolet dictvm
imprvdenti advlescenti et libero deest mihi ut sit:
dolet
mihi. — 2 Et
dictum
participium est, id est quod dixisti. — addidit
enim parasitus, quo grauius sit dictum, commiserationem eius, in
quem dictum est, utpote inprudentem adulescentem et liberum; scit
enim homines stultos malos uideri uelle. 3 Et uide parasitum in isdem uersari, cum
ait supra «
iugularas
207 », hic dolet
dictum. 4 inprvdenti cuius rei
inprudenti? scilicet qui minime crederet tali se percuti posse
conuitio aut cum tali uiro sibi rem futuram. 5 Et sic laudat militem, ut iam miseratione
dignus sit adulescens, tam festiua ui33 ut iam misereri inimicorum uacet.
1 dolet dictvm
imprvdenti advlescenti et libero il manque mihi pour avoir :
dolet
mihi. — 2 Et dictum est un participe, c'est-à-dire,
ce que tu as dit. — le parasite ajoute en effet pour accroître le
poids de ce qu'il dit, de la commisération envers celui contre
lequel il va parler, en le présentant comme un jeune homme
imprudent et comme il faut ; il sait en effet que ce sont les
imbéciles qui veulent passer pour des gens mauvais. 3 Et voyez le parasite se livrer au même
manège que quand il a dit plus haut « iugularas », en disant ici
dolet
dictum. 4 inprvdenti imprudent à quel
sujet ? sans doute parce qu'il ne croyait absolument pas pouvoir
être frappé d'une telle insulte ou qu'il aurait affaire à un
pareil individu. 5 Et il loue le
soldat de telle manière que le jeune homme paraît digne de pitié,
avec une violence si humoristique qu'on a désormais toute latitude
pour prendre en pitié ses adversaires.
Pa.-at te di perdant! Gn.-quid ille
quaeso? Thr.-perditus:
Pa.-Que les dieux te fassent
crever ! Gn.-Et lui ? je te prie. Thr.-Crevé.
1 at te di
perdant noue Parmeno non cum ipso, sed de ipso loquitur
non audiente. 2 Εἰρωνικῶς Parmeno hic
male facit: at te di
perdant inquit.
1 at te di
perdant de manière inédite Parménon ne parle pas avec lui,
mais de lui sans qu'il entende. 2 C'est de manière ironique (εἰρωνικῶς) que Parménon
agit mal ici : il dit at te di perdant.
risu omnes qui aderant emoriri.
denique
Tous les assistants avaient mouru
de rire. A la fin,
risv omnes qvi aderant emoriri disciplina
est comicis ut stultas sententias ita etiam uitiosa uerba
ascribere ridiculis imperitisque personis, ut Plautus «
ibus denumerem stipendium
208 » inquit ex persona militis. itaque hic emoriri dixit, at
uero Atticus adulescens in Heaut. «
emori cupio
209 ». uide igitur poetam pro loco ac tempore scire quid
dicat.
risv omnes qvi aderant emoriri c'est la
règle chez les auteurs comiques d'attribuer à la fois des phrases
stupides et en même temps des énoncés fautifs aux personnages
ridicules et incultes, comme Plaute fait dire « ibus denumerem
stipendium » (pour y payer la solde à eux) au personnage du
soldat. C'est la raison pour laquelle il dit ici emoriri, alors que le
jeune homme de l'Attique dans L'Héautontimorouménos
dit « emori cupio » (je veux mourir). Voyez donc que le poète sait
ce qu'il dit en fonction du lieu et du moment.
metuebant omnes iam me. Gn.-non
iniuria385.
depuis, ils avaient tous peur de
moi. Gn.-Ils n'avaient pas tort.
1 metvebant omnes
iam me ne cui dicerem «
lepus tute es et pulpamentum
quaeris?
210 » aut «
eone es ferox, quia habes imperium in
beluas?
211 ». 2 non inivria hoc sic pronuntia, quemadmodum
illud supra «
quid ni esset?
212 ».
1 metvebant omnes
iam me que je dise à quelqu'un « lepus tute es et
pulpamentum quaeris ? » ou bien « eone es ferox, quia habes
imperium in beluas ? ». 2 non inivria prononcez cela de
la même manière que cette phrase plus haut « quid ni
esset ? ».
Thr.-sed heus tu, purgon ego me de
ista386 Thaidi,
Thr.-Mais, toi, au fait, me
justifierai-je au sujet de la fille, auprès de Thaïs
pvrgon ego me de ista thaidi οἰκονομία ad litem
futuram inter militem et Thaidem.
pvrgon ego me de ista thaidi agencement
(οἰκονομία) qui
prépare à l'affrontement qui va avoir lieu entre le soldat et
Thaïs.
quod eam me amare suspicatur387? Gn.-nil minus.
qui me soupçonne d'en être
amoureux ? Gn.-Pas le moins du monde.
qvod eam me amare svspicatvr quia apparet
illam militi quoque κατὰ
τὸ σιωπώμενον ostendisse, quod dixit Phaedriae.
qvod eam me amare svspicatvr parce qu'il est
bien clair qu'elle a montré au soldat a silentio (κατὰ τὸ σιωπώμενον), ce
qu'elle a dit à Phédria.
immo auge magis suspicionem.
Thr.-cur? Gn.-rogas?
Au contraire accrois son soupçon.
Thr.-Pourquoi ? Gn.-Cette demande !
immo avge magis svspicionem haec erit causa
reiciendi militis.
immo avge magis svspicionem ce sera la
raison qui fera rejeter le soldat.
scin, siquando illa mentionem
Phaedriae
Tu sais, si un jour elle fait
mention de Phédria,
1 scin
siqvando monentis est dicere scin uel scito. 2 siqvando illa
mentionem siquando et prima syllaba acui potest et
media, tamen uariet sententiam.
1 scin
siqvando c'est le propre de quelqu'un qui avertit que de
dire scin
ou scito. 2 siqvando illa
mentionem suivant que dans siquando on accentue la première syllabe
ou la syllabe médiane, le sens est changé.
facit aut si laudat, te ut male
urat? Thr.-sentio.
ou si elle fait son éloge, pour te
chauffer méchamment... Thr.-Je comprends.
Gn.-id ut ne fiat haec res sola est
remedio:
Gn.-Pour éviter cela, voici le seul
remède.
1 id vt ne
fiat modo ne non significat. 2 haec res sola
est remedio si te suspicetur amare Pamphilam.
1 id vt ne
fiat quelquefois ne veut dire non. 2 haec res sola
est remedio si elle te soupçonne d'aimer Pamphila.
ubi nominabit Phaedriam tu
Pamphilam
Dès qu'elle dira : « Phédria »,
riposte « Pamphila »
1 vbi nominabit
phaedriam et locum et tempus significat ubi. 2 tv pamphilam
continvo hic magna οἰκονομία est, qua Terentius praeparat,
quemadmodum iurgium inter Thaidem militemque et Gnathonem per duas
partes serpat fabulae. 3 Et bene
continuo,
ut intellegat meretrix non tam Pamphilam amari quam sibi uicem
dari.
1 vbi nominabit
phaedriam ubi s'applique à la fois au lieu et au
temps. 2 tv pamphilam continvo il y a ici un grand
agencement (οἰκονομία), grâce auquel Térence prépare
la façon dont la querelle entre Thaïs, le soldat et Gnathon va
s'insinuer dans deux actes de la pièce. 3 Et continuo est bien trouvé, afin que la
courtisane comprenne que ce n'est pas tant Pamphila qui est aimée
qu'elle qui reçoit la monnaie de sa pièce.
continuo; siquando illa dicet
« Phaedriam
aussitôt. S'il lui arrive de dire :
« Phédria,
pamphilam cantatvm provocemvs eleganter,
quia ille foris est, haec intus, illum intromittamus, hanc
prouocemus: haec est in uerbis poetae
germana proprietas.
pamphilam cantatvm provocemvs c'est avec
élégance, parce qu'il est dehors et elle dedans, qu'il dit pour
lui intromittamus, pour elle prouocemus : c'est là
user dans les mots employés par le poète de deux expressions
parfaitement propres.
intro mittamus comissatum »,
Pamphilam
envoyons-le chercher pour souper »,
dis, toi : « Pamphila
cantatum prouocemus; si laudabit
haec
appelons-la pour qu'elle nous joue
quelque chose ». Si elle vante
illius formam, tu huius contra.
denique
la beauté de l'autre, toi de ton
côté vante celle de la petite. Bref,
tv hvivs contra hoc contra uicem
significat.
tv hvivs contra ce contra signifie en
retour.
par pro pari referto quod eam
mordeat.
rends-lui coup pour coup et que ça
la pique.
1 qvod eam
mordeat quod par. 2 An
absolute quod quae res?
1 qvod eam
mordeat quod a pour antécédent par. 2 Ou faut-il construire absolument : quod équivaut à
quae res
(quelle chose) ?
Thr.-siquidem me amaret, tum istuc
prodesset, Gnatho.
Thr.-Si seulement elle m'aimait,
alors ça pourrait servir, Gnathon.
1 siqvidem me
amaret tvm istvc prodesset gnatho hic uersiculus personam
militis et Gnathonis continens pro oeconomia inducitur, qua
uerisimile fit facile militem ferre posse anteponi sibi Phaedriam,
qui se semper intellexerit non amari. nam si hoc tollas, aut
excludendus est Phaedria aut ex dolore militis in hac fabula fit
exitus tragicus. 2 Et hoc miles
ut sapiens locutus est. ergo meminisse conuenit ridiculas personas
non omnino stultas et excordes induci a poetis comicis, nam nulla
delectatio est, ubi omnino qui deluditur nihil sapit. 3 Stultitia autem est in his quattuor modis:
aut non uenire in mentem quod oportet aut si uenerit non tenere
aut bonum consilium non admittere aut malum admittere. uide ergo,
ut hoc, quod commode miles uiderat, non tenuerit totumque
amiserit. hoc autem idcirco interposuit poeta, ut ostenderet, quid
ueneni haberet assentatio, per quam non modo errantes decipiuntur
ac praecipites eunt, uerum etiam sapientes interdum sanique
euertuntur.
1 siqvidem me
amaret tvm istvc prodesset gnatho ce petit vers qui
contient une présentation du personnage du soldat et de celui de
Gnathon est introduit pour servir de préparation, qui rend
vraisemblable le fait que le soldat puisse supporter qu'on lui
préfère Phédria, vu qu'il a compris dès le début qu'il n'était pas
aimé. De fait, si l'on enlève ce passage, ou bien il faut que
Phédria soit mis à la porte, ou bien que la douleur du soldat ne
donne à cette pièce un dénouement de tragédie. 2 Et cela est dit par le soldat comme s'il était
intelligent. Il convient donc de se souvenir que les personnages
ridicules ne sont pas toujours représentés par les poètes comiques
comme des idiots sans cervelle ; de fait, il n'est nul plaisir
quand celui dont on se joue n'a absolument aucune forme
d'intelligence. 3 Or il y a quatre
manières d'être stupide : ou bien ne vient pas à l'esprit ce qui
le devrait, ou bien si cela vient on ne le retient pas, ou bien
encore on n'accepte pas un bon conseil, ou bien on en accepte un
mauvais. Voyez donc comment le soldat n'a pas conservé mais bel et
bien totalement perdu ce dont il avait bien vu que c'était son
intérêt. De plus, le poète a inséré cet épisode pour montrer quel
poison il y a dans la flatterie, par laquelle non seulement ceux
qui se trompent sont abusés et se précipitent à leur ruine, mais
par laquelle également des gens intelligents et sains d'esprit
sont réduits à néant.
Gn.-quando illud quod tu das
exspectat atque amat,
Gn.-Puisque, ce que tu donnes, elle
l'attend et elle l'aime,
qvando illvd qvod tv das exspectat hac
sententia tollitur militi quod recte senserat, nec persuadetur
tamen quod ametur ab amica.
qvando illvd qvod tv das exspectat par cette
phrase le soldat se voit enlever le sentiment juste qu'il avait eu
sans pour autant qu'il soit persuadé qu'il est aimé par sa
maîtresse.
iamdudum te amat, iamdudum illi
facile fit
c'est que depuis longtemps c'est
toi qu'elle aime ; depuis longtemps avec elle c'est facile
iamdvdvm te amat iamdudum uel
nimium et
ualde uel
iampridem.
iamdvdvm te amat iamdudum peut
signifier nimium (trop) et ualde (extrêmement)
ou aussi bien iampridem (depuis longtemps).
quod doleat; metuit semper quem
ipsa nunc capit
de lui faire mal. Elle craint
toujours que ce qu'elle reçoit à présent,
1 qvod
doleat hoc ad illud refertur, quod supra dixit «
par pari34 referto, quod eam mordeat
213 ». 2 metvit ne qvando iratvs tvte alio conferas
et hic locum pro persona posuit, ne diceret ad aliam.
1 qvod
doleat cela se rapporte à ce qu'il a dit plus haut « par
pari referto, quod eam mordeat ». 2 metvit ne qvando
iratvs tvte alio conferas ici aussi il a mis le lieu pour
la personne afin de ne pas dire ad aliam.
fructum nequando iratus tu alio
conferas.
le profit, tu n'ailles dans ta
colère le porter ailleurs.
Thr.-bene dixti, at388 mihi istuc non in mentem uenerat.
Thr.-Tu as bien parlé ; mais cela
ne m'était pas venu à l'esprit.
at mihi istvc non in mentem venerat sic
pronuntiandum est, quasi militi monstri simile uideatur sapiens
dictum alii prius uenisse in mentem quam sibi.
at mihi istvc non in mentem venerat il faut
prononcer comme si c'était pour le soldat l'équivalent d'un
prodige que de voir une parole sage venir à l'esprit d'un autre
avant lui.
Gn.-ridiculum; non enim cogitaras.
ceterum
Gn.-Tu veux rire, c'est que tu n'y
avais pas pensé ; d'ailleurs
1 ridicvlvm uel dictum uel hominem significamus. 2 cetervm hoc tv
melivs qvanto invenisses thraso scilicet si
cogitasses.
1 ridicvlvm nous pouvons le faire porter soit
sur dictum
soit sur hominem. 2 cetervm hoc tv
melivs qvanto invenisses thraso évidemment si tu avais
réfléchi.
idem hoc tute melius quanto
inuenisses, Thraso!
ce truc là, toi-même, et encore
mieux tu l'aurais trouvé, Thrason.
scaena altera
Gnatho Thraso Parmeno Thais
454 | 455 | 456 | 457 | 458 | 459 | 460 | 461 | 462 | 463 | 464 | 465 | 466 | 467 | 468 | 469 | 470 | 471 | 472 | 473 | 474 | 475 | 476 | 477 | 478 | 479 | 480 | 481 | 482 | 483 | 484 | 485 | 486 | 487 | 488 | 489 | 490 | 491 | 492 | 493 | 494 | 495 | 496 | 497 | 498 | 499 | 500 | 501 | 502 | 503 | 504 | 505 | 506
Th.-Audire uocem uisa sum modo
militis.
Th.-Il m'a semblé entendre à
l'instant la voix du soldat.
1 avdire vocem
visa svm modo militis hic inducitur multiplex concursus
dissimilium personarum et tamen uirtute et consilio poetae
discretarum, ut confusio nulla sit facta sermonis. simul etiam pro
se cuique accommodata mire repraesentatur oratio. 2 avdire vocem
visa svm modo militis omnes sensus uisa dicuntur ab eo
quod est certissimum oculorum. ergo uisa sum sensi, ut «
uisaeque canes ululare per umbram
aduentante dea
214 ».
1 avdire vocem
visa svm modo militis ici on représente l'arrivée subite
de plusieurs personnage différents et cependant distincts par la
qualité et l'intelligence du poète en sorte qu'il n'y ait aucune
confusion dans les paroles. En même temps également le discours
présenté est admirablement adapté à chacun des
personnages. 2 avdire vocem visa svm modo militis toutes
les sensations sont exprimées par des notations de vue à partir de
ce qui est la perception la plus certaine, celle des yeux. Donc
uisa sum
équivaut à sensi (j'ai perçu), comme « uisaeque
canes ululare per umbram aduentante dea » (on a perçu l'aboiement
des chiennes à travers l'ombre à l'arrivée de la déesse).
atque eccum. salue, mi Thraso.
Thr.-o Thais mea,
Effectivement le voici. Bonjour,
mon cher Thrason. Thr.-O Thaïs, ma Thaïs,
salve mi thraso quia secum, militis, quia apud
illum, Thraso: est nomen honestum, sicut orator
philosophus, est quoddam nomen offensum, ut miles lanarius.
salve mi thraso parce qu'elle se parle à
elle-même elle dit militis, parce qu'elle lui parle à lui
Thraso :
il existe des noms de métiers honnêtes comme orateur, philosophe,
il en existe certains qui sont déshonorants comme soldat,
cardeur.
meum sauium, quid agitur? ecquid
nos amas
mon câlinou. Que fait-on ? Est-ce
que tu nous aimes un peu
1 mevm
savivm tria sunt: osculum, basium, sauium. oscula
officiorum sunt, basia pudicorum affectuum, sauia libidinum uel
amorum. 2 mevm savivm cum oscularetur,
dixit. 3 qvid agitvr et hoc blandimenti genus post
osculum, sed duri et agrestis est. 4 ecqvid nos
amas ecquid aliquantumne significat, et ideo
illa plurimum recitat. Cicero in Catilinam
«
quid est? ecquid attendis? ecquid
animaduertis horum silentium?
215 ».
1 mevm
savivm il y a trois choses : le baiser, l'étreinte, le
câlin. Le baiser relève du devoir social, l'étreinte de sentiments
pleins de pudeur, les câlins du désir ou de l'amour242. 2 mevm savivm il dit cela en
l'embrassant. 3 qvid agitvr c'est là également une manière
de douceur après le baiser, mais qui appartient à un homme fruste
et sans éducation. 4 ecqvid nos amas ecquid signifie
est-ce que.. un petit peu, et c'est pour cela qu'elle réplique
plurimum
(énormément). Cicéron dans les Catilinaires « quid est ? ecquid
attendis ? ecquid animaduertis horum silentium ? » (qu'est-ce ?
est-ce que tu entends quelque chose ? est-ce que tu te rends
compte un peu de leur silence ?)
de fidicina istac? Pa.-quam
uenuste! quod dedit
pour cette joueuse de cithare ?
Pa.-Que c'est galant ! Qu'est-ce qu'il nous donne
1 de fidicina
istac de propter, ut sit: propter
fidicinam. 2 Et uide non
puellam
sed fidicinam quasi ab amatore dictam et eo
amatore, qui quasi memor sit artis, qua delectatur, et quia puella
sit aemula meretricis. nam meretricum est fidicinam
esse. 3 qvam venvste qvod dedit principivm bene
reprehendit Parmeno, nam in beneficiis decet obliuisci qui dedit
et meminisse qui accepit. et est grauis εἰρωνεία quam uenuste.
1 de fidicina
istac de équivaut à propter (à cause de),
pour donner : propter fidicinam (à cause de la joueuse de
lyre). 2 Et voyez qu'il ne dit pas
puella
(jeune fille), mais fidicina comme si c'était un amant qui
parlait et qu'il se souvînt de l'art qu'elle exerce et qui le
charme, et parce que la jeune fille serait ainsi la rivale de la
courtisane. De fait être joueuse de lyre est une occupation de
courtisane. 3 qvam venvste qvod dedit principivm Parménon
fait bien de le reprendre car dans les bienfaits il convient
d'oublier celui qui donne et de se souvenir de celui qui reçoit.
Et il y a une lourde charge d'ironie (εἰρωνεία) dans quam uenuste.
principium adueniens! Th.-plurimum
merito tuo.
comme préambule, pour son arrivée !
Th.-C'est surtout parce que tu le vaux bien.
1 plvrimvm merito
tvo facete meretrix amorem suum non ad auaritiam rettulit,
sed ad officium, et cum de fidicina inquit te amem, tum praecipue
merito tuo. 2 Alii sic respondere
intellegunt, ut ipsa de fidicina gratias agat. nam cum ille
dixerit «
ecquid nos amas?
216 », illa respondit plurimum; quod autem «
de fidicina
217 » dixit ille, haec subiecit merito tuo, id est quoniam mereris dando
eam. 3 Sed melius est, ut praeter
munus dixerit meritum; quamquam multi meritum munus
intellegunt ipsum, ut est «
quique sui memores aliquos fecere
merendo
218 », id est gratos sibi reddidere munerando.
1 plvrimvm merito
tvo de manière amusante la courtisane ne rapporte pas son
amour à sa cupidité, mais à son devoir et elle dit s'il est vrai
que je t' aime à cause de la joueuse de lyre, il est encore plus
vrai que je t' aime pour ton mérite. 2 D'autres comprennent ainsi la réponse : elle
remercie vraiment pour la joueuse de lyre. De fait comme il a dit
« ecquid nos amas ? », elle a répondu plurimum ; comme il a
dit « de fidicina », elle ajoute merito tuo, c'est-à-dire puisqu'en la
donnant tu t'acquiers du mérite à mes yeux. 3 Mais la meilleure solution est qu'elle dit
meritum en
plus du présent ; pourtant beaucoup comprennent meritum comme
équivalent de présent, comme c'est le cas dans « quique sui
memores aliquos fecere merendo » (ceux qui, par leur mérite ont
laissé leur nom dans les mémoires), c'est-à-dire bien disposer les
autres à leur égard en faisant des présents.
Gn.-eamus ergo ad cenam. quid stas?
Pa.-em alterum:
Gn.-Alors, allons à table.
Qu'est-ce que tu restes là ? Pa.-Tiens, l'autre !
1 eamvs ergo ad
cenam decuit parasitum de cena etiam importune admonere
cum quadam ἐμφάσει uelut magnae rei. 2 em
altervm bene alterum, quia duo sunt. 3 em
altervm si hic, quomodo <supra> reprehenditur miles,
alterum
dictum, si
parasitus, alterum hominem. uult enim Parmeno et parasito
esse uersutior; et debent esse, qui peioris condicionis
sunt. 4 em altervm alterum non principium, sed absolute, ut
si dixisset alterum dictum uel alterum stultum.
1 eamvs ergo ad
cenam il appartient au personnage de parasite243 de revenir
sans cesse sur le repas de manière importune, avec une sorte
d'emphase (ἐμφάσει), comme s'il s'agissait d'une
chose importante. 2 em altervm alterum (l'autre) est
bien dit, car ils sont deux. 3 em
altervm si, dans cette réplique, c'est le soldat qui est
blâmé alterum renvoie à dictum, si c'est le
parasite alterum renvoie à hominem. En effet
Parménon veut être plus astucieux244 que le parasite
lui-même. Et c'est ce que doivent faire ceux qui sont d'assez
basse condition. 4 em altervm alterum n'est pas
employé comme premier membre d'une énumération (l'un), mais est
employé de façon autonome, comme si on disait une autre parole
ou un autre idiot.
ex homine hunc natum dicas? Th.-ubi
uis, non moror.
Il sort d'un être humain, celui-là,
dites ? Th.-Quand tu veux. Je me dépêche.
1 ex homine hvnc
natvm dicas recte reprehendit Parmeno duos, quorum munus
alter exprobrarat, alter cenam ita pro beneficio ostendit, tamquam
ad eam currendum sit. nam hoc significat
quid stas?
, quasi dicat
quid restas?
, quasi sit causa properandi. 2 <vbi vis>
non moror <ad> eamus ad cenam ubi uis, ad
quid stas
non
moror.
1 ex homine hvnc
natvm dicas Parménon a raison de critiquer les deux
hommes : il reproche à l'un son cadeau ; l'autre met en avant le
repas comme un bienfait tel qu'il faudrait presque y aller en
courant. Car quid stas ?
(pourquoi est-ce que tu ne bouges pas ?) équivaut à quid restas ? (pourquoi est-ce que tu
restes ici ?) : il est employé pour hâter le mouvement. 2 vbi vis
non moror à
allons prendre le repas répond quand tu veux, à
que ne bouges-tu
pas ? répond je ne vous retiens pas.
Pa.-adibo atque adsimulabo quasi
nunc exeam.
Pa.-Je vais les aborder et je vais
faire comme si je sortais tout juste.
qvasi nvnc exeam <mire nunc exeam >,
quippe qui dudum iam procul steterit.
qvasi nvnc exeam nunc exeam est
admirablement trouvé, car en fait il y a déjà longtemps qu'il a
pris position tout près.
ituran, Thais, quopiam es?
Th.-hem389 Parmeno:
Tu vas quelque part, Thaïs ?
Th.-Tiens, Parménon !
1 itvran thais
qvopiam es ut experiatur Thaidis animum, fingit nescire
quo eat. 2 hem parmeno uide deprehensam meretricem
uelle blandimentis satisfacere Parmenoni.
1 itvran thais
qvopiam es pour tester l'état d'esprit de Thaïs, il feint
de ne pas savoir où elle va. 2 hem
parmeno notez comment la courtisane prise sur le fait
veut, par des paroles caressantes, se racheter auprès de
Parménon.
bene pol390
fecisti; hodie itura... Pa.-quo? Th.-quid, hunc non uides?
Nom d'un chien, tu as bien fait ;
aujourd'hui je devais aller... Pa.-Où? Th.-Eh bien ! lui, tu ne le
vois pas ?
1 bene pol
fecisti quid bene fecit Parmeno? an quasi perturbata haec
loquitur et iam de nihilo blandiens, utpote meretrix et faceta? an
quod laeserit conuitio? 2 hodie dulciter additum
hodie cum
exceptione, quo significat non perpetuo obsecuturam militi, et ut
quae promiserit biduum tantum abfuturum Phaedriam. 3 qvid hvnc non
vides si dixerit militem, laedit praesentem, si
amicum,
laedit Parmenonem. mire igitur pronomen inuenit.
1 bene pol
fecisti en quoi Parménon a-t-il bien fait ? Est-ce parce
qu'elle est troublée qu'elle parle ainsi et qu'elle minaude
désormais sur n'importe quel sujet, en vraie courtisane et en
coquette245 ? Ou bien est-ce parce qu'elle aurait
pu le blesser par un reproche ? 2 hodie
avec douceur elle ajoute hodie qui apporte une restriction246 : elle sous-entend par là qu'elle n'entend
pas céder toujours aux volontés du soldat, et ce aussi parce
qu'elle a promis à Phédria qu'elle ne le tiendrait éloigné que
deux jours. 3 qvid hvnc non vides si elle avait dit
le soldat,
elle aurait forcément blessé son visiteur ; si elle avait
dit mon
ami, c'est Parménon qu'elle aurait blessé. C'est
pourquoi le pronom est une admirable trouvaille 247.
Pa.-uideo et me taedet. ubi uis,
dona adsunt tibi
Pa.-Je le vois, et ça me dégoûte.
Quand tu veux, il y a des cadeaux pour toi
1 video et me
taedet opportune Parmeno fatetur odium militis, ut
retundat ab eo amorem Thaidis. 2 vbivis dona
adsvnt nihil potuit exitiosius militi contingere, quam ut
continuo riualis mitteret munus et posterius et coram
ipso. 3 dona adsvnt tibi a phaedria cum illa sub
pronomine celauerit nomen militis, exacte Parmeno pronuntiauit a
Phaedria.
1 video et me
taedet Parménon proclame opportunément248 sa haine contre le
soldat : il veut en effet émousser l'amour de ce dernier envers
Thaïs. 2 vbivis dona adsvnt il n'aurait rien pu
trouver qui soit plus fatal au soldat : son rival envoie des
cadeaux à l'instant, continuera de le faire, qui plus est en sa
présence. 3 dona adsvnt tibi a phaedria alors qu'elle a
masqué le nom du soldat sous un pronom, Parménon, lui, indique
avec précision de la part de Phédria.
a Phaedria. Thr.-quid stamus? cur
non imus hinc?
de la part de Phédria.
Thr.-Qu'est-ce que nous restons là ? Pourquoi nous ne partons pas
d'ici ?
1 qvid
stamvs quid
stamus ad moram refertur. 2 cvr non imvs
hinc ubi seruus riualis est Parmeno. 3 qvid
stamvs his uerbis miles insulsus dolere se indicat.
1 qvid
stamus quid
stamus signale un retard. 2 cvr non imvs
hinc de là, c'est-à-dire où est l'esclave rival
Parménon. 3 qvid stamvs par ces mots le soldat imbécile
indique qu'il souffre.
Pa.-quaeso hercle ut liceat, pace
quod fiat tua,
Pa.-Je t'en prie, ma foi, qu'il
nous soit permis, et ce sans te fâcher,
1 pace qvod fiat
tva pace aut gratia aut uoluntate. et deest cum. 2 Et sic locutus est, quasi bellum omnibus
his uerbis indixerit. 3 pace qvod fiat tva dare hvic qvae
volvmvs convenire et colloqvi proprie, quia pax, datio, deditio, conuentio, colloquium militiae
uerba sunt. 4 Et
inuidiose, quasi per eum nec accipere liceat dona Thaidem.
1 pace qvod fiat
tva pace équivaut à gratia ou à
uoluntate ; et il manque cum. 2 Et tous ses mots font penser qu'une guerre a été
déclarée. 3 pace qvod fiat tva dare hvis qvae volvmvs convenire
et colloqvi il emploie les termes avec une grande
précision249, car pax, datio, deditio, conuentio, colloquium sont des
termes du vocabulaire militaire. 4 Et il dit cela avec animosité, comme si, par sa
faute, Thaïs n'avait plus le droit de recevoir de présents.
dare huic quae uolumus, conuenire
et colloqui.
de présenter à cette dame ce que
nous voulons, d'avoir une entrevue et des pourparlers avec
elle.
467 1 Et sic
pronuntiandum, ut subaudiatur uel, ut sit: uel dare uel conuenire et
colloqui. 2 <convenire et colloqvi>
ut in hostico solet. Sallustius «
quae pacta in conuentione non
praestitissent
219 »et alibi «
cuius aduersa uoluntate colloquio
militibus permisso corruptio facta paucorum et exercitus
Syllae datus est
220 ». 3 convenire et colloqvi sic pronuntiandum, ut
quasi dicat: liceat per te, miles, quod etiam inter hostes et in
bello licet. 4 dare hvic qvae volvmvs haec singula cum
inuidia pronuntianda sunt.
467 1 Et il faut
prononcer de manière à laisser entendre uel, comme si on
avait : uel dare uel
conuenire et colloqui. 2 convenire et
colloqvi ces termes s'emploient habituellement en parlant
du camp ennemi. Salluste « quae pacta in conuentione non
praestitissent » (les engagements qu'il [Sylla] avait pris par une
convention avaient cessé de le lier) et ailleurs : « cuius aduersa
uoluntate colloquio militibus permisso corruptio facta paucorum et
exercitus Syllae datus est » (en dépit de ce consul, il [Sylla]
permit à ses soldats d'entrer en pourparlers [avec ceux de
Scipion] ; quelques-uns se laissèrent gagner, et leur exemple
entraîna toute l'armée, qui se donna à Sylla). 3 convenire et
colloqvi il faut prononcer ces termes comme s'il disait :
accorde-moi, soldat, ce que l'on accorde même à des ennemis en
temps de guerre. 4 dare hvic qvae volvmvs il n'y a
que ces paroles qui doivent être prononcées avec animosité.
Thr.-perpulchra credo dona aut
nostris391 similia.
Thr.-Superbes, je pense, les
cadeaux, ou alors comme les nôtres !
1 perpvlchra
credo εἰρωνεία de fiducia pulchrae
uirginis. 2 nostris similia et his similia et
horum
similia dicimus.
1 perpvlchra
credo ironie (εἰρωνεία), car il est sûr de la beauté
inégalable de la fille. 2 nostris similia similia se construit
à la fois avec le génitif et avec le datif.
Pa.-res indicabit. heus, iubete
istos foras
Pa.-La suite le prouvera. Hé vous,
dites-leur de sortir
1 res
indicabit scit eunuchi nomen posse contemni, et ideo
uideri uult potius quam sperari munera sua, id est
Chaeream. 2 istos foras exire qvos ivssi ocivs cum
fiducia et alto uultu pronuntiatur. et festinat, ne occipiat miles
prius abire quam uideat. 3 Et est ordo:
ocius exire.
1 res
indicabit il sait que le mot eunuque peut susciter le
mépris : c'est pourquoi il préfère montrer son cadeau
–c'est-à-dire Chéréa– plutôt que de le faire attendre. 2 istos
foras exire qvos ivssi ocivs ocius (plus vite) est prononcé avec
assurance et avec une mine hautaine. Et il se hâte, de peur que le
soldat ne s'avise de partir avant de l'avoir vu. 3 Et l'ordre attendu est : ocius exire.
exire, quos iussi, ocius. procede
tu huc:
dehors, ceux que j'ai dits, et plus
vite. Avance ici, toi.
1 procede tv
hvc bene procede dixit, non accede aut ueni, ut appareat
dignitas etiam in incessu. 2 Et callide
ab inferiore incipit munere, hoc est a puella, ad Chaeream
uenturus, simul ut a uero mancipio incipiens ad falsum sine
suspicione transiret.
1 procede tv
hvc procede (avance) est bien dit : à la
différence de accede (approche) ou ueni (viens), il
confère à son entrée-même de la noblesse. 2 Et habilement il commence par le cadeau le plus
modeste (la fille), pour en venir à Chéréa ; en même temps,
commençant par une véritable esclave, il peut passer à un faux
sans faire naître de soupçon.
ex Aethiopia est usque haec.
Thr.-hic sunt tres minae.
Elle vient d'Ethiopie, rien que ça,
celle-ci. Thr.-Ça fait bien trois kopeks.
1 ex aethiopia est
vsqve haec quod cupiebat; nam supra «
cupere ex Aethiopia
221 ». 2 vsqve additum est, ut longinquitas
monstraretur. 3 Et hoc
est, quod facit: «
munus nostrum ornato uerbis quoad
poteris
222 ». 4 hic svnt tres minae callide munus ad pretium
reuocauit, ut ad auaritiam conuerteret meretricem, ne officio
donantis et gratia leniretur. et ideo non dixit tribus minis ualet,
sed hic habe, Thais,
tres minas, quasi iam uendenda sit. 5 ex aethiopia est
vsqve haec ostendit, quid sit ex Aethiopia addendo
usque, ut
ex longinquitate dignitas muneris ponderetur. et quid erit iam
criminis in colore, quando ipse gloriatur, unde sit? 6 Et mire ab inferiore coepit, ut αὔξησιν doni faceret in
Chaerea, et turpi praecedente lenocinium comparat secuturo
pulchro. 7 vsqve modo usque aduerbium de loco est, ut «
Siculo prospexit
a.
ab
u.
usque
P.
Pachyno
223 »
1 ex aethiopia est
vsqve haec c'est ce qu'elle voulait ; en effet, plus haut,
on a : « cupere ex Aethiopia ». 2 vsqve a
été ajouté, pour souligner à quel point elle vient de
loin. 3 Et voilà ce qu'il met en
application : « munus nostrum ornato uerbis quoad
poteris ». 4 hic svnt tres minae habilement il amène la
discussion sur le prix du cadeau : il veut ainsi attirer
l'attention de la courtisane sur l'avarice de Phédria, pour éviter
qu'elle ne soit attendrie250 par la
prévenance et l'obligeance du donateur. Et c'est pourquoi il ne
dit pas tribus minis
ualet (elle vaut trois mines), mais hic habe, Thais, tres
minas (reçois ici, Thaïs, trois mines), comme si elle
était déjà sur le point d'être vendue. 5 ex aethiopia est
vsqve haec il souligne ce qu'implique de venir d'Ethiopie
en ajoutant usque (du fond), pour que cette origine
lointaine renforce la dignité du cadeau. Et quel reproche
pourra-t-on faire à sa couleur de peau, maintenant qu'il s'est
lui-même glorifié de ses origines ? 6 Et c'est une excellente idée que de commencer par
le plus modeste pour amplifier (αὔξησις) le don de Chéréa ; en présentant
d'abord un cadeau de peu de valeur il met en parallèle cet objet
de prostitution et la belle créature qu'il va présenter. 7 vsqve usque est un adverbe de lieu, comme:
« Siculo prospexit ab usque Pachyno » (depuis le promontoire
sicilien de Pachynum).
Gn.-uix. Pa.-ubi tu es, Dore?
accede huc. em eunuchum tibi,
Gn.-A peine. Pa.-Et toi, Dorus, où
es-tu ? Approche ici. Tiens ! voici un eunuque pour toi.
1 vix aut
difficile
significat aut non, ut sit: nec hoc. Lucilius
«
carcer uix carcere dignus
224 ». 2 vbi tv es dore tamquam quaerat eum, ut nomen
indicet, quo audito magis dissimulet Chaeream. 3 vbi tv
es et accede
uultu eo dicitur, quo debuerat dicere et laesus dicto aemulorum et
confidens statim eos se confutare conspectu Chaereae. 4 em
evnvchvm tibi mire, postquam dixit «
eunuchum uelle dixti te, quia solae
utuntur his reginae: repperi
225 ».
1 vix
signifie ou bien difficilement ou bien non, auquel cas il
équivaut à même
pas. Lucilius « carcer uix carcere dignus » (un
prisonnier qui est à peine digne de sa prison). 2 vbi tv es
dore il fait semblant de le chercher, pour indiquer son
nom, dans le but de dissimuler davantage auprès de qui l'entend
l'identité de Chéréa. 3 vbi tv es et accede ces mots doivent être
dits avec la mine qu'aurait eue un homme à la fois blessé par les
paroles de ses concurrents et certain de les confondre dès qu'il
leur présenterait Chéréa. 4 em evnvchvm tibi très bien dit,
car il a dit avant : « eunuchum uelle dixti te, quia solae utuntur
his reginae : repperi ».
quam liberali facie, quam aetate
integra!
quel air comme il faut, quelle pure
jeunesse !
1 qvam liberali
facie non narratiue laudat, sed per interrogationem, quae
maior fiducia est. 2 qvam aetate integra in flore et
pubere. Vergilius «
atque integer aeui
226 ».
1 qvam liberali
facie il n'en fait pas l'éloge par une narration, mais par
le biais d'interrogations 251, qui témoignent
d'une plus grande assurance. 2 qvam aetate
integra dans la fleur de la jeunesse. Virgile « atque
integer aeui » (à l'aube de sa vie).
Th.-ita me di ament, honestus est.
Pa.-quid tu ais, Gnatho?
Th.-Bonté divine ! Il a de la
classe. Pa.-Et toi, qu'en dis-tu, Gnathon ?
1 ita me di ament
honestvs est iurauit ideo, ut non amore Phaedriae, sed
ueritate cogi ad laudandum uideatur coram milite. 2 honestvs
est pulcher. Vergilius «
et laetos oculis afflarat honores
227 ».
1 ita me di ament
honestvs est elle jure de manière à ce que ce ne soit pas
son amour pour Phédria qui la pousse à louer l'eunuque devant le
soldat, mais la réalité des faits. 2 honestvs
est équivaut à pulcher (beau). Virgile « et laetos
oculis afflarat honores » ([la mère d'Enée] avait insufflé à ses
yeux des grâces charmantes).
numquid habes quod contemnas? quid
tu autem, Thraso?
Y trouves-tu quelque chose à
redire ? Et toi, Thrason ?
1 nvmqvid
habes habes pro inuenisti. 2 qvod
contemnas plus est contemnas quam uituperes. 3 Et deest in hoc, ut sit: numquid habes quod in
hoc contemnas ?
1 nvmqvid
habes habes équivaut à inuenisti (tu as
trouvé). 2 qvod contemnas contemnas (que tu méprises) est plus
fort que uituperes (que tu critiques). 3 Et il manque in hoc, pour avoir : numquid habes quod
in hoc contemnas (as-tu quelque chose à mépriser dans cela ?).
tacet: satis laudat392. fac periclum in litteris,
Ils se tait : c'est assez comme
éloge. Teste-le sur la littérature,
1 tacet satis
lavdat taciturnitas confessionis genus est, praesertim
contra aduersarii interrogationem. ideo tacere modo quasi laudis
argumentum est, quia supra uituperauit. 2 Et ideo ipse sic ait «
quid tu ais, Gnatho? numquid habes quod
contemnas? — tacet: satis laudat
228 » et «
quid tu, Thraso?
229 », quia supra contempserat puellam. 3 fac pericvlvm in
litteris fac in palaestra in mvsicis si totum singulariter
diceret, esset ὁμοιοτέλευτον: littera, palaestra, musica.
1 tacet satis
lavdat ne rien dire est une forme d'aveu, en particulier
contre la question d'un adversaire. C'est la raison pour laquelle
se taire dans certains cas peut être comme un argument pour faire
un éloge, parce que plus haut il l'a blâmé. 2 Et la raison pour laquelle il dit lui-même « quid
tu ais, Gnatho ? numquid habes quod contemnas ? — tacet : satis
laudat » et « quid tu, Thraso ? », est que plus haut il avait
méprisé la jeune fille. 3 fac pericvlvm in litteris fac in
palaestra in mvsicis si tout l'énoncé était au singulier,
il y aurait homéotéleute (ὁμοιοτέλευτον) : littera, palaestra, musica.
fac in palaestra, in musicis: quae
liberos393
au stade, en musique. Les choses
que les garçons comme il faut
qvae liberos scire aeqvvm est his liberi
pueri artibus erudiebantur. et est figura ἔλλειψις; deest enim
his.
qvae liberos scire aeqvvm est ce sont les
arts dans lesquels les enfants libres étaient élevés. et c'est la
figure de l'ellipse (ἔλλειψις ) ; il manque en effet his.
scire aequum est, adulescentem
sollertem dabo.
doivent savoir, je vais te montrer
un jeune homme qui y est expert.
1 advlescentem
sollertem
d.
dabo
incertum: utrum haec sollertem, ut Horatius «
docte sermones utriusque linguae
230 », an assumendum est his extrinsecus? 2 sollertem deest his. 3 Sollers quasi totus ex arte consistens,
ut ὅλος ἐν
ἀρετῇ, quod Latini s littera pro h solus in arte. huic
iners
contrarium. 4 Nam sollers quasi
ὅλης ἀρετῆς
dictus, ut ὅλον
solum,
ἥμισυ
semis,
ἕξ sex dicimus.
1 advlescentem
sollertem dabo ce n'est pas très clair : est-ce haec sollertem, comme
chez Horace « docte sermones utriusque linguae », ou bien faut-il
aller chercher ailleurs un his ? 2 sollertem il manque his. 3 Sollers comme tout entier fait d'art,
comme le grec ὅλος ἐν
ἀρετῇ, qui devient en latin en changeant le h pour un s, solus in arte (seul
dans l'art). Le contraire de ce mot est iners. 4 De fait, sollers est mis pour ainsi dire pour
ὅλης ἀρετῆς,
comme ὅλον est
remplacé chez nous par solum (seul), ἥμισυ par semis (à moitié), ἕξ par sex (six).
Thr.-ego illum eunuchum, si opus
siet, uel sobrius...
Thr.-Moi, cet eunuque-là, au
besoin, même à jeûn,...
1 ego illvm
evnvchvm si opvs siet vel sobrivs hoc ut militare est, ita
importunum praesente Thaide; extra quam miles, si saperet, nihil
amatorie contemplare debuit. sed et hoc accedit ad eius odium,
praeterquam quod iam in suspicione est amicae suae, quod fidicinam
magis diligat. 2 Et hoc
mire, quod nemo prior eunuchum esse Chaeream quam miles credidit:
adeo stultus etiam nomine ipso appellauit. sed statim stulte miles
primo conuitium ipsi eunucho facit, in quo potest iam amicam
laedere; deinde hoc dicto attestatur pulchritudinem huius muneris.
quid igitur proficit? satis autem ioculare est, si cogites
Chaeream esse, qui haec de se audiat et tacere cogatur. 3 vel
sobrivs honesta ἔλλειψις propter mulieris praesentiam, ut
«
nouimus et qui te
231 » et ipse in Heautontimorumeno «
qui se uidente amicam patiatur
suam
232 ».hoc tamen miles coactus a Parmenone dicit, quia
reprehensus est tacuisse.
1 ego illvm
evnvchvm si opvs siet vel sobrivs c'est du langage
militaire qui est en même temps intempestif en présence de Thaïs ;
en dehors d'elle, le soldat, s'il était intelligent ne devrait
contempler avec un regard amoureux nul objet. Mais ce qui s'ajoute
à la haine qu'elle lui porte, outre le fait qu'il est déjà un
objet de soupçon pour sa maîtresse, c'est qu'il préfère la joueuse
de lyre. 2 Et cela est étonnamment
fait, parce que personne n'a cru que l'eunuque était Chéréa avant
le soldat : il est tellement stupide qu'il l'a même appelé par son
nom. Mais immédiatement et de manière idiote le soldat se lance
dans des injures contre l'eunuque lui-même, ce qui peut blesser sa
maîtresse ; ensuite en disant cela, il atteste de la beauté de ce
cadeau. En quoi cela le sert-il ? en revanche c'est assez amusant
si l'on pense que c'est Chéréa qui entend dire cela de lui-même et
est contraint à se taire. 3 vel sobrivs ellipse (ἔλλειψις) inspirée par
les convenances à cause de la présence de la femme, comme
« nouimus et qui te » et notre poète lui-même dans
l'Héautontimoroumenos « qui se uidente amicam patiatur suam ».
Cette réplique cependant le soldat l'a dite sous l'impulsion de
Parménon, parce qu'il lui a reproché de n'avoir rien dit.
Pa.-atque haec qui misit non sibi
soli postulat
Pa.-Et celui qui a envoyé cela, ce
n'est pas pour lui seul qu'il te demande
1 atqve haec qvi
misit id est: tanta et talia munera. hoc enim
significat. 2 non sibi soli postvlat hoc est
«
et istum aemulum quod pote<ri>s ab
ea pellito
233 ».
1 atqve haec qvi
misit c'est-à-dire : de si grands et si beaux cadeaux.
C'est en effet cela que cela signifie. 2 non sibi soli
postvlat c'est-à-dire « et istum aemulum quod poteris ab
ea pellito ».
te uiuere et sua causa excludi
ceteros,
de vivre, ni que tu flanques tous
les autres à la porte.
et sva cavsa exclvdi ceteros nihil dici
potuit inuidiosius; non enim dixit Phaedriam sed ceteros, quasi futuri
amatores fuissent, nisi metueretur exemplum Phaedriae.
et sva cavsa exclvdi ceteros il n'est pas
possible de parler de façon plus jalouse ; il ne dit pas
Phédria
mais tous les
autres, comme si elle devait avoir plus tard des
amants, comme si l'exemple de Phédria n'était pas déjà en soi un
sujet de crainte.
neque pugnas narrat neque
cicatrices suas
Et il ne raconte pas ses batailles,
et ses balafres,
1 neqve pvgnas
narrat descriptio militis tantum excepto nomine. 2 neqve
cicatrices insigne foeditatis, nam apud meretricem quid
aliud cicatrices ualent? nam cicatrices, ut semper gloriosae sint,
non tamen etiam apud meretrices, quibus post pretium forma
placet. 3 Haec sunt uirtutis
insignia, ut Sallustius quoque fatetur «
dehonestamento [tamen esse] corporis
maxime laetabatur
234 ».
1 neqve pvgnas
narrat description du soldat d'où l'on n'excepte que le
nom. 2 neqve cicatrices signe de laideur, de fait,
chez la courtisane quelle autre valeur peuvent avoir les
cicatrices ? de fait les cicatrices bien qu'elles soient toujours
glorieuses ne le sont cependant pas également pour les
courtisanes, pour qui la beauté physique a plus d'importance que
la valeur. 3 Ce sont des signes de
valeur, comme Salluste aussi le reconnaît « dehonestamento [tamen
esse] corporis maxime laetabatur ».
ostentat neque obstat tibi394, quod quidam facit;
il ne les étale pas, il ne
t'encombre pas, ce que fait tel autre.
1 neqve obstat
tibi qui a te repellat amatores tuos. 2 qvod qvidam
facit quidam recte, nam et figuratum et aptum
sententiae est et contemptum indicat hoc uerbum.
1 neqve obstat
tibi en homme capable de repousser de chez toi tes
amants. 2 qvod qvidam facit quidam est correct,
de fait ce mot est à la fois figuré et adapté au sens général de
la phrase et il exprime le mépris.
uerum ubi molestum non erit, ubi tu
uoles,
Mais quand cela ne te dérangera
pas, quand tu voudras,
1 vbi molestvm non
erit ad superiora rettulit, quod nunc dicit, ad «
non sibi <soli> postulat te uiuere
et sua causa excludi ceteros neque pugnas narrat
235 » etc. 2 vbi molestvm non erit35 vbi tv voles vbi tempvs tibi erit ad «
neque tibi obstat
236 ». 3 Et mire
occupat animum meretricis, cum illam huius impulsu inducit facere,
quicquid dure fecit excludendo Phaedriam. hic igitur, qui scit
praecepta de beneficiis aestimandis, intellegit oratorie in
utramque partem dicta omnia. 4 vervm vbi
molestvm utrum tibi molestum an aliis? sed aliis,
quia illaturus est «
ubi <tu uoles, ubi> tempus tibi
erit
237 ». 5 vbi tv voles non amator sed tu. 6 vbi tv
voles non ut nunc in milite pateris.
1 vbi molestvm non
erit il rapporte à ce qui précède ce qu'il dit maintenant,
à « non sibi soli postulat te uiuere et sua causa excludi ceteros
neque pugnas narrat » etc. 2 vbi molestvm non erit vbi tv voles vbi
tempvs tibi erit se rapporte à « neque tibi
obstat ». 3 Et c'est étonnant de
voir comment il s'empare de l'esprit de la courtisane quand il la
conduit à faire sous son impulsion, tout ce qu'elle a fait de
cruel en chassant Phédria. Ici donc celui qui connaît les règles
pour l'estimation des bienfaits comprend que tout cela est dit de
manière oratoire pour défendre le pour et le contre. 4 vervm vbi
molestvm est-ce déplaisant tibi (pour toi) ou aliis (pour
d'autres) ? mais pour d'autres, parce qu'il va dire « ubi tu
uoles, ubi tempus tibi erit ». 5 vbi tv
voles non pas en qualité d'amant, mais toi. 6 vbi tv
voles non pas comme maintenant tu l'endures de la part du
soldat.
ubi tempus tibi erit, sat habet si
tunc395 recipitur.
quand tu auras le temps, il est
satisfait, si à ce moment-là on le reçoit.
vbi tempvs tibi erit sat habet si tvnc
recipitvr his dictis et militem reppulit ab animo
meretricis et commendauit adulescentem et perfecit, ne iniuria
uideatur, ut quae sponte susceperit Phaedriam.
vbi tempvs tibi erit sat habet si tvnc
recipitvr par ces paroles il repousse le soldat du coeur
de la courtisane tout en recommandant le jeune homme et il réussit
à ce que cela n'ait pas l'air fait injustement, puisqu'elle a
d'elle-même accueilli Phédria.
Thr.-apparet seruum hunc domini
esse396 pauperis
Thr.-C'est clair, c'est l'esclave
d'un maître pauvre
1 apparet servvm
hvnc domini esse pavperis tristiores enim sunt serui
pauperum et ob hoc ipsum nequiores. 2 Et hoc melius erat, quamuis illud aliter
parasitus exponat. 3 domini pavperis miseriqve <
miserique
> bene additum, quia non continuo pauper et miser est.
1 apparet servvm
hvnc domini esse pavperis en effet les esclaves de maîtres
pauvres sont plus tristes et pour cette raison de plus mauvaise
qualité. 2 Et cela aurait pu être
mieux bien que le parasite expose cela autrement. 3 domini pavperis
miseriqve miserique est un bon ajout car qui est
pauvre n'est pas obligatoirement en même temps malheureux.
miserique. Gn.-nam hercle nemo
posset, sat scio,
et miséreux. Gn.-Oui, ma foi ;
personne ne pourrait, je le sais bien,
1 nam hercle nemo
posset secundum illud «
ait? aio
238 » approbat parasitus quod miles dixit. et est ordo:
nam hercle satis scio,
nemo posset hunc perpeti, qui haberet, qui pararet alium
seruum. 2 nam hercle nemo posset aliam
causam subtilioremque supposuit, quam quam dixerat miles.
1 nam hercle nemo
posset conformément à l'expression « ait ? aio », le
parasite approuve ce que dit le soldat. et l'ordre est :
nam hercle satis scio,
nemo posset hunc perpeti, qui haberet, qui pararet alium
seruum. 2 nam hercle nemo posset il
suppose une autre raison plus subtile que celle qu'a dite le
soldat.
qui haberet qui pararet alium, hunc
perpeti.
en ayant de quoi s'en acheter un
autre, supporter celui-là.
qvi haberet qvi pararet prius qui pronomen, sequens
aduerbium est.
qvi haberet qvi pararet d'abord qui est un pronom, le
suivant est un adverbe.
Pa.-tace tu, quem ego397 esse infra infimos omnis puto
Pa.-La ferme, toi que je mets
au-dessous de tous les sous-
qvem ego esse infra infimos omnes pvto
homines multum dixit infra infimos omnes homines, nam hac
sententia uult seruis esse peiorem, quia et seruus homo, ut in
Phormione «
seruum hominem causam orare leges non
sinunt
239 ».
qvem ego esse infra infimos omnes pvto
homines c'est beaucoup dire que infra infimos omnes
homines, de fait par cette phrase il veut dire qu'il
est pire que les esclaves, parce que l'esclave est aussi un homme,
comme dans le Phormion « seruum hominem causam orare
leges non sinunt ».
homines; nam qui adsentari huic
animum398
induxeris,
hommes ! Car toi qui de flatter un
type pareil as pu avoir l'idée
qvi adsentari hvic animvm indvxeris proprie,
nam animus inducitur aduersum obiectas difficultates.
qvi adsentari hvic animvm indvxeris au sens
propre, de fait son esprit est conduit à s'opposer aux difficultés
qui se présentent.
e flamma petere te cibum posse
arbitror.
tu es du genre à aller te servir
jusque dans le four, à ce que je crois.
1 e flamma petere
te cibvm posse arbitror unde sine damno aut malo nihil
potest auferri. 2 e flamma hic intellegitur non e
foco, sed ex medio igne aut ex incendio; nam antiquum uerbum est
cibum petere e
flamma. 3 Mordicus
utrumque. simul et nescias quem plus uituperauerit, huiusne famem
an illius immanitatem uel uoraginem. 4 Et simul uide inde conuitium redditum,
unde congestum est, id est de egestate atque pauperie.
1 e flamma petere
te cibvm posse arbitror d'où rien ne peut être enlevé sans
dommage ou mal. 2 e flamma ici on comprend non
hors du feu, mais du milieu de la flamme ou de l'incendie ; de
fait cibum petere e
flamma est une expression archaïque. 3 Les deux choses de manière mordante. Et en même
temps on ne saurait dire ce qu'il blâme le plus, l'avidité de
l'homme ou bien la cruauté et la capacité à dévorer du
feu. 4 Et en même temps, voyez que
l'injure revient là d'où elle a été prise, c'est-à-dire de la
pauvreté et de la misère.
Thr.-iamne imus?Th.-hos prius intro
ducam et quae uolo
Thr.-On y va maintenant ? Th.-Je
vais d'abord faire entrer ceux-là et ce que je veux
1 iamne
imvs odium Parmenonis et stomachum militis ista indicat
festinatio. 2 Et
τὸ iam increpatio morae
est.
1 iamne
imvs c'est la haine de Parménon et la colère contre le
soldat que cette hâte indique. 2 Et
le (τὸ)
iam est un
reproche fait au retard du personnage.
simul imperabo: postea huc
continuo399 exeo.
en même temps, je vais le
prescrire ; juste après je reviens tout de suite.
postea hvc continvo exeo legitur et
post, ut
sit ἀποκοπή pro
postea,
quomodo post pro postremo.
postea hvc continvo exeo on lit aussi
post, en
sorte qu'il y a apocope (ἀποκοπή) pour postea, de la même
façon que post pour postremo.
Thr.-ego hinc abeo: tu istanc
opperire. Pa.-haud conuenit
Thr.-Moi, je m'en vais ; toi,
attends-la. Pa.-Il ne sied point
ego hinc abeo consequens erat, ut
offenderetur miles tam diligenter riualis munus suscipiente
meretrice.
ego hinc abeo il était logique que le soldat
fût offensé de voir la courtisane recevoir avec tant de diligence
le cadeau de son rival.
una ire cum amica imperatorem in
uia.
d'aller avec sa maîtresse, quand on
est un général, dans la rue.
1 vna ire cvm
amica imperatorem in via uide προπαρασκευήν futurae litis inter Thaidem
ac militem. 2 cvm amica mirifice amicam dixit, non
meretricem. 3 imperatorem in
via congrue in militem, quasi ipse sit sub quo
est. 4 Et hic seruat
Parmeno, quod sibi mandatum est «
et istum aemulum, quoad poteris, ab ea
pellito
240 ». 5 Et bene
immutauit nomina hinc ad honorem, hinc ad inuidiam: hanc non
meretricem
sed amicam
dixit, hunc non militem sed imperatorem.
1 vna ire cvm
amica imperatorem in via voyez la préparation par
anticipation (προπαρασκευή) du procès à venir entre
Thaïs et le soldat. 2 cvm amica de manière étonnante,
il dit amicam, et non meretricem
(courtisane). 3 imperatorem in via de manière bien adaptée
pour s'adresser au soldat, comme si Thrason était lui-même celui
sous les ordres duquel il est, lui Parménon. 4 Et ici Parménon observe ce qui lui a été demandé
« et istum aemulum, quoad poteris, ab ea pellito ». 5 Et il est bien de changer les noms tantôt
pour aboutir à un hommage, tantôt pour aboutir à provoquer la
haine : elle est appelée non pas meretrix (courtisane) mais amica (maîtresse),
lui non pas miles (soldat), mais imperator (commandant
en chef).
Thr.-quid tibi ego multa dicam?
domini similis es.
Thr.-Que te dire de plus ? Tu
ressembles à ton maître.
1 qvid tibi ego
mvlta dicam domini similis es non habuit aliud miles
stultus, sed rediit ad illa quae dixit «
domini pauperis miserique
241 ». 2 domini similis es ineptus iocus, in quo
seruus iniuriae uice domino comparatur.
1 qvid tibi ego
mvlta dicam domini similis es le soldat stupide n'a pas
eu autre chose, mais il est revenu aux propos qu'il tenait
« domini pauperis miserique ». 2 domini similis
es la plaisanterie est absurde ; l'esclave y est comparé
au maître en guise d'insulte.
Gn.-hahahae. Thr.-quid rides?
Gn.-istuc quod dixti modo;
Gn.-Ah ! ah ! ah ! Thr.-De quoi
ris-tu ? Gn.-C'est ce que tu viens de dire,
qvid rides et hoc eo uultu dicitur, quasi
sibi conscius sit miles facete dicti conuitii. nam non quo nesciat
causam risus, eo interrogat quid riserit, sed ideo ut denuo
laudetur.
qvid rides il dit également ces paroles avec
une mimique qui montrerait pour ainsi dire que le soldat est
lui-même conscient de la raillerie plaisamment lancée. En effet ce
n'est pas parce qu'il ignore pourquoi il a ri qu'il interroge sur
la raison pour laquelle il a ri, mais précisément pour être loué à
nouveau.
et illud de Rhodio dictum cum in
mentem uenit.
et ton bon mot sur le Rhodien
chaque fois qu'il me revient à l'esprit.
1 et illvd de
rhodio dictvm hoc est illud «
eorum ingenia admiror simul
242 ». 2 Et hinc ut
apparet fit amicior; ideo facilius ab amica quam <a>
parasito separabitur.
1 et illvd de
rhodio dictvm c'est ce qui figure plus haut « eorum
ingenia admiror simul ». 2 Et de là
pour se montrer de plus en plus amical ; pour cette raison il aura
plus de facilité à se séparer de son amie que du parasite.
sed Thais exit. Thr.-abi prae,
curre, ut sint domi
Mais voici Thaïs qui sort.
Thr.-Pars devant ; file ! qu'à la maison
1 abi prae cvrre
vt sint domi parata non dicit quae, quia
intellegitur. 2 vt sint domi parata ἔλλειψις ethica, in qua
plus uultu significatur quam uerbis.
1 abi prae cvrre
vt sint domi parata il ne dit pas quelles sont ces choses
parce qu'il est compris. 2 vt sint domi parata ellipse
(ἔλλειψις) liée
au caractère, dans laquelle l'aspect du visage a davantage de sens
que les paroles.
parata. Gn.-fiat. Th.-diligenter,
Pythias,
tout soit prêt. Gn.-Soit.
Th.-Prends bien soin, Pythias,
fiat faciam uel fiet diceret seruus, liber uero tamquam
et ipse iubet sibi.
fiat l'esclave aurait dû dire faciam (je ferai) ou
bien fiet
(il adviendra), mais il parle comme un homme libre et il se donne
l'ordre à lui-même.
fac cures, si forte huc Chremes
aduenerit400,
de faire ce que je te dis : si par
hasard Chrémès vient ici,
si forte hvc chremes advenerit οἰκονομία ad litem
futuram et exitum fabulae. et hoc non audit miles·, nam si
audiret, nimis irasceretur.
si forte hvc chremes advenerit agencement
des mots (οἰκονομία) en vue du conflit à venir et du
dénouement de la fable. Le soldat n'entend pas cela non plus, car
s'il l'avait entendu, il se serait par trop énervé.
ut ores primum ut maneat; si id non
commodum est,
prie-le d'abord de m'attendre ; si
ce n'est pas commode,
ut redeat; si id non poterit, ad me
adducito.
qu'il revienne ; et s'il ne peut
pas, amène-le-moi.
ad me addvcito ad me modo ubi sum significat.
ad me addvcito ad me (vers moi), signifie souvent
ubi sum (à
l'endroit où je me trouve).
Py. ita faciam. Th.-quid? quid
aliud uolui dicere?
PY.- Je le ferai. Th.-A propos,
qu'est-ce que je voulais dire encore ?
qvid qvid alivd volvi dicere hinc est illud
Ciceronis «
quem? quemnam? recte admones, Polycletum
esse dicebant
243 ».
qvid qvid alivd volvi dicere de là vient ce
mot de Cicéron « quem ? quemnam ? recte admones, Polycletum esse
dicebant » (qui ? qui donc ? admonestes-tu à bon droit, ils disent
que c'est Polyclète.)
ehem curate istam diligenter
uirginem:
Ah ! prenez bien soin de cette
jeune fille.
1 cvrate istam
diligenter virginem haec res est, quae faciet uirginem
claudi, in lectulo collocari et obdormire. 2 cvrate istam
diligenter virginem ridiculum, cum contra euenturum
sit.
1 cvrate istam
diligenter virginem le but est le suivant : faire en sorte
que la jeune fille soit enfermée, qu'elle soit installée dans le
petit lit et qu'elle dorme profondément. 2 cvrate istam
diligenter virginem c'est là qu'est le ridicule puisque
les événements vont avoir un déroulement contraire.
domi adsitis facite. Thr.-eamus.
Th.-uos me sequimini.
Restez bien à la maison.
Thr.-Allons-y. Th.-Vous, suivez-moi.
vos me seqvimini κωφὰ πρόσωπα sunt puellae, quae
sequuntur.
vos me seqvimini il s'agit de personnages
muets (κωφὰ
πρόσωπα), ce sont les jeunes filles qui viennent à la
suite.
scaena tertia
Chremes Pythias
507 | 508 | 509 | 510 | 511 | 512 | 513 | 514 | 515 | 516 | 517 | 518 | 519 | 520 | 521 | 522 | 523 | 524 | 525 | 526 | 527 | 528 | 529 | 530 | 531 | 532 | 533 | 534 | 535 | 536 | 537 | 538
Chr.-Profecto quanto magis401 magisque cogito,
Chr.-Oui, plus et plus j'y
pense,
1 profecto qvanto
magis magisqve cogito haec persona apud Menandrum
adulescentis rustici est. 2 Et
inconsequens oratio est, sed conceditur secum loquentibus multa
transcendere, quae taciti intellegunt. est enim integram hoc modo:
profecto quanto magis
magisque cogito, nimirum intellego uel inuenio, quod dabit haec
Thais mihi magnum malum. potest autem nimirum et pro
confirmatione accipi, ut nihil desit et sit nimirum sine dubio, pro
certo.
1 profecto qvanto
magis magisqve cogito ce personnage est celui du jeune
homme campagnard que l'on trouve chez Ménandre. 2 Et ce discours manque de logique mais chez des
personnages qui se parlent à eux-mêmes on accepte qu'ils passent
souvent du coq à l'âne pour des choses qu'ils comprennent
implicitement. Voici en vérité la forme complète : profecto quanto magis magisque
cogito, nimirum intellego vel invenio, quod dabit haec Thais mihi
magnum malum (assurément quand je réfléchis encore et
encore, c'est sans doute que je comprends ou bien que je trouve
parce que cette Thaïs-là me donnera du fil à retordre). nimirum peut en outre
être pris pour une confirmation, de sorte qu'il ne manque rien et
que nimirum signifie sine dubio (sans
aucun doute), ou qu'il soit mis pour certo (assurément).
nimirum dabit haec Thais mihi
magnum malum:
vraiment cette Thaïs me causera
grand tort,
1 nimirvm dabit
haec thais mihi magnvm malvm solue nimirum et fac
non est
mirum, et statim consequens erit per ἀσύνδετον tota
sententia, quasi dixerit non est mirum, et subdistinctione
interposita mox intulerit dabit haec Thais mihi magnum malum. nam
ni
ne
significat et ne non: ni pro ne Vergilius «
leti discrimine paruo
n.
ni
t.
teneant
c.
cursus
;
c.
certum
<
e.
est
>
d.
dare
l.
lintea
r.
retro
244 »; ne pro non Plautus «
ne uult
245 » inquit pro non uult. 2 nimirvm dabit
haec thais mihi magnvm malvm his uerbis intellegitur
sentire se paulatim labi in amorem meretricis quamuis inuitum et
adhuc retinentem.
1 nimirvm dabit
haec thais mihi magnvm malvm développez nimirum et faites-en
non est
mirum (ce n'est pas étonnant), et alors toute la
phrase s'enchaînera logiquement par asyndète (ἀσύνδετον), comme s'il
avait dit non est
mirum (ce n'est pas étonnant), et ce n'est qu'après
que cette ponctuation a été apportée qu'il a ajouté dabit haec Thais mihi magnum
malum. Car ni signifie ne (pour que ne pas)
et ne
signifie non (ne pas) : ni se trouve à la
place de ne chez Virgile « leti discrimine paruo
ni teneant cursus ; certum est dare lintea retro » (côtoyer l'une
ou l'autre équivaut à peu près à la mort. On décide de rebrousser
chemin). ne est mis pour non chez Plaute, il
dit « ne vult » à la place de non vult (il ne veut pas). 2 nimirvm
dabit haec thais mihi magnvm malvm par ces paroles, il
comprend qu'il se sent tomber peu à peu amoureux de la courtisane
bien que ce soit contre son gré et qu'il se soit retenu
jusqu'ici.
ita me ab ea astute uideo
labefactarier,
tant je la vois mettre d'adresse à
m'ébranler,
iam tum cum primum iussit me ad se
accersier.
dès qu'elle m'a fait dire de passer
chez elle.
roget quis « quid tibi402 cum illa? » ; ne noram quidem.
On me demandera : « Qu'avais-tu à
faire avec elle ? ». Je ne la connaissais même pas.
roget qvis qvid tibi cvm illa 36 plus intulit quam interrogauit; non enim
nihil.
roget qvis qvid tibi cvm illa il a plus tiré
de conclusion qu'il n'a réellement posé de questions ; en effet il
n'y a pas nihil (rien).
ubi ueni, causam ut ibi manerem
repperit:
Quand je suis venu, elle a trouvé
un prétexte pour que je reste là.
cavsam vt ibi manerem repperit manerem modo non
dormirem
sed remanerem significat.
cavsam vt ibi manerem repperit manerem ne signifie
pas la plupart du temps dormirem (que je dorme), mais remanerem (que je
séjourne).
ait rem diuinam facere403 et rem seriam
Elle dit qu'elle est en train
d'offrir un sacrifice et que c'est d'une affaire sérieuse
1 ait rem divinam
facere rem
diuinam sacrum significat. 2 et rem seriam
velle agere mecvm scilicet quod non posset nunc agi, cum
operetur. 3 An rem seriam magis
agendam tunc putabat, cum rem diuinam fecisset ?
1 ait rem divinam
facere rem
diuinam signifie sacrifice. 2 et rem seriam
velle agere mecvm c'est sans doute sous prétexte que cela
ne pouvait être fait à ce moment-là puisqu'il y
travaillait. 3 Ou bien est-ce qu'il
pensait alors à une chose importante plutôt qu'à une chose qui
devait être faite, alors qu'elle avait accompli un sacrifice ?
uelle agere mecum. iam tum erat
suspicio
qu'elle a à me parler. Déjà à ce
moment-là j'avais un soupçon
dolo malo haec fieri omnia. ipsa
accumbere
que c'était par dol et dommage que
tout cela se faisait. Elle, elle se met à table
1 dolo malo haec
fieri omnia dolus a dolando dictus, id est a laedendo et
imminuendo. nam et δόλος dicitur Graece
laesio et dolones tela quaedam bellica et
dolare
fabri lignum, id est ascia caedere. quod autem addidit malo, aut ἀρχαϊσμός est, quia sic
in duodecim tabulis a ueteribus scriptum est, aut ἐπίθετον doli est perpetuum,
aut διαστολή
est, quia est et bonus, quo a medentibus falli aegros,
non tamen decipi Lucretius poeta testatur. 2 accvmbere
mecvm mecum prope me significat.
1 dolo malo haec
fieri omnia on tire le mot dolus (ruse) de dolare (façonner),
c'est-à-dire laedere (offenser) et imminuere
(affaiblir). En effet en grec on appelle aussi δόλος (ruse), le tort
fait à quelqu'un et on appelle dolones (bâtons) certains traits
utilisés à la guerre et dolare travailler avec le dolabre, le morceau
de bois de l'artisan, c'est-à-dire couper à la hache. De plus, il
a ajouté malo ; c'est soit un archaïsme (ἀρχαϊσμός), parce que
cela a été écrit de cette façon par les anciens dans les Douze
Tables, ou bien il s'agit d'une épithète (ἐπίθετον) commune de
dolus, ou
alors c'est une opposition par distinction (διαστολή), parce qu'il y
a aussi bonus (bon), adjectif par lequel le
poète Lucrèce atteste que les gens malades sont trompés par les
médecins mais qu'ils ne sont pas abusés pourtant. 2 accvmbere
mecvm mecum (avec moi) signifie prope me (à coté de
moi).
mecum, mihi sese dare, sermonem
quaerere.
avec moi, s'offre à moi, cherche ma
conversation.
1 mihi sese
dare non potest magis significari profusa
petulantia. 2 sermonem qvaerere sermo quaeritur, quando
non solum quod dicamus quaerimus, uerum etiam quomodo nobis alter
respondeat et obloquatur: puta cum deficientibus sermocinandi
causis quota sit hora et satis recte quis ualuerit
percontamur.
1 mihi sese
dare cela ne peut être exprimé avec plus
d'effronterie. 2 sermonem qvaerere nous recherchons une
conversation quand non seulement nous cherchons que dire, mais
aussi lorsque nous cherchons comment l'autre nous répond et nous
interrompt : par exemple, quand on manque de sujets de
conversation, comme une heure paraît longue ! et on se demande à
juste titre qui en vaut la peine.
ubi friget, huc euasit, quam pridem
pater
Lorsqu'elle tombe, elle s'en sort
en demandant, depuis quand mon père
1 qvam pridem
pater mihi et mater mortvi essent hoc propter aetatem
puellae inquisitum est. 2 hvc evasit tamquam impudenter
contenderit ad hanc inquisitionem.
1 qvam pridem
pater mihi et mater mortvi essent cette question a été
posée en raison de l'âge de la jeune fille. 2 hvc
evasit c'est comme s'il avait été insistant et impudent en
répondant à cette question.
mihi et mater mortui essent. dico,
iamdiu.
et ma mère sont morts. Je dis
depuis longtemps.
iam div iam olim.
iam div équivaut à iam olim (il y a
longtemps).
rus Sunii ecquod habeam et quam
longe a mari.
Si je n'ai pas une campagne à
Sunium, et à quelle distance de la mer ?
et qvam longe a mari hoc ideo meretrix
inquisiuit, ut sciret, utrum rapta a praedonibus «
ecqua inde parua perisset soror
246 »; quippe ad mediterraneum locum qui accessus esse potuit
piratis? sed tamen non abhorret a suspicione huius meretricem
aliud scire uelle: cuius pretii fundum habeat Chremes, hoc est
quam amoenum, quam maritimum.
et qvam longe a mari la courtisane s'est
enquise de cela pour savoir si elle a été enlevée par des brigands
« ecqua inde parva perisset soror » ; et en effet dans un lieu qui
est au milieu des terres quel accès peut-il y avoir pour des
pirates mais cependant il ne laisse pas de soupçonner que la
courtisane veuille savoir autre chose : à quel montant s'élève le
prix de la propriété que possède Chrémès, si cette propriété est
agréable, si elle est proche de la mer.
credo ei placere hoc: sperat se a
me auellere.
Je suppose qu'elle lui plaît : elle
espère me l'arracher.
hoc sperat se a me avellere bono uerbo usus
est auellere, tamquam pertinaciter non
remittente.
hoc sperat se a me avellere il utilise le
bon verbe en disant auellere (arracher), comme s'il parlait
de quelqu'un qui refuse obstinément d'y renoncer.
postremo, ecqua inde parua
periisset soror;
Pour finir, si n'y a pas disparu
une sœur toute petite,
ecquis cum ea una; quid habuisset
cum periit;
s'il y avait quelqu'un avec
elle :ce qu'elle avait le jour où elle a disparu,
qvid habvisset cvm periit cum pro quando aut cum <periit pro
cum>
periret.
qvid habvisset cvm periit cum (lorsque) est mis
pour quando (quand) ou alors il fait
comprendre cum
periit (lorsqu'il périt), à la place de cum periret (alors
qu'il mourait).
ecquis eam posset noscere. haec cur
quaeritet?
si quelqu'un pourrait la
reconnaître. Tout cela, pourquoi elle n'arrête pas de me le
demander ?
haec cvr qvaeritet in gestu ac uultu id quod
restat ostenditur; nam deest nescio.
haec cvr qvaeritet il montre le reste par sa
gestuelle et son jeu de physionomie ; car il manque nescio (je ne sais
pas).
nisi si illa forte quae olim periit
paruula
A moins que peut-être, celle qui
jadis a disparu, la toute petite
soror, hanc se intendit esse, ut
est audacia.
sœur, elle prétende que c'est elle,
vu son audace.
hanc se intendit esse vt est avdacia proprie
intendere
est crimen in aduersarium iacere.
hanc se intendit esse vt est avdacia au sens
propre intendere (tendre vers), c'est jeter une
accusation contre un adversaire.
uerum ea si uiuit annos nata est
sedecim,
Mais si cette enfant vit encore,
elle a seize ans,
non maior ; Thais quam ego sum
maiuscula est.
pas plus ; Thaïs est un peu plus
âgée que moi.
maivscvla est diminutiue dixit, ut
ostenderet utramque esse primaeuam.
maivscvla est il utilise le diminutif pour
montrer que l'une et l'autre sont dans la fleur de l'âge.
misit porro orare ut uenirem
serio.
Elle vient d'envoyer quelqu'un pour
me prier de venir instamment.
1 misit
porro porro pro postea. 2 vt venirem
serio utrum ut
serio uenirem an orare serio?
1 misit
porro porro (plus loin) est mis pour
postea
(ensuite). 2 vt venirem serio est-ce que c'est ut serio uenirem
(pour que je vienne tout de suite), ou alors orare serio (pour que
je vienne parler tout de suite) ?
aut dicat quid uult aut molesta ne
siet:
Qu'elle explique ce qu'elle veut,
ou qu'elle ne me casse plus les pieds.
1 avt dicat qvid
vvlt avt molesta ne siet pro quid uelit. in Hecyra «
at uide, quam immerito aegritudo haec
oritur mihi abs te, Sostrata
247 ». 2 avt molesta ne siet [aut] hoc moraliter, nam
cui hoc imperat aut cum quo hoc agit?
1 avt dicat qvid
vvlt avt molesta ne siet est mis à la place de quid uelit (ce
qu'elle veut). Dans L'Hécyre « at uide, quam immerito
aegritudo haec oritur mihi abs te, Sostrata252 ». 2 avt molesta ne
siet ceci est conforme au caractère d'un personnage mais
est-ce de celui à qui il donne cet ordre ou de celui avec qui il
agit ainsi ?
non hercle ueniam tertio. heus
heus, ecquis hic est404?
Ma fois, je ne viendrai pas une
troisième fois. Holà ! Holà ! Il y a quelqu'un ?
hevs hevs ecqvis hic est haec separatim
pronuntianda sunt, nam apparet inter haec uerba pulsatam ianuam
personare.
hevs hevs ecqvis hic est il faut prononcer
ces mots en les séparant, car il apparaît qu'entre ces mots la
porte est poussée et fait retentir un bruit.
ego sum Chremes. Py.-o capitulum
lepidissimum!
C'est moi, Chrémès. Py.-Oh ! le
joli petit mignon !
1 ego svm
chremes uide quantum distet ac uaria sit huius rusticitas
ego sum,
Chremes a faceta meretricis disciplina o capitulum
lepidissimum; nam rusticum esse statim magis
apparebit, ubi dixerit rus eo. 2 Et ὑποκορίσματα sunt τῷ ἰδιωτισμῷ.
1 ego svm
chremes regardez combien sa rusticité prend des formes
variées ego sum,
Chremes, et se différencie de la finesse d'esprit et
du savoir-vivre de la courtisane o capitulum lepidissimum ; en effet il
apparaîtra aussitôt plus rustique, quand il aura dit rus eo. 2 Et ce sont des petits noms affectueux
(ὑποκορίσματα)
liés à sa parlure (τῷ
ἰδιωτισμῷ).
Chr.-dico ego mihi insidias fieri?
Py.-Thais maximo
Chr.-Moi ce que je dis, c'est qu'on
me tend un piège. Py.-Thaïs à toute force
dico ego mihi insidias fieri blandimentum rusticus
insidias
putat.
dico ego mihi insidias fieri le paysan pense
que les insidias (pièges) sont un blandimentum (une
cajolerie).
te orabat opere ut cras redires.
Chr.-rus eo.
souhaitait te prier de revenir
demain. Chr.-Je vais à la campagne.
rvs eo pro potiore negotio rus posuit. et maior
negatio est, quam si diceret non uenio huc.
rvs eo il a remplacé une affaire plus
importante par rus (à la campagne). Et la négation s'en
trouve plus renforcée que s'il avait dit non venio huc (je ne
viens pas ici).
Py.-fac amabo. Chr.-non possum,
inquam. Py.-at tu apud nos hic mane
Py.-Fais-le, je t'en prie. Chr.-Je
ne peux pas, te dis-je. Py.-Alllez, toi, reste ici chez nous,
non possvm inqvam plus est quam nolo.
non possvm inqvam la formule est plus forte
que nolo
(je ne veux pas).
dum redeat ipsa. Chr.-nihil minus.
Py.-cur, mi Chremes?
jusqu'à ce que la maîtresse
revienne. Chr.-Certainement pas. Py.-Pourquoi, cher Chrémès ?
1 dvm redeat
ipsa ipsa uel domina uel ipsa de qua
agitur. 2 nihil minvs deest faciam.
1 dvm redeat
ipsa ipsa (elle-même) désigne soit la
maîtresse soit la jeune fille même dont il s'agit. 2 nihil
minvs il manque faciam (je ferai).
Chr.-malam rem hinc ibis? Py.-si
istuc ita certum est tibi,
Chr.-Et si tu allais au diable !
Py.-Si c'est cela ta décision,
1 malam rem
<hinc ibis pro in malam rem >. ergo aduerbialiter
dixit, quemadmodum dicimus domum ibis. 2 Et apparet illum manu tactum esse, qui
sic irascitur, quia dixit mi Chremes quasi: meus indignatus est
adulescens? 3 Nam ab eo quod est
meus
uocatiuus mi facit.
1 malam rem hinc
ibis est mis pour in malam rem (en vue d'une mauvaise
affaire). Il l'utilise adverbialement, de la même façon que nous
disons domum
ibis (tu iras à la maison). 2 Et il apparaît qu'il a été touché de la main et
s'énerve ainsi, parce qu'elle a dit mi Chremes (mon cher Chrémès), pour
ainsi dire : mon cher jeune homme s'indigne-t-il ? 3 En effet il fait de mi (mon cher) un vocatif qu'il tire de
l'adjectif meus (mon).
amabo ut illuc transeas ubi illa
est. Chr.-eo.
j'aimerais que tu passes la voir là
où elle est. Chr.-J'y vais.
1 amabo vt illvc
transeas vbi illa est uide non esse otiosum, quod omnia
praetemptata sunt potius quam res importuna fieret, ut ad militis
domum Chremes deduceretur. neque enim conueniebat personae Bacchi
aliquid amusum aut infacetum aut ἄκαιρον. 2 illvc transeas
vbi illa est ut breuem uiam demonstraret, non eas sed transeas
dixit. 3 amabo amabo interiectio est amantis, etsi
uerbum sonat.
1 amabo vt illvc
transeas vbi illa est regardez bien, il n'y a pas de temps
mort parce que tout a été essayé pour éviter que l'affaire ne
devienne fâcheuse et afin que Chrémès soit conduit dans la demeure
du soldat. Et il ne convenait pas au personnage de Bacchus quelque
parole désavouée des muses ou bien quelque grossièreté ou encore
quelque inconvenance (ἄκαιρον). 2 illvc transeas
vbi illa est afin de bien montrer le plus court chemin,
elle ne dit pas eas (va) mais transeas
(passe). 3 amabo amabo (j'aimerai) est l'interjection
d'un amoureux, même si le verbe est expressif.
Py.-abi, Dorias, cito hunc deduce
ad militem.
PY. -Va, Dorias ; conduis vite ce
monsieur chez le soldat.
scaena quarta
Antipho
An.-Heri aliquot adulescentuli
coimus in Piraeo
An.-Hier à quelques jeunes gens,
nous nous sommes entendus, au Pirée,
1 heri aliqvot
advlescentvli coimvs in piraeo in hoc proloquio insinuatio
personae eius est, cui narraturus est Chaerea, quae a se post
scaenam gesta sunt. fit autem hoc populi causa, ut spectator
oriculis accipiat, quod subicere oculis poeta non
potuit. 2 coimvs coimus consensimus ac pepigimus, ne sit
soloecismus in
Piraeo pro in Piraeum. 3 heri aliqvot
advlescentvli
c.
coimvs
bene inuenta persona est, cui narret Chaerea,
ne unus diu loquatur, ut apud Menandrum.
1 heri aliqvot
advlescentvli coimvs in piraeo dans cette exposition, il y
a une présentation implicite de son propre personnage à qui Chéréa
va raconter les actions qui se sont passées en coulisses. Il fait
cela pour le public afin que le spectateur entende ce que le poète
n'a pas pu placer sous ses yeux. 2 coimvs
coimus
c'est nous nous entendons et nous déterminons afin qu'il n'y ait
pas solécisme si on dit in Piraeo pour in Piraeum. 3 heri
aliqvot advlescentvli coimvs le personnage est bien
trouvé, lui à qui Chéréa fait son récit, afin qu'il ne parle pas
seul longtemps, comme chez Ménandre.
in hunc diem, ut de symbolis
essemus. Chaeream ei rei
pour aujourd'hui et se cotiser pour
un barbecue. C'est Chéréa, pour l'organisation,
1 vt de symbolis
essemvs Plautus in Menaechmis «
minore numquam fui dispendio
248 ». 2 Sed melius essemus producta
e
littera.
1 vt de symbolis
essemvs Plaute dans Les Ménechmes « minore
numquam fui dispendio » (je ne fus jamais dans des frais plus
faibles). 2 Mais essemus (nous avons
mangé) avec un E allongé est meilleur.
praefecimus; dati anuli; locus
tempus constitutum est.
que nous avons pris comme chef ; on
lui a donné les anneaux ; le lieu, l'heure étaient décidés.
1 praefecimvs id est: συμποσιάρχην
fecimus. 2 dati anvli nihil interim de scorto; apparet
enim ephebos esse.
1 praefecimvs c'est-à-dire nous le faisons
συμποσιάρχης
(président de banquet). 2 dati anvli rien n'est dit
pendant ce temps sur la courtisane ; car il est clair que ce sont
des adolescents.
praeteriit tempus: quo in loco
dictum est parati nil est;
L'heure est passée : au lieu du
rendez-vous rien n'est prêt.
1 praeteriit
tempvs quia «
tempus constitutum est
249 ». 2 qvo in loco quia «
locus constitutus est
250 ».
1 praeteriit
tempvs parce que « tempus constitutum est ». 2 qvo in
loco parce que « locus constitutus est ».
homo ipse nusquam est neque scio
quid dicam aut quid coniectem.
Le gars lui-même n'est nulle part !
Je ne sais que dire ni que penser.
homo ipse quia «
Chaeream ei rei praefecimus
251 ».
homo ipse parce que « Chaeream ei rei
praefecimus ».
nunc mi hoc negoti ceteri dedere ut
illum quaeram
Maintenant les autres m'ont donné
la charge de le chercher,
ceteri dedere ceteri exceptis me atque illo.
ceteri dedere ceteri (les autres) à l'exception de lui
et de moi.
idque adeo uisam si domi est.
quisnam hinc a Thaide exit?
et que j'aille voir s'il est chez
lui. Mais qui sort là de chez Thaïs ?
qvisnam hinc a thaide exit causa sciscitandi
est admiratio de habitu mutato et uix agnitus Chaerea.
qvisnam hinc a thaide exit la cause de son
questionnement provient de son changement d'aspect extérieur et de
ce que Chéréa est difficilement reconnaissable.
is est an non est? ipsus est. quid
hoc hominis est? quid405 hic ornatus est?
C'est lui ou c'est pas lui ? C'est
lui ! C'est quoi ce type ? C'est quoi cet accoutrement ?
1 qvid hoc hominis
est uide an longam narrationem possit audire, qui nondum
amico narrante iam pendeat. 2 is est an non est ipsvs est
uide an potuerit meretricem ignotam hoc habitu atque ornatu
fallere, qui ab Antiphone uix agnoscitur. 3 qvid hoc hominis
est quod a Thaide ephebus exit. 4 qvid hic
ornatvs quod de eunuchi ueste indutus est.
1 qvid hoc hominis
est observez s'il peut entendre une longue narration,
celui qui ne s'est même pas tenu tranquille lorsque son ami
parlait. 2 is est an non est ipsvs est observez s'il a
pu tromper une courtisane inconnue par cette apparence et cette
parure alors qu'il est à peine reconnu par Antiphon. 3 qvid hoc
hominis est parce que l'éphèbe sort de chez
Thaïs. 4 qvid hic ornatvs parce qu'il a été recouvert
d'un vêtement d'eunuque.
quid illud mali est? nequeo satis
mirari neque conicere;
C'est quoi ce malaise ? Je n'en
reviens pas et je ne sais que penser.
qvid illvd mali est quod timidus
egreditur.
qvid illvd mali est parce qu'il sort de
manière craintive.
nisi, quidquid est, procul hinc
libet prius quid sit sciscitari.
Sinon, quoi qu'il en soit, j'ai
bien envie de m'en aller d'ici et pour m'enquérir de quoi il
retourne.
qvid sit sciscitari sciscitari est
occulta magis et secretiora rimari ac uelle cognoscere, ut «
Eurypylum scitantem37
o.
oracula
Ph.
Phoebi
m.
mittimus
252 ».
qvid sit sciscitari sciscitari
(questionner) signifie plutôt explorer les choses cachées et
secrètes, et vouloir les connaître comme « Eurypylum scitantem
oracula Phoebi mittimus » (nous envoyons Eurypyle interroger
l'oracle de Phébus).
scaena quinta
Antipho Chaerea
549 | 550 | 551 | 552 | 553 | 554 | 555 | 556 | 557 | 558 | 559 | 560 | 561 | 562 | 563 | 564 | 565 | 566 | 567 | 568 | 569 | 570 | 571 | 572 | 573 | 574 | 575 | 576 | 577 | 578 | 579 | 580 | 581 | 582 | 583 | 584 | 585 | 586 | 587 | 588 | 589 | 590 | 591 | 592 | 593 | 594 | 595 | 596 | 597 | 598 | 599 | 600 | 601 | 602 | 603 | 604 | 605 | 606 | 607 | 608 | 609 | 610 | 611 | 612 | 613 | 614
Ch.-Num quis hic est? nemo est. num
quis hinc me sequitur? nemo homo est.
Ch.-Il y a quelqu'un ici ? Il n'y a
personne. Il y a quelqu'un qui me suit de la maison ? Non, aucune
personne.
1 nvm qvis hic est
nemo est in hac scaena uerba gestum uultumque indicant
exeuntis, cui obuia persona obicitur, sub cuius occasione
spectatoribus gesta narrabuntur. 2 nvm qvis hic est
nemo est nvm qvis hic me seqvitvr duo metuit: ne quis ex
his obuius comprehensor occurrat et ne quis sui persecutor
exsistat. 3 nemo homo est quamuis nemo <ne homo>
intellegatur, tamen homo addidit, ut ueteres solent,
τῷ ἀρχαϊσμῷ.
1 nvm qvis hic
nemo est dans cette scène, les mots indiquent l'attitude
et l'expression de celui qui sort qui tombe nez à nez avec l'autre
personnage ; c'est à cette occasion que ses actions seront
racontées aux spectateurs. 2 nvm qvis hic nemo est nvm qvis hic me
seqvitvr il craint deux choses : que survienne quelqu'un
qui vient l'arrêter et qu'il ne se trouve quelqu'un pour le
poursuivre. 3 nemo homo est quoiqu'on comprenne nemo comme ne homo (pas un
homme), il ajoute cependant homo, comme les Anciens en ont
l'habitude, par archaïsme.
iamne erumpere hoc mihi licet406 gaudium? pro Iuppiter,
Est-ce que maintenant j'ai le droit
de laisser exploser ma joie ? O Jupiter !
1 iamne ervmpere
hoc mihi licet gavdivm erumpere quasi actiuum uerbum posuit pro
neutrali, ut sit: licet mihi erumpere hoc gaudium?, cum
sit erumpere quasi exire et mihi pro a me. 2 ervmpere
utrum erumpere pro emittere posuit an
erumpere
pro exclamare, ut rumpere uocem dicitur
qui exclamat? nam «
pro Iuppiter
253 »dicturus est.
1 iamne ervmpere
hoc mihi licet gavdivm erumpere (éclater) comme s'il avait
placé un verbe actif à la place d'un moyen, pour avoir :
licet mihi erumpere
hoc gaudium (m'est-il possible de faire éclater cette
joie ?), alors que c'est erumpere pour ainsi dire exire (sortir) et
mihi pour
a me (de
moi). 2 ervmpere est-ce-que erumpere est employé
pour emittere (prononcer une parole) ou bien
erumpere
pour exclamare (s'écrier), comme on dit
rumpere
uocem (casser la voix) de celui qui s'écrie ? Car il
va dire « Pro Iuppiter ».
nunc est profecto interfici cum
perpeti me possum,
Maintenant vraiment c'est le moment
où mourir je me sens capable de le supporter,
1 nvnc est
profecto ordo et sensus hic est: nunc est profecto tempus,
cum perpeti possum me interfici. hoc autem cur dixerit, ipse
statim subicit causam. 2 cvm perpeti me possvm
animaduertendum quod cum si coniuncte legeris, quando significat, si
separatim, cum dum significat. 3 nvnc est
profecto figurate. ac coniuncte lege sine
distinctione.
1 nvnc est
profecto ici l'ordre et le sens sont : assurément
maintenant c'est le temps où je peux supporter patiemment d'être
tué. Mais lui-même aussitôt ajoute la raison pour laquelle il a
dit ceci. 2 cvm perpeti me possvm il faut faire
attention que si on lit cum comme liaison, il signifie
quando
(quand), si on le lit de façon séparée, cum signifie
dum
(encore). 3 nvnc est profecto au sens figuré. Et lisez
de façon continue sans pause.
ne hoc gaudium contaminet uita
aegritudine aliqua.
de peur que, ma joie, la vie ne
l'infecte de quelque chagrin.
contaminet vita aegritvdine aliqva mire
uitae crimen ostendit, uelut ipsa sit campus fortunae possessioque
instabilis uariorum.
contaminet vita aegritvdine aliqva de façon
admirable, il montre qu'il incrimine la vie, comme étant elle-même
le siège de la fortune et la détentrice de diverses
inconstances.
sed neminemne curiosum interuenire
nunc mihi
Mais il n'y aura aucun curieux pour
me croiser maintenant
sed neminemne cvriosvm intervenire nvnc mihi
apparatus ad intentionem futurae narrationis dicitur.
sed neminem ne cvriosvm intervenire nvnc
mihi cet arrangement vise à mettre en place la narration
future.
qui me sequatur quoquo eam,
rogitando obtundat enicet
pour me suivre partout où j'irai,
pour m'accabler de questions, me bassiner, m'assomer
1 qvi me
seqvatvr id cupit gaudens, quod aliis tristibus molestum
est. nam contra Menedemus grauatur narrare quae dolet. 2 obtvndat odiose instet ac repetat. 3 obtvndat molestus et odiosus sit. 4 enicet εὐφωνότερον quam enecet.
1 qvi me
seqvatvr il désire ce qui pour les autres gens dans la
peine est désagréable et s'en réjouit. Car à l'inverse Ménédème
répugne à raconter ce qu'il endure. 2 obtvndat
qu'il insiste et répète de manière déplaisante. 3 obtvndat
qu'il est désagréable et fatigant. 4 enicet
plus euphonique (εὐφωνότερον) que enecet (assomme).
quid gestiam aud quid laetus sim,
quo pergam, unde emergam, ubi siem
pour savoir pourquoi je suis
excité, pourquoi je suis tout content, où je vais, d'où je sors,
où j'ai
1 qvid
gestiam deest quaerens, ut sit: rogitando obtundat,
enecet quaerens quid gestiam. 2 qvid
gestiam gestire <est> motu corporis
monstrare quid sentias. hoc autem constat a pecudibus ad homines
esse translatum. 3 Gestire est sensum
corporis gestu indicare, quod magis animalium est mutorum.
Vergilius «
et studio incassum uideas gestire
lauandi
254 ». 4 Et qvid propter quid. 5 vnde
emergam proprie dixit emergam ut ex lustris atque inhonestis
locis utpote meretriciae domus. Cicero «
at ne tum quidem emersisti, lutulente,
quaeso, ex naturae tuae sordibus
255 ».
1 qvid
gestiam il manque quaerens (interrogeant), pour avoir : il
m'assomme de questions, il m'assomme en demandant pourquoi je me
démène. 2 qvid gestiam gestire c'est montrer par le mouvement
du corps ce qu'on ressent. Mais c'est un fait établi que c'est une
métaphore tirée des animaux et qui s'applique à l'homme. 3 Gestire c'est indiquer une sensation par
un mouvement du corps, qui est plus le propre des animaux muets.
Virgile « et studio incassum uideas gestire lauandi » (on peut les
voir insatiablement désireux de s'y baigner). 4 Et qvid
signifie à cause de quoi. 5 vnde emergam au sens propre il
dit emergam (j'émerge) comme d'un bouge et
d'un lieu honteux comme c'est le propre de la maison d'une
courtisane. Cicéron « at ne tum quidem emersisti, lutulente,
quaeso, ex naturae tuae sordibus » (mais ne t'es-tu pas alors
extirpé, salement, je te le demande, des ordures de ta
nature ?).
uestitum hunc nactus, quid mi
quaeram, sanus sim anne insaniam!
déniché cet accoutrement, ce que
j'en attends pour moi, si je vais bien ou pas bien ?
vestitvm hvnc nactvs bene nactus dixit, ut qui
non sumeret, nisi suasisset hoc occasio.
vestitvm hvnc nactvs il a bien dit
nactus
(déniché), pour montrer qu'il n'aurait pas fait ce choix si les
circonstances ne le lui avaient pas dicté.
An.-adibo atque ab eo gratiam hanc,
quam uideo uelle, inibo.
An.-Je vais y aller et vais lui
donner la satisfaction que je vois qu'il veut.
1 adibo atqve ab
eo gratiam hanc sensus et ordo hic est: adibo atque ab eo gratiam hanc
inibo, quam uideo hunc uelle a se inire. 2 atqve ab
eo gratiam hanc qvam video velle inibo gratiam inire est
dare beneficium ac per hoc mereri alicuius gratiam id est
amicitiam. 3 Sed haec est elocutio
gratiam ab eo
inibo pro eius gratiam merebor. Nam ab eo amat Terentius
pro eius
ponere, ut in Andria «
primum ab eo animaduertenda
iniuria
256 » est pro eius iniuria. 4 Inire autem gratiam est mereri
gratiam. Plautus «
inibis a me solidam et grandem
gratiam
257 ».
1 adibo atqve ab
eo gratiam hanc ici le sens et l'ordre sont : adibo atque ab eo gratiam hanc
inibo, quam uideo hunc uelle a se inire (je vais
l'aborder et rentrer dans ses bonnes grâces, chose que je vois
bien qu'il veut que je fasse). 2 atqve ab eo
gratiam hanc qvam video velle inibo gratiam inire c'est
rendre un bienfait et pour cela acquérir la gratitude de
quelqu'un, c'est-à-dire l'amitié. 3 Mais cette locution gratiam ab eo inibo est mise pour
eius gratiam
merebor (je mériterai la grâce de celui-ci). Car
Térence aime bien mettre ab eo à la place d' eius, comme dans
L'Andrienne « primum ab eo animaduertenda iniuria »
est pour eius
iniuria. 4 Mais
inire
gratiam (entrer dans les bonnes grâces), c'est
acquérir la gratitude. Plaute « inibis a me solidam et grandem
gratiam » (Tu m'en auras une parfaite et grande
reconnaissance).
Chaerea, quid est quod sic gestis?
aut407 quid sibi hic uestitus
quaerit?
Chéréa, pourquoi tu es excité comme
ça ? Que signifie cet accoutrement ?
1 qvid est qvod
sic gestis avt qvid sibi hic vestitvs qvaerit facete
repetit uerba eius interrogans, ut sciat se iam pridem esse
praesentem. 2 qvid sibi hic vestitvs qvaerit facete et
figurate dictum est. sic et alibi «
ut pernoscatis, quid sibi Eunuchus
uelit
258 ».
1 qvid est qvod
sic gestis avt qvid sibi hic vestitvs qvaerit avec humour,
il répète ses mots dans la question, pour que l'autre sache qu'il
est déjà présent depuis un petit moment. 2 qvid sibi hic
vestitvs qvaerit c'est dit avec humour et au sens figuré.
Comme ailleurs « ut pernoscatis, quid sibi Eunuchus uelit ».
Qu'est-ce que tu as à être tout
content ? Qu'attends-tu ? Tu vas bien ? Qu'as-tu à me
regarder ?
1 qvid est qvod
laetvs sis uide aliud esse gestire, aliud laetum
esse. 2 qvid tibi vis πρὸς τὸ «
quid mihi uelim
259 »38; satin sanvs es πρὸς τὸ «
sanus sim anne insaniam
260 ». 3 qvid me aspectas qvid taces his duabus
interrogatiunculis descripsit uultum dicturi.
1 qvid est qvod
laetvs sis voyez que c'est une chose d'être transporté de
désir, c'en est une autre d'être heureux. 2 qvid tibi
vis se rapporte à « quid mihi uelim ». satin sanvs es se rapporte à « sanus sim
anne insaniam ». 3 qvid me aspectas qvid taces par
ces deux petites questions, il décrit la mimique de celui qui va
parler.
quid taces? Ch.-o festus dies
hominis! amice, salue:
Qu'as-tu à te taire ? Ch.-Voir ce
type c'est la fête, mon ami, salut.
1 o festvs dies
hominis amice salve decet a salutatione incipere luculente
dicturum; illum autem ueri simile est et percussum re noua et
audiendi cupidum immemorem exstitisse salutandi. 2 o festvs
dies utrum qui causa est festi ac laeti diei an qui ipse
tantus sit, quantus est festus dies? 3 o festvs dies
<hominis> pro: homo festi diei. sic dicitur etiam
scelus
homo
. Ennius «
O pietas animi
261 ». 4 salve nemo est qvem ego nvnc magis bene
additum magis, ut his amicis antepositum se
intellegat, quos cum cupiat uidere Chaerea, tamen magis [ut aliis
amicis antepositum] neminem cupit.
1 o festvs dies
hominis amice salve il convient au moment de prendre la
parole de commencer poliment par une salutation ; mais il est
vraisemblable que le jeune homme, troublé par la nouvelle et
désireux d'en entendre davantage, ait oublié de saluer. 2 o festvs
dies faut-il comprendre un homme qui est la cause de la
fête et d'un jour heureux ou bien un homme qui est aussi important
qu'un jour de fête ? 3 o festvs dies hominis mis
pour : l'homme d'un jour de fête. On dit aussi
scelus
homo
(un criminel). Ennius « o pietas animi » (O piété
de l'âme). 4 salve nemo est qvem ego nvnc magis
magis
(plus) a été correctement ajouté, pour qu'il comprenne qu'on le
préfère aux amis que Chéréa veut voir, mais pas autant toutefois
qu'il ne désire le voir lui.
nemo est410 quem ego nunc magis cuperem uidere quam te.
Il n'y a personne que j'aurais
désiré voir plus que toi !
An.-narra istuc quaeso quid sit.
Ch.-immo hercle obsecro te411 ut audias.
An.-Raconte, s'il te plaît, de quoi
il s'agit. Ch.-Non, ma foi, c'est moi qui te supplie de
m'écouter.
1 immo hercle
obsecro te vt avdias bonum compendium, ne multa diceret ad
commendandam ut solet narrationem futuram. 2 immo hercle
obsecro bene contulit uerba, ut ex his appareat quam id
agere uelit: ille dixit quaeso, hic obsecro.
1 immo hercle
obsecro te vt avdias heureux raccourci afin de ne pas trop
en dire pour mettre en valeur comme d'habitude la narration qui va
venir. 2 immo hercle obsecro il a bien rapproché les
mots afin de dégager de ceux-ci ce qu'il veut exprimer : l'un dit
quaeso (je
demande), l'autre obsecro (je supplie).
nostin hanc quam amat frater?
An.-noui: nempe, opinor, Thaidem.
Tu connais celle dont mon frère est
amoureux ? An.-Je connais : vrai, je crois, c'est Thaïs.
1 nostin hanc qvam
amat frater quaeritur an ueri simile sit Antiphoni notam
esse Thaidem, quam frater ipse nesciuerit. sed intellegere debemus
modo notitiam non uultus sed famae positam esse, quam famam potuit
ex Phaedria et Antipho scire. at uero aliam notitiam negauerat
Chaerea sibi fuisse cum Thaide, hoc est uisus, [uultus] oris et
corporis. 2 novi nempe [vt] opinor thaidem uerisimile
est haec scire Antiphonem, qui adeo sit familiaris Chaereae. et
est ordo hic: opinor
noui, nempe <Thaidem. 3 nempe> opinor
thaidem optime et ab illo tacitum et ab hoc nomen allatum
est, ut appareat quam nouerit et quam possit assequi quae
dicentur.
1 nostin hanc qvam
amat frater la question est de savoir s'il est
vraisemblable que Thaïs soit connue d'Antiphon, alors que le frère
de Phédria ne la connaît pas. Mais nous devons comprendre qu'on
parle ici d'une connaissance non de visage, mais de réputation,
réputation qu' Antiphon a pu connaître aussi par Phédria. Mais de
fait, Chéréa a nié avoir d'autre connaissance de Thaïs,
c'est-à-dire la connaissance de vue, de visage et d'aspect
physique. 2 novi nempe [vt] opinor thaidem il est
vraisemblable qu' Antiphon sache cela, tant il est intime de
Chéréa. et l'ordre des mots est ici : opinor noui, nempe
Thaidem. 3 nempe opinor thaidem
excellent : l'un se tait et c'est l'autre qui apporte le nom, pour
qu'on voie bien combien il est au courant et combien il peut
suivre ce qui va se dire.
Ch.-istam ipsam. An.-sic
commemineram. Ch.-quaedam hodie est ei dono data
Ch.-C'est elle-même. An.-C'est
l'idée que je m'en faisais. Ch.-On lui a fait aujourd'hui présent
d'une
1 qvid eivs tibi
faciem praedicem avt lavdem praedicamus ut sunt res, laudamus extollimus. 2 Vel praedicamus uoce, laudamus
argumentis. 3 qvid ego eivs tibi ordo hic esse debet:
quid ego tibi nunc
eius faciem praedicem aut laudem, Antipho? in hac commotus sum,
cum me ipsum noris, quam elegans formarum spectator
siem; ut sit sensus: in hac commotus sum, ut ille solet, qui scit formas
eligere ac fastidire pro merito.
1 qvid eivs tibi
faciem praedicem avt lavdem nous utilisons le verbe
praedicare
pour des choses, il équivaut à nous louons (laudamus), nous portons aux nues
(extollimus). 2 Autre interprétation
possible : nous utilisons praedicare quand c'est en paroles que
nous le faisons, laudare quand c'est avec des
arguments. 3 qvid ego eivs tibi l'ordre des mots ici doit
être : quid ego tibi
nunc eius faciem praedicem aut laudem, Antipho ? in hac commotus
sum, cum me ipsum noris, quam elegans formarum spectator
siem ; pour donner le sens : in hac commotus sum, ut ille
solet, qui scit formas eligere ac fastidire pro merito
(je suis bouleversé par elle comme l'est tout homme qui sait
choisir une beauté et montrer une condescendance proportionnelle
au mérite).
uirgo: quid ego412 eius
tibi nunc faciem praedicem aut laudem, Antipho,
fille. A quoi bon te vanter son
visage ou en faire l'éloge,Antiphon.
1 qvam elegans
formarvm spectator siem spectator elegans est cunctantis et
fastidiosi iudicii, <cui> non quid placet facile. 2 spectator probator, ut pecuniae spectatores
dicuntur.
1 qvam elegans
formarvm spectator siem un spectator elegans est un spectateur dont
le jugement est long à venir et plein de condescendance, à qui
rien ne plaît aisément. 2 spectator expert, comme on dit,
pecuniae
spectatores (experts en argent).
cum ipsum me noris quam elegans
formarum spectator siem?
alors que tu me connais, combien je
suis fin connaisseur en beauté.
1 in hac commotvs
svm non est consequens: esset autem, si diceret in hac commotum me
scias. erit ergo ordo ei sensus qui
supra. 2 primam esse dices scio o fiduciam
elegantiae, et de alienis oculis iudicare!
1 in hac commotvs
svm ce n'est pas logique : cela le serait s'il disait
in hac commotum me
scia s. l'ordre sera donc celui indiqué plus
haut. 2 primam esse dices scio quelle confiance dans
le raffinement de son jugement, pour juger ainsi par les yeux
d'autrui !
in hac commotus sum. An.-ain tu?
Ch.-primam esse413 dices, scio, si
uideris.
Elle m'a tout retourné.
An.-Vraiment ? Ch.-C'est la championne, tu diras, je sais, quand
tu l'auras vue.
1 qvid mvlta verba
amare coepi ordine egit, nam prius est commoueri, inde
amare. 2 Et bene
non ante dicit, quid aggressus <sit>, nisi amoris mentione
praelata, quo cogente nihil infectum est cupientibus.
1 qvid mvlta verba
amare coepi il a fait les choses dans l'ordre, ce qui est
premier c'est d'être bouleversé, ensuite on aime. 2 Et il fait bien de ne pas dire avant ce qu'il a
entrepris, sans faire d'abord mention de l'amour, sous l'impulsion
duquel pour ceux qui désirent il n'est rien qui ne
s'accomplisse.
quid multa uerba? amare coepi.
forte fortuna domi
Pourquoi dire plus ? Je suis tombé
amoureux. Par un heureux hasard chez nous
1 svbmonvit me
parmeno leuiter monuit. et recte, quia «
arripui
262 »dicturus est. 2 Et totum
optime; nam ut non erat boni adulescentis hanc technam reperire, sic ab
alio repertam fuit plane ueri amatoris arripere.
1 svbmonvit me
parmeno il l'a averti discrètement. Et c'est correct parce
qu'il va dire « arripui ». 2 Et
l'ensemble est excellent ; de fait, comme ce n'était pas dans les
moyens d'un bon jeune homme de trouver ce subterfuge (techne), de même une
fois qu'un autre l'a trouvé, c'était vraiment dans l'esprit d'un
homme véritablement amoureux que de s'en emparer.
erat quidam eunuchus quem mercatus
fuerat frater Thaidi,
il y avait une espèce d'eunuque que
mon frère avait eu acheté pour Thaïs
1 tacitvs citivs
avdies morantem solemus corripere extra ordinem
percontantes. 2 Et bene
celeritatem promisit, qua facile tenetur auditor. 3 Et mire, tamquam sola interrogatio morae
sit.
1 tacitvs citivs
avdies nous avons coutume de blâmer quelqu'un qui nous
retarde en posant des questions qui troublent l'ordre de nos
propos. 2 Et c'est bien de promettre
la rapidité, qui retient facilement l'esprit de
l'auditeur. 3 Et c'est étonnant,
comme si la seule interrogation était cause de retard.
neque is deductus etiamdum ad eam.
submonuit me Parmeno
et on ne l'avait pas encore emmené
chez elle. Parménon m'a suggéré
et pro illo ivbeam me illoc dvcier
iubeam
mirifice dixit tamquam in re honesta. sic et turpe factum
plerumque perseuerante impudentia releuatur.
et pro illo ivbeam me illoc dvcier
iubeam est
dit de manière très étonnante comme pour une chose honnête. Ainsi
aussi un acte honteux est la plupart du temps rendu plus bénin si
l'on persévère dans l'impudence.
ibi seruus quod ego arripui.
An.-quid id est? Ch.-tacitus citius audies:
là, l'esclave, un truc que j'ai
saisi au vol. An.-C'est quoi ? Ch.-Tais-toi et tu le sauras plus
vite :
qvid ex ea re tandem vt capias commodi
transit a reprehensione facti ad causam facti.
qvid ex ea re tandem vt capias commodi il
passe du reproche de son acte à la cause de son acte.
ut uestem cum illo mutem et pro
illo iubeam me illoc ducier.
que j'échange mon vêtement avec lui
et qu'à sa place je me fasse emmener là-bas.
nvm parva cavsa avt parva ratio est sic
illata est interrogatio, quasi ad hanc adnuere et uultu consentire
Antipho sit coactus.
nvm parva cavsa avt parva ratio est
l'interrogation est faite comme si Antiphon était forcé de
répondre oui à celle-ci et à consentir d'une expression de
physionomie.
An.-pro eunuchon? Ch.-sic est.
An.-quid ex ea re tandem ut capias414
commodi?
An.-A la place de l'eunuque ?
Ch.-Oui, c'est ça. An.-C'est quoi, enfin, que tu pensais en
retirer comme avantage ?
1 laeta vero ad se
abdvcit domvm omnia mire: quod laeta, quod
abducit,
quod domum, quod commendat, quod
uirginem.
specta singula et mirare uirtutem poetae.
1 laeta vero ad se
abdvcit domvm tout est étonnant : laeta, abducit, domum, commendat, uirginem. Regardez
chaque mot et admirez la valeur du poète.
Ch.-rogas? uiderem audirem essem
una quacum cupiebam, Antipho.
Ch.-Cette demande ! La voir,
l'entendre, être avec celle avec qui je désirais être,
Antiphon.
num parua causa aut parua415 ratio est? traditus sum mulieri.
C'est peut-être une petite raison
ou un petit motif ? On me livre à la femme.
illa ilico ubi me accepit, laeta
uero ad se abducit domum;
Elle aussitôt, dès qu'elle m'a
reçu, toute joyeuse, elle m'emmène chez elle
commendat uirginem. An.-cui?
tibine? Ch.-mihi. An.-satis tuto tamen?
et me recommande la jeune fille.
An.-A qui ? à toi ? Ch.-A moi. An.-Avec assez de garanties ?
1 commendat
v.
virginem
locus initium erroris continens apud
Thaidem. 2 cvi tibine non interrogat sed
miratur. 3 satis tvto tamen quid hic facit tamen? utrum hoc
dicit: etsi meretrix, tamen satis tuto agit? an: etsi Chaereae,
satis tuto tamen, quia nullus accedet alius?
1 commendat
virginem passage contenant le début de l'erreur de
Thaïs. 2 cvi tibine il ne pose pas de question, il
s'étonne. 3 satis tvto tamen que fait ici tamen ? est-ce que
cela dit : même s'il s'agit de la courtisane, cependant elle agit
avec assez de sûreté ? ou alors : même si cela vise Chéréa, c'est
assez sûr pourtant parce que personne d'autre ne viendra ?
Ch.-edicit ne uir quisquam ad eam
adeat et mihi ne abscedam imperat;
Ch.-Elle ordonne de ne laisser
approcher d'elle aucun homme, et me commande de ne pas la
quitter
1 edicit ne vir
qvisqvam iubemus uelut edicimus imperatoris
sunt dicta39. 2 et mihi ne
abscedam imperat certe ne ullus uir accedat.
1 edicit ne vir
qvisqvam iubemus comme edicimus sont des
paroles de général. 2 et mihi ne abscedam imperat du
moins qu'aucun homme ne rentre.
in interiore parti ut maneam solus
cum sola. adnuo
et dans l'appartement le plus
reculé de rester seul avec elle seule. J'acquiesce,
vt maneam solvs remaneam perseueremque in
loco ac per hoc sim miser, utpote dono datus et seruiens
meretrici. et est ironia.
vt maneam solvs que je reste et demeure dans
ce lieu et que par ce fait je sois malheureux, comme quelqu'un que
l'on a donné en cadeau et qui est esclave d'une prostituée. Et
c'est de l'ironie.
terram intuens modeste. An.-miser.
Ch.-« ego » inquit « ad cenam hinc eo ».
en regardant par terre humblement.
An.-Mon pauvre ! Ch.-« Moi, dit-elle, je sors pour dîner ».
ego inqvit ad cenam hinc eo μίμησις ad imprudentiam
mulieris exprimendam, quae hoc dixerit secura de custode
eunucho.
ego inqvit ad cenam hinc eo imitation
(μίμησις) pour
exprimer l'imprudence de la femme qui a dit cela en étant sûre de
la garde que monte l'eunuque.
abducit secum ancillas: paucae quae
circum illam essent manent
Elle emmène avec elle ses
servantes ; seules quelques unes, pour l'entourer,restent,
1 abdvcit secvm
ancillas memoriter, nam dixerat abiens «
uos me sequimini
263 ». 2 pavcae qvae circa illam essent relictae
nonnullae, ut lauari possit ea uirgo, quae sub uitii huius
occasione nuptura est. hoc enim totum sic inducit poeta, ut non
abhorreat a legitimis nuptiis, in ea praesertim quae uxor futura
est. 3 manent pro remanent: ἀφαίρεσις.
1 abdvcit secvm
ancillas il se rappelle bien car elle avait dit en partant
« uos me sequimini ». 2 pavcae qvae circa illam essent
elle en laisse quelques-unes afin qu'elles puissent laver la jeune
fille, qui va trouver un mari à la faveur de ce crime. Le poète
introduit tout cela de manière à montrer qu'il n'a aucune
répugnance à un mariage légitime, en particulier avec celle qui
sera sa femme. 3 manent mis pour remanent
(demeurent) : aphérèse (ἀφαίρεσις).
nouiciae puellae. continuo haec
adornant ut lauet.
des petites nouvelles. Aussitôt,
elles se mettent à lui préparer un bain.
1 noviciae
pvellae λύσις: nouiciae et puellae. 2 continvo
haec adornant vt lavet haec pluraliter pro hae, ut in Phormione
«
haecine erant itiones
264 ». adornant autem ex medio significatu pro
apparant.
1 noviciae
pvellae asyndète (λύσις) : nouiciae et puellae. 2 continvo
haec adornant vt lavet haec au pluriel pour hae, comme dans le
Phormion « haecine erant itiones ». adornant est pris au
sens moyen pour apparant (elles se préparent).
adhortor properent. dum apparatur,
uirgo in conclaui sedet
Je les invite à se dépêcher.
Pendant qu'on prépare, la fille est assise dans sa chambre,
1 dvm
apparatvr impersonaliter dixit. 2 Et dum apparatur pro dum apparetur et
sedet pro
sedebat. 3 virgo in
conclavi sedet conclaue est separatior locus in
interioribus tectis, uel quod intra eum multa loca clausa sint ut
cubicula adhaerentia triclinio.
1 dvm
apparatvr impersonnel. 2 Et
dum
apparatur avec l'indicatif est mis pour dum apparetur avec le
subjonctif et sedet au présent pour sedebat à
l'imparfait. 3 virgo in conclavi sedet on appelle
conclaue
un endroit retiré à l'intérieur d'une maison soit parce qu'il y a
à l'intérieur beaucoup de lieux clos, comme des chambres jouxtant
le triclinium.
respectans416
tabulam quandam pictam: ibi inerat pictura haec, Iouem
et regarde une certaine fresque
peinte ; là il y avait une peinture : Jupiter
1 respectans
tabvlam qvandam pictam bene accedit repente pictura ad
hortamenta aggrediendae uirginis, ideo quia non ad hoc uenerat
Chaerea, ut continuo uitiaret puellam, sed ut uideret, audiret
essetque una, cum nihil amplius cogitare ausus fuerit, usque dum
picturam cerneret. 2 iovem qvo pacto mira inuentio,
qua haec pictura tribuitur domui meretricis aduersus omnium
pudicitiam morum: contra parsimoniam autem, contra dignitatem,
contra pudicitiam. 3 iovem qvo pacto danaae misisse
aivnt bene aiunt, et quia fabula et quia tam turpis
Ioui quam apta meretrici.
1 respectans
tabvlam qvandam pictam il est bien de faire intervenir
soudain une peinture pour encourager à agresser la jeune fille,
parce que Chéréa n'était pas venu pour immédiatement déshonorer la
jeune fille mais pour la voir, l'entendre et être avec elle, vu
qu'il n'aurait rien osé imaginer de plus, jusqu'au moment où il a
vu la peinture. 2 iovem qvo pacto étonnante
invention, qui place cette peinture dans la maison de la
courtisane contre toute pudeur : d'ailleurs contre son caractère
modeste, contre la dignité, contre la pudeur. 3 iovem qvo pacto
danaae misisse aivnt c'est bien de dire aiunt, à la fois
parce qu'il s'agit d'un mythe et à la fois parce que ce mythe est
aussi infâmant pour Jupiter qu'adapté à une courtisane.
quo pacto Danaae misisse aiunt
quondam in gremium imbrem aureum.
comment dans le sein de Danaé,selon
la légende, il envoya une pluie d'or.
1 qvo pacto danaae
misisse aivnt qvondam quae aptior pictura domui meretricis
ad amatorum illecebras quam haec, quae exemplum continet amoris et
amoris puellae et amoris ad Iouem pertinentis et amoris non
gratuiti nec paruo propositi, sed auro in gremium fluente uenalis?
tum quod in gremium Danaae ipse ut splendidus imber illabitur,
nonne uidetur meretrix docere adulescentulos illam corporis partem
auctore Ioue uelut inauratam fuisse? 2 imbrem
avrevm non rorem uel pluuiam sed imbrem addiderat: ?
auaritiam meretricis!
1 qvo pacto danaae
misisse aivnt qvondam quelle peinture peut-être mieux
adaptée à la maison d'un courtisane en vue de séduire ses amants
que celle-ci qui contient un exemple d'amour, d'amour envers une
jeune fille, d'amour se rapportant à Jupiter, et d'amour non pas
gratuit, ni offert à vil prix, mais acheté au prix de l'or qui
coule dans son sein ? Quant au fait que le dieu lui-même coule
dans le sein de Danaé en pluie rutilante, n'est-ce pas que la
courtisane paraît ainsi enseigner aux petits jeunes gens quelle
partie du corps a été comme recouverte d'or à l'instigation de
Jupiter ? 2 imbrem avrevm il n' ajoute pas ros (rosée) ou
pluuia
(pluie), mais averse : cupidité de courtisane !
egomet quoque id spectare coepi, et
quia consimilem luserat
Moi aussi, j'ai commencé à
regarder ; et comme c'est un jeu exactement pareil
1 egomet qvoqve id
spectare coepi moris est ad id oculos uertere, quod
uidemus eum quem aspicimus intueri. 2 lvserat iam olim
ille <lvdvm> ut «
hunc, oro, sine me furere ante
furorem
265 »: figura ἀρχαϊσμός.
1 egomet qvoqve id
spectare coepi c'est habituel de tourner les yeux vers ce
que nous voyons que regarde celui que nous voyons
regarder. 2 lvserat iam olim ille lvdvm comme « hunc,
oro, sine me furere ante furorem » (je te prie de me laisser
d'abord me livrer à ce furieux délire) : c'est la figure
d'archaïsme (ἀρχαϊσμός).
iam olim ille ludum, impendio magis
animus gaudebat mihi,
que ce dieu avait joué autrefois,
c'est beaucoup plus que mon cœur en jouissait :
1 iam olim ille
lvdvm bene non scelus sed ludum dixit. 2 impendio
id est magis magisque.
1 iam olim ille
lvdvm bien dit: non pas scelus (crime), mais ludus. 2 impendio c'est-à-dire de plus en plus.
deum se417 in
hominem conuertisse atque in alienas tegulas
un dieu s'était changé en homme et
sous un toit étranger
1 devm se in
hominem convertisse φιλοσοφικῶς Terentius demonstrauit, quam
cladem moribus hominum et ciuitatibus afferant figmenta poetarum,
cum exempla scelerum afferant peccaturis. 2 atqve in alienas
tegvlas hic apparet separatim Iouem, separatim auri fuisse
picturam. 3 devm se in hominem convertisse utrum quia
Iuppiter humana forma aurum infundens pictus erat in tabula, non
pro Ioue aurum? an in
hominem, id est in hominis audaciam atque
flagitia? 4 atqve in alienas tegvlas
Acrisii scilicet. 5 Et tegvlas tectum. 6 Et satis comico charactere locutus est et
presso stilo.
1 devm se in
hominem convertisse Térence, en philosophe (φιλοσοφικῶς), montre
clairement quel désastre causent aux mœurs des gens et aux cités
les inventions des poètes, en apportant des exemples de crimes à
ceux qui vont en commettre. 2 atqve in alienas tegvlas ici il
est clair que Jupiter et la peinture de l'or constituent deux
éléments distincts du tableau. 3 devm se in
hominem convertisse est-ce parce que Jupiter était peint
sur le tableau sous forme humaine en train de verser l'or, et non
simplement l'or à la place de Jupiter ? ou bien in hominem a-t-il le
sens de in hominis
audaciam atque flagitia (en vue de provoquer l'audace
de l'homme et son déshonneur) ? 4 atqve in alienas
tegvlas chez Acrisius évidemment. 5 Et tegvlas toit. 6 Et il parle en assez grande conformité avec son
caractère de personnage de comédie, et dans un style dense.
uenisse clanculum per impluuium
fucum factum mulieri.
était venu en douce en passant par
l'impluvium pour jeter de la poudre aux yeux d'une femme.
1 venisse
clancvlvm per implvvivm haec omnia non ut difficilia
factu, sed ut humilia et Ioue indigna proferuntur, ut merito
sequatur «
ego homuncio hoc non facerem?
266 », quod non solum non Ioui, sed ne homini quidem nisi
furi aptum erat. 2 fvcvm factvm id est ut fucum faceret, hoc
est insidias et fraudem. 3 fvcvm offuciam,
fraudem. 4 Et mvlieri pro feminae.
1 venisse
clancvlvm per implvvivm tout cela n'est pas présenté comme
difficile à faire, mais comme humiliant et indigne de Jupiter, en
sorte que c'est à bon droit qu'on voit après « ego homuncio hoc
non facerem ? », parce que non seulement cela ne convient pas à
Jupiter, mais cela ne convient pas même à un homme à moins qu'il
ne soit un voleur. 2 fvcvm factvm équivaut à
ut fucum
faceret (pour faire du vilain), c'est-à-dire un piège
et une fourberie. 3 fvcvm vilain tour,
fourberie. 4 Et mvlieri mis pour feminae (une
femme).
at quem deum! « qui templa caeli
summa sonitu concutit ».
Et quel dieu ! celui "qui la voûte
du ciel de son tonnerre ébranle" !
1 qvi templa caeli
svmma sonitv concvtit ab auctoritate personae, ut fit in
exemplis. 2 sonitv concvtit parodia de Ennio. 3 templa
caeli svmma tragice, sed de industria, non errore.
1 qvi templa caeli
svmma sonitv concvtit argument tiré de l'autorité du
personnage, comme de coutume dans les exemples. 2 sonitv
concvtit parodie d'Ennius. 3 templa caeli
svmma tonalité tragique, mais faite exprès et non par
erreur.
ego homuncio hoc non facerem? ego
illud uero ita feci... ac libens.
Et moi, homoncule, cela, je ne le
ferais pas ! Eh bien si, je l'ai fait ! Et j'y ai pris du
plaisir.
ego homvncio hoc non facerem oratorie ut
Iouem extulit, ita detraxit sibi: ille est deus et magnus, ego non
homo sed homuncio.
ego homvncio hoc non facerem de manière
oratoire, tandis qu'il exalte Jupiter, il se rabaisse lui-même :
lui est un grand dieu, moi je ne suis même pas un homme, mais un
homuncule.
dum haec mecum reputo, accersitur
lauatum interea uirgo:
Pendant que je me dis cela,
entretemps on vient chercher la fille pour la laver.
1 dvm haec mecvm
repvto accersitvr lavatvm interea virgo seruauit ordinem
nuptiarum. et proprio uerbo quasi de nuptura dixit accersitur, ut alibi
«
quam mox uirginem accersant
267 »; nam ipse illam est habiturus uxorem. 2 dvm haec mecvm
repvto hic ostendit non sibi haec primum nunc in mentem
uenisse, sed tunc etiam cogitata, cum esset in meretricis
domo.
1 dvm haec mecvm
repvto accersitvr lavatvm interea virgo il a conservé
l'ordre suivi dans les mariages. Et il utilise le mot propre comme
s'il parlait d'une mariée en disant accersitur, comme ailleurs « quam mox
uirginem accersant » ; de fait, il l'aura lui-même comme
épouse. 2 dvm haec mecvm repvto ici il montre que cela
ne lui est pas venu à l'idée pour la première fois à ce moment-là,
mais qu'il y avait même déjà pensé quand il était dans la maison
de la courtisane.
Elle y va, elle se lave, elle
revient ; puis elles la mettent au lit.
1 it lavit
rediit συντομία, qua solet, ut «
imus, uenimus, <uidemus>
268 ». 2 deinde eam in lectvm collocarvnt uide an
aliquid desit a legitimis nuptiis; nam et ipsum uerbum collocarunt proprium
est et ascribitur pronubis.
1 it lavit
rediit concision (συντομία) habituelle chez lui, comme
« imus, uenimus, uidemus ». 2 deinde eam in lectvm
collocarvnt voyez s'il manque quelque chose pour avoir un
mariage légitime ; de fait, le mot même collocarunt est
utilisé au sens propre et s'emploie pour les femmes du cortège de
la mariée (pronubae).
sto exspectans siquid mihi421 imperent. uenit una, « heus tu » inquit « Dore,
Je reste là debout, attendant leurs
ordres. Il y en a une qui arrive : « Tiens, Dorus », dit-elle,
1 sto exspectans
si qvid mihi imperent ἐνάργεια: non enim dixit stabam. 2 exspectans desiderans. 3 Et mire omne tempus exsecutus est salua
ueritate, in qua Vergilius neglegens inuenitur, cum post occisum
Mezentium non facta noctis mentione statim intulit «
Oceanum interea surgens Aurora
reliquit
269 ».
1 sto exspectans
si qvid mihi imperent hypotypose (ἐνάργεια) : en effet, il
n'utilise pas l'imparfait stabam. 2 exspectans mis pour desiderans
(espérant). 3 Et il est admirable de
voir qu'il a suivi tout le déroulement chronologique en conservant
le vraisemblable, là où l'on prend Virgile en flagrant délit de
négligence, quand sitôt après que Mézence est tué il ajoute sans
avoir fait mention d'une nuit « Oceanum interea surgens Aurora
reliquit » (alors en surgissant l'Aurore abandonna l'Océan).
cape hoc flabellum, uentulum huic
sic facito, dum lauamur;
« prends cet éventail et fais-lui
un peu de vent comme cela, pendant que nous nous lavons ;
1 cape hoc
flabellvm ventvlvm praeclare non sensum sed uerba ipsa per
μίμησιν
induxit, per quam error puellaris exprimitur. 2 ventvlvm hvic
sic facito dvm lavamvr demonstratiuum et gestu
explicandum. 3 cape hoc flabellvm quam particulatim, cum
qua diligentia et δεικτικῶς iubet quasi nouicio et
imperito!
1 cape hoc
flabellvm ventvlvm de manière très claire il n'a pas
rapporté seulement le sens, mais par souci d'imitation (μίμησις) les paroles
mêmes qui expriment l'erreur de la jeune fille. 2 ventvlvm hvic
sic facito dvm lavamvr démonstratif qu'il faut aussi
expliquer d'un geste. 3 cape hoc flabellvm avec quelle
minutie, quel soin et quel souci de montrer (δεικτικῶς) elle donne
cet ordre comme à un serviteur novice et sans expérience !
ubi nos lauerimus, si uoles,
lauato ». accipio tristis.
quand nous nous serons lavées,
lave-toi si tu veux ». J'accepte la mine contrite.
1 vbi nos
laverimvs si voles lavato uide usum uerbi tam cito
uariatum: «
dum lauamur
270 » et ubi nos
lauerimus. 2 accipio tristis id est tristi
similis, ut «
namque ut conspectu in medio turbatus
i.
inermis
c.
constitit
271 ». 3 si voles lavato quasi satisfacientis est,
cum illum solum relinquant cum uirgine. 4 accipio
tristis bene tristis, tamquam aliud magis uellet, hoc
est lauare aut ludere; metuit enim, ne quod cupit, prodatur
gaudio.
1 vbi nos
laverimvs si voles lavato voyez la grande rapidité dans la
variation de l'emploi du mot : « dum lauamur » et ubi nos
lauerimus. 2 accipio tristis c'est-à-dire en
feignant la tristesse, comme « namque ut conspectu in medio
turbatus inermis constitit » (dès qu il fut au centre des regards,
bouleversé, sans armes, il s'arrêta). 3 si voles
lavato c'est presque le mot de quelqu'un qui cherche une
justification puisqu'elles le laissent seul avec la jeune
fille. 4 accipio tristis tristis est bien,
comme s'il eût préféré autre chose, c'est-à-dire se laver ou
jouer ; il craint en effet que ce qu'il désire ne soit trahi par
sa joie.
An.-Alors là, ta tête de mal
embouché , j'aurais bien voulu la voir
tvm istvc os tvvm impvdens videre vellem
licet iocanti et amico conuitium iucunde facere.
tvm istvc os tvvm impvdens videre vellem il
est permis quand on plaisante et qu'on est un ami de dire des
injures sans conséquence.
qui esset status, flabellum424 tenere te asinum tantum.
et l'allure que tu devais avoir :
avec un éventail, une grosse bourrique comme toi !
1 qvi esset
statvs statura corpori ascribitur, status ad habitum
refertur. 2 Ergo status est schema,
statura
longitudo corporis. 3 flabellvm tenere te asinvm
tantvm quia hoc ministerium delicatorum seruorum est.
1 qvi esset
statvs le mot statura se rapporte au corps, status à la
tenue. 2 Donc status est
l'attitude, statura la taille du corps. 3 flabellvm
tenere te asinvm tantvm parce que c'est le service des
esclaves les plus délicats.
Ch.-uix elocuta est hoc, foras
simul omnes proruunt se,
Ch.-A peine a-t-elle parlé, elles
se précipitent toutes dehors ;
omnes prorvvnt se uerbo neutrali quasi
actiuo usus est.
omnes prorvvnt se il se sert d'un
intransitif comme s'il était actif.
abeunt lauatum, perstrepunt, ita ut
fit domini ubi absunt.
elles vont se laver et font du
chahut, comme il arrive, quand les maîtres ne sont pas là.
domini vbi absvnt ubi et loci et
temporis potest esse.
domini vbi absvnt ubi peut porter sur
le lieu et sur le temps.
interea somnus uirginem
occupat425. ego limis specto
Entretemps le sommeil s'empare de
la fille, je la regarde du coin de l'oeil,
1 interea somnvs
virginem occvpat utpote compressam somno et oblectatam
flabello atque ab eunucho nihil metuentem. 2 ego limis
specto limis si nominatiuus est singularis,
transuersus significat, si septimus pluralis, deest oculis. 3 Nam limis est transuersus, unde limen quoque dicitur,
quod ingredientibus exeuntibusque transuersum est. cum igitur
dissimulant se homines uidere quod uident et non recta facie sed
transuersa intuentur, limes dicuntur aspicere. 4 limis
specto cum limi dicantur obliqui generaliter, hoc
tamen proprie de oculis dicitur.
1 interea somnvs
virginem occvpat vu qu'elle est accablée de sommeil et
charmée par l'éventail et qu'elle ne craint rien de
l'eunuque. 2 ego limis specto si limis est un
nominatif singulier, il veut dire oblique, si c'est un ablatif
pluriel il manque oculis. 3 De fait limis signifie oblique, d'où on tire le
mot limen
(seuil), parce que ceux qui entrent et qui sortent le traversent
obliquement. Donc quand des gens cachent qu'ils voient ce qu'ils
voient et regardent non de face mais de manière oblique on dit
qu'ils regardent limes. 4 limis
specto puisque l'on utilise limis pour tout ce qui est oblique, le
mot s'emploie ici au sens propre pour les yeux.
sic per flabellum clanculum; simul
alia circumspecto,
comme cela, à travers l'éventail,
en douce. En même temps, je regarde autour de moi
sic per flabellvm clancvlvm sic δεικτικόν est et
necessario additum, nam limis et per flabellum sine
demonstratione parum intellegitur.
sic per flabellvm clancvlvm sic est un déictique
(δεικτικόν) et
c'est un ajout indispensable, de fait limis et per flabellum sans
explication ne sont pas clairs du tout.
satin explorata sint. uideo esse.
pessulum ostio obdo.
si la voie est libre. Je vois
qu'elle l'est. Je mets le verrou à la porte.
pessvlvm ostio obdo scilicet ut amoueret
arceretque auxilium uirginis.
pessvlvm ostio obdo évidemment pour
détourner et empêcher tout secours à la jeune fille.
An.-quid tum? Ch.-quid « quid
tum », fatue? An.-fateor. Ch.-an ego occasionem
An.-Et alors ? Ch.-Quoi "Et
alors ?", imbécile. An.-J'en conviens. Ch.-Moi, une occasion
1 qvid tvm
fatve quid enim praeter uitium superest, ubi amator est
adulescens et uirgo dormiens et in clauso? 2 Grate explicata narratio est, quam audientis
curiositas finit et cuius in extrema parte maior attentio
est. 3 fateor me fatuum, qui hoc quaesiuerim
subauditur. 4 an ego occasionem uide quanta dixerit: non
uoluntatem
sed occasionem, non animaduersam sed
ostentatam, non hanc sed tantam, non
angustam
sed breuem, non appetitam sed
exoptatam,
non repentinam sed insperatam. 5 Et bene insperatam: aliud enim sibi promiserat,
ut supra diximus, non quod pictura occasioque persuasit.
1 qvid tvm
fatve que reste-t-il à faire sinon quelque chose de
vicieux quand il y a un jeune homme amoureux et une jeune fille
qui dort et que la porte est fermée à clé ? 2 La narration se finit de manière agréable : elle
met un terme à la curiosité de l'auditeur et c'est sur la fin que
se porte sa plus grande attention. 3 fateor
sous-entendre me
fatuum, qui hoc quaesiuerim (que je suis un nigaud
pour avoir posé cette question). 4 an ego
occasionem voyez l'importance de chaque mot : non pas
uoluntatem
(volonté), mais occasionem, non pas animaduersam
(comprise), mais ostentatam, non pas hanc (celle-ci), mais
tantam,
non pas angustam (étroite), mais breuem, non pas
appetitam
(souhaitée), mais exoptatam, non pas repentinam
(soudaine), mais insperatam. 5 Et insperatam est bien : il s'était promis
autre chose, comme nous l'avons dit, et non l'idée qui lui est
venue de la peinture et de l'occasion.
mi ostentam, tantam, tam breuem,
tam optatam, tam insperatam
qui s'offrait à moi, si belle, si
rapide, si désirée, si inattendue,
amitterem? tum pol ego is essem
uero qui simulabar.
la laisser échapper ! Alors ça, nom
d'un chien, j'aurais été vraiment celui pour qui je me faisais
passer.
tvm pol ego <is> essem eunuchus
scilicet.
tvm pol ego is essem eunuque évidemment.
An.-sane hercle ut dicis. sed
interim de symbolis quid actum est?
An.-Ah oui, ma foi, tu l'as dit.
Mais pendant ce temps-là qu'est devenu notre barbecue ?
1 sane hercle vt
dicis deest ita est. 2 sed interim de
symbolis qvid actvm est bene memor est personae quam
induxit poeta per hanc interrogationem. 3 sed interim de
symbolis παροιμιῶδες ∙ ἀλλὰ περὶ τοῦ χοιριδίου.
1 sane hercle vt
dicis il manque ita est (c'est ainsi). 2 sed interim de
symbolis qvid actvm est bien : il n'a pas oublié le
personnage que le poète a introduit par cette question. 3 sed
interim de symbolis quasi proverbial, mais sens obscène
(παροιμιῶδες∙ ἀλλὰ περὶ
τοῦ χοιριδίου).
Ch.-paratum est. An.-frugi es: ubi?
domin? Ch.-immo apud libertum Discum.
Ch.-Il est prêt. An.-Tu es un bon
gars. C'est où ? Chez toi ? Ch.-Non, c'est chez l'affranchi
Discus.
1 frvgi es
utilis et necessarius, ut fruges humano generi. 2 frugi est ergo, in quo est aliquid quo
fruamur,
id est utamur. 3 discvm Discum nomen est proprium.
1 frvgi es
utile et nécessaire, comme les récoltes pour le genre
humain. 2 frugi est donc ce
dont nous pouvons frui (jouir), c'est-à-dire nous
servir. 3 discvm Discus est un nom propre.
An.-perlonge est, sed tanto ocius
properemus: muta uestem.
An.-C'est bien loin. Faisons
d'autant plus vite. Change de costume.
1 sed tanto ocivs
properemvs properemus dixit pro ambulemus. 2 mvta
vestem haec οἰκονομία <est> ad id, quod in domum
Thaidis rediturus est Chaerea.
1 sed tanto ocivs
properemvs properemus est mis pour ambulemus
(marchons). 2 mvta veste c'est une préparation (οἰκονομία) pour le
retour de Chéréa dans la maison de Thaïs.
Ch.-ubi mutem? perii; nam domo
exulo nunc: metuo fratrem
Ch.-Où me changer ? Je suis mort,
car à la maison je suis interdit de séjour. J'ai peur de mon
frère
1 vbi mvtem
perii uultu ostendit quod subauditur nescio. 2 nam domo
exvlo deest prope aut
ueluti
, ut sit: prope iam exulo. 3 exvlo
duobus modis dicitur: et de loco in quo exul est et de loco ex quo
eiectus est. 4 metvo fratrem ne intvs sit causas ostendit,
cur domo penitus ueluti exulet.
1 vbi mvtem
perii par une mimique il montre qu'il sous-entend
nescio (je
ne sais pas). 2 nam domo exvlo il manque prope ou ueluti (comme), pour avoir : prope iam exulo
(presque déjà en exil). 3
exvlo
s'emploie de deux manières : pour le lieu dans lequel
on est en exil, et pour le lieu d'où on a été chassé. 4 metvo
fratrem ne intvs sit il montre les raisons pour lesquelles
il est pour ainsi dire exilé de sa maison.
ne intus sit; porro autem pater ne
rure redierit iam.
des fois qu'il y serait, ou alors
de mon père des fois qu'il soit déjà revenu de la campagne.
pater ne rvre redierit praeparatur iam
interuentus senis. et est ζεῦγμα ad superiora, nam et hic metuo subaudiendum
est.
pater ne rvre redierit on prépare déjà
l'intervention du vieillard. Et c'est un zeugme (ζεῦγμα) par rapport à ce
qui précède, de fait ici aussi, il faut sous-entendre metuo.
An.-eamus ad me, ibi proximum est
ubi mutes. Ch.-recte dicis.
An.-Allons chez moi : c'est le plus
près où tu puisses te changer. Ch.-Tu as raison !
1 ibi proximvm est
vbi mvtes hoc est: domus mea. 2 recte dicis
eamvs ipsa uerba quodammodo festinationem sonant.
1 ibi proximvm est
vbi mvtes c'est-à-dire : ma maison. 2 recte dicis
eamvs les mots eux-mêmes expriment d'une certaine manière
la hâte.
eamus; et de istac simul, quo pacto
porro possim
Allons-y ; et pour la fille, en
même temps, par que biais par la suite je pourrai
qvo pacto porro porro postea, deinceps.
qvo pacto porr porro équivaut à postea (ensuite),
deinceps
(sitôt après).
potiri, consilium uolo capere una
tecum. An.-fiat.
la posséder, je veux en discuter
avec toi. An.-D'accord.
Actus quartus
scaena prima
Dorias
Do.-Ita me di bene426 ament, quantum ego illum uidi, non nil
timeo misera,
Do.-Bonté divine, pour ce que j'ai
vu, j'ai bien peur, malheureuse,
1 ita me di ament
qvantvm ego illvm vidi ea persona quaesita est, quae
terribilem credat militem, ut eo magis in experiundo uanus ac
ridiculus esse possit. 2 ita me di bene ament hoc loco
post scaenam quid gestum sit, hoc est in conuiuio militis, ancilla
demonstrat, ut iam quae in proscaenio gerantur, ex his possimus
agnoscere.
1 ita me di ament
qvantvm ego illvm vidi ce qu'il faut, c'est un personnage
qui croie que le soldat est terrifiant de façon à ce qu'à l'usage
il se montre d'autant plus vain et ridicule. 2 ita me di bene
ament dans cette tirade, ce qui s'est déroulé hors scène,
à savoir lors du repas du soldat, est révélé par la servante, en
sorte que nous puissions à partir de là comprendre ce qui se joue
à l'avant-scène.
nequam ille hodie insanus turbam
faciat aut uim Thaidi.
que ce dingue aujourd'hui ne fasse
un esclandre ou du vilain à Thaïs.
neqvam ille hodie <
i.
insanvs
> illum et ille insanus sic affertur, ut omnibus
insuauis miles esse noscatur.
neqvam ille hodie insanvs illum (cet homme) et
ille
insanus sont des expressions qui servent à faire
savoir que tout le monde trouve le soldat désagréable.
nam postquam iste aduenit Chremes
adulescens, frater uirginis,
Car quand arrive ce jeune Chrémès,
le frère de la fille,
nam postqvam iste advenit instanter admonet,
qui sit Chremes.
nam postqvam iste advenit elle indique
aussitôt l'identité de Chrémès.
militem rogat ut illum admitti
iubeat: ille continuo irasci,
elle demande au soldat qu'il le
fasse entrer. Lui aussitôt se met en colère,
1 militem
rogat et hic quasi de odioso militem dixit, non Thrasonem. 2 continvo
irasci ut riuali.
1 militem
rogat et là, comme elle le ferait pour un fâcheux, elle
l'appelle le
soldat et non Thrason253. 2 continvo
irasci comme à l'égard d'un rival.
neque negare audere;Thais porro
instare ut hominem inuitet.
sans oser dire non ; Thaïs continue
à insister pour qu'il invite le type.
1 neqve negare
avdere ut amicae poscenti. 2 instare vt
hominem invitet uide impudentiam meretricis: primum petit,
ut eum iubeat admitti, post ut inuitet, quod est maius.
1 neqve negare
avdere comme à l'égard d'une maîtresse qui réclame quelque
chose. 2 instare vt hominem invitet remarquez
l'effronterie de la courtisane : d'abord elle lui demande de
l'autoriser à le recevoir, ensuite de l'inviter à manger, ce qui
est davantage.
id faciebat retinendi illius causa,
quia illa quae cupiebat
Elle faisait cela pour le retenir,
parce que, ce qu'elle voulait,
id faciebat retinendi illivs cavsa admonet
spectatorem, ne existimet altero riuali iniuriam fieri Phaedriae.
et simul hic προπαρασκευή est uirginis agnoscendae.
id faciebat retinendi illivs cavsa elle
indique au spectateur qu'il ne doit pas croire qu'on porte un
mauvais coup à l'autre rival, Phédria. Et en même temps c'est une
scène qui sert de préparation (προπαρασκευή) à la reconnaissance de la
jeune fille.
de sorore eius indicare ad eam rem
tempus non erat.
lui donner des renseignements sur
sa sœur, elle n'en avait pas le temps.
Il l'invite en faisant la tête. Il
est resté et là, avec elle, il commence à discuter aussitôt.
1 invitat tristis
mansit ibi cvm illa adulescens scilicet. 2 Et mansit pro remoratus est, id est accubuit nec
recessit. <nam id>
mansit
significat. 3 Si
miles, mansit passus est; si Chremes, mansit immoratus est
conuiua; nec enim statim discessisse accipiendus est. 4 tristis inuitus, non libenter, ut e
contrario Vergilius «
uobis laetus
e.
ego
h.
hoc
c.
candentem
i.
in
l.
litore
t.
taurum
c.
constitutam
a.
ante
a.
aras
u.
uoti
reus
272 » et «
accipio tristis
273 » eodem modo. 5 sermonem occipit sermonem colloquium dicit.
1 invitat tristis
mansit ibi cvm illa le jeune homme, évidemment. 2 Et mansit est mis pour remoratus est (il
s'est installé), c'est-à-dire qu'il s'est mis à table et n'est pas
reparti. Car tel est le sens de
mansit
. 3 Si c'est le soldat
le sujet, mansit signifie passus est (il a
supporté) ; si c'est Chrémès, mansit signifie immoratus est (il
s'est attardé), en qualité de convive ; car il est exclu qu'on
comprenne qu'il est parti tout de suite254. 4 tristis
malgré lui, à contrecœur, comme on a, au contraire, chez Virgile
« uobis laetus ego hoc candentem in litore taurum constituam ante
aras uoti reus » (moi je vous consacrerai joyeux sur ce rivage un
taureau blanc devant vos autels, comme m'y contraint un vœu) et
dans le même registre « accipio tristis ». 5 sermonem
occipit par sermo elle veut dire colloquium
(conversation255).
miles uero putare ante oculos sibi
adductum aemulum429;
Mais le soldat s'imagine que sous
ses yeux on lui a amené un rival,
1 miles vero
pvtare ante ocvlos sibi addvctvm aemvlvm plus dixit
adductum
quam admissum. 2 Et simul quia uidebat furibundum
Chremetem, totum crimen reuocat ad Thaidem. 3 Et haec est causa, cur a milite in eius
domo nullam rixam patiatur Chremes.
1 miles vero
pvtare ante ocvlos sibi addvctvm aemvlvm en disant
adductus
elle dit plus qu'avec admissus 256 (admis). 2 Et en
même temps, comme il voyait Chrémès furieux, il rejette toute la
faute sur Thaïs. 3 Et c'est pourquoi
Chrémès ne tolère aucune dispute de la part du soldat dans sa
maison.
uoluit facere contra huic aegre:
« heus » inquit « puer, accerse
il a voulu pour répliquer être
désagréable avec elle : « Holà ! petit, s'écrie-t-il, va
chercher
1 volvit facere
contra hvic aegre huic Thaidi, non adducto. 2 hevs
inqvit pver hic ostenditur, quod supra est
apparatum. 3 accerse pamphilam non prouoca sed
accerse,
quia non est aptum militi.
1 volvit facere
contra hvic aegre huic se rapporte à Thaidi et non à
adducto
(Chrémès). 2 hevs inqvit pver ici est montré le jeu de
scène qui a été préparé plus haut. 3 accerse
pamphilam il ne dit pas prouoca (convoque) mais accerse, parce que ce
n'est pas approprié257 au discours d'un soldat.
Pamphila, pour qu'elle nous
divertisse ici ». Elle pousse un cri : « Pas le moins du
monde !
1 vt delectet hic
nos quasi dicat quod haec non facit. 2 Sed delectare fidicinae est, quia supra de illa
dixerat «
et fidibus scire
274 ». 3 Et bene
hic,
quasi: <ubi> insuauiter nunc tractamur. 4 illa
exclamat non respondet inquit, sed exclamat. 5 minime
gentivm hoc magis mirum minime gentium, quam nusquam gentium.
1 vt delectet
hic
nos comme s'il disait et ce n'est pas le cas de
celle-ci. 2 Mais c'est le propre
d'une joueuse de lyre que de charmer, parce que ci-dessus Thaïs
disait d'elle « et fidibus scire ». 3 Et il dit bien hic, comme s'il disait là où nous
nous ennuyons pour le moment. 4 illa
exclamat elle ne dit pas respondet (elle répond), mais exclamat. 5 minime
gentivm l'expression minime gentium surprend davantage que
nusquam
gentium (nulle part au monde258).
in conuiuium illam? » miles
tendere: inde ad iurgium.
Elle, dans un banquet ? ». Le
soldat insiste, et hop, une scène !
1 in convivivm
illam ἐμφατικῶς, ut «
cantando tu illum?
275 ». 2 illam deest accersis. et est figura ἀποσιώπησις. 3 miles
tendere proprie dixit tendere, quod significat pertinacem
contentionem. Vergilius «
uasto certamine tendunt
276 ». 4 inde ad ivrgivm subauditur uentum est.
1 in convivivm
illam emphatique (ἐμφατικῶς) comme « cantando tu illum ? »
(en chantant, toi vaincre ce grand poète ?). 2 illam il
manque accersis (tu la fais venir) et c'est la
figure de l'aposiopèse (ἀποσιώπησις). 3 miles
tendere elle dit tendere au sens propre, qui indique un
effort opiniâtre. Virgile dit « uasto certamine tendunt » (ils
s'obstinent en un vaste combat). 4 inde ad
ivrgivm sous-entendu uentum est (on en vint).
interea aurum sibi clam mulier
demit, dat mi ut auferam.
Entretemps, la dame retire ses
objets de valeur en douce et me les donne pour que je les
emporte.
1 interea avrvm
sibi clam mvlier demit ne aurum pro uirgine, quod
retinebat, amitteret. 2 avrvm demit ut esset ad fugam
expeditior uel ad rixam. 3 Opportune
mulierem
dixit, non Thaidem, ut ostenderet malitiam
sexus.
1 interea avrvm
sibi clam mvlier demit pour ne pas perdre l'or qu'elle
gardait pour racheter la jeune fille. 2 Ou avrvm
demit pour être plus légère pour fuir ou se
battre. 3 Elle dit justement
la femme
et non Thaïs, pour montrer qu'il s'agit d'une
malice toute féminine.
hoc est signi: ubi primum poterit,
se illinc subducet scio.
C'est signe : dès qu'elle pourra,
elle s'éclipsera de là-bas : je le sais.
1 hoc est signi
vbi primvm poterit ad quam rem signi? utrum: hoc est
signi,
quam ob rem metuam, ne quam ille hodie insanus turbam faciat aut
uim Thaidi ? an: hoc est signi, unde scio quod ubi primum poterit,
illinc <se> subducet? 2 Erit
igitur subaudiendum hic unde et quod, ut sit: unde scio quod ubi primum
poterit.
1 hoc est signi
vbi primvm poterit à quoi se rapporte signi ? est-ce c'est
l'indice de ma crainte que ce dingue ne fasse aujourd'hui du
raffut ou du mal à Thaïs ? ou bien c'est l'indice par lequel je
sais que, dès qu'elle le pourra, elle se volatilisera de
là ? 2 Dans ce cas il faudra
sous-entendre unde (par lequel) et quod (que), pour
avoir par lequel je sais que, dès qu'elle le pourra…
scaena altera
Phaedria
Ph.-Dum rus eo, coepi egomet mecum
inter uias,
Ph.-En me rendant à la campagne, je
me suis mis en moi-même, chemin faisant,
1 dvm rvs eo coepi
egomet hic nunc causa narratur, cur statim in urbem redeat
Phaedria, qui discesserat abfuturus biduum ob tollendum iurgium
militis, sed importune redit. 2 dvm rvs eo coepi
egomet iam tempus est reuocandi in scaenam Phaedriam,
postquam acta sunt omnia, quae illius absentiam
desiderabant. 3 coepi egomet mecvm ordo: coepi aliam rem ex alia
cogitare. 4 inter vias figurate et noue
inter uias.
1 dvm rvs eo coepi
egomet dans cette scène est maintenant raconté pourquoi
Phédria revient si vite en ville alors qu'il était parti pour
s'absenter deux jours et dans le but d'éviter une querelle avec le
soldat ; mais il revient au mauvais moment..259 2 dvm rvs eo coepi
egomet c'est le moment de faire revenir Phédria sur scène
maintenant qu'a été fait tout ce qui réclamait son
absence. 3 coepi egomet mecvm ordre des mots :
coepi aliam rem ex
alia cogitare. 4 inter via sens figuré et inédit
du tour inter
uias (en chemin).
ita ut fit ubi quid in animo est
molestiae,
comme d'habitude quand, dans le
cœur on a du chagrin,
aliam rem ex alia cogitare et ea
omnia in
à penser à une chose et une autre,
et toujours dans
et ea omnia in peiorem partem utrum
subauditur cogitare an ibant uergebant ut quid
tale?
et ea omnia in peiorem partem faut-il
sous-entendre cogitare (penser au pire) ou ibant, uergebant (mes
pensées penchaient vers le pire) ou quelque chose de ce
genre ?
peiorem partem. quid opus est
uerbis? dum haec puto,
le sens du pire. Bref sans en dire
plus, en pensant à ça,
1 dvm haec
pvto id est aestimo, ut «
multa putans sortemque animi miseratus
iniquam
277 ». 2 An ἀφαίρεσις pro reputo? putamus enim
instantia, reputamus praeterita.
1 dvm haec
pvto c'est-à-dire aestimo (j'estime), comme « multa putans
sortemque animi miseratus iniquam » (soupesant beaucoup d'éléments
et prenant en pitié dans son coeur son sort injuste) 2 Ou est-ce une aphérèse (ἀφαίρεσις) pour
reputo ?
En effet, nous pensons (puto) au présent, nous repensons260 (reputo) au passé.
praeterii inprudens uillam. longe
iam abieram
j'ai dépassé sans m'en rendre
compte notre maison de campagne. J'étais déjà loin,
cum sensi: redeo rursum, male me
uero habens.
quand je m'en suis aperçu. Je
reviens sur mes pas, en m'insultant moi-même.
ubi ad ipsum ueni diuerticulum,
constiti:
Quand je suis arrivé juste au petit
chemin, je me suis arrêté
1 vbi ad ipsvm
veni diverticvlvm diuerticulum est, ubi iter de uia
flectitur. 2 Et proprie,
quia diuerticula dicuntur in uia domicilia,
ad quae de itinere diuertendum sit. 3 constiti
plus est nunc scientem restitisse quam praeteriisse
nescientem.
1 vbi ad ipsvm
veni diverticvlvm diuerticulum désigne l'endroit où le
chemin se détourne de la route. 2 Et
c'est au sens propre, parce qu'on appelle diverticula des
habitations qui sont sur la route mais qu'il faut rejoindre en se
détournant du chemin. 3 constiti c'est davantage de
s'être arrêté en connaissance de cause que d'avoir passé son
chemin sans le savoir.
occepi mecum cogitare « hem biduum
hic
et j'ai commencé à me dire en
moi-mêmer : « Holà ! pendant deux jours, ici,
hem bidvvm
h.
hic
m.
manendvm
e.
est
< hem > interiectio laborantis animi;
biduum sic
pronuntia ut longum nimiumque tempus; tum deinde hic tamquam in loco
solo atque tristi.
hem bidvvm hic manendvm est hem interjection qui
marque la souffrance psychologique ; biduum prononcez cela comme si c'était
une durée longue et excessive ; et ensuite hic comme dans un
pays désert et sinistre.
manendum est soli sine illa? quid
tum postea?
il faut rester tout seul, sans
elle ? —Eh bien, après ?
1 soli sine
illa scilicet sine illa. 2 Aut sine alio oblectamento. 3 sine
illa satis amanter. 4 sine illa iam causa est, cur
biduum grauetur loco tristi, cur solacium conquirendum. sunt autem
qui idem putent esse soli sine illa, ut sine illa ἐξήγησις eius sit quod
dixerat soli.
1 soli sine
illa c'est-à-dire sans elle. 2 Ou sans aucun autre plaisir. 3 sine
illa c'est bien dans la façon d'un amoureux. 4 sine
illa il donne la raison pour laquelle il lui est pénible
de rester deux jours dans un endroit sinistre, pourquoi il lui
faut chercher une consolation. Certains sont d'avis que soli et sine illa sont une
seule et même chose et que sine illa est une explication (ἐξήγησις) de soli.
nil est. quid nihil? si non
tangendi copia est,
Ce n'est rien. — Comment ça, rien ?
Si je n'ai pas de moyen de la toucher,
nihil est qvid nihil si non etc amantium
disputationes intermiscent quaedam consilia sanae mentis, quae
tamen statim resurgentis amoris saeuitia deuincantur.
nihil est qvid nihil si non etc aux
réflexions des amoureux s'entremêlent certains traits de bon sens,
que pourtant tout de suite la violence de l'amour ressurgissant
vient anéantir.
eho ne uidendi quidem erit? si
illud non licet,
holà ! je n'en aurai pas non plus
de la voir ? Si l'un n'est pas permis,
eho ne videndi qvidem erit eho ridicule additum,
tamquam omnino non secum loquatur sed cum altero.
eho ne videndi qvidem erit eho est un ajout pour
faire rire, comme s'il n'était pas en train de monologuer mais de
parler à un autre.
saltem hoc licebit. certe extrema
linea
l'autre du moins le sera. En tout
cas, être dans les tribunes,
1 saltem hoc
licebit bene bis dictum licet licebit, quasi de re magna loquatur.
totum ergo amatorie. 2 certe extrema linea et hoc
recte, quia quinque lineae perfectae sunt ad amorem: prima uisus,
secunda alloquii, tertia tactus, quarta osculi, quinta
coitus. 3 An sic dixit extrema
linea, quemadmodum dicitur longis lineis quid fieri, id est de
longinquo?
1 saltem hoc
licebit il fait une répétition à bon escient du verbe
licet (il
est permis) licebit (il sera permis), comme s'il
s'agissait d'une chose d'importance. C'est donc tout à la façon
d'un amoureux. 2 certe extrema linea bien dit car il y a cinq
étapes261 à
franchir pour accéder à l'amour : la première est la vision, la
seconde l'adresse verbale, la troisième le contact physique, la
quatrième les baisers, la cinquième le rapport sexuel. 3 Ou bien parle-t-il ainsi de la dernière
étape comme on dit que quelque chose arrive longis lineis 262, après de longues étapes pour
ce qui vient de loin ?
amare haud nihil est ». uillam
praetereo sciens.
et aimer quand même, ça n'est pas
rien ». Je dépasse notre maison, exprès.
1 amare havd nihil
est amare modo frui amore dicit. Plautus in
Bacchidibus «
prius adero40 quam te amare
desinam
278 » et «
sine te amem
279 ». 2 villam praetereo sciens sciens quidem, sed
non minus amator quam prius.
1 amare havd nihil
est amare veut parfois dire jouir de
l'amour. Ainsi Plaute dans Les Bacchides « prius
adero quam te amare desinam » (je serai de retour avant que de
cesser de t' aimer) et « sine te amem » (laisse-moi
t'aimer). 2 villam praetereo sciens certes en
connaissance de cause, mais tout autant amoureux qu'avant son
départ.
sed quid hoc quod timida subito
egreditur Pythias?
Mais qu'est-ce qui fait que Pythias
sort brusquement tout effarée ?
1 sed qvid hoc
qvod timida svbito egreditvr pythias ex huius uerbis
persona in scaenam ueniens et locutura describitur. 2 Et timida modo aegra, turbata, commota. Plautus
«
nam ut ex mari timida es
280 »41 et hic ipse «
uxorem inquit Philumenam pauitare nescio
quid dixerunt
281 ». 3 timida timens: aliud naturale est, aliud
euentus est, ut «
addit se sociam timidisque superuenit
Aegle, <Aegle>, naiadum pulcherrima
282 ».
1 sed qvid hoc
qvod timida svbito egreditvr pythias avec cette réplique,
on nous décrit l'entrée en scène d'un personnage qui va
parler. 2 Et timida signifie parfois malade, troublée,
secouée. Plaute dit « nam ut ex mari timida es » (car tu es tout
incommodée de ta traversée) et Térence lui-même dit : « uxorem
Philumenam pauitare nescio quid dixerunt ». 3 timida
ayant peur : une chose est d'avoir peur par nature, une autre à
cause d'un événement comme « addit se sociam timidisque superuenit
Aegle, Aegle, naiadum pulcherrima », (elle s'ajoute au groupe en
alliée et vient au secours des craintifs, Eglé, Eglé la plus belle
des Naïades).
scaena tertia
Phaedria Pythias Dorias
643 | 644 | 645 | 646 | 647 | 648 | 649 | 650 | 651 | 652 | 653 | 654 | 655 | 656 | 657 | 658 | 659 | 660 | 661 | 662 | 663 | 664 | 665 | 666 | 667
Py.-Vbi ego illum scelerosum misera
atque impium inueniam? aut ubi quaeram?
Py.-Où le trouver, ce scélérat,
malheureuse !, ce mécréant ? Où le chercher ?
1 vbi ego illvm
scelerosvm misera atqve impivm inveniam in hac scaena
operae pretium delectatio est spectatoribus ex querela ancillae
Thaidis atque errore Phaedriae. 2 vbi ego illvm
s.
scelerosvm
hoc initio ostenditur tamquam persequens
fugientem progressa esse persona. 3 scelerosvm
misera scelerosus est multorum, scelestus uel
unius. 4 Scelerosus proprie
auctor est sceleris, sceleratus in quo scelus sit constitutum
aut commissum. 5 scelerosvm accusatio personae. 6 scelerosvm
atqve impivm scelerosum in Thaidem, impium in
uirginem.
1 vbi ego illvm
scelerosvm misera atqve impivm inveniam dans cette scène,
ce qui mérite notre attention, c'est le plaisir que procurent aux
spectateurs la lamentation de la servante de Thaïs et la méprise
de Phédria. 2 vbi ego illvm scelerosvm ce début montre que
le personnage s'avance sur scène comme s'il poursuivait un
fugitif. 3 scelerosvm misera
scelerosus
263 qualifie celui qui a commis
beaucoup de forfaits, scelestus celui qui n'en a commis même
qu'un seul. 4 scelerosus qualifie à
proprement parler l'auteur du forfait, sceleratus celui
envers qui le forfait a été prémédité ou commis. 5 scelerosvm accusation portant sur une
personne. 6 scelerosvm atqve impivm scelerosum à l'égard
de Thaïs, impium à l'égard de la jeune fille.
hoccin tam audax facinus facere
esse ausum! Ph.-perii: hoc quid sit uereor.
avoir eu l'audace de faire ce
forfait si audacieux ! Ph.-Je suis mort ! j'ai peur de ce que
c'est.
1 avdax facinvs
facere esse avsvm facinus facere figura ἀρχαϊσμός. 2 hoc qvid
sit vereor unum pro duobus dixit, pro: et nescio et
uereor.
1 avdax facinvs
facere esse avsvm facinus facere est un archaïsme.264
(ἀρχαϊσμός). 2 hoc qvid sit
vereor il n'emploie qu'un seul verbe (uereor) au lieu de
deux (et nescio et
uereor (je ne sais pas et je crains).
Py.-quin etiam insuper scelus,
postquam ludificatus est uirginem,
Py.-Et en plus, ce bandit, après
s'être bien amusé avec la fille,
1 qvin etiam
insvper accusatio facti. 2 scelvs
αὔξησις: plus
enim est scelus quam scelestus, ut
Lucilius «
carcer uix carcere dignus
283 ». 3 postqvam lvdificatvs est virginem argumentum
ab his, quae sunt post negotium gestum. 4 Et mire postquam ludificatus est, conscidit
dixit, cum ille uidelicet, dum uirgo reluctatur, hoc
fecerit. 5 Et mire
expressit uitium illatum uirgini ab eo quidem, qui uitiare iam
posset, sed tamen eiusmodi ab adulescentulo, cuius propter teneras
adhuc uires ad explicandam uenerem longiore nixu aduersus uirginem
utendum fuit. nam ideo praeter occasionem familiae discedentis
tempus, locus et cetera attributa negotio etiam somnus uirginem
opprimens adiuuat Chaeream. 6 Et mire
ludificatus potius quam complexus est
aut tale aliquid, quod amorem indicaret.
1 qvin etiam
insvper accusation portant sur un fait. 2 scelvs
amplification (αὔξησις), car scelus est plus fort
que scelestus, comme chez Lucilius « carcer
uix carcere dignus » (prison à peine digne de la
prison). 3 postqvam lvdificatvs est virginem preuve
fournie par ce qui subsiste après l'acte. 4 Et c'est paradoxal qu'elle dise postquam ludificatus est,
conscidit, alors que vraisemblablement le personnage a
commis la seconde action pendant que la jeune fille se
débattait. 5 Et cela exprime – c'est
remarquable – que l'outrage a été infligé à la jeune fille par un
homme qui pouvait certes déjà l'outrager, mais qui n'était qu'un
tout jeune homme : étant encore peu robuste, il a dû lutter plus
longtemps avec la jeune fille pour satisfaire son désir. Aussi,
outre l'occasion, le fait que ce soit le moment où la domesticité
se retire, le lieu et toutes les autres circonstances de
l'affaire, et même le sommeil qui accable la jeune fille
contribuent au succès de Chéréa. 6 Et l'emploi de ludificatus est étonnant, on attendrait
plutôt complexus
est (il l'a embrassée) ou tout autre verbe équivalent
qui fasse référence à l'amour.
uestem omnem miserae discidit, tum
ipsam capillo conscidit.
il lui a déchiré tous ses habits,
la pauvre, et lui a arraché les cheveux.
1 vestem omnem
miserae discidit adeo non amore fecit sed
iniuria. 2 Et uide ut ex
his appareat multum uirginem reluctatam. 3 tvm ipsam
capillo conscidit multo melius, quam si diceret capillum illi
conscidit.
1 vestem omnem
miserae discidit il l'a donc fait non par amour mais en
causant un préjudice. 2 Et voyez,
ces termes montrent que la jeune fille s'est beaucoup
débattue. 3 tvm ipsam capillo conscidit est bien
meilleur que s'il disait capillum illi conscidit 265.
Ph.-hem. Py.-qui nunc si detur
mihi,
Ph.-Hein ! Py.-Celui-là,
maintenant, si on me le donnait,
ut ego facile unguibus432 illi in oculos inuolem uenefico!
avec quelle facilité, avec mes
ongles, je lui arracherais les yeux à cet empoisonneur !
1 vt ego facile
vngvibvs illi in ocvlos involem nonne credis Pythiam id
comminari, quod a uirgine minus factum sit? quod, quia puella, non
potuit. 2 vngvibvs quibus armatur hic sexus. 3 in
ocvlos quasi amatori. 4 venefico
commutanti homines et ex uirginibus mulieres facienti. 5 An uenefico amatori, quia amor uenenum? Vergilius
«
occultum
i.
inspires
i.
ignem
fq.
fallasque
ueneno
284 » et «
longumque
b.
bibebat
a.
amorem
285 ».
1 vt ego facile
vngvibvs illi in ocvlos involem Pythias menace de faire ce
qu'une jeune fille ne saurait guère faire, n'est ce pas ? elle ne
pourrait le faire, n'étant qu'une enfant. 2 vngvibvs
ce sont là les armes du sexe féminin. 3 in
ocvlos comme si c'était un amant. 4 venefico
celui qui transforme les humains et fait des jeunes filles des
femmes. 5 A moins que uenefico ne renvoie à
l'amant, parce que l'amour est un poison (uenenum) ? Virgile
« occultum inspires ignem fallasque ueneno » (insuffle en elle un
feu caché, et abuse-la avec ton poison) et « longumque bibebat
amorem » (buvait l'amour à longs traits).
Ph.-nescio quid profecto absente
nobis turbatum est domi.
Ph.Il est sûrement arrivé je ne
sais quel esclandre en mon absence à la maison.
1 nescio qvid
profecto absente nobis tvrbatvm est domi aut
subdistinguendum et subaudiendum me, aut ἀρχαϊσμός est figura absente nobis pro
absentibus
nobis. Pomponius in Ergastilo «
praesente amicis inter cenam
d.
d???
o.
o???
286 »; Varro in Marcello «
id praesente legatis omnibus exercitu
pronuntiat
287 ». 2 Absente nobis cum
dicit, pro praepositione ponit absente, ut si diceret coram amicis.
1 nescio qvid
profecto absente nobis tvrbatvm est domi ou bien il faut
établir une ponctuation et sous-entendre me, ou bien
considérer que absente
nobis est un archaïsme (ἀρχαϊσμός) pour dire absentibus nobis.
Pomponius dans L'Ergastile « praesente amicis inter cenam d.
o.266 » (en présence des amis,
au milieu du repas,..) ; Varron dans Marcellus « id praesente
legatis omnibus exercitu pronuntiat » (en présence de tous les
légats il adresse ces mots à l'armée). 2 Lorsqu'il dit absente nobis, il fait d' absente une
préposition.267, comme dans
coram
amicis.
adibo. quid istuc? quid festinas?
aut quem quaeris, Pythias?
Je vais y aller. De quoi tu
parles ? Pourquoi cours-tu ? Qui cherches-tu, Pythias ?
qvid festinas propere turbaris et trepidas.
Sallustius «
festinantibus in summa inopia
patribus
288 ».
qvid festinas tu es troublée et tu t'affoles
vite. Salluste « festinantibus in summa inopia patribus » (les
sénateurs, au comble de la misère, s'affolaient).
Py.-ehem Phaedria, egon? quem
quaeram? in hinc quo dignus es cum donis tuis
Py.-Tiens ! Phédria, moi, qui je
cherche ? Va-t'en où tu le mérites avec tes cadeaux
egon qvem qvaeram deest rogas.
egon qvem qvaeram il manque rogas (tu
demandes).
tam lepidis? Ph.-quid istuc est
rei?
si jolis. Ph.-Qu'est-ce que cette
histoire ?
Py.-rogas me? eunuchum quem dedisti
nobis quas turbas dedit!
Py.-Cette demande ! L'eunuque que
tu nous as donné, quel esclandre il a fait !
1 evnvchvm qvam
dedisti nobis qvas tvrbas dedit aut σύλλημψις, ut «
urbem quam statuo, uestra est
289 », aut quem cum interrogatione pronuntiandum,
ut sit qualem. 2 Et quidam uolunt quem subdistinguere,
quasi dicat qualem, sed nesciunt hac figura multum
ueteres usos esse; eunuchum enim ad dedisti uerbum
rettulit nunc. ad dedit ergo propter aliud ἀξίωμα adsumendum
extrinsecus is
eunuchus; nam quotiens uno nomine aut pronomine
diuersae declinationis enuntiationes comprehenduntur, necesse est
quod alteri accommodatum fuerit ab altero discrepare. 3 qvem
dedisti qvas tvrbas dedit et quem et quas sic accipe, quasi dixerit
qualem
eunuchum
et quales
turbas.
1 evnvchvm qvem
dedisti nobis qvas tvrbas dedit ou bien il s'agit d'une
syllepse (σύλλημψις), comme « urbem quam statuo,
uestra est » (la ville que je décide de fonder est à vous), ou
bien quem
est prononcé sur un ton interrogatif, comme si c'était qualem. 2 Certains veulent mettre une ponctuation sur
quem comme
s'il disait qualem, mais ils ne savent pas que les
Anciens utilisaient beaucoup cette figure ; de fait, eunuchum se rapporte
ici au verbe dedisti. Donc à dedit il faut ajouter
un autre énoncé pris à côté, hors de la proposition : is eunuchus. Car
chaque fois que l'énoncé emploie en déclinant différemment un même
nom ou un même pronom, il est nécessaire que l'accord se fasse
avec l'un sans se faire avec l'autre. 3 qvem dedisti
qvas tvrbas dedit comprenez quem et quas comme s'il avait dit qualem eunuchum et
quales
turbas.
uirginem quam erae dono dederat
miles, uitiauit. Ph.-quid ais?
La fille que le soldat avait donnée
à la maîtresse, il l'a violée. Ph.-Que dis-tu ?
qvid ais hoc admirantis est potius quam
interrogantis.
qvid ais prononcé sur un ton étonné plutôt
qu'interrogatif.
Py.-perii. Ph.-temulenta es.
Py.-utinam sic sint qui mihi male uolunt!
Py.-Je suis morte. Ph.-Tu es ivre.
Py.-Qu'il en soit ainsi pour ceux qui me veulent du mal !
1 temvlenta
es ebria, a temeto, quo nomine antiqui graue uinum
appellabant, ideo quod temptaret mentem, id est labefactaret.
Vergilius «
temptatura
p.
pedes
o.
olim
u.
uincturaque
l.
linguam
290 » 2 vtinam sic sient qvi mihi male volvnt bene
non esse ebriam in maledictum uersum, quasi uere temulentum 42 esse felicitatis sit. 3 An non negat ebriam <se esse>, sed non uino
sed malo ebriam uult intellegi?
1 temvlenta
es tu es ivre. De temetum, nom utilisé par les Anciens
pour évoquer un vin capiteux, appelé ainsi car il attaquait
(temptare)
la tête, autrement dit, il la faisait tourner268.
Virgile : « temptatura pedes olim uincturaque linguam » (qui un
beau jour rendra titubantes les jambes du buveur et qui lui
enchaînera la langue) 2 vtinam sic sient qvi mihi male
volvnt c'est bien répondu de faire de l'absence d'ivresse
une parole de malédiction, comme si, en vérité, être éméché était
lié à la félicité. 3 A moins que,
sans démentir son ivresse, elle veuille que l'on comprenne qu'elle
est ivre non pas de vin, mais de douleur?
Do.-au obsecro, mea Pythias, quod
istuc nam monstrum fuit?
Do.-Mais, dis-moi, ma bonne
Pythias, c'était quoi, ce monstre ?
1 av obsecro mea
pythias mea et «
mea tu
291 » et «
amabo
292 » et alia huiuscemodi mulieribus apta sunt
blandimenta. 2 <qvod istvc> nam monstrvm fvit
scilicet monstrum est omne contra naturam. si
igitur eunuchus est et uitiauit uirginem, contra rerum naturam
factum est et recte monstrum est. 3 Et ordo: quodnam istuc monstrum fuit?
1 av obsecro mea
Pythias mea, « mea tu », « amabo » et les autres
paroles caressantes de ce genre sont adaptées aux
femmes. 2 qvod istvc nam monstrvm fuit assurément
monstrum
renvoie à tout ce qui est contre nature. Donc si l'autre est un
eunuque et qu'il a déshonoré la jeune fille, cela va à l'encontre
de la nature et il est effectivement un monstre. 3 Et l'ordre des mots est : quodnam istuc monstrum
fuit ?
Ph.-insanis: qui istuc facere
eunuchus potuit? Py.-ego illum nescio
Ph.-Tu es folle. Comment un eunuque
aurait-il pu faire cela ? Py.-Moi je ne sais pas quelle sorte
d'homme,
1 qvi istvc facere
evnvchvs potvit istuc facere honestius apud puellam,
quam si uitiare dixisset. 2 Et potest uideri aliquid nutu
significare. 3 ego illvm nescio qvi siet bene uitauit
eunuchi nomen, ut uitiasse uirginem obtinere possit.
1 qvi istvc facere
evnvchvs potvit istuc facere est plus pudique en
présence d'une jeune fille que vitiare (déshonorer). 2 C'est possible qu'il ait l'air de signifier
quelque chose par un signe de tête. 3 ego illvm nescio
qvi siet elle évite bien le nom de l'eunuque, pour pouvoir
maintenir le constat qu'il a déshonoré la jeune fille.
qui siet433; hoc
quod fecit, res ipsa indicat.
c'est ; mais sur son acte, le fait
est assez parlant.
uirgo ipsa lacrimat neque, cum
rogites, quid sit audet dicere.
La fille elle-même pleure et quand
on lui demande ce qu'elle a, elle n'ose pas le dire.
1 virgo ipsa
lacrimat nunc ostendit quid fecerit et ostendit
argumentis. 2 neqve cvm rogites qvid sit avdet dicere quid
si uerberata est? sed non puderet queri. haec autem iniuria apud
uirginem non habet nomen.
1 virgo ipsa
lacrimat maintenant elle montre ce qu'il a fait, et elle
le montre par des preuves. 2 neqve cvm rogites qvid sit avdet
dicere serait-ce le cas si elle avait été battue ? Non,
elle n'aurait pas honte de se lamenter. Mais ce préjudice infligé
à une jeune fille n'a pas de nom.
ille autem bonus uir nusquam
apparet. etiam misera hoc434 suspicor,
Quant à ce brave garçon, il ne se
montre nulle part et même, malheureuse, je soupçonne,
1 bonvs
vir εἰρωνικῶς, non enim iam
eunuchus. 2 nvsqvam apparet nescias utrum fugam eius
queratur an culpam; sed constat haec argumenta esse, quod ipse
uirginem uitiauerit. 3 bonvs vir bene uir, quia hoc illum
esse contendit. 4 etiam misera hoc svspicor bene
etiam,
quia et hoc suspicatur, uirgine uitiata 43.
1 bonvs
vir ironique (εἰρωνικῶς), en effet elle ne dit plus
l'eunuque. 2 nvsqvam apparet on ne saurait dire si elle
se lamente sur sa fuite ou bien sur sa faute. Mais c'est un fait,
il y a des preuves qui montrent qu'il a lui-même déshonoré la
jeune fille. 3 bonvs vir uir est utilisé à bon escient,
puisqu'elle soutient que c'est bien un homme. 4 etiam misera hoc
svspicor etiam est utilisé à bon escient, parce
qu'elle le soupçonne en plus de cela, après le viol de la jeune
fille .
aliquid domo abeuntem abstulisse.
Ph.-nequeo mirari satis
qu'en partant il a pris quelque
chose dans la maison. Ph.-Je n'en reviens pas,
1 neqveo mirari
satis bene hic omnes suspiciones ad eunuchum quem nouit
reuocat, nescit Chaeream. 2 Et mira
locutio: pro eo quod est nescio nequeo mirari satis, quo ille
abire ignauus possit longius.
1 neqveo mirari
satis à bon escient ici : il rappelle tous les soupçons
dirigés contre l'eunuque qu'il connaît, il ne sait pas que c'est
Chéréa le coupable. 2 Cette
expression est étonnante : à la place de nescio il y a
nequeo mirari satis,
quo ille abire ignauus possit longius.
quo ille abire ignauus possit
longius, nisi si domum
cette loque n'a pas pu aller bien
loin ; à moins que ce soit à la maison,
forte ad nos rediit. Py.-uise amabo
num sit. Ph.-iam faxo scies.
peut-être, chez nous, qu'il soir
revenu. Py.-Va voir, je te prie, s'il y est. Ph.-Je te le fais
savoir tout de suite.
1 vise amabo
<nvm> sit domi subaudiendum est. 2 Aut: num sit quod dicis.
1 vise amabo nvm
sit domi doit être sous-entendu. 2 ou alors : est-ce que c'est ce que tu dis
?
Do.-perii, obsecro! tam infandum
facinus, mea tu, ne audiui quidem.
Do.-Je suis morte, par pitié ! Un
forfait si infâme, ma chérie, je n'en ai jamais entendu
parler.
Py.-at pol ego amatores audieram
mulierum esse eos maximos,
Py.-Moi, nom d'un chien, je m'étais
bien laissé dire qu'ils étaient les plus grands amateurs de
femmes,
sed nihil potesse; uerum miserae
non in mentem uenerat;
mais qu'ils étaient impuissants.
Mais, malheureuse, cela ne me serait pas venu à l'esprit,
1 sed nihil
potesse ut uoluntatis rei sint, non et facti. 2 vervm
miserae non in mentem venerat non nihil posse sed
amatores esse
maximos; ad partem enim sententiae pertinet quod dicit
non in mentem
uenerat, non ad totum, quod audiuisse se
dicit. 3 Et iam si
penitus consideraueris, controuersia inerit: si44 enim nihil posse
audieras, quid est quod in mentem non uenerit ut uitares ? utrum
igitur amatores
mulierum esse maximos audieras? quod ipsum uitandum
fuit; neque enim hoc satis est ad pudicitiam stuprum uitasse, cum
impudica fieri uel solo osculo possit, quam omni modo integram et
inlibatam uelis. an uerum non erit coniunctio sed nomen, ut
illud quasi falsum audierit, hoc autem quod uerum inuentum est,
non suspicata sit? nam in mentem uenire non reminisci tantum, sed
etiam cogitare significat. sic Cicero «
in mentem tibi non uenit causam45 publicam sustinere
293 » id est: non recogitas, non suspicaris. 4 vervm
miserae si uerum pro coniunctione accipimus,
subaudiendum erit hic amatores mulierum esse eos
maximos. 5 in mentem non
v.
venerat
non quod audieram, sed quod hic
fecit. 6 An aliud non in mentem
uenerat, non scilicet facturum fuisse quod fecit? 7 non in mentem
venerat aut non cogitaram aut non eram recordata.
1 sed nihil
potesse c'est-à-dire qu'ils veulent sans pouvoir
faire. 2 vervm miserae non in mentem venerat le sujet
n'est pas nihil
posse mais amatores esse maximos ; lorsqu'elle dit
non in mentem
uenerat, cela se rapporte à une partie de la phrase,
non pas à tout ce qu'elle dit avoir entendu. 3 Et maintenant, si vous examinez ce texte à fond,
il y aura controverse. Car même s'il est vrai que tu avais entendu
dire qu'ils sont impuissants, comment expliquer qu'il ne te soit
pas venu à l'esprit qu'il fallait prendre garde ? Avais-tu donc
oui ou non entendu amatores mulierum esse maximos ? Cela
même aurait dû te mettre en garde. Car il ne suffit pas d'avoir
évité l'attentat à la pudeur, alors que même un seul baiser peut
dépraver une femme que tu ne voudrais pour rien au monde voir
touchée ou souillée. A moins que uerum ne soit pas une conjonction, mais
un nom : elle aurait entendu la première proposition en
considérant que c'était faux, sans se douter que la seconde était
vraie ? De fait, in
mentem uenire ne signifie pas seulement reminisci (se
souvenir), mais aussi cogitare (réfléchir). Cicéron « in
mentem tibi non uenit causam publicam sustinere », (il ne t'est
pas venu à l'esprit de soutenir une cause publique) c'est-à-dire :
tu n'y as pas réfléchi, tu ne t'en es pas douté. 4 vervm
miserae si nous comprenons uerum comme une conjonction.269, il faudra
sous-entendre les termes amatores mulierum esse eos
maximos. 5 in mentem non venerat non pas
que je l'aie entendu, mais qu'il ait fait cela. 6 Ou bien est-ce autre chose qui ne lui est pas venu
à l'esprit, à savoir évidemment qu'il n'aurait pas pu faire ce
qu'il a fait. 7 non in mentem venerat ou bien je n'y avais
pas pensé, ou bien je ne m'en étais pas souvenu.
nam illum aliquo conclusissem neque
illi commisissem uirginem.
sinon, je l'aurais enfermé quelque
part et je ne lui aurais pas confié la fille.
1 nam illvm aliqvo
conclvsissem mire conclusissem dixit ut feram. sic alibi
«
conclusam hic habeo uxorem saeuam
294 ». 2 neqve illi commisissem virginem si uel
amatorem tantum meminissem.
1 nam illvm aliqvo
conclvsissem étonnant ce conclusissem mis pour feram. On a la même
chose ailleurs « conclusam hic habeo uxorem saeuam ». 2 neqve illi
commisissem virginem si seulement je m'étais souvenu qu'il
pouvait être un amant.
scaena quarta
Phaedria Pythias Dorias Dorus
668 | 669 | 670 | 671 | 672 | 673 | 674 | 675 | 676 | 677 | 678 | 679 | 680 | 681 | 682 | 683 | 684 | 685 | 686 | 687 | 688 | 689 | 690 | 691 | 692 | 693 | 694 | 695 | 696 | 697 | 698 | 699 | 700 | 701 | 702 | 703 | 704 | 705 | 706 | 707 | 708 | 709 | 710 | 711 | 712 | 713 | 714 | 715 | 716 | 717 | 718 | 719 | 720 | 721 | 722 | 723 | 724 | 725 | 726
Ph.-Exi foras, sceleste. at etiam
restitas,
Ph.-Viens dehors, scélérat. Mais en
plus tu résistes,
1 exi foras
sceleste at etiam restitas fvgitive iucundus error, in quo
non dubitat Phaedria ipsum esse qui quaeritur, uerum insuper sic
aggreditur, tamquam sciat ipse. 2 sceleste
quale est scelestum appellari, qui nihil sciat! 3 restitas
necessario restitat, qui miratur se protrahi.
1 exi foras
sceleste at etiam resistas fvgitive délicieuse méprise à
la faveur de laquelle non seulement Phédria ne doute point que
l'eunuque soit précisément l'homme qu'il cherche, mais en outre,
il s'en prend à lui comme si l'eunuque lui-même le
savait. 2 sceleste ce que c'est qu'être appelé
scélérat alors qu'on ne sait rien270 ! 3 restitas
il cherche forcément à résister, celui qui s'étonne d'être traîné
au dehors.
fugitiue? prodi, male conciliate.
Dor.-obsecro. Ph.-oh
bandit en cavale ! Avance, mauvaise
affaire ! Dor.-Je t'en supplie ! Ph.-Oh !
1 fvgitive
et scelestum et fugitiuum increpat, in hunc crimen transferens
Chaereae. 2 prodi male conciliate opportune adulescens
et hic exprobrat munus magno emptum. 3 male
magno significat, ut Plautus in Amphitruone «
haec nox scita est exercendo scorto
conducto male
295 ». 4 Ergo male conciliate magno empte
significat. 5 male conciliate omnis conuentio
uniuscuiusque unicuique conciliatio nominatur. conciliatum ergo
magno emptum.
1 fvgitive
il le réprimande en le traitant de scélérat et de fuyard parce
qu'il reporte sur lui les raisons d'accuser Chéréa. 2 prodi male
conciliate opportunément, le jeune homme blâme ici aussi
un cadeau acheté à un prix élevé. 3 male
signifie à un prix élevé, de même Plaute dans
Amphitryon : « haec nox scita est exercendo scorto conducto
male » (cette nuit a été fixée pour donner de l'exercice à une
catin engagée à un prix élevé). 4 male
conciliate signifie donc acheté à un prix élevé. 5 male
conciliate toute réunion d'un bien individuel à un
individu a pour nom
conciliatio (acquisition). Conciliatum, c'est donc acheté à un prix
élevé.
illud uide, os ut sibi distorsit
carnifex!
regarde ça, sa gueule, comme il se
la tord, le gibier de potence !
os vt sibi distorsit et hic memor adulescens
insinuandi muneris dixit illum os sibi distorsisse, qui natura sit
pulcher. [os autem illi dicimur distorquere, quem natura pulchrum
deturpamus.]46
os vt sibi distorsit ici aussi, le jeune
homme, qui n'oublie pas d'essayer de défendre son cadeau, dit que
celui-ci s'est déformé le visage alors qu'il est naturellement
beau. [On dit que nous déformons le visage de quelqu'un quand nous
le défigurons alors qu'il est naturellement beau.]
quid tibi huc435 reditio est? quid uestis mutatio?
Pourquoi es-tu revenu ici ?
Pourquoi as-tu changé de costume ?
1 qvid tibi hvc
reditio est eleganter reditio ei obicitur, qui re uera
loco se non mouerit. 2 qvid vestis mvtatio sic
ueteres. Plautus in Trinummo «
quid tibi interrogatio47 aut
<in> consilium huc accessio?
296 »; Caecilius in Ἁρπαζομένῃ «
quid tibi acceptio est argumentum aut de
meo amore uerbificatio est patri?
297 ».
1 qvid tibi
reditio est il l'accuse judicieusement d'être revenu alors
qu'en réalité, il n'a pas bougé de là. 2 qvid vestis
mvtatio c'est ainsi que disaient les Anciens : Plaute dans
Trinummus : « quid tibi interrogatio aut in consilium
huc accessio ? » (qu'est-ce donc que cette question que tu poses,
et cette irruption dans notre discussion ?) ; Cécilius dans
L'Harpazoménè : « quid tibi acceptio est argumentum
aut de meo amore uerbificatio est patri ? » (quel argument est-ce
donc que cet accueil de ta part, et que ce discours au sujet de
mon amour pour mon père ?).
quid narras? paululum436 si cessassem, Pythias,
Qu'est-ce que tu racontes ? Si
j'avais tardé un rien de temps, Pythias,
pavlvlvm si cessassem pythias familiare
iratis est auertere se ad aliam personam ab ea, in quam
commoueantur.
pavlvlvm si cessassem pythias il est courant
que les personnages en colère se tournent vers un autre personnage
en se détournant de celui qui suscite leur agitation.
domi non offendissem, ita iam
adornabat437 fugam.
je ne l'aurais pas trouvé à la
maison, il préparait déjà sa fuite !
1 ita iam
adornabat fvgam uestis mutatu scilicet; nam liberi uestem
habebat utpote Chaereae, serui uero atque eunuchi
deposuerat. 2 ita iam adornabat ut supra «
adornant, ut lauet
298 ». 1 ita iam adornabat fvgam
vraisemblablement en changeant de vêtement, car il portait le
vêtement d'un homme libre, en l'occurrence Chéréa, et il avait
posé celui d' esclave et d' eunuque. 2 ita iam
adornabat de même plus haut: «
adornant, ut lauet
299 ».
Py.-habesne hominem, amabo?
Ph.-quidni habeam? Py.-o factum bene.
Py.-Tu as le type, s'il te plaît ?
Ph.-Bien sûr que je l'ai.Py.-Ah ! bien fait !
1 habesne hominem
amabo haec omnia Pythias cernens eunuchum loquitur; id
enim erit iucundum, ut quaerat illum quem uidet. 2 qvidni
habeam quidni quid nisi, hoc est cur non habeam?
1 habesne hominem
amabo tout cela, Pythias le dit en regardant l'eunuque ;
ce qui va être délicieux, en effet, c'est qu'elle cherche celui
qu'elle a sous les yeux. 2 qvidni habeam quidni , c'est
quid
nisi (que.. ne… pas… ?), c'est-à-dire : pourquoi ne l'aurais-je
pas ?
Do.-istuc pol uero bene. Py.-ubi
est? Ph.-rogitas? non uides?
Do.-Vraiment bien fait, nom d'un
chien. Py.-Où est-il ? Ph.-Cette demande ! Tu ne vois pas ?
1 vbi est
Dorionem contemplata dicit ubi est?, quia non ipsum sed alterum
nouit. 2 rogitas non vides stomachatur uterque errans
mirifice: illa quod eunuchum credidit Chaeream uidens, hic quod
eunucho obicit quod commisit Chaerea.
1 vbi est
c'est après avoir observé Dorion qu'elle dit où est-il ?, parce
que ce n'est pas lui qu'elle connaît, mais l'autre. 2 rogitas
non vides chacun des deux s'irrite et se méprend
formidablement : elle parce qu'à la vue de Chéréa, elle l'a pris
pour l'eunuque, lui parce qu'il accuse l'eunuque de l'acte commis
par Chéréa.
Py.-uideam? obsecro quem? Ph.-hunc
scilicet. Py.-quis hic est homo?
Py.-Voir ? qui, je te prie ?
Ph.-Ben lui. Py.-C'est qui ce type ?
hvnc scilicet hoc iam tangens eunuchum dicit
Phaedria.
hvnc scilicet Phédria dit cela tout en
touchant l'eunuque.
Ph.-qui ad uos deductus hodie est.
Py.-hunc oculis suis
Ph.-Celui qu'on a emmené chez vous
aujourd'hui. Py.-Lui ! De ses yeux
hvnc ocvlis svis nostrarvm nvsqvam qvisqvam vidit
phaedria uel ἀρχαϊσμός est figura pro nostrum, uel
nostrarum
id est quae familiae nostrae sunt, ut parum sit non uidisse
Thaidem, nisi addatur ne familiarium quidem ullam esse, quae hunc
uiderit.
hvnc ocvlis svis nostrarvm nvsqvam qvisqvam vidit
phaedria soit c'est là une figure d'archaïsme (ἀρχαϊσμός) mise pour
nostrum
(de nous), soit c'est bien nostrarum (des nôtres), c'est-à-dire les
servantes qui sont les nôtres, vu qu'il ne suffirait pas que Thaïs
ne l'ait pas vu si l'on n'ajoutait point qu'il n'y a personne,
même parmi les servantes, qui l'ait vu.
nostrarum nusquam438
quisquam uidit, Phaedria.
aucune de nous ne l'a jamais vu,
Phédria.
qvisqvam antiqua locutio est.
qvisqvam c'est une expression archaïque.
Ph.-non uidit? Py.-an tu hunc
credidisti esse, obsecro,
Ph.-Jamais vu ! Py.-Vraiment, tu
croyais que c'était celui-là, je te prie,
non vidit totidem iisdemque uerbis repetita
interrogatio stuporem admirantis ostendit et iam ueluti
consentientis.
non vidit cette question, qui consiste en la
reprise de termes identiques et en nombre égal, montre la stupeur
d'un homme qui s'étonne et commence déjà, pour ainsi dire, à
comprendre la même chose qu'elle.
ad nos deductum? Ph.-nam quem439 alium habui neminem. Py.-au
qu'on a amené chez nous ? Ph.-Oui,
car je n'en ai jamais eu d'autre. Py.-Oups !
1 nam qvem alivm
habvi neminem bene ad illud quod ait an hunc, quasi ex
multis. 2 av ne comparandvs qvidem est ad illvm
au
interiectio est conturbatae feminae nec constantis sibi.
1 nam qvem alivm
habvi neminem bien répondu à ce que dit Pythias :
an hunc,
comme s'il y en avait beaucoup. 2 av ne
comparandvs qvidem est ad illvm au est une
interjection féminine271 traduisant le trouble profond et
la perte de maitrise de soi.
ne comparandus quidem est ad
illum440: ille
erat
Il ne se compâre même pas avec
l'autre : l'autre avait
1 ille erat
honesta facie τῷ
ἰδιωτισμῷ erat quasi de mortuo aut qui iam domi
scilicet Thaidis48,
quia fugit. 2 honesta facie et liberali commode est
descriptus Chaerea.
1 ille erat
honesta facie par idiotisme (τῷ ἰδιωτισμῷ), erat s'emploie comme
pour un mort ou quelqu'un qui n'est plus évidemment chez Thaïs,
parce qu'il s'est enfui. 2 honesta facie et liberali
Chéréa est convenablement décrit.
honesta facie et liberali. Ph.-ita
uisus est
une air comme il faut et raffiné.
Ph.-Il t'a paru tel
dudum, quia uaria ueste exornatus
fuit.
tout à l'heure, parce qu'il avait
un costume bariolé.
nunc tibi uidetur foedus, quia
illam non habet.
Maintenant il te paraît laid parce
qu'il ne l'a plus.
nvnc tibi videtvr foedvs facete uidetur foedus: nunc
enim est.
nvnc tibi videtvr foedvs uidetur foedus est
humoristique : maintenant, en effet, il l'est vraiment.
Py.-tace obsecro: quasi uero
paullum intersiet.
Py.-Tais-toi, je t'en prie ; comme
s'il n'y avait entre eux qu'une légère différence !
1 tace
obsecro apte dictum est tace femineo stomacho quasi impudenter
assistenti formae improbae et argumenta inaniter pertinaciterque
inuocanti. 2 tace obsecro de consuetudine dictum est
tace et
bene additum obsecro, ne tace ipsum uideretur
iniuria.
1 tace
obsecro tace est dit conformément à l'irritation
féminine qui, effrontément, apporte en quelque sorte son soutien à
une apparence hideuse et invoque sans fondement mais avec
insistance des arguments. 2 tace obsecro tace est dit par
habitude et il est bon d'avoir ajouté obsecro afin
que
tace tout seul ne semble pas injurieux.
ad nos deductus hodie est
adulescentulus,
Celui qu'on a amené chez nous
aujourd'hui, c'est un petit jeune homme
quem tu uidere uero uelles,
Phaedria.
que tu aurais vraiment plaisir à
voir, Phédria.
1 qvem tv videre
velles phaedria commota aduersus Phaedriam cogitur eum
laudare, cui irata est, et ideo totum callide. 2 qvem tv videre
velles facete, quasi hunc nec ipse 49 qui misit
conspectum uelit. 3 An uelles talem
<qualem> loquor? 4 Et breuiter
forma laudata est, cum prolixius illius sit describenda
deformitas. 5 qvem tv videre vero uere pulcher est, cuius
forma nec odium nec conuitia commeruit. Lucilius «
athyonidi50 satin ex facie florem delegeris
300 ». 6 qvem tv videre quare tu? an quia istae iam
nolunt, iratae scilicet ob uitiatam uirginem? an tu quasi «
spectator formarum elegans
301 », ut qui amator sis Thaidis?
1 qvem tv videre
vero velles phaedria après s'être agitée contre Phédria,
elle est contrainte de louer celui contre lequel elle est en
colère, et pour cette raison, tout cela est habilement
fait. 2 qvem tv videre velles c'est humoristique,
comme si même celui qui l'a envoyé ne voulait pas le
voir. 3 Ou bien est-ce que tu
voudrais (uelles) qu'il soit tel que je le
dis ? 4 Et sa beauté est louée
brièvement, alors que l'absence de beauté de l'autre doit être
décrite plus abondamment. 5 qvem tv videre vero est
vraiment beau celui dont la beauté ne suscite ni haine, ni
invectives. Lucilius : « athyonidi satin ex facie florem
delegeris » (que tu aies choisi une fleur d'après son
aspect). 6 qvem tv videre pourquoi tu ? est-ce parce
qu'elles ne le veulent plus, étant évidemment en colère à cause du
viol de la jeune fille ? ou bien est-ce que tu vaut à peu
près « spectator formarum elegans », puisque tu es l'amoureux de
Thaïs ?
hic est uietus uetus ueternosus
senex,
Lui il est flétri, un vieux croûton
croulant,
1 hic est vietvs
vetvs veternosvs senex sic hoc totum pronuntiandum, quasi
irascatur huic, propter quem laudauerit Chaeream. 2 vietvs
mollis flaccidusque et flexibilis corpore, unde et uimina et uimenta et uites et uietores dicuntur.
— 3 Et
uiere
ligare dicitur, quia
uietis
uirgis ligare possumus quidlibet — <sic et>
Lucretius araneae dixit «
uietam uestem
302 », id est putri mollitia praeditam. 4 vetvs ad
uituperationem ponitur modo, non ad laudem, ut «
ueteris poetae maledictis
respondeat
303 ». 5 Vetus est, cuius
diminutiuum est uetulus; ueternosus morbo uetere confectus ac
diuturno, quales sunt qui hydropem patiuntur; — 6 Ei recte, nam saepe eunuchi in senecta
ueternosi sunt et cito hoc laborant morbo. — senex ex malo
aegritudineque rugosus. 7 senex utrum <uere> senex
an quia ita uidetur ob deformitatem?
1 hic est vietvs
vetvs veternosvs senex tout cela doit être déclamé comme
si elle se mettait en colère contre celui à cause duquel elle a
loué Chéréa. 2 vietvs mou, flasque et flexible
physiquement272
; c'est de là que les uimina (baguettes souples), uimenta (branchages
flexibles), uites (vignes) et uietores (vanniers)
tirent leurs noms. – 3 Et uiere signifie aussi
"ier", parce qu'avec des tiges uietae (souples), on peut lier ce que
l'on veut. – Ainsi, Lucrèce aussi mentionne « uieta uestis », la
toile souple de l'araignée, c'est-à-dire une toile molle et
friable. 4 vetvs n'est mis que pour exprimer la
critique, pas l'éloge, de même « ueteris poetae maledictis
respondeat ». 5 C'est de ce
uetus -là
que uetulus est le diminutif ;
ueternosus signifie : accablé par une longue maladie
de vieillesse, tels ceux qui souffrent d'hydropisie ; – 6 Et c'est correct car les eunuques, dans leur
vieillesse, sont souvent léthargiques et incommodés par cette
maladie rapide. –
senex signifie : endurci par le malheur et la
maladie. 7 senex est-ce que c'est vraiment un vieillard
ou est-ce que c'est parce qu'il en a l'air à cause de sa
laideur ?
colore mustellino441.
Ph.-hem quae haec est fabula?
avec un teint de fouine. Ph.-Hein !
qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
1 colore
mvstellino errauit Terentius non intellegens Menandricum
illud «
αὐτός ἐστιν
γαλεώτης γέρων
304 ». ait autem stellionem, quod animal lacertae non
dissimile est maculoso corio; namque ad id genus facies exprimitur
eunuchorum corporis, quia plerique lentiginosi sunt. hic ergo
errauit ideo, quia «
γαλῆ
305 » mustella dicitur, γαλεώτης stellio,
ὥσπερ Ἀριστοφάνης ἐν ταῖς
Νεφέλαις: «
ἥσθην γαλεώτῃ
καταχέσαντι Σωκράτους
306 ». 2 At ego Edesionum
sequor, qui recte intellexit Terentium scientem mustellino colore
dixisse eunuchum uelut subliuido, quia uere eunuchi aut ex
candidissimis lentiginosi fiunt, ut ex Gallis51 et eiusmodi occidentalibus, aut ex fuscis
subliuidi, ut ex Armeniis et aliis orientalibus.
1 colore
mvstellino Térence s'est trompé et n'a pas compris cette formule
de Ménandre : αὐτός
ἐστιν γαλεώτης γέρων (lui-même est un vieux
stellion). Il parle du stellion, animal qui ressemble au lézard
par sa peau tachetée ; en effet, c'est en le comparant à cette
espèce que l'on représente l'aspect du corps des eunuques, parce
que la plupart sont couverts de taches brunes. Térence s'est donc
trompé parce qu'en grec, mustella (la belette) se dit γαλῆ et le stellion,
γαλεώτης comme
Aristophane dans Les Nuées (ὥσπερ Ἀριστοφάνης ἐν ταῖς Νεφέλαις) :
ἥσθην γαλεώτῃ καταχέσαντι
Σωκράτους (je suis charmé qu'un stellion ait chié sur
Socrate)273. 2 Mais moi, je suis de
l'avis d'Edesionus, qui a correctement compris que Térence dit
sciemment que l'eunuque est mustellino colore, autrement dit d'une
couleur pâle, parce qu'il est vrai que soit les eunuques, s'ils
sont très blancs, se couvrent de taches brunes, comme il advient
des Gaulois et des Occidentaux de ce type, soit, s'ils sont
basanés, deviennent pâles, comme il advient des Arméniens et des
autres Orientaux.
eo rediges me ut quid emerim442 egomet nesciam?
Tu me ferais croire que ce que j'ai
acheté je ne le sais plus moi-même ?
vt qvid emerim egomet nesciam nesciam pro
non
meminerim uel non agnoscam.
vt qvid emerim egomet nesciam nesciam est mis
pour non
meminerim (que je ne me souvienne pas) ou non agnoscam (que
je ne reconnaisse pas).
eho tu, emin ego te? Dor.-emisti.
Py.-iube mihi denuo
Eh, toi : est-ce moi qui t' acheté?
Dor.-Oui. Py.-Dis-lui maintenant de me
1 eho tv emin ego
te miro stomacho quod ipse fecit, id ex alio audire
conatur et, donec haec audiat, an haec fecerit dubitat. 2 ivbe mihi
denvo respondeat hoc est quod in Rhetoricis Cicero ait
«
contra firmam argumentationem aliam aeque
firmam aut firmiorem opponamus
307 »52. haec est igitur aeque firma. denuo autem ad
respondeat
pertinet, non ad mihi. 3 denvo
respondeat iube <denuo>, non mihi denuo
intellegendum est.
1 eho tv emin ego
te avec une irritation paradoxale, ce qu'il a lui-même
fait, il tâche de l'entendre dire d'autrui et, jusqu'à ce qu'il
l'ait entendu, il doute de l'avoir fait. 2 ivbe mihi denvo
respondeat c'est ce que Cicéron dans ses livres de
rhétorique formule ainsi : « contra firmam argumentationem aliam
aeque firmam aut firmiorem opponamus » (contre une argumentation
solide, proposons une argumentation aussi solide ou plus solide).
C'est donc une argumentation aussi solide. Denuo porte sur
respondeat, non pas sur mihi. 3 denvo
respondeat il faut comprendre iube denuo
(ordonne-lui aussi), et non mihi denuo (à moi aussi).
respondeat. Ph.-roga. Py.-uenisti
hodie ad nos? negat.
répondre. Ph.-Interroge-le.
Py.-Es-tu venu aujourd'hui chez nous ? II dit que non.
roga mire utriusque fiducia confertur et
apud utrumque est ueritas, cum uterque fallatur.
roga remarquable comparaison de la loyauté
des deux personnages ; et tous deux disent vrai, bien que tous
deux se trompent.
at ille alter uenit annos natus
sedecim,
Mais c'est l'autre qui est venu,
celui de seize ans,
at ille alter venit bene institit, quasi ex
parte iam obtinuerit Pythias.
at ille alter venit Pythias fait bien
d'insister, comme si elle avait déjà obtenu gain de cause sur un
point au moins.
quem secum adduxit Parmeno.
Ph.-agedum hoc mihi expedi
que Parménon a amené avec lui.
Ph.-Ah ! explique-moi ça
1 agedvm hoc
mihi haec Plautina sunt, cum in iisdem longa sit
disputatio; sed mire a Terentio proferuntur ad eius exemplum et,
quod est plus, carent Plautinis nugis. 2 agedvm
παρέλκον est,
et adiuuat ex animo loquentem.
1 agedvm hoc
mihi manière plautinienne, puisque le même sujet entraîne
une longue discussion ; mais Térence fait un remarquable
développement à son exemple à l'exception (et c'est mieux ainsi)
des plaisanteries à la Plaute. 2 agedvm
c'est un pléonasme (παρέλκον) qui aide celui qui parle de tout
son cœur.
primum: istam quam habes unde habes
uestem? taces?
d'abord : ce costume que tu as,
d'où l'as-tu ? Tu te tais,
taces et recte tacet, quia metuit
Chaeream.
taces et il fait bien de se taire, car il
craint Chéréa.
monstrum hominis, non dicturus es?
Dor.-uenit Chaerea.
monstre d'homme ? Tu ne vas pas
parler ? Dor.-Chéréa est venu.
monstrvm hominis bene eunucho dictum
monstrum
hominis, hoc est: nec mas nec femina. sic et supra
«
senem mulierem
308 » dixit.
monstrvm hominis formule bien trouvée pour
un eunuque que ce monstrum hominis, à savoir ni homme ni
femme. De même ci-dessus il disait « senem mulierem ».
Ph.-fraterne? Dor.-ita. Ph.-quando?
Dor.-hodie. Ph.-quam dudum? Dor.-modo.
Ph.-Mon frère ? Dor.-Oui.
Ph.-Quand ? Dor.-Aujourd'hui. Ph.-Il y a combien de temps ?
Dor.-Un petit moment.
qvam dvdvm <
m.
modo
> nota modo aperte pro praeterito tempore
dictum esse, id est iamdudum. nam qui iam uitiauerat
uirginem, non modo sed longe ante uestem mutauit cum eunucho
Phaedriae.
qvam dvdvm modo il faut noter que modo est clairement
mis pour renvoyer au passé, synonyme ici de iamdudum (depuis
longtemps). Car l'auteur du viol de la jeune fille n'a pas échangé
son vêtement avec l'eunuque de Phédria tout à l'heure mais depuis
longtemps déjà.
Ph.-quicum? Dor.-cum Parmenone.
Ph.-norasne eum prius?
Ph.-Avec qui ? Dor.-Avec Parménon.
Ph.-Le connaissais-tu d'avant ?
qvicvm praepositio cum his dictionibus
supponitur: quicum nobiscum uobiscum; in ceteris uero, ita ut ipsum
nomen praescribit, praeponitur: cum amicis,
cum
exercitu, cum aduocatis.
qvicvm la préposition cum se postpose dans
les mots suivants : quicum nobiscum uobiscum ; partout ailleurs, comme
l'implique la forme même du nom préposition, elle s'antépose :
cum
amicis, cum exercitu, cum aduocatis.
Dor.-non. nec quis esset umquam
audieram dicier.
Dor.-Non, et qui c'était, je n'en
avais jamais entendu parler.
Ph.-D'où savais-tu, alors, que
c'était mon frère ? Dor.-Parménon
1 vnde igitvr evm
fratrem mevm esse sciebas utpote nouicius et eum, qui ex
Piraeo raro discesserit et longo interuallo in astu
uenerit. 2 Et hae
sunt obliquae interrogationes, quibus uti oratores uidemus, cum
deriuare testimonium nituntur. 3 Et ideo sic ait Phaedria, ut frustretur
omnia, quae confessus est Dorio 53: uult enim fratri esse consultum. 4 parmeno
dicebat evm esse prope infirmatum est testimonium: quod
enim Parmeno dicebat eum esse, potest falsum esse. 5 dicebat
mire < dicebat, non> dixit, ut «
sola mihi talis
c.
casus
C.
Cassandra
c.
canebat
309 »; sic autem dicimus, quando non semel quid factum sed
saepius demonstramus.
1 vnde igitvr evm
fratrem mevm esse sciebas à savoir alors que tu es un
esclave récent dans la maison et que lui a rarement quitté le
Pirée et est arrivé en ville après une longue période. 2 Et ce sont des interrogations indirectes,
comme celles dont usent les orateurs quand ils tentent de
détourner un témoignage. 3 Et
Phédria s'exprime ainsi pour rendre vain tout ce que Dorion vient
d'avouer : il veut en effet qu'on veille aux intérêts de son
frère. 4 parmeno dicebat evm esse le témoignage est
presque infirmé274 : car ce que Parménon disait qu'il était peut être
faux. 5 dicebat choix admirable de dicebat, plutôt que
de dixit
(il a dit), comme dans « sola mihi talis casus Cassandra canebat »
(seule Cassandre m'annonçait ces épreuves) ; or c'est ainsi que
nous disons quand nous voulons signifier un fait qui s'est produit
non pas une fois mais assez souvent.
dicebat eum esse. is dedit mi hanc.
Ph.-occidi.
disait que c'était lui. C'est lui
qui m'a donné ce costume. Ph.-Je suis mort.
Dor.-meam ipse induit: post una
ambo abierunt foras.
Dor.-Lui a mis le mien ; après
quoi, iensemble, tous les deux, ils sont sortis.
Py.-iam satis credis sobriam esse
me et nil mentitam tibi?
Py.-Alors, es-tu suffisamment
convaincu que je ne suis pas ivre et que je ne t'ai pas
menti ?
iam satis credis sobriam me quia supra dixit
«
temulenta es
310 », quasi grauem iniuriam hoc dicto passa sit, memoriter
rettulit dictum, ut «
en ego uicta situ
311 » et «
pulsus ego
312 »?
iam satis credis sobriam me parce qu'il
avait dit ci-dessus « temulenta es », et comme quelqu'un qui a
reçu une grave insulte avec ce terme, elle a mémorisé la formule,
comme dans « en ego uicta situ » (me voici, moi que la décrépitude
a vaincue) et « pulsus ego ? » (moi, repoussé ?).
iam satis certum est uirginem
uitiatam esse? Ph.-age nunc, belua,
Alors, est-il suffisamment clair
que la fille a été violée ?Ph.-Allons donc ! grosse bête,
iam satis certvm est virginem vitiatam esse
ordine agit, cum primo de se, tum de aduersario loquitur.
iam satis certvm est virginem vitiatam esse
elle plaide en mettant les choses dans l'ordre275 en parlant d'abord de son cas personnel,
puis de celui de l'adversaire.
credis huic quod dicit445? Py.-quid isti credam? res ipsa indicat.
tu crois à ce qu'il dit ? Py.-Quel
besoin ai-je de le croire ? le fait est assez parlant.
1 credis hvic qvod
dicit a personae qualitate derogat fidem; nam quid
credendum est seruo eunucho fugitiuo? 2 qvid isti credam
res ipsa indicat haec a persona quae conuincebatur
oratorie ad factum se rettulit.
1 credis hvic qvod
dicit par la référence à la qualité du personnage, il ôte
tout crédit à l'affirmation ; car que peut-on croire d'un
esclave276
eunuque fugitif ? 2 qvid isti credam res ipsa
indicat Pythias, de façon tout oratoire, revient de la
personne que l'on suspecte au fait.
Ph.-concede istuc paululum446: audin? etiam nunc paululum: sat est.
Ph.-Recule un peu là-bas.
M'entends-tu ? encore un peu. Suffit.
concede istvc pavlvlvm ad se uersum dicit
istuc, ut
longe sit a Pythia. eunucho enim dicit Phaedria.
concede istvc pavlvlvm il se montre lui-même
en disant istuc, pour que l'eunuque s'éloigne de
Pythias. Phédria parle en effet à l'eunuque.
dic dum hoc rursum: Chaerea tuam
uestem detraxit tibi?
Dis-le donc encore une fois :
Chéréa t'a arraché ton costume ?
Dor.-factum. Ph.-et ea est indutus?
Dor.-factum. Ph.-et pro te huc deductus est? Dor.-ita.
Dor.-C'est cela. Ph.-Et il l'a
mis ? Dor.-C'est cela. Ph.-Et c'est à ta place qu'on l'a emmené
ici ? Dor.-Oui.
Ph.-Iuppiter magne, o scelestum
atque audacem hominem! Py.-uae mihi:
Ph.-Grand Jupiter ! quel scélérat,
quel risque-tout ! Py.-Pauvre de moi !
1 o scelestvm
atqve avdacem hominem Chaeream uel Parmenonem. sed sic
pronuntiandum est, ut putet ancilla de eunucho dici, hoc ipso qui
praesto est; ideo illa uae mihi: etiam nunc non
credis? 2 vae mihi quidam hoc totum uae mihi usque ad
irrisas
modis a Pythia dici existimant.
1 o scelestvm
atqve avdacem hominem Chéréa ou Parménon. Mais il faut
prononcer de façon à ce que la servante croie qu'on parle de
l'eunuque, celui-là même qui est à portée de main ; d'où son
vae mihi !
tu ne crois pas encore ? 2 vae mihi certains attribuent à
Pythias toute la réplique depuis vae mihi jusqu'à irrisas modis.
etiam nunc non credes indignis nos
esse inrisas modis?
Tu vas persister à ne pas croire
qu'on s'est fichu de nous d'une indigne façon ?
Ph.-mirum ni tu credas quod iste
dicat. quid agam nescio.
Ph.-On dirait bien que tu crois ce
qu'il dit. Que faire ? Je ne sais pas.
1 mirvm ni tv
credas qvod iste dicat utrum serua quod seruus? an stulta
quod stultus? an femina quod eunuchus? 2 mirvm ni
tv clare dicit; quidam pressius putant.
1 mirvm ni tv
credas qvod iste dicat faut-il comprendre que tu, c'est la
servante, et iste l'esclave ? ou la sotte et le sot ?
ou la femme et l'eunuque ? 2 mirvm ni tv il le dit haut et
clair ; certains supposent qu'il le dit en aparté.
heus negato rursum. possumne ego
hodie ex te exsculpere
Hé ! ne vas-tu pas revenir sur ce
que tu as dit ?. Ne pourrai-je aujourd'hui t'extorquer
1 hevs negato
rvrsvm rursum non ad negato pertinet, sed
ad interrogationem, ut sit: rursus interrogo te. 2 rvrsvm
retro, id est <e> contrario ac per hoc: contrarium superioribus
dicito.
1 hevs negato
rvrsvm rursum ne se rapporte pas à negato, mais à
l'interrogation, pour donner : je t'interroge encore une
fois. 2 rvrsvm c'est-à-dire au
contraire et par ce mot : dis le contraire de ce qui précède.
uerum? uidistine fratrem Chaeream?
Dor.-non. Ph.-non potest
la vérité ? As-tu vu mon frère
Chéréa ? Dor.-Non. Ph.-Il ne peut pas
1 non potest sine
malo fateri video ampliatio [dilatio] quaestionis
argumentum est nihil constitisse. adde quod poenam minatur non
tamquam iam incerto sed iam falso testi. deinde ipsum fateri consideremus
quale sit: non est testis, sed rei. hic igitur ut in illum culpam
transferat uniuersam, fateri dixit, non indicare, ut ipse
reus, non alieni facti testis esse dicatur. 2 non potest sine
malo quasi nec haec fuerit nec illa confessio, in quibus
ueritas nulla sit.
1 non potest sine
malo fateri video le renvoi de la question à plus ample
informé tient à ce que l'argument n'est pas du tout établi.
Ajoutez qu'il le menace d'une punition comme on le ferait non pas
d'un témoin incertain mais d'un faux témoin. Ensuite considérons
le sens du verbe fateri (avouer) : c'est le fait non d'un
témoin, mais d'un accusé. Donc Phédria, pour faire porter à
l'eunuque l'intégralité de la faute, dit fateri (avouer) et
non pas indicare (indiquer), en sorte qu'on peut
dire que l'eunuque est lui-même l'accusé et non le témoin de
l'acte d'un tiers. 2 non potest sine malo comme si
n'avaient existé ni le premier ni le second aveu, dans l'idée
qu'on n'y trouvait rien de vrai.
sine malo fateri, uideo: sequere
hac. modo ait modo negat.
avouer sans qu'on le batte, je le
vois bien. Suis-moi par ici. Des fois c'est oui, des fois c'est
non.
1 seqvere
hac tamquam ad tormenta. 2 modo ait modo
negat testis aut ab aduersario conuincitur falsitatis aut
a se ipso, si uariauerit dicta. ergo priora quia non potuerant
conuinci, ab inconstantia testis praesidium defensionis est
inquisitum.
1 seqvere
hac comme s'il l'emmenait à la torture. 2 modo ait modo
negat un témoin est convaincu de mensonge soit par
l'adversaire, soit par lui-même s'il s'est contredit. Par
conséquent, comme les premiers faits sont incontestables, c'est
dans l'inconstance277 du témoin que l'on cherche un moyen de
défense.
ora me. Dor.-obsecro te uero,
Phaedria. Ph.-i intro nunciam.
Implore-moi. Dor.-Je te demande
grâce tout de bon, Phédria. Ph.-Rentre là-dedans à présent.
1 ora me
hoc lentius, ut sit causa non saeuiendi. 2 obsecro te vero
phaedria bene uero, nam quia ille dixerat, ut
simularet preces, hic anxius uero addidit ostendens serio se rogare
et ex animo, non ut ille iubebat, dolo. 3 i intro
terribiliter, dummodo eum submoueat. 4 i intro
utrum intro domum ad
Phaedriam an ad Thaidem? sed non oportet ad Thaidem intellegi,
ne celandarum rerum index teneatur.
1 ora me
il dit cela avec assez de calme, pour qu'il y ait une raison de ne
pas sévir. 2 obsecro te vero phaedria vero est bien trouvé,
car puisque Phédria avait dit à l'eunuque de simuler des prières,
ce dernier, avec angoisse, ajoute vero, montrant par là qu'il implore
sérieusement et de tout son cœur et non pas, comme il en avait
reçu l'ordre, par ruse. 3 i intro dit sur un ton
terrifiant, pourvu que cela éloigne l'eunuque. 4 i intro
faut-il comprendre rentre chez Phédria ou chez Thaïs ? en fait,
il ne faut pas comprendre chez Thaïs pour éviter qu'il y soit
gardé prisonnier et révèle des choses qui doivent rester
secrètes.
Dor.-oiei. Ph.-alio pacto honeste
quomodo hinc abeam nescio.
Dor.-Aïe ! aïe ! Ph.-D'autre moyen
de me tirer de là honnêtement,je n'en vois pas.
1 oiei
apte σχετλιασμόν rusticum posuit utpote serui
ac nouicii. et
est deploratio ab eis sic dicta. 2 alio pacto
honeste contra officium fuit mentiri docuisse seruum et
adfuisse mendacio liberalem adulescentulum. sed uide quemadmodum
defendatur: dum se mentiri coactum dicit, consulit honestati. hanc
autem causam longae sermocinationis ad hoc inducit artifex poeta,
ut apud: omnes iam certum sit a Chaerea uitiatam uirginem, ne ullo
errore ulterius impediantur nuptiae uel finis fabulae
differatur. 3 alio pacto honeste nullo alio scilicet nisi
per hanc fallaciam.
1 oiei
terme de plainte (σχετλιασμόν) de la campagne bien adapté,
qui convient à un esclave, qui plus est récent. Et la lamentation
chez eux s'exprime ainsi. 2 alio pacto honeste c'est
contraire au devoir que d'avoir appris à un esclave à mentir et
que ce mensonge ait été fait en présence d'un jeune homme de
naissance libre. Mais voyez comme il s'en défend : tout en disant
qu'il a été obligé de mentir, il veille à préserver son honnêteté.
Or si le poète, en bon faiseur, a introduit cette longue
conversation, c'est dans l'idée que tous désormais aient la
certitude que c'est bien par Chéréa que la jeune fille a été
violée, pour qu'aucune méprise supplémentaire ne vienne empêcher
les noces et que la fin de la pièce n'en soit différée. 3 alio pacto
honeste d'aucune autre façon évidemment que par ce
mensonge.
actum est, siquidem tu me hic
etiam, nebulo, ludificabere.
C'en est fait de toi si tu
continues à la maison, espèce de mollusque, à t'amuser avec
moi.
actvm est siqvidem hoc rursus clare. et sic
dicit tamquam adhuc iratus eunucho suo.
actvm est siqvidem cela est dit à haute voix
à nouveau. Et il le dit comme s'il était encore en colèrecolère
contre son eunuque.
Py.-Parmenonis istam447 scio esse hanc technam quam me uiuere.
Py.-C'est du Parménon, je le sais,
cette fourberie, aussi sûr que je suis en vie.
parmenonis istam scio esse <technam> qvam me
vivere deest magis, ut sit: magis scio quam me
uiuere.
parmenonis istam scio esse technam qvam me
vivere il manque magis pour faire magis scio quam me
uiuere (je sais que c'est un tour de Parménon plus
encore que je ne sais que je suis en vie).
Do.-sic est. Py.-inueniam hodie
pol448 parem ubi referam
gratiam.
Do.-C'en est. Py.-Je trouverai bien
aujourd'hui, nom d'un chien, de quoi lui rendre la pareille.
inveniam hodie pol parem hic iam προοικονομία 54 ad futurum exitum fabulae <est>; nam dum se
ulciscitur Pythias, fit indicium patri Chaereae et confirmantur
nuptiae.
inveniam hodie pol parem il s'agit là d'une
préparation (προοικονομία) du dénouement de la
pièce qui s'annonce ; car en même temps que Pythias obtient
vengeance, Chéréa est dénoncé à son père et les noces sont
confirmées.
sed nunc quid faciundum censes,
Dorias? Do.-de istac rogas
Mais pour le moment, que faut-il
faire à ton avis, Dorias ? Do.-Tu veux dire à propos d'elle,
uirgine? Py.-ita, utrum taceam an
praedicem449? Do.-tu pol, si
sapis,
la fille ? Py.-Oui. Dois-je me
taire ou l'annoncer ? Do.-Toi, nom d'un chien, si tu as de la
jugeotte,
1 vtrvm taceamne
an praedicem tertium παρέλκον: abundat enim aut utrum aut ne. 2 Aut certe, < τὸ > ἑξῆς < utrumne >, ut sit figura τμῆσις. 3 tv pol si sapis
qvod scis nescis non possumus nescire, quod scimus. Sed
ita sane «
concordia discors
313 »; Vergilius «
sequiturque sequentem
314 ». 4 tv pol si sapis qvod scis nescis uideamus,
cur nolit poeta de uitio uirginis continuo scire Thaidem: utrum ne
improuiso malo uehementius commoueatur ac doleat? an ut ex eiusdem
uirginis habitu uultuque ista cognoscat, quod est actuosius? an
quod proximum uero est, ut illam et Thais et frater ignorantes
uitiatam animosius aduersum militem defendant repetitum eam
uenientem cum tanto strepitu ac minis? nam quo ore praeterea
diceret Thais Chremeti de sororis pudore sollicito «
educata ita, ut teque illaque dignum
est
315 », si sciret illam uirginem non esse?
1 vtrvm taceamne
an praedicem troisième pléonasme (παρέλκον) : car ou bien
utrum ou
bien ne
est en trop. 2 Ou au moins il y a
succession (τὸ
ἑξῆς) utrumne , pour avoir la figure appelée
tmèse (τμῆσις). 3 tv pol si sapis
qvod scis nescis nous ne pouvons pas ne pas savoir ce que
nous savons. Mais on a aussi bien « concordia discors » (concorde
discordante) ; ou chez Virgile « sequiturque sequentem » (il suit
celui qui le suit). 4 tv pol si sapis qvod scis
nescis voyons pourquoi le poète refuse que Thaïs sache
tout de l'outrage subi par la jeune fille : est-ce pour lui éviter
d'être trop violemment émue et affligée si un tel malheur lui
était annoncé à l'improviste ? ou pour qu'elle apprenne la chose
de l'attitude même et de la physionomie de la jeune fille, ce qui
est plus dans l'action ? ou, ce qui est le plus proche de la
vérité, pour que Thaïs et son frère, tous deux ignorants de
l'outrage dont elle a été victime, la défendent avec plus de cœur
contre le soldat venu la réclamer avec force clameurs et menaces ?
car avec quel visage Thaïs pourrait-elle dire après cela à
Chrémès, inquiet de la vertu de sa sœur, « educata ita, ut teque
illaque dignum est », si elle savait qu'elle n'est plus
vierge ?
quod scis nescis de eunucho450neque de uitio uirginis.
ce que tu sais tu ne le sais pas,
au sujet l'eunuque et du viol de la fille.
1 de
evnvcho quod fuerit. 2 de
evnvcho quod Chaerea sit, non eunuchus. 3 qvod scis nescis
de evnvcho in Heautontimorumeno «
nescis quod scis, Dromo, si sapis
316 »55. et hoc est quod κακόζηλον
dicitur. 4 qvod scis nescis prouerbiale est et multum
apud διαλεκτικούς tractatum, ut facio et non facio et
amicus sum et non
sum et audio et non audio et cetera
huiusmodi. 5 de vitio virginis quod iam mulier facta
sit.
1 de
evnvcho ce qu'il en a été de l'eunuque. 2 de
evnvcho que c'était Chéréa et non un eunuque. 3 qvod scis
nescis de evnvcho de même dans
L'Héautontimorouménos « nescis quod scis, Dromo, si
sapis » (tu ne sais pas ce que tu sais, si tu es malin, Dromon).
Et c'est la figure dite excès de préciosité (κακόζηλον). 4 qvod scis
nescis C'est proverbial et ça traîne beaucoup dans les
livres de dialectique, comme je fais et ne fais pas, je suis ami et ne le suis
pas, j'entends et n'entends pas et autres
énoncés de cet acabit. 5 de vitio virginis qu'elle est
maintenant devenue femme.
hac re et te omni turba euolues et
illi gratum feceris.
Par ce moyen tu te tireras de toute
l'embrouille et tu lui feras plaisir.
1 hac re et te
omni tvrba evolves causa quaesita, cur ante iurgium cum
milite Thais nesciat uitiatam uirginem. 2 et illi gratvm
feceris cui nisi uirgini? cuius crimen et supra silentio
texeris praesertim tacentis iniuriam suam et sic dolentis amissam
uirginitatem, ut nec confessionem calamitatis suae subire
possit.
1 hac re et te
omni tvrba evolves on cherche la raison pour laquelle
Thaïs, avant sa dispute avec le soldat, ignore que la jeune fille
a été déshonorée. 2 et illi gratvm feceris à qui,
si ce n'est à la jeune fille, dont, par surcroît, tu auras caché
le crime par ton silence, alors qu'elle tait l'injustice qu'elle a
subie et déplore la perte de sa virginité sans avoir à subir
l'aveu de son malheur ?
id modo dic, abisse Dorum. Py.-ita
faciam. Do.-sed uideon Chremen?
Dis seulement ça, que Dorus est
parti. Py.-C'est ce que je vais faire. Do.-Mais n'est-ce pas
Chrémès que je vois ?
id modo dic abisse dorvm id pro hoc, subiunctiuum pro
praepositiuo.
id modo dic abisse dorvm id est mis pour
hoc,
anaphorique pour cataphorique.
Thais iam aderit. Py.-quid ita?
Do.-quia, cum inde abeo, iam tum occeperat
Thaïs sera bientôt ici.
Py.-Pourquoi ça ? Do.-Parce que, quand je suis partie de là-bas,
ça avait déjà commencé,
1 thais iam
aderit bene dixit: huic enim aderit Thais. 2 qvia cvm
inde aliam ex alia causa supposuit, quasi dicat uideo
causam.
1 thais iam
aderit bien dit : car Thaïs va venir à lui. 2 qvia cvm
inde il suppose une raison à partir d'une autre, comme
s'il disait je vois la cause.
turba inter eos. Py.-tu aufer aurum
hoc. ego scibo ex hoc quid siet.
la dispute entre eux. Py.-Toi,
emporte cet or ; moi, je vais savoir de lui ce qu'il en est.
scaena quinta
Pythias Chremes
Chr.-Attat data hercle uerba mihi
sunt: uicit uinum quod bibi.
Chr.-Eh mais ma foi ! on m'a payé
de mots ! Ce qui m'a vaincu c'est le vin que j'ai bu.
1 atat data hercle
verba mihi svnt vicit vinvm hic semigrauis inducitur uino
Chremes priorum memor, titubans in praesentibus, ut fere adpoti
solent. 2 atat atat interiectio est paulatim percepti
atque intellecti mali. 3 data verba fraus
facta. 4 data hercle verba a milite an a meretrice,
cuius iam pridem dolum malum in omni re suspectatus est? an magis
a uino quasi captioso aliquo data uerba sunt, quia bibere dulce
est, ebrium fieri turpissimum? adeo his quae sequuntur quasi
subtilem fraudem ebrietatis inducit. Plautus de uino «
pedes captat primo, luctator dolosus
est
317 »; Vergilius de uua idem «
temptatura pedes olim uincturaque
linguam
318 ».
1 atat data hercle
verba mihi svnt vicit vinvm arrive à ce moment Chrémès,
bien aviné, ayant bien en tête les faits antérieurs mais hésitant
sur les faits actuels, comme cela est souvent le cas avec les
personnes ivres. 2 atat atat est une
interjection qui signale qu'on a petit à petit perçu et interprété
un malheur278. 3 data verba comprendre un tour
qui a été joué. 4 data hercle verba joué par le
soldat ou par la courtisane, dont il soupçonne depuis peu un
mauvais coup dans cette affaire ? ou n'est-ce pas plutôt le vin
qui, comme un enjôleur, lui a joué un tour, parce que si boire est
agréable, s'enivrer est une infâmie ? d'ailleurs, avec les
répliques suivantes, il met en scène la ruse subtile de l'ivresse.
Plaute dit du vin : « pedes captat primo, luctator dolosus est »
(il t'attrape d'abord les pieds, c'est un lutteur fourbe) ;
Virgile de même dit du raisin « temptatura pedes olim uincturaque
linguam » (il va bientôt vous tenir les pieds et vous lier la
langue).
Et, pendant que j'étais à table, il
me semblait que j'étais joliment sobre ;
1 ac dvm
accvbabam hic uerba data sunt. 2 qvam videbar
mihi esse pvlchre sobrivs nihil elegantius: non dixit
uidebar mihi tunc esse
sobrius, sed ut hoc ipsum iam erroris esset ac
uinolentiae, uidebar
mihi inquit nimium sobrius. 3 pvlchre
fortiter
ac nimis.
1 ac dvm
accvbabam c'est là qu'on lui a joué le tour. 2 qvam
videbar mihi esse pvlchre sobrivs on ne saurait mieux
dire : il ne dit pas je me faisais l'effet à ce moment-là d'être
sobre mais, pour montrer qu'on a là les effets mêmes
de l'erreur et de l'ivresse, je me faisais l'effet d'être trop
sobre. 3 pvlchre signifie fortiter (fort) et
nimis
(trop).
postquam surrexi neque pes neque
mens satis suum officium facit.
quand je me suis levé, ni mes
pieds, ni ma tête ne font plus bien leur service.
1 neqve
pes ad incessum, neqve
mens ad facta et dicta. 2 satis svvm
officivm facit bene: nec enim omnino non facit, nam hoc
insaniae est, sed non satis facit, quod est ebrietatis.
1 neqve
pes se réfère à sa démarche, neqve mens à ses faits et dires. 2 satis svvm
officivm facit bien trouvé : car il ne dit pas que les
organes ne fonctionnent pas du tout, ce qui est le propre de la
folie, mais ils ne fonctionnent pas assez bien, ce qui est le
propre de l'ivresse.
Py.-Chreme. Chr.-quis est? ehem
Pythias quanto nunc formosior
Py.-Chrémès ! Chr.-Qui est là ?
Tiens, Pythias ! Oh ! combien plus jolie
1 qvis est ehem
pythias εἰρωνικῶς et satis miro exemplo mutatam
credit, postquam ipse mutatus est. 2 qvanto nvnc
formosior videre mihi qvam dvdvm hoc multum Academicos
iuuat, qui aiunt, prout habiti fuerimus atque affecti, ita nobis
aliud atque aliud uideri et ideo nihil certi comprehendi
posse.
1 qvis est ehem
pythias dit par ironie (εἰρωνικῶς) et avec un exemple remarquable
il croit que c'est elle qui a changé alors que c'est
lui. 2 qvanto nvnc formosior videre mihi qvam dvdvm
voilà qui plaît beaucoup aux philosophes de l'Académie279, qui
disent que, selon notre humeur et notre tempérament, nous trouvons
bon telle ou telle chose, en sorte qu'on ne peut rien saisir de
certain.
uidere mihi quam dudum! Py.-certe
tu quidem pol multo hilarior.
tu me parais à cette heure que tout
à l'heure ! Py.-En tout cas, toi, nom d'un chien, tu es beaucoup
plus souriant.
1 certe tv qvidem
pol et certe et pol haec dixit, ut appareret hanc uere
loqui quae sobria est, illum uero ex uino falli. 2 Et honorifice atque ut sobria non dixit
temulentior <aut> lasciuior <sed hilarior>.
1 certe tv qvidem
pol elle dit à la fois certe (certes) et pol (parbleu) pour
bien montrer qu'elle, qui est sobre, dit la vérité alors que lui
se trompe sous l'effet du vin. 2 Et
pour lui faire honneur et parce qu'elle est sobre, elle ne dit pas
bien
éméché ou bien folâtre mais bien gai .
Chr.-uerbum hercle hoc uerum erit
« sine Cerere et Libero friget Venus ».
Chr.-Le proverbe, ma foi, se
vérifiera : « Sans Cérès ni Bacchus, Vénus grelotte ».
1 verbvm hercle
hoc id est prouerbium, ut in Andria «
uerum illud uerbum est, uulgo quod dici
solet
319 ». 2 sine cerere et libero friget venvs hoc si ad
sententiam reuoces, non conueniet ebrio, si ad petulantiam, quam
scite dictum est! nam et improbior factus est et, cum tropice
locutus sit, tamen ordinem naturalem seruauit; nam primum cibus,
deinde potus, postremo libido ueneria. friget autem, quia
omnis huiuscemodi uoluptas in calore sanguinis constituta est, qui
his rebus alitur. 3 Et friget proprie
non
adhaeret; translatum est enim hoc prouerbium
friget a
picatione uasorum, quae frigida picem non tenent, cum alia multa
meliora sint ad usum frigida, ut ferrum, aurum et argentum et
cetera huiusmodi. nam sic alibi ait «
ubi friget, huc euasit
320 ». 4 Et uide tres
μετωνυμίας ·
Cererem, Liberum, Venerem.
1 verbvm hercle
hoc c'est-à-dire le proverbe, comme dans
L'Andrienne « uerum illud uerbum est, uulgo quod dici
solet ». 2 sine cerere et libero friget venvs si on
s'en tient à l'énoncé, il ne conviendra pas à un homme ivre, mais
si on l'applique à son étourderie, comme c'est sagement dit ! car
d'une part il s'est conduit honteusement, d'autre part, bien qu'il
ait parlé par tropes, il n'en a pas moins respecté l'ordre
naturel : car il y a d'abord la nourriture, ensuite la boisson,
ensuite le désir sexuel. friget (elle a froid), parce que ce
genre de désir se manifeste grâce à la chaleur du sang, qui se
nourrit de ces choses. 3 Et
friget au
sens propre signifie non adhaeret (ça n'adhère pas) ; car ce
proverbe friget vient d'une métaphore tirée de
l'enduit des récipients en terre cuite, lesquels, quand ils sont
froids, ne retiennent pas l'enduit, alors que beaucoup d'autres
matières sont bien meilleures à l'usage à froid, comme le fer,
l'or, l'argent et d'autres de cet acabit. En effet, Térence dit
ailleurs « ubi friget, huc euasit ». 4 Et voyez les trois métonymies (μετωνυμίας) Cérès,
Liber, Vénus.
sed Thais multo ante uenit?
Py.-anne abiit iam a milite?
Mais Thaïs est arrivée depuis
longtemps ? Py.-Elle est déjà partie de chez le soldat ?
sed thais mvlto ante venit interrogatiue
pronuntiandum est. et scias de his esse interrogationibus hanc
ipsam, in quibus ita quaerimus, ut quod interrogatur responsuri
nobis ipsi nescire uideantur.
sed thais mvlto ante venit à prononcer sur
le mode interrogatif. Et il faut savoir que c'est l'une de ces
questions que nous posons sans que ceux qui vont répondre nous
paraissent savoir sur quoi porte la question.
Chr.-iamdudum, aetatem. lites
factae sunt inter eos maximae.
Chr.-Ça fait longtemps, un siècle.
Le litige qu'il y a eu entre eux est énorme.
1 iamdvdvm
aetatem quia iamdudum infinitae morae est, addidit
aetatem,
ut ostenderet multum abiisse temporis, ut factum est. 2 iamdvdvm
aetatem pro longinquo tempore, ut Lucilius «
ut multos mensesque diesque, non tamen
aetatem
321 ». 3 aetatem diu longoque et prolixo tempore, ut
est aetas. nam sic dicimus de
die
et
dieculam
, aliquantulam moram.
1 iamdvdvm
aetatem comme iamdudum (voilà longtemps) n'implique
pas de limite temporelle, il ajoute aetatem (un siècle) pour montrer qu'il
s'est écoulé beaucoup de temps, ce qui est le cas. 2 iamdvdvm
aetatem signifie un temps long ; ainsi chez Lucilius « ut
multos mensesque diesque, non tamen aetatem » (de nombreux mois et
jours, tout de même pas un siècle). 3 aetatem
longtemps, et pendant une durée longue et étendue, comme l'est le
siècle. Car de la même façon, nous disons diecula pour dies pour désigner un court moment.
Py.-nihil dixit ut453 sequerere sese? Chr.-nihil, nisi abiens mihi
innuit.
Py.-Elle ne t'a pas dit de la
suivre ? Chr.-Pas du tout. Sauf qu'en partant elle m'a fait un
signe.
1 nihil dixit vt
seqverere sese pro non. Vergilius «
deponunt animos
n.
nil
m.
magnae
l.
laudis
e.
egentis
322 ». 2 nihil nisi abiens mihi innvit apparet et
quasi iratam discessisse Thaidem a milite et tamen sic iratam, ut
illi ira consilium non ademerit: innuit inquit cum abiret.
1 nihil dixit vt
seqverere sese nihil est mis pour non. De même chez
Virgile « deponunt animos nil magnae laudis egentis » (on laisse
partir des âmes qui n'ont en rien besoin d'une grande
gloire). 2 nihil nisi abiens mihi innvit il est clair
que Thaïs a quitté le soldat comme en colèrecolère, mais sans pour
autant que cette colèrecolère lui ait ôté tout jugement : Chrémès
dit elle m'a fait
signe en s'en allant.
Py.-Eh bien ! n'était-ce pas
assez ? Chr.-Mais je ne savais pas que c'était cela qu'elle
voulait dire, sauf que
1 eho nonne id sat
erat adeo simplex hic inducitur adulescens, ut a Pythia
reprehendi possit. nam quid opus fuit dicere, si innuit? 2 sed
nesciebam id dicere illam dicere pro uelle significare. sic alibi «
quasi tu dicas factum id consilio
meo
323 ». 3 nisi qvia correxit miles qvod intellexi
minvs hoc uidetur sapientius et facetius dici quam ab
ebrio rustico adulescentulo debuisset. hoc uitium tunc fit, cum
ingenium suum poetae in personas conferunt.
1 eho nonne id sat
erat c'est un jeune homme si simplet qui est mis en scène
ici que Pythias peut le reprendre. Car quel besoin y avait-il de
parler dès lors qu'elle a fait un geste ? 2 sed nesciebam id
dicere illam dicere est mis pour uelle significare (vouloir
dire). De même : « quasi tu dicas factum id consilio
meo ». 3 nisi qvia correxit miles qvod intellexi
minvs la chose paraît trop sage et spirituelle pour un
jeune campagnard ivre. Ce défaut se produit quand les poètes
transfèrent leur propre génie sur leurs personnages.
correxit miles, quod intellexi
minus; nam me extrusit foras.
le soldat a corrigé ce que je
n'avais pas bien compris ; il m'a flanqué à la porte.
qvod intellexi minvs uerisimile hunc tantum
extrusum, non etiam uapulasse, quia miles magis Thaidi quam huic
irascitur.
qvod intellexi minvs il est vraisemblable
que Chrémès a seulement été mis dehors mais n'a pas été jusqu'à
prendre une rossée, car le soldat en veut davantage à Thaïs qu'à
lui.
sed eccam ipsam: miror ubi ego huic
anteuerterim.
Mais la voici justement. Je me
demande bien où j'ai pu la dépasser.
1 miror vbi ego
hvic anteverterim ubi in qua parte uiae. 2 hvic
anteverterim hanc praecesserim.
1 miror vbi ego
hvic anteverterim ubi signifie à quel endroit du
chemin. 2 hvic anteverterim je l'ai dépassée.
scaena sexta
Pythias Chremes Thais
739 | 740 | 741 | 742 | 743 | 744 | 745 | 746 | 747 | 748 | 749 | 750 | 751 | 752 | 753 | 754 | 755 | 756 | 757 | 758 | 759 | 760 | 761 | 762 | 763 | 764 | 765 | 766 | 767 | 768 | 769 | 770
Th.-Credo equidem illum iam
adfuturum esse, ut illam a me eripiat: sine ueniat.
Th.-Je crois pour ma part qu'il ne
va pas tarder à être là pour me l'arracher. Laisse-le venir.
1 credo eqvidem
illvm iam adfvtvrvm uides, ut ex ipsis apparet uerbis,
quam concita et recens a litigio Thais ueniat. itaque nec nominat
militem aut uirginem, sed pronomine utrumque significat quasi in
medio constituta negotio. 2 adfvtvrvm esse eum uidi
aduenturum, ut «
adfuit et Mnestheus
324 ». 3 sine veniat cui dicit sine? nulli, sed
comminantis est, ut «
sine modo
325 ».
1 credo eqvidem
illvm iam adfvtvrvm on voit, comme cela apparaît des
termes mêmes, à quel point Thaïs est émue et encore toute à sa
dispute au moment d'entrer en scène. C'est pourquoi elle ne donne
pas le nom du soldat ni de la jeune fille mais les désigne tous
les deux par un pronom, comme quelqu'un qui est à plein dans son
affaire. 2 adfvtvrvm esse je l'ai vu sur le point
d'arriver, comme dans « adfuit et Mnestheus » (Mnesthée aussi
arriva). 3 sine veniat à qui dit-elle laisse ? A personne,
mais c'est une forme de menace, comme dans « sine modo ».
Mais s'il la touche ne serait-ce
que du bout du doigt, on lui arrachera immédiatement les yeux.
1 atqve si illam
digitvlo attigerit vno moris <est> comminantium ad
exiguum reuocare commissa, quae se ulturos praedicent. 2 ocvli
ilico effodientvr et femineae minae sunt et in libidinosos
quam maxime; nam hunc amatorem suspicatur esse uirginis. sic et
alibi «
ut ego illi facile in oculos inuolem
uenefico!
326 » in oculos autem maxime saeuire feminas et tragoediae
fere et comoediae protestantur.
1 atqve si illam
digitvlo attigerit vno c'est l'usage de ceux qui profèrent
une menace que de minimiser les faits commis dont ils affirment
qu'ils vont se venger. 2 ocvli ilico effodientvr et ce
sont des menaces féminines280 et dirigées surtout
contre les libidineux ; car elle le soupçonne d'être l'amant de la
jeune fille. De même ailleurs « ut ego illi facile in oculos
inuolem uenefico ! ». De fait, c'est surtout aux yeux que les
femmes affirment vouloir s'en prendre dans les tragédies presque
généralement comme dans les comédies.
usque adeo ego illius ferre possum
ineptias458 et magnifica uerba,
Le moment où je peux supporter ses
inepties et ses discours grandiloquents,
1 vsqve adeo ego
illivs ferre possvm ineptias et magnifica verba non dixit
usque adeo illum
possum amare, sed quam insuauis iam diu sit, ostendit
dicendo ferre
possum. 2 Et cito
ostendit, quae sit amicitia militis: ineptias inquit et magnifica uerba.
1 vsqve adeo ego
illivs ferre possvm ineptias et magnifica verba elle ne
dit pas usque adeo
illum possum amare (je peux l'aimer jusqu'à un certain
point), mais elle montre comme il est désagréable depuis longtemps
en disant je peux le
supporter. 2 Et elle
montre aussitôt quelle sorte d'amitié elle a pour le soldat281 : elle parle de ses sottises et de ses formules qui en
jettent.
uerba dum sint; uerum quae459 si ad rem conferentur, uapulabit.
c'est tant que ça reste des
discours ; mais si on passe aux actes, il va morfler !
1 verba dvm
sint hoc est: quae uim non admisceant. 2 qvae si ad rem
conferentvr vapvlabit si discesserit a uerbis et rem
experiri uolet, uapulabit. 3 Et bona
locutio, ut si dicas: uerba ad rem contulit, hoc est: agere
quod dicebat aggressus est.
1 verba dvm
sint c'est-à-dire qui n'ajoutent pas des coups. 2 qvae si ad
rem conferentvr vapvlabit dès qu'il aura renoncé aux mots
et qu'il voudra essayer de passer à l'acte, il se fera casser la
figure. 3 Et c'est une bonne
expression, comme si on disait : uerba ad rem contulit (il a comparé les
mots à la chose), c'est-à-dire il a commencé à faire ce qu'il
disait.
Chr.-Thais, ego iamdudum hic adsum.
Th.-o mi Chreme, te ipsum exspectabam.
Chr.-Thaïs, moi, ça fait déjà un
moment que je suis là. Th.-Mon cher Chrémès, c'est justement toi
que j'attendais.
scin tu turbam hanc propter te esse
factam? et adeo ad te attinere hanc
Sais-tu que c'est à cause de toi
que cet esclandre a eu lieu et qu'ainsi c'est de toi que
dépend
omnem rem? Chr.-ad me? quid460? quasi istuc... Th.-quia, dum tibi sororem studeo
toute la chose ? Chr.-De moi !
Comment ? comme si cela... Th.-Parce que, pendant que pour toi, ta
sœur, je m'efforce
ad me qvid qvasi istvc et rusticus et
timidus et pudens commotus est meretriculae dicto.
ad me qvid qvasi istvc c'est un paysan
timide et réservé qui se laisse démonter par le propos d'une
courtisane de rien du tout.
reddere ac restituere haec atque
huiusmodi sum passa multa461
de te la rendre et de te la
ramener, voilà ce que j'ai subi et beaucoup du même genre.
1 haec atqve
hvivsmodi svm passa mvlta facunde meretrix et haec imputat
adulescenti quae uidit et alia quibus non interfuit. 2 reddere ac
restitvere proprie redditur cupientibus, uti domino seruus,
restituitur cupiens, ut patriae ciuis,
et redditur et restituitur
<cupientibus> cupiens, ut parentibus filius. 3 Ergo in hac utrumque est: et reddi et
restitui.
1 haec atqve
hvivsmodi svm passa mvlta la courtisane s'exprime avec
faconde et elle met sur le compte du jeune homme ce qu'il a vu de
ses yeux et ce à quoi il n'a pas assisté. 2 reddere ac
restitvere au sens propre, un individu est rendu (redditur) à
qui le souhaite, comme par exemple un esclave à son maître, un
individu qui le souhaite est restitué (restituitur), comme un citoyen
à sa patrie, et une personne qui le souhaite est à la fois
rendue
(redditur) et restituée (restituitur) à qui le
souhaite, comme un fils à ses parents. 3 Donc, pour la petite jeune fille, c'est l'un et
l'autre : on la rend et on la restitue.
Chr.-ubi ea est? Th.-domi apud me.
Chr.-hem. Th.-quid est?
Chr.-Où est-elle ? Th.-A la maison,
chez moi. Chr.-Ah ! Th.-Qu'est-ce qu'il y a ?
hem extimuit adulescens, quod sororem suam
in domo meretricis esse audiuit, cui rei occurrit Thais
statim.
hem le jeune homme prend peur parce qu'il
apprend que sa sœur est dans la maison de la courtisane, situation
à laquelle elle a aussitôt pourvu.
educta ita ut teque illaque
dignum462. Chr.-quid ais? Th.-id
quod res est.
Elle a été élevée d'une façon digne
de toi et d'elle-même. Chr.-Que dis-tu ? Th.-Ce qui est.
1 edvcta
subauditur est domi
apud me. 2 edvcta ita vt teqve illaqve est
dignvm bene purgauit, quod ex quaestu meretricio
exspectabatur: non, inquit, ut me dignum est, apud me
est. 3 qvid ais recte, quia mirum apud meretricem
liberaliter <hanc esse eductam>.
1 edvcta
sous-entendre elle est
à la maison, chez moi. 2 edvcta ita vt
teqve illaqve est dignvm elle se justifie bien du reproche
selon lequel la petite était prévue pour pratiquer le métier de
courtisane en disant non pas elle a été élevée d'une façon digne
de moi mais chez moi. 3 qvid ais bien dit, parce qu'on
peut s'étonner que la petite ait été élevée selon les bonnes
manières chez une courtisane.
hanc tibi dono do neque repeto pro
illa quicquam abs te pretii.
Cette fille, je te la donne en
cadeau et ne te demande en retour pour elle aucune forme de
dédommagement.
1 hanc tibi dono
do melius dixit quam dono, ut dominus potior sit uel
deus. 2 neqve repeto pro illa qvicqvam abs te pretii
ex e? quod potuit iure facere, beneficium demonstrauit oratorie
dicens se id non esse facturam.
1 hanc tibi dono
do elle dit mieux qu'en disant je t'en gratifie (dono), en
sorte qu'elle en fait un maître plus puissant qu'elle ou un
dieu. 2 neqve repeto pro illa qvicqvam abs te pretii
d'une chose qu'elle aurait pu faire légitimement, elle fait un
bienfait en disant de façon tout oratoire qu'elle ne la fera
pas.
Chr.-et habetur et referetur,
Thais, ita uti merita es gratia.
Chr.-On a et on te rendra, Thaïs,
toute la reconnaissance que tu as méritée.
et habetvr et refertvr thais qui habet apud
se gratiam, nondum rettulit; rettulit qui destitit habere. multum ergo hic
dixit: et habituiri gratiam et restitutuiri tamen. quem
sensum transtulit Sallustius in bellum Iugurthinum «
arma, pecuniam sume utere, et quoad
uixeris, numquam tibi redditam gratiam putaris: semper apud me
integra erit56
327 ».
et habetvr et refertvr thais celui qui sait
gré n'a pas encore rendu la pareille ; a rendu la pareille celui
qui n'a plus besoin de savoir gré. Du coup, ici il dit beaucoup :
et qu'il lui en saura gré et qu'il lui rendra la pareille. C'est
ce sens que Salluste exploite métaphoriquement dans Jugurtha
« arma, pecuniam sume utere, et quoad uixeris, numquam tibi
redditam gratiam putaris : semper apud me integra erit » (prends
pour les utiliser mes armes, mon argent et, tant que tu seras en
vie, ne crois pas que je serai quitte à ton égard de ma dette de
reconnaissance : elle restera entière pour moi).
Th.-at enim caue ne prius quam hanc
a me accipias amittas, Chreme;
Th.-Mais prends garde, avant même
que je l'aie remise entre tes mains, de la perdre, Chrémès ;
1 ne privs qvam
hanc accipias
a.
amittas
c.
chreme
hoc in comoedia licet more uulgi dicere;
ceterum non potest amitti quod nondum acceptum sit. 2 An quia iam dudum sumptum est?
1 ne privs qvam
hanc accipias amittas chreme il est permis en comédie
d'user d'un registre populaire ; par ailleurs on ne peut pas
perdre ce qu'on n'a pas encore reçu. 2 Ou alors est-ce parce que cela fait longtemps que
ç'a été pris ?
nam haec ea est quam miles a me ui
nunc ereptum uenit.
car c'est elle que le soldat vient
maintenant m'arracher de force.
nam haec ea est qvam miles a
m.
me
vi
n.
nvnc
e.
ereptvm
v.
venit
non ad terrendum, sed ad parandum animum
adulescentis haec dixit, quem audacem putat aliter ac res ipsa
est. nam mox Thais mutabit orationem et dicet «
quicum res tibi est, peregrinus est,
minus potens quam tu,
m.
minus
n.
notus
,
m.
minus
a.
amicorum
h.
hic
h.
habens
328 ».
nam haec ea est qvam miles a me vi nvnc ereptvm
venit ce n'est pas pour lui faire peur qu'elle dit cela,
mais pour qu'il prépare son courage de jeune homme, qu'elle juge
autrement audacieux que ce n'est le cas en réalité. Car bientôt
Thaïs changera de discours et lui dira « quicum res tibi est,
peregrinus est minus potens quam tu, minus notus, minus amicorum
hic habens ».
abi tu, cistellam, Pythias, domo
ecfer cum monumentis.
Va, toi ; la cassette, Pythias,
apporte-la de la maison avec les preuves.
cvm monvmentis haec sunt, quae Graeci dicunt
σπάργανα.
cvm monvmentis il s'agit de ce que les Grecs
appellent σπάργανα (vieux vêtements).
Chr.-uiden tu illum, Thais,...
Py.-ubi sita est? Th.-in risco: odiosa cessas.
Chr.-Tu le vois, Thaïs... Py.-Où se
trouve-t-elle ? Th.-Dans le coffre. Tu es insupportable,
arrête.
1 viden tv illvm
thais longe uidere timoris est indicium. 2 vbi sita
est trepidantes personas miscuit. 3 in risco
cista pelle contecta; nomen Phrygium.
1 viden tv illvm
thais le voir arriver de loin est un signe
d'appréhension. 2 vbi sita est le passage mêle
des personnages agités. 3 in risco c'est un coffret
recouvert de cuir ; le mot est phrygien282.
Chr.-militem secum ad te quantas
copias adducere?
Chr.-Le soldat, avec lui, contre
toi, quelles troupes considérables il amène !
qvantas copias addvcere proprie dixit
copias,
nam sic dicuntur legiones in unum collectae. conuenit tamen rudi
et rustico adulescenti sex homines copias dicere: militem,
parasitum, Donacem, Syriscum, Simalionem, Sangam.
qvantas copias addvcere copiae est pris au
sens propre, car c'est ainsi qu'on appelle des légions rassemblées
en un seul point. Cela convient bien tout de même à un jeune homme
fruste et campagnard d'appeler troupes un groupe de six hommes, le
soldat, le parasite, Donax, Syriscus, Simalion et Sanga.
attat... Th.-num formidulosus
obsecro es, mi homo? Chr.-apage sis:
Houlà ! Th.-Est-ce que par hasard
tu serais peureux, s'il te plaît, mon bonhomme ? Chr.-Go back
home, s'il te plaît !
1 nvm formidolosvs
obsecro es
m.
mi
h.
homo
formidulosus et terribilis et
timidus
intellegitur. 2 apage sis Plautus in Trinummo «
apage amor
329 »57.
1 nvm formidolosvs
obsecro es mi homo formidulosus signifie à la fois
terribilis
(terrible) et timidus (craintif). 2 apage
sis De même Plaute dans Trinummus « apage
amor » (fiche le camp, amour).
egon formidulosus? nemo est hominum
qui uiuat minus.
Moi peureux ? Il n'y a pas d'âme
qui vive qui le soit moins.
Th.-Et c'est ce qu'il faut !
Chr.-Holà, j'ai peur à l'idée de l'homme que tu crois que je
suis.
1 atqve ita opvs
est ut minus formidulosus sis. 2 metvo qvalem me
h.
hominem
e.
esse
uidetur ebrius factus hic Chremes iam etiam
displicere nolle mulieri; nam idcirco fatetur se timere malam de
se opinionem Thaidis. 3 Et metvo qvalem noue dixit pro
metuo ne
ignores.
1 atqve ita opvs
est à savoir que tu sois moins froussard. 2 metvo qvalem me
hominem existimes il semble que Chrémès, tout ivre qu'il
soit, ne veuille tout de même pas déplaire à la jeune femme ; car
il avoue craindre que Thaïs n'ait de lui une mauvaise
opinion. 3 Et metvo qvalem est une construction inédite
pour metuo ne
ignores (j'ai peur que tu ignores).
Th.-immo hoc cogitato: quicum res
tibi est peregrinus est,
Th.-Réfléchis plutôt à cela : celui
à qui tu as affaire est un étranger,
1 peregrinvs est
minvs potens qvam tv ipsa nunc eloquitur, quid efficiatur
ex eo quod ait peregrinus est. 2 minvs potens
qvam tv bene sic dixit, quia tardum fuit dicere ille
impotens, tu potens etc.
1 peregrinvs est
minvs potens qvam tv elle-même développe maintenant les
conséquences qui découlent de ce qu'elle dit : il est
étranger. 2 minvs potens qvam tv c'est bien dit, car il
serait fastidieux de dire lui n'a pas de pouvoir, toi tu en as,
etc.
minus potens quam tu, minus notus,
minus amicorum hic habens.
moins puissant que toi, moins connu
et ayant ici moins d'amis.
Chr.-scio istuc. sed tu quod cauere
possis stultum admittere est.
Chr.-Je sais cela. Mais toi, ce que
tu peux éviter, il est idiot de l'accepter.
1 sed tv qvod
cavere
p.
possis
s.
stvltvm
a.
admittere
e.
est
ostendere uult Terentius plures sententias ad
timiditatem congruere quam ad audaciam: nam et mox dicturus est
«
omnia prius experiri quam
a.
armis
s.
sapientem
d.
decet
330 », quia ex prouidentia timor, ex audacia temeritas
prouenit. 2 stvltvm <admittere est stultum> est
fieri sinere. 3 Et melius
dixit quam pati: hoc generale est. nam nunc
admittere
pati fieri significat.
1 sed tv qvod
cavere possis stvltvm admittere est Térence veut montrer
que plusieurs maximes révèlent davantage de poltronerie que
d'audace : car il dira ci-dessous « omnia prius experiri quam
armis sapientem decet », parce c'est de la prudence que naît la
crainte et de l'audace que naît la témérité. 2 stvltvm
admittere est il est sot de laisser faire. 3 Et c'est mieux dit que pati (supporter), qui
est plus général. Car en fait admittere signifie supporter que quelque
chose se fasse.
malo ego nos prospicere quam hunc
ulcisci accepta iniuria.
Je préfère moi nous prémunir que
nous venger de lui une fois l'outrage reçu.
1 malo ego nos
prospicere pro cauere ne fiat, id est
prospicere et cauere: ab eo quod praecedit id quod
sequitur. 2 accepta inivria hic causa ostenditur, cur
illud malit.
1 malo ego nos
prospicere mis pour cauere ne fiat (veiller à ce que ça ne
se fasse pas), c'est-à-dire prendre ses précautions et veiller :
il tire la suite de ce qui précède. 2 accepta
inivria voici la raison de sa préférence.
tu abi atque obsera ostium intus,
dum ego hinc transcurro ad forum:
Toi, va et ferme la porte de
l'intérieur pendant que moi, je cours d'ici au forum.
1 tv abi atqve
o.
obsera
o.
ostivm
i.
intvs
pauidi consilium nihil aliud continet praeter
claustra et fugam; nam sera est claustrum ianuae. 2 dvm ego
h.
hinc
t.
transcvrro
a.
ad
f.
forvm
transcurro dixit, non curro, ut
proximitatem fori ostenderet.
1 tv abi atqve
obsera ostivm intvs la décision du pleutre ne concerne
rien d'autre que les serrures et la fuite ; car sera (barre, serrure,
verrou) désigne la serrure de la porte. 2 dvm ego hinc
transcvrro ad forvm il dit transcurro et non curro (je cours),
pour montrer que le forum est tout proche.
uolo ego adesse hic aduocatos nobis
in turba hac. Th.-mane.
Ce que je veux, moi, c'est qu'il y
ait ici des défenseurs pour nous dans l'esclandre que voilà.
Th.-Attends.
1 volo ego
a.
adesse
quasi minus timeat, cupio non inquit sed
uolo. 2 in tvrba
hac uide timidum turbam appellare, in qua mulier non
timet.
1 volo ego
adesse comme s'il avait moins peur, il ne dit pas
cupio (je
souhaite), mais uolo. 2 in tvrba
hac voyez que le craintif appelle turba (émeute)
quelque chose qui ne fait pas peur à la jeune femme.
Chr.-melius est. Th.-mane.
Chr.-omitte: iam adero. Th.-nihil opus est istis, Chreme.
Chr.-Cela vaut mieux. Th.-Attends.
Chr.-Laisse tomber. Je reviens tout de suite. Th.- Tu n'as pas
besoin d'eux, Chrémès.
1 melivs
est fugae occasionem hic cupit dari. 2 mane hoc
gestu iam adiuuatur. 3 omitte iam
a.
adero
ex huius uerbis apparet etiam manu
comprehensum esse adulescentem. 4 omitte iam
a.
adero
quia causam probari non uidet, celeritatem
redeundi pollicetur. 5 nihil opvs est istis istis utrum
aduocatis
an istis
omnibus quae
dixisti?, ut Vergilius «
aut quid petis istis?
331 ».
1 melivs
est il souhaite qu'on lui donne une occasion de
s'enfuir. 2 mane cette réplique s'accompagne bien d'un
geste. 3 omitte iam adero on voit à ses mots que le
jeune homme a été retenu de la main. 4 omitte iam
adero comme il voit que son excuse n'est pas acceptée, il
promet de revenir vite. 5 nihil opvs est istis faut-il
suppléer aduocatis (nul besoin de ces
auxiliaires) ou omnibus quae dixisti (toutes ces choses
que tu as dites) ? ainsi Virgile « aut quid petis istis ? » (ou
qu'attends-tu de tout cela ?)
hoc modo dic, sororem illam tuam et
te paruam uirginem
Dis seulement ceci, qu'elle est ta
sœur et que toi, quand elle était toute petite,
1 hoc modo dic
sororem esse
i.
illam
t.
tvam
ordine exsequitur: primo utrum personam
habeat, dic
sororem inquit esse illam tuam; utrum negotium habeat,
et te paruam uirginem
amisisse ; cur hodie agat, nunc cognosse, et
unde probet, signa
ostende. 2 et
t.
te
p.
parvam
v.
virginem
a.
amisisse
haec omnia sic pronuntianda sunt, ut et iusta
et factu facilia demonstrentur.
1 hoc modo dic
sororem esse illam tvam elle fait son développement dans
le bon ordre : d'abord pour répondre à la question de la personne,
elle dit : dis que
c'est ta sœur ; sur la question de son affaire, elle
lui dit : dis que tu
l'as perdue quand elle était toute petite ; pour la
raison de son action ce jour : que tu l'as reconnue ; et pour la
question de la preuve : montre les signes. 2 et te parvam
virginem amisisse il faut dire tout cela d'une façon qui
rende les choses justes et faciles à faire.
amisisse, nunc cognosse. signa
ostende. Py.-adsunt. Th.-cape.
tu l'as perdue. Que maintenant tu
la reconnais. Montre les indices. Py.-Les voici. Th.-Prends.
si uim faciet, in ius ducito
hominem: intellextin? Chr.-probe.
S'il use de violence, traîne le
type au tribunal. As-tu compris ? Chr.-C'est bon.
si vim
f.
faciet
in ivs
d.
dvcito
h.
hominem
recte, quia uiolento ciuiliter resisti
solet.
si vim faciet in ivs dvcito hominem c'est
correct, parce qu'habituellement on résiste à la violence de façon
civilisée.
Th.-fac animo haec praesenti dicas.
Chr.-faciam. Th.-attolle pallium.
Th.-Rassemble ton courage pour lui
dire cela quand il sera là. Chr.-Je le ferai. Th.-Ne laisse pas
traîner ton pallium.
1 fac animo haec
praesenti dicas haec non dicerentur a Thaide, nisi in
illius uultu pauor nimius appareret. 2 faciam
adiuuandum pronuntiatione est faciam timide dictum. 3 attolle
pallivm ex huius uerbis Chremetis animum demonstrauit
nimium liberaliter pauidi adulescentuli. 4 attolle
pallivm uel quia simplex est uel quia ebrius, trahit
pallium Chremes.
1 fac animo haec
praesenti dicas cela ne devrait pas être dit par Thaïs, à
moins qu'une peur excessive ne se manifeste sur le visage de
Chrémès. 2 faciam il faut aider par la prononciation ce
faciam dit
sur un ton craintif. 3 attolle pallivm par ses mots il
nous est montré le caractère trop courtoisement apeuré de
Chrémès. 4 attolle pallivm ou parce qu'il est simplet
ou parce qu'il est ivre, Chrémès laisse traîner son manteau.
perii, huic ipsi est opus patrono,
quem defensorem paro.
Je suis morte. Celui-là même qui a
besoin d'un protecteur, c'est celui que je prends pour
défenseur.
perii hvic ipsi est opvs patrono
q.
qvem
d.
defensorem
p.
paro
haec meretricis querela rudem adulescentulum
magis et honeste natum quam culpandum esse demonstrat.
perii hvic ipsi est opvs patrono qvem defensorem
paro cette plainte de la courtisane révèle que le petit
jeune homme est plutôt fruste et de bonne famille que
coupable.
scaena septima
Chremes Thais Thraso Gnatho Sanga
771 | 772 | 773 | 774 | 775 | 776 | 777 | 778 | 779 | 780 | 781 | 782 | 783 | 784 | 785 | 786 | 787 | 788 | 789 | 790 | 791 | 792 | 793 | 794 | 795 | 796 | 797 | 798 | 799 | 800 | 801 | 802 | 803 | 804 | 805 | 806 | 807 | 808 | 809 | 810 | 811 | 812 | 813 | 814 | 815 | 816
Thr.-Hancine ego ut contumeliam tam
insignem in me accipiam, Gnatho?
Thr.-Cet affront si insigne, moi,
je l'accepterais, Gnathon ?
1 hancine ego vt
contvmeliam
t.
tam
i.
insignem
i.
in
m.
me
a.
accipiam
g.
gnatho
hic rursus inepti uanitas militis demonstratur
ad amicam tamquam ad hostilem exercitum pergentis irritato animo,
concito cursu, undanti chlamyde, trepidi et quatientis
caput. 2 Et haec
uerba pro hortatu imperatoris accipienda sunt, quandoquidem omnia
de exercitu transferuntur. 3 contvmeliam proprie et ut
miles. Sallustius «
ne quam contumeliam
332 » etc. 4 in me accipiam gnatho apparet
Gnathonem dehortatorem esse certaminis et ad pocula militem
prouocare, maxime cum uideat persuasisse ista consilia, ut hoc
certamen moueretur. 5 insignem et insignem ut miles
dixit, quia insignia armorum sunt.
1 hancine ego vt
contvmeliam tam insignem in me accipiam gnatho dans cette
scène, on montre de nouveau la vanité du stupide soldat qui court
vers sa maîtresse comme vers une armée ennemie, l'esprit bourru,
au pas de course, la chlamyde ondoyante, tout frémissant et
secouant la tête. 2 Et ces mots
doivent s'interpréter comme l'encouragement d'un général, puisque
tout est une métaphore militaire. 3 contvmeliam au sens propre et en soldat.
Salluste « ne quam contumeliam » etc. (de ne pas laisser une
flétrissure entacher l'honneur d'une armée victorieuse). 4 in me
accipiam gnatho on voit que Gnathon tâche de dissuader le
soldat de combattre et de l'encourager à boire, surtout en voyant
que ses conseils l'ont poussé à engager ce combat. 5 insignem
et insignem (insigne) dans la bouche du
soldat fait penser aux insignes (enseignes) militaires.
mori me satius est. Simalio, Donax,
Syrisce, sequimini.
J'aime mieux mourir. Simalion,
Donax, Syriscus, suivez-moi.
1 mori me sativs
est ridicula praesumptio, tamquam aduersus meretricem
<iurgia> numquam Thraso sumere ausurus esset nisi morte
proposita. ergo uelut mortis contemptu opus est ad tale
proelium. 2 mori me
s.
sativs
e.
est
tamquam aliter miles aduersus mulierem audere
non posset, uel quia nihil uel quia amator. 3 mori me
s.
sativs
e.
est
quasi ille sibi dicat uel molestum esse
certamen uel amicam non esse laedendam. 4 simalio
et hoc concite pronuntiandum. 5 seqvimini huiusmodi militia per tumultum
repente suscipitur et dicitur euocatio, ubi dux alloquitur ciues
qui rem
pu.
publicam
saluam uultis esse, sequimini! unde
Vergilius sic ait «
desuetaque bello
a.
agmina
i.
in
a.
arma
u.
uocat
s.
subito
fq.
ferrumque
r.
retractat
333 ». et alibi «
ipse
u.
uocat
p.
pugnas
;
s.
sequitur
t.
tunc
<
c.
cetera
>
p.
pubes
334 ».
1 mori me sativs
est assurance ridicule, comme si Thrason ne pouvait avoir
l'audace d'envisager un combat contre la courtisane que dans le
cas d'un combat à mort. Donc il faut qu'un tel combat se fasse
pour ainsi dire au mépris de la mort. 2 mori me sativs
est comme si un soldat ne pouvait oser agir autrement
envers une femme, soit parce que ce n'est rien qui vaille soit
parce qu'il est amoureux. 3 mori me sativs est c'est un peu
comme s'il se disait que le combat l'ennuie ou qu'il ne faut pas
blesser une maîtresse. 4 simalio il faut prononcer cela
en accéléré. 5 seqvimini la troupe est soutenue au milieu
de la mêlée par un cri soudain de ce genre, qui s'appelle
evocatio
283 (appel), quand le chef apostrophe ses
concitoyens en leur disant ceux d'entre vous qui voulez sauver la république,
suivez-moi ! D'où le vers de Virgile « desuetaque
bello agmina in arma uocat subito ferrumque retractat » (il
appelle aux armes soudain des troupes déshabituées de la guerre et
reprend en main son fer) et ailleurs « ipse uocat pugnas ;
sequitur tum cetera pubes » (lui-même appelle les combats ; alors
le reste de la jeunesse le suit).
primum aedes expugnabo. Gn.-recte.
Thr.-uirginem eripiam. Gn.-probe.
D'abord, je vais prendre la maison
d'assaut. Gn.-Affirmatif. Thr.-Je vais enlever la fille. Gn.-C'est
bon.
1 primvm aedes
expvgnabo debet hic esse uociferatio uana: ad hoc et
uerbum militis cum quodam motu ingenti et immanes minae sine ulla
ui rerum. 2 Et uana
comminatio, uelle aedes expugnare, cum foris sit meretrix.
1 primvm aedes
expvgnabo ce doit être une vocifération sans effet : il
faut pour cela des paroles du soldat accompagnées de grands gestes
et des menaces immenses sans aucune portée. 2 Et la menace de vouloir prendre d'assaut la maison
est vaine puisque la courtisane est dehors.
Thr.-male mulcabo ipsam.
Gn.-pulchre. Thr.-in medium huc agmen cum uecti, Donax;
Thr.-Je vais lui coller une raclée,
à elle. Gn.-Joli. Thr.-Ici, au milieu de la colonne, avec le
levier, Donax.
1 male mvlcabo
ipsam uide ordinem belli: expugnatio moenium, recuperatio
captarum rerum, poena praedonum. 2 pvlchre
postquam non obtinuit quod uolebat Gnatho, assentatur ad omnia.
uide autem manifestam irrisionem ex ipso genere laudandi; nam quid
est in aedium expugnatione recti? quid in uirginis ereptione
probitatis? quid in male mulcanda muliere pulchritudinis? sed hoc
est quod ait supra de se ipso parasitus «
quicquid
d.
dicunt
l.
laudo
335 ». 3 in medivm hvc agmen
c.
cvm
v.
vecti
d.
donax
mire composita ad contemptum nomina
legionariorum; nam Donax ab arundine nomen, ueluti sit inanis et
fragilis, Simalio a simio uel a simia deriuatum est ob foeditatem
oris uel nasi, Syriscus iam diminutiuum est a Syro. 4 in medivm
hvc ridicule satis armaturas leues non putat aduersus
Thaidem idoneas et ideo agmen cum uecti uult uenire in
medium. 5 An ideo cum uecti, quia ad
expugnationem uenitur aedium?
1 male mvlcabo
ipsam voyez là l'ordre conforme aux usages guerriers :
prise d'assaut des murailles, recouvrement de l'objet volé,
punition des brigands. 2 pvlchre faute d'avoir obtenu ce
qu'il voulait, Gnathon consent à tout. Voyez en outre la moquerie
manifeste qu'il y a dans ce type d'éloge : car qu'y a-t-il de
juste dans la prise d'assaut d'une maison ? quoi d'honnête dans
l'enlèvement d'une jeune fille ? quoi de beau dans le mauvais
traitement infligé à une femme ? Mais on a l'illustration de ce
que le parasite disait de lui ci-dessus « quicquid dicunt
laudo ». 3 in medivm hvc agmen cvm vecti donax ses
légionnaires ont des noms composés à connotation péjorative ; car
Donax tire son nom du roseau, comme s'il était creux et frêle,
Simalion tire le sien du nom du singe ou de la singesse, en raison
de la laideur de sa bouche ou de son nez, Syriscus est un
diminutif de Syrus (le Syrien). 4 in medivm
hvc pour faire rire, il pense que des armures légères ne
suffiront pas contre Thaïs et, pour cette raison, il réclame qu'on
vienne dans l'arène avec une barre. 5 Ou faut-il une barre parce qu'on vient pour
prendre d'assaut la maison ?
tu, Simalio, in sinistrum465; tu, Syrisce, in dextrum.
Toi, Simalion, à gauche ; toi,
Syriscus, à l'aile droite.
tv simalio in sinistrvm tv syrisce in dextrvm
c.
cedo
hic agmen instruitur. facetum autem est, cum a
rebus magnis res ridiculae deriuantur.
tv simalio in sinistrvm tv syrisce in dextrvm
cedo là, la colonne se met en place. Or c'est amusant
quand d'un domaine sérieux on tire des éléments qui font rire.
cedo alios: ubi centurio est Sanga
et manipulus furum? Sa.-eccum adest.
A moi, les autres ! Où est le
centurion Sanga et son manipule des voleurs ? Sa.-Présent !
1 cedo
alios non reliquos dixit sed alios, quasi multi
sint. 2 sanga nec Sangarius, saltem ut nomen
esset. 3 manipvlvs fvrvm proprie manipulus milites
centum Romani et Latini sub uno centurione, ex manipulo herbae,
quem pro signo sequebantur. merito igitur centurionem uidens
manipulum desiderauit, hoc est cocum uidens conuiuas desiderauit,
qui apparuerant, quotiens cocus affuit, id est conuiuium
instructum est. alii manipulum furum coci discipulos putant
dici. 4 eccvm adest pro se ac pro discipulis
Sanga.
1 cedo
alios il ne dit pas le reste, mais les autres, comme s'ils
étaient nombreux. 2 sanga et non pas Sangarius284 (Phrygien), pour qu'au moins ça
fasse un nom. 3 manipvlvs fvrvm au sens propre, un manipule
c'est cent soldats romains ou latins sous le commandement d'un
seul centurion ; le mot tire son nom de la poignée (manipulus285) d'herbes qu'ils
suivaient comme insigne. C'est donc à juste titre que voyant un
centurion, il réclame un manipule, c'est-à-dire que voyant un
cuisinier il réclame des invités, lesquels se montraient dès que
le cuisinier n'était plus là, donc le banquet est prêt. Certains
sont d'avis que le manipule de voleurs désigne la brigade de
cuistots du chef-cuisinier. 4 eccvm adest Sanga répond pour
lui et pour sa brigade de cuistots.
Thr.-quid ignaue? peniculon pugnare
qui istum huc portes, cogitas?
Thr.-Quoi, feignasse ? Te battre
avec ce torchon que tu portes, c'est ça ton idée ?
1 qvid ignave
p.
penicvlon
p.
pvgnare
apparet cocum ad repentinum strepitum sic
exisse, ut artem suam fuerat expediturus. 2 qvi
istvm peniculum scilicet.
1 qvid ignave
penicvlon pvgnare on voit que le cuisinier est arrivé tout
soudain pour la mêlée alors qu'il était en train de s'occuper de
son art. 2 qvi istvm la lavette évidemment.
Sa.-egone? imperatoris uirtutem
noueram et uim militum;
Sa.-Moi ! La valeur du général, je
la savais, et la force des soldats.
1 egone
imperatoris virtvtem
n.
noveram
haec causa est. 2 imperatoris
virtvtem noveram et vim
m.
militvm
hoc plus habebit salis, si sic intellectum
fuerit, ut Sanga uno et eodem tempore et quaerat quid dicat et
respondeat tamen hoc fieri saepe.
1 egone
imperatoris virtvtem noveram ça c'est la raison. 2 imperatoris virtvtem noveram et vim militvm
cela aura plus de sel si l'on fait comprendre qu'il est fréquent
que Sanga, en même temps qu'il se demande ce qu'il va bien pouvoir
dire, réponde tout de même.
sine sanguine hoc fieri non
posse466: qui abstergerem
uulnera?
Ça ne peut pas se faire sans
effusion de sang : avec quoi j'essuierais les blessures ?
1 sine sangvine
hoc fieri non posse ἀπροσδοκήτως: quid igitur, si hoc
sciebat? 2 qvi abstergerem vvlnera tamquam hoc fuerit
auxilii genus. 3 qvi hoc est unde. 4 vvlnera
quorum uulnera? utrum utriusque partis an, quod magis ridiculum
est, suorum?
1 sine sangvine
hoc fieri non posse propos dit contre toute attente
(ἀπροσδοκήτως) : pourquoi donc cela, s'il
le savait ? 2 qvi abstergerem vvlnera comme si l'outil
pouvait être d'un quelconque secours. 3 qvi
c'est-à-dire unde (d'où). 4 vvlnera
les blessures de qui ? celles des deux partis en présence ou, ce
qui est plus cocasse, les siennes propres ?
Thr.-ubi alii? Gn.-qui malum
« alii »? solus Sannio seruat domum467.
Thr.-Où sont les autres ? Gn.-Quels
foutus autres ? Il ne reste que Sannion pour garder la maison.
1 solvs
s.
sannio
s.
servat
d.
domvm
haec figura παρόμοιον dicitur. 2 solvs sannio
servat domvm ut «
sola mihi talis casus
C.
Cassandra
c.
canebat
336 ». 3 solvs sannio
s.
servat
d.
domvm
pro remanet et obseruat. nam seruat domum rectum
erat, non seruat
domi, si custodit intellegeretur. 4 Vel servat pro sedet et seruat, ab eo quod sequitur id quod
praecedit; nam non seruat nisi qui prius in eodem loco
sederit. 5 qvi malvm alii malum κατὰ παρένθεσιν suauiter infertur. Plautus
in Epidico «
quae, malum, haec impudentia est?
337 » et non interponitur malum nisi conuersis oculis ad eum, qui
id quod reprehendimus dixerit. 6 malvm
interiectio nunc est.
1 solvs sannio
servat domvm c'est la figure dite de l'allitération
(παρόμοιον). 2 solvs sannio
servat domvm comme « sola mihi talis casus Cassandra
canebat » (seule Cassandre m'annonçait ces épreuves). 3 solvs
sannio servat domvm mis pour remanet (il reste) et obseruat (il fait le
guet). Car seruat
domum (il garde la maison) était correct, mais non pas
seruat
domi (il garde à la maison), si l'on comprend
custodit
(il surveille). 4 Ou alors servat équivaut à sedet (il s'installe)
et seruat
(il garde) ; il tire la suite de ce qui précède; car on ne garde
pas sans s'être au préalable installé au même endroit. 5 qvi malvm
alii malum (fléau !) est agréablement mis
entre parenthèses (κατὰ
παρένθεσιν). De même Plaute dans L'Epidicus
« quae, malum, haec impudentia est ? » (fléau ! Qu'est-ce que
c'est que cette impudence ?) et on n'insère malum ! qu'en
tournant les yeux vers celui qui a dit ce que nous
blâmons. 6 malvm ici c'est une interjection.
Thr.-tu hosce instrue; ego hic ero
post principia: inde omnibus signum dabo.
Thr.-Toi, dispose-les. Moi je serai
là, derrière les premières lignes ; de là je donnerai le signal à
tous.
1 post
principia magnifice ad risum commouendum, nam dicere
debuit post
uos. et hunc locum sibi optimum elegit ut
timidus. 2 post principia militare dictum est. et
ambigunt multi, utrum in extremo agmine sit hic locus an in
medio. 3 inde omnibvs signvm dabo tamquam non omnibus
dari possit, si aliunde detur.
1 post
principia grandiloquent, pour provoquer le rire ; car il
aurait dû dire derrière vous. Et il a choisi en peureux
le lieu qui lui convient le mieux. 2 post
principia c'est du lexique militaire. Et les avis
divergent beaucoup pour savoir si le terme désigne l'arrière de la
colonne ou le milieu. 3 inde omnibvs signvm dabo comme
si on ne pouvait donner de signal à toute la troupe d'un autre
endroit.
Gn.-illuc est sapere: ut hosce
instruxit, ipse468 sibi cauit loco.
Gn.-Voilà qui est sage. Une fois
qu'il les a disposés, lui il s'est cherché une planque pour
lui.
1 ipse sibi
c.
cavit
l.
loco
loco simpliciter, quia post
principia. 2 An loco in loco, opportune,
εὐκαίρως, ut
«
pecuniam in loco
n.
neglegere
m.
maximum
i.
interdum
<est>
l.
lucrum
338 »? 3 An pro de loco?
1 ipse sibi cavit
loco loco (lieu) simplifie, parce que cela
reprend post
principia (derrière les premières lignes). 2 Ou loco est-il mis pour in loco de façon
opportune, (εὐκαίρως), comme dans « pecuniam in loco
neglegere maximum interdum est lucrum ». 3 Ou mis pour de loco (il a pris des précautions quant
au lieu) ?
Thr.-idem hoc469
Pyrrus factitauit. Chr.-uiden tu, Thais, quam hic rem agit?
Thr.-Telle était la tactique
habituelle de Pyrrhus. Chr.-Vois-tu, Thaïs, ce qu'il est en train
de faire ?
1 idem hoc pyrrhvs
f.
factitavit
irridet quidem poeta, uerumtamen ostendit
officium imperatoris hoc esse, ne se in periculum proiciat. sic
Sallustius «
et in proeliis actu promptus
339 ». 2 Et hoc totum
non quasi in palliata, sed concessum poetis fuit. Pyrrhus autem
peritissimus strategematum fuit primusque, quemadmodum ea
disciplina per calculos in tabula traderetur, ostendit.
783 1 idem hoc
pyrrhvs factitavit certes le poète se moque, mais en même
temps il montre que c'est le devoir du général de ne pas se mettre
en danger. Ainsi chez Salluste « et in proeliis actu promptus »
(et au combat prompt à agir). 2 Et
toute cette réplique va presque à l'encontre du genre de la
palliata mais c'est une licence poétique. Quant à Pyrrhus, c'était
un expert en stratégie et il fut le premier à montrer comment on
pouvait transmettre des instructions sur une table avec de petits
cailloux.
nimirum consilium illud rectum est
de occludendis aedibus.
Il y a une décision qui s'impose,
c'est de barricader ta maison.
nimirvm consilivm illvd rectvm est de occlvdendis
aedibvs < nimirum consilium> illud rectum est
et noua locutio et similis superiori «
nimirum dabit haec Thais mihi
m.
magnum
m.
malum
340 », pro sine
dubio rectum est.
nimirvm consilivm illvd rectvm est de occlvdendis
aedibvs nimirum consilium illud rectum est
l'expression est inédite et ressemble à celle qu'on a ci-dessus
« nimirum dabit haec Thais mihi magnum malum », mise pour
sine dubio rectum
est (sans doute c'est juste).
Th.-sane quod tibi nunc uir
uideatur esse hic, nebulo magnus est:
Th.-Au moins, celui qui te paraît
maintenant être un héros, n'est qu'un gros mollusque.
1 sane qvod tibi
nvnc vir videatvr esse hic figurata locutio et praeterea
ὑπερβατῷ
intermixta, nam hic ordo est: sane hic nebulo <est>: ne
metuas. 2 An hic ordo
erit et sensus, ut sit dictum: ne metuas: sane quod tibi uir uidetur esse hic,
nebulo magnus est? 3 Et recte, nam dum obit terretur
adulescens et aetate militis, quod iam uir est, et magnitudine,
quod magnus corpore: quae utraque in illo uana esse meretrix ut
experta iam indicat. nebulo autem uel inanis et uanus uel
mollis, ut nebula est, dicitur. 4 Et εἰρωνικῶς hoc dictum est: meretrix enim
corripiens frustra metuentem Chremetem sane inquit
nimis58
consilium rectum est de occludendis aedibus. 5 Et deest non est, ut sit: non est quod tibi nunc uir
uideatur esse hic: nebulo magnus est. sic et alibi
«
si te in platea hac offendero posthac,
q.
qvod
d.
dicas
m.
mihi
"alium quaerebam, iter hac habui", peristi
341 », ut sit: non est quod dicas mihi.
1 sane qvod tibi
nvnc vir videatvr esse hic expression figurée avec, en
outre, une hyperbate (ὑπερβάτῳ) car tel est l'ordre naturel des
mots : c'est un vrai
vaurien : n'aie pas peur. 2 Ou bien l'ordre et le sens seront-ils quelque
chose comme ça : n'aie
pas peur : tu le prends manifestement pour un homme : c'est un
grand vaurien ? 3 Et
c'est bien vu car, tout en y allant, le jeune homme est terrifié
par l'âge du soldat, parce que c'est un homme fait, et par son
physique, parce qu'il est de grande taille : mais que ces deux
aspects ne vaillent rien chez lui, c'est ce que la courtisane
montre en femme maintenant pleine d'expérience. Quant au mot
nebulo, il
veut dire vide et vain ou mou comme un nuage (nebula). 4 Et c'est ironique (εἰρωνικῶς) : car la
courtisane, en blâmant le jeune Chrémès qui a peur pour rien,
venait de dire sane
nimis consilium rectum est de occludendis
aedibus. 5 Et il manque
non est
(ce n'est pas), pour faire : ce n'est pas à bon escient que ce type te paraît
être un homme : c'est un grand vaurien. De même
ailleurs « si te in platea hac offendero posthac quod dicas mihi :
'alium quaerebam, iter hac habui', peristi », pour dire : tu n'as
rien à me dire.
ne metuas. Thr.-quid uidetur?
Gn.-fundam tibi nunc nimis uellem dari,
n'aie pas peur. Thr.-Que t'en
semble ? Gn.-C'est une fronde que je voudrais trop qu'on te
donne.
1 qvid
videtvr non dicere miles, si staret in sententia. sed iam
uidetur timore mutatus. 2 qvid videtvr dubitant, a quo
dictum sit quid
uidetur? ego sane hoc militem puto dicere, quem
paulatim <timor> a uiolentis atque acribus principiis ad
torporem desidiamque perducit. nam primo ipse praecedit, utpote
qui dicat «
sequimini
342 »; tum deinde, posteaquam propius uentum est, «
post principia
343 » refert pedem; post iam nihil ipse audet, sed quaerit
consilium parasiti; denique ubi comminus iam res gerenda est,
dixit «
mane
344 »et continet irruentes; ad postremum diffisus nescit quid
agat <et> ad parasitum spectans «
quid agimus?
345 » inquit. 3 fvndam tibi nvnc mire
parasitus, quia militem uidet nolle uel non audet repugnare,
consilium formidulosum et aptum metuenti dedit, subtiliter tamen;
nam funda pugnant, qui comminus non possunt, et ex occulto, qui
non audent palam. 4 Sed honesta
causa: non quia timentur inquit, sed ut fugiant, tamquam nisi
hostes fugerint, non sit tutum accedere. 5 fvndam
tibi non dixit hastam aut lanceam sed [sagittam] fundam, qua
nimirum longe iactatur, ut ex hoc interuallo pauorem ostenderet
non audentis accedere. 6 Et mire
tibi,
tamquam ipse parasitus nec hoc audeat. 7 Sunt autem, qui putant haec a Thaide ad Chremetem
dici, sed male: non enim conueniunt ista meretricis dictis
superioribus nisi quia mouet me, quod ex occulto dicit:
constat enim ei dudum uideri militem et ipsum non uidisse, cum qua
pugnaturus sit.
1 qvid
videtvr le soldat ne dirait pas cela s'il avait de la
suite dans les idées. Mais on dirait que déjà la peur l'a
changé. 2 qvid videtvr on se sait trop qui dit cette
phrase quid
uidetur ? ; moi je crois que c'est une réplique du
soldat que la peur, petit à petit, fait passer de velléités au
début véhémentes et agressives à de la torpeur et de l'inaction.
Car on le voit d'abord en tête, quand il dit : « sequimini » ;
ensuite, une fois qu'on s'est approché, il se replie « post
principia » ; ensuite il n'ose plus rien par lui-même mais
requiert l'aide du parasite ; enfin quand il s'agit de passer au
combat rapproché, il dit « mane » et retient ses hommes qui
partent à l'assaut ; à la fin de la scène, en manque de confiance,
il dit, tourné vers le parasite : « quid agimus ? ». 3 fvndam
tibi nvnc remarquable réplique du parasite qui, parce
qu'il voit que le soldat n'a pas envie d'y aller ou parce qu'il
n'ose pas s'opposer à lui, donne un conseil craintif et qui
convient bien à un peureux, mais il le fait avec subtilité ; car
combattent à la fronde ceux qui ne peuvent pas faire du combat
rapproché et à couvert ceux qui n'osent pas se battre à
découvert. 4 Mais le prétexte est
honorable : il ne dit pas que ce n'est pas parce qu'on les craint,
mais pour qu'ils fuient, comme si l'on ne pouvait avancer
tranquillement qu'après la fuite des ennemis. 5 fvndam
tibi il ne dit pas un javelot ou une lance mais une
fronde, une arme qui lance vraiment loin, pour que la distance
entre les belligérants montre la peur de celui qui n'ose pas
s'approcher. 6 Et tibi est remarquable,
comme si le parasite lui-même n'osait pas même cela. 7 Certains pensent que c'est Thaïs qui dit la
réplique à Chrémès, mais ils ont tort : car ces mots ne
s'accordent pas avec les propos précédents de la courtisane,
hormis le fait troublant qu'elle pourrait dire ex occulto (à
couvert), car il est clair qu'elle voit depuis longtemps le soldat
mais que lui n'a pas vu contre qui il allait combattre.
pour que de loin tu les frappes à
couvert. Ils prendraient la fuite.
1 vt illos procvl
ex occvlto meretricem cum suis, ut alibi ait «
hos prius introducam
346 ». 2 facerent fvgam deest rursus ut, <ut sit:
ut> facerent
fugam. 3 Vel ἀσυνδέτως
inlatum. 4 facerent fvgam desiderat coniunctionem
enim, ut
sit: facerent enim
fugam. 5 vt caederes pro caedendo cogeres, <ut>
facerent fugam.
1 vt illos procvl
ex occvlto la courtisane avec sa bande, comme elle disait
ailleurs « hos prius introducam ». 2 facerent
fvgam il manque à nouveau ut pour faire ut facerent fugam
(pour qu'ils s'enfuient). 3 Ou bien
la réplique est lancée de façon asyndétique (ἀσυνδέτως). 4 facerent
fvgam il faut la conjonction enim pour faire : facerent enim fugam
(car ils seraient partis en débandade). 5 vt
caederes mis pour caedendo cogeres, ut facerent fugam
(pour qu'en les massacrant tu les forces à partir en
débandade).
Thr.-sed eccam Thaidem ipsam uideo?
Gn.-quam mox inruimus? Thr.-mane:
Thr.-Mais n'est-ce pas Thaïs
elle-même que je vois ? Gn.-C'est bientôt que nous
chargeons ?Thr.-Attends.
1 sed eccam
thaidem ipsam eccam et ipsam figura ἔμφασις, quasi eccam <causam>
belli et ipsam contra quam pugnandum
est. 2 qvam mox irrvimvs hoc parasitus
irridens militem dixit. 3 Et
irruere
proprie dicuntur, qui cum furore proelium ineunt.
1 sed eccam
thaidem ipsam eccam et ipsam forment la figure de l'emphase
(ἔμφασις) comme
s'il fallait lire eccam causam belli (la voici, la cause
de la guerre) et ipsam
contra quam pugnandum est (en personne, celle contre
qui il faut combattre). 2 qvam mox irrvimvs le parasite
dit cela en se moquant du soldat. 3 Et irruere (fondre sur) s'applique au sens
propre à ceux qui vont au combat pleins de fureur.
omnia prius experiri quam armis
sapientem decet.
Tout essayer avant de recourir aux
armes, tel est ce qui convient au sage.
1 omnia privs
experiri qvam
a.
armis
s.
sapientem
d.
decet
animaduerte, quantam uim habeant ad
delectandum in comoediis seuerae sententiae, cum ab ridiculis
personis proferuntur. quale est apud Plautum, ubi miles suam
formam admirans ait «
nimia est miseria nimis pulchrum esse
hominem
347 ». 2 qvam armis sapientem decet ἀνακόλουθον pro
quam
arma. 3 Aut ἔλλειψις est, si
subaudimus agere. 4 Et mire non dixit me sed sapientem: hoc
est enim magis ridiculum.
1 omnia privs
experiri qvam armis sapientem decet observez la faculté à
plaire qu'ont, dans les comédies, les maximes sérieuses quand
elles sont proférées par des personnages grotesques. Ainsi chez
Plaute, quand le soldat, s'étonnant de sa propre prestance, dit
« nimia est miseria nimis pulchrum esse hominem » (quelle pitié
d'être trop bel homme !). 2 qvam armis sapientem decet
anacoluthe (ἀνακόλουθον) pour quam arma. 3 Ou c'est une ellipse (ἔλλειψις), si nous
sous-entendons agere (agir). 4 Et de façon remarquable, il ne dit pas je mais le
sage : car c'est encore plus risible.
qui scis an quae iubeam sine ui
faciat? Gn.-di uestram fidem,
Comment sais-tu si, ce que
j'ordonne, elle ne le fera pas sans recours à la force ? Gn.-Bonté
divine !
1 qvi scis an
q.
qvae
i.
ivbeam
s.
sine
v.
vi
f.
faciat
et hoc mire: non uelim sed iubeam. 2 ivbeam
uelim, ut
«
iubeo Chremetem
348 ». 3 di vestram fidem bona analogia: qui leuiora
laudauerat, hic exclamare iam debet. et hoc est quod supra ait
«
id rursum si negant, laudo id
quoque
349 ». nam negat rursum male pugnandum esse, qui superius
retineri non poterat, quin in proelium uel moriturus
irrueret. 4 di vestram fidem
q.
qvanti
e.
est
s.
sapere
nvmqvam accedo qvin abs te
a.
abeam
d.
doctior
mire egit personam admirantis per trinam
apostropham: ad deos di uestram fidem!, ad se ipsum
quanti est
sapere!, ad militem numquam accedo, quin abs te <
a.
abeam
d.
doctior
>.
1 qvi scis an qvae
ivbeam sine vi faciat là encore c'est remarquable : non
pas uelim
(je veux) mais iubeam (j'ordonne). 2 ivbeam
équivaut à uelim (je veux), comme dans « iubeo
Chremetem ». 3 di vestram fidem bonne analogie : celui qui
avait loué des actions trop légères doit désormais s'exclamer. Et
c'est l'illustration de ses propos antérieurs : « id rursum si
negant, laudo id quoque ». Car il dit à rebours qu'il ne faut pas
combattre dans de mauvaises conditions faute d'avoir pu
précédemment empêcher qu'on aille au combat fût-ce au péril de sa
vie. 4 di vestram fidem qvanti est sapere nvmqvam accedo
qvin abs te abeam doctior il joue remarquablement le
personnage admiratif, grâce à une triple adresse : aux dieux
di uestram
fidem !, à soi-même quanti est sapere !, au soldat
numquam accedo, quin
abs te abeam doctior.
quanti est sapere! numquam accedo
quin abs te abeam doctior.
ce que c'est que la sagesse !
Jamais je ne m'approche de toi sans en repartir plus instruit.
1 nvmqvam
accedo ridicule parasitus numquam accedo dixit, qui numquam
recessit. 2 qvin abs te abeam doctior nimis impudens
assentatio, se fieri doctiorem ex militis sapientia.
1 nvmqvam
accedo le parasite dit numquam accedo (je ne t'approche jamais)
de façon risible, puisqu'il ne s'en est jamais éloigné. 2 qvin abs
te abeam doctior flatterie qui passe la mesure que de dire
qu'il devient plus sage au contact de la sagesse du soldat.
Thr.-Thais, primum hoc: cum tibi do
istam uirginem,
Thr.-Thaïs, ceci d'abord : quand je
te donnions cette fille,
1 thais primvm
hoc uide iam missam intentionem repetendae uirginis: non
enim iam puellam sed pactum exigit, ut amator. 2 cvm tibi
do indiligenter ut ueteres pro cum tibi darem. sed
miles loquitur.
1 thais primvm
hoc voyez qu'il laisse tomber pour l'instant son intention
de récupérer la jeune fille ; car ce n'est pas la petite qu'il
exige, mais les termes du contrat, comme un amoureux. 2 cvm tibi
do incorrection de la langue archaïque pour cum tibi darem (quand
je te donnais). Mais c'est le soldat qui parle.
dixtin hos dies mihi soli dare te?
Th.-quid tum postea?
n'as-tu pas dit que ces jours-ci
c'est à moi seul que tu les donnais ? Th.-Et après ?
qvid tvm postea aut dixi respondendum
erat aut non
dixi. sed uide contumaciam meretricis in contemptionem
personae militis: interrogantem interrogare maluit quam capi per
inductionem.
qvid tvm postea elle aurait dû répondre
oui ou
non. Mais
voyez comme la courtisane s'ingénie avec opiniâtreté à mépriser la
personne du soldat : elle préfère répondre à une question par une
question plutôt que de se laisser prendre par un raisonnement
inductif.
Thr.-rogitas? quae mihi ante oculos
coram amatorem adduxti tuum...
Thr.-Cette demande ! Toi qui, sous
mes yeux, à ma barbe, viens d'amener ton amant...
1 rogitas
contemptionis genus est in interrogantem. 2 qvae mihi ante
ocvlos <coram> utrum significatur inepti militis
dictum <an> ante
oculos minus est quam coram? 3 ante ocvlos
<
c.
coram
> potest ante oculos et longe intellegi:
coram
etiam proximitatem significat.
1 rogitas
marque de mépris à l'égard de celui qui pose la
question. 2 qvae mihi ante ocvlos coram s'agit-il de
signifier l'ineptie du propos du soldat ou ante oculos (sous mes
yeux) vaut-il moins que coram (devant moi) ? 3 ante ocvlos
coram peut-être ante oculos se comprend-il aussi comme
au loin :
coram
signifie aussi, quant à lui, la proximité.
Th.-quid cum illo472 agas?
Thr.-et cum eo clam te subduxti mihi?
Th.-Qu'as-tu à faire de lui ?
Thr.-...et t'es éclipsée avec lui en douce de moi ?
1 qvid cvm illo
agas omnino meretrix non putat idoneum, cui reddenda sit
ratio cuique se purget: adeo apud illam amicitiae eius pertaesum
est; nam errant qui dicant uelle militi se conciliari59. 2 et cvm eo clam <te> svbdvxti
mihi inuidiose et cum eo, nam ut supra legimus,
exclusit Chremetem. 3 svbdvxti mihi furtim
subtraxisti. Vergilius «
et fidum
c.
capiti
s.
subduxerat
e.
ensem
350 »
1 qvid cvm illo
agas la courtisane estime qu'il ne mérite absolument pas
qu'on lui rende raison ou qu'on s'excuse auprès de lui : elle
commence à en avoir par dessus la tête de sa liaison avec lui. Car
ils se trompent ceux qui disent qu'elle veut s'attirer les bonnes
grâces du soldat. 2 et cvm eo clam te svbdvxti mihi
et cum eo
est dit sur un ton haineux, car, comme on l'a vu plus haut, il a
flanqué Chrémès à la porte. 3 svbdvxti mihi tu t'es
soustraite en douce. Virgile : « et fidum capiti subduxerat
ensem » (elle avait pris à mon chevet ma fidèle épée).
Th.-libuit. Thr.-Pamphilam ergo huc
redde, nisi ui mauis eripi.
Th.-Tel a été mon bon plaisir.
Thr.-Pamphila, dans ce cas, rends-la ici, sauf si tu préfères
qu'on l'arrache de force.
1 libvit
superbum et meretricium uerbum. sic Cicero ait de Chelidone «
libenter ait se facturam
351 ». 2 hvc redde huc redde idioma est pro contumelia
reposcentis. sic et in Hecyra «
renumeret
d.
dotem
h.
huc
e.
eat
352 ». 3 nisi vi mavis eripi < deest> alterum
si, ut
sit: nisi
si.
1 libvit
terme plein de morgue et digne d'une courtisane. Ainsi Cicéron
parlant de Chélidon dit « libenter ait se facturam » (elle dit
qu'elle le fera à sa guise). 2 hvc
redde huc
redde c'est un idiotisme (idioma) qui marque le
reproche d'un débiteur. De même dans L'Hécyre
« renumeret dotem huc eat ». 3 nisi vi mavis
eripi il manque un deuxième si pour faire nisi si (sauf
si).
Chr.-tibi illam reddat aut tu
illam473 tangas, omnium...? Gn.-ah quid
agis? tace.
Chr.-A toi, qu'elle te la rende,
elle ! Que tu la touches, elle, espèce de parfait... Gn.-Ah ! que
fais-tu ? Tais-toi.
1 tibi illam
r.
reddat
hic se primum interponit Chremes, ut
adulescentulus potuit, iam fracto milite. 2 avt tv illam
t.
tangas
o.
omnivm
ait utrumque Chremes; nam quia dixit «
nisi tibi mauis eripi
353 », ait tu
illam tangas? <et> addidit omnium. et est
ἀποσιώπησις
secunda. sic autem loqui solent plus gestu quam uerbis
conciti. 3 tibi illam <reddat> avt <tv>
illam magna uis in pronominibus et significatio est, ut
«
cantando tu illum?
354 ».
1 tibi illam
reddat voici la première intervention de Chrémès, qui
s'interpose autant qu'il est possible à un tout jeune homme, dans
la mesure où le soldat est déjà abattu. 2 avt tv illam
tangas omnivm c'est Chrémès qui prononce les deux
segments. Car comme l'autre avait dit « nisi tibi mauis eripi »,
il répond toi, tu
illam tangas ? et il ajoute omnium (de tous..).
Et c'est la seconde aposiopèse (ἀποσιώπησις). Or c'est ainsi que
s'expriment ceux qui habituellement parlent sous le coup d'une
colèrecolère suscitée plutôt par un geste que par des
mots. 3 tibi illam reddat avt tv illam la force du
sens et la signification reposent sur les pronoms, comme
« cantando tu illum ? » (toi, le vaincre lui au chant ?).
Thr.-quid tu tibi uis? ego non
tangam meam? Chr.-tuam autem, furcifer?
Thr.-Qu'est-ce que tu veux, toi ?
Moi je ne toucherais pas à celle qui est à moi ? Chr.-A toi,
pourriture !
1 qvid tv tibi
vis recte: cum Thaide enim loquebatur, non cum
hoc. 2 ego non tangam meam bene addidit meam: hinc enim
probatur iniuste dictum «
tu illam tangas?
355 ». 3 tvam avtem fvrcifer incongrue ut imperitus
adulescens liberum seruilibus conuitiis exagitat.
1 qvid tv tibi
vis à juste titre : car c'est à Thaïs qu'il parlait, non à
lui. 2 ego non tangam meam il ajoute justement
meam : car
ainsi il réfute comme illégitime la réplique « tu illam
tangas ? ». 3 tvam avtem fvrcifer c'est de façon incongrue
et en jeune homme inexpérimenté qu'il agresse un homme libre en
l'insultant comme un esclave286.
Gn.-caue sis: nescis cui maledicas
nunc uiro. Chr.-non tu hinc abis?
Gn.-Prends garde, je t'en prie. Tu
ne sais pas quel héros tu es en train d'insulter. Chr.-Tu ne vas
pas dégager d'ici, toi ?
1 cave sis nescis
cvi maledicas nvnc viro animaduerte parasitum neque tacere
omnino, ne defuisse patrono uideatur, neque in aliena causa rixam
in se transferre. 2 non tv hinc abis hoc parasito,
illud militi Chremes. 3 cave sis quia imperatiua uerba
uelut contumeliosa sunt, addebant ueteres sis, quod significat
si
uis.
1 cave sis nescis
cvi maledicas nvnc viro observez que le parasite ne se
tait pas complètement, pour ne pas paraître manquer à son patron,
ni ne prend à son compte la dispute en en changeant le
motif. 2 non tv hinc abis Chrémès dit cette réplique
au parasite, la précédente au soldat. 3 cave sis
comme les verbes à l'impératif sont trop insultants, les anciens
ajoutaient sis, c'est-à-dire si uis (si tu veux
bien).
scin tu ut tibi res se habeat? si
quicquam hodie hic turbae coeperis,
Et toi, sais-tu comment l'affaire
va tourner pour toi ? Si tu causes aujourd'hui ici le moindre
esclandre,
scin tv non tu parasito, scin tu militi
dicit.
scin tv il dit non tu au parasite, scin tu (sais-tu
bien) au soldat.
faciam ut huius loci dieique meique
semper memineris.
je te ferai souvenir pour toujours
de cette place, de ce jour et de moi.
1 faciam vt hvivs
loci
d.
dieiqve
m.
meiqve
s.
semper
m.
memineris
moris est magnas esse minas hominum
meticulosorum. specta ergo, quam acriter timidus
comminetur. 2 hvivs
l.
loci
d.
dieiqve
m.
meiqve
s.
semper
m.
memineris
loci in quo caesus, diei quo caesus,
mei a quo
caesus.
1 faciam vt hvivs
loci dieiqve meiqve semper memineris c'est dans le
caractère des pleutres de faire de grandes menaces. Voyez donc
comment ce peureux fait des menaces violentes. 2 hvivs loci
dieiqve meiqve semper memineris loci (de l'endroit)
où tu auras été massacré, diei (du jour) où tu auras été massacré,
mei (de
moi) qui t'aurai massacré.
Gn.-miseret me tui474 qui hunc tantum hominem facias inimicum tibi.
Gn.-J'ai pitié de toi, qui d'un si
grand personnage te fais un ennemi.
1 miseret me
tvi hic parasitus nunc quasi monitor Chremeti
respondet. 2 qvi hvnc tantvm hominem facias inimicvm tibi
ne nunc quidem parasitus a militis assentatione discessit.
1 miseret me
tvi le parasite se fait là donneur de leçon en répondant à
Chrémès. 2 qvi hvnc tantvm hominem facias inimicvm tibi
même en cette circonstance, le parasite persiste dans son attitude
de flatteur du soldat.
Chr.-diminuam ego caput tuum hodie,
nisi abis. Gn.-ain uero, canis?
Chr.-Moi, je te réduirai ta tête
aujourd'hui, tu si ne dégages pas. Gn.-Ah, vraiment, chien ?
1 diminvam ego
capvt tvvm hodie nisi abis rusticius dixit caput tuum diminuam,
quam si dicere diminuam tibi caput. 2 ain vero
canis hoc uerbo impudentibus inimicis conuitium fieri
solet; nam militare dictum est in hostem canis et apud Homerum
pro graui contumelia in aduersarium dicitur, uelut in illo loco
************ 60.
1 diminvam ego
capvt tvvm hodie nisi abis l'expression caput tuum diminuam
(je vais réduire ta tête) est plus campagnarde que s'il disait
diminuam tibi
caput (je vais te réduire la tête). 2 ain vero
canis c'est un terme qui d'habitude sert d'insulte à des
ennemis arrogants ; car chien ! est un mot de soldat qu'on jette
à l'ennemi et chez Homère c'est une insulte grave qu'on lance à
son adversaire comme dans ce vers : ************.
sicin agis? Thr.-quis tu homo es?
quid tibi uis? quid cum illa rei tibi est?
Est-ce ainsi que tu le prends ?
Thr.-T'es qui toi comme type ? Qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce
que tu as à faire avec elle ?
qvis tv homo es
q.
qvid
t.
tibi
v.
vis
ἐπιτροχασμός figura est, ubi multa
terribiliter interrogantur, ut «
state, uiri. quae
c.
causa
u.
uiae
?
q.
quiue
e.
estis
i.
in
a.
armis
?
356 ».
qvis tv homo es qvid tibi vis épitrochasme,
c'est la figure qui consiste à multiplier les mots brefs (ἐπιτροχασμός), quand on
pose beaucoup de questions qui font peur, comme dans « state,
uiri. quae causa uiae ? quiue estis in armis ? » (arrêtez,
guerriers. Pourquoi prendre ce chemin ? Qui êtes-vous ainsi
armés ?)
Chr.-scibis: principio eam esse
dico liberam. Thr.-hem. Chr.-ciuem Atticam. Thr.-hui.
Chr.-Tu vas le savoir. Pour
commencer, je dis qu'elle est née libre. Thr.-Hein !
Chr.-Citoyenne d'Athènes. Thr.-Pfft !
1 scibis
non obsequenter sed figurate dicitur ab irato. 2 principio eam
esse dico
l.
liberam
quo tollitur tuam uideri. 3 scibis
et scies
et scibis
dicitur per productionem tertiae coniugationis. 4 principio eam
esse
d.
dico
l.
liberam
in tria diuisit officium defensionis suae: in
adsertoris principio
eam esse dico liberam, in cognitoris ciuem Atticam, in
fratris meam
sororem. 5 Bonus ordo:
libera, ciuis, nobilis. 6 civem atticam quo etiam
negotium potest ei fieri, qui se pro domino gessit in
ciuem. 7 hvi hem et hui et cetera id genus sannae sunt
aduersus eos, quibus irascimur.
1 scibis
le mot est dit non pas par complaisance, mais de façon figurée par
un homme en colèrecolère. 2 principio eam esse dico liberam
ce qui enlève la possibilité qu'elle semble être à toi. 3 scibis on dit aussi bien scies que scibis (tu sauras),
avec l'allongement propre à la troisième conjugaison. 4 principio
eam esse dico liberam il a fait trois parties à son plan
de plaidoirie : en tant que garant de qualité principio eam esse dico
liberam (j'affirme d'abord qu'elle est de naissance
libre), en tant que garant d'identité ciuem Atticam
(citoyenne d'Athènes), en qualité de frère meam sororem (ma
sœur). 5 C'est le bon ordre : jeune
fille libre, citoyenne, de bonne naissance. 6 civem
atticam ce qui fait qu'on peut même chercher noise à celui
qui s'est comporté en maître à l'égard d'une citoyenne. 7 hvi hem et hui et tous les mots de ce genre sont
des moqueries contre ceux qui nous ont mis en colère.
Chr.-meam sororem. Thr.-os durum.
Chr.-miles, nunc adeo edico tibi
Chr.-Ma sœur. Thr.-Il a du toupet.
Chr.-Soldat, maintenant je t'avise solennellement
1 meam
sororem quo constat praesto esse defensionem
puellae. 2 < os dvrvm> quasi ex omnibus hoc sit
impudentius, quod et sororem suam dicat. 3 os dvrvm
os impudens, ut contra mollis frontis dicuntur, qui sunt
reuerentes. 4 nvnc adeo edico tibi ne <
v.
vim
f.
facias
> superbe et quasi militi; nam edictum
praetoris dicitur et imperatoris. 5 miles nvnc adeo
edico tibi et miles de his officiis, quae suo nomine
contumeliosa sunt. sic in Adelphis «
delibera hoc, dum ego redeo, leno
357 ».
1 meam
sororem ce qui rend évident que la protection de la jeune
fille est toute prête. 2 os dvrvm comme si, sur
l'ensemble, cet argument de dire que c'est aussi sa sœur était
plus éhonté. 3 os dvrvm bouche éhontée, de même qu'à
l'inverse on taxe de mous du front ceux qui sont
obséquieux. 4 nvnc adeo edico tibi ne vim facias plein de
morgue et dit comme à un soldat ; car on parle d'édit du préteur
ou du général. 5 miles nvnc adeo edico tibi et soldat fait partie de
ces noms de métiers qui par eux-mêmes sont insultants. Ainsi dans
Les Adelphes : « delibera hoc, dum ego redeo,
leno ».
ne uim facias ullam in illam.
Thais, ego eo ad Sophronam
de ne lui faire aucune violence.
Thaïs, moi, je vais chez Sophrona,
1 ne vim facias
vllam in illam seruauit praecepta meretricis adeo, ut
meminerit «
si uim faciet, in ius ducito
hominem
358 ». 2 ego eo ad sophronam hoc lentius ad
Thaidem.
1 ne vim facias
vllam in illam il conserve les leçons de la courtisane
jusqu'à se souvenir de ce quelle a dit : « si uim faciet, in ius
ducito hominem ». 2 ego eo ad sophronam cette
réplique est dite à l'attention de Thaïs sur un ton plus bas.
nutricem, ut eam adducam et signa
ostendam haec. Thr.-tun me prohibeas
la nourrice, pour la ramener et lui
montrer ces indices. Thr.-Toi, tu m'interdirais
meam ne tangam? Chr.-prohibebo
inquam. Gn.-audin tu? hic furti se adligat:
de toucher à celle qui est à moi ?
Chr.-Je te l'interdirai, te dis-je. Gn.-Tu entends ; il se met en
flagrant délit de vol.
1 prohibebo
inqvam non satis exercitate adulescens totidem uerbis
dictum repetit militis. 2 avdin tv hic fvrti se alligat
Gnatho occasionem finiendi litigii iamdudum quaerit ob desiderium
mensae et cibi, et ideo quasi de iure consilium suggerit, hunc
reum furti esse posse, qui paratus sit alienam rem suam dicere et
id in iure profiteri, hoc est apud praetorem. 3 Ergo furti se alligat reum se efficit
fraudis, nam μεταλημπτικῶς furtum pro omni dolo
et fraude accipimus et iniuria. alligat autem obstringit et
inlaqueat
et obnoxium
facit. 4 Omne igitur
quod fraude fit, furtum est. sic Virgilius insidias «
furta paro belli
359 », adulterium «
et dulcia furta
360 », omne malum factum «
quae quis apud superos, furto
l.
laetatus
i.
inani
, distulit
i.
in
s.
seram
c.
commissa
p.
piacula
m.
mortem
361 ». 5 Furtum duobus modis
dicitur: uno, cum omne maleficium generaliter significatur,
altero, cum res subrepta demonstratur. nunc ergo furti maleficii.
1 prohibebo
inqvam par manque de pratique, le jeune homme répète
l'intégralité de la phrase du soldat. 2 avdin tv hic
fvrti se alligat Gnathon cherche depuis lontemps une
occasion de mettre fin à la dispute pour pouvoir aller boire et
manger et pour cette raison il tire du droit l'idée que Chrémès
peut être accusé de vol puisqu'il est prêt à revendiquer pour sien
un bien qui appartient à autrui et à l'avouer en séance, à savoir
devant le préteur. 3 Donc furti se alligat (il
s'emberlificote tout seul dans une affaire de vol) veut dire il se
rend coupable de vol, car, par métalepse (μεταλημπτικῶς)
furtum
(vol) se dit pour tout dol, toute fraude et toute injustice.
Alligat
(il lie) signifie obstringit (il attache), inlaqueat (il
enserre) et obnoxium
facit (il rend coupable). 4 Donc tout ce qui est fait par fraude est un vol.
C'est par ce terme que Virgile évoque une embuscade « furta paro
belli » (je prépare une ruse de guerre), un adultère « et dulcia
furta » (et les doux larcins), n'importe quel forfait « quae quis
apud superos, furto laetatus inani, distulit in seram commissa
piacula mortem » (les abominations commises qu'après s'être réjoui
de l'impunité d'un forfait on traîne pour une mort différée auprès
des dieux). 5 Furtum se dit de deux
façons : l'une pour désigner de façon générale un méfait quel
qu'il soit, l'autre pour signaler qu'un objet a été dérobé. Ici
donc furti
est mis pour maleficii (méfait).
satis hoc tibi est. Thr.-idem hoc
tu ais, Thais? quaere qui respondeat.
Ça te suffit. Thr.-Dis-tu comme
lui, Thaïs ? Th.-Cherche quelqu'un d'autre pour te répondre.
1 satis hoc tibi
est ad repetendam scilicet uirginem sumendamque in iure
uindictam. 2 qvaere qvi respondeat et contempsit
interrogantem et indixit inimicitias, professione iracundiae cum
dicit indignum militem. 3 idem hoc tv ais thais idem hoc
quod Chremes scilicet. et tamquam et ipsam circumuenturus
interrogat, quod illa intellegens malitiose < quaere inquit qui
respondeat >. 4 qvaere qvi
respondeat satis contumeliose: illud enim quaeritur, quod
difficile reperitur. ergo: non modo indignus es, inquit, cui ego
respondeam, sed uix inuenies qui te dignum responso iudicet.
1 satis hoc tibi
est pour récupérer la fille évidemment et avoir réparation
judiciaire. 2 qvaere qvi respondeat d'une part elle traite
par le mépris celui qui pose la question, d'autre part elle
déclare officiellement sa haine en avouant sa colèrecolère quand
elle dit que le soldat est indigne. 3 idem hoc tv ais
thais la même chose que Chrémès évidemment. Et il
l'interroge elle-même comme pour la circonvenir, ce que voyant
elle répond avec malice : cherche quelqu'un qui te
réponde. 4 qvaere qvi respondeat de façon
assez insultante : car ce à quoi s'applique quaerere c'est ce qui
est difficile à trouver. Donc : non seulement tu ne mérites pas,
dit-elle, que je te réponde, mais tu auras peine à trouver
quelqu'un qui te juge digne d'une réponse.
Thr.-quid nunc agimus? Gn.-quin
redeamus: iam haec tibi aderit supplicans
Thr.-Et maintenant, que
faisons-nous ? Gn.-Eh bien ! Rentrons. Bientôt elle sera là à te
supplier
1 qvid nvnc
agimvs uide ut nunc euanuerit actio militis: primo dixit
«
omnia prius experiri
q.
quam
a.
armis
s.
sapientem
d.
decet
362 », post «
idem hoc tu ais, Thais?
363 », postremo quid nunc agimus? 2 Et quid agimus consilium quaerentis est,
quid nunc
agimus est languidi atque defessi. 3 qvid nvnc
agimvs ubi est illud quod ait «
primum aedis
364 » <etc.>? sed uani impetus hunc exitum semper
accipiunt. 4 qvin redeamvs quin modo immo. 5 Non abeamus inquit sed redeamus, ut irritos
conatus uerbo ostenderet.
1 qvid nvnc
agimvs voyez comment l'action du soldat s'est réduite à
rien. Il dit d'abord « omnia prius experiri quam armis sapientem
decet », puis « idem hoc tu ais, Thais ? », et enfin quid nunc
agimus ? 2 Et si
que
faisons-nous ? est la question d'un homme qui cherche,
que faisons-nous
maintenant ? est celle d'un homme affaibli et
abattu. 3 qvid nvnc agimvs où est passé son propos
précédent « primum aedis » ? Mais les élans vains connaissent
toujours pareil dénouement. 4 qvin redeamvs quin signifie parfois
immo (eh
bien). 5 Il ne dit pas abeamus (partons)
mais redeamus (rentrons) pour marquer d'un
mot l'échec du projet.
ultro. Thr.-credin? Gn.-immo certe:
noui ingenium mulierum:
d'elle-même. Thr.-Tu crois ?
Gn.-C'est sûr. Je sais comment sont les femmes.
1 credin
ex parte consentit, qui sic interrogat. 2 credin
credere
dubitantis est, certum
esse fidentis.
1 credin
on est en partie d'accord quand on pose ainsi la
question. 2 credin croire est le fait de qui hésite,
être sûr
est le fait de qui a confiance.
nolunt ubi uelis, ubi nolis cupiunt
ultro. Thr.-bene putas.
Elles ne veulent pas quand tu veux.
Quand tu ne veux pas, elles en ont envie d'elles-mêmes. Thr.-Tu
penses juste.
1 nolvnt vbi
<velis vbi> nolis
c.
cvpivnt
v.
vltro
plus intulit spei non reuocando uerbum quod
exspectabatur, hoc est uolunt, sed cupiunt. 2 Ergo uariauit: non enim intulit uolunt
ultro. 3 bene pvtas hoc est recte putas,
sapis uel
intellegis. Vergilius «
multa putans
s.
sortemque
a.
animo
m.
miseratus
i.
iniquam
365 » 4 Vel conicis. 5 Vel pvtas disputas. 6 Vel pvtas cogitas.
1 nolvnt vbi velis
vb nolis cvpivnt vltro il lui laisse un peu plus d'espoir
en ne mettant pas le verbe attendu, c'est-à-dire uolunt (elles
veulent), mais cupiunt (elles désirent). 2 Il fait donc une variation: il ne dit pas en
effet uolunt
ultro (elles veulent spontanément). 3 bene
pvtas c'est-à-dire recte putas (tu penses juste),
sapis (tu
es sage) ou intellegis (tu es intelligent). Virgile
dit « multa putans sortemque animo miseratus iniquam » (méditant
longuement et déplorant un sort injuste). 4 Ou conicis (tu conjectures). 5 Ou pvtas vaut pour disputas (tu
dissertes bien). 6 Ou pvtas vaut pour cogitas (tu réfléchis
bien).
Gn.-iam dimitto exercitum? Thr.-ubi
uis. Gn.-Sanga, ita ut fortis decet
Gn.-Maintenant je congédie
l'armée ? Thr.-Quand tu veux. Gn.-Sanga, comme il convient aux
braves
1 iam dimitto
e. dimitti exercitus dicitur uel pace facta
uel uexatis hostibus. ridicula ergo magnificentia dictorum est,
cum sint facta deformia. 2 sanga ita vt
f.
fortis
d.
decet
m.
milites
d.
domi
f.
fociqve
f.
fac
v.
vicissim
v.
vt
m.
memineris
mire in cocum, qui focum curat in domo, quia
milites hi fortiter pugnant, qui sunt memores domorum. 3 Ergo uide quam utrumque comicum: ad ineundum
proelium resque bellicas Donax primus est, ad res domesticas
Sanga, qui cocus est.
1 iam dimitto
exercitvm on dit que l'armée est congédiée soit quand
la paix est faite soit quand l'ennemi a été anéanti. Donc la
grandeur des propos fait rire, puisqu'il s'agit de faits
mesquins. 2 sanga ita vt fortis decet milites domi fociqve fac
vicissim vt memineris remarquable adresse au cuisinier qui
s'occupe du foyer à la maison, parce que les soldats qui
combattent courageusement sont ceux qui pensent à leur
maison. 3 Voyez donc le comique des
deux situations : c'est Donax le premier à aller au combat et aux
choses guerrières, pour les choses domestiques c'est Sanga, qui
est cuisinier.
milites, domi focique fac uicissim
ut memineris.
soldats, fais-en sorte de te
souvenir du foyer et du fourneau.
1 domi fociqve
f.
fac
v.
vicissim
v.
vt
m.
memineris
domi focique, <quia> uicissim domi
uicissim foci ministerium satagebat. 2 Et domi genetiuus est. Caecilius «
decora domi
366 »; Plautus «
quamquam domi cupio, opperiar
tamen
367 »61.
1 domi fociqve fac
vicissim vt memineris domi focique (à la maison et au foyer),
parce que tour à tour à la maison ou au foyer il se démenait pour
faire son service. 2 Et domi est au génitif.
De même Caecilius « decora domi » (les beautés de la maison) ;
Plaute « quamquam domi cupio, opperiar tamen » (bien que j'aie
envie de la maison, je m'arrête tout de même).
Sa.-iam dudum animus est in
patinis. Gn.-frugi es. Thr.-uos me hac sequimini.
Sa.- Ça fait longtemps que j'ai le
cœur dans les casseroles. Gn.-Tu es un gars bien.Thr.-Vous, par
ici, suivez-moi.
1 iam dvdvm animvs
est in
p.
patinis
hic aperuit causam poeta, cur et inuitus
Gnatho iret ad litem et libens domum redeat. 2 frvgi es
frugi
utilis ac necessarius, a frugibus, quae quod his fruamur, ita dictae
sunt; unde fructus et frumentum. 3 Frui autem est uesci, a frumine, quae est
summa pars gulae. quare etiam his, quae cibo poculoque non sunt,
frui
dicitur καταχρηστικῶς, ut rebus ueneriis et
delectatione odoris, uisus, auditus.
1 iam dvdvm animvs
est in patinis ici le poète explique pourquoi Gnathon
allait de mauvaise grâce à la dispute, mais rentre chez lui de bon
cœur. 2 frvgi es frugi signifie utile et nécessaire ; le
mot vient de fruges (céréales), lesquelles tirent
leur nom du verbe frui (jouir) ; de là aussi fructus (fruit) et
frumentum
(froment). 3 Quant à frui, c'est
se
nourrir ; le mot vient de frumen qui désigne la
partie supérieure du gosier. C'est pourquoi on peut aussi dire
qu'on jouit de choses qui ne se mangent ni ne
se boivent, par catachrèse (καταχρηστικῶς) comme des choses de l'amour
et du plaisir de l'odorat, de la vue, de l'ouïe.
Actus quintus
scaena prima
Thais Pythias
817 | 818 | 819 | 820 | 821 | 822 | 823 | 824 | 825 | 826 | 827 | 828 | 829 | 830 | 831 | 832 | 833 | 834 | 835 | 836 | 837 | 838 | 839
Th.-Pergin, scelesta, mecum
perplexe loqui?
Th.-Vas- tu continuer, coquine, à
me donner tes explications embrouillées ?
1 pergin scelesta
mecvm perplexe loqvi nunc demum uirgo uitiata esse
cognoscitur a Thaide, opportune, postquam magnopere et defensa est
et retenta. nam statim consequentur nuptiae eius et Chaereae, qui
illam uitiauit. 2 perplexe loqvi ideo perplexe, quia
statuerat uitium celare uirginis.
1 pergin scelesta
mecvm perplexe loqvi c'est maintenant seulement, au bon
moment, que Thaïs apprend que la jeune fille a été déshonorée,
après avoir été préservée et tenue à l'écart avec beaucoup de
soin. En effet, s'ensuivra aussitôt son mariage avec Chéréa, qui
l'a déshonorée. 2 perplexe loqv perplexe est mis
parce qu'elle avait décidé de cacher le déshonneur de la jeune
fille.
« scio... nescio... abiit...
audiui... ego non adfui ».
« Je sais... je ne sais pas... il
est parti... j'ai entendu dire... moi, je n'étais pas là ».
1 scio nescio
a.
abiit
a.
avdivi
mire ex dictis omnibus pauca decerpens et
ostendit, quid dixerit perplexe, et stomachum saeuientis
expressit dominae: scio flere puellam, nescio uitiatam,
abiit
eunuchus, audiui hoc admissum, ego non adfui cum hoc
fieret. 2 Acriter iratorum est
repetere quae proxime dixerint, quibus irascuntur, ut «
en ego uicta situ
q.
quam
u.
ueri
e.
effeta
s.
senectus
368 ».
1 scio nescio
abiit avdivi remarquable : en omettant délibérément
quelques mots de toutes ses paroles, à la fois elle montre
pourquoi elle a dit perplexe et elle donne à voir la
colèrecolère violente de sa maîtresse : scio je sais que la
jeune fille pleure, nescio, j'ignore qu'elle a été
déshonorée,
abiit
l'eunuque est parti, audiui j'ai entendu parler de ce crime,
ego non
adfui je n'y étais pas quand cela a eu lieu. 2 c'est le propre de ceux qui sont dans une
colèrecolère noire que de répéter ce qu'ils viennent de dire à
ceux contre qui ils sont en colèrecolère, comme « en ego uicta
situ quam ueri effeta senectus », (me voilà, celle qu'a vaincue la
décrépitude, qu'une vieillesse qui n'a plus la force d'atteindre
au vrai…).
non tu istuc mihi dictura aperte es
quidquid est?
Tu ne vas pas me dire clairement ce
qu'il en est ?
non tv istvc
m.
mihi
d.
dictvra
a.
aperte
e.
es
q.
qvidqvid
e.
est
non est haec interrogatio.
non tv istvc mihi dictvra aperte es qvidqvid
est ce n'est pas là une question.
uirgo conscissa ueste lacrimans
obticet;
La fille a les habits déchirés,
elle pleure et reste muette.
1 virgo
c.
conscissa
v.
veste
l.
lacrimans
o.
obticet
haec omnia rixam significarent, nisi
obticeret. 2 Tacemus consilia, ut
«
nec tacui demens etc.
369 », reticemus dolores, ut «
ne retice, ne uerere
370 », obticemus quorum pudet, ut in Phormione «
hem, quid nunc obtices62?
371 ».
1 virgo conscissa
veste lacrimans obticet tous ces éléments seraient les
signes d'une dispute si elle ne gardait pas le silence. 2 Nous taisons des réflexions, comme « nec
tacui demens etc. ». (je ne me suis pas tu, malgré mon égarement),
nous retenons nos peines, comme « ne retice, ne uerere » (ne te
retiens pas, n'aie pas peur), nous gardons le silence sur ce qui
nous fait honte, comme dans le Phormion « hem, quid
nunc obtices ? ».
eunuchus abiit quam ob rem? aut
quid factum est? taces?
L'eunuque est parti, pourquoi ? Que
s'est-il passé ? Tu ne dis rien ?
1 evnvchvs
abiit quia nescit causam, non fugit dixit sed
abiit, nec
Chaerea
sed eunuchus. 2 qvam ob rem qvid
f.
factvm
e.
est
taces haec ἀσύνδετα instantis dominae uultum
habitumque demonstrant.
1 evnvchvs
abiit c'est parce qu'elle en ignore la raison, qu'elle ne
dit pas fugit (il s'est enfui), mais abiit, pas
Chaerea
(Chéréa) mais eunuchus. 2 qvam ob rem qvid
factvm est taces ces asyndètes (ἀσύνδετα) sont la transcription de la
physionomie et de la contenance de la maîtresse menaçante.
Py.-quid tibi ego dicam misera?
illum eunuchum negant
PY-Que veux-tu que je te dise,
malheureuse ? L'autre en fait d'eunuque, ils disent
fuisse. Th.-quis fuit igitur?
Py.-iste Chaerea.
que ce n'en était pas un. Th.-Qui
était-ce donc ? PY-Ce maudit Chéréa.
1 qvis fvit
igitvr 63 haec cunctatiue pronuntianda sunt, quia
aut inuita indicat aut dubitat de nomine ignoti aut trepidat per
timorem, ut non uideatur adfuisse uel scisse, cum fieret, aut
<ostendat>, quam non libenter dicat eius nomen, cui
irascitur. 2 Sed ego agnosco
ancillarum consuetudinem, quod obliuiosae sunt dominarum.
1 qvis fvit
igitvr ces mots doivent être prononcés avec hésitation,
parce que soit elle les dit contre son gré, soit elle hésite à
propos du nom de celui qu'elle ignore, soit elle tremble de peur,
en sorte qu'elle ne semble pas avoir été présente ni être au
courant, alors que cela avait lieu, soit elle montre combien c'est
à dessein qu'elle ne dit pas le nom de celui contre qui elle est
en colère. 2 quant à moi, je
reconnais bien là l'habitude des servantes, à savoir qu'elles sont
négligentes envers leurs maîtresses.
Th.-qui Chaerea? Py.-iste
ephebus475
frater Phaedriae.
Th.-Quel, Chéréa ? Py.-Ce maudit
éphèbe, le frère de Phédria.
1 ephebvs
iste ephebi nomen ad aetatem rettulit, non ad
facinus commissum. 2 iste ephebvs cito ostendit, cur
<sit> iste eunuchus creditus.
1 ephebvs
iste le nom éphèbe se rapporte à l'âge, non au crime
commis. 2 iste ephebvs elle montre rapidement pourquoi
on a fait confiance à ce maudit eunuque.
Th.-quid ais, uenefica? Py.-atqui
certe comperi.
Th.-Que dis-tu, poison ? Py.-Mais,
je le sais de source sûre.
1 qvid ais
v.
venefica
redit rursus ad iracundiam. 2 Aptum conuitium et comicum in ancillas uenefica64;
<sic et> lupa, «
uipera
372 », «
excetra
373 », et infra «
sacrilega
374 ».
1 qvid ais
venefica elle se met à nouveau en colère. 2 L'injure uenefica est appropriée et propre à la
comédie contre les servantes ; de même que lupa (louve),
« uipera
» (vipère), « excetra » (serpent) et plus bas
«
sacrilega ».
Th.-quid is obsecro ad nos? quam ob
rem adductus est? Py.-nescio;
Th.-Pourquoi celui-là, je te le
demande, est-il venu chez nous ? Pourquoi l'y a-t-on amené ?
Py.-Je ne sais pas ;
qvid is obsecro ad nos non rogantis est
obsecro,
sed dolentis.
qvid is obsecro ad nos on ne dit pas
obsecro
pour émettre une requête mais pour se plaindre.
nisi amasse credo Pamphilam.
Th.-hem misera occidi,
sauf qu'il était amoureux, je
crois, de Pamphila. Th.-Hélas, malheureuse ! je suis morte,
nisi amasse credo
p.
pamphilam
deest quod, ut sit: nisi quod.
nisi amasse credo pamphilam il manque
quod (le
fait que), pour avoir : si ce n'est le fait que.
infelix, siquidem tu istaec uera
praedicas.
malheureuse, si ce que tu annonces
là est vrai.
num id lacrimat virgo? Py.-id
opinor. Th.-quid ais, sacrilega?
Est-ce pour cela que la fille
pleure ? Je suppose. Th.-Que dis-tu, mécréante ?
1 nvm id lacrimat
v.
virgo
ut supra «
id uero serio
t.
triumphat
375 », pro ob
id. 2 id opinor callide Pythias
opinor
dixit, cum sciat. 3 qvid ais sacrilega αὔξησις: primo «
scelesta
376 », deinde «
uenefica
377 », postremo sacrilega.
1 nvm id lacrimat
virgo comme plus haut « id uero serio triumphat » à la
place de ob
id (à cause de cela). 2 id
opinor avec astuce, Pythias dit bien opinor, alors qu'elle
sait. 3 : qvid ais
sacrilega amplification (αὔξησις) : d'abord « scelesta », ensuite
«
uenefica », enfin sacrilega.
istucine interminata sum hinc
abiens tibi?
Est-ce là l'ordre impérieux que je
t'avais donné en sortant ?
1 istvcine
interminata svm satis moraliter. 2 istvcine
interminata svm pro: non hoc tibi comminata sum? 3 istvcine
i.
interminata
s.
svm
h.
hinc
a.
abiens
t.
tibi
apparet haec post scaenam esse mandata; nam
supra non meminit, sed dixerat tantum «
hos prius introducam et quae uolo simul
i.
imperabo
:
p.
post
h.
huc
c.
continuo
e.
exeo
378 ».
1 istvcine
interminata svm assez dans le caractère du
personnage. 2 istvcine interminata svm est mis pour
ne t'ai-je pas mise en
garde ? 3 istvcine interminata svm hinc abiens
tibi il est clair qu'elle a confié cette mission hors
scène ; car elle n'en a pas parlé plus haut, et elle a seulement
dit « hos prius introducam et quae uolo simul imperabo : post huc
continuo exeo ».
Py.-quid facerem? ita ut tu iusti,
soli credita est.
Py.- Que pouvais-je faire ? Comme
tu l'as ordonné, c'est à lui seul qu'elle a été confiée.
1 qvid facerem ita
vt tv
i.
ivsti
s.
soli
c.
credita
est dixerat enim Chaerea «
edicit ne
u.
uir
q.
quisquam
a.
ad
e.
eam
, <
a.
adeat
e.
et
>
m.
mihi
n.
ne
a.
abscedam
i.
imperat
379 ». 2 ivsti συγκοπή metaplasmus pro iussisti.
1 qvid facerem ita
vt tv ivsti scelesta Chéréa avait en effet dit « edicit ne
uir quisquam ad eam adeat et mihi ne abscedam imperat ». 2 ivsti syncope (συγκοπή) métaplasme pour iussisti (tu l'as
ordonné).
Th.-scelesta, ouem lupo commisisti.
dispudet
Th.-Coquine ! Tu as mis le loup
dans la bergerie. Je meurs de honte
1 scelesta ovem
lvpo c bene dilatum tot occasionibus prouerbium personae
Thaidis adscriptum est; continet enim in se et femineam
reuerentiam <et> meretricium sensum. 2 Reditque rursus ad minora conuitia, quia uidet se
esse conuictam. et est prouerbium ouem lupo commisisti 65.
1 scelesta ovem
lvpo commisisti c'est à bon escient que ce proverbe
proféré en de si nombreuses occasions est porté au compte du
personnage de Thaïs ; il comprend en effet en lui-même à la fois
la réserve féminine et la sensualité des courtisanes. 2 elle en revient à des insultes moins graves,
parce qu'elle voit qu'elle a été leurrée. Et c'est un proverbe que
ouem lupo
commisisti.
sic mihi data esse uerba. quid
illuc hominis est?
d'avoir été ainsi payée de mots.
Qu'est-ce que c'est que ce type ?
1 sic mihi data
esse verba uidetur plura fuisse dictura, nisi superueniret
Chaerea. 2 qvid illvc
h.
hominis
e.
est
per genetiuum casum iniuriose dicitur, per
nominatiuum honorifice. 3 qvid illvc
h.
hominis
e.
est
non continuo agnoscit hunc meretrix, quia etsi
adhuc ueste eunuchi indutus est, attamen exuit spadonis incessum
uultumque mutauit et praeter uestem totus in Chaeream rediit.
1 sic mihi data
esse verba il semble qu'elle allait en dire davantage si
Chéréa n'avait fait son apparition. 2 qvid illvc
hominis est au génitif c'est injurieux, au nominatif
élogieux. 3 qvid illvc hominis est la courtisane ne le
reconnaît pas tout de suite, parce que, même s'il est encore vêtu
du costume de l'eunuque, il a abandonné sa démarche de castrat, a
changé de jeu de physionomie, et, hormis le costume, est redevenu
tout entier Chéréa.
Py.-era mea, tace476, obsecro, saluae sumus:
Py.- Ma maîtresse, tais-toi, s'il
te plaît ! Nous sommes sauvées.
1 era mea
t.
tace
o.
obsecro
blande ac puellariter arridet. 2 tace non
silentium indicentis est, sed securam facientis, ut «
tace, egomet conueniam ipsum
380 ».
1 era mea tace
obsecro elle sourit avec un air caressant et bon
enfant. 2 tace n'est pas ici pour marquer qu'on impose
le silence, mais bien qu'on donne une assurance, comme « tace,
egomet conueniam ipsum ».
habemus hominem ipsum. Th.-ubi is
est? Py.-em ad sinisteram.
Nous tenons le type lui-même.
Th.-Où est-il, celui-là ? Py.-Là, à gauche.
habemvs hominem
i.
ipsvm
mire hominem dixit ut reum.
habemvs hominem ipsvm c'est remarquable de
dire hominem comme on dit reum l'accusé.
uiden? Th.-uideo. Py.-iube
conprehendi477, quantum
potest.
Tu le vois ? Th.-Je le vois.
Py.-Ordonne qu'on l'appréhende autant que possible.
1 ivbe comprehendi
qvantvm potest pro comprehende: τὸ iube enim uelis significat. 2 Et qvantvm potest deest cito.
1 ivbe comprehendi
qvantvm potest à la place de comprehende (attrape-le) : le iube signifie en
effet veuille. 2 Et qvantvm
potest il manque cito (vite).
Th.-quid illo faciemus, stulta?
Py.-quid facias, rogas?
Th.-Et que ferons-nous de lui,
idiote ? Py.-Ce que tu en feras ? Cette demande !
1 qvid illo
faciemvs comprehenso subauditur. 2 qvid facias
rogas moraliter expressit puellae stupentis uerba et non
habentis quid respondeat ad ea, quae dicta sunt.
1 qvid illo
faciemvs comprehenso (après l'avoir attrapé) est
sous-entendu. 2 qvid facias rogas conformément au caractère
de son personnage, elle imite les paroles de la jeune fille qui
reste interdite et qui n'a pas de quoi répondre à ce qui est
dit.
uide amabo, si non, cum aspicias,
os inpudens
Regarde, s'il te plaît, si, quand
on le regarde, ce n'est pas d'un mal embouché
vide amabo si non
c.
cvm
a.
aspicias
o.
os
i.
inpvdens
v.
videtvr
mire ab eo, quod respondere coeperat, ad aliud
transit mirata confidentiam Chaereae: is est an non est?
vide amabo si non cvm aspicias os inpvdens
videtvr remarquable : en partant de ce à quoi elle avait
commencé à répondre, elle passe à autre chose, après s'être
étonnée de l'assurance de Chéréa : est-ce lui ou non ?
uidetur! non est? tum quae eius
confidentia est!
qu'il a l'air. N'est-ce pas vrai ?
Et puis quelle confiance en soi !
tvm qvae eivs
c.
confidentia
e.
est
non est impudens66, inquit, non est nisi similis impudenti. sic alibi
«
ueritas inest
i.
in
u.
uultu
a.
atque
<
i.
in
>
u.
uerbis
f.
fides
381 ».
tvm qvae eivs confidentia est il n'est pas
impudent, dit-elle, il n'est que tout à fait semblable à un
impudent. ainsi ailleurs, « ueritas inest in uultu atque in uerbis
fides ».
scaena altera
Thais Pythias Chaerea
840 | 841 | 842 | 843 | 844 | 845 | 846 | 847 | 848 | 849 | 850 | 851 | 852 | 853 | 854 | 855 | 856 | 857 | 858 | 859 | 860 | 861 | 862 | 863 | 864 | 865 | 866 | 867 | 868 | 869 | 870 | 871 | 872 | 873 | 874 | 875 | 876 | 877 | 878 | 879 | 880 | 881 | 882 | 883 | 884 | 885 | 886 | 887 | 888 | 889 | 890 | 891 | 892 | 893 | 894 | 895 | 896 | 897 | 898 | 899 | 900 | 901 | 902 | 903 | 904 | 905 | 906 | 907 | 908 | 909
Ch.-Apud Antiphonem uterque, mater
et pater,
Ch.-Chez Antiphon les deux, son
père et sa mère,
1 apvd antiphonem
v.
vterqve
m.
mater
et
p.
pater
rediens in uiciniam suam causas reddit
Chaerea, cur non mutauerit uestem. oportuit autem et iam e re
argumenti fuit non mutasse, ut eum uideret meretrix cum turpi
habitu incedentem ut reum uitiatae uirginis. 2 apvd antiphonem
v.
vterqve
m.
mater
et
p.
pater
<apud> Antiphonem dixit pro
<in> domo
eius. 3 vterqve mater et pater non
uterque pater et utraque mater, sed uterque parens, quia
mater et
pater.
1 apvd antiphonem
vterqve mater et pater revenant dans son quartier, Chéréa
explique les raisons pour lesquelles il n'a pas changé de
costume : c'est une nécessité commandée par l'intrigue de ne pas
en avoir changé, pour que la courtisane le voie entrer avec une
tenue honteuse, comme suspect d'avoir déshonoré la jeune
fille. 2 apvd antiphonem vterqve mater et pater il
dit apud
Antiphonem, à la place de in domo eius (chez
lui). 3 vterqve mater et pater non pas chacun des
deux pères et chacune des deux mères, mais chacun des deux
parents, parce qu'il dit mater et pater la mère et le
père287.
quasi dedita opera domi erant ut
nullo modo
comme s'ils s'étaient donné le mot,
étaient à la maison ce qui fait que pas moyen
1 qvasi dedita
o.
opera
d.
domi
e.
erant
non tam mirum, si domi erant, sed illud magis
mirum, quod in ea domus parte, qua in aedes introeundum erat
adulescentulo. 2 vt nvllo modo introire possem superius causa
continetur, cur non mutauerit uestem, inferius autem, cur huc
redierit.
1 qvasi dedita
opera domi erant cela n'est pas si étonnant, s'ils étaient
chez eux, mais ce qui est plus étonnant, c'est qu'ils étaient dans
la partie de la maison par laquelle le jeune homme devait pénétrer
dans la demeure. 2 vt nvllo modo introire possem
la raison pour laquelle il n'a pas changé de costume est donnée
ci-dessus ; celle pour laquelle il est revenu est donnée
ci-dessous.
introire possem quin uiderent me.
interim
de pouvoir entrer sans qu'ils me
voient. Entretemps,
qvin modo quominus.
qvin parfois équivaut à quominus (sans
que).
dum ante ostium sto, notus mihi
quidam obuiam
pendant que j'étais debout devant
leur porte, quelqu'un que je connais en face de moi
1 dvm ante ostivm
s.
sto
Antiphonis scilicet. 2 notvs mihi
qvidam obviam venit qui me possit agnoscere uel qui me
nouerit, id est amicus.
1 dvm ante ostivm
sto évidemment d'Antiphon. 2 notvs mihi
qvidam obviam venit capable de me reconnaître ou qui me
connaît, c'est-à-dire un ami.
uenit. ubi uidi, ego me in pedes
quantum queo
arrive. Dès que je l'ai vu, je
détale à toutes jambes
qvantvm qveo deest uelociter.
qvantvm qveo il manque uelociter
(rapidement).
in angiportum quoddam desertum,
inde item
dans un coin de rue désert, puis
encore
1 in angiportvm
qvoddam uide non illum uitasse sub una clausula bis
in dicere:
in pedes,
in
angiportum. 2 angiportvm sic dicebant uicum
non peruium uia publica. 3 desertvm inde deest fugiens.
1 in angiportvm
qvoddam voyez comme il n'a pas évité la répétition de
in à
l'intérieur d'un seul membre de phrase in pedes, in
angiportum. 2 angiportvm c'est ainsi qu'on
désignait un quartier que ne traversait pas une voie
publique. 3 desertvm inde il manque fugiens (en prenant
la fuite).
in aliud, inde in aliud: ita
miserrimus
un autre et un autre encore. Au
comble du malheur
1 ita miserrimvs
fvi
f.
fvgitando
id est: fatigatus, lassus et languidus sum,
dum fugio. 2 Et honesta locutio67, ut miser amando, miser curando.
1 ita miserrimvs
fvi fvgitando c'est-à-dire que je suis épuisé, harassé,
sans forces durant ma fuite. 2 Et
expression de registre élevé, comme on dit miser amando
(malheureux à cause de l'amour),
miser
curando
(malheureux à cause des tourments amoureux).
fui fugitando nequis me
cognosceret.
que j'étais, fuyant toujours pour
que personne ne me reconnaisse.
neqvis me cognosceret pro agnosceret nota
improprie dictum.
neqvis me cognosceret à la place de
agnosceret
(qui me reconnût) : notez comme ce mot est employé de façon
impropre.
sed estne haec Thais quam uideo?
ipsa est. haereo
Mais n'est-ce pas Thaïs que je vois
ici ? C'est elle-même. Je suis coincé,
1 sed estne haec
thais iampridem uisus ipse nunc primum uidet. 2 haereo incertus remaneo atque defigor.
primus metus adimit consilium, sed recogitatio reddit
confidentiam.
1 sed estne haec
thais alors qu'il a été vu depuis longtemps, maintenant
pour la première fois il voit de lui-même. 2 haereo
je demeure dans le doute et je suis cloué sur place. D'abord la
peur ôte la faculté de réflexion, puis le fait de recouvrer ses
esprits rend confiance.
quid faciam. hem478, quid mea autem? quid faciet
mihi?
que faire ? Bah ! Après tout,
qu'est-ce que ça fait ? Qu'est-ce qu'elle va me faire ?
1 hem qvid mea
avtem qvid
f.
faciet
m.
mihi
colligit se rursus ad impudentiam
Chaerea. 2 Et uide si non eadem est
audacia in Chaerea, quae in suscipiendo facinore fuit. 3 Et ἐλλειπτικῶς < quid mea autem?
>. 4 qvid mea avtem qvid
f.
faciet
m.
mihi
opportune se confirmauit, quia si extimuisset
aufugissetque, nihil nuptiae promouerentur.
1 hem qvid mea
avtem qvid faciet mihi Chéréa se ressaisit et retrouve son
impudence. 2 Et voyez si Chéréa ne
fait pas montre de la même audace que celle qui le poussa à
commettre le crime. 3 Et de manière
elliptique (ἐλλειπτικῶς), sous-entendu quid mea
autem ?. 4 qvid mea avtem qvid faciet mihi
il se raffermit au bon moment, parce que s'il avait éprouvé de la
crainte et s'il avait fui, le mariage n'aurait en rien été
avancé.
Th.-adeamus. bone uir Dore, salue:
dic mihi,
Th.-Abordons-le. Mon bon garçon,
Dorus. Bonjour. Dis-moi...
1 bone vir
dore hoc totum figurate dicit ut meretrix et subtiliter;
nam scit Chaeream esse quem alloquitur, non eunuchum. 2 Et hic magna occasio datur meretrici
adeundi adulescentis, qui habitum non mutauit et adhuc quasi
eunuchus et seruus est. 3 bone vir
d.
dore
s.
salve
maior obiurgatio est per hanc dissimulationem
Thaidis aduersum Chaeream, quam si illum id quod est appellet.
1 bone vir
dore elle dit tout ceci de façon détournée, en bonne
courtisane, et subtilement ; car elle sait que c'est à Chéréa
qu'elle s'adresse, et non à l'eunuque. 2 Et ici c'est une grande opportunité qui est donnée
à la courtisane d'approcher le jeune homme, qui n'a pas changé
d'allure et qui jusque là est presque comme un eunuque et un
esclave. 3 bone vir dore salve à travers cette
dissimulation, Thaïs blâme Chéréa plus fortement que si elle
nommait ce dont il s'agit.
aufugistin? Ch.-era, factum.
Th.-satin hoc479 tibi placet?
tu t'es enfui ? Ch.-Maîtresse, je
l'ai fait. Th.-Es-tu content de ce que tu as fait ?
1 era
factvm non potuit subtilius respondere Chaerea, quam
accommodare se interroganti. 2 satin hoc tibi
pl.
placet
hoc potest et non figurate dici sed
aperte.
1 era factvm
Chéréa n'aurait pas pu répondre plus subtilement qu'en se montrant
accommodant avec celle qui l'interroge. 2 satin hoc tibi
placet ceci peut être dit aussi non pas de manière
détournée, mais ouvertement.
Ch.-non. Th.-credin te inpune
habiturum? Ch.-unam hanc noxiam
Ch.-Non. Th.-Penses-tu que tu t'en
tireras impunément ? Ch.-Cette seule faute,
vnam hanc noxiam
a.
amitte
trisyllabo nomine noxiam dixit quasi
noxam.
alibi aliter «
dominam esse extra noxiam68
382 ».
vnam hanc noxiam amitte le trisyllabique
noxiam
vaut presque dans sa bouche pour noxam (crime). Ailleurs il en allait
autrement « dominam esse extra noxam » (ma maîtresse n'a rien à
voir avec le crime).
amitte: si aliam admisero umquam,
occidito.
pardonne-la. Si j'en commets une
autre une seule fois, tue-moi.
1 si aliam
a.
admisero
v.
vmqvam
o.
occidito
uerba seruorum, quibus nihil horribile est
praeter praesentes plagas. 2 Et non
caedito
69 sed
occidito. 3 Et illa Chaerea dixerat quasi irrisor ;
abhinc ut fugitiuus 70.
1 si aliam
admisero vmqvam occidito mots d'esclaves, pour qui rien
n'est terrible hormis les coups immédiats. 2 Et il ne dit pas caedito (roue-moi de coups), mais
occidito. 3 Et Chéréa parlait jusqu'ici comme s'il se moquait,
à partir de maintenant il parle en esclave fugitif.
Th.-num meam saeuitiam ueritus es?
Ch.-non. Th.-quid igitur?
Th.-C'est vraiment ma cruauté que
tu craignais ? Ch.-Non. Th.-Quoi alors ?
nvm meam saevitiam veritvs es deest
ut 71 fugeres.
nvm meam saevitiam veritvs es il manque
ut
fugeres (en sorte que tu as
pris la fuite).
Ch.-hanc metui ne me criminaretur
tibi.
Ch.-C'est d'elle que j'avais peur,
qu'elle m'accuse auprès de toi.
hanc metvi ne me
c.
criminaretvr
t.
tibi
perfecte imitatus est uerba fugitiuorum, quae
apud dominos faciunt comprehensi.
hanc metvi ne me criminaretvr tibi il imiteà
la perfection les paroles des esclaves fugitifs, qui rendent à
leur égard les maîtres compréhensifs.
Th.-quid feceras? Ch.-paullum
quiddam. Py.-eho « paullum », inpudens?
Th.-Qu'avais-tu fait ? Ch.-Un petit
rien. PY.-Oh ! « un petit rien » ! Mal embouché !
an paullum hoc esse tibi uidetur,
uirginem
C'est un petit rien, d'après toi,
une fille,
virginem vitiare
c.
civem
bene intulit ciuem, quod plus est etiam uirginem uitiare:
αὔξησις
gradatim facta.
virginem vitiare civem elle lui a bien jeté
à la face ciuem (citoyenne), ce qui est plus grave
que uirginem
uitiare (déshonorer une jeune fille) : l'amplification
(αὔξησις), est
produite progressivement.
uitiare ciuem? Ch.-conseruam esse
credidi.
de la violer, une citoyenne ?
Ch.-Je la croyais ma compagne d'esclavage.
1 conservam esse
credidi locus erat, ut diceret seruam esse credidi, sed
admirabiliter conseruam dixit. 2 Et hoc ipsum miserabiliter pronuntiandum
est, tamquam <eam aliam> crediderit atque erat et quasi
conseruam debuerit uitiare.
1 conservam esse
credidi c'était l'occasion pour qu'il dise j'ai cru
qu'elle était esclave, mais il dit admirablement conserva. 2 Et ce mot précisément doit être prononcé sur
un ton plein de pitié, comme s'il croyait qu'elle était autre
qu'elle n'était, et comme s'il avait dû déshonorer une compagne
d'esclavage.
Py.-conseruam! uix me contineo quin
inuolem in
Py.-Compagne d'esclavage ! Je me
retiens à peine de te voler dans
1 conservam opportune stomachatur Pythias
facta mentione conseruae. 2 vix me contineo qvin
invol.
involem
in
ca.
capillvm
minae istae proprie feminarum sunt et in se et
in alios unguibus saeuientium, ut «
unguibus
o.
ora
s.
soror
f.
foedans
et
p.
pectora
p.
pugnis
383 ». 3 Sed inuolem ab auibus
tractum est, ut apud Vergilium «
praedam
p.
pedibus
c.
circumuolat
u.
uncis
384 ». 4 Ergo hoc gestu et
digito et motu corporis est adiuuandum. 5 involem in
c.
capillvm
apparet more ueterum intonsum72 esse.
1 conservam à juste titre, Pythias se met en
colèrecolère à la mention de la compagne d'esclavage. 2 vix me
contineo qvin involem in capillvm ces menaces sont au sens
propre celles de femmes dont les ongles s'acharnent contre
elles-mêmes et contre les autres, comme « unguibus ora soror
foedans et pectora pugnis » (sa sœur, se lacérant le visage et la
poitrine à coups d'ongle et de poings). 3 mais inuolem est une image tirée des oiseaux,
comme chez Virgile « praedam pedibus circumuolat uncis » (aux
pattes crochues, survole sa proie). 4 Donc ce mot doit être soutenu à la fois par la
gestuelle, un mouvement du doigt, et le mouvement du
corps. 5 involem in capillvm il est clair que,
conformément à l'usage des Anciens, il n'a pas les cheveux
coupés.
capillum, monstrum: etiam ultro
derisum aduenit.
les plumes, monstre. Et en plus,
spontanément, il vient se moquer de nous !
etiam vltro derisvm
a.
advenit
mire nunc addidit ad accusationem, quod non
fugerit saltem.
etiam vltro derisvm advenit admirable : il
ajoute maintenant à l'accusation le fait qu'au moins il n'ait pas
pris la fuite.
Th.-abin hinc, insana? Py.-quid
ita? uero debeam,
Th.-Vas-tu dégager, pauvre folle.
Py.-Comment cela ? Je lui serais encore redevable,
1 qvid ita vero
debeam abeam subauditur; uero autem εἰρωνικῶς pronuntiandum
est. 2 Sane debere dicimur poenas
pro iniuria ei, cui iniuriam fecerimus: quas se non debituram
Chaereae ut furcifero dicit Pythias, si illi caedem intulerit in
seruili habitu constituto.
1 qvid ita vero
debeam abeam est sous-entendu ; quant à
uero
(mais), on doit le prononcer ironiquement (εἰρωνικῶς). 2 on dit debere pour un châtiment qui répare un
tort à l'égard de quelqu'un à qui on a fait du tort : or ce
châtiment Pythias dit qu'elle n'en sera pas redevable à Chéréa
puisque c'est un pendard Chéréa si elle a causé sa perte alors
qu'il était dans la tenue d'un esclave.
credo, isti quicquam furcifero si
id fecerim;
à mon avis, à cette pourriture, si
je faisais quelque chose de ce genre,
si id fecerim si inuolauerim in capillum
eius.
si id fecerim si je lui volais dans les
plumes.
praesertim cum se seruum fateatur
tuum.
surtout qu'il avoue qu'il est ton
esclave.
Th.-missa haec faciamus. non te
dignum, Chaerea,
Th.-Laissons tomber cela. Ce
n'était pas digne de toi, Chéréa,
1 missa haec
faciamvs quae? haec scilicet iocularia et
futilia. 2 non te dignvm chaerea fecisti artificiose
meretrix ab eo quod licuit ad id quod oportuit transit nec tractat
quid sit legitimum, sed quid sit honestum. itaque totam illam
partem facti accusandi omittit et ab accidentibus personae
adulescentis obiurgat: scit enim uno uerbo obstari posse
licuit
mihi, in domo meretricia scilicet, contra meretricem,
ne uideatur irrationabilis audacia ingenui a poeta inducta
esse. 3 non te dignvm
c.
chaerea
f.
fecisti
dignum pro digne, aut deest facinus, ut sit:
non te dignum facinus
fecisti. 4 Mira
accusatio: mixta laudi et blandimento.
1 missa haec
faciamvs lesquelles : évidemment ces plaisanteries et
futilités. 2 non te dignvm chaerea fecisti la courtisane
passe artificiellement de ce qui était permis à ce qui était
indispensable, et n'aborde pas ce qui est légitime, mais ce qui
est honnête. C'est pourquoi elle omet toute la partie de l'objet
d'accusation et profère ses critiques à partir de ce qui arrive au
personnage du jeune homme : elle sait en effet qu'il peut
s'opposer d'un seul mot à la courtisane licuit mihi,
naturellement dans la demeure de la courtisane, pour que le poète
ne semble pas mettre en scène l'audace déraisonnable d'un homme
libre. 3 non te dignvm cherea fecisti : dignum est mis pour
digne
(dignement), ou il manque facinus (le forfait), pour donner :
tu as commis un crime
indigne de toi. 4 étonnante accusation mêlée d'éloge et de
flatterie.
fecisti; nam si ego digna hac
contumelia
ce que tu as fait. Car si moi je
suis digne de cet affront,
1 nam si ego
d.
digna
deest et, ut sit: etsi. <et> est
ordo: nam etsi
maxime. 2 Et bene
additum maxime, ut appareat, etsi digna sit pati meretrix, non
tamen maxime dignam Thaidem.
1 nam si ego
digna il manque et (même), pour donner : même si. Et l'ordre
est : car même si
pleinement. 2 Et elle
ajoute fort à propos maxime (pleinement), pour qu'il soit
clair que, même si une courtisane est digne de souffrir, Thaïs
n'en est cependant pas pleinement digne.
sum maxime, at tu indignus qui
faceres tamen.
au plus haut point, en tout cas
toi, tu n'étais pas digne de me le faire.
at tv indignvs qvi faceres tamen recte
dixit: quattuor enim sunt modi in eiusmodi rebus, ita ut aut
uterque dignus sit aut uterque indignus aut altero digno alter
indignus aut contra.
at tv indignvs qvi faceres tamen elle dit
justement : il y a en effet quatre possibilités dans des affaires
de ce genre, de sorte que soit l'un et l'autre sont dignes, soit
l'un et l'autre sont indignes, soit l'un est digne mais l'autre
indigne, soit l'inverse.
neque edepol quid nunc consili
capiam scio
Et, nom d'un chien, quelle décision
prendre maintenant, je ne sais pas,
1 neqve edepol
qvid nvnc
c.
consili
c.
capiam
s.
scio
intellegit Thais amari uirginem ab hoc et ideo
sic ait, ut conciliet nuptias. nam satis signi est, quod eunuchi
habitum propter hanc sumpsit. 2 Et uide
quemadmodum ad captionem nuptiarum res eant: quod tamen dicere non
audet Thais, sed tantum ostendit adulescenti, quem temptat sciens,
et ostendit uiam petendae sibi uxoris.
1 neqve edepol
qvid nvnc consili capiam scio Thaïs comprend que la jeune
fille est aimée de ce jeune homme et c'est pour cela qu'elle
s'exprime de façon à arranger les noces. Car c'est un indice
suffisant qu'il ait pris pour la séduire l'habit d'un
eunuque. 2 Et voyez comment
l'affaire évolue vers le piège des noces : ce que Thaïs n'ose
cependant pas dire, et montre seulement au jeune homme, qu'elle
met à l'épreuve sciemment, et elle lui montre la voie pour prendre
femme.
de uirgine istac: ita conturbasti
mihi
à l'égard de cette fille. Tu m'as
si bien embrouillé
rationes omnis, ut eam non possim
suis
tous mes plans qu'elle je ne peux
aux siens
ita ut aequum fuerat atque ut
studui tradere,
comme c'était équitable et comme je
m'y efforçais, la rendre
ut solidum parerem hoc mihi
beneficium, Chaerea.
pour me faire naître de là un
solide capital de sympathie, Chéréa.
hoc mihi beneficivm chaerea blande nomen
repetitum est Chaerea.
hoc mihi beneficivm chaerea c'est avec
flatterie qu'elle répète le nom de Chéréa.
Ch.-at nunc dehinc spero aeternam
inter nos gratiam
Ch.-Mais maintenant, dorénavant,
j'espère que ce sera entre nos une éternelle sympathie
at nvnc dehinc spero nunc iam Chaerea uera
ueris <repens>at <ac> recedit a iocularibus.
at nvnc dehinc spero donc à présent Chéréa
dit la vérité en échange de la vérité et abandonne les
plaisanteries.
fore, Thais. saepe ex huiusmodi re
quapiam et
qu'il y aura, Thaïs. Souvent d'une
situationde ce genre et
1 saepe ex hvivs
modi re hoc est turbulenta. 2 qvapiam
quacumque
uel aliqua.
1 saepe ex hvivs
modi re c'est-à-dire agitée. 2 qvapiam
mis pour quacumque (n'importe laquelle) ou
aliqua
(certaine).
malo principio magna
familiaritas
d'un mauvais début, une grande
intimité
conflata est. quid si hoc quispiam
uoluit deus?
a été forgée. Et qui sait si
quelque dieu ne l'a pas voulu ?
1 qvid si hoc
qvispiam
v.
volvit
d.
devs
pleraque repentinis impulsionibus nata
mirisque prouentibus deo adscribi solent, ut «
descendo ac
d.
ducente
d.
deo
f.
flammam
i.
inter
et
h.
hostis
e.
expedior
385 » et «
hinc me digressum
u.
uestris
d.
deus
a.
adpulit
o.
oris
386 » et Sallustius «
ut tanta repente mutatio non sine deo
uideretur
387 ». 2 qvid si hoc
q.
qvispiam
v.
volvit
d.
devs
uult amorem intellegi deum.
1 qvid si hoc
qvispiam volvit devs la plupart des événements dus à des
impulsions soudaines et avec des résultats admirables sont souvent
attribués à un dieu, comme « descendo ac ducente deo flammam inter
et hostis expedior » (sous la conduite d'un dieu, je descends et
je me dégage des flammes et de l'ennemi). « Hinc me digressum
uestris deus adpulit oris » (lorsque je partis de là, un dieu me
poussa vers vos rivages) et Salluste « ut tanta repente mutatio
non sine deo uideretur » (si bien qu'on ne verrait un si grand
changement sans l'aide d'un dieu). 2 qvid si hoc
qvispiam volvit devs il veut que l'amour soit compris
comme divin.
Th.-equidem pol in eam partem
accipioque et uolo.
Th.-Pour ma part, nom d'un chien,
c'est en ce sens que je le prends et le souhaite.
1 eqvidem pol in
eam partem accipioqve et volo ut aeterna inter nos sit
gratia et ex malo principio confletur magna
familiaritas. 2 et volo euenire subauditur. et est σύλλημψις tertia.
1 eqvidem pol in
eam partem accipioqve et volo pour qu'il y ait entre nous
une reconnaissance éternelle et qu'à partir d'un mauvais début
naisse une grande intimité. 2 et volo euenire (arriver) est
sous-entendu. C'est la troisième syllepse (σύλλημψις).
Ch.-immo ita quaeso. unum hoc
scito, contumeliae
Ch.-Vraiment faisons ainsi, je t'en
prie. Sache une seule chose : ce n'est pas pour t'outrager
1 immo ita
qvaeso utrum meretricem an deos quaeso? utrumque enim
accipi potest. 2 An quaeso unum hoc
scito?
1 immo ita
qvaeso je prie la courtisane ou les dieux ? on peut en
effet accepter l'un et l'autre. 2 Ou
quaeso unum hoc
scito (je t'en prie, sache seulement une chose) ?
me non fecisse causa, sed amoris.
Th.-scio,
que je l'ai fait, mais par amour.
Th.-Je sais,
scio unde sciat Thais, inepte quaeritur, cum
ipsa res clamet numquam hanc condicionem, ut pro seruo se
fingeret, subiturum Chaeream sine amoris impulsu.
scio d'où Thaïs le sait-elle, c'est une
question hors de propos, puisque l'affaire elle-même crie que
jamais Chéréa n'en serait venu à se faire passer pour un esclave
si l'amour ne l'avait pas poussé.
et pol propterea mage nunc ignosco
tibi.
et, nom d'un chien, c'est pour cela
que je te pardonne davantage maintenant.
nvnc ignosco tibi quod culpa non sit hominis
sed amoris.
nvnc ignosco tibi à savoir que ce ne serait
pas la faute de l'homme mais de l'amour.
non adeo inhumano ingenio sum,
Chaerea,
Je ne suis pas d'un caractère si
inhumain, Chéréa,
non adeo inhvmano ingenio non tantum,
quantum putas; ut «
non obtusa adeo gestamus pectora
Poeni
388 ».
non adeo inhvmano ingenio pas autant que tu
le penses ; comme « non obtusa adeo gestamus pectora Poeni »
(Nous, Phéniciens, nous n'avons pas le cœurs émoussé à ce
point).
neque tam480 inperita
ut quid amor ualeat nesciam.
ni inexpérimentée au point
d'ignorer la force de l'amour.
1 neqve tam
imperita vt qvid amor
v.
valeat
n.
nesciam
non inhumano quia homo, non imperita quia
meretrix. 2 Et neque tam imperita
inquit, quasi dicat: neque tam pudica sum, ut quid amor ualeat
nesciam.
1 neqve tam
imperita vt qvid amor valeat nesciam non inhumano, parce
que c'est un homme ; non imperita parce que c'est une
courtisane. 2 et elle dit neque tam imperita,
comme si elle disait : je ne suis pas si chaste que j'ignore ce
que peut l'amour.
Ch.-te quoque iam, Thais, ita me di
bene ament, amo.
Ch.-Toi aussi désormais, Thaïs,
bonté divine, je t'aime.
te qvoqve iam thais bene quoque: non enim iam
hanc ita amat, ut illam neglegat, sed hanc illius causa.
te qvoqve iam thais quoque, bien dit : en
effet il n'aime pas encore celle-ci au point de négliger celle-là,
mais celle-ci du fait de celle-là.
Py.-tum pol tibi ab isto481, era, cauendum intellego.
Py.-Alors, nom d'un chien, de ce
personnage, maîtresse, méfie-toi, je le sais.
pol tibi ab isto
e.
era
c.
cavendvm
intellego facete, tamquam qui soleat capillum
ac uestem conscindere, quam73 amauerit.
pol tibi ab isto era cavendvm intellego
amusant : comme s'il avait l'habitude d'arracher les cheveux et
les vêtements de celle qu'il aime.
Ch.-non ausim. Py.-nihil tibi
quicquam credo. Th.-desinas.
Ch.-Je n'oserais pas. Py.-Je ne te
crois pas du tout. Th.-Arrête.
1 non
avsim pro non
audebo. et est uerbum huius temporis tantum. 2 non
avsim utrum propter aetatem an potius propter fratrem
Phaedriam? 3 nihil tibi qvicqvam παρέλκον
quartum. 4 Aut nihil pro non. 5 desinas
pro eo quod est desine, aut deest fac ut sit:
fac
desinas.
1 non
avsim pour non
audebo (je n'oserai pas). Et c'est un verbe qui n'a
que ce temps 2 non avsim à cause de son âge ou plutôt à
cause de son frère Phédria ? 3 nihil tibi
qvicqvam quatrième pléonasme (παρέλκον). 4 ou nihil (en rien) pour une simple
négation. 5 desinas à la place de la forme desine, (cesse), ou
bien il manque fac, (fais que), pour donner :
fais en sorte de
cesser.
Ch.-nunc ego te in hac re mi oro ut
adiutrix sies,
Ch.-Maintenant, moi, je te prie
dans cette affaire d'être mon auxiliaire.
ego me tuae commendo et committo
fidei,
Je me recommande à toi et m'en
remets à ta loyauté.
1 ego me tvae
commendo et committo fidei satis amatorie, ut appareat
nunc maxime captum Chaeream ac mancipatum uirgini. 2 commendo et
c.
committo
f.
fidei
commendamus nos cognitis, committimus ignotis.
ergo αὔξησις
est maioris officii fideique circa Thaidem.
1 ego me tvae
commendo et committo fidei avec un ton assez amoureux,
pour qu'il soit clair maintenant que Chéréa est entièrement épris
et abandonné à la jeune fille. 2 commendo et
committo fidei nous nous confions à des gens que nous
connaissons, nous nous en remettons à des gens que nous ne
connaissons pas. Donc l'amplification (αὔξησις) s'attache à un plus grand devoir
et une plus grande fidélité à l'égard de Thaïs.
te mihi patronam capio, Thais, te
obsecro:
C'est toi que je me prends comme
avocate, Thaïs, je t'en conjure.
te mihi patronam capio te adiectum uim habet
<et> ex animo supplicantis habitum adulescentis
ostendit.
te mihi patronam capio l'ajout de te (toi), a de la
force et révèle l'attitude du jeune homme suppliant de tout son
cœur.
emoriar si non hanc uxorem
duxero.
Je mourrai, si je ne prends pas
cette fille pour épouse.
emoriar si non hanc
v.
vxorem
d.
dvxero
uide <an ex> animo iurauerit
adulescentulus, cui in ipso flore nihil dulcius uita est.
emoriar si non hanc vxorem dvxero voyez
comme le tout jeune homme a juré du fond de son cœur, lui pour
qui, en pleine fleur de l'âge, rien n'est plus doux que la
vie.
Th.-Pourtant si ton père...
Ch.-Ah ! ce qu'il voudra, je le sais de façon sûre,
1 tamen si
pater ἔλλειψις. 2 Vel ἀποσιώπησις secunda. 3 ah qvid volet
certe scio ah,
quid?: deest dicat. et ista omnia ad confirmationem
ualent.
1 tamen si
pater ellipse (ἔλλειψις). 2 Ou seconde aposiopèse (ἀποσιώπησις). 3 ah qvid volet
certe scio ah,
quid ? il manque dicat (il dirait). Et tous ces mots ont
valeur de confirmation.
ciuis modo haec sit. Th.-paullulum
opperirier
pourvu qu'elle soit citoyenne
Th.-Attends un petit moment,
1 civis modo haec
sit mire id in uotum conuersum est, quod timere potuit non
ducturus uxorem. 2 pavlvlvm opperirier si vis iam
f.
frater
i.
ipse
h.
hic
a.
aderit
v.
virginis
adeo cito probari potest.
1 civis modo haec
sit il a admirablement transformé en souhait, le fait
qu'il ait pu craindre de ne pas se marier. 2 pavlvlvm
opperirier si vis iam frater ipse hic aderit virginis
jusque là il peut aisément être mis à l'épreuve.
si uis, iam frater ipse hic aderit
uirginis;
si tu veux, bientôt le propre frère
de la fille sera là.
nutricem accersitum iit quae illam
aluit paruulam:
Il est allé chercher la nourrice
qui l'a allaitée quant elle était toute-petite.
in cognoscendo tute ipse aderis,
Chaerea.
Tu seras là toi-même pour la
reconnaissance, Chéréa.
Ch.-ego uero maneo. Th.-uin
interea, dum uenit,
Ch.-Eh bien, moi, je reste.
Th.-Veux-tu qu'en attendant qu'il arrive
ego vero uero modo consentientis est aduerbium,
alias confirmantis, alias coniunctio est, alias particula ironiam
iuuans, ut «
egregiam uero laudem et
s.
spolia
a.
ampla
r.
refertis
t.
tuque
p.
puerque
t.
tuus
389 »
ego vero uero dans ce cas est un adverbe de
consentement, ailleurs de confirmation, ailleurs c'est une
conjonction, ailleurs une particule supportant l'ironie, comme
« egregiam uero laudem et spolia ampla refertis tuque puerque
tuus » (Quelle gloire insigne, quel ample butin vous rapportez là,
toi et ton fils !).
domi potius484 opperiamur quam hic ante ostium?
ce soit plutôt dans la maison que
nous attendions qu'ici devant la porte ?
domi potivs opperiamvr qvam
h.
hic
a.
ante
o.
ostivm
non ignara illecebrarum meretrix non solum
retinet Chaeream, uerum etiam uocat ubi uirgo est, et satis
callide interrogat an uelit, quasi nesciat uelle.
domi potivs opperiamvr qvam hic ante ostivm
assez experte en séduction, la courtisane non seulement retient
Chéréa, mais elle l'appelle encore là où se trouve la jeune fille,
et assez astucieusement elle demande s'il le veut, comme si elle
ignorait qu'il veut.
Ch.-immo percupio. Py.-quam tu rem
actura obsecro es?
Ch.-Vraiment c'est ce que je
désire ! Py.-Que vas-tu faire là, je te prie ?
immo percvpio amatorie non uolo sed percupio.
immo percvpio à la façon d'un amoureux, il
dit non pas uolo (je veux) mais percupio.
Th.-nam quid ita? Py.-rogitas? hunc
tu in aedes cogitas
Th.-Comment cela ? Py.-Cette
demande ! Lui, toi, dans la maison, tu songes
1 hvnc tv in
aedes pronomen in his plus ualet quam accusatio. 2 hvnc tv in
aedes cogitas mire cum illa iam uelit, cogitas dixit
uolens, ut ne cogitet. 3 rogitas <hvnc tv> in aedes
<
c.
cogitas
>
r.
recipere
per ancillae uerba uult ostendere, quam sit
<experta> meretrix tractandorum adulescentium.
1 hvnc tv in
aedes le pronom a plus de force dans ce contexte que
l'accusation. 2 hvnc tv in aedes cogitas étonnant, alors
qu'elle le veut désormais, elle dit cogitas en voulant précisément qu'il n'y
réfléchisse pas. 3 rogitas hvnc tv in aedes cogitas
recipere à travers les mots de la servante, l'auteur veut
montrer combien la courtisane est habile à traiter avec les jeunes
gens.
recipere posthac? Th.-cur non?
Py.-crede hoc meae fidei,
à le recevoir après ça ?
Th.-Pourquoi non ? Py.-Crois-moi sur parole :
1 posthac
post hoc factum, post hanc audaciam. 2 crede hoc meae
fidei puellariter dixit meae fidei.
1 posthac
après ce qui s'est passé, après cette audace. 2 crede hoc meae
fidei il dit innocemment meae fidei.
dabit hic pugnam aliquam denuo.
Th.-au tace obsecro.
il fera de la bagarre de nouveau.
Th.-Oups ! tais-toi, je t'en prie.
1 dabit hic pvgnam
aliqvam pugnam pro stupro. Vergilius «
at non in Venerem segnes nocturnaque
bella
390 », ut «
ueretur bella et ingens facinus
391 », «
392 »74
- 2 ut Lucilius «
uicimus, o socii, et magnam pugnauimus
pugnam
393 ». — dabit autem proprie ut de re magna, ut «
dabit ille ruinam arboribus
s.
stragemque
s.
satis
394 ». 3 av tace obsecro au interiectio est
perturbatae mulieris, ut apud Graecos αἰαῖ 75.
1 dabit hic pvgnam
aliqvam pugnam est mis pour relations sexuelles.
Virgile « at non Venerem segnes nocturnaque bella », (pourtant
vous n'êtes pas sans énergie pour Vénus et ses guerres nocturnes),
comme « ueretur bella et ingens facinus » (il craint les guerres
et un immense forfait). 2 Comme
Lucilius « uicimus o socii et magnam pugnauimus pugnam » (nous
avons vaincu, camarades, et avons mené un grand combat) quant à
dabit, il
est employé au sens propre pour parler d'une chose importante,
comme « dabit ille ruinam arboribus stragemque satis » (il causera
la ruine des arbres et le ravage des semailles). 3 av tace
obsecro au est une interjection de femme qui a
perdu son calme, comme en grec αἰαῖ.
Py.-parum perspexisse eius uidere
audaciam.
Py.-Tu te rends trop mal compte de
son audace, il me semble.
1 parvm
perspexisse eivs videre avdaciam ironia est parum. 2 Et non sensisse sed perspexisse dixit, ut
iam non sit experienda, quae sit perfecte cognita.
1 parvm
perspexisse eivs videre avdaciam parum est de
l'ironie. 2 et elle ne dit pas
sensisse
(s'être rendu compte), mais perspexisse, de sorte que, parfaitement
instruite, elle n'ait plus à en faire l'expérience.
Ch.-non faciam, Pythias. Py.-non
pol485 credo, Chaerea,
Ch.-Je ne le ferai pas, Pythias.
Py.-Nom d'un chien, je ne te crois pas, Chéréa,
1 non faciam
pythias bene et moraliter appositum Pythias. 2 non pol
credo chaerea nisi <si> commissvm non erit
ioculariter ut ille Pythias dixit, ita haec Chaerea.
1 non faciam
pythias Pythias est apposé avec profit et conformément au
type du personnage. 2 non pol credo chaerea nisi si commissvm
non erit plaisamment, de même qu'il a dit Pythias, de même
elle dit Chéréa.
nisi si commissum non erit.
Ch.-quin, Pythias,
sauf si l'on ne t'a rien confié.
Ch.-Alors, Pythias,
1 qvin
pythias iterum nomen uultuose est additum. 2 qvin pro
immo.
1 qvin
pythias à nouveau son nom est ajouté avec une expression
de visage. 2 qvin pour immo (bien plus).
tu me seruato. Py.-neque pol
seruandum tibi
toi, garde-moi. Py.-Non, nom d'un
chien, quoi qu'il faille garder,
neqve pol servandvm tibi qvicqvam dare avsim
totum garrule et gesticulose, ut puellam cum adulescentulo
fabulari uideas.
neqve pol servandvm tibi qvicqvam dare avsim
le tout avec force bavardages et gesticulations, pour que l'on
voie que c'est une jeune fille qui discute avec un petit jeune
homme.
quicquam dare ausim neque te
seruare: apage te.
je n'oserais te le confier, ni te
garder toi-même. Go back home.
Th.-adest optime ipse frater.
Ch.-perii hercle: obsecro
Th.-Voici à point nommé le frère en
personne. Ch.-Je suis perdu, ma foi. De grâce,
adest optime ipse frater optime opportune. et
non additum cuius frater, utpote in re manifesta.
adest optime ipse frater optime : à propos. Et
il n'est pas ajouté le frère de qui, comme il est naturel dans une
chose évidente.
abeamus intro, Thais: nolo me in
uia
flions à l'intérieur, Thaïs. Je ne
veux pas que dans la rue il me
nolo me in via cvm
h.
hac
v.
veste
v.
videat
subtiliter adulescens, quia nihil profecerat
dicendo percupio, inuenit causam, qua tandem
ingredi possit.
nolo me in via cvm hac veste videat avec
subtilité, le jeune homme, parce qu'il n'avait rien obtenu de plus
en disant percupio, invente un prétexte grâce
auquel il puisse cependant entrer.
cum hac ueste uideat. Th.-quam ob
rem tandem? an quia pudet?
voie avec ce costume. Th.-Pourquoi
enfin ? C'est parce que tu as honte ?
1 qvam ob rem
tandem tandem pro tamen. 2 Interrogatio haec increpationem continet
impudentissimi facti. 3 an qvia
p.
pvdet
haec interrogatio irrisionis plena est in eum,
quem nihil pudeat.
1 qvam ob rem
tandem tandem est mis pour tamen
(cependant). 2 cette question
comprend une critique de cet acte tout à fait honteux. 3 an qvia
pvdet cette question est pleine de moquerie contre celui
qui n'a honte de rien.
Ch.-id ipsum. Py.-id ipsum? uirgo
uero! Th.-i prae, sequor.
Ch.-Exactement. Py.- Exactement !
Une vraie minette ! Th. Passe devant, je te suis.
1 id ipsvm
hoc uelut modesto uultu dicitur, adeo ut imitetur dictum uultumque
eius Pythias. 2 virgo vero uero εἰρωνικῶς. 3 Nam ironia est, ut «
egregiam uero laudem
395 ». 4 virgo quasi quidquam minis reuerentis ac
uirginalis uerecundiae76. 5 i prae seqvor manifestum est,
cur meretrix docta capiendorum more iuuenum praeire uelit
Chaeream: ut in consequendo ipsa sit tardior; uult enim illi
liberum sine arbitris cum puella esse colloquium et licitum
amorem. nisi forte putamus Terentium haec sine causa
fecisse, qui sit artificiosissimus poeta. nam neque ipsa
ingreditur cum Chaerea neque ingredi simul permittit Pythiam.
1 id ipsvm
cela est dit comme avec une expression de modestie, pour cette
raison que Pythias imite ses paroles et son expression. 2 virgo
vero uero avec ironie (εἰρωνικῶς). 3 car c'est de l'ironie, comme « egregiam uero
laudem » (vraiment ! quelle insigne gloire !). 4 virgo
comme ce serait le propre de quelqu'un qui redoute quelque chose
de ses menaces et qui a une pudeur de jeune fille. 5 i prae
seqvor la raison pour laquelle la courtisane, qui sait
piéger les jeunes gens, veut que Chéréa la devance est évidente :
pour que, en le suivant, elle-même soit plus en arrière ; elle
veut en effet qu'il ait un entretien libre, sans témoins, avec la
jeune fille et que son amour soit permis ; à moins que nous ne
pensions par hasard que Térence a fait cela sans raison, alors
qu'il est un poète d'une très grande habileté. En effet elle
n'entre pas avec Chéréa et elle ne permet pas que Pythias entre en
même temps.
tu istic mane ut Chremem
introducas, Pythias.
Et toi, reste là pour faire entrer
Chrémès, Pythias.
tv istic mane vt chremem introdvcas pythias
relicta est Pythias ob multas causas et imprimis, ut possit per
eam delusus Parmeno pauore suo senem compellere ingredi ad
meretricem et praesentem fieri ad confirmandas nuptias.
tv istic mane vt chremem introdvcas pythias
Pythias a été laissée de côté pour de nombreuses raisons et en
premier lieu pour que Parménon abusé par son entremise puisse, par
peur, forcer le vieillard à entrer chez la courtisane et qu'il
soit présent pour sceller le mariage.
scaena tertia
Pythias Chremes Sostrata
Py.-Quid, quid uenire in mentem
nunc possit mihi,
Py.-Qu'est-ce que... qu'est-ce qui
pourrait bien me venir à l'idée,
qvid qvid venire in mentem nvnc possit mihi
in hoc loco cogitantis disputatio est apud se ipsam Pythiae,
quatenus Parmenonem dolo possit ulcisci.
qvid qvid venire in mentem nvnc possit mihi
dans ce passage, il y a une délibération de Pythias qui réfléchit
en elle-même, jusqu'où elle va pouvoir se venger des ruses de
Parménon.
quidnam qui referam sacrilego illi
gratiam
pour payer la monnaie de sa pièce à
ce mécréant ?
1 qvidnam
sic Cicero «
quem? quemnam?
396 ». 2 qvi referam quomodo uel ut.
1 qvidnam
ainsi Cicéron « quem ? quemnam ? » (qui ? qui donc ?) 2 qvi
referam qui vaut pour quomodo (comment) ou si l'on veut
ut
(comment).
qui nous a fourgué celui-là ?
Chr.-Bouge-toi donc plus vite,
1 qvi hvnc
svpposvit nobis proprie supposuit; nam ut subduci dicuntur,
quae nolumus amittere, ita supponi, quae non desideramus. sic
Plautus «
huic supponatur hircus unctus
nautea
397 »77. 2 move vero
te ocivs uero pro interiectione est
stomachantis.
1 qvi hvnc
svpposvit nobis supposuit est au sens propre ; de fait,
de même que l'on dit subduci (être dérobé) pour les choses
que nous ne voulons pas perdre, de même on dit supponi, pour les
choses que nous ne regrettons pas. Ainsi Plaute « huic supponatur
hircus unctus nautea » (puisse-t-il trouver dans son lit, … un
bouc frotté d'un parfum de sentine !). 2 move vero te
ocivs uero est mis pour l'interjection de
quelqu'un qui est en colèrecolère.
nutrix. So.-moueo. Chr.-uideo, sed
nihil promoues.
nourrice. So.-Je bouge. Chr.-Je
vois, mais tu n'avances pas du tout.
1 video sed nihil
promoves hinc est illud Vergilianum «
illa
g.
gradum
s.
studio
c.
celebrabat
a.
anili
398 », scilicet non re celebrabat sed studio. 2 promoves
proficis.
1 video sed nihil
promoves de là vient cette expression virgilienne « illa
gradum studio celebrabat anili », (elle suivait son pas avec un
zèle de vieille femme) évidemment elle ne la suivait pas en
réalité, mais mettait son zèle à le faire. 2 promoves
mis pour proficis (tu avances).
Py.-iamne ostendisti signa nutrici?
Chr.-omnia.
Py.-As-tu déjà montré les indices à
la nourrice ? Chr.-Tous.
Py.-amabo, quid ait? cognoscitne?
Chr.-ac memoriter.
Py.-S'il te plaît, qu'a-t-elle
dit ? Les reconnaît-elle ? Chr.-Oui, par cœur.
1 amabo qvid ait
cognoscitne exhibitum spectatori est, quod post scaenam
geretur, id est agnitio puellae. 2 ac
memoriter plus intulit quam interrogabatur; nam magna sunt
signa, in quibus anilis memoria non errat. 3 ac
memoriter responsionis breuitas attulit compendium
perquirenti, ne plura interrogaret.
1 amabo qvid ait
cognoscitne on montre au spectateur ce qui se passera en
coulisse c'est-à-dire la reconnaissance de la jeune
fille. 2 ac memoriter elle répond au-delà de la
question qu'il posait ; de fait les signes sont grands si une
mémoire de vieille femme ne s'y trompe pas. 3 ac
memoriter la brièveté de la réponse fournit à celle qui
pose la question un résumé afin qu'elle ne demande plus rien.
Py.-probe edepol narras; nam illi
faueo uirgini.
Py.-C'est bien, nom d'un chien, ce
que tu racontes ; car je suis du côté de cette fille.
nam illi faveo virgini quasi dicat: illi
faueo, non Chaereae. et simul causa est, cur illum ulcisci cupiat,
quia scilicet multum illi fauet.
nam illi faveo virgini c'est comme si elle
disait : c'est elle que je soutiens pas Chéréa. et en même temps
c'est la raison pour laquelle elle désire se venger de lui : parce
que vraiment elle la soutient beaucoup.
ite intro: iamdudum era uos
exspectat domi.
Entrez : ça fait déjà un moment que
la maîtresse vous attend à la maison.
uirum bonum eccum Parmenonem
incedere
Le bon garçon que voici, Parménon,
qui arrive
1 virvm
bonvm ironia. 2 eccvm parmenonem incedere video
res odio dignior: non iter sed incessus.
1 virvm
bonvm ironie. 2 eccvm paemenonem incedere video
chose vraiment haïssable : il n'est pas en marche, il fait une
entrée.
uideo: uide ut otiosus sit488! si dis placet,
je le vois. Voyez comme il est
désinvolte. S'il plaît au Ciel
1 vide vt otiosvs
sit inuidet illi securitatem, quem sollicitum redditura
est; non enim erit ulla alia uindicta post praeter
istam. 2 vide vt otiosvs sit et uultu dicit et gestu
esse securum. 3 Et mire poeta
laetum describit, ut repente ostendat esse commotum. 4 si dis
placet proprium est exclamantibus propter indignitatem
alicuius rei.
1 vide vt otiosvs
sit elle lui reproche sa sécurité alors qu'elle va le
rendre inquiet ; il n'y aura pas pour elle ensuite d'autre
vengeance que celle-là. 2 vide vt otiosvs sit elle dit
qu'il est en sécurité en considérant à la fois sa physionomie et
sa gestuelle. 3 Et c'est remarquable
de voir le poète décrire Parménon joyeux, pour le montrer aussitôt
bouleversé. 4 si dis placet exclamation propre devant
l'indignité d'une chose.
spero me habere qui hunc meo
excruciem modo.
j'espère trouver de quoi le mettre
au supplice à ma façon.
1 spero me
habere pro habituram. 2 Aut spero pro credo more suo. 3 meo modo
id est: ut uolo.
1 spero me
habere mis pour habituram (que j'aurai). 2 Ou spero est mis pour credo (je crois)
comme à son habitude. 3 meo modo c'est-à-dire, comme je
veux.
ibo intro ut489 de cognitione certum sciam:
Je vais rentrer pour avoir des
nouvelles sûres de la reconnaissance ;
ibo intro vt de cognitione certvm sciam
eleganter fatigare Parmenonem non necessarium putat, sed ex
occasione. adeo non propter eum dicit se ire intro, exituram
autem, <ut> in timorem coniciat.
ibo intro vt de cognitione certvm sciam avec
élégance elle ne juge pas nécessaire de harceler Parménon, mais
seulement de tirer parti de l'occasion. C'est ce qui fait que sans
se soucier de lui elle dit qu'elle entre, mais qu'elle ressortira
pour le frapper de terreur.
post exibo atque hunc perterrebo
sacrilegum.
après, je sortirai et je flanquerai
la frousse à ce mécréant.
scaena quarta
Pythias Parmeno
923 | 924 | 925 | 926 | 927 | 928 | 929 | 930 | 931 | 932 | 933 | 934 | 935 | 936 | 937 | 938 | 939 | 940 | 941 | 942 | 943 | 944 | 945 | 946 | 947 | 948 | 949 | 950 | 951 | 952 | 953 | 954 | 955 | 956 | 957 | 958 | 959 | 960 | 961 | 962 | 963 | 964 | 965 | 966 | 967 | 968 | 969 | 970
Pa.-Reuiso quidnam Chaerea hic
rerum gerat.
Pa.-Je reviens voir ce que fabrique
Chéréa.
reviso qvidnam chaerea hic rervm gerat qvod si
a.
astv
r.
rem
t.
tractavit
astu pro astute modo aduerbium est, alias nomen,
ut «
an in astu uenit?
399 ».
reviso qvidnam chaerea hic rervm gerat qvod si astv
rem tractavit astu est mis pour astute c'est tantôt
un adverbe, ailleurs un nom comme dans « an in astu uenit ? ».
quod si astu rem tractauit, di
uestram fidem,
S'il a fait l'affaire avec adresse,
bonté divine,
di vestram fidem modo non inuocantis sed
mirantis est: figura ἐπιμονή per ἐκφώνησιν facta.
di vestram fidem cette fois ce n'est pas
l'expression d'une invocation, mais de l'étonnement : la figure de
dilatation (ἐπιμονή) naît de l'exclamation (ἐκφώνησις).
quantam et quam ueram laudem capiet
Parmeno!
la grande et authentique gloire que
recevra Parménon !
nam ut omittam490 quod
ei amorem difficillimum et
Pour ne rien dire de son amour si
difficile et
1 nam vt omittam
qvod ei
a.
amorem
d.
difficillimvm
et
c.
carissimvm
cum dicere deberet quod ei amorem
difficillimum et carissimum confeci, primo quasi oblitus dicti
superioris transiit ad uirginem, deinde addidit eam ex abundanti.
quod <si> dixisset amorem confeci, posset intellegi
confeci
expediui,
perfeci.
at uero uirginem
confeci quid intellegemus nisi hoc unum, quod
insultanter Parmeno confectam uirginem quasi dicat superatam atque
deuictam pro alio? nam proprie hoc uerbum conuenit gladiatoribus
his, qui grauissimis uulneribus occubuerint. sic Cicero in
Catilinam «
gladiatori illi confecto et
saucio
400 ». 2 Conuenit ergo
seruilibus uerbis et uelut ioco se uerniliter iactanti et rem
confectam esse in puella uirgine et non exhiberi Chaereae damnum
uel negotium. 3 difficillimvm quia a meretrice
auara.
1 nam vt omittam
qvod ei amorem difficillimvm et carissimvm alors qu'il
devrait dire que je lui ai rendu l'amour extrêmement difficile et
précieux, il commence, comme s'il avait oublié ce qu'il a dit
auparavant et passe à la jeune fille, puis ajoute de manière
pléonastique eam (elle). Et s'il avait dit amorem confeci, on
aurait pu comprendre confeci comme j'ai achevé,
j'ai
accompli. Mais dans uirginem confeci, que comprenons-nous
sinon ce simple fait : de manière insultante Parménon dit j'ai
rendu la fille comme s'il disait j'en ai triomphé et je l'ai
vaincue à la place d'un autre ? de fait au sens propre ce verbe
convient aux gladiateurs qui ont succombé aux blessures les plus
sérieuses. Ainsi Cicéron dans la Catilinaire « gladiatori illi
confecto et saucio » (à ce gladiateur fini et blessé). 2 Cela convient donc aux paroles d'un esclave
qui en plus comme par jeu se vante de manière bouffonne288 d'avoir fini la partie
du travail qui concerne la jeune fille et que le dommage ou le
travail n'ait pas été montré à Chéréa. 3 difficillimvm parce que a meretrice
auara.
carissimum, a meretrice auara
uirginem
si cher, chez un courtisane avare,
cette fille
1 a meretrice
avara virginem qvam amabat ἀποσιώπησις secunda. 2 carissimvm quia uirginem quam
amabat.
1 a meretrice
avara virginem qvam amabat deuxième aposiopèse (ἀποσιώπησις). 2 carissimvm parce que uirginem quam
amabat.
quam amabat, eam confeci sine
molestia
dont il était amoureux, je la lui
ai fait avoir sans coup férir,
sine sumptu et sine dispendio: tum
hoc alterum,
sans bourse délier, sans mettre la
main à la poche. Mais l'autre truc,
id uero est quod ego mihi puto
palmarium,
c'est vraiment ce qui je crois me
mérite une palme :
1 id vero
est uero nisi ornatiuum esset, nihil
significaret. 2 palmarivm palma dignum.
1 id vero
est uero s'il n'était pas là pour l'ornement
n'aurait aucun sens. 2 palmarivm digne de la
palme.
me repperisse quo modo
adulescentulus
j'ai trouvé comment le gamin
qvo modo advlescentvlvs
mer.
meretricvm
ing.
ingenia
et
m.
mores
p.
posset
n.
noscere
optime non meretricis dixit sed potius
meretricum.
qvo modo advlescentvlvs meretricvm ingenia et mores
posset noscere excellent de n'avoir pas dit de la
courtisane, mais plutôt des courtisanes.
meretricum ingenia et mores posset
noscere
pouvait apprendre à connaître les
us et coutumes des courtisanes,
mature, ut cum cognouerit perpetuo
oderit.
au bon moment, afin que, les
connaissant, il les déteste à tout jamais.
1 matvre
cito et ante tempus. 2 vt cvm cognoverit suauiter non
nouerit
sed cognouerit dixit, quod est plene ac perspicue
<nouerit>. 3 matvre vt cvm
c.
cognoverit
p.
perpetvo
o.
oderit
bene addidit < perpetuo oderit >:
fere enim cito cognouisse obfuit si id ad illecebram fuit, quod
cognitum est cito.
1 matvre
vite et avant le moment. 2 vt cvm cognoverit de manière
agréable il ne dit pas nouerit (il sut), mais cognouerit (il
connut), ce qui signifie il sut pleinement et de manière
limpide. 3 matvre vt cvm cognoverit perpetvo
oderit il a bien fait d'ajouter perpetuo oderit : en
effet avoir vite connu aurait presque pu être un obstacle si ce
qu'il avait vite connu l'avait charmé.
quae dum foris sunt nihil uidetur
mundius,
Quand elles sont dehors, rien ne
semble plus propre,
1 qvae dvm foris
svnt apud amantes scilicet. 2 nihil videtvr
mvndivs bene uidetur, non enim sunt. 3 nihil videtvr
mvndivs nec
m.
magis
c.
compositvm
qvicqvam
n.
nec
m.
magis
e.
elegans
bona uarietas: nam nec omnia per magis aduerbium
profert nec omnia per comparatiuum gradum.
1 qvae dvm foris
svnt chez les amants évidemment. 2 nihil videtvr
mvndivs bon emploi de uidetur, en effet ce n'est pas la
réalité. 3 nihil videtvr mvndivs nec magis compositvm qvicqvam
nec magis elegans bon usage de la variation : de fait il
ne dit pas tout ni en utilisant l'adverbe magis, ni tout en
utilisant le degré comparatif.
nec magis491
compositum quicquam nec magis elegans;
rien de plus raffiné, de plus
élégant ;
nec magis compositvm
q.
qvicqvam
n.
nec
m.
magis
e.
elegans
ne diceret compositius aut elegantius, more suo,
ut supra «
hoc nemo fuit minus ineptus, magis78 seuerus
q.
quisquam
n.
nec
m.
magis
c.
continens
401 ».
nec magis compositvm qvicqvam nec magis
elegans pour ne pas dire compositius ou elegantius, comme à
son habitude ; ainsi plus haut « hoc nemo fuit minus ineptus,
magis seuerus quisquam nec magis continens ».
quae cum amatore suo492 cum cenant liguriunt.
mais, lorsqu'elles dînent avec leur
amant, elles chipotent.
1 qvae cvm amatore
s.
svo
c.
cvm
c.
cenant
unum cum praepositio est, alterum cum coniunctio. et
dicitur haec figura πλοκή. 2 ligvrivnt ἀπὸ τοῦ λιγυροῦ, quod suaue secundum
Graecos intellegitur, ligurire dicitur, qui eleganter et
morose cumque multo fastidio suauiora quaeque degustat,
1 qvae cvm amatore
svo cvm cenant un des cum est une préposition, l'autre
cum est
une conjonction. et cette figure s'appelle répétition (πλοκή). 2 ligvrivnt vient de λιγυρόν (ἀπὸ τοῦ λιγυροῦ), qui
signifie en Grec doucement, on dit ligurire, pour qui goûte de chaque mets
assez doux avec affectation et de manière chagrine, et en montrant
beaucoup de dégoût.
harum uidere
ingluuiem493 sordes inopiam,
Mais voir leur goinfrerie, leur
saleté, leur misère,
harvm videre
i.
inglvviem
ordo erat: harum ingluuiem uidere
s.
salus
e.
est
a.
adulescentium
.
harvm videre inglvviem l'ordre était :
harum ingluuiem uidere
salus est adulescentulis.
quam inhonestae solae sint domi
atque auidae cibi,
comme elles sont indécentes
lorsqu'elles sont seules à la maison et gloutonnes,
qvam inhonestae
s.
solae
s.
sint
id est: cum solae sunt, ut immundae 79 atque auidae cibi, quae cum foris
cenant, liguriunt!
qvam inhonestae solae sint c'est-à-dire :
quand elles sont seules combien elles sont immondes et avides de
nourriture, les mêmes qui quand elles mangent dehors
picorent !
quo pacto ex iure hesterno panem
atrum uorent,
comme dans du bouillon de la veille
elles dévorent du pain noir,
1 qvo pacto ex
ivre ex pro cum positum est. 2 Aut deest madidum aut maceratum aut
emollitum.
nam apparet et sordidum esse, quia sit ater, et durum utique, qui
ex iure hesterno sit comedendus. cui contrarium Sallustius qui
80 de
deliciis militum loquens «
panem in dies mercari
402 » inquit. 3 ex ivre hesterno panem atrvm
vorent panem
atrum hesterno ex iure, ut quidam uolunt, ex
antiquitate mucidum accipimus.
1 qvo pacto ex
ivre ex est mis pour cum. 2 Ou bien il manque madidum (humide) ou maceratum (imbibé) ou
emollitum
(amolli). De fait, il est clair que c'est un pain à la fois
ignoble parce qu'il est noir et également dur qu'il faut manger
avec un bouillon de la veille. A l'inverse, Salluste qui dit en
parlant des délices des soldats « panem in dies mercari » (ils se
procuraient leur pain au jour le jour). 3 ex ivre hesterno
panem atrvm vorent panem atrum hesterno ex iure, selon
l'opinion de certains, nous le comprenons comme moisi parce que
passé de date.
nosse omnia haec salus est
adulescentulis.
Connaître tout cela, c'est le salut
des gamins.
Py.-ego pol te pro istis dictis et
factis, scelus,
Py.-Nom d'un chien, de toi, pour ce
que tu as dit et fait, scélérat,
ego pol te pro istis dictis et factis scelvs
vlciscar miro artificio poetae et ab initio non placatur
Pythias nec redit in gratiam Chaereae et insuper nunc a Parmenone
irritatur magis, ut per eam Parmeno terreatur, per Parmenonem
ingredi ad Thaidem cogatur senex, per senem nuptiae confirmentur.
haec ergo
artificibus et eruditis, cetera spectatoribus poeta
exhibet.
ego pol te pro istis dictis et factis scelvs
vlciscar par une étonnante habileté du poète, au début
Pythias ne s'apaise pas et elle ne revient pas dans les bonnes
grâces de Chéréa ; de plus elle est maintenant irritée davantage
encore par Parménon, en sorte que Parménon soit frappé de terreur
par elle, et que le vieillard soit contraint par Parménon d'entrer
voir Thaïs et que le mariage soit confirmé par le vieillard. Ces
détails sont donc pour les habiles et les savants289, tout le
reste le poète le montre ouvertement aux spectateurs.
ulciscar, ut ne inpune in nos
inluseris.
je vais me venger, pour que tu ne
te sois pas impunément joué de nous.
(scaena quinta)494 pro deum fidem, facinus foedum! o infelicem
adulescentulum!
(Scène 5) Bonté divine ! L'affreux
forfait ! Oh ! le pauvre gamin !
94381 1 pro devm
fidem facinvs foedvm uim magnam ostendit deorum implorans
fidem, quasi in hoc negotio nihil prosit humanum
auxilium. 2 pro
d.
devm
f.
fidem
hoc loco simulata perturbatione sui Parmenonem
terret Pythias. 3 pro
d.
devm
f.
fidem
haec singula pronuntianda sunt pauido et
attonito uultu. 4 foedvm pro crudele. Sallustius
«
foedi oculi
403 ». 5 o infelicem advlescentvlvm plus est misereri
iam adulescentis Pythiam quam irasci ei.
1 pro devm fidem
facinvs foedvm elle montre une grande force en implorant
la loyauté des dieux, comme si dans cette affaire le secours des
hommes n'était d'aucun effet. 2 pro devm
fidem dans ce passage, en feignant un trouble extrême
Pythias terrifie Parménon. 3 pro devm fidem il faut détacher
chaque mot et le prononcer avec une expression de crainte et
d'étonnement. 4 foedvm mis pour cruel (crudele). Salluste
« foedi oculi » (des yeux cruels). 5 o infelicem
advlescentvlvm c'est mieux pour Pythias d'avoir pitié du
jeune homme que de s'irriter contre lui.
o scelestum Parmenonem, qui istum
huc adduxit! Pa.-quid est?
Oh ! Scélérat de Parménon qui l'a
amené ici ! Pa.-Quoi ?
o
scelestvm parmenonem ut uerba sunt, periit profecto miser
adulescens, cum in eodem peccato Parmenoni irascatur Pythias, non
Chaereae.
o
scelestvm parmenonem comme c'est dit ici, le pauvre jeune
homme s'est vraiment perdu, alors que pour la même faute, Pythias
s'irrite contre Parménon et non contre Chéréa.
Py.-miseret me: itaque ut ne
uiderem, misera huc ecfugi foras.
Py.-Il me fait pitié et pour ne pas
voir ça, malheureuse, je me suis sauvée dehors.
miseret me haec omnia quasi secum loquitur
et fingit se nescire quod astet Parmeno.
miseret me tout cela elle le dit comme en
aparté et elle feint d'ignorer que Parménon est là.
quae futura exempla dicunt in
eum495 indigna! Pa.-o Iuppiter,
Quel exemple ils vont, disent-ils,
faire sur lui, une horreur ! Pa.-O Jupiter !
1 qvae fvtvra
exempla dicvnt in evm indigna graues poenae, quae possunt
ceteris documento esse, exempla dicuntur. 2 qvae
f.
fvtvra
e.
exempla
d.
dicvnt
i.
in
e.
evm
<
i.
indigna
> modo per indigna foeda crudeliaque significat, ut
«
atque illi Misenum in
l.
litore
s.
sicco
u.
ut
u.
uenere
u.
uident
i.
indigna
m.
morte
p.
peremptum
404 », qui «
cantu uocabat in
c.
certamina
d.
diuos
405 »82.
1 qvae fvtvra
exempla dicvnt in evm indigna de lourds châtiments
poenae,
qui ont une valeur didactique universelle, on les nomme exemples. 2 qvae
fvtvra exempla dicvnt in evm indigna dans ce cas, en
disant indigna elle veut dire ignobles et
cruels, comme « atque illi Misenum in litore sicco ut uenere
uident indigna morte peremptum » (et soudain, en arrivant, ils
aperçoivent Misène, gisant au sec sur le rivage, ravi à la vie par
une mort indigne), lui qui « invitait les dieux à un concours de
chant ».
quae illaec turba est? numnam ego
perii? adibo. quid istuc, Pythias?
Qu'est-ce que c'est que cet
esclandre ? Ça y est, je suis mort ? Je vais lui parler. Qu'y
a-t-il, Pythias ?
qvae illaec tvrba est quae loquitur an quam
ostentat ex uultu ac dictis? sed apparet uultum Pythiae turbam
dicere, ut in Andria «
sed quidnam
P.
Pamphilum
e.
exanimatum
u.
uideo
? uereor quid siet.
o.
opperiar
u.
ut
s.
sciam
n.
num
q.
quid
h.
haec
t.
turba
t.
tristitiae
a.
adferat
406 ».
qvae illaec tvrba est qui parle ou qu'elle
montre par son expression et ses paroles ? Mais on voit bien que
le visage de Pythias dit son trouble, comme dans
L'Andrienne « sed quidnam Pamphilum exanimatum
uideo ? uereor quid siet. opperiar ut sciam num quid haec turba
tristitiae adferat ».
quid ais? in quem exempla fient?
Py.-rogitas, audacissime?
Que dis-tu ? Sur qui va-t-on faire
un exemple ? Py.-Cette demande, monstre d'audace ?
rogitas avdacissime totum hoc terribile est
in gestu ac uultu Pythiae et nimis usitatum ac femineum.
rogitas avdacissime tout cela est aussi
terrible dans la mimique que dans l'expression de Pythias et
parfaitement courant et typiquement féminin.
perdidisti istum quem adduxti pro
eunucho adulescentulum,
Tu as causé la perte de celui tu as
amené ici à la place de l'eunuque, le gamin,
perdidisti istvm qvem addvxti pro evnvcho
artificiose non accusat quid peccauerit aduersus Thaidem, quasi ex
poena adulescentis plus doleat quam irascatur.
perdidisti istvm qvem addvxti pro evnvcho
avec habileté elle ne l'accuse pas de la faute envers Thaïs, comme
si elle concevait plus de douleur que de colèrecolère du châtiment
du jeune homme.
dum studes dare uerba nobis.
Pa.-quid ita? aut quid factum est? cedo.
en t'efforçant de nous payer
de mots. Pa.-Comment ça ? Que s'est-il passé ? Parle.
1 dvm stvdes dare
verba nobis bene studes dare: neque enim
dedisti. 2 qvid ita dicis deest, ut sit: quid ita dicis?
1 dvm stvdes dare
verba nobis studes dare est bien dit : en effet tu
n'as pas donné le change. 2 qvid ita dicis manque pour
avoir : que dis-tu ?
Py.-dicam: uirginem istam, Thaidi
hodie quae dono data est,
Py.-Je vais te dire : cette fille
dont à Thaïs aujourd'hui on a fait cadeau,
scin496 eam
hinc ciuem esse? et fratrem eius esse apprime nobilem?
sais-tu qu'elle est citoyenne d'ici
et que son frère est on ne peut plus de la haute ?
1 scin eam hinc
c.
civem
e.
esse
eam abundat, quemadmodum supra «
quam amabat uirginem83, eam confeci sine
molestia
407 ». 2 et fratrem eivs esse apprime nobilem haec ad
terrorem gradatim aucta sunt; nam primo uirginem posuit, post
ciuem, ad
ultimum nobilis
sororem.
1 scin eam hinc
civem esse eam fait pléonasme, de même que plus
haut « quam amabat uirginem, eam confeci sine
molestia ». 2 et fratrem eivs esse apprime nobilem ces
paroles sont disposées en gradation pour augmenter la terreur ; il
met d'abord uirginem, puis ciuem, et pour finir
nobilis
sororem.
Pa.-nescio. Py.-atqui sic inuenta
est: eam istic uitiauit miser.
Pa.-Je ne sais pas. Py.-Eh bien,
c'est ce qu'on a découvert. C'est elle qu'a violée ce
misérable.
1 nescio
perturbatus Parmeno nec negare potuit nec consentire,
<quare> quasi defensionis loco dixit nescio. 2 atqvi sic
inventa est facile est, ut credat qui nescit, ergo Pythias
non laborat, ut suadeat ciuem esse. 3 atqvi sic
inventa est magnum horrorem incutit audienti non accusando
sed miserando Chaeream.
1 nescio
dans son trouble Parménon ne peut ni nier ni acquiescer, c'est
pourquoi comme seul argument pour sa défense il dit je ne sais
pas. 2 atqvi sic inventa est il est
facile de faire croire à celui qui ne sait pas ; donc Pythias ne
prend aucune peine pour le persuader qu elle est
citoyenne. 3 atqvi sic inventa est elle provoque chez
l'auditeur une vive réaction d'horreur en n' accusant pas Chéréa
mais en le prenant en pitié.
ille ubi id resciuit factum frater
uiolentissimus...
L'autre quand il a appris ce qui
s'est fait, le frère, qui est une vraie brute...
frater violentissimvs hoc inuentum est, quo
declaretur «
adeo
nobilem
408 ».
frater violentissimvs invention pour
justifier « adeo
nobilem ».
Pa.-quidnam fecit? Py.-conligauit
primum eum miseris modis.
Pa.-Qu'a-t-il fait ? Py.-D'abord il
l'a attaché que c'en était une misère.
conligavit evm primvm miseris modis mira
tarditas ad torquendum Parmenonem; simul etiam relictus ad
succurrendum locus.
conligavit evm primvm miseris modis
étonnante lenteur pour mieux torturer Parménon ; en même temps
aussi elle laisse de la place pour lui porter secours.
Pa.-hem conligauit? Py.-atque
equidem497 orante ut ne id faceret
Thaide.
Pa.-Hein, il l'a attaché ? Py.-Oui,
malgré Thaïs, qui le priait de ne pas le faire.
atqve eqvidem orante vt ne id faceret thaide
adeo uiolentissimus. et recte hoc additum, ne
speret auxilium de Thaide.
atqve eqvidem orante vt ne id faceret thaide
: c'est ce qui explique uiolentissimus. Et c'est juste d'ajouter
cela afin qu'il n'espère aucune aide de Thaïs.
Pa.-quid ais? Py.-nunc minatur
porro sese id quod moechis solet:
Pa.-Que dis-tu ? Py.-A présent il
le menace de ce qu'on fait d'ordinaire aux adultères,
1 nvnc minatvr
p.
porro
s.
sese
bene minatur, ut succurri possit ei, qui non
sit passus. 2 minatvr
p.
porro
s.
sese
deest facturum. 3 id qvod moechis
<
s.
solet
> subauditur fieri et facturum.
1 nvnc minatvr
porro sese .: c'est bien de dire minatur, pour qu'on
puisse le secourir puisqu'il n'a pas encore souffert. 2 minatvr
porro sese il manque de faire (facturum). 3 id qvod moechis
solet sous-entendre de faire maintenant et plus tard (fieri et
facturum).
quod ego numquam uidi fieri neque
uelim. Pa.-qua audacia
chose que je n'ai jamais vue et que
je ne voudrais pas. Pa.-Par quelle audace
tantum facinus audet? Py.-quid ita
« tantum »? Pa.-an non tibi hoc maximum est?
ose-t-il un si grand forfait !
PY.-Comment ça « si grand » ? Pa.-Pour toi ce n'est pas le plus
grand ?
qvid ita tantvm nimis callide Pythias et
dicit uiolentum et tamen iniustum audacem que dici non
patitur, sed defendit, ut magis terreat Parmenonem.
qvid ita tantvm c'est extrêmement rusé de la
part de Pythias de dire violent sans aller jusqu'à dire
injuste et
effronté
et en le défendant pour terrifier encore davantage Parménon.
quis homo pro moecho umquam uidit
in domo meretricia
Quel type a jamais vu que pour
adultère dans une maison de passe
in domo meretricia
p.
prendi
q.
qvemqvam
causa finalis: uirginem ciuem apud meretricem
uitiauit, mercedem offert, petitur ad supplicium.
in domo meretricia prendi qvemqvam cause
finale : il a déshonoré une jeune fille citoyenne chez une
courtisane, il offre un prix, on le conduit au supplice.
prendi quemquam? Py.-nescio. Pa.-at
ne hoc nesciatis, Pythias:
on appréhende quelqu'un ? Py.-Je ne
sais pas. Pa.-Mais pour que vous n'en ignoriez rien, Pythias,
nescio quam astute dixit nescio, ne laborans
ad contradicendum amitteret fidem personae simplicis ac uera
dicentis. uult enim magis nuntii officio fungi quam
persuadentis.
nescio quelle astuce dans ce nescio, de peur qu'en
peinant pour le contredire elle ne perde son crédit de personne
simple et qui dit la vérité. Elle veut en effet remplir plutôt
l'office de messager que celui de conseiller.
dico edico uobis nostrum esse illum
erilem filium. Py.-hem
je clame et déclare à votre
intention que celui-là, c'est le fils de notre maître. Py.-
Hein !
1 dico
edico αὔξησις, ut supra «
ubi quaeram,
u.
ubi
i.
inuestigem
409 ». 2 dico edico dico tibi, Pythias, edico omnibus
tuis. 3 Ergo ad uniuersos utrumque
refertur, et dico et edico.
1 dico
edico gradation (αὔξησις), comme plus haut « ubi quaeram,
ubi inuestigem ». 2 dico edico dico à toi, Pythias,
edico à
tous les tiens. 3 donc il rapporte à
tout le monde en même temps les deux verbes dico et edico.
obsecro, an is est? Pa.-nequam in
illum Thais uim fieri sinat!
s'il te plaît, c'est lui ? Pa.-Que
Thaïs ne permette pas qu'on lui fasse violence !
1 obsecro an is
est insultanter, ut in Phormione «
ho, tune is eras?
410 », nam sciebat ipsum esse. 2 ne qvam in illvm
thais vim
f.
fieri
s.
sinat
quam bene prouidit Pythias, quae dixit «
equidem orante, ut ne id
f.
faceret
, Thaide
411 ».
1 obsecro an is
est avec insolence, comme dans le Phormion
« ho, tune is eras ? », de fait elle savait que c'était
lui. 2 ne qvam in illvm thais vim fieri Comme cela
a été bien prévu de la part de Pythias qui a dit « equidem orante,
ut ne id faceret, Thaide ».
atque adeo autem cur non egomet
intro eo? Py.-uide, Parmeno,
Et au fait, pourquoi ne pas entrer
moi-même ? Py.-Attention, Parménon,
quid agas, ne neque illi prosis et
tu pereas; nam hoc putant
à ce que tu fais de peur de ne lui
servir de rien et de te perdre toi-même ; car voilà ce qu'ils
pensent :
<ne> neqve illi prosis et tv pereas
totum hoc ad id additum, ut senex intromittatur ad confirmandas
nuptias. sed poeta hoc agit, personae nesciunt.
ne neqve illi prosis et tv pereas tout ce
qui suit est un ajout pour permettre l'entrée du vieillard pour
confirmer le mariage. Mais c'est ce que fait le poète, les
personnages n'en savent rien.
quidquid factum est ex te esse
ortum. Pa.-quid igitur faciam miser?
tout ce qui est arrivé c'est de toi
que ça sort. Pa.-Que puis-je donc faire, malheureux ?
quidue incipiam? ecce autem uideo
rure redeuntem senem.
Qu'entreprendre ? Mais voici que
je vois, revenant de sa campagne, le vieux.
1 qvidve
incipiam facimus mediocria, incipimus
negotia. 2 ecce avtem video
r.
rvre
r.
redevntem
s.
senem
choragi est administratio, ut opportune in
proscaenium.
1 qvidve
incipiam le verbe facere s'emploie pour des tâches sans
grande conséquence, incipere pour des affaires
importantes. 2 ecce avtem video rvre redevntem senem le
régisseur doit veiller à ce qu'il apparaisse à ce moment précis
sur l'avant-scène.
dicam huic an non? dicam498 hercle; etsi mihi magnum malum
Je lui dis ou pas ? Je lui dis, ma
foi, même si c'est une bonne raclée
dicam hvic an non dicam
h.
hercle
non esset uerisimile, nisi dubitasset; quod
enim ad Chaeream pertinet, non quod ad ipsum pertinet,
dubitat.
dicam hvic an non dicam hercle ce ne serait
pas vraisemblable s'il n'était pas pris d'un doute ; c'est en
effet sur ce qui concerne Chéréa qu'il doute, non sur ce qui le
regarde lui.
scio paratum; sed necesse est huic
ut subueniat. Py.-sapis.
je le sais, qui m'attend. Mais il
faut absolument que j'aide l'autre. Py.-Tu es un sage.
1 scio paratvm sed
necesse est haec causa dubitandi fuit, quod hinc
Parmenonis, illinc adulescentis periculum cernitur. 2 sapis sapis dicit non uidens quid futurum sit,
sed tantum derisisse contenta. 3 sed necesse
est me huic
dicere subaudiendum, ut sit: sed necesse est
dicere. 4 Et
ἀσυνδέτως
inferendum est quod sequitur; < deest> enim propterea uel quid
tale.
1 scio paratvm sed
necesse est la cause de son hésitation est que d'un côté
il voit venir du danger pour Parménon, de l'autre pour le jeune
homme. 2 sapis elle dit tu agis sagement en ne voyant pas ce qui
va se produire, mais en se contentant de s'être moquée de
lui. 3 sed necesse est il faut sous-entendre
que je lui
dise pour avoir : mais il faut que je lui dise. 4 Et c'est rapporté en asyndète (ἀσυνδέτως) à ce qui
suit ; il manque en effet propterea (pour cette raison) ou quelque
chose de ce genre.
ego abeo intro: tu isti narra
omnem ordinem ut factum siet.
Moi, je file à l'intérieur. Toi,
raconte-lui tous les épisodes, comment ça s'est passé.
scaena quinta
Parmeno Senex
971 | 972 | 973 | 974 | 975 | 976 | 977 | 978 | 979 | 980 | 981 | 982 | 983 | 984 | 985 | 986 | 987 | 988 | 989 | 990 | 991 | 992 | 993 | 994 | 995 | 996 | 997 | 998 | 999 | 1000 | 1001
Se.-Ex meo propinquo rure hoc
capio commodi:
Vi.-Dans la proximité de ma
campagne, voilà l'avantage que je trouve,
1 ex meo propinqvo
rvre hoc
c.
capio
c.
commodi
adnotandum, quod huius senis nomen apud
Terentium non est: apud Menandrum Simon dicitur. 2 ex meo propinqvo
rvre hoc
c.
capio
c.
commodi
formatur status mentis trepidantis senis, ut
appareat, quam inopinato malo amens fieri possit: quod ipsum
superius et in Parmenone seruatum est; imparatis enim mentibus
mala maiora sunt. 3 Ergo nunc tam
otiosus incedit senex, ut neque mores increpet neque quicquam
suspicetur mali, sed agat gratias proximae uillae, cuius beneficio
non scit quid in urbe filii gerant, et nunc adest ubi opus est
poetae. 4 Et uide
hanc causam fuisse, cur non ad uillam diuerterit: omnes uillas
comicas suburbanas esse; commoditatem ipsam nunc explicat et
ostendit.
1 ex meo propinqvo
rvre hoc capio commodi il faut noter que ce vieillard n'a
pas de nom chez Térence : chez Ménandre il s'appelle
Simon. 2 ex meo propinqvo rvre hoc capio commodi
l'état d'esprit du vieillard est présenté comme tout agité de
sorte qu'il soit bien clair qu'un malheur inopiné puisse lui faire
perdre la tête : ce même dispositif a été aussi employé plus haut
dans le cas de Parménon ; pour les esprits qui n'y sont pas
préparés en effet les maux sont plus grands. 3 Donc maintenant c'est un vieillard oisif qui entre
en scène et qui ne fera aucun reproche sur les mœurs et ne
soupçonnera aucun mal, un vieillard qui remercie sa maison de
campagne toute proche qui lui permet d'ignorer ce que ses fils
font en ville et se trouve maintenant où le poète290 a besoin qu'il soit. 4 Et observez que c'est là la raison pour laquelle
il ne s'en est pas allé à sa maison de campagne : toutes les
maisons de campagne de comédie sont proches de la ville ; il en
explique et montre ici les avantages mêmes.
neque agri neque urbis odium me
umquam percipit.
c'est que ni la campagne, ni la
ville ne me causent jamais d'ennui.
1 neqve agri neqve
vrbis odivm me
v.
vmqvam
p.
percipit
tragicus apparatus: delicias memorat, qui
pericula cogniturus est. 2 odivm me
v.
vmqvam
p.
percipit
fastidium ex abundantia.
1 neqve agri neqve
vrbis odivm me vmqvam percipit disposition tragique : il
évoque le souvenir des plaisirs celui qui va connaître les
périls. 2 odivm me vmqvam percipit dégoût provoqué par
l'abondance.
ubi satias coepit fieri commuto
locum.
Dès que je commence à en avoir
assez, je change de lieu.
1 vbi satias
coepit suffecerant ad hanc sententiam duo superiores hi
uersus, sed hic ἐνάργεια est senilis eloquii, faceti et
garruli simul. 2 commvto locvm mira breuitate duas res
explicuit simul. 3 vbi satias
c.
coepit
deest nam, ut sit: nam ubi s. c.
fieri. 4 Et coepit pro coeperit. 5 satias odium: ab eo quod praecedit id quod
sequitur.
1 vbi satias
coepit il suffisait pour exprimer cette idée des deux vers
précédents, mais ici il y a une hypotypose (ἐνάργεια) de la façon de
parler à la fois bonhomme et bavarde d'un vieil homme. 2 commvto
locvm avec une étonnante densité il expose deux choses à
la fois. 3 vbi satias coepit il manque nam (de fait) pour
avoir : de fait, dès que la satiété me prend. 4 Et coepit est mis pour coeperit. 5 satias ennui : de ce qui précède on tire ce
qui suit.
sed estne ille noster Parmeno? et
certe ipsus est.
Mais n'est-ce pas là notre
Parménon ? Mais oui, c'est bien lui.
sed estne ille noster
p.
parmeno
et
c.
certe
i.
ipsvs
est et dubitauit et affirmauit postea utpote
senex uisu iam languido atque oculis propter aetatem defessis.
sed estne ille noster parmeno etcerte ipsvs
est en même temps il doute puis il affirme après coup
comme un vieillard dont la vue a déjà baissé et dont les yeux sont
fatigués par l'âge.
quem praestolare, Parmeno, hic
ante ostium?
Qui attends-tu, Parménon, ici
devant cette porte ?
1 qvem praestolare
p.
parmeno
h.
hic
a.
ante
o.
ostivm
noue non cui praestolare, sed quem dixit. aliter
Tullius «
qui tibi ad
F.
Forum
A.
Aurelium
p.
praestolarentur
a.
armati
412 ». 2 Praestolari est
praesto esse et apparere, hoc est obsequi.
1 qvem praestolare
parmeno hic ante ostivm c'est une construction nouvelle
que de ne pas construire praestolare avec le datif, mais avec
l'accusatif. Il en va autrement chez Tullius « qui tibi ad Forum
Aurelium praestolarentur armati » (pour t'attendre au Forum
Aurelium). 2 Praestolari c'est
être sous la main et se montrer, c'est-à-dire obéir.
Pa.-quis homo est? ehem saluum te
aduenire, ere, gaudeo.
Pa.-Qui c'est ce type ? Ah ! Te
voilà revenu en bonne santé, maître : j'en suis ravi.
qvis homo est quare quis homo est?, cum
praeuiderit uenientem? utrum non uult uideri praeuidisse, ne quid
fallaciae parasse uideatur? — sic et in Andria «
quasi de
i.
improuiso
r.
respice
a.
ad
e.
eum
413 » — <an> quia perturbatus exanimatusque, dum quid
apud Thaidem geratur auscultat, non uidit senem propius accedere
quem longe uiderat? an uero hoc fingit idcirco, quia quod parabat
dicere de Chaerea, postquam comminus uentum est, non audet
loqui?
qvis homo est pourquoi quis homo est ?,
alors qu'il l'a vu venir ? est-ce qu'il ne veut pas paraître
l'avoir vu venir, de peur de paraître avoir préparé quelque
fourberie ? — ainsi également dans L'Andrienne
« quasi de improuiso respice ad eum » — ou parce qu'il est
profondément troublé et hors de lui-même, en entendant ce qui se
passe chez Thaïs, et ne voit pas que s'est approché le vieillard
qu'il avait vu de loin ? ou aussi il imagine cette ruse parce
qu'il n'ose plus dire maintenant qu'il est tout près, ce qu'il
avait préparé de dire au sujet de Chéréa ?
Se.-quem praestolare? Pa.-perii:
lingua haeret metu. Se.-hem
Vi.-Qui attends-tu ? Pa.-Je suis
mort. Ma langue reste collée de peur ! Vi.-Hé bien !
lingva haeret metv Vergilius «
et uox faucibus haesit
414 ».
lingva haeret metv Virgile « et uox faucibus
haesit » (la voix se figea dans sa gorge).
quid est? quid trepidas?
satin499 salue? dic mihi.
qu'y a-t-il ? Qu'as-tu à
trembler ? Tout va bien ? Dis-moi.
1 qvid
trepidas instandum est seni ad audienda, quae de facili
numquam fateretur Parmeno. 2 satin salve salue integre,
recte, commode. Plautus in Trinummo «
beneuolens tuus atque amicus. — satin
salue? dic mihi
415 »; — 3 Nunc aduerbium est
producta
e
littera. — Sallustius «
inde ortus sermo percunctantibus
utrimque, satin salue, quam grati ducibus suis, quantis
familiaribus copiis agerent
416 ».
1 qvid
trepidas le vieillard doit se faire pressant pour entendre
ce que Parménon n'avouera jamais avec facilité. 2 satin
salve ça va bien, gaillardement, et comme il faut. Plaute
dans Trinummus : « beneuolens tuus atque amicus. —
satin salue ? dic mihi » (bien disposé à ton égard et ami. –ça va
bien ? Dis moi) ; — 3 dans le cas
présent c'est un adverbe car la lettre e est longue. — Salluste « inde ortus
sermo percunctantibus utrimque, satin salue, quam grati ducibus
suis, quantis familiaribus copiis agerent » (une conversation
s'engagea alors entre ceux qui des deux côtés hésitaient,
allaient-ils bien, comment étaient ils vus de leurs chefs, avec
quelles ressources de leurs maisonnées ils agissaient).
Pa.-ere, primum te arbitrari
id500 quod res est uelim:
Pa.-Maître, d'abord je voudrais
que tu penses une chose qui est la vérité,
ere primvm te arbitrari
i.
id
q.
qvod
r.
res
e.
est
v.
velim
quod ante narrationem confirmatio inducitur,
contra morem <est> et praecepta; sed merito, quia
perturbatus est, quid ut simul possit dicere84.
ere primvm te arbitrari id qvod res est
velim le fait que la confirmation soit introduite avant la
narration est contraire à l'usage et aux préceptes ; mais c'est à
bon droit car il est profondément troublé pour pouvoir dire en
même temps aussi quelque chose .
quidquid huius factum est, culpa
non factum est mea.
tout ce qui s'est passé dans cela,
ce n'est pas de ma faute si ça s'est passé.
1 qvicqvid hvivs
factvm est absolute, ut supra «
et quicquid huius feci, causa uirginis
feci
417 ». 2 Aut deest rei, ut sit:
huius
rei.
1 qvicqvid hvivs
factvm est de manière absolue, comme plus haut « et
quicquid huius feci, causa uirginis feci ». 2 Ou alors il manque chose (rei), pour avoir de cette chose.
Se.-quid? Pa.-recte sane
interrogasti: oportuit
Vi.-Quoi ? Pa.-Au moins, tu as
raison de poser la question. Il aurait fallu
1 qvid
stomachose quid interrogat: quis enim ante crimen
quam obiciatur aut proponatur neget? 2 recte sane
i.
interrogasti
docte Terentius ipse se reprehendit: non
ordine factum est prae timore et conscientia.
1 qvid
avec colèrecolère il demande quid : qui en effet peut nier avant que
le crime soit exposé ou mis devant les yeux ? 2 recte sane
interrogasti savamment Térence lui-même se reprend : cela
n'a pas été fait dans l'ordre à cause de la peur et de la mauvaise
conscience.
rem praenarrasse me. emit quendam
Phaedria
que je te raconte d'abord
l'affaire. Phédria a acheté un
1 emit qvendam
phaedria evnvchvm uide narrationem a necessariis et
urgentibus coeptam non in se continere nisi quod rei condicio
cogit fateri: emit inquit eunuchum, quem dono huic
daret, <et> non dixit, cui dono daret; aliter ab
amoris mentione coepisset. deinde τὸ quendam ἐξουθενισμόν et εὐτέλειαν significat. 2 Et huic more dixit potius quam meretrici. quin etiam
interrogatus «
Thaidi
418 » potius dicturus est quam ut nomen dicat, in quo is
offenditur senex. eunuchi autem solius mentio necessaria est, quia
dicturus est «
pro eunucho
419 » deductum Chaeream.
1 emit qvendam
phaedria evnvchvm observez que la narration qui commence
aux choses indispensables et urgentes ne contient pas en elle
autre chose que ce que la condition de prévenu oblige à avouer :
il dit emit eunuchum,
quem dono huic daret, et il ne dit pas à qui il
voulait le donner ; autrement il aurait commencé par mentionner
son amour. Ensuite le (τὸ) quendam exprime une marque de mépris
(ἐξουθενισμόν)
et de mesquinerie (εὐτέλειαν). 2 Et il dit selon son habitude huic plutôt que
meretrici.
Bien plus quand on le questionnera il dira « Thaidi » (à Thaïs)
plutôt que de dire un nom qui offenserait le vieillard. Or la
mention du seul eunuque est indispensable car il dira que Chéréa a
été introduit « pro eunucho ».
eunuchum quem dono huic daret.
Se.-cui? Pa.-Thaidi.
eunuque pour lui en faire cadeau.
Vi.-A qui ? Pa.-A Thaïs.
Se.-emit? perii hercle. quanti?
Pa.-uiginti minis.
Vi.-Acheté ? Je suis mort, ma foi.
Combien ? Pa.-Vingt mines.
Se.-actum est. Pa.-tum quandam
fidicinam amat hic Chaerea.
Vi.-C'en est fait. Pa.-Alors, il y
a une joueuse de cithare dont Chéréa ici est amoureux.
1 actvm
est uerbum desperantis. 2 qvandam
fidicinam extenuatio est criminis, quod uirginem, quod
ciuem uitiauerit. 3 tvm qvandam fidicinam mire et
necessario uariauit: ille emit ut eunuchum mittat ad Thaidem, hic
amat, ut
deduci se «
pro eunucho
420 » uelit.
1 actvm
est parole d'un désespéré. 2 qvandam
fidicinam il y a là atténuation du forfait : il a bel et
bien déshonoré une jeune fille et une citoyenne. 3 tvm qvandam
fidicinam il varie de manière étonnante et indispensable :
l'un a acheté (emit) pour envoyer un eunuque à
Thaïs, l'autre aime (amat) au point de vouloir être
introduit « pro eunucho » (à la place de l'eunuque).
Se.-hem quid? amat? an scit iam
ille501 quid meretrix siet?
Vi.-Hein ! quoi ? amoureux !
Sait-il déjà, celui-là, ce que c'est qu'une courtisane ?
1 hem qvid
amat haec singula pronuntianda sunt, ut stuporem nimiae
indignationis ostendat. 2 an scit iam ille qvid meretrix
siet quia fidicina meretrix est.
1 hem qvid
amat il faut détacher chaque mot dans la prononciation
pour montrer l'hébétude où le plonge l'excès
d'indignation. 2 an scit iam ille qvid meretrix siet parce
que la joueuse de lyre est une courtisane.
an in astu uenit? aliud ex alio
malum!
Est-ce qu'il est venu en ville ?
Malheur de malheur !
1 an in astv
venit in
astu in urbem de Piraeo. 2 an in astv
venit sic Athenienses uocabant urbem suam, unde ipsi
incolae ἀστοί
uocantur. 3 alivd ex alio malvm hoc separatim dicit
senex fixis in Parmenonem oculis.
1 an in astv
venit in
astu veut dire en ville depuis le Pirée. 2 an in astv
venit c'est ainsi que les Athéniens nommaient leur ville,
d'où on tire le nom de ses habitants ἀστοί. 3 alivd ex alio
malvm cette réplique est dite par le vieillard détachée du
reste et les yeux fixés sur Parménon.
Pa.-ere, ne me spectes: me
inpulsore haec non facit.
Pa.-Maître, ne me regarde pas :
sous ma gouverne, il ne fait pas cela.
ere ne me spectes me impvlsore haec non
facit ipsum accusat conscientia; non enim, quod leuius
est, dixit me
sciente, cum plus inferat me impulsore.
ere ne me spectes me impvlsore haec non
facit sa conscience l'accuse ; en effet, il ne dit pas, ce
qui serait moins grave, me sciente (je le savais), tandis qu'il
s'exprime avec plus de force en disant me impulsore (j'ai eu
l'idée).
Se.-omitte de te dicere. ego te,
furcifer,
Vi.-Arrête de parler de toi. Moi,
en ce qui te concerne, pourriture,
ego te fvrcifer si vivo modo omnis saeuitia
comica aut in comminatione est aut in apparatu uerborum.
ego te fvrcifer si vivo en comédie toute la
violence291 ne réside que soit dans les menaces, soit dans
l'agencement des mots.
si uiuo...! sed istuc quidquid est
primum expedi.
si je vis... Mais ce dont tu me
parles quoi que ce soit, d'abord dis-le vite.
1 si vivo
ἀποσιώπησις,
quam necessario sequitur < sed >. 2 sed istvc
qvicqvid est inuenta causa, cur supplicia differantur,
donec uxorem ducat Chaerea et ipse purget Parmenonem secundum
argumenta, quae sibi ipse prospexit: iussum coactumque fecisse et
imperio erilis filii sui, id est Chaereae.
1 si vivo
aposiopèse (ἀποσιώπησις), qui est inévitablement
suivie par mais. 2 sed istvc
qvicqvid est c'est la raison inventée pour retarder le
supplice le temps nécessaire à Chéréa pour épouser la fille et
disculper lui-même Parménon en suivant les arguments qu'il a
prévus pour lui-même : il l'a fait sur ordre et contraint par le
fils de son maître c'est-à-dire Chéréa.
Pa.-is pro illo eunucho ad Thaidem
hanc deductus est.
Pa.-C'est lui qui, à la place de
cet eunuque, a été emmené chez cette Thaïs.
is pro evnvcho ad thaidem hanc dedvctvs est
bene deductor ipse siletur.
is pro evnvcho ad thaidem hanc dedvctvs est
bien vu de faire garder le silence à celui-là même qui l'a
introduit.
Se.-pro eunuchon? Pa.-sic est.
hunc pro moecho postea
Vi.-A la place de l'eunuque ?
Pa.-C'est comme ça ! Et lui, en flagrant délit d'adultère,
ensuite,
1 pro
evnvchon non interrogat, sed exhorrescit. 2 hvnc pro moecho
postea bene studuit Terentius pro bis numero
dicere: et pro
eunucho et pro moecho. pro moecho autem
quasi excusans dixit; nam uere in uirginem Atticam non pro moecho,
sed moechus. 3 sic est hvnc pro moecho postea bene utrumque
pro, quia
neque eunuchus est qui uitiauit uirginem, neque moechus qui in
domo meretricia. 4 Et specta
quam oratorie transilierit mentionem uitiatae uirginis: pro moecho inquit, ut
culpam Chaereae sub meretricis accusatione celaret. 5 hvnc pro
moecho bene τὸ pro, quia neque eunuchus, qui ephebus,
neque adulter, qui amator.
1 pro
evnvchon ce n'est pas une question, c'est un cri
d'effroi. 2 hvnc pro moecho postea bien calculé de la
part de Térence que de dire deux fois pro : à la fois
pro
eunucho et pro moecho. pro moecho de ce fait
est dit comme pour s'excuser ; de fait à la vérité, s'agissant
d'une jeune fille de l'Attique, il n'est pas en lieu et place d'un
adultère (pro moecho), mais bel et bien adultère. 3 sic est hvnc pro
moecho postea bien vu de redoubler pro, parce qu'un
homme qui a déshonoré une jeune fille ne peut pas être un eunuque,
ni un adultère celui qui s'est introduit dans une maison de
courtisane. 4 Et observez avec quel
effet oratoire il glisse sur la mention de la jeune fille
déshonorée : il dit pro moecho, afin de cacher la faute de
Chéréa en faisant porter l'accusation sur la courtisane. 5 hvnc pro
moecho bien vu le (τὸ) pro, parce que ce n'est ni un eunuque
puisque c'est un éphèbe, ni un adultère, puisque c'est un
amoureux.
conprehendere intus et
constrinxere. Se.-occidi.
ils l'ont appréhendé et ligoté.
Vi.-Je suis mort !
1 comprehendere i.
et c. quo dictum uim ingentem inferri significat
Chaereae. 2 comprehendere
i.
intvs
et
c.
constrinxere
comprehendere significat strictim in
facinore reprehensum.
1 comprehendere
intvs et constrinxere en disant cela il veut dire qu'on va
exercer contre Chéréa une très grande violence. 2 comprehendere
intvs et constrinxere comprehendere veut dire pris sur le fait
et serré de près.
Pa.-audaciam meretricum specta.
Se.-numquid est
Pa.-L'audace des courtisanes,
regarde un peu ! Vi.-As-tu par hasard
1 avdaciam
m.
meretricvm
s.
specta
maior ἔμφασις accusationis est per pluralem
numerum quam per singularem. sic alibi «
an potius ita me
comp.
comparem
non
per.
perpeti
meretricum contumelias ?
421 ». 2 avdaciam meretricvm ueteratorie auertit iram
senis a se atque a Chaerea et deriuat in meretricem. 3 nvm qvid
est alivd mali damnive bene interrogat, quia omnia inuitus
seruus dicere uidebatur. 4 Et cum et
damnum
malum sit,
de proximo collatum discernitur et damnum ad emptionem eunuchi, malum ad comprehensum
pertinet et constrictum Chaeream.
1 avdaciam
meretricvm specta l'insistance (ἔμφασις) mise sur l'accusation est plus
grande en recourant au pluriel qu'en recourant au singulier. Ainsi
ailleurs « an potius ita me comparem non perpeti meretricum
contumelias ? ». 2 avdaciam meretricvm en vieux
briscard il détourne la colèrecolère du vieillard de lui et de
Chéréa et la fait porter sur la courtisane. 3 nvm qvid est
alivd mali damnive bonne question, car l'esclave paraît
tout dire contre son gré. 4 Et bien
qu'un damnum soit aussi un malum, le contact
immédiat des deux mots crée une distinction : le damnum porte sur
l'achat de l'eunuque et le malum sur l'arrestation et la mise aux
fers de Chéréa.
aliud mali damniue quod non
dixeris
quelque malheur ou dommage que tu
n'as pas dit
relicuum? Pa.-tantum est.
Se.-cesso ego502 huc intro rumpere?
encore ? Pa.-Juste ça.
Vi.-Qu'est-ce que j'attends pour foncer là-bas dedans ?
cesso ego hvc intro rvmpere in tantam
formidinem coniectus est senex, ut non miremur, quod tam subito
nuptias firmet ephebi et uirginis quamuis <non> honestae,
tantum quia ex ingenti metu uel indigno matrimonio filii uitam
pacisci uellet.
cesso ego hvc intro rvmpere le vieillard est
plongé dans une telle épouvante que nous ne nous étonnons pas de
le voir si soudainement confirmer le mariage de l'éphèbe et de la
jeune fille, bien qu'elle ne soit pas comme il faut, pour la seule
raison que, poussé par une immense crainte, il désire obtenir que
son fils ait la vie sauve, même au prix d'un mariage indigne.
Pa.-non dubium est quin mihi
magnum ex hac re sit malum;
Pa.-Aucun doute, pour moi, de
cette affaire, il va sortir un grand malheur.
non dvbivm est qvin mihi magnvm malvm ex hac re
siet suaue est nescire personas quid agat poeta: ita non
periclitaturus Parmeno.
non dvbivm est qvin mihi magnvm malvm ex hac re
siet il est agréable de voir les personnages ignorer ce
que fait le poète : ainsi Parménon ne courra aucun danger.
nisi, quia necessus fuit hoc
facere, id gaudeo
Sauf que, parce qu'on ne pouvait
pas faire autrement, je suis content d'une chose :
1 nisi qvia
necessvs fvit hoc facere necessus nomen est. nam
necessus
et
necessis
et
necessitas
et
necessum
lectum est. 2 id gavdeo ut scilicet
succurreretur Chaereae periclitanti.
1 nisi qvia
necessvs fvit hoc facere necessus est un nom. De fait on lit
necessus et necessis et necessitas et necessum. 2 id
gavdeo pour évidemment secourir Chéréa qui est en
danger.
propter me hisce aliquid esse
euenturum mali.
c'est que, grâce à moi, à elles
aussi il va arriver du malheur.
1 propter
me plus dixit, quam si per me diceret. 2 hisce
aliqvid meretricibus, non adulescentibus. et item
pluraliter suo more, ut «
audaciam meretricum specta
422 » et «
non perpeti meretricum
contumelias?
423 ».
1 propter
me il dit plus que s'il disait per me. 2 hisce
aliqvid pour les courtisanes, non pour les jeunes gens. Et
encore une fois au pluriel selon son habitude comme « audaciam
meretricum specta » et « non perpeti meretricum
contumelias ? ».
nam iam diu aliquam causam
quaerebat senex
Il y a déjà longtemps que le
vieux cherchait un prétexte
nam iam div aliqvam
c.
cavsam
q.
qvaerebat
s.
senex
nota causam pro occasione.
nam iam div aliqvam cavsam qvaerebat senex
notez l'emploi de causa pour occasio.
quam ob rem insigne aliquid
faceret is: nunc repperit.
pour faire un exemple avec
elles : maintenant il l'a trouvé.
1 qvam ob rem
insigne aliqvid faceret manifestius hoc Menander explicat
iampridem infestum meretrici senem propter corruptum ab ea
Phaedriam, nunc demum se inuenta occasione uindicaturum. 2 qvam ob
rem quamuis dixisset causam, intulit quam ob
rem. 3 insigne aliqvid magnum et
nobile facinus. 4 faceret is
n.
nvnc
r.
repperit
ἰδιωτικῶς dixit.
1 qvam ob rem
insigne aliqvid faceret l'explication est plus claire chez
Ménandre : cela fait longtemps que le vieillard est hostile à la
courtisane parce que c'est elle qui a corrompu Phédria, maintenant
seulement il va se venger car il a trouvé une occasion. 2 qvam ob
rem bien qu'il ait dit la cause, il ajoute quam ob
rem. 3 insigne aliqvid grande et noble
action. 4 faceret is nvnc repperit il parle par
idiotisme (ἰδιωτικῶς).
scaena sexta
Parmeno Pythias
1002 | 1003 | 1004 | 1005 | 1006 | 1007 | 1008 | 1009 | 1010 | 1011 | 1012 | 1013 | 1014 | 1015 | 1016 | 1017 | 1018 | 1019 | 1020 | 1021 | 1022 | 1023 | 1024
Py.-Numquam edepol quicquam iam
diu quod mage uellem euenire
Py.-Jamais, nom d'un chien,
quelque chose que depuis longtemps je voulais davantage voir
arriver
1 nvmqvam edepol
qvicqvam iam div Pythias egreditur uelut irrisura
Parmenonem, ut ipsa putat; egredi autem a poeta cogitur, ut doceat
populum, quid intus egerit senex. 2 Ergo persona cachinnans inducitur quaerens
Parmenonem aspectuque eius ob nimium risum uix loqui
posse. 3 nvmqvam edepol
q.
qvicqvam
rarum est euenire quod uelis, et quod maxime
uelis, est rarum magis.
1 nvmqvam edepol
qvicqvam iam div Pythias entre en scène avec l'intention
de se moquer de Parménon, comme elle le croit ; de fait, le poète
la fait entrer en scène pour apprendre au public ce que le
vieillard a fait à l'intérieur. 2 Donc il met en scène un personnage qui pouffe de
rire en cherchant Parménon et qui en le voyant s'étrangle de rire
au point d'à peine pouvoir parler. 3 nvmqvam edepol
qvicqvam il est rare qu'il arrive ce qu'on veut et ce que
l'on veut extrêmement c'est plus rare encore.
mi euenit quam quod modo senex
intro ad nos uenit errans.
ne m'est arrivé, que l'entrée du
vieux chez nous tout perdu.
intro ad nos
v.
venit
e.
errans
non gressu errans nec uia, sed animo et
opinione.
intro ad nos venit errans son erreur n'est
pas de chemin ou de route, mais intérieure et dans son
opinion.
mihi solae ridiculo fuit quae
quid timeret scibam.
C'était pour moi seule que
c'était drôle, parce ce qui l'effrayait je le savais.
mihi solae ridicvlo
f.
fvit
solae: regulariter dicitur soli, nam recte;
solae
antique, ut alibi «
alterae dum
n.
narrat
,
f.
forte
a.
audiui
424 ».
mihi solae ridicvlo fvit solae : normalement
on dit au datif soli, et de fait c'est correct ;
solae est
une forme archaïque, comme ailleurs « alterae dum narrat, forte
audiui ».
Pa.-quid hoc autem est? Py.-nunc
id prodeo ut conueniam Parmenonem.
Pa.-Qu'est-ce que c'est que ça ?
Py.-A présent ce pour quoi je sors, c'est pour aller trouver
Parménon.
1 qvid hoc
avtem ridentem miratur Parmeno. 2 nvnc id
prodeo propter
id.
1 qvid hoc
avtem Parménon la regarde rire avec étonnement. 2 nvnc id
prodeo id équivaut à propter id.
sed ubi obsecro est? Pa.-me
quaerit haec. Py.-atque eccum uideo: adibo.
Mais où est-il, je vous prie ?
Pa.-C'est moi qu'elle cherche. Py.-Ah ! le voilà, je le vois. J'y
vais.
Pa.-quid est, inepta? quid tibi
uis? quid rides? pergin? Py.-perii:
Pa.-Qu'y a-t-il, idiote ?
Qu'est-ce que tu cherches ? Qu'est-ce qui te fait rire ? Tu
continues ? Py.-Je suis morte.
1 qvid rides
pergin ex huius uerbis ostendit, quam multum rideat
petulans puella. 2 perii proprie hoc uerbum est
<eius>, quae sit lassa ridendo.
1 qvid rides
pergin c'est par ses paroles qu'il montre combien rit
l'effrontée. 2 perii c'est là le mot propre d'une personne
qui s'est épuisée à rire.
defessa iam sum misera te
ridendo. Pa.-quid ita? Py.-rogitas?
Je suis épuisée maintenant,
pauvre de moi, à force de rire de toi. Pa.-Comment ça ? Py.-Cette
demande !
numquam pol hominem stultiorem
uidi nec uidebo. ah
Jamais, nom d'un chien, je n'ai
vu et ne verrai un type plus bête. Ah !
nvmqvam pol hominem stvltiorem
v.
vidi
n.
nec
v.
videbo
postquam rogitas <dixit>, quasi narratura
uidebatur, <sed> rediit ad insultationem.
nvmqvam pol hominem stvltiorem vidi nec
videbo après avoir dit rogitas, comme si elle avait l'air de
s'apprêter à raconter quelque chose, mais elle revient aux
insultes.
non possum satis narrare quos
ludos praebueris intus.
je ne trouve pas les mots pour
décrire le divertissement que tu as offert là-dedans.
qvos lvdos praebveris
i.
intvs
ex errore et metu nimio senis credentis
constrictum filium se offensurum in domo meretricis.
qvos lvdos praebveris intvs en raison de
l'erreur et de la crainte excessives du vieillard qui croit que
son fils maintenant aux fers va lui faire honte dans la maison de
la courtisane.
at etiam primo callidum et
disertum credidi hominem.
Quand je pense que je te croyais
habile et beau parleur, comme type !
at etiam primo
c.
callidvm
et
d.
disertvm
c.
credidi
h.
hominem
haec omnia sic in scaena pronuntiata sunt, ut
risu interrumpi uerba puellae uiderentur, maiorisque insultationis
est, si is qui fatigat alterum dicat se ante de illo multum
sensisse.
at etiam primo callidvm et disertvm credidi
hominem toutes ces paroles sont prononcées sur scène en
sorte que le rire paraisse empêcher la jeune fille de parler, et
il y a une injure plus grande quand celui qui accable son
interlocuteur vient à dire qu'il avait auparavant une haute
opinion de lui.
quid? ilicone credere ea quae
dixi oportuit te?
Hé, quoi ! Est-ce que d'emblée,
ce que je disais, tu étais obligé de le croire ?
1 qvid ilicone
credere non ideo hoc dicit, quod personae suae fidem
deroget, sed quod res incredibilis fuerit quam illi persuaserit,
aut certe si credendum fuerit, non statim 85 neque examinata neque facta rei
cognitione. 2 ilicone
c.
credere
obiurgatio de tempore.
1 qvid ilicone
credere elle ne dit pas cela parce qu'elle ôte tout crédit
à son personnage, mais parce qu'il lui semble incroyable qu'elle
ait pu le persuader, ou du moins, si c'était chose croyable, ce
n'aurait pas dû être immédiat sans examen et sans avoir pris
connaissance de la chose. 2 ilicone credere reproche
reposant sur le moment.
an paenitebat flagiti, te auctore
quod fecisset
Tu ne regrettais pas le scandale
qu'à ton instigation avait fait
1 an paenitebat
f.
flagiti
illud quod supra, a stulto, hoc quod nunc
dicit, a malo fieri potuit; illud ab imprudente, hoc quod peius
est, a sciente. 2 an
p.
paenitebat
f.
flagiti
parum uidebatur. ipse alibi «
quantum hic
o.
operi
f.
fiat
p.
paenitet
425 »; Plautus in Truculento «
paenitetne te quod ancillam
solam?
426 »86.
1 an paenitebat
flagiti ce qu'elle vient de dire a pu être le fait d'un
imbécile, ce qu'elle dit à présent n'a pu l'être que d'un mauvais
sujet ; le premier acte pouvait être celui d'un imprudent,
celui-là, qui est pire, ne peut l'être que de quelqu'un qui agit
en connaissance de cause. 2 an paenitebat flagiti cela lui
semblait trop peu. Lui-même ailleurs « quantum hic operi fiat
paenitet » (l'ouvrage qui se fait chez toi ne te satisfait pas) ;
et Plaute dans Truculentus « paenitetne te quod
ancillam solam » (ça te déplaît que ce soit une servante) ?
adulescens, ni miserum et
insuper503 patri indicares?
le jeune homme, sans aller, le
malheureux, par-dessus le marché, le dénoncer à son père ?
1 ni miservm
e.
et
i.
insvper
p.
patri
i.
indicares
duo obicit: unum quod male consuluerit,
alterum quod prodiderit male consulta sua. 2 Et bene indicares, nam indicium dicitur eius qui
una peccauerit. 3 ni miservm et
i.
insvper
p.
patri
i.
indicares
ad inuidiam Parmenonis miserum dicit
adulescentem eo modo, quo Iuno Venerem accusans ait «
an miseros qui Troas Achiuis
obiecit?
427 » sic enim agimus, cum ab his, qui falso rei sunt, in
auctores culpam sceleris remouemus.
1 ni miservm et
insvper patri indicares elle fait une double objection :
la première, il a mal réfléchi, la seconde, il a divulgué le fruit
de ces mauvaises réflexions. 2 Et
c'est bien de dire indicares, de fait il est traité de
dénonciateur de celui qui a fauté en même temps que lui. 3 ni miservm
et insvper patri indicares pour attirer la haine contre
Parménon elle dit le pauvre jeune homme de la même manière
que Junon quand elle accuse Vénus dit « an miseros qui Troas
Achiuis obiecit ? » (ou celui qui opposa aux Achéens les
malheureux Troyens ?). En effet nous nous exprimons 292 ainsi, quand nous
détournons la faute d'un crime de ceux qui en sont faussement
incriminés vers ceux qui en sont véritablement responsables.
nam quid illi credis animi tum
fuisse, ubi uestem uidit
Car, lui, d'après toi, quelle
impression a-t-il eue, quand il a vu le costume,
nam qvid
i.
illi
c.
credis
adulescenti scilicet.
nam qvid illi credis évidemment le jeune
homme.
illam esse eum indutum pater?
quid est? iam scis te perisse?
celui dont il était habillé, le
père ? Alors ! Maintenant, tu sais que tu es mort ?
qvid est iam scis te
p.
perisse
hoc non 87 stupentibus dicitur at fatentibus culpam.
qvid est iam scis te perisse cela se dit non
à des gens qui restent stupéfaits, mais à des gens qui avouent
leur faute.
Pa.-hem504 quid
dixti, pessima? an mentita es? etiam rides?
Pa.-Hein ! Qu'as-tu dit, espèce
d'horreur ? Tu as menti ? Et en plus ça te fait rire ?
1 hem qvid
d.
dixti
p.
pessima
nunc demum intellegit Parmeno se esse
delusum. 2 etiam rides apparet eam ex huius stomacho
uehementius cachinnare.
1 hem qvid dixti
pessvma c'est maintenant seulement que Parménon comprend
que l'on s'est joué de lui. 2 etiam rides selon toute
évidence la colèrecolère de l'esclave la fait rire encore plus
fort.
itan lepidum tibi uisum est,
scelus, nos irridere? Py.-nimium.
Ça t'a paru tellement joli,
scélérate, de te moquer de nous ? Py.-Excessivement.
nos irridere superbius dixit, quam si
diceret me.
nos irridere c'est dit avec plus de superbe
que s'il disait me (moi).
Pa.-si quidem istuc inpune
habueris... ! Py.-uerum? Pa.-reddam hercle. Py.-credo:
Pa.-Si jamais tu t'en tires
impunément... Py.-Vraiment ? Pa.-Je te le rendrai, ma foi ! Py.-Je
te crois :
1 si qvidem istvc
impvne
h.
habveris
subauditur tum 88
nimium. 2 vervm irridentis interrogatio est.
1 si qvidem istvc
impvne habveris on sous-entend alors oui
excessivement. 2 vervm c'est la question de quelqu'un qui se
moque.
sed in diem istuc, Parmeno, est
fortasse quod minare.
mais c'est pour un autre jour,
Parménon, peut-être, ce dont tu me menaces.
sed in diem istvc
p.
parmeno
e.
est
f.
fortasse
q.
qvod
m.
minare
in longam dilationem, unde
dilatio
est dicta
diei prolatio
.
sed in diem istvc parmeno est fortasse qvod
minare dans un avenir éloigné, le mot dilatio en est venu à désigner la remise
à plus tard (prolatio 293)
du jour (dies).
tu iam pendebis qui stultum
adulescentulum nobilitas
Toi, maintenant, tu vas être
pendu pour avoir mis en vedette ce gamin stupide
1 tv iam
p.
pendebis
iam nimiam uelocitatem
significat. 2 nobilitas <
f.
flagitiis
et
e.
evndem
indicas> duas res significat simul: et
cogis facere flagitia et facientem indicas.
1 tv iam
pendebis iam signifie ici une vitesse
extrême. 2 nobilitas flagitiis et evndem indicas cela
veut dire deux choses à la fois : en même temps que tu pousses à
commettre une infâmie, tu dénonces celui qui la commet.
flagitiis et eundem indicas:
uterque exempla in te edent505.
avec des scandales et l'avoir
dénoncé : tous les deux de toi vont faire un exemple.
1 vterqve
e.
exempla
i.
in
t.
te
e.
edent
noua et mira tormenta, quae pro exemplis
narrantur aut quae documento sint ceteris ne delinquant, exempla
dicuntur. 2 Et edent et edet legitur. si
edent,
figuratum est; si edet, rectum. 3 Et plus est edet quam dabit.
1 vterqve exempla
in te edent nouveaux tourments inattendus qui sont
racontés à la place des exemples ou dits à titre d'exemples pour
enseigner aux autres à se garder de mal agir. 2 on lit à la fois edent et edet. Si l'on choisit edent, il y a une
figure294 ; si on
choisit edet, c'est dit de la façon
correcte. 3 Et c'est dire plus de
dire edet
que dabit
(donnera).
Pa.-nullus sum. Py.-hic pro illo
munere tibi honos est habitus: abeo.
Pa.-Je suis anéanti. Py.-Voilà
pour ce cadeau l'honneur que tu as gagné. Je m'en vais.
1 nvllvs
svm hoc secum Parmeno. 2 hic pro illo
mvnere
t.
tibi
h.
honos
e.
est
h.
habitvs
a.
abeo
εἰρωνικῶς et μεταφορικῶς: pro munere et honos
munerigerulis praeberi solet.
1 nvllvs
svm cette réplique est un aparté de Parménon. 2 hic pro
illo mvnere tibi honos est habitvs abeo c'est à la fois
dit ironiquement (εἰρωνικῶς) et métaphoriquement (μεταφορικῶς) : pour
récompense, on offre aussi d'ordinaire une marque d'honneur aux
porteurs de présents.
Pa.-egomet meo indicio miser
quasi sorex hodie perii.
Pa.-Moi-même, avec ma
dénonciation, malheureux, comme un rat, aujourd'hui, je suis
fait !
1 egomet meo
i.
indicio
m.
miser
q.
qvasi
s.
sorex
<
h.
hodie
>
p.
perii
proprium soricum est uel stridere clarius quam
mures uel strepere magis, cum obrodunt friuola. ad quam uocem
multi se intendentes quamuis per tenebras noctis transfigunt eos.
Plautus «
confossiorem te faciam soricina
nenia
428 ». 2 qvasi sorex hodie perii quia latere potuit
nec occidi, si taceret. 3 Nunc
repetit prouerbium in eos, qui ipsi se produnt, quia sorex non
facile caperetur, nisi emitteret uocem noctu.
1 egomet meo
indicio miser qvasi sorex hodie perii le propre des souris
est soit d'émettre un cri plus strident que celui des rats, ou de
faire plus de bruit en rongeant des babioles. C'est en se
dirigeant sur leur voix que beaucoup de gens les transpercent
malgré l'obscurité de la nuit. Plaute « confossiorem te faciam
soricina nenia »(je te crèverai plus qu'un intestin de
souris). 2 qvasi sorex hodie perii car il aurait pu
rester cacher et ne pas se perdre, s'il s'était tu. 3 Il reprend ici à son compte un proverbe qui
s'applique à ceux qui se trahissent eux-mêmes, car il ne serait
pas facile de prendre une souris, s'il elle ne poussait son cri
dans la nuit.
scaena septima
Thraso Gnatho
Gn.-Quid nunc? qua spe aut quo
consilio huc imus? quid inceptas506,
Thraso?
Gn.-Quoi maintenant ? Dans quel
espoir, dans quel dessein venons-nous ici ? Qu'entreprends-tu,
Thrason ?
1 qvid nvnc qva
spe avt qvo consilio hvc imvs reminiscere hunc esse, qui
militi supra dixit de Thaide «
iam dudum te amat
429 »et rursus «
iam haec tibi aderit
s.
supplicans
u.
ultro
430 », et hinc uidebis, quos exitus habeat assentatio; nam
idem militi auctor est summae desperationis. et animaduerte, quod
semper a mensa inuitus abstrahatur; nam et supra, cum ad litem
uenitur, ex uerbis Thrasonis manifestum est Gnathonem inuitum
sequi, ubi dicit «
hancine ego ut contumeliam tam insignem
in
m.
me
a.
accipiam
,
G.
Gnatho
?
m.
mori
m.
me
s.
satius
est
431 ». 2 Et bene qva spe avt qvo consilio ,
tamquam omnia expertus et nec muneribus gratus nec terroribus
metuendus. 3 qvid nvnc
q.
qva
s.
spe
a.
avt
q.
qvo
c.
consilio
parasitus intellegit quid agat miles, sed ad
hoc inducitur interrogare militem, ut populus audiat, quo consilio
ueniat ad Thaidem. 4 qvid nvnc qva spe summa
desperatio est apud militem reconciliandae amicae ad hoc, ut aequo
animo ferat admitti Phaedriam, dum ipse quoque recipiatur; nam
neuter in fine fabulae contristandus est. 5 qvid inceptas
t.
thraso
incipere magnorum facinorum est et
audaciae.
1 qvid nvnc qva
spe avt qvo consilio hvc imvs souvenez-vous que c'est lui
qui a dit plus haut au soldat parlant de Thaïs « iam dudum te
amat » et de nouveau « iam haec tibi aderit supplicans ultro », et
vous verrez par là à quoi aboutit la flatterie ; de fait, il est
aussi la raison du désespoir total du soldat et remarquez qu'il
est toujours détourné de son repas bien malgré lui ; de fait plus
haut également quand on en venait au procès, il est évident à
partir des paroles de Thrason que Gnathon le suit bien malgré lui,
quand il dit « hancine ego ut contumeliam tam insignem in me
accipiam, Gnatho ? mori me satius est ». 2 Et c'est bien de dire qva spe avt qvo consilio , en homme qui a
tout enduré et qui n'est ni bien accueilli avec ses cadeaux, ni
redoutable par ses menaces. 3 qvid nvnc qva spe avt qvo
consilio le parasite comprend ce que fait le soldat, mais
il est conduit à interroger le soldat pour que le public entende
dans quel dessein il vient voir Thaïs. 4 qvid nvnc qva
spe le soldat désespère totalement de se réconcilier avec
son amie au point qu'il puisse supporter sans broncher que Phédria
soit autorisé à entrer pourvu qu'il soit reçu lui aussi ; de fait,
ni l'un ni l'autre ne doit éprouver de tristesse à la fin de la
pièce. 5 qvid inceptas thraso incipere s'applique
pour de grandes entreprises et des actes audacieux.
Thr.-egone? ut Thaidi me dedam et
faciam quod iubeat. Gn.-quid est?
Thr.-Moi ? Me rendre à Thaïs et
faire ce qu'elle voudra. Gn.-Quoi ?
1 vt thaidi me
dedam post indictionem belli et instructionem pugnae quid
sequatur nisi deditio superatorum? 2 et faciam qvod
ivbeat proprie, nam in deditione uictores iubent, uicti
obsequuntur.
1 vt thaidi me
dedam après la déclaration de guerre et le plan de
bataille, que voit-on sinon la reddition des vaincus ? 2 et faciam
qvod ivbeat au sens propre, de fait dans une reddition,
les vainqueurs commandent et les vaincus obéissent.
Thr.-qui minus quam Hercules
seruiuit Omphalae? Gn.-exemplum placet.
Thr.-Pourquoi serais-je moins son
esclave qu'Hercule fut celui d'Omphale ? Gn.-Exemple bien
choisi !
1 qvi minvs
q.
qvam
h.
hercvles
et hic Terentius exprimit consuetudinem, in
qua ignauis rationes criminum et exempla suppeditant; nam sic et
supra de Pyrrho. 2 omphalae Lydiae reginae.
Omphala Herculem seruientem sibi etiam ad lanificium compulit, cum
ipsa calathum et colum cultusque femineos sagittis, claua, leonis
tegmine mutauisset. 3 servivit omphalae subauditur
ego seruiam
Thaidi?
1 qvi minvs qvam
hercvles ici aussi Térence exprime l'habitude selon
laquelle pour les lâches ce sont aussi les exemples qui
fournissent des raisons de mal agir ; de fait, de même plus haut
aussi à propos de Pyrrhus. 2 omphalae reine de Lydie.
Omphale réduisit Hercule qui était son esclave à filer la laine,
alors qu'elle même avait troqué sa corbeille et sa quenouille pour
les flèches, la massue et la peau de lion. 3 servivit
omphalae sous-entendre ego seruiam Thaidi (moi je serai
l'esclave de Thaïs) ?
(utinam tibi commitigari uideam
sandalio caput!)
(puissé-je te voir amollir la
tête à coups d'escarpins !)
1 vtinam tibi
c.
commitigari
v.
videam
s.
sandalio
c.
capvt
commitigari est tundendo deprimi atque
deponi. 2 sandalio capvt plus dixit caput quam aliam
partem corporis [dicere] uerberari. 3 Et mire: calciamento caput.
1 vtinam tibi
commitigari videam sandalio capvt commitigari c'est
être écrasé et renversé à force de coups. 2 sandalio
capvt dire frapper la tête (caput) est plus fort que toute
autre partie du corps. 3 Et
calciamento
caput est une expression remarquable.
sed fores crepuerunt ab ea.
Thr.-perii: quid hoc autem est mali?
Mais la porte a grincé chez
Thaïs. Thr.-Je suis mort ! Qu'est-ce que c'est encore que ce
malheur ?
perii qvid hoc avtem est mali eunuchi habitu
Chaerea, sed uirili confidentia prosilit et militem uelut noui
riualis terret aspectu.
perii qvid hoc avtem est mali Chéréa se
précipite en tenue d'eunuque, certes, mais avec une assurance
toute masculine et frappe le soldat de terreur à l'aspect de ce
qu'il prend pour un nouveau rival.
hunc ego numquam uideram etiam:
quidnam hic properans prosilit?
Celui-là je ne l'avais pas encore
vu. Pourquoi se précipite-t-il ici en sautant partout ?
hvnc ego nvmqvam videram ideo Chaeream
miratur.
hvnc ego nvmqvam videram c'est ce qui fait
qu'il s'étonne de voir Chéréa.
scaena octaua
Thraso Gnatho Chaerea Parmeno Phaedria
1031 | 1032 | 1033 | 1034 | 1035 | 1036 | 1037 | 1038 | 1039 | 1040 | 1041 | 1042 | 1043 | 1044 | 1045 | 1046 | 1047 | 1048 | 1049 | 1050 | 1051 | 1052 | 1053 | 1054 | 1055 | 1056 | 1057 | 1058 | 1059 | 1060 | 1061 | 1062 | 1063 | 1064 | 1065 | 1066 | 1067 | 1068 | 1069 | 1070 | 1071 | 1072 | 1073 | 1074 | 1075 | 1076 | 1077 | 1078 | 1079 | 1080 | 1081 | 1082 | 1083 | 1084 | 1085 | 1086 | 1087 | 1088 | 1089 | 1090 | 1091 | 1092 | 1093 | 1094
Ch.-O populares, ecquis me uiuit
hodie507 fortunatior?
Ch.-Oh, vous qui êtes là, y
a-t-il aujourd'hui en vie un être plus fortuné que moi ?
1 o popvlares
ecqvis me vivit
h.
hodie
f.
fortvnatior
hic persona Chaereae est feruens gaudio ut
adulescentuli et in prosperis rebus. 2 o popvlares
ecqvis me vivit
h.
hodie
f.
fortvnatior
non mirum est, si insane exsultat nuptiis, qui
iamdudum ob id solum, quod uitiauerat uirginem, laetabatur.
1 o popvlares
ecqvis me vivit hodie fortvnatior ici le personnage de
Chéréa est tout bouillant de joie, comme il convient à un petit
jeune homme, qui plus est au milieu d'événements
heureux. 2 o popvlares ecqvis me vivit hodie
fortvnatior il n'est pas étonnant de le voir sauter de
joie comme un fou à l'idée de son mariage, lui qui depuis
longtemps déjà se réjouissait du seul fait qu'il avait déshonoré
la jeune fille.
nemo hercle quisquam; nam in me
plane di potestatem suam
Personne, ma foi, pas un. Car
c'est sur moi d'évidence, que les dieux de leur puissance
1 nemo hercle
qvisqvam et interrogauit et respondet sibi. 2 nemo
hercle
q.
qvisqvam
παρέλκον tertium.
1 nemo hercle
qvisqvam il a posé la question et il se répond à
lui-même. 2 nemo hercle qvisqvam troisième pléonasme
(παρέλκον).
omnem ostendere cui tam subito
tot congruerint commoda.
universelle ont montré l'étendue
moi à qui si soudainement tant d'avantages sont échus.
cvi tvm svbito tot
c.
congrverint
c.
commoda
tam qualitatis, tot quantitatis
est.
cvi tam svbito tot congrverint commoda
tam porte
sur la qualité, tot sur la quantité.
Pa.-quid hic laetus est? Ch.-o
Parmeno mi, o mearum uoluptatum omnium
Pa.-Qu'est-ce qu'il a, celui-là,
à être joyeux ? Ch.-O mon cher Parménon, toi, qui de toutes mes
plaisirs
qvid hic laetvs est inuenta persona est,
propter quam gesta hic narrat Chaerea, ut et populus et miles
instruantur et sciant, quid intus gestum sit.
qvid hic laetvs est le poète a trouvé 295 un
personnage à cause duquel Chéréa raconte ici ce qu'il a fait afin
que le public et le soldat soient instruits et au courant de ce
qui s'est passé dans la maison.
inuentor inceptor perfector, scis
me in quibus sim gaudiis?
es l'inventeur, l'auteur, le
réalisateur ; tu sais dans quelle jouissance je suis ?
1 inventor
inceptor <perfector> inuenire sapientis est, incipere audacis,
perficere
constantis: ergo plena laudatio est. 2 Et constat hoc Chaeream laudatiue dicere,
nam in subditis solum consilium attributurus est
Parmenoni. 3 scis me in qvibvs sim
g.
gavdiis
σύλλημψις est. 4 Et nota scis me, cum sufficeret scis. 5 Ergo abundat me. et est figura ἀρχαϊσμός.
1 inventor
inceptor perfector inuenire s'applique à un sage,
incipere à
un audacieux, perficere à un persévérant : donc
l'éloge est complet. 2 Et il est
évident que Chéréa dit cela en manière d'éloge ; de fait, dans ce
qui va suivre, il va attribuer le plan au seul Parménon. 3 scis me in
qvibvs sim gavdiis c'est une syllepse (σύλλημψις). 4 Et remarquez scis me, alors que scis suffirait296. 5 Donc me est pléonastique.
Et c'est la figure dite archaïsme (ἀρχαϊσμός).
scis Pamphilam meam inuentam
ciuem? Pa.-audiui. Ch.-scis sponsam mihi?
Tu sais que ma Pamphila s'est
révélée citoyenne ? Pa.-Je l'ai entendu dire. Ch.-Tu sais qu'elle
m'a été promise ?
1 scis pamphilam
meam amatorie dixit meam, — 2 Vel potius sponsam meam. — id est quam
amo. 3 inventam cognitam. 4 civem
deest esse. 5 scis
s.
sponsam
m.
mihi
deest et esse. et est sponsam nunc
participium.
1 scis pamphilam
meam en amant il dit meam (ma chérie), — 2 ou plutôt si l'on préfère ma fiancée297 — à savoir celle que j'aime. 3 inventam
reconnue. 4 civem il manque esse. 5 scis sponsam
mihi il manque aussi esse. Et sponsam est maintenant un participe.
Pa.-bene, ita me di ament,
factum. Gn.-audin tu, hic quid ait? Ch.-tum autem Phaedriae
Pa.-Bonté divine, bien fait. Gn.-
Entends-tu ce qu'il dit, celui-là ? Ch.-De plus, Phédria,
avdin tv hic qvid ait hoc uultu mutato et
conturbato dicitur.
avdin tv hic qvid ait cela est dit avec une
expression du visage altérée et troublée.
meo fratri gaudeo esse amorem
omnem in tranquillo: una est domus;
mon frère, j'ai la joie de le
voir aimer totalement en paix. Il n'y a plus qu'une maison.
1 amorem omnem
i.
in
t.
tranqvillo
bene in tranquillo, quia mari et
tempestatibus nimia amicae mobilitas et instabilitas comparatur.
sic Horatius «
simplex munditiis, heu quotiens fidem
mutatosque deos flebit et aspera nigris aequora uentis et
mirabitur insolens, qui nunc te fruitur credulus aurea
432 » etc. 2 vna est domvs propter Pamphilae
nuptias.
1 amorem omnem in
tranqvillo c'est bien de dire in tranquillo, parce
que l'excès de versatilité et le caractère changeant de son amie
sont comparés à la mer et à ses tempêtes. Ainsi Horace « simplex
munditiis, heu quotiens fidem mutatosque deos flebit et aspera
nigris aequora uentis et mirabitur insolens, qui nunc te fruitur
credulus aurea etc. » (O négligente ? Hélas ! combien il pleurera
la foi et les dieux trahis, combien il s'étonnera, inaccoutumé,
des flots battus par les sombres vents, celui qui, maintenant,
crédule, te possède toute dorée). 2 vna est
domvs à cause du mariage de Pamphila.
Thais patri se commendauit, in
clientelam et fidem
Thaïs s'est recommandée à mon
père, c'est désormais dans notre clientère et sous notre
protection
1 thais patri se
commendavit in
c.
clientelam
et
f.
fidem
n.
nobis
d.
dedit
hoc est, quod profuit Phaedriae. 2 in
clientelam et fidem in clientelam ut ametur, in fidem ut
defendatur.
1 thais patri se
commendavit in clientelam et fidem nobis dedit c'est ce
qui a rendu service à Phédria. 2 in clientelam et
fidem in
clientelam pour être aimée, in fidem pour être
défendue.
nobis dedit se. Pa.-fratris
igitur Thais tota est? Ch.-scilicet.
qu'elle s'est placée. Pa.-Ton
frère possède totalement Thaïs ? Ch.-Evidemment.
fratris igitvr
t.
thais
t.
tota
est bene tota, ut ne ex parte quidem sit
militis.
fratris igitvr thais tota est c'est bien de
dire tota,
en sorte qu'elle n'appartient plus au soldat, même pour une
part.
Pa.-iam hoc aliud est quod
gaudeamus: miles pelletur foras.
Pa.-Il y a encore autre chose
pour nous réjouir : le soldat va être flanqué dehos.
miles
p.
pelletvr
f.
foras
sunt gaudia ex nostris bonis, sunt gaudia ex
aliorum malis, hostium aut inimicorum. ergo utrumque genus
gaudiorum complexus est.
miles pelletvr foras on trouve des motifs de
joie dans les biens qui nous arrivent et dans les maux qui
arrivent à d'autres, ennemis ou adversaires. Donc il embrasse ici
les deux genres de motifs de joie.
Ch.-tu frater ubi ubi est fac
quam primum haec audiat. Pa.-uisam domum.
Ch.-Toi, mon frère, où qu'il
soit, fais en sorte qu'il l'apprenne dès que possible. Pa.-Je vais
voir à la maison.
visam
d.
domvm
bene domi quaeritur amator exclusus, nam neque
ruri est neque in foro.
visam domvm c'est bien vu de faire chercher
à la maison l'amant qui a été flanqué à la porte, car il n'est ni
à la campagne ni au forum.
Thr.-numquid, Gnatho, tu dubitas
quin ego nunc perpetuo perierim?
Thr.-Et alors, Gnathon, tu doutes
que je sois maintenant définitivement mort ?
1 perpetvo
perierim quia illud periisse supra temporale
uidebatur. 2 qvin ego nvnc
p.
perpetvo
p.
perierim
hic iam militi nec seruiendi amicae, ut uidet,
praebetur locus.
1 perpetvo
perierim parce que l'expression periisse plus haut
paraissait porter une acception temporelle. 2 qvin ego nvnc
perpetvo perierim ici désormais le soldat n'a plus lieu
fût-ce de servir son amie298.
Gn.-sine dubio opinor. Ch.-quid
commemorem primum aut laudem maxime?
Gn.-Aucun doute, je crois.
Ch.-Que raconter d'abord, de quoi faire le plus l'éloge ?
1 sine dvbio
opinor quia non quis dicitur 89 perpetuo periisse. quid enim opus hac
exceptione est, quando nemo ita perit, ut temporaliter pereat et
postea fiat non perditus? correxit parasitus stulti dictum
militis, non illum perpetuo sed sine dubio 90 periisse. 2 sine dvbio opinor te perisse:
pro certo confirmatur periisse miles, ut post tot munera ex
desperato supplex, ex supplices patiens riualis
exsistat. 3 qvid commemorem primvm διαπόρησις oratoria,
familiaris laudantibus. Cicero «
unde igitur potius incipiam?
433 »; hoc autem fit, ubi omnia et magna uidentur et
paria.
1 sine dvbio
opinor parce qu'on ne dit pas mourir perpetuo (pour
toujours). En effet quel besoin a-t-on de cette distinction,
puisque personne ne meurt en sorte que sa mort ne dure qu'un
moment et qu'ensuite il s'avère ne pas être mort ? le parasite
corrige les paroles de cet imbécile de soldat, en disant non qu'il
est mort pour toujours, mais qu'il est mort sans aucun
doute. 2 sine dvbio opinor que tu es mort : de
manière certaine il est confirmé que le soldat est mort, afin
qu'après tant de cadeaux il passe de l'état de désespéré à celui
de suppliant, de celui de suppliant à celui de rival
souffrant. 3 qvid commemorem primvm embarras (διαπόρησις) oratoire,
habituel à ceux qui font un éloge. Cicéron « unde igitur potius
incipiam ? » (où commencer de préférence ?) ; or c'est ce qui
arrive quand tout paraît également grand.
illum508 qui
mihi dedit consilium ut facerem, an me qui id ausus sim
celui qui m'a donné le conseil de
le faire, ou moi qui ai osé
1 illvm
q.
qvi
m.
mihi
d.
dedit
c.
consilivm
attribuuntur personis consilia, facta, casus,
orationes. ergo hic laudatur consilium Parmenonis, factum
Chaereae, casus fortunae id est euentus, oratio senis. 2 illvm qvi
mihi
d.
dedit
c.
consilivm
tria sunt in uita hominum: consilia, facta,
successus. consilium animi est, factum corporis, successus
fortunae. 3 illvm Parmenonem scilicet.
1 illvm qvi mihi
dedit consilivm on attribue aux personnages des plans, des
actes, des coups du sort, des discours. Ici donc sont loués le
plan de Parménon, l'acte de Chéréa, le coup de la fortune,
c'est-à-dire le dénouement, le discours du vieillard. 2 illvm qvi
mihi dedit consilivm il y a trois choses dans la vie des
hommes : les plans, les actes et leurs conséquences. Le plan vient
de l'esprit, l'acte du corps, la conséquence de la
fortune. 3 illvm évidemment Parménon.
incipere, an fortunam conlaudem
quae gubernatrix fuit,
entreprendre ? ou bien est-ce la
fortune que je comblerai d'éloges qui a tenu la barre,
quae tot res tantas tam opportune
in unum conclusit diem,
qui, en un seul jour, a conclu
tant de si grandes choses si heureusement,
qvae tot res
t.
tantas
t.
tam
o.
opportvne
in
v.
vnvm
c.
conclvsit
d.
diem
eunuchum, pro quo duceretur, commendationem
uirginis, absentiam meretricis, occasionem uitii inferendi, patris
interuentum nuptias.
qvae tot res tantas tam opportvne in vnvm conclvsit
diem l'eunuque, sous l'apparence duquel on l'a amené ici,
le fait qu'on lui ait confié la jeune fille, l'absence de la
courtisane, l'occasion qu'il a eue de pouvoir la déshonorer,
l'intervention de son père et le mariage.
an mei patris festiuitatem et
facilitatem? o Iuppiter,
ou l'amabilité et l'indulgence de
mon père ? O Jupiter,
1 an mei patris
f.
festivitatem
<et>
fa.
facilitatem
etiam patri impertienda laus est; nam non erat
transeundum festiuitatem <et facilitatem>, quod ut festiuus
amori non obstitit, quod ignouit ut facilis. 2 Et festiuitas in dictis est, facilitas in
animo et factis. 3 festivitatem laetitiam, ut
festiuus dies
est.
1 an mei patris
festivitatem et facilitatem même le père a droit à un
éloge ; de fait, il ne fallait pas qu'il passât sous silence sa
gentillesse et sa bénignité, gentil en ne faisant pas obstacle à
son amour, bienveillant en pardonnant. 2 Et la gentillesse est dans les paroles, la
bénignité dans l'esprit et dans les actes. 3 festivitatem la joie299, comme festiuus dies est (c'est jour de
fête).
serua obsecro haec bona nobis!
Ph.-di uestram fidem, incredibilia
conserve-nous, je t'en conjure,
ces biens présents. Ph.-Bonté divine ! c'est incroyable
di vestram fidem cito interuenit91
Phaedria, utpote qui domi erat.
di vestram fidem Phédria vu qu'il était dans
la maison intervient brutalement.
Parmeno modo quae narrauit. sed
ubi est frater? Ch.-praesto adest.
ce que vient de raconter
Parménon. Mais où est mon frère ? Ch.-Il est là, à portée de
main.
1 qvae
narravit nimius affectus in utramque partem defectus
orationis amat. 2 Ergo ἔλλειψις est: deest enim
gaudia.
1 qvae
narravit l'excès de passion dans l'un ou l'autre sens aime
les interruptions brutales du discours. 2 Donc c'est une ellipse (ἔλλειψις) : il manque en effet gaudia.
Ph.-gaudeo. Ch.-satis credo. nil
est Thaide hac, frater, tua
Ph.-Je m'en réjouis. Ch.-Je le
crois bien. Il n'y a pas, mon frère, de créature plus que cette
chère Thaïs
satis credo sic dici uota agentibus solet.
recte igitur huic dicitur cui fient nuptiae gaudeo, et ille sic
respondet, ut amicis gratulantibus decet, id est credo; ideo autem,
quia multi se fingunt conlaetari, cum inuideant, gaudere cum
doleant.
satis credo on a coutume de dire cela à ceux
qui formulent des voeux. C'est donc correct de dire gaudeo à celui qui va
se marier et lui répond comme il convient à des amis qui
présentent leurs félicitations, c'est-à-dire credo ; la raison
cependant en est que beaucoup font croire qu'ils participent à la
joie alors qu'ils sont jaloux, qu'ils sont joyeux alors qu'ils
souffrent.
dignius quod ametur: ita nostrae
omni est fautrix familiae. Ph.-hui
digne d'être aimée, tellement
elle est le soutien de notre famille ! Ph.-Eh !
mihi illam laudas? Thr.-perii,
quanto minus spei est tanto magis amo.
c'est à moi, c'est d'elle que tu
fais l'éloge ! Thr.-Je suis mort ! moins j'ai d'espoir, plus je
suis amoureux.
1 mihi illam
l.
lavdas
scilicet amatori eius. et mihi pronuntiatione
iuuandum est. 2 perii qvanto minvs
s.
spei
est
t.
tanto
m.
magis
a.
amo
hic uero est ardor insanissimus, ut Vergilius
«
formosum pastor Corydon ardebat Alexin,
delicias
d.
domini
,
n.
nec
q.
quid
s.
speraret
h.
habebat
434 » 3 Et profecto
sic est: sapientes spe maxime ad amorem coguntur, stulti forma
tantum.
1 mihi illam
lavdas comprendre devant son amant. et il faut appuyer
mihi par
une prononciation particulière. 2 perii qvanto
minvs spei est tanto magis amo c'est là à la vérité une
ardeur complètement folle, comme Virgile « formosum pastor Corydon
ardebat Alexin, delicias domini, nec quid speraret habebat » (le
berger Corydon brûlait pour le bel Alexis, les délices de son
maître, et il n'avait pas ce qu'il espérait). 3 Et de fait c'est ainsi : les sages sont conduits à
l'amour principalement par l'espérance, les imbéciles par la seule
beauté physique.
obsecro, Gnatho, in te spes est.
Gn.-quid uis faciam? Thr.-perfice hoc
Je t'en supplie, Gnathon ; c'est
en toi que j'espère. Gn.-Que veux-tu que je fasse ? Thr.-Obtiens
une chose
1 obsecro gnatho
in te spes est mire quasi desperatis omnibus auxiliis
abiecta nimis supplicatio inducitur. nam et
obsecro
et
Gnatho
id significat et
in te spes est
. 2 qvid vis faciam non est hoc
interrogantis sed ostendentis non esse quid faciat.
1 obsecro gnatho
in te spes est c'est étrange, comme si désespérant de tous
les autres secours, il introduisait une supplication excessivement
humble. De fait c'est le sens à la fois d' obsecro, de Gnatho et de in
te spes est. 2 qvid vis faciam ce n'est pas là
une question, mais un moyen de montrer qu'il n'y a plus rien à
faire.
precibus pretio ut haeream in
parte aliqua tandem apud Thaidem.
en priant, en payant : que je
garde un lien, n'importe lequel, avec Thaïs.
1 precibvs
pretio nihil militi superest praeter precem ut uicto
<et> pretium ut diuiti. uide igitur, quam sic res eant, ut
personae eius commiserescat 92. 2 precibvs
pretio ἀσύνδετα uelut <uoce> afflicta et
lassa pronuntianda sunt. 3 pretio uarie, quia alibi dixit
«
precario
435 ». 4 vt haeream τὸ haeream ultimum genus beneficii
est. 5 Et in parte aliqua, non
in parte
dixit, ne aequa intellegatur. 6 tandem
et hoc desperantis et difficile credentis. 7 tandem
non est aduerbium temporis, sed nunc saltem significat.
1 precibvs
pretio il ne reste rien au soldat sinon la prière
puisqu'il est vaincu et de quoi payer puisqu'il est riche. Voyez
donc comment vont les choses pour que l'on aie pitiépitié de son
personnage . 2 precibvs pretio asyndète (ἀσύνδετα) qu'il faut
prononcer avec une voix affligée et épuisée. 3 pretio
variation parce qu'ailleurs il a dit « precario ». 4 vt
haeream le fait représenté par (τὸ) haeream est l'ultime sorte de
bienfait. 5 Et in parte aliqua, il
ne dit pas en
partie (in parte) de peur que l'on comprenne à part
égale. 6 tandem parole d'un désespéré qui a du mal à
le croire. 7 tandem ce n'est pas un adverbe de temps,
mais cela signifie au moins.
Gn.-difficile est. Thr.-siquid
conlibitum est509 noui te. hoc si
feceris,
Gn.-C'est difficile. Thr.-Si tu
le décides, je te connais. Et ça, si tu le fais,
1 novi te
deest perfecisse sed ubique gestu plura
significat miles utpote infantissimus. 2 difficile
est uultu et pronuntiatione et asseueratione firmandum
est. 3 si qvid conlibitvm est ἔλλειψις pro si quid
conlibitum est, efficis.
1 novi te
il manque perfecisse mais en tout cas c'est par sa
gestuelle que le soldat dit la suite vu qu'il reste absolument
sans voix. 2 difficile est il faut souligner ces mots par
une expression du visage, la prononciation et un ton
catégorique. 3 si qvid conlibitvm est ellipse (ἔλλειψις) pour si c'est
là ton bon plaisir et que tu le fais.
quoduis donum praemium a me
optato: id optatum feres510.
attends de moi n'importe quel
cadeau en récompense : ce que tu attends, tu l'auras.
1 qvod vis donvm
p.
praemivm
a
m.
me
o.
optato
donum praemium est munus praemium. 2 Sed donum praemium dis datur, munus praemium
hominibus. Nam separatim donum deorum est, praemium uirorum est
fortium, munus hominum. 3 Et donum
munusque tam ante factum quam post factum datur, praemium non nisi
post factum est. 4 donum uoluntarium
est, praemium debetur. 5 alii uero
ἀσυνδέτως
pronuntiant: primo donum et sic praemium quasi unam
partem orationis. 6 qvod vis
d.
donvm
<
p.
praemivm
a
m.
me
o.
optato
> donum petito ut a largo homine, praemium
ut pro claro facinore. 7 qvod vis donvm
p.
praemivm
a
m.
me
o.
optato
i.
id
o.
optatvm
f.
feres
donum optato, ob quod praemium
accipias. 8 praemivm a me optato totum militariter, nam
et optio
dicitur et optari a militibus, ut uir fortis optet
quod uolet praemium.
1 qvod vis donvm
praemivm a me optato un don et un présent sont tous deux
une récompense. 2 Mais un don est
donné comme récompense aux dieux, un présent comme récompense aux
hommes. De fait, si l'on prend les choses séparément, un don
appartient aux dieux, une récompense aux hommes courageux300, un présent aux gens du
commun. 3 Et on fait un don et un
présent aussi bien avant qu'après l'accomplissement d'un acte, on
ne donne une récompense qu'après l'accomplissement de
l'acte. 4 Un don est volontaire, une
récompense est due. 5 D'autres en
revanche prononcent ces mots en asyndète (ἀσυνδέτως) : d'abord
donum et
praemium
comme s'ils ne faisaient qu'une seule partie de
discours. 6 qvod vis donvm praemivm a me optato réclame
un don puisque c'est un homme à l'aise, une récompense puisque
l'acte est noble. 7 qvod vis donvm praemivm a me optato id
optatvm feres espère un don grâce auquel tu puisses
recevoir une récompense301. 8 praemivm a me optato il dit
tout cela à la manière d'un soldat, de fait le mot optio et optari appartiennent
au vocabulaire militaire302, comme dans « un homme
courageux peut espérer la récompense qu'il voudra »303.
Gn.-itane? Thr.-sic erit. Gn.-si
efficio hoc, postulo ut mihi tua domus
Gn.-Ah oui ? Thr.-Il en sera
ainsi. Gn.-Si je le fais, je demande que pour moi ta maison,
si efficio hoc postvlo vt mihi tva domvs te
praesente absente pateat prouerbiale est praesente absente, ut
sursum
deorsum, ultro citro et cetera huiusmodi quod
93
fanda nefanda, iusta iniusta, digna indigna, uelit nolit .
si efficio hoc postvlo vt mihi tva domvs te
praesente absente pateat praesente absente est un proverbe304,
comme sursum
deorsum (ça et là), ultro citro (par ci par là) et toutes
les autres expressions de ce genre ce que sont aussi fanda nefanda (licite ou illicite),
iusta iniusta (à bon ou
mauvais droit), digna indigna
(qu'il le mérite ou non), uelit
nolit (bon gré mal gré).
te praesente absente pateat,
inuocato ut sit locus
que tu sois présent ou absent,
reste ouverte et que, sans être invité, j'y aie ma place
1 invocato vt sit
l.
locvs
inuocato non uocato, id est αὐτομάτως: in etenim et auget et
minuit dictionem. 2 invocato male intellegunt
precibus uocato, cum sit τῷ αὐτομάτῳ, id est etiam non inuitato:
quin ultro uenire debeat in suam domum.
1 invocato vt sit
locvs inuocato veut dire non uocato (sans
avoir été appelé), c'est-à-dire de son plein gré (αὐτομάτως) : le préfixe
in en
effet est à la fois emphatique et privatif. 2 invocato
c'est mal comprendre que de croire que le sens est appelé par des
prières, alors que le sens est spontanément (τῷ αὐτομάτῳ),
c'est-à-dire même si on ne l'y a pas invité ; bien plus : [que
l'autre lui dise] qu'il doit venir dans sa maison à lui, comme bon
lui semble.
semper. Thr.-do fidem futurum.
Gn.-accingar. Ph.-quem ego hic audio?
toujours. Thr.-Je te donne ma
parole: ce sera fait. Gn.-Je m'y mets. Ph.-Qui est-ce que
j'entends ici ?
1 do fidem
iuro, confirmo, spondeo. 2 accingar non quia facile est
quod negauit supra, sed suis uotis parasitus adductus est
<ad> conandum. ideo et accingar dixit: sic enim dicimus in
magnis rebus suscipiendis, ut«
accingunt
o.
omnes
o.
operi
436 »
1 do fidem
je jure, j'assure, je promets. 2 accingar
ce n'est pas que soit facile ce dont il a dit plus haut que ce ne
serait pas facile, mais le parasite est poussé à essayer par ses
prières. C'est pourquoi il dit aussi accingar : c'est en effet ainsi que nous
nous exprimons quand il s'agit d'entreprendre de grandes choses,
comme « accingunt omnes operi » (tous s'attèlent à la tâche).
o Thraso. Thr.-saluete. Ph.-tu
fortasse quae hic facta511 sient
Thrason... Thr.-Je vous salue.
Ph.-Toi, peut-être, ce qui vient de se passer ici
1 salvete
supplex sine gratia et sine timore, modo inimicus et
infestus. 2 tv fortasse qvae hic facta sient nescis hoc
totum superbe et minaciter adulescens.
1 salvete
en suppliant sans plaisir et sans peur, un peu hostile et
inamical. 2 tv fortasse qvae hic facta sient nescis tout
cette réplique du jeune homme est dite avec hauteur et d'un ton
menaçant.
nescis. Thr.-scio. Ph.-cur te
ergo in his ego conspicor regionibus?
tu ne le sais pas. Thr.-Si.
Ph.-Pourquoi alors est-ce que je te vois dans ces parages ?
1 scio
compendium poetae, ne rursus eadem dicerentur. 2 conspicor commune uerbum est conspicor.
1 scio
résumé du poète pour éviter les redites. 2 conspicor le verbe déponent conspicor est à la
fois de sens actif et de sens passif.
Thr.-uobis fretus... Ph.-scin
quam fretus? miles, edico hoc512
tibi,
Thr.-Je comptais sur vous...
Ph.-Tu sais comment tu dois y compter ? Soldat, je te l'affirme
solennellement :
1 vobis
fretvs et hoc stulte: quis enim et riualibus et inimicis
fretum esse se dicat? deinde ἀνακόλουθος et uitiosa responsio est: nisi
enim addideris sum, erit soloecismus conueniens
loquenti, impolito homini et militi. 2 scin qvam
f.
fretvs
esse debeas subaudiendum est. 3 miles
edico hoc tibi et contumeliose edico hoc tibi et
proprie ut militi miles inquit edico.
1 vobis
fretvs nouvelle parole stupide : qui en effet pourrait
dire qu'il a confiance en ses rivaux et ses adversaires ? ensuite
c'est une anacoluthe (ἀνακόλουθος) et il y a une faute dans la
réponse : en effet, si l'on n'ajoute pas sum (je suis), on
aura un solécisme qui convient au personnage qui parle, un homme
sans éducation et un soldat. 2 scin qvam
fretvs il faut sous-entendre esse debeas (tu devrais être). 3 miles
edico hoc tibi c'est à la fois injurieux de dire
edico hoc
tibi et propre au langage d'un soldat quand il parle à
un autre soldat.
si te in platea offendero hac
post umquam quod dicas mihi
si jamais je te trouve dans cette
rue après ça, tu auras beau me dire :
1 si te in
p.
platea
o.
offendero
hac id est casu inuenero. et in platea inquit,
non circa meretricis fores. 2 qvod dicas mihi aut deest
non
<est>, ut sit: non est quod dicas mihi, id est nihil
est; aut quod dicas
mihi pro ut dicas mihi, ut sit quod pro ut; aut quod pro quid enim, <ut
sit: quid enim>
dicas mihi. certum est autem ueteres sic locutos
esse.
1 si te in platea
offendero hac c'est-à-dire "si je te trouve par hasard".
Et il dit "dans la rue" et non "à rôder autour de la porte de la
courtisane". 2 qvod dicas mihi ou bien il manque non est, pour
donner : non est quod
dicas mihi (tu n'as rien à me dire), autrement dit ce
n'est rien ; ou bien quod dicas mihi est mis pour ut dicas mihi, de
sorte que quod soit mis pour ut ; ou bien encore
quod est
mis pour quid
enim, pour donner : en effet que pourrais-tu me dire.
Il est certain que les Anciens s'exprimaient ainsi.
« alium quaerebam, iter hac
habui », peristi! Gn.-heia haud sic decet.
« C'est quelqu'un d'autre que je
cherchais, mon chemin passait par là », tu es mort. Gn.-Allez ! Ça
ne se fait pas.
1 alivm
q.
qvaerebam
aut alium pro quendam posuit, ut sit: quendam
quaerebam, id est aliquem; aut alium hoc est: non quem tu putas, hoc
est: alium, non Thaidem. sed si aliam diceret, neque commode neque
εὐφώνως
loqueretur; praeualet enim masculinum genus. 2 peristi
ordo est: <si te> post umquam in platea offendero hac,
peristi. 3 heia interdum hortantis est. ergo nunc
heia
correptionem significat.
1 alivm
qvaerebam ou bien alium est mis pour quendam, pour
donner : je cherchais un homme, à savoir quelqu'un ; ou bien c'est
alium (un
autre) : non pas celui auquel tu penses, c'est-à-dire : un autre,
pas Thaïs. Mais s'il disait aliam, ce ne serait ni habile ni
euphonique (εὐφώνως) ; en effet le masculin l'emporte
305. 2 peristi
l'ordre des mots est : "si te post umquam in platea offendero hac,
peristi". 3 heia parfois avec un sens d'exhortation.
Donc dans le cas présent heia
marque le blâme.
Ph.-dictum est. Gn.-non cognosco
uestrum tam superbum... Ph.-sic ago.
Ph.-C'est dit. Gn.-Je ne vous
savais pas autant de superbe... Ph.-C'est ma façon de faire.
1 non cognosco
vestrvm
t.
tam
s.
svperbvm
locutio adnotanda. 2 Mire laudauit, ut persuadere potuisset. 3 vestrvm
tam
s.
svperbvm
noue uestrum superbum. 4 vestrvm
svperbvm absolute, ut «
pol, Crito,
a.
antiquum
o.
obtines
437 » 5 Ergo subaudimus uel
ingenium
uel animum
uel morem
uel institutum.
1 non cognosco
vestrvm tam svperbvm locution remarquable. 2 il fait un éloge paradoxal en sorte qu'il a pu le
persuader. 3 vestrvm tam svperbvm c'est innover que de
dire uestrum
superbum. 4 vestrvm svperbvm de manière
absolue comme « pol, Crito, antiquum obtines ». 5 Donc nous sous-entendons soit ingenium (le talent),
soit animum (l'esprit) soit morem (le caractère),
soit institutum (l'éducation).
Gn.-prius audite paucis: quod cum
dixero, si placuerit,
Gn.-D'abord écoutez quelques
mots. Quand j'aurai parlé, si tel est votre bon plaisir,
1 privs
a.
avdite
p.
pavcis
mira insinuatione agit, qui non ut
consentiant, sed ut audiant paucis, petit. 2 Bene prius, quasi non obstet, quominus
faciant quod uelint. tum deinde quod attentionem excitat, addidit
paucis,
deinde si
placuerit: facilius enim flectitur, cum quo non
pugnamus, ut consentiat. 3 privs
a.
avdite
p.
pavcis
prius audite quod <dicit>, fiduciam
ostentat persuasoriam rem dicturi.
1 privs avdite
pavcis il procède avec une étonnante insinuation en
demandant non qu'ils lui accordent quelque chose, mais qu'ils
l'écoutent paucis (pour quelques mots). 2 prius est bien dit, comme s'il ne les
empêchait pas de faire ce qu'ils veulent. Ensuite il attire leur
attention en ajoutant paucis, ensuite si placuerit : en
effet, il est plus facile de fléchir et de faire consentir
quelqu'un avec qui nous ne nous affrontons pas. 3 privs avdite
pavcis écoutez d'abord ce qu'il dit, montre qu'il est
assuré de dire quelque chose de persuasif.
facitote. Ch.-audiamus. Gn.-tu
concede paululum513 istuc, Thraso.
agissez. Ch.-Écoutons. Gn.-Toi,
va-t'en voir un peu là-bas, Thrason.
1 avdiamvs
bene non faciamus sed audiamus dixit, nam
prima oratoris impetratio in mala causa audiri meruisse. 2 tv concede
pavlvlvm istvc thraso Thraso hoc in bonam partem accipit
et ideo paret; putat enim uel turpe esse, si humiliter precetur
suo nomine se audiente parasitus, uel incongruum sibi, si in os
praesens a Gnathone laudetur. 3 istvc
thraso non ad se uocat, sed locum ostendit, quo abeat
atque concedat.
1 avdiamvs
c'est bien de ne pas dire faciamus (faisons), mais audiamus, de fait la
première victoire d'un orateur dans une cause mauvaise c'est
d'avoir obtenu qu'on l'écoute. 2 tv concede
pavlvlvm istvc thraso Thrason prend bien cette réplique et
c'est la raison pour laquelle il obéit ; il pense en effet soit
que ce serait une honte si le parasite faisait en son nom
d'humbles prières en sa présence, ou si l'on préfère que ce serait
inconvenant que Gnathon fasse son éloge en sa présence. 3 istvc
thraso il ne l'appelle pas à lui, mais lui montre
l'endroit où il doit se retirer et se tenir.
principio ego uos ambos credere
hoc mihi uehementer uelim,
Pour commencer, moi, vous deux,
je voudrais vraiment que vous me croyiez sur une chose :
principio ego vos ambos credere
h.
hoc
m.
mihi
v.
vehementer
v.
velim
uidet neque se <esse> odio neque offendi
animos audientium <nisi> in militis nomine. ergo oratorie
pro eo homine in quo offenditur eum in quo non offenditur94 posuit.
principio ego vos ambos credere hoc mihi vehementer
velim il voit que ce n'est pas lui qui est un objet de
haine et qu'il n'offusque pas ses auditeurs sinon au nom du
soldat. Donc c'est de manière oratoire qu'il met à la place de
l'homme en la personne duquel il y a offense celui en qui il n'y a
pas offense.
me huius quicquid facio id facere
maxime causa mea;
moi, tout ce que j'y fais, je le
fais surtout pour moi.
1 me hvivs
qvicqvid facio id facere <maxime> cavsa mea deest
rei, aut
est, ut
sit: me huius quicquid
est quod facio, id facere maxime causa mea. 2 Hic a persona discessit et rem non odiosam
pro perodiosa supposuit, id est parasiticam pro aemuli amore et
commodo.
1 me hvivs
qvicqvid facio id facere maxime cavsa mea il manque soit
rei, soit
est, pour
donner : me huius
quicquid est quod facio, id facere maxime causa mea
(quoi que ce soit dans cette affaire que je fasse, c'est surtout
pour moi que je le fais). 2 ici il
se désolidarise du personnage et met à la place d'une chose
extrêmement déplaisante une chose qui n'a rien de déplaisant,
c'est-à-dire une remarque de parasite au lieu de l'amour et de
l'intérêt d'un rival.
uerum si idem uobis prodest uos
non id514 facere inscitia est.
Mais si la même chose vous
rapporte aussi, que vous ne la fassiez pas, serait idiot.
1 vervm si idem
vobis
p.
prodest
multum attulit ad persuadendum: non esse
militi commodum admitti militem, sed ipsorum esse
commodum. 2 vos non id facere
i.
inscitia
e.
est
oratorie et secundum insinuationis praecepta
sic dixit; nam remittendo et dubitando magis flectit animos, quam
si aperte ac pertinaciter asseueret.
1 vervm si idem
vobis prodest il apporte beaucoup d'arguments pour
persuader : ce n'est pas l'intérêt du soldat que le soldat soit
autorisé à entrer, mais leur intérêt à eux. 2 vos non id
facere inscitia est il s'exprime ainsi de manière oratoire
et en suivant les principes de l'insinuation ; de fait, en faisant
une concession et en doutant, il fléchit plus leur esprit que s'il
affirmait ouvertement et fermement.
Ph.-quid id est? Gn.-militem ego
riualem515 recipiendum censeo.
Ph.-hem
Ph.-De quoi s'agit-il ? Gn.-Le
soldat pour ma part je pense qu'il faut l'accepter comme rival.
Ph.-Hein !
1 militem ego
rivalem recipiendvm censeo artificiose satis semel intulit
omne quod durum dictu ad persuadendum erat. nam quod militem et
riualem dixit, ad eam rem ualet, ut magis admittendus sit quam
excludendus. et simul fiducia sic dicentis parat animos ad
audienda quae dicet. 2 militem ego
r.
rivalem
r.
recipiendvm
c.
censeo
riuales dicuntur aemuli de mulieribus, facta
translatione nominis a feris bestiis, quae sitientes cum ex eodem
riuulo haustum petunt, in proelium contra se inuicem ueniunt. sic
Cicero pro Caelio sin erit ex illo fonte riuulus inquit, et
Homerus ******. 3 censeo <uide> uirtutem
poetae: non dixit peto sed censeo, tamquam illis iam consulat, non
pro milite agat. 4 militem ego
r.
rivalem
considera, quo uultu hoc dicendum sit, et
intelleges et militem et riualem et recipiendum et ego et censeo quanta
significent. non enim dixit Thrasonem sed militem, quod ad
stultitiam ualet nomen; nec socium sed riualem, quod ostendit, quandoquidem
riualis in meretrice capiendus, hunc potius eligendum, nec non
excludendum sed recipiendum dixit, ut et ostenderet adeo prodesse,
ut etiam de industria retinendus sit; et non uolo aut rogo sed censeo, ut
consiliarius, non parasitus uideatur loqui. nam quod ego addidit nunc, eo
dicto usus est, quo uti solent qui plus in negotio uident, <ut
in hoc ipso pronomine consiliarii auctoritas inesse uideatur>.
nam sic in Phormione
iurisc.
iurisconsulti
«
<ego> quae in rem tuam sint ea
uelim facias
438 », «
ego sedulo hunc dixisse credo
439 », «
ego amplius deliberandum censeo
440 ».
1 militem ego
rivalem recipiendvm censeo de manière assez habile il
expose en une fois tout ce qui est dur à dire pour persuader. De
fait, parler de soldat et de rival, vise à montrer qu'il vaut
mieux le laisser entrer que le flanquer à la porte. et en même
temps l'assurance du personnage qui parle prépare l'esprit des
autres à écouter ce qu'il va dire. 2 militem ego
rivalem recipiendvm censeo on nomme rivaux ceux qui se
disputent des femmes, par un glissement de sens de l'expression
qui désigne les bêtes sauvages, qui, quand elles ont soif, en
viennent à se battre entre elles, quand elles cherchent à boire au
même ruisseau (riuulus). Ainsi Cicéron dans le pro Caelio dit «sin
erit ex illo fonte riuulus »306
(s'il se trouve un ruisseau de la même source), et Homère307. 3 censeo voyez la force du
poète : il ne dit pas peto (je demande) mais censeo, comme s'il
s'occupait d'eux au lieu de plaider pour le soldat. 4 militem
ego rivalem considérez, avec quelle expression du visage
il faut dire cela, et vous comprendrez à la fois la force des mots
militem,
riualem,
recipiendum, ego et censeo. En effet il
ne dit pas Thrason mais le soldat, ce qui
implique l'idée de stupidité ; non pas le compagnon, mais
le rival,
ce qui montre que, puisqu'il faut bien admettre un rival auprès de
la courtisane, c'est celui-là plutôt qu'un autre qu'il faut
laisser entrer et il dit qu'il ne faut pas le flanquer à la porte,
mais le recevoir, pour montrer à quel point il est utile de devoir
le retenir même volontairement ; et il ne dit pas uolo ou rogo, mais censeo, en sorte
qu'il paraisse parler comme un conseiller et non comme un
parasite. De fait, en ajoutant maintenant ego, il utilise le
mot dont se servent ordinairement ceux qui voient plus dans une
affaire, en sorte que dans ce pronom même il paraisse y avoir tout
le crédit d'un conseiller. De fait, c'est ainsi que parlent les
jurisconsultes dans le Phormion « ego quae si in rem
tuam sint ea uelim facias ». « ego sedulo hunc dixisse credo ».
« ego amplius deliberandum censeo ».
recipiendum? Gn.-cogita modo: tu
hercle cum illa, Phaedria,
L'accepter ! Gn.-Réfléchis un
peu. Toi, ma foi, avec elle, Phédria,
1 cogita
modo modo aut tantummodo significat aut temporis est
aduerbium. 2 Et simul
incerta distinctio est.
1 cogita
modo modo soit signifie seulement soit est un
adverbe de temps. 2 Et en même
temps, la ponctuation n'est pas sûre.
et516 libenter
uiuis (etenim bene libenter uictitas),
tu aimes vivre, et de fait tu
sais drôlement bien vivre.
et libenter vivis id est: bonorum ciborum es
atque edax.
et libenter vivis c'est-à-dire : tu es homme
à faire grande chère et glouton.
quod des paullum est et necesse
est multum accipere Thaidem.
A donner tu as peu et il faut
bien que Thaïs reçoive beaucoup.
ut tuo amori suppeditare possit
sine sumptu tuo ad
Pour pouvoir subvenir à ton amour
sans qu'il t'en coûte rien, pour
svppeditare possit sine svmptv tvo aut pro
suppeditari aut deest se, ut «
accingunt
o.
omnes
o.
operi
441 »
svppeditare possit sine svmptv tvo ou bien
le verbe est mis pour suppeditari ou bien il manque se, comme « accingunt
omnes operi » (tous s'attèlent à la tâche).
omnia haec, magis opportunus nec
magis ex usu tuo
tout cela, d'homme plus approprié
et davantage à ton profit,
1 ad omnia haec
magis opportvnvs nec magis ex vsv tvo nemo est locutio est
ex negatiuis tertia, ut «
agrum in his
r.
regionibus
m.
meliorem
n.
neque
p.
preti
m.
maioris
n.
non
h.
habet
442 »95 2 <magis> ex
vsv pro utilior, magis opportvnvs pro opportunior.
1 ad omnia haec
magis opportvnvs nec magis ex vsv tvo nemo est
l'expression est à cause des négations une définition du troisième
type308,
comme « agrum in his regionibus meliorem neque preti maioris non
habet » (il n'y a pas dans ce canton de terre meilleure et qui
vaille autant que la tienne). 2 magis ex
vsv mis pour le comparatif utilior, magis opportvnvs mis pour le comparatif
opportunior.
nemo est. principio et habet quod
det et dat nemo largius.
il n'y en a pas. D'abord, il a de
quoi donner, et personne ne donne plus largement.
1
nemo est
96
hoc est ex usu tuo. 2 habet qvod
det ut diues, et dat
nemo largivs ut liberalis.
1 nemo est
c'est-à-dire dans ton intérêt. 2 habet qvod
det car il est riche, et
dat nemo largivs puisqu'il est généreux.
fatuus est, insulsus, tardus,
stertit noctesque517 et dies:
C'est un prétentieux, un crétin,
un balourd, il ronfle nuit et jour :
1 fatvvs
est hoc est opportunus. 2 insvlsvs
sine sale et sapientia, aut sine saltu ac facilitate. 3 tardvs in uenerem scilicet. 4 stertit
plus dixit stertit quam dormit. 5 noctesqve
et dies plus significat, quam si <diceret> diebus et
noctibus. 6 fatvvs inepta loquens. a fando fatuus dicitur; inde
Fauni Fatui et Nymphae Fatuae uocatae
sunt. 7 fatvvs est insvlsvs fatuus est uerbis ac
dictis, insulsus corde atque animo; tardvs tardus corpore ac
membris; quamuis etiam intellectu tardos dicamus, qui stulti
sunt. 8 Sed melius est sic
intellegi, ut ea uitia dicere uideatur, quae inamabilem faciant
etiam diuitem largumque amatorem. nam aut uerba commendant, ut
«
pendetque
i.
iterum
n.
narrantis
a.
ab
o.
ore
443 », hic fatuus est; aut sapientia gratum facit, ut «
multa uiri
u.
uirtus
a.
animo
444 », et hic insulsus est. 9 Sed mihi uidetur fatuum dicere, qui tantum glorietur et
blandiri amicae nesciat, insulsum qui non sit salax et cupidus
coitus, tardum qui non facile explicet uenerem,
quae res meretricibus odiosissima est. fatvvs insvlsvs sunt qui fatuum animo putent,
insulsum
dictis, sed male. nam Fatui di quoque sunt, qui et Fauni dicuntur,
et non stulti sed multum fantes, id est loquentes. fatvvs est insvlsvs haec quae
nunc addit non ex superioribus pendent. sed cum superiora ualeant
plurimum — nam quia et diues et liberalis, potuit obesse riualibus
—, haec omnia bona in milite corrumpuntur, quod fatuus, quod
insulsus, quod cetera quae ipse persequitur. fatvvs est insvlsvs haec bene adduntur, quia
<quod> dixit «
et habet quod det et dat nemo
largius
445 », ad eam rem ualebat, ut amaretur miles a meretrice et
praeponendus esset omnibus: sed ingrata sunt mulierculis maximeque
lasciuis haec omnia quae subiecit. fatvvs est insvlsvs hoc pro aceruo uitiorum
cum quadam uultus improbitate prolatum est, quo magis res in medio
posita esse uideatur.
1 fatvvs
est c'est-à-dire commode. 2 insvlsvs
sans humour ni intelligence, ou sans agilité ni
souplesse. 3 tardvs comprendre aux choses de
Vénus. 4 stertit c'est plus fort de dire stertit que
dormit (il
dort). 5 noctesqve et dies le sens est plus fort que
s'il disait le jour et la nuit. 6 fatvvs
qui dit des inepties. Le mot fatuus vient du verbe fari ; d'où on a tiré
le nom des Faunes Fatui (bavards) et des Nymphes
Fatuae
(bavardes). 7 fatvvs est insvlsvs fatuus s'applique aux
paroles et aux dires, insulsus au cœur et à l'esprit ; tardvs tardus dans son corps
et son physique ; bien que nous disions aussi lents à comprendre,
ceux qui sont idiots. 8 Mais il vaut
mieux comprendre ainsi pour qu'il paraisse dire les défauts qui
rendent peu aimable cet amant tout riche et généreux qu'il soit.
De fait ce sont soit les paroles qui recommandent quelqu'un comme
« pendetque iterum narrantis ab ore » (et à nouveau reste
suspendue aux lèvres du narrateur), celui-là est un fat ; ou alors
c'est l'intelligence qui fait que l'on est bien reçu « multa uiri
uirtus animo » (sans cesse lui reviennent à l'esprit la grande
valeur du héros), et celui-là est idiot. 9 Mais il me semble qu'il le dit fatuus parce qu'il se
vante tant et ne sait pas flatter son amie, insulsus parce qu'il
n'est pas libidineux mais avare de sexe, tardus parce qu'il
est lent à conclure en amour, chose que les courtisanes ne
supportent absolument pas. fatvvs insvlsvs il y a des gens qui pensent
que fatuus
porte sur l'esprit et insulsus sur les paroles, mais c'est à
tort. De fait, on parle de Fatui di, que l'on nomme aussi Faunes,
et ils ne sont pas idiots mais très fantes c'est-à-dire bavards. fatvvs est insvlsvs ce qu'il
ajoute maintenant n'a aucun lien avec ce qui précède. Mais alors
que ce qu'il vient de dire a une grande force — de fait parce
qu'il est riche et généreux, il aurait pu contrecarrer ses rivaux
—, toutes ces belles qualités sont gâtées chez le soldat, parce
qu'il est fat, parce qu'il est idiot, parce qu'il est tout ce
qu'il dit ensuite. fatvvs est
insvlsvs bon ajout, parce que, en disant « et habet quod
det et dat nemo largius », il pousse la courtisane à aimer le
soldat et à le préférer à tous les autres : mais pour les femmes
et en particulier celles qui sont chaudes tout ce qu'il indique
ensuite est rédhibitoire. fatvvs
est insvlsvs cela est mis en avant de la masse de ses
défauts, avec quelque expression de malice, afin que la chose
paraisse plus visible à tous.
neque istum metuas ne amet
mulier: facile pellas ubi uelis.
et un type pareil tu n'as pas à
craindre qu'une femme tombe amoureuse de lui. Tu pourras le
flanquer à la porte, quand tu voudras.
vbi velis quando uel < quando>cumque.
vbi velis ubi est mis pour quando (quand) ou si
l'on préfère quandocumque (à n'importe quel
moment).
Ch.-quid agimus? Gn.-praeterea
hoc etiam quod ego uel primum puto,
Ch.-Que faisons-nous ? Gn.-En
outre, il y a aussi cela, qui pour moi est même peut-être le
principal :
1 qvid
agimvs initium consensionis dubitatio est eius, qui
negauerit. 2 hoc etiam deest est uel habet. 3 qvod
ego parasitus scilicet. 4 primvm
pvto primum puto quasi parasitus.
1 qvid
agimvs l'assentiment commence quand on doute de celui qui
a dit le contraire. 2 hoc etiam il manque est ou si l'on
préfère habet (il a). 3 qvod ego
le parasite évidemment. 4 primvm pvto primum puto en tant
que parasite.
accipit homo nemo melius prorsus
neque prolixius.
c'est que personne ne reçoit
mieux que lui, pas un, ni en dépensant plus.
1 accipit
homo alit, pascit, inuitat, ut «
illos
p.
porticibus
rex
a.
accipiebat
i.
in
a.
amplis
446 ». 2 nemo melivs prorsvs <
n.
neqve
p.
prolixivs
> horum alterum apparatum indicat, alterum
copiam.
1 accipit
homo il nourrit, fait manger, invite, comme « illos
porticibus rex accipiebat in amplis » (le roi les accueillait sous
de vastes portiques). 2 nemo melivs prorsvs neqve
prolixivs de ces deux mots, l'un indique les préparatifs
du repas, l'autre son abondance.
Ch.-mirum ni illoc homine quoquo
pacto opus est. Ph.-idem ego arbitror.
Ch.-Ce serait étonnant si d'un
type pareil d'une manière ou d'une autre nous n'avions pas
l'usage. Ph.-Je suis du même avis, moi aussi.
1 mirvm ni illoc
h.
homine
q.
qvoqvo
p.
pacto
o.
opvs
est facete dixit adulescens rei parcus et qui
putet amorem sine damno esse oportere quique fefellerit
meretricem, non solum eiciendum non esse militem, sed etiam quouis
modo sustinendum ac perferendum. 2 mirvm ni
i.
illoc
h.
homine
obtinuit parasitus iam quod negabatur: primo
deliberatum, ut quid
agimus?, post concessum, ut mirum ni
i.
illoc
h.
homine
q.
quoquo
p.
pacto
o.
opus
e
est
. 3 mirvm ni illoc
h.
homine
q.
qvoqvo
p.
pacto
o.
opvs
e.
est
hic, inquit, eiusmodi est, ut etiam cum mala
condicione paciscendum sit. 4 idem ego arbitror iam opus fuit
consensionis praecipue Phaedriae, cuius res agitur; nam ita et
seruata persona est tarde consentientis amatoris.
1 mirvm ni illoc
homine qvoqvo pacto opvs est c'est avec humour que le
jeune homme, qui est près de ses sous, jusqu'à penser que l'amour
doit être sans dommage et qui a trompé la courtisane, dit que non
seulement il ne faut pas flanquer le soldat à la porte, mais qu'il
faut même en quelque façon supporter et endurer sa
présence. 2 mirvm ni illoc homine le parasite a obtenu
ce qu'on lui refusait : d'abord qu'on y réfléchisse, comme le
montre quid
agimus ?, ensuite qu'on lui concède ce point comme le
montre mirvm ni illoc
homine qvoqvo pacto opvs est 3 mirvm ni illoc
homine qvoqvo pacto opvs est ce personnage, dit-il, est
tel que même si les conditions de l'accord n'étaient pas bonnes il
faudrait quand même l'accepter. 4 idem ego
arbitror désormais c'est principalement de Phédria qu'il
faut obtenir l'accord car c'est de lui qu'il s'agit ; de fait, il
garde ainsi son caractère d'amant lent à consentir.
Gn.-recte facitis. unum
etiam518 uos oro, ut me in uestrum
gregem
Gn.-Vous faites bien. Encore une
grâce que j'ai à vous demander, c'est que dans votre compagnie
1 recte
facitis gratiarum actio est. 2 vnvm etiam vos
oro subtiliter etiam parasitus hic se adiungit suasque
partes circa hos agit. 3 vt me in vestrvm gregem iam hos
laudat et nimis parasitus est, si recordaris eundem dixit «
facete, lepide, laute,
n.
nil
s.
supra
447 ».
1 recte
facitis c'est un remerciement. 2 vnvm etiam vos
oro subtilement même le parasite se joint à eux et plaide
sa cause auprès d'eux. 3 vt me in vestrvm gregem
désormais il les loue et se comporte tout à fait en parasite, si
on se souvient que c'est le même qui a dit « facete, lepide,
laute, nil supra ».
vous me receviez. Voilà assez
longtemps que je roule ce rocher. Ph.-Nous recevons.
1 satis div iam
h.
hoc
s.
saxvm
v.
volvo
uide quemadmodum paulatim serpat etiam in
horum assentationem ex uituperatione militis. 2 hoc saxvm
volvo prouerbium in eos, qui inextricabili labore afflicti
sunt. 3 Et bene saxum
de stulto milite, et ipsum <se> Sisyphum fecit. 4 hoc saxvm
volvo uelut Sisyphus apud inferos.
1 satis div iam
hoc saxvm volvo voyez comment peu à peu il met à profit le
blâme du soldat pour s'insinuer dans leurs bonnes
grâces. 2 hoc saxvm volvo proverbe se rapportant à
ceux qui sont affligés d'une peine dont ils ne peuvent se
défaire. 3 Et c'est bien de dire un
roc pour cet imbécile de soldat, et il se transforme en
Sisyphe. 4 hoc saxvm volvo comme Sisyphe aux
enfers.
Ch.-ac libenter. Gn.-at ego pro
istoc, Phaedria et tu Chaerea,
Ch.-Et de bon cœur. Gn.-Eh bien !
en échange, Phédria, et toi, Chéréa,
1 at ego pro
istoc subaudimus et sum hic, aliter non ut
parasitus. 2 phaedria et tv chaerea ambos nominat, quasi
legibus paciscantur.
1 at ego pro
istoc sous-entendons aussi sum hic (je suis ici), autrement ce
n'est pas dans le genre d'un parasite. 2 phaedria et tv
chaerea il les nomme tous deux comme s'il s'agissait d'une
stipulation officielle.
hunc comedendum propino et
deridendum. Ch.-placet.
je porte un toast : bouffez-le,
grugez-le. Ch.-C'est décidé.
1 hvnc
comedendvm cum ceteris rebus summus poeta etiam fidem
ostendit amicitiae parasiticae exemplo Gnathonis de milite
loquentis hoc modo. 2 propino facete dixit ut
parasitus et qui de conuiuio loqueretur.
1 hvnc
comedendvm en plus de tout le reste, l'excellent poète
nous montre aussi la loyauté d'une amitié de parasite avec
l'exemple de Gnathon qui parle en ces termes du soldat. 2 propino avec humour il parle en parasite qui
parle d'un banquet.
Ph.-dignus est. Gn.-Thraso, ubi
uis accede. Thr.-obsecro te, quid agimus?
Ph.-Il le vaut bien. Gn.-Thrason,
quand tu veux, approche. Thr.-S'il te plaît, que
faisons-nous ?
1 dignvs
est haec uerba ultima longi sermonis eiusmodi sunt, ut
haec miles audiens laudatum se esse et approbatum
existimet. 2 vbi vis honorifice reuocat ablegatum cum
iniuria dicendo ubi
uis, quia accede imperatiuum erat. 3 Et ubi nisi quando intellexeris, uitium est.
1 dignvs
est ces paroles, les dernières d'un long discours sont
telles qu'en les entendant le soldat pense qu'on l'a loué et
approuvé. 2 vbi vis c'est en lui faisant honneur qu'il
rappelle celui qu'il a écarté de manière insultante en lui disant
ubi uis,
car accede
est un impératif. 3 Et si on ne
comprend pas ubi comme équivalent de quando intellexeris,
c'est une faute.
Gn.-quid? isti te ignorabant:
mores ostendi tuos
Gn.-Ce que nous faisons ! Ces
pauvres gens ne te connaissaient pas : j'ai fait valoir ton
caractère,
1 isti te
ignorabant figura διλογία: ad utrumque enim pertinet, et ad
laudem et ad < uituperationem>. 2 mores ostendi
t.
tvos
et hoc ambiguum.
1 isti te
ignorabant la figure est un double sens (διλογία) : en effet
l'expression vaut à la fois pour l'éloge et le blâme. 2 mores
ostendi tvos cela aussi est ambigu.
et conlaudaui secundum facta et
uirtutes tuas,
et je t'ai loué selon tes actes
et tes mérites,
1 secvndvm facta
et
v.
virtvtes
t.
tvas
i.
impetravi
et hoc ἀμφίβολον, nam uirtutes εἰρωνικῶς pro uitiis
ponuntur, ut «
nescis qui uir siet
448 » et «
ornatus esses ex tuis uirtutibus
449 ». 2 facta et
v.
virtvtes
t.
tvas
proprie militibus adscribuntur
facta. 3 facta et
v.
virtvtes
t.
tvas
amarior est ironia in uitiosos homines quam
ueritas.
1 secvndvm facta
et virtvtes tvas impetravi ici aussi il y a amphibologie
(ἀμφίβολον), de
fait, les vertus sont mises ironiquement (εἰρωνικῶς) à la place
des vices, comme « nescis qui uir siet » et « ornatus esses ex
tuis uirtutibus ». 2 facta et virtvtes tvas c'est
parler au sens propre que d'attribuer des faits d'armes au
soldat. 3 facta et virtvtes tvas l'ironie dirigée
contre les gens vicieux est plus amère que la vérité.
impetraui. Thr.-bene fecisti:
gratiam habeo maximam.
j'ai gagné. Thr.-Tu as fait
fort ; un immense merci.
numquam etiam fui usquam quin me
omnes amarent plurimum.
Jamais d'ailleurs je n'ai été
quelque part sans devenir le chouchou de tout le monde.
1 nvmqvam etiam
fvi vsqvam numquam et locum et tempus significat,
usquam
locum magis. 2 nvmqvam pro non. 3 Et numquam usquam τῷ ἀρχαϊσμῷ pro
non
usquam, id est nusquam. 4 qvin me omnes
amarent contrarium superiori. quid est enim quod bene non
fecerit quisquam, si in illo est, ut ametur?
1 nvmqvam etiam
fvi vsqvam numquam a un sens à la fois local et
temporel, usquam est plutôt local. 2 nvmqvam
mis pour non. 3 Et
nvmquam
vsquam est un archaïsme (τῷ ἀρχαϊσμῷ) pour non usquam,
c'est-à-dire nusquam (nulle part). 4 qvin me omnes
amaren c'est le contraire de ce qui a été dit plus haut.
En effet quelle raison y a t-il pour que quelqu'un ne rende pas
service, s'il est dans sa nature d'être aimé ?
Gn.-dixin ego in hoc esse uobis
Atticam elegantiam?
Gn.-Ne vous disais-je pas qu'il y
a en lui une élégance attique ?
1 atticam
e.
elegantiam
et hoc εἰρωνικῶς, ut illa quae supra. 2 Atticam dicit ueram atque germanam, quia
et cultior eloquentia Attica dicitur et summi oratores Attici
appellati sunt.
1 atticam
elegantiam cela aussi est ironique (εἰρωνικῶς), comme ce qui
précède. 2 Atticam : veut dire
vraie et authentique, parce que l'éloquence attique est dite la
plus raffinée et que les meilleurs orateurs sont appelés
attiques.
Ph.-nil praeter promissum est;
ite hac. Cantor. uos ualete et plaudite!
Ph.-Rien moins que promis. Passez
par ici. Le Chanteur-Vous, portez-vous bien et applaudissez.
1 praeter
promissvm et hoc ad utrumque anceps est intellectu
gemino. 2 ite hac quo uocat parasitus? ad meretricem
an ad cenam militis, ut promisit «
hunc ego
c.
comedendum
et
d.
deridendum
censeo
450 »97? 3 ite hac comessatum ad militem
uel Thaidem. 4 Si cenae interfuit
meretrix, quo modo acta post sunt omnia, cum mentio noctis non
facta sit? omnia post cenam gesta sunt et non completa per rixam
cena superfuit plurimum temporis ad agendum.
1 praeter
promissvm cette réplique aussi est à double sens et
peut-être comprise de deux manières. 2 ite hac
là où le parasite les appelle ? Chez la courtisane ou au repas du
soldat, comme il l'a promis « hunc ego comedendum et deridendum
censeo »309. 3 ite hac
manger chez le soldat ou Thaïs. 4 Si
la courtisane était présente au dîner, comment tout a-t-il pu se
passer ensuite, alors qu'il n'est pas fait mention d'une nuit ?
tout s'est passé après le dîner et le dîner a été interrompu par
la dispute, laissant ainsi tout le temps nécessaire à
l'action.
Notes
1. Pour une raison qui nous échappe, Wessner numérote ce paragraphe "6*", nous éliminons cette curieuse numérotation et décalons donc d'un toute la numérotation de ce premier chapitre de la préface.2. Ici, pour rétablir le parallélisme, Sabbadini ajoutait "tum". Il est inutile.3. Reifferscheid a identifié ici sans doute à juste titre une lacune, car la phrase n'est pas constructible en l'état, à moins de supposer que "Dorias nuntiat" est en facteur commun, ce qui est incompatible avec le résumé des scènes 2 et suivantes. Peut-être est-ce toutefois une bévue du commentateur lui-même, par raccourci. S'il manque quelque chose, c'est sans doute un petit membre de phrase, du type "on voit aussi". Wessner suivait Reifferscheid et indiquait cette petite lacune.4. Le texte est peu sûr et connaît des variantes "existimat pro existimauit", "existimat pro mauit" ; "existimarit" est une proposition de Bentley, qui remplace une conjecture de Muret "existimabit". Le parfait de l'indicatif gêne manifestement les latinistes depuis au moins Donat.5. Wessner considérait qu'il s'agissait ici d'un "est" ajouté, mais il se trouve dans au moins deux manuscrits (DL). Nous le rétablissons, bien qu'il ne soit pas indispensable.6. Ce texte résulte d'une conjecture de Sabbadini, mais elle est évidente, puisque c'est le texte de Térence. Il est tout aussi évident que ce texte était écrit en grec dans l'original puisque les scribes ne l'ont pas recopié.7. Ce texte demeure étrange, même si nous n'acceptons pas la conjecture de Rabbow solécisante τὸ αὐτόν retenue par Wessner. Peut-être faut-il supposer qu'un copiste helléniste très ancien a fait du zèle et lisant "τὸ idem" a cru bon de tout écrire en grec. Dans ce cas il s'agit d'indiquer avec quelle acrimonie il faut prononcer "idem".8. La présence d'un lemme est incompréhensible à cet endroit, dans la mesure où le commentaire qui s'y rattache ne trouve aucun appui dans le vers en question. Une hypothèse pourrait être qu'une scholie au vers 23 a été déplacée ici sans toutefois que le lemme soit répété. C'est ce que nous faisons en déplaçant la scholie en 23, 1 et en décalant. Un copiste aurait alors fabriqué un lemme correspondant à la place de la scholie créant ainsi une forme apparemment normale. A l'appui de cette hypothèse, on observera l'absence de lemme dans le manuscrit B.9. Sur ce texte importé de 19, voir la note ad loc.10. Ce mot, bien qu'omis par les manuscrits, est une addition indispensable que Wessner reprend à Lindenbrog. En effet le commentaire porte bien sur l'opposition "uerba / res".11. Certains manuscrits ajoutent ici "in", mais cette préposition n'est pas utile.12. Après ce mot, Wessner ajoutait "aduertite ut", sans doute gêné par le caractère très abrupt de la formulation. Cependant cet ajout est loin de se justifier.13. Donat coupe deux mots dans cet extrait : "et suauia in praesentia quae essent prima habere".14. Wessner édite "duas", texte de la plupart des manuscrits, mais se trouve obligé de le faire précéder d'un "<nota>", conjecture de Sabbadini. En réalité, la solution proposée par V que nous retenons est la meilleure d'autant qu'il est fort probable que le texte originel ait été "ii praepositiones".15. Ce mot est un ajout de Sabbadini, mais il s'impose, d'autant qu'une haplographie de "nec necesse" est extrêmement plausible.16. Le commentaire de ce vers aide à restituer la répétition du vocatif "mi", qu'une haplographie avait fait sauter dans tous les mss. conservés de Térence, laissant au demeurant un vers bancal.17. Cet élément inséré par la seconde main n'a aucun rapport direct avec le sujet du lemme. L'erreur est venue de l'expression de l'origine marquée par "unde" et qui a fait croire au second annotateur que l'enjeu du lemme était l'expression de l'origine. Nous supprimons donc cette scholie.18. On soulignera là l'incohérence de Donat qui cite le texte de Térence avec "tum" et propose un commentaire où il met l'accent sur le bon usage de "tunc".19. "Magnum" est un adverbe dans l'esprit de Donat, l'exemple virgilien supposant "magnum sonare".20. Le texte cité ne correspond pas toujours au texte de Térence tel qu'édité, ni au texte que Donat commente ad loc. Ainsi pour la dernière citation, très allusive, et dont l'ordre des mots est peu scrupuleux.21. Dans certaines éditions, "id" termine le vers 149 (…"beneficio meo. Id,/ Amabo," …); dans d'autres, il commence le vers 150 (…"beneficio meo./ Id, amabo,"…). C'est indifférent métriquement. D'autres exemples de ce genre, avec en fin de vers un monosyllabe à initiale vocalique entraînant l'élision du mot précédent, procédé que Marouzeau (Introduction, p. 58) juge être "un trait propre à Térence, et qui est comme sa signature", invitent peut-être, comme le fait Marouzeau, à rapporter le pronom neutre à la fin du vers précédent.22. Donat lit donc sans doute un texte "nihil mi<hi> respondes", attesté dans certains mss., mais qui semble amétrique.23. Wessner considère ce lemme comme impossible à maintenir ici en précisant que le contenu de la scholie paraît se rapporter au lemme suivant. Ce rapport n'est pas évident et le commentateur peut très bien avoir installé cette scholie à la suite de ce lemme qui introduit parfaitement la réflexion sur les cadeaux et leurs motivations.24. En réalité les deux premiers mots de ce lemme appartiennent au vers 200. D'ordinaire, quand un lemme court sur deux vers différents, Wessner le rattache au premier des deux. Il pourrait donc être numéroté 200, 3. Mais la partie commentée du lemme, à savoir le pronom "quemquam", figure bien dans le vers 201. On pourrait donc raccourcir le lemme en "esse quemquam cariorem" pour le mettre en conformité avec les usages de l'édition de référence, ici en auto-contradiction.25. Il y a de toute évidence ici une incertitude sur le texte de la comédie, les trois lemmes a priori identiques donnant en réalité deux textes différents. Nous éditons tel quel et conservons dans la comédie le texte donné par le premier lemme de Donat.26. La forme aspirée implique une surprise douloureuse, tandis que la forme sans aspiration ne marque que ce qu'implique le français "tiens donc !". On comprend alors la répartition des répliques, si l'on se souvient que l'indication du personnage qui parle fait défaut dans les copies antiques.27. Dans l'édition Wessner, le lemme "incurvus etc." porte un commentaire correspondant à un lemme "continuo accurit" (vers précédent) qui n'existe pas. Nous rétablissons l'ordre logique des scholies et le lemme manquant. De ce fait, le premier lemme du vers 336 ne correspond plus à rien, nous le supprimons.28. On note l'incohérence de Donat sur ce passage qui, lorsqu'il cite les vers 298-299 au lemme 348, ne donne pas le texte exact qu'il a précédemment commenté. En effet, il commente au vers 298-299: "O infortunatum senem ! Hic uero est qui si occeperit" ; mais lorsqu'il redonne ces vers dans son commentaire du vers 348 il écrit : "o infortunatum senem, si et hic amare coeperit".29. De façon inexplicable, l'ordre des lemmes dans Wessner est absurde, les lemmes 366 et 367 se trouvent après 370, 1 ; nous rétablissons l'ordre logique.30. L'édition Wessner porte par mégarde "pati" au lieu de "patri", ce que contredit le commentaire de Donat. Nous corrigeons.31. Wessner suppose ici un locus desperatus en considérant que le lemme porte plutôt sur le vers 410, mais la citation de Virgile indique bien que le commentaire porte sur un emploi assez particulier de "solus" dans ce contexte. Nous rétablissons donc ce lemme comme se rapportant directement au vers 407.32. Wessner suppose un locus desperatus: "uel quod illum sic †fugiant omnes constituat, ut hunc libido effeminata", qui n'a aucun sens. Le texte que nous proposons est paléographiquement explicable surtout si l'on considère que la mélecture d'une abréviation a pu entraîner l'impossible "consectant", transformé ensuite en "constituat". De même "fugientem nos" a pu être mécoupé et entraîner "fugient emnos" puis "fugiant omnes". Un passage de Porphyrion (Sat. 1, 2, 105-106) reprend très clairement la métaphore de la chasse au lièvre en contexte érotique et culinaire. On y retrouve "sectantur", "appositus" et l'opposition entre le lièvre vivant et le lièvre servi à table : "Leporem venator vt alta in nive sectetvr, positvm sic t<ang>ere nolit. Quem ad modum uenator fugientem leporem capere, appositum autem in cena non uult tangere, <h>ac specie matronam adpeti ait, quia non sit licitus ac facilis eius complexus, meretrices autem fastidiri, quia copia earum sit in promptu" (Leporem venator vt alta in nive sectetvr, positvm sic t<ang>ere nolit. De même que le chasseur veut prendre le lièvre qui s'enfuit, mais ne veux pas y toucher quand on le lui sert à table, il dit sous cette forme qu'il désire une matrone parce que son étreinte n'est ni permise ni facile, mais qu'il n'a que dégoût pour les courtisanes parce qu'il est à la portée de tout le monde de les avoir"). Pour le sujet abstrait de "consector", le phénomène se rencontre chez Plaute (Trinummus 238 a: "amor consectatur" ; Bacchides 1093: "omnia mala consectantur") et par exemple chez Sénèque (Dial, 11, 9, 4, 6): "inuidia consectatur".33. Le texte Wessner porte ici "tam festiue ui", issu d'un choix entre des variantes manuscrites toutes incompréhensibles, d'autant que "ui" apparaît comme un lemme, ce qu'il ne peut pas être. Une correction minime de "festiue" en "festiua" aboutit à donner un sens très satisfaisant.34. par pro pari edd.35. Wessner considère que ces mots ne peuvent faire partie du lemme, puisqu'ils viennent d'être rapportés à un autre passage. Mais le double rapport n'est pas impossible, étant donné que le point de vue des deux lemmes est assez différent. Dans le premier c'est le caractère de casse-pieds du soldat qui se vante sans cesse qui est visé, dans le second c'est le respect par Phédria de l'intimité et de la liberté de Thaïs.36. Wessner considère que ce lemme se rapporte à ne noram quidem de la fin du vers mais rien ne le prouve. On peut considérer qu'il s'agit d'un commentaire touchant l'ensemble du vers dont Donat ne cite que le début. Nous supprimons donc les cruces de l'éditeur précédent.37. On a "scitatum" chez Mynors et autres éditeurs modernes. Servius donne "scitantem" en précisant "alii scitatum legunt id est inquisitum" (d'autres lisent "scitatum", c'est-à-dire "recherché").38. Ce qui est curieux c'est que ce texte renvoie à l'idée du vers 554 mais nullement à son texte. Donat croit-il faire une citation de mémoire?39. Wessner considère ici qu'il y a un locus desperatus, mais le sens est absolument clair. Il s 'agit de caractériser le ton du personnage.40. Le texte généralement reçu porte ici "prius hic adero".41. Le texte de Plaute est ici très différent: nam uti navi vecta es, credo timida es.42. Wessner édite "temulentam", malgré un certain accord des mss. pour un énoncé de type plus général, qui ne fait ici aucun doute. Il s'agit bien d'une maxime, nous rétablissons donc le texte de V "temulentum".43. Wessner édite suivant l'accord unanime de ses mss. "uirginem uitiatam". Mais ce texte est difficilement compréhensible. Pythias sait déjà de façon certaine que le faux eunuque est un violeur, mais elle se demande à présent s'il n'est pas aussi un voleur. Le sens est donc "puisqu'il a été capable de violer Pamphila, il y a de fort risques qu'il ait en plus volé quelque chose avant de s'enfuir".44. Texte extrêmement délicat. Les mss. portent nisi au lieu de si (conjecture Wessner), et le dernier mot de cette phrase uitares est sujet à caution, un témoin donnant tuta res qui est peut-être une correction humaniste rendue nécessaire par le nisi qui n'a guère de sens. Le sens de la controverse est cependant assez clair: même si Pythias savait que les eunuques étaient impuissants, comme elle savait aussi qu'ils étaient grands amateurs de femmes, elle devait veiller à ce que l'eunuque ne se trouve jamais seul avec Pamphila. En effet, il pouvait, comme l'explique la suite du lemme, sans vraiment la violer, la déshonorer par des attouchements et des baisers. On peut donc conserver le texte édité par Wessner qui est le seul à expliquer le igitur de la seconde phrase.45. La citation de Donat est incomplète. Cicéron écrit: "in mentem tibi non uenit quid negoti sit causam publicam sustinere" (tu n'as pas réfléchi à ce qu'impliquait la défense d'une cause publique).46. Omis par la plupart des MSS utilisés par Wessner, ce commentaire a toutes les chances d'être une addition. Nous le conservons cependant, en raison de son intérêt étymologique dans le jeu sur le double sens de forma, aspect physique et beauté.47. La plupart des éditeurs de Plaute donnent ici "interpellatio".48. Le texte semble douteux à cet endroit. Nous proposons de lire iam domi scilicet Thaidis à la place de qui non est, scilicet Thaidi en nous fondant sur la correction de V qui paraît marquer une lacune dans le texte des autres mss.49. Pour comprendre le lemme nous avons rétabli la leçon ipse qui est celle donnée par les mss. La correction ipsi de Wessner ici n'a aucun sens.50. Ce fragment n'est connu que par ce passage de Donat, mais les deux premiers mots n'ont aucun sens. Le texte est donc régulièrement corrigé par exemple en at <Hym>nidis acri ex facie florem delegeris. Peut-être faut-il voir dans le premier mot un nom de plante à fleur, par exemple at thymnidis; dans le doute, nous laissons le fragment dans l'état où il se trouve dans les mss. utilisés par Wessner.51. Les Gaulois et les Galates passent pour avoir un teint particulièrement pâle, ce topos est induit par l'étymologie populaire par gala le nom du lait en grec.52. Citation de mémoire visiblement, car Cicéron écrit: contra firmam argumentationem aeque firma aut firmior ponitur.53. Il semble qu'il y ait ici un flottement dans la tradition manuscrite sur le nom de l'eunuque.54. Peut-être lire pro55. On édite généralement nescis id quod scis, Dromo, si sapies.56. Pour la citation du Jugurtha de Salluste, les éditeurs modernes donnent le texte suivant: "arma uiros pecuniam, postremo quicquid animo lubet, sume utere, et, quoad uiues, numquam tibi redditam gratiam putaueris : semper apud me integra erit".57. La citation est incomplète. Les éditeurs modernes donnent "apage te amor" pour le vers 257 du Trinummus mais aussi au vers 267.58. Citation approximative d'Eun. 784 ; Donat remplace dans ce lemme "nimirum" par "sane nimis" alors qu'au lemme précédent il a parfaitement donné le texte que nous ont transmis les éditeurs.59. Wessner édite erant qui dicerent si vellet militi reconciliari. Mais les mss. T, C et V donnent se conciliari et T donne dicent et vellem. On peut supposer que le texte est errant qui dicant velle militi se conciliari.60. On peut supposer que le vers qui ici disparu était Iliade 13, 623 (ἣν ἐμὲ λωβήσασθε κακαὶ κύνες)61. Les éditeurs ne prennent pas en compte "tamen".62. Le texte généralement adopté pour ce vers de L'Héautontimorouménos est "obticuisti".63. Wessner indique ici un locus desperatus au motif que le lemme ne s'applique pas au commentaire qui suit. Tout au contraire, pensons-nous, l'expression non libenter dicat eius nomen indique de façon certaine que c'est bien ce passage qui est commenté par Donat.64. Seul emploi chez Térence au féminin ; chez Plaute, "uenefica" s'applique à une servante en Truc. 762, Most. 218, Aul. 86 ("triuenefica"). Pour une autre jeune femme en Epid. 221. Pour "excetra", Cas. 644, Pseud. 218. "Vipera" n'est pas attesté chez Plaute ni chez Térence. On le trouve chez Afranius frg. tog. 282. "Sacrilega" n'apparaît pas dans ce que nous possédons de la comédie romaine. D'ailleurs tous ces mots sont d'emploi relativement rare, plus rare en tout cas que la note de Donat ne le laisse croire.65. Sur ce proverbe, voir Pseud. 140(Otto, p. 198) où c'est un véritable proverbe détaché de tout contexte dramatique. Il faut sans doute ici mettre ce proverbe en rapport avec la mention de lupa (825, 2), qui désigne la courtisane, alors qu'ici le mot désigne l'amant. Victime et bourreau sont donc inversés par rapport à la disposition attendue.66. A mettre peut-être en rapport avec "dispudet", étrangement non commenté par Donat, au vers 832. Voir aussi "impudens" en même place dans le vers en 856.67. Tournure étrange et mal attestée sous la forme que lui donne Donat. En revanche la construction de miser avec le gérondif est fréquente chez Plaute (Pers. 5 où c'est curieusement un esclave qui parle, Truc. 916, Capt. 502)68. Wessner édite "noxam", au lieu de "noxiam". Mais cette variante n'est pas autrement attestée. Nous maintenons le texte ordinairement reçu en considérant qu'il peut s'agir ici d'une simple erreur typographique. En effet l'emploi de l'Héautontimoroumenos est parfaitement conforme au sens attendu de "noxia".69. Comme par exemple en Pseud. 513, dans un emploi ironique, puisque Pseudolus est certain d'échapper à la punition.70. Le texte Wessner porte ici un locus desperatus, ainsi édité: illa quasi cheree dixerat adhinc irrisor ut fugitiuus. Le fait que adhinc n'existe pas fait porter sur ce mot une forte suspicion qui invite à lire (ce qui est paléographiquement facile) abhinc. A ce moment, le sens du lemme s'éclaire moyennant un déplacement minime. En disant unam hanc noxiam amitte, compte tenu de l'énormité de la faute, il se moquait évidemment de Thaïs; en disant maintenant "si tu m'y reprends, exerce ton droit de maîtresse et tue-moi", il se met dans la posture d'un esclave fugitif. Le commentaire du vers 855 rend cette interprétation presque certaine.71. Wessner tient fugeres pour un locus desperatus, mais le manuscrit V porte de toute évidence dans l'interligne le bon texte: deest ut. Nous rétablissons ce texte et éliminons la crux.72. Le mot peut renvoyer à un signe de jeunesse (Tib. 3, 4, 27; Ov. Met. 1, 564). Il se peut aussi que le mot renvoie à la condition d'eunuque, mais c'est moins probable en raison de "more ueterum".73. Il faut comprendre "eius puellae quam".74. Wessner suggère ici un locus desperatus, mais il s'agit tout simplement d'une citation non identifiable. Nous la conservons telle quelle sans nom d'auteur ni référence, mais la joignons aux citations repérables dans le texte.75. Wessner retranscrit ici autay mélecture évidente de l'interjection grecque à laquelle pensait le commentateur. Qu'il puisse avec quelque vraisemblance s'agir de l'interjection αἰαῖ, apparaît d'une scholie à Théocrite 2, 55 : αἰαῖ ἔρως: δακνομένη ὑπὸ τοῦ ἔρωτος ἀπέστρεψε τὸν λόγον πρὸς αὐτόν.76. Wessner considère comme locus desperatus le texte (incohérent) donné par les manuscrits et édite quid nam minis reuerentem ac uirginalis uerecundiae. Le texte proposé, qui fait sens avec ce qui l'entoure est purement conjectural.77. Le texte donné par les éditeurs de Plaute est ei pro scorto supponetur hircus unctus nautea.78. "Magis" est le texte transmis par Donat, les éditeurs modernes préfèrent ici "mage".79. immundae est une restitution facile sur le texte donné comme locus desperatus par Wessner inmotae.80. Wessner indique ici un locus desperatus et édite Sallustius fuit qui n'a aucun sens puisque le verbe inquit est exprimé en fin de lemme. En revanche, une correction minime de fuit en qui rend le texte immédiatement compréhensible.81. Ici, sans doute parce que Pythias aperçoit Parménon et s'adresse à lui, une division de scène a été placée dans certains mss. Elle peut remonter à Donat. Evanthius évoque ce problème dans le De Fab.82. La seconde scitation virgilienne n'est pas tout à fait exacte (on attend "cantu uocat" et non "uocabat") mais elle est iretouchée pour une meilleure insertion dans le texte.83. Les éditeurs de Térence lisent "uirginem quam amabat". Et au vers 927, le lemme donne bien l'ordre térentien "uirginem quam amabat" : la citation est donc un à-peu-près.84. Le texte Wessner indique un locus desperatus ainsi édité: "qui et simul ut possit dicere". Ce texte n'a effectivement aucun sens. Nous proposons la correction indiquée qui convient assez bien au contexte.85. Cette phrase semble très elliptique. Il faut sans doute comprendre non statim persuaserit..86. Le texte de Plaute tel qu'édité par les modernes est très différent; on lit: "paenitetne te quot ancillas alam".87. Wessner met ce "non" entre cruces, mais il n'y a aucune raison de le faire, si on suppose, comme nous le faisons que le "ac" est en réalité un "at". La coordination "non... at" a pu troubler un scribe qui attendait "non... sed".88. La correction de Westerhuis "tuum" adoptée par Wessner n'a pas vraiment de sens. Au contraire "tum nimium" se comprend parfaitement. Pythias a dit "nimium", Parménon lui répond "pour sûr si tu as ce que tu veux, alors tu pourras dire 'nimium'". Cela suppose par parenthèse que "quidem" n'est pas à rattacher à "si", mais est le premier élément d'une structure hypothétique à laquelle répond "tum".89. La construction est difficile à comprendre. Finalement, le mss. C a peut-être raison d'omettre quis, ce qui donne au moins un sens à la phrase. On peut aussi comprendre non quis dici en faisait dériver quis de queo et non de quis. Pour le fond, le commentaire est clair: perpetuo periisse est une absurdité qui demande une explication par une quelconque figure.90. Donat comprend donc, ce qu n'est pas évident, que sine dubio porte sur periisse et non sur opinor.91. On notera que Donat, suivant ainsi une partie des manuscrits, ne considère pas cela comme un changement de scène. Toutefois, à la différence des scribes, il ne paraît pas considérer que Phédria est présent sans rien dire dans un coin pendant la scène précédente.92. Le texte donné par Wessner comme locus desperatus est cum enigerit, qui n'a effectivement aucun sens. Le texte que nous proposons avec la construction de commiseresco impersonnelle et suivie du génitif a pour lui l'appui d'un passage de Térence lui-même, Héc. 129: ibi demum ita aegre tulit ut ipsam Bacchidem, / si adesset, credo ibi eius commiseresceret.93. Le texte Wessner indique un locus desperatus parce que le lien entre la première main et la seconde n'est pas à première vue évident. Par proverbe, Donat paraît entendre une expression figée qui n'est pas susceptible de se rencontrer usuellement à une autre forme que celle qu'il donne. or les deux premières expressions de l'annotateur ne sont pas de ce type, mais il est très vraisemblable que l'annotateur se trompe sur la nature exacte du commentaire fait par Donat, et de ce qu'il vise exactement.94. Nous lisons offenditur comme un impersonnel.95. Les éditeurs modernes écrivent "in his regionibus meliorem agrum".96. L'édition Wessner indique ce lemme entre cruces, on voit mal pourquoi. En effet, le commentaire s'applique parfaitement: il n'est personne de plus utile que lui.97. La citation est très approximative: le texte est "hunc comedendum uobis propino et deridendum".98. Cette notation renvoie à Evanthius Com. VI, 4 pour la typologie des titres "ex nomine", "ex loco", "ex facto", "ex euentu" ; chez Evanthius, le parangon de titre "ex facto" est, à côté de L'Asinaria et des Captivi de Plaute, précisément L'Eunuque de Térence.99. Voir Evanthius Fab. IV, 4.100. Voir Evanthius Fab. V, 5 et Com. VII, 4.101. Allusion à un passage célèbre de L'Art poétique d'Horace (359-360) : "et idem indignor quandoque bonus dormitat Homerus; uerum operi longo fas est obrepere somnum" (Et moi aussi je m'indigne chaque fois que s'endort le bon Homère ; vraiment il est permis pour un œuvre longue que le sommeil s'y glisse).102. Le lever de rideau ("aulaeum tollere") marque, chez les Latins, la fin de la pièce, puisque la scène est au début cachée par un rideau que l'on abaisse pour laisser voir le décor et qui est relevé à la fin.103. Cette mention paraît impliquer que, par la suite, les acteurs ont joué la comédie sans masque, ce que confirme le commentateur lui-même en faisant de multiples remarques sur leurs expressions de visage. On discute pour savoir si Donat a pu voir sur scène tout ou partie des pièces de Térence, par exemple dans des représentations privées. Cette hypothèse n'est sans doute pas invraisemblable.104. Cet acteur est, selon Evanthius (Com. VI, 3), le premier acteur masqué de tragédie. Apparemment, il était aussi acteur comique.105. On peut également se demander si Donat ne veut pas dire que certains vers de la pièce sont passés en proverbes.106. Il est à peu près admis que L'Eunuque est la deuxième, non la troisième, des pièces de Térence et se place après L'Andrienne ; elle a été donnée en 166 pour la première fois, puis à nouveau, comme inédite, en 161, et peut-être même une autre fois. C'est pourquoi les didascalies des mss. de Térence donnent des renseignements qui ne se recoupent pas toujours entre eux, ni avec ceux que donne Donat, sur le nom des consuls, des édiles ou des directeurs de troupe ; dans plus d'un cas sont cités des édiles d'une année et des consuls d'une autre, voire trois consuls ! Le troisième rang accordé ici par Donat à la pièce peut correspondre à la seconde représentation (donnée après L'Andrienne et après la première de L'Héautontimorouménos) ou à l'ordre de la parution écrite, qu'on doit donc supposer différée par rapport à la première représentation. Mais rien n'empêche de penser que Donat se réfère à un ordre alphabétique (selon les crières antiques) et non chronologique, qui donne de fait à la pièce le troisième rang : Andria Adelphoe Eunuchus Formio Hecyra Heautontimorumenus.107. Evanthius (Com. VIII, 1) rappelle qu'on peut soit donner le nom de la pièce avant celui de l'auteur soit le nom de l'auteur avant celui de la pièce ; dans ce dernier cas, c'est un signe de notoriété.108. Le texte consensuel de Térence est "si quisquam est qui placere se studeat bonis" ; le texte de Donat est, malgré son caractère amétrique, garanti aussi par certains mss. de Térence.109. La variété comme liée à l'abondance se trouve en Cic. De Orat. 3, 60, 4 et 3, 121, 10. En De Orat. 1, 50, 7, l'articulation des deux éléments apparaît clairement : la variété est source de "copia" et son absence "d'exilitas" : "Quid ergo interest aut qui discernes eorum, quos nominavi, in dicendo ubertatem et copiam ab eorum exilitate, qui hac dicendi varietate et elegantia non utuntur (quelle différence existe donc, ou comment fait-on la départ entre la richesse et l'abondance oratoire de ceux que j'ai nommés, et la sécheresse des autres) ?110. variante dans le texte reçu de Térence : in me au lieu de in quem et in stulto au lieu de in stultum.111. Dans ce lemme, Donat inverse les natures de dictum par rapport au lemme précédent. Mais il parle sans doute en réalité ici de la citation qu'il fait par comparaison de l'Heaut. Au vers 877 on a en effet dicta qui, vu la structure de la phrase, ne peut être qu'un substantif (mais il y a des variantes manuscrites dictae qui en font un participe), et au vers 881 un emploi participial (nisi idem dictumst centies).112. Il faut comprendre cette indication sur le sens de l'adverbe en l'associant au sens du verbe "uertere" qui est donné dans les deux lemmes suivants. Donat interprète "bene uertendo" de deux façons possibles : ou bien cela signifie "en traduisant bien", comme dans le lemme 2, illustré par un extrait de Plaute, et "bene" a alors son sens habituel, ou cela signifie "en bouleversant vigoureusement <le texte originel>", conformément au sens de "uertere" illustré dans le lemme 3, et dans ce cas "bene" a le sens de "ualde".113. Sur ce passage peu sûr, voir la note apposée au texte latin.114. La pièce ici résumée ne peut être celle qui a servi de modèle à la Mostellaria de Plaute. Le modèle de Plaute est sans doute le Phasma (de Philémon ?). Sur le Phasma de Térence, on a, outre ce résumé assez précis de Donat, une représentation iconographique avérée et nominative avec une mosaïque de la maison du Ménandre à Mitylène, visible dans Kahill et Ginouvès (xxxxx) et qui représente une scène de l'Acte II, sans doute la scène du coup de foudre du jeune homme. Sur cette question, voir Cusset (à p.). Peut-être également (mais implicitement cette fois) sur une mosaïque de la basilique gallo-romaine de Grand (Vosges). Quant à l'auteur du Trésor qui n'est pas nommé, il y a lieu de croire qu'il s'agit aussi de Ménandre, qui peut rester implicite puisqu'il vient d'être cité nommément ; mais il existe un autre modèle de même titre, de Philémon, et qui a été démarqué par Plaute dans le Trinummus.115. On peut ainsi restituer le raisonnement de Donat : ou bien Térence critique Le Fantôme dans son intégralité, sans détailler son blâme, et Le Trésor pour seulement une scène défectueuse ; ou bien il ne critique pas du tout Le Fantôme mais s'en sert seulement pour que son auteur soit reconnu (cf. le lemme 4 ci-dessus). Tout le monde avait déjà dû oublier le calamiteux Trésor de Luscius, déjà ancien, mais chacun se souvenait du récent (et plutôt réussi) Fantôme du même Luscius. La mention du Fantôme n'est alors qu'une manière indirecte de désigner son auteur sans le nommer : rappelons qu'on ne pouvait pas faire de blâme nominatif.116. Et non pas "thensaurus", forme fréquente, mais erronée.117. Il s'agit très probablement d'un banquet funéraire.118. Sur cette expression voir par exemple Liv. 26, 22, 8 et Tac. Ann. 4, 29, 4.119. Le reproche que fait Térence à Luscius est de mauvaise foi. D'abord le poète latin a certainement suivi Ménandre, son modèle ; en outre, l'ordre des discours est le bon, en termes dramaturgiques. Car si on fait parler le jeune homme en premier, selon la procédure, étant donné que le droit est de son côté, il n'y a plus rien à dire et l'affaire est tranchée : inutile de laisser plaider l'avare. Si, en revanche, contre la procédure romaine, on fait parler l'avare en premier, il va réussir à se donner raison dans un premier temps, l'action va se nouer et sembler désavantager le jeune homme pour qui le public a pris fait et cause ; seul son discours et (sans doute) la production de la lettre de son père défunt vont retourner à son profit une situation que l'inversion de l'ordre des discours rendait défavorable : et voilà la catastrophe, c'est-à-dire le retournement qui fonde le dénouement. L'économie de la pièce est indéniablement meilleure ainsi, même si elle contrevient à la procédure. Comme les Romains sont formalistes, Térence espérait sans doute convaincre son public.120. "Quam ille" est amétrique ; les mss. de Térence portent la forme de démonstratif "illic".121. Ce passage fait probablement référence aux catégories d'Hermogène. Dans les Catégories stylistiques, Hermogène définit en effet sept types principaux d'"idées" (ideai) : clarté, grandeur, beauté, vivacité, caractère (naïveté, saveur, piquant, modération ("epieikeia")), sincérité, virtuosité : sur la modération voir 2, 6.122. Ce qui est en cause, c'est la construction de "condonare" avec un objet de personne : "condono te", donc au passif "condonaris", et un accusatif de chose, qui reste à l'accusatif après passivation. Cette tournure avec double accusatif est archaïque. Cicéron écrirait "condono aliquid tibi".123. La remarque phonétique est curieuse : le "e" de la désinence "-erunt" est naturellement bref ; il arrive que par licence métrique il soit allongé, mais qu'il soit scandé bref n'a rien d'anormal ni de remarquable.124. Donat semble comprendre furem comme une sorte de vocatif « il crie 'au voleur !'.. » malgré la difficulté syntaxique que cela entraîne avec la suite.125. Le sens de ce vers de L'Héautontimorouménos est en général considéré comme obscur. Le commentaire de Donat semble indiquer que "rem uidere" est une sorte d'antonyme de "uerba dare".126. Dans l'exemple de Virgile, "Centaurus" est du féminin car c'est le nom d'un bateau ; chez Donat, "Eunuchus" est féminin quand c'est le nom de la pièce : dans les deux cas, la langue semble sous-entendre un terme générique féminin, respectivement "nauis" et "fabula".127. Donat veut dire que la forme "odere" n'est interprétable que comme un parfait de l'indicatif, dernière personne, jamais comme un infinitif.128. Ordre des mots différent selon les mss de Térence : …"dictum sit". Cela est métriquement indifférent.129. Est en cause ici l'emploi de pronoms au datif éthique à côté du verbe "uelle" ; c'est ce particularisme que Donat appelle atticisme.130. texte reçu, Ernout : sin aliter sient animati…131. Marouzeau, dans son édition de la pièce, signale en note une "inconséquence dans le raisonnement". De fait, "utrum… an…" annonce théoriquement un dilemme, mais, là, les deux parties de l'interrogation vont dans le même sens : ne pas se rendre chez Thaïs, qui l'a congédié, et éviter ses avanies de courtisane, c'est le même parti-pris. Marouzeau se demande alors s'il ne faut pas traduire "an" par "et". Donat est gêné aussi par l'incohérence apparente, sur laquelle il revient dans le lemme 492 : l'hésitation n'est pas entre "y aller" ou "ne pas y aller", mais entre "y aller quand on y est invité" ou "y aller même si on n'est pas invité" ; d'où l'importance de la ponctuation, évoquée au lemme 467.132. Au commentaire ad loc. de L'Andrienne, Donat établissait le même parallèle avec ce passage de L'Eunuque, ce qui semble de bonne méthode.133. ici on est proche de la communicatio.134. Donat coupe deux mots dans cet extrait : et suauia in praesentia quae essent prima habere.135. Etymologie farfelue mais assez classique. Festus (168, 3 Lindsay) fait le même rapprochement pour l'adjectif "(g)nauus" : "nauus", "celer ac strenuus", "a nauium celeritate uidetur dictus".136. Le terme de "praepositio" recouvre chez les grammairiens aussi bien les prépositions au sens moderne du terme que les préfixes. La remarque signale que la construction de "insunt" (usuellement avec le datif) est ici, avec "in" + abl., légèrement pléonastique.137. Isidore de Séville (Et. 18, 1, 11) propose la seconde étymologie: "dictae indutiae quasi in dies otia".138. Sur cet aspect particulier de l'"auxèsis", voir De Orat. 3, 104: "Summa autem laus eloquentiae est amplificare rem ornando, quod valet non solum ad augendum aliquid et tollendum altius dicendo, sed etiam ad extenuandum atque abiciendum" (le comble et la perfection de l'éloquence, c'est d'employer à propos les richesses de l'amplification oratoire; ce qui consiste à agrandir et à relever les objets, comme à les atténuer et à les rabaisser).139. Le texte de Plaute dit "quae mi interbibere sola si uino scatat…". Donat a déjà cité ce texte à propos d'un vers de L'Andrienne, 496 : dans les deux cas, il s'agit pour lui d'insister sur la valeur intensive du préfixe "inter-". D'où l'équivalence proposée "inter-cipit" = "totum capit".140. L'autel fumant (cf. Evanthius 1, 2 incensis iam altaribus) d'Apollon Agyée était présent sur la scène (cf.Evanthius VIII 3) ; comme on voit, on pouvait en faire un élément du décor scénique. La mention à Apollon Agyée s'explique par ce que dit Donat, commentant le vers de Térence ci-dessus dans son commentaire à L'Andrienne (726, 1-3) : il y avait deux autels, celui de Liber (Dionysos) et celui du dieu honoré dans les jeux en cours, selon le rappel d'Evanthius. Mais n'en concluons pas que L'Eunuque a été donné dans des jeux en l'honneur d'Apollon (ce qui contredirait l'indication des didascalies) : en fait, l'autel à Liber est de règle dans la tragédie, mais c'est Apollon le dieu référent de la comédie. Dans L'Eunuque comme dans L'Andrienne, l'autel de gauche doit être celui d'Apollon (Agyée) et l'autre autel celui des grands dieux en l'honneur de qui sont célébrés les Jeux Mégalésiens (cf. Evanthius VIII 2). La remarque de Donat, dans le passage commenté, est de type interprétatif : le feu dont il s'agit n'est pas une référence métathéâtrale à l'autel d'Apollon, comme dans le vers 726 de L'Andrienne, mais une métaphore amoureuse classique.141. Donat, à propos d'Andr. 55, commente longuement l'expression plerique omnes, se demandant si elle est pléonastique ou non. A cette occasion, il cite le plus satis ici commenté et, en bonne méthode, on voit que les deux citations s'appellent l'une l'autre.142. On ne trouve pas de théorisation de la notion de satisfactio (réparation) dans les traités rhétoriques cicéroniens. En revanche, le terme est présent en ce sens dans les lettres. Ex : Hic tu me etiam insimulas nec satisfactionem meam accipis (Fam., 7, 13, 1). Ne aliquid satisfactio levitatis habere videatur (Att., 4, 6, 3). Quint. 11, 1, 76 fait de la satisfactio le moyen le plus sûr de détourner les juges de la colère : Tutissimum ergo paenitentiae confessio et satisfactio culpae, perducendusque omni modo iudex ad irae pudorem. Dans Decl. Min. 301, 3, 7, le rhéteur souligne le lien entre défense, innocence et réparation : Tota itaque haec quae pro innocentia mea adhibebitur non tam defensio erit quam satisfactio. " Dans la latinité classique satisfactio désigne une justification, une excuse, une disculpation (César BG 1, 41, 4 et 6, 9, 8 ; Cicéron Fam. 7, 13, 1) ; l'emploi du terme n'implique pas qu'on reconnaisse des torts ni même qu'on se sente coupable (Sall. Cat. 35, 2). Au début de l'époque impériale en revanche le substantif peut déjà s'appliquer à la satisfaction, à la réparation d'une injustice (Tacite Germ. 21, 1) » (C. Moussy, introduction à la Satisfactio de Dracontius dans Dracontius œuvres, tome 2, CUF, p.146). Pour la coloration juridique du mot, voir Ulpien (Dig. 46, 3, 52 : satisfactio pro solutione est).143. Cicéron définit l'adjectif callidus ainsi dans le De natura deorum, 3, 10, 25 : […] callidos [appello] quorum, tamquam manus opere, sic animus usu concalluit (j'appelle callidos (calleux, exercés, habiles) ceux dont l'esprit s'est durci par l'expérience comme la main par le travail).144. Il s'agit de la seconde dissimulation (alia dissimulatio) de Thaïs, après celle évoquée en 88 1 (callide dissimulata iniuria).145. On a ici l'opposition rhétorique traditionnelle des idées et des mots, sententiae et uerba. Sententiae ne désigne donc vraisemblablement pas les « phrases ». A propos du langage de Thaïs comme miroir de la vie quotidienne (consuetudine, ex communi sermone), voir la définition qu'Evanthius donne de la comédie : esse comoediam cotidianae uitae speculum […]. Lectione comoediae imitationem uitae consuetudinisque non aegerrime animaduertimus.146. Donat parle du vocatif "mi" implicitement.147. L'idée contenue dans le terme deriuatio est celle d'un écart par rapport à une idée initiale. Ainsi, la figure de rhétorique dite deriuatio désigne la substitution à une expression initiale d'une expression plus douce, lorsque, par exemple, on dit « économe » et non « avare ». Quint., 3, 7, 25 : utendum proxima derivatione verborum, ut pro temerario fortem, prodigo liberalem, avaro parcum vocemus. Deriuatio causae désigne le procédé, cité par Julius Rufinianus (Rhetores Latini Minores), Schem. Lex., 16, consistant, selon un procédé d'extension, à passer à une autre idée à partir d'une idée initiale.148. variante (métriquement indifférente) des mss. : obstringo fidem, même sens. Les deux expressions sont classiques.149. C'est-à-dire que Parménon file la métaphore du récipient, qui, selon ce qu'on y met, se montre étanche ou poreux.150. Figure de "significatio" : Cic. De Orat 3, 202 : "et inlustris explanatio rerumque, quasi gerantur, sub aspectum paene subiectio; quae et in exponenda re plurimum valent et ad inlustrandum id, quod exponitur, et ad amplificandum; ut eis, qui audient, illud, quod augebimus, quantum efficere oratio poterit, tantum esse videatur; et huic contraria saepe percursio est et plus ad intellegendum, quam dixeris, significatio et distincte concisa brevitas et extenuatio et huic adiuncta inlusio"… Quint. 9, 1, 45 : "Atque alias etiam dicendi quasi uirtutes sequetur : breuitatem si res petet, saepe etiam rem dicendo subiciet oculis, saepe supra feret quam fieri possit : significatio saepe erit maior quam oratio, saepe hilaritas, saepe uitae naturarumque imitatio. Hoc in genere (nam quasi siluam uides) omnis eluceat oportet eloquentiae magnitudo".151. La citation de L'Andrienne en forme de sententia, qui a valeur générique et que Donat utilise ici en l'adaptant au singulier de la situation présente, est littéralement amantium irae amoris integratiost.152. Le commentaire porte sur hoc, qui n'est pas interprété par Donat comme un pronom cataphorique (« et il ajoutait ceci, à savoir que… »), mais comme un adverbe anaphorique (« là <c'est-à-dire aux noms du père et de la mère>, il ajoutait que…). Le latin classique utiliserait l'adverbe huc, mais hoc en est une variante. Cf. Eun.153. C'est mot pour mot le même commentaire et la même citation virgilienne que ci-dessus Eun. 11, 1, qu'il cite aussi, en bonne méthode. En revanche Donat ne citait pas la première fois le passage de L'Andrienne qu'il utilise ici, ni ce passage de L'Eunuque.154. Ou « pour Thaïs ».155. Espèce et quantité sont chez les grammairiens des catégories d'accident du nom.156. Le mot désigne toute forme de parole ou d'acte pouvant procurer du plaisir. Il ne possède apparemment pas à l'époque classique de sens technique, ni dans le domaine du théâtre, ni dans celui de la rhétorique. Toutefois, chez Servius, il n'est pas exclu que le mot puisse renvoyer à une topique de la persuasion, dont les blandimenta constitueraient un élément. Voir par exemple Aen. 1, 430, 11 : sed cum ad eam mulieres accessissent, ut ab ea primo blandimentis post precibus et praemiis elicerent, ut sibi a Cerere commissa patefaceret, atque in silentio perduraret, ab eisdem iratis mulieribus discerpta est (mais, alors que les femmes s'étaient approchées d'elle pour obtenir d'elle d'abord par des caresses puis par des prières et des récompenses, qu'elle révèle ce qui lui avait été confié par Cérès, et qu'elle continuait à observer le silence, elle fut lacérée par ces mêmes femmes en colère).157. Proprie indique qu'il ne s'agit pas ici de prendre le verbe cognoscere au sens d'une indication métathéâtrale « je te reconnais ».158. Pris dans son sens technique : trouver des arguments.159. Ou « dont il est coutumier » s'il trouve déjà le passage euphémisé chez Ménandre. En l'absence du texte de la comédie grecque on ne peut trancher.160. Si l'on en croit les Dictiones d'Ennode de Pavie (mort en 521), les parties de la controverse sont : principium, narratio, obiectio, excessus, exempla, epilogus (Dict.21). Dracontius (Rom. 5) propose après un préambule, narratio, excessus, quaestio, obiectio, epilogi. La zone centrale de la controverse, qui est la plus variable visiblement, comprend ici une partitio cum confirmatione. Quint. 4, 5, 1 : Partitio est nostrarum aut aduersarii propositionum aut utrarumque ordine conlocata enumeratio. Sur l'articulation narratio, confirmatio, voir Quint. 4, 3, 1 : Ordine ipso narrationem sequitur confirmatio; probanda sunt enim quae propter hoc exposuimus. Servius (Aen. 10, 18) prend ses distances face à l'application aux discours épiques des catégories de la controverse : o pater o hominvm et Titianus et Calvus, qui themata omnia de Vergilio elicuerunt et deformarunt ad dicendi usum, in exemplo controversiarum has duas posuerunt adlocutiones, dicentes Venerem agere statu absolutivo, cum dicit Iunoni 'causa fuisti periculorum his quibus Italiam fata concesserant'; Iunonem vero niti statu relativo, per quem ostendit Troianos non sua causa laborare, sed Veneris.161. L'expressivité en Latin vient de la place de la négation, pour la conserver en Français il faut introduire une incorrection qui ne se trouve pas dans l'original.162. "Parare", "se ménager (des amis)", est amétrique ; le texte exact doit être "parere", "faire naître (des amis)", ce qui revient au même pour le sens ; d'ailleurs au lemme suivant, Donat semble bien commenter le verbe "parere" (cf. "pariuntur").163. Donat indique ici que la réplique de Thaïs concentre la totalité de la situation telle qu'elle la présente. Pour pouvoir réussir son plan elle a besoin que Phédria s'éloigne un moment, l'aider c'est donc disparaître deux jours.164. Il s'agit d'une citation approximative d'Andr. 555.165. Dans l'Institution Oratoire (9, 2, 58), Quintilien cite exactement ces vers de Térence (v.155-157) comme exemple d'éthopée, autrement appelée, selon lui, mimésis.166. Parmi les homéotéleutes proposées, on remarque que Donat met sur le même plan un a long en syllabe indifférenciée ("pro sua", fin de vers), un a bref ("dicta") et un a bref élidé ("abrepta"). L'homéotéleute est donc toute relative. En outre on ne trouve pas, au moins chez Quintilien, de réserves ou de méfiance à l'égard de l'homéotéleute ; mais voir Rutilius Lupus : 2, 14.167. Expression obscure, mais très probablement proverbiale, dont le sens ne fait aucune difficulté en contexte. On comprendra "les yeux de la tête".168. C'est l'adverbe "porro" qui est ainsi reformulé.169. "Quid istic ?" est une formule que prononce un personnage qui se range, plus ou moins à contrecœur, à l'avis de son interlocuteur. Ainsi dans cette même pièce Parménon (Eun. 388), et ailleurs Chrémès (And. 572), Déméa (Ad. 133), Géta (Ad. 350), Micion (Ad. 956), Clitiphon (Heaut. 1064). L'ellipse à postuler est plutôt celle de "dicam" que celle de "remoramur" que propose Donat : "que <pourrais-je dire> à l'endroit où tu te trouves <de ton argumentaire> ?".170. Texte peu sûr et sens conjectural.171. Commentaire induit par une étymologie populaire "sincerus" < "sine cera", notamment associée au miel ; de même Ps.-Acron ad Hor. Ep. 2, 15 : "hoc est fauos premit ut ceram separet et mel sincerum reparet".172. Texte peu sûr et sens très conjectural.173. Donat commente ici une construction de exoro avec double accusatif, qui, à vrai dire, n'a rien de rare ni d'inédit : on en trouve d'autres exemples chez Térence (Heaut. 705, Phorm. 515), on en trouve aussi avant lui, chez Plaute (Bacch. 1201). Peut-être en est-ce la première attestation chez Térence, d'où le commentaire noue. Quant à la construction absolute de hoc, il faut comprendre que hoc est détaché de modo, le mot auquel il est accolé. Ne pas comprendre hoc modo « de cette manière », mais hoc, accusatif du pronom, et modo, adverbe, sans lien entre les deux mots.174. Pour Donat et quelques autres grammairiens, le septième cas représente l'ablatif non prépositionnel.175. Comme plus haut (185, 2), Donat utilise l'adverbe absolute pour caractériser une construction. Il faut comprendre ici que huius doit soit être tenu pour un pronom neutre (tour dont il donne deux autres exemples térentiens) soit pour un tour elliptique (huius = huius rei), mais ne doit pas être interprété comme le déterminant de uirginis dans le syntagme huius causa uirginis. Voilà pourquoi il est absolute, c'est-à-dire détaché de uirginis auquel on pourrait le croire lié. Reste que dans cette interprétation, il faut que huius soit un pronom neutre à un cas oblique (ce qui n'est pas dirimant), représentant de manière anaphorique une situation (cf. le lemme 4) et que causa, d'ordinaire postposé, soit ici antéposé (causa uirginis, « pour la jeune fille »), ce que le grammairien pourrait nous faire remarquer. Donat a certainement raison, car la référence à la jeune fille au moyen du démonstratif huius serait une bizarrerie, dans la mesure où cette dernière n'est pas présente sur scène. On attendrait dès lors plutôt illius causa uirginis « pour cette jeune fille ».176. La note est sans doute étymologique et repose sur une synonymie inuenire = acquirere177. Carpere a ici le sens de « recueillir les défauts », donc « blâmer ».178. Le texte aujourd'hui reçu pour ce passage de Plaute porte "creduas".179. L'emploi du présent incipiat me paraît expliquer une plaisanterie de Térence, en répétant sans cesse « j'y vais » sans jamais y aller, Phédria crée un effet comique que Donat pointe ici.180. Le rapport entre la citation virgilienne et le texte de Térence éclaire le commentaire : nisi demande normalement le futur antérieur comme quamuis demanderait chez Virgile le subjonctif parfait. Or on sait que les Latins confondent ces deux temps qui pour eux n'en font qu'un.181. Donat constate que la construction d'"interest" n'est plus en usage à son époque, car il faut ici évidemment qu'"intelligens" soit le sujet d'"interest", ce qui implique que le verbe soit employé de façon personnelle. Certains contemporains de Donat avaient pu résoudre la difficulté, à tort sans doute selon le grammairien, en modifiant la ponctuation pour rattacher "stulto intellegens" à "praestat", où le verbe est évidemment personnel.182. Le commentaire de Donat n'est pas clair : il veut dire que l'usage de l'euphémisme indique que le parasite fait une sorte d'éloge du personnage qu'il rencontre, un brave type qui n'a d'autres qualités que de ne pas avoir de défauts.183. Obsitum vient de obsero qui signifie ensemencer, tandis que sentum doit être rapproché de sentis (le buisson épineux).184. Le commentaire n'est pas clair : interrogatio désigne comme le montre la suite, non la question en elle-même, mais le mot sur lequel porte la question, homo, mulier, ornatus. Le fait de mettre le mot à un cas direct (nominatif ou accusatif rapporté directement au pronom) est distingué de l'emploi du génitif pronom lié à un pronom neutre.185. On a "blanditiis suis abs te" dans les éditions modernes.186. Même remarque sur la sententia chez Servius Auctus, ad loc. : et late patet ista sententia, vel quod alienis egere auxiliis non oporteat, vel quod meminisse singuli spei suae debeant, ut ea sperent tantum, quibus possunt potiri (et cette maxime a une large portée, soit parce qu'il ne faut pas avoir besoin de l'aide d'autrui, soit parce que chacun doit se souvenir de son espérance de façon à n'espérer que ce à quoi il peut prétendre).187. On peut aussi comprendre : « comme si l'autre avait reçu (puis perdu !) quelque bien de fortune ».188. Paraît signifier que désormais Térence va s'inspirer du type du parasite pour faire parler son Gnathon.189. Comprendre : d'abord, c'est-à-dire autrefois, quand les gens étaient sages, puis maintenant c'est-à-dire quand ils sont idiots.190. Donat suppose un jeu de mots sur genus hominum qui signifie "un genre d'homme" ou "le genre humain".191. Wessner édite mantiscinor sur un texte des manuscrits sans doute corrompu. Le verbe mantiscinor est très mal attesté et paraît avoir un sens sans rapport avec le lemme. Il y a donc lieu de se demander si ce texte doit être conservé. S'agissant de la manière dont Gnathon s'enrichit, le verbe manticulor (voler à la tire), tout aussi rare que mantiscinor, est sans doute mieux adapté au contexte. Sur manticulor voir Festus, 133 M qui cite Pacuvius frg 377, 378 et 380 : Manticulari dicebantur qui furandi gratia manticulas attemptabant. Inde poetae pro dolose quid agendo usi sunt eo verbo (On disait que volaient à la tire [ manticulari ] ceux qui pour voler attrapaient les bourses. D'où vient que les poètes ont utilisé ce mot pour désigner le fait d'agir sournoisement).192. Térence écrit Gnathonici (les Gnathoniciens), au lieu de Gnathonicae pour compléter disciplinae.193. Avec syllaba anceps à la césure (Marouzeau) "facit" est un iambe, sans syllaba anceps, "faciat" est scandable en tribraque ou, avec syllaba anceps, en anapeste.194. En fait la nécessité est dramaturgique : ne pas en dire trop pour ne pas dévoiler ce qu'il sait (et le spectateur également) et que l'autre ignore ; voir 282, 2 et 283, 2.195. Ménandre, Com. Frg. 4, 300 : "trophimos" désigne le maître de maison, celui qui est né dans la maison. Il y aurait donc ambiguïté chez Ménandre (c'est le père aussi bien que le fils) et Térence corrige : c'est le fils.196. Nunc peut, d'après Marouzeau, appartenir en fait au vers suivant mais il nous est difficile de le scander ainsi.197. Selon la quantité du i, le verbe signifie "je suis mort" (avec i bref) ou "j'ai tué" (avec i long).198. Le mot signifie évidemment « qui ne pleure pas ».199. Le terme désigne ici qu'il va faire parler l'esclave, le mettre en scène par sa parole à lui.200. Malgré les apparences, ce commentaire porte sur le choix des mots et non sur le sens lui-même. Térence a choisi des mots qui en disent plus que le langage courant et banal.201. Le genre de penus donne lieu à une anecdote amusante chez Aulu-Gelle (N. A. 4, 1, 4) et devait être un problème de grammaire absolument rebattu.202. L'expression peut signifier "bander".203. L'incertitude sur le texte rend préciuse la note de la seconde main. De toute évidence le lemme 2 suppose une lecture habilior, qui contraste avec le commentaire du lemme 1. Or de ce fait, la citation de Virgile n'a plus aucun rapport. On a sans doute là une trace d'une compilation de plusieurs commentaires que « Donat » n'a pas unifiés.204. Voir Servius ad. Buc. 6, 5 : dedvctvm dicere carmen tenue: translatio a lana, quae deducitur in tenuitatem. dedvctvm dicere carmen tenue : métaphore tirée de la laine, laquelle se file jusqu'à devenir fine.205. Evidemment aux projets libidineux de Chéréa.206. La troisième du pluriel ne me paraît pas pouvoir renvoyer à iudices, mais à un indéterminé, qui désigne en fait les avocats. Peut-être peut-on aussi comprendre pronuntiare comme « énoncer la sentence », mais on voit mal alors qui pourrait dire liquet.207. Il s'agit d'opposer la causa c'est-à-dire le traitement que l'avocat fait de l'affaire, à l'affaire elle-même, negotium. L'avocat se perd dans ses propres démonstrations, au lieu de se contenter d'exposer les faits et le juge l'interrompt en disant "on a compris".208. Nous voyons bien le sens avec e long, le mot auquel pense Donat avec e bref nous échappe.209. Ipse est étrange ici, il ne peut à mon sens pas s'agir de Chéréa, mais on attendrait iste.210. Je comprends aliter …aliter sur un ton, sur un autre.211. Donat veut dire que le personnage donne l'impression de l'élocution lente et exaspérante du vieux, mais ne perd pas une heure à mettre en scène la conversation complète.212. Littéralement sur lesquels on a déjà crié son deuil. Servius (En. 2, 233) : conclamant una scilicet voce. et bene de peritura civitate conclamant'dixit, quia semper res perditae conclamatae dicuntur (ils crient évidemment d'une seule voix et c'est bien dit à propos d'une cité qui va périr que conclamant parce qu'on dit toujours à propos des choses définitivement perdues qu'elles sont conclamatae).213. Je comprends detraho au sens tardif avec le datif de « s'en prendre à quelqu'un », faisant allusion à la réplique suivante où il va décrire l'eunuque comme une pauvre chose.214. Detrusio est un mot tardif, qui signifie soit « jeter violemment dans quelque chose », soit comme ici « expulser violemment de quelque chose ».215. Le commentaire est curieux puisqu'il semble indiquer que la question du féminin quisquam est une question de sens, alors qu'il ne s'agit que d'une question de morphologie archaïque, comme le montre le lemme suivant.216. Donat ne semble pas avoir vraiment tranché la question de savoir si probes est pris au sens personnel ou indéfini.217. L'idée est que la première formule laisserait entendre que Chéréa est effectivement eunuque, ce qui serait désobligeant de la part d'un esclave parlant à un maître -et largement démenti par la suite-, la seconde que Chéréa se déguise en eunuque, mais n'en reste pas moins un homme à part entière.218. Commentaire particulièrement obscur.219. Très obscur.220. Otto, Die Sprichwörter der Römer, p. 128 relève l'emploi proverbial signalé par Donat et l'explique ainsi : "Der Sklave Parmeno vergleicht das Vorhaben seines jungen Herrn mit einer Bohnensaat, die für ihn, den Sklaven, böse Früchte tragen werde" (L'esclave Parménon compare le plan de son jeune maître avec un plant de fèves qui pour lui, l'esclave, portera des fruits de mauvais augure).221. Etymologie intéressante : Donat semble rapprocher flagitatio de flagitiosus voire de flagellum au sens de « comportement si honteux qu'il mérite le fouet ».222. Assez confus, il semble que la fin veuille dire que Parménon considère que ce que veut faire Chéréa est autorisé mais inconvenant, alors que Chéréa se demande si c'est autorisé, ou si c'est bel et bien autorisé, si c'est vraiment convenable.223. On peut hésiter sur le genre, mais il me semble que c'est très nettement la courtisane qui a largement mérité qu'on lui joue un mauvais tour.224. Cette remarque explique le métaplasme mentionné juste avant : despicor n'a normalement pas de participe parfait, mais ici Térence en fabrique un, Donat en conclut qu'il étend à despicor la forme de participe que l'on trouve dans conspicor. Cela dit son métaplasme n'en est pas un, car despicatus paraît bien que rare pouvoir être attesté. On trouve trois exemples du superlatif de l'adjectif despicatus chez Cicéron (Verr. 2, 3, 98, 9 ; Sest. 36, 7 et Pis. 64, 5), un chez Plaute qui ressemble beaucoup à celui de Térence (Cas. 189 : Vir me habet pessumis despicatam modis). L'exemple de Salluste quant à lui porte sans doute plutôt sur le sens du verbe que sur sa forme.225. Le texte me semble problématique : in patrem conviendrait sans doute mieux.226. "Ne forte" exprime ici la crainte, d'où la remarque suivante qui rétablit la construction usuelle d'un verbe de crainte.227. L'infinitif de narration n'est pas un mode déterminé par des personnes et des temps et son emploi se justifie ici par sa valeur exclamative que Térence souligne par l'adverbe vero, Donat commente l'effet davantage suggestif qu'il produit dans une phrase intéressante par ses allitérations et assonances.228. Dans son rôle de flagorneur, Gnathon amplifie les paroles du soldat, ce qui fait partie du jeu de la manipulation.229. Il s'agit de la jeune fille amenée en cadeau par le parasite de la part du soldat.230. Triumphat appartient en effet au registre lexical militaire. Il désigne sans doute par là le fait de recevoir les honneurs du triomphe.231. Sur cet emploi du nom propre, face au nom de métier, voir Eun. 455 et Ad. 288, 4.232. C'est le propos de la terrible Junon qui ajoute : l'arrêt inébranlable du destin lui réserve Lavinia pour épouse. Donat pense sans doute à ce moment-là, à la concurrence entre le destin fatum et le pouvoir des dieux. Dans le cas de Thrason, le don du ciel est une idée très forte et le privilège dont se targue le soldat, il l'a lui-même décrété par piètre vantardise.233. Donat pose l'alternative, sans doute ironiquement, en jouant sur la paronymie des figures du discours : l'ellipse de narration ce serait ici l'implicite, ce que le spectateur imagine, et il doute de ce que renferme l'accusatif neutre pluriel ; la syllepse de sens porterait sur omnia.234. Il y a là une question de terminologie. Il ne s'agit pas tant en effet du genre grammatical du mot, que de son emploi, concret pour désigner ‘le sel'et figuré pour ‘l'esprit'.235. Association d'idée difficile à établir, elle porte sur habent qui signifie "ils possédent" ou bien "ils tiennent pour" donc "ils nomment".236. C'est bien un autre avantage que de bénéficier des confidences du prince.237. C'est-à-dire au premier degré.238. Thrason s'est lancé dans une citation qui excède sa culture et sa mémoire. Les mots lui manquent et il demande la complicité de Gnathon.239. Espèce de jeu de mots sur elegans, eligens.240. Inertia me paraît ici pris dans son sens propre d'« absence de toute forme d'ars ».241. Il n'est pas certain que Donat ait tout à fait compris la plaisanterie. Il est préférable de penser que Thrason s'attribue un bon mot dont l'auteur qu'il n'est pas était bien connu.242. Donat semble dire qu'il est normal dans la vie sociale d'embrasser quelqu'un avec qui on est lié, si ces embrassades sont appuyées, c'est le signe d'une affection tendre mais platonique, le reste relève des désirs amoureux.243. Le parasite est en effet un type théâtral, qui se reconnaît à son costume. Cf. Evanthius, VI, 6 : parasiti cum intortis palliis ueniunt. Sur le sort des parasites, voir Plaute, Les Captifs, v. 77- 90 (Quasi mures semper edimus alienum cibum,..).244. En latin : versutus. Cf. Cicéron, De natura deorum, III, 25 : versutos eos appello, quorum celeriter mens versatur (« j'appelle versutos (agiles, retors) ceux dont l'esprit se meut promptement »).245. L'adjectif faceta qualifie la meretrix dans L'Héautontimorouménos, v. 521-522 : mulier commoda et faceta haec meretrix.246. Dans la langue judiciaire, exceptio désigne l'objection que fait l'accusé aux réclamations du plaignant. Le terme désigne alors une « clause restrictive » (De Or., I, 168) que l'on invoque en réplique à l'adversaire.247. En effet, l'habileté de Thaïs naît de ce que le pronom hunc renvoie à une personne bien précise, qu'elle ne nomme pas. Donat (De partibus orationis, Ars minor- De pronomine) classe un tel pronom parmi les finita pronomina (Quae sunt finita ? Quae recipiunt personas, ut ego tu ille).248. Opportune signifie que la réplique vient à point, à propos. On trouve cet adverbe chez Térence lui-même, pour indiquer qu'une situation s'est bien déroulée (Eun., v. 1046-7 : fortunam collaudem…quae tot res tantas tam opportune in unum conclusit diem) ou qu'un personnage est arrivé quand il fallait (Ad., v. 81).249. On peut donc penser que, selon Donat, les termes pax, dare, etc. sont parfaitement choisis par Térence. Mais proprie pose également ici la question de la métaphore : Cicéron (De Or., III, 155) oppose ainsi l'expression propre (uerbo proprio) à l'expression métaphorique (tralato). Donat veut-il dire qu'ici, les termes guerriers ne sont pas métaphoriques, mais qu'il est bien question d'une véritable guerre ?250. Le verbe lenire est opposé dans la rhétorique cicéronienne au verbe incitare. « Apaiser, adoucir » (lenire) un auditoire, ou au contraire l'« exciter » (incitare) (Or., 132) sont deux moyens d'émouvoir les juges (mouere).251. Cicéron dans le De Or., III, 203, montre en effet que la rogatio ou interrogation oratoire est un des ressorts de l'amplification. Quintilien répertorie la ficta interrogatio dans l'Institution oratoire, IX, 2, 15.252. Le lien avec le lemme précédent semble être l'usage de l'indicatif dans une interrogative indirecte.253. Désigner un personnage par sa fonction est moins amical que de le désigner par son nom d'autant plus que le métier du soldat est rangé par Donat dans les professions infâmes.254. Il faut en effet un certain temps pour que le repas dégénère et que finalement le soldat mette Chrémès à la porte.255. Le sens du commentaire de Donat s'éclaire ici par Cic. Off. 1, 37, 132 : quoniam magna vis orationis est eaque duplex, altera contentionis, altera sermonis: contentio disceptationibus tribuatur judiciorum, contionum, senatus: sermo in circulis, disputationibus, congressionibus familiarium versetur; sequatur etiam convivia, etc., (le sens du mot oratio, dont l'importance est capitale, est double : il désigne les luttes oratoires et la conversation : il y a lutte oratoire quand on défend une cause devant les tribunaux, dans les assemblées populaires, au sénat; on fait la conversation dans les réunions, les discussions, les rencontres et aussi pendant les repas).256. En raison du verbe ducere (conduire) qui est plus fort que le verbe mittere (envoyer).257. Donat semble dire que le verbe arcesso est plus militaire que le verbe provoco. En réalité la differentia n'est pas très claire : arcesso et provoco appartiennent tous deux à la langue du droit, mais sans doute provoco est-il plus spécialisé. L'acception militaire d'arcessere est évidente (voir César BG 7, 33, BC 3, 110 et Bell. Alex. 34, 5 ; 51, 3, Liv. 40, 5, 10 etc) mais peut-être pas aussi dominante que Donat veut bien le dire.258. L'expression nusquam gentium est moins surprenante parce que les deux termes ont un sens local, alors que dans la première qui se traduit littéralement « le moins parmi les peuples », il y a une rupture de la continuité du sens entre les deux éléments.259. . au mauvais moment pour lui et pour Thaïs, mais c'est précisément cela qui va faire avancer l'intrigue, voir lemme suivant.260. Re-puto est interprété comme "re-penser" à quelque chose que nous avons déjà pensé.261. Voir par exemple Ov. Am. 1, 4.262. L'expression n'est pas autrement attestée.263. Différentia identique chez Suétone Prat. 176, 163 : "sceleratvm scelerosvm et scelestvm id differt: sceleratus est suo aliquo scelere contaminatus uel aliqua contagione pollutus et infamis; <scelestus> autem scelerum cogitator et conmissor; scelerosus uero quasi insidiosus, periculosus propter assiduitatem scelerum" (telles sont les différences entre "sceleratus", "scelerosus" et "scelestus" : est "sceleratus" celui qui est contaminé par un "scelus" ou bien qui a été souillé et rendu infâme par quelque contagion ; est "scelestus" celui a a pensé et accompli des "scelera" ; est "scelerosus" celui qui pour ainsi dire est insidieux et prend des risques à cause de la fréquence de ses "scelera").264. . en raison de l'accusatif d'objet interne : « faire un (mé)fait ».265. En effet le tour capillum illi conscendit serait ambigu, on ne saurait qui a pris l'autre par les cheveux, illi pouvant être à la fois masculin ou féminin ; avec ipsam on n'a aucun doute, c'est Chéréa qui a saisi Pamphila.266. Nous ne développons pas cette citation, car c'est le seul endroit où elle se trouve. Nous ne savons donc nullement quels mots cachent les initiales d. o..267. . en raison de la rupture de nombre entre absente (singulier) et nobis (pluriel).268. On trouve la même remarque chez Porphyrion in Epist. 2, 2, 163 : "Temeti. Vini, quod temptet mentem, unde temulenti dicuntur dict<i> prima syllaba producta" ("temetus" se dit du vin parce qu'il fait tourner ("temptare") la tête, de là vient qu'on parle de "temulenti" par allongement de la première syllabe).269. . et non comme le neutre de uerus (une chose vraie).270. Le véritable eunuque, qui est resté à la maison, ne sait rien des événements qui se sont déroulés chez Thaïs, et Donat voit dans cette ignorance le principal ressort comique de cette scène.271. Pour Térence en tout cas, puisque l'interjection n'est utilisée que par des personnages féminins : Sostrata (Heaut. 1015), Sophrona (Ph. 754) et Nausistrata (Ph. 803), Canthara (Ad. 336).272. Même commentaire chez Porphyrion in Epod. 12, 7-8 : Vieta autem dicuntur ex necessitate contorta, ut Terentius ostendit : Viet<u>s ueternosus senex [necessitate contorta] (on appelle vieta des choses qui ont été tordues par la nécessité, comme le montre Térence : Viet<u>s ueternosus senex)273. La confusion est attestée chez les scholiastes d'Aristophane où on lit : οἱ μὲν τὴν ἰδιωτικῶς κάταν φασίν, οἱ δὲ ζῷόν τι ἕτερον αὐτῇ εἰκός (certains disent qu'il s'agit de l'animal que l'on nomme chat en langue vulgaire, d'autres d'une autre bête qui lui ressemble) et qui peut être la belette puisque les Grecs utilisaient les belettes comme nous utilisons les chats. FABIA 1895, 57, note 3, signale une conjecture de NENCINI selon laquelle Térence aurait un texte de Ménandre qui porte non pas le mot γαλεώτης (stellion) mais le mot γαλεώδης, formé sur le nom de la belette, γαλέη : le texte de Ménandre signifierait alors « c’est un vieillard belettoïde ». DAVID 2009, 20-21, suppose que l’acteur jouant Dorus portait un masque brun-jaune (masque non répertorié dans le catalogue de Pollux, le personnage de l’eunuque n’étant pas un type), coulleur connotée négativement chez les Anciens. 274. Le mot est issu du vocabulaire oratoire : Cic. Inv. 2, 54 : ea autem infirmabitur, si falsa demonstrabitur (on la ruinera [la démonstration es adversaires] en montrant qu'elle est fausse).275. Sur cet ordre qui fait mettre en premier ce qui nous concerne et en second ce qui concerne l'adversaire, voir par exemple Cic. Inv. 1, 22 sur la manière de se concilier les juges : Benivolentia quattuor ex locis comparatur: ab nostra, ab adversariorum, ab iudicum persona, a causa (La bienveillance se concilie par quatre sortes de développements : en parlant soit de nous, soit de la personnalité de nos adversaires, soit de la personnalité des juges, soit de la cause). Mais ce n'est pas toujours le cas en particulier si l'adversaire a su gagner la confiance des juges : Inv. 1, 25 : Sin oratio adversariorum fidem videbitur auditoribus fecisse id quod ei, qui intellegit, quibus rebus fides fiat, facile erit cognitu oportet aut de eo, quod adversarii firmissimum sibi putarint et maxime ii, qui audient, probarint, primum te dicturum polliceri, aut ab adversarii dicto exordiri et ab eo potissimum, quod ille nuperrime dixerit, aut dubitatione uti, quid primum dicas aut cui potissimum loco respondeas, cum admiratione (Mais si le discours de nos adversaires qui semble avoir convaincu les auditeurs -un résultat dont se rendra compte aisément quelqu'un qui sait par quels moyens on arrive à convaincre-, il faut promettre de parler d'abord de ce que nos adversaires ont estimé leur plus solide argument ou de ce que les auditeurs ont approuvé le plus ; ou encore tirer l'exorde des paroles de l'adversaire, et particulièrement de ce qu'il a dit à la fin ; on peut aussi employer l'hésitation, en se demandant ce que l'on dira d'abord ou à quel point l'on répondra de préférence, en provoquant l'étonnement).276. Sur ce point, voir Cic. Inv. 2, 176 : sunt igitur res quaedam ex tempore et ex consilio, non ex sua natura considerandae; quibus in omnibus, quid tempora petant, quid personis dignum sit, considerandum est et non quid, sed quo quidque animo, quicum, quo tempore, quamdiu fiat, attendendum est (Il y a donc des choses qui doivent être considérées non d'après leur propre nature, mais d'après les circonstances et les intentions ; pour toutes il faut envisager ce que les circonstances réclament, ce qui convient aux personnes, et il faut regarder non pas l'acte lui-même, mais dans quel esprit, avec qui, à quel moment, pendant combien de temps il se déroule). Un esclave était d'ailleurs considéré comme si peu digne de foi que son témoignage ne pouvait être recueilli que sous la torture.277. cf. Ad Her. 2, 9, 18 : contra testes: vitae turpitudinem, testimoniorum inconstantiam (contre les témoins : déshonneurs dans le mode de vie, inconstance des témoignages).278. La remarque est la même chez Diomède GL 1, 419, 11 : aut ex inprouiso aliquid deprehendentem, ut attat (ou bien qui surprend quelque chose à l'improviste, comme attat).279. Voir par exemple Cic. Acad. 1, 46, 5 : Hanc Academiam novam appellant, quae mihi vetus videtur, si quidem Platonem ex illa vetere numeramus, cuius in libris nihil affirmatur et in utramque partem multa disseruntur, de omnibus quaeritur nihil certi dicitur (Telle est cette Académie qu'on dit nouvelle et qui me paraît ancienne si l'on range, dans celle qu'on appelle ancienne, Platon qui dans ses livres n'affirme rien, donne de nombreux exemples de discussions où sont soutenus le pour et le contre, entreprend sur tous sujets une recherche qui n'aboutit à aucune certitude..).280. Voir Plaut. Capt. 464 et Aulul. 189 : dans les deux cas, il s'agit de personnages masculins menaçant des personnages féminins. En Miles 315, c'est un homme parlant d'un autre homme comme en Térence Ad. 318.281. ou "le soldat a pour elle", mais cette seconde solution est moins probante.282. Le mot est fort rare, c'est Donat qui nous apprend qu'il vient du phrygien.283. Commentaire semblable, bien que plus éclairant chez Servius ad Aen. 8, 1 : aut certe si esset tumultus, id est bellum Italicum vel Gallicum, in quibus ex periculi vicinitate erat timor multus, quia singulos interrogare non vacabat, qui fuerat ducturus exercitum ibat ad Capitolium et exinde proferens duo vexilla, unum russeum, quod pedites evocabat, et unum caeruleum, quod erat equitum -nam caeruleus color maris est, a cuius deo equum constat inventum- dicebat 'qui rem publicam salvam esse vult, me sequatur', et qui convenissent, simul iurabant: et dicebatur ista militia coniuratio. [alii album et roseum vexilla tradunt, et roseum bellorum, album comitiorum signum fuisse.] fiebat etiam evocatio: nam ad diversa loca diversi propter cogendos mittebantur exercitus. modo ergo duo sunt genera militiae, coniuratio et evocatio, quippe in tumultu.. ou du moins s'il y avait du désordre, c'est-à-dire, la guerre italique ou la guerre contre les Gaulois, au cours desquelles à cause de la proximité du danger, la panique était grande, et parce qu'il n'avait pas l'occasion de poser la question à chacun, celui qui devait mener l'armée allait au Capitole d'où il ramenait deux drapeaux, l'un de couleur rouille, qui faisait venir les fantassins, et l'autre de couleur bleu-vert, qui était celui pour les cavaliers –car la couleur bleu-vert est celle de la mer, par le dieu de laquelle il est notoire que le cheval a été inventé- et disait : ‘qui veut sauver la République me suive', et ceux qui en étaient d'accord juraient ensemble : et on appelait ça un serment collectif de soldats. [certains rapportent que les drapeaux étaient blancs et roses et que le rose symbolisait la guerre et le blanc les comices.] il y avait aussi l'appel aux armes : car on en envoyait dans plusieurs directions pour rassembler les armées. Il y a donc seulement deux types d'enrôlement : le serment collectif et l'appel aux armes, qui sont utilisés particulièrement dans les temps de désordre.284. Sangarius est pourtant bien un nom, mais de fleuve ; voir Liv. 38, 18, 8 : Sangarius ex Adoreo monte per Phrygiam fluens miscetur ad Bithyniam Tymbri fluuio (Le Sangarius qui coule depuis le mont Adoreus traverse la Phrygie se mêle au fleuve Thymbris à l'approche de la Bithynie).285. Voir Varron L.L. 5, 88 : manipulus exercitus minima[s] manus quae unum sequitur signum. centuria qui sub uno centurione sunt, quorum centenarius iustus numerus (Le manipule d'une armée est la plus petite unité qui suit une enseigne. Une centurie est composée de ceux qui sont sous les ordres d'un centurion et dont le nombre juste est cent). Sur les manipules Servius ad Aen. 11, 870 : manipli autem dicti sunt signiferi, quia sub Romulo pauper adhuc Romanus exercitus hastis faeni manipulos inligabant, et hos pro signis gerebant; unde hoc nomen remansit (quant aux porte-enseignes, on les appelle manipuli parce que sous Romulus les soldats de l'armée romaine encore pauvre attachaient à leur lance des poignées de foin et les portaient en guise d'enseigne ; d'où leur nom qui s'est maintenu).286. ambiguïté dans la construction : on peut comprendre soit "il l'insulte comme le ferait un esclave", ou "il l'insulte comme il insulterait un esclave".287. Donat vise à désambiguïser une relative ambiguïté : le groupe "mater et pater" est en apposition à "uterque", d'où "l'un et l'autre, à savoir la mère et le père", donc "uterque" est un pronom et non pas un déterminant en facteur commun du groupe "mater et pater", ce qui se comprendrait "l'un et l'autre couple parental", soit deux couples en tout au lieu d'un en réalité.288. ou "servile". Le sens est ici difficile à trancher.ou "servile". Le sens est ici difficile à trancher.289. Commentaire sans doute polémique : Donat a reconstruit une dramaturgie complexe justifiant l'action à ce moment précis et mettant cette analyse au compte de l'adresse de Térence. Le scribe de la deuxième main est plus réservé : ce sont là des réflexions de spécialistes ; le spectateur, lui, se content de suivre le spectacle sans se poser ce genre de questions.290. Donat paraît pointer du doigt le fait que ce gentleman farmer débonnaire n'a rien du vieillard grincheux et ronchon traditionnel dans la comédie, ce qui le prépare très mal aux abominations qu'il va découvrir.291. Donat semble tenir ici un discours général proche de celui qu'on lui voit tenir ailleurs : la comédie répugne à la violence physique, car ce serait entrer dans l'univers de la tragédie.292. Agere semble devoir être pris ici au sens oratoire.293. L'annotateur de Donat découpe vraisemblablement pro-latio en isolant le radical du préfixe, puis lui adjoint le mot jour pour obtenir un improbable *dieilatio transformé étonnamment en dilatio.294. Il s'agit sans doute d'une syllepse puisque uterque exige normalement un verbe au singulier.295. Le sens est : "a eu l'idée de faire intervenir un personnage".296. Il y a prolepse mais Donat n'identifie pas la figure, tout simplement parce que ce qu'il nomme prolepse est tout à fait autre chose.297. Le commentaire de la seconde main contredit Donat en proposant de lire meam sponsam. La proposition est grammaticalement fausse puisque la réplique de Parménon interdit de construire ainsi.298. Le commentaire n'est pas limpide dans la mesure où Donat suit son idée. Le sens pourrait être le suivant : à défaut d'avoir Thaïs pour lui tout seul, il espérait pouvoir encore lui rendre de menus services, mais ici il ne se fait plus aucune illusion. Il est bel et bien mis à la porte.299. Ce commentaire est partiellement contradictoire avec les précédents. Donat paraît bien comprendre plus haut festivitas au sens de gentillesse.300. On retrouve le thème oratoire du "praemium uiri fortis" qu'on a déjà vu évoquer dans L'Andrienne. La differentia a tout d'une différence de rhéteur ; elle ne signifie d'ailleurs pas grand chose. Pourtant, on la retrouve chez Isidore de Séville Etym. 6, 19, 26 avec un sens chrétien : "Dona proprie diuina dicuntur, munera hominum. Nam munera dicuntur obsequia, quae pauperes diuitibus loco munerum soluunt. Itaque munus homini datur, donum Deo" (On parle au sens propre de "donum" pour le divin et de "munus" pour l'humain. Car on dit que les "munera" sont des marques de déférence dont les pauvres s'acquittent auprès des riches en guise de dons. C'est pourquoi on donne un "munus" à l'homme mais un "donum" à Dieu).301. Cette série de scholies embarrassées a pour objet d'expliquer la construction et le sens de cette réplique. "Donum-praemium" forment-ils comme un seul mot par asyndète (scholie 4) ? Le sens est alors "espère de moi n'importe quel don-cadeau". Les deux mots (et même les trois, puisque "munus" se mêle à la differentia) ont-ils le même sens ? Les scholies 1, 2, 3, 4 sont là pour les distinguer. En fait, on ne voit pas bien ce qui gêne Donat. L'expression n'est pas en asyndète, comme proposé à la scholie 5, car les deux substantifs ne sont pas sur le même plan : "praemium" est attribut de l'objt "donum" : "espère de moi n'importe quel don en guise de résompense". Et la scholie 4 est la plus proche du sens : "espère de ma part un cadeau", en tant que le cadeau est un acte volontaire, "en guise de récompense", laquelle t'est due. Je te ferai donc à la fois un cadeau (volontaire) et une récompense (méritée).302. Si le sens miltaire du verbe n'est pas clair pour nous, celui du nom "optio" l'est : dans la langue militaire, le mot "optio" (masculin dans cet emploi) désigne l'optione, un sous-officier.303. Cette phrase n'est pas identifiée comme une citation. Sans doute est-ce simplement un exemple emprunté à la langue commune et destiné à illustrer une dernière fois le syntagme "optato praemium".304. Par proverbe, Donat paraît entendre ici expression figée. Le problème que pose l'ajout de l'annotateur, c'est que les deux premières expressions n'ont pas cette valeur clairement attestée.305. Sur ce passage, le commentaire semble des plus confus : l'euphonie consiste à éviter l'homéotéleute, mais on voit mal le sens de la remarque sur le masculin. L'ensemble des remarques paraît à vrai dire d'assez piètre qualité.306. La citation est très approximative, Cicéron écrit (Pro caelio 8, 19) : "Si mihi ad haec acute arguteque responderit, tum quaeram denique ex quo iste fonte senator emanet. Nam si ipse orietur et nascetur ex sese, fortasse, ut soleo, commouebor; sin autem est riuolus arcessitus et ductus ab ipso capite accusationis uestrae, laetabor, cum tanta gratia tantisque opibus accusatio uestra nitatur, unum senatorem esse solum qui uobis gratificari uellet inuentum" ("S'il s'en tire par une réponse ingénieuse et piquante, je lui demanderai alors pour terminer à quelle source votre sénateur va puiser son accusation, car si cette source coule spontanément et naît d'elle-même, peut-être serai-je ébranlé -cela m'arrive-, mais si l'on est allé chercher et canaliser ce ruisselet à la source de votre accusation, je me réjouirai que cette accusation, qui est soutenue par de si puissantes influences et de si puissants moyens, n'ait trouvé pourtant qu'un seul et unique sénateur disposé à vous complaire", trad. C.U.F. par J. Cousin). Donat semble ainsi avoir recomposé la phrase pour lui faire dire ce qui l'intéresse.307. Wessner ne propose aucun texte homérique ici en raison d'une lacune dans les manuscrits. Le seul texte qui ait quelque rapport avec le contexte est Iliade, 21, 257-259 : ὡς δ᾽ ὅτ᾽ ἀνὴρ ὀχετηγὸς ἀπὸ κρήνης μελανύδρου / ἂμ φυτὰ καὶ κήπους ὕδατι ῥόον ἡγεμονεύῃ.308. Il s'agit ici du troisième mode de définition tel que se le représente la tradition dialectique résumée ainsi par Martianus Capella (4, 420) : non et primum et non secundum ; primum autem igitur et secundum. Il n'est pas vrai que A existe et que B n'existe pas, donc A existe et entraîne B. Mais la situation ici se complique du fait que Donat ne tient pas vraiment compte de la syntaxe proprement dite : son idée est : il n'est pas vrai que Thrason est opportunus et qu'il n'est pas ex usu, donc le fait qu'il soit opportunus entraine le fait qu'il soit ex usu. De même pour le champ, il n'est pas vrai que le champ soit bon et qu'il ne soit pas de grand prix, sa qualité entraîne donc son grand prix. Dans l'exemple de Martianus Capella (non est et bene dicendi scientia rhetorica et non est utilis ; est autem bene dicendi scientia, utilis est igitur), la négation est placée en début de définition de sorte qu'elle soit plus clairement en facteur commun. De plus le verbe choisi est n'est autre chose qu'une copule. Pour comprendre l'énoncé de Donat, il faut ensuite, mais ensuite seulement, considérer que cet ensemble logique est inclus dans une proposition elle-même négative où le verbe n'est pas une copule (exemple de l'Héautontimoroumenos) ou bien où la négation nemo ajoute une proposition logique indépendante du syllogisme de la définition : il n'est personne qui mieux que Thrason ou rien qui mieux que le champ ne remplisse cette définition.309. Il s'agit d'une citation très approximative et à la limite de la reformulation du vers 1087.310. illic add. edd.311. nil edd.312. nil edd.313. uerborum, modo ante modo post dedisse scripserunt Donati codices. Textum acceptum sic edidimus.314. animum attendite edd.315. haec edd.316. esset mihi edd.317. repetitio apud Donatum explicatur at tamen in lemmate deest.318. sin edd.319. potis erat edd.320. uti si edd.321. tum uno edd.322. eras contenta edd.323. ut tibi edd.324. aliquantum edd.325. nil edd.326. parere uel parare legitur apud Donatum.327. nisi si edd.328. ubi mi edd.329. is edd.330. tam del. edd.331. istoc edd.332. fors[it]an edd.333. habeat edd.334. peribit edd.335. mist edd.336. posse me edd.337. adiget edd.338. non edd.339. mage edd.340. mage edd.341. hinc deest apud Donatum, at uide scholiam ad 231,1 et 2.342. siet edd.343. consilium cum re edd.344. amisti edd.345. Post est add. multo.346. profueram edd.347. mi edd.348. tantum honorem edd.349. ut legimus apud Donatum, legitur et quid faciat. At uidetur Donatus putauisse indicatiuum modum melius esse coniunctiuo. Eum secuti sumus.350. legitur et Thainis apud Donatum.351. alia lectio apud Donatum reperta nihil equidem.352. neve edd.353. post modo add. i354. fores hae edd.355. qui placeat edd.356. alterum edd.357. alter edd.358. om. edd.359. Alia lectio apud Donatum reperta quid tu es alacris.360. ostendes te edd.361. in ea re utilitatem edd.362. si edd.363. post ratione add. eam364. esse hominem edd.365. mage edd.366. post dico edd.367. fratris partes edd.368. del. edd.369. quodnam edd.370. nil edd.371. uti edd.372. post intro edd.373. potest edd.374. pergin edd.375. callidum potius esse legendum ait Donatus in commentario.376. iam del. edd.377. is edd.378. rescierint edd.379. haec uerba Parmenoni tribuit Donatus, quae Chaereae recentiores editores tribuerunt.380. gestare edd.381. uero edd.382. miliens edd.383. hahahae edd.384. obsecro te edd.385. haud iniuria edd.386. istac edd.387. suspicatast edd.388. ac edd.389. ehem edd.390. pol om. edd.391. nostri edd.392. tacent satis laudant edd.393. liberum edd.394. tibi obstat edd.395. tum edd.396. esse domini edd. at uide sequentia ubi domini pauperis forte a Donato legitur.397. quem te ego edd.398. huic animum adsentari edd.399. poste continuo edd.400. si Chremes hoc forte aduenerit edd.401. mage edd.402. quid [rei] tibi edd.403. rem diuinam fecisse [se] edd.404. est del. edd.405. qui edd.406. licet mi edd.407. aut om. edd.408. es edd.409. satine edd.410. hominum post nemo est add. edd. non legitur apud Donatum sed forte partem uersus tantum enarrauit.411. ego te obsecro hercle edd.412. quid ego edd. at hic a Donato pars uersus tantum enarratur. Vide sequentia.413. esse om. edd.414. caperes edd.415. praua edd.416. suspectans edd.417. sese edd.418. iit edd.419. lecto edd.420. ante conlocarunt illae add. edd.421. mi edd.422. post tum add. equidem edd. at forte uersus partem tantum Donatus enarrat.423. post uidere add. edd. nimium at forte pars uersus tantum a Donato enarratur.424. flabellulum coniec. edd.425. opprimit edd.426. bene modo add. modo om. Donatus in enarratione. De lectione ergo hic dubitandum est.427. ibi illa cum illo edd.428. occipit om. edd.429. sibi putare adductum ante oculos aemulum edd.430. Pamphilam accerse edd.431. del. edd.432. unguibus facile edd.433. fuerit edd.434. hoc misera edd.435. quid huc tibi reditio est? edd.436. paullum edd.437. ornarat edd.438. numquam edd.439. namque edd.440. hi (c) quidem ad illum est edd.441. mustelino edd.442. egerim edd.443. unde igitur fratrem meum edd.444. scibas edd.445. dicat edd.446. paullum edd.447. tam edd.448. pol hodie edd.449. praedicemne edd.450. nescis neque de eunucho edd.451. at edd.452. mi edd.453. nihil dixit tu ut edd.454. at edd.455. nescibam edd.456. atqui edd.457. digito edd.458. ineptiam edd.459. enim edd.460. qui edd.461. multa passa edd.462. dignumst edd.463. atqui edd.464. metuo qualem tu me esse hominem edd.465. sinistrum cornum edd.466. non posse fieri edd.467. domi edd.468. ipsus edd.469. hoc iam edd.470. ut tu edd.471. procul hinc edd.472. illoc edd.473. eam edd.474. tui me edd.475. legitur apud Donatum et ephebus iste476. tace bis legitur in edd.477. conprehendi iube edd.478. hem legitur apud Donatum. Deest in edd.479. hoc Donatus, id edd.480. ita edd.481. istoc edd.482. ah post quid edd.483. certo edd.484. potius post opperiamur edd.485. pol deest in edd.486. suppos<i>uit edd.487. ante nutrix pos. edd.488. it edd.489. ut post cognitione edd.490. mittam edd.491. mage edd.492. suo del. edd.493. inluuiem edd.494. In codicibus commentarii incipit hic noua scaena. At falso, uide Euuanthii de fabula.495. illum edd.496. scis edd.497. quidem edd.498. ei dicam edd.499. satine edd.500. id deleuerunt editores aliquot.501. ille iam edd.502. ego del. edd.503. insuper etiam edd.504. ehem edd.505. sic legitur apud Donatum ut uidebitur, si abreuiationes perspexeris in te exempla edd.506. coeptas edd.507. hodie uiuit edd.508. illumne edd.509. conlibitum edd.510. auferes edd.511. facta hic edd.512. hoc del. edd.513. paullum edd.514. id del. edd.515. riualem ego edd.516. ut edd.517. noctes et dies edd.518. etiam hoc edd.519. hoc iam edd.520. uerso edd.Citations
1. cuius mos maxime est consimilis uestrum, hi se ad uos applicant (TerHeaut. 393)2. tum canit Hesperidum (VergBuc. 6, 61)3. iam senior, sed cruda deo uiridisque senectus (VergAen. 6, 304)4. si quis quid reddit, magna habenda est gratia (TerPho. 56)5. dictum (TerEun. 4)6. in quem quiduis harum rerum conuenit, quae sunt dicta in stultum (TerHeaut. 876-877)7. Plautus uertit barbare (PlautTrin. 19)8. Atheniense bellum, cum Rhodiensibus | quod fuerit, quid ego hic praedicem, quod tu scias? (LuscLanThes)9. genus unde Latinum (VergAen. 1, 6)10. argentum quod habes condonamus te (TerPho. 947)11. matri longa decem tulerunt fastidia menses (VergBuc. 4, 61)12. uerba istaec sunt (TerPho. 517)13. rem10 cum uideas, censeas (TerHeaut. 1023)14. imprudens harum rerum (TerEun. 136)15. Centauro inuehitur magna (VergAen. 5, 122)16. scortari crebro nolunt, nolunt crebro conuiuarier (TerHeaut. 206)17. peccatum (TerEun. 27)18. nam pro deum atque hominum fidem, quid uis tibi aut quid quaeris (TerHeaut. 61-62)19. si aliter fuerint animati neque dent quae petat, sese igitur summa ui uirisque oppidum oppugnassere (PlautAmph. 209-210)20. hem quid agam (VergAen. 4, 534)21. quam inique comparatum est (TerPho. 41)22. prius quam harum scelera et lacrimae confictae dolis (TerAnd. 558)23. nescis heu, perdita, nd. necdum L. Laomedonteae s. sentis p. periuria g. gentis ! (VergAen. 4, 541-542)24. multum ille et terris iactatus et alto (VergAen. 1, 3)25. quae prima mortales ducunt (SallCat. 36, 4)26. et suauia quae essent prima habere (TerHeaut. 962-963)27. ibi tum exanimatus Pamphilus bene dissimulatum amorem et celatum indicat (TerAnd. 131)28. quam diu etiam furor iste tuus eludet? (CicCatil. 1, 1, 1)29. facile omnes, cum ualemus, recta consilia aegrotis damus (TerAnd. 309)30. haec uerba (TerEun. 67)31. quod plerique omnes faciunt adulescentuli, horum ille nihil (TerAnd. 55)32. quos ego...! sed motos praestat componere fluctus (VergAen. 1, 135)33. captique dolis l. lacrimisque c. coactis (VergAen. 2, 196)34. stridenti miserum stipula disperdere carmen (VergBuc. 3, 27)35. una dolo diuum si femina uicta duorum est (VergAen. 4, 95)36. nunc scio, quid sit amor (VergBuc. 8, 43)37. nunc augur Apollo, nunc Lyciae sortes (VergAen. 4, 376)38. iamque uidenti sanguineis frontem moris et tempora pingit (VergBuc. 6, 21-22)39. sin captus prauis cupidinibus (SallJug. 1, 4)40. quae sola interbibere, si uino scatat, Corinthiensem fontem Pirenem potest (PlautAul. 558)41. exclusit, reuocat inquit, redeam? non, si me obsecret (TerEun. 49)42. aut Boreae p. penetrabile f. frigus adu. adurat (VergGeor. 1, 93)43. at mihi sese offert ultro meus ignis Amyntas (VergBuc. 3, 66)44. quam ne quid in illum iratus plus satis faxit, pater (TerHeaut. 198)45. plerique omnes (TerAnd. 55)46. pleraque omnia (TerHeaut. 830)47. egregiam uero laudem et s. spolia a. ampla r. refertis (VergAen. 4, 93)48. cui nisi pariter obuiam iretur (SallHist. 1, frg. 92 M.)49. tune hic eras, mi Phaedria? (TerEun. 86)50. quaesiui: nunc ego eam, mi Phaedria, multae sunt causae (TerEun. 144-145)51. mi Phaedria, et tu (TerEun. 190)52. aut pacem Troiano ab r. rege p. petendum (VergAen. 11, 230)53. arma a. acri f. faciendum u. uiro (VergAen. 8, 441)54. non eam ne nunc quidem, cum accersor ultro (TerEun. 46-47)55. contineo (TerEun. 103)56. adeon est demens? ex peregrina? (TerAnd. 469)57. genus unde Latinum (VergAen. 1, 6)58. qui <scis>?— modo e Dauo audiui (TerAnd. 302)59. causam dicere prius unde petitur aurum (TerEun. 10-11)60. matri mercator dono dedit (TerEun. 108-109)61. accipe n. nunc D. Danaum i. insidias et c. crimine a. ab < u. uno > d. disce o. omnes (VergAen. 2, 65-66)62. sororem plerique esse credebant meam (TerEun. 118)63. utrumque hoc falsum est: effluet (TerEun. 121)64. abs te petere et poscere (TerHeaut. 926)65. tute scis postilla quam intimum habeam te (TerEun. 127-128)66. potin est hic tacere? (TerEun. 101)67. hoc agite si uultis, spectatores (PlautAsin. 1)68. stabulo frenos a. audire s. sonantis (VergGeor. 3, 184)69. emit inquit eam dono mihi (TerEun. 135)70. me miseram! uereor ne illud grauius Phaedria tulerit (TerEun. 81)71. Samia mihi mater fuit (TerEun. 107)72. nunc ego eam, mi Phaedria, multae sunt causae quamobrem cupio abducere: primum quod soror est dicta (TerEun. 144-146)73. egone id timeo? (TerEun. 162)74. egone non ex animo misera dico? (TerEun. 179)75. quam ioco rem a me <..> impetrare abs te nequeo, biduum saltem ut concedas20 (TerEun. 1279-182)76. neque enim ignorantia res claudit (SallHist. 3, frg 48, 25 M.)77. nihil socordia claudebat (SallHist. frg. inc. 23 M.)78. si quisquam est qui placere se studeat bonis quam plurimis et minime multos laedere, in his poeta hic nomen profitetur suum (TerEun. 1-3)79. o, regem me esse oportuit! (TerPho. 70)80. hic sunt tres minae (TerEun. 471)81. nos munera templis quippe tuis ferimus (VergAen. 4, 217-218)82. per uim ac dolum abducta ab Rhodio tibicine (CicVerr. 2, 3, 34, 78)83. falsa lacrimula (TerEun. 67)84. mene fugis? (VergAen. 4, 311)85. nonne ubi dixti cupere te (TerEun. 165)86. sine illum priores partes hosce aliquot dies (TerEun. 151)87. bene fecisti (TerEun. 1091)88. iam uero mitte, Demea, tuam istanc iracundiam (TerAd. 754)89. aut quid petis istis? (VergAen. 9, 94)90. nam eius fratrem spero iam propemodum repperisse (TerEun. 203-204)91. si uanum aut falsum aut fictum est (TerEun. 104)92. ne quid sit huius oro (TerHec. 338)93. nihil me istius facturum, pater (TerHeaut. 571)94. quid petis istis? (VergAen. 9, 94)95. patri quo modo obsequare et ut serues quod labore inuenerit (TerHeaut. 1039-1040)96. qui nolo mentiare (TerHeaut. 701)97. iubesne? (TerEun. 389)98. cogo atque impero (TerEun. 389)99. nullus dixeris (TerHec. 79)100. nullus credas (PlautTrin. 606)101. te indulgebant, tibi dabant (Heaut. 988)102. parasiti personam... et militis (TerEun. 26)103. et laetos oculis afflarat honores (VergAen. 1, 591)104. ita me di ament, honestus (TerEun. 474)105. quamuis solus a. auem c. caelo d. deiecit a. ab a. alto (VergAen. 5, 542)106. obsequium amicos, ueritas (TerAnd. 68)107. conueni (TerEun. 234)108. αἶψα γὰρ ἐν κακότητι βροτοὶ καταγηράσκουσι (HomOd. 19, 360)109. quis hic homo est (TerPho. 991)110. quid hoc est hominis? (TerEun. 546)111. quid mulieris (TerHec. 643)112. quid ornatus (TerEun. 546)113. homo homini quid praestat stulto intellegens? (TerEun. 232)114. nam nemo illorum quisquam ad te uenit, quin ita paret sese, ut abs te blanditiis quam minimo pretio suam uoluptatem expleat (TerHec. 67-69)115. ponite spes sibi quisque (VergAen. 11, 309)116. nec, si miserum fortuna Sinonem finxit, uanum etiam mendacemque improba finget (VergAen. 2, 79-80)117. neque fortuna eget, quippe quae probitatem industriam aliasque artes neque dare neque eripere cuiquam potest (SallJug. 1, 3, 4 - 1, 4)118. uideo sentum (TerEun. 236)119. corpulentior habere atque habitior (PlautEpid. 10)120. quod habui perdidi (TerEun. 237)121. mei loci atque ordinis hominem (TerEun. 234-235)122. sequiturque sequentem (VergAen. 11, 695)123. cum tacent, clamant (CicCatil. 1, 21, 6)124. ego infelix neque ridiculus esse neque plagas pati possum (TerEun. 244)125. his ego non paro me, ut rideant (TerEun. 249)126. hoc tempore obsequium amicos, ueritas odium parit (TerAnd. 67-68)127. quod te isti facilem et festiuum putant, id non fieri ex uera uita neque adeo ex aequo et iusto, sed ex indulgendo atque assentando et largiendo, Micio (TerAd. 986-988)128. uel tu ais uel negas (PlautRud. 1331)129. apud saeclum prius (TerEun. 246)130. aucupium (TerEun. 247)131. Numerius Equitius Cuppes, inquit, et Manius Macellus singulari latrocinio multa loca habuerunt infesta. his in exsilium actis bona publicata sunt, aedes ubi habitabant dirutae eque ea pecunia scalae deum penatium aedificatae sunt. ubi habitabant, locus, ubi uenirent ea, quae uescendi causa in urbem erant allata. itaque ab altero Macellum, ab altero Forum Cuppedinis appellatum (VarrAntHum. 9, 1 Mirsch)132. concurrunt (TerEun. 256)133. salutant (TerEun. 259)134. ad cenam uocant (TerEun. 259)135. donat habere uiro decus et tutamen in armis (VergAen. 5, 262)136. ante ostium (TerEun. 267)137. tristem uideo (TerEun. 267)138. his certe — neque amor causa est — uix ossibus haerent (VergBuc. 3, 102)139. o noster, quid fit? quid agitur? (TerAd. 885)140. nihil dixit, ut sequerere sese? (TerEun. 735)141. ingens uirium (SallHist. 3 frg 91 M)142. diues opum (VergAen. 1, 14)143. abundans < lactis (VergBuc. 2, 20)144. summum suum impertit Gnatho Parmenonem (TerEun. 270-271)145. haec opera ut data sit (TerAd. 530)146. multos tamen ab adulescentia bonos insultauit (SallHist. 2 frg 23 M)147. nota tibi (VergAen. 1, 669)148. haut temere est uisum. c. conclamat ab agmine V. Volcens (VergAen. 9, 375)149. quibus aspera quondam uisa maris facies (VergAen. 5, 767-768)150. cum me ipsum <noris> quam elegans formarum spectator siem? in hac commotus sum (TerEun. 565-566)151. noua figura oris. — papae! (TerEun. 317)152. dabit ille ruinam a. arboribus (VergAen. 12, 453)153. in Eunuchum suam (TerEun. 32)154. ait, quid iam te, senium atque insulse sophista? (LucilSat. 15 frg 4 M)155. floccipendere (TerEun. 411)156. ergo alacris cunctosque p. putans e. excedere p. palma (VergAen. 5, 380)157. ubi quaeram, ubi inuestigem, quem perconter, quam insistam uiam, incertus sum (TerEun. 294-295)158. dum memor ipse mei (VergAen. 4, 336)159. non eadem arboribus pendet uindemia nostris (VergGeor. 2, 89)160. non eadem arboribus p. pendet u. uindemia n. nostris (VergGeor. 2, 89)161. nostri foeda fuga (SallJug. 38, 7)162. quae habitudo est corporis! (TerEun. 242)163. namque humeris de more habilem suspenderat arcum (VergAen. 1, 318)164. at nihil ad nostram hanc (TerEun. 361)165. taedet cotidianarum harum formarum (TerEun. 297)166. et sucus pecori et lac subducitur agnis (VergBuc. 3, 6)167. et Phrygiae molimur montibus Idae (VergAen. 3, 6)168. terribili impexum saeta c. cum d. dentibus a. albis (VergAen. 7,667)169. alma Venus c. caeli s. subter l. labentia s. signa (LucrRerNat. 1, 2)170. ni stulta sis (PlautMen. 110)171. nihil socordia claudebat (SallHist. frg. inc. 23 M)172. demiror (TerHec. 529)173. deamo te, Syre (TerHeaut. 825)174. ante fores autem et triclini limina quidam perditus Tiresia tussi grandaeuus gemebat (LucilInc. 110 M)175. Turnus ut infractos a. aduerso M. Marte L. Latinos d. defecisse u. uidet (VergAen. 12, 1-2)176. uerum: uidi Cantharam suffarcinatam (TerAnd. 769-770)177. haec superat ipsam Thaidem (TerEun. 231)178. o infortunatum senem, si et hic amare coeperit28 (TerEun. 298-299)179. corpora nondum conclamata iacent (LucPhars. 2, 22-23)180. agite amabo (TerEun. 130)181. facie honesta (TerEun. 230)182. et laetos oculis afflarat honores (VergAen. 1, 591)183. senex atque anus (TerHec. 621)184. aut quid petis istis? (VergAen. 9, 94)185. ista quidem qui n. nota m. mihi t. tua m. magne u. uoluntas I. Iuppiter (VergAen. 12, 808-809)186. audio et fateor (TerPho. 236)187. non audio (TerPho. 485)188. hoc tu his probabis (CicInc.)189. migrantis cernas (VergAen. 4, 401)190. tute hoc intristi, tibi hoc est exedendum, accingere (TerPho. 318)191. cum interea Metellus monte degrediens cum exercitu conspicatur, primo dubius quidnam insolita facies ostenderet (SallJug. 49, 5)192. numquam omnes hodie moriemur inulti (VergAen. 2, 670)193. id amabo adiuta me (TerEun. 150)194. audire uocem uisa sum modo militis (TerEun. 454)195. non dabitur regnis, esto, prohibere Latinis (VergAen. 7, 313)196. ait? aio (TerEun. 252)197. uel hic Pamphilus iurabat quotiens Bacchidi, quam sancte (TerHec. 60-61)198. magnas uero agere gratias Thais mihi? (TerEun. 391)199. uectus equo spumante Saces (VergAen. 12, 651)200. Tartessum, Hispaniae ciuitatem, quam nunc Tyrii mutato nomine Gaddirum habent (SallHist. 2 frg 5 M.)201. nulla meis sine te quaeretur gloria rebus, seu pacem seu bella geram: tibi maxima rerum uerborumque fides (VergAen. 9, 278-280)202. solam nam perfidus ille te < c. colere > (VergAen. 4, 421-422)203. inuidere omnes mihi (TerEun. 410)204. illa se i. iactet i. in a. aula Aeol. Aeolus et c. clauso u. uentorum c. carcere r. regnet (VergAen. 1, 140-141)205. fecundi leporis sapiens sectabitur armos (HoratSerm. 2, 4, 44)206. ceruam uidere fugere, sectari canes (TerPho. 7)207. iugularas (TerEun. 417)208. ibus denumerem stipendium (PlautMil. 74)209. emori cupio (TerHeaut. 971)210. lepus tute es et pulpamentum quaeris? (TerEun. 426)211. eone es ferox, quia habes imperium in beluas? (TerEun. 415)212. quid ni esset? (TerEun. 418)213. par pari34 referto, quod eam mordeat (TerEun. 445)214. uisaeque canes ululare per umbram aduentante dea (VergAen. 6, 257-258)215. quid est? ecquid attendis? ecquid animaduertis horum silentium? (CicCatil. 1, 20, 11)216. ecquid nos amas? (TerEun. 456)217. de fidicina (TerEun. 457)218. quique sui memores aliquos fecere merendo (VergAen. 6, 664)219. quae pacta in conuentione non praestitissent (SallHist. fr. inc. 24 M.)220. cuius aduersa uoluntate colloquio militibus permisso corruptio facta paucorum et exercitus Syllae datus est (SallHist. fr. 1, 91 M.)221. cupere ex Aethiopia (TerEun. 165)222. munus nostrum ornato uerbis quoad poteris (TerEun. 214)223. Siculo prospexit a. ab u. usque P. Pachyno (VergAen. 7, 289)224. carcer uix carcere dignus (LucilSat. 3, 1, 1, 10 Marx)225. eunuchum uelle dixti te, quia solae utuntur his reginae: repperi (TerEun. 167-168)226. atque integer aeui (VergAen. 9, 255)227. et laetos oculis afflarat honores (VergAen. 1, 591)228. quid tu ais, Gnatho? numquid habes quod contemnas? — tacet: satis laudat (TerEun. 475)229. quid tu, Thraso? (TerEun. 475)230. docte sermones utriusque linguae (HoratCarm. 3, 8, 5)231. nouimus et qui te (VergBuc. 3, 8)232. qui se uidente amicam patiatur suam (TerHeaut. 913)233. et istum aemulum quod pote<ri>s ab ea pellito (TerEun. 214-215)234. dehonestamento [tamen esse] corporis maxime laetabatur (SallHist. 1, frg, 88 M.)235. non sibi <soli> postulat te uiuere et sua causa excludi ceteros neque pugnas narrat (TerEun. 480-482)236. neque tibi obstat (TerEun. 483)237. ubi <tu uoles, ubi> tempus tibi erit (TerEun. 484-485)238. ait? aio (TerEun. 252)239. seruum hominem causam orare leges non sinunt (TerPho. 292)240. et istum aemulum, quoad poteris, ab ea pellito (TerEun. 214-215)241. domini pauperis miserique (TerEun. 486-487)242. eorum ingenia admiror simul (TerEun. 250)243. quem? quemnam? recte admones, Polycletum esse dicebant (CicVerr. 2, 4, 5, 10-11)244. leti discrimine paruo n. ni t. teneant c. cursus ; c. certum < e. est > d. dare l. lintea r. retro (VergAen. 3, 685-686)245. ne uult (PlautEpid. 586)246. ecqua inde parua perisset soror (TerEun. 521)247. at uide, quam immerito aegritudo haec oritur mihi abs te, Sostrata (TerHec. 223)248. minore numquam fui dispendio (PlautMen. 485)249. tempus constitutum est (TerEun. 541)250. locus constitutus est (TerEun. 541)251. Chaeream ei rei praefecimus (TerEun. 540-541)252. Eurypylum scitantem37 o. oracula Ph. Phoebi m. mittimus (VergAen. 2, 114-115)253. pro Iuppiter (TerEun. 550)254. et studio incassum uideas gestire lauandi (VergGeor. 1, 387)255. at ne tum quidem emersisti, lutulente, quaeso, ex naturae tuae sordibus (CicPis. 12, 27)256. primum ab eo animaduertenda iniuria (TerAnd. 156)257. inibis a me solidam et grandem gratiam (PlautCurc. 405)258. ut pernoscatis, quid sibi Eunuchus uelit (TerEun. 45)259. quid mihi uelim (TerEun. 556)260. sanus sim anne insaniam (TerEun. 556)261. O pietas animi (EnnAnn. 1 frg 15 M.)262. arripui (TerEun. 571)263. uos me sequimini (TerEun. 506)264. haecine erant itiones (TerPho. 1012)265. hunc, oro, sine me furere ante furorem (VergAen. 12, 680)266. ego homuncio hoc non facerem? (TerEun. 591)267. quam mox uirginem accersant (TerAd. 889-890)268. imus, uenimus, <uidemus> (TerPho. 103)269. Oceanum interea surgens Aurora reliquit (VergAen. 11, 1)270. dum lauamur (TerEun. 595)271. namque ut conspectu in medio turbatus i. inermis c. constitit (VergAen. 2, 67-68)272. uobis laetus e. ego h. hoc c. candentem i. in l. litore t. taurum c. constitutam a. ante a. aras u. uoti reus (VergAen. 5, 236-237)273. accipio tristis (TerEun. 596)274. et fidibus scire (TerEun. 133)275. cantando tu illum? (VergBuc. 3, 25)276. uasto certamine tendunt (VergAen. 12, 553)277. multa putans sortemque animi miseratus iniquam (VergAen. 6, 332)278. prius adero40 quam te amare desinam (PlautBacch. 100)279. sine te amem (PlautBacch. 19)280. nam ut ex mari timida es (PlautBacch. 106)281. uxorem inquit Philumenam pauitare nescio quid dixerunt (TerHec. 320-321)282. addit se sociam timidisque superuenit Aegle, <Aegle>, naiadum pulcherrima (VergBuc. 6, 20-21)283. carcer uix carcere dignus (LucilSat. 3, 1, 1, 10)284. occultum i. inspires i. ignem fq. fallasque ueneno (VergAen. 1, 688)285. longumque b. bibebat a. amorem (VergAen. 1, 749)286. praesente amicis inter cenam d. d??? o. o??? (PompErg. Ribb. 3, frg. 2)287. id praesente legatis omnibus exercitu pronuntiat (VarrMarc. Gramm. 47, 2 Funaioli.)288. festinantibus in summa inopia patribus (SallHist. 2, frg. 46 M.)289. urbem quam statuo, uestra est (VergAen. 1, 573)290. temptatura p. pedes o. olim u. uincturaque l. linguam (VergGeor. 2, 94)291. mea tu (TerAd. 289)292. amabo (TerEun. 664)293. in mentem tibi non uenit causam45 publicam sustinere (CicDivCaec. 8, 27)294. conclusam hic habeo uxorem saeuam (TerPho. 744)295. haec nox scita est exercendo scorto conducto male (PlautAmph. 288)296. quid tibi interrogatio47 aut <in> consilium huc accessio? (PlautTrin. 709)297. quid tibi acceptio est argumentum aut de meo amore uerbificatio est patri? (CaecHarp. frg 63, Ribbeck)298. adornant, ut lauet (TerEun. 582)299. adornant, ut lauet (TerEun. 582)300. athyonidi50 satin ex facie florem delegeris (LucilSat. 1, frg. 19 M.)301. spectator formarum elegans (TerEun. 565)302. uietam uestem (LucrRerNat. 3, 386)303. ueteris poetae maledictis respondeat (TerAnd. 7)304. αὐτός ἐστιν γαλεώτης γέρων (MenEun. frg. 3 Meineke)305. γαλῆ (MenInc. 188.1)306. ἥσθην γαλεώτῃ καταχέσαντι Σωκράτους (AristophNub.174)307. contra firmam argumentationem aliam aeque firmam aut firmiorem opponamus (CicInv. 1, 51, 96)308. senem mulierem (TerEun. 357)309. sola mihi talis c. casus C. Cassandra c. canebat (VergAen. 3, 183)310. temulenta es (TerEun. 655)311. en ego uicta situ (VergAen. 7, 452)312. pulsus ego (VergAen. 11, 392)313. concordia discors (LucPhars. 1, 98)314. sequiturque sequentem (VergAen. 11, 695)315. educata ita, ut teque illaque dignum est (TerEun. 748)316. nescis quod scis, Dromo, si sapis (TerHeaut. 748)317. pedes captat primo, luctator dolosus est (PlautPseud. 1251)318. temptatura pedes olim uincturaque linguam (VergGeor. 2, 94)319. uerum illud uerbum est, uulgo quod dici solet (TerAnd. 426)320. ubi friget, huc euasit (TerEun. 517)321. ut multos mensesque diesque, non tamen aetatem (LucilSat. 1, frg 17 M.)322. deponunt animos n. nil m. magnae l. laudis e. egentis (VergAen. 5, 751)323. quasi tu dicas factum id consilio meo (TerAnd. 502)324. adfuit et Mnestheus (VergAen. 10, 143)325. sine modo (TerEun. 65)326. ut ego illi facile in oculos inuolem uenefico! (TerEun. 648)327. arma, pecuniam sume utere, et quoad uixeris, numquam tibi redditam gratiam putaris: semper apud me integra erit56 (SallJug. 110, 4)328. quicum res tibi est, peregrinus est, minus potens quam tu, m. minus n. notus , m. minus a. amicorum h. hic h. habens (TerEun. 759-760)329. apage amor (PlautTrin. 257)330. omnia prius experiri quam a. armis s. sapientem d. decet (TerEun. 789)331. aut quid petis istis? (VergAen. 9, 94)332. ne quam contumeliam (SallJug. 58, 5, 4)333. desuetaque bello a. agmina i. in a. arma u. uocat s. subito fq. ferrumque r. retractat (VergAen. 7, 693-694)334. ipse u. uocat p. pugnas ; s. sequitur t. tunc < c. cetera > p. pubes (VergAen. 7, 614)335. quicquid d. dicunt l. laudo (TerEun. 251)336. sola mihi talis casus C. Cassandra c. canebat (VergAen. 3, 183)337. quae, malum, haec impudentia est? (PlautEpid. 710)338. pecuniam in loco n. neglegere m. maximum i. interdum <est> l. lucrum (TerAd. 216)339. et in proeliis actu promptus (SallHist. frg. 5, 4, 1 M.)340. nimirum dabit haec Thais mihi m. magnum m. malum (TerEun. 508)341. si te in platea hac offendero posthac, q. qvod d. dicas m. mihi "alium quaerebam, iter hac habui", peristi (TerEun. 1064-1065)342. sequimini (TerEun. 772)343. post principia (TerEun. 781)344. mane (TerEun. 788)345. quid agimus? (TerEun. 1088)346. hos prius introducam (TerEun. 492)347. nimia est miseria nimis pulchrum esse hominem (PlautMil. 68)348. iubeo Chremetem (TerAnd. 533)349. id rursum si negant, laudo id quoque (TerEun. 251)350. et fidum c. capiti s. subduxerat e. ensem (VergAen. 6, 524)351. libenter ait se facturam (CicVerr. 2, 1, 138, 4)352. renumeret d. dotem h. huc e. eat (TerHec. 502)353. nisi tibi mauis eripi (TerEun. 796)354. cantando tu illum? (VergBuc. 3, 25)355. tu illam tangas? (TerEun. 797)356. state, uiri. quae c. causa u. uiae ? q. quiue e. estis i. in a. armis ? (VergAen. 9, 376)357. delibera hoc, dum ego redeo, leno (TerAd. 196)358. si uim faciet, in ius ducito hominem (TerEun. 768)359. furta paro belli (VergAen. 11, 515)360. et dulcia furta (VergGeor. 4, 346)361. quae quis apud superos, furto l. laetatus i. inani , distulit i. in s. seram c. commissa p. piacula m. mortem (VergAen. 6, 568-569)362. omnia prius experiri q. quam a. armis s. sapientem d. decet (TerEun. 789)363. idem hoc tu ais, Thais? (TerEun. 810)364. primum aedis (TerEun. 773)365. multa putans s. sortemque a. animo m. miseratus i. iniquam (VergAen. 6, 332)366. decora domi (CaecInc. frg. 34 Ribb.)367. quamquam domi cupio, opperiar tamen (PlautTrin. 842)368. en ego uicta situ q. quam u. ueri e. effeta s. senectus (VergAen. 7, 452)369. nec tacui demens etc. (VergAen. 2, 94)370. ne retice, ne uerere (TerHeaut. 85)371. hem, quid nunc obtices62? (TerPho. 938)372. uipera (IuvSat. 6, 641)373. excetra (PlautPseud. 218)374. sacrilega (TerEun. 829)375. id uero serio t. triumphat (TerEun. 393)376. scelesta (TerEun. 817)377. uenefica (TerEun. 825)378. hos prius introducam et quae uolo simul i. imperabo : p. post h. huc c. continuo e. exeo (TerEun. 492-493)379. edicit ne u. uir q. quisquam a. ad e. eam , < a. adeat e. et > m. mihi n. ne a. abscedam i. imperat (TerEun. 578)380. tace, egomet conueniam ipsum (TerAd. 209)381. ueritas inest i. in u. uultu a. atque < i. in > u. uerbis f. fides (TerAnd. 857)382. dominam esse extra noxiam68 (TerHeaut. 298)383. unguibus o. ora s. soror f. foedans et p. pectora p. pugnis (VergAen. 4, 673)384. praedam p. pedibus c. circumuolat u. uncis (VergAen. 3, 233)385. descendo ac d. ducente d. deo f. flammam i. inter et h. hostis e. expedior (VergAen. 2, 632-633)386. hinc me digressum u. uestris d. deus a. adpulit o. oris (VergAen. 3, 715)387. ut tanta repente mutatio non sine deo uideretur (SallHist. 4, frg. 60 M)388. non obtusa adeo gestamus pectora Poeni (VergAen. 1, 567)389. egregiam uero laudem et s. spolia a. ampla r. refertis t. tuque p. puerque t. tuus (VergAen. 4, 93-94)390. at non in Venerem segnes nocturnaque bella (VergAen. 11, 736)391. ueretur bella et ingens facinus (PoetInc.)392. (PoetInc.)393. uicimus, o socii, et magnam pugnauimus pugnam (LucilInc. 111 M)394. dabit ille ruinam arboribus s. stragemque s. satis (VergAen. 12, 453-454)395. egregiam uero laudem (VergAen. 4, 93)396. quem? quemnam? (CicVerr. 2, 4, 3, 5)397. huic supponatur hircus unctus nautea (PlautCas. 1018)398. illa g. gradum s. studio c. celebrabat a. anili (VergAen. 4, 641)399. an in astu uenit? (TerEun. 987)400. gladiatori illi confecto et saucio (CicCatil. 2, 24, 5)401. hoc nemo fuit minus ineptus, magis78 seuerus q. quisquam n. nec m. magis c. continens (TerEun. 226-227)402. panem in dies mercari (SallJug. 44, 5, 8)403. foedi oculi (SallCat. 15, 5, 2)404. atque illi Misenum in l. litore s. sicco u. ut u. uenere u. uident i. indigna m. morte p. peremptum (VergAen. 6, 162-163)405. cantu uocabat in c. certamina d. diuos (VergAen. 6, 172)406. sed quidnam P. Pamphilum e. exanimatum u. uideo ? uereor quid siet. o. opperiar u. ut s. sciam n. num q. quid h. haec t. turba t. tristitiae a. adferat (TerAnd. 234-235)407. quam amabat uirginem83, eam confeci sine molestia (TerEun. 928)408. adeo nobilem (TerEun. 204)409. ubi quaeram, u. ubi i. inuestigem (TerEun. 294)410. ho, tune is eras? (TerPho. 945)411. equidem orante, ut ne id f. faceret , Thaide (TerEun. 956)412. qui tibi ad F. Forum A. Aurelium p. praestolarentur a. armati (CicCatil. 1, 24, 2)413. quasi de i. improuiso r. respice a. ad e. eum (TerAnd. 417)414. et uox faucibus haesit (VergAen. 2, 774; 3, 48; 4, 280; 12, 868)415. beneuolens tuus atque amicus. — satin salue? dic mihi (PlautTrin. 1177)416. inde ortus sermo percunctantibus utrimque, satin salue, quam grati ducibus suis, quantis familiaribus copiis agerent (SallHist. frg 1, 34, 1)417. et quicquid huius feci, causa uirginis feci (TerEun. 202-203)418. Thaidi (TerEun. 983)419. pro eunucho (TerEun. 991)420. pro eunucho (TerEun. 991)421. an potius ita me comp. comparem non per. perpeti meretricum contumelias ? (TerEun. 47-48)422. audaciam meretricum specta (TerEun. 994)423. non perpeti meretricum contumelias? (TerEun. 48)424. alterae dum n. narrat , f. forte a. audiui (TerHeaut. 271-272)425. quantum hic o. operi f. fiat p. paenitet (TerHeaut. 72)426. paenitetne te quod ancillam solam? (PlautTruc. 533)427. an miseros qui Troas Achiuis obiecit? (VergAen. 10, 89-90)428. confossiorem te faciam soricina nenia (PlautBacch. 888-889)429. iam dudum te amat (TerEun. 448)430. iam haec tibi aderit s. supplicans u. ultro (TerEun. 811-812)431. hancine ego ut contumeliam tam insignem in m. me a. accipiam , G. Gnatho ? m. mori m. me s. satius est (TerEun. 771-772)432. simplex munditiis, heu quotiens fidem mutatosque deos flebit et aspera nigris aequora uentis et mirabitur insolens, qui nunc te fruitur credulus aurea (HoratCarm. 1, 5, 5-9)433. unde igitur potius incipiam? (CicVerr. 2, 4, 3, 1)434. formosum pastor Corydon ardebat Alexin, delicias d. domini , n. nec q. quid s. speraret h. habebat (VergBuc. 2, 1-2)435. precario (TerEun. 319)436. accingunt o. omnes o. operi (VergAen. 2, 235)437. pol, Crito, a. antiquum o. obtines (TerAnd. 817)438. <ego> quae in rem tuam sint ea uelim facias (TerPho. 449)439. ego sedulo hunc dixisse credo (TerPho. 453)440. ego amplius deliberandum censeo (TerPho. 457)441. accingunt o. omnes o. operi (VergAen. 2, 235)442. agrum in his r. regionibus m. meliorem n. neque p. preti m. maioris n. non h. habet (TerHeaut. 63-64)443. pendetque i. iterum n. narrantis a. ab o. ore (VergAen. 4, 79)444. multa uiri u. uirtus a. animo (VergAen. 4, 3)445. et habet quod det et dat nemo largius (TerEun. 1078)446. illos p. porticibus rex a. accipiebat i. in a. amplis (VergAen. 3, 353)447. facete, lepide, laute, n. nil s. supra (TerEun. 427)448. nescis qui uir siet (TerAd. 723)449. ornatus esses ex tuis uirtutibus (TerAd. 176)450. hunc ego c. comedendum et d. deridendum censeo (TerEun. 1087)Notice Editoriale
Aelii Donati in Eunuchum Terenti commentum
[fr] Commentaire d'Aelius Donat à L'Eunuque de Térence[en] Aelius Donatus' Commentary on Terence's EunuchusAeli Donati quod fertur Commentum Terenti (Vol. 1.2)Ediderunt, interpretati sunt et adnotauerunt :
[fr] Edition, traduction et commentaire :[en] Edition, translation and commentary by :Bruno Bureau (PR) - Université Jean Moulin-Lyon 3Christian Nicolas (PR) - Université Jean Moulin-Lyon 3Emmanuelle Raymond (MCF) - Université d'AngersAuxilio editoribus fuerunt :
[] Assistants à l'édition : [] Assistants to Editors : Sarah Blanchonnet (Professeur agrégé) - Muriel Claisse (Docteur, professeur de classes préparatoires) - Audrey Ferlut (Professeur certifié, docteur) - Marie Formarier (Professeur agrégé, docteur, ATER) - Christelle Laizé (Docteur, professeur de classes préparatoires) - Johanne Lévy (Docteur, professeur de classes préparatoires) - Gaspard Mourier (étudiant) - Cécile Reboul (Professeur de classes préparatoires) - Mireille Revelut (Professeur certifié) - Gérard Salamon (MCF) - ENS LyonFranck Testard (Professeur agrégé) - EditeurUniversité Jean Moulin-Lyon 3UMR 5189 (HiSoMA)AHN (Atelier des Humanités Numériques) ENS LyonLyon2011-04-19Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti 1.2
Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti accedunt Eugraphi Commentum et Scholia Bembina recensuit Paulus Wessner, Lipsiae, in Aedibus B. G. Teubneri, 1902.Editio textus latini sine ulla translatione a pagina tomi primi editionis Pauli Wessner 263 ad paginam 497. [fr] Edition en latin du commentaire pages 263-497 de l'édition Wessner, tome 1.[en] Latin text without translation corresponding to pages 263-497 of Wessner's edition, vol. 1.