Aelii Donati in Hecyram Terenti commentum
Praefatio
hecyra est hvic nomen fabvlae haec cvm data
est 1 Haec fabula Apollodori
dicitur esse Graeca, nam et ipsa et Phormio ab eodem dicuntur esse
translatae, cum reliquae quattuor sint Menandri comici. hecyra autem dicitur ideo, quia per
socrus et soceros in ea aguntur multa; nam et
ἑκυρός
et
ἑκυρά
soceri nomen
socrusque
significant. 2 Est autem mixta
motoriis actibus ac statariis. 3 Multumque sententiarum et figurarum continet in toto
stilo. unde cum delectet plurimum, non minus utilitatis affert
spectatoribus. 4 Atque in hac primae
partes sunt Lachetis, secundae Pamphili, tertiae Phidippi, quartae
Parmenonis et deinceps aliarum personarum, quae his adiunctae sunt.
51 Diuisa est autem,
ut ceterae, quinque actibus legitimis, quos in subditis
distinguemus. 6 In hac prologus est et
multiplex et rhetoricus nimis, propterea quod saepe exclusa haec
comoedia diligentissima defensione indigebat. atque in hac πρότασις turbulenta est,
ἐπίτασις mollior,
lenis καταστροφή. 7 Acta sane est ludis Megalensibus
S.
Sexto
Iulio
C.
Caio
Rabirio aedilibus curulibus egitque
L.
Lucius
Ambiuius. modulatus est eam Flaccus Claudi tibiis
paribus. tota Graeca est, facta et edita quinto loco
Cn.
Cnaeo
Octauio
T.
Tito
Manlio consulibus. 8 Cantica et deuerbia summo in hac fauore suscepta
sunt. 9 Προτατικὰ πρόσωπα, id est personae extra
argumentum, duae sunt, Philotidis et Syrae. 10 In tota comoedia hoc agitur, ut res nouae fiant nec
tamen abhorreant a consuetudine: inducuntur enim beniuolae socrus,
uerecunda nurus, lenissimus in uxorem maritus et item deditus matri
suae, meretrix bona.
hecyra est hvic nomen fabvlae haec cvm data
est 1 L'original grec de cette
pièce passe pour être d'Apollodore, en effet, elle-même et le
Phormion passent pour avoir été traduites du même
auteur, alors que les quatre autres pièces sont du poète comique
Ménandre. L'Hécyre
s'appelle ainsi, parce que beaucoup de choses sont faites par
l'entremise de "belles-mères" (socrus) et de "beaux-pères"
(socer) ; en effet
ἑκυρός
et
ἑκυρά
signifient "beau-père" (socer) et "belle-mère" (socrus). 2 La pièce est mixte, avec des actes mouvementés et
des actes statiques. 3 Elle contient
beaucoup de sentences et de figures, dans l'ensemble de son
écriture. Ainsi, alors qu'elle est extrêmement plaisante, elle n'en
est pas moins utile aux spectateurs. 4 Et dans cette pièce le premier rôle est celui de
Lachès, le second celui de Pamphile, le troisième celui de Phidippe,
le quatrième celui de Parménon et ensuite ceux des autres
personnages, qui leur sont adjoints. 5 Elle est divisée, comme les autres, en cinq actes
réglementaires, dont nous ferons le détail ci-dessous. 6 Il y a un prologue à cette pièce, abondant et
extrêmement rhétorique, parce que, à cette comédie souvent
rejetée305, il manquait une défense
scrupuleuse. Et dans celle-ci, l'exposition (πρότασις) est agitée, le
nœud (ἐπίτασις)
plus calme, le dénouement (καταστροφή) paisible. 7 Elle a bel et bien été jouée pour les Jeux
Mégalésiens donnés sous les édiles curules Sextus Julius et Caius
Rabirius306 et c'est Lucius Ambivius qui la joua307. Flaccus,
affranchi de Claudius, la mit en musique avec des flûtes égales.
Elle est entièrement grecque, représentée la cinquième, sous le
consulat de Cnaeus Octavius et Titus Manlius308. 8 Les parties
chantées et les dialogues y ont été accueillis avec les plus grandes
marques de faveur. 9 Les personnages
protatiques (προτατικὰ
πρόσωπα), c'est-à-dire les personnages extérieurs à
l'intrigue, sont au nombre de deux, Philotis et Syra. 10 Dans toute la comédie il s'agit de laisser
place à des innovations, sans cependant qu'elles soient
incompatibles avec l'usage : en effet sont mis en scène des
belles-mères bienveillantes, une bru modeste, un mari très doux
envers son épouse et qui plus est dévoué à sa mère, une courtisane
femme de bien.
Vitiatam in tenebris ante nuptias, cui
anulum extorserat, meretricem amans dum ignorat Pamphilus, duxit
uxorem grauidam ex compressu suo. quam peregre profectus cum
reliquisset domi, rediens parientem offendit furtim et apud matrem
suam. qua re commotus dum repudium inuitis parentibus et causam
repudii nescientibus parat, per meretricem, apud quam anulus
inuentus est, cognoscit tandem et a se uitiatam uxorem et ex se
natum filium.
C'est la jeune fille qu'il avait
déshonorée dans l'obscurité avant son mariage, à qui il avait
arraché un anneau, que Pamphile, amant d'une courtisane, prend pour
femme, sans le savoir, enceinte de ses œuvres. Celle-là, alors qu'il
était parti à l'étranger en la laissant à la maison, voilà qu'à son
retour il la trouve en train d'accoucher en cachette et chez sa
mère. Ébranlé par cette affaire, alors qu'il se prépare à la
répudier au regret de ses parents qui ignorent la cause de la
répudiation, c'est grâce à la courtisane, chez qui l'anneau a été
trouvé, qu'enfin il reconnaît que c'est par lui que sa femme a été
déshonorée, et que l'enfant qui est né est de lui.
1 Primus
actus colloquium continet meretricis Philotidis ac lenae Syrae cum
Parmenone, ut per harum personas, quae
προτατικαί
dicuntur, argumentum spectator addiscat. 2 Secundi actus tenor in hoc est: immeritam
uxorem ueluti malam socrum accusat Laches et conuenit Phidippum de
eadem causa, statim post quorum colloquium Sostratae inducitur
conquestio, quod falsum crimen inuidiosumque sustineat. 3 Tertio actui haec ascribuntur: conquestio
Pamphili peregre redeuntis de amore suo circa uxorem, partitudo
Philumenae, Sostratae uerba super aegritudine nurus, quam morbo
credit afflictam, fletus Pamphili errantis, cum putat non ex se
filium natum esse, colloquium Parmenonis cum pueris a naui
uenientibus et mox cum ipso Pamphilo, a quo in arcem mittitur, item
Lachetis Phidippique et Pamphili uerba de reconcilianda illi coniuge
et eorundem inuicem litigiosa dissensio. 4 Quartum actum haec complent: perturbatio Myrrinae ex
interuentu mariti et eiusdem cum eo nimis callida ac muliebris
astutiae disceptatio, Sostratae Pamphili Lachetisque colloquium,
inclamatio patris et soceri aduersum Pamphilum uxorem recusantem,
conuentio meretricis promittentis se iusiurandum matronis
exhibituram de non admisso ad se Pamphilo. 5 In quinto actu Bacchidis narratio de intus gestis et
colloquium cum Parmenone inducitur, quem nuntium mittit ad
Pamphilum, Pamphilique ad ultimum actio gratiarum apud ipsam
Bacchidem. 6 Docet autem Varro neque
in hac fabula neque in aliis esse mirandum, quod actus impares
scaenarum paginarumque sint numero, cum haec distributio in rerum
discriptione, non in numero uersuum constituta sint, non apud
Latinos modo, uerum etiam apud Graecos ipsos.
1 L'acte I
contient un entretien de la courtisane Philotis et l'entremetteuse
Syra avec Parménon, afin qu'à travers ces personnages, que l'on
appelle protatiques
(
προτατικαί
), le spectateur prenne connaissance de
l'argument. 2 Telle est la teneur de
l'acte II : Lachès accuse son épouse, qui ne l'a pas mérité, d'avoir
été une mauvaise belle-mère et tombe d'accord avec Phidippe sur le
même sujet. Aussitôt après leur entretien, entre en scène Sostrata
qui se plaint de ce qu'elle endure une accusation fausse et
révoltante. 3 Voici ce qui est assigné
à l'acte III : la plainte de Pamphile de retour de l'étranger au
sujet de son amour pour sa femme, l'accouchement de Philumène, les
paroles de Sostrata sur l'indisposition de sa belle-fille, qu'elle
croit malade, les pleurs de Pamphile dans l'erreur, lorsqu'il pense
que l'enfant qui est né n'est pas de lui, l'entretien de Parménon
avec les esclaves venant du navire et bientôt avec Pamphile
lui-même, qui l'envoie à la ville haute, pareillement les paroles de
Lachès et Phidippe puis Pamphile sur la réconciliation avec son
épouse et leur vif désaccord mutuel. 4 Voici ce qui remplit l'acte
IV : le trouble de Myrrhina causé par l'intervention de son mari, la
dispute qu'elle a avec lui, très rusée et pleine de rouerie
féminine, l'entretien de Sostrata, Pamphile et Lachès, l'exclamation
du père et du beau-père contre Pamphile qui refuse de reconnaître
son épouse comme telle, l'arrivée de la courtisane qui promet
qu'elle ira jurer aux matrones que Pamphile n'est pas reçu chez
elle309. 5 A l'acte V, on a le
récit des faits et gestes de Bacchis à l'intérieur, et est
représenté l'entretien avec Parménon, qu'elle envoie comme messager
à Pamphile, et enfin les remerciements de Pamphile envers Bacchis.
6 Varron enseigne que ni dans cette pièce ni dans les autres il n'y
a lieu de s'étonner qu'il y ait du disparate dans le nombre de
scènes et de pages des actes dans la mesure où cette subdivision
s'appuie sur une série d'événements, non sur un nombre précis de
vers, et ce tant chez les Latins que chez les Grecs310.
Prologus
Prologus primus
Hecyra est huic nomen fabulae. haec cum
data
L'Hécyre est le nom de
cette pièce. Lorsqu'elle fut donnée
1 hecyra est hvic nomen
fabvlae a nomine coepit, ut incognitam probaret et ideo
spectandam. 2 hecyra est hvic nomen
fabvlae nominatiuo casu figurauit, cum in usu sit, ut
datiuo dicamus. quamuis praesto sint exempla, quibus ueteres per
omnes fere casus hoc genus locutionis enuntiabant. 3 hecyra est hvic nomen fabvlae haec primo
data est sine prologo ludis Megalensibus, quos
S.
Sextus
Iulius et Cornelius Dolabella ediderunt, sed occupato
populi studio funambulis2 displicuit. postremo3 data
est ludis funebribus
L.
Lucii
Aemilii Pauli, quos fecerunt
Q.
Quintus
Fabius Maximus et Cornelius Africanus. tunc quoque non
peracta est per studium populi circa gladiatores. tertio ad
postremum introducta
Q.
Quinto
Fuluio
L.
Lucio
Marcio aedilibus uirtute actoris
L.
Lucii
Ambiuii Turpionis4 est commendata. 4 hecyra est hvic nomen fabvlae totus hic
prologus subtilem conquestionem continet ob hoc, ne aperte populum
neglectae5 fabulae reum faciat et facile
reuocet in fauorem. 5 haec cvm data est
nova ita dicitur data est
fabula, ut data cena
est et datum est
prandium. et edidit a dato descendit. 6 haec cvm data est nova novvm intervenit sic
et Homerus «
κεῖσο μέγας
μεγαλωστί, λελασμένος ἱπποσυνάων
16 ». 7 et
dari dicitur fabula cum
agitur, stare cum
placet. 8 haec cvm data est nova novvm
intervenit vitivm σύλλημψις prima: deest enim huic. et est figura παρονομασία noua nouum.
1 hecyra est hvic
nomen fabvlae le prologue commence par le titre de la
pièce, pour prouver qu'elle est inédite et, pour cette raison,
qu'elle doit être vue. 2 hecyra est hvic
nomen fabvlae l'auteur a fait une figure en mettant le
titre au nominatif quand selon l'usage nous mettrions le datif. On
a cependant des exemples à disposition qui montrent que les
Anciens mettaient ce genre d'énoncé à presque tous les cas311. 3 hecyra est hvic nomen fabvlae la pièce a
d'abord été jouée sans prologue aux Jeux Mégalésiens que donnèrent
les édiles curules Sextus Iulius et Cornelius Dolabella, mais à
cause d'un engouement du peuple pour des funambules, elle déplut.
Ensuite elle fut jouée aux Jeux Funèbres en l'honneur de Paul
Emile que donnèrent Quintus Fabius Maximus et Cornelius Africanus.
Cette fois encore, elle ne fut pas jouée jusqu'au bout en raison
d'un engouement du peuple pour des gladiateurs. Pour la troisième
fois enfin elle fut présentée sous les édiles Quintus Fulvius et
Lucius Marcius. La valeur du chef de troupe Lucius Ambivius
Turpion la recommanda312. 4 hecyra est hvic
nomen fabvlae l'ensemble de ce prologue enferme une
plainte discrète car il s'agit de ne pas ouvertement accuser le
public d'avoir négligé la pièce et de facilement regagner ses
faveurs. 5 haec cvm data est nova on
dit ainsi data est fabula
(on donne une pièce)313, comme data cena est (on donne un dîner) et
datum est prandium (on
donne un déjeuner). edidit vient de dare. 6 haec cvm data est nova novvm intervenit de
même Homère : « κεῖσο μέγας μεγαλωστί, λελασμένος ἱπποσυνάων » (tu
gisais, immense sur un espace immense, sans plus songer aux
courses de chevaux)314. 7 Et dari
(être donné) se dit lorsque la pièce est jouée, stare (rester à l'affiche)
lorsqu'elle plaît315. 8 haec cvm data est
nova novvm intervenit vitivm syllepse (σύλλημψις) de
première catégorie : il manque en effet huic 316. Et noua
nouum est une paronomase (παρονομασία).
est noua1337, nouum interuenit uitium
et calamitas
comme pièce inédite, il arriva de
l'inédit : un vice de forme et une calamité,
1 vitivm et
calamitas bene secundum augures: uitium enim est, si tonet tantum,
uitium et calamitas uero,
si tonet et grandinet simul uel etiam fulminet. 2 vitivm et calamitas uitium translatio ab augurio, ut
uitio creati consules
dicuntur. 3 calamitas παρὰ τὴν καλάμην dicitur, clades quia clamatur7; ut aliud sit
grandinis culmum frangentis, aliud furti aut doli mali. sic
Probus.
1 vitivm et
calamitas cela vient bien des augures : c'est en effet un
"vice de forme" (uitium),
s'il ne fait que tonner, mais c'est un "vice de forme doublé d'une
calamité" (uitium et
calamitas), s'il tonne et grêle en même temps, voire
si la foudre tombe. 2 vitivm et
calamitas il y a un sens métaphorique de uitium (vice de forme) emprunté à la
langue augurale, lorsqu'on dit que les consuls sont nommés contre
les auspices (uitio)317. 3 calamitas vient de
καλάμη
(chaume, paille), clades est ainsi dénommé parce qu'il
se "clame" (clamatur) en
sorte qu'il y un sens de calamitas quand le mot s'applique à
une averse de grêle déchiquetant les épis, un autre quand il
s'applique à de la ruse ou à une fourberie318. C'est l'avis de Probus.
ut neque spectari neque cognosci
potuerit,
de sorte qu'on ne put ni la voir ni en
prendre connaissance :
1 vt neqve
spectari uitium quod non spectata est, calamitas quod non
cognita. 2 vt neqve spectari neqve
cognosci mira defensio, siquidem non iudicio
comoedia exacta est. Si non cognosci, spectari quoque non potuerit,
cognitura scilicet si8 audiretur. 3 vt neqve spectari neqve cognosci ideo
theatrum, ideo spectatores, ideo actores, et magis par in gestu est
quam in uerbis cognosci uel probari. 4 uel cognosci sciri an haec iure inscribatur hoc est
quae scita sit nomine ita sit omnino9.
1 vt neqve
spectari c'est un "vice de forme" (uitium) que la pièce n'ait pas été
vue, une "calamité" (calamitas) qu'elle n'ait pas été
portée à la connaissance des spectateurs. 2 vt neqve spectari neqve cognosci défense
paradoxale puisque ce n'est pas à la suite d'un jugement que la
comédie a été repoussée ; de fait, si on n'a pas pu la cognoscere (connaître/instruire), on
n'a pas pu non plus la spectare (voir/approuver),
évidemment au terme d'une instruction (cognitura), à supposer qu'on lui eût
accordé audience319. 3 vt neqve spectari
neqve cognosci voilà pourquoi on parle de "théâtre"
(theatrum), de
"spectateurs" (spectatores), d'"acteurs"
(actores)320, et il est plus convenable
d'être connu (cognosci)
et approuvé (probari) en
actes qu'en paroles. le plus important réside dans la gestuelle,
plus que dans les paroles. 4 Ou bien
cognosci signifie le fait qu'on sache si
c'est à bon droit que cette pièce porte son titre, c'est-à-dire si
elle, qui est connue par son nom, est bien telle dans sa
totalité321.
ita populus studio stupidus in
funambulo
ainsi le public, bouche bée devant un
funambule,
1 ita popvlvs stvdio
stvpidvs a deriuatione causae: "non quia mala est",
inquit, "exclusa est, sed quia populus funambuli admiratione
obstupuit", quod infra de gladiatoribus dicet ad commutationem
causae inducendam. 2 ita popvlvs
stvpidvs10 hic excusatur et populus, qui neque iudicauit
de fabula neque tamen stulte errauit. 3 stvpidvs pro stupens ut «
timidisque superuenit
Ae.
Aegle
2 ».
1 ita popvlvs stvdio
stvpidvs tiré de la dérivation de la cause322 : "ce n'est pas parce qu'elle est mauvaise",
dit-il, "qu'elle a été rejetée, mais parce que la foule a été
frappée d'admiration pour un funambule", ce qu'il dira plus bas au
sujet de gladiateurs pour introduire le déplacement de la
cause. 2 ita popvlvs stvpidvs ici
il excuse même le public, qui n'a pas émis de jugement sur la
pièce sans toutefois s'être sottement trompé323. 3 stvpidvs
pour stupens :
« timidisque superuenit Aegle » (et Églé vient en aide aux jeunes
gens affolés)324.
animum occuparat. nunc haec planest pro
noua,
avait accordé son attention à cet
acrobate. A présent elle est vraiment comme inédite,
pro nova recte: iam enim non est noua.
pro nova correctement dit : en effet elle
n'est plus "nouvelle" (noua).
et is qui scripsit hanc ob eam rem
noluit
et celui qui l'a écrite n'a pas eu
cette idée en voulant
et is qvi scripsit hanc ob eam rem
ob eam rem id est
ob eam causam, quasi dicat:
"non iterum acta est sine causa". cur non ergo nunc post
funambulum relata est, si illi cesserat? in qua maluit auarum
poetam inducere quam suo operi diffidentem11.
et is qvi scripsit hanc ob eam rem
ob eam rem c'est-à-dire
"pour cette raison" (ob eam
causam), comme s'il disait : "ce n'est pas sans raison
qu'elle n'a pas été jouée une seconde fois". Et pourquoi donc
maintenant, après le funambule, n'a-t-elle pas été jouée à
nouveau, s'il est vrai qu'il lui avait cédé la place ? Dans cette
pièce, il325 a préféré mettre en scène un poète cupide plutôt
qu'un poète désespérant de son œuvre326.
iterum referre ut posset iterum1338 uendere.
la faire jouer une seconde fois de
pouvoir la vendre une seconde fois.
1 itervm referre
superuacuum est12. 2 vt posset itervm vendere aliis scilicet
ludis. hoc, ut diximus, ad laudem fabulae refertur,
postquam tantum fiduciae poetae dedit.
1 itervm
referre il y a pléonasme327. 2 vt posset itervm
vendere à l'occasion d'autres jeux bien sûr. Cela, comme
nous l'avons dit, renvoie à l'éloge de la pièce, après avoir
accordé une si grande place à la confiance en soi du poète328.
alias cognostis eius; quaeso hanc
noscite.
Vous en connaissez d'autres de lui ; je
vous prie, prenez connaissance de celle-là.
alias cognostis eivs qvaeso hanc noscite
mire illi fauorem ex aliis petit, quae spectatori notae sunt
eiusdem poetae, quasi haec omnino nota sint13. at in Andria, quae omnium prima est, aliter; ait enim
«
ut pernoscatis, ecquid spei sit reliquum, quas
faciet
314 » etc.
alias cognostis eivs qvaeso hanc noscite il
est remarquable qu'il réclame pour l'auteur la faveur qui lui
vient d'autres pièces, que le spectateur connaît du même poète,
comme si ces autres pièces étaient parfaitement connues. Mais dans
L'Andrienne, qui est la première de toutes, il en va
autrement ; il dit en effet « ut pernoscatis, ecquid spei sit
reliquum, quas faciet » etc.
Prologus alter
9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | 32 | 33 | 34 | 35 | 36 | 37 | 38 | 39 | 40 | 41 | 42 | 43 | 44 | 45 | 46 | 47 | 48 | 49 | 50 | 51 | 52 | 53 | 54 | 55 | 56 | 57
orator ad uos uenio ornatu prologi
C'est en orateur que je viens à vous
costumé en Prologue ;
1 orator ad vos venio
ornatv prologi magna arte hic prologus scriptus est et
nimis oratorie, nam totiens expulsa fabula quomodo honeste
reuocari potuit, nisi primo ipsa impudentia pro fiducia
proferretur et deinde actor peritissimus ipse Ambiuius probaret et
poetam et comoediam, cuius auctoritas elucet ex uerbis, tum deinde
subtiliter nouo poetae a uetusto et magnae auctoritatis Caecilio
peteretur exemplum et peteretur ingeniosissime? nam quod rudi
Terentio contigit, dicit accidisse ueteri Caecilio, quod huic
semel, illi saepe, quod huic in aliis numquam, hoc illi fere in
omnibus, quod huic Hecyra exacta probatae sunt ceterae, illi
partim exactae partimque uix probatae. itaque his omnibus
argumentis id actum est, ut neque desperandum sit de Terentio,
quod expulsus est, et nihilominus tantum illi attribuendum sit, ut
aut par Caecilio, magno tunc poetae, aut ultra etiam melior esse
possit. hic autem
L.
Lucius
Ambiuius histrio fuit, actor comoediarum. 2 orator ad vos venio oratorem audire
opportere ius gentium est, oratorem non licet iniuriam pati. ideo
ergo, ne expellatur, non se prologum sed oratorem nominat. Plautus «
impias, ere, te: oratorem uerberas
4 ».
1 orator ad vos venio
ornatv prologi ce prologue a été écrit avec grand art et
de façon extrêmement oratoire, car comment une pièce tant de fois
rejetée aurait-elle pu être rappelée de manière honorable, si
d'abord on n'avait mis cette audace même sur le compte de la
confiance, si ensuite l'acteur le plus expérimenté Ambivius
lui-même n'avait approuvé à la fois le poète et la comédie, lui
dont l'autorité se manifeste dans ces paroles329, et si ensuite on n'avait
cherché avec esprit pour le nouveau poète un précédent chez un
ancien, dont l'autorité est grande, Caecilius, et de façon fort
ingénieuse ? En effet, ce qui est arrivé au jeune Térence, il dit
que c'est arrivé au vieux Caecilius. Mais ce qui lui est arrivé
une seule fois, c'est arrivé fréquemment à Caecilius ; ce qui ne
lui est jamais arrivé pour d'autres pièces, c'est arrivé pour
presque toutes à Caecilius ; pour lui, si L'Hécyre a
été rejetée, les autres ont été approuvées, mais pour Caecilius,
son œuvre fut en partie rejetée, et à peine en partie approuvée.
Tous ces arguments mènent à ce but, que l'on ne désespère pas de
Térence, parce qu'il a été rejeté, et qu'on ne lui accorde rien de
moins que d'être l'égal de Caecilius, le grand poète d'alors, ou
même qu'il puisse être meilleur que lui. Quant à ce Lucius
Ambivius, c'était un histrion, acteur des comédies330. 2 orator ad vos venio
l'obligation d'écouter un ambassadeur est un élément du droit des
gens331 ; il n'est pas permis qu'un ambassadeur
souffre une injure. Voilà donc pourquoi, afin de ne pas être
chassé, il ne se désigne pas par le nom de prologus (prologue) mais
d'orator (ambassadeur).
Plaute : « impias, ere, te : oratorem uerberas » (Tu es impie,
maître : tu fouettes un ambassadeur).
sinite exorator sim, eodem ut iure uti
senem
laissez-moi être un orateur exaucé,
que d'user de ce droit, tout vieux que je suis,
1 eodem vt ivre vti
senem liceat ut «
me liceat casus miserari
i.
insontis
a.
amici
5 », 2 sinite exorator sim
orator est dum rogat,
exorator cum impetrauerit:
ita illud dicentis, hoc iam effectus significationem
habet. 3 Et
orator est, cui causa defendenda
mandatur.
1 eodem vt ivre vti senem liceat comme me
« liceat casus miserari insontis amici » (qu'il me soit permis de
plaindre le malheur d'un ami innocent). 2 sinite exorator sim on est orator (ambassadeur) tant qu'on
sollicite par ses prières332, exorator quand on est arrivé à ses
fins333 : ainsi le premier mot renvoie à la plaidoirie,
le second à son résultat. 3 Et
l'orator est celui qui
est chargé de défendre une cause.
liceat quo ire sum usus
adulescentior,
on me permette, tout comme j'avais
l'habitude d'user de ce droit plus jeune,
1 qvo ivre svm vsvs
advlescentior tamquam aliud agens affert exempla, quibus
ostendat turpe non esse Terentio exclusam esse unam illius
fabulam, cum multorum poetarum multae exactae sint et in his
Caecili, cuius illo tempore magna auctoritas fuit. 2 advlescentior haec comparatio minus a
positiuo sonat et uim diminutiuam exprimit, ut «
iam senior, sed cruda deo
uq.
uiridisque
s.
senectus
6 ».
1 qvo ivre svm vsvs advlescentior comme s'il
faisait autre chose, il apporte des exemples par lesquels il
montre que ce n'est pas indigne pour Térence qu'une seule de ses
pièces ait été rejetée, puisque nombreuses sont les pièces de
nombreux poètes qui furent rejetées, et parmi ceux-là, Caecilius,
dont l'autorité était grande à l'époque. 2 advlescentior ce comparatif semble moins
fort à l'oreille que le positif, et exprime une diminution, comme
« iam senior, sed cruda deo uiridisque senectus » (assez vieux
déjà, mais de la vieillesse vive et verte d'un dieu)334.
nouas qui exactas feci ut
inueterascerent.
moi qui ai permis à de nouvelles
pièces qui avaient été rejetées de vieillir,
1 novas qvi exactas feci
vt inveterascerent σύλλημψις. 2 Et inveterascerent agerentur denuo, quia denuo
acta noua dicitur fabula. 3 inveterascerent in consuetudinem uenirent,
spectarentur, amarentur. 4 exactas
expulsas.
1 novas qvi exactas feci vt inveterascerent
syllepse (σύλλημψις). 2 Et inveterascerent qu'elles soient jouées de
nouveau, parce qu'une pièce qui est jouée de nouveau est qualifiée
de noua
(nouvelle). 3 inveterascerent "qu'elles
deviennent classiques", "qu'on y assiste", "qu'on les
apprécie"335. 4 exactas expulsas (chassées).
ne cum poeta scriptura
euanesceret.
afin qu'avec le poète l'œuvre ne
disparaisse pas.
ne cvm poeta scriptvra evanesceret causa
facti honestior non se poetae unius sed ipsius poeticae causa
laborare.
ne cvm poeta scriptvra evanesceret c'est un
plus noble motif d'action que d'œuvrer, non pour la cause du seul
poète, mais pour la cause de la poésie elle-même.
in his1339 quas primum Caecili didici
nouas
Dans les nouvelles pièces de Cécilius
que d'abord j'ai montées,
in his qvas primvm caecili didici novas a
simili argumentum, quod fit per comparationem artificiosam et
oratoriam rerum ac personarum.
in his qvas primvm caecili didici novas
argument par l'analogie, qui consiste en une comparaison adroite
et oratoire des thèmes et des personnes.
partim sum earum exactus, partim uix
steti;
pour une part j'ai été rejeté, pour
une part j'ai eu peine à tenir ;
1 partim svm
earvm uide plus esse in exemplo, siquidem partim exactae
sunt Caecili fabulae, partim uix admissae, cum una Hecyra exclusa
sit. et est sensus: "aut displicui", inquit, "aut aliquibus uix
placui". 2 partim svm earvm exactvs
pro: in aliis aut dimidiis. et simul splendida locutio
est. 3 partim aduerbium
est. 4 Et
proprie locutus est, nam fabulae aut stare dicuntur, aut exigi.
1 partim svm earvm voyez l'avantage qu'il y a
dans cet exemple, si vraiment une partie des pièces de Caecilius a
été rejetée, et une partie acceptée avec peine, alors que seule
L'Hécyre a été rejetée. Et en voici le sens : "soit
j'ai déplu", dit-il, "soit pour certaines j'ai eu de la peine à
plaire". 2 partim svm earvm exactvs
pour : dans d'autres pièces ou dans la moitié de certaines. Et
c'est aussi une expression brillante336. 3 partim est
un adverbe. 4 Et il est employé au
sens propre, car on dit que les pièces soit "tiennent bon"
(stare)337, soit
sont "rejetées" (exigi)338.
quia sciebam dubiam fortunam esse
scaenicam,
parce que je savais que la Fortune de
la scène est douteuse,
qvia sciebam dvbiam fortvnam non igitur
poetae culpa sed casus est; nam ideo
fortuna15 euentum
rettulit.
qvia sciebam dvbiam fortvnam ce n'est donc
pas la faute du poète mais celle du hasard ; c'est pour cela que
c'est la fortune qui a produit l'issue.
spe incerta certum est mihi laborem
sustuli;
c'est pour un espoir incertain que je
me suis chargé d'un labeur certain ;
1 spe incerta certvm est
mihi sententiose. 2 et
uerum, nam ubi certa spes est, nihil opus est labore certo ac
uehementi. 3 spe incerta pro spei incertae an deest in? 4 incerta certvm honesta figura, quae
ἀντανάκλασις
16 dicitur.
1 spe incerta certvm est mihi tient de la
sentence339. 2 Et de fait, là où
l'espoir est sûr, il n'est pas besoin d'un travail précis et
vigoureux. 3 spe incerta pour
spei incertae, ou bien
manque-t-il in ?340
4 incerta
certvm figure élégante, que l'on appelle antanaclase (
ἀντανάκλασις
)341.
easdem agere coepi, ut ab eodem alias
discerem
ces mêmes pièces, j'ai commencé à les
donner, pour en monter d'autres du même auteur,
1 easdem
exactas. 2 coepi coepi17 difficultatem facti et
molimen ostendit. 3 ab eodem
Caecilio scilicet.
1 easdem les pièces rejetées. 2 coepi coepi montre la difficulté de la
chose et l'effort qu'elle requiert. 3 ab eodem Caecilius, évidemment.
nouas studiose ne illum ab studio
abducerem.
de nouvelles, en m'appliquant, pour ne
pas le détourner de ce travail.
1 novas stvdiose ne
illvm ab stvdio τῇ
περιφράσει18. 2 ne illvm ab stvdio
abdvcerem iterum causa honestatis.
1 novas stvdiose ne illvm ab stvdio
périphrase (τῇ
περιφράσει)342. 2 ne illvm ab stvdio
abdvcerem à nouveau une preuve d'honnêteté.
perfeci ut spectarentur; ubi sunt
cognitae,
J'ai réussi à les faire voir ; là où
on en a pris connaissance,
1 perfeci vt
spectarentvr attende quantum pondus habeat, quod non
feci dixit sed potius
perfeci, ut molem
difficultatis ostenderet. 2 vbi svnt
placitae19
nota participium sine uerbo. 3 vbi svnt
c.
cognitae
p.
placitae
s.
svnt
20 elegans promissio, et hanc
placituram, si cognoscatur. et est coniectura a futuro
tempore.
1 perfeci vt spectarentvr voyez quelle force
cela peut avoir, le fait qu'il n'a pas dit feci (j'ai fait) mais plutôt
perfeci, de manière à
montrer le poids de la difficulté. 2 vbi svnt placitae remarquez le participe
sans verbe343. 3 vbi svnt cognitae placitae svnt promesse
élégante, que, elle aussi, elle plaira, si elle vient à être
connue. Et c'est une conjecture fondée sur le futur.
placitae sunt. ita poetam restitui in
locum
elles ont plu. Ainsi j'ai remis le
poète à sa place,
1 ita poetam restitvi in
locvm mire non Caecilium sed poetam, ut hoc generaliter populo
praestitisse, non uni homini uideatur. 2 restitvi in locvm quia remotum et exclusum dixit.
1 ita poetam restitvi in locvm étonnamment,
il ne dit pas Caecilium
mais poetam, afin que,
par ce terme générique, il donne l'impression d'avoir offert ce
bienfait au public en général, et non pas un seul homme344. 2 restitvi in
locvm parce qu'il a dit remotum (éloigné) et exclusum (rejeté)345.
prope iam remmotum iniuria
aduersarium
lui qui était déjà presque éloigné par
l'injustice de ses adversaires
prope iam remmotvm geminauit secundum
antiquos, qui omnes in uerbis liquidas duplicabant.
prope iam remmotvm il met une géminée à la
manière des Anciens, qui tous doublaient les liquides dans les
mots346.
ab studio atque ab labore atque arte
musica.
de l'étude, et du labeur et de l'art
poétique.
1 ab stvdio atqve ab
labore bene ostendit populo se profuisse Caecilium poetam
ad laborem reuocando. 2 atqve arte
m.
mvsica
ab
etiam in tertio commode audiendum est, ut «
hic portus alii effodiunt,
h.
hic
a.
alta
t.
theatris
f.
fundamenta
l.
locant
21
a.
alii
i.
immanisque
c.
columnas
r.
rupibus
e.
excidunt
,
s.
scaenis
d.
decora
a.
alta
f.
futuris
7 ».
1 ab stvdio atqve ab labore il montre bien
qu'il a été utile au public en remettant le poète Caecilius au
travail. 2 atqve arte mvsica il est
convenable d'entendre ab
en troisième position aussi, comme dans « hic portus alii
effodiunt, hic alta theatris fundamenta locant alii immanisque
columnas rupibus excidunt, scaenis decora alta futuris » (ici, des
hommes creusent des ports, là d'autres disposent les profondes
fondations de théâtres, et taillent dans le roc d'immenses
colonnes, fiers décors pour les scènes à venir)347.
quod si scripturam spreuissem in
praesentia
Mais, si, ses écrits, sur le moment,
je les avais méprisés,
in praesentia statim ut a populo
eiciebatur.
in praesentia aussitôt qu'il était rejeté
par le public.
et in deterrendo uoluissem operam
sumere
et si c'est pour l'arrêter que j'avais
voulu employer ma peine,
ut in otio esset potius quam in
negotio,
pour le mettre au repos plutôt qu'au
travail,
vt in otio esset potivs qvam in negotio ex
ipsis rerum nominibus ostendit facilitatem deterrendi.
vt in otio esset potivs qvam in negotio à
partir de mots mêmes, il montre comme il est facile de
décourager348.
deterruissem facile ne alias
scriberet.
je l'aurais découragé facilement d'en
écrire d'autres.
nunc quid petam mea causa aequo animo
attendite:
A présent, ce que je demande, par
égard pour moi, écoutez-le attentivement avec calme :
1 nvnc qvid petam mea
cavsa bene petam et
mea causa quasi
orator. 2 mea cavsa aeqvo animo
commendatio personae leuis per aliam personam grauem secundum
praecepta in rhetoricis.
1 nvnc qvid petam mea cavsa il dit bien
petam et mea causa comme un orateur349. 2 mea cavsa aeqvo
animo recommandation d'une personne de peu d'importance
par l'intermédiaire d'une autre personne importante selon les
préceptes que l'on trouve dans les manuels de rhétorique.
Hecyram ad uos refero, quam mihi per
silentium
c'est L'Hécyre que je
vous rapporte, pièce qu'en silence
1 hecyram ad vos
refero a causa principium narrationis inducitur. 2 hecyram ad
v.
vos
r.
refero
principium a quaestione principali, an cognita
sit et an spectanda sit. 3 qvam mihi a
persona dicentis.
1 hecyram ad vos refero le début du récit est
introduit par la cause350. 2 hecyram ad vos
refero on débute par la question principale, si la pièce
est connue et s'il faut la voir. 3 qvam mihi argument de la personne de celui
qui parle351.
numquam agere lictum est, ita eam
oppressit calamitas.
jamais il ne m'a été permis de donner,
car une catastrophe l'a accablée.
1 ita eam oppressit
calamitas hoc succedit pro illo, quod est a persona
aduersariorum. simul ad fortunam rettulit populi culpam; non enim
dixit, quod praesto erat. 2 ita eam oppressit
calamitas eam calamitatem calamitatem repetiit, ne nos fabulam
dicere illum putaremus.
1 ita eam oppressit calamitas l'argument est
remplacé par celui de la personne des adversaires. En même temps,
il rejette la culpabilité du public sur la Fortune ; en effet, il
ne dit pas ce qui était tout prêt352. 2 ita eam oppressit calamitas eam
calamitatem il répète le mot calamitas (catastrophe), afin que
nous ne pensions pas qu'il parle de la pièce353.
eam calamitatem uestra
intellegentia
Cette catastrophe, votre
intelligence
vestra intellegentia sedabit a iudicum
persona.
vestra intellegentia sedabit argument de la
personne des juges354.
sedabit, si erit adiutrix nostrae
industriae.
y remédiera, si elle vient secourir
notre labeur.
1 nostrae
indvstriae rursus a sua. 2 Et bene περιφράσει usus est, ne diceret
uos...nobis.
1 nostrae indvstriae à nouveau de sa
personne. 2 Et il fait bien
d'utiliser une périphrase (περίφρασις), pour ne pas dire uos...nobis (vous...nous)355.
cum primum eam agere coepi, pugilum
gloria
Dès que j'ai commencé à la donner, des
boxeurs renommés,
1 cvm primvm eam agere
coepi iam hic narratio subtilis inducitur et ut non laedat
populum et ut defendat poetam. 2 pvgilvm gloria περίφρασις ἀντὶ τοῦ pugiles. sed etiam gloriosi, ut minus turpe sit
antelatos eos esse, sicut Vergilius «
magnis cum uiribus
e.
effert
o.
ora
D.
Dares
m.
magnoque
u.
uirum
s.
se
m.
murmure
t.
tollit
,
s.
solus
q.
qui
P.
Paridem
8 » etc. Haec est gloria pugilum, gloria
funambuli. 3 pvgilvm gloria
f.
fvnambvli
a.
accessit
exspectatio22 πολυλογία: pugilum gloria
f.
funambuli
a.
accessit
e.
exspectatio
comitum conuentus. 4 pvgilvm gloria pugil dictus a pugna et pugna a pugno; ueteres namque ante usum ferri
et armorum pugnis et calcibus et morsibus corporumque luctatione
certabant.
1 cvm primvm eam agere coepi ici déjà un
subtil récit est introduit, à la fois en sorte de ne pas offenser
le public et pour prendre la défense du poète. 2 pvgilvm gloria périphrase (περίφρασις) pour
(ἀντὶ τοῦ)
pugiles (boxeurs)356. Mais ils sont
quand même "glorieux" (gloriosi), pour qu'il soit moins
honteux de préférer ceux-là357. Virgile : « magnis cum uiribus
effert ora Dares magnoque uirum se murmure tollit, solus qui
Paridem » etc. (avec sa grande force Dares attire les regards et
se dresse, suscitant le murmure des assistants, lui seul qui à
Pâris etc.)358. Voici la gloire des
boxeurs, la gloire du funambule. 3 pvgilvm gloria fvnambvli accessit
exspectatio polylogie (πολυλογία) : pugilum gloria funambuli accessit exspectatio
comitum conuentus359. 4 pvgilvm gloria pugil (boxeur) vient de pugna (le combat à coups de poings),
et pugna de pugnus (poing) ; en effet les
Anciens, avant qu'il soit d'usage de porter l'épée et les armes,
luttaient avec les poings, les talons et les dents, et au
corps-à-corps.
funambuli eodem accessit
exspectatio
(à quoi s'ajouta la curiosité pour un
funambule)
1 accessit
exspectatio narratio, cur exclusa sit: hanc non poetae
culpa deiectam nec iudicio populi et ideo nunc
admittendam. 2 exspectatio desiderium, ut Vergilius «
exspectate uenis
9 ». 3 fvnambvli eodem duplex
causa ad unam exclusionem adhibetur.
1 accessit exspectatio récit de pourquoi elle
a été rejetée : elle n'a pas été jetée à bas par la faute du poète
ni par le jugement du public, et pour cela elle doit à présent
être acceptée. 2 exspectatio desiderium (désir). Virgile :
« exspectate uenis » (tu arrives, toi qu'on attend)360. 3 fvnambvli
eodem on recourt à une double cause pour un seul
rejet361.
comitum conuentus, studium1340, clamor
mulierum
un atroupement de supporters, leur
passion, les cris des femmes
1 comitvm
conventvs utrum eos comites dicit, qui sunt pugilum
assectatores an seruos qui dominos sequuntur? 2 stvdivm certamen diuersis
fauentium. 3 clamor mvliervm bene
mulierum: non enim timet
eas, suffragari uel refragari non licet in theatro.
1 comitvm conventvs quand il dit comites, parle-t-il des supporters
des boxeurs, ou bien des esclaves qui suivent leurs maîtres ?362 2 stvdivm lutte entre ceux qui accordent
leurs faveurs aux divers spectacles. 3 clamor mvliervm mulierum est bien dit : en effet, il
ne les craint pas, il ne leur est pas permis d'exprimer leur
soutien ou leur opposition au théâtre363.
fecere ut ante tempus exirem
foras.
firent qu'avant le temps imparti je me
trouvais dehors.
vt ante tempvs exirem foras τῷ ἐξουθενισμῷ, ne grauem
passus uideatur iniuriam.
vt ante tempvs exirem foras avec mépris
(τῷ
ἐξουθενισμῷ), afin qu'il ne semble pas avoir subi une
lourde injure.
uetere in noua coepi uti
consuetudine,
Pour la nouvelle comédie, je me mis à
utiliser ma vieille méthode,
1 vetere in
n.
nova
23 ἀντίθετον primum. 2 vetere in nova coepi vti consvetvdine nisi
nouam comoediam
intellexeris, non erit aperta sententia; nam et supra dixit «
nunc haec plane est pro noua
10 ». 3 An in Terentio
noua, quia numquam alias
exclusus est? 4 Et
bene uetere, ut
ostendat turpe non esse, quod et aliis poetis saepe
contigerit.
1 vetere in nova antithèse (ἀντίθετον) de la
première catégorie. 2 vetere in nova coepi
vti consvetvdine à moins de comprendre que cela signifie
noua comoedia, la phrase
ne sera pas claire ; en effet il le dit plus haut aussi : « nunc
haec plane est pro noua » (à présent celle-là se présente vraiment
comme nouvelle). 3 Ou bien est-elle "nouvelle" (noua) pour Térence, parce qu'aucune
autre de ses pièces ne fut rejetée ? 4 Et uetere
est bien dit, pour montrer que n'est pas infamant ce qui est
souvent arrivé à d'autres poètes aussi.
in experiendo ut essem: refero
denuo;
en me mettant à l'épreuve : je la
rapporte à nouveau ;
refero denvo aut re abundat aut denuo.
refero denvo ou bien c'est re- qui est en trop, ou bien
denuo364.
primo actu placeo, cum interea rumor
uenit
au premier acte, je plais ; sur ces
entrefaites, une rumeur arrive
1 primo actv
placeo rationabiliter dixit primo, quia quinque sunt actus, partes
fabulae. 2 placeo studio dixit
placeo pro eo quod est
fabula placet aut
Terentius. 3 Et mire: "non diu", inquit, "pependit
iudicium, sed statim placui", ut quod sequitur non iudicio sed
perturbatione factum sit. 4 cvm interea rvmor
venit datvm iri hoc abhorret a nostra consuetudine,
uerumtamen apud antiquos gladiatores in theatro spectabantur.
1 primo actv placeo il dit primo à raison, parce qu'il y a cinq
actes, divisions de la pièce365. 2 placeo avec recherche il dit placeo pour fabula placet (la pièce plaît) ou
Terentius (Térence)366. 3 Et
remarquablement : "le jugement n'a pas tardé longtemps", dit-il,
"mais j'ai plu tout de suite", de sorte que ce qui suit fut non
pas le fait d'un jugement mais d'une perturbation. 4 cvm interea rvmor venit datvm iri cela est
très contraire à notre habitude, mais chez les Anciens on
assistait aux spectacles de gladiateurs au théâtre367.
datum iri gladiatores: populus
conuolat,
"on va donner des gladiateurs !" : le
peuple y vole,
datvm iri datum
iri dixit ut fabulam, quoniam haec omnia spectatori et
populo dantur.
datvm iri il dit datum iri (allaient être donnés)
comme pour la pièce368, puisque tous ces
spectacles étaient donnés (dari) pour le spectateur et le
public.
tumultuantur, clamant, pugnant de
loco;
ils font du bruit, ils crient, ils se
battent pour les places ;
ego interea meum non potui tutari
locum.
moi, pendant ce temps, je n'ai pas pu
assurer ma place.
non potvi tvtari locvm facete repetit
locum.
non potvi tvtari locvm il répète locum (lieu) avec esprit369.
nunc turba non est; otium et silentium
est;
A présent, plus de trouble ; c'est le
calme et le silence ;
1 nvnc tvrba non
est24 ἀνταπόδοσις πρὸς τὸ tumultuantur; 2 tvrba id est
θόρυβος
. 3 nvnc tvrba non
est turbam rettulit
ad id quod ait supra «
populus conuolat, tumultuantur
11 », otium ad illud
«
pugnant de loco
12 », silentium ad
illud quod dixit «
clamor mulierum
13 ». otivm πρὸς τὸ pugnant; et silentivm πρὸς τὸ clamant. 4 nvnc tvrba non est otivm et silentivm quae
adhortatio per enumerationem!
1 nvnc tvrba non est antapodose (ἀνταπόδοσις)370 à (πρὸς τὸ) tumultuantur371 ; 2 tvrba c'est-à-dire
θόρυβος
(tumulte). 3 nvnc tvrba non
est turba fait
référence à ce qu'il dit plus haut : « populus conuolat, tumultuantur »,
otium à « pugnant de
loco », silentium à son
expression « clamor mulierum ». otivm se rapporte à
(πρὸς τὸ)
pugnant ; et silentivm à
(πρὸς τὸ)
clamant. 4 nvnc tvrba non est otivm et silentivm
quelle exhortation à travers cette énumération372 !
agendi tempus mihi datum est; uobis
datur
à moi, on a donné du temps pour la
jouer ; à vous, on donne
1 agendi tempvs mihi
datvm est ab aedilibus scilicet. 2 vobis datvr potestas condecorandi lvdos
scaenicos quasi et populus aliquid agat, cum spectet.
1 agendi tempvs mihi datvm est par les édiles
évidemment. 2 vobis datvr potestas condecorandi
lvdos scaenicos373 comme si le
public aussi faisait quelque chose, lorsqu'il assiste à la
représentation.
potestas condecorandi ludos
scaenicos;
le pouvoir de faire briller les jeux
scéniques ;
nolite sinere per uos artem
musicam
ne permettez pas que par votre faute
l'art poétique
1 nolite sinere per
vos σχῆμα
διανοίας: ῥητορικὴ ἐπίπληξις. 2 artem mvsicam oratorie, quasi non Terenti
causa agatur sed artis musicae.
1 nolite sinere per vos figure de pensée :
blâme rhétorique (σχῆμα
διανοίας ῥητορικὴ ἐπίπληξις). 2 artem mvsicam style oratoire, comme si ce
n'était pas la cause de Térence qui était plaidée, mais celle de
l'art poétique.
recidere ad paucos; facite ut uestra
auctoritas
se replie chez quelques-uns ; faites
que votre autorité
meae auctoritati fautrix adiutrixque
sit.
soit pour mon autorité un défenseur et
un secours.
1 meae
avctoritati quia iam senex est. 2 favtrix adivtrixqve sit25 qua Terentium probo. et
est figura analogia. uult autem se esse eius auctoritatis, ut et
populo placere iam debeat, qui ipsi placet.
1 meae avctoritati parce qu'il est déjà
âgé. 2 favtrix adivtrixqve sit
par là j'approuve Térence374. Et c'est une figure
d'analogie. Il veut avoir une telle autorité qu'il soit
obligatoire que plaise au public un poète qui lui plaît à lui.
si numquam auare statui pretium arti
meae
S'il est vrai que ce n'est jamais avec
cupidité que j'ai fixé le prix de mon art
1 si nvmqvam
avare commendatio ab ante actis, id est a personae
attributis. 2 si nvmqvam avare a meritis
defensoris argumentum ad laudem fabulae. 3 si nvmqvam avare per haec uerba uult
Terentius demonstrare, quam grauis auctor sit qui suas comoedias
probet. sic Horatius «
ea cum reprendere coner, quae grauis Aesopus, quae
doctus Roscius egit
14 ».
1 si nvmqvam avare recommandation tirée des
jugements précédents, c'est-à-dire de ce qu'on a déjà accordé à
une personne. 2 si nvmqvam avare argument
tiré des mérites du défenseur pour louer la pièce375. 3 si nvmqvam
avare par ces mots, Térence veut démontrer à quel point
celui qui fait approuver ses comédies est un garant important.
Horace : « ea cum reprendere coner, quae grauis Aesopus, quae
doctus Roscius egit » (comme j'ose critiquer ce que jouaient le
puissant Ésope et le docte Roscius)376.
et eum esse quaestum in animum induxi
maximum
ni me suis mis dans l'idée que ce
profit était plus grand
1 et evm esse qvaestvm
in animvm indvxi modo non numquam, subauditur et si, ut sit: et si eum esse etc. 2 et evm esse qvaestvm in animvm indvxi a
commodis26. 3 qvaestvm maximvm qvam maxime27 «
inique iniqui
15 », παρόμοιον.
1 et evm esse qvaestvm in animvm indvxi
si aussi est
sous-entendu, pas seulement numquam, pour avoir : et si eum esse etc.377 2 et evm esse qvaestvm
in animvm indvxi argument par les avantages378. 3 qvaestvm maximvm qvam maxime « inique
iniqui » (injustement les injustes), paronomase (παρόμοιον).
quam maxime seruire uestris
commodis,
que celui de servir le plus possible à
votre agrément,
vestris commodis plus dixit commodis quam si diceret uoluptatibus.
vestris commodis commodum a plus de force que
uoluptas (plaisir).
sinite impetrare me, qui in tutelam
meam
laissez-moi arriver à ce que celui
qui, sous ma tutelle,
sinite impetrare me qvi in tvtelam meam
ordo: "sinite impetrare me, ne eum circumuentum inique iniqui
irrideant, qui in tutelam meam s. s. et s. i. u. c. f.".
sinite impetrare me qvi in tvtelam meam
ordre des mots : sinite impetrare me,
ne eum circumuentum inique iniqui irrideant, qui379 in tutelam meam studium suum et se in uostram
commisit fidem (Laissez-moi arriver à ce que ne soit
pas injustement opprimé <et moqué> par d'injustes personnes
celui <qui> a placé sous ma tutelle son étude et sa personne
sous votre protection).
studium suum et se in uestram commisit
fidem,
a placé son étude et sa personne sous
votre protection
ne eum circumuentum inique iniqui
inrideant.
ne soit pas, opprimé injustement,
d'injustes personnes la risée.
mea causa causam hanc accipite et date
silentium1341
Par égard pour moi, ayez égard à ma
cause et faites silence
1 mea cavsa
cavsam quasi orator causam dixit. 2 mea cavsa cavsam hanc accipite oratorie:
sic enim fit, cum persona pro persona ad commendationem
affertur. 3 et date silentivm quasi
fabulae ac poetae. 4 mea cavsa
cavsam παρονομασία.
1 mea cavsa cavsam comme un orateur, il dit
causam. 2 mea cavsa cavsam hanc accipite style
oratoire : c'est en effet ainsi que l'on fait, lorsqu'une personne
s'offre en recommandation pour quelqu'un. 3 et date silentivm comme si c'était à la
pièce et au poète. 4 mea cavsa
cavsam paronomase (παρονομασία)380.
ut libeat scribere aliis mihique ut
discere
pour qu'il soit permis aux autres
d'écrire et qu'à moi faire jouer
1 vt libeat scribere
aliis oratorie ἀπὸ τῆς ἰσότητος. 2 mihiqve vt discere proprie: docet enim poeta, discit scaenicus.
1 vt libeat scribere aliis style oratoire
construit sur l'égalité (ἀπὸ τῆς ἰσότητος). 2 mihiqve vt discere au sens propre : en
effet, le poète "enseigne" (docere), le chef de troupe381 "met en scène" (discere).
nouas expediat posthac pretio emptas
meo.
de nouvelles pièces soit profitable,
après les avoir achetées à mon prix.
1 novas expediat
posthac ab utili argumentatio est. 2 Et bene ut
expediat, tamquam facturus sit, etsi non expedierit,
dum quaestum maximum seruire populo putat. 3 pretio emptas meo aestimatione a me facta,
quantum aediles darent, et proinde me periclitante, si reiecta
fabula a me ipso aediles quod poetae numerauerint repetant; nam,
quomodo alibi dixit, «
postquam aediles emerant
1628 ». 4 Et bene, ut sequatur populus
iudicium eius, qui aestimare uere fabulas potuerit. Ergo
meo a me facto, a me statuto 29. 5 pretio emptas meo ut
quidam uolunt periculo.
1 novas expediat posthac argumentation par
l'utile. 2 Et ut expediat est bien dit, comme s'il
s'apprêtait à le faire, bien qu'il n'y ait pas trouvé de profit,
dans l'idée que le "plus grand profit" (quaestum maximum) est d'être au
service du public. 3 pretio emptas
meo à partir d'une estimation que j'ai faite de la somme
que les édiles accorderaient, puis, à mon grand dam, la pièce
rejetée, si les édiles me réclamaient à moi-même la somme qu'ils
avaient accordée au poète ; en effet, de cette manière il a dit
ailleurs : "postquam aediles emerant" (après que les édiles
l'avaient achetée). 4 Et c'est bien
dit, pour que le public suive le jugement de celui qui a pu
estimer à leur juste prix les pièces. Donc meo (mon) signifie "fait par moi"
(a me facto),"fixé par
moi" (a me
statuto). 5 pretio emptas
meo selon certains, à mes risques et périls.
Actus primus
scaena prima
Philotis Syra
Ph.-per pol quam paucos1342
reperias meretricibus
Ph.-Nom d'un chien, c'est pas souvent
qu'on trouverait que les courtisanes
1 per pol qvam pavcos
reperias meretricibvs fideles nouo genere hic utraque
προτατικὰ
πρόσωπα inducuntur, nam et Philotis et Syra non
pertinent ad argumentum fabulae. hoc autem maluit Terentius quam
aut per prologum narraret argumentum aut θεὸν ἀπὸ μηχανῆς induceret
loci. 2 per pol qvam pavcos
reperias haec persona Terenti more extrinsecus assumitur,
ut sit per quam argumenti obscuritatem spectator
effugiat. 3 per pol qvam pavcos
animaduertendum est in hac fabula Terentium bonam meretricem
inducturum, ne id contra morem uideatur facere, etiam aliam
meretricem non malam inducere, ut id exemplis fiat tritius et usu
uerisimile. 4 per pol qvam pavcos
reperias ordo: pol perquam paucos reperias; nam perpol non est Latinum, sed τὸ ἑξῆς perquam, id est nimis. 5 qvam pavcos quidam non paucos sed paucis legunt; sic enim Apollodorus
« ὀλίγαις ἐραστὴς γέγον᾽
ἑταίραισιν Σύρα, βέβαιος ». 6 reperias aptum uerbum ad raritatem et ideo
non dixit pauci sunt, sed
paucos reperias, si quos
quaeras. non autem reperietur nisi quod quaeritur, non quaeritur
nisi quod praesto non sit.
1 per pol qvam pavcos reperias meretricibvs
fideles ici, d'une manière inédite, ce sont deux
personnages protatiques (προτατικὰ πρόσωπα) qui sont mis en scène,
car Philotis et Syra ne font pas partie de l'argument de la pièce.
Térence a préféré cela plutôt que de faire raconter au Prologue
l'argument ou de mettre en scène un deus ex machina (θεὸν ἀπὸ μηχανῆς)382
ici. 2 per pol qvam pavcos
reperias ce personnage est pris en dehors de l'intrigue
selon la coutume de Térence, afin que grâce à lui le spectateur
échappe à l'obscurité de l'argument383. 3 per pol qvam pavcos il
faut remarquer que dans cette pièce Térence va représenter une
courtisane bonne, et afin de ne pas sembler agir à l'encontre des
caractères, il représente aussi une autre courtisane qui n'est pas
mauvaise, afin que cela rende ses exemples plus communs et
vraisemblables par l'usage384. 4 per pol qvam pavcos
reperias ordre des mots : pol
perquam paucos reperias (Par Pollux, on trouve bien
peu etc.) ; en effet perpol n'est pas latin, mais tout
attaché (τὸ
ἑξῆς) perquam
(tout à fait) signifie nimis (extrêmement)385. 5 qvam pavcos certains ne lisent pas
paucos mais paucis ; ainsi en effet Apollodore :
« ὀλίγαις ἐραστὴς γέγον᾽
ἑταίραισιν Σύρα, βέβαιος » (il y a un amoureux sûr pour
peu de courtisanes, Syra)386. 6 reperias verbe approprié à l'expression de
la rareté et c'est pour cela qu'il ne dit pas pauci sunt (ils sont peu nombreux),
mais paucos reperias, si
on en cherchait. Et on ne trouvera que ce qu'on cherche, on ne
cherche que ce qui n'est pas sous la main.
fideles euenire amatores, Syra.
tombent sur des amants fidèles,
Syra.
1 fideles
huiusmodi sententias rhetores
προμύθιον
30
uocant. 2 Et mire non esse sed euenire dixit, ut non rationis sed
casus sit, id quod rarissimum est. 3 fideles fidi in maximis, fideles in minoribus negotiis.
1 fideles les rhéteurs appellent les
sentences de ce genre du nom de
προμύθιον
(préambule)387. 2 Et étonnamment il n'a pas dit esse (être) mais euenire (échoir), de sorte que cela
ne tient pas du calcul mais du hasard, ce qui est très
rare. 3 fideles on dit fidus (sûr) pour les affaires
importantes, fidelis pour
les affaires mineures388.
uel hic Pamphilus iurabat quotiens
Bacchidi
Tiens, ce Pamphile, combien de fois il
faisait des serments à Bacchis,
1 vel hic
pamphilvs transitus a generali sententia ad
specialem. 2 vel nunc ueluti; alias coniunctio disiunctiua
est, alias correptionem significat, ut apud Ciceronem «
uel optima Messanae
17 ». 3 vel aut etiam31, «
carmina uel
c.
caelo
p.
possunt
d.
deducere
L.
Lunam
18 » aut uelut
modo32. 4 ivrabat
q.
qvotiens
b.
bacchidi
q.
qvam
s.
sancte
tria sunt: quae iurabat et quotiens et quam
sancte; quod totum de more amatorum ac meretricum, quae
iureiurando teneant quos lege non possunt.
1 vel hic pamphilvs passage d'une
considération générale à une considération particulière389. 2 vel dans cet emploi ueluti (comme) ; ailleurs c'est une
conjonction disjonctive, ailleurs encore cela marque une
restriction, comme chez Cicéron « uel optima Messanae » (sinon la
meilleure de Messine)390. 3 vel ou bien
etiam, comme « carmina
uel caelo possunt deducere Lunam » (les poèmes peuvent même
dérouter la Lune au ciel) ou bien uelut, modo (tantôt)391. 4 ivrabat qvotiens
bacchidi qvam sancte il y a trois choses : quae iurabat (ce qu'il jurait),
quotiens (combien
souvent) et quam sancte
(avec quelle ferveur)392 ; et tout cela parle des
habitudes des amants et des courtisanes, qui tiennent par le
serment ceux qu'elles ne peuvent tenir par la loi393.
quam sancte, ut quiuis facile posset
credere,
et avec quelle ferveur : n'importe qui
pouvait facilement croire
vt qvivis non modo Bacchis, quae amica
erat.
vt qvivis pas seulement Bacchis, qui était
son amie.
numquam illa uiua ducturum uxorem
domum!1343
que jamais, elle vivante, il
n'amènerait une épouse à la maison !
nvmqvam illa viva dvctvrvm vxorem παρένθεσις prima:
iurabat numquam illa uiua uxorem ducturum.
nvmqvam illa viva dvctvrvm vxorem
parenthèse (παρένθεσις) de première catégorie : il
jurait qu'elle vivante, jamais il ne prendrait femme394.
em duxit! Sy.-ergo propterea te
sedulo
Et toc, il l'a fait ! Sy.-C'est donc
pour cela que de tout cœur
1 em dvxit
pronuntia, ut mirantem ostendas. 2 ergo propterea modo ergo affectum exprimit reprehendentis
tarde sibi assentientem. sic Vergilius «
ergo age, care pater,
c.
ceruici
i.
imponere
n.
nostrae
19 ». 3 propterea te sedvlo
sedulo instanter et ex animo uel sine
dolo. 4 em dvxit em aduerbium demonstrantis est, ut
«
em alterum
20 ».
1 em dvxit prononcez cela de manière à
marquer l'étonnement. 2 ergo
propterea ergo
exprime de temps en temps le sentiment de qui blâme celui qui met
du temps à nous approuver. Virgile : « ergo age, care pater,
ceruici imponere nostrae » (viens donc, père bien-aimé, prends
place sur mon dos)395. 3 propterea te sedvlo sedulo signifie instanter (avec insistance) et du
fond du cœur ou sans ruse. 4 em dvxit
em est un adverbe
présentatif, comme « em alterum ».
et moneo et hortor ne cuiusquam
misereat1344
je te conseille et t'avertis : n'aie
pitié de personne ;
1 et moneo et
hortor monemus
consilio, hortamur
impulsu. 2 ne cvivsqvam misereat
deest te.
1 et moneo et hortor nous "avertissons"
(monere) par un conseil,
nous "engageons" (hortari) par une
impulsion. 2 ne cvivsqvam misereat il
manque te396.
quin spolies mutiles laceres quemque
nacta sis.
au contraire, dépouille, estropie,
mets en charpie celui que tu auras trouvé.
1 qvin spolies
mvtiles quin
quominus. et magna
persuasio est ad malefaciendum. 2 spolies 33 spoliare est non minimam partem
auferre, mutilare aliquid
detrahere, sine quo res esse non possit, lacerare autem cum omnino non habeas
quod imminuas. 3 mvtiles imminuas, unde mutili dicti boues aut capri sine
cornibus – nam male qui a multa putant dici – ; et inde
Mulciber Vulcanus, quod
sit mutilatus ac debilis. an proprie Mulciber dictus est, quod omnia
mulceat, id est molliat ac
uincat?
1 qvin spolies mvtiles quin signifie quominus397. Et c'est un grand
encouragement à faire le mal. 2 spolies spoliare (dépouiller) c'est enlever
une partie pas des moindres, mutilare (estropier) retirer quelque
chose, sans quoi la chose ne peut être ce qu'elle est, et
lacerare (mettre en
morceaux) c'est lorsque l'on a à la fin plus rien à
réduire398. 3 mvtiles imminuere (raccourcir), d'où le fait
qu'on appelle mutilus
(estropié) les bœufs ou les boucs sans cornes – en effet, ils sont
dans l'erreur ceux qui pensent que cela vient de multa (amende) – ; et de là Vulcain
est appelé Mulciber, car
on dit qu'il était estropié et faible. Ou bien est-il appelé
Mulciber au sens propre
parce qu'on dit qu'il "apaise" (mulceat) toute chose, c'est-à-dire
qu'il l'adoucit et s'en rend maître399 ?
Ph.-utin eximium neminem habeam?
Sy.-neminem;
Ph.-Sans faire d'exception pour
personne ? Sy.-Personne ;
1 vtin eximivm neminem
habeam utin pro
ut ne ἀπόστροφος34. 2 Et perseuerat in allegoria, nam eximia pecora dicuntur, quae a grege
excepta sunt ad usus dominorum suorum, ut uberius
pascantur. 3 Sed proprie eximii sunt porci maiores, qui ad
sacrificandum excepti uberius pascuntur. etenim boues, qui ad hoc
electi sunt egregii
dicuntur et oues lectae,
ut Vergilius «
mactant lectas de more bidentes
21 ». ita et porci eximii. 4 vtin eximivm deest censes, ut sit: censes utin eximium
neminem habeam? 5 Vel certe
mones. 6 vtin eximivm eximium separatum ex omnibus. proprie
eximius porcus est
exemptus a grege atque
signatus macula aut nota. 7 habeam deest
censes aut uis aut mones.
1 vtin eximivm neminem habeam utin pour ut ne : apostrophe
(ἀπόστροφος)400. 2 Et il poursuit l'allégorie, car on dit
eximius en parlant
d'animaux qui ont été pris au troupeau pour l'usage de leurs
maîtres, afin d'être nourris plus abondamment. 3 Mais au sens propre ce sont les gros porcs qui
sont dits eximii, eux qui
sont nourris plus abondamment et à l'écart en vue du
sacrifice401. En effet, pour les bœufs qui ont été
choisis pour cela, on dit egregius (sorti du lot) et pour les
brebis, lecta (choisie).
Virgile « mactant lectas de more bidentes » (elles immolent des
brebis de choix âgées de deux ans)402. Ainsi les porcs aussi sont dits eximii. 4 vtin eximivm il manque censes (tu penses), pour que ce
soit : "censes utin eximium neminem habeam ?" (penses-tu que je
n'en privilégie aucun ?) 5 Ou du
moins mones (tu me
conseilles). 6 vtin eximivm eximius signifie séparé de tous. Au
sens propre le porc eximius est "retranché" (exemptus) du troupeau et distingué
par une tache ou un signe. 7 habeam il
manque censes (tu penses)
ou uis (tu veux) ou
mones (tu
conseilles).
nam nemo illorum quisquam, scito, ad
te uenit
car pas une seule personne parmi eux,
sache-le, ne vient à toi
1 nam nemo
qvisqvam παρέλκον tertium, nam abundat quisquam. 2 scito ad te venit bene additum scito et moraliter. et acutius
pronuntiandum: est enim uerbum illorum, qui familiares
corrigunt.
1 nam nemo qvisqvam pléonasme (παρέλκον) de troisième
catégorie, car quisquam
est en trop403. 2 scito ad te
venit scito
(sache) est ajouté de façon heureuse et conforme au caractère du
personnage. Et cela doit être prononcé de façon plus appuyée :
c'est en effet un mot propre à ceux qui corrigent leurs
familiers404.
quin ita paret sese abs te ut
blanditiis suis
sans s'arranger pour te soutirer par
ses mamours
1 qvin
qui non. 2 ita paret hoc uerbum aduersum munificos et
segnes sumitur, ut alibi «
itan parasti te, ut spes
n.
nulla
r.
reliqua
in
t.
te
s.
siet
t.
tibi
?
22 ». 3 abs te pro ex te.
1 qvin qui
non405. 2 ita paret ce
verbe est pris contre les dépensiers et les nonchalants, comme
ailleurs « itan parasti te, ut spes nulla reliqua in te siet
tibi ? »406. 3 abs te pour ex
te.
quam minimo pretio suam uoluptatem
expleat.
le moyen d'assouvir son plaisir au
plus bas prix.
svam volvptatem expleat bene expleat, quod contrarium meretrici
est amatorem uoluptate satiari.
svam volvptatem expleat expleat est bien dit, parce que le
fait que l'amant soit rassasié de plaisir est mauvais pour la
courtisane.
hiscine tu amabo non contra
insidiabere?
A de telles gens, toi, je te prie, en
retour tu ne tendras pas de piège ?
1 hiscine tv
ἐρώτησις. 2 Id est talibus. 3 Et uide si pulchra meretrix puella35. 4 insidiabere insidiari malum est, sed contra insidiari iustum est.
1 hiscine tv question (ἐρώτησις)407. 2 C'est-à-dire talibus (à de telles gens)408. 3 Et
voyez si c'est beau une jeune courtisane409. 4 insidiabere "tendre un piège" (insidiari) est mal, mais "répondre à
un piège par un piège" (insidiari
contra) est justifié.
Ph.-tamen pol eandem iniurium est esse
omnibus.
Ph.-Cependant nom d'un chien, être la
même pour tous, c'est pas juste.
1 tamen pol eandem
inivrivm est idem aliter et uehementius intulit, nam peius
est eandem esse omnibus quam nullum excipere. 2 inivrivm iniqvvm iniurium autem indignantis modo
significatio est et uim aduerbii habet.
1 tamen pol eandem inivrivm est elle répète
la même chose autrement et plus violemment car c'est pire d'être
la même pour tous que de ne faire d'exception pour aucun410. 2 inivrivm iniqvvm
iniurium a la
signification d'une indignation et le sens d'un adverbe411.
Sy.-iniurium autem est ulcisci
aduersarios,
Sy.-C'est pas juste de se venger de
ses adversaires,
vlcisci adversarios de more aduersarios mutato nomine posuit:
durum enim fuerat, si amatores diceret.
vlcisci adversarios selon son caractère
elle met aduersarios en
changeant de nom : cela aurait été dur, si elle avait dit
amatores (amants)412.
aut qua uia te captent illi eadem
ipsos capi?
ou d'utiliser le moyen dont ils te
prennent pour les prendre ?
avt qva via te captent illi qui te captant
saepe, tu eos uel semel cape.
avt qva via te captent illi ceux qui te
prennent souvent, toi, prends-les une fois pour toutes.
heu me miseram! cur non aut istaec
mihi
Ah, pauvre de moi ! Pourquoi n'ai-je
pas ton
1 hev me
miseram bene, quia non persuasit, affectum doloris
expressit; intellegit enim ex uultu eius non se persuasisse quod
uoluit. 2 hev me miseram cvr
n.
non
a.
avt
i.
istaec
m.
mihi
ae.
aetas
e.
et
f.
forma
est ἐμπαθῶς ait, quod reliquum est, quia quod
uolebat persuadere non potuit. 3 Et bene, quia utrumque non habet. 4 Et mire e contrario
descripta est deformitas lenae et formam et uoluntatem malam
gerentis.
1 hev me miseram parce qu'elle n'a pas
persuadé, elle a bien exprimé un mouvement de douleur ; elle
comprend en effet, d'après son visage, qu'elle ne l'a pas
persuadée de ce qu'elle voulait. 2 hev me miseram cvr non avt istaec mihi aetas et
forma est elle dit le reste avec émotion (ἐμπαθῶς), parce
qu'elle n'a pu la persuader de ce qu'elle voulait. 3 Et elle fait bien, parce qu'elle n'a pas l'un et
l'autre413. 4 Et c'est de façon
remarquable par opposition qu'est décrite la laideur de
l'entremetteuse qui porte sur elle un aspect et des intentions
mauvaises.
aetas et forma est aut tibi haec
sententia?
âge et ta beauté, ou toi mon bon
sens ?
avt tibi haec sententia δεικτικῶς. simulque
ostendit secundum φυσιογνώμονας difficile deformem reperiri
bonum.
avt tibi haec sententia pour démontrer
(δεικτικῶς).
Et en même temps il montre, conformément aux thèses de ceux qui
étudient la physiognomonie (φυσιογνώμων), qu'il est difficile qu'un
être hideux s'avère bon.
scaena altera
Philotis Syra Parmeno
76 | 77 | 78 | 79 | 80 | 81 | 82 | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 | 92 | 93 | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | 100 | 101 | 102 | 103 | 104 | 105 | 106 | 107 | 108 | 109 | 110 | 111 | 112 | 113 | 114 | 115 | 116 | 117 | 118 | 119 | 120 | 121 | 122 | 123 | 124 | 125 | 126 | 127 | 128 | 129 | 130 | 131 | 132 | 133 | 134 | 135 | 136 | 137 | 138 | 139 | 140 | 141 | 142 | 143 | 144 | 145 | 146 | 147 | 148 | 149 | 150 | 151 | 152 | 153 | 154 | 155 | 156 | 157 | 158 | 159 | 160 | 161 | 162 | 163 | 164 | 165 | 166 | 167 | 168 | 169 | 170 | 171 | 172 | 173 | 174 | 175 | 176 | 177 | 178 | 179 | 180 | 181 | 182 | 183 | 184 | 185 | 186 | 187 | 188 | 189 | 190 | 191 | 192 | 193 | 194 | 195 | 196 | 197
Par.-senex si quaerat1345 me, modo
isse dicito
Par.-Le vieux s'il me demande, dis que
je viens d'aller
1 senex si qvaerat me
modo isse dicito ad portvm hoc seruus dixit in scaenam de
proscaenio respiciens. 2 senex si qvaerat
me duae coniecturae sunt in hac scaena: an uerae sint
nuptiae et an uerisimile sit adulescentem abstinere potuisse a
uirgine sibi nuptum tradita. 3 senex si qvaerat me magis expressit
consuetudinem dicendo senex quam si diceret dominus maior. 4 senex si qvaerat me ut ex uerbis suis tam
meretrix quam lena descripta est, ita et Parmeno ipse qualis sit
ostenditur ex sua sibi locutione. exeundi autem causa de argumento
sumitur, quia Pamphilus absens est et exspectatur in dies eius
aduentus. 5 senex si qvaerat me modo isse
d.
dicito
a.
ad
p.
portvm
haec omnia et submissa et ueloci
pronuntiatione afferenda sunt; hoc enim desiderant huiusmodi uerba
utpote et serui et festinantis.
ex si qvaerat me modo isse dicito ad portvm
l'esclave dit cela en se retournant de l'avant-scène vers la
scène414. 2 senex si qvaerat
me il y a deux conjectures dans cette scène : le mariage
est-il réel et est-il vraisemblable qu'un jeune homme ait pu
s'abstenir de toucher à une jeune fille qui lui a été donnée en
mariage ? 3 senex si qvaerat me il a
mieux exprimé la familiarité en disant senex (le vieux) que s'il avait dit
dominus maior (le vieux
maître)415. 4 senex si qvaerat me de la même façon que,
par leurs paroles, c'est aussi bien la courtisane que
l'entremetteuse qui sont décrites, de même on montre quel genre
d'homme est Parménon par ses mots en aparté416. Le motif de sortie est tiré de l'argument417, parce que Pamphile est absent et qu'on attend son
arrivée dans la journée. 5 senex si qvaerat me
modo isse dicito ad portvm toutes ces choses doivent être
dites à voix basse et prononcées rapidement418 ; voilà en effet ce que
réclament des mots de ce style en tant qu'ils sont propres à un
esclave et à quelqu'un qui se hâte.
ad portum percontatum aduentum
Pamphili.
au port pour me renseigner sur
l'arrivée de Pamphile.
1 percontatvm adventvm
pamphili honestam causam dixit, id est propter aduentum
Pamphili. 2 Et percontatum scribitur et percunctatum. si percontatum, a conto, quo nautae utuntur ad36 loca nauibus opportuna;
si uero percunctatum, ab
eo quod a cunctis
perquiratur.
1 percontatvm adventvm pamphili il a donné un
bon prétexte, c'est-à-dire l'arrivée de Pamphile. 2 Et on écrit aussi bien percontatum et percunctatum419. Si c'est percontatum, cela vient de
contus (perche), que les
marins utilisent pour les endroits convenables aux
navires420 ; mais si c'est percunctatum, cela vient du fait que
cuncti (tous) s'informent
"avec soin" (per-).
audin quid dicam, Scirte? si
quaerat1346 me, uti
Tu entends ce que je dis, Scirtus ?
S'il me demande,
1 avdin qvid dicam
scirte audis modo
sentis, intellegis, ut Vergilius «
progeniem sed enim Troiano a sanguine duci
audierat
23 ». item Vergilius alibi «
neque audit currus
h.
habenas
24 ». 2 avdin qvid dicam
audis modo pro aduertis. 3 scirte κωφὸν πρόσωπον inducitur. 4 avdin qvid dicam scirte conuenit nomen
seruo puero παρὰ
τὸ
σκιρτῶσαι
, quod est gestire et
ludere.
1 avdin qvid dicam scirte audire (entendre) signifie parfois
sentire (sentir),
intellegere (comprendre).
Virgile : « progeniem sed enim Troiano a sanguine duci audierat »
(mais elle avait appris que naissait du sang troyen une race). De
même ailleurs Virgile : « neque audit currus habenas » (et le char
n'obéit plus aux brides). 2 avdin qvid
dicam audire
(entendre) parfois pour aduertere (remarquer). 3 scirte c'est un personnage muet (κωφὸν πρόσωπον) qui est
introduit. 4 avdin qvid dicam scirte
le nom convient au jeune esclave, du verbe grec (παρὰ τὸ)
σκιρτῶσαι
(bondir), qui signifie exulter et
s'amuser421.
tum dicas; si non quaerat1347, nullus dixeris,
alors tu le lui dis ; s'il ne demande
pas, tu ne dis rien,
nvllvs pro non.
nvllvs pour non (ne... pas)422.
alias ut uti possim causa hac
integra.
pour que je puisse placer ailleurs
cette raison sans l'avoir abîmée.
1 alias vt vti
possim inter alias
et alia hoc interest, quod
alias alio tempore significat, alia aliter aut per alia. 2 integra non
dicta.
1 alias vt vti possim entre alias et alia il y a la différence suivante :
alias signifie alio tempore (à une autre occasion),
alia aliter (autrement) ou per alia (par d'autres
moyens)423. 2 integra non
dicta (pas dite).
sed uideon ego Philotium? unde haec
aduenit?
Mais n'est-ce pas Philotis que je
vois ? D'où vient-elle, celle-là ?
1 sed videon ego
philotivm sic solent dubitare aduenientibus ipsis, quos
post multum temporis interuallum uident. 2 sed videon ego philotivm mire inuenta causa
narrandi est ideo, quia peregre uenit meretrix; alioquin si
Athenis esset, omnia sciret. 3 vnde haec advenit cum quodam contemptu eius
hoc sibi dicit Parmeno.
1 sed videon ego philotivm c'est ainsi
qu'ils424 ont l'habitude d'hésiter quand
arrivent ceux-là même qu'on voit après un long intervalle de
temps. 2 sed videon ego philotivm
la raison de la narration est prodigieusement trouvée : la
courtisane arrive de l'étranger ; de fait, si elle avait été à
Athènes, elle aurait tout su. 3 vnde haec advenit c'est avec un certain
mépris pour elle que Parménon dit cela en aparté425.
Philotis, salue multum! Ph.-o salue,
Parmeno!
Philotis, bien le bonjour ! Ph.-Oh,
bonjour, Parménon !
Sy.-salue mecastor, Parmeno! Par.-et
tu edepol, Syra.
Sy.-Par Castor, bonjour Parménon !
Par.-Pareil à toi, par Pollux, Syra.
1 salve mecastor
parmeno olim salutantes addebant iusiurandum, ut hoc
sedulo facere uiderentur. me autem aut adiectio est et abundat
aut positum est pro
μά
syllaba, ut Graeci
μὰ τὸν
Ἀπόλλωνα
dicunt. 2 et tv edepol
syra irrisit ecastor addendo edepol. et quod illa Parmeno, hic addidit Syra. 3 syra sura ueteres legerunt, V pro Y
ponentes37, ut
Musis, Surus.
1 salve mecastor parmeno autrefois ceux qui
se saluaient ajoutaient un juron, afin qu'ils semblent faire cela
de tout cœur. Me est soit
un ajout et est redondant, soit est mis pour la syllabe
μά
, comme les Grecs disent
μὰ τὸν
Ἀπόλλωνα
(par Apollon)426. 2 et tv edepol syra il se moque de ecastor (par Castor) en ajoutant
edepol (par
Pollux)427. Et comme elle a dit Parmeno (Parménon), lui ajoute
Syra (Syra). 3 syra Les Anciens ont lu sura, mettant u pour y, comme
Musis (Mysis), Surus (Syrus)428.
dic mihi ubi, Philotis, te oblectasti
tam diu?
Dis-moi, Philotis, où t'es-tu amusée
si longtemps ?
1 vbi philotis te
oblectasti uide licentiam: supra Philotium hic Philotis dixit. 2 oblectasti tam div facete dictum meretrici:
non ubi fuisti sed
ubi te oblectasti.
1 vbi philotis te oblectasti observez la
licence : plus haut, il a dit Philotium, ici Philotis429. 2 oblectasti tam div spirituellement dit à la
courtisane : non pas ubi
fuisti (où étais-tu) mais ubi te oblectasti.
Ph.-minime equidem me oblectaui, quae
cum milite
Ph.-Vraiment je ne me suis pas du tout
amusée, moi qui, avec un soldat
minime eqvidem me oblectavi me acutius proferendum est, quia
respondet πρὸς
τὸ te.
minime eqvidem me oblectavi me doit-être prononcé de façon plus
appuyée, parce qu'il répond au (πρὸς τὸ) te430.
Corinthum hinc sum profecta
inhumanissimo;
qui n'a pas un sentiment humain, suis
partie d'ici pour Corinthe ;
1 corinthvm hinc svm
profecta τὸ hinc magnum dolorem ostendit habere
Philotium, quod relictis Athenis Corinthi habitauerit. 2 hinc svm profecta
i.
inhvmanissimo
multa dixit: et milite et hinc et inhumanissimo. 3 inhvmanissimo quid potuit de milite dici
sine superlatiuo? namque omnis miles inhumanus, hic uero inhumanissimus. 4 corinthvm hinc svm profecta haec argumenta
sunt, an se oblectare potuerit: a persona quod miles inhumanissimus, a loco quod
hinc profecta, a tempore
quod biennium, a re id est
ab iniuria quod tuli.
1 corinthvm hinc svm profecta le mot
(τὸ)
hinc montre que Philotis
a une grande douleur, de ce que, après avoir quitté Athènes, elle
a habité Corinthe431. 2 hinc svm profecta
inhvmanissimo elle dit beaucoup de choses : à la fois
milite (le soldat),
hinc (d'ici) et
inhumanissimo (très
cruel)432. 3 inhvmanissimo qu'est-ce qui pouvait être
dit du soldat sans superlatif ? En effet, tout soldat est
inhumanus (cruel), mais
ici il est inhumanissimus433. 4 corinthvm hinc svm profecta voici de quoi
sont tirés les arguments pour savoir si elle a pu prendre du bon
temps : de la personne, parce que le soldat est inhumanissimus, du lieu parce que
hinc profecta, du temps
parce que biennium, de la
chose, c'est-à-dire d'une injustice, parce que tuli.
biennium ibi perpetuum misera illum
tuli.
deux ans là-bas, sans interruption,
malheureuse, je l'ai supporté.
1 biennivm ibi
perpetvvm ut continuationem sui casus ostenderet,
perpetuum dixit. 2 misera mulieris38
interpositio τὸ
misera. 3 illvm tvli non cum illo fui sed illum tuli: adeo non me oblectaui.
1 biennivm ibi perpetvvm pour montrer la
continuité de son malheur, elle dit perpetuum434. 2 misera le mot (τὸ) misera est une parenthèse de
femme435. 3 illvm tvli non pas cum illo fui (j'ai été avec lui)
mais illum tuli : c'est
pourquoi elle ne dit pas me
oblectaui (je me suis amusée).
Par.-edepol te desiderium Athenarum
arbitror
Par.-Nom d'un chien, le mal du pays
d'Athènes, je pense, t'a
1 desiderivm
athenarvm quod Corinthum
profecta est. 2 athenarvm
arbitror quod dixit hinc, ἀνταπέδωκεν Athenarum. 3 Et amphibolia te desiderium cepisse. 4 te desiderivm cepisse quod «
cum milite inhumanissimo
25 »39.
1 desiderivm athenarvm parce qu'elle est
partie à Corinthe (Corinthum
profecta). 2 athenarvm
arbitror le « hinc » qu'elle a dit, fait une antapodose
(ἀνταπέδωκεν) avec Athenarum436. 3 Et
te desiderium cepisse est
une amphibologie437. 4 desiderivm cepisse parce que « cum milite
inhumanissimo ».
Philotium, cepisse saepe et te
tuum
souvent prise, Philotis, et tu as
dû
consilium contempsisse. Ph.-non dici
potest
regretter ton projet. Ph.-On ne peut
pas dire
Et consilivm contempsisse
paenitudine esse possessam.
Et consilivm contempsisse
que tu as été assaillie de regrets438.
quam cupida eram huc redeundi, abeundi
a milite
combien je désirais retourner ici, me
détourner du soldat
1 hvc redevndi
iterum a loco; abevndi a milite a persona; 2 hvc redevndi...abevndi...vosqve hic videndi
oratorie unam rem in tria diuisit: huc
redeundi, abeundi a
milite, uosque hic
uidendi, ut diceret huc
ueniendi.
1 hvc redevndi pour la deuxième fois,
argument tiré du lieu ; abevndi a milite argument tiré de la
personne ; 2 hvc redevndi...abevndi...vosqve
hic videndi de manière oratoire elle divise une chose en
trois : huc redeundi,
abieundi a milite,
uosque hic uidendi, pour
dire seulement huc
ueniendi (venir ici)439.
uosque huc uidendi, antiqua ut
consuetudine
et vous voir ici, pour, selon mon
ancienne habitude
vosqve hic videndi a re.
vosqve hic videndi argument tiré de la
chose.
agitarem inter uos libere
conuiuium;
m'occuper avec vous à faire librement
la fête ;
1 agitarem inter vos
libere
c.
convivivm
inter agere et agitare hoc interest, quod agere est aliquid uel necessarium
facere, agitare
uoluptarium. 2 Ergo agitarem exercerem.
1 agitarem inter vos libere convivivm entre
agere (faire) et
agitare (s'adonner
à) il y a cette différence que agere c'est faire quelque
chose précisément parce qu'on ne peut faire autrement, agitare c'est faire quelque
chose de plaisant. 2 Donc agitarem signifie exercerem (de pratiquer).
nam illic1348 haud licebat nisi
praefinito loqui
car là-bas il n'était pas permis de
parler sauf, dans un cadre précis,
1 nisi praefinito
l.
loqvi
a tempore. 2 Hic
ostendit quid dixerit supra «
tuli
26 » et quid sit «
agitare conuiuium libere
27 ». 3 nam illic havd licebat
n.
nisi
p.
praefinito
legitur et illi ut sit circumflexus accentus et
significet illic, ut
«
illi mea tristia facta
28 ». 4 Et absolutum est praefinito: deest tempore aut aliquid tale. 5 nisi praefinito loqvi
i.
illi
qvae
p.
placerent
duo dixit: et praefinito et quae illi placerent, ut neque quantum
uelles neque quod uelles diceres.
1 nisi praefinito loqvi argument tiré du
temps. 2 Ici elle montre ce que veut
dire plus haut « tuli » et ce qu'est « agitare conuiuium
libere ». 3 nam illic havd licebat nisi
praefinito on lit aussi illi avec un accent circonflexe et
qui signifie illic
(là-bas), comme « illi mea tristia facta » (là-bas mes tristes
exploits)440. 4 Et praefinito est employé absolument :
il manque tempore (temps)
ou quelque chose de tel. 5 nisi praefinito
loqvi illi qvae placerent elle dit deux choses : à la fois
praefinito et quae illi placerent, de sorte qu'on
ne puisse ni en dire autant qu'on veut441, ni dire ce que l'on veut.
illi quae1349 placerent. Par.-haud opinor commode
pour dire ce qui lui plairait.
Par.-Cela ne devait pas t'arranger, je pense,
havd opinor commode pro blande et bene, ut «
numquam tam dices commode
29 ».
havd opinor commode pour blande (agréablement) et bene (bien)442, comme « numquam tam dices
commode ».
finem statuisse orationi militem.
cette limite que le soldat mettait à
tes paroles.
finem statvisse orationi militem argute
militem, quia quasi
inimicus est orationi, quae in pace plurimum potest.
finem statvisse orationi militem militem est subtil, parce qu'il est
pour ainsi dire ennemi de la parole, qui en temps de paix a le
plus de pouvoir.
Ph.-sed quid hoc negoti est modo quae
narrauit mihi1350
Ph.-Mais qu'est-ce que c'est que cette
histoire que vient de me raconter
1 sed qvid hoc negoti
est modo qvae narravit mihi ad argumentum40 nunc descendit. in
Phormione41 «
sed quid tu es tristis?
30 ». Praelatis scilicet allocutionibus et separatarum et
permixtarum personarum, ne ieiune ad argumentum uenire et non
agere fabulam sed narrare uideretur. 2 sed qvid hoc negoti bene addidit negoti, ut augeret inuidiam facti;
nam potuit dicere quid hoc
est? sed ut diximus ad inuidiam et magnitudinem rei
negoti
dixit. 3 qvae narravit mihi
quae qualia scilicet et quanta. 4 modo qvae
n.
narravit
m.
mihi
quae
acuendum est, ut sit qualia et quanta. et hoc ὑπερβολικόν.
1 sed qvid hoc negoti est modo qvae narravit
mihi Il en vient maintenant à l'argument. Dans le Phormion
« sed quid tu es tristis ? » (mais pourquoi es-tu triste ?). Sont
mises en avant bien entendu les conversations des personnages,
aussi bien isolés qu'en groupe, afin que l'on ne semble pas en
venir sèchement à l'argument et ne pas jouer la pièce mais la
raconter443. 2 sed qvid hoc
negoti il a bien ajouté negoti, pour augmenter le caractère
odieux du fait ; en effet, il pouvait dire "quid hoc est ?" (qu'en
est-il de cela ?). Mais, comme nous l'avons dit, c'est pour
critiquer et grandir la chose qu'il a dit negoti. 3 qvae narravit mihi : quae vaut évidemment qualia (des choses de telle nature)
et quanta (des choses
aussi importantes). 4 modo qvae narravit
mihi quae doit
être accentué, pour valoir qualia et quanta444. Et c'est hyperbolique (ὑπερβολικόν)445.
hic intus Bacchis? quod ego numquam
credidi
là-dedans, Bacchis ? Quelque chose que
j'ai cru ne jamais devoir
qvod ego nvmqvam credidi hoc totum cum
inuidia pronuntiandum ex animo meretricis, quae facinus indignum
nuptias putat.
qvod ego nvmqvam credidi tout celà doit
être prononcé avec une haine qui vient du cœur de la courtisane,
qui pense que le mariage est un crime indigne.
fore, ut ille hac uiua posset animum
inducere
arriver : il pourrait, elle vivante,
se mettre dans l'idée
1 vt ille hac viva
posset mire ostendit ex iisdem uerbis eandem hanc esse,
quae supra dixerat «
numquam illa uiua uxorem ducturum
d.
domum
31 ». 2 posset animvm indvcere
quasi in rem duram et immanem.
1 vt ille hac viva posset il montre
remarquablement par l'emploi des mêmes mots que c'est bien elle
qui avait dit plus haut : « numquam illa uiua uxorem ducturum
domum ». 2 posset animvm indvcere
pour ainsi dire contre une chose dure et cruelle.
uxorem habere. Par.-habere autem?
Ph.-eho tu, an non habet?
d'avoir une épouse ? Par.-Avoir ?
Ph.-Hé-là, toi, il l'a ou pas ?
habere avtem ostendit pronuntiatione, quod
prope est non ut
non habeat.
habere avtem il insiste par la
prononciation en sorte que ce soit "il ne la possède pas"
(non habere).
Par.-habet, sed firmae hae uereor ut
sint nuptiae.
Par.-Il l'a, mais je crains que le
mariage ne soit pas solide.
1 sed firmae hae vereor vt sint
n.
nvptiae
bene pro persona serui, qui uult dominum
uxorium esse magis quam amatorem Bacchidis. 2 vt ne
non. 3 sed firmae hae
vereor animaduerte Terentium in nuptiis hoc dictum
seruare, utrum firmas an infirmas dicat nuptias.
1 sed firmae hae vereor vt sint nvptiae c'est
bien en conformité avec le personnage de l'esclave, qui veut que
son maître soit attaché à sa femme plutôt que l'amant de
Bacchis. 2 vt ne non446. 3 sed firmae hae vereor remarquez que Térence
conserve cette manière de parler du mariage, de dire si le mariage
est firmus (solide) ou
infirmus (pas
solide)447.
Ph.-ita di deaeque faxint, si in rem
est Bacchidis!
Ph.-Ainsi soit-il, dieux et déesses,
si c'est dans l'intérêt de Bacchis !
1 si in rem est bacchidis bene additum
si in rem est Bacchidis,
ut ostenderet se non malignitatis sed beniuolentiae causa talia
uota suscipere. 2 in rem
pro utilitate, ab re contra utilitatem.
1 si in rem est bacchidis si in rem est Bacchidis est un bon
ajout, pour montrer qu'elle embrasse de tels vœux non par
méchanceté mais par bienveillance. 2 in rem signifie pro utilitate (dans l'intérêt de),
ab re signifie contra utilitatem (contre l'intérêt
de)448.
sed qui istuc credam ita esse dic
mihi, Parmeno.
Mais, pour me faire croire que c'est
ainsi, raconte-moi, Parménon.
1 sed qvi istvc credam "nuptias esse
infirmas". 2 istvc credam ita esse dic
m.
mihi
p.
parmeno
superiore uoto excusauit crimen curiositatis,
ut iam uideretur propter Bacchidem audire uelle.
1 sed qvi istvc credam "que le mariage est
faible". 2 istvc credam ita esse dic mihi
parmeno elle se justifie du grief de curiosité, afin
qu'elle semble désormais vouloir entendre l'affaire à cause de
Bacchis.
Par.-non est opus prolato hoc,
percontarier
Par.-On n'a pas besoin d'étaler ça ;
avec tes questions
1 non est opvs prolato hoc percontarier
desiste uide quam conuenienter poeta cum id agat, ut
narrantem Parmenonem inducat, tamen multis diuerticulis morales
facetias internectat. 2 non est opvs prolato
hoc incerta distinctio, utrum prolato hoc an hoc percontarier.
1 non est opvs prolato hoc percontarier
desiste voyez comme le poète agit convenablement, alors
qu'il fait cela pour introduire la narration de Parménon, en y
entrelaçant cependant par de nombreuses digressions des traits
d'esprits moraux449. 2 non est opvs prolato hoc
ponctuation incertaine, soit prolato
hoc (que cela soit dévoilé), soit hoc percontarier (interroger sur
cela)450.
desiste. Ph.-nempe ea causa ut ne id
fiat palam?
arrête. Ph.-C'est ça, on a peur que
ce soit rendu public ?
ita me di amabunt, haud propterea te
rogo
Pour l'amour du Ciel, je ne te
demande pas cela
ita me di amabvnt amabunt pro ament, ut «
donec regina
s.
sacerdos
M.
Marte
g.
grauis
g.
geminam
p.
partu
d.
dabit
I.
Ilia
p.
prolem
32 ».
ita me di amabvnt amabunt pour ament (qu'ils m'aiment), comme
« donec regina sacerdos Marte grauis geminam partu dabit Ilia
prolem » (jusqu'au jour où une prêtresse royale, Ilia, enceinte de
Mars, donnera naisssance à des enfants jumeaux)451.
ut hoc proferam, sed ut tacita mecum
gaudeam.
pour aller l'étaler, mais pour me
réjouir sans rien dire toute seule.
1 vt hoc proferam prodam, Bacchidi scilicet uel
cuilibet. 2 mecvm gavdeam mecum intra me42. Vergilius «
haec secum
33 ».
1 vt hoc proferam signifie prodam (pour révéler), à Bacchis
bien sûr ou à n'importe qui. 2 mecvm gavdeam : mecum signifie intra me (par devers moi). Virgile :
« haec secum » (ces paroles en son for intérieur).
Par.-numquam tam dices commode ut
tergum meum
Par.-Tu ne seras jamais assez à ton
avantage en parlant, pour que, sur mon dos,
1 nvmqvam tam dices commode haec pronuntiatio
eiusmodi esse debet, ut ex ea appareat prope delenitum Parmenonem
uix se posse continere quin narret. 2 nvmqvam tam dices commode quasi ex parte
labefactus est; sic enim loquitur.
1 nvmqvam tam dices commode on doit prononcer
cela de sorte qu'à partir de ces paroles il apparaisse que,
presque adouci, Parménon puisse à peine se retenir de
raconter. 2 nvmqvam tam dices commode
il est pour ainsi dire en partie ébranlé ; c'est sa façon de
parler452.
tuam in fidem committam. Ph.-ah noli,
Parmeno!
j'engage ta parole. Ph.-Ah, laisse,
Parménon !
ah noli parmeno artificiose fingit audire
nolle, ut tacitura credatur, si audierit, quia curiositas signum
est loquacitatis. sic Horatius «
percontatorem fugito, nam garrulus idem est
34 ».
ah noli parmeno elle feint avec habileté de
ne pas vouloir entendre, pour qu'on la croie prête à se taire, si
elle entend, parce que la curiosité est un signe de propension au
bavardage. Horace : « percontatorem fugito, nam garrulus idem
est » (Fuis le questionneur, car il est bavard).
quasi tu non multo malis narrare hoc
mihi
Comme si tu ne voulais pas beaucoup
plus me raconter cela
1 qvasi tv non mvlto malis deest ita dicis, ut sit: "ita dicis
quasi". 2 Et nunc Philotis non est instantior ea
calliditate, ut magis seruum prouocet ad dicendum. 3 Ἔλλειψις: deest enim ita grauaris dicere aut ita negas te locuturum «
quam ego quae perconter scire
35 »43.
1 qvasi tv non mvlto malis il manque
ita dicis (tu parles
ainsi), pour que ce soit : ita dicis
quasi (tu parles comme si). 2 Et à présent Philotis n'est pas trop pressante
avec une habileté qui engage plus l'esclave à parler. 3 Ellipse (ἔλλειψις) : il manque en effet ita grauaris dicere (tu fais autant
de difficulté à parler) ou ita negas
te locuturum (tu dis que tu ne parleras pas tellement)
« plus que ce que moi je demande à savoir »453.
quam ego quae perconter1351 scire.
Par.-uera haec praedicat,
que moi savoir ce que je te demande.
Par.-C'est vrai ce qu'elle dit là,
et illud mihi uitium est maximum. si
mihi fidem
et c'est mon plus grand vice. Si tu
me donnes ta parole
1 et illvd mihi vitivm est maximvm seruile
uitium est tacere non posse. 2 et illvd
m.
mihi
v.
vitivm
e.
est
m.
maximvm
hoc lentius apud sese, illud clare si mihi fidem das. 3 Et iam alia se habere uitia exceptione
significat in hoc quod dicit illud
mihi uitium est maximum. 4 si mihi fidem das animaduerte his
dilationibus etiam spectatorem suspendi, quo libentius
audiat. 5 si mihi
f.
finem
d.
das
"fideliter spondes".
1 et illvd mihi vitivm est maximvm c'est un
défaut servile de ne pouvoir se taire454. 2 et illvd mihi vitivm est
maximvm cela plus bas à part lui, ceci tout haut :
si mihi fidem
das. 3 Et il laisse
entendre qu'il a d'autres défauts implicitement en disant
illud mihi uitium est
maximum. 4 si mihi fidem
das remarquez que par ces retards, même le spectateur est
maintenu dans l'attente, afin qu'il écoute plus
volontiers. 5 si mihi fidem das "si tu
t'engages loyalement".
das te tacituram, dicam. Ph.-ad
ingenium redis.
que tu ne diras rien, je vais te le
dire. Ph.-Tu retrouves ton caractère.
ad ingenivm redis quia a se discesserat, si
taceret. Cicero «
redit ad se atque ad
m.
mores
s.
suos
36 ».
ad ingenivm redis parce qu'il se serait
éloigné de son propre personnage, s'il s'était tu. Cicéron :
« redit ad se atque ad mores suos » (il revient à lui et à ses
habitudes)455.
fidem do: loquere. Par.-ausculta.
Ph.-istic sum. Par.-hanc Bacchidem
Je donne ma parole : parle.
Par.-Écoute. Ph.-J'y suis. Par.-Cette Bacchis,
1 hanc bacchidem amabat vt cvmmaxime eiusmodi
haec tota narratio est, ut defensionem adulescentis continere
uideatur, quod meretricem amicam necessitate coactus deseruerit.
mire igitur unde quaestio est, inde coepit: amabat, inquit,
Bacchidem. sic et in secundo Vergilius, an fortiores Graeci
Troianis, «
fracti bello
37 », inquit «
f.
fatisque
r.
repulsi
d.
ductores
D.
Danaum
38 ». 2 bacchidem amabat ordo et
sensus hic est: "hanc Bacchidem ut amabat Pamphilus, tum cummaxime
amabat, cum pater uxorem ut ducat orare occipit". 3 Et ut
positum est pro quemadmodum. 4 Et maxime bis numero
subauditur. 5 Et cummaxime una pars orationis
est. 6 Et cummaxime pro nimis.
1 hanc bacchidem amabat vt cvmmaxime toute
cette narration est d'un genre à sembler contenir une défense du
jeune homme, selon laquelle il aurait été forcé par la nécessité
d'abandonner son amie courtisane. Il est donc remarquable qu'il
commence là où est le problème : "il aimait", dit-il, "Bacchis".
Ainsi aussi dans le livre II Virgile, s'agissant de savoir si les
Grecs sont plus forts que les Troyens, dit « fracti bello fatisque
repulsi ductores Danaum » (détruits par la guerre et rejetés par
le destin sont les chefs grecs)456. 2 bacchidem
amabat voici l'ordre et le sens : "hanc Bacchidem ut
amabat Pamphilus tum cummaxime amabat cum pater uxorem ut ducat
orare occipit" (cette Bacchis, de même que Pamphile l'aimait, il
l'aimait au plus haut point lorsque son père entreprit de le prier
de prendre femme)457. 3 Et ut est mis pour quemadmodum458. 4 Et on sous-entend deux fois maxime459. 5 Et cummaxime est une seule partie du
discours460. 6 Et cummaxime pour nimis (extrêmement).
amabat ut cummaxime tum
Pamphilus,
Pamphile l'aimait on ne peut plus au
moment
cum pater uxorem ut ducat orare
occipit
où son père commence à le prier de se
marier
1 cvm pater cum modo aduerbium temporis est pro
quando. 2 orare occipit maxima necessitas: orans pater.
1 cvm pater cum est parfois un adverbe de temps
pour quando
(lorsque). 2 orare occipit il y a une
situation d'extrême nécessité : le père est orans (priant).
et haec communia omnium quae sunt
patrum,
et toutes ces choses communes à tous
les pères :
et haec commvnia omnivm quid si iniustum
est quod orabatur? ostendit iustum et frequentatum quod dicebat
pater.
et haec commvnia omnivm et si ce dont on
est prié est injuste ? Il montre que ce que disait le père était
juste et courant461.
se senem esse dicere, illum autem
unicum;
à dire qu'il est vieux, que lui est
son fils unique ;
1 se senem esse dicere omnem causam
adulescentis senex amputauit pro suo senili commodo rogans;
potuisset enim adulescens dicere «
quam pro me curam
g.
geris
,
h.
hanc
p.
precor
,
o.
optime
,
p.
pro
m.
me
d.
deponas
39 ». 2 senem esse dicere illud
posset agere amator contra utilitatem suam, sed non poterat filius
contra utilitatem patris. ergo ut cogeret, pater suam causam
interponebat.
se senem esse dicere le vieillard a amputé
toute la défense du jeune homme en faisant une requête au profit
de son grand âge ; le jeune homme en effet aurait pu dire « quam
pro me curam geris, hanc precor, optime, pro me deponas » (Ô
excellent roi, je t'en prie, cesse de t'inquiéter pour moi)462. 2 senem esse
dicere l'amant pourrait faire cela contre son propre
intérêt, mais le fils ne pouvait agir contre l'intérêt du père.
Ainsi pour le contraindre, le père faisait intervenir sa propre
cause.
praesidium uelle se senectutis1352
suae.
qu'il veut un soutien de sa
vieillesse.
praesidivm velle se praesidium senectutis subolem et
successionem dicit.
praesidivm velle se praesidium senectutis (une garantie
pour la vieillesse) signifie une postérité et une descendance.
ille primo se negare, sed postquam
acrius
L'autre d'abord dit non, mais quand
avec plus d'insistance
1 sed postqvam acrivs pater instat tria
dixit: et acrius et
pater et instat. 2 ille primo se negare utrum deest ducere an negare se nuptiis? 3 sed postqvam acrivs pater instat
"postquam", inquit, "acrius pater instat", non compulsus est
Pamphilus, sed tantum deliberauit.
1 sed postqvam acrivs pater instat il dit
trois choses : à la fois acrius, pater et instat463. 2 ille primo se
negare manque-t-il ducere (épouser)464 ou bien est-ce
negare se nuptiis (se
refuser au mariage) ? 3 sed postqvam acrivs
pater instat "après que", dit-il, "le père l'a pressé
vivement avec plus de véhémence", Pamphile n'a pas été poussé à le
faire, il a seulement réfléchi465.
pater instat, fecit animi ut incertus
foret
son père le presse, le voilà qui en
lui-même est hésitant :
pater instat maior uis est cum pater
instat, iam non rogat.
pater instat il y a une plus grande force
puisque le père "presse vivement" (instare), il ne "demande"
(rogare) plus.
pudorin anne amori obsequeretur
magis.
va-t'il obéir plus à la pudeur qu'à
l'amour ?
1 pvdorin anne amori ἀνακόλουθον, non enim
praeposito utrum intulit
anne. 2 pvdorin anne amori obseqveretvr magis sic
ostendit in utramque partem, ut tamen in animo honesti
adulescentis pudor amorem uincere debuisset. 3 pvdorin anne amori latens excusationis
ratio explicata est. 4 pvdori patris
scilicet, amori meretricis.
1 pvdorin anne amori anacoluthe (ἀνακόλουθον), car sans
avoir antéposé utrum
(est-ce que) il a mis anne (ou est-ce
que)466. 2 pvdorin anne amori
obseqveretvr magis il montre le pour et le contre de telle
façon que, toutefois, dans l'esprit d'un honnête jeune homme, la
retenue (pudor) aurait dû
vaincre l'amour (amor). 3 pvdorin anne amori la raison cachée du fait
qu'il se dérobe est expliquée467. 4 pvdori à l'égard du père, évidemment,
amori
à l'égard de la courtisane.
tundendo atque odio denique effecit
senex:
En lui cassant les pieds et en étant
odieux, pour finir, le vieux a réussi :
1 tvndendo atqve odio tundere est idem saepe repetere:
translatio a fabrorum malleo. 2 odio assiduitate: attendenda
difficultas uniuscuiusque uerbi. 3 tvndendo atqve odio deniqve effecit
denique temporis
longitudinem significat, et44 efficimus uero, quod cum magno conatu
et molimine uix per nos accipit finem. 4 tvndendo atqve odio
d.
deniqve
e.
effecit
mire interposuit moras, ad postremum
confessurus uxorem ductam. "primo", inquit, "negauit, post
deliberauit, ad postremum duxit"; "non", inquit, "ipse sed effecit
hoc senex": ita mutatione personae totam uoluntatem adulescentis
absoluit. 5 deniqve effecit oratorie
tempus apposuit, nam hoc significat denique. 6 odio hoc est instantia.
1 tvndendo atqve odio tundere c'est répéter souvent la
même chose : métaphore tirée du marteau d'artisan468. 2 odio assiduitate (avec persévérance) : il
faut prêter attention à la dureté de chaque mot. 3 tvndendo atqve odio
deniqve effecit denique (enfin) signifie la longueur
du temps, et efficere
(arriver à ses fins) se dit de ce que nous achevons avec peine par
nous-mêmes avec beaucoup d'effort et d'énergie. 4 tvndendo atqve odio deniqve effecit
remarquablement, il met un délai, avant d'avouer qu'il a pris
femme. "D'abord", dit-il, "il a refusé, ensuite il a réfléchi,
enfin il a épousé" ; "ce n'est pas lui-même", dit-il, "qui est
arrivé à cette fin, mais le vieillard" : ainsi par un changement
de personne469
il disculpe entièrement la volonté du jeune homme. 5 deniqve effecit de façon oratoire il ajoute
du temps, car c'est cela que signifie denique470. 6 odio cela signifie
instantia (avec
véhémence)471.
despondit ei gnatam huius uicini
proximi.
il l'a fiancé à la fille de son plus
proche voisin.
despondit ei gnatam uide non hic dici
duxit uxorem Pamphilus,
sed totum ad patrem referri.
despondit ei gnatam remarquez qu'ici il
n'est pas dit "Pamphile a pris femme", mais que tout est rapporté
au père.
usque illud uisum est Pamphilo ne
utiquam graue
Pour un temps, ça n'a pas paru si
grave à Pamphile,
ne vtiqvam non
nimis.
ne vtiqvam équivaut à non nimis (pas trop).
donec iam in ipsis nuptiis, postquam
uidet
jusqu'au moment du mariage lui-même,
quand il voit
1 donec iam in ipsis nota locutionem sensu
magis quam uerbis manifestam. 2 donec iam in ipsis nvptiis deest positus constitutusue ita doluit
et aegre tulit. 3 Aut repetere debemus sic: in ipsis, inquam, nuptiis. 4 donec iam in ipsis nvptiis in mentione
nuptiarum efferuescit animus amatoris.
1 donec iam in ipsis notez que la locution
est plus explicite par le contexte que par les mots472. 2 donec iam in ipsis
nvptiis il manque positus
constitutusue ita doluit et aegre tulit (se retrouvant
placé et établi dans le mariage, il eut de la peine et le prit
mal). 3 Ou nous devons reconstruire
à nouveau ainsi : in ipsis, inquam,
nuptiis (au moment du mariage même, dis-je). 4 donec iam in ipsis nvptiis à la mention du
mariage le cœur de l'amant s'échauffe.
paratas nec moram ullam quin dicat
dari.
qu'il est prêt et qu'on ne lui laisse
plus de temps pour se dédire.
1 nec moram vllam qvin dvcat nec aliquam
dieculam uel dilationem uidet ad nuptias. 2 qvin quominus.
1 nec moram vllam qvin dvcat et il ne voit aucun
délai ni sursis au mariage. 2 qvin
quominus473.
ibi demum ita aegre tulit ut ipsam
Bacchidem,
Alors là, il l'a pris tellement mal
que Bacchis elle-même,
1 ibi demvm denique, postremum. 2 Et mire additum ibi, quia male pendebat in ipsis nuntiis. et sic est, quasi
dixisset: in ipsis, inquam,
nuptiis. 3 demvm ita aegre tvlit
vt ipsam bacchidem si adesset hoc hyperbolicum. Vergilius
«
uel Priamo miseranda
m.
manus
40 ». 4 vt ipsam bacchidem quae
nunc accusatrix est. et est argumentum ab animo. 5 aegre tvlit idem Vergilius «
quis talia fando
M.
Myrmidonum
D.
Dolopumue
41 ».
1 ibi demvm denique (enfin), postremum (finalement). 2 Et ibi est remarquablement ajouté,
parce qu'il est mauvais que in ipsis
nuntiis reste en suspens474. Et c'est
ainsi, comme s'il avait dit : in
ipsis, inquam,
nuptiis (au moment du mariage même, dis-je)475. 3 demvm ita aegre tvlit vt ipsam bacchidem si
adesset c'est hyperbolique. Virgile : « uel Priamo
miseranda manus » (troupe que même Priam aurait prise en
pitié)476. 4 vt ipsam
bacchidem elle qui à présent est l'accusatrice. Et c'est
un argument par l'état d'esprit477. 5 aegre tvlit pareillement Virgile : « quis
talia fando Myrmidonum Dolopumue » (devant de tels récits, qui
parmi les Myrmidons ou les Dolopes)478.
si adesset, credo ibi eius
commiseresceret.
si elle avait été là, je crois, alors
en aurait eu pitié.
credo ibi ibi pro tum.
credo ibi
ibi pour tum.
ubicumque datum erat spatium
solitudinis,
Et dès qu'il lui était donné un
moment de solitude,
ut conloqui mecum una posset:
«Parmeno,
pour qu'il puisse parler avec moi :
« Parménon,
1 vt conloqvi mecvm vna
p.
posset
παρέλκον tertium. 2 Et argumentum a persona, quod ait
mecum. 3 parmeno argumentum a dictis. 4 parmeno ἐν ἤθει τὸ ὄνομα
sic et nomen repetit45
. 5 Et significanter fecit non
addendo dicebat et sic in
δραματικὸν
46 a διηγηματικῷ transeundo. 6 Et mire interposuit nomen, ut affectum
doloris ostenderet. sic Vergilius «
Anna soror
42 » etc.
1 vt conloqvi mecvm vna posset pléonasme
(παρέλκον) de
troisième catégorie479. 2 Et argument tiré de la personne, parce qu'il
dit mecum (avec
moi)480. 3 parmeno
argument tiré des paroles481. 4 parmeno dire le nom est bien conforme à son
personnage (ἐν ἤθει
τὸ ὄνομα) ; ainsi aussi il répète le nom482. 5 Et c'est significatif qu'il l'ait fait sans
ajouter dicebat (il
disait) et passant ainsi d'un mode narratif (διηγηματικὸν) à un mode
dramatique (δραματικὸν)483. 6 Et il intercale
le nom de façon remarquable, pour montrer le sentiment de douleur.
Virgile : « Anna soror etc » (Anne, ma sœur, etc.)484.
perii, quid ego egi? in quod me
conieci malum!
je suis perdu, qu'ai-je fait ? Dans
quel malheur je me suis jeté !
non potero ferre hoc, Parmeno; perii
miser!»
Je ne pourrai pas supporter cela,
Parménon ; je suis perdu, malheureux ! »
parmeno perii miser ἐν ἤθει repetit
nomen.
parmeno perii miser selon son caractère
(ἐν ἤθει) il
répète le nom485.
Ph.-at te di deaeque perduint cum
odio, Laches!
Ph.-Ah ! que le Ciel te confonde et
te prenne en haine, Lachès !
1 at te di deaeqve perdvint obtinuit et
persuasit seruus, nam iam meretrix seni irascitur, non
Pamphilo. 2 cvm odio cum instantia et
molestia.
1 at te di deaeqve perdvint l'esclave est
arrivé à ses fins et l'a persuadée, car à présent la courtisane
est en colère contre le vieillard, pas contre Pamphile. 2 cvm odio avec véhémence et désagrément486.
Par.-ut ad pauca redeam, uxorem ducit
domum.
Par.-Pour en revenir en peu de mots à
mon sujet, il amène son épouse chez lui.
1 vt ad pavca redeam tamquam multa sint, quae
de Pamphili amore dici possint. 2 vt ad pavca redeam praeceptum oratorium in
longa narratione pro ueritatis inquisitione47; reddit enim acriorem auditorem, quem spes finis
reficit fatigatum. 3 vxorem dvcit
domvm uxor dicitur
uel ab ungendis postibus
et figenda lana, id est quod cum puellae nuberent, maritorum
postes ungebant ibique
lanam figebant; uel quod lotos maritos ipsae ungebant. cuius rei Ennius testis est
«
exin Tarquinium bona femina lauit et unxit
43 ».
1 vt ad pavca redeam comme si l'on pouvait
dire de nombreuses choses sur l'amour de Pamphile. 2 vt ad pavca redeam précepte oratoire dans
une longue narration, propice à la recherche de la vérité487 ; il rend en effet plus attentif l'auditeur,
que l'espoir d'en finir soulage de sa lassitude. 3 vxorem dvcit domvm uxor vient soit des portes qu'il
faut "oindre" (ungere) et
de la laine qu'il faut y fixer, parce que quand les filles se
mariaient, elles oignaient les portes des maris et y fixaient de
la laine ; ou bien parce qu'elles-mêmes "oignaient" (ungere) leurs maris une fois lavés.
Ennius témoigne de la chose : « exin Tarquinium bona femina lauit
et unxit » (ensuite, en bonne épouse, elle lava et oignit
Tarquin).
nocte illa prima uirginem non
attigit;
La fameuse première nuit, il n'a pas
touché la fille ;
1 nocte illa prima pronuntia illa quasi dicat: plena desiderii, plena cupiditatis. similiter addidit
uirginem et expresse
non attigit. 2 nocte illa prima pronuntiandum illa prima id est plena dulcedinis, ut mirum sit quod
inferetur non contactam
uirginem. 3 Et hoc argumenti est, quanti fecerit
Pamphilus amicam suam. 4 virginem non
attigit uirginem
emphasis est: quamuis non amatam, uirginem tamen. 5 Et non dixit non est amplexatus sed ne attigit quidem.
1 nocte illa prima prononcez illa comme s'il disait : plena desiderii (pleine de désir),
plena cupiditatis (plein
d'envie). Pareillement il a ajouté uirginem et de manière significative
non attigit. 2 nocte illa prima il faut prononcer
illa prima comme
plena dulcedinis (pleine
de douceur), pour qu'on s'étonne de ce qu'il va ajouter, que "la
jeune fille n'a pas été touchée". 3 Et cela prouve l'estime qu'a Pamphile pour sa
maîtresse488. 4 virginem non
attigit uirginem
est une emphase : bien qu'elle ne soit pas aimée, cependant elle
est uirgo (jeune
vierge)489. 5 Et il ne dit pas
non est amplexatus (il
n'a pas serré dans ses bras) mais qu'il ne l'a même pas "touchée"
(attigit)490.
quae consecuta est nox eam, nihilo
magis.
La nuit qui l'a suivie, pas
davantage.
1 qvae consecvta est nox eam primam noctem
scilicet. 2 nihilo magis quasi possit
in nihilo esse magis aut minus. 3 Et nihilo magis asseuerationis est.
1 qvae consecvta est nox eam la première nuit
bien sûr. 2 nihilo magis comme s'il
pouvait y avoir quelque chose du "plus" (magis) ou du "moins" (minus) dans "rien" (nihil)491. 3 Et nihilo magis tient de l'affirmation
assurée492.
Ph.-quid ais? cum uirgine una
adulescens ut1353 cubuerit
Ph.-Qu'est-ce que tu dis ? Avec une
fille, ensemble, un jeune homme pourrait coucher,
1 qvid ais cvm virgine vna inuenitur quasi
intentio una, id est
simul, uno loco. 2 cvm virgine a persona; vna a loco; advlescens a
persona; cvbverit ab habitu et occasione; 3 cvm virgine vna advlescens argumenta in
coniecturam necessario posita, quibus Terentius ex utraque parte
disputans τὸ
ἀπίθανον purgat, ne quis illum stulte posuisse hoc
iudicaret; haec enim meretrix tarde credit, argumentis ne a
Parmenone uincatur. hinc est quod ait Horatius «
uincere Caecilius grauitate, Terentius arte
44 ».
1 qvid ais cvm virgine vna on trouve une
insistance dans una,
c'est-à-dire simul (en
même temps), uno loco (en
une occasion)493. 2 cvm virgine argument tiré de la personne ;
vna
du lieu ; advlescens de la personne ; cvbverit du
caractère et de l'occasion ; 3 cvm virgine vna advlescens arguments placés
obligatoirement pour tirer la cause vers la conjecture, par
lesquels Térence, examinant les arguments de chaque partie, se
justifie de l'invraisemblable (τὸ ἀπίθανον)494, afin que personne n'estime
qu'il a mis cela sottement ; la courtisane en effet met du temps à
croire ces choses, pour n'être pas vaincue par les arguments de
Parménon. De là ce que dit Horace : « uincere Caecilius grauitate,
Terentius arte » (Cécilius l'emporte pour la force et Térence pour
l'art).
plus potus, sese illa abstinere ut
potuerit!
et en plus saoul, et il pourrait
s'empêcher de la toucher !
plvs potvs ab impulsione et ex
accidentibus.
plvs potvs argument tiré de l'impulsion et
de ce qui arrive par accident.
non ueri simile dicis nec uerum
arbitror.
Ce que tu dis n'est pas
vraisemblable, et je crois que ce n'est pas vrai.
1 non veri simile dicis αὔξησις peruersa: prius
est enim uerum quam
ueri simile. 2 Et ideo sic dixit, quia est
saepe non48 ueri simile uerum tamen, ut Decios pro
alieno commodo mori uoluisse. 3 non veri simile dicis hoc iam plus est
tantum amatam esse Bacchidem49,
quantum credi non possit.
1 non veri simile dicis amplification
(αὔξησις)
inversée495 : en
effet le "vrai" (uerum)
vient avant le "vraisemblable" (ueri
simile). 2 Et voici
pourquoi il a dit cela : souvent, n'est pas "vraisemblable"
(ueri simile) ce qui
cependant est "vrai" (uerum), comme le fait que les Decii
aient voulu mourir pour le profit d'autrui496. 3 non veri simile
dicis cela vaut plus, à savoir que Bacchis est aimée
au-delà du croyable.
Par.-credo ita uideri tibi; nam nemo
ad te uenit
Par.-Je pense bien que tu le prends
comme ça ; en effet, personne ne vient te voir
credo ita videri tibi nam nemo ad te venit
magno compendio usus est non ostendens cur hoc falsum sit quod
putet meretrix, sed cur hoc putet. ita ex eius persona totum
refellitur quod obicit.
credo ita videri tibi nam nemo ad te venit
il a fait un grand résumé497 en ne montrant pas pourquoi ce que pense la
courtisane est faux mais mais pourquoi elle le pense. Ainsi tout
ce qu'elle oppose est réfuté à partir de sa personne498.
nisi cupiens tui; ille inuitus illam
duxerat.
sans te désirer ; lui, c'est malgré
lui, qu'il s'est marié avec elle.
ille invitvs inuitus dicendo quasi admonet iterum
iterumque, ut Vergilius «
Italiam non sponte sequor
45 ».
ille invitvs en disant inuitus il met en garde pour ainsi
dire encore et encore, comme Virgile : « Italiam non sponte
sequor » (Ce n'est pas de plein gré que je rejoins l'Italie)499.
Ph.-quid deinde fit? Par.-diebus sane
paucis1354
Ph.-Qu'est-ce qui s'est passé
ensuite ? Par.-Vraiment peu de jours
1 qvid deinde
f.
fit
interponitur persona ad exitum festinans, ut
alibi «
quam metui quorsum euadas
46 ». 2 diebvs sane pavcis hic est
exitus.
1 qvid deinde fit il fait intervenir un
personnage se hâtant vers l'issue, comme ailleurs : « quam metui
quorsum euadas » (que je crains ce que tu vas dire !)500. 2 diebvs sane pavcis voilà la fin.
postquam1355 Pamphilus me solum seducit foras
après, Pamphile me prend à part,
seul, dehors
1 postqvam pamphilvs me50 ne testis quisquam et arbiter secretorum
interueniat. 2 me solvm sedvcit foras
familiariter in seruo iactantia de dominorum familiaritate; simul
quia decens est, ut per eum quid gestum sit spectatores
sciant.
1 postqvam pamphilvs me afin qu'aucun témoin
ni juge des secrets n'intervienne. 2 me solvm sedvcit foras vantardise familière
à un esclave sur sa familiarité avec ses maîtres ; aussi parce que
c'est ce qui convient, afin que grâce à lui les spectateurs
sachent ce qui a été accompli.
narratque ut uirgo ab se integra
etiam tum siet
et me raconte que, la fille, il ne
l'a pas encore touchée
narratqve vt virgo ab se hoc est illud quod
supra dixerat «
nocte illa prima uirginem non attigit
47 ».
narratqve vt virgo ab se c'est ce qu'il
avait dit plus haut : « nocte illa prima uirginem non
attigit ».
seque ante quam eam uxorem duxisset
domum
et qu'avant d'avoir ramené sa femme
chez lui
seqve ante qvam eam vxorem dvxisset bonus
color purgationis; diceretur enim: "quare, si odio illam habebat,
duxit uxorem?".
seqve ante qvam eam vxorem dvxisset bonne
couleur dans la justification501 ; on aurait pu dire effet :
"pourquoi, s'il l'avait en aversion, l'a-t-il pris pour
épouse ?".
sperasse eas tolerare posse
nuptias.
il espérait qu'il pourrait supporter
ce mariage.
tolerare posse tolerare uerbum est mala
patientis.
tolerare posse tolerare est un verbe propre à celui
qui endure des malheurs.
« sed quam decreuerim1356 me non
posse diutius
« Mais, alors que j'ai décidé que je
ne peux pas plus longtemps
1 decreverim statuerim et defixerim. 2 sed qvam decreverim me non posse divtivs
habere ἀναστροφὴ καὶ ἠθοποιΐα ἀπὸ διηγήματος
εἰς μιμητικήν51.
1 decreverim statuerim (j'ai décidé) et
defixerim (j'ai
fixé). 2 sed qvam decreverim me non posse
divtivs habere anastrophe et descrpiption des mœurs par
passage du récit au discours direct (ἀναστροφὴ καὶ ἠθοποιΐα ἀπὸ διηγήματος εἰς
μιμητικήν)502.
habere, eam ludibrio haberi,
Parmeno,
la garder, prendre du plaisir avec
elle, Parménon,
1 eam lvdibrio haberi honesto uerbo et
pudoris pleno est usus. 2 Et noue pro uitiari.
1 eam lvdibrio haberi il a utilisé un mot
honnête et plein de retenue503. 2 Et il l'a mis de façon inédite pour uitiari (violer).
quin integram itidem reddam ut accepi
a suis,
plutôt que de la rendre sans l'avoir
touchée comme je l'ai reçue des siens,
1 qvin quominus. 2 integram est hic honestam: non enim duxit spoliatam
uirginitate aut mulierem. 3 vt accepi a
svis uigilanter, quod est integram...ut accepi a suis: potuit
enim et uitiata uenisse, ut uenit. 4 Ergo non abundat ut
accepi a suis, sed habet significationem.
1 qvin quominus504. 2 integram signifie ici
honnête (honesta) : en
effet il ne l'a pas épousée dépouillée de sa virginité ou déjà
femme. 3 vt accepi a svis il
montre qu'il a agi avec vigilance en disant integram...ut accepi a suis : en
effet elle aurait aussi pu venir déshonorée, comme elle est venue
de fait. 4 Donc ut accepi a suis n'est pas
redondant, mais a une signification505.
neque honestum mihi neque utile ipsi
uirgini est ».
ça ne serait ni honnête de ma part,
ni profitable à la fille elle-même. »
Ph.-pium et1357 pudicum
ingenium narras Pamphili.
Ph.-Respectueux et pudique, c'est
bien le caractère de Pamphile que tu décris.
1 pivm et pvdicvm ingenivm erga meretricem
pium, pudicum erga uirginem. 2 Cogitur dicere pium, quem periurum
putabat. 3 pivm et pvdicvm
i.
ingenivm
in eadem uirgine52, et
pium et pudicum? an pium erga meretricem, pudicum erga uirginem?
1 pivm et pvdicvm ingenivm pium à l'égard de la courtisane,
pudicum à l'égard de la
jeune fille. 2 Elle est obligée
d'appeler pius celui
qu'elle pensait parjure. 3 pivm et pvdicvm
ingenivm envers la même jeune fille, à la fois pium et pudicum ? Ou bien est-ce pium à l'égard de la courtisane,
pudicum à l'égard de la
jeune fille506 ?
Par.-« hoc ego proferre incommodum
mihi esse arbitror;
Par.-« Moi, je pense que révéler cela
me ferait du tort ;
1 hoc ego proferre uerba Pamphili sunt, non
ut quidam putant ad personam Parmenonis referentes. 2 hoc ego proferre amorem scilicet
meretricis.
1 hoc ego proferre ce sont les mots de
Pamphile, certains sont dans l'erreur en les attribuant au
personnage de Parménon507. 2 hoc ego
proferre son amour pour la courtisane, bien sûr508.
reddi patri autem, cui tu nihil dicas
uiti.
mais la rendre à son père, alors
qu'on ne pourrait pas lui dire que sa fille a un défaut
cvi tv nihil dicas viti nunc uitii culpae uxoriae.
cvi tv nihil dicas viti maintenant
uiti signifie culpae uxoriae (faute de
l'épouse)509.
superbum est; sed illam spero, ubi
hoc cognouerit
c'est de l'orgueil ; mais c'est la
fille, j'espère, qui, lorsqu'elle aura compris
non posse se mecum, abituram
denique ».
qu'elle ne peut être avec moi, finira
par partir. »
abitvram deniqve denique moram significat et postremam
tarditatem. itaque postremo uel sero abituram dicit.
abitvram deniqve : denique indique un retard et en
dernier lieu une perte de temps510. C'est pourquoi il veut dire abituram postremo ou sero (elle s'en ira en dernier ou
tard).
Ph.-quid interea ibatne ad Bacchidem?
Par.-cottidie;
Ph.-Et pendant ce temps ? Il voyait
Bacchis ? Par.-Tous les jours ;
1 qvid interea exsultantis est et gestientis
audire. 2 Et interea inter
eos dies.
1 qvid interea cette expression est celle de
celui qui bouillonne et brûle d'entendre. 2 Et interea inter
eos dies (pendant ces jours).
sed, ut fit, postquam hunc alienum ab
se1358 uidet,
Mais, comme il arrive, quand elle a
vu qu'il lui devenait étranger,
1 sed vt fit postqvam hvnc alienvm alienum pro alienato dixit, ut in Phormione
«
quid ego uobis, Geta, alienus sum?
48 »; nam quomodo alienum, si amabat? 2 postqvam hvnc alienvm oratorie non tam
excusat Bacchidem quam a uerisimili causam uult inducere, quod
ipsa fuit in Pamphilum durior. 3 alienvm ab se videt id est maritum, nam hoc
nomen a meretricibus alienum est.
1 sed vt fit postqvam hvnc alienvm il dit
alienus pour alienatus511 (s'étant rendu étranger), comme dans le
Phormion« quid ego uobis, Geta, alienus sum ? »512 ; en effet
comment serait-il alienus
(étranger), s'il l'aimait ?513 2 postqvam hvnc alienvm de manière oratoire
il n'excuse pas tant Bacchis qu'il veut présenter une raison tirée
du vraisemblable au fait qu'elle-même a été assez dure envers
Pamphile. 3 alienvm ab se videt
c'est-à-dire devenu un mari, car ce nom est étranger aux
courtisanes.
maligna multo et magis procax facta
ilico est.
elle est devenue très mauvaise et
plus exigeante, d'un coup.
1 maligna mvlto maligna difficilis,53 malignus est qui difficultatem sui
ostendit. 2 procax despoliatrix54 et petax; procare enim est petere, 3 Vergilius «
procacibus austris
49 » id est impudentibus; nam qui multum petit, impudens est
et procax. unde et
proci dicti sunt, qui
filias alienas in matrimonium petierunt.
1 maligna mvlto maligna signifie difficilis (pénible), est malignus celui qui suiscite
l'hostilité. 2 procax despoliatrix (dépouilleuse) et
petax (quémandeuse) ;
procare (demander) est en
effet petere
(réclamer). 3 Virgile : « procacibus
austris » (sous les Austers déchaînés) c'est-à-dire impudens (impudent) ; en effet celui
qui "demande" (petit)
beaucoup est impudens
(impudent) et procax
(effronté). de là ont aussi été appelés procus (prédendants), ceux qui
"demandèrent" (petierunt)
les filles d'autrui en mariage514.
Ph.-non edepol miror1359.
Par.-atqui ea res multo maxime
Ph.-Pas étonnant, nom d'un chien.
Par.-Mais voilà la chose qui par dessus tout
1 atqvi ea res atqui immo. legitur et atque. 2 non edepol miror obtinuit quod uolebat
Parmeno, nam credidit Philotis iniuriam factam Pamphilo. 3 atqvi ea res mvlto maxime opportune
concitatius Pamphilum defendit Parmeno, postquam Philotis inducta
est, ut fateretur iniuriam factam.
1 atqvi ea res atqui signifie immo (au contraire). On lit aussi
atque (et). 2 non edepol miror : Parménon a obtenu ce
qu'il voulait, car Philotis a admis qu'une injustice avait été
faite à Pamphile. 3 atqvi ea res mvlto
maxime c'est à propos que Parménon défend Pamphile de
façon assez véhémente, une fois que Philotis a été amenée à
concéder l'injustice faite.
diiunxit illum ab illa, postquam et
ipse se
l'a séparé d'elle : c'est quand
lui-même,
et illam et hanc quae domi erat
cognouit satis,
a assez bien connu et lui, et elle,
et celle qu'il avait chez lui,
1 et hanc qvae domi erat uxorem modestam;
et
illam meretricem malam. 2 et illam et hanc qvae domi erat illam quae meretrix esset, hanc id est uxorem. 3 cognovit considerauit diligentius et
attentius. nam cognoscere est diligenter et attente
considerare. 4 cognovit
satis bene satis:
ex ipsius moribus et ex meretricis.
1 et hanc qvae domi erat l'épouse modeste ;
et
illam la méchante courtisane. 2 et illam et hanc qvae domi erat illam c'est-à-dire celle qui est une
courtisane, hanc
c'est-à-dire l'épouse. 3 cognovit il
a considéré de manière plus scrupuleuse et attentive. En effet
cognoscere c'est
considérer de manière scrupuleuse et attentive. 4 cognovit satis satis est bien trouvé : à partir de
son propre caractère et de celui de la courtisane.
ad exemplum ambarum mores earum
existimans.
en prenant par expérience la mesure
du caractère des deux femmes.
1 ad exemplvm quasi ad imaginem et
collationem speciemque comparationis. 2 existimans intellegens.
1 ad exemplvm pour ainsi dire à l'image, à la
confrontation et à l'apparence de la comparaison. 2 existimans intellegens (comprenant).
haec, ita ut liberali esse ingenio
decet,
Celle-ci, comme il convient à
quelqu'un de comme il faut,
haec ita vt liberali esse ingenio qualitas
comparatiua.
haec ita vt liberali esse ingenio qualité
comparative515.
pudens, modesta, incommoda atque
iniurias
est pudique, modeste, les
inconvénients et les injustices
1 pvdens modesta haec contra uitia meretricia
posuit: pudens haec, illa
procax, modesta haec, illa maligna. reliqua uero superadduntur
ornamenta uxoria laudesque matronae. 2 incommoda atqve inivrias viri omnes ferre
figura ἔλλειψις
est.
1 pvdens modesta il oppose cela aux vices des
courtisanes : celle-ci est pudens, celle-là procax, celle-ci modesta, celle-là maligna. Du reste est ajouté ce qui
fait honneur à une épouse et vaut des louanges à une
matrone. 2 incommoda atqve inivrias viri
omnes ferre cette figure est une ellipse
(ἔλλειψις)516.
uiri omnes ferre et tegere
contumelias.
de son mari, elle les supporte
toutes, et elle couvre ses outrages.
1 tegere hoc plus est quam ferre. 2 Et plus dixit tegere quam celare; tegere enim ad hoc dixit, non solum
ne cui ediceret, sed et ne quis sciret.
1 tegere c'est plus que ferre. 2 Et tegere
dit plus que celare
(cacher) ; il a en effet dit tegere pour que non seulement elle
ne le dise à voix haute à personne, mais aussi pour que personne
ne le sache.
hic animus partim uxoris
misericordia
Ce cœur, par la pitié que lui inspire
son épouse en partie
1 hic animvs Pamphili. 2 Oratorie dixit: non enim Pamphilum sed animum dixit Pamphili. 3 vxoris misericordia amphibolia. 4 hic animvs hic pro tum. Vergilius «
hic annis grauis
a.
atque
a.
animi
m.
maturus
A.
Aletes
5055 ». 5 vxoris
misericordia recte, quia misericordia56
amor nascitur. sic et in Phormione «
misertum est. Virgo ipsa facie egregia
51 » et Vergilius «
heu quibus ille iactatus
f.
fatis
52 ».
1 hic animvs celui de Pamphile. 2 Il le dit de manière oratoire : en effet il
ne dit pas Pamphilus
(Pamphile), mais animus
Pamphili. 3 vxoris
misericordia ambiguïté517. 4 hic animvs hic pour tum (alors). Virgile : « hic annis
grauis atque animi maturus Aletes » (Alors, Alétès, avec la
pondération de son âge et la maturité de son esprit). 5 vxoris misericordia correct, parce que
c'est par la misericordia
(pitié) que naît l'amour. Ainsi aussi dans le
Phormion « misertum est. Virgo ipsa facie egregia »
et Virgile « heu quibus ille iactatus fatis » (Hélas, lui, quels
destins l'ont malmené !)518.
deuinctus, partim uictus huius
iniuriis,
attaché, en partie vaincu par les
affronts de l'autre,
1 partim victvs hvivs inivriis qualitas
relatiua. 2 devinctvs partim victvs de
proximo repetiuit παρόμοιον: deuinctus uictus.
1 partim victvs hvivs inivriis qualité
relative519. 2 devinctvs partim victvs très près il a
répété une paronomase (παρόμοιον) : deuinctus uictus.
paulatim elapsus est Bacchidi atque
huc transtulit
peu à peu s'est détaché de Bacchis et
a transféré ici
1 pavlatim elapsvs est adeo tardus est amor
Pamphili et magnus, ut etiam post iniurias difficile
discedat. 2 Et elapsvs est animus, non Pamphilus.
1 pavlatim elapsvs est l'amour de Pamphile
est à ce point lent et grand, que même après des injustices il se
retire difficilement. 2 Et elapsvs est
animus (le cœur), pas
Pamphilus (Pamphile).
amorem, postquam par ingenium nactus
est.
son amour, après avoir rencontré un
caractère égal au sien.
1 postqvam par ingenivm nactvs est an sibi
par? an absolute
bonum, ut dicimus
sic par est facere
te? 2 Ergo aut sibi
par aut uxori, id est
liberali feminae. 3 par ingenivm nactvs
est par ingenium
eandem uoluntatem.
Sallustius «
quos eadem odisse et eadem metuere in unum
coegit
53 ». idem alibi «
nam idem
u.
uelle
a.
atque
i.
idem
n.
nolle
,
e.
ea
d.
demum
f.
firma
a.
amicitia
e.
est
54 ».
1 postqvam par ingenivm nactvs est est-ce
par (égal) à lui-même ?
Ou est-ce sans complément un équivalent de bonus (bon), comme on dit "sic par
est facere te" (il est bon que tu agisses ainsi) ? 2 Ainsi c'est par (égal) soit à lui-même, soit à
son épouse, c'est-à-dire à une femme généreuse. 3 par ingenivm nactvs est par ingenium signifie eadem uoluntas (la même volonté).
Salluste : « quos eadem odisse et eadem metuere in unum coegit »
(haïr la même chose et craindre la même chose a fait d'eux un
bloc)520. Le même ailleurs : « nam idem uelle atque idem
nolle, ea demum firma amicitia est » (car avoir les mêmes désirs
et les mêmes répugnances, c'est là en somme l'amitié dans toute sa
force).
interea in Imbro moritur cognatus
senex
Pendant ce temps, à Imbros, meurt un
vieux parent
1 interea in imbro moritvr cognatvs senex
causa abitionis Pamphili narratur. 2 cognatvs senex bene quod senex, nam acerbum funus non
conueniebat fabulae, in comoedia. itaque apud Terentium aut
meretrix molesta aut ex duabus una uxor moritur aut senex: ita ex
huiusmodi mortibus uel incommodum uitatur uel lucrum insuper
nascitur, ut non sit causa lugendi.
1 interea in imbro moritvr cognatvs senex
c'est la raison du départ de Pamphile qui est racontée. 2 cognatvs senex c'est bien de dire
senex, car de pénibles
funérailles ne convenaient pas à une pièce, dans le genre comique.
C'est pourquoi chez Térence c'est soit une courtisane importune
qui meurt, soit, dans le cas où il y en a deux, une épouse521,
soit un vieillard : grâce à de telles morts c'est soit un désastre
qui est évité, soit un avantage de plus qui apparaît, de sorte
qu'il n'y a pas de raison de se lamenter522.
horunce; ea ad hos1360 lege redibat
hereditas,
à eux ; cet héritage leur revenait
selon la loi.
1 horvnce maluit horum quam dominorum dicere. 2 ea ad hos lege redibat hereditas uerbo
iuris usus est: ea enim legitima est hereditas, quae familiae
debebatur.
1 horvnce il préfère dire horum plutôt que dominorum (de mes
maîtres). 2 ea ad hos lege redibat
hereditas il a utilisé un terme de droit : en effet est
légitime l'héritage (hereditas), que l'on devait à la
famille523.
eo amantem inuitum Pamphilum extrudit
pater;
C'est là que le père expédie
l'amoureux Pamphile contre son gré.
1 eo amantem modo iam uxorem, non enim
amicam. 2 invitvm pamphilvm
inuitum recessisse uis
uerbi demonstrat; nam proprie extrudere dicitur, qui manibus
expellit. sed hic translatione usus est, ut ostenderet tantum
importunitatis uerbis senis fuisse, quantum impulsio manuum
efficere potuisset. 3 extrvdit
uerbum necessitatis.
1 eo amantem à présent désormais amoureux de
son épouse, et non, de fait, de sa maîtresse. 2 invitvm pamphilvm qu'il soit parti malgré
lui (inuitum), c'est la
valeur du verbe qui le montre ; car au sens propre, extrudere se dit de celui qui chasse
de ses mains. Mais ici il se sert d'une métaphore pour montrer
que, par les mots du vieillard, il y a eu un désagrément aussi
grand qu'un choc de la main aurait pu en produire524. 3 extrvdit verbe qui marque l'inévitable.
relinquit cum matre hic uxorem: nam
senex
Il laisse avec sa mère son épouse
ici : le vieux en effet
1 relinqvit ἐνάργεια praesentis temporis. legitur
et reliquit.
2 relinqvit cvm matre hic
vxorem praeparatio ad futurum errorem. 3 nam senex rvs abdidit sese nam hic inceptiua particula est, ut
«
nam meus conseruus est homo haud magni preti
55 » Plautus in Milite glorioso.
1 relinqvit hypotypose (ἐνάργεια) qui repose
sur le temps présent525. On lit aussi reliquit. 2 relinqvit cvm matre hic vxorem préparation
en vue de la méprise à venir. 3 nam senex rvs abdidit sese nam est ici une particule
inaugurale526.
Plaute, dans Le Soldat fanfaron : « nam meus
conseruus est homo haud magni preti » (voilà, j'ai un compagnon
d'esclavage, homme de peu de valeur).
rus abdidit sese1361, huc raro in
urbem commeat.
s'est caché à la campagne, il fait
rarement des allers-retours ici, en ville.
1 rvs abdidit sese uerbum reprehendentis
senem, quod sese abdidit
dixit. 2 hvc raro in vrbem commeat
huc bene dixit, ut
ostendat Parmenonem in urbe esse. 3 Mira οἰκονομία: fac enim praesentem et nullus
error in fabula est. 4 commeat
commeare est abesse inde,
ubi te esse oporteat, hoc ergo dicto ostendit, quam raro
ad urbem ueniat senex, quippe commeatus est ex aliqua commoratione
temporalis abscessus.
1 rvs abdidit sese verbe de reproche pour le
vieillard que ce sese
abdidit527. 2 hvc raro in vrbem commeat c'est bien qu'il
dise huc, pour montrer
que Parménon est en ville. 3 Remarquable organisation (οἰκονομία) : en effet
rends-le présent et il n'y a aucune méprise dans la pièce528. 4 commeat commeare (aller et venir), c'est
être absent de là où il faudrait qu'on soit, donc, une fois cela
dit, il montre combien il est rare que le vieillard vienne en
ville, puisque commeatus
(congé, permission) désigne un éloignement provisoire après un
séjour.
Ph.-quid adhuc habent infirmitatis
nuptiae?
Ph.-Qu'est-ce que, jusque là, le
mariage a de faible ?
1 qvid adhvc habent
i.
infirmitatis
bene usque adhuc suspensa narratio est. et in
hac interrogatione quasi substomachatur Philotis decepta, quod
nihil uideat infirmitatis in nuptiis, quod optauerat. 2 qvid adhvc habent hoc tristior meretrix
dixit.
1 qvid adhvc habent infirmitatis c'est bien
jusqu'à ce point (adhuc)
que la narration est suspendue. Et, dans cette interrogation,
Philotis déçue marque pour ainsi dire un léger dépit, à l'idée
qu'elle ne voit aucune faiblesse dans le mariage, ce qu'elle avait
souhaité. 2 qvid adhvc habent la
courtisane dit cela assez triste.
Par.-nunc audies. primos dies
complusculos
Par.-Tu vas l'entendre. Pendant un
certain temps au début,
1 nvnc avdies sic ait quasi iamdudum audire
cupienti. 2 Vel ad molestam
percontatricem.
1 nvnc avdies il dit cela comme s'il
s'adressait à quelqu'un qui désire l'entendre sans
délai. 2 Ou alors pour répondre à
une interrogatrice pénible.
bene conueniebat sane inter eas;
interim
ça allait tout à fait bien entre
elles ; à un moment donné
1 bene conveniebat sane sane bene pro multum. 2 Et sane satis, ualde, quia qui sanus, idem ualidus. 3 interim miris modis odisse huc usque
Parmenonem poeta uerba passus est dicere cetera actibus
seruaturus. 4 interim miris modis mire
ad finem comoediae rerum explanatio reseruatur. namque si quaeras,
fallitur Parmeno, cum non odio socrus sed pudore simultatem
aduersus socrum Philumena assimulauerit. 5 interim modo repente. et est aduerbium
temporis.
1 bene conveniebat sane sane pour multum (très) est bien529. 2 Et sane signifie satis (assez), ualde (beaucoup), parce que celui
qui est sanus (bien
portant), est ualidus
(fort)530. 3 interim miris modis
odisse le poète laisse Parménon aller jusque là dans son
récit parce qu'il va réserver le reste à l'action. 4 interim miris modis de manière remarquable
l'explication des choses est réservée à la fin de la comédie. En
effet, si l'on cherche bien, Parménon se trompe, puisque ce n'est
pas par haine envers sa belle-mère mais par réserve que Philumène
a feint d'être en mauvais termes avec sa belle-mère. 5 interim parfois repente (soudain)531. Et c'est un adverbe de temps.
miris modis odisse coepit
Sostratam;
c'est incroyable comme elle s'est
mise à détester Sostrata ;
miris modis miris exemplis.
miris modis miris exemplis (exemples
étonnants)532.
neque lites ullae inter eas,
postulatio
et pas de querelle entre elles, de
réclamation
1 postvlatio expostulatio, querela. 2 Sed proprie expostulatio est apud illum ipsum qui
peccauerit, postulatio de
illo apud alterum. 3 postvlatio
querela et quasi iusta
interpositio querelarum.
1 postvlatio expostulatio (réclamation),
querela
(plainte). 2 Mais au sens propre
expostulatio
(réclamation) s'adresse à celui-là même qui a commis la faute,
postulatio (plainte) à
autrui au sujet de celui qui a commis la faute533. 3 postvlatio querela (plainte) et pour ainsi dire
légitime insertion de plaintes534.
numquam. Ph.-quid igitur? Par.-si
quando ad eam accesserat
jamais. Ph.-Quoi, alors ? Par.-Si par
hasard elle l'avait fait venir
1 qvid igitvr recte dixit: si hoc non fuit,
quid ergo?57
qvid igitvr elle dit cela à bon droit : si
cela n'est pas arrivé, que s'est-il donc passé ?
confabulatum, fugere e conspectu
ilico,
pour bavarder, elle fuyait aussitôt
son regard,
1 fvgere e conspectv ilico bene e conspectu, utpote quae caueret
grauida intellegi. sed tamen subiungitur uidere nolle, ut ignorantia
Parmenonis appareat, qui argumentum odiorum credidit, quod
Philumena neque uideri iam uellet neque uidere. 2 fvgere e conspectv ne uideretur.
1 fvgere e conspectv ilico e conspectu est bien dit,
puisqu'elle veille à ce qu'on ne comprenne pas qu'elle est
enceinte. Et cependant est ajouté uidere nolle, pour qu'apparaisse
l'ignorance de Parménon, qui a cru l'argument de la haine, sous
prétexte que Philumène à présent ne veut ni être vue d'elle, ni la
voir. 2 fvgere e conspectv afin
de n'être pas vue.
uidere nolle; denique ubi non quit
pati,
et ne voulait pas la voir ; pour
finir, quand elle ne peut plus le supporter,
1 videre nolle ne
uideret. 2 deniqve vbi non qvit
pati pati et
sustinere et sustineri intellegi potest hoc
loco. 3 Vtrum: postquam non potuit
sustinere socrum? an: postquam illa ferre non potuit sic se
celantem nurum? 4 Potest etiam sic
intellegi: ubi non potuit augmenta odii sui ipsa nurus pati et
continere, migrauit a socru. 5 non qvit pati tolerare aut tolerari, quia patior commune est; nam patior te et a te dicimus.
1 videre nolle ne uideret (afin qu'elle ne voie
pas). 2 deniqve vbi non qvit pati
pati peut être compris
ici comme à la fois sustinere (supporter) et sustineri (être supporté). 3 Est-ce : après qu'elle n'a plus pu supporter
(sustinere) sa
belle-mère ? Ou bien : après que celle-là n'a plus pu endurer
(ferre) que sa belle
fille se cache ainsi d'elle ? 4 On
peut même comprendre ainsi : lorsque la belle-fille elle-même ne
put souffrir et assumer l'accroissement de la haine envers elle,
elle partit de chez sa belle-mère535. 5 non qvit
pati tolerare
(tolérer) ou tolerari
(être toléré), parce que pati (souffrir) est commun ; nous
disons en effet pati te
(te souffrir) et a te (de
ta part)536.
simulat se ad matrem accersi ad rem
diuinam. abiit;
elle invente qu'on l'appelle auprès
de sa mère pour une cérémonie et elle s'en va ;
abiit proprie abiit, quia non exspectauit, ut
mitteretur.
abiit abiit au sens propre, parce qu'elle
n'a pas attendu d'être renvoyée.
ubi illic dies est compluris, accersi
iubet:
Lorsque ça fait plusieurs jours
là-bas, Sostrata ordonne qu'on la fasse venir :
1 vbi illic dies est
c.
complvris
ἀρχαίως dies, non diebus dixit. 2 accersi ivbet non addidit quae, quia intellegitur.
1 vbi illic dies est complvris de manière
archaïque (ἀρχαίως) il dit dies, et non diebus537. 2 accersi ivbet il n'a pas ajouté quae (elle que), parce que cela se
comprend538.
dixere causam tunc1362 nescio quam.
iterum iubet:
Ils ont donné un prétexte, je ne sais
quoi. Elle ordonne à nouveau :
dixere cavsam tvnc nescio
q.
qvam
ideo quam58, quia nullius momenti ac falsam.
dixere cavsam tvnc nescio qvam quam, parce que prétexte qui ne vaut
rien et faux539.
nemo remisit. postquam accersunt
saepius,
Personne ne l'a renvoyée. Quand ils
l'ont demandée plusieurs fois,
1 nemo remisit hic iam apertius odium
uidetur, ubi iam nec fingitur causa. 2 postqvam accersvnt subauditur nostri, id est missi a
socru. 3 postqvam accersvnt missi a
nobis scilicet. et mira uarietas.
1 nemo remisit ici la haine semble plus
visible, lorsque désormais on n'invente plus de prétexte540. 2 postqvam accersvnt nostri (les nôtres) est
sous-entendu, c'est-à-dire les gens envoyés par la
belle-mère. 3 postqvam accersvnt les
gens envoyés par nous, bien sûr. Et remarquable variété.
aegram esse simulant mulierem; nostra
ilico
on invente que la femme est malade ;
notre Sostrata aussitôt
it uisere ad eam: admisit nemo; hoc
ubi senex
va lui rendre visite : personne ne la
reçoit ; cela, lorsque le vieux
1 it visere
a.
ad
e.
eam
59 ut
«
populare penates uenimus
56 ». 2 it visere ad eam
uisere officii est,
uidere quaerentis
aliquem. 3 admisit nemo iniuriosa
etiam ipsa pronuntiatio est. 4 hoc vbi senex rescivit scimus quae ad nos deferuntur,
rescimus celata.
1 it visere ad eam comme « populare penates
uenimus » (nous sommes venus dévaster les demeures)541. 2 it visere ad
eam uisere tient
de la convention sociale, uidere s'applique à celui qui
cherche à voir quelqu'un542. 3 admisit nemo
la prononciation elle-même est blessante. 4 hoc vbi senex rescivit on emploie
scire (savoir) pour ce
qui est porté à notre connaissance, rescire pour ce qui nous est
caché543.
resciuit, heri ea causa rure huc
aduenit,
l'a découvert, hier, c'est cette
raison qui l'a fait revenir de la campagne,
heri ea cavsa bene ea causa, quippe qui se ruri
abdidisset.
heri ea cavsa ea causa est bien dit, puisqu'il
s'était caché à la campagne.
patrem continuo conuenit
Philumenae.
il est allé voir de suite le père de
Philumène.
quid egerint inter se, nondum etiam
scio,
Ce qui s'est passé entre eux, je ne
le sais pas encore,
1 nondvm etiam scio παρέλκον tertium. 2 nondvm etiam recte seruauit reliquis
partibus fabulae pendulum et attentum spectatorem.
1 nondvm etiam scio pléonasme (παρέλκον) de troisième
catégorie544. 2 nondvm etiam il a correctement préservé le
suspens et l'attention du spectateur pour le reste de la
pièce.
nisi sane curae est quorsum euenturum
hoc siet.
mais je suis très curieux de savoir
ce qui va arriver.
1 nisi sane cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc
siet bene, quia curiosus est Parmeno et idem garrulus;
nam, per totam fabulam talis inducetur60. 2 cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc siet deest
scire. 3 Et est
παρασκευὴ εἰς τὴν
ἀναγνώρισιν
61.
1 nisi sane cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc
siet c'est bien, parce que Parménon est curieux et de même
bavard ; en effet, dans toute la pièce il sera représenté
ainsi545. 2 cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc
siet il manque scire (savoir)546. 3 Et c'est une préparation en vue de la
reconnaissance (παρασκευὴ εἰς τὴν ἀναγνώρισιν).
habes omnem rem; pergam quo coepi hoc
iter.
Voilà, tu as toute l'affaire ; je
vais continuer le chemin que j'ai commencé.
1 habes omnem rem quasi dicat quam audire expetisti. 2 pergam qvo coepi hoc iter pergam iter ut «
tendere iter
57 ». 3 qvo coepi hoc iter ad
portum scilicet.
1 habes omnem rem comme s'il disait
quam audire expetisti
(que tu as réclamé d'entendre). 2 pergam qvo coepi hoc iter pergam iter comme « tendere iter »
(tracer son chemin)547. 3 qvo coepi hoc iter en direction du port,
bien sûr.
Ph.-et quidem ego; nam constitui cum
quodam hospite
Ph.-Et moi aussi ; en effet j'ai
rendez-vous avec un étranger
1 nam constitvi cvm qvodam hospite dicit
causam, cur in reliqua fabula non appareat persona huius
meretricis. 2 constitvi constitui proprie, nam constitutum de huiusmodi rebus
dicitur. 3 Conuenire et constituere: de62 eius modi rebus apud extraneos
meretrices agunt.
1 nam constitvi cvm qvodam hospite il donne
la raison pour laquelle dans le reste de la pièce le personnage de
cette courtisane n'apparaît pas. 2 constitvi constitui au sens propre, en effet
on dit constitutum
(affaire entendue) pour des choses de la sorte548. 3 Conuenire (fixer) et constituere (convenir de) : c'est de
ce genre de chose que les courtisanes s'occupent auprès
d'étrangers.
me esse illum conuenturam. Par.-di
uortant bene
pour le rencontrer. Par.-Que le Ciel
fasse réussir
di vortant bene qvod agas saepe enim res
aliter quam uolumus eueniunt. et ideo Vertumnus colitur, qui
praeest rebus se uertentibus.
di vortant bene qvod agas en effet souvent
les choses tournent autrement que nous le voulons. Et c'est pour
ça qu'on honore Vertumnus, qui préside à la façon dont tournent
(uertere) les choses.
quod agas. Ph.-uale. Par.-et tu bene
uale, Philotium.
ce que tu fais. Ph.-Porte-toi bien.
Par.-Et toi aussi porte-toi bien, Philotis.
Actus alter
scaena prima
Laches Sostrata
198 | 199 | 200 | 201 | 202 | 203 | 204 | 205 | 206 | 207 | 208 | 209 | 210 | 211 | 212 | 213 | 214 | 215 | 216 | 217 | 218 | 219 | 220 | 221 | 222 | 223 | 224 | 225 | 226 | 227 | 228 | 229 | 230 | 231 | 232 | 233 | 234 | 235 | 236 | 237 | 238 | 239 | 240 | 241 | 242
La.-pro deum atque hominum fidem,
quod hoc genus est! quae est haec coniuratio!
La.-Au nom du Ciel, qu'est ce que
c'est que cette engeance ? Qu'est-ce que c'est que ce
complot ?
1 pro devm atqve hominvm fidem in hac scaena
accusatio socrus est, quae se coniecturaliter defendit dicens
nihil a se factum in perniciem nurus. 2 pro devm atqve hominvm fidem ἐμπαθῶς63 ab
exclamatione coepta scaena est; senex enim est difficilis et
iratus. 3 qvod hoc genvs est qvae est haec
con.
conivratio
64 conatur Terentius aduersum famam socrum bonam
reperire. 4 Et incipit a generali exclamatione, quo
uehementior sit eius confessio65, paulatimque ad speciale crimen
descendit. 5 qvod hoc genvs est
accusatio a persona, cui accidit ex sexu, quod socrus
est. 6 conivratio consensio bonae rei est, coniuratio malae. inde et Catilinae coniuratio dicta
est. 7 qvae est haec66 accusatio a re.
1 pro devm atqve hominvm fidem on a dans
cette scène l'accusation de la belle-mère, qui se défend par
conjecture en disant qu'elle n'a rien fait pour nuire à sa
bru. 2 pro devm atqve hominvm
fidem la scène est ouverte avec émotion (ἐμπαθῶς) par une
exclamation ; le vieillard en effet est d'humeur difficile et en
colère. 3 qvod hoc genvs est qvae est haec
conivratio Térence s'efforce d'imaginer une bonne
belle-mère à l'encontre des idées reçues549. 4 Et il
commence par une exclamation générale550, pour que la confession de ses griefs envers la
belle-mère soit plus violente, et progressivement en arrive au
grief dont il est question. 5 qvod hoc genvs
est accusation tirée de la personne, à laquelle s'ajoute
une accusation reposant sur le sexe, parce qu'elle est une
belle-mère. 6 conivratio on parle de
consensio (accord) pour
une chose positive, de coniuratio (conjuration) pour une
chose négative. De là aussi le titre La Conjuration de
Catilina (Catilinae
coniuratio). 7 qvae est
haec accusation tirée de la chose.
utin omnes mulieres aeque eadem
studeant1363 nolintque omnia,
Toutes les femmes, tout pareil,
recherchent la même chose et refusent tout,
1 vtin omnes mvlieres aeqve
s.
stvdeant
67
bono argumento utitur; "laesisti nurum", quia socrus
est68 et
nulla socrus nurum diligit. 2 vtin omnes
mvlieres accusatio a causa. 3 eadem stvdeant maioris operis est
studere quam uelle.
1 vtin omnes mvlieres aeqve stvdeant il
utilise un bon argument ; "tu as fait du tort à ta bru", parce que
c'est une belle-mère et aucune belle-mère n'aime sa bru. 2 vtin omnes mvlieres accusation tirée de la
cause551. 3 eadem
stvdeant studere
est le propre d'un effort plus grand que uelle (vouloir).
neque declinatam quicquam ab aliarum
ingenio ullam reperias!
et impossible d'en trouver une qui
s'écarte du caractère des autres !
neqve declinatam qvicqvam id est flexam uel inflexam, ab eo quod declinauerit, ne par
sit69 diuersam uel dissimilem dixisse, ut est «
illum tumultum inflexit
58 ».
neqve declinatam qvicqvam c'est-à-dire
flexam (fléchie) ou
inflexam (infléchie), du
verbe declinare
(détourner)552, pour que ce ne soit pas comme avoir dit diuersam (opposée) ou dissimilem (dissemblable), comme
« illum tumultum inflexit » (il infléchit ce tumulte)553.
itaque adeo uno animo omnes socrus
oderunt nurus.
Voilà pourquoi, d'un seul cœur,
toutes les belle-mères détestent leur belle-fille.
1 itaqve adeo vno animo nescias, an ex
sententia hac uel adeo ex hac scaena nomen fabulae sit
inuentum. 2 itaqve
a.
adeo
necessaria sententiae amphibolia ad
describendam utramque personam.
1 itaqve adeo vno animo on ne peut savoir si
c'est à partir de cette phrase ou à plus forte raison de cette
scène que le nom de la pièce a été trouvé554. 2 itaqve adeo amphibologie555 de la phrase
indispensable à la description des deux
personnages556.
uiris esse aduersas aeque studium
est, similis pertinacia est,
Avec leur mari, tout pareil, elles
s'acharnent à leur tenir tête, elles sont toutes aussi
obstinées,
1 viris esse adversas aliud argumentum:
"laesisti nurum, ut mihi aduersareris", nam mulier es et omnes
mulieres aduersantur uiris. 2 similis pertinacia
est αὔξησις70, nam
studium et malum et bonum
est, pertinacia uero
numquam non mala. 3 aeqve stvdivm
est dedita opera. 4 stvdivm est
uoluntas71 hominis attentior atque
impensior.
1 viris esse adversas autre argument : "tu as
fait du tort à ta bru, pour t'opposer à moi", car tu es une femme
et que toutes les femmes s'opposent à leur mari. 2 similis pertinacia est amplification
(αὔξησις), car
studium est à la fois
connoté positivement et négativement, mais pertinacia (opiniâtreté) n'est
jamais autre chose que négatif. 3 aeqve stvdivm est on a consacré son
énergie557. 4 stvdivm est
volonté de l'homme plus attentive et plus empressée.
in eodem1364 omnes mihi uidentur
ludo doctae ad malitiam.
c'est à la même école, qu'elles me
semblent toutes avoir appris à être mauvaises.
in eodem omnes mihi videntvr tria in
accusatione posuit, ex quibus duo sunt communia, unum ipsius: quod
mulier est et quod
socrus, communia, quod
ipsa specialiter magistra est ad
malitiam, Sostrata. et72 ex his
colligit iniuriam passam nurum per coniecturam.
in eodem omnes mihi videntvr il met trois
choses dans l'accusation, parmi lesquelles deux sont communes et
l'autre est spécifique à Sostrata : le fait qu'elle soit
femme558 et le fait qu'elle soit belle-mère559 sont
communes560; ce qu'elle est
elle-même en particulier, Sostrata, c'est "maîtresse en malice"
(magistra ad
malitiam)561. Et à partir de ces
éléments, il conclut par une conjecture que la bru a été victime
d'une injustice562.
Et dans cette école, si elle existe,
c'est ma femme qui fait les cours, je le sais trop bien.
et ei lvdo si qvis est magistram magna
amplificatio criminis: dubitat an sit ludus malitiae et magistram non dubitat Sostratam, sed
certe scio inquit.
et ei lvdo si qvis est magistram grande
amplification du grief : s'il doute qu'il y ait une "école"
(ludus) de malice, il ne
doute pas que Sostrata en soit une "maîtresse" (magistra), mais dit bien certe scio (assurément je
sais)563.
So.-me miseram, quae nunc quamobrem
accuser nescio!
So.-Malheureuse que je suis, moi qui
ne sais pas à présent de quoi on m'accuse !
1 me miseram et haec ἐμπαθῶς73 coepit, sed ad misericordiam
spectat defendentis oratio. 2 qvae nvnc qvamobrem
accvser nescio oratorie pro se loquitur mulier, siquidem
maioris innocentiae est nescire crimen quam defendere. et his
uerbis ostenditur sine noxa esse etiam Philumenam, non solum hanc
quae loquitur, Sostratam.
1 me miseram celle-ci commence avec émotion
(ἐμπαθῶς),
mais le discours oratoire de celle qui se défend vise à provoquer
la pitié564. 2 qvae nvnc qvamobrem accvser nescio de
manière oratoire la femme parle en sa faveur, puisque ignorer un
crime participe d'une plus grande innocence que s'en défendre. Et
il apparaît, avec ces mots, que Philumène est aussi sans tort, et
pas seulement celle qui parle, Sostrata.
La.-hem, tu nescis? So.-non, ita me
di ament, mi Laches,
La.-Ah, tu ne sais pas ? So.-Non,
pour l'amour du Ciel, mon cher Lachès,
1 non ita me di bene ament modo mi Laches non est blandientis sed
eius qui periclitetur innoxius. 2 non ita me di ament ἄτεχνος πίστις74 per iusiurandum. 3 non ita
m.
me
d.
di
a.
ament
animaduertendum ueteres non minus εὐφημισμόν in uerbis
quam κακέμφατον
neglexisse75, uelut hic non ita me di bene ament.
1 non ita me di bene ament. Parfois
l'expression mi Laches
n'est pas le propre de celui qui cajole, mais de celui qui, dans
son innocence, est mis en danger565. 2 non ita me di
ament preuve non-technique (ἄτεχνος πίστις) par serment566. 3 non ita me di ament il
faut remarquer que les Anciens ne portaient pas plus d'attention à
l'euphémisme (εὐφημισμόν) dans les mots qu'au kakemphaton
(κακέμφατον),
comme ici non ita me di bene
ament567.
itaque una inter nos agere aetatem
liceat...! La.-di mala prohibeant!
qu'il nous soit permis de vivre notre
vie ensemble, entre nous...! La.-Le Ciel nous en préserve !
1 itaqve modo duae partes sunt
orationis. 2 di mala76
prohibeant seniliter odit uxorem, cuius amor
optabilis77 fuit in adulescentia. 3 di mala prohibeant ut una nos agere
ae.
aetatem
l.
liceat
78.
1 itaqve parfois il constitue deux parties du
discours568. 2 di mala prohibeant en vieillard il déteste
sa femme, dont il trouva l'amour désirable pendant son
adolescence. 3 di mala prohibeant "qu'il
nous soit permis de passer ensemble notre vie"569.
So.-meque abs te inmerito esse
accusatam postmodum rescisces, scio.
So.-Que tu m'as accusée à tort,
bientôt tu le découvriras, je le sais.
1 postmodvm rescisces haec figura ab
oratoribus ἐπαγγελία79 nominatur, in qua aliquid promittimus iudicibus nos
probaturos, cum metuimus, ne quid illis temere persuasum
sit. 2 postmodvm rescisces
fiducia innocentiae. 3 resciscere est80 quod de industria
celatur uix, argumentum uix81 agnoscitur82.
1 postmodvm rescisces cette figure est nommée
"promesse" (
ἐπαγγελία
) d'après les orateurs ; nous y promettons aux juges
que nous apporterons la preuve de quelque chose, lorsque nous
craignons qu'on les ait persuadés de quelque chose sans
preuve570. 2 postmodvm rescisces confiance en
l'innocence. 3 Resciscere (venir à savoir) c'est :
un argument qui est caché exprès avec peine au sujet de l'affaire,
peine à être connu.
La.-te inmerito? an quicquam pro
istis factis dignum te dici potest,
La.-Toi, à tort ? Existe-t-il un mot
pour exprimer comme il faut ton attitude dans cette affaire,
an qvicqvam pro istis
f.
factis
amare παρ᾽ ἀξίαν83.
an qvicqvam pro istis factis avec amertume
contre les convenances (παρ᾽ ἀξίαν).
quae me et te et familiam dedecoras,
filio luctum paras,
toi qui déshonores et toi et moi et
notre famille, qui prépares le malheur de ton fils ?
1 qvae me et te et familiam iam sic accusat,
quasi probauerit crimen. et est amplificatio. 2 qvae me et te et
f.
familiam
haec exaggeratio est, quae δεινότης84 appellatur, cum ex uno maleficio multa fiunt ab
oratoribus crimina. 3 dedecoras
dedecoratur quod honestum
est animo, turpatur quod
honestum est corporale.
1 qvae me et te et familiam déjà il accuse
comme s'il avait apporté la preuve du crime. Et c'est une
amplification. 2 qvae me et te et familiam
cette une amplification est appelée "habileté" (
δεινότης
), lorsque de nombreux crimes sont inventés par les
orateurs à partir d'un seul méfait. 3 dedecoras On dit dedecorare (déshonorer) quand il est
question d'honneur moral, turpare (couvrir de honte) quand il
est question d'honneur physique.
tum autem ex amicis inimici ut sint
nobis ad fines facis,
Et maintenant d'amis qu'ils étaient
tu fais de nos voisins des ennemis,
qui illum decrerunt dignum suos cui
liberos committerent?
eux qui ont cru que ce garçon
méritait qu'ils lui confient leurs enfants.
1 svos cvi liberos committerent85 nota liberos in significatione et unius
filiae. 2 dignvm cvi
li.
liberos
co.
committerent
86 multum sonanter et
accusatorio strepitu nec masculinum nec femininum genus posuit nec
unam sed liberos. sic
Cicero «
en cui tuos liberos committas
59 », cum de uno ageret, et «
habemus enim liberos omnes
60 » de puella. 3 dignvm sic
dixit87 dignum, ut honoris sit genus accipere
uxorem meruisse.
1 svos cvi liberos committerent remarquez
liberos même dans le sens
de "une seule fille". 2 dignvm cvi liberos
committerent de façon très sonnante et dans un vacarme
accusatoire il ne met ni le genre masculin, ni le genre féminin,
ni qu'elle est seule, mais liberos. Cicéron : « en cui tuos
liberos committas » (voilà l'homme à qui l'on peut confier ses
enfants), alors qu'il s'agissait d'un seul571, et « habemus enim liberos
omnes » (tous nous avons en effet des enfants)572 au sujet d'une jeune fille573. 3 dignvm il dit dignum (digne), de sorte que ce soit
comme recevoir un genre d'honneur que d'avoir mérité une
épouse.
tu sola exoriare1367 quae
perturbes haec tua inpudentia!
C'est toi seule qui sors responsable
de ce fouillis par ton impudence !
1 tv sola emergis88, reperiris. uerbum hoc impudentiam
notat. Cicero «
exortus est seruus, qui, quem in eculeo
a.
appellare
n.
non
p.
posset
,
e.
eum
a.
accuset
s.
solutus
61 ». 2 exoriare existas. 3 Exoriri
igitur, qui non exspectati inuadunt89
aliquem.
1 tv sola emergis (tu te découvres),
reperiris (on te trouve).
Ce verbe stigmatise l'impudence. Cicéron : « exortus est seruus,
qui, quem in eculeo appellare non posset, eum accuset solutus »
(voici qu'un esclave sort en pleine liberté accuser celui qu'il ne
pourrait même nommer au milieu des douleurs de la torture !)574. 2 exoriare
existas (tu es)575. 3 Donc on dit exoriri pour ceux qui sans être
attendus se jettent sur quelqu'un.
So.-egon? La.-tu, inquam, mulier,
quae me omnino lapidem non hominem putas.
So.-Moi ? La.-Toi, dis-je, femme, qui
me prends vraiment pour une pierre, pas pour un homme.
1 tv inqvam mvlier qvae me
tu
90 mulier emphasin91 malitiae habet et omnino
expressio consuetudinis est ad indignationem. 2 Et lapis numquam utilis nisi ad telum:
quem magis ad iniuriam delegit, nam saxum melius quam lapis, ut Vergilius «
saxaque subuectare humeris
62 » etc. 3 tv inqvam
mvlier sic Euripides «
πολλὰς ἂν εὕροις
μηχανάς · γυνὴ γὰρ εἶ
6392 » et Vergilius «
uarium et mutabile semper femina
64 ». 4 lapidem non hominem
sufficeret lapidem
putas, sed de stomacho
additum non hominem.
Plautus «
erus meus elephanti corio circumtectus est, non
suo
65 ». 5 non hominem pvtas ἐν ἤθει93. sic Apollodorus «
σύ με παντάπασιν
ἥγησαι λίθον
6694 ».
1 tv inqvam mvlier qvae me tu mulier est une emphase à l'égard
de la malice et cette expression de la familiarité a tout à fait
pour but de montrer l'indignation576. 2 Et la "pierre" (lapis) n'a jamais d'autre utilité
que pour servir d'arme de jet : il choisit ce mot de préférence
pour injurier, car saxum
(rocher) est meilleur que lapis (pierre), ainsi Virgile :
« saxaque subuectare humeris » etc. (de porter sur nos épaules les
pierres etc.)577. 3 tv inqvam mvlier ainsi Euripide « πολλὰς ἂν εὕροις μηχανάς · γυνὴ
γὰρ εἶ » (tu trouveras bien des prétextes ; car tu es
femme) et Virgile « uarium et mutabile semper femina » (la femme
est chose qui toujours varie et change). 4 lapidem non hominem lapidem putas aurait suffi, mais
non hominem est ajouté
avec irritation. Plaute : « erus meus elephanti corio circumtectus
est, non suo » (mon maître a été enveloppé d'une peau d'éléphant,
pas de la sienne)578. 5 non hominem pvtas selon son caractère
(ἐν
ἤθει)579. Apollodore : « σύ με παντάπασιν ἥγησαι λίθον » (toi, tu
me prends tout à fait pour une pierre).
an, quia ruri esse crebro soleo,
nescire arbitramini
Ou alors, parce que j'ai l'habitude
d'être souvent à la campagne, vous croyez que je ne sais pas
an qvia rvri esse crebro memor sui est, qui
dixerat «
rus
ab.
abdidit
s.
sese
67 ».
an qvia rvri esse crebro le poète est
cohérent avec lui-même, lui qui avait dit « rus abdidit
sese »580.
quo quisque pacto hic uitam
uestrorum1368 exigat
comment chacune d'entre vous mène ici
sa vie ?
qvo qvisqve pacto vestrorvm uestrorum pro uestrum. sic ueteres.
multo melius hic quae fiunt quam illi
ubi sum adsidue scio,
Je sais bien mieux ce qui se passe
ici que là-bas où je suis sans interruption,
mvlto melivs hic qvae fivnt ὑπερβολῇ95 usus est, ut in Adelphis «
aut non totis96 sex
mensibus prius olfecissem?
68 ».
mvlto melivs hic qvae fivnt il utilise une
hyperbole (ὑπερβολή), comme dans Les
Adelphes : « aut non totis sex mensibus prius
olfecissem ? ».
ideo quia, ut uos mihi domi eritis,
proinde ego ero fama foris.
pour la raison que c'est suivant ce
que vous serez dans ma maison que sera ma réputation dehors.
1 ideo qvia vt vos mihi domi eritis mire
confirmat unde sciat, ne suspiciose crimen obicere
uideatur. 2 Et bene mihi, quia commoditas familiae ad
hunc redundat.
1 ideo qvia vt vos mihi domi eritis
remarquablement il affirme d'où il sait la chose, afin qu'il ne
semble pas porter une accusation sur de simples
soupçons. 2 Et mihi est bien dit, parce que ce qui
est dans l'intérêt de la maisonnée rejaillit sur lui583.
iam pridem equidem audiui cepisse
odium tui Philumenam,
Depuis longtemps en vérité j'ai
entendu dire que Philumène s'est mise à te détester,
pridem eqvidem avdivi cepisse odivm tvi
philvmenam primo obiurgatio est Sostratae cur non amet
nurum, secundo est cur non ametur a nuru, tertio cur usque
adeo97 puella
nupta deserat domum.
pridem eqvidem avdivi cepisse odivm tvi
philvmenam il y a premièrement le reproche fait à Sostrata
sur la raison qu'elle a de ne pas aimer sa bru, deuxièmement, sur
la raison qu'a sa bru de ne pas l'aimer, troisièmement, sur la
raison qui fait que la jeune mariée en soit arrivée à quitter sa
maison.
minimeque adeo mirum1369 et ni id fecisset, magis mirum foret.
et ça n'a rien d'étonnant ; c'est si
elle ne l'avait pas fait, que cela aurait été étonnant.
minimeqve adeo mirvm satis amare pro merito
dicit odium, contra
meritum amorem98. simulque excusat nurum, quae oderit
talem socrum. et simul praeuenit: quid99 si non laesa est? sed odio me habet.
minimeqve adeo mirvm avec assez d'amertume,
et c'est bien mérité, il dit odium, à l'encontre d'un amour
qu'elle aurait mérité584. Et en même temps il excuse la
bru d'avoir haï une belle-mère de cette sorte. Et en même temps il
prend les devants : "et si on ne lui a pas fait du tort, moi aussi
elle me hait ?"585
sed non credidi adeo ut etiam totam
hanc odisset domum;
Mais je ne croyais pas que c'était au
point de détester aussi toute la maisonnée ;
sed non credidi adeo id est100
osuram fuisse.
sed non credidi adeo c'est-à-dire
osuram fuisse (elle
aurait haï)586.
quod si scissem, illa hic maneret
potius, tu hinc isse foras.
si je l'avais su, ce serait plutôt
elle qui serait restée, et toi qui serais partie.
illa hic maneret ἠθικῶς post acrem
inuectionem se ipsum miseratur, ut inuidiam durae inclamationis in
illam conuertat. sic in Andria «
age nunciam: ego pol
h.
hodie
,
s.
si
u.
uiuo
,
t.
tibi
o.
ostendam
,
e.
erum
q.
quid
s.
sit
p.
pericli
f.
fallere
69 » et continuo «
Chreme, pietatem gnati! non te miseret mei?
t.
tantum
l.
laborem
c.
capere
o.
ob
t.
talem
f.
filium
?
70 »101.
illa hic maneret conformément à son
caractère (ἠθικῶς) après une rude invective il
s'apitoie sur son propre sort, afin de retourner contre elle
l'hostilité que provoque cette pénible exclamation. Ainsi dans
L'Andrienne : « age nunciam : ego pol hodie, si uiuo,
tibi ostendam, erum quid sit pericli fallere »587 et ensuite « Chreme, pietatem gnati ! non te miseret
mei ? Tantum laborem capere ob talem filium ? »588.
at uide quam immerito aegritudo haec
oritur mihi abs te, Sostrata:
Mais vois quel chagrin immérité tu me
causes, Sostrata :
1 qvam immerito aegritvdo haec oritvr mihi abs te
sostrata postquam de iniuria dixit, de persona eius, cuius
fama est in discrimine102. 2 aegritvdo haec
oritvr oritur et
magnitudinem rei significat et repentinum impetum, ut supra «
tu sola exorere
71 ».
1 qvam immerito aegritvdo haec oritvr mihi abs te
sostrata après avoir parlé de l'injustice, il parle de la
personne de Sostrata, dont la réputation est dans une position
critique. 2 aegritvdo haec oritvr
oritur signifie à la fois
l'importance de la chose et l'attaque soudaine, comme plus haut :
« tu sola exorere » (tu te montres seule).
rus habitatum abii, concedens uobis
et rei seruiens,
je suis parti habiter à la campagne,
vous laissant la place et servant votre intérêt,
1 rvs habitatvm abii quia dixit «
senex rus abdidit se
72 ». 2 concedens vobis ne
diceretur: quid si uoluptatis causa? 3 vobis melius pluraliter quam si diceret
tibi. 4 concedens vobis et rei serviens concedens uobis, id est: "ut uos in
urbe essetis". 5 rei serviens res seruit diuitibus quia abundant,
rei seruiunt pauperes,
quia se coartant ad angustias rei. ita ergo res pro qualitate sua et seruit et ei seruitur. Horatius «
imperat aut seruit collecta pecunia cuique
73 ».
1 rvs habitatvm abii parce qu'il a dit
« senex rus abdidit se ». 2 concedens
vobis pour qu'on ne dise pas : "que serait-ce, si tu le
faisais par plaisir ?"589 3 vobis c'est
mieux au pluriel que s'il disait tibi (à toi)590. 4 concedens vobis et
rei serviens concedens
uobis, c'est-à-dire : "de sorte que vous fussiez en
ville". 5 rei serviens c'est
l'argent qui est au service (res
seruit) des riches, parce qu'ils dont dans
l'abondance ; ce sont les pauvres en revanche qui sont au service
de l'argent (rei
seruire), parce qu'ils sont oppressés par les
difficultés d'argent. Ainsi donc l'argent, à la mesure de la
nature de sa fortune, est au service et est servi591. Horace : « imperat aut seruit collecta pecunia
cuique » (L'argent est tyran ou esclave de qui l'amasse)592.
sumptus uestros otiumque ut nostra
res posset pati,
afin que notre bien puisse subvenir à
vos dépenses et vos loisirs,
1 svmptvs vestros otivmqve sumptus uestros idem quod alibi
«
uitam urbanam
74 ». 2 Vel quod "nihil
acquiritis". 3 Vt in Adelphis «
ego hanc clementem uitam urbanam atque
o.
otium
s.
secutus
s.
sum
75 ». 4 otivmqve hoc amare quasi
nihil agentibus. 5 vt nostra res
posset103
mediocris scilicet ut comici patris familias.
1 svmptvs vestros otivmqve sumptus uestros comme ailleurs :
« uitam urbanam ». 2 Ou bien "parce
que vous n'y gagnez rien". 3 Comme
dans Les Adelphes : « ego hanc clementem uitam
urbanam atque otium secutus sum »593. 4 otivmqve il dit cela avec amertume, comme à
des gens qui ne font rien. 5 vt nostra res
posset un bien évidemment médiocre, puisqu'il s'agit d'un
père de famille de comédie594.
meo labori haud parcens praeter
aequum atque aetatem meam.
, sans tenir compte de ce qui serait
juste ni de mon âge.
praeter aeqvvm atqve aetatem meam
praeter aequum "quia uos
estis domi uel quia uos fruimini, cum ego delaborarim", aetatem quia senex. Vergilius «
uires ultra
s.
sortemque
s.
senectae
76 ».
praeter aeqvvm atqve aetatem meam
praeter aequum "parce que
vous êtes à la maison" ou "parce que vous en avez la jouissance
alors que moi, j'ai travaillé d'arrache-pied", praeter aetatem parce qu'il est
vieux. Virgile : « uires ultra sortemque senectae » (au-delà des
forces et de la condition de la vieillesse)595.
non te pro his curasse rebus ne quid
aegre esset mihi!
Et dire que toi, en échange de ces
services, , tu n'as pas eu à cœur que rien de désagréable ne
m'arrive !
1 non te pro his cvrasse rebvs mirus sensus:
pro his, inquit, tot rebus unam et facilem redderes: curares, ne
quid aegre esset mihi. 2 Et te sic pronuntiandum, quasi dicat:
"etsi alii non curarent, curare debuisti"104.
1 non te pro his cvrasse rebvs sens
remarquable : "en échange de ces nombreux services, dit-il, il y a
une seule chose – et facile – que tu aurais pu rendre. Tu aurais
dû te soucier que rien de désagréable ne m'arrive"596. 2 Et te
doit être prononcé comme s'il disait : "même si les autres ne s'en
souciaient pas, tu devais t'en soucier".
So.-non mea opera neque pol culpa
euenit. La.-immo maxime!
So.-Ce n'est ni par mon fait ni, nom
d'un chien, par ma faute que c'est arrivé. La.-Mais si,
précisément !
1 non mea opera neqve cvlpa105 uellet dicere nurus
culpa euenit, sed melius dixit non mea, ne accusando confirmaret
quod dixit senex «
omnes socrus oderunt nurus
77 ». 2 neqve pol cvlpa evenit
bene additum neque pol
culpa: potuit enim fieri, ut non fecerit ipsa
iniuriam, sed tamen permiserit fieri. mire tamen nec ipsa accusat
nurum. 3 Videtur unum dixisse
opera et culpa, et tamen non est idem:
opera enim est, si
scientes laeserimus, culpa, si nescientes; quorum alterum
sceleris, alterum stultitiae est.
1 non mea opera neqve cvlpa elle voudrait
dire "c'est arrivé par la faute de ma bru", mais c'est mieux de
dire non mea, pour ne pas
confirmer par cette accusation ce qu'a dit le vieillard : « omnes
socrus oderunt nurus ». 2 neqve pol cvlpa
evenit neque pol
culpa est bien ajouté : il aurait pu arriver en effet
qu'elle-même n'ait pas commis d'injustice, mais qu'elle l'ait
laissé commettre. Il est cependant remarquable qu'elle-même
n'accuse pas sa bru. 3 Il semble
qu'opera et culpa disent une seule chose, et
cependant ce n'est pas pareil : il y a opera, si de fait nous faisons du
tort en connaissance de cause, culpa, si nous n'en sommes pas
conscients ; des deux choses l'une tient du crime, l'autre de la
bêtise597.
sola hic fuisti; in te omnis haeret
culpa sola, Sostrata.
Tu étais seule ici ; c'est à toi
seule qu'échoit toute la faute, Sostrata.
1 sola hic fvisti noua ratio. et deest
enim, ut sit sola enim hic fuisti quod ad filium
et maritum pertinet, nam non sola, cum qua nurus106. 2 sola quantum pertinet ad regendam domum;
ceterum et filius et nurus erant. 3 Sed sola id est "sine me". 4 in te omnis haeret cvlpa "si est in nuru
iniuria aliqua, culpa in te omnis est tamen, Sostrata". 5 sola sostrata optime geminauit sola more irascentium, non nudum
nomen posuit. 6 Et Sostrata additum ad amaritudinem
inclamantis.
1 sola hic fvisti nouvelle explication. Et il
manque enim (en effet),
pour que ce soit sola enim hic
fuisti (en effet tu as été seule ici), en ce qui
concerne le fils et le mari, car elle n'était pas "seule"
(sola), puisqu'il y avait
sa bru (nurus). 2 sola pour autant que cela concerne la tenue
de la maison ; pour le reste il y avait le fils et la
bru. 3 Mais sola c'est-à-dire sans
moi598. 4 in te omnis haeret cvlpa
"s'il existe quelque injustice envers la bru, toute la faute te
revient cependant, Sostrata". 5 sola sostrata il a très bien répété
sola à la manière de ceux
qui se mettent en colère, il n'a pas mis le nom tout nu. 6 Et Sostrata est ajouté pour marquer
l'amertume de celui qui crie599.
quae hic erant curares, cum ego uos
solui curis ceteris.
Tu pouvais t'occuper de ce qui se
passait ici, puisque moi, je vous ai libérées de tout autre
souci.
1 cvm ego vos solvi cvris ceteris uos pro te, ut «
desiste
m.
manum
c.
committere
T.
Teucris
78 ». 2 cvm ego vos solvi noua
figura sola uos.
1 cvm ego vos solvi cvris ceteris uos pour te (toi), comme « desiste manum
committere Teucris » (cesse de te battre contre les Teucères)600. 2 cvm ego vos solvi
nouvelle figure sola
uos601.
cum puella anum suscepisse
inimicitias non pudet?
Une vieille femme n'a pas honte
d'avoir engagé les hostilités avec une jeune fille ?
1 cvm pvella anvm svscepisse inimicitias hoc
dicit, tamquam concesserit etiam nurum iniquam esse. 2 cvm pvella puellam107 blande dixit, ita hanc cum amaritudine
anum.
1 cvm pvella anvm svscepisse inimicitias il
dit cela comme s'il avait admis que la bru aussi était
injuste. 2 cvm pvella il dit
puella (jeune fille) avec
tendresse, de même il appelle celle-ci anus (vieille femme) avec
amertume.
illius dices culpa factum? So.-haud
equidem dico, mi Laches.
Tu diras que c'est arrivé par sa
faute ? So.-Je suis certes loin de dire cela, mon cher Lachès.
1 illivs dices cvlpa factvm praeuenit
defensionem et eam sic pronuntiauit ut crimen. 2 havd eqvidem dico mi
l.
laches
mi
Laches modo dixit quasi grauissimum accusatorem
arguens et quasi defatigata et delassata eius inclamationibus. non
ergo blandimentum est modo mi, sed inuidiose rogitantis.
1 illivs dices cvlpa factvm il devance sa
défense et il fait par avance de cette défense un motif
d'accusation602. 2 havd eqvidem dico mi
laches elle dit parfois mi
Laches (mon Lachès) comme si elle réfutait un
accusateur très rigoureux et comme si elle était épuisée et à bout
de forces à cause de ses cris. Donc parfois mi n'est pas une marque de
tendresse, mais le propre de celui qui demande avec
malveillance603.
La.-gaudeo, ita me di ament, gnati
causa; nam de te quidem,
La.-Je m'en réjouis, pour l'amour des
dieux, à cause de mon fils ; car en ce qui te concerne,
1 gavdeo ita me di ament quod similis filius
non sit an quod talem uxorem habeat, quam nec inimica accusare
possit? 2 Et gnati
causa dixit, quia talem uxorem habens sua causa quod gaudeat non
habet. 3 nam de te qvidem satis
scio id est: "nihil detrimenti fit, si tu
pecces". 4 Id est: "numquam, inquit,
peccando peior fieri potes, sed es eadem quae semper
es". 5 Sensus: "iam talis es, ut
peior fieri non possis". sic Cicero «
est idem Verres, qui fuit semper
79 ».
1 gavdeo ita me di ament il se réjouit de ce
que son fils n'est pas semblable, ou bien de ce que ce dernier a
une telle épouse, que même une ennemie ne peut pas
l'accuser ? 2 Et il dit gnati causa parce que, ayant une
telle épouse, il n'a pas matière à se réjouir pour son propre
compte. 3 nam de te qvidem satis
scio c'est-à-dire : "il n'y a aucun dommage, si tu commets
une faute". 4 C'est-à-dire : "toi,
tu ne peux jamais, dit-il, devenir pire en commettant une faute,
mais tu es la même que toujours". 5 Sens : "tu es déjà d'une nature telle que tu ne
peux être pire". Cicéron : « est idem Verres, qui fuit semper »
(Verrès est le même qu'il a toujours été)604.
satis scio, peccando detrimenti nihil
fieri potest.
Je le sais assez, pour ce qui est de
commettre des fautes rien en fait de reproche ne peut t'être
fait.
1 peccando detrimenti "seruas", inquit,
"numerum peccatorum ne fit ullum copiae detrimentum, sed cum
plurimum delinquas, tantundem semper admittis". 2 satis peccando detrimenti hic sensus
obscurus est, attamen hoc dicit: "quantumcumque", inquit,
"sceleris admiseris, quantumcumque peccaueris, nihil de tua
aestimatione minuitur, nihil de pudore derogatur: eadem es, quae
fuisti, quia peior fieri non potes". sic Cicero «
est idem Verres, qui fuit semper
80 ». 3 peccando detrimenti quidam
hanc putant ironiam, quasi dicat: "certus sum, quod ex nullo
peccato tuo damnum possumus pati"; sed male.
1 peccando detrimenti "tu préserves intact",
dit-il, "le nombre de tes fautes pour que leur abondance ne soit
pas réduite, mais bien que tu commettes beaucoup de vilénies, tu
en as sur ton compte le même nombre"605. 2 satis peccando detrimenti ici le sens est
obscur, cependant il dit cela : "quelque quantité de vilénie",
dit-il, "que tu aies commises, quel que soit le nombre de tes
fautes, rien ne baisse dans tes colonnes de compte, rien n'est
retranché à ton opprobre : tu es la même que tu as été, car tu ne
peux pas être pire". Cicéron : « est idem Verres, qui fuit
semper » (Verrès est le même qu'il a toujours été)606. 3 peccando detrimenti certains pensent qu'il
y a là de l'ironie, comme s'il disait : "je suis sûr que nous ne
pouvons souffrir d'aucune faute commise par toi" ; mais c'est
faux607.
So.-qui scis an ea causa, mi uir, me
odisse adsimulauerit
So.-Comment sais tu, mon mari, si
elle n'a pas feint de me détester
qvi scis an ea cavsa mi vir defensio a
deriuatione causae, in qua ostenditur non hanc esse quam obicit
causam senex, cur abierit nurus ad matrem suam.
qvi scis an ea cavsa mi vir défense tirée
de la dérivation de la cause608, dans laquelle est démontré
que la raison pour laquelle sa bru est retournée chez sa mère
n'est pas celle que le vieillard expose.
ut cum matre esset plus una?1370 La.-quid ais? non signi hoc sat est
pour passer plus de temps avec sa
mère ? La.-Que dis-tu ? N'est-ce pas un signe suffisant
1 vt cvm matre esset deest sua. 2 vt cvm matre esset plvs vna ἰδιωτικῶς108 dixit, id est: diu ac
maiorem partem.
1 vt cvm matre esset il manque sua (sa). 2 vt cvm matre esset plvs vna il dit cela par
idiotisme (ἰδιωτικῶς), c'est-à-dire : "longtemps et
la plupart du temps" (diu ac maiorem
partem)609.
quod heri nemo uoluit uisentem ad eam
te intro admittere?
qu'hier personne n'ait voulu, quand
tu lui rendais visite, te laisser entrer ?
qvod heri visentem nemo volvit bene
infirmauit defensionem senex dicendo: "si propter matrem abiit,
cur tu exclusa es, cum uenires?".
qvod heri visentem nemo volvit le vieillard
rend bien irrecevable sa défense en disant : "si elle s'en est
allée pour voir sa mère, pourquoi as-tu été chassée, lorsque tu es
venue ?"610.
So.-enim lassam oppido tum esse
aibant; eo ad eam non admissa sum.
So.-On disait alors qu'elle était
fermement fatiguée ; c'est pour cela que je n'ai pas été admise
vers elle.
1 enim lassam oppido infirmius defenditur
socrus, ut error senis usque ad καταστροφήν perseueret. 2 enim lassam oppido enim produxit109: superuacua ponitur
interdum haec coniunctio aut pro altera coniunctione. 3 oppido ualde: translatio a rusticis, qui
interrogati, quemadmodum fruges uenirent, respondebant oppido, id est: quae et sibi et
oppido sufficere
potuissent. 4 eo id est propterea.
1 enim lassam oppido la belle-mère est
défendue assez faiblement, pour que la méprise du vieillard
persévère jusqu'au dénouement (καταστροφή). 2 enim lassam oppido il allonge enim611 : cette
conjonction est parfois superflue ou se met pour une autre
conjonction. 3 oppido parfaitement : métaphore tirée des
paysans qui, lorsqu'on leur demandait comment les biens de la
terre venaient, répondaient oppido, c'est-à-dire : qui puissent
suffire à leur propre consommation et à celle de la ville
(oppido)612. 4 eo c'est-à-dire propterea (à cause de cela).
La.-tuos esse ego illi mores morbum
magis quam ullam aliam rem arbitror,
La.-C'est ton comportement sa
maladie, plus qu'aucune autre chose, je pense,
tvos esse ego illi mores acerbissime
institit senex et accusationi uxoris et defensioni nurus, siquidem
hoc sensu dicat nurum nec mendacii culpam incurrere, quae uere
aegrotet ex moribus malae socrus.
tvos esse ego illi mores le vieillard
s'applique très âprement à la fois à accuser sa femme et à
défendre sa bru, puisque c'est dans ce sens qu'il dit que même la
faute d'avoir menti n'est pas imputable à la bru, qui est vraiment
malade en raison du caractère de la méchante belle-mère.
et merito adeo; nam uestrarum nulla
est quin gnatum uelit
et c'est bien normal ; car parmi vous
il n'y en a pas une qui ne veuille que son fils
1 nam vestrarvm nvlla est pro uestrum; hoc enim uenit ab eo quod
est uester. 2 qvin gnatvm velit quin quae
non.
1 nam vestrarvm nvlla est pour uestrum ; cela vient en effet de
uester (votre)613. 2 qvin gnatvm
velit quin
signifie quae non (qui...
ne pas)614.
ducere uxorem; et quae uobis placita
est condicio datur;
prenne femme ; et c'est le parti qui
vous plaisait qui est accordé ;
1 et qvae vobis placita est condicio datvr
imago hic quaedam argumentationis, quae dicitur
ἀπ᾽ ἀρχῆς ἄχρι
τέλους
, quod Latine dicitur ab
initio ad finem. 2 Et ut generaliter coepit inuectionem, ita
generaliter conclusit in socrum. et est sensus: "eo improbius
illas quas elegeritis odistis".
1 et qvae vobis placita est condicio datvr
ici un exemple de l'argumentation qui est appelée
ἀπ᾽ ἀρχῆς ἄχρι
τέλους
, ce qui se dit en latin ab initio ad finem (du début à la
fin). 2 Et de même qu'il commence
son invective de manière générale, de même il conclut contre la
belle-mère de façon générale615. Et voici le
sens : "vous haïssez avec d'autant plus de malhonnêteté celles que
vous avez choisies".
ubi duxere impulsu uestro, uestro
impulsu easdem exigunt.
une fois qu'ils les ont épousées à
votre instigation, à votre instigation ce sont les mêmes qu'ils
répudient.
1 vbi dvxere impvlsv vestro
v.
vestro
i.
impvlsv
bene uerba eadem stomachose et significanter
repetiuit, ut improbitas ex proximo appareat impulsu. 2 vbi dvxere impvlsv vestro uidetur, ut supra
diximus, haec tota scaena ad hoc interposita, ut fabulae nomen
hinc intellegeremus inuentum. 3 impvlsv impudentiam socruum impulsus repetitio
demonstrauit. 4 impvlsv vestro vestro
i.
impvlsv
110 sic et in Heautontimorumeno «
scortari crebro
n.
nolunt
,
n.
nolunt
c.
crebro
c.
conuiuarier
81 ».
1 vbi dvxere impvlsv vestro vestro impvlsv il
fait bien de répéter les mêmes mots avec colère et de façon
signifiante, pour que la malhonnêteté apparaisse de la proximité
des deux impulsu
(instigation). 2 vbi dvxere impvlsv vestro
cette scène semble, comme nous l'avons dit plus haut616, avoir été
tout entière intercalée dans le but que nous comprenions que le
nom de la pièce trouve ici son origine. 3 impvlsv la répétition de impulsu617 démontre l'impudence des
belles-mères. 4 impvlsv vestro vestro
impvlsv comme aussi dans
L'Heautontimoroumenos « scortari crebro nolunt,
nolunt crebro conuiuarier » (ils ne veulent pas qu'on passe son
temps à courir la gueuse, ils ne veulent pas qu'on passe son temps
à faire la bringue)618.
scaena altera
Laches Sostrata Phidippus
243 | 244 | 245 | 246 | 247 | 248 | 249 | 250 | 251 | 252 | 253 | 254 | 255 | 256 | 257 | 258 | 259 | 260 | 261 | 262 | 263 | 264 | 265 | 266 | 267 | 268 | 269 | 270 | 271 | 272 | 273
Ph.-etsi scio ego, Philumena, meum
ius esse ut te cogam
Ph.-Bien que je sache, moi,
Philumène, que j'ai le droit de te contraindre
1 etsi scio ego philvmena mevm ivs esse in
hac scaena moralis allocutio Phidippi est ad filiam mitissimi
patris colorem ostendens. 2 etsi scio ego
phil.
philvmena
apparet et hic multa prius patri suo
Philumenam locutam esse. ergo haec responsio est, non
principium. 3 vt te cogam etiam
inuitam. 4 scio ego mevm ivs esse vt te
cogam hoc idem in Adelphis «
non necesse habeo omnia pro meo iure agere
82 ».
1 etsi scio ego philvmena mevm ivs esse il y
a dans cette scène une exhortation morale de Phidippe à sa fille,
montrant l'usage de la couleur de "père très doux"619. 2 etsi scio ego
philvmena il apparaît ici aussi que Philumène a beaucoup
parlé avec son père auparavant. C'est donc la réponse, non pas le
début de l'échange620. 3 vt te cogam
même malgré elle. 4 scio ego mevm ivs
esse vt te cogam c'est la même chose dans Les
Adelphes « non necesse habeo omnia pro meo iure
agere »621.
quae ego imperem facere, ego tamen
patrio animo uictus faciam
à faire ce que moi j'ordonne,
cependant, moi, vaincu par mon cœur de père, je ferai
1 patrio animo victvs bene uictus, quia non ratione
facit. 2 Victus est undecumque, qui recedit ab
iure. tale est in Adelphis «
non necesse habeo omnia pro meo iure agere
83 ».
1 patrio animo victvs uictus est bien dit, parce qu'il
n'agit pas selon la raison. 2 Il est
"vaincu" (uictus) de
quelque côté que ce soit, celui qui s'éloigne du droit622. Il en va ainsi dans Les
Adelphes « non necesse habeo omnia pro meo iure
agere »623.
ut tibi concedam, neque tuae libidini
aduersabor.
en sorte de te céder et je ne
m'opposerai pas à ton caprice.
1 neqve tvae libidini
a.
adversabor
libido
est quaelibet uoluntas temere suscepta. 2 Et bene libidini: est enim non aequum a domo
mariti abesse nuptam. etsi enim pro uoluntate posuit libidinem, tamen subaccusauit hoc
nomine.
1 neqve tvae libidini adversabor libido, c'est une "volonté"
(uoluntas) quelconque
acceptée sans réflexion624. 2 Et libidini est bien dit : en effet il
n'est pas juste que l'épousée soit absente de la maison du mari.
De fait, même s'il a mis libido pour uoluntas (désir), il accuse quand
même un peu par ce mot625.
La.-atque eccum Phidippum optime
uideo: ex hoc iam scibo quid siet1371.
La.-Et voici que j'aperçois Phidippe
fort à propos : je vais maintenant savoir par lui ce qu'il en
est.
1 optime opportune. 2 ex hoc iam scibo legitur et hinc locale aduerbium. 3 Et quasi comminatur uxori
modo se inuenturum ipsam pecasse, non nurum. 4 qvid siet utrum: quid siet rei, an quid
siet nurus? utrum innocens an iniqua? et uidetur hoc Sostratae
dicere; nam uicini sunt inter se proximi Laches et Phidippus.
1 optime opportune (de façon
opportune). 2 ex hoc iam scibo on lit
aussi hinc (d'ici),
adverbe de lieu626. 3 Et il menace pour
ainsi dire son épouse de trouver immédiatement que c'est elle-même
qui a commis une faute, et non sa bru. 4 qvid siet est-ce : ce qu'il en est de
l'affaire, ou alors ce qu'il en est de ma bru627 ? Est-elle
innocente ou fautive ? Et il semble dire cela à Sostrata ; en
effet, Lachès et Phidippe sont de très proches voisins.
Phidippe, etsi ego meis me omnibus
scio esse apprime obsequentem,
Phidippe, bien que moi je sache que
je suis envers tous les miens complaisant à l'extrême,
1 phidippe etsi ego meis me
o.
omnibvs
expostulatio Lachetis apud Phidippum
accusationem continens, tamquam causam iniuriarum
intendat. 2 apprime uehementissime. 3 scio esse apprime obseqventem principium a
persona eius cum quo agitur et sua, et an utile sit nimis obsequi
hominem suis.
1 phidippe etsi ego meis me omnibvs
réclamation de Lachès à Phidippe contenant une accusation, comme
s'il visait la cause des injustices628. 2 apprime
uehementissime (très
violemment). 3 scio esse apprime
obseqventem début par la personne de celui dont il est
question et la sienne, et pour savoir s'il est bon qu'un homme
cède trop aux siens629.
sed non adeo ut mea facilitas
corrumpat illorum animos;
cependant je ne le suis pas au point
que ma souplesse corrompe leur caractère ;
1 sed non adeo vt mea facilitas facilitas indulgentia. 2 sed non adeo vt mea facilitas deest
tamen. et est ἀνακόλουθον tertium.
1 sed non adeo vt mea facilitas facilitas signifie indulgentia (indulgence). 2 sed non adeo vt mea facilitas il manque
tamen (cependant). Et
c'est une anacoluthe (ἀνακόλουθον) de troisième
catégorie630.
quod tu si idem faceres, magis in rem
et uostram et nostram id esset.
et si tu faisais la même chose, ce
serait plus avantageux et pour vous et pour nous.
nunc uideo in illarum potestate esse
te. Ph.-eia1372 uero?
A présent je vois que tu es en leur
pouvoir. Ph.-Hein, vraiment ?
1 eia vero modo aduerbium est
corripientis. 2 eia vero παρέλκον. 3 nvnc video
i.
in
i.
illarvm
p.
potestate
iucunde temperat eius culpam, quem accusat,
cum dicat illum coactum a suis facere sibi iniurias.
1 eia vero c'est parfois un adverbe de
reproche631. 2 eia vero
pléonasme (παρέλκον)632. 3 nvnc video in illarvm potestate il tempère
agréablement la faute de celui qu'il accuse, lorsqu'il dit que
celui-là a été forcé par les siens à lui nuire à lui.
La.-adii te heri de filia; ut ueni,
itidem incertum amisti.
La.-Je suis venu te voir hier au
sujet de ta fille ; quand je suis arrivé, tu m'as renvoyé dans la
même incertitude.
1 adii te heri de filia narratio. 2 Et memoriter poeta, quia
dixit «
heri ea causa
r.
rure
h.
huc
a.
aduenit
,
p.
patrem
c.
continuo
c.
conuenit
84 ». 3 itidem incertvm amisti pro
amisisti συγκοπή. 4 Et itidem quid est? an "itidem incertum
me amisisti, ut ad te incertus ueni"? iungendum est ergo ut
ueni itidem, ut sit: "ut ueni, amisisti itidem
incertum" . 5 "incertus",
inquit, "ueni, incertus a te recessi".
1 adii te heri de filia narration. 2 Et le poète a une bonne mémoire, parce qu'il
a dit « heri ea causa rure huc aduenit, patrem continuo
conuenit ». 3 itidem incertvm amisti
pour amisisti, syncope
(συγκοπή). 4 Et itidem
qu'est-ce ? Est-ce itidem incertum me
amisisti, ut ad te incertus ueni (tu m'as renvoyé dans
l'incertitude, tout comme je suis venu dans l'incertitude) ? Il
faut donc joindre ut ueni
itidem (tout comme je suis venu, ainsi), pour que ce
soit : ut ueni, amisisti itidem
incertum (tout comme je suis venu, ainsi tu m'as
renvoyé dans l'incertitude)633. 5 "C'est dans l'incertitude, dit-il, que je suis
venu, c'est dans l'incertitude que je me suis éloigné de toi".
haud ita decet, si perpetuam hanc uis
esse adfinitatem,
Il ne convient pas ainsi, si tu veux
que notre alliance dure toujours,
1 havd ita decet non usque adeo decet. et est
confirmatio. 2 havd ita decet bene
ita additum: etsi enim
celandae, non usque adeo, ut discordiam pariant.
1 havd ita decet non usque adeo decet (il ne convient
pas jusqu'à ce point). Et c'est la confirmation634. 2 havd ita decet ita est bien ajouté : même si des
choses doivent être tenues "cachées" (celandae), il ne faut pas le faire
au point qu'elles engendrent la discorde635.
celare te iras; si quid est peccatum
a nobis, profer:
de cacher ta colère ; s'il y a
quelque faute de notre part, expose-la :
aut ea refellendo aut purgando uobis
corrigemus
c'est soit en les réfutant, soit en
nous justifiant, que nous vous ferons réparation
1 avt ea refellendo avt pvrgando refellit qui negat, purgat qui idem fatetur et sic
defendit. 2 Ergo refellimus per coniecturam,
purgamus per ceteros
status. 3 vobis corrigemvs plus
dixit uobis quam
tibi.
1 avt ea refellendo avt pvrgando celui qui
nie "réfute" (refellit),
celui qui avoue et défend dans le même temps par ce biais
"justifie" (purgat)636. 2 Donc
nous "réfutons" (refellimus) par conjecture, nous
"justifions" (purgamus)
par les autres états de la cause637. 3 vobis corrigemvs uobis est plus signifiant que
tibi (toi)638.
te iudice ipso; sin ea est causa1373
retinendi apud uos
et tu seras toi-même juge ; mais si
la raison pour laquelle elle est retenue chez vous est
1 te ivdice ipso sic Vergilius «
Pan deus
A.
Arcadia
m.
mecum
s.
si
i.
iudice
c.
certet
85 ». quid est enim te
ipso nisi scilicet reo culpae et tibi ipsi
aptius fauente111? 2 Vel: "qui in me
asper es et iniquus". 3 sin ea est cavsa
retinendi apvd vos reprehensio.
1 te ivdice ipso Virgile « Pan deus Arcadia
mecum si iudice certet » (le dieu Pan, s'il luttait avec moi
devant l'Arcadie)639. Qu'est-ce en effet
que te ipso, sinon bien
sûr reo culpae (accusé de
faute) et, assez convenablement, favorable à toi-même ? 2 Ou alors : "toi qui es dur et injuste envers
moi"640. 3 sin ea est cavsa
retinendi apvd vos blâme641.
quia aegra, te mihi iniuriam facere
arbitror, Phidippe,
qu'elle est malade, tu me fais
injure, je crois, Phidippe,
arbitror phidippe bene addidit nomen
excitans audientem.
arbitror phidippe c'est bien qu'il ajoute
le nom, en excitant son auditeur.
si metuis satis ut meae domi curetur
diligenter.
si tu crains qu'elle ne soit pas
soignée avec assez d'attention chez moi.
vt meae domi cvretvr diligenter ut ne
non. et iungendum est satis diligenter; non enim metuis satis.
vt meae domi cvretvr diligenter ut signifie ne non642. Et il faut joindre satis diligenter ; ce n'est pas en
effet metuis satis (tu as
assez peur)643.
at, ita me di ament, haud tibi hoc
concedo, etsi tu1374 illi pater es,
Mais, pour l'amour du Ciel, je suis
loin de t'accorder ceci, bien que tu sois son père :
1 at ita me di ament havd mire addidit
iusiurandum: uix enim credibile est tantundem amare socerum
quantum patrem. 2 etsi illi pater
es Sallustius in primo libro «
et liberis eius auunculus erat
86 ». 3 etsi tv illi pater es
compendium attulit, ut Vergilius «
heu fuge, nate dea
87 »; hoc enim sentit: "quamuis natus dea sis, fuge
tamen".
1 at ita me di ament havd il ajoute
admirablement un serment : en effet, qu'un beau-père aime autant
qu'un père est difficilement croyable. 2 etsi illi pater es Salluste dans son
premier livre « et liberis eius auunculus erat » (et il était
l'oncle des enfants de celui-ci)644. 3 etsi tv illi pater
es il fait un racourci. Virgile « heu fuge, nate dea »
(fuis, malheureux, fils d'une déesse) ; voici en effet ce qu'il
pense : "bien que tu sois le fils d'une déesse, fuis
pourtant"645.
ut tu illam saluam magis uelis quam
ego; id adeo gnati causa,
que de ton côté tu la veuilles en
meilleure santé que moi du mien ; cela à cause de mon fils,
1 id adeo gnati honeste amori nurus rationem
subiecit piam, nam non continuo rectum est nimis amari a socero
nurum, nisi propter filium diligatur. 2 Bene ergo gnati
causa: incredibile est enim patrem non patris pietate
superari.
1 id adeo gnati il donne de façon convenable
une pieuse raison à son amour pour sa bru, car il n'est pas
immédiatement conforme au bien qu'une bru soit trop aimée par son
beau-père, sauf si c'est par égard pour son fils qu'on
l'aime646. 2 Gnati causa est donc bien dit : il
est en effet incroyable qu'un père ne soit pas vaincu par l'amour
paternel.
quem, ego intellexi, illam haud minus
quam se ipsum magnificare,
qui, je l'ai compris, ne la porte pas
plus aux nues qu'il ne le fait pour lui-même,
1 qvem ego intellexi
i.
illam
h.
havd
m.
minvs
et causam sui amoris ostendit et mariti nullam
erga coniugem culpam, quippe qui amet. 2 Et a Parmenone dictum «
eo amantem
i.
inuitum
P.
Pamphilum
e.
extrudit
p.
pater
88 ». 3 qvem ego intellexi
i.
illam
h.
havd
minvs qvam se
i.
ipsvm
m.
magnificare
112
hic subtiliter oneratur culpa nurus, siquidem indignis faciat
iniuriam socero et marito.
1 qvem ego intellexi illam havd minvs il
montre la cause de son amour647 et qu'il n'y a
aucune faute du mari envers son épouse, puisqu'il
l'aime. 2 Et c'est Parménon qui a
dit « eo amantem inuitum Pamphilum extrudit pater »648. 3 qvem ego intellexi
illam havd minvs qvam se ipsvm magnificare ici de manière
subtile la bru est chargée d'une faute, puisqu'elle commet une
injustice à l'égard de son beau-père et de son mari qui ne l'ont
pas mérité649.
neque adeo clam me est quam esse eum
grauiter laturum credam,
et il ne m'échappe guère combien je
crois qu'il supportera difficilement
neqve adeo clam me est qvam esse ingeniose
poeta iam praeparat causam simulaturo ob hanc rem iracundiam
Pamphilo.
neqve adeo clam me est qvam esse avec
ingéniosité le poète prépare déjà la raison pour laquelle Pamphile
va feindre la colère650.
hoc si rescierit: eo domum studeo
haec prius quam ille huc redeat.
la chose s'il vient à l'apprendre :
c'est pourquoi je désire qu'elle rentre à la maison avant lui.
haec privs qvam ille hvc redeat hic
subtiliter etiam terrorem iniecit iracundiae mariti.
haec privs qvam ille hvc redeat ici avec
subtilité il installe la crainte de la colère du mari.
Ph.-Laches, et diligentiam uestram et
benignitatem
Ph.-Lachès, votre attention et votre
bonté,
1 laches et diligentiam vestram principium
similiter a personis factum est. 2 laches et diligentiam vestram remotiuo
statu agit Phidippus pro persona sua, nam in filiam remouet
culpam, cur non redeat. et relatiuam simul temptat qualitatem;
potest enim uideri eam iniuria socrus ad hanc uoluntatem esse
collapsam. 3 laches et
di.
diligentiam
v.
vestram
ab eo coepit, quo maxime notus est et quod
inprimis sibi purgandum fuit, ne suspectam aut uoluntatem aut
diligentiam habere
uideatur affinium. 4 Et cum affectu quodam et gemitu dixit
Laches, quod ille ait
«
Phidippe
89 », et diligentiam, quod ille ait «
sin metuis, satis ut meae
90 » etc. et benignitatem, quod ait «
haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu
illam
91 » etc.
5
Et bene a nomine coepit, ut consentire illi
uideatur
113. 6 vestram melius quam tuam, cum ille de se dixerit
tantum. 7 et diligentiam vestram et
benignitatem ἀνταπόδοσις ad utrumque: diligentiam quia dixit «
ut meae domi curetur diligenter
92 », benignitatem
quia dixit «
haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam
saluam magis uelis quam ego
93114 ».
1 laches et diligentiam vestram il commence
semblablement par les personnes651. 2 laches et diligentiam vestram c'est au
moyen d'un détournement de responsabilité que Phidippe plaide pour
son propre compte, car il détourne sur sa fille la responsabilité
de ne pas revenir652. Et en même temps il
teste la qualité relative ; on peut en effet avoir l'impression
que c'est par la faute de sa belle-mère qu'elle s'est laissée
aller vouloir cela653. 3 laches et diligentiam
vestram il commence par ce par quoi Lachès est surtout
connu et qu'il lui faut justifier en premier, afin qu'il ne semble
pas considérer comme suspectes la volonté ou la "diligence"
(diligentia) de ses
parents par alliance. 4 Et il dit
Laches avec une sorte de
passion et un gémissement, parce que lui a dit « Phidippe », et
diligentiam, parce que
celui-ci a dit « sin metuis, satis ut meae » etc. et benignitatem, parce que celui-ci a
dit « haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam »
etc. 5 Et c'est bien qu'il commence
par un nom, pour qu'il paraisse être d'accord avec lui. 6 vestram meilleur que tuam (la tienne), alors que l'autre
a seulement parlé de lui654. 7 et diligentiam vestram et benignitatem
antapodose (ἀνταπόδοσις)655 qui
renvoie à ces deux arguments : diligentiam parce que l'autre a dit
« ut meae domi curetur diligenter », benignitatem parce que l'autre a dit
« haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam saluam magis
uelis quam ego ».
noui, et quae dicis omnia esse ut
dicis animum induco,
je les connais, et tout ce que tu dis
est comme tu le dis, j'en suis convaincu,
et qvae dicis omnia esse vt dicis quod
iurauit et quod dixit gnati
causa et quod addidit, quod illam amet Pamphilus.
et qvae dicis omnia esse vt dicis le fait
qu'il a juré656, le fait qu'il a dit « gnati
causa » et ce qu'il a ajouté, à savoir que Pamphile aime
Philumène.
et te hoc mihi cupio credere: illam
ad uos redire studeo,
et je désire que tu me croies sur ce
point : je désire la faire revenir chez vous,
1 et te mihi hoc cvpio credere melius, quam
si et hic iuraret. 2 et te hoc mihi cvpio
credere bene coegit ex uicissitudine, quod uolebat.
1 et te mihi hoc cvpio credere c'est mieux
que si Phidippe aussi avait juré657. 2 et te hoc mihi cvpio
credere il a bien tiré ce qu'il voulait du contexte
immédiat.
si facere possum1375 ullo modo.
La.-quae res te facere id prohibet?
si je peux le faire d'une manière ou
d'une autre. La.-Quelle chose t'empêche de le faire ?
1 si facere possvm115 hic est remotio si
facere possum ullo modo. 2 Mollius dixit quasi
facio
116.
hoc enim uult intellegi: "uolo, at non possum facere".
1 si facere possvm ici si facere possum ullo modo éloigne
de Phiddipe la responsabilité. 2 Il
dit cela de façon plus atténuée, comme équivalent de facio. Il veut en effet qu'on
comprenne ceci : "je veux et je ne peux pas faire".
eho num quid nam accusat uirum?
Ph.-minime; nam postquam attendi
Eh, est-ce que par hasard elle accuse
son mari ? Ph.-Pas du tout ; car quand j'ai insisté
1 eho nvm qvid nam accvsat virvm gesticulatio
quaedam secretiora quaerentis; saepe enim de maritis puellae
parentibus queri solent eiusmodi aliquid, quod solis ipsis
committendum est. 2 eho nvm qvid nam
accvsat virvm eho
interiectio est ponentis aurem propiorem; nam illa quaerit, quae
solent de maritis puellae matribus queri. 3 nam postqvam attendi institi. 4 Et uide an desit animum, ut sit: attendi animum; non enim plenum est
sed nudum. aduerti117 enim
oculos aut animum subauditur.
1 eho nvm qvid nam accvsat virvm sorte de
gesticulation de celui qui se renseigne sur des choses un peu
intimes ; souvent en effet les jeunes filles ont l'habitude de se
plaindre au sujet de leur mari à leurs parents sur des sujets d'un
genre tel qu'ils doivent être les seuls à qui on confie
cela. 2 eho nvm qvid nam accvsat
virvm l'interjection eho est le propre de celui qui tend
l'oreille ; en effet il cherche à avoir connaissance de ces choses
dont les jeunes filles ont l'habitude de se plaindre à leur mère
au sujet de leur mari. 3 nam postqvam
attendi institi
(j'ai insisté). 4 Et voyez s'il
manque animum, pour que
ce soit : attendere
animum (tendre son esprit) ; en effet ce n'est pas un
énoncé plein mais incomplet. On sous-entend en effet aduerti oculos (j'ai tourné mes
yeux) ou animum (mon
esprit)658.
magis et ui coepi cogere ut rediret,
sancte adiurat
davantage et par la force commencé à
la contraindre à revenir, voilà qu'elle jure solennellement
sancte adivrat le (τό) ad a maintenant une valeur
augmentative659 ; il signifie
en effet ualde
(fortement).
non posse apud uos Pamphilo se
absente perdurare.
qu'elle ne peut tenir chez vous en
l'absence de Pamphile.
1 non posse apvd vos pamphilo
s.
se
a.
absente
bene hic poeta uerba addidit Philumenae, ad
quae Phidippus tum diceret120 «
etsi scio ego, Philumena, meum ius esse
94 » etc. 2 non posse apvd vos
pamphilo
s.
se
a.
absente
magnifice contra illud, quod Laches dixit
aegre laturum Pamphilum.
et ita locutus est, quasi hoc Pamphilo gratius esse
debeat. 3 perdvrare proprie ac
muliebriter.
1 non posse apvd vos pamphilo se absente
c'est bien que le poète ajoute ici les paroles de Philumène, à qui
Phidippe disait alors « etsi scio ego, Philumena, meum ius esse »
etc. 2 non posse apvd vos pamphilo se
absente de façon grandiloquente contre ce qu'a dit Lachès,
que Pamphile « supporterait mal » . Et il l'a dit comme si ce
devait être assez agréable à Pamphile. 3 perdvrare dans son sens propre, et à la
manière des femmes660.
aliud fortasse aliis uitium est; ego
sum animo leni natus,
Peut-être les autres ont-ils d'autres
défauts ; moi, je suis né doux de caractère,
1 alivd fortasse aliis vitivm est sic dixit,
ne diceret "sed coge, ut redeat". 2 Et mollius dixit aliis quam si tibi dixisset. 3 ego svm animo leni
n.
natvs
hoc contra illud, quod primum dictum est
«
etsi ego me omnibus
s.
scio
adp.
adprime
o.
obsequentem
95 »121. 4 animo
leni122 hoc est plenum, nam animo leni, ut dicimus, ἐλλειπτικῶς
profertur. 5 ego svm animo leni
qualitas uenialis.
1 alivd fortasse aliis vitivm est il dit
cela, pour que Lachès ne dise pas "mais oblige-la à
revenir !". 2 Et il dit aliis avec moins de force que s'il
avait dit tibi
(toi)661. 3 ego svm animo leni ceci contre ce qu'il
avait d'abord dit : « etsi ego me omnibus scio adprime
obsequentem ». 4 animo leni c'est complet,
car animo leni, comme
nous disons, est dit de façon elliptique (ἐλλειπτικῶς)662. 5 ego svm animo
leni défaut excusable663.
non possum aduorsari meis.
La.-em1376, Sostrata? So.-heu me miseram!
je ne peux pas m'opposer aux miens.
La.-Hé, Sostrata ? So.-Hélas, que je suis malheureuse !
1 non possvm conclusio. 2 em sostrata scilicet "quae dixisti «
non mea opera neque pol
c.
culpa
e.
euenit
96 »". 3 hev me miseram ad se
rediri totiens quasi delassata conqueritur.
1 non possvm conclusion. 2 em sostrata ce que tu as dit, évidemment :
« non mea opera neque pol culpa euenit »664. 3 hev me miseram elle se plaint, comme
épuisée, que tout lui retombe dessus si souvent.
La.-certumne est istuc? Ph.-nunc
quidem ut uidetur. sed num quid uis?
La.-Cela est-il fixé ? Ph.-A présent,
oui, semble-t-il. Mais veux-tu autre chose ?
1 certvmne est istvc quod Philumena non
redeat. 2 nvm qvid vis discedentis
uerbum.
1 certvmne est istvc à savoir que Philumène
ne revienne pas. 2 nvm qvid vis
parole de quelqu'un qui s'en va.
nam est quod me transire ad forum iam
opportet. La.-eo tecum una.
Car il faut maintenant que je file au
forum. La.-Je vais avec toi.
transire dicit cito ire123.
transire signifie cito ire (aller rapidement).
scaena tertia
Sostrata
So.-edepol ne nos sumus inique aeque
omnes inuisae uiris
So.-Nom d'un chien, vraiment nous
sommes toutes vues justement injustement par nos maris
1 edepol ne nos svmvs iniqve
ae.
aeqve
o.
omnes
i.
invisae
in hac scaena est allocutio, qua inducitur
secum loquens anus, per quam orationem mores eius et animus mitis
intellegi possit. 2 iniqve aeqve
comicum παρόμοιον. 3 Et uide sententiam defensionem accusatarum
socruum continentem contra illud, quod ait «
itaque uno animo omnes
s.
socrus
o.
oderunt
n.
nurus
97 »; officium enim poetae boni est nullum genus hominum
specialiter laedere. sic Vergilius «
quod saepe malae legere nouercae
98 », id est: non omnes nouercae, sed tantum
malae. 4 edepol ne nos svmvs Laches
generaliter socrus incusauit, haec plurimas defendit.
accusat utique aeque paucas hic, non omnes sunt
malae124.
1 edepol ne nos svmvs iniqve aeqve omnes
invisae il y a dans cette scène une adresse, dans laquelle
la vieille femme est mise en scène en train de se parler à
elle-même, pour qu'à travers ce discours son caractère et son
esprit doux puissent être découverts. 2 iniqve aeqve paronomase (παρόμοιον)
comique. 3 Et voyez l'idée contenant
la défense des belles-mères accusées en réponse à ce qu'il dit :
« itaque uno animo omnes socrus oderunt nurus » ; en effet le
travail d'un bon poète est de ne pas outrager une sorte de gens en
particulier665. Virgile : « quod saepe malae legere nouercae »
(que de méchantes marâtres ont souvent recueilli)666, c'est-à-dire : pas toutes les belles-mères, mais
seulement les méchantes. 4 edepol ne nos
svmvs Lachès a accusé de façon générale les belles-mères,
Sostrata en défend de très nombreuses. S'il est vrai que Lachès
accuse à juste titre un petit nombre de belles-mères, elles ne
sont pas toutes méchantes.
propter paucas quae omnes faciunt
dignae ut uideamur malo.
en raison de quelques unes, qui
toutes font que nous semblions mériter punition.
nam, ita me di ament, quod me accusat
nunc uir, sum extra noxiam.
En effet, pour l'amour du Ciel, pour
ce dont m'accuse à présent mon mari, je suis hors de cause,
1 nam ita me di ament bene iurat, quia sine
iureiurando incredibile est bona socrus. 2 qvod me accvsat deest in eo, ut sit: in eo, quod me accusat nunc uir, sum extra
n.
noxiam
3 An
quod propter quod?
1 nam ita me di ament c'est bien qu'elle
jure, parce que sans serment il est incroyable de trouver une
bonne belle-mère667. 2 qvod me
accvsat il manque in
eo (pour ceci), pour que ce soit : in eo, quod me accusat nunc uir, sum extra
noxiam (pour ce dont m'accuse à présent mon mari, je
suis hors de soupçon)668. 3 Ou bien est-ce
que quod (ce dont)
signifie propter
quod (pour ce dont)669 ?
sed non facile est expurgatu, ita
animum induxerunt socrus
mais il n'est pas facile de se
justifier, tellement ils se sont mis en tête que les
belles-mères
1 socrvs omnes esse iniqvas intellegitur
quibus iniquas, id est
nuribus, quia socrus nomen est ad aliquid dictum. 2 ita animvm indvxervnt inducere animum est ita tenere, ut
admittant, id est persuadere animo suo.
1 socrvs omnes esse iniqvas on comprend
envers qui elles sont iniquas, c'est-à-dire envers les
brus, parce que socrus
(belle-mère) est un nom dit "relatif"670. 2 ita animvm indvxervnt inducere animum, c'est "tenir une
idée en sorte qu'on l'admette", c'est-à-dire "persuader son propre
esprit"671.
omnes1377 esse iniquas; haud pol me
quidem; nam numquam secus
étaient toutes injustes ; non, nom
d'un chien, ce n'est pas mon cas ; car ce n'est jamais
autrement
1 havd pol me qvidem esse iniquam subaudiendum est a
superiore, ut sit pol pro
pleno iureiurando. 2 havd pol me
qvidem subaudiendum scio
esse aut noui ita
esse aut tale quid secundum ἔλλειψιν, quae familiaris est his, qui
secum locuntur.
1 havd pol me qvidem esse iniquam (être injuste) doit
être sous-entendu à partir de ce que l'on a dit plus haut, de
sorte que pol fait
fonction de serment complet672. 2 havd pol me qvidem il faut sous-entendre
scio esse (je sais que je
suis) ou noui ita esse
(je sais que je suis telle) ou quelque chose de semblable selon la
figure de l'ellipse (ἔλλειψις), qui est familière à ceux qui se
parlent à eux-mêmes.
habui illam ac si ex me esset gnata;
nec qui hoc mihi eueniat scio,
que je l'ai traitée que si elle était
ma fille ; et d'où cela m'arrive, je l'ignore.
nec qvi hoc mihi eveniat qui unde.
nec qvi hoc mihi eveniat qui signifie unde (d'où)673.
nisi pol filium multis modis1378
iam exspecto ut redeat domum.
sauf que, nom d'un chien, mon fils,
de toutes façons, à présent j'ai hâte qu'il rentre à la
maison.
1 mvltis modis uehementer. 2 iam exspecto vt redeat quia nihil mirum in
matre est exspectare filium, idcirco redeat additum multis modis.
1 mvltis modis avec violence. 2 iam exspecto vt redeat c'est parce qu'il
n'y a rien d'étonnant à ce qu'une mère attende son fils, que
multis modis a été ajouté
à redeat674.
Actus tertius
scaena prima
Pamphilus Parmeno Myrrina
281 | 282 | 283 | 284 | 285 | 286 | 287 | 288 | 289 | 290 | 291 | 292 | 293 | 294 | 295 | 296 | 297 | 298 | 299 | 300 | 301 | 302 | 303 | 304 | 305 | 306 | 307 | 308 | 309 | 310 | 311 | 312 | 313 | 314 | 315 | 316 | 317 | 318 | 319 | 320 | 321 | 322 | 323 | 324 | 325 | 326 | 327 | 328 | 329 | 330 | 331 | 332 | 333 | 334 | 335
Pam.-nemini ego plura acerba credo
esse ex amore homini umquam oblata
Pam.-A personne, à ce que je crois
moi, davantage de contrariétés de l'amour, à personne jamais, ne
sont tombées dessus
1 nemini ego plvra acerba hic allocutio est
per conquestionem. 2 Et bene non se amatoribus modo sed
infelicibus amatoribus comparauit. 3 Et principium a summa totius
mali. 4 nemini plvra
acerba125 ab eo loco conquestionis, in quo dicitur quod
nulli fere talia aduersa contigerint. 5 nemini ego plvra acerba nimis
conturbati126 et tragici in hac scaena dolores essent, non
comici, nisi adderet ex
amore. 6 acerba credo esse ex
amore acerba ex
amore dupliciter euenerunt Pamphilo: ex praeterito de
meretrice, ex praesenti de uxore.
1 nemini ego plvra acerba il y a ici une
adresse en forme de plainte. 2 Et
c'est bien qu'il ne se compare pas seulement aux amoureux mais aux
amoureux malheureux. 3 Et cela
débute par la somme de tous les malheurs. 4 nemini plvra acerba tiré de ce lieu commun
de la plainte, dans lequel il est allégué que de tels maux n'ont
échu à presque personne. 5 nemini ego plvra
acerba les douleurs seraient trop pathétiques et trop
tragiques dans cette scène, et non pas comiques, s'il n'avait
ajouté ex
amore675. 6 acerba credo esse ex amore les contrariétés
de l'amour sont venues à Pamphile en deux occasions : du passé au
sujet de la courtisane, du présent au sujet de sa femme.
quam mihi. heu me infelicem! hancine
ego uitam parsi perdere!
plus qu'à moi. Hélas, infortuné que
je suis ! C'est cette existence-là, moi, que j'ai évité de
perdre !
1 hev me infelicem ab ipsa simplici
exclamatione. 2 hancine ego vitam ab eo
quod ab aduersis ad aduersa delatus sit. 3 parsi perdere si parco conseruo, parsi facit, parco ueniam do127, peperci. 4 Modo ergo continui, abstinui significat. 5 hev me infelicem lacrimans hoc dicit.
1 hev me infelicem argument tiré de la simple
exclamation elle-même676. 2 hancine ego vitam
argument tiré du fait qu'il est passé d'un malheur à un
malheur. 3 parsi perdere si
parcere signifie
conseruare (garder
fidèlement), il fait parsi, si parcere signifie ueniam dare (accorder le pardon), on
a peperci677. 4 Ici cela signifie donc continui (je me suis contenu),
abstinui (je me suis
abstenu). 5 hev me infelicem il dit
cela les larmes aux yeux678.
hacine causa ego eram tantopere
cupidus redeundi domum! cui
C'est pour cela, moi, que j'étais si
désireux de rentrer à la maison ! Moi à qui
cvpidvs redevndi domvm ab eo quod contra
spem contigit malum.
cvpidvs redevndi domvm argument tiré du
fait qu'un malheur inattendu l'a atteint.
quanto fuerat praestabilius ubiuis
gentium agere aetatem
il aurait été combien plus préférable
de passer ma vie dans n'importe quel lieu au monde
1 vbivis gentivm agere a malorum suorum
comparatione. 2 vbivis gentivm agere
detestatio magna praesentis loci eligere quamuis terram uel
quamuis gentem, quam eam
in qua est. Vergilius «
tollite me, Teucri, quascumque
abd.
abducite
t.
terras
99 ». 3 Et gentium hic abundat. 4 Et bene ubiuis gentium
agere aetatem, quia supra dixerat «
hancine ego uitam parsi perdere!
100 »; nimis enim tragicum fieret satius erat in mari perire.
1 vbivis gentivm agere argument tiré d'une
comparaison de ses maux679. 2 vbivis gentivm agere c'est une grande
manifestation de haine contre le lieu présent que de choisir
n'importe quelle terre ou n'importe quelle nation plutôt que le
lieu où l'on se trouve. Virgile : « tollite me, Teucri, quascumque
abducite terras » (Troyens, recueillez-moi, emmenez-moi n'importe
où sur cette terre)680. 3 Et
gentium ici fait
pléonasme681. 4 Et c'est bien
ubiuis gentium agere
aetatem, parce qu'il avait dit plus haut « hancine ego
uitam parsi perdere ! »682 ; en effet, "satius erat in
mari perire" (il eût été préférable de périr en mer) aurait fait
trop tragique683.
quam huc redire atque haec ita esse
miserum me resciscere!
plutôt que de revenir ici et de
découvrir, misérable, que les choses en sont à ce point !
atqve haec ita esse miservm me resciscere
quod ait, lacrimantis est. resciscere autem est uix reperire,
quod128
de industria quaerat celatum.
1 atqve haec ita esse miservm me resciscere
cette réplique est caractéristique d'un personnage qui
pleure684. Resciscere, c'est avoir du mal à
trouver ce qu'on cherche et qui a été caché exprès.
nam nos omnes quibus est alicunde
aliquis obiectus labos,
En effet nous tous, qui avons quelque
peine qui nous vient de quelque part,
1 nam nos omnes qvibvs est alicvnde aut deest
apud, ut sit: apud nos omnes, aut129 nos omnes dixit pro nobis omnibus. 2 nam nos omnes ratio superioris sensus. et
deest apud uel penes uel quid tale. 3 nam nos omnes qvibvs est constat hanc
σύλλημψιν esse;
rettulit enim lucri
est non ad nos
omnes, sed ad quibus est
alicunde, ut sit ordo: "nam quibus est alicunde
aliquis obiectus labos, lucri est tempus", hoc est nos omnes. 4 nam omnes qvibvs
a.
alicvnde
130 hac figura usus est etiam Tullius pro Murena
«
praetor quoque, ne se pulchrum ac beatum putaret, ei
quoque carmen compositum est
101 »; nam ille datiuum casum subiecit, cum praeposuisset
nominatiuum. 5 Et totum Apollodori est, qui sic ait «
οἱ γὰρ ἀτυχοῦντες
τὸν χρόνον κερδαίνομεν, ὅσον ἄν ποτ᾽ ἀγνοῶμεν
ἠτυχηκότες
102 ». 6 qvibvs est alicvnde hoc
genus locutionis absolutum
dicitur. tale est apud Vergilium «
crastina lux, mea si non irrita dicta putaris,
ing.
ingentis
R.
Rutulae
s.
spectabit
c.
caedis
a.
aceruos
103 ».
1 nam nos omnes qvibvs est alicvnde soit il
manque apud, pour que ce
soit : apud nos omnes
(chez nous tous), soit il dit nos omnes pour nobis omnibus685. 2 nam nos
omnes analogie de la proposition antérieure686. Et il manque apud ou penes ou quelque chose de
semblable. 3 nam nos omnes qvibvs est
il est clair qu'il y a ici une syllepse (σύλλημψιν)687 ; il rapporte en effet lucri est (est profitable) non pas à
nos omnes, mais à
quibus est alicunde, de
sorte que l'ordre est : "nam quibus est alicunde aliquis obiectus
labos, lucri est tempus, hoc est nos omnes" (en effet à ceux à qui
de quelque endroit quelque peine a été proposée, le temps est
profitable, c'est-à-dire nous tous"688. 4 nam omnes qvibvs alicvnde Cicéron a
également utilisé cette figure dans le Pro Murena :
« praetor quoque, ne se pulchrum ac beatum putaret, ei quoque
carmen compositum est » (Le préteur aussi, pour qu'il ne se croie
pas bel et bon, on lui a aussi composé un poème)689 ; en effet celui-ci substitue le datif, alors
qu'il avait mis auparavant le nominatif690. 5 Et
tout cela est d'Apollodore, qui dit ainsi οἱ γὰρ ἀτυχοῦντες τὸν χρόνον
κερδαίνομεν, ὅσον ἄν ποτ᾽ ἀγνοῶμεν ἠτυχηκότες (en effet
les malheureux, nous tirons profit du temps, tant que nous
ignorons que nous sommes malheureux)691. 6 qvibvs est alicvnde ce genre de locution
est dit absolu (absolutum). Semblablement chez
Virgile : « crastina lux, mea si non irrita dicta putaris,
ingentis Rutulae spectabit caedis aceruos » (La journée de demain,
si tu ne juges point mes paroles inutiles, verra d'énormes
monceaux de Rutules massacrés)692.
omne quod est interea tempus prius
quam id rescitum est lucri1379 est.
tout le temps qui s'écoule avant
qu'on le découvre est profitable.
rescitvm est σχῆμα ἀνακόλουθον131.
rescitvm est figure d'anacoluthe (σχῆμα ἀνακόλουθον)693.
Par.-at sic citius qui te expedias
his aerumnis reperias.
Par.-Mais ainsi tu trouverais plus
rapidement comment te débarrasser de ces tourments.
1 at sic "sed sic". 2 at sic citivs qvi te at hoc modo, quod
uenisti et discordias esse didicisti, celerius reperire poteris
quomodo his aerumnis te absoluas. 3 Et bene expedias aerumnis: aut enim soluunt
nos curae abeuntes aut impediunt et ligant aduenientes, ut «
soluite
m.
metum
,
T.
Teucri
,
s.
secludite
c.
curas
104 ». 4 at sic citivs qvi te
sententia sententiae contraria, nam supra sic collegit: si
ignorare mala sua unicuique bonum est, sequitur ut malum sit cito
ea cognouisse; infra sic: si malis suis succurrere unicuique quam
primum bonum est, sequitur ut cito ea cognouisse sit perquam
optimum.
1 at sic équivaut à sed sic694. 2 at sic citivs qvi
te mais de cette façon, parce que tu es venu et que tu as
appris qu'il y avait eu des disputes, tu pourras découvrir plus
vite de quelle façon te délivrer de ces tourments695. 3 Et c'est
bien expedias aerumnis :
en effet soit les soucis nous délivrent en disparaissant, soit ils
nous entravent et nous lient lorsqu'ils arrivent696, comme « soluite
metum, Teucri, secludite curas » (Chassez la crainte, Troyens,
rejetez toute inquiétude)697. 4 at sic citivs qvi te phrase opposée à la
phrase précédente, car plus haut il a conclu ainsi : si ignorer
son malheur est le bonheur de chacun, il s'ensuit que c'est un
malheur d'en prendre connaissance rapidement ; plus bas : si
affronter ses maux dès que possible est un bien pour chacun, il
s'ensuit qu'en prendre connaissance rapidement est tout à fait
excellent698.
si non rediisses, haec irae factae
essent multo ampliores.
Si tu n'étais pas revenu, ces colères
auraient pris bien plus d'importance.
sed nunc aduentum tuum ambas,
Pamphile, scio reuerituras.
Mais à présent, ton arrivée, toutes
les deux, Pamphile, je sais qu'elles vont en tenir grand
compte.
1 sed nvnc adventvm tvvm ambas ne accusare
alteram uideretur 132. 2
p.
pamphile
s.
scio
r.
reveritvras
rem
cogn.
cognosces
melius rem quam litem.
1 sed nvnc adventvm tvvm ambas afin qu'il ne
semble pas en accuser une des deux699. 2 pamphile scio reveritvras rem cognosces
res (affaire) est
meilleur que lis
(différend).
rem cognosces, iram expedies, rursum
in gratiam restitues.
Tu instruiras l'affaire, tu te
débarrasseras de leur colère, tu restaureras des relations
amicales.
rem cognosces iram expedies
r.
rvrsvm
i.
in
g.
gratiam
r.
restitves
τρίκωλος sententia et bono ordine: prius
enim fit querela, deinde ponitur iracundia, postremo reditur in
consilium.
rem cognosces iram expedies rvrsvm in gratiam
restitves période à trois membres (τρίκωλος) et dans le
bon ordre : d'abord en effet la querelle a lieu, ensuite vient la
colère, enfin on se rend à la conciliation700.
leuia sunt quae tu pergrauia esse in
animum induxti tuum.
C'est léger, ce que tu t'étais
représenté comme très grave dans ton cœur.
1 levia svnt qvae tv pergravia esse genus
consolationis non a substantia sed a quantitate est: non dicit non
esse causam sollicitudinis, sed leuem dicit. 2 qvae tv pergravia esse bene additum contra
leuia non grauia sed pergrauia. 3 levia svnt a quantitate. 4 qvae tv in animvm
ind.
indvxti
"persuasisti tibi".
1 levia svnt qvae tv pergravia esse c'est un
genre de consolation qui repose non sur l'existence d'un souci,
mais sur sa taille : il ne dit pas qu'il n'existe pas de raison de
s'inquiéter, mais qu'elle est légère (leuis)701. 2 qvae tv pergravia
esse c'est bien que soit ajouté en opposition à leuia (choses de faible importance)
non pas grauia (choses
graves) mais pergrauia
(choses très graves)702. 3 levia svnt argument de la
quantité. 4 qvae tv in animvm indvxti
"tu t'es persuadé".
Pam.-quid consolare me? an quisquam
usquam gentium est aeque miser?
Pam.-Pourquoi me consoles-tu ? Y
a-t-il quelqu'un en quelque lieu du monde qui soit aussi
malheureux ?
1 qvid consolare me an qvisqvam vsqvam ut
solet in uero angore, ipsa consolatione aegrescit dolor. 2 Et ingeniose non inquit
uerum dicis sed consolaris me et hoc ipso "ostendis
scire te quod miser sum".
1 qvid consolare me an qvisqvam vsqvam comme
il arrive d'ordinaire dans une situation d'angoisse véritable, la
douleur empire par la consolation même. 2 Et avec génie il ne dit pas uerum dicis (tu dis vrai) mais
consolaris me et par là
même "tu montres que tu sais que je suis malheureux"703.
prius quam hanc uxorem duxi, habebam
alibi animum amori deditum;
Avant de l'épouser, j'avais ailleurs
mon cœur adonné à l'amour ;
1 privs qvam hanc vxorem dvxi133 hoc refert ad illud caput, in quo ait «
nemini plura ego acerba
c.
credo
e.
esse
e.
ex
a.
amore
105 » etc. 2 privs qvam hanc
vxorem
d.
dvxi
ante rem. 3 habebam alibi animvm amori deditvm an miser
sit in amore ἀπ᾽ ἀρχῆς
ἄχρι τέλους: ante rem, in re, post rem. 4 habebam alibi grauius dixit alibi quam si in meretrice diceret. 5 Et maluit alibi dicere quam ad meretricem.
1 privs qvam hanc vxorem dvxi cela renvoie à
ce début, dans lequel il dit « nemini plura ego acerba credo esse
ex amore » etc.704. 2 privs qvam hanc
vxorem dvxi avant l'affaire. 3 habebam alibi animvm amori deditvm s'il
était malheureux en amour du début jusqu'à la fin (ἀπ᾽ ἀρχῆς ἄχρι
τέλους) : avant l'affaire, pendant l'affaire, après
l'affaire705. 4 habebam
alibi il dit alibi (ailleurs) avec plus de
gravité que s'il disait in
meretrice (en la personne de la courtisane). 5 Et il vaut mieux dire alibi plutôt que ad meretricem (chez la
courtisane)706.
tamen numquam ausus sum recusare eam
quam mihi obtrudit pater;
mais jamais je n'ai osé refuser celle
que mon père m'impose ;
1 134 qvam mihi obtrvdit recte, dici enim potuit:
"quomodo ergo uxorem duxit, si amabat?". 2 Et bene obtrudit, quia inuito. sic alibi
«
aliquid monstri alunt: ea quoniam nemini obtrudi
p.
potest
,
i.
itur
a.
ad
m.
me
106 ». 3 Et obtrudit pro obtrudebat: ἐνάργεια temporis.
1 qvam mihi obtrvdit c'est juste, en effet on
pouvait dire : "pourquoi donc a-t-il pris femme, s'il
l'aimait ?". 2 Et c'est bien
obtrudit, car c'est
malgré lui. De même ailleurs « aliquid monstri alunt : ea quoniam
nemini obtrudi potest, itur ad me »707. 3 Et obtrudit pour obtrudebat : hypotypose (ἐνάργεια) de temps708.
iam in hac re, ut taceam, cuiuis
facile scitu est quam fuerim miser;
déjà dans cette affaire, bien que je
me taise, il est aisé à n'importe qui de savoir à quel point j'ai
été malheureux ;
uix me illim abstraxi atque inpeditum
in ea expediui animum meum
à peine m'étais-je délivré de là-bas
et avais-je désentravé mon cœur entravé à celle-là
1 vix me
i.
illim
a.
abstraxi
uix
uel
μόλις
uel statim
significat. 2 atqve expedivi animvm mevm
curae, ut diximus, aut
ligant aut soluunt, ut Vergilius «
quae mihi
r.
reddat
e.
eum
u.
uel
e.
eo
m.
me
s.
soluat
a.
amantem
107 »; amoris enim curae uincula dicuntur.
1 vix me illim abstraxi uix signifie soit
μόλις
(difficilement) soit statim (aussitôt)709. 2 atqve expedivi animvm mevm les soucis,
comme nous l'avons dit, soit lient soit délivrent710. Virgile :
« quae mihi reddat eum uel eo me soluat amantem » (qui me le
rendra ou qui me délivrera de mon amour pour lui)711 ; en effet les soucis d'amour sont appelés
uincula (liens).
uixque huc contuleram: em noua res
orta1380 porro
ab hac quae me abstrahat.
et à peine l'avais-je reporté ici,
voici qu'apparaît en outre une nouvelle affaire qui me détourne
d'elle.
1 vixqve hvc maluit quam uxorem135
dicere. 2 em nova res orta porro
porro deinde. et uim habet deinde modo implicationem continuarum
miseriarum referentis136.
1 vixqve hvc il préfère dire huc que uxor (épouse)712. 2 em nova res orta porro porro signifie deinde (ensuite). Et deinde a parfois le sens de
quelqu'un qui rapporte l'enchaînement de perpétuelles
inquiétudes713.
tum matrem ex ea re me aut uxorem in
culpa inuenturum arbitror;
Alors c'est ma mère après cette
affaire ou mon épouse que je vais trouver en faute, à mon
avis ;
quae1381 cum
ita esse inuenero, quid restat nisi porro ut fiam miser?
Et quand j'aurai découvert ce qu'il
en est, que reste-t-il après, sinon d'être malheureux ?
1 qvae cvm ita esse invenero
q.
qvid
r.
restat
n.
nisi
p.
porro
v.
vt
f.
fiam
seruauit ordinem allocutionis, in quo a
praeteritis, a praesentibus, a futuris inducitur personae
loquentis oratio. 2 nisi porro vt
fiam porro
postea uel in postremum. alii coniunctionem
putant.
1 qvae cvm ita esse invenero qvid restat nisi porro
vt fiam il suit l'ordre du discours dans lequel la parole
du personnage locuteur est mise en scène dans le passé, le présent
et le futur714. 2 nisi porro vt fiam porro signifie postea (après) ou in postremum (enfin). D'autres
pensent qu'il s'agit d'une conjonction715.
nam matris ferre iniurias me,
Parmeno, pietas iubet;
Car supporter les injustices de ma
mère, Parménon, c'est la piété filiale qui m'y engage ;
pietas ivbet apte, quia ferre dixit, addidit iubet.
pietas ivbet c'est convenable, parce qu'il
dit ferre (supporter), il
ajoute iubet (elle
ordonne)716.
tum uxori obnoxius sum, ita olim suo
me ingenio pertulit,
en même temps je suis redevable à ma
femme, elle m'a autrefois supporté avec une si bonne nature,
1 tvm vxori obnoxivs svm matris cum dixisset, non intulit
uxoris, sed mutauit
casus. 2 ita olim svo me ingenio
olim ad diuturnitatem
rettulit, non ad spatium temporis praeteriti.
1 tvm vxori obnoxivs svm alors qu'il avait
dit matris, il ne dit pas
uxoris, mais il change le
cas717. 2 ita olim svo me ingenio olim renvoie à une longue durée, non
pas à un moment du temps passé718.
tot meas iniurias, quae numquam in
ullo patefecit loco.
toutes mes fautes, choses que jamais
elle n'a révélées en aucune occasion.
1 tot meas inivrias hae sunt iniuriae, quas
supra dixit «
nocte illa
p.
prima
u.
uirginem
n.
non
a.
attigit
;
q.
quae
c.
consecuta
e.
est
n.
nox
e.
eam
,
n.
nihilo
m.
magis
108 » et deinde «
quid?
i.
interea
in.
ibatne
a.
ad
B.
Bacchidem
? -
c.
cottidie
109 ». 2 tot meas inivrias aliam
uim habet, quod dixit me
pertulit, aliam quod adiecit iniurias meas, aliam quod
reticuit. 3 Non dixit quas sed quae, ut ad omnia, non ad iniurias
referatur extrema conclusio137.
1 tot meas inivrias il s'agit des fautes
qu'il a dites plus haut : « nocte illa prima uirginem non
attigit ; quae consecuta est nox eam, nihilo magis » et ensuite
« quid ? interea ibatne ad Bacchidem ? -Cottidie ». 2 Cela a un sens de dire me pertulit, un autre de dire tot meas
inivrias , un autre qu'elle se soit tue719. 3 Il ne dit pas
quas mais quae, pour que ce soit à tout, et
non aux fautes que cette conclusion ultime renvoie720.
sed magnum nescio quid necesse est
euenisse, Parmeno,
Mais il faut que je ne sais quel
événement d'importance soit arrivé, Parménon,
sed magnvm nescio qvid necesse est bene de
ambabus sentiens putat magnam causam esse, quae iram fecerit et
iram diuturnam.
sed magnvm nescio qvid necesse est ayant de
bons sentiments à l'égard des deux femmes, il pense qu'il existe
une raison sérieuse qui a fait naître la colère, et une colère de
longue durée721.
unde ira inter eas intercessit, quae
tam permansit diu.
pour que se soit glissée entre elles
une colère qui a duré si longtemps.
qvae tam permansit div et a re et a
tempore.
qvae tam permansit div argument tiré à la
fois de la chose et de la durée.
Par.-haud quidem hercle: paruum
est1382. si uis uero ueram rationem exsequi,
Par.-Mais non, ma foi !, pas même une
broutille. Si tu veux vraiment te mettre en quête de la vraie
raison,
1 havd qvidem hercle parvvm
e.
est
seruilis scilicet ratio et sordida et iam non
his respondens omnibus, quae dixit Pamphilus, sed tantum
nouissimae parti. 2 si vis vero veram
rationem uero uel
nomen est uel coniunctio uel aduerbium. 3 parvvm subaudiendum necesse est euenisse uel euenit, nam consequens sententia
tollit, quod dixit ille necesse
est.
1 havd qvidem hercle parvvm est722 il
s'agit évidemment d'une raison servile et de bas étage, et qui
déjà ne répond pas à tout ce qu'a dit Pamphile, mais seulement à
la dernière partie. 2 si vis vero veram
rationem uero est
soit un nom, soit une conjonction, soit un adverbe723. 3 parvvm il faut sous-entendre necesse est euenisse ou euenit (il est arrivé), car la
phrase qui suit logiquement724 fait disparaître le necesse est qu'il a dit725.
non maximas quae maximae sunt
interdum irae iniurias
parfois ce ne sont pas par les
colères qui sont les plus grandes que les plus grandes fautes
1 non maximas qvae maximae svnt interdvm irae
in.
inivrias
f.
facivnt
faciunt
iniurias, non irae
iniurias. sed hic fatuus μεταληπτικῶς138 dixit secundum rationem superiorem increpans errorem
Pamphili, qui de irae magnitudine aestimet iniuriae quantitatem.
alii faciunt probant, ostendunt intellegunt. 2 Caute dixit interdum: plerumque enim sic. 3 non maximas
q.
qvae
s.
svnt
m.
maximae
sensus est, in quo primum non irae iniurias faciunt accipiendum
est, secundum non maximas
maximae. 4 facivnt pro
ostendunt.
1 non maximas qvae maximae svnt interdvm irae
inivrias facivnt faciunt
iniurias, et non irae
iniurias726. Mais ici l'imbécile parle par métalepse μεταληπτικῶς blâmant
selon le raisonnement (rationem) antérieur l'erreur de
Pamphile qui juge de la gravité de la faute à l'aune de la
grandeur de la colère727. D'autres comprennent faciunt au sens de probant (prouvent), ostendunt (montrent)728. 2 Il dit
de façon rouée interdum :
c'est en effet comme cela la plupart du temps. 3 non maximas qvae svnt maximae voici le
sens : il faut d'abord comprendre non
irae iniurias faciunt (les colères ne font pas des
fautes), ensuite non maximas
maximae (d'immenses ne font pas d'immenses). 4 facivnt pour ostendunt.
faciunt; nam saepe est, quibus in
rebus alius ne iratus quidem est,
sont faites ; car c'est fréquent,
pour des choses pour lesquelles tel autre n'est même pas
irrité,
cum de eadem causa est iracundus
factus inimicissimus.
que sur le même sujet un être
irritable se mue en notre pire ennemi.
1 cvm de eadem cavsa est rectum erat, si
diceret cum in isdem
rebus. 2 Adiciendo
causa obscurauit
elocutionem suam, sed conuenit seruo haec humilitas orationis. nam
planum erat, si diceret nam saepe est
quibus in rebus alius ne iratus quidem est, cum de isdem rebus est
i.
iracundus
f.
factus
i
inimicissimus
. 3 Est autem
pro euenit
dixit. 4 Et ordo: cum in
quibus rebus alius ne iratus quidem est, de eadem causa est
iracundus factus inimicissimus. 5 iracvndvs
f.
factvs
i.
inimicissimvs
iratus
est, qui ex aliqua re lacessitus irascitur, iracundus est, qui ex parua re aut
nulla causa praecedente irascitur.
1 cvm de eadem cavsa est c'était juste, s'il
disait cum in isdem rebus
(alors que dans la même situation). 2 En ajoutant causa il obscurcit son discours,
mais cette bassesse du discours convient à un esclave. En effet,
c'était clair, s'il disait nam saepe
est quibus in rebus alius ne iratus quidem est, cum de isdem rebus
est iracundus factus inimicissimus (car souvent il
arrive qu'un autre n'est même pas irrité dans tel cas alors que
dans le même cas quelqu'un qui est irritable est devenu notre pire
ennemi). 3 Il dit est pour euenit. 4 Et voici l'ordre : cum in quibus rebus alius ne iratus quidem est,
de eadem causa est iracundus factus inimicissimus
(alors que tel autre n'est même pas irrité pour quelque sujet,
pour la même cause quelqu'un d'irritable est devenu notre pire
ennemi)729. 5 iracvndvs factvs
inimicissimvs est iratus celui qui, fatigué de quelque
chose, s'irrite, est iracundus celui qui, d'une petite
chose ou sans raison préalable, s'irrite730.
pueri inter sese quam pro leuibus
noxiis iras gerunt!
Les enfants entre eux, comme ils sont
en colère pour de faibles griefs !
1 pveri inter sese argumentum a
simili. 2 qvam pro levibvs noxiis
interrogatiue. 3 noxiis iniuriis, culpis139.
1 pveri inter sese argument tiré du
semblable731. 2 qvam pro levibvs noxiis de manière
interrogative732. 3 noxiis iniuriis (fautes), culpis (torts).
quapropter? quia enim qui eos
gubernat animus eum infirmum gerunt.
Pour quelle raison ? Parce que, en
effet, ce qui les gouverne comme esprit, ils l'ont faible.
1 qvapropter ἐξέτασις καὶ ὑπόκρισις τὸ enim. interrogat idem διαλεκτικῶς. 2 qvia enim qvi eos αἰτιολογικὴ ὑπόκρισις. 3 qvia enim qvi eos
gvbernat animvs σχηματιστὸν ἔπος. infirmum ἀνακόλουθον. ista conueniunt
seruo140.
qvapropter il y a recherche, et réponse
(ἐξέτασις καὶ
ὑπόκρισις) dans le enim733. C'est
la même personne qui interroge de façon dialectique (διαλεκτικῶς)734. 2 qvia enim qvi eos réponse
par la cause (αἰτιολογικὴ ὑπόκρισις)735. 3 qvia enim qvi eos gvbernat animvs
expression figurée (σχηματιστὸν ἔπος)736. infirmum est une anacoluthe
(ἀνακόλουθον)737. Tout cela convient à un esclave738.
itidem illae mulieres sunt ferme ut
pueri leui sententia;
Ces femmes sont presque pareilles à
des enfants au jugement léger ;
1 itidem illae mvlieres svnt
f.
ferme
v.
vt
p.
pveri
artificiose: a persona141, a similitudine
pueri, a facto «
iras gerunt
110 », ab accidentibus similitudinis «
animus infirmus
111 », a collatione personae mulieris accidentium leui sententia, a facto «
fortasse unum aliquod uerbum inter eas iram
h.
hanc
c.
consciuerit
112 »: qua sententia totum hic sublatum est, quod ait «
sed magnum nescio quid necesse est
e.
euenisse
,
P.
Parmeno
,
u.
unde
i.
ira
i.
inter
e.
eas
i.
intercessit
113142 ». 2 itidem
i.
illae
m.
mvlieres
sexus alius, at ingenium et sensus idem
est. 3 Et mire similitudinem contulit ad id quod
agitur.
1 itidem illae mvlieres svnt ferme vt pveri
habilement : mulieres est
tiré de la personne, pueri de l'analogie, « iras gerunt »
du fait, « animus infirmus » des accidents de l'analogie,
leui sententia de la
réunion des accidents du personnage de la femme, « fortasse unum
aliquod uerbum inter eas iram hanc consciuerit » du fait : par
cette phrase est ici sous-entendu tout ce qu'il a dit : « sed
magnum nescio quid necesse est euenisse, Parmeno, unde ira inter
eas intercessit ». 2 itidem illae
mvlieres le sexe est différent, mais l'esprit et le sens
sont les mêmes739. 3 Et
remarquablement il rapporte l'analogie à ce dont il s'agit.
fortasse unum aliquod uerbum inter
eas iram hanc consciuerit1383.
Peut-être est-ce un seul mot qui
entre elles aura ménagé cette colère.
1 fortasse vnvm aliqvod verbvm
i.
inter
e.
eas
i.
iram
h.
hanc
c.
conscivisse
143 sic Plautus «
fortasse te amare suspicarier
114 »; nam ueteres infinito modo adiungebant fortasse consciuisse144. 2 consciverit
commouerit. 3 iram hanc consciverit legitur et consciuisse. 4 Et consciuisse est rem nouam fecisse. 5 consciverit decreuerit, fecerit145.
1 fortasse vnvm aliqvod verbvm inter eas iram hanc
conscivisse Plaute : « fortasse te amare suspicarier »
(peut-être soupçonne-t-il que tu es amoureux) ; en effet les
Anciens ajoutaient l'infinitif après fortasse consciuisse740. 2 consciverit
commouerit (a mis en
branle). 3 iram hanc consciverit on
lit aussi consciuisse. 4 Et consciuisse, c'est rem nouam fecisse (avoir fait une
chose nouvelle). 5 consciverit
decreuerit (a décidé),
fecerit (a fait).
Pam.-abi, Parmeno, intro ac me
uenisse nuntia. Par.-hem, quid hoc est? Pam.-tace.
Pam.-Rentre à la maison, Parménon, et
annonce que je suis arrivé. Par.-Tiens, qu'est-ce que c'est que
ça ? Pam.-Tais-toi.
Par.-trepidari sentio et cursari
rursum prorsum. Pam.-agedum, ad fores
Par.-J'entends qu'on s'agite et qu'on
court deçà delà. Par.-Allons, à la porte,
1 et cvrsari rvrsvm prorsvm rursum prorsum retro ante significat. et est
prouerbiale, ut dicimus sursum
deorsum intro
foras hac
illac et similia, Graeci
ἄνω κάτω
. 2 trepidari sentio et
cvrsari trepidatio
ad uocem refertur loquentium, cursatio ad sonum pedum. 3 Et trepidatur primo ab his, qui morbum
putant, cursatur ab his,
qui partum sciunt.
1 et cvrsari rvrsvm prorsvm rursum prorsum signifie retro ante (en arrière en avant). Et
c'est proverbial, comme nous disons sursum deorsum (de bas en haut)
intro foras (dehors
dedans) hac illac (par-ci
par-là) et des expressions similaires, en grec
ἄνω κάτω
(de bas en haut)741. 2 trepidari sentio et
cvrsari trepidatio (trouble) renvoie à la
voix de ceux qui parlent, cursatio (action de courir çà et
là)742 au bruit des pieds. 3 Et on "s'agite"
(trepidatur) d'abord du
côté de ceux qui pensent qu'il s'agit d'une maladie, on "court çà
et là" (cursatur) du côté
de ceux qui savent qu'il s'agit d'un accouchement743.
accedo proprius. em, sensistin?
Pam.-noli fabularier.
je me rapproche. Hein, as-tu
entendu ? Pam.-Arrête de parler.
pro Iuppiter, clamorem audiui!
Par.-tute loqueris, me uetas.
Par Jupiter, j'ai entendu un cri !
Par.-C'est toi qui parles, et c'est à moi que tu le défends.
tvte loqveris me vetas mire expressus est
mos auscultantium.
tvte loqveris me vetas est admirablement
rendu un trait de caractère des gens qui tendent l'oreille pour
entendre.
My.-tace obsecro, mea gnata!
Pam.-matris uox uisa est Philumenae;
My.-Tais-toi, je t'en supplie, ma
fille ! Pam.-Cela ressemble à la voix de la mère de
Philumène ;
1 tace obsecro mea gnata non solum hic Iuno
Lucina non146 inducitur, sed
etiam insuper silentium parturienti imponitur, quia furtiua
conceptio est. et tamen eiusmodi uerba sunt matris, ut dumtaxat
argumentum scientibus manifesta sint, Pamphilo uero et Parmenoni
tamquam aegrotam continentis filiam uideantur. 2 tace obsecro mea gnata conceptum furtiuum
furtim conuenit nasci. 3 matris vox visa
est haec omnia, quae sensu percipi possunt, uisa dicimus. Vergilius «
uisaeque canes
ulu.
ululare
per
u.
umbras
115 ».
1 tace obsecro mea gnata non seulement ici
Junon Lucine n'est pas mise en scène, mais même en plus le silence
est imposé à la parturiente, parce que la conception reste cachée.
Et cependant les mots de la mère sont tels qu'ils ne sont clairs
que pour ceux qui connaissent l'argument mais semblent à Pamphile
et à Parménon ceux de celle qui ne fait que protéger sa fille
malade744. 2 tace obsecro mea gnata naître en cachette
convient à une conception cachée. 3 matris vox visa est de tout ce qui se
perçoit par les sens, nous disons uisa (choses vues). Virgile :
« uisaeque canes ululare per umbras » (des chiennes parurent
hurler à travers la pénombre)745.
nullus sum! Par.-qui dum? Pam.-quia
perii. Par.-quam ob rem? Pam.-nescio quod magnum malum
Je n'existe plus ! Par.-Pourquoi ça ?
Pam.-Parce que je suis mort. Par.-Pour quelle raison ? Pam.-Je ne
sais quel grand malheur,
1 qvia perii satis amatorie. 2 nvllvs svm rursum se infelicem et miserum
appellauit hic. 3 nvllvs svm
αὐξητικῶς.
1 qvia perii c'est bien d'un
amoureux746. 2 nvllvs svm à
nouveau il se dit malheureux et misérable747. 3 nvllvs svm
avec une amplification (αὐξητικῶς).
profecto, Parmeno, me celas.
Par.-uxorem Philumenam
à coup sûr, Parménon, tu me caches.
Par.-Ta femme, Philumène,
vxorem philvmenam pavitare τῷ ἐξουθενισμῷ.
vxorem philvmenam pavitare avec
rabaissement (τῷ
ἐξουθενισμῷ)748.
pauitare nescio quid dixerunt; id si
forte est nescio.
ils ont dit qu'elle était en proie à
je ne sais quelles angoisses ; si ça se trouve c'est ça, je ne
sais pas.
1 pavitare nescio qvid pauere et timere et ad corporis et ad animi
perturbationem ueteres referebant. Plautus in Bacchidibus «
nam ut ex mari timida es
116 ». 2 Ergo pavitare aegrotare, quia sit horruisse
ac palpitare uenis147.
1 pavitare nescio qvid les Anciens
renvoyaient pauere (être
en proie à des angoisses) et timere (redouter) à la fois aux
troubles du corps et de l'âme. Plaute, dans Les
Bacchides : « nam ut ex mari timida es » (Comme elle vient
de la mer, elle est barbouillée)749. 2 Donc pavitare c'est aegrotare (être malade), parce que
c'est avoir le poil qui se dresse et les veines qui palpitent750.
Pam.-interii, cur mihi id non dixti?
Par.-quia non poteram una omnia.
Pam.-Me voilà mort, pourquoi ne me
l'as-tu pas dit ? Par.-Parce que je ne pouvais pas tout en même
temps.
1 qvia non poteram vna omnia deest dicere. 2 qvia non poteram vna omnia cum stomacho
profertur. et deest dicere.
1 qvia non poteram vna omnia il manque
dicere (dire)751. 2 qvia non poteram vna
omnia dit avec irritation. Et il manque dicere (dire)752.
Pam.-quid morbi est? Par.-nescio.
Pam.-quid? nemone medicum adduxit? Par.-nescio.
Pam.-Quel genre de maladie est-ce ?
Par.-Je ne sais pas. Pam.-Quoi ? Personne n'a-t-il fait venir le
médecin ? Par.-Je ne sais pas.
1 nemone medicvm addvxit scilicet "ex quo
scire posses". 2 nescio perturbatus Parmeno
idem repetit uerbum. et aptum est personae seruili.
1 nemone medicvm addvxit implicitement "grâce
auquel tu aurais pu savoir". 2 nescio Parménon, troublé, répète le même
mot. Et c'est adapté au personnage de l'esclave.
Pam.-cesso hinc ire intro, ut hoc
quam primum, quidquid est, certo sciam?
Pam.-Et je n'entre pas, pour
m'assurer de la chose, dès que possible, quelle qu'elle soit ?
cesso hinc ire intro cultum proloquium. sic
autem agit poeta, ut grauem morbum in uxore suspectans maritus
protinus ingrediatur et partum improuisus offendat.
cesso hinc ire intro idée élégante. Le
poète fait en sorte que le mari, suspectant une maladie grave pour
sa femme, entre sans attendre et arrivant à l'improviste tombe sur
l'accouchement.
quonam modo, Philumena mea, nunc te
offendam affectam?
De quelle manière, ma Philumène,
vais-je te trouver affectée ?
1 qvonam modo philvmena amatoria ἀποστροφή. sic in
Phormione «
quod si eo meae fortunae redeunt, Phanium, abs te
u.
ut
d.
distrahar
,
n.
nulla
e.
est
m.
mihi
u.
uita
e.
expetenda
117 ». 2 offendam affectam "lassam
possessamque morbo", ab eo quod est affici, unde affectus dicuntur, propter quos
afficimur.
1 qvonam modo philvmena apostrophe (ἀποστροφή)
caractéristique d'un amoureux. Ainsi dans Phormion :
« quod si eo meae fortunae redeunt, Phanium, abs te ut distrahar,
nulla est mihi uita expetenda »753. 2 offendam affectam "fatiguée et possédée par
la maladie"754, du verbe affici (être affecté), d'où vient
affectus (maladie), en
raison de quoi nous sommes affectés (afficimur)755.
nam si periculum1384
ullum in te inest, me perisse haud dubito.
Car s'il y a des risques pour toi, je
suis mort avec toi, sans hésiter.
1 nam si pericvlvm vllvm in te inest multum
dixit si in te periculum inest, me
perisse non dubito. tantus autem affectus non est
mariti tantum sed amatoris quoque. 2 nam si pericvlvm vllvm non permisit amor
dicere perituram, sed
si periculum.
1 nam si pericvlvm vllvm in te inest il en
dit beaucoup : si in te periculum
inest, me perisse non dubito. Un mouvement si
passionné n'est pas seulement le propre d'un mari mais aussi d'un
amoureux756. 2 nam si pericvlvm vllvm
l'amour n'autorise pas à dire peritura (si tu devais mourir), mais
si periculum757.
Par.-non usus facto est mihi nunc
hunc intro sequi,
Par.-Il n'est pas besoin pour
l'instant que je le suive à l'intérieur,
1 non vsvs facto est uide artificem
Terentium, quemadmodum alias per Pamphilum, alias per ipsum
Parmenonem inuenit, quemadmodum nesciatur a ceteris uirginem ante
nuptias ab ipso Pamphilo uitiatam esse. 2 non vsvs non
utile. 3 facto est
facto abundat.
1 non vsvs facto est voyez l'art de Térence,
comment il trouve, tantôt par l'intermédiaire de Pamphile, tantôt
par celui de Parménon lui-même, le moyen de laisser tous les
autres dans l'ignorance du fait que c'est par par Pamphile
lui-même que la jeune fille a été violée avant son mariage758. 2 non vsvs non
utile (inutile). 3 facto est facto fait pléonasme.
nam inuisos omnes nos esse illis
sentio;
car je sens que nous tous sommes
odieux à ces gens ;
nam invisos omnes non esse illis sentio
acute eiusmodi causam repperit, quae uel curiosum hominem
contineret quaeque non Parmenonem modo sed
mox148 etiam Sostratam arceat ab ingressu.
nam invisos omnes non esse illis sentio
avec finesse il trouve une raison qui puisse retenir même un homme
curieux et détourne bientôt non seulement Parménon mais aussi
Sostrata d'entrer.
heri nemo uoluit Sostratam intro
admittere.
hier personne n'a voulu laisser
entrer Sostrata.
1 heri nemo volvit sostratam quasi alius
dixerit "unde intellegis?". 2 heri nemo
v.
volvit
s.
sostratam
argumentum odii.
1 heri nemo volvit sostratam comme si un
autre lui avait dit "comment le sais-tu ?"759. 2 heri nemo volvit
sostratam argument de la haine.
si forte morbus amplior factus
siet,
Si d'aventure la maladie devait
empirer,
quod sane nolim, maxime eri causa
mei,
ce que je ne souhaite vraiment pas,
surtout pour mon maître,
maxime eri cavsa
m.
mei
quam bene maxime, qui et propter ipsam uel
propter inuidiam socrus non uult fieri grauiorem morbum!
maxime eri cavsa mei que maxime est bon, de la part de celui
qui à la fois en raison de la jeune femme même et en raison de la
jalousie de la belle-mère ne veut pas que la maladie
s'aggrave !
seruum ilico introire1386 dicent Sostratae,
ils diront de suite que l'esclave de
Sostrata vient chez eux,
servvm ilico introire149 mire,
ut criminosius suspiciosumque sit, non Lachetis aut Pamphili seruum sed Sostratae nec Parmenonem saltem.
servvm ilico introire admirablement, pour
que ce soit plus criminel et suspicieux, ce n'est pas pas
Lachetis seruum
(l'esclave de Lachès) ou Pamphili
seruum (l'esclave de Pamphile), mais seruum Sostratae (l'esclave de
Sostrata), et encore moins Parmenonem (Parménon).
aliquid tulisse comminiscentur
mali
ils auront vite inventé qu'il a
apporté quelque mauvais sort
comminiscentvr "dicent",
"confinxerint".
comminiscentvr "ils diront", "ils auront
inventé"760.
capiti atque aetati illorum, morbus
qui auctus sit;
à la personne et à la vie de tout ce
monde, pour que la maladie s'en trouve aggravée ;
1 capiti atqve aetati
i.
illorvm
bene τῷ εὐφημισμῷ maluit illorum quam puellae dicere, quod utique
intellegitur. 2 qvi qui unde.
1 capiti atqve aetati illorvm c'est bien que
par euphémisme (τῷ
εὐφημισμῷ) il préfère dire illorum (de ceux-là) plutôt que
puellae (de la jeune
fille), ce qui se comprend de toute façon761. 2 qvi qui signifie unde (d'où).
era in crimen ueniet, ego uero in
magnum malum.
ma maîtresse ira en procès, et moi,
dans un grand malheur.
1 era "Sostrata in litem"150. 2 ego vero in magnvm malvm "in quaestionis
tormenta".
scaena altera
Pamphilus Parmeno Sostrata
336 | 337 | 338 | 339 | 340 | 341 | 342 | 343 | 344 | 345 | 346 | 347 | 348 | 349 | 350 | 351 | 352 | 353 | 354 | 355 | 356 | 357 | 358 | 359 | 360
So.-nescio quid iamdudum audio hic
tumultuari misera;
So.-Depuis longtemps déjà j'entends
ici je ne sais quelle agitation, malheureuse que je suis ;
1 nescio qvid iamdvdvm avdio hic tvmvltvari
in hac scaena quasi quaedam deliberatiua est continens suasionis
dissuasionisque partes, quas in subditis considerabimus. 2 hic quia nimis uicini sunt.
1 nescio qvid iamdvdvm avdio hic tvmvltvari
dans cette scène, il y a une sorte de discours délibératif
contenant les parties d'un discours persuasif et d'un discours
dissuasif, que nous examinerons dans ce qui suit. 2 hic parce qu'ils sont on ne peut plus
voisins764.
male metuo ne Philumenae magis morbus
adgrauescat;
je crains vraiment que la maladie de
Philumène ne se soit grandement aggravée ;
1 magis morbvs151 grauior
fiat: proprie, quia morbi graues dicuntur. Vergilius «
ubi aut morbo
g.
grauis
118 », Sallustius «
et morbi graues ob inediam insolita uescentibus
119 ». 2 male metvo ne philvmenae
magis instat Terentius bonam socrum facere, ut bonam facit
meretricem.
1 magis morbvs qu'elle s'aggrave : au sens
propre, parce que les maladies sont dites graues (graves)765. Virgile : « ubi aut morbo grauis » (lorsque
appesanti par la maladie), Salluste : « et morbi graues ob inediam
insolita uescentibus » (et les maladies graves en raison de
privation de nourriture sont inconnues de ceux qui se
nourrissent)766. 2 male metvo ne philvmenae magis Térence
s'applique à faire une belle-mère gentille, comme il fait une
courtisane gentille767.
quod te, Aesculapi, et te, Salus, ne
quid sit huius oro.
et je te prie, Esculape, et toi,
Salus, qu'il ne s'agisse en rien de cela.
qvod te aescvlapi et te deest propter ut sit: propter quod.
qvod te aescvlapi et te il manque
propter pour faire :
propter quod (en raison
de quoi).
nunc ad eam uisam. Par.-heus,
Sostrata! So.-hem? Par.-iterumne1387
istinc excludere?
Allons à présent chez elle la voir.
Par.-Hélas, Sostrata ! So.-Hein ? Par.-Une deuxième fois te faire
chasser de cet endroit ?
1 nvnc ad eam visam sic Vergilius «
respice ad haec
120 ». 2 hem interiectio est nouas
res audientis. 3 hevs sostrata uide
quemadmodum per se ipsum Parmeno, per Parmenonem arceatur
Sostrata152, quae neque deesse
propter officium neque ingredi propter153 socrum
inducitur. 4 itervmne istinc exclvdere
bene iterum, ut illi
pudorem incuteret de repetitione iniuriae. 5 Et memoriter: iam enim dixit «
nostra ilico it
u.
uisere
a.
ad
e.
eam
:
a.
admisit
n.
nemo
121 ». 6 Et simul uide quam uehementius ad iniuriam
sonet excludi quam
non admitti.
1 nvnc ad eam visam Virgile : « respice ad
haec » (regarde ceci)768. 2 hem c'est
l'interjection de celui qui entend des nouvelles
inédites. 3 hevs sostrata voyez de
quelle façon Parménon se retient tout seul, et comment c'est
l'entremise de Parménon lui-même qui retient Sostrata, que la mise
en scène montre à la fois soucieuse de ne pas se dérober à son
devoir et, ensuite, de ne pas entrer, à cause de la
belle-mère769. 4 itervmne istinc exclvdere c'est bien
iterum (une seconde
fois), pour lui insuffler la honte d'une insulte qui se
reproduirait. 5 Et il a bonne
mémoire : il a déjà dit en effet « nostra ilico it uisere ad eam :
admisit nemo ». 6 Et voyez en même
temps combien excludi
(être chassé) sonne plus violemment comme une injure que
non admitti (ne pas être
reçu)770.
hem1388, Parmeno, tu hic eras?
perii, quid faciam misera?
So.-Hein, Parménon, tu étais là ? Je
suis perdue, que faire, malheureuse ?
hem parmeno hem interiectio est eius, quae
commota sit noua re.
hem parmeno hem est l'interjection d'une femme
bouleversée par un événement nouveau.
non uisam uxorem Pamphili, cum in
proximo hic sit aegra?
Ne pas rendre visite à la femme de
Pamphile, alors qu'elle se trouve malade ici, à côté ?
non visam vxorem pamphili ut supra
seruum Sostratae dixit,
non Parmenonem, sic hic
uxorem Pamphili maluit
quam Philumenam dicere, ut
animum et officium eiusdem socrus et matris breuiter
demonstraret.
non visam vxorem pamphili comme plus haut
il a dit seruum Sostratae
(l'esclave de Sostrata), et non Parmenonem, de même ici il préfère
dire uxorem Pamphili (la
femme de Pamphile) plutôt que Philumenam, pour que l'esprit et le
devoir de celle qui est à la fois belle-mère et mère apparaisse en
quelques mots771.
Par.-non uisas? ne mittas quidem
uisendi causa quemquam!
Par.-Ne pas lui rendre visite ?
N'envoie même pas quelqu'un lui rendre visite !
1 non visas ne
m.
mittas
unam rem Sostrata consuluit, hic de
duabus154, namque et illam non uult
ingredi et cauet, ne ipse mittatur. 2 Et bene quemquam, ne aperte pro se loqui
uideatur.
1 non visas ne mittas Sostrata a réfléchi à
une seule chose, lui à deux, en effet d'une part il ne veut pas
qu'elle entre et d'autre part il veille à ne pas y être envoyé
lui-même. 2 Et il fait bien de dire
quemquam, afin qu'il ne
semble pas ouvertement parler de lui772.
nam qui amat cui odio ipsus est, bis
facere stulte duco:
En effet celui aime qui le hait, je
considère qu'il agit deux fois sottement :
1 nam qvi amat cvi odio ipsvs est aliam
causam subiunxit: quia durum fuerat ipsi Sostratae dici quod supra
dictum est. 2 nam qvi amat causa a
sententia morali. 3 cvi odio ipsvs
est deest eam uel
eum.
1 nam qvi amat cvi odio ipsvs est il met une
autre raison en corollaire parce qu'il était brutal de dire à
Sostrata elle-même ce qui a été dit auparavant773. 2 nam qvi amat
argument tirée d'une maxime morale774. 3 cvi odio ipsvs
est il manque eam
ou eum775.
laborem inanem ipsus capit et illi
molestiam affert.
lui-même prend une vaine peine et
apporte de l'embarras à l'autre.
1 et illi molestiam affert bene adiecit, ne
qui amet hoc dicat: "laborem, dum promerear quem amo". 2 laborem inanem ipsvs capit et illi molestiam
a.
affert
hoc ualidissimum ad dissuadendum fuit.
1 et illi molestiam affert bon ajout, pour ne
pas que "celui qui aime" dise ceci : "je veux bien souffrir,
pourvu que j'obtienne la personne que j'aime"776. 2 laborem inanem ipsvs
capit et illi molestiam affert cela est parfaitement apte
à dissuader.
tum filius tuus intro iit uidere, ut
uenit, quid agat.
Et puis ton fils est entré pour voir,
sitôt arrivé, comment elle va.
1 tvm filivs tvvs alia causa ab
euentu. 2 videre vt venit qvid agat
quod supra uisere. 3 An uisere
officii est apud aegros, uidere cognitionis et ideo additum
quid agat?
1 tvm filivs tvvs autre raison tiré de
l'événement. 2 videre vt venit qvid agat
parce qu'on a plus haut uisere (rendre visite). 3 Ou bien uisere (rendre visite) implique-t-il
de lui-même une idée de devoir auprès des malades, et uidere une simple idée de
connaissance, d'où l'ajout de quid
agat ?
So.-quid ais? an uenit Pamphilus?
Par.-uenit. So.-dis gratiam habeo.
So.-Que dis-tu ? Pamphile est
arrivé ? Par.-Il est arrivé. So.-J'en rends grâce aux dieux.
an venit pamphilvs bene imitatur
affectum.
an venit pamphilvs il représente bien
l'émotion.
hem! istoc uerbo animus mihi redit et
cura ex corde excessit.
Hein ! Par ces paroles mes esprits me
reviennent et le souci a quitté mon cœur.
1 hem interiectio feminea ac
matronalis. 2 ex corde excessit
geminauit praepositionem.
1 hem interjection de femme et de
matrone. 2 ex corde excessit il
redouble la préposition777.
Par.-iam ea te causa maxime nunc huc
introire nolo;
Par.-C'est précisément pour cette
raison que je ne veux pas que tu entres là à présent ;
nvnc hvc introire nolo cur, si uenit
Pamphilus, non sit introeundum, causa narratur.
nvnc hvc introire nolo la raison pour
laquelle il ne faut pas entrer dès lors que Pamphile est arrivé
est racontée.
nam si remittent quippiam Philumenae
dolores,
Car pour peu que les douleurs de
Philumène fassent quelque peu relâche,
1 nam si remittent qvippiam uerbum actiuum
quasi neutrum posuit. 2 philvmenae
dolores δραματικῶς errat: non enim uere dolor
morbi est, cum sit partus.
1 nam si remittent qvippiam il met un verbe
actif comme s'il s'agissait d'un moyen778. 2 philvmenae dolores l'erreur de Parménon est
pour la dramaturgie (δραματικῶς) : ce n'est pas vraiment en
effet une douleur de maladie, puisque qu'il s'agit d'un
accouchement779.
omnem rem narrabit, scio, continuo
sola soli,
elle racontera toute l'affaire, je le
sais, d'une traite, seule à seul,
1 scio continvo sola soli ut «
haud, credo, inuisus
c.
caelestibus
a.
auras
u.
uitalis
c.
carpis
122155 ». 2 Et sic sola
soli dicitur, quomodo «
praesens praesenti
123 ». sic Vergilius «
illum absens
abs.
absentem
a.
auditque
u.
uidetque
124 ».
1 scio continvo sola soli comme « haud,
credo, inuisus caelestibus auras uitalis carpis » (tu n'encours
pas, je crois, la haine des dieux célestes, puisque tu es bien
vivant)780. 2 Et sola soli est dit comme « praesens
praesenti ». Virgile : « illum absens absentem auditque uidetque »
(Absente, bien qu'absent, elle l'entend et le voit)781.
quae inter uos interuenit1389, unde ortum est
initium irae.
qui s'est produite entre vous, d'où
est née la colère.
1 vnde ortvm est pro sit: ἀνακόλουθον tertium. 2 qvae inter vos intervenit melius sic, quam
si diceret quae illi
feceris.
1 vnde ortvm est pour sit : anacoluthe (ἀνακόλουθον) de
troisième catégorie782. 2 qvae inter vos
interverit c'est mieux ainsi que s'il avait dit quae illi feceris (ce que tu lui as
fait)783.
atque eccum uideo ipsum egredi. quam
tristis est! So.-o mi gnate!
Et le voici qui sort, je le vois.
Qu'il est sombre ! So.-Oh, mon fils !
1 qvam tristis est signum futurae
orationis. Vergilius: «
uultum demissa profatur
125 »156. 2 qvam tristis est χαρακτηρισμός locuturi
Pamphili. 3 o mi gnate ordo est: "o mi
gnate, gaudeo te saluum uenisse". sed
intercedit Pamphilus tristis.
1 qvam tristis est indice de son discours
futur. Virgile : « uultum demissa profatur » (baissant le visage,
elle parle)784. 2 qvam tristis
est caractérisation (χαρακτηρισμός) de Pamphile, qui s'apprête
à parler. 3 o mi gnate l'ordre est :
o mi gnate, gaudeo te saluum
uenisse (mon fils, je me réjouis que tu sois revenu en
bonne santé). Mais Pamphile l'interrompt, triste785.
Pam.-mea mater, salue. So.-gaudeo
uenisse saluum. saluan
Pam.-Ma mère, salut. So.-Je me
réjouis que tu sois revenu en bonne santé. En bonne santé,
salvan philvmena est cito probat Pamphilo
amare se nurum, cum post salutationem nihil prius quam de salute
uxoris eius inquirit. 2 salvan philvmena
est mire obuiam sibi exeuntem filium nihil aliud nisi de
Philumena interrogauit, ut ostenderet eius morbum sibi curae
esse.
salvan philvmena est tout de suite elle
prouve à Pamphile qu'elle aime sa bru, puisque la première chose
qu'elle fait est de l'interroger sur la santé de son
épouse. 2 salvan philvmena est il
est remarquable qu'elle n'interroge son fils qui sort au devant
d'elle que sur ce seul sujet de Philumène, pour lui montrer que sa
maladie est l'objet de ses préoccupations.
Philumena est? Pam.-meliuscula est.
So.-utinam istuc ita di faxint!
l'est-elle, Philumène ? Pam.-Elle est
un peu mieux. So.-Les dieux fassent qu'il en soit ainsi !
1 melivscvla est uerum est, quantum ad morbum
pertinet. 2 melivscvla est hoc et ad
morbum et ad euentum partitudinis uerum est: ita non mentitur
Pamphilus matri. 3 vtinam istvc ita di
faxint diligentiore officio loquitur ut rea apud filium
socrus.
1 melivscvla est c'est vrai, pour autant
qu'il s'agisse de maladie. 2 melivscvla
est c'est vrai et pour une maladie et pour le déroulement
de l'accouchement : ainsi Pamphile ne ment pas à sa mère.786 3 vtinam istvc ita di faxint elle parle avec
un sentiment de devoir trop zélé pour une belle-mère accusée par
son fils787.
quid tu igitur lacrimas? aut quid es
tam tristis? Pam.-recte, mater.
Pourquoi donc pleures-tu ? Et
pourquoi es-tu si sombre ? Pam.-J'ai des raisons, mère.
1 qvid tv igitvr lacrimas mire igitur, quo significat: "si ita res
est, quare ergo tu tristis es?"? 2 recte mater sic dicimus, cum sine iniuria
interrogantis aliquid reticemus. – 3 Et bene additum mater , ut duritia reticentiae blando
nomine molliretur. – alii recte sic accipiunt, ut intellegant
nihil est mali.
1 qvid tv igitvr lacrimas remarquable
igitur, par lequel elle
veut dire : "s'il en est ainsi, pourquoi donc es-tu
triste ?". 2 recte mater nous disons
ainsi, lorsque nous taisons quelque chose sans blesser celui qui
interroge. – 3 Et mater est un bon ajout, pour que la
rudesse du silence soit adoucie par un tendre nom. – d'autres
comprennent recte de
telle sorte qu'ils interprètent nihil
est mali (il n'y a rien de mal)788.
So.-quid fuit tumulti? dic mihi. an
dolor repente inuasit?
So.-Quel était ce vacarme ? Dis-moi.
Est-ce que la douleur l'a soudain prise d'assaut ?
1 qvid fvit tvmvlti antiqui sic declinauerunt
tumulti, senati, ut Sallustius «
senati decretum fit
126 ». 2 Et τό157 dic
mihi curiosius interrogantis est. Vergilius «
dic mihi, Damoeta, cuium pecus
127 ?». 3 dolor repente invasit proprie inuasit, quia repente.
1 qvid fvit tvmvlti les Anciens déclinaient
ainsi au génitif tumulti,
senati. Salluste :
« senati decretum fit » (un décret du Sénat se fait)789. 2 Et l'expression (τό) dic
mihi est le propre de quelqu'un qui interroge avec
trop de curiosité. Virgile : « dic mihi, Damoeta, cuium pecus ? »
(dis-moi, Damète, à qui ce troupeau ?). 3 dolor repente invasit au sens propre
inuasit, puisque
repente
(soudain)790.
Pam.-ita factum est. So.-quid morbi
est? Pam.-febris. So.-cottidiana? Pam.-ita aiunt.
Pam.-C'est ça. So.-Quelle est sa
maladie ? Pam.-La fièvre. So.-Journalière ? Pam.-C'est ce qu'on
dit.
1 ita factvm est moris est assentiri ad dicta
interrogantium, qui quae uera sunt celant. 2 ita aivnt bene aliis adscripsit, si falsum
sit, ut ipsis adscribatur mendacium. 3 ita aivnt in hac tota interrogatione et
responsione colorem induxit secretum aegre abiurgantis. 4 ita aivnt religiose mendacium ad rumorem
retulit: aiunt inquit, ne
ipse falsum dicere uideretur.
1 ita factvm est c'est caractéristique
d'acquiescer aux dires de ceux qui posent des questions, quand on
cache la vérité. 2 ita aivnt
c'est bien qu'il l'attribue à d'autres, pour que, si c'est faux,
le mensonge leur soit attribué à eux. 3 ita aivnt dans tout ce jeu de
questions-réponses il introduit une discrète couleur de reproche
plein d'amertume. 4 ita aivnt
consciencieusement il renvoie le mensonge à la rumeur : il dit
aiunt afin de ne pas
paraître lui-même dire quelque chose de faux.
i sodes intro, consequar iam te, mea
mater. So.-fiat.
Rentre, je te prie, j'arrive tout de
suite, ma mère. So.-Soit.
1 sodes intro ne ingrediatur158 mater ad soceros, et ideo i sodes dicit intro. 2 Et apparet intro dicentem manu annuere, ut domum
redeat, et simul quo magis faciat, addit causam. 3 conseqvar iam te mea mater adiecit et
tempus iam. 4 mea mater necessario additum mea mater et sodes, quia i intro durum est. 5 fiat abiens dixit hoc mater fiat, ne omnino iussis alienis parere
uideatur, quia sic imperamus et nos, quae ipsi facturi sumus.
1 sodes intro afin que sa mère n'entre pas
chez ses beaux-parents ; et c'est dans ce but qu'il dit i sodes intro . 2 Et il est clair qu'en disant intro il fait un signe de la main,
pour qu'elle retourne chez elle791, et en même temps,
pour que ce soit plus efficace, il ajoute une raison792. 3 conseqvar iam te mea mater il ajoute aussi
l'indication de temps iam. 4 mea mater nécessairement est ajouté
mea mater et sodes, parce que i intro est brutal793. 5 fiat en
partant sa mère dit ce fiat, pour ne pas donner
l'impression de tout à fait obéir aux ordres d'autrui, parce que
nous aussi nous donnons des ordres, que nous sommes nous-mêmes
disposés à accomplir.
Pam.-tu pueris curre, Parmeno, obuiam
atque eis onera adiuta.
Pam.-Toi, cours au devant des
esclaves, Parménon, et soulage-les de leur fardeau.
1 tv pveris cvrre
p.
parmeno
probabilis causa, qua ablegat etiam
Parmenonem, dum iubet eum pueris occurrere. et simul notandum,
quod in hac fabula ridicule uexatur usque ad ultimum seruus et
ablegatur, cum sit et piger et curiosus. 2 atqve eis onera adivta locutio
antiqua. 3 atqve eis onera adivta
figura est ὑπαλλαγή pro ipsos onera portantes.
1 tv pveris cvrre parmeno raison
vraisemblable, grâce à laquelle il écarte même Parménon, en lui
ordonnant d'aller au devant des esclaves. Et en même temps il faut
remarquer que dans cette pièce l'esclave, pour rire, se fait
balader jusqu'à la fin et est écarté, puisqu'il est à la fois
paresseux et curieux. 2 atqve eis onera
adivta manière de parler archaïque794. 3 atqve eis onera adivta c'est la figure
d'hypallage (ὑπαλλαγή) pour ipsos onera portantes (portant
eux-mêmes les bagages)795.
Par.-quid? non sciunt ipsi uiam domum
qua redeant1390? Pam.-cessas?
Par.-Pourquoi, ils ne connaissent pas
le chemin pour rentrer à la maison ? Pam.-Tu y vas ?
1 qvid non scivnt ipsi viam domvm qva redeant
iam uide, quemadmodum seruetur Parmenoni persona loquacis,
curiosi, pigri. 2 domvm
aduerbiale est. 3 domvm qva
redeant qua si
locum significet, uidebitur reliquum praeceptum seruus non
audisse; sed159 audiuit; qua quomodo intellegimus? id est
"quemadmodum onus portent de naui", ut160 quid fieret, qua fieret. 4 cessas de industria omnes ablegauit suos,
ut non audirent, quae intus post scaenam sunt acta, quae tamen
populo est narraturus.
1 qvid non scivnt ipsi viam domvm qva redeant
voyez à présent de quelle façon Parménon conserve son personnage
de bavard, curieux, paresseux. 2 domvm emploi adverbial796. 3 domvm qva redeant si
qua signifie un lieu,
l'esclave semblera n'avoir pas entendu la fin de l'ordre ; mais il
a entendu. Comment comprenons-nous qua ? Cela veut dire "de quelle
manière ils descendent les bagages du navire", comme quid fieret (qu'est-ce qui est
fait), qua fieret
(comment est-ce fait)797. 4 cessas tout exprès, il a éloigné tous les
siens, de sorte qu'ils ne soient pas au courant de ce qui s'est
passé dedans dans les coulisses, et qu'il s'apprête cependant à
raconter à destination du public798.
scaena tertia
Pamphilus
361 | 362 | 363 | 364 | 365 | 366 | 367 | 368 | 369 | 370 | 371 | 372 | 373 | 374 | 375 | 376 | 377 | 378 | 379 | 380 | 381 | 382 | 383 | 384 | 385 | 386 | 387 | 388 | 389 | 390 | 391 | 392 | 393 | 394 | 395 | 396 | 397 | 398 | 399 | 400 | 401 | 402 | 403 | 404 | 405 | 406 | 407 | 408 | 409 | 410 | 411 | 412 | 413 | 414
Pam.-nequeo mearum rerum initium
ullum inuenire ideoneum
Pam.-Je ne puis trouver une entrée en
matière convenable
1 neqveo mearvm rervm initivm vllvm invenire
idonevm in hac scaena conquestio est ad deliberationem
descendens, an habeat Pamphilus an excludat uxorem, in qua tota
oratio Pamphili ad argumentum spectans amatoria magis quam
maritalis est: nam aliter non perueniretur ad ultimam cognitionem
omnium rerum nisi adulescens furtiuum conceptum uxoris et partum
aliquanto lenius, quam coniugalis dolor expetit,
tolerauisset. 2 neqveo mearvm
r.
rervm
haec est Homerica illa διαπόρησις «
τί πρῶτόν τοι
ἔπειτα, τί δ᾽ ὑστάτιον καταλέξω;
128 »161. 3 neqveo mearvm rervm initivm hoc principium
magna διαπορήσει oneratur, ut ostendantur
aerumnae et multae et graues. 4 idonevm aptum, conueniens.
1 neqveo mearvm rervm initivm vllvm invenire
idonevm il y a dans cette scène une plainte qui mène à une
délibération pour savoir si Pamphile doit garder ou chasser son
épouse, dans laquelle tout le discours de Pamphile qui vise à la
démonstration est plus d'un amoureux que d'un mari : en effet
autrement on ne parviendrait pas à la dernière reconnaissance de
la situation entière si le jeune homme n'avait toléré que sa femme
ait conçu un enfant dans le secret et qu'elle accouche avec un peu
plus de tranquillité que le dépit d'un mari n'en réclame799. 2 neqveo mearvm
rervm voici un embarras (διαπόρησις) homérique : « τί πρῶτόν τοι ἔπειτα, τί δ᾽
ὑστάτιον καταλέξω; » (Par où donc commencer, par où
finir ce récit ?)800.
3 neqveo
mearvm rervm initivm ce début est alourdi d'un grand
embarras (διαπόρησις), pour qu'apparaissent des
épreuves nombreuses et importantes. 4 idonevm aptum (adapté), conueniens (convenable).
unde exordiar narrare quae
necopinanti accidunt,
pour commencer le récit de ce qui
m'arrive à l'improviste,
vnde a
quo.
vnde a
quo (par quoi)801.
partim quae prospexi1391 his
oculis, partim quae accepi auribus,
d'une part ce que j'ai de ces yeux
vu, d'autre part de ces oreilles entendu,
1 partim qvae prospexi his ocvlis his quasi miseris uult intellegi: "quibus
prospexi uel audiui mala". 2 An sic
dictum est, ut apud Vergilium «
uocemque his auribus
h.
hausi
129 »?
1 partim qvae prospexi his ocvlis his s'entend presque comme
miseris (malheureux) :
"les yeux par lesquels j'ai vu ou entendu des
malheurs"802. 2 Ou bien cela est-il dit ainsi, comme chez
Virgile :« uocemque his auribus hausi » (et j'ai puisé sa voix
avec ces oreilles que voici)803 ?
qua me propter exanimatum citius
eduxi foras.
ce pour quoi, bouleversé, j'ai bien
vite filé dehors.
qva me propter exanimatvm inter exanimatum et exanimum hoc interest: exanimatus est conterritus, conturbatus, ut «
sed quidnam Pamphilum exanimatum uideo?
130 » et Vergilius «
exanimata
s.
sequens
i.
impingeret
a.
agmina
m.
muris
131 »; exanimus est
occisus, ut Vergilius
«
corpus ubi
e.
exanimi
p.
positum
P.
Pallantis
A.
Acoetes
s.
seruabat
s.
senior
132 ».
qva me propter exanimatvm entre exanimatus et exanimus il y a cette différence :
exanimatus, c'est
conterritus (épouvanté),
conturbatus (troublé),
comme : « sed quidnam Pamphilum exanimatum uideo ? ». Et Virgile :
« exanimata sequens impingeret agmina muris » (poursuivait et
refoulait les bataillons haletants contre les murs) ; exanimus c'est occisus (mort), comme Virgile :
« corpus ubi exanimi positum Pallantis Acoetes seruabat senior »
(où était exposé le corps sans vie de Pallas veillé par le vieil
Acétès)804.
nam modo me intro1392 ut
corripui timidus, alio suspicans
En effet tout à l'heure lorsque je me
suis précipité à l'intérieur plein d'inquiétude, imaginant que
c'était d'un autre
1 me
i.
intro
vt
c.
corripvi
"raptim ingressus sum". 2 timidvs pro timens, nomen loco participii.
1 me intro vt corripvi "je suis entré à toute
vitesse". 2 timidvs pour timens (craignant), un nom à la
place d'un participe805.
morbo me uisurum affectam
quam1393
sensi esse uxorem, ei mihi!
mal que je la verrais affectée que
celui dans lequel j'ai vu que ma femme était, pauvre de moi !
1 morbo me visvrvm affectam quia et hic
morbus est. 2 ei mihi interiectio
dolentis. 3 Vergilius «
eloquar an sileam?
133 ». et dicitur haec figura ἐπιμονή. 4 ei mihi mire interposuit σχετλιασμόν.
1 morbo me visvrvm affectam parce que c'est
aussi une maladie. 2 ei mihi
interjection de douleur. 3 Virgile :
« eloquar an sileam ? » (dois-je parler ou me taire ?). Et cette
figure s'appelle une dilatation (ἐπιμονή)806. 4 ei mihi il
intercale remarquablement une expression d'indignation (σχετλιασμός).
postquam me aspexere ancillae
aduenisse, ilico omnes simul
Dès que les servantes eurent vu que
j'étais arrivé, aussitôt toutes en même temps
laetae exclamant: « uenit! », id quod
me repente aspexerant;
s'exclament, joyeuses : « Il est
arrivé ! », cela parce qu'elles m'avaient vu soudainement ;
1 id qvod me repente deest propter, ut sit: propter id, ac per hoc ideo. 2 id qvod me repente aspexerant causa cur
laetae
exclamauerint. 3 id ergo:
ob id.
1 id qvod me repente il manque propter, pour faire : propter id (à cause de cela), et
c'est par là qu'on a ideo
(pour cette raison)807. 2 id qvod me repente
aspexerant raison pour laquelle laetae exclamauerint. 3 id donc : ob
id (pour cela)808.
sed continuo uultum earum sensi
immutari omnium,
Mais tout de suite j'ai vu leur
visage à toutes se modifier,
1 sed continvo vvltvm earvm sensi immvtari
omnivm mire Pamphilus etiam ancillarum metu impellitur, ut
alienum nasci puerum suspicetur nec ullo modo in memoriam redeat
hanc se puellam uel huiusmodi uitiasse. 2 vvltvm earvm "quae uiderint".
1 sed continvo vvltvm earvm sensi immvtari
omnivm remarquablement Pamphile est même incité par la
crainte des servantes à soupçonner qu'un enfant qui n'est pas de
lui est en train de naître sans que d'une manière ou d'une autre
il ne lui revienne à l'esprit que c'est lui qui a violé cette
jeune femme ou une autre de cette condition. 2 vvltvm earvm "celles qui l'ont vu".
quia tam incommode illuc fors
obtulerat aduentum meum.
parce c'était bien mal à propos que
le sort avait amené mes pas ici.
1 fors obtvlerat oblatum dicitur in utramque partem,
quicquid exspectationem praeuenit. 2 obtvlerat offerri dicuntur tam bona quam mala,
si insperata obiciantur aspectibus.
1 fors obtvlerat on dit oblatus pour ce qui arrive sans être
attendu, en bonne et mauvaise part809. 2 obtvlerat aussi bien les
événements favorables que les malheureux sont dits offerri (être apportés), si des
événements inattendus se présentent aux regards.
una illarum interea propere
praecucurrit nuntians
L'une d'entre elles pendant ce temps
courut vite en éclaireuse pour annoncer
me uenisse; ego eius uidendi cupidus
recta consequor.
que j'étais arrivé ; moi, désireux de
la voir, je la suis tout droit.
1 ego eivs
v.
videndi
c.
cvpidvs
non erit plena uis repentini doloris, si
praesentiens aliquid suspicatur, et ideo addidit ego eius uidendi cupidus recta
consequor. 2 recta
conseqvor absolute et sine adiectione; non enim addidit
uia.
1 ego eivs videndi cvpidvs la force de la
douleur soudaine ne sera pas totale si, avec anticipation, il se
doute de quelque chose, et pour cela il ajoute ego eius uidendi cupidus recta
consequor. 2 recta
conseqvor construction absolue et sans ajout ; en effet,
il n'ajoute pas uia810.
postquam intro adueni, extemplo eius
morbum cognoui miser;
Dès que je fus dedans, aussitôt j'ai
su son mal, malheureux ;
1 extemplo eivs morbvm morbum mitiore animo quam uitium dixit aut probrum. 2 Et recte, quia dixit «
alio me suspicans
m.
morbo
u.
uisurum
a.
affectam
quam
s.
sensi
e.
esse
u.
uxorem
134 ».
1 extemplo eivs morbvm il dit morbum de façon plus douce que
uitium (vice) ou
probrum
(honte). 2 Et c'est à bon droit,
parce qu'il a dit « alio me suspicans morbo uisurum affectam quam
sensi esse uxorem »811.
nam neque ut celari posset tempus
spatium ullum dabat,
En effet les circonstances ne lui
accordaient aucun délai pour qu'elle puisse le cacher,
spativm moram.
spativm moram (délai).
neque uoce alia ac res monebat ipsa
poterat conqueri.
et elle-même ne pouvait se plaindre
par aucune autre voix que celle que sa situation lui dictait.
ac res monebat "partus".
ac res monebat "l'accouchement".
postquam aspexi: « o facinus
indignum! » inquam, et corripui ilico
Dès que je l'eus vue : « Oh, crime
indigne ! » dis-je, et aussitôt je me précipitai
1 o facinvs indignvm facinus indignum non ad illam, hoc
est Philumenam, sed ad auctorem uitii refertur. 2 et corripvi ilico ardens scilicet dolore.
et est causa, cur cito exierit.
1 o facinvs indignvm facinus indignum ne se rapporte pas
à elle, c'est-à-dire à Philumène, mais à l'auteur du
viol. 2 et corripvi ilico brûlant
bien sûr de douleur. Et c'est la raison pour laquelle il est
rapidement sorti.
me inde lacrimans, incredibili re
atque atroci percitus.
hors de là, en larmes, ébranlé par
cette chose incroyable et affreuse.
1 lacrimans non furens sed lacrimans, non iratus sed percitus. 2 atqve atroci uehementi.
1 lacrimans non pas furens (en colère) mais lacrimans, non pas iratus (énervé) mais percitus (ébranlé)812. 2 atqve atroci
uehementi (violent).
mater consequitur; iam ut limen
exirem, ad genua accidit
La mère me suit ; à peine
franchissais-je le seuil, elle tombe à mes genoux
1 mater conseqvitvr iam
v.
vt
l.
limen
e.
exirem
ostendit affectum misericordiae suae
matrem dicendo potius quam
Myrrinam et addendo «
misera: misertum est
135 », ut recte supra dictum sit de illo «
pium et
p.
pudicum
i.
ingenium
n.
narras
136 ». 2 ad genva accidit
accidere est gestu
corporis ostendere humilitatem cadentis, propter ad, quod est iuxta, et cadere. Sallustius autem sine
praepositione dixit «
quo accidam aut
q.
quos
a.
appellem
137 ».
1 mater conseqvitvr iam vt limen exirem il
montre un sentiment de pitié en disant mater (mère) plutôt que Myrrhina et en ajoutant « misera :
misertum est », comme à bon droit il a été dit plus haut à son
sujet « pium et pudicum ingenium narras »813. 2 ad genva
accidit accidere
(tomber)814 c'est montrer
par un geste du corps l'humilité de celui qui tombe (cadens), en raison de ad, qui signifie iuxta (vers), et cadere (tomber). Salluste dit sans
préposition : « quo accidam aut quos appellem » (où tomber ? Qui
appeler ?)815.
lacrimans misera; misertum est.
profecto hoc sic est, ut puto:
en larmes, la malheureuse ; elle m'a
fait pitié. Il en va bien ainsi, à mon avis :
1 lacrimans misera miserabiliter se
habens. 2 misertvm est hoc ipse
sibi.
1 lacrimans misera "se comportant de manière
à apitoyer". 2 misertvm est cela, en
lui-même816.
omnibus nobis ut res dant sese, ita
magni atque humiles sumus.
pour nous tous, selon la manière dont
se présentent les choses, nous sommes grands ou humbles.
omnibvs nobis vt res dant
s.
sese
i.
ita
m.
magni
a.
atqve
mire dixit dant
sese. Homerus «
τοῖος γὰρ νόος
ἐστὶν ἐπιχθονίων ἀνθρώπων, οἷον ἐπ᾽ ἦμαρ ἄγῃσι πατὴρ ἀνδρῶν
τε θεῶν τε
138 ». sed hic sic ex illo et
ualidius162
dixit. et est haec catholica sententia. Apollodorus «
οὕτως ἕκαστός ἐστι
διὰ τὰ πράγματα / ἡμῶν τε σεμνὸς καὶ ταπεινός
139 »163.
omnibvs nobis vt res dant sese ita magni
atqve il dit remarquablement dant sese (se donnent). Homère :
« τοῖος γὰρ νόος ἐστὶν ἐπιχθονίων
ἀνθρώπων, οἷον ἐπ᾽ ἦμαρ ἄγῃσι πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε »
(L'esprit des hommes sur la terre se conforme aux jours divers que
leur assigne le père des hommes et des dieux). Mais, si notre
poète s'est exprimé ainsi en s'inspirant de lui, il a parlé plus
vigoureusement. Et c'est une sentence universelle. Apollodore :
« οὕτως ἕκαστός ἐστι διὰ
τὰ πράγματα / ἡμῶν τε σεμνὸς καὶ ταπεινός » (Chacun de
nous, selon les événements, est ainsi noble ou humble).
hanc habere orationem mecum principio
institit:
Elle se mit d'abord à me tenir ce
discours :
« o mi Pamphile, abs te quamobrem
haec abierit causam uides;
« Mon cher Pamphile, pourquoi de toi
elle s'est éloignée, tu en vois la raison ;
1 o mi pamphile abs te qvamobrem a nomine
incipit et blandimento, quia secreta confitetur, ut Vergilius
«
Anna, fatebor enim,
m.
miseri
p.
post
f.
fata
S.
Sychaei
140 » a principio idem elaborauit, ut aduersus pudorem
conscientiae uoce et confessione duraret. 2 o mi pamphile abs te qvamobrem uenialis
status, in quo confessio est et precatio. 3 abs te qvamobrem morale blandimentum ante
confessionem.
1 o mi pamphile abs te qvamobrem elle
commence par le nom et par quelque chose de doux, parce qu'elle
avoue un secret. Virgile : « Anna, fatebor enim, miseri post fata
Sychaei » (Oui, Anna, je l'avouerai, depuis la mort du pauvre
Sychée) élabore la même stratégie dès le début, de sorte que,
combattant sa retenue, elle persévère dans l'expression de sa
conscience et dans l'aveu817. 2 o mi pamphile abs te
qvamobrem état de la cause qui la rend pardonnable, dans
lequel il y a aveu et prière818. 3 abs te qvamobrem
tendresse bien dans son caractère avant l'aveu.
nam uitium est oblatum uirgini olim
ab nescio quo improbo.
en effet un attentat à sa pudeur a
été commis quand elle était jeune fille, naguère, par je ne sais
quel sale type.
1 nam vitivm confessio est. 2 nam vitivm est
o.
oblatvm
coepit a causa. 3 Et oblatum ad repentina pertinere
superius adnotauimus. 4 oblatvm quasi
"non exspectatum et nolenti". 5 virgini quasi "quae falli
possit". 6 olim recte olim, quia facilis uenia circa uetera
iam delicta; unde temptat temporis longinquitate extenuare
peccatum. 7 olim ergo id est: ante
menses nouem. 8 ab nescio qvo improbo mire
contempsit personam dicendo nescio
quo, id est nescio
quem dixit, ut ostendat ignobilem et abiectum; nam si
nomen est, habet et dignitatem, ut «
et nos aliquod nomenque decusque
g.
gessimus
141 » et ne placere uideatur is qui fecit, improbum dixit.
1 nam vitivm voici l'aveu. 2 nam vitivm est oblatvm elle commence par la
cause. 3 Et nous avons remarqué plus
haut819 que offerre
(apporter) renvoie à ce qui arrive soudainement. 4 oblatvm pour ainsi dire "inattendu" et
"contre son gré". 5 virgini pour
ainsi dire "une fille facile à tromper". 6 olim correctement olim (autrefois), parce que le
pardon pour des crimes déjà anciens est facile ; d'où le fait
qu'elle essaye d'atténuer la faute par l'éloignement du temps
écoulé. 7 olim ce qui revient donc à
dire : "neuf mois auparavant". 8 ab nescio qvo improbo remarquablement elle
méprise le personnage en disant nescio quo (je ne sais quel),
c'est-à-dire qu'elle utilise nescio
quis (je ne sais qui), pour montrer qu'il est
ignoble820 et abject ; en effet s'il y a un nom, il y a aussi une
dignité, comme : « et nos aliquod nomenque decusque gessimus »
(mon nom aussi était connu, je jouissais d'un certain renom) et
pour que celui qui a fait ça ne semble pas lui plaire, elle dit
improbo
(malhonnête)821.
nunc huc confugit te atque alios
partum ut celaret suum. »
Maintenant elle s'est réfugiée ici
pour cacher à toi et aux autres son accouchement ».
sed cum orata eius1394
reminiscor, nequeo quin lacrimem miser.
Mais quand je me rappelle son
discours, je ne peux m'empêcher de pleurer, malheureux.
1 neqveo qvin lacrimem miser uidetur quasi
destillantes fletus detergere. 2 neqveo deest continere. 3 sed cvm orata eivs bona παρένθεσις.
1 neqveo qvin lacrimem miser il semble
presque essuyer ses pleurs qui coulent822. 2 neqveo il manque
continere
(contenir)823. 3 sed cvm orata eivs bonne parenthèse
(παρένθεσις)824.
« quaeque Fors Fortuna est, inquit,
nobis quae te hodie obtulit,
« Quelle que soit la Fortune,
dit-elle, qui aujourd'hui t'a amené à nous,
1 qvaeqve fors fortvna precatio. 2 fors fortvna ὑφέν, id est subita fortuna. 3 Et fortuna in incerto, fors fortuna in bono ponitur.
Vergilius «
si qua interea fortuna fuisset
142 » et ipse «
o Fors Fortuna
143 ».
1 qvaeqve fors fortvna prière. 2 fors fortvna est un syntagme (ὑφέν)825,
c'est-à-dire "fortune soudaine" (fortuna subita). 3 Et fortuna est mis quand on ne peut pas
se prononcer, fors
fortuna en bonne part. Virgile : « si qua interea
fortuna fuisset » (au cas où pendant ce temps surviendrait un coup
du sort) et Térence lui-même : « o Fors Fortuna ».
per eam te obtestamur1395 ambae, si ius, si
fas est, uti
en son nom nous te prions toutes
deux, si c'est juste, si c'est bon, que
1 per eam te
o.
obtestamvr
oratorie inducuntur et pro tacentibus
preces. 2 per eam te
o.
obtestamvr
obtestatio est precatio cum mentione
earum rerum, per quas
petimus, ut «
per euersae,
g.
genitor
,
f.
fumantia
T.
Troiae
e.
excidia
o.
obtestor
144 ». 3 si ivs si fas est utrum
hoc inuidiose an quasi femina, quae leges nesciat? 4 vti adversa eivs mire non crimen sed aduersa.
1 per eam te obtestamvr les prières sont
mises en scène de façon oratoire aussi pour ceux qui se
taisent. 2 per eam te obtestamvr une
obtestatio826 (adjuration solennelle), c'est une prière avec
la mention des choses "par lesquelles" (per quas) nous réclamons, comme :
« per euersae, genitor, fumantia Troiae excidia obtestor » (ô
père, je t'en supplie, par les restes fumants de Troie). 3 si ivs si fas est est-ce que cela est dit
de façon agressive, ou en quelque sorte en femme qui ne connaît
pas les lois ? 4 vti adversa eivs
remarquablement ce n'est pas crimen (crime) mais aduersa (l'adversité).
aduersa eius per te tecta tacitaque
apud omnes sient.
son adversité, tu la couvres et
qu'elle reste secrète aux yeux de tous.
1 per te tecta tacitaqve tecta si reducis, tacita si repudias sub alia
excusatione. 2 An idem significant?
an potius: neque re neque uerbo indices? 3 An tecta,
ne uideantur, tacita, ne
dicantur? 4 tecta tacitaqve tecta sint, ne ex odiis sciant,
tacita, ne ipse
indicet.
1 per te tecta tacitaqve tecta si tu la reprends, tacita si tu la répudies sous un
autre prétexte. 2 Ou bien ces mots
signifient-ils la même chose ? Est-ce plutôt : il faut que tu ne
la dénonces ni dans les faits, ni dans les mots ? 3 Ou bien est-ce tecta pour que ce ne soit pas vu,
tacita pour que ce ne
soit pas dit ? 4 tecta tacitaqve qu'ils
soient tecta pour que les
disputes ne le fassent pas savoir, tacita, pour que lui-même ne dénonce
pas827.
si umquam erga te animo esse amico
sensisti eam, mi Pamphile,
Si jamais tu as senti qu'elle était
envers toi d'un cœur aimant, cher Pamphile,
1 si vmqvam erga te Vergilius «
si concessa
p.
peto
,
s.
si
d.
dant
e.
ea
m.
moenia
P.
Parcae
145 ». Terentius sic «
si te in germani fratris
d.
dilexi
l.
loco
s.
siue
h.
haec
t.
te
s.
solum
s.
semper
f.
fecit
m.
maximi
146 ». 2 si vmqvam erga te ab ante
acta uita.
1 si vmqvam erga te Virgile : « si concessa
peto, si dant ea moenia Parcae » (si je demande choses légitimes,
si les Parques donnent ces remparts). Ainsi Térence : « si te in
germani fratris dilexi loco siue haec te solum semper fecit
maximi »828. 2 si vmqvam erga
te argument tiré de la vie passée.
sine labore hanc gratiam te ut1396 sibi
des pro illa nunc rogat.
elle requiert à présent pour elle que
tu lui accordes cette grâce qui ne te coûte pas de peine.
vt sibi des pro
i.
illa
subauditur gratia.
vt sibi des pro illa gratia est sous-entendu.
ceterum de reducenda id facias quod
in rem sit tuam,
Du reste, pour ce qui est de la
reprendre, fais selon tes moyens,
1 cetervm de redvcenda
i.
id
f.
facias
temptat etiam hoc persuadere, sed oratorie et
uerecunde. 2 Et mire de
reducenda dixit, non de
respuenda. 3 qvod in rem
sit nam reddenda dos erit.
1 cetervm de redvcenda id facias elle essaye
même de lui persuader ceci, mais c'est fait de façon oratoire et
avec retenue. 2 Et remarquablement
elle dit de reducenda, et
non de respuenda (pour ce
qui est de la rejeter)829. 3 qvod in rem
sit car la dot devra être rendue830.
parturire eam nec grauidam esse ex te
solus conscius;
tu es le seul à savoir qu'elle est en
train d'accoucher et qu'elle n'est pas enceinte de toi ;
solvs conscivs a possibili, nam hoc nomine
ostendit tacere eum posse, quod conscius sit ipse solus.
solvs conscivs argument par le possible,
car par ce nom831 elle
montre qu'il peut se taire, parce qu'il est le seul (solus) à être au courant (conscius).
nam aiunt tecum post duobus
concubuisse eam mensibus;
en effet on raconte qu'elle n'a
partagé ta couche qu'au bout de deux mois ;
1 nam aivnt honestius aiunt pro ait dixit, nam quis aut scire
aut dicere potuit nisi Philumena?164 2 Ergo recte: aiunt enim potius honestum est quam
ait. 3 post dvobvs concvbvisse eam mensibvs
post duobus simpliciter
accipiendum, non post
duos: est enim ἀντίπτωσις165. 4 post
d.
dvobvs
non166 statim ut nupta
sit, sed postquam nupta est, post duos menses nuptiarum, ut sint
quinque menses167. 5 Et hinc apparet eam ante menses duos, quam
nuberet, uitiatam, quattuor mensibus cum Pamphilo
fuisse, ex quibus duobus posterioribus amatam esse,
tribus reliquis peregrinatum esse Pamphilum168. 6 An
post duobus pro post duos, ut Plautus «
post principio denique
147 » et «
post paulo
148 »?
1 nam aivnt elle dit assez honnêtement
aiunt pour ait (elle dit), car qui peut ou bien
savoir ou bien parler, si ce n'est Philumène ?832 2 C'est donc correct : aiunt (on dit) est en effet plus
honnête que ait (elle
dit). 3 post dvobvs concvbvisse eam
mensibvs il faut comprendre séparément post duobus, et non post duos : c'est en effet une
antiptose (ἀντίπτωσις)833. 4 post dvobvs pas dès qu'elle a été mariée,
mais après qu'elle a été mariée, après deux mois de mariage, de
sorte qu'il y ait cinq mois. 5 Et de là il apparaît que deux mois
avant qu'elle se marie elle a été violée, qu'elle est restée
quatre mois avec Pamphile, parmi lesquels durant les deux derniers
elle a été aimée, et durant les trois qui manquent Pamphile était
en voyage834. 6 Est-ce post
duobus pour post
duos, comme Plaute « post principio denique » (après
le début enfin) et « post paulo » (peu après) ?
tum, postquam ad te uenit, mensis
agitur hic iam septimus.
ainsi, depuis qu'elle est venue à
toi, nous en sommes à présent au septième mois.
quod te scire ipsa indicat res. nunc,
si potis est, Pamphile,
Que tu saches cela, l'affaire en
témoigne d'elle-même. Maintenant, si tu le peux, Pamphile,
qvod te scire ipsa indicat res "quia
contristatus es et corripuisti te foras".
qvod te scire ipsa indicat res "parce que
tu es très triste et que tu t'es rué dehors".
maxime uolo doque operam ut clam
eueniat partus patrem
ce que je veux surtout, et ce à quoi
je m'attache, c'est que l'accouchement ait lieu à l'insu du
père
eveniat partvs Philumenae scilicet.
eveniat partvs celui de Philumène bien
sûr.
atque adeo omnes; sed, si id fieri
non potest quin sentiant,
et même de tout le monde ; mais, si
l'on ne peut éviter qu'ils l'apprennent,
dicam abortum esse; scio nemini
aliter suspectum fore
je dirai qu'il y a eu fausse couche ;
je sais que personne n'ira autrement soupçonner
1 abortvm esse non est Latinum aborsa est sed abortum fecit. 2 abortvm esse deest natum uel factum. 3 Vel absolute, quomodo dicimus «
e re nata
149 » uel quemadmodum dicimus «
ex te mihi orta est iniuria
150 ». 4 dicam abortvm esse
rationabiliter dixit: fit enim abortus etiam septimo mense sine
pernicie feminae. 5 svspectvm
fore suspicabile,
suspiciosum.
1 abortvm esse aborsa est n'est pas latin, mais
abortum fecit (elle a
fait une fausse couche). 2 abortvm esse
il manque natum ou
factum835. 3 Ou absolument, de la
façon dont nous disons « e re nata » ou de la façon dont nous
disons « ex te mihi orta est iniuria »836. 4 dicam abortvm
esse elle dit cela conformément à la raison : en effet il
y a des fausses couches jusqu'au septième mois sans dommage pour
la femme. 5 svspectvm fore suspicabile (propre à être
suspecté)837, suspiciosum (objet de soupçon).
quin, quod ueri simile est, ex te
recte eum natum putent.
que, puisque c'est vraisemblable,
l'enfant n'est pas vraiment de toi.
1 ex te recte evm natvm pvtent noue dixit
natum abortum, quasi
abortus
nascatur. 2 natvm
ergo pro facto conceptoque
dixit.
1 ex te recte evm natvm pvtent il dit de
façon inédite natum
abortum, comme si un avorton (abortus) pouvait naître . 2 Il dit donc natvm pour factum conceptumque (fait et
conçu)838.
de1397
continuo exponetur; hic tibi nihil est quicquam incommodi,
On l'exposera aussitôt ; et pour toi,
il n'y a rien, aucun dommage,
1 continvo exponetvr169 cum alienus exponitur et non tollitur pro
tuo. 2 Et mire necandi pueri non fit mentio, quia
Pamphili filius inuenietur, cum ei etiam per patrem puellae poeta
succurrit. 3 exponetvr ad mortem
scilicet. 4 hic tibi nihil est qvicqvam
incommodi ab utili. et est παρέλκον quartum. Vt «
nihil quicquam uidi laetius
151 ».
1 continvo exponetvr lorsque l'enfant d'un
autre est exposé et n'est pas reconnu pour tien839. 2 Et
remarquablement il n'est pas fait mention de tuer l'enfant, parce
qu'il se révèlera être le fils de Pamphile, lorsque le poète lui
porte secours y compris par l'intermédiaire du père de la jeune
fille840. 3 exponetvr à la mort bien sûr. 4 hic tibi nihil est qvicqvam incommodi
argument par l'utile. Et c'est un pléonasme de quatrième catégorie
(παρέλκον
quartum). Comme « nihil quicquam uidi laetius »841.
et illi miserae indigne factam
iniuriam contexeris ».
et tu auras couvert l'injure
indignement faite à cette malheureuse ».
1 et illi miserae indigne ut non sit ἀνακόλουθον, et
superiori uersui τὸ et addendum est, ut sit: et tibi nihil quicquam incommodi170. 2 factam inivriam mire
iniuriam dixit, ut non
condemnanda sit, sed dolenda. 3 et illi miserae
i.
indigne
conclusio per enumerationem: "et non
laederis", inquit, "et proderis miserae".
1 et illi miserae indigne pour qu'il n'y ait
pas d'anacoluthe (ἀνακόλουθον), il faut ajouter aussi au
vers qui précède le mot (τὸ) et, pour faire : et tibi nihil quicquam
incommodi. 2 factam
inivriam il dit remarquablement iniuria, en sorte qu'on ne doive pas
condamner Philumène, mais la plaindre. 3 et illi miserae indigne conclusion par
énumeration : "à la fois tu ne seras pas lésé", dit-elle, "et tu
rendras service à la malheureuse".
pollicitus sum, et seruare in eo
certum est quod dixi fidem.
J'ai promis, et il est décidé que je
tienne là-dessus parce que j'ai donné ma parole.
1 pollicitvs svm plus quam promisi. 2 qvod dixi fidem quod promisi.
1 pollicitvs svm c'est plus que promisi (j'ai promis). 2 qvod dixi fidem quod promisi (parce que j'ai
promis).
nam de reducenda, id uero neutiquam
honestum esse arbitror,
Quant à la reprendre, je pense que
cela n'est d'une manière ou d'une autre pas juste,
id vero nevtiqvam honestvm esse arbitror
neutiquam non est omnino
negatiuum, sed aliquid assertionis habet; est enim neutiquam non nimis, non ualde.
id vero nevtiqvam honestvm esse arbitror
neutiquam n'est pas tout
à fait négatif, mais a quelque chose de l'assertion ; neutiquam signifie en effet
non nimis (pas trop),
non ualde (pas
parfaitement)842.
nec faciam, etsi me amor grauiter
consuetudoque eius tenet.
et je ne le ferai pas, même si mon
amour et mon affection pour elle m'attachent fermement.
1 nec faciam bene addidit nec faciam: multa enim etiam
inhonesta amore suscipimus171. 2 etsi me amor graviter consvetvdoqve hoc cum
gemitu. 3 Et τὸ etsi non est complexiuum neque
praepositiuum sed subiunctiuum, id est pro tametsi. 4 consvetvdoqve duas res contra honestum et
utile ualidissimae. 5 Et bene tenet, non tenuit.
1 nec faciam il fait bien d'ajouter
nec faciam : elles sont
nombreuses en effet, les choses, même déshonorables, que nous
acceptons par amour. 2 etsi me amor
graviter consvetvdoqve cela avec un
gémissement843. 3 Et le (τὸ) etsi n'est pas copulatif ni
prépositif mais conjonctif de subordination, c'est-à-dire qu'il
est mis pour tametsi
(quand bien même)844. 4 consvetvdoqve deux choses très fortes
contre l'honnête et l'utile845. 5 Et il fait bien de dire tenet et non tenuit (a attaché)846.
lacrimo, quae posthac futura est uita
cum in mentem uenit
Je pleure, lorsqu'il me vient à
l'esprit quelle sera ma vie après cela
1 lacrimo qvae posthac fvtvra est vita bene
propensior in affectum est, ut uerisimile fiat potuisse
reticere. 2 Et lacrimo non pendet ad
superiora172, sed interpositis
diu fletibus dixit. 3 lacrimo qvae
posthac quae modo
non uim pronominis continet sed querelae. 4 Et lacrimo sic dixit, ut Vergilius
«
sic effata sinum
l.
lacrimis
i.
impleuit
o.
obortis
152 ». 5 Et est ordo: "lacrimo, cum in mentem
uenit".
1 lacrimo qvae posthac fvtvra est vita c'est
bien qu'il soit assez enclin à l'émotion, pour qu'il devienne
vraisemblable qu'il ait pu se taire. 2 Et lacrimo n'est pas lié à ce qui
précède, mais il dit cela après une longue interruption due aux
larmes847. 3 lacrimo qvae
posthac quae
parfois n'a pas la valeur d'un pronom mais d'une plainte848. 4 Et il dit
lacrimo comme Virgile :
« sic effata sinum lacrimis impleuit obortis » (Ainsi dit-elle, et
elle inonda les plis de son corsage de ses larmes qui
jaillissaient)849. 5 Et l'ordre est : "lacrimo, cum in mentem
uenit" (je pleure, lorsque me vient à
l'esprit...)850.
solitudoque. o Fortuna! ut numquam
perpetuo es bona1398!
et ma solitude. Ô Fortune ! Jamais tu
n'es bonne tout du long !
1 o fortvna hic fortunam pro bona posuit. 2 vt nvmqvam perpetvo es bona legitur et
data, nam et sic pro
bona intellegitur
necessario.
1 o fortvna ici il met fortuna pour bona fortuna (favorable)851. 2 vt nvmqvam perpetvo
es bona on lit aussi data (donnée), en effet ainsi aussi
il est nécessaire d'entendre bona852.
sed iam prior amor me ad hanc rem
exercitatum reddidit,
Mais déjà un premier amour m'a rompu
à ces choses.
Je l'ai envoyé valser avec raison ; à
présent, je m'efforcerai d'agir de même avec celui-ci.
1 idem nvnc hvic "ego", id est quia
idem
ego173. si eidem, hoc est amori. 2 operam dabo difficultatem rei ostendit
dicendo operam dabo.
1 idem nvnc hvic "moi", c'est-à-dire que
c'est idem ego. Si c'est
eidem cela renvoie à
amor (amour)853. 2 operam dabo il montre la difficulté de la
chose en disant operam
dabo854.
adest Parmeno cum pueris; hunc minime
est opus
Parménon arrive avec les esclaves ;
il n'est vraiment nul besoin qu'il
1 adest parmeno cvm
p.
pveris
quia idem Parmeno est secretorum conscius,
addidit cum
pueris. 2 minime est
opvs id est: "omnino non est opus".
1 adest parmeno cvm pveris parce que ce même
Parménon est au courant de son secret, il ajoute cum pueris (avec les esclaves)855. 2 minime est
opvs c'est-à-dire : "il est absolument non
nécessaire".
in hac re adesse; nam olim soli
credidi
assiste à cette affaire ; en effet
autrefois je lui ai confié à lui seul
ea me abstinuisse in principio cum
data est;
que je m'étais abstenu d'elle au
début qu'on me l'avait donné en mariage ;
uereor, si clamorem eius hic crebro
exaudiat,
Je crains, s'il venait à entendre ses
cris répétés,
ne parturire intellegat; aliquo mihi
est
qu'il ne comprenne qu'elle est en
train d'accoucher ; c'est quelque part qu'il faut que je
aliqvo mihi est hinc ablegandvs dvm parit
philvmena in tota comoedia nec cessabit, cum sit piger,
nec resciscet, cum sit curiosus, Parmeno.
aliqvo mihi est hinc ablegandvs dvm parit
philvmena et dans toute la comédie Parménon ne s'arrêtera
pas, alors qu'il est paresseux, ni narrivera à savoir, alors qu'il
est curieux.
hinc ablegandus, dum parit
Philumena.
l'envoie loin d'ici, tandis que
Philumène accouche.
dvm parit philvmena dum alias dummodo, alias donec; nunc quamdiu.
dvm parit philvmena dum signifie parfois dummodo (pourvu que), parfois
donec (jusqu'à ce que) ;
ici c'est quamdiu (aussi
longtemps que)856.
scaena quarta
Pamphilus Parmeno Sosia
415 | 416 | 417 | 418 | 419 | 420 | 421 | 422 | 423 | 424 | 425 | 426 | 427 | 428 | 429 | 430 | 431 | 432 | 433 | 434 | 435 | 436 | 437 | 438 | 439 | 440 | 441 | 442 | 443 | 444 | 445 | 446 | 447 | 448 | 449 | 450
Par.-ain tu tibi hoc incommodum
euenisse iter?
Par.-Tu dis que ce voyage t'a été
pénible ?
1 ain tv tibi hoc incommodvm evenisse iter
alia ratio est currentis ad argumenta, alia actuum comicorum; sed
perfecti poetae est ita seruire argumento, ut tamen spectator
nouis delectationibus teneatur. nam in hac scaena, donec perueniat
ad Pamphilum Parmeno, hoc εὕρημα inducitur, cum ostenditur, quid
mali sit nauigatio. 2 ain tv tibi
pro aisne tu. et sic
aliquid iam dixisse magni in praecedenti oratione ex respondentis
sermone monstratur174. 3 ain tv in scaena nascitur oratio175 aut in scaenam defertur.
1 ain tv tibi hoc incommodvm evenisse iter il
y a une façon de faire qui est le propre des poètes qui courent
vers l'intrigue, une autre qui est celle des actions comiques ;
mais le propre du poète accompli c'est d'être au service de
l'intrigue tout en ménageant au spectateur un plaisir neuf. En
effet dans cette scène, le temps que Parménon arrive jusqu'à
Pamphile, une trouvaille (εὕρημα) est mise en scène, lorsqu'il est
montré quel mal c'est que la navigation857. 2 ain tv tibi pour aisne tu (dis-tu ?). Et ainsi on
montre, par les paroles de celui qui donne la réplique, que
quelque chose d'important a déjà été dit dans la conversation
précédente. 3 ain tv la conversation
naît sur la scène ou elle arrive sur scène858.
Sos.-non hercle uerbis, Parmeno, dici
potest
Sos.-Ma foi, Parménon, les mots ne
peuvent pas en dire
tantum quantum1401 re ipsa
nauigare incommodum est.
autant, comme c'est chose pénible que
de naviguer.
tantvm qvantvm re ipsa
n.
navigare
i.
incommodvm
e.
est
ἀνακόλουθον quartum: non enim intulit
quantum. ut Vergilius
«
quanto ille magis formas
s.
se
u.
uertet
i.
in
o.
omnes
, tam tu, nate, magis contende tenacia
uincla
153 ».
tantvm qvantvm re ipsa navigare incommodvm
est anacoluthe (ἀνακόλουθον) de quatrième catégorie : en
effet il n'a pas mis quantum859.
Virgile « quanto ille magis formas se uertet in omnes, tam tu,
nate, magis contende tenacia uincla » (plus il prendra de formes
différentes, plus, mon fils, tu serreras l'étreinte de ses
liens)860.
Pam.-itane est? Sos.-o fortunate,
nescis quid mali
Pam.-C'est vrai ? Sos.-Ô bienheureux,
tu ignores à quel mal
o fortvnate nescis qvid mali
p.
praeterieris
bene: maiore176
affectu dicens o
fortunate, quam si responderet ita.
o fortvnate nescis qvid mali praeterieris
c'est bien de dire o
fortunate avec une émotion plus grande que s'il
répondait ita
(certes).
praeterieris, qui numquam es
ingressus mare!
tu as échappé, toi qui jamais n'as
embarqué en mer !
qvi nvmqvam es ingressvs mare proprie dixit
ingressus; qui177 iam nauigauit egressus dicitur. sic Vergilius
«
egressi optata potiuntur Troes harena
154 ».
qvi nvmqvam es ingressvs mare il dit
ingressus au sens propre.
On dit de celui qui a fini de naviguer qu'il a "débarqué"
(egressus). Ainsi
Virgile :« egressi optata potiuntur Troes harena » (les Troyens
débarquent, occupent la plage de sable tant désirée).
nam, alias ut omittam1402 miserias,
unam hanc uide:
En effet, pour passer sur les autres
misères, regarde seulement celle-là :
1 nam alias vt omittam miserias παράλειψις
oratoria. 2 miserias nauigationis
scilicet.
1 nam alias vt omittam miserias prétérition
(παράλειψις)
oratoire. 2 miserias celles de la
navigation bien sûr.
dies triginta aut plus eo in naui
fui,
ce sont trente jours ou plus que ça
que j'ai passés sur le navire,
1 dies triginta accusatiuus casus plenum
numerum et continuationem rei significat. 2 dies triginta avt plvs eo hoc exitiosum uel
sine periculo uideri potest; sed uide quid addat. 3 avt plvs eo in navi absolute eo, ut alibi «
annos sexaginta natus es, aut plus eo, ut
c.
conicio
155 ».
1 dies triginta le cas accusatif signifie le
nombre entier et le caractère continu de l'affaire861. 2 dies triginta avt plvs eo cela peut sembler
fatal ou sans danger ; mais voyez ce qu'il ajoute862. 3 avt plvs eo in navi construction absolue de
eo, comme ailleurs
« annos sexaginta natus es, aut plus eo, ut conicio » (tu es âgé
de soixante ans ou plus que ça, à ce que je conjecture)863.
cum interea mortem semper1403
exspectabam miser;
et pendant tout ce temps j'attendais
à chaque instant la mort, misérable,
1 mortem
s.
semper
e.
exspectabam
dura est exspectatio mali. Vergilius «
i.
inclusi
p.
poenam
e.
exspectant
156 ». 2 semper
m.
mortem
exspectabam id est omnibus horis cum
continuatione triginta dierum.
1 mortem semper exspectabam l'attente du
malheur est pénible. Virgile : « inclusi poenam exspectant »
(prisonniers, ils attendent leur châtiment).864. 2 semper mortem exspectabam c'est-à-dire à
chaque heure pendant la durée de trente jours865.
ita usque aduersa tempestate usi
sumus.
tellement sans discontinuer nous
avons eu un temps contraire.
ita vsqve usque uel diu uel ualde.
ita vsqve usque signifie ou bien diu (longtemps) ou bien ualde (beaucoup).
Par.-odiosum. Sos.-haud clam me est;
denique hercle aufugerim
Par.-Odieux. Sos.-C'est loin d'être
un secret pour moi ; finalement, par Hercule, je pourrais
m'enfuir
1 odiosvm esse scilicet ita in mari dies
triginta. 2 Et nomen posuit pro aduerbio: odiosum pro odiose. 3 havd clam me est λιτότης pro: "ego maxime intellego, quam
odiosum sit". nam qui iungunt et sic legunt, errant et non
intellegunt. 4 avfvgerim coniunctiuum
modum posuit pro indicatiuo futuro uel, ut alii dicunt,
promissiuo. 5 avfvgerim sic ueteres,
quod nos fugerim.
1 odiosvm d'être en mer pendant trente jours
bien sûr. 2 Et il met un nom pour un
adverbe : odiosum pour
odiose866. 3 havd clam me
est litote (λιτότης) pour : "moi je comprends très
bien cela, combien c'est détestable"867. En effet ceux
qui relient et lisent ainsi se trompent et ne comprennent pas868. 4 avfvgerim le mode subjonctif est mis pour
l'indicatif futur ou bien, comme certains l'appellent, le
promissif (promissiuum)869. 5 avfvgerim
ainsi disent les Anciens ; pour nous, c'est fugerim.
potius quam redeam, si eo mihi
redeundum sciam.
plutôt que d'y retourner, si je
savais que je devais y retourner.
Par.-olim quidem te causae
impellebant leues
Par.-Autrefois en vérité c'était de
faibles raisons qui te poussaient
1 olim qvidem te cavsae impellebant leves
mire in seruum fugitiuum, qui ob uitium eiusmodi, non ob causam
fugiat. 2 Et bene leues dixit: haec enim non est
leuis.
1 olim qvidem te cavsae impellebant leves
étonnamment à l'égard d'un esclave fugitif, qui fuit pour un vice
de la sorte, pas pour quelque raison870. 2 Et il dit bien
leues : en effet cette
raison-ci n'est pas légère (leuis).
quod nunc minitare facere ut faceres,
Sosia.
à faire ce que tu menaces de faire à
présent, Sosie.
1 qvod nvnc minitare facere vt faceres ordo:
"olim quidem te causae impellebant leues, Sosia, ut faceres, quod
nunc facere minitaris", hoc est "hac occasione". et in Andria
«
sic ait recusanti periurium seruo Mysis noua
<nunc>
r.
religio
i.
in
t.
te
i.
istaec
157 ». 2 facere vt faceres
facere... faceres comicum
est et Terentianum.
1 qvod nvnc minitare facere vt faceres
ordre : "olim quidem te causae impellebant leues, Sosia, ut
faceres, quod nunc facere minitaris" (autrefois en vérité c'était
de faibles raisons qui te poussaient, Sosie, à faire ce qu'à
présent tu menaces de faire), c'est-à-dire que c'est en raison de
la circonstance que voici. Et dans L'Andrienne Mysis
dit ainsi à l'esclave qui refuse de faire un parjure : « noua
religio in te istaec ». 2 facere vt
faceres facere...
faceres est comique et propre à Térence.
– sed Pamphilum ipsum uideo stare
ante ostium.
– Mais je vois Pamphile en personne
qui se tient devant la porte.
sed pamphilvm ipsvm video "a quo missus
sum"178. uel dominum, ut Graeci dicunt
αὐτόν
.
sed pamphilvm ipsvm video "par qui je suis
envoyé". Ou bien "le patron" (dominus), comme les Grecs disent
(
αὐτός
)871.
ite intro; ego hunc adibo, si quid me
uelit.
Filez à l'intérieur ; moi je vais
aller le trouver, pour voir s'il attend quelque chose de moi.
ego hvnc adibo uel noua curiositate ait
Parmeno.
ego hvnc adibo aussi bien Parménon parle
poussé par une curiosité nouvelle.
ere, etiam tu hic stas?
Pam.-equidem1404 te exspecto. Par.-quid est?
Maître, tu es encore là ? Pam.-Et
c'est précisément toi que j'attends. Par.-Qu'y a-t-il ?
1 eqvidem te
e.
exspecto
179 bene excepit Pamphilus
Parmenonem, ut uideatur uera dicturus. 2 et qvidem te
e.
exspecto
apparet Pamphilum Parmenonis absentiam
desiderare eo quod nunc prior Parmenonem alloquitur.
1 eqvidem te exspecto Pamphile met bien
Parménon à part, pour donner l'impression d'être sur le point de
dire la vérité. 2 et qvidem te
exspecto il apparaît que Pamphile regrettait l'absence de
Parménon, parce que, en l'occurrence, il lui adresse la parole le
premier872.
Pam.-in arcem transcurso opus est.
Par.-cui homini? Pam.-tibi.
Pam.-Il faut vite courir à la ville
haute. Par.-Qui ? Pam.-Toi.
1 in arcem transcvrso opvs est ostendit quam
longe sit, cum in arcem
dicat. 2 Et bene in
arcem. Minerua condidit180. 3 Et transcvrso pro transcurrere. 4 cvi homini haec uerba cum sua
pronuntiatione uim recusationis in se continent. 5 cvi homini cum recusatione pronuntiandum.
et est pigri responsio laborem ad alium transferentis.
1 in arcem transcvrso opvs est il montre
comme c'est loin alors qu'il dit in
arcem. 2 Et c'est bien
in arcem. C'est Minerve
qui l'a fondée873. 3 Et
transcvrso pour transcurrere (aller au pas de
course)874. 4 cvi homini ces mots avec leur prononciation
contiennent en eux le sens d'un refus875. 5 cvi homini doit être prononcé avec un
refus. Et c'est la réponse d'un paresseux qui repasse le travail à
un autre.
Par.-in arcem? quid eo?
Pam.-Callidemidem hospitem
Par.-A la ville haute ? Pourquoi là ?
Pam.-Callidemidès, mon hôte
in arcem pronuntia, ut ostendat, quam longe
sit in arcem transcurrere181.
in arcem prononciation
pour montrer comme c'est long de courir à la ville haute.
Myconium, qui mecum una uectus est,
conueni.
de Mykonos, qui a voyagé avec moi, va
le trouver.
qvi mecvm
v.
vna
v.
vectvs
e.
est
apparet eum cum eo aliquid negotii habere, cum
dicit qui mecum una
u.
uectus
e
est
.
qvi mecvm vna vectvs est il apparaît qu'il
en affaire avec lui, puisqu'il dit qui mecum una uectus est.
Par.-perii! uouisse hunc dicam si
saluus domum
Par.-Je suis mort ! Je dirais qu'il a
juré, si jamais sain et sauf à la maison,
vovisse hvnc dicam si salvvs
d.
domvm
r.
redisset
facete dixit: more enim hoc fit eorum, qui
longis itineribus maris periclitaturi uouent aliquid, si
peruenerint. et conuenit hoc Pamphilo, quem supra male nauigasse
audierat.
vovisse hvnc dicam si salvvs domvm redisset
il le dit avec esprit : c'est fait selon l'habitude de ceux qui,
sur le point de s'exposer au danger lors de longs voyages en mer,
font vœu de quelque chose s'ils arrivent à bon port. Et cela
convient à Pamphile, qu'il avait entendu dire plus haut qu'il
avait fait mauvais voyage.
redisset umquam, ut me ambulando
rumperet.
il revenait un jour, de me tuer à la
course.
Pam.-quid cessas? Par.-quid uis
nuntiem1405? an conueniam modo?
Pam.-Alors, tu y vas ? Par.-Que
veux-tu que j'annonce ? Ou dois-je juste aller le trouver ?
1 qvid vis nvntiem an conveniam modo non enim
mandauerat quicquam, qui sine causa mittebat oblitus bene
dissimulare ut qui mentiuntur. 2 Et sic pronuntiandum an conueniam modo, ut reprehendere
dominum Parmeno uideatur. 3 an conveniam
modo εἰρωνικῶς dixit, nam non hoc
interrogantis simpliciter.
1 qvid vis nvntiem an conveniam modo en effet
il n'avait pas donné d'ordre, lui qui envoyait sans raison, ayant
oublié de bien dissimuler à l'instar de ceux qui
mentent. 2 Et il faut prononcer
an conueniam modo de
sorte que Parménon semble blâmer son maître. 3 an conveniam modo il le dit de façon
ironique (εἰρωνικῶς), car ce n'est pas la façon de
dire de l'interrogation simple876.
Pam.-immo quod institui1406 me
hodie conuenturum eum,
Pam.-Non, que ce que j'ai convenu,
que je le retrouverais aujourd'hui,
1 immo qvod institvi me hodie deest
nuntia, ut sit: immo nuntia. et sumitur a superiore
sententia qua dixit «
quid uis nuntiem?
158 ». 2 immo qvod institvi me
hodie apparet eum hanc conquisitam et uix corrasam
inuenisse causam.
1 immo qvod institvi me hodie il manque
nuntia, pour faire :
immo nuntia (pas du tout,
annonce). Et cela se déduit de la phrase précédente où il a dit
« quid uis nuntiem ? ». 2 immo qvod institvi
me hodie il apparaît qu'il invente cette raison recherchée
et recueillie avec peine.
non posse, ne me frustra illi
exspectet. uola.
n'est pas possible, afin qu'il ne
m'attende pas en vain. Vole.
1 vola ἠθικῇ ὑπερβολῇ usus est: "ita curras, ut
uolare magis quam currere uidearis". 2 Et transcurrere iusserat, nunc adiecit
imperio: iam non curre sed
uola.
1 vola il utilise une hyperbole conforme au
caractère (ἠθικὴ
ὑπερβολή)877 : il faut que tu coures de sorte que tu sembles
plus voler que courir. 2 Et il avait
ordonné d'aller au pas de course (transcurrere), maintenant il ajoute
à l'ordre : à présent, ne cours plus (curre), mais vole (uola).
Par.-at non noui hominis faciem.
Pam.-at faciam ut noueris:
Par.-Mais je ne connais pas
l'apparence de l'homme. Pam.-Mais je vais te le faire
connaître :
1 at non novi hominis faciem moralis
expressio pigritiae in tot excusationibus posita est. 2 at faciam vt noveris stomachose
pronuntiandum at, quod et
Pamphilus repetit dicens at182.
1 at non novi hominis faciem une expression
conforme à son caractère de paresseux est mise dans l'ensemble de
l'excuse. 2 at faciam vt noveris il
faut prononcer avec humeur at, parce que Pamphile fait même une
répétition, lorsqu'il dit at.
magnus, rubicundus, crispus, caesius,
crassus1407,
Grand, rougeaud, frisé, les yeux
vairons, gros,
1 magnvs rvbicvndvs crispvs caesivs crassvs
c.
cadaverosa
f.
facie
properatio183, ἀθροισμός. 2 Et aceruo sine coniunctiuo est
usus. 3 magnvs rvbicvndvs
c.
crispvs
imperite Terentium de Myconio crispum dixisse aiunt, cum
Apollodorus caluum
dixerit, quod proprium Myconiis est, ut Lucilius «
Myconi calua omnis iuuentus
159 »; unde etiam prouerbium Graecum
μία Μύκονος
. sed ego Terentium puto scientem facetius Myconium
crispum dixisse184. 4 caesivs glaucis oculis. 5 Quasi felis oculos habens et glaucos.
1 magnvs rvbicvndvs crispvs caesivs crassvs
cadaverosa facie précipitation, accumulation (ἀθροισμός). 2 Et il utilise un fatras sans
conjonction. 3 magnvs rvbicvndvs crispvs
on dit que Térence a dit crispus maladroitement au sujet de
l'habitant de Mykonos, alors qu'Apollodore a dit caluus (chauve), ce qui est le
propre des habitants de Mykonos. Lucilius : « Myconi calua omnis
iuuentus » (toute la chauve jeunesse de Mykonos) ; de là aussi le
proverbe grec
μία
Μύκονος
(la seule Mykonos). Mais moi je pense que c'est en
connaissance de cause que Térence a dit de l'habitant de Mykonos
qu'il était frisé (crispus), de manière assez
spirituelle. 4 caesivs aux yeux glauques. 5 Ayant en quelque sorte des yeux de chat et
glauques.
cadauerosa facie. Par.-di illum
perdiunt!
un visage cadavérique. Par.-Que les
dieux le perdent !
1 cadaverosa facie subliuida ac de
persona 185 rubore et liuore; rubicundi enim et
crassitatem et crassam faciem186 saepe habent, quod est
proprium cadaueris. 2 Potest et pulposa intellegi et crassa quasi cadauerosa; caro enim dicta est eo, quod
careat anima; 3 Et caro proprie mortuorum dicitur.
Vergilius «
et corpora luce carentum
160 ». unde carnifices dicti, quod carnes ex homine faciant. pulpa uero proprie, quae manducatur,
eo quod pulsetur et
concidatur. 4 Potest
et R pro D poni, ut caro
sit dicta quasi cado, ut
Vergilius «
belloque caduci Dardanidae
161 », quod iam scilicet sine anima sint et cadant187. 5 di illvm perdvint more pigrorum male optat
ei, propter quem mittitur.
1 cadaverosa facie un peu livide et avec une
couleur rouge et bleue de masque mortuaire ; les personnes
rougeaudes ont souvent en effet cette épaisseur et cette face
épaisse, qui est propre au cadavre. 2 On peut aussi comprendre pulposa (charnue) et crassa (épaisse), pour ainsi dire
cadauerosa ; caro (chair) vient du fait que l'on
manque (carere) de
souffle878 ; 3 et on parle au sens propre de la chair (caro) des cadavres. Virgile : « et
corpora luce carentum » (et les corps de ceux qui sont privés de
lumière)879. De là le nom de
carnifex (bourreau),
parce que c'est en "chair" (caro) que les bourreaux
"transforment" (facere)
les hommes880. Quant à pulpa, au sens propre de viande
qu'on mastique, cela vient de ce qu'elle est "malmenée"
(pulsare) et coupée en
morceaux881. 4 R peut aussi être mis pour D, de sorte que
caro (chair) soit en
quelque sorte dit pour cado (je succombe)882, comme Virgile : « belloque caduci
Dardanidae » (et les Dardanides tombés au combat), parce que déjà
bien sûr ils sont sans vie et il "tombent" (cadant)883. 5 di illvm perdvint selon l'habitude des
paresseux, il souhaite du malheur à celui à cause duquel on
l'envoie.
quid si non ueniet? maneamne usque ad
uesperum?
Et s'il ne vient pas ? Est-ce que je
reste jusqu'au soir ?
qvid si non veniet omnia dicit, ne eat.
qvid si non veniet il dit tout ce qui peut
lui éviter d'y aller.
Pam.-maneto. curre. Par.-non queo;
ita defessus sum.
Pam.-Reste, oui. Cours. Par.-Je ne
peux pas ; je suis tellement crevé.
1 maneto cvrre etiam Pamphilus tamquam de
industria perseuerat. 2 non qveo ita defessvs
svm hoc in gestu et spectaculo plus est, nam incessu et
actu exprimit lassitudinem.
1 maneto cvrre même Pamphile pour ainsi dire
persévère exprès. 2 non qveo ita
defessvs svm c'est davantage dans la gestuelle et dans le
spectacle, car il exprime la fatigue dans sa démarche et dans son
jeu.
Pam.-illic abit1408. quid agam infelix? prorsus nescio
Pam.-Il est parti. Que faire,
infortuné ? Je ne sais pas du tout
1 illic abit quasi dicat licet iam loqui. 2 ille abiit quasi cum difficultate completam
rem ostendit hoc dicto.
1 illic abit comme s'il disait licet iam loqui (il est permis à
présent de parler). 2 ille abiit
c'est avec une sorte de peine qu'il montre que l'affaire est
décidée par ces mots.
quo pacto hoc celem quod me orauit
Myrrina,
de quelle manière cacher ce dont m'a
prié Myrrhina,
suae gnatae partum; nam me miseret
mulieris.
l'accouchement de sa fille ; en
effet, la femme me fait pitié.
svae gnatae partvm ἐφεξήγησις.
svae gnatae partvm explication détaillée
(ἐφεξήγησις).
quod potero faciam, tamen ut pietatem
colam;
Je ferai ce que je pourrai, mais de
sorte à respecter la piété filiale ;
1 qvod potero faciam id est: celabo quantum
potero. 2 An quasi proiciens curas
et fessus angore dixit quod potero
faciam, id est: "si non potero, cedam
amori"? 3 Et rursum tamquam pietatis admonitus
adiecit exceptionem tamen ut pietatem
colam: seruat enim in illo amorem poeta, cuius non
paenitebit re cognita et errore sublato. 4 qvod potero faciam id est: "amori
obsequar"; nam misericordia mulieris de amore descendit. 5 qvod potero hoc dictum apparet defectus
esse, non uirtutis. 6 tamen vt pietatem
colam recordatus est matrem laesam esse ab uxore; hoc enim
credit et ideo se ad exceptionem reuocauit: ita se amori cedere
oportere, ut nec obliuiscatur omnino pietatis. sunt tamen
qui manente eadem sententia totum hoc iungunt quod potero faciam tamen ut pietatem
colam, hoc est: "in quantum potero, dabo operam
aduersus amorem, ut omisso eo pietatem colam". et subiungitur
causa. 7 Et bene
in eam causam contulit necessitatem non reducendae uxoris, quae
inuenietur nulla esse188. 8 tamen vt pietatem colam deest ita, ut sit: "ita ut pietatem
colam"189. dixerat enim
quod potero et ideo
addidit exceptionem tamen ut pietatem
colam, id est: "non sum oblitus et matris". 9 tamen pro ita
tamen. 10 tamen pro
dumtaxat 190.
1 qvod potero faciam c'est-à-dire : "je le
tiendrai caché, tant que je le pourrai". 2 Dit-il quod potero
faciam comme s'il jetait au loin les soucis et fatigué
par le tourment, c'est-à-dire : "si je peux pas, je ne résiterai
pas à mon amour" ? 3 Et de nouveau,
pour ainsi dire, rappelé à la piété, il ajoute une réserve :
tamen ut pietatem colam :
le poète en effet laisse subsister l'amour qu'il y a en lui, ce
dont il ne se repentira pas une fois l'affaire connue et la
méprise abolie. 4 qvod potero
faciam c'est-à-dire : "je me plierai à mon amour" ; en
effet la pitié pour la femme vient de l'amour. 5 qvod potero il apparaît que cette parole
tient de la lâcheté, non du courage. 6 tamen vt pietatem colam il se rappelle que
sa mère a été offensée par son épouse ; il le croit en effet, et
ainsi il se rappelle à la réserve : il convient qu'il cède à son
amour, mais en sorte de ne pas oublier tout à fait la piété.
Cependant il y a des gens qui, la phrase restant la même, joignent
tout ceci : quod potero faciam tamen
ut pietatem colam (cependant autant que je le pourrai
je m'efforcerai d'observer la piété), c'est-à-dire : "autant que
je le pourrai, je m'efforcerai de résister à mon amour, de sorte
que, l'ayant oublié, j'observerai la piété"884. Et la cause vient
ensuite. 7 Et c'est bien qu'il
résume à cette raison la nécessité de de pas reprendre son épouse,
laquelle se révèlera nulle et non avenue. 8 tamen vt pietatem colam il manque
ita, pour faire :
ita ut pietatem colam (de
sorte à observer la piété). Il avait dit en effet quod potero et ainsi il ajoute une
réserve tamen ut pietatem
colam, c'est-à-dire : "je n'oublie pas non plus ma
mère". 9 tamen pour ita tamen (ainsi
pourtant). 10 tamen pour dumtaxat (juste en se bornant
à).
nam me parenti potius quam amori
obsequi
car obéir à ma mère plutôt qu'à mon
amour,
1 nam me parenti potivs qvam amori amori plus quam uxori, quia dixerat «
quod potero faciam
162 ». 2 Et hoc est quod dixerat «
quod potero faciam
163 ».
1 nam me parenti potivs qvam amori amor est plus fort que uxor885, parce qu'il avait dit « quod potero
faciam ». 2 Et c'est ce voulait dire
« quod potero faciam ».
oportet. – atat! eccum Phidippum et
patrem
c'est ce qui convient. – Houla !
Voici Phidippe et mon père,
atat interiectio est conterriti et
turbati.
atat c'est une interjection de terreur et
de trouble.
uideo. horsum pergunt. quid dicam his
incertus sum.
je les vois. Ils viennent par ici.
Que leur dire, je ne sais trop.
horsvm pergvnt modo pergunt pro eunt, alias perseuerant.
horsvm pergvnt parfois pergunt vaut pour eunt (ils vont), ailleurs pour
perseuerant (ils
continuent).
scaena quinta
Pamphilus Phidippus Laches
451 | 452 | 453 | 454 | 455 | 456 | 457 | 458 | 459 | 460 | 461 | 462 | 463 | 464 | 465 | 466 | 467 | 468 | 469 | 470 | 471 | 472 | 473 | 474 | 475 | 476 | 477 | 478 | 479 | 480 | 481 | 482 | 483 | 484 | 485 | 486 | 487 | 488 | 489 | 490 | 491 | 492 | 493 | 494 | 495 | 496 | 497 | 498 | 499 | 500 | 501 | 502 | 503 | 504 | 505 | 506 | 507 | 508 | 509 | 510 | 511 | 512 | 513 | 514 | 515
La.-dixtin dudum illam dixisse se
exspectare filium?
La.-N'as-tu pas dit tout à l'heure
qu'elle a dit qu'elle attendait mon fils ?
1 dixtin dvdvm illam dixisse se exspectare
filivm facete principium interrogantis est, ita ut sciat
quid sibi responsurus sit, quem interrogat: illaturus est enim
argumentum per ἐπαγωγήν. 2 dixtin dvdvm illam quia dixerat «
sancte adiurat non posse illic
P.
Pamphilo
s.
se
a.
absente
p.
perdurare
164 ». 3 dixtin dvdvm captiosa
interrogatione coepit dicturus «
uenisse aiunt: redeat
165 ».
1 dixtin dvdvm illam dixisse se exspectare
filivm ce début avec esprit est le propre de quelqu'un qui
interroge de façon à savoir ce que lui répondra celui qu'il
interroge : il va en effet produire un argument à travers un
raisonnement par induction (ἐπαγωγήν). 2 dixtin dvdvm illam parce qu'il avait dit
« sancte adiurat non posse illic Pamphilo se absente
perdurare »886. 3 dixtin dvdvm il commence par une
interrogation captieuse alors qu'il va dire « uenisse aiunt :
redeat ».
Ph.-factum. La.-uenisse aiunt;
redeat. Pam.-causam quam dicam patri
Ph.-C'est un fait. La.-On dit qu'il
est arrivé ; qu'elle revienne. Pam.-Une raison à donner à mon
père
factvm id est: "dixisse illam" aut "me". et
deest est ut sit:
factum est.
factvm c'est-à-dire : "qu'elle ait dit"
(dixisse illam) ou "que
j'aie dit" (me)887. Et il manque
est pour faire :
factum est.
quamobrem non reducam nescio.
La.-quem ego hic audiui loqui?
pour laquelle je ne la reprenne pas,
je n'en connais pas. La.-Mais qui ai-je entendu ici parler ?
1 qvamobrem non redvcam nescio habet causam,
sed non uult ueram dicere causam et praeterea non uult cum inuidia
matris suae loqui, si in illam conferat, ut uxorem non reducat
domum. 2 qvem ego hic avdivi loqvi
ut solet, primo personas inducit loquentes secum; ipsas deinde
conuenire inuicem, ut alibi «
quis hic loquitur? Mysis, salue!
166 ».
1 qvamobrem non redvcam nescio il connaît la
raison, mais il ne veut pas dire la vraie raison, et en outre il
ne veut pas parler avec de la haine pour sa mère en la rendant
responsable du fait qu'il ne ramène pas son épouse à la
maison888. 2 qvem ego hic avdivi loqvi comme d'habitude,
il présente d'abord des personnages se parlant à eux-mêmes ; et il
fait que ces mêmes personnages ensuite se rencontrent entre eux,
comme ailleurs : « quis hic loquitur ? Mysis, salue ! »889.
Pam.-certum obfirmare est uiam me
quam decreui persequi.
Pam.-Il est certain que je
m'obstinerai à poursuivre dans la voie que j'ai décidée.
1 certvm obfirmare est aduersus omnia
obstinate agere, uel contra omnes. 2 obfirmare est viam me qvam decrevi perseqvi
id est: ut matri potius quam uxori morem gerat.
1 certvm obfirmare est agir avec obstination
contre tout, ou contre tous. 2 obfirmare est viam me qvam decrevi perseqvi
c'est-à-dire : d'obéir à sa mère plutôt qu'à son épouse.
Ph.-ipsus est de quo hoc agebam
tecum. Pam.-salue, mi pater.
Ph.-Voici justement celui dont je
m'entretenais avec toi. Pam.-Salut, mon père.
La.-gnate mi, salue. Ph.-bene factum
te aduenisse, Pamphile;
La.-Mon fils, salut. Ph.-C'est bien
que tu sois arrivé, Pamphile ;
et1409 adeo quod maximum est
saluum atque ualidum. Pam.-creditur.
et, c'est là le principal, sain et
sauf. Pam.-On te l'accorde.
1 et adeo qvod maximvm est salvvm atqve
validvm ordo: primum aduenisse, deinde saluum, postremo ualidum. 2 salvvm atqve validvm αὔξησις ad salutem:
ualidus namque est
robustus et habitior corpore. 3 creditvr minus blande respondet de repudio
locuturus. 4 qvod maximvm est legitur
et quod maxime est.
1 et adeo qvod maximvm est salvvm atqve
validvm ordre : d'abord aduenisse, ensuite saluum, enfin ualidum. 2 salvvm atqve validvm amplification
(αὔξησις) en
vue de souligner le salut : ualidus c'est en effet "robuste" et
"assez bien portant physiquement". 3 creditvr il répond moins gentiment
puisqu'il est sur le point de parler de la
répudiation890. 4 qvod maximvm
est on lit aussi quod maxime
est.
La.-aduenis modo? Pam.-admodum.
La.-cedo, quid reliquit Phania
La.-Tu arrives juste ? Pam.-Tout
juste. La.-Allons, qu'a donc laissé Phania,
1 advenis modo difficile inuenitur praesentis
temporis modo. atque ut
ostendat esse momentum etiam temporis praesentis, dixit admodum, quod est nimis. 2 advenis modo Vergilius «
uigilasne, deum gens,
A.
Aenea
?
167 ». 3 admodvm excusatio, cur
adhuc non uiderit patrem. 4 cedo qvid reliqvit
phania consobrinvs noster utrum iactanter Laches
hereditatem loquitur praesente socero, ut illum cupidiorem faciat
ad reuocandam filiam – et fit saepe hoc, ut ex alio principio
peruenire quaeramus ad ea quae uolumus dicere – an ideo, ut sciat
rem, etiam in diuitias suas cupidiorem socerum redditurus?
1 advenis modo on trouve difficilement la
construction modo avec le
temps présent. Et pour montrer que c'est le moment même de
l'instant présent, il répond admodum (à l'instant même), ce qui
signifie nimis
(parfaitement)891. 2 advenis modo Virgile :
« uigilasne, deum gens, Aenea ? » (Veilles-tu, rejeton des dieux,
Énée ?)892. 3 admodvm excuse de ce que, jusque là, il
n'est pas allé voir son père. 4 cedo qvid reliqvit phania consobrinvs
noster est-ce que, si Lachès parle avec vantardise de son
héritage893
en présence du beau-père, c'est pour le rendre plus désireux de
rappeler sa fille – cela arrive souvent, que nous cherchions à en
venir à ce que nous voulons dire à partir d'un début autre – ou
bien est-ce pour savoir l'affaire dans le but de rendre le
beau-père plus envieux de ses propres biens894 ?
consobrinus noster? Pam.-sane hercle
homo uoluptati obsequens
notre cousin ? Pa.-Vraiment, ma foi,
l'homme, fut tout dévoué à son plaisir
1 consobrinvs noster quasi
sororinus
191. 2
Sobrini sunt de duabus
sororibus, consobrini de
fratre ac sorore et hanc propinquitatem Terentius
frequentat morientium aut heredum192. 3 consobrinvs noster cum ex fratre natus est
alter et alter ex sorore, consobrini, cum ex fratribus,
patrueles
dicuntur. 4 sane hercle
h.
homo
v.
volvptati
o.
obseqvens
id est satis, ualde; nam qui sanus, et ualidus est. 5 volvptati
o.
obseqvens
f.
fvit
d.
dvm
v.
vixit
contra facit Pamphilus disiurgium uolens, nam
nihil dicit uel parum relictum.
1 consobrinvs noster pour ainsi dire
sororinus895. – 2 Les sobrini sont issus de deux sœurs,
les consobrini d'un frère
et d'une sœur896. – et ce degré de parenté, Térence l'utilise
beaucoup parmi les gens qui meurent ou qui héritent897. 3 consobrinvs
noster lorque l'un est né du frère, et l'autre de la sœur,
on appelle les cousins consobrini, lorsqu'ils sont nés de
deux frères, on les appelle patrueles. 4 sane hercle homo volvptati obseqvens
c'est-à-dire satis
(assez), ualde
(grandement) ; car qui est sanus (bien portant), est aussi
ualidus (fort)898. 5 volvptati obseqvens fvit dvm vixit Pamphile
réagit à rebours, souhaitant écourter le débat, car il veut dire
qu'il n'a rien laissé ou trop peu.
fuit, dum uixit; et qui sic sunt haud
multum heredem iuuant,
tant qu'il vécut ; et ceux qui se
comportent de la sorte ne favorisent pas beaucoup l'héritier,
havd mvltvm heredem193
parum consulunt heredi.
havd mvltvm heredem ils veillent peu aux
intérêts de l'héritier.
sibi uero hanc laudem relinquunt:
« uixit, dum uixit, bene ».
mais ils laissent cet éloge d'eux :
« Tant qu'il a vécu, il a bien vécu ».
1 sibi vero
h.
hanc
r.
relinqvvnt
bene et facete: nihil heredi relinquunt, sibi uero relinquunt. 2 vixit dvm vixit bene πλοκή: unum uixit aliud significat et alterum
uixit aliud. 3 vixit dvm vixit bene sententia est
hortantis ad delicate uiuendum.
1 sibi vero hanc relinqvvnt c'est bien dit,
et avec esprit : ils ne laissent rien à l'héritier, mais ils
laissent à eux-mêmes899. 2 vixit dvm vixit bene
répétition (πλοκή)900 : le premier uixit a une signification, l'autre
uixit en a une
autre. 3 vixit dvm vixit bene
sentence pour exhorter à vivre voluptueusement.
La.-tum tu igitur nihil attulisti huc
plus una sententia?
La.-Alors tu n'as donc rien rapporté
ici de plus qu'une formule ?
1 tvm tv igitvr
n.
nihil
a.
attvlisti
194 uixit dum uixit bene scilicet: hoc
enim reliquit. 2 vna sententia expressit
animum auari senis.
1 tvm tv igitvr nihil attvlisti uixit dum uixit bene implicitement :
voilà ce qu'il a laissé. 2 vna
sententia il montre l'esprit d'un vieillard cupide.
Pam.-quicquid est id quod reliquit,
profuit. La.-immo offuit;
Pam.-Quoi qu'il ait pu laisser, cela
a servi. La.-A desservi, plutôt ;
1 qvicqvid est
i.
id
q.
qvod
r.
reliqvit
p.
profvit
quicquid
est ad paruitatem refertur, ut «
aut enim id mihi satis est, quod est de me opinionis,
quicquid est
168 » Cicero. 2 qvicqvid est id
qvod nullum in hoc sene fuit doloris officium, antequam
sciret aliquid relictum. 3 profvit id
est: pro nobis fuit, ac
per hoc: nostrum est;
potest enim ipse profuisse, potest res eius. 4 immo
o.
offvit
morem eorum expressit, quibus relinquitur: qui
cum audierint sibi esse aliquid relictum, tunc tristes se fingunt
adeo.
1 qvicqvid est id qvod reliqvit profvit
quicquid est renvoie à
une petite quantité, comme dans Cicéron : « aut enim id mihi satis
est, quod est de me opinionis, quicquid est » (ou bien en effet
l'opinion que l'on a de moi doit me suffire, quelle qu'elle
soit). 2 qvicqvid est id qvod ce
vieillard ne marque aucun des devoirs que l'on doit à la douleur
avant d'être sûr que quelque chose lui revient. 3 profvit c'est-à-dire : pro nobis fuit (est à notre
avantage), et partant : nostrum
est (nous appartient) ; ce peut être lui, en effet,
qui a rendu service (profuisse), ce peut être son
argent901. 4 immo offvit
il montre le caractère de ceux à qui on fait des legs : une fois
qu'ils ont entendu que quelque chose leur est laissé, alors ils se
modèlent un air de tristesse.
nam illum uiuum et saluum uellem.
Ph.-impune optare istuc licet;
car je voudrais qu'il fût vivant et
en bonne santé. Ph.-On peut souhaiter cela impunément ;
1 nam illvm vivvm et
s.
salvvm
v.
vellem
non idem est uiuum quod saluum. 2 impvne optare
i.
istvc
l.
licet
bene impune, quia heredi poena est mortuos
reuiuiscere. 3 An: "sine detrimento
optas", ut cum medicus dicit de iam mortuo ego si illum curarem,
uiueret? 4 impvne
o.
optare
si optata euenirent, «
numquam
169 », inquit, optares, ut «
ille reuiuisceret
170 ».
1 nam illvm vivvm et salvvm vellem uiuum n'est pas la même chose que
saluum. 2 impvne optare istvc licet c'est bien
impune, parce que que les
morts reviennent à la vie est un "châtiment" (poena) pour
l'héritier902. 3 Est-ce : "tu
souhaites sans risque", comme lorsque le médecin dit de celui qui
est déjà mort « si je l'avais soigné, moi, il
vivrait » ? 4 impvne optare si les
souhaits arrivaient, jamais, dit-il, tu n'aurais souhaité
(optare) que celui-ci
revînt à la vie903.
ille reuiuiscet iam numquam, et tamen
utrum malis scio.
jamais à présent il ne reviendra à la
vie, et cependant des deux options je sais ta préférence.
1 ille reviviscet
i.
iam
n.
nvmqvam
mire poeta his uerbis Phidippum quoque
subinuidere significat. 2 nvmqvam plus
est numquam quam
non. 3 et tamen vtrvm malis scio mortuum illum
malis, quam ut reuiuiscat denuo. 4 et tamen
v.
vtrvm
m.
malis
scio "quid magis de duobus uelis scio", utrum
illum mortuum, quod est, permanere an reuiuiscere, quod
exoptas.
1 ille reviviscet iam nvmqvam le poète
admirablement par ces mots veut dire que Phidippe aussi fait
preuve d'un peu d'envie. 2 nvmqvam
numquam est plus fort que
non. 3 et tamen vtrvm malis scio tu préfèrerais
qu'il soit mort, plutôt qu'il revienne à nouveau à la
vie. 4 et tamen vtrvm malis scio
"je sais ce que tu préfères de ces deux choses", soit qu'il soit
mort, ce qui est le cas, et qu'il le reste, soit qu'il revienne à
la vie, ce que tu désires vivement.
La.-heri Philumenam ad se accersi hic
iussit. dic iussisse te.
La.-Hier, celui-ci a ordonné qu'on
lui amène Philumène. Dis que tu l'as ordonné.
1 heri philvmenam ad se hoc erat, quo omnis
tendebat oratio. 2 ad se accersi
ivssit bene et accersi et iussit, ut nihil uxor sua sponte
fecerit. 3 Et heri et iussit bene, ut tempus breue sit et
coacta uideatur exisse. 4 Non
abduci sed accersi, nec a nobis sed ad se.
1 heri philvmenam ad se voici ce vers quoi
tendait tout le discours. 2 ad se accersi
ivssit c'est bien à la fois accersi et iussit, de sorte que l'épouse n'a
rien fait de sa propre initiative. 3 Et c'est bien heri et iussit, de sorte que le délai soit
court et qu'elle semble avoir été forcée de sortir. 4 Ce n'est pas abduci (être amenée) mais accersi, ni a nobis (par nous) mais ad se904.
Pam.-noli fodere. iussi. La.-sed
etiam iam remittet. Ph.-scilicet.
Pam.-Arrête de me défoncer ! Je l'ai
ordonné. La.-Mais maintenant il va la renvoyer. Ph.-Bien sûr.
Pam.-omnem rem scio ut sit gesta;
adueniens audiui modo.
Pam.-Je connais toute l'affaire telle
qu'elle s'est passée ; je viens de l'entendre à mon arrivée.
1 omnem rem scio vt sit
g.
gesta
Pamphilus uultuose et cum supercilii tristitia
hoc dicit. 2 vt sit gesta ut Vergilius
«
Troianas ut opes
171 ».
1 omnem rem scio vt sit gesta Pamphile dit
cela avec une mimique et un froncement de sourcil
triste. 2 vt sit gesta Virgile :
« Troianas ut opes » (comment l'opulente Troie...)905.
La.-at istos inuidos di perdant, qui
haec libenter nuntiant.
La.-Ah, que les dieux perdent ces
jaloux, qui se font volontiers les messagers de ces choses.
1 at istos invidos
d.
di
p.
perdant
bene inuidos, qui iusto
matrimonio inuideant195.
ergo reuocanda uxor est. 2 Et adeo non puduit mendacii honesti
deprehensum senem, ut inuidos diceret, qui uera
prodiderunt.
1 at istos invidos di perdant c'est bien de
dire inuidos, pour des
gens qui refusent (inuideant) un mariage légitime. Il
faut donc rappeler l'épouse. 2 Et le
vieillard pris sur le fait n'a pas honte d'un mensonge honorable,
de sorte qu'il appelle inuidos ceux qui ont dit la
vérité.
Pam.-egomet1410 scio
cauisse ne ulla merito contumelia
Pam.-Pour ma part je sais que j'ai
pris garde à ce qu'aucun reproche mérité
1 egomet scio cavisse principium a tempore, a
dictis, a factis tam suis quam aduersariorum et ab ante acta uita
et praesenti. 2 egomet scio cavisse ne
v.
vlla
m.
merito
mire addidit merito; "non enim potui cauere",
inquit, "ne fieret: caui igitur, ne merito fieret, quod in me
fuit".
1 egomet scio cavisse il commence par les
circonstances, les paroles, les actes (tant les siens que ceux de
ses ennemis) et par la vie passée et présente906. 2 egomet scio cavisse ne vlla merito il
ajoute remarquablement merito ; "je n'ai pu en effet
prendre garde", dit-il, "que cela n'arrive : j'ai pris garde,
donc, que rien n'arrive de façon méritée (merito), autant qu'il était en mon
pouvoir".
fieri a uobis posset; idque si nunc
memorare hic uelim
ne puisse m'être fait par vous ; et
si maintenant je voulais rappeler ici
idqve si nvnc
m.
memorare
v.
velim
ab ante acta uita.
idqve si nvnc memorare velim argument tiré
de la vie passée.
quam fideli animo et benigno in illam
et clementi fui,
comme mon cœur fut fidèle,
bienveillant et clément envers ma femme,
et clementi fvi pro fuerim: indicatiuum pro coniunctiuo
posuit.
et clementi fvi pour fuerim : il met l'indicatif pour le
subjonctif907.
uere possum; ni te ex ipsa haec magis
uelim resciscere;
je le pourrais assurément, si ce
n'est que je préfèrerais que tu l'aprennes de sa bouche à
elle ;
ni te ex ipsa
h.
haec
m.
magis
v.
velim
παράλειψις.
ni te ex ipsa haec magis velim prétérition
(παράλειψις).
namque eo pacto maxime apud te meo
erit ingenio fides,
de fait, c'est la meilleure façon
pour que tu aies confiance en mon caractère,
eo pacto
m.
maxime
a.
apvd
t.
te
m.
meo
e.
erit
i.
ingenio
f.
fides
bene non dictis sed ingenio.
eo pacto maxime apvd te meo erit ingenio
fides c'est bien de ne pas dire dictis (les paroles) mais ingenio.
cum illa, quae in me nunc iniqua est,
aequa de me dixerit.
lorsque celle-là, qui pour l'heure
est injuste envers moi, aura dit des choses justes à mon
sujet.
1 cvm illa qvae in me nvnc iniqva est aeqva
iniqua aequa παρονομασίαι sunt
Terentianae. 2 Et bonum argumentum, nam et Vergilius
«
ipse hostis Teucros
i.
insigni
l.
laude
f.
ferebat
172 » inquit et Cicero «
te ipso teste nequam atque improbo, uerum ad hanc rem
t.
tamen
i.
idoneo
, te, inquam,
t.
teste
d.
docebo
173196 ». 3 iniqva est aeqva de me dixerit quia
aduersarii testimonium, si contra se dicat, tam graue est, quam
boni uiri.
1 cvm illa qvae in me nvnc iniqva est aeqva
iniqua aequa ce sont des
paronomases (παρονομασία) propres à Térence. 2 Et c'est un bon argument, car Virgile dit
aussi : « ipse hostis Teucros insigni laude ferebat » (lui-même
tenait les Teucères, ses ennemis, en haute estime)908, et
Cicéron : « te ipso teste nequam atque improbo, uerum ad hanc rem
tamen idoneo, te, inquam, teste docebo »909 (par ton propre témoignage,
homme méprisable et malhonnête, et cependant important dans cette
affaire, par ton propre témoignage, dis-je, je
prouverai...). 3 iniqva est aeqva de me
dixerit parce que le témoignage d'un ennemi, s'il parle
contre son intérêt, pèse autant que celui d'un homme
bienveillant.
neque mea culpa hoc discidium
euenisse, id testor deos.
Et ce n'est pas de ma faute si cette
séparation a eu lieu, j'en prends les dieux à témoins.
1 neqve mea cvlpa
h.
hoc
d.
discidivm
e.
evenisse
non ergo quid fiat, sed utrum per nos fiat,
scilicet quaerendum est. 2 Et nimis abrupte dixit euenisse, non euenire. 3 hoc discidivm evenisse ad confirmationem
non euenire sed euenisse dixit.
1 neqve mea cvlpa hoc discidivm evenisse ce
n'est donc pas ce qui arrive, mais si ce fut de notre fait, qu'il
faut bien sûr chercher à découvrir. 2 Et il dit de façon bien abrupte euenisse, et non euenire (se produit). 3 hoc discidivm evenisse c'est en vue d'une
confirmation qu'il dit non pas euenire mais euenisse910.
sed quando sese esse indignam deputat
matri meae
Mais puisqu'elle estime qu'il est
indigne d'elle, devant ma mère,
1 sed qvando indignam hoc sic profert, ut
ipsam ostendat causam esse discidii. et hoc ipso temptat, utrum
dotem retinere possit, et ideo supra «
neque mea culpa hoc
d.
discidium
e.
euenisse
,
i.
id
t.
testor
d.
deos
174 » inquit. 2 indignam depvtat
m.
matri
m.
meae
"forte ergo indigna est; mihi tamen mater
colenda est". hoc sentit. 3 depvtat
m.
matri
m.
meae
ἐν
ὑποκρίσει matri
meae, ut idonea causa sit repudii197. 4 Et recte deputat.
1 sed qvando indignam il présente cela de
sorte à montrer qu'elle est elle-même la cause de la séparation.
Et il essaie par là même de voir s'il peut garder la dot, d'où ce
qu'il dit plus haut : « neque mea culpa hoc discidium euenisse, id
testor deos ». 2 indignam depvtat matri
meae "peut-être donc ne le mérite-t-elle pas ; il me faut
pourtant honorer ma mère". C'est ce qu'il pense. 3 depvtat matri meae matri meae est dans son rôle
(ἐν
ὑποκρίσει)911, pour que ce soit une
raison suffisante de séparation. 4 Et c'est correct de dire deputat .
cui concedat cuiusque mores toleret
sua modestia
de céder et de supporter son
caractère avec sa réserve
1 cvi concedat
cq.
cvivsqve
m.
mores
t.
toleret
hoc melius quam obsequatur aut inseruiat. 2 mores toleret bene mores ut aniculae, non enim
prauitatem; unde senes
morosi appellantur.
Horatius «
donec uirenti canities abest morosa
175 ». 3 mores toleret o
temperamentum! mores
potius quam iniurias
dixit.
1 cvi concedat cvivsqve mores toleret c'est
mieux que obsequatur
(d'obéir) ou inseruiat
(d'être à son service). 2 mores
toleret il a bien fait de dire mores, comme on l'attend d'une
petite vieille, et non prauitatem (la dépravation) ; c'est
de là que les vieillards sont dits morosi (moroses). Horace : « donec
uirenti canities abest morosa » (Aussi longtemps que la morose
chevelure blanche sera loin de ta verte jeunesse)912. 3 mores toleret quelle modération ! Il dit
mores plutôt que
iniurias (les
fautes).
neque alio pacto componi potis
est1411 inter eas
gratia,
et qu'il n'est pas possible que d'une
autre manière on puisse composer entre elles une
réconciliation,
neqve alio pacto componi potis est nisi ut
«
concedat matri toleretque mores eius
176 ».
neqve alio pacto componi potis est à moins
qu'elle ne cède devant sa mère et supporte son
caractère913.
segreganda a me est aut mater aut
Philumena, Phidippe1412.
il me faut ou écarter ma mère, ou
Philumène, Phidippe.
1 segreganda a me est avt mater avt
phil.
philvmena
bene tamquam ex deliberatione colligit, quod
facturus est. 2 Et mollius segreganda quam excludenda.
1 segreganda a me est avt mater avt philvmena
c'est bien que, comme après une délibération, il en arrive à la
conclusion de ce qu'il va faire914. 2 Et segreganda est plus doux que
excludenda (doit être
chassée).
nunc me pietas matris potius commodum
suadet sequi.
A présent ma piété filiale me
conseille plutôt de suivre l'intérêt de ma mère.
nvnc me pietas
m.
matris
p.
potivs
c.
commodvm
quam mollibus uerbis repudium nuntiatum
est!
nvnc me pietas matris potivs commodvm avec
quels mots délicats la répudiation est annoncée !
La.-Pamphile, haud inuito ad aures
sermo mihi accessit tuus,
La.-Pamphile, c'est sans déplaisir
que ton discours est arrivé à mes oreilles,
1 pamphile havd invito ad
a.
avres
optime dictum haud
inuito: non enim in totum uolenti quippe de discidio;
sed tamen, quia pie locutus est, mediocriter approbauit. 2 pamphile
h.
havd
i.
invito
ad
av.
avres
grauis oratio est a nomine incepta. Vergilius
«
o praestans
a.
animi
i.
iuuenis
177 ». 3 Et est figura λιτότης. sic
Vergilius «
posthabita
c.
coluisse
S.
Samo
178 ». 4 havd invito
a.
ad
a.
avres
senili loquacitate pro recte locutus es.
1 pamphile havd invito ad avris haud inuito est très bien dit : en
effet il ne désire pas du tout la répudiation ; et cependant,
parce que Pamphile a pieusement parlé, il l'approuve un
peu. 2 pamphile havd invito ad
avris un discours solennel commence par un nom. Virgile :
« o praestans animi iuuenis » (Ô jeune homme à l'âme sublime)915. 3 Et c'est la
figure de litote (λιτότης). Virgile « posthabita coluisse
Samo » (l'avoir honorée plus que Samos sa préférée)916. 4 havd invito ad avris avec
un bavardage de vieillard pour recte
locutus es (tu as justement parlé)917.
cum te postputasse omnes res prae
parente intellego;
puisque je comprends que tu as fait
passer toute chose après ta mère ;
1 omnes res plus dixit quam si uxorem diceret. 2 prae parente
i.
intellego
bene parente, quod nomen commune et cum
patre est et cum omnibus, quos haec necessitudo coniungit. melius
ergo, quam si diceret matrem.
1 omnes res il dit plus que s'il disait
uxor (ton
épouse). 2 prae parente intellego
c'est bien parente, parce
que ce nom est commun au père et à tous ceux que ces liens de
famille unissent. C'est donc mieux que s'il disait mater (mère)918.
uerum uide ne inpulsus ira praue
insistas, Pamphile.
mais veille à ne pas t'obstiner
faussement, poussé par la colère, Pamphile.
1 vervm vide ne
i.
inpvlsvs
i.
ira
leniter et suadenter. 2 ira non ergo iudicio. 3 prave insistas
p.
pamphile
non enim incipere sed insistere hic malum est.
1 vervm vide ne inpvlsvs ira avec douceur et
persuasion. 2 ira et non pas donc sous
le coup de la réflexion. 3 prave insistas
pamphile il n'est en effet pas mauvais de commencer, mais
il est mauvais de continuer (insistere).
Pam.-quibus iris impulsus1413
nunc in illam iniquus sim?
Pam.-Sous le coup de quelles colères
suis-je maintenant poussé à être injuste envers elle ?
1 qvibvs iris
i.
impvlsvs
non dixit qua
ira, ne superbe loqueretur, sed quibus iris. 2 Hoc ipsum per ironiam deridet, quod pater dixit
«
impulsus ira
179 ». 3 An "iris matris et
mea"? "uxoris et mea"198? an omnium trium? 4 qvibvs impvlsvs recte non uult iram esse,
ne peccasse uideatur uxor: sic enim ait, quasi nec ipsa
peccauerit. 5 qvibvs iris
im.
impvlsvs
ille iram singulariter dixit, hic
iras pluraliter, ne
uideatur unius irae causa
mittere uxorem.
1 qvibvs iris impvlsvs il ne dit pas
qua ira, pour ne pas
sembler parler orgueilleusement, mais quibus iris. 2 Il raille par ironie cette parole même que le père
a eue, « impulsus ira ». 3 Sont-ce
"les colères de ma mère et la mienne" ? "celles de ma femme et la
mienne" ? Ou bien toutes les trois ? 4 qvibvs impvlsvs à juste titre il ne veut
pas que ce soit de la colère, pour que sa femme ne semble pas
avoir commis de faute : en effet, il parle comme si elle-même
n'avait pas fauté. 5 qvibvs iris
impvlsvs celui-là dit ira au singulier, celui-ci
irae au pluriel, afin
qu'il ne semble pas renvoyer son épouse à cause d'une seule
colère919.
quae numquam quicquam erga me
commerita est, pater,
Elle qui jamais ne s'est rendue
coupable de quelque acte à mon égard, père,
qvae nvmqvam qvicqvam erga me commerita est
pater animaduerte proprietatem expressam commerendi et merendi.
qvae nvmqvam qvicqvam erga me commerita est
pater remarquez la propriété de l'expression de commereri et de mereri920.
quod nollem, et saepe meritam id quod
uellem scio;
que je ne désirasse point ; et je
sais que souvent elle a bien agi selon mes désirs ;
et saepe meritam id qvod vellem scio
mereri bona dicimus,
commereri mala, id est
delinquere, peccare. ergo hic meritam pro praestitisse dixit. Vergilius «
ego te, quae plurima fando enumerare uales, numquam,
regina negabo promeritam
180 ».
et saepe meritam id qvod vellem scio nous
disons que l'on "mérite" (mereri) les bonnes choses, que l'on
se "rend coupable" (commereri) des mauvaises,
c'est-à-dire delinquere
(commettre un délit), peccare (commettre une faute). Donc
ici il dit meritam pour
praestitisse (avoir
excellé). Virgile : « ego te, quae plurima fando enumerare uales,
numquam, regina negabo promeritam » (Pour ma part, ô reine, jamais
je ne nierai les innombrables bienfaits que tu peux énumérer, et
dont je te suis redevable)921.
amoque et laudo et uehementer
desidero;
je l'aime, et la loue, et la regrette
vivement ;
1 amoqve et lavdo non statim, qui amantur et laudantur, etiam continuo desiderantur. multa ergo dixit
amoque et laudo et uehementer
desidero. 2 Amoris
impulsu nimius hic est circa uxorem et quasi oblitus et suae
matris et uitiatae loquitur. sed tali opus est Pamphilo ad
huiusmodi argumentum, donec perueniat ad καταστροφήν, in qua uxorem reduci necesse
est.
1 amoqve et lavd ceux que l'on "aime"
(amantur) et "loue"
(laudantur), on ne se
languit pas d'eux (desiderantur) tout de suite ni
même dans le temps. Il dit donc beaucoup, en disant amoque et laudo et uehementer
desidero. 2 Son amour
pour sa femme le rend ici excessif, et il parle presque sans se
souvenir de sa mère ni de celle qu'il a violée922. Mais
il faut un Pamphile ainsi fait pour servir un argument de cette
sorte jusqu'à ce qu'il arrive au dénouement (καταστροφή), dans lequel il est
nécessaire qu'il reprenne sa femme.
nam fuisse erga me miro ingenio
expertus sum,
en effet, qu'elle ait été à mon
endroit dans d'admirables dispositions, j'en ai fait
l'épreuve,
1 erga me miro ingenio hoc totum repudiaturus
inaniter diceret, nisi ad exitum fabulae poeta respiciens
reducturi animum in Pamphilo reseruaret. 2 Et nota repudiantem eam, quam laudat
pietate sola compulsus. 3 nam fvisse erga
me o quantum ualet, quod fuisse dicit et non esse quasi re transacta!
1 erga me miro ingenio celui qui va répudier
dirait tout cela de manière vaine, si le poète songeant à la fin
de la pièce ne conservait pas en Pamphile l'état d'esprit de celui
qui va reprendre sa femme. 2 Et
remarquez qu'il répudie celle dont il fait l'éloge, poussé qu'il
est par la seule piété. 3 nam fvisse erga
me oh comme c'est fort qu'il dise fuisse et non esse, comme si la chose était
arrêtée923 !
illique exopto ut reliquam uitam
exigat
et je lui souhaite de passer le reste
de sa vie
vt reliqvam vitam exigat satis flebiliter
dixit reliquam exigat.
Vergilius «
omnis ut tecum meritis pro talibus annos exigat
181 ».
vt reliqvam vitam exigat il dit avec des
larmes dans la voix reliquam
exigat. Virgile : « omnis ut tecum meritis pro talibus
annos exigat » (pour que, en échange de tes services, elle passe
avec toi toute sa vie)924.
cum eo uiro me qui sit
fortunatior,
avec un mari qui soit plus chanceux
que moi,
cvm eo viro non inuidere iam non est
mariti.
cvm eo viro ne pas être jaloux n'est pas le
propre d'un mari925.
quandoquidem illam a me distrahit
necessitas.
puisque la nécessité me la
soustrait.
1 qvandoqvidem illam a me
d.
distrahit
n.
necessitas
omnis conclusio uerborum Pamphili
confirmationem repudii continet, plus tamen sententia
significante quam uerbis199. 2 qvandoqvidem
i.
illam
a
m.
me
d.
distrahit
n.
necessitas
numquam dixit tamen "illam
expellit". 3 necessitas distrahit scilicet ne ipsa sit
causa200. 4 necessitas201 excusatio in
necessitate, quae est
inexorabilis. 5 Et necessitas partus scilicet, quam necessitatem domi offendit, quod ex
alio scilicet peperit. 6 Sed modo
uult necessitatem uideri
maternae iracundiae, quae a nuru offensa sit.
1 qvandoqvidem illam a me distrahit
necessitas toute la conclusion des paroles de Pamphile
contient une confirmation de la répudiation, mais qui passe plutôt
par le sens de la phrase que par les mots. 2 qvandoqvidem illam a me distrahit
necessitas il n'a jamais été jusqu'à dire "illam expellit"
(elle la flanque dehors). 3 necessitas
la nécessité "la soustrait" (distrahit), évidemment pour que
ce ne soit pas elle la cause926. 4 necessitas excuse de la nécessité, qui est
inexorable. 5 Et necessitas de
l'accouchement bien sûr, necessitas contre laquelle il s'est
heurté à la maison, parce que bien sûr elle a donné naissance à
l'enfant d'un autre. 6 Mais il veut
en fait que la necessitas
semble être l'irascibilité de la mère, qui fut offensée par sa
bru.
Ph.-tibi id in manu est ne fiat.
La.-si sanus sies...
Ph.-Il est en ton pouvoir qu'il n'en
soit pas ainsi. La.-Si tu étais raisonnable...
1 tibi id in manv est ne
f.
fiat
hoc opposuit, quod minime uult Pamphilus
uideri et quod prodest socero. 2 si sanvs sies
i.
ivbe
i.
illam
r.
redire
pro si sanus
es, nam aliter iubeas dicere debuit. 3 si sanvs sies bene pater supra «
iram
182 » dixerat, nunc insaniam significat inesse
Pamphilo. 4 si sanvs sies ivbe illam
redire non ergo culpa est cui ut redeat iubere potest.
1 tibi id in manv est ne fiat il oppose ce
dont Pamphile veut le moins avoir l'air et ce qui sert les
intérêts du beau-père927. 2 si sanvs sies ivbe illam redire pour
si sanus es, car
autrement il aurait dû dire iubeas928. 3 si sanvs sies le père avait bien parlé plus
haut d'ira, à présent il
veut dire qu'il y a de l'insania (folie) en Pamphile.
4 si sanvs
sies ivbe illam redire ce n'est donc pas la faute de celle
à qui il peut ordonner de revenir.
iube illam redire. Pam.-non est
consilium, pater;
Ordonne-lui de revenir. Pam.-Ce n'est
pas mon projet, père ;
non est consilivm durum erat nolo dicere. ergo
hoc lenior dixit.
non est consilivm c'était dur de dire
nolo (je ne veux pas). Il
est donc adouci en disant cela.
matris seruibo commodis. La.-quo
abis? ades.
je servirai l'intérêt de ma mère.
La.-Où vas-tu ? Reste là.
1 matris servibo
c.
commodis
hoc uerbo necessitatem, qua cogatur,
ostendit. 2 qvo abis ades factum
Pamphili ex uerbis patris ostenditur, quod discessit. 3 Et bene, nam ulterius
praesentem patri resistere durum fuit.
1 matris servibo commodis par ce mot il
montre la nécessité par laquelle il est contraint. 2 qvo abis ades l'action de Pamphile est
montrée par ces paroles du père, parce que Pamphile est
parti. 3 Et c'est bien, car ensuite
il aurait été difficile de tenir tête au père davantage en restant
présent.
mane, inquam. quo abis? Ph.-quae haec
est pertinacia?
Reste, te dis-je. Où vas-tu ?
Ph.-Quelle est cette obstination ?
1 mane inqvam qvo abis bene quo abis, quia "patrem deseris et
uxorem". 2 qvae haec est
p.
pertinacia
sic decuit socerum. et subindignatur, quia
coram sibi fit contumelia.
1 mane inqvam qvo abis c'est bien quo abis, parce que "tu abandonnes
ton père et ton épouse". 2 qvae haec est
pertinacia cela convient au beau-père. Et il est un peu
indigné, parce qu'une insulte lui est ouvertement faite.
La.-dixin, Phidippe, hanc rem aegre
laturum esse eum?
La.-N'avais-je pas dit, Phidippe,
qu'il prendrait mal la chose ?
1 dixin phidippe
h.
hanc
r.
rem
ae.
aegre
l.
latvrvm
artificiose Laches, ut minus miretur et minus
indignetur socer irasci Pamphilum, quando ei praedictum est et sic
oportuit. 2 dixin phidippe
h.
hanc
r.
rem
ae.
aegre
seruauit uerba sua eidem personae, nam ita
dixerat «
neque adeo clam me est, quam esse eum aegre laturum
credam, hoc si
r.
rescierit
183 ».
1 dixin phidippe hanc rem aegre latvrvm
habilement Lachès, afin que le beau-père s'étonne moins et
s'indigne moins de ce que Pamphile se mette en colère, puisque
cela lui a été prédit929 et qu'il devait en
être ainsi. 2 dixin phidippe hanc rem
aegre il a conservé ses mots pour le même personnage930, car il avait dit
pareillement : « neque adeo clam me est, quam esse eum aegre
laturum credam, hoc si rescierit ».
quamobrem te orabam ut illam1414 remitteres.
C'est pour cette raison que je te
priais de la renvoyer.
qvamobrem te orabam vt illam remitteres
inuidiose aduersum Phidippum, tamquam in illo sit, unde se purget
et non accuset Pamphilum.
qvamobrem te orabam vt illam remitteres
avec de l'agressivité envers Phidippe, comme si c'était à lui de
se justifier au lieu d'accuser Pamphile.
Ph.-non credidi edepol adeo inhumanum
fore.
Ph.-Je ne croyais pas, nom d'un
chien, qu'il serait intraitable à ce point.
non credidi edepol bene quasi iratus:
inhumanum esse, inquit,
scii
, sed non credidi usque
adeo. potuit enim dicere: non credidi inhumanum fore, sed
acerbe addidit adeo202.
non credidi edepol c'est bien, comme s'il
était en colère : "qu'il était intraitable", dit-il, "je le
savais, mais je ne croyais pas que ce fût jusqu'à ce point". Il
aurait pu en effet dire : "je ne croyais pas qu'il serait
intraitable", mais il ajoute avec amertume adeo (à ce point)931.
ita nunc is sibi me supplicaturum
putat?
Est-ce qu'il s'imagine à présent que
je vais le supplier ?
1 ita is sibi me pro sibi et me. 2 Et magno pondere legendum utrumque
pronomen, ut «
cantando tu illum?
184 » id est "genero socerum", "Pamphilo Phidippum"
uel si quid tale inueneris. 3 svpplicatvrvm parum est203 satisfacturum, supplicaturum addidit.
1 ita is sibi me pour sibi et me. 2 Et il faut lire les deux pronoms avec un grand
poids, comme « cantando tu illum ? » (au chant, toi, le battre ?).
C'est-à-dire "un beau-père supplier un gendre", "Phidippe supplier
Pamphile", ou quelque autre invention de cet acabit. 3 svpplicatvrvm satisfacturum (je donnerai
satisfaction) est faible, il a mis supplicaturum.
si est ut uelit redducere uxorem,
licet;
S'il se trouve qu'il veuille
reprendre sa femme, il en a le droit ;
sin alio est animo, renumeret dotem
huc, eat.
s'il est dans une autre disposition,
qu'il nous rembourse ici la dot, et qu'il s'en aille.
1 sin alio est animo
r.
renvmeret
d.
dotem
hvc recte socer, non tam ut dotem recipiat
quam ut terreat, hoc dicit. 2 Et renvmeret proprie, quia dos pecunia
est. 3 Et huc ἰδιωτισμός irascentis et exigentis
debitum; eat uero mire
dictum, quasi ipse proiciatur qui iubet ire. et simul in hoc uerbo
quasi renuntiatio caritatis est. 4 renvmeret dotem
h.
hvc
e.
eat
terrorem repetendae dotis ostendit, cum dicit
renumeret dotem. simul cum
iniuria huc et iracunde
eat.
1 sin alio est animo renvmeret dotem hvc le
beau-père dit cela à bon droit, pas tant pour récupérer la dot que
pour l'effrayer. 2 Et renvmeret au
sens propre, parce qu'une dot, c'est de l'argent. 3 Et huc
est un particularisme (ἰδιωτισμός) de celui qui se met en colère
et exige son dû932 ; eat
(qu'il s'en aille) est vraiment dit de manière remarquable, comme
si celui qui ordonne de partir était lui-même renvoyé. Et en même
temps dans ce mot il y a comme un renoncement à
l'affection. 4 renvmeret dotem hvc eat
il brandit la peur de devoir rendre la dot, lorsqu'il dit
renumeret dotem. En même
temps huc de manière
blessante et eat avec
colère.
La.-ecce autem tu quoque propterue
iracundus es.
La.-Voici que toi aussi tu es
furieusement coléreux.
1 ecce avtem tv qvoqve proterve iracvndvs es
addendo quoque nonnihil
assentatus est, quasi dicat quomodo
Pamphilus. 2 proterve iracvndvs
es proterue
immoderate et superbe. dictum est autem ideo, quod
proterat alium, qui
proteruus est. 3 Nam proteruus est, qui dum alius obuius
est proterit, quod faciunt
et tauri in appetitu coitus feminarum, in quas calent.
1 ecce avtem tv qvoqve proterve iracvndvs es
en ajoutant quoque
(aussi) il approuve en partie, comme s'il disait quomodo Pamphilus (à la manière de
Pamphile)933. 2 proterve iracvndvs es proterue : immoderate (immodérément) et
superbe
(orgueilleusement). On dit cela parce que celui qui est "violent"
(proteruus) "écrase"
(proterat) quelqu'un.
3 En effet est "violent" (proteruus), celui qui "écrase"
(proterit) celui qui se
trouve devant lui, ce que font aussi les taureaux qui ont le désir
de s'accoupler aux femelles pour lesquelles ils
s'échauffent934.
Ph.-percontumax redisti huc nobis,
Pamphile.
Ph.-C'est très opiniâtre que tu nous
es revenu ici, Pamphile.
1 percontvmax
re.
redisti
proprie contumax dicitur contemptor
potiorum. 2 percontvmax
r.
redisti
h.
hvc
n.
nobis
p.
pamphile
magnae indignationis est ad absentem loqui, ut
alibi «
o Pamphile, pol haut
p.
paternum
i.
istuc
d.
dedisti
.!
185 ». 3 nobis pamphile nobis τῷ ἀττικισμῷ: nam aut abundat aut
significatu adiuuat pronuntiationem.
1 percontvmax redisti est appelé au sens
propre contumax
(opiniâtre) celui qui méprise ce qui est préférable935. 2 percontvmax redisti hvc nobis pamphile cela
témoigne d'une grande indignation que de parler à quelqu'un
d'absent, comme ailleurs : « o Pamphile, pol haut paternum istuc
dedisti ! »936. 3 nobis
pamphile nobis
par atticisme (τῷ
ἀττικισμῷ) : en effet, soit il fait pléonasme, soit il
appuie la déclaration par son sens937.
La.-decedet iam ira haec, etsi merito
iratus est.
La.-Cette colère va passer, bien
qu'il soit en colère à juste titre.
decedet iam ira
h.
haec
quasi in ira sit culpa, non deponetur ira inquit, sed decedet.
decedet iam ira haec comme si dans
ira il y avait culpa (la faute), il ne dit pas
deponetur ira (la colère
sera mise de côté), mais decedet (passera).
Ph.-quia paululum uobis accessit
pecuniae,
Ph.-Parce qu'il vous est échu un
petit peu d'argent,
1 qvia pavlvlvm
v.
vobis
a.
accessit
p.
pecvniae
facete, quasi dicat: "quia habetis, unde dotem
reddatis", aut: "quia nullam causam habetis repudii, sed ditiorem
quaeritis coniunctionem". 2 qvia pavlvlvm
v.
vobis
a.
accessit
p.
pecvniae
s.
svblati
a.
animi
s.
svnt
ut minacior est factus Pamphilus, simul maiore
stomacho, quod cum labore celabat, aperte ostendit.
1 qvia pavlvlvm vobis accessit pecvniae avec
esprit, comme s'il disait : "puisque vous avez de quoi rendre la
dot", ou : "parce que vous n'avez aucune raison pour la
répudiation, mais que vous recherchez une alliance plus
avantageuse". 2 qvia pavlvlvm vobis accessit
pecvniae svblati animi svnt de même que Pamphile s'est
fait plus menaçant, en même temps Phidippe, par l'accroissement de
sa colère, montre ouvertement ce qu'il s'efforçait de cacher.
sublati animi sunt. La.-etiam mecum
litigas?
vos esprits ont pris de la hauteur.
La.-A moi aussi, tu fais un procès ?
1 svblati animi svnt noue pro elatis sublatos dixit. et hoc proprie
ferarum est, ut «
attollitque animos
186 », nam bestiae pro animi qualitate uel erigunt
corpora uel deponunt. 2 etiam mecvm
l.
litigas
belle et illum ex inuidia iracundiorem et hunc
ad se ducentem, quod propter Pamphilum dicebatur,
efficit. 3 etiam
m.
mecvm
l.
litigas
inuidiose, quasi iam cum Pamphilo
litigauerit.
1 svblati animi svnt de façon inédite pour
elati il dit sublati. Et cela se dit au sens
propre pour les bêtes sauvages, comme « attollitque animos » (et
il exalte son âme)938, car les bêtes
en raison de la nature de leur âme ou bien mettent debout leur
corps, ou bien le mettent à terre. 2 etiam mecvm litigas délicieusement il rend
l'un de plus en plus furieux en raison de sa haine et l'autre
comme prenant pour lui ce qui était dit pour Pamphile. 3 etiam mecvm litigas avec agressivité, comme
s'il avait déjà engagé un procès avec Pamphile.
Ph.-deliberet renuntietque hodie
mihi
Ph.-Qu'il réfléchisse et m'annonce
aujourd'hui
deliberet renvntietqve
h.
hodie
ferociter, ut socero decet204, tamen mature, quod
deliberet dixit.
deliberet renvntietqve hodie de manière
féroce, comme il convient à un beau-père, mais à propos, parce
qu'il dit deliberet
(qu'il réfléchisse).
uelitne an non; ut alii, si huic non
sit, siet.
s'il veut ou non ; de sorte que si
elle n'est pas à lui, elle soit à un autre.
1 vt alii si hvic
n.
non
s.
sit
s.
siet
magna fiducia condicionem filiae asserit,
ouando iam, si Pamphilus nolit, paratum alterum dicit
esse. 2 si hvic non sit subauditur
uxor; sed dura dictu
reticuit, ut debebat.
1 vt alii si hvic non sit siet il soutient
avec une grande confiance la condition de sa fille, triomphant
déjà, il dit qu'un autre mari est tout prêt si Pamphile
refuse. 2 si hvic non sit
uxor (épouse) est
sous-entendu ; mais il a passé sous silence les choses difficiles
à dire, ainsi qu'il le devait.
La.-Phidippe, ades; audi paucis.
abiit. quid mea?
La.-Phidippe, viens ; écoute un peu.
Il est parti. Est-ce mon affaire ?
phidippe ades nomine appellat, quod facere
solemus iratos mitigare conantes.
phidippe ades il l'appelle par son nom, ce
que nous avons l'habitude de faire lorsque nous nous efforçons de
calmer ceux qui sont en colère.
postremo inter se transigant ipsi ut
lubet,
Après tout, qu'ils s'arrangent entre
eux comme il leur plaît,
postremo inter se transigant non enim haec
uotiua sunt, quibus interesse delectet.
postremo inter se transigant car ce ne sont
pas des choses qu'on souhaite, celles auxquelles on prend plaisir
à participer.
quando nec gnatus neque hic quicquam
obtemperant,
puisque ni mon fils ni lui ne
m'obéissent en quoi que ce soit,
qvando nec gnatvs neqve hic
q.
qvicqvam
o.
obtemperant
inuidiose gnatus
non obtemperat. et hic non familiariter dictum quasi ab
irato.
qvando nec gnatvs neqve hic qvicqvam
obtemperat avec agressivité gnatus non obtemperat. Et hic n'est pas dit avec familiarité,
mais par quelqu'un qui semble en colère.
quae dico parui pendunt. porto hoc
iurgium ad
et qu'ils font peu de cas de ce que
je dis. Je porte cette querelle à
1 qvae dico
p.
parvi
p.
pendvnt
quia obtemperamus etiam tacitae
uoluntati. 2 qvae dico
p.
parvi
p.
pendvnt
porto hoc ivrgivm bene rursus in errorem
reditur, ne quae uera sint, contra fabulae propositum
cognoscantur. 3 porto hoc ivrgivm
porto quasi aliquid
magnum.
1 qvae dico parvi pendvnt parce que nous
obéissons aussi à une volonté tacite. 2 qvae dico parvi pendvnt porto hoc ivrgivm
c'est bien qu'on revienne à nouveau dans la méprise, afin que la
vérité ne soit pas connue contrairement à l'intérêt de la
pièce. 3 porto hoc ivrgivm
porto comme si c'était
quelque chose d'important.
uxorem, cuius haec fiunt consilio
omnia,
ma femme, dont les bonnes idées sont
cause de tout cela,
1 cvivs haec fivnt consilio omnia non
transacta obiciuntur uxori, sed quae nunc aguntur. 2 consilio utrum dispositione an ironia est in male
consulentem?
1 cvivs haec fivnt consilio omnia ce ne sont
pas les choses passées qui sont opposées à son épouse, mais celles
dont il est à présent question. 2 consilio veut-il dire dispositione (par ses dispositions),
ou est-ce de l'ironie à l'égard de quelqu'un qui donne de mauvais
conseils ?
atque in eam hoc omne quod mihi aegre
est euomam.
et je vomirai sur elle tout ce qui me
rend malade.
1 atqve in eam hoc omne qvod
m.
mihi
ae.
aegre
e.
est
non quod
irascor, sed quod mihi
aegre est dixit. 2 evomam bene, quia aegritudinem solet
uomitus releuare. sic Cicero, cum dicit «
quae quidem mihi
l.
laetari
u.
uidetur
,
q.
quod
t.
tantam
p.
pestem
e.
euomuerit
fq.
forasque
p.
proiecerit
187 ».
1 atqve in eam hoc omne qvod mihi aegre est
il ne dit pas quod
irascor (ce qui m'énerve), mais quod mihi aegre est. 2 evomam c'est bien, parce que vomir soulage
d'ordinaire la maladie. Ainsi Cicéron, lorsqu'il dit : « quae
quidem mihi laetari uidetur, quod tantam pestem euomuerit forasque
proiecerit » (et qui me semble s'applaudir d'avoir vomi de son
sein et rejeté loin d'elle une épidémie si néfaste).
Actus quartus
scaena prima
Myrrina Phidippus
516 | 517 | 518 | 519 | 520 | 521 | 522 | 523 | 524 | 525 | 526 | 527 | 528 | 529 | 530 | 531 | 532 | 533 | 534 | 535 | 536 | 537 | 538 | 539 | 540 | 541 | 542 | 543 | 544 | 545 | 546 | 547 | 548 | 549 | 550 | 551 | 552 | 553 | 554 | 555 | 556 | 557 | 558 | 559 | 560 | 561 | 562 | 563 | 564 | 565 | 566 | 567 | 568 | 569 | 570 | 571 | 572 | 573 | 574 | 575 | 576
My.-perii, quid agam? quo me uertam?
quid uiro meo respondebo
My.-Je suis morte ! Que faire ? Vers
qui me tourner ? Que répondre à mon mari,
1 perii qvid agam qvo me vertam mire in hac
scaena et iterum rixa est senis atque anus et tamen uarie et alio
modo, ut mores inter se diuersos et iam notos possimus
agnoscere. 2 perii qvid agam qvo
m.
me
v.
vertam
haec proloqui oportet Myrrinam, ut ex eius
persona reminiscatur spectator gestae rei. simulque ex huius
personae uerbis quid agat altera persona monstratur: nam
perscrutari Phidippum uniuersa conclauia et ire per totam domum
cognito partu filiae suae apparet ex praesentibus
dictis. 3 perii qvid agam singula
pronuntia, ut perturbatam ostendas. 4 qvid agam qvo
m.
me
v.
vertam
figura διαπόρησις apta turbatis.
1 perii qvid agam qvo me vertam de manière
remarquable, dans cette scène, on trouve à la fois de nouveau un
affrontement entre un vieillard et une vieille femme et,
cependant, le poète introduit de la variété et une autre modalité
afin que nous puissions reconnaître la différence de leurs
caractères que nous connaissions déjà939. 2 perii qvid agam qvo me vertam il faut que
ce soit Myrrhina qui dise cela en ouverture, pour que le
spectateur se souvienne, en partant de son personnage, de ce qui
s'est passé ; et l'on montre en même temps, par les paroles de ce
personnage, ce que fait l'autre personnage : de fait, Phidippe est
en train de fouiner dans toutes les pièces et de parcourir la
maison, maintenant qu'il sait que sa fille a accouché ; cela
apparaît clairement des paroles qui sont dites à
présent. 3 perii qvid agam détachez
chaque mot par la prononciation, pour montrer son trouble
extrême. 4 qvid agam qvo me vertam
figure d'hésitation (διαπόρησις) adaptée à des personnages
troublés.
misera? nam audiuisse uocem pueri
uisus est uagientis;
infortunée ? Car il a entendu la voix
du bébé qui vagit, il me semble ;
1 nam avdivisse vocem pveri Vergilius «
continuo auditae uoces uagitus et ingens
iq.
infantumque
a.
animae
f.
flentes
i.
in
l.
limine
p.
primo
188 » et est ὀνοματοποιΐα, nam uox ipsa sic est, ut
quasi uagitus saepius
sonet. 2 pveri visvs est vagientis
proprie dixit: uagitus
enim infantium est, ut Vergilius «
continuo auditae uoces uagitus et ingens
189 ». 3 visvs est vagientis
quomodo «
audire uocem uisa sum modo militis
190 ».
1 nam avdivisse vocem pveri Virgile
« continuo auditae uoces uagitus et ingens infantumque animae
flentes, in limine primo » (on entend sans cesse des voix, des
vagissements immenses, et les âmes des tout-petits qui pleurent,
dès le seuil940),
et il s'agit d'une onomatopée (ὀνοματοποιΐα), car le son lui-même est de
nature à faire entendre plusieurs fois le mot uagitus941 . 2 pveri visvs est vagientis expression
propre, car le mot uagitus s'applique aux tout-petits,
comme Virgile « continuo auditae uoces uagitus et ingens » (on
entend sans cesse des voix, des vagissements immenses). 3 visvs est vagientis de la même manière
« audire uocem uisa sum modo militis »942.
ita corripuit derepente tacitus sese
ad filiam.
et il s'est insinué tout soudain en
silence jusqu'à notre fille.
1 ita corripvit derepente corripuit raptim intulit. 2 Et derepente una pars orationis est ut «
defessus sum deambulando
191 »205; aduerbiis
enim praepositiones separatim non adduntur. 3 derepente ὑφέν: nam si separaueris, non est Latinum
de repente.
1 ita corripvit derepente corripuit signifie "faire entrer
subrepticement". 2 Et derepente ne
constitue qu'une seule partie de discours, comme « defessus sum
deambulando »943 ; en effet on ne peut ajouter un
adverbe à une préposition de manière séparée944. 3 derepente lié (ὑφέν)945 car si on les sépare, de repente n'est pas correct.
quod si rescierit peperisse eam, id
qua causa clam me habuisse
S'il apprend qu'elle a eu un enfant,
pourquoi j'ai gardé cela pour moi
1 qvod si rescierit quod pro nam aut itaque. sed et nos in huiusmodi
significatione sic dicimus. 2 qvod si
rescierit scimus
manifesta, rescimus
occulta. 3 id qva cavsa id: "hoc ipsum peperisse eam".
1 qvod si rescierit quod est mis pour nam (de fait) ou itaque (c'est pourquoi), mais nous
aussi nous l'employons dans ce sens946. 2 qvod si
rescierit nous employons scire pour des choses évidentes,
rescire pour des choses
cachées. 3 id qva cavsa id c'est-à-dire "le fait même
qu'elle a enfanté".
dicam non edepol scio. sed ostium
concrepuit1415.
je lui dirai que, nom d'un chien, je
n'en sais rien. Mais la porte grince.
1 non edepol scio ideo, quia uera causa dici
non potest. 2 sed ostivm
c.
concrepvit
concrepuit plus quam crepuit, nam con- modo auctiuum est.
1 non edepol scio parce que la vraie raison
ne peut être dite. 2 sed ostivm
concrepvit concrepuit est plus fort que
crepuit, de fait
con- a parfois un sens
intensif947.
credo ipsum exire ad me: nulla
sum.
Je crois que le voilà qui sort vers
moi : je suis anéantie.
ipsvm exire ad me bene ad me quasi litigaturum.
ipsvm exire ad me ad me est bien, comme s'il allait
lui chercher noise.
Ph.-uxor ubi me ad filiam ire sensit,
se duxit foras:
Ph.-Ma femme, quand elle a compris
que j'allais voir notre fille, s'est tirée dehors :
1 vxor vbi me ad
f.
filiam
i.
ire
s.
sensit
hoc ante rem. et simul argumentum delicti est,
quod exiit a filia marito ingresso mulier. 2 vxor vbi me ad
f.
filiam
mirantis est gestus et dictum. 3 se dvxit foras ordo: "duxit se" et uerbis
usus est intra domesticos parietes ortis. 4 Et τῷ ἰδιωτισμῷ se duxit pro abiit.
vxor vbi me ad filiam ire sensit c'est une
anticipation et en même temps c'est une preuve de faute parce que
la femme est sortie de chez sa fille à l'entrée du mari948. 2 vxor vbi me ad filiam il y a la gestuelle
et le langage d'un personnage qui s'étonne949. 3 se dvxit
foras l'ordre est duxit
se950 et il se sert des mots qui
viennent de l'intérieur de la maison951. 4 Et il y a un
idiotisme (ἰδιωτισμός) dans le fait de dire
se duxit pour dire « elle
est sortie »952.
atque eccam: uideo. quid ais,
Myrrina? heus tibi dico. My.-mihine, mi1416 uir?
la voilà : je la vois. Alors,
Myrrhina ? Hé, je te parle. My.-A moi, monsieur mon mari ?
1 atqve eccam video apparet mulierem fugere
et auersari ob conscientiam, et ideo hoc separatim
pronuntiandum. 2 hevs tibi dico ostendit
Myrrinam auertentem se, quod nihil inueniat quod dicat de
filia. 3 mihine mi vir ita et in
Andria «
mihin?
192 » respondens conturbatum se ostendit Dauus. 4 mihine mi vir uir ad maritalem condicionem
rettulit, non ad sexum, ut in Bucolicis «
uir gregis ipse caper
193 ».
1 atqve eccam video il est clair que la femme
fuit et se détourne en raison de sa mauvaise conscience, et c'est
ce qui fait qu'il faut prononcer cela en séparant chaque
mot. 2 hevs tibi dico il montre
que Myrrhina se détourne parce qu'elle ne peut rien trouver à dire
au sujet de sa fille. 3 mihine mi
vir de même, dans L'Andrienne, en répondant
« mihin » Dave montre qu'il est extrêmement troublé. 4 mihine mi vir elle rapporte le mot
uir à sa condition
d'époux non à son sexe, comme dans les Bucoliques
« uir gregis ipse caper » (le mâle du troupeau, le bouc
lui-même)953.
Ph.-uir ego tuus sim? tu uirum me aut
hominem deputas adeo esse?
Ph.-Ton mari, je le suis ? Tu crois
donc que je suis vraiment un mari et un homme ?
1 tv virvm me accusatio ab increpatione
incipiens. 2 avt hominem αὔξησις
peruersa. 3 adeo esse abundat206.
Vergilius «
teque adeo, quem mox
q.
quae
s.
sint
h.
habitura
d.
deorum
c.
concilia
i.
incertum
194 ».
1 tv virvm me accusation qui commence sur un
reproche. 2 avt hominem gradation
(αὔξησις) à
l'envers954. 3 adeo esse
pléonasme. Virgile « teque955 adeo, quem
mox quae sint habitura deorum concilia incertum » (toi ainsi, que,
incertain de ce que seront bientôt les décisions des
dieux...)956.
nam si utrumuis horum, mulier, umquam
tibi uisus forem,
Car si jamais de ces deux choses,
femme, j'avais été l'une à tes yeux,
1 nam si vtrvmvis horvm uir scilicet aut homo. 2 mvlier vmqvam tibi visvs acerbe mulier, ut supra «
tu, inquam, mulier, quae me
o.
omnino
<
l.
lapidem
>,
n.
non
h.
hominem
p.
putas
195 ».
1 nam si vtrvmvis horvm comprendre uir ou homo. 2 mvlier vmqvam tibi visvs avec agressivité
mulier, comme ci-dessus
« tu inquam mulier quae me omnino lapidem, non hominem
putas »957.
non sic ludibrio tuis factis habitus
essem. My.-quibus? Ph.-at rogitas?
tu ne te serais pas jouée de moi
ainsi par tes actes. My.-Lesquels ? Ph.-Et tu le demandes ?
1 qvibvs callide mulier et quasi nullius
culpae conscia quibus?
dixit. 2 Et qvibvs factis scilicet. 3 at rogitas bene irascitur interroganti, nam
interrogare qui sciat impudentiae est.
1 qvibvs c'est avec ruse et comme si elle
n'avait nulle conscience de sa faute que la femme dit quibus. 2 Et qvibvs "quels actes" évidemment. 3 at rogitas c'est bien fait, cette colère
contre celle qui pose la question, car interroger alors qu'on sait
est de l'impudence.
peperit filia: hem taces? ex qui?
My.-istuc patrem rogare est aequum?
Notre fille a eu un enfant : tiens !
Tu ne dis rien ! De qui ? My.-Qu'un père pose cette question,
est-ce que c'est juste ?
1 hem taces non num taces?, sed taces celas. 2 ex qvi bene ex
qui, quia argumentum impudicitiae est puerperium
taciturnum. 3 peperit filia propositio
criminis. 4 istvc patrem
r.
rogare
mira calliditas: rea mulier hoc solo
defenditur, quod accusat. 5 istvc patrem
r.
rogare
ex sua interrogatione accusauit
accusatorem.
1 hem taces non pas "est-ce que tu te
tais ?", mais taces, "tu
le dissimules"958. 2 ex qvi c'est
bien de dire ex qui car
c'est un indice de conduite impudique qu'une naissance que l'on
cache. 3 peperit filia énoncé du
délit. 4 istvc patrem rogare
admirable ruse : la femme coupable ne se défend que par
l'accusation959. 5 istvc patrem rogare par son interrogation,
elle accuse l'accusateur.
perii! ex qui1417 censes
nisi ex illo cui data est nuptum obsecro?
Je suis morte ! De qui crois-tu,
sinon de celui à qui elle a été donnée en mariage, je te
prie ?
1 perii ex qvi mire additum ad affectum
perii et obsecro. 2 nisi ex illo cvi data est
n.
nvptvm
a uerisimili argumentum. 3 nisi ex illo cvi
d.
data
e.
est
n.
nvptvm
solutio criminis per fiduciam respondentis.
Sallustius «
ita fiducia quam argumentis purgatiores
d.
dimittuntur
196 ».
perii ex qvi admirables ajouts pour marquer
le sentiment que perii et
obsecro. 2 nisi ex illo cvi data est nvptvm argument
par le vraisemblable. 3 nisi ex illo cvi
data est nvptvm disculpation par le caractère fiable de la
personne qui répond ; Salluste : « ita fiducia quam argumentis
purgatiores dimittuntur » (ainsi c'est davantage de confiance
qu'en raison de leurs arguments qu'ils sont renvoyés
disculpés).
Ph.-credo: neque adeo arbitrari
patris est aliter. sed demiror
Ph.-Je te crois : un père ne doit pas
penser autrement. Mais ce qui m'étonne,
1 credo neqve adeo arbitrari
p.
patris
e.
est
a.
aliter
ab accusatione maritus ad defensionem sui
conuersus amisit, quod ceperat. 2 sed demiror qvid sit mollior factus iam non
irascitur, sed miratur.
3
207 adeo uides Phidippum
nulla re alia quam mulieris correptione lenitum. 4 demiror ualde
miror, quod minus est quam irascor.
1 credo neqve adeo arbitrari patris est
aliter le mari en passant de l'accusation à sa propre
défense perd l'avantage qu'il avait pris. 2 sed demiror qvid sit rendu plus doux, il ne
s'irrite plus, il s'étonne. 3 adeo vous
voyez que Phidippe n'est apaisé par rien d'autre que le reproche
que lui fait sa femme960. 4 demiror "je m'étonne extrêmement", ce qui
est moins fort que "je suis en colère".
quid sit quamobrem hunc tantopere
omnes nos1418 celare
uolueris
c'est la raison pour laquelle à nous
tous tu as tant voulu cacher
1 qvamobrem tantopere alia intentio criminis
hoc tantopere. 2 nos omnis celare volveris recte, quia putat
et Pamphilum esse celatum. 3 omnes nos
celare uidet208;
duae causae sunt celandi partus: si non «
tempore suo
197 » euenerit, quod indicium stupri est, et si non «
recte
198 » euenerit, hoc est monstri aliquid natum fuerit. hic
autem et «
tempore suo
199 » et «
recte
200 » natum praedicat. 4 omnes nos
c.
celare
v.
volveris
antiqua locutio illam rem celo te.
1 qvamobrem tantopere nouvelle offensive
accusatrice que ce tantopere961. 2 nos omnis celare volveris correct, car il
croit qu'on l'a caché aussi à Pamphile962. 3 omnes nos
celare il le voit. Il ya deux raisons pour cacher une
naissance, si elle n'a pas eu lieu « en son temps », ce qui
dénonce un adultère, et si elle ne s'est pas « bien passée »,
c'est-à-dire s'il est né quelque monstre ; or il affirme que la
naissance a eu lieu « en son temps » et qu'elle s'est « bien
passée »963. 4 omnes nos celare volveris construction
archaïque illam rem celo
te964.
partum, praesertim cum et recte et
tempore suo pepererit.
cette naissance, surtout alors
qu'elle a accouché sans encombre et dans les temps.
1 praesertim cvm et recte attulit mulieri
compendium credulitas senis semel correpti, ne aliter
suspicetur. 2 praesertim cvm et
r.
recte
et
t.
tempore
s.
svo
p.
pepererit
τό209 recte ad
illud pertinet, quod non monstrum pepererit, τό tempore suo ad spatium, quo
praegnantes esse consuerunt, id est ad mensium dinumerationem,
quia et septimani nasci solent.
1 praesertim cvm et recte et tempore svo
pepererit la crédulité du vieillard une fois qu'il a été
blâmé apporte à sa femme un profit : il n'a aucun autre
soupçon. 2 praesertim cvm et recte et
tempore svo pepererit le (τό) recte porte sur le fait qu'elle n'a
pas engendré un monstre, le (τό) tempore
suo sur le laps de temps usuel pour les femmes
enceintes, c'est-à-dire le compte des mois, car il est usuel que
naissent aussi des bébés au septième mois965.
adeon peruicaci esse animo ut puerum
praeoptares perire,
Avoir été assez obstinée pour décider
par avance la mort de l'enfant,
1 adeon pervicaci esse inuectio. 2 vt pvervm praeoptares perire ab aetate
infantis inuidia. 3 adeon pervicaci esse
animo peruicax
est perseuerans cum quadam ui.
1 adeon pervicaci esse reproche. 2 vt pvervm praeoptares perire haine qui naît
de l'âge du bébé966. 3 adeon pervicaci esse animo peruicax signifie "qui persévère
avec une certaine violence"967.
ex quo firmiorem inter nos fore
amicitiam posthac scires,
dont tu savais qu'il renforcerait
entre nous l'affection par la suite,
1 ex qvo firmiorem inter nos ab accidentibus
inuidia. 2 Et bene additum scires, quia imprudentia in delicto
ueniam frequenter extorsit.
1 ex qvo firmiorem inter nos haine qui naît
des circonstances annexes. 2 Et
c'est bien d'avoir ajouté scires parce que l'imprudence dans
un délit arrache souvent le pardon968.
potius quam aduersum animi tui
libidinem esset cum illo nupta!
plutôt que, contre le caprice de ton
cœur, la voir mariée avec lui !
1 potivs qvam adversvm animi tvi libidinem esset
c.
cvm
i.
illo
n.
nvpta
a uoluntate peccantis inuidia. 2 animi tvi libidinem dixit, ut minimam
causam magnis sceleribus subiecisset. 3 esset cvm
i.
illo
n.
nvpta
antique non illi
nupta sed cum illo
nupta. ergo ambo sibi inuicem nubunt.
1 potivs qvam adversvm animi tvi libidinem esset cvm
illo nvpta haine qui naît de la volonté de mal
faire. 2 Il dit animi tvi libidinem pour
attribuer une cause bénigne à de grands méfaits. 3 esset cvm illo nvpta de façon archaïque non
pas illi nupta, mais
cum illo nupta. Donc les
deux se marient réciproquement969.
ego etiam illorum1419 hanc culpam credidi, quae te est penes.
Et moi qui ai cru que c'était leur
faute, mais c'est la tienne !
1 ego etiam illorvm hanc cvlpam bene
etiam illorum: non enim
hoc se dicit errasse, quod illorum putauerit culpam quae huius
est, sed etiam
illorum, ut commune peccatum fuerit. sed nunc totum
quidem esse credit Myrrinae. 2 An
etiam pro adhuc, ut maior sit dolor, qui
necopinanti accidit uiro?
1 ego etiam illorvm hanc cvlpam etiam illorum est bien dit : en
effet, il dit qu'il s'est trompé non en croyant que c'était leur
faute alors que ce n'était que la sienne, mais etiam illorum, en sorte que la faute
était partagée ; mais à présent il croit que tout est le fait de
Myrrhina970. 2 Ou alors
etiam est mis pour
adhuc en sorte que la
douleur soit plus grande en arrivant à un mari qui ne s'y attend
pas971.
My.-misera sum. Ph.-utinam sciam ita
esse istuc! sed nunc mihi in mentem uenit
My.-Je suis une infortunée. Ph.-Ah si
j'avais su ! Mais maintenant, j'y pense,
1 vtinam sciam ita esse istvc te miseram
esse. sic alibi «
miserum? quem minus credere est?
201 » et erit sensus: "utinam uere sis misera". 2 vtinam sciam ita esse hoc quidam sic
accipiunt, quasi Phidippus dicat: "penes te culpa est, quam
illorum esse credebam, et utinam, quod credo penes te esse culpam,
ita esse certo sciam". 3 Quia
dixit se miseram et miseros non nisi innocentes dicimus, ille hoc
respondet: "utinam in hoc negotio miseram te, non scelestam
reperiam!", sic Sallustius «
atque ea cogentes, non coactos, scelestos magis quam
miseros obstringi
202 ». et ideo sequitur «
sed nunc mihi in mentem
203 »: argumentum ex antecedentibus dictis et
factis. 4 nvnc mihi in mentem venit
recte nunc , quasi alias
nihil suspicanti.
1 vtinam sciam ita esse istvc "que tu étais
malheureuse", ainsi ailleurs « miserum ? Quem minus credere est
? » (malheureux ? Celui qu'on a moins de raisons de croire tel ?).
Et le sens sera : "ah ! Si seulement tu étais vraiment
malheureuse !". 2 vtinam sciam ita
esse certains comprennent comme si Phidippe disait :
"c'est toi qui es fautive, alors que je croyais que c'était eux,
si seulement, ce que je crois, c'était toi la fautive et que je le
sache avec certitude". 3 Parce
qu'elle a dit qu'elle était malheureuse et que nous ne parlons pas
de malheureux sinon pour des innocents, il lui répond : "si
seulement dans cette affaire je te trouvais malheureuse et non pas
fautive !". Ainsi Salluste : « atque ea cogentes, non coactos,
scelestos magis quam miseros obstringi » (et en forçant à cela,
non en y étant forcés, ils sont liés à cette affaire en fautifs
non en malheureux) et c'est pourquoi il dit ensuite « sed nunc
mihi in mentem »972. Argument tiré des faits et
dires antérieurs. 4 nvnc mihi in mentem
venit nunc est
correct comme si par ailleurs il n'avait eu aucun soupçon.
de hac re quod locuta es olim, cum
illum generum cepimus:
tu as parlé de cela naguère, quand
nous avons pris ce gendre :
1 qvod locvta es olim210 pro ante. 2 cvm illvm genervm cepimvs ut arbitrum
capere dicimus, id est eligere. et cum laude locutus est
Pamphili. 3 cepimvs elegimus. Vergilius «
ante locum capies oculis
204 ».
1 de hac re qvod locvta es olim mis pour
ante
(auparavant)973. 2 cvm illvm genervm cepimvs de même que nous
disons "prendre un arbitre", c'est-à-dire le choisir, et il parle
avec éloge de Pamphile. 3 cepimvs
"nous avons choisi", Virgile : « ante locum capies oculis »
(auparavant tu choisiras des yeux un emplacement).
nam negabas nuptam posse filiam tuam
te pati
de fait, tu disais que tu ne pourrais
supporter de voir ta fille mariée
cum eo qui meretricem amaret, qui
pernoctaret foris.
avec ce type qui aime une courtisane
et qui passe la nuit dehors.
1 cvm eo "uiro". 2 qvi meretricem amaret qvi pernoctaret foris
non in hoc est accusatio, quod hoc locuta sit, sed argumentum est,
quod celare uoluerit partum, quae hoc olim dixerat. 3 pernoctaret propter illud, quod dixerat
«
quid? interea ibatne ad Bacchidem? - Cotidie
205 ». 4 Et nota familiariter hoc uerbum poni a
Terentio. sic et in Eunucho «
sed si hic pernocto,
c.
causae
q.
quid
d.
dicam
,
S.
Syre
?
206 ».
1 cvm eo "ce mari". 2 qvi meretricem amaret qvi pernoctaret foris
l'accusation ne réside pas dans le fait que Myrrhina a dit cela,
mais l'argument est qu'elle a voulu cacher la naissance, elle qui
avait auparavant dit cela974. 3 pernoctaret à cause de ce qu'il avait dit :
« quid ? interea ibatne ad Bacchidem ? Cotidie », 4 et notez que ce mot est employé de manière
familière par Térence, ici et dans L'Eunuque975 « sed si hic pernocto, causae quid dicam,
Syre? »976.
My.-(quamuis causam hunc suspicari
quam ipsam ueram mauolo.)
My.-(A tout prendre, qu'il imagine
n'importe quelle situation plutôt que la vraie, je préfère.)
1 qvamvis cavsam hoc propter spectatorem
dicitur, ut gestorum meminerit. 2 qvam ipsam veram
m.
mavolo
quia sola ex omnibus defendi non potest.
1 qvamvis cavsam cela est dit pour le
spectateur, afin qu'il se souvienne de ce qui s'est
passé. 2 qvam ipsam veram mavolo
parce que seule de tous elle ne peut se défendre.
Ph.-multo prius sciui quam tu illum
habere amicam, Myrrina;
Ph.-J'ai su bien avant toi qu'il
avait une maîtresse, Myrrhina ;
1 mvlto privs scivi qvam tv illvm omnes
gloriantur perspicacia211, ut «
ac non totis sex mensibus prius olfecissem, quam ille
quicquam fecerit?
207 »212. 2 mvlto privs scivi qvam tv illvm bene
pergit, quia taciturnitas pro confessione accepta est.
1 mvlto privs scivi qvam tv illvm tout le
monde tire gloire de sa perspicacité et comme « ac non totis
mensibus prius olfecissem, quam ille quicquam fecerit ?977 ». 2 mvlto privs scivi
qvam tv illvm c'est bien continuer car le fait de ne rien
dire vaut pour aveu.
uerum id uitium numquam decreui esse
ego adulescentiae;
mais cela je ne l'ai jamais tenu pour
vice, moi, à la jeunesse ;
1 vervm id vitivm nvmqvam decrevi esse hoc
intellegi non potest, nisi uitium bis numero
subaudieris. 2 advlescentiae melius
dixit adulescentiae quam
Pamphili, ut quod in
aetate fuerat, non timeret in genero.
1 vervm id vitivm nvmqvam decrevi esse on ne
peut comprendre ce segment que si l'on sous-entend une deuxième
fois uitium978. 2 advlescentiae il est mieux de dire
adulescentiae que de dire
Pamphili, en sorte qu'il
ne craint pas dans la personne de son gendre ce qui a été le fait
de l'âge979.
nam id omnibus innatum est. at pol
iam aderit se quoque etiam cum oderit1420.
car tout le monde est ainsi, c'est
inné. Mais, nom d'un chien, il y aura un temps où il se haïra.
1 nam id omnibvs innatvm est "amare in
adulescentia". 2 at pol iam aderit se qvoqve etiam
cvm oderit mire senectutem accusat senex, cum et uelocem
ostendit his uerbis et addit se
quoque oderit, quasi dicat: "non solum non amabit, sed
et odio habebit, et non alienas mulieres modo nec cum his uxorem
quoque, sed etiam se ipsum". 3 Plus
ergo illatum quam ratio deposcebat, sed mire ad exprimendum
affectum senis. 4 se qvoqve etiam cvm
o.
oderit
id est: "ut paeniteat eum sui
facti". 5 Et plus dixit se, quam si diceret facta sua.
1 nam id omnibvs innatvm est "aimer quand on
est jeune". 2 at pol iam aderit se qvoqve etiam
cvm oderit de manière étonnante, le vieillard accuse la
vieillesse quand il la montre également pleine de verdeur980 par ces paroles et quand il ajoute
se quoque oderit comme
s'il disait "non seulement il n'aimera pas mais encore il prendra
en haine et non seulement les femmes des autres, et avec elles sa
propre femme, mais aussi lui-même". 3 C'est plus en mettre que ce que demandait la
raison, mais c'est admirablement fait pour exprimer le sentiment
d'un vieillard. 4 se qvoqve etiam cvm
oderit c'est-à-dire : "en sorte qu'il se repente de ce
qu'il a fait" ; 5 et c'est plus de
dire se que "ce qu'il a
fait".
sed ut olim te ostendisti, eadem esse
nil cessauisti usque adhuc
Mais toi, comme tu t'es montrée
d'abord, tu n'as jamais cessé d'être,
sed vt olim hic ostendit cur superiora
dicta sint.
sed vt olim ici il montre pourquoi il a dit
ce qu'il a dit plus haut981.
ut filiam ab eo abduceres neu quod
ego egissem esset ratum.
au point d'éloigner de lui ta fille
sans aucun compte de ce que j'avais fait, moi.
1 vt filiam ab eo abdvceres uehementius
dixit, quam si diceret ut filiam ei
non redderes. 2 ne qvod ego egissem
esset ratvm "quod ab eo abducis, non bona socrus es";
"quod filiam, non bona mater es"; "quod irrita facis, quae ego
gessi, non bona uxor es", inquit.
vt filiam ab eo abdvceres il parle avec
plus de véhémence que s'il disait "pour que tu ne lui rendes pas
ta fille". 2 nev qvod ego egissem esset
ratvm "parce que tu la lui enlèves, tu n'es pas une bonne
belle-mère" ; "parce que c'est ta fille, tu n'es pas une bonne
mère" ; "parce que tu rends vain ce que j'ai fait, tu n'es pas une
bonne épouse", voilà ce qu'il dit.
id nunc res indicium1421
facit quo pacto factum uolueris.
Et maintenant la sitaution montre
bien comment tu voulais que ce soit fait.
1 nvnc res indicivm facit hoc est: "quod
celauisti partum". 2 id nvnc res
quasi dixerit "inde scio". 3 qvo pacto factvm
volveris non solum quod fecit, sed et quod uoluit
obicit. 4 qvo pacto factvm volveris
deest fieri.
1 nvnc res indicivm facit c'est-à-dire : "le
fait que tu as caché la naissance". 2 id nvnc res comme s'il disait "c'est de là
que je le sais". 3 qvo pacto factvm
volveris c'est non seulement ce qu'elle a fait qu'il lui
reproche, mais ce qu'elle a voulu. 4 qvo pacto factvm volveris il manque
fieri (être fait)982.
My.-adeo1422 me esse peruicacem censes,
cui mater siem,
My.-Tu me crois assez obstinée, moi
qui suis sa mère,
1 adeo me esse pervicacem uim agentem
perniciosamque. 2 censes cvi
m.
mater
s.
siem
deest ei uel circa eam. 3 cvi mater siem rursus a uerisimili; an
mater contra filiam faciat?
1 adeo me esse pervicacem une force agissante
et pernicieuse983. 2 censes cvi mater siem il
manque ei (pour elle) ou
si l'on veut circa eam (à
son égard)984. 3 cvi mater siem à nouveau par le
vraisemblable985 ; ou alors la mère
agit-elle contre la fille ?986
ut eo essem animo, si ex usu esset
nostro hoc matrimonium?
pour avoir cette pensée, si ce
mariage servait nos intérêts ?
1 si ex vsv esset hoc
matri.
matrimonivm
callide mulier ex his, quae dixit senex,
defensionem arripit; nam ille sic ait «
negabas posse filiam tuam te pati cum eo, qui
meretricem amaret, qui pernoctaret
f.
foris
208 ». 2 ex vsv nostro id est
"utile", "si pro nostra esset utilitate".
1 si ex vsv esset nostro hoc matrimonivm avec
ruse la femme saisit une occasion de défense dans ce qu'a dit le
vieillard ; de fait il a dit : « nam negabas nuptam posse filiam
tuam te pati cum eo qui meretricem amaret, qui pernoctaret
foris ». 2 ex vsv nostro
c'est-à-dire "utile", "si c'était propre à nous servir".
Ph.-tun prospicere aut iudicare
nostram in rem quod sit potes?
Ph.-Toi, prévoir et juger ce qui sert
nos affaires, tu en es capable ?
1 tvn prospicere a persona. 2 avt ivdicare nostram prospicere futura, iudicare praesentia.
tvn prospicere par la personne987. 2 avt ivdicare nostram prospicere porte sur le futur,
iudicare sur le
présent.
audisti ex aliquo fortasse qui eum
uidisse1423 diceret
Tu as entendu dire par je ne sais
qui, peut-être, qui disait l'avoir vu
1 avdisti ex aliqvo ἠθικῶς satis et
oratorie aliquo, non
sincera213 persona. 2 Bene aliqvo: ademit indicibus
auctoritatem. 3 qvi evm vidisse diceret
non qui uidisset.
1 avdisti ex aliqvo tout à fait dans le type
(ἠθικῶς) du
personnage et de manière oratoire aliquo, "une personne qu'on ne peut
croire". 2 aliqvo est bien dit :
enlève toute autorité à ceux qui ont rapporté ce fait. 3 qvi evm vidisse diceret et non pas "qui
l'avait vu"988.
exeuntem aut introeuntem ad amicam.
quid tum postea?
entrer et sortir de chez sa
maitresse. Et alors, après ?
1 exevntem avt introevntem sic Cicero «
qui in hortis fuerit, qui unguenta sumpserit, qui Baias
uiderit
209 ». 2 avt introevntem σύλλημψις prima, ut
«
in ludum ducere et reducere
». 3 exevntem avt introevntem
σύλλημψις
διανοίας, quia concluditur de sequentibus ad amicam. 4 Et mollis est ἐξουθενισμός criminis de consuetudine:
non enim dixit amplectentem
amicam. 5 qvid tvm
postea τῷ
ἰδιωτισμῷ, quo contemnimus crimina leuiora.
1 exevntem avt introevntem ainsi Cicéron
« qui in hortis fuerit, qui unguenta sumpserit, qui Baias
uiderit » (qui a été dans des jardins, qui s'est parfumé, qui a
visité Baïes)989. 2 avt
introevntem syllepse (σύλλημψις) de la première catégorie,
comme « in ludum ducere et reducere ». 3 exevntem avt introevntem syllepse de pensée
(σύλλημψις
διανοίας), car on tire le complément de ce qui suit « ad
amicam »990, 4 et il y a une
délicate expression de mépris (ἐξουθενισμός991) pour la
faute en raison de son caractère habituel : en effet il ne dit pas
"embrassant sa maîtresse". 5 qvid tvm
postea il y a l'idiotisme (ἰδιωτισμός) par lequel nous marquons
notre mépris pour les fautes assez légères.
si modeste ac raro haec fecit,
nonne1424 dissimulare nos
S'il l'a fait avec modération et
rarement, le cacher, de notre part,
1 si modeste adhibito modo. 2 Vel certe cum pudore ac modestia, ita ut celatum
uoluerit. 3 nonne dissimvlare nos
duobus modis feruntur peccata: uel ignoscendo uel
cohibentia. 4 Modo dissimulare est ignorantiam
fingere.
1 si modeste en gardant la mesure. 2 Ou au moins avec pudeur et modestie, en
sorte qu'il a voulu que cela demeure caché. 3 nonne dissimvlare nos il y a deux manières
de supporter les fautes : soit en les pardonnant soit avec un
châtiment992. 4 Parfois
dissimulare c'est feindre
l'ignorance.
magis humanum est quam dare operam id
scire qui nos oderit?
n'est-ce pas plus humain que de se
donner de la peine pour savoir une chose qui nous rendra odieux à
ses yeux ?
1 magis hvmanvm est bene, quia et illud
humanum214, dissimulare. 2 An magis
dissimulare? an quia et irasci et arguere humanum
est? 3 magis hvmanvm nota pro
humanius Terentiano
more. 4 qvi nos oderit qui unde uel quamobrem. 5 Et recte: nemo dolens, quod non ametur, id
facit, quo magis odio sit.
1 magis hvmanvm bien dit parce que cela aussi
est humain "dissimuler" ; 2 ou bien
est-ce plutôt magis
dissimulare ? Ou alors est-ce parce qu'il est humain
de s'irriter et de chicaner ? 3 magis hvmanvm notez cet emploi pour
humanius à la manière de
Térence993. 4 qvi nos
oderit qui
signifie unde (d'où) ou
quamobrem (pour quelle
raison), 5 et c'est correct :
personne, quand on souffre de n'être pas aimé, ne fait en sorte
d'être plus détesté encore.
nam si is posset ab ea sese derepente
auellere
Car s'il pouvait tout soudain se
séparer d'elle
1 nam si is posset ab ea sese derepente
avellere oratorie215 contentus defendisse Pamphilum hoc ipso illum,
quo accusatus est, laudat. 2 derepente
una pars orationis est.
1 nam si is posset ab ea sese derepente
avellere de manière oratoire, content d'avoir défendu
Pamphile994, il le loue par cela même qui le fait
accuser. 2 derepente une seule
partie du discours995.
quicum tot consuesset annos, non eum
hominem ducerem
avec qui il a cette relation de tant
d'années, ce ne serait pas un homme, à mon sens,
1 qvicvm tot consvesset
a.
annos
laudat ubique eos Terentius, qui consuetudine
uincuntur, ut alibi «
hic paruae consuetudinis causa
210 » et mox «
neque me consuetudo neque amor commoueat
211 ». 2 Ergo ferus, quem longa
consuetudo non commouet. 3 qvicvm tot
non quacum sed quicum, ut a quibus, non a quis. 4 Et consvesset proprie dicitur in
stupro. 5 non evm hominem dvcerem
non solum, inquit, homo non esset, id quod forsitan nihil nostra
intererat, sed quod nobis maximum est, uir stabilis filiae esse
non posset. 6 non evm hominem dvcerem nec virvm
satis firmvm gnatae potest et sic intellegi: "eum216
hominem ducerem, qui consuetudinem longi temporis temere
abrumperet".
1 qvicvm tot consvesset annos Térence loue en
toute circonstance ceux qui sont vaincus par une liaison, comme
ailleurs « hic paruae consuetudinis causa » et peu après « neque
me consuetudo neque amor commoueat »996. 2 Donc c'est un
butor (ferus) celui
qu' une longue relation ne bouleverse pas. 2 qvicvm tot non pas quacum mais quicum, comme on dit a quibus non a quis997. 4 Et consvesset s'applique en propre à une
relation sexuelle. 5 non evm hominem
dvcerem "non seulement, dit-il, ce ne serait pas un homme,
ce qui au fond peut bien ne nous concerner en rien, mais, chose
qui pour nous est d'une importance extrême, il ne pourrait être
pour notre fille un mari stable"998. 6 non evm hominem
dvcerem nec virvm satis firmvm gnatae cela peut se
comprendre ainsi : "je prendrais pour un être humain un homme qui
rompt à la légère une relation durable !".
nec uirum satis firmum gnatae.
My.-mitte adulescentem obsecro
ni un mari assez fiable pour ma
fille. My.-Laisse tomber le garçon, s'il te plaît,
1 nec virvm satis uir modo maritus. 2 nec virvm satis firmvm gnatae quem res
uenereae non mouerent; nam firmum etiam hoc possumus
intellegere ualidum in
officium coitus. sic Horatius «
fortique marito destinet uxorem
212 ». 3 mitte advlescentem
obsecro his uerbis solemus commenticia argumenta
contemnere, ut «
misericordia, animus maternus: sino
213 » et alibi «
'imprudens timuit adulescens': sino 'tu seruus'
214 ». 4 Etenim ille dixerat
«
uerum id uitium numquam decreui esse
adulescentiae
215 »,217
«
adeon peruicaci esse animo, ut puerum praeoptares,
etc.
216 ».
1 nec virvm satis uir a parfois le sens de mari999. 2 nec virvm satis firmvm gnatae "que les
choses de Vénus ne troubleraient pas" ; car nous pouvons aussi
comprendre firmus au sens
de "plein de santé dans l'acte sexuel", ainsi Horace : « fortique
marito destinet uxorem » (et qu'il destine une épouse à un mari
vigoureux)1000. 3 mitte advlescentem obsecro par ces paroles
nous avons coutume de mépriser des arguments artificieux, comme
« misericordia, animus maternus ; sino » (de la pitié, un cœur de
mère ; foutaises !) et ailleurs « 'inprudens timuit adulescens' ;
sino 'tu seruus' ». 4 En effet, il
avait dit lui-même : « uerum id uitium numquam decreui esse ego
adulescentiae » et « adeon peruicaci esse animo ut puerum
praeoptares etc. ».
et quae me peccasse ais. abi, solus
solum conueni,
et ce que tu me reproches. Va-t-en,
seul à seul va le voir,
1 et qvae me peccasse ais abi solvs solvm
conveni recte hoc dicit mulier utpote memor, quid cum
Pamphilo sit locuta. 2 Et solvs solvm ideo, quia metuit, ne orata sua
non seruet Pamphilus et id multi sciant.
1 et qvae me peccasse ais abi solvs solvm
conveni la femme dit cela de façon correcte en tant
qu'elle se souvient de ce dont elle a discuté avec
Pamphile. 2 Et solvs solvm pour la
raison qu'elle craint que Pamphile n'observe pas ce qu'elle l'a
prié de faire et que beaucoup soient mis au courant.
roga uelitne an non uxorem1425 : si est ut dicat uelle se,
demande s'il veut ou non sa femme :
s'il se fait qu'il dise qu'il la veut,
roga velitne an non vxorem uerba, quibus
cum Pamphilo loquatur socer, ne, si aliter agat, res pandatur
genero.
roga velitne vxorem paroles avec lesquelles
le beau-père va s'adresser à Pamphile, de peur que, s'il agissait
autrement, la chose ne soit éventée à son gendre.
redde; sin est autem ut nolit, recte
ego consului meae.
rends-lui ; mais s'il se fait qu'il
ne veut pas, moi, j'ai bien veillé aux intérêts de ma fille.
recte ego consvlvi meae "illum", inquit,
"nolle signum erit me prouidisse filiae".
recte ego consvlvi meae "son refus,
dit-elle, sera le signe que j'ai bien pris soin des intérêts de ma
fille".
Ph.-siquidem ille ipse non uult et tu
sensisti1426 in eo esse, Myrrina,
Ph.-Si d'aventure lui-même il ne veut
pas, et que toi tu as compris qu'il y a là, Myrrhina,
si qvidem ille ipse non vvlt et tv sensisti
esse animaduertendum, quemadmodum omnia, quibus se
defendit Myrrina, in malam partem accipit Phidippus et hinc magis
accusat, unde illa se purgat.
siqvidem ille ipse non vvlt et tv sensisti
il faut faire attention à la manière dont Phidippe prend mal tout
ce que Myrrhina avance pour sa défense et en tire matière à de
plus amples accusations dont elle se justifie1001.
peccatum, aderam cuius consilio
fuerat ea par prospici.
une faute, j'étais là et il aurait
été juste de me consulter pour aviser en cela.
aderam cvivs consilio fverat ea par
prospici non dixit "cuius consilio repudium daretur
Pamphilo". ita ad bonum omnia exitum spectant.
aderam cvivs consilio fverat ea par
prospici il ne dit pas "sur le conseil de qui on
signifierait à Pamphile la rupture", ainsi tout tend à une issue
heureuse.
quam ob rem incendor ira esse ausam
facere haec te iniussu meo.
Voilà pourquoi je brûle de colère :
tu as osé faire cela sans mon ordre.
esse avsam facere haec inivssv meo abducere
filiam, celare partum, exponere puerum.
esse avsam facere haec te inivssv meo
emmener sa fille, cacher la naissance, exposer l'enfant.
interdico, ne extulisse extra aedes
puerum usquam uelis.
Je te l'interdis ! Ne sors pas cet
enfant de la maison, jamais.
1 interdico ne
ex.
extvlisse
inter edico et interdico hoc interest: edicimus quod iubemus fieri,
interdicimus quod uetamus
fieri. 2 Edicimus etiam uni generi hominum,
interdicimus diuersis.
itaque praetoris edicta
et interdicta
dicuntur. 3 interdico separatim
dicendum legendumque, quia interdico
ne uelis non est integrum. 4 interdico ne extvlisse extra aedes id
agitur, ne sub hoc incerto intercipiatur puer et tragoedia fiat ex
comoedia.
1 interdico ne extvlisse voici la différence
entre edico et interdico : nous utilisons
edico pour ce que nous
ordonnons de faire, interdico pour ce que nous
interdisons de faire ; 2 edico pour un seul genre de
personnes, interdico pour
des genres différents ; c'est la raison pour laquelle on parle des
edicta et des interdicta du préteur. 3 interdico doit être dit et lu séparément
car interdico ne uelis ne
constitue pas un énoncé1002. 4 interdico ne extvlisse extra
aedes il s'agit ici d'éviter que, dans l'incertitude
présente, l'enfant ne soit dérobé et que la comédie vire à la
tragédie1003.
sed ego stultior meis dictis parere
hanc qui postulem.
Mais je suis assez bête pour demander
à celle-là d'obéir à mes paroles !
1 meis dictis parere hanc demonstratiue218 et accusatorie dixit quasi tam
contumacem. 2 hanc qvi postvlem quid
est hanc ? utrum
mulierem? an uxorem? an contumacem feminam?
meis dictis parere hanc il dit avec un
déictique et de façon accusatrice comme s'il disait tam contumacem1004. 2 hanc qvi
postvlem qu'est-ce que hanc ? La femme ? L'épouse ? Ou la
femina contumax ?
ibo intro atque edicam seruis ne
quoquam efferri sinant.
Je vais entrer et prescrire aux
esclaves de ne le laisser emporter nulle part.
1 ibo intro atqve edicam servis sibi ipse hoc
dicit τῷ
ἰδιωτισμῷ. 2 edicam servis ne
qvoqvam efferri sinant et hoc recte poeta, quia ui opus
est, ne compleat Myrrina, quod promisit de exponendo puero; ait
enim «
de219 continuo
exponetur
217 ».
1 ibo intro atqve edicam servis il se parle à
lui même, c'est un idiotisme (ἰδιωτισμός)1005. 2 edicam servis neqvoqvam ecferri
sinant et le poète dit cela correctement parce qu'il faut
user de force pour éviter que Myrrhina ne mène à bien ce qu'elle a
promis de faire : exposer l'enfant ; elle a dit en effet « de
continuo exponetur ».
My.-nullam pol credo mulierem me
miseriorem uiuere:
My.-Non, nom d'un chien, aucune
femme, je crois n'a une vie plus malheureuse que moi :
nam ut hic laturus hoc sit, si ipsam
rem ut siet resciuerit,
de fait, comment lui va le supporter,
s'il apprend ce qu'il en est en réalité,
1 nam vt hic latvrvs hoc sit si ipsam hic
ostenditur causa, cur perpetuo celandum sit senibus uitium
uirginis. 2 nam vt hic latvrvs hoc
sit quantum iracundiae habiturus sit, quantum furoris: hoc
enim significat ut. et
simul poeta, quod alibi obscure facit, hic aperte demonstrat, quod
periculum sit in fabula, nisi καταστροφή succurrat.
1 nam vt hic latvrvs hoc sit si ipsam on
montre ici la raison pour laquelle il faut continuer à cacher aux
vieillards la faute de la jeune fille. 2 nam vt hic latvrvs hoc sit quelle colère il
aura, quelle fureur : c'est cela que signifie ut et, en même temps, le poète
montre ici clairement ce qu'il a auparavant suggéré à mots
couverts, quel danger il y a dans cette pièce à moins que le
dénouement (καταστροφή) ne vienne au secours des
personnages.
non edepol clam me est, cum hoc quod
leuius est tam animo irato tulit;
nom d'un chien, je ne le vois que
trop, quand pour ce qui est le moins grave, il se met dans une
telle colère ;
non clam me est hoc est "scio".
non clam me est c'est-à-dire "je sais"1006.
nec qua uia sententia eius possit
mutari scio.
et par quel biais changer sa
décision, je ne le sais pas.
1 nec qva via sententia eivs "nescio, quomodo
ex iracundo placidus fiat". 2 sententia eivs
possit mvtari scio de puero non exponendo.
nec qva via sententia eivs "je ne sais
comment l'apaiser dans sa colère". 2 sententia eivs possit mvtari scio à propos
de l'exposition de l'enfant.
hoc mihi unum1427 ex plurimis miseriis reliquum fuerat
malum,
Voilà que de toutes mes misères il ne
me restait plus que cet ultime malheur :
1 hoc mihi vnvm ex plvrimis miseriis "hoc
adhuc", inquit, "malum non mihi euenerat, cum euenerint
multa". 2 Et uide an quasi cum gemitu et
percontatiue pronuntiandum sit; etenim si obscuram locutionem facit,
nisi forte cum uel
quod significat.
quod si accipimus, possumus et nos interrogatiue
pronuntiare. 3 hoc mihi vnvm ex
plvrimis miseriis
r.
reliqvvm
f.
fverat
malvm ex omnibus malis reliquum cum dicat, maximum malum
significat; nam non mediocre est, quod omnium miseriarum est
ultimum et inter multa mala reliquum.
1 hoc mi vnam ex plvrimis miseriis "jusque
là", dit-elle, "il ne m'était pas arrivé malheur à moi, alors
qu'il en était arrivé beaucoup", 2 et voyez s'il faut prononcer cela avec un
gémissement et de manière interrogative : en effet si rend l'expression obscure, à
moins que cela signifie cum ou encore quod. Si nous le comprenons ainsi,
nous pouvons aussi prononcer cela de manière interrogative1007. 3 hoc mi vnam ex plvrimis miseriis reliqvvm fverat
malvm parmi tous les maux quand elle dit reliquum elle veut dire le malheur
le plus grand, de fait ce n'est pas un malheur ordinaire « le plus
extrême de toutes les misères » et « celui qui reste entre de
nombreux maux ».
si puerum ut tollam cogit, cuius nos
qui sit nescimus pater.
qu'il contraigne à reconnaître un
enfant dont nous ne savons pas qui est le père.
si pvervm vt tollam cogit recte tollam: quaestio unde sit.
si pvervm vt tollam cogit tollam est correct, la question est
"d'où sort-il ?"1008.
nam cum compressa est gnata, forma in
tenebris nosci non quita est,
De fait quand ma fille a été violée,
la forme dans les ténèbres elle n'a pas pu la reconnaître,
forma in tenebris nosci non qvita est ab
actiuo queo passiuum
facit queor et inde
participium quita est.
sed antique dixit.
forma in tenebris nosci non qvita est à
partir de l'actif queo on
forme le passif queor et
de là le participe quita
est ; mais c'est parler de façon archaïque.
neque detractum ei tum quicquam est
qui posset post nosci qui siet;
et elle ne lui a pas enlevé quelque
chose avec quoi elle puisse reconnaître qui c'est ;
neqve detractvm solet enim fieri.
neqve detractvm car cela arrive
habituellement1009.
ipse eripuit ui, in digito quem
habuit, uirgini abiens anulum.
c'est lui qui a arraché avec violence
en partant à la jeune fille l'anneau qu'elle avait au doigt.
1 ipse eripvit vi in digito hic ad exitum
spectat παρασκευή, quia per anulum fiet
cognitio. 2 ipse eripvit vi in digito
"e contrario", inquit, "factum est, ipsa ut non eriperet, sed ipsi
eriperetur".
1 ipse eripvit vi in digito cela vise au
dénouement, c'est une préparation (παρασκευή) car c'est par cet anneau que
se fera la reconnaissance. 2 ipse eripvit vi in
digito "au contraire, dit-elle, ce n'est pas elle qui lui
a enlevé quelque chose c'est à elle que l'on a enlevé quelque
chose"1010.
simul uereor Pamphilum ne orata
nostra nequeat diutius
En même temps, j'ai peur que
Pamphile, ce que nous lui avons demandé, il ne puisse plus
longtemps
simvl vereor pamphilvm ne orata nostra
scilicet "si sustulimus cogente sene eum puerum, quem exposituiri
Pamphilo paulo ante promisi".
simvl vereor pamphilvm ne orata nostra
implicitement "si, sous la contrainte du vieillard, nous
reconnaissons l'enfant que j'ai promis peu auparavant à Pamphile
d'exposer".
celare, cum sciet alienum puerum
tolli pro suo.
le cacher, quand il saura que c'est
l'enfant d'un autre qu'on élève pour le sien.
cvm sciet alienvm pvervm tolli pro svo non
solum, inquit, tolli
aegre feret alienum,
uerum etiam pro
suo.
cvm sciet alienvm pvervm tolli pro svo "non
seulement", dit-elle, "il supportera mal 'que soit reconnu' 'celui
d'un autre' mais aussi qu'on le tienne 'pour le sien'".
scaena altera
Sostrata Pamphilus (Laches)
577 | 578 | 579 | 580 | 581 | 582 | 583 | 584 | 585 | 586 | 587 | 588 | 589 | 590 | 591 | 592 | 593 | 594 | 595 | 596 | 597 | 598 | 599 | 600 | 601 | 602 | 603 | 604 | 605 | 606
So.-non clam me est, gnate mi, tibi
me esse suspectam, uxorem tuam
So.-Il ne m'est pas secret, mon fils,
que tu soupçonnes que ta femme
1 non clam me est in hac scaena uelut
qualitas negotialis in disputationem uenit, iustumne sit repudiari
coniugem causa matris, et omnino220 quod fieri deceat. 2 non clam me est gnate mi bono ordine a
purgatione sui incipit mater abitura, ne quod discedit iracundiae
uideatur. 3 tibi me esse svspectam id
est: "in suspicione me tibi esse". 4 vxorem tvam blandius uxorem significauit, quam si diceret
Philumenam.
1 non clam me est dans cette scène, vient en
discussion une question de qualification pour ainsi dire
matérielle : est-il juste de répudier une épouse pour satisfaire
une mère et en général ce qu'il convient de faire1011. 2 non clam me est
gnate mi dans un ordre bien venu, la mère qui va s'en
aller commence par se justifier, afin qu'on ne puisse mettre sur
le compte de la colère le fait qu'elle se retire. 3 tibi me esse svspectam c'est-à-dire : "que
je sois pour toi un objet de soupçon". 4 vxorem tvam il y a plus de douceur dans le
sens d'uxorem que si elle
avait dit Philumène1012.
propter meos mores hinc abisse, etsi
ea dissimulas sedulo.
c'est à cause de mes façons qu'elle
est partie d'ici, même si tu fais tout pour le cacher.
1 Et mores proprie senum dicuntur, unde senectus
morosa et morosi homines, qui sui cuiusdam
moris sunt. 2 etsi ea dissimvlas sedvlo
ea id est quae scio. 3 Et ea pro eam
rem. sed absolute occurrit supra latae sententiae et
genere neutro. 4 Et est ordo: "etsi ea dissimulas sedulo,
<non clam me est>"221.
1 Et
mores
s'applique au sens propre pour des vieillards, d'où l'on dit que
la vieillesse est morosa
(morose) et que sont morosi (moroses) les gens qui n'en
font que selon leur habitude1013. 2 etsi ea dissimvlas sedvlo
ea c'est-à-dire "ce que
je sais". 3 Et ea est mis pour
eam rem (cette chose),
mais se rencontre de manière absolue pour renvoyer à une phrase
placée avant, et est du genre neutre ; et l'ordre est : "etsi ea
dissimulas sedulo <non clam me est>".
uerum ita me di ament itaque
obtingant ex te quae exoptem mihi ut
Mais plaise au ciel qu'il me donne ce
que je te demande pour moi :
1 vervm ita me di ament itaqve obtingant
coniectura, quae soluitur iureiurando. 2 itaqve obtingant ex te perseueranter ita
rem probat Pamphilo, ut blanda sit. 3 itaqve duae partes orationis.
1 vervm ita me di ament itaqve obtingant
conjecture qui se trouve résolue par le serment1014. 2 itaqve obtingant ex
te c'est ainsi qu'elle fait la démonstration à Pamphile de
sa gentillesse. 3 itaqve deux
parties du discours1015.
numquam sciens commerui merito ut
caperet odium illam mei.
je n'ai jamais fait exprès de mériter
qu'elle conçoive de la haine contre moi.
1 nvmqvam sciens commervi bona exceptio, quia
possumus inscienter aliquem laedere, quae res ad ueniam
pertinet. 2 nvmqvam sciens
commervi222 hic est ordo iuris iurandi, ut cum praeposuerit
ita, sequatur ut. Cicero «
ita mihi uelim deos propitios, ut cum illius temporis
mihi uenit in mentem
218 ». 3 merito vt caperet odivm
bene dixit merito, nam
immerito ut quis nos non
oderit, non est in nostra manu. 4 Haec exceptio est. Plautus in Trinummo «
quin dicant, non est: merito ut ne dicant, id
est
219 ». 5 merito vt caperet odivm
ibi est enim culpa sine merito.
1 nvmqvam sciens commervi bonne exception car
nous pouvons sans le savoir blesser quelqu'un, chose qui relève de
la demande de pardon. 2 nvmqvam sciens
commervi c'est bien l'ordre du serment : on met ita puis ut ; Cicéron : « ita mihi deos uelim
propitios ut, cum illius mihi temporis uenit in mentem » (je
voudrais que les dieux me soient propices quand me vient à
l'esprit ce moment)1016. 3 merito vt caperet odivm merito est bien dit, de fait que
quelqu'un ne nous haïsse pas sans raison (immerito) n'est pas en notre
pouvoir. 4 C'est une exception ;
Plaute dans le Trinummus : « quin dicant non est :
merito ut ne dicant id est » (les empêcher de parler, impossible ;
faire en sorte qu'ils ne parlent pas à bon droit, ça c'est
possible). 4 merito vt caperet odivm
c'est là en effet qu'est la faute imméritée1017.
teque ante quam1428 me amare rebar, ei rei
firmasti fidem;
Et ce que je croyais, que tu l'aimais
plus que moi, tu l'as confirmé ;
1 teqve ante qvam me
am.
amare
deest tam, ut sit ordo: "et quam te me
amare rebar, tam firmasti fidem ei rei". 2 teqve ante qvam me amare rebar ordo et
sensus hic est: "et quod ante rebar, ei223 firmasti fidem, neque me fefellit, quod ante
rebar te me amare; nam ei rei hodie firmasti fidem", id est
"probationem attulisti".
1 teqve ante qvam me amare il manque
tam pour avoir l'ordre :
"et quam te me amare rebar, tam firmasti fidem ei rei"1018. 2 teqve ante qvam me amare rebar l'ordre et
le sens sont ici : "et quant au fait que je pensais que tu
m'aimais, tu m'en as donné de plus amples assurances et il ne
m'échappe pas que je pensais que tu m'aimais : de fait tu m'en as
donné de plus amples assurances", c'est-à-dire, "tu en as apporté
la preuve".
nam mihi1429 intus tuus pater narrauit modo
quo pacto me habueris
mais à l'intérieur ton père m'a
raconté comment tu m'as considérée
1 nam mihi intvs tvvs pater dixit enim supra
«
atque in eam hoc omne, quod mihi aegre est,
euomam
220 »; potuit enim euomendo narrasse, quod matrem filius
praeposuisset uxori. 2 tvvs pater
familiarius quam si diceret Laches.
1 nam mi intvs tvvs pater il a dit en effet
plus haut : « atque in eam hoc omne quod mihi aegre est evomam » ;
il a pu en effet en vomissant sa colère raconter que son fils
préférait sa mère à sa femme. 2 tvvs pater c'est plus familier que si elle
disait Lachès1019.
praepositam amori tuo: nunc tibi me
certum est contra gratiam
plus importante que ton amour :
maintenant c'est à toi que j'ai décidé de rendre
1 praepositam amori tvo plus dixit amori tuo quam si uxori tuae diceret. 2 nvnc tibi me certvm est contra gratiam a
iusto. 3 contra nunc uicissim.
1 praepositam amori tvo plus fort que si elle
disait "ton épouse"1020. 2 nvnc tibi me certvm est contra gratiam
argument par le juste. 3 contra ici
équivaut à uicissim (à
son tour).
referre ut apud me praemium esse
positum pietati scias.
la pareille, pour que tu saches que
tu trouves en moi la récompense de ton affection.
1 vt apvd me praemivm esse positvm laborat
mulier, ne, quod dictura est, odio aut dolore aut certe ira facere
uideatur. 2 praemivm esse positvm sic
Vergilius «
sunt hic sua praemia laudi
221 ».
1 referre vt apvd me praemivm esse positvm la
femme souffre à l'idée que ce qu'elle va dire paraisse le fait de
la haine, de la douleur ou de la colère. 2 praemivm esse positvm ainsi Virgile « sunt
hic sua praemia laudi » (il y a là aussi les récompenses de sa
gloire).
mi Pamphile, hoc et uobis et meae
commodum famae arbitror:
Mon cher Pamphile, voici ce que je
crois avantageux pour vous et pour ma réputation:
1 mi pamphile hoc et vobis et meae commodvm
rem duram dictura uide quantis praeblanditur uerbis remque
praemollit! 2 hoc et vobis et meae ab
honesto. 3 mi pamphile hoc et vobis et
meae principium hoc aliquid precantis est feminae. a
blandimento ergo incipit, ut libenter audiat.
1 mi pamphile hoc et vobis et meae commodvm
comme elle va dire quelque chose de difficile à entendre, voyez
avec quelles paroles elle commence par flatter et
adoucir. 2 hoc et vobis et meae
argument par l'honnête. 3 mi pamphile hoc et
vobis et meae il s'agit du début d'une femme qui adresse
une prière ; elle commence donc par une flatterie pour qu'on
l'écoute volontiers.
ego rus abituram hinc cum tuo me esse
certo decreui patre,
j'ai décidé de manière ferme de
partir d'ici pour la campagne avec ton père,
1 ego rvs abitvram hinc cvm tvo decrevi
patre224 certo dixit, ne sit dissuadendi
locus. 2 certo decrevi ad hoc
addit certo decreui, ut
non audeat dissuadere filius.
1 ego rvs abitvram hinc cvm tvo decrevi patre
elle dit certo afin qu'il
n'y ait pas lieu de la dissuader. 2 certo decrevi elle ajoute certo afin que son fils n'ose pas la
dissuader1021.
ne mea praesentia obstet neu causa
ulla restet relicua
pour que ma présence ne gêne plus et
qu'il ne reste plus de raison
1 ne mea praesentia non dixit iam culpa sed praesentia. 2 ne mea praesentia ab utili.
1 ne mea praesentia elle ne dit plus "faute",
mais "présence"1022. 2 ne mea praesentia argument par l'utile.
quin tua Philumena ad te redeat.
Pam.-quaeso quid istuc consili est?
pour que ta Philumène ne revienne pas
à toi. Pam.-Quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette décision ?
qvid istvc consili est bene, quia illa
decreui dixerat.
qvid istvc consili est bien car elle avait
dit decreui.
illius stultitia uicta ex urbe tu rus
habitatum migres?
Vaincue par sa sottise, loin de la
ville, à la campagne, c'est toi qui t'en vas habiter ?
1 illivs a persona; stvltitia a causa; victa non
enim uolens; ex vrbe a loco; tv a persona; habitatvm a
facto. 2 illivs stvltitia uide,
quam oratorie omnia congesserit: a personis, a causis, a locis, a
factis. 3 illivs stvltitia ab
utili. 4 Mire autem et rus225 ex urbe et habitatum dixit.
1 illivs argument par la personne, stvltitia
argument par la cause, victa sans le vouloir en effet, ex vrbe
argument par le lieu, tv argument par la personne, habitatvm
argument par le fait. 2 illivs
stvltitia voyez avec quelle adresse oratoire il a tout mis
ensemble, les arguments par les personnes, les causes, les lieux,
les faits. 3 illivs stvltitia argument
par l'utile. 4 De manière étonnante,
il dit à la fois rus,
ex urbe et habitatum1023.
non1430 facies, neque sinam ut qui
nobis, mater, maledictum uelit,
Non tu ne le feras pas, je ne
permettrai pas, mère, que qui veut médire de nous
1 vt qvi nobis mater maledictvm velit ab
honesto. 2 non facies neqve sinam
primo non facies, deinde
"si facere perseueraueris", non
sinam. 3 Et non facies non est interdicentis, sed quasi
dicat: "non te scio facturam rem tam prauam". sunt autem qui
neque sinam iungant
inferioribus, sunt qui totum contexte legant non facies usque modestia.
1 vt qvi nobis mater male dictvm velit
argument par l'honnête. 2 non facies neqve
sinam d'abord "tu ne le feras pas", et au cas où tu
persistes, "je ne te laisserai pas faire". 3 Et non facies n'est pas l'expression d'une
interdiction ; c'est comme s'il disait "je sais que tu ne feras
pas une chose aussi malheureuse"1024 ; il y a
des gens pour construire neque
sinam avec ce qui suit, d'autres pour lire comme une
seule proposition de non
facies à modestia1025 .
mea pertinacia esse dicat factum,
haud tua modestia.
dise que c'est le fait de mon
entêtement, et non de ta modération.
mea pertinacia esse dicat factvm bene
retinet, cum uult sua interesse, ne fiat.
mea pertinacia esse dicat factvm il fait
bien de la retenir quand il veut qu'il en aille de son intérêt que
cela n'arrive pas1026.
tum tuas amicas1431 et cognatas deserere et festos
dies
Et puis, tes amies, tes parentes, que
tu les abandonnes, et les fêtes,
tvm tvas amicas et cognatas deserere226
in dissuadendo miscuit et honestatem et utilitatem.
tvm tvas amicas et cognatas deserere dans
sa dissuasion, il met ensemble ce qui relève de l'honnête et ce
qui relève de l'utile1027.
mea causa nolo. So.-nil pol iam
istaec mihi res uoluptatis ferunt:
à cause de moi ! Non je ne veux pas.
So.-Nom d'un chien, ces choses ne me donnent plus de plaisir:
1 mea cavsa nolo non est superbum nolo, sed consuetudine
dicitur. 2 nihil pol istaec res mihi
contra omnia. et ab ultimis incipit. 3 istaec res «
amicae
222 », «
cognatae
223 », «
dies festi
224 ».
mea cavsa nolo ce nolo n'est pas orgueilleux, il n'est
que selon l'usage courant1028. 2 nihil pol istaec res
mihi elle contre tout l'argumentaire en commençant par la
fin1029. 3 istaec res
les « amies », les « parentes », les « jours de fête ».
dum aetatis tempus tulit, perfuncta
satis sum: satias iam tenet
tant que l'âge le permettait, j'en ai
eu tout mon saoûl : maintenant j'en ai assez
1 dvm aetatis tempvs tvlit tulit pro passum est, permisit: et in bonis enim et in
malis tulit
dicitur. 2 dvm aetatis tempvs tvlit
perfvncta satis svm satias iam me tenet "si", inquit,
"meae uoluptatis causa exercenda sunt, iam non delectant; si
officii ac religionis, iam non possum, quae sim anus". 3 Necessaria diuisio, quia ille et religionem
incusserat festorum dierum. 4 dvm aetatis
"non", inquit, "reprehendar, quae, cum potuerim, perfuncta satis
sum". sic Vergilius «
sat patriae Priamoque datum
225 ». 5 satias iam tenet nimis
materne atque aniliter.
1 dvm aetatis tempvs tvlit, tulit pour "l'a toléré", "l'a
permis". En effet cela se dit à la fois en bonne et en mauvaise
part. 2 dvm aetatis tempvs tvlit
perfvncta satis svm satias iam tenet "si, dit-elle, ces
activités doivent être faites pour mon plaisir, elle n'ont plus de
charme pour moi ; si elles relèvent du devoir et de la religion,
je ne peux plus les accomplir car je suis une vieille
femme". 3 Division indispensable,
car Pamphile avait aussi insisté sur le respect religieux dû aux
jours de fête1030. 4 dvm aetatis
"non, dit-elle, je ne subirai aucun reproche, car, tant que j'ai
pu le faire, je m'en suis suffisamment acquittée", ainsi Virgile :
« sat patriae Priamoque datum » (suffisamment donné à la patrie et
à Priam). 5 satias iam tenet
excessivement maternel et propre à une vieille femme1031.
studiorum istorum. haec mihi nunc
cura est maxima ut ne cui meae1432
de toutes ces activités. Maintenant
ce qui me soucie le plus est qu'à personne
1 haec mihi nvnc cvra est maxima hoc nimis
serio pronuntiandum. 2 Et ne
cui maluit quam ne
tibi dicere. 3 vt ne cvi meae
longinqvitas aetatis obstet hoc ad nurum, exspectationem
ad filium refert. hinc enim odio digni parentes exspectati appellantur.
1 haec mihi nvnc cvra est maxima il faut
prononcer cela de manière extrêmement grave. 2 Et elle a préféré dire ne cui que ne tibi1032. 3 vt ne cvi mea
longinqvitas aetatis obstet elle rapporte cela à sa
belle-fille, l'attente à son fils. C'est de là en effet que l'on
nomme exspectati les
parents qui méritent la haine1033.
longinquitas aetatis obstet mortemue
exspectet meam.
la longueur de ma vie ne fasse
obstacle et que personne n'espère ma mort.
longinqvitas aetatis obstet mortemve exspectet
meam cum sedulo agat socrus, ne quid per iracundiam
statuisse uideatur, uide tamen, ut intermisceatur indignatio et
multa dolore deprompta sint: quod poeta non inuitus facit ad mores
exprimendos personasque reddendas.
longinqvitas aetatis obstet mortemve exspectet
meam alors que la belle-mère prend bien soin que rien ne
semble avoir été décidé sous le coup de la colère, voyez cependant
comme s'y mêle de l'indignation et que beaucoup de ses paroles
viennent de sa douleur : le poète l'a fait exprès pour traduire
les caractères et bien rendre les personnages.
hic uideo me esse inuisam inmerito:
tempus est1433 concedere.
Ici je vois qu'on me hait, à tort: il
est temps de céder la place.
1 hic video me esse invisam quia rus decreuit
pergere, non quasi nurum sed locum227. 2 Et mire invisam et non addidit
cui, sed dixit tempus est
concedere: "quia anus sum"? an "quia nurus in
domo"?
hic video me esse invisam car elle a décidé
d'aller à la campagne en prétextant non de sa belle-fille, mais du
lieu1034. 2 Et invisam est
étonnant et elle n'ajoute pas aux yeux de qui et dit tempus est concedere : "parce que je
suis une vieille femme" ou "parce que ma belle-fille est dans la
maison" ?
sic optime, ut ego opinor, omnes
causas praecidam omnibus:
C'est ainsi que je réussirai le
mieux, je crois, à couper à tout le monde l'herbe sous le
pied :
1 omnes cavsas
p.
praecidam
o.
omnibvs
bene omnibus, ne specialiter nurui dixisset. 2 Et generaliter dixit.
1 omnes cavsas praecidam omnibvs c'est bien
de dire omnibus pour ne
pas dire spécialement "à ma belle-fille". 2 Et c'est s'exprimer de manière générale.
et me hac suspicione exsoluam et
illis morem gessero.
moi, je me libèrerai de ce soupçon,
et eux je les aurai laissé faire à leur façon.
1 et illis morem gessero mire illis, non nurui. 2 Et morem gessero acriter dictum, ut ostendat
hoc illos olim uoluisse, ut expelleretur domo. 3 Vt si dicas inimicum tibi morem gessisse, quod se
suspenderit.
1 et illis morem gessero étonnant de dire
illis et non "ma
belle-fille". 2 Et morem
gessero est dit avec amertume, pour montrer qu'ils ont
voulu depuis longtemps la chasser de la maison. 3 Comme si l'on disait que notre ennemi a accédé à
nos quatre volontés en se pendant.
sine me obsecro hoc effugere uulgus
quod male audit mulierum.
Laisse-moi, s'il te plaît, fuir cette
populace qui a mauvaise opinion des femmes.
1 sese me obsecro hoc effvgere vvlgvs quia
dixerat maritus eius «
omnes socrus oderunt nurus
226 ». 2 sine me obsecro hoc
effvgere potentissimum est ad extorquendum aliquod
argumentum, cum his, quibus cari esse debemus, nostra potius causa
quam illorum dicimus uelle nos aut nolle quod facimus: nam et
Pamphilus supra sic dixit «
non facies neque sinam
227 » etc. 3 qvod male
avdit supra228. ab honesto.
1 sine me obsecro hoc effvgere vvlgvs parce
que son mari avait dit « omnes socrus oderunt nurus »1035. 2 sine me obsecro hoc effvgere argument
extrêmement puissant pour arracher quelque chose à quelqu'un,
quand, à ceux à qui nous devons être chers, nous disons que c'est
pour nous et non pour eux que nous voulons ou ne voulons pas ce
que nous faisons. De fait Pamphile aussi a dit plus haut : « non
facies, neque sinam ». 3 qvod male
avdit comme plus haut, argument par l'honnête.
Pam.-quam fortunatus ceteris sum
rebus, absque una hac foret,
Pam.-Que je suis heureux en tout le
reste, s'il n'y avait ce seul point :
1 absqve vna hac foret absque extra, ut sit aduerbium magis
quam praepositio. 2 Et vna
res
subaudienda. 3 Et totum ἐν ὑποκρίσει statimque iungendum «
hanc matrem habens talem, illam229
uxorem
228 ». 4 Vel certe absque foret pro abesset. alii hac de uxore dici putant, ut sit
absque praepositio.
1 absqve vna hac foret absque équivaut à extra (en outre) en sorte que c'est
plutôt un adverbe qu'une préposition. 2 Et vna il faut sous entendre res avec una1036 ; 3 et tout est dans
son rôle (ἐν
ὑποκρίσει) et il faut dire sans pause « hanc matrem
habens talem illam uxorem »1037. 4 Ou au moins absque
foret vaut pour abesset ; d'autres comprennent que
hac désigne l'épouse,
faisant ainsi de absque
une préposition.
hanc matrem habens talem, illam autem
uxorem! So.-obsecro, mi Pamphile,
avoir une mère comme celle-ci, une
femme comme celle-là ! So.-Je t'en supplie, mon cher Pamphile,
non tute incommodam rem, ut quaeque
est, in animum inducas1434 pati?
ne va pas te mettre, pour quelque
raison que ce soit, martel en tête !
non tvte incommodam rem vt qvaeqve est in animvm
indvcas pati Horatius «
durum, sed melius230 fit patientia, quicquid corrigere est
nefas
229 ».
non tvte incommodam rem vt qvaeqve est in animvm
indvces pati Horace « durum : sed melius fit patientia
quicquid corrigere est nefas » (c'est dur, mais la patience rend
meilleur ce qu'il n'est pas permis de corriger)1038.
Si tout le reste va comme tu veux et
elle comme je crois qu'elle est,
1 si cetera ita svnt bene cetera: "absque uno quodam et
differenti". 2 itaqve vt esse illam
existimo231 quia potuit dici
ei "o socrus, ergo dubitas de integritate nurus tuae?", addidit
itaque ut ego illam esse
existimo.
1 si cetera ita svnt cetera est bien dit : "hormis une
seule chose qui est différente". 2 itaqve vt esse illam existimo parce qu'on
aurait pu lui dire "belle-mère, tu doutes donc de l'intégrité de
ta belle-fille ?", elle ajoute itaque
ut ego illam esse existimo1039.
mi gnate, da ueniam hanc mihi, reduc
illam. Pam.-uae misero mihi!
mon fils, fais-moi cette grâce,
reprends-la. Pam.-Malheur ! Infortuné que je suis !
1 da veniam hanc mihi redvc
il.
illam
mihi:
"propter quam putas non reducendam". 2 vae misero mihi nec negat nec promittit,
sed ingemescit, utpote qui penitus dolore commotus aestum animi
dissimulare iam non potest. 3 vae misero
mihi nihil potuit pro rerum qualitate respondere nisi ut
ingemesceret Pamphilus.
1 da veniam hanc mihi redvc illam mihi "celle à cause de qui tu penses
qu'il ne faut pas la reprendre". 2 vae misero mihi il ne refuse ni ne promet
mais il gémit, en homme totalement bouleversé par la douleur, qui
ne peut plus dissimuler ce qui bouillonne dans son cœur. 3 vae misero mihi Pamphile n'a rien pu
répondre qui puisse correspondre à la nature de la situation,
sinon gémir.
So.-et mihi quidem; nam haec res non
minus me male habet quam te, gnate mi.
So.-Et moi donc ; car cela ne me fait
pas moins de mal qu'à toi, mon fils.
et mihi qvidem οὐκ ὀρθῶς: quid enim et mihi? an ei232? multa sic in usu nostro sunt.
et mihi qvidem ce n'est pas correct
(οὐκ ὀρθῶς).
Que signifie en effet et
mihi, faut-il lire ei
mihi ? Beaucoup d'expressions de ce genre sont passées
dans notre usage1040.
scaena tertia
Sostrata Pamphilus Laches
La.-quem cum istoc sermonem habueris
procul hinc stans accepi, uxor.
La.-La conversation que tu as eue
avec ce garçon, je l'ai entendue en me tenant à l'écart, mon
épouse.
1 qvem cvm istoc sermonem habveris in hoc
colloquio reconciliatio senum est post iurgium mixta disputatione
Pamphili de non reducenda uxore. 2 procvl procul nunc prope. 3 procvl hinc stans accepi vxor accepi audiui. 4 Et modo uxor, ante mulier est et de
uxore «
di mala prohibeant
230 ».
1 qvem cvm istoc sermonem habveris dans cette
conversation, il y a la réconciliation des vieillards après une
querelle à laquelle se mêle une discussion de Pamphile concernant
le fait de ne pas reprendre son épouse. 2 procvl procul signifie ici prope (à côté)1041. 3 procvl hinc stans
accepi vxor accepi mis pour audiui (j'ai entendu). 4 Et maintenant elle est uxor, auparavant mulier1042 et à propos de l'épouse « di mala
prohibeant ».
istuc est sapere, qui ubicumque opus
sit animum possis flectere;
Voilà qui est sage, de pouvoir, dès
que de besoin, fléchir sa volonté
1 istvc est sapere τό istuc exceptiue dictum, quasi cetera
stulte fecerit. et simul stomachum retinet, quo reprehenderat
cetera. 2 qvi vbicvmqve opvs sit
qui pro ****233, interdum abundat. 3 animvm possit flectere modo non alienum
animum sed suum flectere. 4 Et unde flectere? a iurgio ad modestiam et
ad concessionem ex domo. 5 animvm
flectere ad hoc flectere
animum dixit, ut ostenderet ne nunc quidem purgatam
apud se Sostratam de praeterita culpa.
1 istvc est sapere le (τό) istuc est dit par exception, comme
si elle avait fait tout le reste de manière stupide, et en même
temps il retient la colère qui lui avait fait reprocher tout le
reste. 2 qvi vbicvmqve opvs sit
qui mis pour ***** est
parfois pléonastique1043. 3 animvm possit flectere parfois ce n'est pas
fléchir le cœur d'un autre, mais son propre cœur. 4 Et d'où flectere ? De la querelle à la
modération et à faire une concession en partant de la
maison. 5 animvm flectere il dit
flectere animum pour
montrer qu'à ses yeux Sostrata n'est pas encore lavée de sa faute
passée.
quod faciundum sit fortasse post1437, idem hoc nunc si
feceris.
et, ce que tu serais peut-être
obligée de faire plus tard, de le faire dès maintenant.
1 qvod facivndvm sit post haec etiam
sententia uideri potest generalis. 2 Et deest ad
id, ut sit: "flectere ad id quod faciendum". 3 Potest et absolute accipi quod pro quae res facienda sit. 4 qvod post faciendvm faciendum id est concedendum. et uim necessitatis hoc
uerbum exprimit.
1 qvod facivndvm sit post cette maxime aussi
peut sembler avoir une valeur générale. 2 Et il manque ad
id pour avoir "flectere ad id quod
faciendum". 3 On peut aussi
comprendre quod
absolument pour "la chose qui doit être faite"1044. 4 qvod post faciendvm
sit 1045 faciendum c'est-à-dire "que l'on
doit concéder", et ce verbe exprime un sens de nécessité
impérieuse1046.
So.-fors fuat pol. La.-abi rus ergo
hinc: ibi ego te et tu me feres.
So.-Ainsi soit-il, nom d'un chien.
La.-Pars donc d'ici pour la campagne : là tu me supporteras et je
te supporterai.
1 fors fvat pol "fortuna faueat". 2 Quasi τῷ εὐφημισμῷ aduersum triste dictum usa
est; nam fors bona
fortuna est. 3 Et fvat sit significat: dixerat enim ille
«
quod faciendum sit post fortasse
231 ». 4 fors fvat pol id est:
"bona eueniat", quasi τῷ
εὐφημισμῷ dicat: "bona dicito potius". 5 An: "bona fortuna sit per Pollucem"? 6 abi rvs234 hortantis est ad
celeritatem, ut Vergilius « ergo age, care pater, c. i.
n. ». 7 ibi ego te et tv me235 non dixit "ibi nos inuicem delectabimus", sed
quia senex atque anus est, ego
te et tu me feres dixit. et simul quia nuper
incusauerat mores senum, ad se uocare uult causam abscessionis
suae, non ad filii culpam aut nurus. 8 ibi ego te et tv me feres aut "quia noti
inter nos sunt mores nostri" aut "quia utrique una aetas
est". 9 Et sic pronuntia, ut quasi hoc ipsum
necessitate decernat senex, cum dicit abi rus ergo hinc. 10 ibi ego te et tv me feres ipsa pronuntiatio
querelam continet de filiis et senectutis236.
1 fors fvat pol "que la fortune
favorise". 2 L'expression est pour
ainsi dire utilisée par euphémisme (τῷ εὐφημισμῷ) pour contrer une parole
funeste. Car fors
désigne la bonne fortune. 3 Et
fvat
signifie sit1047, il avait dit en effet « quod faciendum sit
post fortasse ». 4 fors fvat
pol c'est-à-dire "que ce soit la bonne fortune qui sorte",
comme si elle disait par euphémisme (τῷ εὐφημισμῷ) : "dis plutôt des choses de
bon augure". 5 Ou alors "que ce soit
une bonne fortune par Pollux"1048 ? 6 abi rvs
c'est la manière de parler quand on exhorte à faire vite comme
Virgile « ergo age, care pater, ceruici imponere nostrae »1049. 7 ibi ego te et tv me il ne dit pas : "là-bas
nous serons heureux tous les deux", mais, parce que c'est une
vieillard et une vieille, il dit : « je te supporterai et tu me
supporteras », et, en même temps, parce qu'il vient de mettre en
accusation le caractère des vieillards, il veut ramener à lui la
cause de son départ et non à la faute de son fils ou de sa
belle-fille. 8 ibi ego te tv me feres ou
"parce que nous connaissons chacun bien les habitudes de l'autre",
ou "parce que nous avons l'un et l'autre le même âge". 9 Et prononcez de manière à ce que le
vieillard décide cela sous le coup d'une impérieuse nécessité,
quand il dit abi rus ergo
hinc. 10 ibi ego te et tv me
feres la prononciation elle-même comprend une plainte pour
son fils et face à la vieillesse1050.
So.-spero ecastor. La.-i ergo intro
et compone quae tecum simul
So.-Je l'espère, pardieu. La.-Allez
rentre et prépare ce qu'avec toi
1 spero ecastor mire non confirmauit mulier,
sed sperare se dixit, memor iurgii pristini et senilis
amaritudinis, maxime quia et ille non dixit "ibi nobis iucunde
erit", sed «
ibi ego te et tu me feres
232 ». 2 i ergo intro et compone qvae
tecvm κωμικῷ
χαρακτῆρι et usu cotidiano satisque moraliter. 3 Et quia mulieres «
dum moliuntur, dum conantur, annus est
233 »237.
1 spero ecastor de manière étonnante la femme
ne confirme pas, mais dit qu'elle l'espère, parce qu'elle se
souvient de la précédente querelle et de l'amertume des
vieillards, mais surtout parce qu'il ne lui a pas dit : "là-bas
nous serons heureux", mais « ibi ego te et tu me
feres ». 2 i ergo intro et compone qvae
tecvm en conformité avec le caractère comique (κωμικῷ χαρακτῆρι),
conformément à l'usage quotidien1051 et de manière assez conforme
au personnage. 3 Et parce que les
femmes « dum moliuntur, dum conantur, annus est » (le temps
qu'elles s'organisent, qu'elles se préparent, cela prend une
année)1052.
ferantur: dixi. So.-ita ut iubes
faciam. Pam.-pater.
tu vas faire emporter : j'ai dit.
So.-Je vais faire comme tu le commandes. Pam.-Père.
1 dixi denuntiatio est confirmandae
sententiae nec mutandae, et translata de foro et causidicis.
Cicero « praeco dixisse pronuntiat ». 2 dixi hoc uerbum in fine additum superiora
confirmat et est proprium his, qui perorauerunt causam. 3 pater ipsum nomen dehortationem significat
adiecta pronuntiatione. 4 pater
pater sic pronuntia, ut
hoc uultuose sit dictum.
1 dixi c'est l'expression claire d'une
décision que l'on confirme et que l'on ne changera pas, et cela
provient du forum et de la langue des avocats, Cicéron : « praeco
dixisse pronuntiat » (le héraut annonce que c'est
terminé). 2 dixi ce mot ajouté en fin
de propos confirme ce qui vient d'être dit et est propre à ceux
qui viennent de finir de plaider une cause. 3 pater le nom lui-même signifie une
tentative pour le dissuader, si l'on y ajoute une
intonation. 4 pater prononcez
pater de manière à le
dire avec une expression de visage.
La.-quid uis, Pamphile? Pam.-hinc
abire matrem? minime. La.-quid ita istuc uis?
La.-Que veux-tu, Pamphile ? Pam.-Que
ma mère s'en aille ? Certes non. La.-Que veux-tu dire par là ?
1 hinc abire matrem facete πρὸς τὸ quid uis? respondit. 2 qvid ita istvc rem supra audiuit et
personam: nunc causam quaerit. 3 Et quasi dicat: "esto ut nolis, quid
tantopere non uis?".
1 hinc abire matrem amusante réponse en
regard de quid uis1053. 2 qvid ita istvc il a entendu ce qu'il vient
de dire et la personne dont il s'agit, maintenant il demande la
cause1054. 3 Et c'est comme s'il disait : "admettons que tu ne
veuilles pas ; pourquoi tant d'insistance à ne pas vouloir ?".
Pam.-quia de uxore incertus sum etiam
quid sim facturus. La.-quid est?
Pam.-C'est que, pour ma femme, je ne
suis pas bien sûr de ce que je vais faire. La.-Quoi ?
1 incertvs svm etiam qvid sim factvrvs non
quid faciam dixit, sed
quid sim facturus, ut
incertum molimen etiam uerbis potuisset ostendere. 2 qvid est et «
quid ita istuc uis
234 » et quid est eo
uultu pronuntiantur, ut consilium eius et uerba uideatur
contemnere pater.
1 incertvs svm etiam qvid sim factvrvs il dit
non pas quid faciam (ce
que je fais), mais quid sim
facturus, en sorte qu'il peut montrer par ses paroles
mêmes l'incertitude de son dessein1055. 2 qvid est et « quid ita istuc uis » et
quid est sont
prononcés avec une mimique de telle manière que le père a l'air de
mépriser sa décision et ses paroles.
quid uis facere nisi reducere?
Pam.-equidem cupio et uix contineor;
Que veux-tu faire sinon la
reprendre ? Pam.-C'est sûr, je le désire, et j'ai du mal à me
retenir ;
qvid vis facere nisi redvcere sic loquitur
Laches, ut Pamphilus aliud respondere non audeat. et ideo dicit
equidem cupio et uix
contineor, "ut reducam" scilicet: "adeo238 magna causa est non reducendi,
ut cum uelim, non possim".
qvid vis facere nisi redvcere Lachès parle
ainsi pour que Pamphile n'ose rien répliquer1056 et
c'est pourquoi il dit equidem cupio
et uix contineor, implicitement "de la reprendre. Mais
la raison de ne pas le reprendre est si grande, que, quand bien
même je le voudrais, je ne le pourrais pas".
sed non minuam meum consilium: ex usu
quod est id persequar:
mais je ne flancherai pas dans ma
décision : je vais aller au bout comme c'est maintenant ;
1 sed non minvam mevm consilivm acute satis
"reducendi" inquit "cupiditas est, non reducendi
consilium". 2 id perseqvar non
sequar sed persequar ait, ut instantiam
demonstraret.
1 sed non minvam mevm consilivm de manière
assez fine il dit "j'ai le désir de la reprendre, le dessein de ne
pas la reprendre". 2 id perseqvar
il dit non pas sequar,
mais persequar pour
montrer l'insistance1057.
credo ea gratia concordes magis, si
non reducam, fore?
dois-je croire que grâce à cela elles
s'entendront mieux, si je ne la reprends ?
1 credo ea gratia concordes magis sententiose
dixit tunc posse inter se congruere et concordare mulieres, cum et
illa esse desierit socrus et illa nurus: haec enim inter illas est
discidiosa coniunctio. 2 Et satis ingeniose dictum: tolle enim
inter mulieres proximitatem et nulla causa discordiae
est. 3 concordes magis si non
magis concordes utrum pro
minus discordibus
dixit an ut seruiret sententiae?
1 credo ea gratia concordes magis de manière
sententieuse1058, il dit que les femmes pourraient se mettre
d'accord entre elles et s'entendre, puisque l'une cesserait d'être
belle-mère et l'autre belle-fille1059.
C'est en effet là ce qui rend si difficile leur
cohabitation. 2 Et c'est dit assez
ingénieusement ; en effet retirez la proximité qui existe entre
les deux femmes et il n'y a plus aucune raison de
désaccord. 3 concordes magis si non
dit-il magis concordes
pour "moins opposées" ou pour servir à sa sentence ?
La.-nescias: uerum id tua refert nil
utrum illaec fecerint
La.-Tu ne peux pas savoir : mais tu
n'as rien à faire de ce que ces deux-là feront
1 nescias utrum concordes futurae sint an
discordes. 2 nescias vervm tva refert
239 hoc uerbum ex aliqua parte confirmatiuum est et
consentientis. 3 vtrvm unum de duobus
significat: "utrum concordes sint anne discordes".
1 nescias si elles s'entendront ou
non. 2 nescias vervm id tva
refert ce mot est de quelque manière une confirmation et
la marque d'un assentiment1060. 3 vtrvm signifie une des
deux options : "si elles s'entendront ou non".
quando haec aberit. odiosa haec est
aetas adulescentulis.
quand celle-ci sera partie. Odieux
est notre âge à la tendre jeunesse.
1 odiosa haec est aetas advlescentvlis supra
in personam socrus culpam iratus contulerat discordiae, nunc et
uxori placatus et nurui parcens odiorum causam a personis
transtulit ad aetates, sed ita tamen, ut magis iuniores accusaret
et de adulescentibus questus commiseraretur senes. 2 odiosa haec est aetas hoc cum gemitu
pronuntiandum.
1 odiosa haec est aetas advlescentvlis plus
haut il avait rapporté dans sa colère la faute de la discorde à la
personne de la belle-mère, maintenant qu'il est apaisé vis-à-vis
de son épouse et plein d'indulgence pour sa belle-fille, il
déplace les raisons de haine depuis les personnes jusqu'à l'âge,
mais de telle sorte qu'il accuse plutôt les jeunes, et en se
plaignant des petits jeunes gens attire la compassion sur les
vieillards. 2 odiosa haec est aetas il
faut prononcer cela en gémissant.
e medio aequum excedere est: postremo
nos iam fabulae
Il est juste que nous dégagions :
pour finir c'est comme dans la fable,
1 e medio aeqvvm excedere est utrum ex urbe
an ex uita in mortem? 2 Et satis moraliter, nam in medio stare dicitur superuacuus
uel molestus. 3 Et hoc cum stomacho dixit
senili. 4 nos iam fabvlae svmvs
p.
pamphile
s.
senex
a.
atqve
a.
anvs
Ἀπολλόδωρος «
ὁ μῦθός ἐσμεν
Πάμφιλ᾽ ἤδη γραῦς γέρων
235
»240.
1 e medio aeqvvm excedere est de la ville à
la campagne, ou de la vie à la mort1061 ? 2 Et c'est assez conforme au caractère car on dit
in medio stare (être en
plein milieu) pour quelqu'un d'inutile et de pénible. 3 Et il dit cela avec un dépit de
vieillard. 4 nos iam fabvlae svmvs pamphile
senex atqve anvs Apollodore : « ὁ μῦθός ἐσμεν Πάμφιλ᾽ ἤδη γραῦς γέρων »
(la fable c'est nous, Pamphile, désormais : la vieille et le
vieux)1062.
sumus, Pamphile, "senex atque
anus."
nous sommes, Pamphile, Le Vieux et la
Vieille.
1 senex atqve anvs haec duo nomina ut posita
sunt caput indicant et inceptionem huiusmodi fabularum. 2 senex pronuntia senex atque anus quasi initium
fabulae. 3 Et τῷ ἰδιωτισμῷ additum Pamphile.
1 senex atqve anvs, placés comme ils sont,
ces deux noms renvoient au titre et au début des fables de ce
genre1063. 2 senex atqve anvs prononcez cela comme si
c'était le titre d'une fable. 3 Et
par idiotisme (ἰδιωτισμός), il ajoute Pamphile1064.
sed uideo Phidippum egredi per
tempus: accedamus.
Mais je vois Phidippe qui sort bien à
propos, approchons.
per tempvs opportune.
per tempvs de manière opportune.
scaena quarta
Pamphilus Laches Phidippus
623 | 624 | 625 | 626 | 627 | 628 | 629 | 630 | 631 | 632 | 633 | 634 | 635 | 636 | 637 | 638 | 639 | 640 | 641 | 642 | 643 | 644 | 645 | 646 | 647 | 648 | 649 | 650 | 651 | 652 | 653 | 654 | 655 | 656 | 657 | 658 | 659 | 660 | 661 | 662 | 663 | 664 | 665 | 666 | 667 | 668 | 669 | 670 | 671 | 672 | 673 | 674 | 675 | 676 | 677 | 678 | 679 | 680 | 681 | 682 | 683 | 684 | 685 | 686 | 687 | 688 | 689 | 690 | 691 | 692 | 693 | 694 | 695 | 696 | 697 | 698 | 699 | 700 | 701 | 702 | 703 | 704 | 705 | 706 | 707 | 708 | 709 | 710 | 711 | 712 | 713 | 714 | 715 | 716 | 717 | 718 | 719 | 720 | 721 | 722 | 723 | 724 | 725 | 726
Ph.-tibi quoque edepol sum iratus,
Philumena,
Ph.-Contre toi aussi, nom d'un chien,
je suis en colère, Philumène,
1 tibi qvoqve edepol svm iratvs philvmena in
hac scaena ultimus error est, uicinus καταστροφῇ. 2 tibi qvoqve edepol svm iratvs philvmena
quasi dicat: "non solum matri tuae", aut: "non solum socrui
tuae". 3 tibi qvoqve edepol recte,
nam sic et amicos incusamus leniter incipientes et grauiora
inferentes. hanc ergo partus causa leniter incusat, deinde
confirmat inferendo «
grauiter quidem
236 » et statim causam subiungit, cur quidem ei
irascatur.
1 tibi qvoqve edepol svm iratvs philvmena
dans cette scène se trouve l'ultime méprise qui touche au
dénouement (καταστροφή). 2 tibi qvoqve edepol svm iratvs philvmena
comme s'il disait "non pas seulement contre ta mère", ou "non
seulement contre ta belle-mère". 3 tibi qvoqve edepol correct car c'est ainsi
que nous accusons nos amis en commençant doucement, puis en
ajoutant les griefs plus graves ; donc il l'accuse en commençant
doucement d'avoir eu un enfant, puis il apporte une confirmation
en ajoutant « grauiter quidem », et immédiatement il ajoute la
raison pour laquelle il est vraiment en colère.
grauiter quidem; nam hercle factum
est abs te turpiter.
et gravement encore ; car, bon dieu,
tu as agis de façon honteuse.
factvm tvrpiter quod abscesserit domo
mariti.
factvm tvrpiter parce qu'elle a quitté le
domicile conjugal.
et si tibi causa est de hac re: mater
te inpulit.
Même si en l'espèce tu as une bonne
raison : ta mère t'a poussée.
1 et si tibi cavsa est de hac re causam more suo pro defensione
posuit. sic in Phormione «
quid mihi dicent aut quam causam reperient?
demiror
237 ». 2 Et quae causa fuerit, ipse determinat:
mater te
impulit. 3 mater te
impvlit absolute, deest enim nam, ut sit: "nam mater te
impulit". 4 mater te impvlit qualitas
remotiua.
1 et si tibi cavsa est de hac re selon son
habitude il met le mot causa pour désigner un argument de
défense comme dans le Phormion « quid mihi dicent aut
quam causam reperient ? Demiror ». 2 Et ce qui en a été la cause il le détermine
lui-même : mater te
impulit. 3 mater te
inpvlit construction absolue. Il manque en effet
nam (de fait) pour faire
"nam mater te impulit"1065. 4 mater te inpvlit état de la cause qui
éloigne la culpabilité1066.
huic uero nulla est. La.-opportune te
mihi,
Mais elle, n'en a aucune. La.-C'est à
point que devant moi,
1 hvic vero ipsi matri scilicet. 2 opportvne te mihi phidippe utrum ταυτολογία est an:
opportune "quia uolebam"
et «
in ipso tempore
238 » "quando uolebam"? 3 An
opportune "mihi", «
in ipso tempore
239 » "tibi", id est: "et mihi et tibi commode
uenisti"? 4 Et ἀπὸ τοῦ portus dictum opportune.
1 hvic vero la mère elle-même
évidemment. 2 opportvne te mihi
phidippe est-ce une tautologie (ταυτολογία)1067 ou
bien opportune "parce que
je le voulais" et « in ipso tempore » "au moment où je le
voulais" ? 3 Ou alors opportune "pour moi", « in ipso
tempore » "pour toi", c'est-à- dire : "tu es venu au bon moment et
pour toi et pour moi". 4 Et
opportune vient de
(ἀπὸ τοῦ)
portus1068.
Phidippe, in ipso tempore ostendis.
Ph.-quid est?
Phidippe, tu te montres au bon
moment. Ph.-Qu'est-ce à dire ?
1 in ipso tempore ostendis ostenditur nobis id, quod
quaerebamus. 2 opportune et in ipso tempore non est idem: est
enim opportune, cum uerbi
gratia inuitati ad ipsum tempus incipientis prandii uenimus,
in ipso tempore est, cum
iam prandio apposito.
1 in ipso tempore ostendis nous est montré
(ostendere) ce que nous
cherchions1069. 2 opportune
et in ipso tempore ne
sont pas la même chose. En effet, opportune s'emploie par exemple
quand nous sommes invités et que nous arrivons au moment même où
l'on passe à table pour dîner, in
ipso tempore si le repas est déjà servi1070.
Pam.-quid respondebo his? aut quo
pacto hoc aperiam?
Pam.-Que leur répondrai-je ? Comment
révéler cela ?
avt qvo pacto hoc aperiam hoc modo ostendit
senex nec esse quod simulet nec id quod uerum est dicendum
sibi.
avt qvo pacto hoc aperiam de cette manière
le vieillard montre à la fois qu'il n'y a pas moyen de simuler et
qu'on ne doit pas lui dire la vérité1071.
La.-dic filiae rus concessuram1438 hinc Sostratam,
La.-Dis à ta fille que Sostrata va
partir d'ici pour la campagne,
1 dic filiae rvs concessvram blande non
addidit tuae, quasi dicat
communi filiae. 2 Et bene non socrum sed Sostratam.
1 dic filiae rvs concessvram avec douceur il
n'ajoute pas "ta" comme s'il disait "notre fille à tous les
deux"1072, 2 et c'est bien
de dire non pas "la belle-mère", mais "Sostrata"1073.
ne reuereatur minus iam quo redeat
domum. Ph.-ah
afin qu'elle ne redoute plus de
revenir à la maison. Ph.-Ah,
1 ne revereatvr minvs bene reuereatur, ne odisse socrum sed
metuere uideatur, et quasi ipsa socrus non odium meruerit sed
reuerentiam. 2 minvs iam qvo redeat
τμῆσις cum
ἀναστροφῇ, ut
sit ordo: "quo minus redeat".
1 ne revereatvr minvs reuereatur est bien dit afin qu'elle
n'ait pas l'air de haïr sa belle-mère, mais seulement de la
respecter et de manière à laisser croire que la belle-mère
elle-même ne mérite pas la haine, mais le respect. 2 minvs iam qvo redeat tmèse (τμῆσις) avec anastrophe
(ἀναστροφή) en
sorte que l'ordre est : "quominus redeat"1074.
nullam de his rebus culpam commeruit
tua:
ta femme en l'espèce n'a rien fait de
mal :
1 nvllam de his rebvs cvlpam relatio criminis
potest uideri. 2 tva deest uxor, quod nomen inferius
posuit. 3 tva cum percussione animi
dicendum est, ut subaudiatur uxor ab eo quod dicturus est «
uxore
240 ».
nvllam de his rebvs cvlpam cela peut
apparaître comme la relation du délit1075. 2 tva il manque uxor, mais il a mis le mot
en-dessous. 3 tva doit être dit avec
volonté de frapper son esprit en sorte que l'on sous-entend
uxor qui se tire de ce
qu'il va dire : « uxore ».
a Myrrina haec sunt mea uxore exorta
omnia.
c'est de Myrrhina, ma femme, que tout
cela est parti.
mutatio fit1439. ea nos perturbat, Lache.
La situation a changé ; c'est elle
qui sème le trouble chez nous, Lachès.
1 mvtatio fit mutationem suspicionum
errorumque iurgantium dicit. 2 Ergo
mutatio criminum atque culparum. 3 mvtatio fit ea pertvrbat laches241, ea non ea mutatio sed uxor, hoc est Myrrina. 4 mvtatio fit criminis scilicet et peccati,
id est: uel "mea crimen tuae sustinet" uel "tuae ad meam translata
est culpa".
1 mvtatio fit il parle d'un changement de
soupçons et de méprise chez les parties aux prises. 2 Donc il y a changement de délit et de
responsabilité. 3 mvtatio fit ea nos
pertvrbat laches ea n'est pas ea mutatio (ce changement)1076, mais ea uxor, c'est-à-dire
Myrrhina. 4 mvtatio fit évidemment
"de délit et de faute", c'est-à-dire soit "mon épouse soutient le
délit de la tienne", soit "la responsabilité de la tienne est
passée à la mienne".
Pam.-dum ne reducam, turbent porro
quam uelint.
Pam.-Du moment que je ne la reprends
pas, qu'ils sèment tout le trouble qu'ils veulent.
1 tvrbent porro qvam velint quam uelint in quantum uelint. 2242 Eam
quam uelint mulierem. sed melius est, quod supra
diximus. 3 dvm ne redvcam tvrbent
porro quomodo est pius erga matrem Pamphilus, si parui
facit, utrum socrus sua perturbetur an mater a senibus? soluitur
sic: quia quam non est
generis feminini, sed est quantum. 4 tvrbent errent et tumultuentur significat. 5 Vel turbentur.
1 tvrbent porro qvam velint quam uelint "autant qu'ils le
veulent". 2 "La femme qu'ils
veulent", mais l'interprétation ci-dessus est meilleure1077. 3 dvm ne redvcam tvrbent porro comment Pamphile
serait-il respectueux envers sa mère s'il faisait peu de cas du
fait de savoir si c'est sa mère ou sa belle-mère qui est plongée
dans le trouble par les vieillards ? Réponse : quam n'est pas un féminin mais
l'équivalent de quantum1078. 4 tvrbent veut dire à la fois "se méprendre"
et "causer du trouble". 5 Ou
turbentur1079.
Ph.-ego, Pamphile, esse inter nos, si
fieri potest,
Ph.-Pour moi, Pamphile, qu'il y ait
entre nous, si faire se peut,
1 ego pamphile hoc pronomen initium continet
orationis grauiter inceptae, ut «
ego postquam te emi
241 ». 2 si fieri potest
interposuit, ut supercilium soceri demonstraret. 3 si fieri potest recte additum si fieri potest, quia non conuenit
rogari a socero generum, ut supra dixit.
1 ego pamphile ce pronom marque le début d'un
discours commencé sur un ton grave comme « ego postquam te
emi ». 2 si fieri potest il a mis
cela en parenthèse pour souligner que le beau-père a
cillé1080. 3 si fieri potest ajout correct car il n'est
pas convenable qu'un beau-père adresse une requête à un
gendre1081, comme il l'a
dit plus haut1082.
adfinitatem hanc sane perpetuam
uolo;
toujours la même proximité
qu'aujourd'hui, telle est ma volonté ;
hanc sane perpetvam volo iam enim est
affirmata, sed perpetuam cupit.
hanc sane perpetvam volo elle est déjà
solide1083, mais il la désire éternelle.
sin est ut aliter tua sit
sententia,
mais s'il se trouve que tu es d'un
autre avis,
sin est vt aliter tva sit τῷ εὐφημισμῷ uitauit
illud quod est ominosum, ne diceret discidium. Vergilius «
grauior ne nuntius aures uulneret
242».
sin est vt aliter tva siet sententia par
euphémisme il a évité ce qui est de mauvais augure, pour ne pas
dire "séparation". Virgile « grauior ne nuntius aures
uulneret »1084.
accipias puerum. Pam.-sensit
peperisse: occidi.
reconnais l'enfant. Pam.-Il a compris
qu'elle a accouché : je suis mort.
1 accipias pvervm iure, quia liberi patrem
sequuntur. 2. Et mire hoc maxime obicit, quod maxime
recusat Pamphilus et propter quod uxor quoque non
reducitur. 3 Et accipias pro accipe, ut quiescas pro «
quiesce
243 ». 4 sensit peperisse occidi
hoc inopinatum est Pamphilo, quia socrus promiserat omnes
ignoraturos. 5 sensit ne
prope sit243.
1 accipias pvervm à bon droit parce que les
enfants suivent leur père1085. 2 Et de manière
étonnante l'obstacle principal qu'il oppose est ce que Pamphile
refuse le plus et ce pour quoi il ne reprend pas non plus son
épouse. 3 Et accipias pour accipe (accepte) comme « quiescas »
pour quiesce (sois
tranquille). 4 sensit peperisse occidi
Pamphile ne s'y attend pas parce que sa belle-mère lui avait
promis que personne ne le saurait. 5 sensit qu'il ne soit pas trop près1086.
La.-puerum? quem puerum? Ph.-natus
est nobis nepos.
La.-L'enfant ? Quel enfant ? Ph.-Il
nous est né un petit-fils.
1 pvervm244
moraliter: primo dubitat quid audiuerit, deinde quaerit certius
quod audiuit dicendo puerum. 2 pvervm qvem pvervm bene cum consternatione
animi, quod numquam fando acceperat. 3 natvs est nobis bene, quia ambo aui.
1 pvervm bien dans le personnage : d'abord il
doute de ce qu'il a entendu puis il demande confirmation de ce
qu'il a entendu en répétant puerum1087. 2 pvervm qvem pvervm bien fait, avec
stupéfaction, parce qu'il n'en avait jamais entendu
parler. 3 natvs est nobis bien dit
car les deux sont grands-pères.
nam abducta a uobis praegnans fuerat
filia,
Car quand on l'a emmenée de chez vous
ma fille était enceinte,
1 nam abdvcta a vobis bene non abierat sed abducta erat, ut magis culpa sit
matris. 2 a vobis pro a Pamphilo. 3 nam abdvcta a vobis praegnans fverat filia
hoc totum cum indignatione in uxorem pronuntiandum est.
1 nam abdvcta a vobis c'est bien de ne pas
dire "elle était partie", mais abducta erat afin que la faute de la
mère soit plus grande. 2 a vobis pour
a Pamphilo (de chez
Pamphile). 3 nam abdvcta a vobis praegnans
fverat filia tout cela doit être prononcé avec indignation
contre sa femme.
neque fuisse praegnantem umquam ante
hunc sciui diem.
et qu'elle était enceinte je ne l'ai
jamais su jusqu'à ce jour.
neqve fvisse praegnantem praegnans est ante gnatum uel
ante genitricem :
est enim prae ante.
neqve fvisse praegnantem praegnans c'est ante gnatum (avant l'enfant) ou
ante genetricem (avant
d'être mère) ; prae en
effet équivaut à ante1088.
La.-bene, ita me di ament, nuntias,
et gaudeo
La.-Bonne nouvelle, ma foi, que tu
apportes et je me réjouis
bene ita me di ament agit gratias
nuntianti, gratulatur ob susceptum nepotem, gaudet liberatam
nurum.
bene ita me di ament il remercie le
messager, il rend grâce pour son supposé petit-fils et se réjouit
de la délivrance de sa belle-fille1089.
natum illum et tibi illam1440 saluam. sed quid mulieris
qu'il soit né et qu'elle aille bien.
Mais quelle espèce de femme
1 natvm illvm et tibi ibi illam salvam
proprium affectum refert: sibi nepotem, illi filiam esse
seruatam. 2 et tibi illam salvam
recte tibi, quia pater
puerperae est, cui dicit. 3 sed qvid mvlieris
vxorem habes quid
mulieris dixit, ne diceret qualem mulierem aut aliquid
grauius. 4 Et totum percontatiue potius, quam
pronuntiaret et diceret "pessimam mulierem et male moratam uxorem
habes". 5 Et reprehensio est cum contemptu. sic et
«
quid hominis?
244 » et Vergilius «
tu mihi quodcumque hoc regni
245 ». at contra cum honore sic dicimus "quem hominem
habes?".
1 natvm illvm et tibi illam salvam il
rapporte à chacun son sentiment : il a un petit-fils, l'autre
vieillard voit sa fille saine et sauve. 2 et tibi illam salvam tibi est bien dit parce que c'est au
père de l'accouchée qu'il s'adresse. 3 sed qvid mvlieris vxorem habes il dit
quid mulieris pour ne pas
dire qualem mulierem
(quelle sorte d'épouse) ou quelque chose de plus désobligeant1090. 4 Et
il dit tout cela d'un ton interrogatif plutôt que d'affirmer et de
dire : "tu as une épouse exécrable et mal embouchée". 5 Et il y a là un reproche empli de dédain
comme dans « quid hominis » et Virgile « tu mihi quodcumque hoc
regni »1091 ; au contraire
nous disons avec une marque d'honneur "quem hominem habes ?" (quel
homme as-tu là ?).
uxorem habes aut quibus moratam
moribus?
as-tu comme épouse, quelle éducation
l'a éduquée ?
moratam id est institutam. et est
participium sine uerbo.
moratam c'est-à-dire
"élevée", participe sans verbe1092.
nosne hoc celatos tam diu! nequeo
satis
Nous avoir caché cela si longtemps !
Je n'ai pas de mots
1 nosne hoc celatos tam div non "partum
celatos" dicit, sed "praegnantem filiam fuisse". 2 neqveo satis "mirari" magna
exaggeratio.
1 nosne hoc celatos tam div il ne dit pas
"caché la naissance", mais "le fait que sa fille était
enceinte". 2 neqveo satis "m'étonner",
grande exagération1093.
quam hoc mihi uidetur factum praue
proloqui.
pour dire combien il me semble
qu'elle a mal agi.
1 qvam hoc mihi videtvr factvm totum modeste,
quamuis indignetur, quia apud maritum uxor non est uehementius
accusanda. 2 qvam hoc mihi id "quod
praegnans fuerat filia", non "quod natus est puer".
1 qvam hoc mihi videtvr factvm tout est dit
avec modération, quelque indigné qu'il soit, parce qu'il ne faut
pas qu'une femme soit accusée avec trop de véhémence devant son
mari. 2 qvam hoc mihi
c'est-à-dire "que ma fille était enceinte" et non "qu'elle a eu un
enfant".
Ph.-non tibi illud factum minus
placet quam mihi, Laches.
Ph.-Son acte ne me plaît pas plus
qu'à toi, Lachès.
1 non tibi illvd factvm minvs placet qvam mihi
laches utrum, quia minus est magis, quam sequitur et εἰρωνεία est, ut sit
ordo: "non minus mihi placet quam tibi", ut placet pro displicet intellegamus? 2 An245 non tibi illvd
factvm minvs placet qvam mihi laches sub εἰρωνείᾳ est dictum;
hoc enim ait: "tantundem tibi placet hoc factum quam mihi". alibi
«
tum me hospitem lites sequi, quam id mihi sit facile
atque utile
246 ».
1 non tibi illvd factvm minvs placet qvam mihi
laches est-ce parce que minus équivaut à magis (plus) qu'il est suivi de
quam1094 et alors
c'est de l'ironie (εἰρωνεία) et l'ordre est non minus mihi placet quam tibi, en
sorte que nous comprenons que placet signifie displicet (déplaît)1095 ? 2 Ou bien
non tibi
illvd factvm minvs placet qvam mihi laches est dit avec
une nuance d'ironie (εἰρωνεία) et voici ce qu'il dit : "cet
acte te plaît autant qu'à moi", ailleurs « nunc me hospitem lites
sequi quam id mihi sit facile atque utile »1096.
Pam.-etiamsi dudum fuerat ambiguum
hoc mihi,
Pam.-Même si cela n'a pas été clair
pour moi pendant longtemps,
nunc non est cum eam consequitur1441
alienus puer.
maintenant ce n'est plus le cas,
quand l'enfant d'un autre la suit partout.
1 cvm eam conseqvitvr alienvs pver alienus: quod senes gratulantur, id
maxime laedit Pamphilum. 2 alienvs
pver246 μεταφορά a pecoribus, quae mox ut nata
fuerint matres sequuntur, ut Vergilius «
atque ipsae memores redeunt in tecta suosque
ducunt
247 ».
1 cvm eam conseqvitvr alienvs pver alienus ce dont les vieillards se
félicitent c'est cela qui blesse le plus Pamphile. 2 alienvs pver métaphore tirée des
bestiaux1097 qui, à
peine nés, suivent leur mère, comme Virgile : « atque ipsae
memores redeunt in tecta suosque ducunt » (et les chèvres, qui ont
de la mémoire, reviennent d'elles-mêmes au bercail et mènent leurs
petits).
La.-nulla tibi, Pamphile, hic iam
consultatio est.
La.-On ne te demande, Pamphile,
maintenant absolument plus ton avis.
nvlla tibi pamphile consvltatio de
reducenda scilicet uxore.
nvlla tibi pamphile consvltatio évidemment
pour savoir s'il reprendra sa femme.
Pam.-perii. La.-hunc uidere saepe
optabamus diem
Pam.-Je suis mort. La.-Nous avons
souvent désiré voir ce jour
perii hoc sibi ipse Pamphilus dicit.
perii Pamphile se dit cela en aparté.
cum ex te esset aliquis qui te
appellaret patrem.
où il y aurait quelqu'un issu de toi
pour t'appeler père.
cvm ex te esset aliqvis qvi te appellaret
patrem bene hoc putant, quod Pamphilo non uidetur, hoc est
ex illo esse quod natum est.
cvm ex te esset aliqvis qvi te appellaret
patrem c'est bien qu'ils pensent ce que Pamphile ne semble
pas comprendre, c'est-à-dire que l'enfant qui est né est bien de
lui1098.
euenit: habeo gratiam dis.
Pam.-nullus sum.
C'est arrivé : j'en rends grâce au
Ciel. Pam.-Je suis réduit en poussière.
1 evenit habeo gratiam dis proprie euenit. ideo et bonorum euentus dicitur. 2 nvllvs svm ipse sibi iterum. 3 Hoc ulterius est quam
perii
248, quia, cum aliquis periit, reliquum uel cadauer est.
1 evenit habeo gratiam dis au sens propre
euenit, car nous
employons euentus pour
des choses bonnes1099. 2 nvllvs svm à
nouveau en aparté. 3 Cela vient
après « perii » car, quand quelqu'un est mort, il en reste au
moins un cadavre1100.
La.-reduc uxorem ac noli aduersari
mihi.
La.-Reprends ta femme et ne t'oppose
plus à moi.
ac noli adversari mihi causam interposuit
senex, quo magis faceret, ut filius non recusaret.
ac noli adversari mihi le vieillard insère
ici une raison visant à faciliter le fait que son fils ne refuse
pas1101.
Pam.-pater, si ex me illa liberos
uellet sibi
Pam.-Père, si c'était de moi qu'elle
avait voulu des enfants
1 si illa ex me liberos vellet sibi ut
apparet, tantum commentus est causam. 2 si illa ex me liberos nactus est Pamphilus
ex uerbis senum causam aliam discidii.
1 si illa ex me liberos vellet sibi comme on
le voit bien il simule une raison. 2 si illa ex me liberos Pamphile a trouvé
dans les paroles des vieillards un autre motif pour une
séparation.
aut esse1442 mecum nuptam, satis certo
scio,
ou être vraiment ma femme, je le sais
bien,
1 avt esse mecvm nvptam uetuste mecum nuptam dixit. 2 Et recte, quia partus confirmat
nuptias. 3 Et melius nuptam mecum quasi tectam et opertam
uno cubiculo mecum: nubere enim est operiri tegique,
unde et nubes, quod
tegere solent caelum, dicuntur. Vergilius «
arsurasque comas
o.
obnubit
a.
amictu
249 ».
1 avt esse mecvm nvptam il use d'un tour
archaïque mecum
nuptam1102. 2 Et c'est correct car la naissance confirme le
mariage. 3 Et il est mieux de dire
nuptam mecum comme si
c'était "couverte et protégée par un seul toit avec moi".
Nubere signifie en effet
"protéger" et "recouvrir", d'où provient le nom des nuages
(nubes), parce que
d'ordinaire ils couvrent le ciel. Virgile : « arsurasque comas
obnubit amictu » (il recouvre d'une étoffe sa chevelure qui va
s'enflammer)1103
non clam me haberet quod1443 celasse
intellego.
elle ne m'aurait pas tenu à l'écart
de ce que je comprends bien qu'elle m'a caché.
1 non clam me haberet id est: "non tacuisset
partum". 2 qvod celasse intellego
non dixit "natum filium", ne interposito affectu molliretur
iratus.
1 non clam me haberet c'est-à-dire "n'aurait
pas caché la naissance"1104. 2 qvod celasse intellego il ne dit pas qu'il
est né un fils pour ne pas adoucir sa colère en y mêlant des
sentiments.
nunc cum eius alienum esse animum a
me sentiam
Maintenant que je sens bien qu'il y a
en elle une hostilité à mon égard
nvnc cvm eivs alienvm
e.
esse
a.
animvm
a
m.
me
247 a praesenti tempore.
nvnc cvm eivs alienvm esse animvm a me
sentiam argument par la situation présente.
(nec conuenturum inter nos posthac
arbitror),
(et qu'il n'y aura pas après cela
d'accord entre nous, je pense),
nec conventvrvm inter nos a futuro.
nec conventvrvm inter nos argument par la
situation future.
quamobrem reducam? La.-mater quod
suasit sua
pourquoi la reprendrais-je ? La.-Ce
que sa propre mère lui conseillait
1 qvamobrem redvcam firmior conclusio facta
est per interrogationem, quam si esset pronuntiatiua. 2 mater qvod svasit sva a deriuatione causae
defensio. et praeterea status est uenialis ab imprudentia
descendens. 3 sva pro eius, ut «
namque suam patria antiqua cinis ater habebat
250 ».
1 qvam ob rem reddvcam la conclusion par une
interrogation est plus ferme que si elle se faisait par une
affirmation. 2 mater qvod svasit sva
défense par dérivation de la cause et, en outre, l'état de la
cause est véniel car le délit relève de l'imprudence1105. 3 sva pour
eius1106
comme « namque suam patria antiqua cinis ater habebat » (de fait,
la sienne, c'est dans l'ancienne patrie qu'une noire cendre la
retenait)1107.
adulescens mulier fecit.
mirandumne1444 id siet?
cette femme, toute jeune, l'a fait.
Faut-il s'en étonner ?
1 advlescens mvlier fecit multa dixit: et
«
mater sua
251 » et adulescens
mulier, et quasi docet hoc exemplo parendum patri
esse. 2 advlescens mvlier fecit
mirandvmne id est bene mirandum, non irascendum dixit: miramur etiam
magis, si amici peccauerint, quam irascimur.
1 advlescens mvlier fecit il dit beaucoup de
choses : c'est "sa mère", elle est une "toute jeune fille" et
c'est comme s'il enseignait par l'exemple qu'il faut obéir à son
père. 2 advlescens mvlier fecit
mirandvmne id est mirandum est bien dit plutôt
qu'irascendum (se mettre
en colère). En effet nous nous étonnons plutôt (mirari) que nous nous mettons en
colère (irasci) si
nos amis commettent une faute.
censen te posse reperire ullam
mulierem
Penses-tu pouvoir trouver une
femme
reperire vllam mvlierem quasi dicat: "si
hanc repudiaueris".
reperire vllam mvlierem c'est comme s'il
disait "si tu répudies celle-là".
quae careat culpa? an quia non
delinquunt uiri?
qui soit exempte de torts ? Ou alors
est-ce parce que les hommes sont parfaits ?
an qvia non delinqvvnt
viri εἰρωνείᾳ dictum: non enim non delinquunt.
an qvia non delinqvvnt viri c'est dit avec
ironie (εἰρωνεία). En effet il n'est pas vrai
qu'ils ne commettent pas de faute.
Ph.-uosmet uidete iam, Laches et tu
Pamphile,
Ph.-Voyez maintenant entre vous,
Lachès et toi Pamphile,
1 vosmet videte iam laches et tv pamphile nec
rogare socerum nec interesse conuenit, ubi certior sit ad
repudiandum gener. 2 vosmet videte iam
laches Vergilius «
uos, ο Calliope, precor,
a.
aspirate
c.
canenti
252 ».
1 vosmet videte iam laches et tv pamphile il
ne convient pas à un beau-père de prier ou d'intervenir quand un
gendre a décidé de façon certaine de répudier. 2 vosmet videte iam laches Virgile : « uos, o
Calliope, precor, aspirate canenti » (et vous, ô Calliope, venez
inspirer mon chant)1108.
remissan opus sit uobis reductan
domum.
s'il faut pour vous qu'elle soit
renvoyée ou ramenée chez vous.
remissan opvs sit vobis
in ueris248 codicibus
sic est remissan...
reductan domum, ut sit:
"remissane... reductane".
remissan opvs sit vobis dans les
exemplaires authentiques, c'est ce qu'on a : remissan... reductan domum, qui équivaut à
"remissane... reductane"1109.
uxor quid faciat in manu non est
mea:
Quant à mon épouse, ce qu'elle fera
n'est pas de son ressort :
1 vxor qvid faciat ordo: "uxor mea quid
faciat, in manu non est". 2 Deest
eius, ut sit: "in manu
eius non est, sed in mea potestate est positum". 3 in manv non est "uxoris" scilicet. et est
ordo: "uxor mea quid faciat, in manu eius non est".
1 vxor qvid faciat l'ordre est "uxor mea quid
faciat in manu non est". 2 Il manque
eius pour qu'on ait : "in
manu eius non est" (ce n'est pas en son pouvoir) mais c'est en mon
pouvoir. 3 in manv non est de sa
femme évidemment, et l'ordre est : "uxor mea quid faciat in manu
eius non est"1110.
neutra in re uobis difficultas a me
erit.
ni dans un cas ni dans l'autre je ne
vous causerai de difficulté.
1 nevtra in re vobis difficvltas promittit
facilitatem suam, ut tamen uxor roganda sit. 2 An aliter et249 supra annotauimus.
1 nevtra in re vobis difficvltas il promet
son assistance à lui, en sorte qu'il faut tout de même solliciter
son épouse. 2 Est-ce une autre
interprétation que ce que nous avons noté ci-dessus1111 ?
sed quid faciemus puero? La.-ridicule
rogas:
Mais que ferons-nous de l'enfant ?
La.-Question ridicule :
1 sed qvid faciemvs pvero et quid me fiet et quid mihi fiet dicitur. 2 sed qvid faciemvs250 quia
utique quicquid erit patri reddendus est puer. 3 ridicvle rogas ridicule uel aduerbium uel nomen
potest esse. et si nomen est, subdistingue ridicule et sic infer rogas cum ui pronuntiationis.
1 sed qvid faciemvs pvero on dit à la fois
quid me fiet et
quid mihi fiet1112. 2 sed qvid faciemvs parce que, quoi qu'il en
soit, il faudra rendre l'enfant à son père. 3 ridicvle rogas ridicule peut être soit un adverbe
soit un nom, et, si c'est un nom, ponctuez légèrement ridicule et dites après rogas en accentuant la
prononciation1113.
quidquid futurum est, huic suum
reddas scilicet
quoi qu'il arrive, qu'on rende à
celui-ci son dû, évidemment,
1 hvic reddas Pamphilo scilicet. 2 hvic svvm reddas scilicet sic dicit
huic suum et reddas, quasi reposcat et Pamphilus.
non251 subiunxit ut alat sed ut alamus, ut sua quoque interesse
monstraret.
1 hvic reddas à Pamphile
évidemment. 2 hvic svvm reddas scilicet
il dit ainsi huic suum et
reddas comme si Pamphile
aussi le redemandait, il n'ajoute pas ut alat (pour qu'il l'élève), mais
ut alamus, pour montrer
que cela le regarde aussi.
ut alamus nostrum. Pam.-quem ipse
neglexit pater,
pour que nous l'élevions comme le
nôtre. Pam.-Un enfant que son père néglige,
1 vt alamvs nostrvm scilicet "Pamphili
filium", "nepotem meum", utrumque nostrum. 2 qvem ipse neglexit si ipsa legeris, clare dictum est, si
ipse pater, lentius
dictum est. et uidebitur senex ob murmurationem eius intellexisse
non252, quod nolit, puerum tolli, et ideo appositum
quid dixti? 3 qvem ipse neglexit legitur et ipsa. et hoc est melius, ut sit
pater uocatiuus
casus. 4 qvem ipse neglexit pater ego
alam hic sibi obmurmurans uultu et uerbis ostendit nolle
suscipere filium.
1 vt alamvs nostrvm évidemment "le fils de
Pamphile, mon petit-fils, qui nous appartient à tous les
deux". 2 qvem ipse neglexit si on
lit ipsa la réplique est
à haute voix, si on lit ipse
pater, c'est un aparté et le vieillard aura l'air, en
raison du grognement émis par Pamphile1114, d'avoir compris qu'il ne
veut pas que l'enfant soit reconnu et que c'est pour cela qu'il
ajoute quid
dixti ?1115. 3 qvem ipse
neglexit on lit aussi ipsa et c'est meilleur ainsi en
sorte que pater soit un
vocatif1116. 4 qvem ipse neglexit
pater ego alam ici en grognant dans sa barbe, il montre
par sa mimique et ses paroles qu'il ne veut pas reconnaître son
fils.
ego alam? La.-quid dixti? eho an non
alemus, Pamphile?
moi, je l'élèverais ? La.-Qu'as-tu
dit ? Allons, nous ne l'élèverons pas, Pamphile ?
an non alemvs pamphile quam faciendum sit,
contrario253 uult senex pronuntiatione
demonstrare, quod scelus sit non fecisse.
an non alemvs pamphile combien il faut le
faire, en usant d'un tour contraire le vieillard veut le montrer
dans la manière dont il le dit et que ce serait un crime de ne pas
le faire1117.
prodemus quaeso potius? quae haec
amentia est?
Nous l'abandonnerons alors, je te
prie ? Quelle est cette folie ?
1 prodemvs qvaeso potivs "deseremus",
"proiciemus", "porro dabimus". Vergilius «
unius ob iram prodimur
253 ». 2 Nam254 a quo
defendendi sumus, si nos deserit pater?
1 prodemvs qvaeso potivs "nous
l'abandonnerons", "nous le rejetterons", "nous le mettrons au
loin" ; Virgile : « unius ob iram prodimur » (nous sommes rejetés
pour la colère d'une seule)1118. 2 De fait par qui devons-nous être défendus,
si notre père nous abandonne ?.
enimuero prorsus iam tacere non
queo;
Vraiment je ne peux plus me taire
davantage ;
1 enimvero prorsvs iam tacere non qveo multa
reticentia de filiorum uitiis et iam defensione quoque apud
soceros uti parentes saepe Terentius demonstrauit. et praecipue in
Andria, cum dicit «
ego illud sedulo negare factum. ille instat
factum
254 ». 2 iam tacere non qveo
quamuis tacendum sit.
1 enimvero prorsvs iam tacere non qveo
Térence montre souvent que les parents usent vis-à-vis de
beaux-pères d'une grande propension à taire les défauts de leurs
fils et aussi d'une tendance à les défendre et surtout dans
L'Andrienne quand il dit « ego illud sedulo negare
factum. ille instat factum »1119. 2 iam tacere non qveo bien
que cela doive être tu.
nam cogis ea quae nolo ut praesente
hoc loquar.
tu me forces à dire en sa présence ce
que je ne veux pas dire.
ignarum censes tuarum lacrimarum esse
me
Crois-tu que je ne sais rien de tes
larmes
1 ignarvm censes tvarvm lacrimarvm esse me
coniectura, an amet255 meretricem Pamphilus. 2 tvarvm lacrimarvm esse me apparet illum a
Sostrata hoc audiuisse, nam non256 ipse filium
deprehenderat flentem.
1 ignarvm censes tvarvm lacrimarvm esse me
conjecture : et si Pamphile aimait sa courtisane. 2 tvarvm lacrimarvm esse me il est clair
qu'il a appris cela de Sostrata, de fait il n'a pas surpris son
fils en train de pleurer.
aut quid sit id quod sollicitere ad
hunc modum?
ou de ce que c'est ce qui t'inquiète
de la sorte ?
1 sollicitere "perturberis",
"commoueare". 2 ad hvnc modvm id est
immoderate.
1 sollicitere "tu sois troublé", "tu sois
bouleversé". 2 ad hvnc modvm
c'est-à-dire "sans mesure".
primum hanc ubi dixti causam, te
propter tuam
D'abord quand tu as dit la raison,
que c'était à cause de ta
primvm hanc vbi dixti cavsam a summo ad
imum.
primvm hanc vbi dixti cavsam du plus
important au moins important1120.
matrem non posse habere hanc uxorem
domi,
mère que tu ne pouvais garder cette
épouse à la maison,
pollicita est ea se concessuram ex
aedibus.
elle a promis, elle, de s'en aller du
foyer.
nunc postquam ademptam hanc quoque
tibi causam uides,
Maintenant que tu vois que cette
raison aussi t'a été enlevée,
puer quia clam te est natus, nactus
alteram es.
parce qu'un enfant t'est né en
cachette, tu t'es trouvé une autre raison.
nactvs alteram es nancisci proprie dicitur,
qui paratus ad tenendum, antequam possit reperire quod teneat,
statim quod occurrerit prehendit.
nactvs alteram es on emploie au sens propre
nanciscor pour celui qui,
prêt à posséder, avant qu'il puisse prendre conscience de ce qu'il
possède, le saisit dès que cela passe1121.
erras tui animi si me esse ignarum
putas.
Tu te trompes en ton cœur si tu crois
que je ne le sais pas.
aliquando tandem huc animum ut
adiungas tuum.
Un jour enfin range ton cœur à ce
parti.
1 aliqvando tandem hvc animvm vt adivngas
tvvm mira instantis temporis inuectio. 2 Et aliqvando tandem vt addvcas tvvm 257 deest
fac, sed planum
pronuntiatione est.
1 aliqvando tandem hvc animvm vt adivngas
tvvm remarquable charge reposant sur l'urgence1122. 2 Et1123 aliqvando tandem vt addvcas tvvm il manque
fac, mais c'est évident
grâce à la prononciation1124.
quam longum spatium amandi amicam
tibi dedi!
Que de temps je t'ai laissé pour
aimer ton amie !
qvam longvm spativm ab ante actis.
qvam longvm spativm argument par ce qui a
été fait auparavant.
sumptus quos fecisti in eam quam
animo aequo tuli!
Et les dépenses que tu as faites pour
elle, avec quelle égalité d'âme je les ai tolérées !
svmptvs qvos fecisti in eam qvam aeqvo animo
tvli recte hoc dicit, quia impetrabilior258 esse debet
indulgentissimus pater, ut alibi «
tum patris pudor, qui me tam leni passus est
animo
255 ».
svmptvs qvos fecisti in eam qvam animo aeqvo
tvli ce qu'il dit est correct parce qu'un père d'une
extrême indulgence doit obtenir davantage, comme ailleurs : « tum
patris pudor, qui me tam leni passus est animo »1125.
egi atque oraui tecum uxorem ut
duceres,
J'ai plaidé et j'ai débattu contre
toi pour que tu prennes femme,
egi atqve oravi tecvm agit, qui iustam rem dicit,
orat qui iure dimisso
precatur, ut quasi beneficium praestetur sibi.
egi atqve oravi tecvm on emploie agere pour celui qui plaide une
juste cause, orare pour
celui qui présente une supplique contre le droit1126, en sorte qu'on lui accorde ce qu'il demande pour
ainsi dire comme un bienfait.
tempus dixi esse: inpulsu duxisti
meo;
j'ai dit qu'il était temps : tu as
épousé sur mes instances ;
1 tempvs dixi esse tempus, quia diu multumque
sustinuit. 2 tempvs dixi esse impvlsv dvxisti
meo multum ualet ad suadendum laudatio eius, apud quem
agimus, et ex ea parte laudatio, qua illum uolumus inflecti.
1 tempvs dixi esse tempus parce qu'il a longtemps
supporté beaucoup. 2 tempvs dixi esse
inpvlsv dvxisti meo il y a une grande force persuasive
dans l'éloge de celui devant qui nous plaidons et dans l'éloge sur
le point précis sur lequel nous voulons le voir fléchir1127.
quae tum obsecutus mihi fecisti ut
decuerat.
cela alors, par égard pour moi, tu
l'as fait, comme il convenait.
qvae tvm obsecvtvs mihi fecisti vt decverat
ordo: "quae fecisti tum obsecutus mihi ut decuerat".
qvae tvm obsecvtvs mihi fecisti vt decverat
l'ordre est : "quae fecisti tum obsecutus mihi ut decuerat"1128.
nunc animum rursum ad meretricem
induxti tuum;
Et pour l'heure, tu as de nouveau
dirigé ton cœur vers cette courtisane ;
1 nvnc animvm ad meretricem hoc uultuose et
demisso labro, ut appareat inuitum duci ad reprehendendum, qui
laudauerit modo «
quae tum fecisti ut decuerat
256 ». 2
in.
indvxti
uenialiter. ἐπανόρθωσις259 quia non dixit "multum
amans facis huic iniuriam", sed cui
obsecutus ob260 meretricis superbiam non
ferendam.
nvnc animvm rvrsvm avec une mimique et une
expression de tristesse1129,
pour qu'il soit clair qu'il est conduit malgré lui à faire des
reproches, lui qui venait de faire son éloge en disant « quae tum
fectisti ut decuerat »1130. 2 indvxti de
manière pardonnable. C'est une épanorthose (ἐπανόρθωσις) parce
qu'il ne dit pas « en aimant beaucoup tu fais injure à l'autre »,
mais cui obsecutus en
raison de l'insupportable arrogance des courtisanes1131.
cui tu obsecutus facis huic adeo
iniuriam.
en ayant des égards pour elle, tu
fais injure à ta femme.
nam in eamdem uitam te reuolutum
denuo
Car c'est dans le même mode de vie
que tu te vautres de nouveau,
1 nam in eandem vitam parcius uitam dixit quam flagitium atque libidinem. 2 te revolvtvm non redisse sed reuolutum esse tamquam inuitum aut
nescium: reliquit enim quandam ueniam, ut uelit esse
correctior.
1 nam in eandem vitam il dit, en économisant
davantage ses mots, uita
plutôt que flagitium
(scandale) et libido
(passion). 2 te revolvtvm non pas
redisse (être
revenu), mais reuolutum
esse, comme si c'était contre son gré et à son
insu1132 : il laisse place pour un certain
pardon, afin qu'il accepte de se corriger.
uideo esse. Pam.-mene? La.-te ipsum:
et facis iniuriam;
je le vois bien. Pam.-Moi ? La.-Oui,
toi : et tu fais injure ;
1 mene hoc genus interrogationis negatiuam
habet significationem. 2 et facis
inivriam pro facis
iniuste.
1 mene ce genre de question a un sens
négatif1133. 2 Et facis
inivriam pour facis
iniuste (tu agis injustement).
confingis falsas causas ad
discordiam,
tu forges de faux motifs de
séparation,
ut cum illa uiuas, testem hanc cum
abs te amoueris.
pour vivre avec l'autre, dès que tu
auras éloigné de toi le témoin qu'elle est.
1 vt cvm illa vivas grauius est cum meretrice
uiuere quam meretricem amare. 2 testem hanc cvm abs te amoveris laudata est
hic uxor modesta, cum illam testem, non impeditricem appellat socer.
1 vt cvm illa vivas il est plus grave de
"vivre avec une courtisane" que d'"aimer une
courtisane". 2 testem hanc cvm abs te
amoveris le beau-père fait ici l'éloge de l'épouse pleine
de modération, en l'appelant testis et non impeditrix (empêcheuse).
sensitque adeo uxor; nam ei causa
alia quae fuit
Et ta femme l'a bien compris ; car
quelle autre raison a-t-elle
sensitqve adeo vxor nam ei cavsa argumentum
aliud, quo uult in Pamphilum referri non solum illius sed etiam
uxoris culpam. etiam hic uide non accusari socrum.
sensitqve adeo vxor nam ei cavsa autre
argument par lequel il veut rapporter à Pamphile non seulement la
faute du jeune homme mais aussi celle de son épouse, mais même ici
voyez que la belle-mère n'est pas accusée.
quam ob rem abs te abiret? Ph.-plane
hic diuinat: nam id est.
de te quitter ? Ph.-Il est clairement
devin, car c'est ainsi qu'il en retourne.
1 plane hic divinat nam id est diuinat dixit pro uerum dicit; 2 Et nota
diuinat de
praeterito dictum. inde prouerbium « aiunt diuinare
sapientem », quia qui dicit uerum diuinus est.
1 plane hic divinat nam id est il dit
diuinat pour "dire la
vérité". 2 Et notez que diuinat s'emploie ici pour le
passé1134,
d'où le proverbe que l'on dit : « le sage est un devin », car
celui qui dit la vérité est vraiment divin1135.
Pam.-dabo iusiurandum nihil esse
istorum tibi. La.-ah
Pam.-Je ferai le serment que rien de
tout cela n'est de ton fait. La.-Ah !
1 dabo ivsivrandvm ubi argumenta et
testimonia deficiunt, ibi iureiurando opus est: id est ἄτεχνος
πίστις. 2 nihil esse istorvm
t.
tibi
satis concinne dixit istorum, ne in singulis
commoraretur.
1 dabo ivsivrandvm là où arguments et témoins
font défaut, il faut recourir au serment : c'est une preuve
non-technique (ἄτεχνος
πίστις)1136. 2 nihil esse istorvm tibi
avec une assez grande élégance il dit istorum pour ne pas s'attarder sur
chaque détail.
reduc uxorem aut quam ob rem non opus
sit cedo.
Reprends ta femme ou dis pourquoi il
ne doit pas en être ainsi.
1 redvc vxorem avt qvamobrem quia Pamphilus
hoc solum defendit non id esse, quod pater putat, nec causam quae
uera sit protulit, ideo senex relicta tota quaestione rediit ad
id, quod agitur, et ait: reduc
uxorem aut "dic quae causa uetat". 2 non opvs sit "reducta" scilicet.
1 redvc vxorem avt qvam ob rem parce que
Pamphile borne sa défense à dire que ce n'est pas ce que son père
croit et n'expose pas la vérité de la cause, le vieillard,
laissant de côté toute la question1137, revient à ce dont il s'agit et dit :
"reprends ta femme ou dis la raison qui te l'interdit". 2 non opvs sit "qu'elle soit reprise",
évidemment.
Pam.-non est nunc tempus. La.-puerum
accipias; nam is quidem
Pam.-Pour l'heure, ce n'est pas le
moment. La.-Accepte l'enfant ; car lui au moins
1 non est nvnc tempvs quia socer
adest. 2 Et oratorie confugit ad declinationem
defensione titubante. 3 accipias pro
accipe. 4 nam causa, cur accipiat. 5 nam is qvidem in cvlpa non est in hoc dicto
quaedam faceta irrisio261 eius, qui nimis iracundus sit.
1 non est nvnc tempvs parce que le beau-père
est présent. 2 Et, de manière
oratoire, il se réfugie dans la fuite puisque sa défense est en
train de vaciller. 3 accipias
pour accipe
(accepte). 4 nam raison pour qu'il
accepte1138. 5 nam is qvidem in
cvlpa non est en disant cela il y a une certaine façon
plaisante de se moquer de celui qui est dans une colère
extrême.
in culpa non est: post de matre
uidero.
n'est pas en faute. Ensuite, je
verrai pour la mère.
post de matre videro bene de matre
concedit, ut de puero extorqueat, quia scit parentum concordiam
firmam esse per filios.
post de matre videro bonne concession au
sujet de la mère pour arracher ce qu'il veut au sujet de l'enfant,
parce qu'il sait que ce sont les fils qui renforcent la bonne
entente des parents1139.
Pam.-omnibus modis miser sum nec quid
agam scio;
Pam.-Dans tous les cas, je suis
malheureux et ne sais quoi faire,
omnibvs modis miser svm quid est omnibus modis? utrum: "et circa
parentem et circa uxorem"? an: "et in reducenda et in non
reducenda miser sum"? an: "miser sum, cui id maxime obtruditur,
quod maxime fugio, id est puerum"?
omnibvs modis miser svm qu'est-ce
qu'omnibus modis ? Est-ce
"du côté de mon père et du côté de ma femme" ? ou alors "je suis
malheureux en la reprenant comme en ne la reprenant pas" ? ou
encore "je suis malheureux parce que ce qui m'est le plus
fermement imposé c'est ce que je fuis le plus, c'est-à-dire
l'enfant" ?
tot nunc me rebus miserum concludit
pater.
tant mon père dresse de pièges pour
m'arrêter, malheureux que je suis !
conclvdit pater translatio de fera
indagata. sic Cicero «
circumdatos Verri cancellos
257 » ait.
conclvdit pater métaphore prise des bêtes
sauvages que l'on piège ; ainsi Cicéron dit que Verrès a été pris
au piège1140.
abibo hinc, praesens quando promoueo
parum.
Je vais partir d'ici, puisque, quand
j'y suis, j'obtiens si peu.
nam puerum iniussu credo non tollent
meo,
Car l'enfant, sans mon consentement,
à mon avis, ils ne l'élèveront pas,
nam pvervm inivssv credo non tolli meo
omnia enim facit poeta, ne aut rem palam faciat aut intercedat
diuortium.
nam pvervm inivssv credo non tolli meo le
poète fait tout pour que la chose ne soit pas découverte et qu'il
n'y ait pas de divorce1141.
praesertim in ea re cum sit mihi
adiutrix socrus.
surtout que dans le cas présent j'ai
pour alliée ma belle-mère.
praesertim in ea re cvm sit mihi adivtrix
socrvs elle qui a dit « continuo exponetur ».
La.-fugis? hem, nec quicquam certi
respondes mihi?
La.-Tu fuis ? Holà, et tu ne me
réponds rien de certain ?
1 fvgis hem ex uerbis patris ostendere
uoluit, quid agat Pamphilus. 2 Et ille abibo dixit, hic fugis.
1 fvgis hem par les mots du père, Térence
veut montrer ce que fait Pamphile1142. 2 Et lui a dit « abibo », Lachès dit fugis.
num tibi uidetur esse apud sese?
sine:
Est ce qu'il te semble savoir encore
où il habite ? Permets :
1 nvm tibi videtvr esse apvd sese quasi ob
amorem meretricis insanus. 2 sine
sine separatim accipe,
quia uim habet comminantis.
1 nvm tibi videtvr esse apvd sese comme s'il
était rendu fou par son amour pour la courtisane. 2 sine comprendre sine séparément, parce qu'il a un
sens de menace1143.
puerum, Phidippe, mihi cedo: ego
alam. Ph.-maxime.
l'enfant, Phidippe, donne-le moi :
c'est moi qui vais l'élever. Ph.-Excellent.
non mirum fecit uxor mea si hoc aegre
tulit:
Ça ne m'étonnerait pas que ma femme
l'ait mal pris :
amarae mulieres sunt, non facile haec
ferunt.
les femmes sont bilieuses, ce ne sont
pas des choses qu'elles supportent facilement.
1 amarae mvlieres quasi uir dixit amaras mulieres: non enim
laudat, sed causam dicit, unde uxor offenderit
Pamphilum. 2 non facile haec fervnt
non facile ferunt "pellicatum neque amorem aliarum in uiris".
amarae mvlieres en mari il dit amarae mulieres ; il ne fait pas en
effet d'éloge, mais il dit la raison pour laquelle son épouse a
offensé Pamphile1144. 2 non facile haec
fervnt elles ne supportent pas "de rivale" et "que leur
mari en aime d'autres".
propterea haec ira est; nam ipsa
narrauit mihi.
C'est pour cela qu'elle est en
colère ; c'est d'ailleurs elle-même qui me l'a raconté.
1 nam ipsa narravit mihi utrum fingit haec
dixisse filiam sibi an uere κατὰ τὸ σιωπώμενον factum est? 2 Ego neutrum puto et sic intellego, quod de
uxore sua dicat ipsa narrauit
mihi secundum illud, quod supra dixit «
sed nunc mihi in mentem uenit de hac re quod locuta es
olim, cum illum generum cepimus. nam negabas nuptam263 filiam tuam te
pati cum eo, qui meretricem amaret, qui pernoctaret
foris
259 ».
1 nam ipsa narravit mihi feint-il que sa
fille lui ait dit cela ou plutôt cela s'est-il fait vraiment a
silentio (κατὰ τὸ
σιωπώμενον)1145 ? 2 A
mon avis, ni l'un ni l'autre et je comprends qu'il parle de sa
propre femme en disant ipsa narrauit
mihi conformément à ce qu'il a dit plus haut : « sed
nunc mihi in mentem uenit de hac re quod locuta es olim, cum illum
generum cepimus, nam negabas nuptam filiam tuam te pati cum eo qui
meretricem amaret, qui pernoctaret foris »1146.
id ego hoc praesente tibi nolueram
dicere,
Et cela, moi, tant qu'il était là, je
n'avais pas voulu te le dire,
neque illi credebam primo: nunc uerum
palam est.
et je ne le croyais pas d'abord :
mais maintenant c'est évident.
1 neqve illi credebam primo quare non
credebas? namque «
amarae
260 » ad hanc rem «
mulieres sunt
261 » et saepe de nihilo suspiciosae. 2 Et bene hoc addidit, ne timuisse generum
uideretur.
1 neqve illi credebam pourquoi ne le
croyais-tu pas1147 ? De fait « les femmes sont bilieuses » sur ce
point et souvent soupçonneuses pour rien. 2 Et c'est un bon ajout pour ne pas avoir l'air de
redouter son gendre.
nam omnino abhorrere animum huic
uideo a nuptiis.
Car je vois une totale répugnance
chez lui au mariage.
a nvptiis non dixit a filia mea, sed, quod pater
Pamphili magis doleat, a
nuptiis inquit; nam Philumenam nolle irati est, odisse
nuptias amatoris.
a nvptiis il ne dit pas "ma fille", mais
ce qui fait souffrir davantage le père de Pamphile a nuptiis ; car ne pas vouloir
de Philumène est le fait de la colère, mais haïr le mariage est le
fait de la passion1148.
La.-quid ergo agam, Phidippe? quid
das consili?
La.-Que vais-je donc faire,
Phidippe ? Que me donnes-tu comme conseil ?
1 qvid ego agam phidippe mire conturbatur
pater, quasi res sua tantum agatur. 2 Et uide, quemadmodum latenter poeta festinet ad
rerum cognitionem.
1 qvid ergo agam phidippe le père est
étrangement troublé comme s'il ne sagissait que de ses propres
affaires ; 2 et voyez comment le
poète se hâte de manière cachée vers la révélation du fin mot de
l'affaire1149.
Ph.-quid agas? meretricem hanc primum
adeundam censeo:
Ph.-Ce que tu vas faire ? Il faut
d'abord aller voir cette fichue courtisane, je crois :
1 meretricem hanc primvm bene hanc quasi "eam, quae interturbat";
sic enim sumitur hoc pronomen, ut «
hancine ego uitam parsi perdere!
262 » et «
tuaque animam
h.
hanc
e.
effundere
d.
dextra
263 », id est "malam". 2 hanc quasi dicat: "hanc quae nos
perturbet". 3 hanc primvm bene
primum, ut intellegamus
"deinde Pamphilum".
1 meretricem hanc primvm hanc est bien, dans l'idée que c'est
"celle qui cause le trouble" ; c'est ainsi en effet qu'on utilise
ce pronom comme « hancine ego uitam parsi perdere ! » et « tuaque
animam hanc effundere dextra » (sous les coup de ta droite rendre
ce souffle), c'est-dire "mauvaise". 2 hanc, comme s'il disait : "celle qui nous
cause du trouble". 3 hanc primvm
primum est bien pour que
nous comprenions "et ensuite Pamphile".
oremus, accusemus grauius,
denique
prions, accusons plus sérieusement,
pour finir
1 oremvs accvsemvs utrum rogemus an, quod uerius est, omni
genere eloquii commoneamus? unde et oratores orare et
perorare dicimus et orator nomen accepit. ut Vergilius
«
talibus orabat Iuno
264 ». namque orat accusaturus264 aut
commoniturus. 2 oremvs
accvsemvs id est "alloquamur", ut Vergilius «
talibus orabat Iuno
265 ». potest intellegi et rogemus, sed non conuenit personae
potiori et causae et ipsi uerborum ordini.
1 oremvs accvsemvs "est-ce que nous allons la
prier" ou, interprétation plus exacte, "utiliser toutes les
ressources de l'éloquence pour la mettre en garde" ? De là, nous
utilisons orare et
perorare pour les
orateurs, et de là aussi le nom même d'orator. Comme Virgile « talibus
orabat Iuno » (tel était le discours de Junon). De fait orare s'applique à la fois à celui
qui va accuser et à celui qui va mettre en garde1150. 2 oremvs
accvsemvs c'est-dire "allons-nous aller lui parler ?"
comme Virgile : « talibus orabat Iuno » (tel était le discours de
Junon) ; on peut comprendre aussi "allons-nous la prier ?", mais
cela ne convient pas à une personne plus puissante, ni à la cause,
ni à l'ordre même des mots1151.
minitemur si cum illo habuerit rem
postea.
menaçons au cas où elle aurait encore
une affaire avec lui après cela.
si cvm illa habverit rem postea ut in
Eunucho «
quocum uno tum rem habebam hospite
266 ».
si cvm illo habverit rem postea comme dans
L'Eunuque : « quocum uno tum rem habebam
hospite »1152.
La.-faciam ut mones. eho puere, curre
ad Bacchidem hanc
La.-Je vais faire comme tu suggères.
Hep ! Petit, cours chez cette Bacchis
bacchidem hanc vicinam nostram sic maluit
quam meretricem dicere,
ne graue sit cum ea seni loqui, nisi quia uicina est.
bacchidem hanc vicinam nostram il préfère
dire ainsi que "courtisane" afin qu'il ne prête pas à conséquence
que le vieillard lui parle, en sa qualité de voisine1153.
uicinam nostram: huc euoca uerbis
meis.
notre voisine : fais-la venir ici de
ma part.
1 hvc evoca verbis meis bene seruata sunt
personis congruentia, nam socerum monere hanc rem tantum decuit,
non et facere, ut cum pellice suae filiae mitius
sermocinaretur. 2 et hvc evoca verbis
meis deest eam.
1 hvc evoca verbis meis Térence a bien su
conserver ce qui convient à chaque personnage ; de fait il
convient que le beau-père se borne à conseiller cela sans le faire
lui-même, afin de pouvoir parler de manière plus douce avec la
rivale de sa fille1154. 2 Et hvc evoca verbis
meis il manque eam1155.
et te oro porro in hac re adiutor sis
mihi. Ph.-ah
Et je te prie encore dans cette
affaire de me prêter assistance. Ph.-Ah !
iamdudum dixi idemque nunc dico,
Lache:
Je l'ai déjà dit et je le redis
maintenant, Lachès :
manere adfinitatem hanc inter nos
uolo,
que cette alliance entre nous
demeure, voilà ma volonté,
si ullo modo est ut possit: quod
spero fore.
si c'est possible d'une manière ou
d'une autre, ce que j'espère.
si vllo modo est vt possit possit scilicet "manere", uel
"ut maneat".
si vllo modo est vt possit possit implicitement "demeurer", ou
alors "pour que notre alliance demeure"1156.
sed uin adesse me una dum istam
conuenis?
Mais veux-tu que je sois là pendant
que tu rencontres cette créature ?
sed vin adesse me vna dvm istam convenis
melius pronuntiaueris, si renitente et improbante hoc uultu dicere
acceperis Phidippum, quasi non oporteat interesse socerum. adeo
mutat sententiam Laches et relegat eum in procurationem alterius
rei.
sed vin adesse me vna dvm istam convenis
vous le prononcerez de meilleure façon si vous comprenez que
Phidippe dit cela avec un visage réticent et plein de reproche,
comme s'il ne convenait pas qu'un beau-père se mêle de cette
affaire. C'est pour cela que Lachès change d'avis et le renvoie
s'occuper d'autre chose.
La.-immo uero abi, aliquam puero
nutricem para.
La.-Non vas-y, cherche une nourrice
pour l'enfant.
nvtricem para para pro quaere.
nvtricem para para pour "cherche".
Actus quintus
scaena prima
Laches Bacchis
727 | 728 | 729 | 730 | 731 | 732 | 733 | 734 | 735 | 736 | 737 | 738 | 739 | 740 | 741 | 742 | 743 | 744 | 745 | 746 | 747 | 748 | 749 | 750 | 751 | 752 | 753 | 754 | 755 | 756 | 757 | 758 | 759 | 760 | 761 | 762 | 763 | 764 | 765 | 766 | 767a
Ba.-non hoc de nihilo est quod Laches
me nunc conuentam esse expetit,
Ba.-Ce n'est pas pour rien que Lachès
me fixe aujourd'hui un rendez-vous,
1 non hoc de nihilo est qvod laches nvnc
rarus hic uitae color in hac allocutione miscetur a poeta, nam
meretrix loquitur et senex et, quod est admirabilius, bona
meretrix, mitis senex, ut intellegas laborasse Terentium, ut et a
lege comicorum recederet et in actu tamen consuetudinem
retineret. 2 non hoc de nihilo est
debet mirari meretrix, cum ad senem ducitur, debet timere, cum ad
patrem, debet suspicari aliquid, cuius amator iam maritus
est. 3 non hoc de nihilo est
coniecturalis causa est: "recipis Pamphilum? non recipio".
1 non hoc de nihilo est qvod laches nvnc ici
c'est une rare couleur de la vie réelle que le poète mêle à cette
conversation, car on y voit parler une courtisane et un vieillard
et, chose plus étonnante, il s'agit d'une courtisane gentille et
d'un vieillard indulgent, pour qu'on comprenne que Térence a
veillé à s'écarter des codes comiques tout en conservant néanmoins
dans l'action les usages1157. 2 non hoc de nihilo
est la courtisane doit éprouver de l'étonnement, puisqu'on
la mène devant un vieillard, elle doit éprouver de la crainte,
puisqu'on la mène devant un père, elle doit soupçonner quelque
chose, elle dont l'amoureux est désormais marié. 3 non hoc de nihilo est c'est une cause
conjecturale : "reçois-tu Pamphile ? Non"1158.
nec pol me multum fallit quin quod
suspicor sit quod uelit.
et, nom d'un chien, je n'hésite guère
à soupçonner ce qu'il veut.
1 nec pol me265 fallit qvin qvod
svspicor ordo et sensus hic est: "nec pol me multum
fallit, quin, quod uelit, hoc sit quod suspicor". 2 Vel: "non me multum fallit, quod uelit, quin hoc
sit quod suspicor". 3 qvin qvod
svspicor ordo: quin, quod uelit, sit quod
suspicor. 4 nec pol me mvltvm fallit
sensus hic est: quominus id sit quod me uocat, quod suspicor.
1 nec pol me fallit qvin qvod svspicor voici
l'ordre et le sens : "nec pol me multum fallit, quin, quod uelit,
hoc sit quod suspicor" (et certes, que ce qu'il veut soit ce que
je soupçonne ne m'échappe guère). 2 Ou alors : "non me multum fallit, quod uelit, quin
hoc sit quod suspicor" (sa volonté ne m'échappe guère, à savoir
que c'est ce que je soupçonne). 3 qvin qvod svspicor ordre : "quin, quod
uelit, sit quod suspicor" (que ce qu'il veut soit ce que je
soupçonne). 4 nec pol me mvltvm fallit
le sens est : "que la raison pour laquelle il m'appelle soit ce
que je soupçonne"1159.
La.-uidendum est ne minus propter
iram hanc impetrem quam possim1445
La.-Il faut voir à ne pas obtenir, à
cause de la colère qui me tient, moins que je ne pourrais
1 ne minvs propter iram hanc impetrem qvam
possim quia non erat uerisimile beniuolum esse patrem
meretrici interturbanti, reddit rationem senex, cur agat mitius,
ne uideatur personae modus non esse seruatus. 2 videndvm est prouidendum, cauendum. 3 impetrem perficiam, dictum a patrando: cuius rei difficultas ob
tarditatem complendarum nuptiarum etiam ad alia negotia, quae sunt
ardua, uerbum hoc commodauit ac dedit.
1 ne minvs propter iram hanc impetrem qvam
possim comme il n'était pas vraisemblable qu'un père soit
bienveillant à l'égard d'une courtisane qui dérange, le vieillard
se justifie d'agir avec une certaine modération pour que l'on
n'ait pas le sentiment que la mesure du personnage n'a pas été
respectée. 2 videndvm est prouidendum (il faut veiller),
cauendum (il faut faire
attention). 3 impetrem équivaut à
perficiam (que je
réussisse), vient de patrare (accomplir) : c'est la
difficulté de cette situation, due au retard que prend la
consommation du mariage, qui applique et rend approprié ce verbe à
d'autres affaires compliquées1160.
aut ne quid faciam plus quod post me
minus fecisse satius sit.
ni à faire quelque chose de trop
qu'ensuite il vaudrait mieux pour moi n'avoir pas fait.
1 qvod post me minvs fecisse sativs sit
"satis faciendo minuisse". 2 sativs sit
si sit pro uideatur acceperis, erit sensus: "ne
quid faciam plus, quod post dum paeniteat me uideatur satius minus
fecisse"; si sit ita ut
erit acceperis, erit
sensus: "uidendum est, ne quid plus faciam, quod cum fecero,
postea satius erit mihi non rem266 esse et satis facere". 3 Aut certe duas res significat, quibus inter
utrumque temperandum esse demonstrat, ut illud supra dictum de
lenitate tenenda pertineat, hoc infra auctoritatem defendendam
esse commoneat. 4 An minus fecisse pro paenitere? sic enim ueteres dicebant
«
muto factum
267 » et «
nollem factum
268 », cum alicuius rei eos paenitebat. 5 sit modo sit pro uideatur posuit.
1 qvod post me minvs fecisse sativs sit
"avoir amoindri en donnant satisfaction"1161. 2 sativs sit si on prend sit au sens de uideatur (semble), le sens sera : "à
ne rien faire de trop qu'ensuite, alors que je le regretterais, il
semblerait préférable que je n'aie pas fait" ; si on prend
sit au sens de erit (il sera), le sens sera : "il
faut veiller à ne rien faire en plus que, une fois que je l'aurai
fait, il sera par la suite préférable pour moi que la chose
n'existe pas et que je m'en satisfasse". 3 Ou du moins il signifie deux choses par lesquelles
il montre qu'il faut faire une moyenne entre les deux, en sorte
que la première prône l'indulgence qu'il faut avoir, la seconde
engage à préserver son autorité. 4 Ou alors minus
fecisse équivaut à paenitere (regretter) ? De fait,
c'est ainsi que les Anciens disaient « muto factum » et « nollem
factum » quand ils regrettaient quelque chose1162. 5 sit parfois
il met sit à la place de
uideatur (il
semble)1163.
aggrediar. Bacchis, salue.
J'attaque. Bacchis, salut.
1 aggrediar bacchis salve bene aggrediar quasi rem arduam et
incongruam seni. 2 Vel aggrediar ut
meretricem circumueniam. Vergilius «
talibus aggreditur Venerem Saturnia dictis
269 ». 3 bacchis salve non ita
meretrici obsequitur senex, quamquam uult illi adimere timorem
personae suae.
1 aggrediar bacchis salve aggrediar est bien choisi, comme on
le dirait d'une chose pénible et incongrue pour un
vieillard. 2 Ou bien aggrediar
pour circonvenir la courtisane. Virgile : « talibus aggreditur
Venerem Saturnia dictis » (c'est avec les paroles suivantes que la
fille de Saturne aborde Vénus)1164. 3 bacchis
salve le vieillard n'est pas obséquieux avec la
courtisane, bien qu'il veuille lui ôter la crainte qu'elle a de sa
personne.
Ba.-salue Laches. La.-credo edepol te
non nihil mirari, Bacchis,
Ba.-Salut, Lachès. La.-Je suppose,
nom d'un chien, que tu n'es pas sans t'étonner un peu,
Bacchis,
credo edepol te non nihil mirari ipsum
prooemium mollius et lenius est, ut ostendat se non iurgaturum
senex.
credo edepol te non nihil mirari ce
préambule même est plutôt doux et indulgent, pour que le vieillard
montre qu'il n'a pas l'intention de la quereller.
quid sit quapropter te huc foras
puerum euocare iussi.
de la raison qui m'a fait envoyer un
esclave pour te convoquer ici dehors.
qvid sit deest rei, ut sit: "quid sit rei".
qvid sit il manque rei, pour faire : quid sit rei (de quelle affaire il
s'agit)1165.
Ba.-ego pol quoque etiam timida sum,
cum uenit mihi in mentem quae sim,
Ba.-Oui, nom d'un chien, et même je
suis tremblante aussi, quand je me représente mentalement qui je
suis,
1 ego pol qvoqve267 timida svm
παρέλκον
tertium, ut «
multa quoque et bello passus
270 ». 2 Et obsequenter posuit non solum se mirari,
sed et pauere. 3 ego pol qvoqve etiam bene
etiam, ut hoc dicat: "non
solum miror, sed etiam timeo". 4 Et noue timida sum pro timeo.
1 ego pol qvoqve timida svm pléonasme
(παρέλκον) de
troisième catégorie, comme dans « multa quoque et bello passus »
(il supporta aussi également beaucoup d'épreuves à la guerre)1166. 2 Et, par déférence, elle met non seulement qu'elle
s'étonne mais aussi qu'elle a peur1167. 3 ego pol qvoqve etiam etiam est bien choisi, pour dire :
"non seulement je m'étonne, mais aussi j'ai peur". 4 Et de façon inédite elle dit timida sum pour timeo (j'ai peur)1168.
de peur que le nom attaché à ma
corporation ne me nuise ; car pour ce qui est de ma conduite, je
l'assume sans mal.
1 ne nomen mihi id est "nomen, quod inest meo
quaestui". 2 ne nomen qvaestvi obstet
"quaestui quem exerceo" scilicet. 3 Id est: "quod est quaestui mihi". 4 qvaestvi id est: "quod meretrix
sum". 5 Legitur et nomen meum quaestui obstet.
1 ne nomen mihi c'est-à-dire "le nom qui est
inhérent à mon métier". 2 ne nomen qvaestvi
obstet "le métier que j'exerce", évidemment. 3 C'est-à-dire : "le nom qui me sert de
métier". 4 qvaestvi c'est-à-dire :
"le fait que je sois une courtisane". 5 On lit aussi nomen
meum quaestui obstet (que mon nom ne nuise à mon
métier).
La.-si uera dices, nihil tibi est a
me pericli, mulier;
La.-Si tu dis vrai, tu n'as aucun
danger à craindre de ma part, femme ;
1 si vera dices interrogabo scilicet.
1 si vera dices "je vais te poser des
questions", implicitement1169.
car j'ai désormais un âge où il ne
serait pas normal de me pardonner une faute ;
1 non sit non uideatur. 2 nam ea aetate iam svm vt non siet268 quia "ipse non ueniam do" an quia "iam mihi
peccanti non danda est"? 3 Et est ordo: "ut non sit mihi aequum
peccato ignosci". 4 Necessaria
igitur ambiguitas: peccato pro peccatori, aut peccato mihi pro peccanti mihi aut peccato meo, aut deest in, ut sit: in peccato269.
1 non sit ne semblerait pas1170. 2 nam ea aetate iam svm vt non
siet parce que "moi-même je ne pardonne pas" ou bien parce
que "l'on ne doit pas me pardonner mes fautes" ? 3 Et l'ordre est : "ut non sit mihi aequum peccato
ignosci". 4 Il y a donc une
ambiguïté nécessaire : soit peccato est mis pour peccatori (le fautif), soit
peccato mihi est mis pour
peccanti mihi (quand je
commets une faute), soit c'est peccato meo (ma faute), soit il
manque in, pour faire :
in peccato (en cas de
faute)1171.
quo magis omnis res cautius ne temere
faciam adcuro;
raison de plus pour ne rien faire à
la légère, j'y veille soigneusement ;
cavtivs ne temere faciam seniliter additum
post cautius ne temere faciam.
cavtivs ne temere faciam à la façon d'un
vieillard, après avoir dit cautius il ajoute ne temere faciam1172.
nam si id nunc facis facturaue es
bonas quod par est facere,
en fait, dès lors que tu agis pour
l'heure et t'engages à agir comme il sied d'agir aux femmes
bien,
factvrave es "etsi non facies".
factvrave es "et peut-être ne le feras-tu
pas"1173.
inscitum offerre iniuriam tibi
inmerenti iniquum est.
qu'un mal élevé t'inflige une offense
que tu ne mérites pas serait injuste.
1 inscitvm inscitum "me" scilicet, "si iniuriam
faciam". 2 offerre offerimus iniuriam immerenti,
reddimus ei qui
meretur. 3 inscitvm offerre
inscitum inelegans, non bonum. 4 Et bene non dixit durum aut aliquid tale sed
inscitum, quo maxime
uerbo mulieres et meretrices utuntur. scitum enim dicunt quod placet,
inscitum quod displicet,
ut «
per ecastor scitus puer natus est Pamphilo
271 ». 5 Hoc tale est, quod
dixit inscitum ex
abundanti, quale est apud Vergilium «
nec post
a.
arma
u.
ulla
r.
rebelles
A.
Aeneadae
272 » etc.
1 inscitvm inscitum c'est-à-dire "moi, au cas
où je t'offenserais". 2 offerre
l'offense, nous la faisons (offerimus) à quelqu'un qui ne le
mérite pas, nous la rendons (reddimus) à quelqu'un qui le
mérite. 3 inscitvm offerre
inscitus signifie "sans
distinction", "pas bon". 4 Et il
fait bien de ne pas dire durum (dur) ou quelque chose de cet
acabit, mais inscitum,
terme qu'utilisent principalement les femmes et les
courtisanes1174.
Elles qualifient en effet de scitus ce qui leur plaît,
d'inscitus ce qui leur
déplaît, comme dans « per ecastor scitus puer natus est
Pamphilo ». 5 On a avec inscitum le même genre d'emploi
superflu que chez Virgile : « nec post arma ulla rebelles Aeneadae
etc. » (et dorénavant, les Enéades rebelles ne prendront plus
aucune arme...)1175.
Ba.-C'est une grande reconnaissance,
par Castor, que je te dois pour cela ;
est magna ecastor gratia imitatur hic et
senile et femineum tardiloquium: suffecerat ago gratias.
est magna ecastor gratia le poète imite ici
à la fois le verbiage des vieillards et celui des femmes : il
aurait suffi de dire ago
gratias (je te remercie)1176.
nam qui post factam iniuriam se
expurget, parum mihi prosit.
car si quelqu'un me faisait injure
avant de s'excuser, cela ne me servirait à rien.
1 nam qvi idem, quod ait in Adelphis «
indignum te esse iniuria hac, indignis cum egomet
acceptus sim modis
273 ». 2 parvm mihi prosit si sic
accipiatur ut scriptum est, λιτότης est et ita intellegendum, quasi
dixerit: "multum mihi nocuerit, immo me laeserit, immo me
euerterit".
1 nam qvi même genre de réplique dans
Les Adelphes : « indignum te esse iniuria hac,
indignis cum egomet acceptus sim modis »1177. 2 parvm mihi
prosit si on prend le texte tel qu'il est
écrit1178, c'est une
litote (λιτότης) et il faut comprendre comme si
elle disait : "il y aurait pour moi beaucoup de tort, j'en serais
même blessée, et même bouleversée".
sed quid istuc est? La.-meum receptas
filium ad te Pamphilum... Ba.-ah!
Mais de quoi s'agit-il ? La.-Tu
reçois souvent mon fils chez toi, Pamphile... Ba.-Eh!
1 sed qvid istvc est nunc demum ad rem
redit. 2 mevm receptas filivm
intentio criminis. 3 Et non recipis sed receptas. 4 Et ne diceret quid tua?, meum filium. 5 mevm receptas filivm propositio accusatoria
est. 6 Et breuiter proposuit crimen, quod postea
dilatatur. 7 Et frequentatiuo usus est, quod non raro
sed frequenter receptet. 8 mevm receptas filivm
ad te status coniectura, quae coniectura diluitur per
ἄτεχνον
πίστιν, id est iusiurandum et tormenta seruorum.
9 ah quod falsum est,
reclamauit meretrix et uoluit contradicere, si permitteret
senex270.
1 sed qvid istvc est elle en revient
seulement maintenant au sujet. 2 mevm receptas filivm thèse de
l'accusation1179. 3 Et il ne dit pas recipis (tu reçois) mais receptas1180. 4 Et pour l'empêcher de
dire quid tua ?
(qu'est-ce que cela peut te faire ?), il précise meum filium1181. 5 mevm receptas
filivm c'est l'assertion d'un accusateur. 6 Et il expose brièvement le chef d'accusation qui
est ensuite développé. 7 Et il
utilise le fréquentatif, au motif qu'elle l'a reçu non pas à
l'occasion mais fréquemment. 8 mevm receptas filivm ad te statut par
conjecture1182, laquelle conjecture
est débrouillée par une preuve non-technique (ἄτεχνος πίστις)1183,
c'est-à-dire un serment et la mise à la question d'esclaves1184. 9 ah comme
c'est faux, la courtisane veut faire une réclamation et
souhaiterait apporter la contradiction, avec l'autorisation du
vieillard.
La.-sine dicam. uxorem hanc prius
quam duxit, uestrum amorem pertuli.
La.-Laisse-moi parler. Avant qu'il
n'ait épousé celle qui est aujourd'hui sa femme, j'ai enduré votre
liaison.
1 sine dicam Vergilius «
sine me haec
h.
haud
m.
mollia
f.
fatu
274 ». 2 vxorem privs hanc ante
rem, a praeteritis et ante actis. 3 qvam hanc dvxit hanc quasi molestam et quae hoc
nolit pati. 4 vestrvm amorem
pertvli271
ἀποσιώπησις,
ut in Heautontimorumeno «
at ne illud haud inultum, si uiuo, ferent! nam iam... –
non tu te cohibes?
275 ». 5 vestrvm non ipsius
Pamphili. 6 Ergo
blande et honorifice: non enim illius
amorem et tuum quaestum, sed amorem uestrum . nihil potuit
dici familiarius. pertuli autem quantam uim habet
patientiae quantumque ponderis, ne laedi mereatur
ulterius! 7 vxorem privs qvam hanc a
persona sua prius quam hanc duxit,
pertuli. 8 Et quia multum diuque amauerit, pertuli dixit, quae est longi
temporis significatio.
1 sine dicam Virgile : « sine me haec haud
mollia fatu » (laisse-moi avouer des choses qui ne sont pas
faciles à dire)1185. 2 vxorem privs hanc avant l'affaire, argument
tiré du passé et d'événements déjà accomplis. 3 qvam hanc dvxit hanc, pour ainsi dire cette
grincheuse incapable de supporter cela. 4 vestrvm amorem pertvli aposiopèse (ἀποσιώπησις), comme
dans L'Héautontimorouménos : « at ne illud haud
inultum, si uiuo, ferent! nam iam... – non tu te cohibes ? » (Ah
ça non ! Ils ne s'en tireront pas à si bon compte, moi vivant, car
maintenant... -Tu n'arrives pas à te retenir ?)1186. 5 vestrvm et non pas du seul Pamphile
lui-même. 6 Donc pour enjôler et
pour flatter : car il ne dit pas illius amorem et tuum quaestum (à
cause de son amour à lui et de ton métier à toi) mais amorem uestrum : on n'aurait rien pu
dire de plus amical1187. Quant à pertuli, quelle dose de
patience il implique, et quel poids pour lui éviter d'être lésé à
l'avenir1188 ! 7 vxorem privs qvam hanc argument tiré de sa
personne prius quam hanc duxit,
pertuli. 8 Et comme
Pamphile a été amoureux beaucoup et longtemps, il dit pertuli, dont le sens implique une
longue durée1189.
mane: nondum etiam dixi id quod
uolui. hic nunc uxorem habet;
Attends : je n'ai pas encore dit ce
que je voulais. Aujourd'hui mon fils a une épouse légitime ;
1 nondvm etiam dixi id qvod volvi apparet
senem tarde et longe loquentem interpellari uultu responsurae
meretricis, cum ille sibi silentium praeberi uelit. sic Vergilius
Latinum inducit dicentem «
sine me haec haud mollia fatu
s.
sublatis
a.
aperire
d.
dolis
,
s.
simul
h.
haec
a.
animo
h.
hauri
276 », sed ad postremum de Turno «
ut primum fari potuit, sic incipit ore
277 ». 2 mane nondvm etiam
ἀποσιώπησις
tertia. 3 hic nvnc vxorem habet cum
denuntiatione pronuntiandum est, quasi dicat: alia res est.
1 nondvm etiam dixi id qvod volvi apparemment
le vieillard, qui s'exprime lentement et longuement, se fait
interrompre par une mimique de la courtisane qui veut répondre,
alors qu'il veut qu'on fasse silence pour lui1190. Ainsi Virgile met-il en scène Latinus disant : « sine
me haec haud mollia fatu sublatis aperire dolis, simul haec animo
hauri » (laisse-moi, toute feinte abolie, avouer des choses qui ne
sont pas faciles à dire et en même temps dépose ces paroles dans
ton âme), mais à la fin, à propos de Turnus : « ut primum fari
potuit, sic incipit ore » (dès qu'il a pu parler, voici les mots
qui se mettent à sortir de sa bouche)1191. 2 mane nondvm
etiam aposiopèse (ἀποσιώπησις) de troisième type1192. 3 hic nvnc vxorem habet il
faut le prononcer avec le ton d'une proclamation officielle, comme
s'il disait : "c'est maintenant une tout autre affaire".
quaere alium firmiorem, dum tempus
consulendi est;
alors cherche-toi un amant plus
fidèle, tant que tu as du temps pour penser à toi ;
1 qvaere alivm firmiorem magna moralitas in
renuntiatione, magna proprietas; sic enim dicimus quaere tibi. Vergilius «
quaerat sibi foedera Turnus
278 ». 2 qvaere alivm firmiorem
firmiorem pro firmo: non enim firmum esse concedit Pamphilum, quem
uult intellegi deceptorem esse Bacchidis, non iam amatorem
stabilem. 3 qvaere alivm tibi
firmiorem oratorie senex quasi consulit meretrici, quam
uocauerat incusandam. 4 qvaere alivm
firmiorem amicvm a praesentibus et a futuris. 5 Callide senex, quasi iam non Pamphilo
consulat sed Bacchidi, quaere
alium dixit. 6 dvm tempvs
consvlendi est272 sensus: dum aetas in flore
posita est, facies273
uendibilis etiam nunc. et est ordo: dum tempus est tibi
consulendi. 7 Et bis subaudiendum est tibi.
1 qvaere alivm firmiorem grande conformité à
son caractère dans cette proclamation, grande cohérence ; c'est
ainsi en effet que nous disons quaere
tibi (procure-toi). Virgile : « quaerat sibi foedera
Turnus » (que Turnus se cherche des alliés)1193. 2 qvaere alivm
firmiorem il dit firmior à la place de firmus1194 : car il ne concède pas l'idée que Pamphile soit
fidèle, il veut au contraire qu'on le voie comme celui qui trompe
Bacchis, celui qui n'est plus un amoureux stable. 3 qvaere alivm tibi firmiorem de façon
oratoire, le vieillard veille presque aux intérêts de la
courtisane, qu'il avait convoquée pour
l'incriminer1195. 4 qvaere alivm firmiorem amicvm argument du
présent et du futur1196. 5 Habilement1197,
le vieillard, comme s'il n'était plus le conseiller de Pamphile
mais celui de Bacchis, lui dit quaere
alium. 6 dvm tempvs
consvlendi le sens est : "aussi longtemps que ta jeunesse
est dans sa fleur et que ton visage reste vendable". Et l'ordre
est : dum tempus est tibi
consulendi. 7 Et il faut
sous-entendre deux fois tibi1198.
nam neque ille hoc animo erit aetatem
neque pol tu eadem istac aetate.
car il ne sera pas dans cet état
d'esprit tout le temps, ni toi, nom d'un chien, toujours dans le
temps de ta jeunesse.
1 nam neqve ille hoc animo erit aetatem pro
uide quam longa est
aetas. 2 neqve pol tv eadem
istac: σχῆμα
λόγους πλοκή: prius aetatem aduerbium et posterius
nomen.
1 nam neqve ille hoc animo erit aetatem
équivaut à "regarde comme la vie est longue". 2 neqve pol tv eadem istac figure de
discours : boucle (σχῆμα
λόγους πλοκή) : la première fois aetatem est un adverbe et la seconde
un nom1199.
Ba.-quis id ait? La.-socrus.
Ba.-men... La.-te ipsam; et filiam abduxit suam,
Ba.-Qui prétend cela ? La.-Sa
belle-mère. Ba.-Que moi... La.-Oui toi ; et elle a soustrait sa
fille
1 qvis non interrogatio, sed firma negatio
est. 2 qvis id ait cum dicat
senex «
meum receptas filium
279 », mirum est illam dicere quis id ait?; sed ab accusatore
testimonium quaerit. 3 Et bene ait quasi uanum: sic enim dicimus
ait, aio de rebus nugatoriis. 4 socrvs terribiliter quasi quae maxime
sciat, quae maxime doleat. ergo et oculis et labris
pronuntiandum. 5 qvis id ait moraliter
meretrix missa fecit omnia, quae senex in medium contulit, et soli
intentioni «
meum receptas filium
280 » quis id ait?
respondit274. 6 et filiam abdvxit svam
addidit ad personam testis et facta, quia minus idoneum uidebatur
socrum dixisse de pellice. 7 Et simul ostendit, quantopere hoc
animaduertendum sit, ex quo tantae turbae sint
concitatae. 8 abdvxit svam abduxit proprie dixit: accersi enim dicitur ad maritum,
abduci a marito ad
diuortium. sic Vergilius «
et gremiis abducere pactas
281 ».
1 qvis ce n'est pas une interrogation mais
une franche négation1200. 2 qvis id ait
alors que le vieillard dit « meum receptas filium », il est
surprenant qu'elle dise quis id
ait ? ; mais c'est qu'elle demande à son accusateur un
témoignage1201. 3 Et elle fait bien de dire ait comme on le dit d'une chose
vaine : c'est ainsi que nous disons ait, aio quand il s'agit de
balivernes1202. 4 socrvs dit
pour faire peur, comme celle qui en sait le plus et qui a le plus
à en souffrir. Il faut donc dire ce mot tant avec les yeux qu'avec
les lèvres1203. 5 qvis id ait
conformément à son caractère, la courtisane néglige tout ce que le
vieillard a dit au milieu et ce n'est qu'à la seule accusation
« meum receptas filium ad te Pamphilum » qu'elle répond quis id ait ?1204. 6 et filiam abdvxit
svam il ajoute au personnage du témoin également des
faits, parce qu'il paraîtrait trop peu vraisemblable qu'une
belle-mère ait parlé d'une prostituée1205. 7 Et, en même
temps, il montre l'importance qu'il faut accorder à l'événement
qui a causé de si grands troubles. 8 abdvxit svam abduxit est dit au sens propre : en
effet on dit d'une femme qu'on l'amène (accersere) à son mari, mais qu'on la
soustrait à son mari (abducere) en vue d'un divorce. Ainsi
Virgile : « et gremiis abducere pactas » (et de soustraire au
giron maternel des filles promises à d'autres)1206.
puerumque ob eam rem clam uoluit
natus qui est exstinguere.
et l'enfant, à cause de cela, en
cachette elle a voulu, celui qui est né, le supprimer.
pvervmqve ob eam rem hoc sic pronuntiat
senex, quasi qui dicat "ecce quarum rerum tu causa!" et haec
oratio de his est, quibus ostendimus nos posse grauiter accusare
sed nolle.
pvervmqve ob eam rem le vieillard prononce
cela comme quelqu'un qui dirait "voilà les événements dont tu es
la cause !" et ce discours porte sur un sujet par lequel nous
montrons que nous pourrions faire une accusation grave mais que
nous ne le voulons pas1207.
Ba.-aliud si scirem qui firmare meam
apud uos posse fidem
Ba.-Si je savais un autre moyen de
pouvoir confimer ma bonne foi à vos yeux,
1 apvd vos possem fidem bene uos, quia et «
ille
282
»275 dixit et «
socrus
283 ». 2 alivd si scirem qvi
firmare mire, dum quaerit quod iuret, fidem sibi
acquisiuit atque ascripsit.
1 apvd vos possem fidem elle fait bien de
dire uos, parce que lui
avait dit « ille » et « socrus ». 2 alivd si scirem qvi firmare paradoxalement,
tout en cherchant quel serment faire, elle gagne et se ménage sa
confiance1208.
sanctius quam iusiurandum, id
pollicerer tibi, Lache,
plus sacré qu'un serment, je te
promettrais, Lachès,
1 sanctivs qvam ivsivrandvm bene, dum aliud
agit, etiam personam276 commendat; nam non est leuis,
quae iureiurando nihil sanctius sciat. 2 sanctivs firmius.
1 sanctivs qvam ivsivrandvm c'est bien que,
tout en faisant autre chose, elle recommande sa propre personne ;
car elle n'est pas sans valeur celle qui sait que rien n'est plus
sacré qu'un serment1209. 2 sanctivs
plus solide (firmius).
me segregatum habuisse, uxorem ut
duxit, a me Pamphilum.
que j'ai tenu à l'écart, depuis qu'il
a pris épouse, loin de moi ton Pamphile.
1 me segregatvm habvisse vxorem bono
significatu usa est, quasi ipsa hoc fecerit. 2 Et bene segregatum: non enim disiunctum aut repudiatum proprie
diceret. 3 vt dvxit a me pamphilvm
ut aduerbium temporis est
pro ex quo.
1 me segregatvm habvisse vxorem elle use
d'une bonne formulation, comme si c'était elle-même qui avait fait
ça. 2 Et segregatum est bien choisi : en
effet, en disant disiunctum (séparé) ou repudiatum (répudié), elle ne se
serait pas exprimée proprement1210. 3 vt dvxit a me
pamphilvm ut est
un adverbe de temps mis pour ex
quo (depuis que)1211.
La.-lepida es. sed scin quid uolo
potius sodes facias? Ba.-quid uis? cedo.
La.-Tu es charmante. Mais sais-tu ce
que je voudrais surtout que tu fasses, s'il te plaît ? Ba.-Que
veux-tu ? Dis.
1 lepida ut significet277 senex cum meretrice se278 loqui, eo nomine eam laudauit, quo meretrices
solent laudari quam quo mater familias. sic et supra, cum «
inscitum
284 » se diceret, rationem habuit, quae esset cum qua
loqueretur. 2 sed scin qvid volo potivs
hinc deliberatiua incipit. 3 sodes
si audes, si uis279.
1 lepida pour bien montrer que c'est avec une
courtisane qu'il parle, le vieillard lui fait un compliment au
moyen d'un adjectif qui sert habituellement à complimenter les
courtisanes plutôt qu'une mère de famille1212. Ainsi plus
haut, quand il se traitait d'inscitus, il tenait compte de la
qualité de son interlocutrice1213. 2 sed scin qvid volo potivs c'est ici que
démarre la délibérative1214. 3 sodes pour si
audes (si tu le juges bon), si uis (si tu veux)1215.
eas ad mulieres huc intro atque
ut1452 istuc iusiurandum idem
Que tu ailles auprès de ces femmes là
dedans et que, ce même serment,
1 eas ad mvlieres hvc intro non dixit
ad socrum et uxorem,
terribilia nomina et inimica meretrici, sed quod facile est,
ad mulieres; sic alibi
«
mulier mulieri magis congruit
285 ». et ne longe uideretur, addidit huc intro. 2 atqve vt istvc ivsivrandvm id est: quod tu
mihi pollicebaris.
1 eas ad mvlieres hvc intro il ne dit pas
"auprès de la belle-mère et de l'épouse", des mots qui font peur
et s'opposent à celui de courtisane, mais, ce qui est indulgent,
ad mulieres ; de même
ailleurs, « mulier mulieri magis congruit ». Et pour que ça ne
paraisse pas être loin, il ajoute huc
intro1216. 2 atqve vt istvc
ivsivrandvm c'est-à-dire : celui que tu m'avais
promis.
polliceare illis; exple animum
his1453 teque hoc crimine expedi.
tu le leur fasses à elles ; garantis
leur tranquillité d'esprit et libère-toi de ce reproche.
1 exple animvm his teqve hoc crimine expedi
explere emunire: Terentianum est. 2 expedire se dicitur, qui pedem
retentum liberat. 3 exple animvm
quo illis prosis.
1 exple animvm his teqve hoc crimine expedi
explere signifie
emunire (fortifier) :
c'est un emploi térentien1217. 2 On dit
expedire se (se dépétrer)
de quelqu'un qui libère son pied entravé1218. 3 exple animvm l'état d'esprit grâce auquel
tu pourrais leur être utile1219.
Ba.-faciam quod pol, si esset alia ex
hoc quaestu, haud faceret, scio,
Ba.-Je vais faire ce que, nom d'un
chien, une autre fille de ma corporation ne ferait pas, je le sais
bien,
qvod pol si esset alia ex hoc qvaestv
uigilanter poeta, ne non uerisimile uideretur id ullam fecisse
meretricem, ipse lectorem praeuenit. et sic fere in omnibus
Terentius, quae minus peruulgata sunt quaeque abhorrent a
consuetudine, agit.
qvod pol si esset alia ex hoc qvaestv de
façon vigilante, le poète, de peur qu'il paraisse invraisemblable
qu'une courtisane agisse ainsi, prévient lui-même son lecteur. Et
c'est ainsi que fait Térence en général dans toutes les situations
qui ne sont pas banales et qui dérogent à l'usage.
ut de tali causa nuptae mulieri se
ostenderet;
aller dans une telle circonstance se
montrer à une femme mariée ;
1 vt de tali cavsa id est amore mariti eius
et pellicatu. 2 nvptae mvlieri se
ostenderet plus dixit quam nuptam alloqueretur.
1 vt de tali cavsa c'est-à-dire l'amour de
son mari et le concubinage. 2 nvptae mvlieri se
ostenderet elle en dit plus qu'en disant nuptam alloqueretur (parler à une
femme mariée)1220.
sed nolo falsa fama esse1454 gnatum suspectum tuum,
mais je ne veux pas qu'une mauvaise
rumeur fasse suspecter ton fils
sed nolo falsa fama esse bene, quo sit
gratiosior, non propter se dixit quod facit facere.
sed nolo falsa fama esse elle fait bien,
pour obtenir davantage de reconnaissance, de dire que ce n'est pas
pour elle qu'elle fait ce qu'elle fait.
nec leuiorem uobis, quibus est minime
aequum, eum uiderier
ni qu'il paraisse trop frivole
vis-à-vis de vous, pour qui ce serait tout à fait déplacé,
1 nec leviorem vobis quid leuiorem? an minus carum, ut contra grauis intellegitur? Vergilius «
ferit ense grauem Tymbreus Osirim
286 ». 2 Grauis etiam molestus intellegitur, ut Sallustius
«
grauiores bello qui prohibitum uenerant sociis
egere
287280 ». 3 Grauis etiam languidus. Vergilius «
ubi aut morbo grauis
a.
aut
i.
iam
s.
segnior
a.
annis
d.
deficit
,
a.
abde
d.
domo
288 ». 4 nec leviorem ut contra
grauis honore dignus et carus. 5 qvibvs est minime aeqvvm281 parentibus scilicet.
1 nec leviorem vobis pourquoi leuiorem ? S'agit-il de signifier
minus carum (moins cher),
comme le contraire grauis
le laisse entendre ? Virgile « ferit ense grauem Tymbreus Osirim
» (Thymbrée frappe de son épée le lourd Osiris)1221. 2 Grauis se
comprend aussi au sens de molestus (pénible), comme chez
Salluste « grauiores bello qui prohibitum uenerant sociis egere »
(Et ceux que la guerre rendaient plus insupportables, qui étaient
venus pour interdire, se trouvèrent manquer d'alliés). 3 Grauis également au sens de
languidus (languissant).
Virgile : « ubi aut morbo grauis aut iam segnior annis deficit,
abde domo » (quand soit alourdi par la maladie soit engourdi par
les années il manque à sa tâche, garde-le à l'enclos). 4 nec leviorem comme, au contraire,
grauis veut dire digne
d'honneur et cher1222. 5 qvibvs est minime aeqvvm
il parle des parents évidemment.
immerito; nam meritus de me est quod
queam illi ut commodem.
et ce sans l'avoir mérité ; car à mon
égard il a bien mérité que je fasse ce qu'il faut pour
l'arranger.
1 immerito bona exceptio: hoc enim et cauere
nobis et praestare aliis possumus. 2 immerito nam meritvs de me est παρόμοιον. 3 immerito nam meritvs de me est qvod qveam illi vt
commodem282 et hoc artificiose Terentius, ne uel meretricem
dure a Pamphilo segregaret. 4 qvod qveam illi vt
commodem sic in Andria «
magis id adeo, mihi ut incommodet, quam ut obsequatur
gnato
289 ».
1 immerito bonne exception : cela, en effet,
nous pouvons nous en prémunir et le donner aux autres1223. 2 immerito nam meritvs
de me est paronomase (παρόμοιον)1224. 3 immerito nam meritvs
de me est qvod qveam illi vt commodem et Térence dit cela
dans les règles de l'art, pour que Lachès n'impose pas à Bacchis,
fût-elle une courtisane, une rupture trop pénible avec
Pamphile. 4 qvod qveam illi vt
commodem ainsi dans L'Andrienne : « magis id
adeo, mihi ut incommodet, quam ut obsequatur gnato ».
La.-facilem beniuolumque lingua tua
iam tibi me reddidit,
La.-Facile et bien disposé à ton
égard, voilà ce que ta langue a fait de moi.
1 facilem benivolvmqve lingva tva facilem ad peccatum, beniuolum ad iracundiam
rettulit. 2 lingva tva consuetudine
magis quam ratione dixit. 3 lingva ergo
pro homine ipso. 3 lingva tva
iam subdistingue iam ut appareat: "si lingua iam,
quanto magis facta".
1 facilem benivolvmqve lingva tva facilem se rapporte à la faute de
Bacchis, beniuolum à la
colère de Lachès. 2 lingva tva
il parle davantage selon l'usage que selon la raison. 3 lingva vaut donc pour la personne
entière1225. 3 lingva tva iam ponctuez pour mettre en
valeur iam pour qu'on
comprenne : "s'il en va dès lors ainsi de ta langue, alors que
dire de tes actions ?".
nam non sunt solae arbitratae
hae1455; ego quoque hoc etiam credidi.
Car ce ne sont pas seulement ces
dames qui l'ont pensé ; même moi aussi je l'ai cru.
1 nam non svnt solae arbitratae hae nunc
fatetur se quoque accusatorem fuisse, nunc uero beniuolum
factum. 2 hae cum ἀποστροφῇ. 3 ego qvoqve etiam283 superuacue posita sunt,
sed hic confirmationem ostendunt.
1 nam non svnt solae arbitratae hae il avoue
maintenant que lui aussi était accusateur mais que désormais il
est devenu bien intentionné. 2 hae avec une apostrophe (ἀποστροφῇ)1226. 3 ego qvoqve etiam sont employés de façon
superflue, mais ici ils servent à marquer la confirmation1227.
nunc quam ego te esse praeter nostram
opinionem comperi,
Mais désormais, puisque je t'ai
découverte tout autre que dans mes préjugés,
1 praeter nostram opinionem praeter pro contra. 2 praeter nostram opinionem hoc est
innoxiam.
1 praeter nostram opinionem praeter au sens de contra (contre). 2 praeter nostram opinionem c'est-à-dire
innocente.
fac eadem ut sis porro; nostra utere
amicitia ut uoles.
fais en sorte de le rester à
l'avenir ; dispose de notre amitié à ton gré.
1 fac eadem vt sis porro hoc est: "perseuera
purgata esse"; uult enim et de futuro cautum esse, ut supra «
nam si id facis facturaue es
290 ». 3 nostra vtere amicitia non
iam amore sed amicitia.
1 fac eadem vt sis porro c'est-à-dire :
"continue à être hors de cause" ; il veut en effet se prémunir
pour l'avenir, comme ci-dessus : « nam si id facis facturaue
es ». 3 nostra vtere amicitia il
ne dit plus amore mais
amicitia1228.
aliter si facias1456...
reprimam me, ne aegre quicquam ex me audias.
Mais si tu venais à agir autrement...
Je préfère me retenir, pour que tu n'entendes rien de désagréable
de ma bouche.
1 aliter si facias
κατάπληξις μεθ᾽
ἁπλῆς ἀποσιωπήσεως
284. 2 ne aegre qvicqvam ex me avdias utrum
aegre pro male an aegre pro inuita?
1 aliter si facias effroi accompagné d'une
aposiopèse simple (κατάπληξις μεθ᾽ ἁπλῆς
ἀποσιωπήσεως)1229. 2 ne aegre qvicqvam ex me avdias faut-il
comprendre aegre au sens
de male (entendre dire du
mal) ou aegre équivaut-il
à inuita (malgré
toi) ?
uerum hoc te moneo unum qualis sim
amicus aut quid possim1457
J'ai un seul conseil à te donner : ce
que je vaux, ce que je suis capable de faire comme ami
1 vervm hoc te moneo vnvm haec figura
oratoria παραίνεσις dicitur. 2 qvalis sim amicvs avt qvid possim in
secunda oratione Sallustius ad Iugurtam «
ne uim magis quam beniuolentiam eius experiri
mallem
291 ». 3 qvalis sim amicvs avt qvid
possim hoc genus comminationis et minus habet amaritudinis
et plurimum grauitatis. 4 Et Sallustius «
ne uim magis quam beniuolentiam eius experiri
mallem
292 ».
1 vervm hoc te moneo vnvm cette figure
oratoire s'appelle exhortation (παραίνεσις). 2 qvalis sim amicvs avt qvid possim Salluste
dans le second discours adressé à Jugurtha :« ne uim magis quam
beniuolentiam eius experiri mallem »1230 (que je ne
préfère pas tâter de la force plutôt que de la bienveillance du
peuple romain). 3 qvalis sim amicvs
avt qvid possim ce type de menace est à la foins moins
désagréable et très solennel. 4 Et
Salluste : « ne uim quam misericordiam eius experiri mallet » (de
ne pas choisir de tester la force plutôt que la miséricorde du
peuple romain).
potius quam inimicus periclum
facias.
plutôt que comme ennemi, voilà ce
que tu devrais tester.
scaena altera
Laches Bacchis Phidippus
767b | 768 | 769 | 770 | 771 | 772 | 773 | 774 | 775 | 776 | 777 | 778 | 779 | 780 | 781 | 782 | 783 | 784 | 785 | 786 | 787 | 788 | 789 | 790 | 791 | 792 | 793 | 794 | 795 | 796 | 797 | 798
Ph.-Nihil apud me tibi
Ph.-Il n'est rien qui chez moi ne te
1 nihil apvd me tibi defieri patiar uerba
nutricis fuisse poeta monstrat petentis pro285 ordine longo, quae sibi
praebenda sint. unde quasi taedio singulorum generaliter hic
respondet nihil apud me tibi
d.
defieri
p
patiar
. 2 Et apud
me dixit pro "apud eum ubi futura es".
1 nihil apvd me tibi defieri patiar le poète
montre qu'il y a eu des répliques de la nourrice qui a demandé en
une longue série ce qu'il fallait lui donner. De là vient que
c'est comme sous l'effet du dégoût devant tant de détails qu'il
répond de façon générale nihil
apud me tibi defieri patiar. 2 Et il ditapud me au lieu de "apud eum
ubi futura es" (chez celui chez qui tu seras).
defieri patiar quin quod opus sit
benigne praebeatur;
fera défaut, je ne le tolérerai pas
et veillerai à ce que tout ce dont tu as besoin, on te l'offre à
profusion ;
1 defieri patiar noluit dicere deesse, sed defieri dixit, ut id quod minus
usitatum est, magis delectat auditum. 2 benigne praebeatvr benigne large: hoc est enim gratius non
solum praebere, sed etiam benigne.
1 defieri patiar il ne veut pas dire
deesse (manquer), mais il
dit defieri, pour que ce
qui est moins courant plaise davantage quand on
l'entend1231. 2 benigne praebeatvr benigne signifie large (largement) : car c'est plus
agréable de non seulement offrir, mais d'offrir à profusion.
sed cum tu satura atque ebria eris,
puer ut satur sit facito.
mais dès que tu seras rassasiée et
imbibée, fais en sorte que l'enfant soit rassasié aussi.
1 sed cvm tv satvra atqve ebria eris hoc est
in nutricibus non solum non turpe sed etiam necessarium. 2 Et hic satur et haec satura facit.
1 sed cvm tv satvra atqve ebria eris ceci
chez les nourrices non seulement n'est pas répréhensible mais
c'est même nécessaire1232. 2 Et cela fait satur au masculin, satura au féminin1233.
La.-noster socer, uideo, uenit; puero
nutricem adducit.
La.-Notre beau-père arrive, je le
vois ; il amène une nourrice au bébé.
1 noster socer video venit noster blandientis dictum est.
Vergilius «
noster eris
293 ». 2 Et magis hoc consuetudine dictum est quam
integritate. 3 Aut certe ordo:
"noster socer uenit", et deinde: "uideo". 4 Aut deest ut, ut sit: ut uideo.
1 noster socer video venit noster terme qui marque de
l'affection. Virgile : « noster eris » (tu seras des nôtres)1234. 2 Et l'énoncé tient davantage de l'usage que
de la correction. 3 Ou du moins
l'ordre des mots est : "noster socer uenit", et ensuite :
"uideo"1235. 4 Ou alors il
manque ut, pour faire :
ut uideo (à ce que je
vois)1236.
Phidippe, Bacchis deierat
persancte... Ph.-haecine ea est? La.-haec est.
Phidippe, Bacchis jure
solennellement... Ph.-Est-ce elle, ici ? La.-C'est elle.
1 deierat deos
iurat, ut «
maria
a.
aspera
i.
iuro
294 ». 2 Aut ualde iurat. 3 bacchis deierat si correpte, deos iurat, si producte, ualde iurat. 4 Et bene senem iratum praeoccupauit dicendo
deierat sancte, ne
confligeret cum meretrice et fieret fabula longior. 5 haecine ea est imitanda irati contemplatio,
quasi dicat "haec est quam uxori Pamphilus anteponit".
1 deierat équivaut à deos iurat (elle jure les dieux)
comme dans « maria aspera iuro » (je jure les mers
dangereuses)1237. 2 Ou bien à ualde
iurat (elle jure fortement). 3 bacchis deierat si le e est bref, c'est
deos iurat, s'il est
long, c'est ualde iurat
1238. 4 Et il fait bien d'attaquer en préalable le
vieillard irrité en lui disant deierat sancte, pour éviter qu'il ne
se lance dans une dispute avec la courtisane et que la pièce
devienne trop longue. 5 haecine ea
est il faut imiter le regard d'un homme en colère, comme
s'il disait "c'est donc elle que Pamphile préfère à son
épouse ?"1239.
Ph.-nec pol istae metuunt deos neque
eas respicere deos opinor.
Ph.-Nom d'un chien, ces garces ne
craignent pas les dieux et ne respectent pas les dieux, à mon
avis.
1 nec pol istae metvvnt deos hoc argumentum
est non illam uera iurare. sancitur autem iusiurandum aut metu
religiosorum aut supplicio sacrilegorum. at uero nec religiosae
sunt meretrices, inquit, nec dant poenas, quippe quae a dis
contemnantur. tale est illud apud Vergilium: si uiolatus est
lucus, tamen uindicatum non est, «
sed faciles nymphae risere sacello
295 ». 2 nec eas respicere deos
op.
opinor
et infeliciores sunt, inquit, quam in quas di
uindicent. 3 nec eas respicere nec
merentur, inquit, ut dis poenas referant, quia nec curae dis esse
dignae sunt. et est ἀμφιβολία, quae sensu manifesta est.
1 nec pol istae metvvnt deos c'est la preuve
qu'elle ne jure pas la vérité. Un serment est sanctionné soit s'il
y a crainte du sacré, soit si les sacrilèges sont punis1240. Mais
en l'espèce, les courtisanes n'ont pas de crainte du sacré,
dit-il, et on ne peut les punir au motif qu'elles sont méprisées
des dieux. C'est ce qu'on voit chez Virgile : même si le bois
sacré a été profané, il n'y a pour autant pas eu de vengeance,
« sed faciles nymphae risere sacello » (mais les nymphes
indulgentes ont ri dans le sanctuaire)1241. 2 nec eas respicere deos opinor et "elles
sont trop déshéritées", dit-il, "pour que les dieux tirent
vengeance d'elles". 3 nec eas
respicere et elles ne méritent pas, dit-il, d'en rendre
raison aux dieux parce qu'elles ne valent même pas que les dieux
se soucient d'elles1242. Et il y a une ambiguïté (ἀμφιβολία) qui est
levée par le sens général1243.
Ba.-ancillas dedo; quolibet cruciatu
per me exquire.
Ba.-Je te livre mes servantes ;
torture-les à ta guise avec ma permission pour les interroger.
1 ancillas dedo
qvo.
qvolibet
repudiato iureiurando ad aliud transit firmius
documentum. 2 qvolibet crvciatv per me
exqvire per me
hoc est me permittente,
ut quod per leges tibi non licet, per
me liceat. 3 per me ergo
id est me auctore,
permittente.
1 ancillas dedo qvolibet une fois refusé son
serment, elle passe à un autre mode plus valable d'administration
de la preuve1244. 2 qvolibet crvciatv
per me exqvire per
me c'est-à-dire "avec ma permission, pour que ce que
les lois ne te permettent pas, te soit permis per me". 3 per me donc cela signifie me auctore, permittente (avec mon autorisation,
ma permission)1245.
haec res hic agitur: Pamphilo me
facere ut redeat uxor
Voici ce dont il s'agit : Pamphile
grâce à moi doit voir sa femme revenir,
1 haec res hic agitvr aut sic intellegendum
est, quasi dicat "hoc agebamus, cum tu aduenires", aut cum
asseueratione pronuntiandum, ut sit res ueritas, quasi dicat "hic non uerba
sunt, sed res agitur". 2 haec res hic
agitvr propositio est eorum, quae dictura est, hoc modo:
haec res hic agitur.
-quae res? - "Pamphilo me facere ut redeat uxor oportet, quod si
perficio, non paenitet me famae solam fecisse id quod aliae
meretrices facere fugitant". 3 Multa
Terentius feliciter ausus est arte fretus, nam et socrus bonas et
meretrices honesti cupidas praeter quam peruulgatum est facit. sed
tanta uigilantia causarum et rationum momenta subiungit, ut ei
soli merito uideatur totum licere. nam hoc contra illud est, quod
alibi ait, commune iam esse omnibus comicis «
bonas matronas facere, meretrices malas
296 ».
1 haec res hic agitvr soit il faut comprendre
comme si elle disait "voilà de quoi nous parlions au moment où tu
arrivais", soit il faut prononcer cela avec un ton très assertif,
de sorte à faire de res
l'équivalent de ueritas
(vérité), comme si elle disait "en l'espèce, il ne s'agit pas de
mots, mais de la réalité"1246. 2 haec res hic agitvr annonce de ce qu'elle
s'apprête à dire, de cette façon : "voici la chose dont il s'agit.
-Quelle est cette chose ? -Pamphile grâce à moi doit voir sa femme
revenir, voilà ce qui m'incombe ; si j'y arrive, je ne regrette
pas la réputation que j'aurai d'avoir, seule de mon espèce, fait
ce que les autres courtisanes répugnent à faire". 3 Térence, confiant dans sa technique, a eu beaucoup
d'audaces heureuses, car il présente des belles-mères gentilles et
des courtisanes soucieuses de faire le bien, au rebours des
habitudes. Mais il est si attentif aux causes et aux mobiles quand
il ajoute ces moments qu'il semble être le seul à qui on puisse
tout autoriser. Car ici il contredit ce qu'il dit ailleurs, qu'il
est commun à tous les comiques de « bonas matronas facere,
meretrices malas »1247.
oportet; quod si perficio, non
paenitet me famae
voilà ce qui m'incombe ; si j'y
arrive, je ne regrette pas la réputation que j'aurai
1 non paenitet me famae haec figura λιτότης dicitur: minus
enim dicit quam significat. nam non
paenitet me famae pro eo quod est magnam famam cupide acquisierim
significat. 2 non paenitet me famae ne
quaereremus, quid hoc meretrici prodesse posset.
1 non paenitet me famae cette figure
s'appelle une litote (λιτότης) : de fait, ce qu'elle dit est
moindre que ce qu'elle veut faire entendre. Car non paenitet me famae équivaut au
sens de magnam famam cupide
acquisierim (j'aimerais acquérir volontiers une belle
réputation). 2 non paenitet me famae
pour que nous ne nous demandions pas quel profit la courtisane
peut tirer de cette situation1248.
solam fecisse id quod aliae
meretrices facere fugitant.
d'avoir, seule de mon espèce, fait ce
que les autres courtisanes répugnent à faire.
1 solam fecisse bene solam, ne nescisse officium
meretricis poeta uideretur. 2 solam
fecisse id est reconciliasse uxorem marito.
1 solam fecisse bien dit solam, pour que le poète n'ait pas
l'air d'avoir ignoré ce qui incombe à une courtisane. 2 solam fecisse c'est-à-dire d'avoir
réconcilié l'épouse et le mari.
La.-Phidippe, nostras mulieres
suspectas fuisse falso
La.-Phidippe, nos femmes ont essuyé
de faux soupçons
1 nostras mvlieres svspectas fvisse id est:
in suspicione positas,
nam esse suspectas
ambiguum est. et nunc eius partem manifestam uidemus. 2 falso nobis in re ipsa nobis aut abundat aut cum nostra molestia significat.
1 nostras mvlieres svspectas fvisse
c'est-à-dire in suspicione
positas (mises en position d'être soupçonnées), car
esse suspectas est
ambigu1249. Et maintenant nous voyons la part évidente qu'il
a prise dans cette affaire1250. 2 falso nobis in re
ipsa nobis est
soit superflu soit signifie cum
nostra molestia (pour notre déplaisir)1251.
nobis in re ipsa inuenimus; porro
hanc nunc experiamur.
de notre part, l'affaire elle-même
nous l'a montré ; dès lors, testons cette femme maintenant.
1 porro hanc nvnc experiamvr porro nunc futurum tempus ostendit,
nam si iam inuenisti quid, experieris et ea,
quae restant in reliquum tempus, quia de praeteritis iam
purgata est. 2 nvnc experiamvr id est
utamur opera eius.
1 porro hanc nvnc experiamvr porro ici marque le futur, car si on
a trouvé quelque chose, on essaiera aussi ce qui reste pour
l'avenir, parce que pour ce qui est du passé, elle est
justifiée. 2 nvnc experiamvr
c'est-à-dire "utilisons son aide".
nam si compererit crimini tua se uxor
credidisse,
Car si ton épouse découvre qu'elle
cru à une simple imputation,
1 crimini tva se vxor credidisse crimen proprie dicitur id, quod
fictum est. et Cicero «
uerum tamen actum et criminosum ius est
297 », id est falsa insimulatio est. 2 crimini crimen nunc pro falsa suspicione
posuit. Vergilius «
formidine crimen acerbat
298 » et «
semperque odiis et crimine Drances infestus iuueni
Turno
299 », id est: et quod eum odisse et quod se illi odio esse
suspicaretur.
1 crimini tva se vxor credidisse crimen se dit proprement de ce qui
est inventé. Et Cicéron : « uerum tamen actum et criminosum ius
est »1252, c'est-à-dire que c'est une
insinuation mensongère. 2 crimini il
met ici crimen pour
signifier un faux soupçon. Virgile : « formidine crimen acerbat »
(envenime l'accusation par sa crainte) et « semperque odiis et
crimine Drances infestus iuueni Turno » (et le vieux Drancès avec
sa haine et ses allégations, toujours hostile au jeune Turnus),
c'est-à-dire : il soupçonne à la fois que l'autre le hait et qu'il
est lui-même détesté de lui1253.
missam iram faciet; sin autem est ob
eam rem iratus gnatus
elle laissera tomber sa colère ; si
d'autre part mon fils est en colère au motif
quod peperit uxor clam, id leue est;
cito ab eo haec ira abscedet.
que sa femme a accouché en cachette,
c'est futile ; cette colère le quittera vite.
cito ab eo haec ira abscedet bene: in
duabus enim personis causa uidetur esse turbarum, socrus et
Pamphili.
cito ab eo haec ira abscedet bien trouvé :
de fait, c'est sur deux personnages que semble se concentrer la
raison du conflit, celui de la belle-mère et celui de
Pamphile.
profecto in hac re nihil mali est
quod sit discidio dignum.
A coup sûr, dans cette affaire, il
n'y a rien de méchant qui mérite une rupture.
1 profecto in hac re qvod sit discidio
dignvm286 moraliter quasi quaerendo et
discutiendo hoc intulit. 2 discidio
diuortio.
1 profecto in hac re qvod sit discidio dignvm
de façon conforme à son personnage, c'est presque en questionnant
et en discutant qu'il affime cela1254. 2 discidio
signifie "divorce".
Ph.-uelim quidem hercle. La.-exquire;
adest; quod satis sit faciet ipsa.
Ph.-Je le voudrais, ma foi.
La.-Interroge-la ; elle est là ; elle te donnera elle-même
satisfaction.
1 velim qvidem hercle ut nihil sit dignum,
hoc est non peccauerit Pamphilus. 2 adest qvod satis sit faciet
ipsa287 id est: quicquid ad plenam ducit
purgationem, sufficiat.
1 velim qvidem hercle "qu'il n'y ait rien qui
le mérite", c'est-à-dire que Pamphile n'ait pas commis de
faute. 2 adest qvod satis sit faciet
ipsa c'est-à-dire : "tout ce qui conduit à une pleine
justification devrait suffire".
Ph.-quid mihi ista1458 narras? an
quia non tute ipse dudum audisti
Ph.-Pourquoi me racontes-tu tout ça ?
Est-ce parce que tu n'as pas toi-même de tes oreilles entendu
depuis longtemps
1 an qvia non tvte ipse correptio est, nam
audiuit. 2 avdisti de hac re animvs mevs vt
sit utrum quia dixit "manere inter nos affinitatem
perpetuam uolo"288 an quia apud uxorem
defendit adulescentem in amore meretricis? 3 qvid mihi ista narras reprehensio est quasi
uerborum longiorum Lachetis.
1 an qvia non tvte ipse c'est un reproche,
puisque, en fait, il a entendu. 2 avdisti de hac re animvs mevs vt sit est-ce
parce qu'il a dit "je veux que perdure entre nous une relation
éternelle" ou parce qu'il a défendu auprès de sa femme le jeune
homme dans son amour pour la courtisane ? 3 qvid mihi ista narras c'est comme une sorte
de blâme à l'égard des mots trop longs de Lachès.
de hac re animus meus ut sit, Laches?
illis modo explete animum.
mon sentiment dans cette affaire,
Lachès ? Garantissez seulement leur tranquillité d'esprit.
illis modo explete animvm quasi dicat "quae
amarae sunt et molestae".
illis modo explete animvm c'est comme s'il
disait "elles qui sont désagréables et pénibles"1255.
La.-quaeso edepol, Bacchis, quod mihi
pollicita es tute ut serues.
La.-Je te prie, nom d'un chien,
Bacchis, de tenir la promesse que tu m'as faite toi-même.
qvod mihi pollicita tvte vt
serves289 id est
iusiurandum apud mulieres.
qvod mihi pollicita tvte vt serves à savoir
le serment auprès des dames.
Ba.-ob eam rem uis ergo intro eam?
La.-atque exple animum is, coge ut credant.
Ba.C'est pour régler l'affaire que tu
veux donc que j'entre là-dedans ? La.-Oui, et garantis leur
tranquillité d'esprit, force-les à te croire.
ob eam rem vis ergo intro eam uis dicit, ut ostendat in hac re
cunctationem suam.
ob eam rem vis ergo intro eam elle dit
uis pour montrer dans
cette affaire ses hésitations1256.
Ba.-eo, etsi scio pol is fore meum
conspectum inuisum hodie;
Ba.-J'y vais, même si je sais bien,
nom d'un chien, que ma vue leur sera odieuse à cette heure ;
nam nupta meretrici hostis est, a
uiro ubi segregata est.
car l'épouse est l'ennemie de la
courtisane lorsqu'elle est séparée de son mari.
1 nam nvpta meretrici hostis est alias
inimica. 2 nam nvpta meretrici hostis est caute etiam
hoc praestruit poeta, ne non uerisimile uideatur potuisse
maritatam concorditer cum pellice agere.
1 nam nvpta meretrici hostis est autrement
dit inimica1257. 2 nam nvpta meretrici hostis est prudemment,
le poète va jusqu'à prendre cette disposition pour qu'il ne
paraisse pas invraisemblable qu'une femme mariée puisse agir de
concert avec une prostituée1258.
La.-at haec amicae erunt, ubi quam ob
rem adueneris resciscent.
La.-Mais elles seront tes amies dès
qu'elles sauront pourquoi tu es venue.
at easdem amicas fore tibi promitto,
rem ubi cognorint;
Je te promets qu'elles seront tes
amies, quand elles connaîtront le fin mot de l'histoire ;
at easdem amicas tibi hoc quidem senex.
uerum aliae causae sunt quae mulieres faciunt molestas et
hae290 autem
spectatoribus notae sunt ex argumento.
at easdem amicas tibi c'est ce que dit du
moins le vieillard. Mais il y a d'autres raisons qui rendent ces
dames pénibles et celles-ci sont connues des spectateurs grâce à
l'argument.
nam illas errore et te simul
suspicione exsolues.
car tu vas les délivrer elles de leur
erreur et toi des soupçons qui pèsent sur toi.
1 et simvl svspicione exsolves291 hoc est, quod supra dixit «
crimen
300 ». nos quoque suspicionem interpretati
sumus. 2 exsolves expedies.
1 et simvl svspicione exsolves c'est ce qu'il
a appelé plus haut « crimen ». Nous, nous avons aussi compris
suspicionem1259. 2 exsolves tu libèreras.
Ba.-perii, pudet Philumenae me.
sequimini intro huc ambae.
Ba.-Je suis morte de honte vis-à-vis
de Philumène. Suivez-moi vous deux et entrons la-dedans.
1 pvdet philvmenae
m.
me
pudet
duo significat: siue ille peccauerit quem pudet, siue ille cuius
pudet. 2 Et familiariter ait Philumenae tamquam notae ex
Pamphilo. 3 seqvimini me intro ambae
ancillis dicit, quae sunt κωφὰ πρόσωπα. 4 pvdet philvmenae conscientia communis uiri
et pellicatus.
1 pvdet philvmenae me pudet a deux sens : selon que celui
qui a commis la faute est celui qui a honte ou celui dont on a
honte1260 . 2 Et de façon familière, elle dit Philumenae en tant qu'elle est
connue de Pamphile1261. 3 seqvimini me intro ambae
elle parle à ses servantes, qui sont des personnages muets
(κωφὰ
πρόσωπα)1262. 4 pvdet
philvmenae à cause de la conscience qu'elle a de partager
son mari et d'exercer la prostitution.
La.-quid est quod mihi malim quam
quod huic intelligo euenire
La.-Que pourrais-je souhaiter de
mieux pour moi que ce qui est en train d'arriver, à ce que je
comprends,
1 qvid est qvod
m.
mihi
m.
malim
sensus hic est: "quid est quod magis optem
mihi euenire, quam quod simul proderit etiam meretrici?" et hoc
ergo intulit pro nouo: mirandum est enim euenire potuisse, ut idem
et seni et patri prosit, quod meretrici. 2 qvid est qvod mihi malim "ut amicitia sibi
et mihi prosit". 3 Et ostendit commune sibi bonum
esse. 4 evenire euenire bis numero subaudiendum.
1 qvid est qvod mihi malim le sens est :
"qu'y a-t-il que je puisse me souhaiter de voir arriver davantage
que ce qui profitera aussi à la courtisane ?". Et il s'agit donc
d'un énoncé inédit : il faut de fait s'étonner qu'il ait pu se
produire un événement qui profite autant à un vieillard et à un
père qu'à une courtisane1263. 2 qvid est qvod mihi malim à savoir que, par
son obligeance, "elle soit utile à elle-même et à moi". 3 Et il montre que c'est un bienfait qu'il
partage avec elle. 4 evenire
euenire doit être
sous-entendu deux fois1264.
ut gratiam ineat sine suo dispendio
et mihi prosit?
à savoir qu'elle rentre en grâce sans
qu'il lui en coûte et pour mon profit ?
1 vt gratiam ineat sine svo dispendio recte:
difficile est enim gratiam inire sine damno. 2 et mihi prosit mire, quia difficile est
amicum sine damno acquirere. et quia cum lucro non potuit dicere, et hoc
ipsum bonum fecit, quia sine
damno. 3 Ergo uelut tria
sunt: "ut gratiam ineat et sine damno et mihi prosit".
1 vt gratiam ineat sine svo dispendio
correct : il est en effet difficile de rentrer en grâce sans
dommage. 2 et mihi prosit étrange,
parce qu'il est difficile de se faire un ami sans dommage. Et
comme il ne pouvait pas dire cum
lucro (avec un bénéfice), de cette situation même il
fait un avantage, parce qu'elle est sans dommage. 3 Il y a donc pour ainsi dire trois choses : qu'elle
rentre en grâce, sans dommage, et que cela me profite.
nam si est ut haec nunc Pamphilum
uere ab se segregarit,
Car s'il est vrai qu'elle a
réellement ces derniers temps tenu Pamphile loin d'elle,
pamphilvm vere ab se segregarit proprie a
meretrice segregari
dicitur, ab uxore disiungi.
pamphilvm vere ab se segregarit segregari s'applique proprement à la
séparation d'avec une courtisane, disiungi de la séparation d'avec une
épouse1265.
scit sibi nobilitatem ex eo et
rem1459 natam et
gloriam esse,
elle sait qu'elle en gagne de la
notoriété, du bien et de la gloire,
1 scit sibi nobilitatem ex ea re natam quasi
dicat "ecce quam amauit Pamphilus". sed hoc sentire et dicere
patris est stulta pietate magni facientis filium, ut «
meum gnatum rumor est amare
301 ». 2 Et proprie nobilitatem dixit, nam et meretrix
et gladiator nobilis dici
solet. 3 scit sibi quod nimis
amat, ait nobilitatem. 4 ex eo ex
eo utrum ex
Pamphilo? an ex
eo ex ea re,
id est quod segregauerit uere a se
Pamphilum? 5 Et hoc est melius, nam nobilis meretricis
est non timere, ne alterum non inueniat, aut nobilis est cognitam
fieri etiam senibus. 6 rem natam ex
patrocinio et amicitia senis, gloriam ex facto rato in
meretricibus. 7 et rem natam quia multa
in eam contulit, et gloriam esse quia defendit eum apud
soceros et uxorem et quod marito meretrix coniugem
reddit.
1 scit sibi nobilitatem ex ea re natam comme
s'il disait "voici celle qu'a aimée Pamphile". Mais avoir un tel
sentiment et dire cela relève de l'amour béat d'un père qui fait
grand cas de son fils, comme « meum gnatum rumor est
amare ». 2 Et il dit nobilitatem au sens propre, car même
une courtisane et un gladiateur peuvent être qualifiés de
nobilis (vedette)1266. 3 scit sibi
comme il a trop d'affection pour son fils, il dit nobilitatem. 4 ex eo ex
eo est-ce que cela signifie ex Pamphilo (de Pamphile) ? ou
ex eo signifie-t-il
ex ea re (de cette
chose), c'est-à-dire du fait d'avoir réellement tenu Pamphile loin
d'elle ? 5 Et cette solution est
préférable1267 car
le propre d'une courtisane vedette c'est de ne pas craindre de ne
pas en trouver un autre, ou alors être une vedette c'est être
connue y compris des vieillards. 6 rem natam du fait de la protection et de la
bienveillance du vieillard, gloriam du fait d'un exploit rare chez les
courtisanes. 7 et rem natam parce qu'il
lui prodigue beaucoup d'avantages, et gloriam esse parce
qu'elle l'a défendu auprès des beaux-parents et de l'épouse et
parce que, courtisane, elle a rendu au mari son épouse.
referet gratiam ei unaque nos sibi
opera amicos iungit.
elle le remerciera et en même temps,
par ses efforts, elle fait de nous des amis.
scaena tertia
Bacchis Parmeno
799 | 800 | 801 | 802 | 803 | 804 | 805 | 806 | 807 | 808 | 809 | 810 | 811 | 812 | 813 | 814 | 815 | 816 | 817 | 818 | 819 | 820 | 821 | 822 | 823 | 824 | 825 | 826 | 827 | 828 | 829 | 830 | 831 | 832 | 833 | 834 | 835 | 836 | 837 | 838 | 839 | 840
Par.-edepol ne meam erus esse operam
deputat parui preti,
Pa.-Nom d'un chien, ouais, mon
travail, le patron l'estime de peu de prix,
1 edepol ne meam ervs esse operam depvtat
p.
parvi
p.
preti
292 in tota fabula hac seruus piger et curiosus
inducitur neque quicquam illi euenit ex sententia sua. 2 edepol ne meam hoc totum a stomachante
dicitur quasi nunc cum maxime iniuriam persenserit. 3 edepol ne meam in hac scaena καταστροφή populo
exponitur. 4 depvtat parvi preti quia
scilicet sic abutitur. 5 depvtat
parvi qui deputat eam in re nullius pretii
consumendam.
1 edepol ne meam ervs esse operam depvtat parvi
preti dans toute cette pièce, l'esclave qui est mis en
scène est paresseux et curieux et rien ne lui arrive comme il
l'avait prévu. 2 edepol ne meam toute la
réplique est dite par un esclave furieux qui se rend compte
seulement maintenant qu'on lui a fait du tort1268. 3 edepol ne
meam c'est dans cette scène que le dénouement (καταστροφή) est exposé
au public1269. 4 depvtat parvi
preti parce que manifestement il en abuse ainsi1270. 5 depvtat
parvi lui qui est d'avis qu'on doit le1271 dépenser à une tâche qui n'a aucun
intérêt.
qui ob rem nullam misit frustra ubi
totum desedi diem,
lui qui pour rien m'a envoyé en pure
perte où je suis resté assis tout le jour,
1 frvstra vbi totvm desedi diem deest
illuc, ut sit: illuc, ubi frustra totum desedi
diem. 2 desedi diem
nota accusatiuo casu usum esse.
1 frvstra vbi totvm desedi diem il manque
illuc, pour faire :
illuc, ubi frustra totum desedi
diem (là-bas, où j'ai vainement attendu toute la
journée)1272. 2 desedi diem
notez l'emploi de l'accusatif1273.
Myconium hospitem dum exspecto in
arce Callidemidem.
à attendre un hôte de Myconos dans la
ville haute, Callidémidès.
1 myconivm hospitem dvm exspecto memoriter et
uigilanter seruus Myconium
hospitem et Callidemidem dixit, ne uideretur
neglegentia uel obliuione sua non inuenisse, ad quem missus
est. 2 myconivm hospitem bene
ostendit se memorem signorum et nominum, ut uere uideatur illusus
esse, cum operam dederit.
1 myconivm hospitem dvm exspecto l'esclave a
fait preuve de mémoire et d'attention pour répéter Myconium hospitem et Callidemidem, pour éviter de donner
l'impression de n'avoir pas, à cause de sa négligence et de son
manque de mémoire, trouvé celui vers qui on l'avait
envoyé. 2 myconivm hospitem il
montre qu'il a bien retenu les indices et le nom pour qu'on voie
qu'on s'est réellement joué de lui alors qu'il a fait son
possible.
itaque ineptus hodie dum illi sedeo,
ut quisque uenerat,
Aussi, bête comme je suis, tout en
restant aujourd'hui assis là-bas, dès qu'un type arrivait,
1 itaqve ineptvs moraliter additum ineptus. 2 Et ineptus quasi inaptus293.
1 itaqve ineptvs conformément à son
caractère, il ajoute ineptus1274. 2 Et ineptus comme si c'était inaptus (inapte)1275.
accedebam: «adulescens, dic dum,
quaseo, mihi: es tu Myconius?»
je m'approchais : « jeune homme,
dis-moi, s'il te plaît : es-tu de Myconos ? ».
1 advlescens dic dvm qvaeso uerniliter et
comoedice se ipsum seruus imitatur. et est
μίμησις. 2 es tv myconivs non ut tria mandata sunt
inquirenda, tria inquisita sunt ordine.
1 advlescens dic dvm qvaeso à la façon d'un
esclave de comédie, l'esclave se représente lui-même. Et c'est de
l'imitation (μίμησις). 2 es tv myconivs
non comme il a mission de poser trois questions, il pose
trois questions dans l'ordre1276.
– «non sum.» – «at Callidemides?» –
«non.» – «hospitem ecquem Pamphilum
– « Non ». – « Mais tu es
Callidémidès ? » – « Non ». – « Comme hôte, c'est un certain
Pamphile
habes?» omnes negabant; neque eum
quemquam esse arbitror,
que tu as ? ». Tous disaient que
non ; il n'existe pas, à mon avis,
1 omnes negabant bene transit a μιμητικῷ ad διηγηματικόν et
συντόμως. 2 qvemqvam esse arbitror id est: non puto eum
esse in mundo.
1 omnes negabant bon passage du genre
imitatif (μιμητικόν) au genre narratif (διηγηματικόν) et de
façon concise (συντόμως)1277. 2 qvemqvam esse arbitror c'est-à-dire : "je
ne pense pas qu'il existe dans ce monde".
denique hercle iam pudebat; abii. –
sed quid Bacchidem
et finalement, ma foi, j'avais
honte ; je suis parti. – Mais pourquoi Bacchis
iam pvdebat sedere an interrogare?
iam pvdebat de rester assis ou de poser des
questions ?
ab nostro affini exeuntem uideo? quid
huic? quid1460 est rei?
est-elle en train de sortir de chez
notre parent, à ce que je vois ? Qu'a-t-elle à faire avec lui ?
C'est quoi l'affaire ?
1 ab nostro affini exevntem video satis
moraliter inducitur seruus dicere nostro affini, cum domini eius sit,
non ipsius. sic supra senis est «
noster socer uenit
302 » pro Pamphili
socer. 2 exevntem
video docte poeta praemonstrat locuturam
personam. 3 qvid hvic qvid est rei
rursus curiosus nihil sciturus est et cursurus piger.
1 ab nostro affini exevntem video c'est
particulièrement conforme au personnage que de montrer un esclave
qui dit nostro affini,
alors qu'il s'agit du parent de son maître, non de son parent à
lui. De même plus haut, c'est bien d'un vieillard que de dire
« noster socer uenit », au lieu de Pamphili socer (le beau-père de
Pamphile)1278. 2 exevntem video intelligemment, le poète
prépare l'entrée du personnage qui s'apprête à parler. 3 qvid hvic qvid est rei une fois de plus, le
curieux s'apprête à ne rien apprendre et le paresseux à
courir1279.
Ba.-Parmeno, opportune te mihi
offers; propere curre ad Pamphilum.
Ba.-Parménon, c'est à point nommé que
tu te présentes à moi ; vite, cours chez Pamphile.
1 parmeno opportvne te mihi offers
attendendum, quod ab initio comoediae usque ad finem Parmeno
mittitur ut currat et celatur ut nesciat quod curiose
desiderat. 2 propere cvrre ad
pamphilvm facete poeta inde incipientem facit, quod ille
minime uult, dicendo curre.
1 parmeno opportvne te mihi offers il faut
remarquer que, du début de la comédie jusqu'à la fin, on envoie
Parménon courir et on lui cache ce que, dans sa curiosité, il
brûle de savoir1280. 2 propere cvrre ad pamphilvm avec humour, le
poète la fait commencer par ce que lui refuse le plus au monde en
disant curre.
Par.-quid eo? Ba.-dic me orare ut
ueniat. Par.-ad te? Ba.-immo ad Philumenam.
Pa.-Pourquoi là-bas ? Ba.-Dis-lui que
je le prie de venir. Pa.-Chez toi ? Ba.-Non, chez Philumène.
1 qvid eo id est ad294 Pamphilum. 2 dic me orare vt veniat uide curiosum non
recusare laborem, quo causam sciat. 3 ad te non ad
te conueniendam, sed domum ad te significat. 4 immo ad philvmenam mire tota fabula
inuenit, quamobrem currat Parmeno.
1 qvid eo c'est-à-dire "chez Pamphile"1281. 2 dic me orare vt
veniat observez que le curieux ne rechigne pas à la tâche
pour apprendre quelque chose1282. 3 ad te ce
n'est pas ad te
conueniendam (pour te rencontrer) mais domum (à ta maison) que ad te signifie1283. 4 immo ad philvmenam de façon merveilleuse,
toute l'intrigue trouve des raisons de faire courir
Parménon1284.
Par.-quid rei est? Ba.-tua quod nihil
refert percontari desinas.
Pa.-C'est quoi l'affaire ? Ba.-Ce qui
ne te regarde pas, cesse de poser des questions dessus.
1 qvid rei totum pro persona. 2 tva qvod nihil refert percontari desinas
οἰκονομικῇ
διανοίᾳ295 et eximie dixit, quasi minus sit iniuria
prohibentis interrogare quam interrogatiue
respondentis296. 3 Et memento hanc esse, cui in principio
nihil celarit Parmeno.
1 qvid rei tout est en fonction du
personnage1285. 2tva qvod nihil
refert percontari desinas précaution de préparation
(οἰκονομικῇ
διανοίᾳ)1286 et elle le dit de façon excellente,
comme si c'était moins une insulte d'empêcher de poser une
question que de répondre par une question1287. 3 Et souvenez-vous que c'est celle à qui, au début,
Parménon ne dissimulait rien1288.
Par.-nihil aliud dicam? Ba.-etiam,
cognosse anulum illum Myrrinam
Pa.-Ne lui dirai-je rien d'autre ?
Ba.-Si, qu'elle a reconnu l'anneau, Myrrhina,
1 nihil alivd dicam uult rem per mandata
colligere. 2 etiam cognosse anvlvm
myrrinam etiam
aduerbium est uel consentientis uel reminiscentis; sed magis
reminiscentis modo. sic Cicero «
etiam, quod paene praeterii, capella quaedam est mire
facta
303 ».
1 nihil alivd dicam il veut profiter des
consignes pour reconstituer l'affaire. 2 etiam cognosse anvlvm myrrinam etiam est un adverbe qui marque
l'adhésion ou le retour en mémoire ; mais c'est plutôt le retour
en mémoire ici. Ainsi Cicéron : « etiam, quod paene praeterii,
capella quaedam est mire facta » (ah oui, j'ai failli oublier, il
y avait aussi la statue d'une petite chèvre merveilleusement
ouvragée)1289.
gnatae suae fuisse quem ipsus olim
mihi dederat. Par.-scio.
il était à sa fille, celui qu'il m'a
donné lui-même naguère. Pa.-Je saisis.
scio non audio inquit sed scio.
scio il ne dit pas audio (j'entends bien) mais
scio1290.
tantumne est? Ba.-tantum; aderit
continuo, hoc ubi ex te audierit.
C'est tout ? Ba.-C'est tout ; il sera
là tout de suite, dès qu'il aura entendu de toi cette
nouvelle.
sed cessas. Par.-minime equidem; nam
hodie mihi potestas haud data est,
Mais tu lambines. Pa.-Moi, sûrement
pas ! Car aujourd'hui je n'en ai pas eu le loisir,
1 sed cessas hoc est tardas et quiescis. urget autem
cursum. 2 minime eqvidem cesso subauditur. 3 potestas havd data cessandi scilicet.
1 sed cessas c'est-à-dire "tu traînes" et "tu
ne fais rien"1291. Or
elle le fait accélérer. 2 minime
eqvidem on sous-entend cesso (je traîne). 3 potestas havd data de traîner,
implicitement.
ita cursando atque ambulando totum
hunc contriui diem.
à courir ainsi sans cesse et à me
balader, voilà ce à quoi j'ai épuisé ma journée.
ita cvrsando atqve ambvlando est enim
cursus etiam nauigantis
et equitantis.
ita cvrsando atqve ambvlando on parle en
effet de "course" (cursus) y compris pour un navigateur
et un cavalier1292.
Ba.-quantam obtuli aduentu meo
laetitiam Pamphilo hodie!
Ba.-Quelle immense joie j'ai
procurée, par ma venue, à Pamphile aujourd'hui !
qvantam obtvli adventv meo reliqua pars
argumenti per monodiam narratur.
qvantam obtvli adventv meo le reste de
l'intrigue est raconté par le biais d'un solo1293.
quot commodas res attuli! quot autem
ademi curas!
Tous les avantages que j'ai
apportés ! Tous les soucis que j'ai ôtés !
1 qvot commodas res attvli quot tam multas et more suo attuli dixit. 2 Et ademi cvras ut «
metum, in quo nunc est, adimam atque expleam animum
gaudio
304 ». 3 qvot commodas res qvot avtem
cvras haec omnia admirantis sunt. Vergilius «
quis nouus hic nostris successit sedibus
hospes!
305 ».
1 qvot commodas res attvli quot signifie tam multas (si nombreuses) et
conformément à son caractère, elle dit attuli. 2 Et ademi cvras comme : « metum, in quo nunc
est, adimam atque expleam animum gaudio »1294. 3 qvot commodas res
qvot avtem cvras tout cela émane d'un personnage qui
s'étonne. Virgile : « quis nouus hic nostris successit sedibus
hospes ! » (quel invité d'un nouveau genre est arrivé dans notre
palais !)1295.
gnatum ei restituo, qui paene harunc
ipsiusque opera periit;
Son fils, je le lui restitue, qui
pour un peu, par leur faute à elles et par la sienne,
périssait ;
gnatvm ei restitvo etc. ἐξαρίθμησις.
gnatvm ei restitvo etc. énumération
(ἐξαρίθμησις)1296.
uxorem quam numquam est ratus posthac
se habiturum reddo;
sa femme, que jamais il ne pensait
pouvoir après cela posséder à nouveau, je la lui rends ;
reddo redditur nobis, quod nostri cupidum
est, restituitur nobis,
cuius nos cupidi sumus. bene ergo gnatum restituo, uxorem reddo.
reddo on nous "rend" (redditur) quelque chose qui tient à
nous, on nous "restitue" (restituitur) quelque chose auquel
nous tenons. C'est donc bien dit gnatum restituo, uxorem reddo1297.
qua re suspectus suo patri et
Phidippo fuit, exsolui;
ce pour quoi il était suspect à son
père et à Phidippe, je l'ai réglé ;
1 qva re svspectvs svo patri et phidippo fvit
ergo non unum beneficium, sed tria sunt. 2 exsolvi uariauit tempora: restituo, reddo, exsolui.
1 qva re svspectvs svo patri et phidippo fvit
donc il n'y a pas un bienfait, mais trois1298. 2 exsolvi variation dans le choix des temps :
restituo, reddo, exsolui1299.
hic adeo his rebus anulus fuit
initium inueniendis.
et c'est cet anneau-ci qui a été le
déclencheur de ces belles inventions.
nam memini abhinc menses decem fere
ad me nocte prima
Car je me souviens, il y a dix mois
environ, que c'est chez moi que, au début de la nuit,
1 nam memini abhinc menses decem menses decem dixit, ut et recte et
de hoc peperisset. 2 nocte prima
primis partibus noctis uel primore, ut «
uidimus obscuris primam sub uallibus urbem
306 ».
1 nam memini abhinc menses decem elle dit
menses decem, pour
qu'elle puisse correctement avoir accouché, et que ce soit de
lui1300. 2 nocte prima les premières heures de la nuit
ou le début, comme : « uidimus obscuris primam sub uallibus
urbem » (nous vîmes au fond des vallées obscures le commencement
de la ville)1301.
confugere anhelantem domum sine
comite uini plenum
il a cherché refuge, tout essoufflé,
à la maison, sans escorte, imbibé de vin,
1 confvgere anhelantem domvm
s.
sine
c.
comite
v.
vini
p.
plenvm
ex his argumentis potest colligi hunc esse,
qui uirginem uitiauerit. 2 confvgere
anhelantem uide signa coniecturalia: quod confugere uidit, timebat; quod
anhelantem, colluctatus
fuerat; quod domum,
celare uolebat; quod sine
comite, pudendum fuerat facinus; quod uini plenum, temerarium; quod
anulum habebat, raptum
indicabat. his igitur indiciis uirginem apparet uitiatam.
1 confvgere anhelantem domvm sine comite vini
plenvm de ces arguments on peut reconstituer que c'est lui
qui a déshonoré une jeune fille. 2 confvgere anhelantem voyez les indices
conjecturaux : comme elle l'a vu s'enfuir (confugere), c'est qu'il avait peur ;
comme il était essouflé (anhelantem), c'est qu'il s'était
battu ; comme il vient à la maison (domum), c'est qu'il voulait se
cacher ; comme il était sans son escorte (sine comite), c'est qu'il devait
s'agir d'un forfait honteux ; comme il était imbibé de vin
(uini plenum), c'est
qu'il avait tout osé ; comme il avait un anneau (anulum), cela indiquait un viol.
Donc avec tous ces indices, il est clair qu'une fille avait été
déshonorée.
cum hoc anulo. extimui ilico: « mi
Pamphile, inquam, amabo,
avec cet anneau. J'ai tout de suite
eu peur : «Mon Pamphile, ai-je dit, s'il te plaît,
mi pamphile inqvam amabo haec blandimenta
sunt muliebria.
mi pamphile inqvam amabo il s'agit là de
paroles de tendresse totues féminines1302.
quid exanimatus es, obsecro, aut unde
anulum istunc nactus es?
pourquoi es-tu hors d'haleine, je
t'en prie, et d'où tiens-tu cet anneau ?
1 qvid exanimatvs avt vnde anvlvm principalia
signa uitii illati: perturbatio et anulus. 2 qvid exanimatvs avt vnde breuitati consulit
Terentius, nam in Graeca haec aguntur, non narrantur.
1 qvid exanimatvs avt vnde anvlvm les
principaux indices qu'on a perpétré un viol : le trouble et
l'anneau. 2 qvid exanimatvs avt vnde
Térence est du côté de la brièveté, car dans la pièce grecque
cette scène se joue au lieu de se raconter1303.
dic mihi ». ille alias res agere se
simulare. postquam uideo,
Dis-le-moi ». Lui fait semblant de
faire autre chose. Quand je vois ça,
1 ille alias res agere se simvlare fingere
ac297 pro uero falsum credere. 2 ille alias res agere se simvlare id est
alias res agentem se fingere: pudebat enim amicae de alterius
stupro fateri, et ei amicae, quam tum deperibat.
1 ille alias res agere se simvlare feindre et
croire, au lieu du vrai, du faux. 2 ille alias res agere se simvlare
c'est-à-dire "se représenter en train de faire autre chose" : il
avait honte en effet d'avouer à sa maitresse qu'il avait couché
avec une autre, et à cette maitresse dont il était fou
amoureux.
nescio quid suspicarier; magis coepi
instare ut dicat.
je soupçonne je ne sais quoi ; je me
mets à le harceler davantage pour qu'il me parle.
nescio qvid svspicarier magis coepi pro
aliquid.
nescio qvid svspicarier magis coepi pour
aliquid1304.
homo se fatetur ui in uia nescio quam
compressisse
Le bonhomme avoue qu'il a pris de
force dans la rue une je ne sais qui, qu'il l'a serrée fort,
1 homo se fatetvr bene additum homo. 2 Et narratorie nescio quam, ex quo dicto omnis
error natus est; nam appone nomen et nulla fabula est. 3 nescio qvam uel quia uere nesciebat uel
quia sic dicendum fuit, ne amare illam uideretur.
1 homo se fatetvr elle fait bien d'ajouter
homo1305. 2 Et c'est pour sauver le récit qu'il dit nescio quam, parole à partir de
laquelle naît toute la méprise ; car mettons son nom et il n'y a
plus de pièce. 3 nescio qvam ou parce que réellement il ne
la connaissait pas ou parce qu'il lui fallait parler ainsi pour ne
pas donner l'impression qu'il était amoureux d'elle1306.
dicitque sese illi anulum, dum
luctat, detraxisse.
et il dit qu'il le lui a, cet anneau,
en se battant, arraché.
eum haec cognouit Myrrina in digito
modo me habentem;
C'est celui que cette Myrrhina a
reconnu que j'avais au doigt ;
rogat unde sit; narro omnia haec;
inde est cognitio facta
elle me demande d'où il vient ; je
lui raconte tout ; de là on en vient à reconnaître
Philumenam esse compressam ab eo et
filium inde hunc natum.
que c'est Philumène la fille qu'il a
serrée fort, et que c'est de là qu'est né ce garçon.
haec tot propter me gaudia illi
contigisse laetor;
Toutes ces joies, grâce à moi, qui
lui arrivent ! J'en suis bien contente ;
haec tot propter me gavdia conclusit
narratione fabulam more suo, ne haec in actu futuro
exspectaremus.
haec tot propter me gavdia il conclut par
un récit sa pièce, selon son habitude, pour que nous ne soyons pas
dans l'attente de ces événements dans un acte futur1307.
etsi hoc meretrices aliae nolunt;
neque enim est in rem nostram
même si c'est ce que les autres
courtisanes refusent : en effet, ce n'est pas notre intérêt
1 etsi hoc meretrices aliae nolvnt color
necessarius a uerisimili: scit enim se alibi dixisse «
bonas matronas facere, meretrices malas
307 ». 2 neqve enim est in rem
nostram in utilitatem, id est pro commodo.
1 etsi hoc meretrices aliae nolvnt couleur
nécessaire tirée du vraisemblable : il sait en effet qu'il a dit
ailleurs : « bonas matronas facere, meretrices malas ».1308 2 neqve enim est in rem
nostram "dans notre intérêt", c'est-à-dire "pour notre
profit"1309.
ut quisquam amator nuptiis laetetur;
uerum ecastor
qu'un de nos amoureux soit heureux en
ménage ; mais par Castor,
numquam animum quaesti gratia ad
malas adducam partis.
jamais, même pour une bonne affaire,
je ne forcerai mon cœur à jouer un rôle de méchant.
ego dum illo licitum est usa sum
benigno et lepido et comi.
Moi, aussi longtemps que possible,
j'ai eu en lui un amant adorable, charmant, délicat.
ego dvm illo licitvm an meruerit
Pamphilum.
ego dvm illo licitvm de savoir si elle
méritait Pamphile1310.
incommode mihi nuptiis euenit, factum
fateor;
J'ai mal pris son mariage, je
reconnais la chose ;
1 incommode mihi nvptiis evenit sic dixit,
quemadmodum dicimus male ei
euenit aut bene ei
contigit. 2 nvptiis
deest ex, ut sit:
ex nuptiis. 3 incommode mihi nvptiis ὑποφορά. et est ordo:
incommode mihi euenit ex nuptiis. 4 Et incommode pro incommodo. 5 factvm fateor ἀνθυποφορά.
1 incommode mihi nvptiis evenit elle dit
comme nous disons male ei
euenit (il lui est arrivé malheur) ou bene ei contigit (il lui est arrivé
du bonheur)1311. 2 nvptiis il
manque ex, pour faire :
ex nuptiis (à cause du
mariage)1312. 3 incommode mihi nvptiis objection
(ὑποφορά)1313. Et l'ordre
est : incommode mihi euenit ex
nuptiis (il m'est arrivé du désagrément du fait de son
mariage). 4 Et incommode est mis pour
incommodo1314. 5 factvm fateor réponse à l'objection
(ἀνθυποφορά).
at pol me fecisse arbitror ne id
merito mihi eueniret.
mais, nom d'un chien, j'ai fait ce
qu'il fallait, je crois, pour ne pas mériter ce qui m'arrive.
ne id merito mihi eveniret ergo haec
dolemus, quae merito contingant.
ne id merito mihi eveniret donc ce dont
nous nous plaignons, c'est ce qui arrive quand on le
mérite1315.
multa ex quo fuerint commoda, eius
incommoda aequm est ferre.
Quand de quelqu'un on a eu beaucoup
d'agréments, il est juste de supporter de sa part quelques
désagréments.
1 mvlta ex qvo fverint commoda eivs ratio,
cur noue omnia fiant et contra officium meretricis. 2 mvlta ex qvo fverint commoda eivs incommoda aeqvvm
est ferre hoc eo tractu uocis et ea aequanimitate
dicendum, qua leno in Adelphis «
quando eum quaestum occeperis, accipienda et mussitanda
iniuria est adulescentium
308 ».
1 mvlta ex qvo fverint commoda eivs raison
pour laquelle tout se passe de façon inattendue et au rebours de
ce qu'on attend d'une courtisane. 2 mvlta ex qvo fverint commoda eivs incommoda aeqvvm
est ferre il faut prononcer cela avec le ton de voix
traînant et le sang-froid qu'a le proxénète dans Les
Adelphes : « quando eum quaestum occeperis, accipienda et
mussitanda iniuria est adulescentium »1316.
scaena quarta
Bacchis Parmeno Pamphilus
841 | 842 | 843 | 844 | 845 | 846 | 847 | 848 | 849 | 850 | 851 | 852 | 853 | 854 | 855 | 856 | 857 | 858 | 859 | 860 | 861 | 862 | 863 | 864 | 865 | 866 | 867 | 868 | 869 | 870 | 871 | 872 | 873 | 874 | 875 | 876 | 877 | 878 | 879 | 880
Pam.-uide, mi Parmeno, etiam, sodes,
ut mihi haec certa et clara attuleris,
Pam.-Vois, mon Parménon, aussi, si tu
veux bien, à ce que ces renseignements que tu apportes soient sûrs
et clairs,
vide mi parmeno etiam sodes vt mihi haec
bene hoc praecipit: uerum est enim, ut quod misere cupimus, idem
tardius credamus effectum. sic et in Heautontimorumeno «
eo uereor magis
309 ».
vide mi parmeno etiam sodes vt mihi haec
c'est un bon précepte : il est vrai en effet que ce que nous
désirons terriblement, nous croyons le voir se réaliser trop tard.
Ainsi dans L'Héautontimorouménos : « eo uereor
magis » (j'en ai d'autant plus d'appréhension).
ne me in breue conicias tempus gaudio
hoc falso frui.
pour éviter de me réduire seulement
pour un bref instant à jouir de cette fausse nouvelle.
Par.-uisum est. Pam.-certen?
Par.-certe. Pam.-deus sum, si hoc ita est. Par.-uerum
reperies.
Par.-C'est tout vu. Pam.-Sûr ?
Par.-Sûr. Pam.-Je suis au paradis si c'est ainsi. Par.-Tu verras
que c'est vrai.
Pam.-mane dum, sodes; timeo ne aliud
credam atque aliud nunties.
Pam.-Attends un peu, si tu veux
bien ; j'ai peur de croire autre chose que ce que tu
m'annonces.
mane dvm dum abundat.
mane dvm dum est superflu1317.
Par.-maneo. Pam.-sic te dixisse1461
opinor inuenisse Myrrinam
Par.-J'attends. Pam.-Tu as dit, je
pense, que Myrrhina avait découvert
sic te dixisse opinor miro affectu
inducitur uix adduci ad credendum quod gaudet Pamphilus.
sic te dixisse opinor c'est avec une
remarquable émotion que Pamphile entre en scène en ayant peine à
aller jusqu'à croire ce qui le réjouit.
Bacchidem anulum suum habere.
Par.-factum. Pam.-eum quem olim ei dedi?
que Bacchis avait son anneau.
Par.-C'est un fait. Pam.-Celui que je lui ai donné naguère ?
eaque hoc te mihi nuntiare iussit;
itane est factum? Par.-ita, inquam.
Et c'est elle qui t'a demandé de me
l'annoncer ? C'est comme cela que ça s'est passé ? Par.-Oui, te
dis-je.
ita inqvam quasi iam lassatus dicit.
ita inqvam il dit ça comme déjà épuisé.
Pam.-quis me est fortunatior
uenustatisque adeo plenior?
Pam.-Qui est plus chanceux que moi ou
mérite plus de vénération ?
qvis me est fortvnatior venvstatisqve adeo
plenior298 ob beneficia Veneris, ut contra inuenustus, cui contra reciderit,
quod amat.
qvis me est fortvnatior venvstatisqve adeo
plenior en raison des bienfaits de Vénus, de même que, au
contraire, on dit qu'est inuenustus (infortuné en amour)
celui pour qui l'objet de son amour est dans une fortune
contraire1318.
egone te pro hoc nuntio quid donem?
quid? quid?1462 nescio.
Et moi, pour la nouvelle que tu m'as
apportée, que dois-je te donner ? Quoi ? Quoi ? Je ne sais
pas.
qvid donem qvid nescio figure de
retardement (μελλησμός)1319, comme dans : « an monitu diuum ?
an quae te fortuna fatigat ? » (est-ce par un ordre divin ? Ou
quelle fortune te poursuit-elle ?)1320.
Par.-at ego scio. Pam.-quid1463?
Par.-nihilo enim;
Par.-Mais moi je sais. Pam.-Quoi ?
Par.-Rien en fait ;
nam neque in nuntio neque in me ipso
tibi boni quid sit scio.
car ni dans la nouvelle ni en
moi-même je ne sais ce que tu trouves de bon.
1 nam neqve in nvntio magis scire uult quam
munus accipere. 2 nam neqve in nvntio
neqve in me ipso tibi boni qvid sit scio facete agit
Terentius, ut300, quanto magis Parmeno curiosus
est, tanto magis nesciat illa quae cupit.
1 nam neqve in nvntio il veut savoir plutôt
que recevoir un cadeau. 2 nam neqve in nvntio
neqve in me ipso tibi boni qvid sit scio avec humour,
Térence fait en sorte que plus Parménon est curieux, moins il sait
ce qu'il veut savoir1321.
Pam.-egon qui ab orco mortuum me
reducem in lucem feceris
Pam.-Moi ! J'étais mort, des Enfers
tu m'as ramené à la lumière
sinam sine munere a me abire? ah!
nimium me ignauum putas.
et je te laisserais partir sans une
récompense ? Ah ça, tu me prends pour un insensible !
sed Bacchidem eccam uideo stare ante
ostium.
Mais c'est Bacchis que voici, debout
devant la porte.
me exspectat credo; adibo. Ba.-salue,
Pamphile.
Elle m'attend, je pense. Je vais
l'aborder. Ba.-Salut, Pamphile.
Pam.-o Bacchis! o mea Bacchis!
seruatrix mea!
Pam.-O Bacchis ! O ma Bacchis ! Ma
sauveuse !
1 o bacchis o mea bacchis servatrix bene
additum seruatrix. 2 Et mea supra quod dixit amatoris
est.
1 o bacchis o mea bacchis servatrix il fait
bien d'ajouter seruatrix1322. 2 Et le premier
mea est typiquement d'un
amoureux1323.
Ba.-bene factum et uolup est.
Pam.-factis ut credam facis,
Ba.-Je t'ai fait du bien et c'est un
plaisir. Pam.-Tes façons font que je te crois,
factis vt credam facis
difficile enim erat credere his rebus gaudere
meretricem301.
factis vt credam facis en effet, il était
difficile de croire qu'une courtisane se réjouisse de cela1324.
antiquamque adeo tuam uenustatem
obtines
et tu gardes tellement ta gentillesse
d'autrefois
ut uoluptati obitus, sermo, aduentus
tuus, quocumque adueneris,
qu'il y a du plaisir à ta rencontre,
à ta conversation, à ton arrivée, où que tu arrives,
1 volvptati obitvs obitus occursus: ob enim significat ad. ergo obitus aditus. 2 Legitur et uoluntate
obitus. 3 obitvs sermo
adventvs tvvs inter obitum et aduentum hoc interest, quod
obitus
est302 quem casus offert, aduentus, quem uoluntas et
destinatus locus.
1 volvptati obitvs obitus signifie occursus (action de courir à la
rencontre) : ob en effet
signifie ad (en direction
de). Donc obitus signifie
aditus (action d'aller
vers). 2 On lit aussi uoluntate obitus1325. 3 obitvs sermo adventvs tvvs entre obitus et aduentus la différence est que
obitus désigne une
rencontre de hasard, aduentus, une rencontre aménagée par
l'intention et un lieu de rendez-vous.
semper siet. Ba.-at tu ecastor morem
antiquum atque ingenium obtines,
toujours. Ba.-Et toi, par Castor, tu
gardes ton caractère d'autrefois et ta manière d'être,
ut unus omnium homo te uiuat numquam
quisquam blandior.
au point que pas un seul autre homme
au monde, jamais, n'est plus aimable que toi.
Pam.-hahahae! tun mihi istic?
Ba.-recte amasti, Pamphile, uxorem tuam;
Pam.-Ha ha ha ! C'est toi qui me dis
ça ? Ba.-Tu as bien fait, Pamphile, d'aimer ta femme ;
tvn mihi istvc quia blandimentum magis
meretricium est.
tvn mihi istvc parce qu'il s'agit d'un
compliment qu'on fait plutôt aux courtisanes1326.
nam numquam ante hunc diem meis
oculis eam quod nossem uideram;
car jamais avant aujourd'hui je ne
l'avais vue de mes yeux, à ma connaissance ;
1 nvmqvam ante hvnc diem meis ocvlis eam qvod nossem
videram hoc est: numquam sic uideram, ut eam
nossem. 2 qvod nossem quod
meminissem, quod scirem, ac per hoc: numquam uideram, ut alibi «
non equidem istas, quod sciam
311 ».
1 nvmqvam ante hvnc diem meis ocvlis eam qvod nossem
videram c'est-à-dire : "je ne l'avais jamais vue assez
pour la connaître". 2 qvod nossem
pour autant que je me souvienne, pour autant que je sache, et à
cause de cela : numquam
uideram, comme il dit ailleurs « non equidem istas, ut
sciam »1327.
perliberalis uisa est. Pam.-dic
uerum. Ba.-ita me di ament, Pamphile!
elle m'a paru très élégante.
Pam.-Dis-moi la vérité. Ba.-Je te le jure, Pamphile !
dic vervm bene instanter ex meretrice
quaerit, quid de forma uxoris sentiat: scit enim hanc iudicem esse
pulchritudinis posse, uel quod femina uel quod aemula.
dic vervm c'est bien qu'il interroge
instamment la courtisane sur son sentiment au sujet de l'allure de
sa femme : il sait en effet qu'elle peut faire un bon juge en
matière de beauté, soit en tant que femme soit en tant que
rivale.
Pam.-dic mihi, harum rerum numquid
dixti iam patri? Ba.-nihil. Pam.-neque opus est.
Pam.-Dis-moi, sur cette affaire,
as-tu dit quoi que ce soit à mon père ? Ba.-Rien. Pam.-Nul
besoin.
nvmqvid num
aliquid. acue ergo quid.
nvmqvid au sens de num aliquid. (est-ce que quelque
chose). Donc mettez un accent aigu sur quid1328.
adeo muttito; placet non fieri hoc
itidem ut in comoediis,
Donc motus ; je veux que ce ne soit
pas la même chose que dans les comédies,
1 adeo mvttito uel tenui dicto. 2 non fieri hoc itidem vt in comoediis mire,
quasi haec comoedia non sit sed ueritas. 3 Aut deest aliis. 4 vt in comoediis deest fit.
1 adeo mvttito même à mots
couverts. 2 non fieri hoc itidem vt in
comoediis paradoxal, comme si on n'était pas dans une
comédie mais dans la vraie vie. 3 Ou
alors il manque aliis
(dans les autres comédies)1329. 4 vt in
comoediis il manque fit (cela se produit).
omnia omnes ubi resciscunt; hic quos
fuerat par resciscere
quand tous savent tout ; ici, ceux
qui devaient être au courant
1 omnia omnes vbi resciscvnt in fine enim
comoediae nihil cuiquam celari solet. 2 hic qvos par fverat hic in
hac comoedia. 3 An
in hac re? 4 Resciscere est recognoscere et uix
inuenire, quod quis nescierit.
1 omnia omnes vbi resciscvnt de fait, à la
fin d'une comédie, il est habituel que rien ne reste caché à
personne1330. 2 hic qvos par
fverat hic
c'est-à-dire "dans cette comédie-ci". 3 A moins que ce ne soit "dans cette affaire"1331 ? 4 Resciscere c'est reconnaître et
trouver à peine ce qu'on ignorait1332.
sciunt; quos non autem aequum est
scire, neque resciscent neque scient.
savent ; ceux qui ne doivent pas
savoir, ils ne seront pas au courant ni ne sauront rien.
1 neqve resciscent neqve scient resciscunt ad quos pertinet. 2 Et resciscunt quae nesciunt, sciunt quae neglegunt. 3 Et resciscimus ex alio, scimus etiam per nostram
opinationem.
1 neqve resciscent neqve scient resciscunt se rapporte à quos. Et on dit resciscere des choses qu'on ne sait
pas, scire de ce qu'on
omet. 3 Et nous pouvons resciscere quelque chose d'autrui,
scire également par notre
propre jugement1333.
Ba.-immo etiam qui hoc occultari
facilius credas dabo:
Ba.-Bien mieux, je vais te donner un
moyen de croire que le secret va être gardé plus facilement :
Myrrina ita Phidippo dixit
iureiurando meo
Myrrhina a dit à Phidippe que grâce à
mon serment
se fidem habuisse et propterea te
sibi purgatum. Pam.-optime est;
elle avait repris confiance et que,
par là, tu étais innocenté à ses yeux. Pam.-Excellent ;
speroque hanc rem esse euenturam
nobis ex sententia.
j'espère que l'affaire se passera
pour nous comme nous le souhaitons.
Par.-ere, licetne scire ex te hodie
quid sit quod feci boni?
Par.-Patron, puis-je savoir de ta
bouche ce que c'est qu'aujourd'hui j'ai fait de bien ?
ere licetne scire ex te ridicule instat
scire ignoraturus Parmeno.
ere licetne scire ex te de façon comique,
Parménon insiste pour savoir alors qu'il continuera à tout
ignorer.
aut quid istuc est quod uos agitis?
Pam.-non licet. Par.-tamen suspicor.
Et de quoi êtes-vous en train de
parler ? Pam.-Non tu ne peux pas. Par.-Mais je m'en doute quand
même.
ego hunc ab orco mortuum...? quo
pacto? Pam.-nescis, Parmeno,
moi, il était mort et des Enfers... ?
De quelle façon ? Pam.-Tu ne peux pas savoir, Parménon,
1 ego hvnc ab orco mortvvm uerba sunt
cogitantis ego hunc ab Orco
mortuum?; ideo et ἐλλειπτικῶς loquitur. 2 nescis parmeno addit stimulos curiositati
eius.
1 ego hvnc ab orco mortvvm ce sont les termes
de celui qui réfléchit tout haut ego
hunc ab Orco mortuum?; c'est pourquoi il parle aussi
de façon elliptique (ἐλλειπτικῶς). 2 nescis parmeno il ajoute des éléments pour
piquer sa curiosité.
quantum hodie profueris mihi et ex
quanta aerumna extraxeris.
à quel point tu m'as rendu service
aujourd'hui, et de quelle misère tu m'as tiré.
Par.-immo uero scio, neque hoc
imprudens feci. Pam.-ego istuc scio. Par.-an
Par.-Oh si je le sais, et je ne l'ai
pas fait par inadvertance. Pam.-Je le sais bien, moi. Par.-A moins
que,
immo vero scio neqve imprvdens feci recte:
perit enim beneficii meritum, si ab imprudente praestitum
uideatur.
immo vero scio neqve imprvdens feci il a
raison : car le mérite d'un bienfait se perd s'il semble avoir été
fait par inadvertance.
temere quicquam Parmenonem1464
praetereat quod facto usus sit?
étourdiment, quelque chose échappe à
Parménon qu'il était utile de faire ?
1 an temere qvicqvam parmenonem praetereat
qvod interdum temere non
praetereat303, quod habet faciendi
necessitatem. 2 temere qvicqvam parmeno
sibi ipsi hoc dicit et se nominat, ut «
degeneremque Neoptolomum
n.
narrare
m.
memento
312 » et «
age nunc, Phormionem qui uolet lacessito
313 ». 2 temere qvicqvam utrum hoc
dicit: non temere neque per imprudentiam geritur, quicquid utile
est? an hoc dicit: nihil potest transire temere, quod utile factu
est, quin gratiam sui habeat? an304 quicquam Pamphilus praetereat temere ita, ut non
remuneret bonum factum Parmenonis, quod sibi utile
fuerit? 4 Conuenit hoc dictum
abeunti meretrici.
1 an temere qvicqvam parmenonem praetereat
qvod à l'occasion, il ne devrait pas nous échapper par
étourderie quelque chose à faire qui relève d'une nécessité
absolue. 2 temere qvicqvam parmeno
il se dit cela à lui-même et dit son propre nom, comme dans :
« degeneremque Neoptolomum narrare memento » (n'oublie pas de lui
raconter que Néoptolème dégénère) et « age nunc, Phormionem qui
uolet lacessito »1334. 2 temere qvicqvam veut-il dire ceci : "on ne
fait pas par étourderie ni par inadvertance ce qui est utile" ?
Ou : "on ne peut par étourderie rien laisser passer d'utile sans
témoigner sa reconnaissance" ? Ou alors Pamphile laisse passer
quelque chose par étourderie sans récompenser la bonne action de
Parménon qui lui a été utile ? 4 Il
convient qu'il dise cela à la courtisane qui s'en va1335.
Pam.-sequere me intro, Parmeno.
Par.-sequor; equidem plus hodie boni
Pam.-Suis-moi là-dedans, Parménon.
Par.-Je te suis ; pour ma part, aujourd'hui j'ai fait plus de
bien
feci imprudens quam sciens ante hunc
diem umquam. Cantor:-plaudite.
par inadvertance qu'en conscience
j'en ai jamais fait jusqu'ici. Chanteur :-Applaudissez.
1 feci imprvdens qvam sciens
a.
ante
h.
hvnc
quia non conuenit seruo scientem recte facere,
bene addidit imprudenti sibi euenisse, ut bene faceret, quod
prudens numquam fecerit. 2 imprvdens qvam
sciens ἀντίθετον secundum, nam imprudenti scientem reddit, non prudentem.
1 feci imprvdens qvam sciens ante hvnc comme
il ne convient pas à un esclave de faire bien en connaissance de
cause, il fait bien d'ajouter qu'il lui est arrivé par
inadvertance de faire du bien, ce qu'il n'aurait jamais fait en
conscience. 2 imprvdens qvam sciens
antithèse (ἀντίθετον) de seconde catégorie, car il fait répondre à
imprudens sciens et non pas prudens1336.
Notes
1. Pour une raison qui nous échappe, Wessner numérote ici 4*. Nous rétablissons une numérotation continue et décalons donc les autres numéros de phrases de ce paragraphe.2. Wessner proposait de lire "in funambulis", considérant que "occupato in" + ablatif est plus naturel que "occupato" construit avec l'ablatif seul ; or, il faut comprendre que "funambulis" est un datif et porte sur "studio", le verbe correspondant "studere" se construisant usuellement avec le datif. La construction de "studium" avec "circa" immédiatement après, loin d'invalider cette suggestion, la renforce en introduisant une "variatio" dans l'expression.3. Les mss. donnent "postremo" que nous éditons (avec une valeur atténuée, mais assez courante de "ensuite", pour la cohérence de l'argumentaire), et non la conjecture de Goetz et de Schoell, reprise par Wessner, "post denuo". La présence de "postremum" aussitôt après pourrait expliquer la méprise des scribes, mais elle peut tout aussi bien avoir poussé Goetz et Schoell à "améliorer" le texte.4. Les mss. ont un texte absurde : "actorum ambunorum L turpionis" (C), "actorum l. ambini et l. turpionis" (VDL). Le texte qu'édite Wessner est une correction de Klotz que nous retenons, parce que le nom Lucius Ambivius Turpion inconnu des scribes a pu être lu "L. Ambiuius L. Turpio", entraînant l'intelligente lecture de VDL qui postulent "actorum". L'indice évident de l'erreur de lecture est donné par C qui a recopié "ambunorum" sans songer à le "corriger" en "amborum", laissant ainsi subsister, malgré une tentative de normalisation casuelle, le début du nom "Ambivius". 5. Ce texte qui se déduit de C ("neclecte") est plausible, mais VDL qui lisent "non lectae" ont peut-être raison. Il faudrait alors comprendre "pour ne pas avoir l'air d'incriminer le public si la pièce n'a pas été lue jusqu'au bout", et écrire peut-être "non perlectae".6. Cette restitution homérique repose sur G qui lit "κετωμετασ μετμεσση λεμμενος ιττηναων". Elle ne se trouve pas chez Estienne (1529), mais apparaît dans l'édition Lindenbrog (1623).7. Nous éditons le texte des mss., avec une glose étymologique qui peut se comprendre, mais la correction de Wessner "quia clam datur" se justifie en ce qu'elle pourrait avoir pour but d'expliquer le "-d-" de "clades", qui viendrait du "d-" de "datur". On aimerait cependant trouver une autre occurrence de cette étymologie chez les lexicographes.8. Wessner édite "siquidem non iudicio comoedia exacta est, sed spectari cognoscique non potuit, placitura scilicet si audiretur", mais les manuscrits portent majoritairement tout autre chose avec un certain consensus. On lit en effet : "siquidem non iudicio comoedia exacta est, si (om. O: sed K) cognosci spectarique (VJU : spectari cognoscique OGM) non potuerit cognitura (coitura K) scilicet si audiretur". La difficulté vient sans doute du fait que les copistes n'ont pas compris que Donat jouait avec la citation de Térence sans la reproduire exactement. La conservation d'un ordre aberrant "cognosci spectari" (au regard du texte térentien "spectari cognosci") par VJU indique sans doute le raisonnement originel du commentateur. Nous supposons que la volonté de faire ressembler le segment à la citation térentienne a entraîné d'abord la chute de la négation devant le premier infinitif puis la transformation de "quoque" en "-que" qui reprend le "neque" térentien. A ce moment, le texte est devenu incompréhensible ce qui explique que le mot (rare et sans doute peu connu des copistes) "cognitura" ait pu donner "coitura", voire "placitura" (Cujas selon Wessner suivant Lindenbrog, qui, toutefois, dans ses Adnotationes ne dit rien de l'origine de cette leçon), ou "cognituris" chez Estienne (1529).9. Wessner éditait "....ideo actores, quia maior pars in gestu est quam in uerbis. 4 COGNOSCI uel probari uel sciri †an Hecyra dicatur hoc est quae sit omnino†". Ce texte provient, pour le segment "maior pars" d'un très grand nombre de manuscrits (CVJKDGMU), mais ce qui le précède est tantôt "quia" (CK) tantôt très majoritairement "et". Om donnent "et maior paior pars" qui met sur la voie d'une difficulté à cet endroit. Nous supposons que le texte est "quia magis par" et que ce comparatif de supériorité, étrange étant donné le sens courant de l'adjectif "par", a conduit à une correction en "magis pars" devenu ensuite aisément "maior pars". Quant au "paior" qui s'intercale chez Om, il est sans doute la trace d'une glose "parior" qui accrédite notre texte. Le passage de "et" à "quia" peut provenir tout simplement d'une correction pour rétablir la corrélation attendue "ideo quia". Pour la fin la situation est plus complexe. Tous les manuscrits sauf CK (et peut-être Cujas ?) s'accordent à lire "uel sciri an hecyra sciri dicatur quae scita sit nomine" qui n'a guère de sens. CK lisent tout autre chose "uel sciri an hecyra dicatur hoc est quae sit omnino". Nous supposons au stade des archétypes des deux traditions deux haplographies différentes par saut du même au même, pour un segment originel : "sciri an haec iure inscribatur hoc est quae scita sit nomine ita sit omnino". Dans un premier temps, antérieur à l'haplographie, le segment "haec iure" a été lu "hecyra", ce qui est normal compte tenu de ce dont on parle. On a donc eu quelque chose comme "an hecyra inscribatur", qui a ensuite été traité différemment soit par transformation d'"inscribatur" sans doute très abrégé, en "dicatur", soit en "sciri dicatur" où il subsiste encore quelque chose du texte originel, "sciri" étant attiré par le contexte. Simultanément il s'est produit les phénomènes d'haplographie. Une tradition a omis, sans doute en raison de la proximité graphique ou peut-être parce que cela constituait une ligne dans une glose marginale, le segment allant de "scita" à "ita" et nous avons le texte de CK "quae sit omnino". La source de tous les autres a fait un saut du même au même du "ita" de la scholie au "ita" du lemme suivant faisant ainsi disparaître sans laisser de trace toute la fin de la scholie. Il est possible aussi qu'on soit passé par un stade où "hoc est" a été lu "hecyra" donnant "an hecyra dicatur hecyra". 10. Dans ce lemme, Wessner croit utile d'ajouter, entre "populus" et "stupidus", "studio" qui se trouve dans Térence, mais le contenu du commentaire montre qu'il est inutile puisqu'il s'agit de commenter l'emploi du mot "stupidus".11. Wessner éditait " ET IS QVI SCRIPSIT HANC OB EAM REM id est ob eam causam quasi dicat : non iterum acta est sine causa. Cur ergo non post funambulum relata est, si ille cessarat? an quia maluit auarum poetam inducere quam suo etc.". Dans cette proposition "an quia" est une conjecture de Goetz et Schoell. Il faut dire que le texte est très désordonné dans les manuscrits, mais il se dégage quelques lignes de force. 1-Trois manuscrits (VKC) ont une lacune importante sur "quasi dicat non iterum acta est", et diverses petites lacunes par exemple sur le début où ils ne répètent pas "ob eam rem" et logiquement n'ont pas "id est". Nous restituons le texte sans ces lacunes. 2-le segment commençant par "cur" et allant jusqu'à "cesserat" est le plus désordonné. On trouve : "cur ergo non post funabulum relata est" (VGUMmD), "cur non ergo post funabulam relata" (K), "cur non ergo non post funabulum relata" (C), "cur ego non post funabulum relata est" (O), "cur ego non potest funabulum relata est" (J), puis "si ille cessarat" (V), "si illi cesserat" (GUM22DJ), "si illi cesseret" (K), "si illi cessarat" (C), "si illi cessat" (m), "sulli cesserat" (O). Le second segment présente une majorité de "illi" datif, qui contredit le texte choisi par Wessner et oblige à préférer "cesserat", l'ensemble donnant un sens excellent. Le premier segment présente une difficulté sur le début que nous résolvons à partir de la leçon aberrante de C : "cur non ergo non", qui nous incite à voir un "nunc" à la place de l'une des deux négations. 3-Le segment "in qua maluit" est à peu près consensuel, à l'exception de deux variantes non significatives "in quam maluit" (K) et "in quam in aliud" (C), reposant sans doute sur "in quam maluid". On peut hésiter sur "qua" ou "quam", mais "inducere in qua" est plus troublant que "inducere in quam", tour attendu si l'on ne prend pas pas "inducere" au sens de "représenter". 4-Le segment "auarum poetam inducere" (conservé par KC sous la forme "auarum poeta") est devenu "auarum poetam inducere populum" (VGUMODJ...), pour une raison que KC permettent de comprendre : "auarum poetam" a été, sans doute par mélecture d'abréviation, lu "auarum poeta" (KC), entraînant la nécessité d'un COD qui a été trouvé dans "populum" (le public), qui s'imposait compte tenu du contexte, où il s'agit de parler des raisons qui ont entraîné la bouderie du public et la nécessité de remonter la pièce. Cette correction a eu lieu à date très ancienne, comme en témoigne la quasi-unanimité de la tradition, qui ne rend évidemment que plus précieuse la lecture de KC. Le manuscrit m quant à lui qui lit "auarus poeta populum" a hypercorrigé la correction, considérant l'ordre des mots aberrant.12. Nous supprimons l'ajout "re-" de Wessner devant "superuacuum", inutile, car c'est l'ensemble "iterum referre" (rapporter de nouveau) qui constitue le pléonasme.13. Wessner édite "quasi haec omnino non nota sit", avec "non" ajout de Klotz. Cet ajout toutefois nous paraît faire contresens, car c'est précisément cela qui étonne Donat : Térence suppose que son public a bien en tête toutes ses pièces précédentes qu'il a aimées et donc qu'il fera bon accueil à celle-ci. Les manuscrits lisent ici "quasi (quia V) haec omnino nota sint", où le nombre du verbe doit être sans doute corrigé au pluriel, le singulier pouvant s'expliquer par l'omission d'une tilde. Le singulier "sit" ne fait pas vraiment sens, puisqu'il ne pourrait alors s'agir que de L'Hécyre que précisément personne n'a vue en entier. 14. Nous ne retenons pas la correction de Wessner qui ajoute "posthac" devant "quas" pour coller au texte térentien.15. Wessner éditait "ad fortunam" où "ad" est une conjecture de Westerhof, mais on voit mal comment s'en passer pour construire ici, à moins de considérer qu'il faille lire "fortuna" que l'accusatif qui suit et la forme présente dans le vers térentien auraient transformé en "fortunam". Cette solution, beaucoup plus plausible paléographiquement que la chute d'une préposition, donne un sens excellent.16. Les manuscrits Cujas et G 2 donnent un grec approximatif ("ANAΚΛΑCIC" et "ανακασισ") que Wessner édite "ἀνάκλασις" (VCM sont lacunaires), alors qu'Estienne (1529) proposait ἀντίθεσις. L'anaclase est une figure de style bien particulière de la métrique grecque dont on voit guère la pertinence ici ; nous corrigeons en "ἀντανάκλασις".17. Nous n'éditons pas τὸ avant le second "coepi" qui a tout d'un ajout de Wessner.18. Wessner éditait une restitution de Lindenbrog "παρόμοιον" (qu'il pensait pouvoir avoir été tirée du manuscrit Cujas), ce qui peut effectivement décrire la figure, mais le seul manuscrit qui porte du grec ici, G, lit "περιφρασι" précédé d'un segment difficilement interprétable en l'état ("tñ") qui peut cacher l'article τῇ. Nous adoptons le texte fourni par ce témoin.19. Wessner ajoutait "cognitae" dans ce lemme, pour compléter le texte térentien, mais cela ne sert à rien.20. Wessner édite ici "c. p. s." conformément au texte reçu de Térence, mais les manuscrits lisent "p. c. s.", métriquement plus que contestable, mais qui s'explique parfaitement par l'ordre des mots du lemme précédent qui a pu provoquer une bévue, d'ailleurs corrigée par la scholie elle-même qui impose l'ordre traditionnel.21. Sans doute par mégarde, Wessner écrit ici "e.", mais les mss. de Donat donnent bien "l.".22. Dans ce lemme, Wessner ajoute "e." ("eodem") après "f.", mais cet ajout ne s'impose pas pour la figure commentée par la suite et n'apparaît pas dans le texte même du commentaire.23. Wessner propose ici, à juste titre, d'ajouter "in n.", car, sinon, on en comprend pas l'antithèse.24. Ici, et dans la suite de ce vers, Donat lit visiblement "non" comme un certain nombre de manuscrits de Térence, visiblement anciens, au lieu de "nulla" choisi par plusieurs éditeurs modernes. Métriquement c'est indifférent.25. Wessner ajoute "meae auctoritati", qu'il rapporte visiblement à la mention "auctoritatis", mais c'est inutile.26. Wessner supposait qu'un mot était tombé et éditait "a <*****> 43 uestris commodis" etc., ce qui est l'ordre des manuscrits. Il est aisé de comprendre ce qui s'est passé, une simple haplographie du segment "a commodis uestris commodis".27. Ici Wessner ajoute "ut" qui ne sert à rien.28. Nous n'excluons pas "postquam", malgré Schœll dont on voit mal pour quelle raison il athétisait cette conjonction.29. Nous déplaçons ici l'annotateur médiéval, que les mss. donnent au milieu de 57, 3.30. Wessner suivant Estienne éditait "διανοίας", mais il faisait très justement remarquer qu'en Eun. 232, 4 on lit dans une situation semblable le nom de figure que nous éditons. Aucun manuscrit ne porte quoi que ce soit, mais la plupart indiquent une lacune correspondant sans doute à un mot grec.31. Wessner ajoute ici un "ut", mais il est totalement inutile.32. Nous ne retenons pas "ut" devant "modo", ajout de Wessner. Nous choisissons de lire "modo" en mention (cf. note apposée à la traduction française).33. Wessner ajoute ici "m. l.", suite du vers térentien, mais c'est totalement inutile. Le commentaire porte sur le seul verbe.34. Les mss. sont pour la plupart lacunaires. Seul G puis Estienne (1529) donnent "ἀπόστροφος", mais cette leçon ne fait aucun doute.35. Nous n'éditons pas "est", que tous les mss. ont sauf C, mais qui est incorrect dans cette subordonnée interrogative indirecte.36. Nous ne retenons pas "exploranda", ajout d'Estienne (1529) retenu par Wessner, car la phrase se comprend très bien sans.37. Correction extrêmement adroite d'Estienne (1529), les manuscrits lisant unanimement "legerunt proponentes". Seul M paraît avoir vu une difficulté en lisant "proponentes ut ut" qui n'a évidemment aucun sens. La faute paraît remonter très haut, sans doute bien avant les apographes d'Aurispa et Decembrio, car V qui n'en dépend pas uniquement et K portent un texte tout aussi corrompu que les autres. En l'absence ici de A et B, on ne peut déterminer si la faute vient ou non de l'archétype.38. Sans aucune raison apparente, Estienne (1529) corrigeait en "muliebris". Nous revenons au texte unanime des manuscrits.39. Nous retenons l'ajout du lemme dû à Estienne (1529), qui n'est pas en soi indispensable à la compréhension du raisonnement, mais qui clarifie l'explication.40. Estienne (1529) propose ici d'ajouter "ad" qui a pu disparaître par haplographie. L'ajout est cohérent avec "uenire ad" plus bas.41. Wessner ajoutait "ut" devant "in Phormione", mais cet ajout n'apporte rien.42. Correction d'Estienne (1529), contre "infra me" attesté par les manuscrits, y compris les meilleurs. Wessner se demandait si ce texte n'était pas le bon, mais la confusion entre "intra" et "infra" ne se produit guère avant l'époque mérovingienne et paraît bien étrangère à la pure "latinitas" de Donat. Il est donc probable qu'Estienne a eu raison de corriger une erreur commise sans doute au stade de l'archétype.43. Nous déplaçons en 110. 3 la scholie que Wessner édite en 111 (tout en précisant qu'elle appartient au vers 110) et rejetons donc les cruces de Wessner pour le lemme au vers 111. Le texte du lemme qu'il donne au vers 111 n'est en réalité probablement que la fin du commentaire. Sur le sens de ce commentaire, voir la note apposée au texte français. 44. Wessner éditait "ut <***>", mais VK entre autres donnent "et" sans signaler de lacune. Nous suivons leur texte.45. Wessner éditait "moraliter et a nomine inc<ipit> et nomen repetit", mais V et G par exemple portent clairement "antonomasice". Malheureusement, il n'y a pas ici d'antonomase, mais l'arrivée de ce mot s'explique par le fait que les copistes connaissent "antonomasice" qui existe bien dans la langue y compris médiévale, et qu'ils ont pu lire "ent...onomasice" et faire une savante correction. Quant à "moraliter" il peut s'expliquer par une simple glose marginale de "ἐν ἤθει", entrée dans le texte à la place du grec. Notons que cette scholie se répète pratiquement à l'identique en 133, au moment où Térence lui-même répète le nom de Parménon.46. Wessner éditait la conjecture d'Estienne "μιμητικὸν", mais VG donnent quelque chose qui ressemble à s'y méprendre à une tentative pour lire δραματικὸν ("trahemeticon" G, "trathemeticon" V)47. La plupart des mss. ont "pro ueritatis", K "proue....", ce qui semble indiquer un passage très difficile à lire dans l'original, V "pro ueritatis inquisitione", Wessner édite "pro<fessio b>reuitatis". Nous éditons V.48. Ajout d'Estienne (1529) suivi par Wessner, qui semble s'imposer bien que le texte soit problématique dans la scholie précédente.49. Ingénieuse correction de Wessner pour un texte des manuscrits manifestement erroné et reposant sur une mécoupure de segment "amatam esse" ayant été lu "amat amasse". La forme syncopée en dehors d'une citation térentienne nous met la puce à l'oreille comme elle l'avait mise à Wessner.50. Ce "postquam" donné par les mss. de Donat ne se construit pas aisément mais le manuscrit F de Térence le donne aussi. Wessner le corrigeait en "post", leçon majoritaire des manuscrits de Térence, mais il n'est pas impossible que ce "postquam" ait pu figurer dans un exemplaire ancien de Térence. Au vers 148 le codex bembinus lit "sed postquam".51. Grec suggéré par Lindenbrog. Les mss. ont par exemple C : "apostrophę **** me met · ι R · R · H" ·, et V : "apostrophe ****". Estienne donne "ἀ. κ. ἠ. ἀπομνημονεύοντος". Notons que seul "ἀποστροφὴ" semble consensuel, alors qu'on ne voit pas en quoi le lemme commenté constitue une apostrophe. Nous corrigeons d'ores et déjà en "ἀναστροφὴ". Le reste est à revoir.52. Ce texte, donné par Wessner comme conjecture de Schœll, est en réalité le texte de K que nous adoptons.53. Nous rejetons "<nam>", ajout de Wessner, parfaitement inutile.54. Les mss. ont "dispoliatrix" ; il s'agirait d'un hapax. Le masculin étant "despoliator" (Plaute, Trin. 240), nous corrigeons en "despoliatrix", correction minime, la forme "dis-" pouvant provenir d'une évolution de la prononciation.55. Dans les manuscrits il manque un "a." pour obtenir le texte virgilien complet. Il est aisé de comprendre pourquoi il a pu disparaître et sans conséquence sur l'édition du commentaire lui-même.56. L'editio princeps (suivie par Wessner) a cru bon d'ajouter "ex" devant "misericordia", mais cet ajout est inutile, à condition de comprendre "misericordia" comme un complément de moyen.57. Wessner édite ici deux scholies au vers 181 identiques, la première étant intercalée entre 180, 2 et 180, 3. Nous la supprimons.58. Estienne (1529), suivi par Wessner, ajoutait ici "nescio" présent dans le lemme, ce qui était ingénieux, mais c'est inutile si l'on considère que "quam" suffit à marquer l'indéfini. 59. Les manuscrits portent "a. ut" (soit "ad ut") ou "aut" (même leçon transformée en un mot), ce qui indique clairement un souci de délimitation de la fin du lemme qui a pu entraîner la chute du "eam" abrégé, rendant ainsi le lemme incompréhensible. On pourrait se contenter de "it uisere" comme lemme, mais les manuscrits attestent d'au moins un mot après, en l'espèce deux, car "ad" seul n'est pas compréhensible.60. Ce temps est donné par VM, d'autres témoins lisent le présent "inducitur", choisi par Wessner. Comme il est question de préparation, le futur est sans doute meilleur.61. Cette scholie est éditée par Wessner en 183, 2 ; dans les mss., les scholies aux vers 187 à 193 sont dans un ordre bouleversé, et très corrompues (texte d'Estienne pour la plupart chez Wessner). Voici ce qu'édite Wessner : 192, 1 "nondvm etiam scio παρέλκον tertium" puis 193, 1 "Et deest scire. 2 Et est σύλλημψις scio scire cum ἀναβάσει", puis à nouveau 192, 2 "nondvm etiam recte seruauit reliquis partibus fabulae pendulum et attentum spectatorem", et enfin 193, 3 "nisi sane cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc s. bene, quia curiosus est Parmeno et idem garrulus; nam per totam fabulam talis inducitur. 4 cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc s. deest scire". On choisit déjà de replacer 192, 2 à la suite de 192, 1, puis de supprimer 193, 1, identique à 193, 4, et de mettre 193, 2 après 193, 4. Pour le segment grec que nous reconstituons nous supposons que K et C on conservé tant bien que mal un peu du grec originel à la différence de G qui lit "σύλλημψισ scio scire tum παρέλκον", qui ne veut à peu près rien dire, car la syllepse supposée se fait en réalité entre un mot présent et un mot sous-entendu et le pléonasme est encore pire puisqu'il s'agit du tour "scio scire" qui n'est pas écrit et qui est absurde. K et C lisent après une courte lacune "scias scire tum ana...", ce qui laisse supposer la fin d'un mot grec dans "sciasscire" ou "scioscire" des autres, puis un mot ("tum", "cum") et un nouveau mot grec commençant par "ana". Etant donné le contexte, et le fait que Parménon laisse planer une incertitude dans laquelle se place évidemment l'histoire de l'anneau dérobé et de la reconnaissance finale par Philumène de Pamphile, son mari, il nous semble que "παρασκευὴ εἰς τὴν ἀναγνώρισιν" peut recouvrir ce segment problématique, et ce d'autant plus que, si le copiste hellénsite de G (G2) n'invente pas au fur et à mesure le grec qu'il complète, il a pu voir "παρα" et y voir "παρέλκον", puisqu'on venait de parler de "parelcon" écrit en latin à la scholie précédente (dans les manuscrits).62. Ajout d'Estienne (1529) en fonction sans doute de la construction de la scholie 2. L'ajout est raisonnable.63. Nous éditons la deuxième main du manuscrit Vaticanus (G2) qui seul donne le grec "εμπαθωσ" ; les autres manuscrits sont lacunaires à cet endroit.64. Pour ce lemme, C omet "est", et V donne pour ses derniers mots "q. h. c. e.", semblant mettre le verbe à la fin. 65. Wessner édite "accusatio", qui est une correction de Westerhof ; les manuscrits donnent quant à eux "confessio". A vrai dire "accusatio" semble à première vue plus clair, mais on peut conserver "confessio" (Lachès "confesse" sa haine envers les femmes).66. Wessner ajoute ici "c." pour "coniuratio" de Térence, mais ce n'est pas indispensable.67. Wessner proposait d'ajouter le "eadem" présent dans le vers térentien, mais cela n'est pas utile.68. Les mss. donnent tous "est", et l'éditio princeps est la seule à donner "es", qu'édite Wessner, sans doute par influence de la formule de 202, 1. Il s'agit sans doute d'une correction (trop) savante qui masque les limites de la reformulation.69. Les mss. donnent tous "pars", et l'éditio princeps est la seule à donner "parum", qu'édite Wessner. Nous éditons "ne par sit", en supposant une mélecture d'abréviation.70. Seule la deuxième main du manuscrit Vaticanus (G2) donne le grec "αυξησισ" ; les autres manuscrits sont lacunaires à cet endroit. Nous éditons "αὔξησις".71. V donne "uoluntatis", mais ce génitif vient sans doute d'une contamination d'"hominis", que le scribe est déjà en train de lire alors qu'il écrit le mot précédent. 72. Wessner éditait "Sostratae. ex" Les mss ont "sostrata et", leçon que nous adoptons.73. C omet le grec, V est lacunaire à cet endroit. Le grec est postulé par Pierre Pithou, qui a eu le Cujas entre les mains. Ce peut donc être la leçon du Cujas (ou une pure supputation de Pithou).74. Le grec est donné par Cujas. V et C sont lacunaires.75. V et C donnent ces noms de figure de rhétorique en alphabet latin ("eyfemis mori" C, "euphemismon" V, "cacephaton" V...). Nous éditons, comme Wessner, en caractères grecs : "εὐφημισμόν" et "κακέμφατον".76. V propose de lire "male" ou "mala" (le "-a" de mala est écrit au dessus du "-e").77. Les manuscrits donnent "obstabilis", qui n'est attesté pratiquement nulle part ailleurs, et en tout cas pas avant le Moyen Age ; "optabilis" est une correction sensée d'Estienne (1529), suivie par Wessner.78. Nous ne rétablissons pas "inter" devant "nos", à la différence de Wessner, car l'énoncé se comprend parfaitement sans, et Donat reformule plus qu'il ne cite.79. Les manuscrits semblent n'avoir pu lire le grec qui se trouvait ici et ont laissé un blanc. Estienne donne "ἐπάγγελμα" (est-ce une "correction" ?), Wessner renvoie à Isidore de Séville (Or., II, 21, 45) et aux Rhetores Graeci (I. 352, 26 Sp.), ce qui laisse supposer que c'est lui qui propose de lire ainsi.80. Estienne (1529) ajoute "cum", que reprend Wessner. Ce n'est pas utile.81. Wessner éditait "uix argumentorum ui" qui est une conjecture, à vrai dire assez gratuite, d'Estienne (1529). Les mss. donnent "argumentum uix", qui convient parfaitement.82. Dans les deux lemmes 208, 1 et 2, les mss. donnent "rescisses", mais cette leçon n'est pas attestée chez Térence, et ce subjonctif plus-que-parfait ne se comprend pas. De plus, dans la scholie 208, 3, C donne "rescissere", et V "rescire". Si le verbe donné par C n'est attesté nulle part ailleurs, celui de V existe ("rescio" signifie "savoir de façon inopinée, découvrir"), et la forme "rescisses" du lemme appartient à son paradigme, mais reste, comme nous l'avons dit, peu pertinente dans le texte de Térence. Nous éditons donc "rescisces" et "resciscere" avec Wessner ; il y a un problème avec ce verbe, qui ne semble pas connu des scribes !83. "Παρ᾽ ἀξίαν" est une conjecture de Schoell, "παρὰ προσδοκίαν" était la suggestion Estienne (1529), les mss. sont lacunaires.84. C donne "dynotes", V "diuores", G 2 "cliuores" : la leçon de C est sans doute bien écrite, mais avec une erreur de graphie pour une prononciation "δινότης" de "δεινότης".85. Le texte de ce lemme semble assez corrompu. V par exemple donne "cui suos liberos committent", C "suos citi i. e.". Les éditions de Térence éditent "suos cui liberos committerent" ; nous pouvons rétablir l'ordre "suos cui" (que semble lire C). Le codex Bembinus de L'Hécyre donne "commirent" pour "committerent" : cela nous indique au moins qu'il semble y avoir des problèmes sur ce verbe, mais "committerent" semble tout de même bien plus évident que le futur "committent" ici.86. Les mss. donnent "loco" à la place de "LI. CO.", ce qui peut s'entendre, mais la scholie commente "liberos", ainsi nous gardons ce qu'édite Wessner.87. C n'a pas "sic dixit" mais "sic Virg.", et Schoell propose de rétablir "sic Vergilius 'dignate' (Énéide, III, 475), ut"... mais nous gardons pour l'heure le texte de l'édition de Wessner, qui semble tout de même plus proche du texte des mss.88. Wessner supposait qu'il fallait ajouter "e." pour "exorere" de Térence, mais il est probable que "tu sola" suffit à accrocher le commentaire par reformulation.89. Wessner éditait : "'exoriri' dicitur, qui non exspectatus inuadit aliquem", qui repose plus ou moins sur le texte de VGM etc. qui lisent : "exoriri dicitur qui expectans inuadit aliquem". CK lisent : "exoriri igitur qui non expectat inuadunt aliquem". Nous supposons quant à nous que le segment "exspectatiinuadunt" a été simplifié en "exspectat inuadunt", rendant ainsi le segment non grammatical, d'où découlent sans doute les diverses corrections qui ont pu aboutir au texte de V et des manuscrits qui lisent comme lui. 90. "Τό", que Wessner édite, est une conjecture de sa part. Les mss. donnent "tu", qu'il faut probablement garder : Donat commente la totalité de l'apostrophe, "tu... mulier...".91. V (dett.) donne "emphasim", C "n***cui", Wessner édite "ἔμφασιν". Nous rétablissons "emphasin" en caractères latins, comme on le voit parfois. 92. Ces vers d'Euripide semblent très incertains. V donne "et pipides", que nous rejetons, mais qui nous engage à dire que le nom du tragique grec, si c'est bien lui, était sans doute noté en alphabet mixte (voir Warren 1906 : 40). Ces deux manuscrits ne retranscrivent pas la citation grecque d'Euripide, qui est une conjecture de Lindenbrog, qui a peut-être pour origine Cujas, mais Lindenbrog ne précise pas dans ses "Observationes" d'où il tire ce texte. Calfurnio (1477) éditait ici seulement la citation virgilienne qui suit. Mais Estienne (1529) édite bien "sic Euripides" et paraît avoir vu du grec que ni lui ni son conseiller pour la lecture du grec n'ont pu déchiffrer. La suggestion de Lindenbrog est donc sans doute au moins ingénieuse, voire tout à fait acceptable si elle repose sur le codex Cujas.93. Conjecture d'Estienne (1529) tout à fait plausible.94. Il semblerait que tous les manuscrits annoncent la citation d'Apollodore, mais que seul Cujas la donne, de façon approximative ("ⅭΥ ΜΕ ΠΑΝΤΑΠΑⅭΙΝ ΕΗⅭΑΥΛΙΘΟΝ") ; la correction est de Cobet.95. Ce grec se trouve dans V2 et G2.96. Les mss. donnent "prius et non totis" ici (C donne "plus"). On peut supposer que le copiste a lu le "prius" du début du vers 397 au moment où il devait écrire "totis" et a donc écrit "prius" pour "totis" par inattention. C aura ensuite recopié fautivement (et l'on sait que cela lui arrive) le premier "prius" en "plus", ou bien aura cherché à le corriger, cette répétition lui semblant suspecte.97. Nous supprimons "ut", addition de Westerhoff, totalement inutile.98. Wessner éditait en corrigeant largement "<minimeque> a<deo> mirum". Les mss. donnent "amorem", qui se comprend très bien ici à condition de bien voir que "meritum" s'applique à la généralité, "un amour que normalement tu aurais mérité", et que précisément l'attitude de Sostrata a transformé en haine.99. "Quid", qu'édite Wessner, était donné comme une correction d'Estienne (1529). La plupart des mss donnent "quod", mais "quid" est bien la leçon de K, donc peut-être du manuscrit Cujas.100. "Deest", qu'édite Wessner, est une correction d'Estienne (1529). Les mss. ont "id est", que nous rétablissons (cf. note apposée au texte français).101. Wessner éditait "222 ILLA HIC MANERET <*****> 223 <AT VIDE QVAM IMMERITO AEGRITVDO HAEC ORITVR MIHI ABS TE SOSTRATA> ἠθικῶς post acrem etc.", suite à une conjecture d'Estienne (1529) mais aucun manuscrit n'atteste ni le grec (tous ont une lacune), ni rien de tout ce qu'il conjecture. En fait, le texte des manuscrits qui est ce que nous éditons à une exception près, s'applique parfaitement au vers 222 et le commentaire au vers 223 commence en réalité au 223, 2 de Wessner. Nous changeons évidemment la numérotation. Le seul point où nous pouvons suivre Wessner, en dehors de la conjecture sur le grec due à Estienne (1529), est la modification de l'absurde "illum" des manuscrits en "illam" visant évidemment Sostrata. Pour la première citation And. 866-867, Wessner complète à juste titre d'un "s." omis par les manuscrits devant "u." pour "uiuo", rendant le texte grammatical. Il en va de même pour l'ajout du "f." pour "fallere" à la fin. Pour la seconde en revanche il proposait de rajouter "o" devant "Chreme", mais cela ne sert à rien.102. Nous ne retenons pas "dicit", qui est une addition de Schœll.103. Wessner ajoute "<p.>" pour "pati" qui complète la citation térentienne, mais cela ne sert à rien.104. Nous ne conservons pas "<tu> curare etc.", addition de Wessner, parfaitement inutile.105. Wessner croit utile d'ajouter "<pol>" dans le lemme à sa place dans le vers térentien, c'est inutile car le commentaire ne porte pas sur ce mot.106. Nous rejetons la correction de Wessner, qui fait de "quod ad filium et maritum pertinet, nam non sola, cum qua nurus" une seconde scholie.107. Nous ne retenons pas "ut illam", addition de Wessner, peut-être motivée par l'ajoute de "ut" déjà opéré, à tort, par Westerhof.108. "Ἰδιωτικῶς" est d'Estienne (1529), mais paraît extrêmement probable en raison du texte de V qui opère un saut du même au même en écrivant "plus una esset .i. diu", comme s'il avait enchaîné de "idio" du grec à "id est diu".109. Wessner édite la correction de Schoell, "enim pro <δή> dixit". Nous revenons aux mss. qui ont "enim produxit" ("il allonge enim"). De fait, dans ce septénaire trochaïque, "enim" fait commencer par un iambe, interdit, sauf à prononcer "enim" avec "e" long... En tout cas, il est préférable de renoncer à la conjecture de Schoell (qui s'appuie sur Priscien, GL 3, 193, 25.).110. Wessner suggère à juste titre d'ajouter aux manuscrits "uestro i." de façon à ce que le lemme corresponde à ce qui est commenté.111. Wessner édite ici "ac tuis", qu'il trouve chez Estienne. Nous revenons au "aptius" des mss. Le datif "fauenti", pourtant unanime dans les manuscrits, ne se construit pas ; nous proposons "fauente", apposé à "reo", dont la terminaison a pu être contaminée par les deux datifs ("tibi ipsi") qui précèdent.112. Wessner propose d'ajouter "i." (pour "illam"), après "intellexi" pour respecter le vers de Térence, l'ajout s'imposant en effet pour rendre le vers compréhensible. La séquence "intellexi i" a très probablement été simplifiée.113. Ce premier segment attribué par Wessner à l'annotateur médiéval se trouve dans les manuscrits entre "phidippe" et "diligentiam", où il vient briser le raisonnement. Nous le déplaçons ici, où il s'intègre parfaitement.114. Il manque "tu" et "saluam" dans les manuscrits, mais leur présence est indispensable, ce qui a conduit Wessner à les suppléer. On peut supposer que le segment "uttu" a été lu "utut" et simplifié. La disparition de "saluam" est plus délicate à expliquer, d'autant qu'aucun des manuscrits principaux ne le donne.115. Wessner ajoutait "u. m." au lemme pour compléter la citation, mais cela est totalement inutile, puisque Donat cite intégralement ce segment juste après.116. Wessner éditait, avec un long ajout dû à Estienne (1529) : "mollius dixit quam si <'nec facere possum' dixisset>. hoc enim" etc. C est lacunaire de "hic" à "possum". V donne "mollius dixit quam sic hoc enim uult intellegi : uolo, et non possum facere", L a la même leçon avec "si" à la place de "sic" et D a "sit". La correction de "et non" en "at non" est de Westerhof. Nous pensons que la confusion qui règne autour du segment "quam si" / "quam sit" / "quasi" / "quam sic", sans parler de l'abréviation très difficile à lire de K "quasi" ou "igitur", témoigne en réalité d'une difficulté à lire des abréviations, comme on le voit chez K où la première abréviation "quasi / igitur ?" est suivie d'une autre absolument incompréhensible, mais qui peut commencer par "f/sac". Nous en concluons que cette difficulté a entraîné des corrections, et qu'il faut chercher dans le contexte ce que l'abréviation de K peut avoir voulu dire. Sans doute alors faut-il comprendre comme nous le faisons que l'hypothétique est en réalité une atténuation du simple verbe "facio", ou à la limite du futur "faciam".117. Nous n'éditons pas "ad" devant "aduerti", ajout de Wessner, dont on comprend mal la fonction.118. Bien que substantiellement semblable au texte que Wessner édite, nous ne considérons pas que l'article grec soit une conjecture, il est présent, explicitement dans K, et dans d'autres manuscrits, par exemple sous la forme du "te" fautif placé entre "sancte" et "adiurat" et dans la finale "adiuro" qu'on lit dans C par exemple.119. Ce texte est donné par K, ce qui implique sans doute que la correction de Lindenbrog signalée par Wessner provenait du manuscrit Cujas. Les autres témoins ont "actiuum" qui n'a guère de sens. 120. Nous éditons ici le texte de C, excellent et difficile, contre l'ajout proposé par Estienne (1529) et suivi par Wessner : "Phidippus <respondebat>" et la transformation de "tum" en "cum".121. Dans cette citation à peu près, Wessner rétablissait le texte exact de Térence, mais cela n'a aucune utilité, la phrase se comprenant parfaitement sous sa forme d'à peu près.122. Nous ne retenons pas l'ajout de Wessner "n." pour "natus", car le lemme se comprend parfaitement ainsi.123. Nous rétablissons sans problème l'haplographie "dicit cito" avec Wessner. Les manuscrits ont "dicito / dicite ire".124. Texte de K, qui donne un sens très satisfaisant là où les autres témoins sont en plein désordre.125. Wessner complétait le lemme en écrivant "NEMINI <EGO> PLVRA ACERBA" mais c'est un ajout inutile.126. Wessner édite la leçon du ms. Cujas, "coturnati", mais nous choisissons d'éditer la leçon donnée par tous les autres mss., "conturbati".127. On ne retient pas l'ajout de Wessner, "<si> parco ueniam do" qui sert à clarifier la construction mais n'est pas utile et ne se trouve pas dans les mss.128. Nous supprimons l'ajout "<quis>" de Wessner, conjecturé par Schoell, sans lequel la phrase se comprend.129. Wessner édite le second "aut" comme un ajout personnel. VM ont (comme l'ed. pr.) seulement le premier "aut", G a le premier puis une omission par un saut du même au même qui nous empêche d'en savoir plus, K a commencé son saut directement sur le "NOS OMNES" qui est dans le lemme de la scholie 2 et n'a donc ni le premier ni le second "aut". Il est vraisemblable qu'il faille suivre Wessner dans son respect du parallélisme "aut... aut".130. Wessner complétait le lemme en éditant "NAM OMNES <NOS> QVIBVS <E.> A.", mais c'est inutile.131. Le texte de la scholie est obscur. Le ms. Cujas donnait "σχημα ακαταΝΟΝ", V et K portent clairement "σχημα ἀκαταλανον", et la correction que nous éditons est de Sabbadini, suivi par Wessner. Wessner suppose que la notion d'anacoluthe concerne la structure que Donat a longuement analysée dans les deux vers précédents, sous couleur de syllepse, ce qui l'incite à apposer des cruces autour du lemme. Or le lemme, lui, que les ms. aient ou non écrit une sorte de grec, est parfaitement lisible et se trouve bien à cette place. Nous supprimons donc les cruces, d'autant que "rescitum est" est impliqué dans le groupe des deux vers en question. Il n'est certes pas, pour lui-même, emblématique de l'anacoluthe, qui porte sur "nos omnes... lucri est", mais il peut n'être là qu'à titre de point de repère textuel, comme cela arrive fréquemment. En revanche, le texte grec ἀκατα(λα)νον cache-t-il vraiment le terme ἀνακόλουθον, que les scribes connaissent en général assez bien ? Ou s'agit-il d'autre chose ? Peut-on penser à ἀκατάληπτον, "incompréhensible" ?132. Wessner éditait "ne accusare alteram uideretur <Parmeno, adiecit 'ambas>, Pamphile, s. r.'". Les manuscrits lisent à peu près unanimement "ne accusare / accusari alteram uideret / uidet populus romanus", les deux derniers mots pouvant être diversement abrégés mais toujours reconnaissables. Nous pensons qu'il y a eu confusion entre "p. s. r." du début du lemme suivant et "p. r." qui abrège traditionnellement "populus Romanus". A partir de là "uideretur", texte original selon nous, ne pouvait plus être maintenu et la correction "uideret" s'imposait. On voit d'ailleurs avec "uidet" que la correction a pu être double. Sur le sens de cette remarque et celui qu'elle aurait si l'on acceptait la leçon "populus Romanus", voir la note apposée au texte français à 290, 1. Du coup, selon la méthode qui consiste à affecter le lemme au vers qui contient son premier mot, nous décalons ce qui, chez Wessner, était la scholie 291, 1 en 290, 2 (à cause de la présence de "p. s. r.", abrégeant les derniers mots du vers 290).133. Wessner éditait par erreur "hunc" au lieu de "hanc". Nous rectifions cette coquille.134. Nous rendons au vers 295 ce que Wessner attribuait sans raison au vers 296 (qui se retrouve ici sans scholie associée).135. Wessner éditait "VIXQVE HVC <huc> maluit quam '<ad> uxorem' dicere", avec deux ajouts dus à Estienne (1529). Le premier ajout est inutile, puisque la scholie rebondit directement sur le dernier mot du lemme, qu'il n'y a, dans cette situation, pas besoin de répéter. Le second ajout met en parallèle deux compléments de lieu, l'adverbe "huc" et le syntagme "ad uxorem". Mais les mss. ont simplement "uxorem" et cela se comprend : "il préfère mettre un adverbe plutôt que de citer le nom 'uxor'".136. Wessner choisissait d'athétiser "deinde", mais nous le gardons, voir la note apposée au texte traduit.137. Nous supprimons "<Et>" en tête de scholie, ajout de Wessner.138. Wessner éditait "<iniuriae faciunt> iras, non irae iniurias. Sed hic 'faciunt' ὑπαλλακτικῶς". L'ajout et le grec proviennent d'Estienne (1529). Les manuscrits ont un texte généralement absurde, mais relativement consensuel à la réserve près que, de toute évidence, ils ne savent pas trop où s'arrête le lemme et où commence la scholie. On peut donner comme exemple de leçon le texte de K "non maximas q. m. s. non iras non ire iniurias (VMnpx, om. non1...iniurias UG) sed hinc (hic VMnpU, om. G, hoc x) faciunt (fatuit G) ade άλιπτικῶς (άληπτικῶσ V, adelphicos C, ***** GMpUx, om. n) dixit etc.". Nous reconstituons ce segment fort endommagé de la façon suivante : 1-l'erreur sur la frontière lemme/scholie a entraîné la disparition de "faciunt" dans la scholie, accompagnée d'une mélecture de l'abréviation de "iniurias" devenu "non iras". 2-la difficulté de frontière entre le latin et le grec a entraîné la leçon "faciunt" devant la lacune ou le mot grec occasionnée par le texte même de Térence. La conservation de "ade" dans K montre que la confusion entre latin et grec était facile. C et son "adelphicos" nous met sur la voie de ce qui s'est produit. L'abréviation de μετα a été prise pour un "a" et la suite correctement recopiée par ceux qui savent le grec. 3-G a conservé sans doute quelque chose du texte originel avec le barbarisme "fatuit" qui nous met sur la voie de "fatuus", suivi du mot grec. Il s'agit de s'en prendre à la philosophie de l'esclave Parménon dont les raisonnements valent ceux de Sganarelle. La "ratio" dont il se flatte est en réalité l'inversion (métalepse) du proverbe attendu. Sur ce passage, voir la note apposée au texte français.139. Wessner édite deux fois les scholies 2 et 3, sous l'appellation 4 et 5, en les déplaçant après 313. C'est d'ailleurs à cette place qu'on les trouve dans les manuscrits. Conformément à nos usages éditoriaux nous replaçons ces scholies au bon vers, sans les dupliquer comme le faisait Wessner puisque les manuscrits ne les dupliquent pas. Il s'agit sans nul doute d'un cas où le passage de notes marginales à un texte continu a entraîné des désordres. Ce phénomène est parfaitement connu, voir Funaioli (1930) et notre note à Ad. 823, 3.140. Wessner éditait en suivant de nombreuses conjectures d'Estienne (1529) : "QVAPROPTER ἐξεταστικὴ ὑπόκρισις, id est interrogat διαλεκτικῶς. 2 QVIA ENIM QVI EOS αἰτιολογικὴ ἀπόκρισις. 3 QVIA ENIM QVI EOS GVBERNANT ANIMVS <I. G.> ἐσχηματισμένως ἀντὶ τοῦ 'infirmus est'. <sed> ἀνακολουθία ista conuenit seruo". Le texte transmis par les manuscrits est très consensuel, mais comprend essentiellement des lacunes en raison des très nombreux mots grecs. Cela dit KV donnent du grec tout à fait correct et permet déjà d'infléchir le texte de Wessner en deux lieux essentiels. 1-Tout d'abord "ἐσχηματισμένως ἀντὶ τοῦ" ne peut être conservé car VK donnent "σχηματιστὸν ἔποσ" qui est formellement et sémantiquement parfait. 2-ἀνακόλουθον (graphié par V ἀναχολουθον) est sûr, Estienne (1529) l'avait corrigé à cause de "ista", mais cette correction ne résiste pas à un simple changement de ponctuation et au passage de "conuenit" unanime en "conueniunt", la faute s'expliquant par la même erreur que celle d'Estienne, qui consiste à lire "ista" comme un féminin singulier. Le premier segment grec est bien transmis par KV "ἐξεκταστικε ὑποκρισισ/ἐξεκταστικέ ὑποκρίσισ" et ne ferait guère de problème s'il n'y avait la finale du premier mot qui n'est pas conservable en l'état et que l'on peut comparer à celle du mot "υτιολογικὴ" dans le second segment pour comprendre qu'il ne faut pas lire sous "-κε" le segment "-κη" (prononcé "ki"), mais "καὶ" prononcé "kè". De tels phénomènes de code-switching où "καὶ" a pris la place de "et" dans la lancée hellénique du commentateur sont loin d'être isolés. Reste le problème des quelques mots latins perdus au milieu de tout ce grec. Wessner suggérait comme lemme "quapropter" qui n'est donné que par le manuscrit n, dont on verra ci-dessous qu'il a sans doute réinventé le texte. Unanimement les autres lisent "quia post" sauf K qui n'a que "post". On peut donc penser que la mélecture d'une abréviation a transformé "quapropter" en "quia post" compréhensible dans la mesure où il peut s'agir d'une explication de "argumentum" et où "quia" peut aussi être compris comme une citation du vers 313. Nous suivons Wessner (et n) dans la restitution de ce mot. Ensuite si l'on examine la leçon de K "post ἐξεκταστικε ὑποκρισισ to em. Interrogat idem", celle de V "post ἐξεκταστικέ ὑποκρίσισ idem interrogat" et celle de C " quia post ***** id est interrogat idem", on s'aperçoit que K a très probablement conservé le texte là où les autres ont tenté de corriger ce qu'ils ne pouvaient pas lire, c'est-à-dire du grec suivi d'une abréviation "τὸ enim". C l'a pris pour "id est", V pour "idem", mais C avec sa répétition "id est idem" nous assure de la place de "idem" que V a simplifié face au segment "idem interrogat idem". Notons pour terminer l'ingéniosité probable du scribe de n qui a rempli les lacunes dues au grec de façon particulièrement adroite, lisant "argumentum a simili quia post nullam responsionem idem interrogat. quapropter. quia enim qui eos gubernant animus infirmus gerunt id est qui animus qui gubernat eos eum infirmum gerunt. figura antitosis dico animum ratio ista conuenit seruo".141. Wessner suivait une conjecture d'Estienne (1529) et éditait "a persona <mulieres>". C'est bien sûr l'idée, mais les mss. ne portent pas le mot ajouté, qui se déduit du lemme.142. Conjecture extrêmement habile d'Estienne (1529). Voir la note à 313, 1.143. Suite de la brillante conjecture d'Estienne (1529). Les copistes, qui ont 312, 1 immédiatement avant 313, 1, face au segment "i. i. e. i. i. e. i. h. c.", ont fait un saut du même au même, nous privant ainsi d'un lemme complet.144. Le COD de "adiungebant" est "fortasse" seul, mais on peut imaginer que Donat s'est laissé emporter par le texte de Térence qu'il commente, et donne le syntagme entier qui lui fait faire ce commentaire au lieu de l'adverbe seul. On ne rejette donc pas "consciuisse", comme le faisait Wessner.145. On a ici un problème de texte. Comme on l'a déjà dit, ce vers 313 est commenté en deux temps. La scholie 1 semble indiquer que Donat lit "consciuisse", bien que le commentaire soit obscur, et que cet infinitif n'apparaisse pas dans le lemme (où il est une addition de Wessner). La scholie 2 en revanche donne comme lemme "consciuerit". La deuxième partie du commentaire donne en 3 et 5 le lemme "consciuerit" (avec comme scholie en 3 "legitur et consciuisse"), et en 4 commente l'infinitif sans lemme. Donat a sans doute les deux textes sur son manuscrit, et ne rejette aucune des deux versions (si ce n'est que la construction "fortasse" + infinitif lui semble caractéristique des "ueteres", même si le commentaire est peu clair). 146. Wessner proposait la négation entre crochets comme procédant d'un ajout de l'ed. pr. mais en réalité elle se trouve dans K et nous l'adoptons comme authentique.147. Wessner éditait "aegrotare quasi horruisse et" etc. Les mss. se partagent entre "quia sic" et "quia sit". Ils hésitent aussi à savoir où finit la citation de Plaute. K, par exemple, lit "Nam ut ex maritimi da ecce egre pauit area egrotare quia sic horruisse ac palpitare uenis", ce qui n'a aucun sens. Nous nous rallions au texte de VU (sauf à rétablir "es" en fin de citation au lieu de "ecce"), bien que sa formulation soit étrange.148. Wessner éditait "sed <per> Parmenonem mox" (ajout de Schœll). C porte "non Parmenonem modo sed Parmenonem" etc., ce qui a incité Schœll à proposer l'ajout de "per", qu'a adopté Wessner. Mais il peut s'agir d'une erreur d'une partie de la tradition (dont G) et VKU, par exemple, ne portent pas la répétition du nom "Parmenonem". C'est leur texte que nous éditions.149. Térence (et Eugraphius) donnent ici "intro iisse" ; de fait, ce présent étonne, on attendrait vraiment, puisqu'il s'agit de la relation d'une situation fantasmée, une antériorité. Le texte ne semble pourtant pas corrompu. Il peut s'agir d'une étourderie de Donat.150. Nous supprimons l'ajout de Wessner qui scinde le lemme 1 en deux (1 "ERA Sostrata. 2 IN <crimen in> litem"). Mais, même s'il est plus clair, l'ajout est inutile et le texte se comprend sans lui.151. Wessner complétait le lemme en ajoutant "<ADGRAVESCAT>", terme sur lequel, certes, la scholie se monte, mais les mss. n'ont pas le verbe et l'énoncé se comprend bien avec cet implicite. Nous supprimons l'ajout.152. Wessner édite l'addition d'Estienne (1529) "per se ipsum <Parmeno, per> Parmenonem etc.". En effet, le "per se ipsum Parmenonem" des mss. pose problème, car on ne peut expliquer le réfléchi ; VK ont "per se ipsum per Parmenonem", qui ne règle rien mais justifie l'intervention d'Estienne. Cette correction, sur laquelle Schœll avait bâti sa conjecture (elle, inutile) à la scholie 328 (voir note ad loc.), est judicieuse (il y a eu un saut du même au même) et, comme Wessner, nous l'adoptons.153. Les deux "propter" sont une correction d'Estienne (1529). Les mss. ont "post".154. Les éditeurs ont été gênés par le caractère un peu abrupt de l'expression et ont rajouté un verbe : Estienne (1529) "respondet" après "duabus", Schœll (suivi pa Wessner) "<dicit>" avant "de". Ce n'est pas nécessaire et l'énoncé se comprend dans sa brutalité.155. Le "c." que Wessner considérait comme un ajout personnel à la citation virgilienne est en fait présent dans K (inconnu de Wessner). Nous ne le considérons donc pas comme un ajout.156. Nous insérons ici une scholie qui a échappé à Wessner et qu'on trouve dans VU (avec une variante dans U : "signum furtiuae orationis", "indice de parole furtive", sans doute pour désigner un aparté ; mais ce n'est pas la terminologie donatienne de l'aparté et nous préférons "futurae"). Nous décalons donc les numéros de lemme d'autant.157. Les mss. ont "esto". Nous éditons la conjecture de Wessner.158. Wessner éditait comme scholie "<ueretur>, ne ingrediatur" etc., d'après Schoell ; Estienne (1529) ajoutait de son côté "metuit". Certes la conjonction de coordination "et" peut inciter à chercher un premier verbe, en l'espèce verbe de crainte ou d'empêchement ou d'incitation, avant "ne", mais on peut comprendre le texte sans cela. Nous supprimons l'ajout.159. Wessner éditait "sin audiuit" et raccrochait la suite à cette protase : "sin audiuit, 'qua' 'quomodo' intellegimus, id est quemadmodum etc.", faisant de "quomodo" un autonyme, ce qui n'est pas sûr. Les mss. ont "sed" et non pas "sin" et l'énoncé se comprend différemment. Nous revenons aux manuscrits.160. Nous supprimons l'ajout "ut <sit>" de Wessner.161. Le texte homérique et le nom de la figure sont assurés non pas seulement par le ms. Cujas, comme l'assure Wessner, mais aussi par K, que Wessner a ignoré.162. Wessner édite entre "cruces" "hic ex illo et ualidus dixit", mais K et C nous mettent sur la voie, face au texte absurde des autres "sed hic sese ex illo et/est ualidius". K lit "sed hic sed ex illo est ualidius dixit" et C "hic si ex illo et ualidus dixit". On voit bien ce qui s'est produit. "Sese" élément du texte térentien a été convoqué pour remplacer un segment s??? difficilement lisible. En réalité CK qui ont recopié plus ou moins ce qu'ils lisaient attestent de la mélecture d'une abréviation au stade commun à tous les autres témoins.163. Nous éditons le texte grec d'Apollodore sous la forme que lui donne Warren (1906, 39). Wessner donnait "οὕτως ἕκαστος διὰ τὰ πράγματα σεμνὸς ἦεν καὶ ταπεινός", suivant Lindenbrog. Mais le raisonnement de Warren est brillant et nous nous y rallions.164. Wessner éditait "nam qui aiunt, scire <****> dicere potuit nisi Philumena?", en supposant après Schœll une lacune. CVG portent bien le texte de Wessner, mais sans trace de lacune. K a autre chose : "aut" pour "aiunt" et "aut" dans la prétendue lacune. Il suffit que le second "aut" soit tombé par mégarde dans une partie de la tradition pour que quelque scribe ait été tenté de voir dans le "aut" qui restait bancal une forme autonyme "aiunt" dont il est question dans la scholie précédente. C'est le texte de K que nous éditons, sauf "quis" au lieu de "qui"..165. Wessner édite "est enim <ἀναστροφή, non> ἀντίπτωσις". Nous éditons "est enim ἀντίπτωσις" (D : "antiphtosis", rell. : "antiphoris/antiforis/anthyphoris", n "anthypophora").166. Nous gardons la correction de Wessner (V donne "duos" et C "nos"). Nous pensons que c'est le segment "post d.ñ" qui a été lu "post duos" par V et "post nos" par CK. "post duos" pourrait à la limite se comprendre dans la logique de ce qui précède, mais "post nos" n'a vraiment aucun sens, malgré la qualité habituelle des mss. qui le lisent.167. Nous n'éditons pas la conjecture d'Estienne (1529), "ut sint <reliqui> quinque menses".168. Westerhof, suivi par Wessner, s'est manifestement trompé en modifiant le "quattuor" des manuscrits en "quinque", ce qui l'obligeait à corriger "posterioribus" unanime en "prioribus". La scholie telle qu'il la récrit s'interprète ainsi : "de là il apparaît qu'elle a été violée deux mois avant d'épouser, qu'elle a été cinq mois avec Pamphile, pendant les deux premiers desquels elle a été honorée, alors que les trois suivants Pamphile est parti en voyage", ce qui est absurde (une grosesse de sept mois, mais cinq légitimes) et est contredit par Phidippe et Myrrhina. En fait, si l'on suit les manuscrits, Philumène a été violée au mois 1, s'est mariée au mois 3, a couché avec son mari pendant les mois 5 et 6 et celui-ci est parti en voyage pendant les mois 7, 8, 9. Elle accouche donc au dixième mois, et Phidippe peut se réjouir que l'enfant soit viable puisque pour lui, elle accouche au septième mois, limite extrême de la viabilité.169. Wessner athétisait le lemme en arguant que la scholie concerne en fait la fin du vers et non ce début. Nous enlevons ses "cruces" parce que, d'une part, la scholie s'enchaîne plutôt bien sur ce lemme et que, d'autre part, il arrive maintes fois que le lemme ne soit qu'un repère textuel relatif.170. Nous ne retenons pas l'ajout de Wessner, <"est">, servant à compléter la citation : ce n'est pas là qu'est le problème et Donat a fort bien pu citer à l'essentiel. L'anacoluthe que relève Donat (bien abusivement) tient à l'absence de la conjonction "et" devant le premier segment : il semble trouver que la norme est le tour "et X et Y".171. Le texte est ici assez corrompu. V donne : "multa enim amare suscipimus etiam honesta", G a "multa enim amore suscipimus etiam honesta", les autres : "multa enim etiam honesta amare suscipimus". Wessner corrigeait pour la cohérence du propos "honesta en "<in>honesta". Le ms. K lui donne raison : il a corrigé "honesta" en "inhonesta".172. Wessner éditait "a superiore" suivant Estienne (1529). Nous revenons au texte des mss.173. Wessner éditait "IDEM NVNC HVIC legitur 'idem' et 'eidem'; <si 'idem'>, ego, si 'eidem'" etc. Les interventions sont siennes. Nous revenons au texte des mss. notamment VG.174. L'intégralité de cette phrase est d'Estienne (1529). Les mss. ont "et sic aliquid iam dixisse magni praecedentis orationis et respondere sermo ne monstretur" (ou V : "sermo demonstretur"). Nous nous rallions pour l'instant à la conjecture stéphanienne.175. Nous n'éditons pas l'ajout de Wessner "<aut> in scaena" etc., qui rétablit un équilibre rhétorique appréciable mais qu'on ne trouve pas dans les mss.176. Wessner éditait "maiore <respondit>" etc., suivant Schœll. Ajout inutile. 177. nous supprimons l'inutile ajout "<ut> qui" de Wessner. Notons que K, lui, ajoute "quia", plausible.178. Nous retenons "mis<sus> sum", conjecture de Wessner là où les mss. unanimes ont "missum".179. Le commentaire à L'Hécyre du manuscrit B commence à ce lemme.180. Nous n'éditons pas l'ajout d'Estienne "<quam> Minerua", lequel ne se trouve pas dans les mss.181. Wessner faisait de cette scholie la 431, 6, mais l'expression commentée est bien au vers 432. Nous la remettons à sa place.182. Nous ne suivons pas Wessner qui rétablit l'intégralité de la réplique. Pamphile répète le "at" de Parménon dans la réplique précédente.183. Nous rétablissons "properatio", athétisé par Wessner.184. Le texte de cette scholie est très corrompu. Tout d'abord, les trois manuscrits ne donnent pas la même orthographe pour "Myconius" : pour "de Myconio", on a V "de michomo", B "de auconio" et C est lacunaire. Pour "Myconiis", V "michomis", B "miconis" et C "michonis". Pour "Myconi", V "michomi", C "michoni" et Wessner ne nous donne pas B. Enfin pour "Myconium", on a V "michomum" et C "minimum" (toujours pas de B). A partir de là, on peut émettre l'hypothèse que c'est du grec que notaient les manuscrits qu'ont recopiés V, B et C. Mais c'est surtout le proverbe grec (peu compréhensible sous la forme qu'édite Wessner ; la citation de Lucilius n'est pour sa part attestée que par Donat, mais la calvitie proverbiale des habitants de Mykonos se trouve chez Strabon, cf. infra) qui pose problème, et plus précisément le passage de la citation jusqu'à "ego". On a dans les manuscrits B "myrrachonos sed ego", C "mira cronosse decon", V "mirachonos sed ego" (avec en marge "μιραχονοσ", ce qui confirme qu'avant un hypothétique "sed ego", se trouve noté du grec que les scribes de nos trois manuscrits ont eu de la peine à transcrire). Notons que le "puto" qui suit semble être sûr, ce qui peut confirmer le "sed ego". Reste le grec : le "μία Μύκονος" que propose Wessner est en effet attesté chez Strabon (X, 5, 9 : "Μύκονος δ' ἐστὶν ὑφ' ᾗ μυθεύουσι κεῖσθαι τῶν γιγάντων τοὺς ὑστάτους ὑφ' Ἡρακλέους καταλυθέντας, ἀφ' ὧν ἡ παροιμία “πάνθ' ὑπὸ μίαν Μύκονον” ἐπὶ τῶν ὑπὸ μίαν ἐπιγραφὴν ἀγόντων καὶ τὰ διηρτημένα τῇ φύσει. καὶ τοὺς φαλακροὺς δέ τινες Μυκονίους καλοῦσιν ἀπὸ τοῦ τὸ πάθος τοῦτο ἐπιχωριάζειν τῇ νήσῳ" (Mykonos est cette île sous le poids de laquelle furent écrasés les derniers géants tombés sous les coups d'Hercule, ce qui a donné lieu au proverbe "tous en bloc sous Mykonos", lequel s'adresse à ces écrivains qui sous un seul et même titre rassemblent les choses les moins faites pour aller ensemble. Mykoniens est aussi le nom qu'on donne parfois aux chauves, la calvitie étant une infirmité très commune dans cette île) et chez Clément d'Alexandrie (Stromata, I, 28 : "οὐ γὰρ δὴ μία Μύκονος ἡ πᾶσα πρὸς νόησιν γραφή, ᾗ φασιν οἱ παροιμιαζόμενοι"). A défaut de mieux, nous éditons cela, mais on comprend mal le lien logique impliqué par le "unde".185. B, C et Cujas donnent "ad personam", que Wessner édite entre cruces, G a "persona", VK "ac de persona", et Schoell suggérait "adpresso iam". Nous éditons KV.186. Wessner éditait "et crassi talem saepe habent faciem", qui est habile, mais les mss. sont assez unanimes pour donner ce que nous éditons et que nous gardons malgré sa lourdeur.187. Wessner édite, en prêtant cet ensemble à la seconde main, "sit et cadat", là où V a bien les pluriels "sint et cadant". La position de Wessner est peu cohérente : si l'auteur de la main qu'il édite en italiques (sans que les mss. fassent la moindre différence entre les mains) est une main médiévale, on doit supposer qu'il connaît la citation virgilienne qu'il utilise ici. Hors contexte, certes, "caduci Dardanidae" peut être un génitif singulier, engageant la remarque qui suit au singulier ; mais Virgile a écrit, lui, un nominatif pluriel. Il paraît donc plus cohérent de supposer que ce scholiaste médiéval, Virgile en main, avait écrit "sint et cadant" (comme on le lit dans V par exemple) et Wessner aurait pu préférer directement ce texte avec pluriel.188. Nous avons déplacé l'annotateur médiéval qui se trouvait dans 6 après la scholie.189. Nous ne suivons pas Wessner qui rétablit "tamen".190. Nous avons déplacé l'"annotateur médiéval", qui se trouvait dans 8, après 9.191. On ne rétablit pas "consororinus" comme le propose Wessner, supposant que le préfixe, présent dans "consobrinus", est évident, implicite et sous-entendu par Donat. Sur cette étymologie, exacte au point de vue des modernes, voir la scholie And. 801 et notre note au texte français.192. Wessner éditait un locus desperatus ainsi configuré : "et hac propinquitate Terentius †frequentata mouentur aut heredum". De fait, les mss. sont erratiques. Voici un échantillon de ce qu'on lit : KV "et hac propinquitate terentius frequentata mouetur aut heredum" ; U "et hac terentius frequentata moriens aut heredum" ; M "ac propinquitatis terentius frequentatis monet aut heredum" ; C "ac de a propinquitate terentius frequenta morientur aut heredum"... La fin est consensuelle : "aut heredum" et elle laisse entendre un premier mot au génitif. A supposer qu'un mot comme "turbam" ne se soit pas perdu en route et qui soit de nature à expliquer ces deux génitifs, il faut que ce soit "propinquitate" ou ce qui se cache sous "frequenta..." qui soit le substantif régissant attendu pour ce complément adnominal. En fait c'est de G que nous nous rapprochons le plus. Ce dernier écrit "et hanc propinquitatem Terentius frequentauit monentium aut heredum" et il nous semble donner un texte excellent (hormis "monentium", facile à corriger en "morientium", qu'on lit preque en l'état chez C). En tout cas le meilleur, et de loin, dans ce magma. Nous nous rallions donc à G, en corrigeant "monentum" et en rétablissant un présent "frequentat" qui paraît plus apte à expliquer les différents errements sur ce segment dans la tradition.193. Nous ne rétablissons pas "iuuant", comme le fait Wessner. C'est un ajout inutile.194. Wessner complétait le lemme en écrivant "<h. p. v. s.>". C'est inutile.195. BVGK... ont "quibus non matrimonio inuideant", que Wessner édite entre cruces, C a "non matrimonio inuideatur". Wessner propose (dans son app. cr.) cette correction de Goetz ("qui iusto" mal écrit dans l'archétype et pris pour "quibus non"). Nous la retenons, faute de mieux.196. Nous corrigeons "ad hanc rem s. i." en "ad hanc rem t. i.", compte tenu de la citation exacte de Cicéron.197. Nous déplaçons l'annotateur médiéval, initialement placé dans 2, après 3.198. Wessner éditait "<an> uxoris et mea ?", plus correct évidemment, sans être indispensable. Nous refusons cette hypercorrection.199. Wessner édite : "<nota> omnem conclusionem […] continere" (ajout de Schoell). V donne "omnis conclusio […] continet" etc., ce que nous rétablissons. CB donnent "omnem conclusionem […] continet" etc.200. Passage particulièrement délicat. Wessner éditait "non quidem dixit, tamen illam expellit; non <enim> distrahit, <ni>si in ipsa sit causa, necessitas." Les manuscrits donnent un texte aberrant par exemple G "nunquam dixit tamen illam expellit uel distrahit sed in ipsa sit causa", V "nunquid dixit tamen illam expellit. non distrahit. sed in ipsa sit causa", K "numquid dixit tamen illam expellit, non distrahit, sed in ipsa sit causa", U "numquid dixit tamen illum expellit: non distrahit: sed in ipsa sit causa". Nous pensons que le désordre provient d'une série d'abréviations mal comprises. "n." pour "necessitas" a été lu "non" entraînant une première difficulté "non distrahit" que V a bien vue puisqu'il lit "uel". Ensuite le segment "scilicet ne ipsa", sans doute graphié "s.ne ipâ" a pu être lu "sed in ipsa", rendant la fin et le subjonctif incompréhensibles. Ce que nous proposons est purement conjectural, mais sauve à moindres frais que Wessner un lieu pratiquement désespéré. Sur le sens de ce commentaire, voir la note apposée au texte français.201. Wessner considérait qu'il fallait ajouter "illam a me distrahit necessitas" comme lemme, mais les manuscrits qui séparent les lemmes dont V donnent bien "necessitas" comme seul mot du lemme.202. Nous retenons ici le texte proposé par Wessner avec deux conjectures personnelles de cet éditeur qui rajoute "non" devant "credidi", ajout logique et difficilement évitable et qui propose de lire la séquence malmenée par les mss "scis ed" en "sciui sed" que nous corrigeons en "scii sed". Cette conjecture est confirmée par B "scis et credidi", et C "si sed credidet".203. Wessner édite "<cum> parum esset" : nous rétablissons le texte des manuscrits.204. Schœll rétablit "ut", suivi par Wessner. Nous adoptons l'ajout.205. Wessner éditait seulement "'defessus'". Nous rétablissons le texte de V (et de K, qui a ajouté en marge "sum deambulando"), : il s'agit bien ici de la citation du vers 713 des Adelphes, que KV n'ont pas inventée tout seuls et qui a le mérite de présenter deux formes en "de-".206. Wessner croit ici bon de répéter "adeo", mais cela est parfaitement inutile.207. Ici Wessner éditait un lemme 3 sous la forme "3 †NEQVE ADEO ARBITRARI PATRIS EST ALITER hoc est, quod ait Sallustius 'ita fiducia quam argumentis purgatiores d.'". Il l'athétisait à juste titre dans son app. cr. : la scholie consiste uniquement en la citation de Salluste qui figure dans la scholie 528, 3. Elle a été dupliquée et artificiellement (depuis la marge où elle a d'abord dû se trouver) raccrochée à ce lemme-ci, un vers trop bas. Nous supprimons donc la scholie 529, 3 et décalons la suite : la scholie 4 devient la 3, etc.208. Wessner édite "uide<lice>t" sans voir que, ponctuée différemment, la scholie est parfaitement claire.209. L'article grec délimiteur d'autonymie n'est pas matériellement présent dans les manuscrits et, selon Wessner, c'est un ajout (légitime) de Sabbadini ; sa présence peut s'expliquer par le fait pour Donat d'avoir voulu éviter l'ambiguïté d'un "recte" à l'initiale de scholie, compris comme "c'est bien dit, c'est correct", alors qu'il est ici autonymique. Cela dit, sa présence dans quelques manuscrits est prouvée au moins indirectement : 1. G n'écrit pas "recte" (qui n'est certes pas une forme rare, et qu'il sait écrire de façon réflexe !), mais une forme indécidable qui ressemble à "zoňe", dans laquelle les deux premières lettres pourraient fort bien passer pour "το" et les deux suivantes pour une abréviation non reconnue de "recte" ; 2. K présente à cet endroit la scholie sans lemme, dans un enchaînement direct sur la scholie précédente : "celo te recte ad" (avec "recte souligné, comme le lemme qu'il est). Cette lacune s'explique bien par un saut du même au même (ou au presque même), si la scholie commence par "το recte" : le scribe de K (ou celui de son modèle) a sauté de "te" (fin de 530, 4) à "το recte", prenant "το" pour "te" ; 3. les mss. ont bien reconnu l'article grec devant "tempore" dans la suite de la scholie et il est très vraisemblable que Donat l'avait utilisé aussi devant "recte".210. Wessner répète "olim", une fois dans le lemme où il l'ajoute et une fois dans la scholie. C'est totalement inutile.211. Wessner édite "prospici ac<umine>", en conjecturant la chute d'une partie d'un mot. Le texte "perspicacia", qui est celui de V, nous paraît hautement recommandable, mais peut-être V s'est il montré excessivement intelligent comme à son habitude.212. Wessner ajoute ici ici le mot "sex" que les manuscrits ne donnent pas, et que nous supprimons.213. La conjecture de Wessner "ne sit certa" bien que qualifiée d'élégante par Karsten (1912, 180), est totalement à côté du raisonnement. Les manuscrits portent à coup sûr le bon texte, un ablatif apposé à "aliquo" avec le sens que nous lui donnons : "tu as appris de je ne sais quel ragot". 214. Wessner ajoute ici "magis humanum", mais il n'a absolument aucune raison de le faire.215. En ajoutant un "non" devant "contentus", Estienne (1529), suivi par Wessner, comprenait exactement le contraire. Il avait tort : voir la note apposée au texte français.216. Estienne (1529), suivi par Wessner, croit amender le texte en répétant la négation dans la reformulation, mais elle ne sert à rien, car il s'agit ici d'une réplique indignée : "moi je ferais cela ! Jamais !".217. Nous supprimons la coordination "<et>" qu'ajoutait Wessner de son cru entre lezs deux citations.218. Comme l'a bien vu Estienne (1529), le commentaire porte sur le démonstratif "hanc", mais il est inutile de le répéter comme il le suggérait et comme le faisait encore Wessner.219. Ce mot n'est pas dans le texte térentien, aussi Wessner l'athétisait-il. Mais tous les manuscrits le lisent, donc peut-être Donat lisait-il ainsi.220. Wessner ajoute ici "ab eo" qui ne sert à rien.221. La deuxième partie de la phrase ne se trouve pas dans les manuscrits, mais elle est indispensable pour comprendre la remarque sur l'"ordo". Sans elle, en effet cette scholie revient à citer exactement les mots dans l'ordre dans lequel ils apparaissent, ce qui n'a aucun intérêt.222. En tête du lemme Wessner ajoutait "ut", qui ne sert rigoureusement à rien.223. Wessner ajoute ici "rei" qui ne sert à rien.224. Wessner complétait le lemme avec "<me esse certo>" inséré à sa place. Cela est raisonnable dans la mesure où la scholie parle de "certo", mais les mss. n'ont pas ce segment et il n'est pas nécessaire au fond, puisque "certo" est précisé dans la scholie. Le lemme est un simple point de repère textuel en l'occurrence.225. Wessner ajoute ici un "et" qui paraît s'imposer, sauf si l'on considère que le commentateur énumère d'abord les compléments de lieu, puis cite le verbe.226. Wessner rétablit dans le lemme "te" après "amicas", mais ce n'est pas utile, le commentateur citant les mots importants qu'il va expliquer.227. Wessner éditait "nurum <uitatura>", pensant que cet énoncé extrêmement elliptique ne pouvait se comprendre que par la chute d'un mot. Toutefois, le texte peut se comprendre avec le lemme "non quasi uidens nurum, sed uidens locum hic uideo me esse inuisam". Il est vrai que le commentateur est ici pour le moins concis.228. Wessner édite "<ut> supra", mais le "ut" est inutile. Il suffit de ponctuer différemment de lui et la scholie, bien qu'elliptique, se comprend.229. Wessner supplée ici "autem" qui ne se trouve pas dans ses manuscrits, mais est bel et bien présent dans Térence. Toutefois, comme à son habitude, le commentateur ne reprend que les mots qui l'intéressent.230. On lit aussi souvent ici "leuius".231. Donat omet "ego" après "itaque ut", que Wessner croit bon de rétablir, mais c'est inutile.232. Wessner ajoute ici "mihi", mais l'ajout n'a aucun intérêt, le commentaire étant "faut-il lire 'et' ou 'ei' ?".233. Lacune signalée par Wessner, mais absolument évidente, puisque nous n'avons aucun équivalent de "qui" après "pro".234. Wessner ajoute ici "ergo" qui ne sert à rien. On comprend aisément, même sans l'adverbe, que ce qui est visé est l'impératif renforcé par "ergo".235. Wessner ajoute ici "feres" qui ne sert à rien, Donat commentant plutôt l'énoncé réciproque.236. Texte des manuscrits contre Wessner qui édite "de uitiis senectutis", car il s'agit de toute évidence d'une "lectio facilior".237. Wessner complète la citation en ajoutant "annus est". Il a raison.238. Wessner ajoute "sed" devant "adeo", mais l'énoncé a une valeur tout aussi forte d'opposition si l'on conserve l'asyndète.239. Le lemme ne comprend pas "id" entre "uerum" et "tua" comme dans le texte de Térence, mais il n'est pas nécessaire de l'ajouter comme fait Wessner.240. Wessner éditait "NOS IAM FABULAE SVMVS ἀμαυρά", où le mot grec (qui signifie "choses énigmatiques") était une suggestion de Schœll. Cette conjecture s'établissait sur le seul ms. B (le seul connu de Wessner à donner du grec, les autres ayant une lacune). B donne "NаNPа". Mais K, ignoré de Wessner et de Schœll, met sur une tout autre piste, frayée par Warren (1906, p. 40-42), dont nous éditons la brillante conjecture par laquelle on retrouve un trimètre iambique perdu d'Apollodore. On lit dans K : "nos iam f. s. πάν ἀρσομοδο / ρο μύθοσ ἐσμεν δή πάμφιλε γραυς γιρον". Il démontre, avec d'autres exemples de confusions de lettres grecques du ms. K, que le segment "πάν" du début cache en fait des initiales latines "p.s.a.an." qui consituent la suite du lemme térentien, et que "ἀρσομοδο / ρο" (coupé par un saut de ligne) cache "Ἀππολλόδωρ'" (écrit dans l'archétype un peu en latin, et un peu en grec, avec deux π, une confusion entre M et λλ et une abréviation de "ος" final, dont Warren donne d'autres exemples) suivi de l'article "ὁ" qui inaugure la citation. Le reste se lit presque parfaitement.241. Wessner rétablit dans la citation "nos" entre "ea" et "perturbat", mais il est probable que le commentateur voulait citer ainsi pour mieux mettre en évidence le phénomène qu'il va expliquer.242. Wessner ajoute ici "aut" qui effectivement explique bien l'alternative proposée par Donat, mais aucun manuscrit ne le donne. Nous conservons à cet énoncé son caractère très abrupt.243. Texte des manuscrits KVB ("sic" au lieu de "sit" pour ce dernier). Wessner suivant Schoell éditait "SENSIT PE. pro 'pe. scit'", mais la tradition ne transmet pas les autonymes sous forme abrégée. Sur le caractère inhabituel de cette scholie, voir la note apposée au texte français.244. Wessner ajoute ici "quem puerum" qui est la suite de la réplique, mais c'est totalement inutile.245. Passage délicat et dont le sens n'est pas absolument clair (voir la note apposée au texte français). Wessner édite à peu près ce que nous éditons, mais en ponctuant très différemment, et en ajoutant un "non" devant "magis". Or le mot "non" ne se trouve pas dans les manuscrits, et, autre indice important, après "sequitur" on trouve certes "an", comme lisait Wessner, mais aussi "et" (V) voire "aut an" (K). On voit bien que les scribes ont pu "normaliser" l'interrogation "utrum" en lui donnant son "an" à cet endroit-là. Mais il nous semble que la question en "utrum" est en elle-même polyptyque et que son pendant en "an" se trouve plus loin. Pour nous c'est devant la scholie 2 qu'il doit être placé (voir la note apposée au texte français). Au lieu de "et placet" (Wessner et tous les mss.) nous corrigeons en "ut placet", qui s'explique aisément paléographiquement et justifie mieux le subjonctif "intelligatur". De plus, la citation d'And. 810- 812 est donnée deux fois par certains manuscrits, et par Wessner une fois à la fin de la scholie 1 après "intellegamus" et présentée par "ut alibi" et une fois là où nous la mettons. Nous pensons que cette redondance qui s'accompagne d'ailleurs dans certains mss d'un saut du même au même sur la seconde "ironia" est mieux à sa place en scholie 2 qu'en scholie 1. Son redoublement peut provenir du passage de gloses marginales à un texte continu, les compilateurs n'ayant pas trop su où la mettre.246. Bien que le commentaire porte évidemment sur "consequitur", il n'est pas utile de rajouter ce mot dans le lemme, comme le faisait Wessner.247. Wessner édite comme lemme "NVNC CVM EIVS ALIENVM †ERGA ME ESSE SENTIAM" en mettant une crux devant "erga me", qui n'appartient pas au texte habituel de Térence. Il y a plusieurs manières de résoudre cette difficulté. Soit on considère que Donat lit ce que nous éditons comme lemme, et qu'il a donc un texte de Térence différent du nôtre ; soit on considère que "erga me esse sentiam" est une reformulation par à-peu-près du sens du vers complet, voire une scholie apposée au lemme correct "nunc eius alienum". La première hypothèse est possible, bien que le vers soit ainsi bancal. La seconde est plausible. Il y en a une troisième, qui consiste à plaider une erreur des manuscrits. Le ms. K porte comme lemme "Nunc cum eius a. e. e. m." ("alienum esse erga me" ? Erreur pour "a. e. a. a. m.", "alienum esse animum a me", texte térentien standard ?) V a "Nunc cum eius a. c. e. m.", ce qui est très proche de K (avec "c." qui ne s'interprète pas, mais qui prend la place d'un "e." de K). On peut imaginer qu'une partie de la tradition (BCK) a développé erronément des initiales dans lesquelles a été lue une abréviation d'"erga". Nous revenons donc à un texte du lemme plus consensuel eu égard à la tradition térentienne.248. Wessner éditait "REMISSAM OPVS SIT VOBIS in ueteribus" etc. C'est de fait la leçon de plusieurs bons mss. Mais l'accusatif "remissam" ne se construit pas, sauf à supposer dans l'exemplaire auquel se réfère Donat une fin autre que celle que nous lisons chez Térence. En fait K a bien "remissan" et c'est à lui que nous nous rallions. Les autres mss., faute d'analyser la forme "remissan" l'ont corrigée en "remissam". Pour "ueteribus", Wessner s'attribue cette conjecture mais on la trouve dans G par exemple. A cet endroit, les mss. hésitent entre rien du tout (C), "uentis" (?) chez B, "ueteribus" (G) et surtout "ueris" (VK...). On se rallie à la majorité, mais la lacune de C et les variantes semblent témoigner d'errements qui rendent difficile d'assurer la forme de l'adjectif. Notre texte est celui de K.249. Wessner éditait "2. et † an aliter ut", ce qui effectivement n'a pas de sens. Schœll suggérait finement "uenialiter". Le "et" liminaire ne se trouve pas dans BCKVG par exemple et nous le supprimons. Les mss. sont assez unanimes : "an aliter et ut" (GC), "an aliter ut" (VK), "aliter et an ut" (B). La solution peut être toute simple : "an aliter et". L'adverbe "supra" a appelé la conjonction "ut", ce qui a entraîné un petit désordre.250. Il est inutile d'ajouter, comme le fait Wessner, les trois mots suivants du vers térentien, le commentaire se comprenant parfaitement sans eux.251. On ne voit absolument pas pourquoi Wessner ajoute ici un "et" qu'il prend chez Estienne (1529).252. Estienne (1529), suivi par Wessner, a athétisé ce "non" qui est dans les mss. En fait on peut le garder sans dommage : simple affaire de ponctuation.253. Wessner éditait avec un ajout personnel "<e> contrario", mais cet ajout est en réalité contredit par la scholie elle-même ; voir la note apposée à la traduction.254. Devant ce mot Wessner ajoutait "Et bene 'prodemus'", ajout absolument gratuit.255. Remarquable restitution de Wessner sur une évidente erreur de séparation des mots avec haplographie dans les manuscrits qui lisent "coniecturam et meretricem", qui n'a évidemment aucun sens.256. La restitution proposée par Wessner de "nam <non>" sur une haplographie de "n.ñ" est pratiquement certaine, sinon le commentaire n'a aucun sens.257. Dans ce lemme, Wessner rétablit "animum" après "ut", mais cela ne s'impose guère. Sur ce texte, voir la note apposée à la traduction.258. Correction judicieuse de Lindenbrog sur un texte "imperabilior" de VB qui a tout d'une mélecture, l'adjectif "imperabilis" n'existant pas, avant le latin médiéval, bien que Charisius (262, Barwick) mentionne un "imperabiliter" chez Caton, mais comme une forme exceptionnelle qui demande d'ailleurs une glose. L'adjectif étant en revanche familier à la langue théologique médiévale, il est possible que les scribes l'aient mieux connu qu'"impetrabilis" et se soient trompés en croyant lire un mot mieux connu.259. Passage particulièrement confus dans les manuscrits. Wessner édite au vers 690 ceci : "Et conuenienter satis, quia non dixit...", texte consensuel à partir de "quia", mais qui ne repose sur rien avant. Les manuscrits lisent "inconuenienter sortiris" C,"inuenienter sortis" K, "inuenient sortis" V, "inuenietur fortis" G, "inuenienter fortis" U, "iuueniliter sents" M, "inueniet (is) fortis" J, "iuueniliter fertis" Firenze, Plut. 22.06... Estienne (1529) et Calfurnio (1477) optent pour quelque chose qui ressemble à M et lisent "iuueniliter sentis", dans un passage où toute une partie des témoins a une vaste lacune jusqu'au début de l'acte 5. Le désordre de ce passage nous laisse supposer du grec peut-être écrit en alphabet mixte (voir Warren 1906) avec notamment abréviation grecque de "ep" et de "an", à partir d'un lemme "in." pour "induxti" non reconnu. Le segment entre "in" et le grec a été "corrigé" différemment puisque de toute façon le segment suivant était incompréhensible sans correction puisque c'était du "grec". D'où on comprend aisément la panique devant le segment se terminant par "...is". Sur le choix d'éditer "ἐπανόρθωσις", voir la note apposée au texte français. 260. Texte de C essentiellement, les autres, suivis par Wessner ayant "o", mais on peut supposer que "o." pour "ob" a été lu "o". L'inverse s'explique beaucoup moins bien.261. Wessner ajoute ici "est" qui ne sert à rien.262. Wessner a peut-être raison d'ajouter les deux mots "mihi adiutrix" dans ce lemme pour faciliter la compréhension de la scholie.263. Après ce mot Wessner croit utile de rajouter "esse" pour coller au texte térentien, mais cela ne sert en réalité à rien.264. Devant ce mot, Wessner ajoute un "aut" qui ne sert rigoureusement à rien.265. Wessner ajoute ici "multum" par souci de cohérence avec le texte térentien. L'adverbe est connu de Donat, puisqu'il figure explicitement dans sa reformulation de la scholie 728, 1, mais il est ignoré des manuscrits dans le lemme. Nous revenons donc au texte des manuscrits : une relative incohérence entre le texte de la scholie et celui du lemme n'est pas exceptionnelle dans le commentaire.266. De façon inexplicable, Wessner s'en tient au texte de ses manuscrits "minorem esse" qui n'a absolument aucun sens. Nous supposons que le segment abrégé mi(hi) no(n) rem est devenu à date très ancienne "minorem". Estienne (1529) avait déjà corrigé de manière très rude en "me non fecisse".267. Wessner ajoute ici "etiam" par souci de cohérence avec le texte térentien. L'adverbe est connu de Donat, puisqu'il figure explicitement dans le lemme 734, 3 et dans la scholie afférente, mais il est ignoré ici des manuscrits. Nous revenons donc au texte des manuscrits : une relative incohérence entre le texte des différents lemmes du même vers n'est pas exceptionnelle dans le commentaire.268. Le lemme de la scholie 1 porte la forme "sit", celui de la scholie 2 a la forme "siet". Nous conservons cette incohérence qui témoigne sans doute de la présence de plusieurs strates de scholies de différentes époques.269. Ce texte a été rendu difficile par l'insertion d'une répétition de la scholie 1 au milieu du développement, ce qui a conduit Wessner à diverses conjectures puisqu'il édite : "necessaria igitur ambiguitas aut - 5 Vtrum 'sit' pro uideatur <an pro ***? -'peccato mihi'> pro peccaturo mihi aut 'peccato meo'" etc. Nous conservons pour notre part le texte consensuel des manuscrits sauf sur les points suivants. Nous supprimons le segment redondant "utrum sit pro uideatur", rétablissant ainsi la cohérence des scholies, et lisons "pro peccatori" au lieu de l'unanime "pro peccatorum" des mss. induit évidemment par la confusion entre "ri" et l'abréviation pour "rum" et nous supprimons tous les mots ajoutés par Wessner.270. Nous déplaçons ce qui était la scholie 744, 1 de Wessner en 743, 9 car l'interjection "Ah !" prononcée par Bacchis est plutôt mise par les éditeurs modernes au dernier mot du vers 743. Marouzeau (1947, p. 58) signale cet usage térentien qui consiste à conclure un vers sur un monosyllabe à initiale vocalique sur lequel s'élide un mot précédent et qui, pour le sens, appartient souvent au vers suivant. Comme Marouzeau, nous rapportons donc l'interjection au vers précédent par rapport à Wessner, ce qui a pour effet de décaler d'un chiffre inférieur toutes les scholies restantes du vers 744.271. Wessner propose de mettre ce lemme entre "cruces", au motif que le commentaire porte sur "ah sine dicam", mais c'est absurde, car c'est très exactement ici qu'il y a aposiopèse. Voir la note apposée au texte français.272. Wessner considère que "est" est le dernier mot du lemme, nous pensons plutôt qu'il est le premier mot de la scholie, ce qui permet de retrouver une formule plus habituelle "est sensus", avec verbe. Quelque option que l'on choisisse, il n'y aucun enjeu véritable.273. Klotz suivi par Wessner proposait de lire "et facies", mais l'ajout de la conjonction n'apporte rien.274. Contrairement à ce qu'édite Wessner, et contrairement même à son apparat, ce verbe n'est pas une conjecture, mais un texte qui se lit dans certains manuscrits dont D.275. Wessner ajoute "ille" après "quia", suite sans doute à la conjecture de Schoell qui voulait lire "Laches", mais ni l'un ni l'autre de ces ajouts n'a la moindre légitimité. En revanche, "ille" paraît s'imposer à la place de "hic" (Wessner suivant les mss.), car c'est ce pronom qu'a utilisé Lachès au vers 747.276. Wessner ajoute "suam", sans aucune raison, tant c'est évident.277. Conjecture de Schoell, adoptée par Wessner, pour "sit" dans les manuscrits. L'erreur provient sans doute d'une forme abrégée mal lue à date très ancienne.278. Deux solutions sont ici plausibles. V porte un texte difficile "cum meretrice" sans sujet de l'infinitive exprimé, ce qui le recommanderait en tant que "lectio difficilior". D'autres manuscrits ont des formes impossibles après "cum" comme "meretrices" ou "meretricis" qui attestent toutes d'un possible "se" disparu. Nous nous rangeons à la solution la plus simple et la plus naturelle adoptée également par Wessner. 279. Devant "si uis", Wessner ajoute "ut sis", qui aurait dû laisser des traces par exemple sous la forme "ut sit" bien connue du grammairien. L'absence ici de toute trace indique clairement qu'il n'y a rien à suppléer. Sur le sens voir la note apposée au texte français.280. Le texte de ce fragment, connu par ce seul passage, est édité par Wessner, suivi par les éditeurs des fragments de Salluste, sous la forme "socii se gere<re>", mais trois des manuscrits les plus importants de Donat (VCK) assurent la lecture "sociis egere", dans un texte par ailleurs très désordonné. Cette correction est la seule que nous proposons ici, mais elle paraît s'imposer.281. Wessner suggère de compléter la citation en ajoutant "minime", ce qui est plausible, mais on peut aussi supposer que Donat ne cite que ce qui l'intéresse, c'est-à-dire ce qui concerne directement la construction de "aequum"282. "Est" est un ajout de Wessner, qui se comprend.283. La citation du lemme se limite à l'essentiel, sans qu'il soit nécessaire, comme le faisait Wessner de compléter "ego quoque" par "HOC ETIAM CREDIDI 'quoque' et".284. Wessner éditait une restitution de Sabbadini "κατάπαυσις μετ᾽ ἀπειλῆς", sur un "texte" du manuscrit Cujas "KATAΠΑΥСΙС ΜΕΤΑΚΠΑΗС", mais le texte que nous éditons est presque parfaitement écrit dans K.285. Wessner, suivant ici Schoell, supposait qu'il fallait rajouter "more" comme régime de "pro", mais ce n'est pas utile.286. Wessner complète ce lemme en ajoutant après "re" "n. m. e.", mais c'est inutile, car le commentaire de Donat se comprend très bien sans.287. Wessner considère à juste titre qu'il faut suppléer "sit", absent des manuscrits, et qui a pu disparaître par haplographie du segment "satissit" d'autant que "satisfaciet" se comprend parfaitement. 288. Il ne s'agit pas ici d'une citation, mais d'une simple reformulation du vers 723.289. Wessner ajoute "es" après "pollicita" pour compléter le vers, mais ce n'est pas indispensable.290. Wessner acceptait ici une conjecture de Schoell qui lisait "molestas et amaras", en se fondant sur le commentaire du vers 785, mais cet ajout ne s'impose pas.291. Wessner supplée le "te" après "simul", mais le commentaire ne l'impose nullement. 292. Wessner propose de rajouter "esse" absent des manuscrits pour compléter le vers. Cela est très plausible car le segment "erus esse", graphié "er'éé" a pu être simplifié par mégarde.293. Nous rétablissons, contre Wessner qui éditait "ineptus quasi ineptus" (à comprendre "ineptus" équivaut à "quasi ineptus", "comme si j'étais stupide"), l'heureuse conjecture d'Estienne (1529), que Wessner jugeait mauvaise dans son app. cr., et qui est confirmée par l'ingénieuse leçon de V "ineptus quasi non aptus".294. Ce "ad" est un ajout d'Estienne (1529), mais il s'impose pour pouvoir construire le segment avec "id est".295. Restitution d'Estienne (1529) confirmée par K avec quelques variantes graphiques non signifiantes, qui laissent supposer que le texte Estienne se trouvait dans le Cujas.296. Wessner éditait une lourde correction de Schoell et d'Estienne (1529) : "quasi munus sit iniuria<m> prohibentis in[ter]rogare quam interroganti respondere". Une série importante de témoins lit ceci : "quasi minus sit iniuria prohibentis interrogare quam interrogare respondentis" (KVGn Calph (1477) et D qui inverse uniquement l'ordre de "minus sit"). C indique probablement que le problème se situe sur le second "interrogare" (qui en effet n'a aucun sens) puisqu'il lit quelque chose qui pourrait être "interrogante". Nous nous contentons de corriger ce mot en "interrogatiue" qui, abrégé, a pu être pris dès l'archétype de toute la tradition KVGn... pour "interrogare". A ce coût minime, nous obtenons un texte possible et une glose relativement intéressante, voir la note apposée au texte français.297. Wessner éditait "quod" précédé d'une crux. Le texte que nous éditons est celui de Mnp, contre "quod" difficilement constructible de la plupart des autres témoins. Même s'il n'est pas exclu qu'il s'agisse d'une correction humanistique, ce texte ne présente pas de difficulté de sens et on peut accepter ce moyen simple de lui donner un sens grammaticalement acceptable.298. La nature du commentaire oblige à suivre l'ajout de Wessner à un lemme qui se termine dans les manuscrits à "fortunatior".299. Il n'est pas utile de compléter "quid" en "quid quid" comme le faisait Wessner, car la figure est plus visible sans cette répétition, et plus conforme à l'exemple virgilien. Donat a pu sélectionner dans le vers ce qui l'intéresse.300. Ce mot absent des manuscrits est ajouté par Wessner, mais il est assez plausible. Sans lui, la suite se construit mal, et il a pu disparaître dans un amalgame du types "terenti'ut" lu "terentius".301. Cette scholie, bizarrement, est affecté au vers 856 par Wessner, qui la numérote 856, 3. Comme elle affecte intégralement des éléments du vers 857, nous la remettons à sa place.302. Restitution d'Estienne (1529) qui l'a peut-être lue dans un de ses manuscrits. K nous indique en marge droite "non potui propter uetustatem dinoscere" (en raison de l'usure je n'ai pas réussi à déchiffrer), et V confirme en laissant une lacune. Il est probable que ceux qui n'ont pas de lacune ont simplement sauté la ligne qu'ils ne parvenaient pas à lire. U a sans doute tenté de compléter en remettant un lemme "in istuc aduentus", visiblement erroné.303. Wessner éditait "...PRAETEREAT quod interdum [non] temere praetereat", avec une athétèse de la négation proposée par Westerhof. Nous revenons au texte des manuscrits avec négation : il suffit pour cela de considérer que "quod" n'est pas le premier mot de la scholie, mais le dernier mot du lemme et que la scholie n'est pas simplement une reformulation.304. Estienne (1529), suivi par Wessner ajoutait "<hoc dicit: an> ", mais, loin de rendre le texte plus intelligible, cet ajout complique le commentaire. Nous le supprimons et gardons à l'énoncé son caractère un peu abrupt.305. Sur les difficultés de la pièce à s'imposer, voir la suite du commentaire où Donat expose longuement les circonstances des représentations de la pièce.306. Donat semble ici mélanger les circonstances des trois représentations de L'Hécyre. La première représentation de la comédie eut lieu en 165 av. J.-C. aux Jeux Mégalésiens (Donat, praef. 1, 6 et didascalie des manuscrits ADPC), la seconde en 160 aux Jeux Funèbres en l'honneur de Paul-Émile (Donat, prol. 1, 1 et didascalie des manuscrits FE) et la troisième en 160 également, à l'occasion des Jeux Romains (Donat, prol. 1, 1 et didascalie de l'ensemble des manuscrits). Donat déclare nous parler de la première tentative de représentation, mais on sait qu'à cette occasion la pièce n'avait pas encore de prologue et que les édiles curules étaient Sextus Iulius Caesar et Cnaeus Cornelius Dolabella ("Didascalia secundum codicem A restituta" et "Didascalia secundum codices DPCFE" dans l'édition Marouzeau). Le nom de Rabirius n'apparaît nulle part ailleurs que chez Donat, et le grammairien, plus précis sur la chronologie de la pièce dans son commentaire au prologue, adjoint cette fois Dolabella à Caesar (prol. 1.1) : "haec primo data est sine prologo ludis Megalensibus, quos Sextus Iulius et Cornelius Dolabella ediderunt. [...] post denuo data est ludis funebribus L. Aemilii Pauli, quos fecerunt Q. Fabius Maximus et Cornelius Africanus. [...] tertio ad postremum introducta Q. Fuluio L. Marcio aedilibus uirtute actoris L. Ambiuii Turpionis est commendata". Ces flottements sur les circonstances de la pièce sont sans doute une superposition des traces laissées par les différentes représentations.307. Lucius Ambivius Turpion était chef de troupe ; à lui de mettre la pièce en scène, de trouver les comédiens et de les diriger. Cf. Prologue 9.1.308. Ces deux consuls sont ceux de 165, en charge lors de la première représentation (la didascalie des manuscrits DPCFE rejoint Donat). C'est la seule fois qu'on cite les consuls en charge lors d'une représentation de L'Hécyre. En revanche, l'attribution du cinquième rang à cette comédie de Térence se fait vraisemblablement en ne tenant compte que de la première représentation réussie, c'est-à-dire la troisième.309. Ce dernier événement est en réalité la scène 1 de l'acte 5, ce qui montre chez Donat un flottement certain sur la limite des actes.310. Cf. Donat, ad Ad., praef. 3.7. 311. La figure implicite est une syllepse de cas ; Donat semble dire que l'usage est d'intégrer le titre des œuvres à la syntaxe de la phrase. Ici, il interprète "Hecyra" comme une apposition à "fabulae" (donc on attendrait "Hecyrae"). On pense donc qu'il interprète ce nominatif comme une "forme étiquette", neutralisée en cas, marqueur d'autonymie, selon la terminologie moderne. Cependant, rien n'empêche de l'analyser comme une apposition à "nomen", auquel cas encore une fois ce titre serait intégré à la syntaxe de la phrase.312. Il faut comprendre que, ne s'agissant pas d'une nouvelle pièce et de plus s'agissant d'une pièce qui était déjà tombée deux fois, les édiles aient eu quelques réticences. La renommée d'Ambivius Turpion joua alors, selon Donat, en faveur de la pièce malchanceuse et lui permit de s'imposer.313. Cf. Prologue, 40.314. Bien que très maltraitée dans la tradition manuscrite, la citation homérique restituée ici ne fait guère de doute, car la figure "noua noum", trouve un écho particulier dans l'expression homérique "μέγας μεγαλωστί", qui repose sur un jeu étymologique entre un adjectif et un adverbe, là où Térence joue sur deux adjectifs.315. Cf. Prologue, 15. 2.316. C'est-à-dire que le démonstratif "haec" paraît être en facteur commun alors qu'il doit changer de cas dans la seconde proposition.317. Le mot "uitium" est effectivement un terme technique de la langue juridique qui désigne "toute irrégularité commise dans l'accomplissement des solennités d'un acte religieux, juridique ou de procédure" (Cuq, in Daremberg-Saglio, s. v. "vitium").318. Double étymologie, d'où le double sens, agricole et métaphorique. On ne lit rien de tel dans Nonius ni Festus. Isidore (20, 3, 13) signale un rapport avec "cadere". La reconstruction de Wessner est particulièrement ingénieuse et paraît coller davantage à la suite de la scholie, mais on hésite toutefois à l'adopter, tant elle semble précisément dériver de cette suite. En revanche, il ne faut pas exclure que le segment "clades quia clamatur", qui vient briser l'enchaînement de la pensée, ne soit le résultat d'une interpolation érudite issue d'une differentia "inter calamitatem et cladem" que Donat lui-même a pu produire en recopiant l'article complet de Probus au lieu du seul segment dont il avait besoin. L'étymologie de "clades" a toutes les chances de masquer un processus bilingue à partir du grec "κλάζω" ("crier").319. Donat caractérise ici le paradoxe qu'il énonce au début de la scholie ("mira") : la pièce est tombée non pour avoir été jugée mauvaise mais faute d'avoir été représentée. Donat signale que Térence utilise ici du vocabulaire judiciaire, y compris avec les verbes "spectari" et "cognosci", et la scholie se comprend ainsi selon lui : si la pièce n'a pas été l'objet d'une "instruction" ("cognitura", sens technique), a fortiori on ne peut émettre sur elle aucun jugement. Or pour l'instruire, il aurait fallu l'entendre ("audiretur") ; or on n'a pas pu l'entendre...320. "Theatrum" vient du grec "τὸ θέατρον", sur "θεάομαι", "contempler", "considérer" (ce quiimplique la vue) ; "spectatores" vient de "specto", fréquentatif de "specio", "regarder, contempler", autre racine de la vue. Donat donne une explication étymologique ("ideo") à ces termes du vocabulaire théâtral en insistant sur l'importance du "gestus" – perceptible seulement par la vue à la différence des mots, "verba" – au théâtre.321. Sur l'édition du texte, voir la note apposée au texte latin. Ce que veut dire Donat, c'est que le seul moyen de juger d'une pièce est de la voir jouer (scholie 3). Quant à la scholie 4, elle signifie que pour savoir si L'Hécyre (c'est-à-dire "la belle-mère") est correctement intitulée, il ne faut pas se contenter d'en savoir le titre : il faut en prendre pleinement connaissance en la voyant en acte, ce qui complète la scholie 3. On est toujours dans la logique d'un procès fait à la pièce, à qui on n'a pas donné toutes ses chances de se défendre.322. Il y a dérivation, car l'accusation portée contre la pièce, être ennuyeuse, n'est pas traitée puisque la responsabilité du rejet de la comédie est reportée sur des circonstances extérieures.323. Donat pointe finement que Térence doit jouer dans son prologue avec sa rancœur d'avoir vu tomber sa pièce et la maladresse qu'il y aurait à en incriminer le mauvais goût du public. Toutefois, le poète, note le commentateur, laisse comprendre qu'il n'approuve guère qu'on lui ait préféré de vulgaires numéros de cirque ou des gladiateurs.324. Virgile, Bucoliques, 4, 20. Même remarque et même citation, en partant cette fois de "timidus", dans Ph. 205, 2. Le commentaire veut dire que "stupidus" ou "timidus" (ou analogiquement les adjectifs en "-idus") peuvent être des équivalents de participes présents.325. Comprendre "le Prologue", comme personnage, c'est-à-dire le prestigieux Lucius Ambivius Turpion lors de la création.326. La définition se fait en trois temps : il s'agit d'abord de donner un synonyme à l'expression "ob eam rem" ("ob eam causam"), puis de la reformuler ("quasi dicat"), et enfin d'expliquer cette raison (Térence préfère se mettre en scène dans son prologue comme un poète intéressé, cf. v. 6 "ut posset iterum uendere", que comme un poète qui a peur de soumettre à nouveau sa pièce après un premier échec). Sur l'établissement de ce texte, voir la note apposée au texte latin.327. Le pléonasme porte sur "iterum" et le préfixe itératif "re-".328. Le texte de ce que Wessner considère comme la seconde main n'est pas très clair. Selon Donat, Térence n'a pas voulu faire rejouer la pièce parce qu'il était certain qu'elle était bonne et voulait en tirer un bon prix dans d'autres jeux. La confiance que le poète a dans sa comédie est donc une manière d'en faire l'éloge.329. C'est en effet Ambivius lui-même, en sa qualité de directeur de troupe et d'acteur, qui vient réciter le prologue.330. Cf Préface 1.6.331. Le "droit des gens" désigne une sorte de socle juridique commun et universellement accepté, qui permet à des nations sans aucun point commun de s'entendre sur un dénominateur juridique commun. Le respect sacré dû aux ambassadeurs en fait évidemment partie. Pour une définition juridique de ce droit, voir Gaius, Instit. 1, 1.332. "Orator" est un dénominal de "orare" (prier), avec suffixe de nom d'agent en "-tor", ce qui implique un sens premier lié à la prière. Donat fait ici une étymologie pour mettre en lumière le sens de "exorator".333. "Exorator" sur "ex-" et "orator". Le préfixe "ex-" porte un sémantisme d'achèvement, de perfection, que Donat glose par "cum impetrauerit" avec une forme verbale portant l'aspect accompli de l'action.334. Donat pointe ici sur la valeur atténuée du comparatif pris au sens de "passablement, quelque peu". La citation virgilienne avec l'opposition entre "senior" et "uiridis" explique parfaitement cette valeur. dans sa grammaire, Donat utilise le même exemple pour le même phénomène (Ars Maior, 618, 12 (Holtz) : "saepe idem pro positiuo positus minus significat et nulli conparatur, ut 'iam senior, sed cruda deo uiridisque senectus'" (souvent le comparatif mis pour le positif a un sens atténuée et ne compare avec rien, comme "iam senior, sed cruda deo uiridisque senectus"). 335. Tous les subjonctifs imparfaits qui constituent la glose de "inueterascerent" sont requis par le "feci ut" du texte de Térence. Il s'agit donc d'une reformulation.336. "Splendidus" est un terme de la rhétorique qui se rattache au "genus grande" en Cic. Brut. 273 par exemple. La grandeur de cette expression peut provenir à la fois d'un jeu très raffiné sur les sonorités "pArtim SUm EArUm ExActUS" et au verbe à la fois fort et imagé "exactus".337. Cf. Prologue 1, 7.338. Donat semble dire qu'il y a qu'une alternative possible et que c'est cette idée d'alternative qui justifie "partim".339. Il en a en effet la brièveté ramassé et les phénomènes d'écho caractéristiques, voir Bureau (2011a).340. Cet ablatif sans préposition étonne Donat. Il semple donner à ce complément une valeur finale, en proposant plutôt un "datiuus finalis" ("spei incertae"), désignant "la fin en vue de laquelle une chose est accomplie" (Ernout-Thomas, § 97 et suivants), mais propose aussi de rétablir un ablatif-locatif précédé de "in", désignant au figuré – de manière plus vague – ce dont il est question.341. L'antanaclase est par exemple définie par Quintilien (9, 3, 68-71), qui l'illustre avec des énoncés comparables à celui de Térence, comme : "non emissus ex urbe, sed inmissus in urbem esse uideatur" (il paraîtrait non pas avoir été exfiltré de la ville mais infiltré dans la ville) ou "emit morte inmortalitatem" (il a acheté de sa mort l'immortalité). L'identité de ce procédé avec le phénomène observé par Térence rend pratiquement certaine la restitution de cette figure contre l'"anaclase", postulée par Wessner.342. Wessner, suivant Lindenbrog (qui le tenait du manuscrit Cujas ?) penchait pour la figure du "paromoion" (paronomase) à cause du rapprochement "studiose" / "studio". Mais le seul manuscrit connu de nous qui écrive ici du grec parle bien de périphrase. Rappelons que Donat parle de périphrase y compris dans des cas qui ne paraissent pas en relever selon les modernes. Voir par exemple Pho. 17, 2 où l'on voit qu'il s'agit non pas forcément de mettre du plus long pour du plus court, mais simplement un mot pour un autre. Ici, sans doute, "studio" pour "scriptura".343. Ce que Donat remarque ici, c'est que la forme de participe "placitae" devrait correspondre, vu son sens actif, à un verbe déponent "placeor" qui n'existe pas. Servius, dans son commentaire à l'Ars Maior (GL 4, 437, 17) range ce verbe dans les "inégaux" : "sunt alia inaequalia, quae <et> suam habent declinationem et contrariam, ut est 'placeo' : nam et 'placui' facit et 'placitus sum'" (il y a d'autres verbes qui sont inégaux, qui ont leur propre conjugaison et la conjugaison contraire comme "placeo", qui fait "placui" et "placitus sum"). Priscien (Instit. GL 2, 512, 16) parlant de diverses irrégularités liées à la voix remarque "nec mirum, cum in aliis quoque plurimis eiusdem significationis uerbis inueniantur ueteres praeteriti temporis participia proferentes, ut 'prandeo' 'pransus', 'caeno' 'caenatus', 'placeo' 'placitus', 'mereo' 'meritus', 'pateo' 'passus', 'careo' 'cassus', 'poto' 'potus' pro 'potatus', 'titubo' 'titubatus'" (et cela n'a rien d'étonnant puisque dans de très nombreux autres verbes de même sens, on surprend les Anciens à utiliser des participes parfaits comme "prandeo" "pransus", "caeno" "caenatus", "placeo" "placitus", "mereo" "meritus", "pateo" "passus", "careo" "cassus", "poto" "potus" au lieu de "potatus", "titubo" "titubatus").344. Comprendre qu'Ambivius, en prêtant son assistance à Caecilius qui, dégoûté, voulait mettre fin à sa carrière, n'a pas agi dans l'intérêt du seul Caecilius, par corporatisme, mais dans celui de tout le public, puisqu'il a ramené à l'art théâtral un poète apprécié des spectateurs.345. Le texte de Térence donne bien "remotus", mais plus loin, v. 22 (ce qui ne semble guère s'accorder avec le parfait "dixit"). En revanche, pas d'"exclusus" dans le texte consensuel. Donat semble s'être un peu perdu et sans doute "exclusus" reprend-il "exactus", du vers 15.346. Donat est le seul à donner "remmotum" avec deux "-m-", mais sa remarque atteste de toute évidence qu'il a eu cette leçon sous les yeux. La forme est unique dans ce que nous avons conservé de la littérature latine, ce qui tempère beaucoup la généralisation opérée par le grammairien !347. Donat comprend clairement que, chez Virgile, il faut sous-entendre un troisième "alii" pour la dernière proposition, comme il faut sous-entendre un troisième "ab" devant "arte".348. Donat pointe ici le jeu de mots entre "otio" et son contraire "negotio", formé d'"otium" et d'un préfixe négatif.349. La "causa" désigne en effet l'affaire dont se charge l'orateur et "petere" est le terme technique pour désigner l'action du demandeur.350. Cette analyse est précisée par la suivante. Toute l'affaire consiste à savoir si la pièce présentée par Ambivius mérite d'être représentée. En commençant par son titre, le poète introduit directement le cœur même de l'affaire.351. La notoriété d'Ambivius Turpion suffit à donner du poids à la défense qu'il va proposer.352. Autrement dit, il ne dit pas l'évidence : le public n'a pas aimé la pièce.353. En désignant l'échec de la pièce sous le nom de "calamitas", le poète inclut, selon Donat, la chute de la comédie dans un ensemble de circonstances, dont la qualité de la pièce n'est qu'un élément parmi d'autres. De ce fait, il excuse à la fois la pièce qui est excellente, et le public, qui a été détourné de l'entendre bien malgré lui.354. L'argument est double : le poète, selon Donat, suppose que les juges sont des gens intelligents (donc il les flatte) et en même temps il envisage le but qu'il cherche à atteindre : "apaiser" ("sedare") l'hostilité qui se déchaîne contre la pièce.355. On peut se demander ce qu'ajoute cette périphrase : peut-être tout simplement une atténuation du conflit qui serait évident dans une opposition "uos"/"nobis".356. Comme à son habitude, Donat donne le nom de la figure de rhétorique en grec, mais ici il continue en grec pour la préposition – équivalent de "pro" en latin – et l'article, marqueur de substantivation (Cf. 18.2), qui lui permet de mettre l'autonyme au nominatif – certes pluriel – sans doute plus facilement que s'il était directement après "pro" qui appelle l'ablatif (le cas voulu par "ἀντὶ" se retrouve dans l'article qui annonce le terme en mention).357. Comprendre : préférer ceux-là <à la pièce>. Donat nous dit ici que Térence insiste sur la qualité du spectacle concurrent pour diminuer l'humiliation de s'être vu préférer des boxeurs.358. Référence amusante en contexte, puisque Donat utilise pour peindre les boxeurs vedettes qui ravirent la une à la comédie la description emphatique des concurrents au pugilat dans les jeux funèbres pour Anchise.359. Polylogie : discours portant sur plusieurs thèmes, sorte de digression. Donat cite à nouveau le vers qui constitue cette digression.360. Le contexte de cette attente supposée chez le public est rendu particulièrement solennel par la citation des paroles d'Enée à l'ombre d'Hector qui vient lui ordonner de quitter Troie en flammes. Même si l'enjeu n'est pas comparable, l'injuste fin des premières représentations de la comédie appelle réparation.361. C'est-à-dire à la fois les boxeurs et les acrobates.362. "Comes" signifie "le compagnon", et est formé sur le verbe "ire" préfixé en "cum-", d'où les deux gloses que propose Donat avec le verbe "sequi", "suivre" (dans "adsectatores" et "sequuntur").363. En partant du fait qu'il est indécent pour les femmes de manifester leurs émotions au théâtre, Donat tire l'argument vers une défense adroite de la pièce. Ceux qui ont fait tomber la comédie n'étaient même pas dignes d'émettre un avis sur elle et se comportaient de façon indécente.364. En effet, il y a ici une double expression de la répétition, par le préfixe "re" et par l'adverbe "denuo".365. Il faut ici comprendre "actus" avec le sens technique d'acte, et non d'action.366. Avec la tournure "eo quod est", Donat signale qu'il va employer un terme ou une expression en mention ; cette tournure lui permet de neutraliser la construction requise par la préposition "pro" (un nom à l'ablatif).367. Ce que veut peut-être dire Donat, c'est qu'il n'existe pas, à l'origine, de lieu plus propre aux combats de gladiateurs qu'aux représentations théâtrales. Les premiers combats connus ont lieu sur le Forum Boarium où un dispositif mobile est installé pour accueillir les spectateurs. Il en va de même des premiers théâtres dont on sait qu'ils étaient démontables et installés au gré des représentations. Mais du temps de Donat évidemment les combats de gladiateurs, de plus en plus réduits d'ailleurs à des "venationes" (chasses) sont donnés dans un lieu spécialement conçu pour eux, au moins dans les villes de quelque importance.368. Cf. Prologue 1, 6.369. Pour bien montrer que l'enjeu est là : ce qui compte c'est d'avoir une place pour jouer.370. Antapodose : Figure de parallélisme.371. Cf. 33, 2.372. Donat souligne ici que ce dont a besoin Ambivius pour faire valoir la comédie, c'est seulement d'un public qui se tienne à peu près correctement.373. "Potestas condecorandi ludos scaenicos" constitue en fait l'intégralité du vers 45.374. Cette première personne est celle d'Ambivius, qui prend en charge le prologue.375. Il s'agit encore une fois de souligner la dignité d'Ambivius Turpion comme défenseur de la pièce, en raison de sa réputation théâtrale.376. La notoriété de l'acteur (ici Ambivius) rejaillit sur la pièce, comme dans le cas des deux grands acteurs Aesopus et Roscius cités par Horace.377. Donat remarque ici que le fait que "si" ne soit pas exprimé prête à confusion dans la deuxième proposition, alors que la portée négative de "numquam", pourtant pas exprimée dans la coordination (on a "et" et "non neque"), est évidente.378. L'avantage dont il s'agit est exprimé chez Térence par le mot "quaestus".379. Ces deux mots qui ne figurent pas dans les manuscrits ont été ajoutés par Estienne (1529), mais ils s'imposent compte tenu du commentaire qui suit.380. Donat appelait la paronomase du nom de "paromoion" au vers 50. La différence est dans la nature des éléments comparés. Au vers 50, la présence de l'adverbe "inique" empêche le tour d'être interprétable comme une "paronomasia" parce que pour ce faire il faut que les deux éléments soient nominaux (ce qui est impliqué dans l'étymologie du mot "paronomasia").381. "Scaenicus" renvoie sans doute au chef de troupe et non à l'acteur, ce qui explique les verbes "disco" et "expedio", prendre connaissance d'une pièce puis la mettre en scène, la faire jouer. Les deux verbes "docere" et "discere" sont dans la langue courante en position complémentaire ("enseigner" vs "apprendre"), mais dans la langue du théâtre, "docere" (calque sémantique sur le grec "didaskein", qui donne "didaskalia") signifie "produire une pièce", "la mettre en scène". On doit donc comprendre ici que Donat justifie l'emploi de "discere" là où on attendrait "docere" ("nouas fabulas") dans la bouche d'un producteur de spectacles. En l'espèce, on revient au sens de base des deux verbes : "docere" représente l'une des activités de l'auteur de théâtre, qui doit "docere", "mouere", "placere" ("enseigner", "émouvoir", "plaire"), "discere" représente l'activité de l'acteur, qui doit "apprendre" son texte.382. De fait, la norme dans les scènes d'expositions antiques est qu'il n'y ait qu'un seul personnage protatique qui recueille les confidences d'un personnages "de plein droit", et non deux personnages protatiques qui auront pour seul rôle dans la pièce de raconter, dans cette scène, ce que le spectateur doit savoir en préalable. Même remarque au demeurant sur le deus ex machina en And. 28, 2.383. Même commentaire en Pho. 35, 1.384. Sur l'usage habituel des comiques, voir Donat, Eun. 37, 1-4.385. Donat veut dire ici que syntaxiquement "per" ne va pas avec "Pol", mais avec "quam" ; il commente une tmèse. Ce commentaire se retourve chez Servius, Aen. 1, 644, où ce même texte est explicitement cité. Voir notre édition de Pho. 200, 1, note ad loc.386. Marouzeau n'édite pas "paucos" mais "paucis", portant sur "meretricibus", comme chez Apollodore. Donat possède les deux leçons : on peut alors se demander pourquoi il ne considère pas que la leçon la meilleure est "paucis", puisqu'elle est corroborée par le modèle grec.387. Nous suivons Wessner qui, dans son apparat, suggère cette leçon pour un mot grec lacunaire, en se fondant sur le commentaire, très comparable, d'Eun. 232, 4.388. Isidore, dans sa Differentia 207, dit que la différence entre les deux adjectifs se situe plutôt sur un plan sociologique. Un ami peut être dit "fidus", alors que c'est un esclave qui est "fidelis". Cela recoupe en partie le commentaire de Donat.389. Ce commentaire accrédite la restitution wessnerienne du mot προμύθιον au vers 59, en raison de la portée générale du προμύθιον.390. Dans le texte de Cicéron, "uel optima Messanae" est suivi de "notissima certe", "sinon la meilleure de Messine, du moins la plus connue". L'emploi restrictif proposé ici pour l'adverbe "uel" est restituable, étant donné la teneur de la citation, mais le substantif "correptio" qui sert à caractériser cette figure semble ici dans un emploi rare, puisque d'ordinaire il sert à désigner soit le blâme soit l'abrègement vocalique.391. Donat donne trois sens possibles à l'adverbe "uel". Pour les deux derniers, listés dans la scholie 3, ils sont bien connus des latinistes. L'adverbe est soit intensif, au sens de "même", soit coordonnant au sens de "ou". Mais dans la scholie 2, Donat en fait l'équivalent de la conjonction comparative "ueluti". Il nous semble que cela n'est possible que si l'on modifie la ponctuation pour comprendre " ...fideles euenire amatores, Syra, uel hic Pamphilus. Iurabat etc." (il nous échoit peu d'amants fidèles, comme ce Pamphile. Il jurait...).392. En réalité, il ne s'agit pas d'un commentaire psychologique, mais bel et bien d'un commentaire rhétorique. Donat repère trois arguments forts : le serment, sa réitération, et la formule même.393. Donat indique ici que, pour ces unions illégitimes, il existe une sorte de loi tacite qui fonde l'union sur des bases interpersonnelles et non légales, seul le mariage pouvant avoir dans l'Antiquité une valeur légale.394. La parenthèse est ici constituée par l'ablatif absolu, si l'on en croit la reformulation de Donat, mais on peut se demander si la véritable parenthèse ne se trouve pas dans l'énoncé "uti quiuis facile posset credere".395. Le passage virgilien fait évidemment allusion à la célèbre fuite d'Enée de Troie en flammes portant Anchise sur ses épaules. Ici la valeur exhortative de "ergo" n' est pas mise, comme chez Virgile, au service de la piété, mais à celui de l'absence de scrupule.396. "Me miseret" + Génitif est une forme impersonnelle bien attestée dans les textes. Donat semble avoir un texte dans lequel il manque le pronom personnel, ce qui est aussi le cas dans les mss de Térence DFE. Marouzeau édite "misereas", choisissant sans doute une lectio difficilior (ms. A et leçon adoptée par Umpfenbach) après avoir constaté l'absence de "te" dans tous les manuscrits. Toutefois le premier "te", complément d'objet des verbes "moneo" et "hortor" peut peut-être être considéré comme facteur commun aux deux constructions.397. Cf. 127, 2 et 150, 1.398. Comme on le voit, il s'agit d'établir une differentia autour de "spolies" pour montrer comment la triple expression de Donat enrichit le sens. On comprend que ce soit la raison qui ait poussé Wessner à supposer un lemme constitué des trois verbes, mais on voit également que cela ne s'impose pas, car le mot pivot de la differentia demeure "spoliare".399. La même étymologie se trouve dans Servius auctus En. 8, 724 : "MVLCIBER Vulcanus, ab eo quod totum ignis permulcet: {aut quod ipse mulcatus pedes sit, sicut quibusdam videtur: aut quod igni mulceatur}" (Mulciber : Vulcain par le fait que le feu amollit tout, {ou parce que lui-même est infirme d'un pied selon l'opinion de certains, ou parce qu'il est adouci par le feu}) mais on notera que seul l'auctor connaît la double étymologie.400. Il s'agit évidemment d'une remarque de graphie. "Vtin" ne peut se comprendre que s'il estr graphié "utin'", l'apostrophe indiquant l'élision d'une lettre.401. Voir P.-Fest. 72, 3 : "Eximium inde dici coeptum, quod in sacrificiis optimum pecus e grege eximebatur, quod primum erat natum" (on a commencé à dire "eximium", parce qu'on retirait, "eximere", du troupeau la meilleure bête dans les sacrifices, qui était le premier né).402. Sur ces remarques voir P.-Fest. 21 : "segregare ex pluribus gregibus partes seducere, unde et egregius dicitur e grege lectus" ("segregare" c'est mettre une partie de côté dans un certain nombre de troupeaux, d'où on dit "egregius" pour "choisi dans le troupeau") et Servius En. 4, 57 : "LECTAS BIDENTES non vacat 'lectas'; moris enim fuerat ut ad sacrificia eligerentur oues, quibus nihil deesset, ut in sexto <38> nunc grege de intacto septem mactare iuuencos" (lectas bidentes : "lectas" n'est pas superflu ; car il était de coutume de choisir pour les sacrifices des brebis sans défaut, comme au livre 6 "nunc grege de intacto septem mactare iuuencos", "maintenant du troupeau intact immoler sept jeunes taureaux").403. Le négatif "nemo" suffit, et n'implique pas nécessairement la présence du semi-négatif "quisquam". A l'époque de Donat, d'ailleurs, elle l'exclut, ce qui fait que les élèves du grammairien remarquent immédiatement le solécisme contre leurs règles.404. Il n'est pas très aisé de déterminer si Donat vise le caractère particulièrement impérieux de l'impératif futur, ou le choix du verbe "scire", ou les deux.405. Donat ne veut pas que l'on confonde ce "quin" avec la conjonction de subordination ou l'adverbe.406. Le renvoi à L'Eunuque dépasse la simple remarque grammaticale ou stylistique, car il s'agit des reproches que le sans scrupule parasite Gnathon fait au pauvre hère qui prétend vivre sa pauvreté dignement. L'amoralité du parasite rejoint celle du personnage qui invite à spolier, mutiler et déchirer.407. On voit mal d'ailleurs ce que le tour pourrait être d'autre qu'une question, puisqu'il contient la particule interrogative "ne". Peut-être Donat veut-il mettre en garde contre une lecture de cette question comme une forme d'exclamation. 408. Le commentaire ici porte seulement sur "hisce".409. Outre la syntaxe, pour le moins curieuse, de cette scholie, le ton moralisateur du commentaire éveille de forts soupçons sur l'authenticité de cette mise en garde aux élèves. Toutefois le thème de l'hypocrisie des courtisanes se rencontre régulièrement chez Térence (qui souvent le prend à contre-pied d'ailleurs), par exemple dans L'Eunuque.410. Donat ne fait qu'expliciter la pensée de Philotis dont la parole reformulée témoigne de son incrédulité par rapport aux conseils de Syra.411. Donat veut dire ici que la tournure "iniurium est" est impersonnelle (d'où l'identification de "iniurium" à un adverbe) et constitue, de manière pragmatique, l'expression d'une indignation.412. On voit mal en quoi Syra veut éviter d'être dure, à moins de comprendre que l'expression elle-même aurait été maladroite, en produisant une sorte d'oxymore "se venger de qui nous aime". Ce qui, de ce fait, est dans le caractère du personnage, c'est la représentation des rapports entre hommes et femmes comme une guerre impitoyable.413. "Vtrumque" renvoie à "aetas" et "forma", "l'âge et la beauté".414. Parménon sort de chez Lachès, son maître, et s'adresse à un esclave resté à l'intérieur. Donat nous dit qu'il regarde en arrière.415. Donat remarque en fait que c'est ainsi que les esclaves entre eux parlent du maître quand il est âgé. La pratique est absolument courante chez Térence.416. L'expression latine "ex sua sibi locutione" fait difficulté. En effet, la manière la plus courante de la comprendre est "du fait des paroles qu'il s'adresse à lui-même", et il faut alors considérer cela comme un aparté qui montre la parlure des esclaves de comédie dont Donat dit ailleurs (Pho. 41, 3) qu'ils sont souvent bavards. Toutefois, il est absolument évident que Parménon ne se parle pas à lui-même, mais à Scirtus, personnage muet qu'il va interpeller au vers suivant. Donat est-il allé trop vite dans sa lecture et a-t-il vu un aparté là où il n'y en a visiblement pas ? C'est possible. 417. "Exire", c'est à la fois "sortir de la maison", donc pouvoir aller faire ce qu'il veut dehors, mais aussi "entrer sur scène". Ici l'entrée de Parménon est justifiée par le fait qu'on attend l'arrivée imminente de Pamphile. L'esclave saisit donc ce prétexte pour quitter la maison.418. Donat, qui semble bel et bien persuadé qu'il s'agit d'un aparté, continue sur sa lancée, mais on voit mal le jeu de scène correspondant, alors que tout s'explique mieux si, au contraire, Parménon hurle ces mots à son compagnon resté dans la maison.419. "Scribitur" ici ne signifie sans doute pas "on trouve écrit" (comme leçon concurrente), car Donat dit usuellement "legitur", mais porte sur l'orthographe du mot, qui peut s'écrire de deux manières, ce que Donat explique par deux étymologies différentes.420. Cette étymologie se trouve également chez Nonius 1, 44, qui écrit : "et est proprietas uerbi ab eo tracta quod uada in fluminibus contis exquirunt" (le sens propre du verbe est tiré du fait que l'on sonde les hauts-fonds dans les fleuves avec une gaffe ("contus")). La seconde étymologie, populaire, n'est pas autrement connue.421. Sur la valeur des noms propres de personnages de comédie, voir Ad. 26, 1.422. Même commentaire en Eun. 216, 2 avec renvoi à ce vers.423. Il s'agit pour Donat d'analyser deux formes adverbialisées d'"alius", de manière à éviter toute méprise ou impropriété dans leur emploi.424. Comprendre "les personnages comiques".425. Ici il y a un véritable aparté, que Donat interprète comme une marque de mépris sans doute en raison de l'emploi plus loin d'"oblectasti" pour désigner les activités à l'étranger de la courtisane.426. Le commentaire de Donat est assez obscur. S'il comprend "me" autrement que comme l'équivalent du "μά" grec, on est bien en peine de comprendre comment il construit, et comment l'énoncé peut être redondant. Peut-être faut-il comprendre que Donat expliquerait ce "me" par un tour du type "saluere me iubes, Parmeno" (tu me salues, Parménon), mais le sens demeure très improbable.427. Et ainsi les deux jumeaux Dioscures sont réunis !428. Il s'agit d'une remarque d'orthographe. Le y fait son apparition tardivement dans l'alphabet latin, ce qui explique que, dans des exemplaires anciens, ou des exemplaires récents conservant méticuleusement la graphie des Anciens, les contemporains de Donat aient pu trouver des graphies de ce genre.429. Térence, comme le remarque Donat, n'est pas très cohérent avec l'onomastique grecque et la déclinaison de ses noms grecs. Voir une remarque semblable en And. 361, 4. "Philotium" est un diminutif hypocoristique de "Philotis", en sorte que "licentia" signifie peut-être ici "familarité" (de Parménon envers Philotis).430. Autrement dit, pour Donat, Philotis répond "ce n'est pas de nous deux moi qui m'amuse le plus".431. La douleur s'exprime sans doute par le choix de l'adverbe apparenté à "hic, haec, hoc" et qui conserve une valeur affective d'autant plus marquée qu'il n'est pas indispensable, "Corinthum sum profecta" se comprenant parfaitement.432. "Miles" apparaît au vers précédent, mais n'est jamais cité dans les lemmes commentés par Donat. Le grammairien remarque que chaque mot ajoute au pathétique du récit.433. Non seulement, veut dire le commentateur, Philotis a pour compagnon un personnage peu amène par nature, mais celui-là est particulièrement représentatif de sa catégorie sociale. 434. En effet "biennium" seul suffit à l'indication de temps.435. Pris dans son sens littéral le commentaire est étrange. On a l'impression que Donat met sur le compte exclusif des femmes l'exclamation "misera", évidemment au féminin. Mais on trouve de nombreux emplois de cette exclamation au masculin, "miser", dans toutes les formes poétiques, y compris la comédie. Ferait-il allusion à l'original grec qui porterait une exclamation typiquement féminine ? Le plus probable est qu'il s'agit d'une remarque de syntaxe, malgré les apparences. Donat ne veut pas que l'on comprenne "misera tuli" (j'ai supporté des choses affreuses), bien qu'il soit difficile de comprendre alors comment on interprèterait "illum".436. Cette scholie signifie que le pronom "hinc" de la réplique de Philotis a pour référence le substantif "Athenae".437. Ici, Donat commente le fait qu'on ne sache pas, de "te" ou de "desiderium", quel est le sujet de l'infinitive, qui a pour verbe "cepisse", transitif direct, qui, dans ce cas de figure, admet donc un accusatif comme sujet, et un accusatif comme complément d'objet direct.438. Le commentaire explique le dégoût que Philotis a eu de son projet initial de vie commune avec le soldat, en reformulant l'expression pourtant claire "consilium contempsisse". On voit mal ce qui peut être difficile dans cette expression à part, à l'extrême limite, le fait de donner à "contemnere" un COD qui ne soit pas un nom de personne.439. Donat remarque ici l'amplification oratoire, par le biais de la division d'une action qui pourrait s'exprimer par un énoncé unique en trois éléments successifs marquant les motivations de la courtisane.440. Donat fait de "illi" dans ce vers de Virgile (En. 2, 548) un adverbe, au contraire des commentateurs et éditeurs modernes, qui en font un pronom. Même remarque, avec même citation, dans le commentaire du Phormion, 91, 2-3. "Illi" avec un circonflexe ("illî"), que les Grecs appelleraient périspomène, pour un plus ancien "illîce", que les Grecs appelleraient propérispomène, semble ainsi se distinguer de "illi" avec aigu ("ílli"), datif du pronom démonstratif, que les Grecs appelleraient proparoxyton. Servius évoque la même différence, mais sans préciser les questions d'accent en En. 11, 422, en renvoyant à En. 2, 661 et non 548, ce qui laisse supposer qu'en 548, il comprend bien "illi" comme un pronom.441. Cette glose de "praefinito" ("ut neque quantum uelles[...] diceres") ne contredit pas la précédente ("deest tempore aut aliquid tale"). Donat propose d'abord de comprendre "praefinito" comme "praefinito tempore", "au moment fixé", puis comme "autant qu'il était autorisé", soit d'envisager la mesure accordée aux paroles de Philotis en terme de limites ("au moment fixé") ou de contenu ("autant qu'il était autorisé"). La réplique de Parménon au vers suivant semble plutôt accréditer la seconde interprétation de Donat.442. Donat ne commente ici que l'adverbe "commode".443. Donat souligne que le début du dialogue n'avait qu'un but de vraisemblance, et non un véritable rapport à l'intrigue, dont l'exposé va commencer ici. Sur cette remarque, voir ce qu'il dit en And. 28, 1-2, sur les scènes d'exposition de Térence.444. Ici on voit sans doute une trace d'une compilation de plusieurs traditions mal unifiées, car les deux scholies 3 et 4 disent presque exactement la même chose.445. Donat comprend donc "quae" non comme un simple pronom relatif mais sans doute plutôt comme un exclamatif, ce qui suppose qu'il scinde la réplique en deux phrases : "Sed quid hoc negoti ? Quae narrauit mihi hic intus Bacchis !" (Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Ce qu'elle m'a raconté là-dedans, Bacchis !).446. C'est-à-dire une complétive négative après verbe de crainte.447. Donat peut ici faire allusion à deux choses : soit une expression toute faite "firmae nuptiae" puisque l'expression se rencontre assez régulièrement à la fois dans les pièces et dans son commentaire (voir par exemple And. 137, 285, 297...), soit une habitude des comiques, mais c'est moins probant quand l'adjectif se rencontre essentiellement avec "fides" dans leur langue.448. Il s'agit ici de commenter un sens particulier du mot "res" (chose) qui signifie ici "ce dont on fait cas", "le sujet", "the point".449. Ce commentaire dit en réalité deux choses distinctes. D'une part, il justifie dramaturgiquement, par la curiosité de Philotis, le récit que va faire Parménon, d'autre part, il expose les caractéristiques globales de ce récit.450. La forme "hoc" pouvant à la fois être un accusatif neutre singulier, COD de "percontarier" et un ablatif neutre singulier, complément de "opus est", il est effectivement délicat de ponctuer cet énoncé.451. Donat indique ici un possible remplacement du subjonctif de souhait par le futur, ce qui n'est pas exactement le cas dans le vers virgilien où il s'agit d'une construction à l'indicatif futur au lieu du subjonctif présent de la conjonction "donec". Sur cet emploi, voir Ernout-Thomas (1972) § 267.452. Parménon aime bien "commode", qu'il a déjà utilisé au vers 95.453. La construction est un peu acrobatique pour deux raisons. 1-Donat insère la citation de façon assez abrupte, ce qui a trompé les éditeurs (voir note apposée au texte latin) ; 2-à son habitude, il considère que "quam" suffit (sans "magis" ou "plus") à exprimer le comparatif de supériorité. L'idée cependant est claire : Parménon met plus de (fausse) mauvaise grâce à parler que Philotis ne montre de curiosité.454. C'est de plus un défaut des esclaves de comédie, comme le note Donat en Pho. 41, 3.455. La comparaison n'est pas très flatteuse, mais il s'agit des défauts de Parménon; Cicéron, divin. in Caec. 57, visait en effet les agissements crapuleux de Verrès.456. Le rapport entre la citation virgilienne et le texte térentien réside dans la situation d'énonciation. Dans la citation de Virgile, Énéide, II, 13-14, Enée entame son long récit de la chute de Troie au point précis où commence le problème. Les Grecs sont fatigués de guerroyer et il leur faut parvenir par ruse à prendre la ville qu'ils ne pourront enlever de force. Ici Parménon commence de la même façon, par le nœud de l'intrigue : Pamphile aime Bacchis, mais va devoir en épouser une autre... Le caractère hautement tragique du récit d'Enée laisse supposer que les affaires de Pamphile ne seront guère brillantes.457. Force est de constater que ni l'ordre des mots ni la soi-disant explication qu'il apporte ne sont limpides. D'ailleurs la suite du commentaire de ce segment est extrêmement embrouillée.458. "Quemadmodum" est adverbe soit interrogatif, soit relatif. S'il est interrogatif, il est indirect, or Donat n'a pas employé le subjonctif mais "amabat" dans sa reformulation. S'il est relatif, il signifie "comme", "de même que", sens que peut avoir "ut".459. Donat veut peut-être dire qu'il faut sous-entendre une fois "maxime" devant "amabat" (mais il est déjà dans "cummaxime" !) et devant "orare occipit". Tout cela est bien confus.460. Donat dit ici que "cummaxime" s'écrit en un seul mot, donc qu'il appartient à une seule partie du discours, celle des adverbes. Si l'on avait eu "cum maxime" en deux mots, on aurait eu deux catégories du discours (conjonction et adverbe).461. C'est-à-dire les arguments du père en faveur du mariage qui vont être précisés par la suite.462. En faisant répondre le jeune homme avec du Virgile, Donat s'amuse. Pamphile aurait pu se tirer de ce mauvais pas si son père lui avait dit qu'il agissait dans son intérêt, par sentiment paternel. Avec autant de violence que Turnus face à Latinus, il aurait pu renvoyer le vieil homme à ses propres affaires. Ici évidemment en prenant argument de sa propre vieillesse, Lachès lui coupe l'herbe sous le pied, Pamphile ne pouvant pas dire décemment qu'il se moque de la vieillesse de son père.463. Autrement dit : Lachès fait sa demande de manière de plus en plus tranchante, c'est un père, et il est insistant. Trois bonnes raisons pour que Pamphile lui obéisse.464. Donat emploie "ducere" absolument au sens de "prendre femme".465. Le commentaire pointe ici combien Térence entend souligner que Pamphile a hésité avant de faire ce que lui demandait son père, et ce, malgré l'insistance du vieil homme.466. L'anacoluthe que remarque Donat est absolument banale. La pratique la plus courante en effet veut que le premier terme de l'interrogation double ne soit pas marqué. ce qui choque sans doute Donat ici, c'est que Térence a employé l'interrogatif simple "-ne", puis "an" marque de l'interrogation double, mais les exemples, y compris les plus classiques, de cet usage sont légion.467. C'est évidemment que Pamphile est amoureux de Bacchis.468. "Tundere" a pour sens premier "frapper, battre", et s'applique ainsi à l'emploi du marteau. Au figuré, il signifie "fatiguer, importuner", et Donat insiste sur le fait que c'est par l'aspect itératif présent dans le sémantisme du verbe que se fait la métaphore.469. C'est-à-dire qu'en écrivant "effecit senex" et non "effecit adulescens", il insiste sur l'agent à l'origine de la réalisation du mariage (le vieillard), déniant ainsi à Pamphile toute part de responsabilité dans la décision de se marier.470. "Denique" est ici interprété comme l'équivalent du français "pour finir", "à la fin".471. Deux gloses pour "odio" : "assiduitate" et "instantia", qui toutes deux insistent sur les causes qui produisent ce sentiment d'"odium".472. Ici Donat commente l'ambiguïté portée par les mots du lemme, et nous dit que le sens doit être tiré du contexte. La scholie 3 précise que l'ambiguïté tient à la référence du déterminant qui actualise "nuptiae". Ce n'est ni un démonstratif anaphorique (= "ce mariage dont on a parlé") ni un possessif (= "son mariage à lui, Pamphile"). "Ipse" renvoie à lui-même et non à une autre occurrence intra-textuelle, ainsi la référence doit se faire dans le cadre de l'énoncé plutôt que dans celui du discours.473. Cf. 65, 1 et 150, 1.474. Il s'agit sans doute ici du sens de "pendere" qui renvoie aux constructions grammaticales, comme on parle de "nominatiuus pendens". On a chez Audax l'emploi de ce verbe lorsqu'il est question des modes conjonctif (= subjonctif de subordination) et infinitif (ici, lorsqu'il est objet), donc dans des cas de dépendance verbale (Audacis excerpta de Scauro et Palladio (GL 7, 344) : "coniunctiuus cur dicitur ? quia sine coniunctione aliarum orationum non implet sensum locutionis. si enim tantum dixero cum clamem, pendet sensus et indiget ut compleatur ; adicio cum clamem quare me tacere credis ?, cum loquar, cur me silere dicis ? ideo ergo coniunctiuus modus dicitur, quia coniungit sibi alias elocutiones, ut expleat sensum. infinitus cur dicitur ? quia non explet sensum nisi adiecta alia particula uerbi, ut puta legere : pendet enim sensus : adicis uolo uis uult et imples sensum, legere uolo, legere uis, legere uult" (Pourquoi le conjonctif s'appelle-t-il ainsi ? Parce que sans la conjonction d'autres propositions, il ne suffit pas au sens de la phrase. En effet, si je dis "cum clamem", le sens reste en suspens et requiert d'être complété ; j'ajoute "cum clamem quare me tacere credis ?", "cum loquar, cur me silere dicis ?" et donc ce mode est dit conjonctif parce qu'il se conjoint à d'autres propositions, pour acquérir son sens plein. Pourquoi l'infinitif s'appelle-t-il ainsi ? Parce qu'il n'a pas son sens plein sans qu'un autre élément verbal lui soit ajouté, comme "legere" : en effet, son sens reste en suspens : on ajoute "uolo, uis ou uult", et l'on complète son sens : "legere uolo", "legere uis", "legere uult"). Augustin (Augustini Regulae, GL 5, 510, 24) utilise la même formulation ("pendet sensus") pour les mêmes exemples. Certes, ici ce n'est pas le sensus qui "reste en suspens", mais c'est bien une dépendance à un autre membre de phrase qui est est évoquée. De plus on trouve chez Priscien (Prisciani institutiones, GL 3, 142) ce verbe employé pour la référence des pronoms relatifs : "in omnibus igitur relatiuis pronominibus una eademque est oratio ex supra dicto nomine pendens" (dans chaque pronom relatif, il n'y a qu'une seule et même signification se rattachant au nom cité plus haut) C'est plus proche de ce que l'on a chez Donat, qui veut dire que "ibi" reprend "in ipsis nuntiis". "Pendere" exprime donc aussi bien une dépendance sémantique que syntaxique.475. "Ibi" reprenant le fil du discours avec comme référent "in ipsis nuptiis", on aurait tout aussi bien pu répéter ce groupe nominal, ainsi que le signale le commentateur.476. Le rapprochement se fait en réalité avec la suite du texte térentien "si adesset, eius commiseresceret". Chez Virgile, c'est Diomède qui évoque en ces termes les errances et les souffrances qu'il a subies, lui et ses hommes, au retour de Troie, en raison de la punition divine pour les exactions commises en Troade. Il ne faut donc pas comprendre "hyperbolique" au sens d'"exagéré", mais au sens de "ce qui porte l'émotion au plus haut point".477. Quand bien même elle est en position d'accusatrice, elle aurait pitié de la souffrance de celui qu'elle accuse.478. Cité ainsi le passage virgilien n'a pas grand rapport, mais le poète épique disait en réalité : "Devant de tels récits, qui parmi les Myrmidons ou les Dolopes, quel soldat du cruel Ulysse pourrait contenir ses larmes ?". Citée in extenso, la phrase prend tout son lien avec le contexte. De même que les Grecs pleureraient eux-mêmes les maux des Troyens, de même Bacchis elle-même pleurerait l'infortune de Pamphile, contraint à l'abandonner.479. Le pléonasme est évidemment dans l'ajout après "mecum" de l'adverbe "una" (ensemble).480. L'argument est que Parménon a été témoin direct de ce qu'il va raconter.481. C'est-à-dire du discours de Pamphile que Parménon va rapporter.482. L'usage expressif du nom est souvent indiqué par Donat. Voir par exemple Eun. 95. La répétition intervient au vers 133. Sur le texte proposé, voir la note apposée au texte latin.483. Le mode "dramatique" se définit par le passage au style direct lorsque l'on rapporte des paroles.484. L'exemple est évidemment choisi à dessein, élevant ainsi Pamphile à la hauteur des amoureux mythiques.485. Nouvel exemple de commentaire répétitif et sans doute issu de compilations mal lissées. Le même commentaire constitue la scholie 131, 4.486. Donat souligne la tournure "cum" + abl. ("cum odio") comme complément circonstanciel de manière. Le commentaire dédouble 123, 6.487. Texte assez incertain. Mais on peut comprendre que le "ut ad pauca redeam" censé réactiver l'attention du public a pour but de faire avancer l'intrigue, donc agit pour la recherche de la vérité, du dénouement.488. Car il appréciait Bacchis, au point de ne pas toucher à sa jeune épouse.489. L'emphase est évidemment dans l'opposition entre les qualités de la jeune femme et l'attitude réservée de Pamphile.490. Il semble que la négation "ne... quidem" n'appartienne pas à la citation (le lemme commenté est d'ailleurs "uirginem non attigit", texte qu'on retrouve aussi en 136.1), mais se comprenne plutôt par rapport à "non est amplexatus".491. Le commentaire de Donat est étrange dans la mesure où il semble comprendre "nihilo" comme étant le complément du comparatif "magis" (donc le comparé : "plus que rien"), alors qu'en réalité, il est un complément de manière négatif : "en rien davantage".492. A cause de la substitution de "nihilo" (en rien) au simple "non" attendu.493. Schoell qui conjecture ici "intentio" sur le "in terentio" de la plupart des manuscrits rapproche ce terme du grec "ἐπίτασις", dont "intentio" est le calque morphologique et qui se définit ainsi, quand il ne s'agit pas de l'épitase dramaturgique : addition d'un segment conclusif qui met en évidence quelque chose qui a déjà été dit, ici "cum uirgine" mis en évidence par l'adverbe "una". Ce qui explique peut-être que Donat ait mis ici un mot latin et non le grec c'est que "ἐπίτασις" chez lui ne s'applique guère qu'au nœud dramaturgique et qu'il a voulu éviter une ambiguïté.494. L'"invraisemblable" est dit en grec, peut-être parce que le latin n'a pas de mot pour le dire mais est obligé de passer par une périphrase qui nie le composé "ueri simile". Ici ce qui pourrait être invraisemblable, c'est qu'alors que toutes les circonstances sont réunies pour qu'enfin Pamphile consomme son mariage, il n'en fait rien.495. And. 236, 5 explique de quoi il s'agit.496. Donat fait ici allusion à un très célèbre "exemplum" sans nul doute utilisé souvent chez les rhéteurs. Publius Decius Mus, consul en 295 pour la quatrième fois, et Publius Decius Mus l'ancien, consul en 340, s'étaient tous deux voués à la mort en se jetant au milieu des ennemis pour assurer, par leur consécration aux dieux infernaux, la victoire des Romains.497. Il faut ici entendre "résumé" au sens d'économie de répliques pour se concentrer sur l'essentiel pour la suite.498. C'est-à-dire de la personne de Philotis et, analogiquement, de Bacchis.499. Virgile, Énéide, 4, 361, où Enée se défend devant Didon qui vient d'apprendre qu'il va quitter Carthage. De fait, dans sa défense, Enée dit déjà "sponte" au vers 341. En revanche, il n'y a pas de première occurrence de la forme "inuitus" dans Térence. Notons que la forme "admonet", que Donat utilise dans son commentaire, est utilisée par Enée dans ce même discours au vers 353. C'est peut-être lui qui déclenche le réflexe de la citation virgilienne.500. Il faut comprendre comme dans le passage correspondant de L'Andrienneque le personnage de Philotis presse Parménon d'en venir à la fin de son récit. Voir la scholie suivante.501. Il faut évidemment prendre ici le mot "couleur" dans son sens rhétorique. Il s'agit d'un ornement non nécessaire en soi à l'intrigue, mais qui permet de comprendre pourquoi Pamphile s'est quand même marié, bien qu'il n'eût d'affection que pour Bacchis.502. L'anastrophe consiste ici à antéposer la relative à son antécédent "quam...eam".503. Il s'agit de l'euphémisme "ludibrium" (amusement). Le commentateur anticipe sur la réaction de Philotis au vers 152.504. Cf. 65, 1 et 127, 2.505. Pamphile, qui n'a pas touché son épouse, croit qu'elle est donc vierge ; en fait, elle ne l'est pas, puisqu'elle a été violée naguère par lui-même dans le noir. Mais la formulation est habile : il la rend à ses parents "sans l'avoir touchée et comme il l'a reçue", c'est-à-dire, dans son esprit, "vierge", ou, pour qui connaît l'argument, "aussi enceinte que quand elle est arrivée".506. En réalité, rien ne permet de préciser qui est visé par "pium" et "pudicum". Donat imagine donc plusieurs hypothèses : "pius" peut se rapporter soit à l'épouse de Pamphile qu'il n'a pas déshonorée, soit à Bacchis qu'il a refusé de trahir. "Pudicum" peut se rapporter à la jeune fille dont il pense avoir respecté la virginité, mais aussi à Bacchis dont il a respecté l'amour, même si cette liaison était impossible. On peut donc imaginer soit qu'un adjectif se rapporte à chaque femme, soit que les deux adjectifs se rapportent à chacune d'entre elles.507. De fait, c'est bien Parménon qui parle, mais il rapporte, au discours direct, les paroles de Pamphile.508. Ce commentaire porte sur la référence du pronom démonstratif neutre "hoc".509. Donat insiste sur le contexte ponctuel de cette signification ("nunc"), car d'habitude le terme (et le verbe "uitiare") caractérise la faute du jeune homme, autrement dit le viol.510. Donat donne ici une équivalence entre un adverbe, "denique", et un nom, "mora, -ae" et un groupe nominal "postrema tarditas". "Significat" entre les deux termes semble annoncer une définition par autonyme, puisque ce verbe n'est pas suivi par une proposition ; toutefois il ne peut s'agir de synonymie, puisque les deux termes comparés n'appartiennent pas à la même classe grammaticale. Il ne s'agit donc pas d'autonymes, mais bien de propositions définitoires condensées en un ou plusieurs termes présentés sous la forme d'autonymes. Ainsi "denique moram significat et postremam tarditatem" signifierait "denique signifie qu'il y a un délai et une grande lenteur", ou alors c'est le verbe "significare" qu'il faut voir non comme un marqueur d'autonymie mais un verbe qui signifierait "exprime", "laisse entendre" ; on aurait alors "denique exprime le retard et la grande lenteur".511. Notez l'intégration de l'autonyme par Donat : on a "pro alienato", le cas ablatif dépendant de la préposition, quand on attendrait "pro alienatum", c'est-à-dire "pro" suivi de la forme qu'on aurait trouvée dans le texte.512. Dans la citation, la valeur d'"alienus" est moins nettement celle qu'indique Donat que dans le passage de L'Hécyre.513. Ici Donat commente la différence entre un adjectif qui signifie "étranger", "d'autrui" ("alienus, -a, -um") et le participe passé à valeur d'adjectif tiré d'un verbe "alieno, -as, -are, -aui, -atum" qui signifie "se rendre étranger à", c'est-à-dire qui possède un aspect duratif, progressif. Très logiquement il dit qu'il y a eu amour ("amabat"), donc que l'éloignement doit être considéré comme progressif, et non pas uniquement comme accompli.514. Sur les strates rédactionnelles visibles dans cette série de scholies, voir Bureau (2011b).515. Il s'agit clairement de comparer l'attitude de la jeune épouse de Pamphile avec celle de Bacchis. L'une s'est conduite comme il sied à une femme libre, Bacchis de la manière malhonnête propre à sa condition.516. On peut se demander de quoi il est fait ellipse, à moins de considérer que Donat tient l'infinitif de narration pour une forme d'ellipse.517. Cette ambiguïté repose sur l'interprétation qu'on peut faire du génitif, soit objectif, soit subjectif. Il peut soit s'agit de la pitié "de l'épouse" (subjectif), ou bien de pitié "pour l'épouse" (objectif).518. Telle quelle, cette citation virgilienne se comprend mal. Pour en voir la portée, il faut se souvenir que c'est Didon qui évoque ainsi les malheurs d'Enée qui provoquent sa compassion puis son amour.519. Il ya ici, comme plus haut qualité relative dans la comparaison des deux attitudes. On se souviendra toutefois qu'en droit la "qualitas relatiua" concerne dans le "status" des causes, le fait de se défendre en attaquant la partie adverse, ce qui convient parfaitement à ces deux exemples.520. La citation de Salluste, "quos omnis eadem cupere, eadem odisse, eadem metuere in unum coegit", a été, comme on le voit légèrement simplifiée par Donat.521. Donat pense peut-être ici au Phormion, où Chrémès / Stilphon a une double vie.522. Pour Donat, le genre comique exclut absolument toute forme de mort qui causerait une souffrance telle aux personnages qu'elle nuirait à l'heureux déroulement de l'intrigue. Il faut donc, selon lui, soit que la mort frappe un personnage sans importance, soit qu'elle ait eu lieu il y a longtemps, mais permette de mener l'intrigue à un heureux dénouement. Voir par exemple And. 105, 2 et la note ad loc.523. Donat rappelle ici un principe du droit romain nommé "legitima hereditas". Lorsqu'une personne meurt sans avoir rédigé de testament, ou en ayant rédigé un testament qui n'est pas valide, l'héritage revient aux héritiers légaux, la personne n'ayant pu manifester de choix délibéré dans les héritiers possibles. Ici la mort à Imbrosdu "senex cognatus" (que l'on suppose intestat) fait donc des maîtres de Parménon les héritiers légitimes. Voir Gaius, Inst. 2, 14, 5 et Cic. Inv.2, 21. 524. En réalité c'est évidemment "inuitum" qui porte l'essentiel de la signification qu'analyse Donat, mais le verbe l'intéresse en raison de sa valeur imagée. 525. Donat commente ici le temps du verbe, remarquable car il s'agit d'un présent de narration, c'est-à-dire d'un présent en contexte passé. Toutefois dès le vers 171, la narration est au présent, donc c'est bien une particularité autre que le temps verbal seul qui est commentée ici. Peut-être s'agit-il de sa place en tête de vers, qui lui donne un relief particulier.526. C'est-à-dire qui inaugure un nouveau mouvement, et non un lien causal en l'espèce. On a d'autres remarques similaires avec d'autres particules (And. 310, 2, avec "sed" ; Eun. 347, 1, avec "uerum" ; Pho. 171, 1 avec "et").527. Donat insiste sans doute sur le sémantisme du verbe "se adbdere" (se dérober) plutôt que sur le redoublement du pronom personnel réfléchi "se".528. Car s'il s'était continuellement trouvé chez lui en ville, il aurait assisté aux relations entre Sostrata et Philumène, et n'aurait constaté aucun abus de la part de sa femme.529. La raison en est donnée dans la scholie suivante.530. Cf. scholie 459, 4.531. Le sens que propose ici Donat -et qu'il indique comme un sens particulier- n'est guère convaincant. Il est nettement plus naturel de comprendre avec le sens habituel de l'adverbe "après un moment", voire tout au plus "à un moment donné".532. Là encore, le commentaire de Donat paraît gratuit. Pourquoi ne pas comprendre simplement "de manière étonnante" ?533. Par l'adverbe "proprie", Donat entend "dans le vocabulaire juridique". La "postulatio" est la plainte que la victime adresse à un tiers, l'"expostulatio" celle qu'elle adresse à celui-là même qu'elle incrimine. 534. Donat écrit "postulatio...et quasi ...interpositio querelarum". Le mot "interpositio", dont la matière phonique est assez proche du lemme "postulatio" peut mettre la puce à l'oreille, et nous engager à chercher ici une étymologie qui passe d'abord par une synonymie ("postulatio querela"), puis par quelque chose du genre "*interpostulatio" pour "inter eas postulatio", ou "*interexpostulatio".535. Sur cette série de reformulations, voir la note à la scholie suivante.536. La construction "patior a te" ne fait pas pour autant du verbe un passif, puisqu'il reste transitif direct : "patior aliquid ab aliquo". Mais le verbe "patior" sert à exprimer, terminologiquement, la voix passive, "modus patiendi" ; c'est peut-être ce qui induit Donat à voir ici de l'équivoque (et à le qualifier de "commune", qui signifie ici "pouvant être actif ou passif"). En réalité, l'équivoque porte seulement sur l'identité du sujet de "quit" : "elle ne put plus le supporter" ; la belle-mère ou la bru ?537. "Dies" est, si l'on en croit Donat, un accusatif de date, réputé archaïque, quand un ablatif "diebus compluribus" est attendu. Mais on peut tout aussi bien comprendre "complures dies" comme un accusatif de durée.538. Ce ne serait d'ailleurs guère plus clair avec "quae", car cela ne lèverait pas l'ambiguité de l'idendité sur le sujet de "iubet" que la plupart des traducteurs modernes expriment explicitement : Sostrata.539. Donat donne ici une valeur indéterminée à "quam" en considérant probablement qu'il s'agit non d'une expression lexicalisée "nescioquam", mais bel et bien d'une construction interrogative "lequel, je n'en sais rien".540. Pour refuser de laisser partir la jeune fille on avait donné un prétexte au vers 186, ici il ne s'agit même plus de feindre. On refuse et c'est tout.541. Le commentaire porte sur l'emploi de l'infinitif de destination après verbe de mouvement, tour qu'évite la prose classique, mais qui se rencontre chez les poètes et dans la langue archaïque et tardive. Il ne devrait donc pas troubler les lecteurs de Donat, mais l'ensemble "it uisere ad eam" est plus complexe que ce qu'ils connaissent, soit "it ad eam" soit "it uisere" ; c'est la fusion des deux tours qui appelle la remarque, illustrée par un exemple plus simple de Virgile.542. "Visere" signifie donc "rendre une visite". On sait que, chez Proust par exemple, rendre une visite à quelqu'un ne signifie pas forcément le voir physiquement, mais simplement lui faire savoir qu'on est venu, par exemple en cornant une carte.543. En raison sans doute du préverbe "re-" qui implique que l'on fasse réapparaître quelque chose de caché afin de la savoir.544. "Nondum" et "etiam" signifiant tous les deux "pas encore", il y a pléonasme.545. Sur le bavardage des esclaves de comédie, voir Pho. 41, 3.546. On attendrait "curae est scire" (j'ai le souci de savoir).547. Il n'est pas forcément utile de postuler une citation virgilienne pour cet énoncé, d'autant que le contexte de la citation est très différent.548. Le sens de "conuenire" est ici de toute évidence "professionnel", c'est "fixer un rendez-vous" pour une courtisane. Voir la scholie suivante.549. Non pas dans cette scène précise, mais dans l'ensemble de la pièce. Ici au contraire, Lachès s'en tient aux idées reçues sur les belles-mères.550. Pour cette figure, C donne "inclamatione", qui a le même sens, mais qui ne se trouve guère que dans la langue tardive. On peut imaginer une variation sur le nom de la figure, au fil des pratiques des copistes.551. C'est-à-dire de la situation précise de conflit et non de considérations générales comme le laisserait pourtant paraître "omnes". 552. Comprendre évidemment que c'est "declinatam" qui vient de "declino" et non les synonymes proposés. La question semble être un problème de voix. Normalement "declinatam" ne peut signifier que "qui a été déclinée", or ici il signifie "qui a décliné", ce qui peut troubler les lecteurs de Térence au 4e siècle.553. Cette citation n'a pas de référence chez Wessner. Schoell propose de lire "ut Sallustius" et renvoie aux Histoires, mais rien ne le prouve. Nous n'avons pas d'autre attestation d'un tel fragment du corpus sallustéen.554. Cf. 242.2.555. Amphibologie : Cf. I, 2, 88, note 21. Ici, Donat commente le fait qu'on ne sache pas, de "nurus" ou de "socrus", quel est le sujet et quel est le COD. Toutefois, on constate par la suite que Donat, qui fait souvent référence à ce vers, l'interprète toujours avec "socrus" comme sujet (Cf. 227, 1 et 274, 3 et 4).556. Paradoxalement l'amphibologie est indispensable parce qu'elle marque au mieux la réciprocité du conflit familial entre belle-mère et belle-fille.557. Donat glose sans doute le mot "studium", pour éviter toute méprise sur le sens habituel de son temps d'"étude".558. Cf. 199.559. Cf. 200.560. Par "communia" (communes), comprendre "communes à Sostrata et Philumène". Pour ce qui est d'être femmes toutes deux, c'est évident. Pour ce qui est d'être "socrus" (belle-mère), ça l'est moins... Mais "socrus" est un nom relatif qui implique une "nurus" (bru). Ce qui est donc commun aux deux femmes, c'est le lien familial particulier qui les unit. De plus, Donat avait insisté sur l'ambiguïté de la sentence du vers 201 ("Itaque adeo uno animo omnes socrus oderunt nurus"). Jusque là a priori, on ne peut savoir à qui échoit la faute, et c'est la seconde partie de la scholie qui nous permettra de dire que dans l'esprit de Lachès, c'est bien Sostrata qui est coupable.561. Cf. 203-204.562. Il y a bel et bien conjecture car il ignore la nature exacte du tort qui a été fait à la bru, ce qui fait qu'il ne peut pas accuser "ex re", mais seulement par conjecture.563. L'amplification vient à la fois du passage de la supposition (qu'il existe une école de malice) à la certitude (même s'il n'y a pas d'école, on pourrait en créer une et en donner la direction à Sostrata), et du passage de l'école (donc des élèves) au maître. 564. Il s'agit d'expliquer pourquoi les premiers mots de Sostrata sont si pathétiques, et, en un sens, si contraires au genre de la comédie et à l'image abominable que vient de donner d'elle Lachès. Il s'agit d'une stratégie défensive qui ne préjuge en rien du caractère du personnage.565. Il s'agit de deux emplois de l'adjectif possessif à valeur expressive. Donat remarque à plusieurs reprises l'emploi hypocoristique de cet adjectif (voir par exemple Eun. 95, 2), mais ici, évidemment, cette interprétation le gêne. Il l'attribue donc à une sorte de ton suppliant.566. On distingue entre preuves techniques (tirées de la technique rhétorique, c'est-à-dire de la topique), et les preuves non techniques, les éléments matériels portés à la connaissance du tribunal (voir Quint. 5, 1, 1). Le serment, en tant qu'acte officiel qui dispense d'une démonstration, y entre de plein droit.567. Donat veut dire ici que les Anciens n'avaient pas conscience de l'euphémisme ni du kakemphaton. Il n'y a ici qu'un exemple de l'un ; en effet, Donat lit "non ita me di ament" comme s'il s'agissait d'une seule phrase (alors que "non" est la réponse de Sostrata à la question de Lachès). Dans ce cas, ce souhait ("puissent les dieux ne m'aimer point") relèverait du kakemphaton non pas grossier mais absurde dans sa syntaxe (on attendrait "ne") et d'autant plus étrange que l'on entend "non ita" autrement dit "non oui". Si Donat donne deux exemples de figures ignorées des Anciens, c'est qu'elles sont antithétiques, "εὐ-" s'opposant à "κακ-". Notons enfin que la citation du lemme à la fin de la scholie 3 est différente des autres en raison de la scholie 1, "bene ament", qui survient juste après le lemme "non ita me di". Si Donat recopie correctement le texte de Térence lorsqu'il donne les lemmes aux scholies 2 et 3, cette fois il commet une faute d'inattention.568. "Itaque" est constitué de "ita", particule exprimant la manière, et "-que", conjonction de coordination. Il peut donc se comprendre comme "et ita" et non comme l'adverbe "itaque".569. Donat complète ici, avec "ut" + une reformulation du texte de la pièce, le verbe "prohibere".570. La définition de Donat n'est pas limpide. L'une des parties promet d'apporter une preuve non technique, quand elle redoute que l'autre partie ne parvienne à emporter la conviction des juges par de simples preuves techniques. Cette figure est ainsi définie par Isidore, Etym. 2, 21, 44 : "Epangelia est promissio, qua iudicem adtentum facimus, pollicentes nos aliqua magna aut minima dicturos" (L'épangélie est une promesse par laquelle nous rendons les juges attentifs en promettant que nous dirons des choses grandes ou très petites).571. Il s'agit du pupille du questeur Caius Malléolus, que Verrès a spolié de son héritage, mais on voit clairement que la phrase de Cicéron vise, comme d'ailleurs la suivante, à une généralisation.572. Dans cette citation, les éditions modernes donnent "paruos" (en bas âge) et non "omnes".573. Dans son édit de préteur, Verrès avait tourné les choses de telle façon qu'il faisait droit à ses comparses pour spolier de son héritage Annia, fille de Publius Annius.574. Pour bien comprendre cette citation, il faut la situer dans son contexte. Cicéron écrit : "Nam cum more maiorum de seruo in dominum ne tormentis quidem quaeri liceat, in qua quaestione dolor elicere ueram uocem possit etiam ab inuito, exortus est seruus qui, quem in eculeo appellare non posset, eum accuset solutus" (de fait, alors que la coutume ancestrale ne permet pas de chercher le témoignage d'un esclave contre son maître même sous la torture, torture lors de laquelle la douleur pourrait lui arracher la vérité même malgré lui, voici qu'un esclave vient en pleine liberté accuser celui qu'il ne pourrait même nommer au milieu des douleurs de la torture !). On comprend alors l'impudence de ce témoignage spontané.575. Commentaire morphologique assez intéressant : d'une part C donne "exorare" pour "exorere", d'autre part tous les mss. donnent ensuite "existas". Or il semblerait que "exorere" au vers 213 de L'Hécyre soit la seule attestation d'une telle P 2 indicatif présent de "exoriri" (la forme attendue est "exorire"), ce qui peut expliquer que C ne connaisse pas la forme et la corrige en "exorare" (P 2 indicatif présent passif de "exoro", mais cela ne se comprend guère dans le texte de Térence, et n'a aucun rapport avec le verbe "exsistere" donné comme synonyme). En outre, si la reformulation de la scholie 1 laisse supposer que Donat lisait un indicatif (par exemple la variante manuscrite "exorere", qu'il cite ainsi plus bas dans la scholie 223, 2), ici et le lemme et sa reformulation postulent un subjonctif.576. Il y a une certaine familiarité à apostropher Sostrata en lui disant "toi femme", puisque c'est ainsi qu'un mari s'adresse à son épouse, mais l'absence de toute note hypocoristique dans cette adresse souligne le ton exapséré de Lachès.577. La citation explique en réalité ce commentaire assez confus qui repose sur une "differentia" entre "lapis" et "saxum" que le français rend tous les deux par "pierre". Pour Donat la différence porte sur l'usage que l'on fait de la pierre. Quand la pierre sert de projectile elle se dit "lapis" sinon "saxum". Chez Virgile, il s'agit de pierres de construction.578. Il y a plusieurs remarques à faire sur cette scholie. D'une part, les éditions consensuelles de Plaute donnent "circumtentus", de "circumtendo", et non "circumtectus", de "circumtego", qui n'est attesté que chez Dictys de Crète et par la Vulgate. Wessner ne nous dit rien sur ce texte. D'autre part, le vers suivant de Plaute, 236, est "neque habet plus sapientiae, quam lapis", ce qui est une autre attestation de la métaphore dépréciative de "l'homme-pierre" qu'utilise Térence, et dont Donat nous dit qu'elle vient d'Apollodore (scholie suivante, 214, 5). Sans doute Donat a-t-il ce vers de Plaute à l'esprit lorsqu'il entreprend de commenter le vers 214 de L'Hécyre, mais il lui évoque une autre figure employée par le dramaturge, l'ajout de "non hominem", insistance qui témoigne de l'irritation de Lachès ("de stomacho") ; on trouve en effet chez Plaute, avec le "non suo" du vers 235, la même figure d'insistance. Ce phénomène stylistique présent dans les deux comédies lui a sans doute fait oublier que les vers de Plaute devaient en premier lieu servir d'illustration à "lapidem putas".579. L'aspect du caractère de Lachès ici mentionné est sans doute son irritation constante à l'égard de Sostrata, qui, pense-t-il, prend l'ensemble de la famille pour des imbéciles.580. On pourrait aisément comprendre aussi le personnage est cohérent avec lui-même, mais ce serait un contresens, car ce n'est pas Lachès qui a dit "rus abdidit sese", mais Parménon.581. Remarque portant sur la morphologie. Donat remarque une forme thématique concurrente à la forme classique, athématique, du pronom personnel partitif de 2e personne du pluriel. Donat lève en même temps une ambiguïté car on devrait comprendre "chacun des vôtres" et non "chacune de vous deux", d'autant que Térence utilise un pronom "quisque" au masculin.582. Par exemple, Plaut. Aul. 321 : "sed uter uestrorum est celerior? " (mais lequel de vous deux est le plus rapide ?).583. En réalité ce que commente ici Donat est plutôt la fin du vers "ego ero fama foris", où Lachès envisage très sérieusement les ravages que l'attitude de Sostrata peut faire sur la réputation de sa maisonnée.584. Le commentaire n'est pas limpide et le texte n'est pas absolument sûr. Lachès emploie "odium" alors que, dans des relations familiales normales, on attendrait "amor". Mais Donat avec "pro merito" remarque que ce qui est normal et mérité entre une belle-fille et sa belle-mère, l'amour, Sostrata, par ses méchancetés, ne l'a pas mérité. Elle est donc récompensée dignement de sa malignité.585. Le texte ici est particulièrement délicat et sans doute largement corrompu dans les manuscrits.586. Par "id est", Donat explicite ce que n'a pas cru ("non credidi") Lachès.587. Le rapport entre cette citation et le présent passage est assez flou. Ce qui peut l'expliquer est que Simon s'en prend à son esclave au lieu de s'en prendre à son fils.588. Ici évidemment le rapport est manifeste, la situation étant quasiment identique.589. Donat commente la mauvaise foi de Lachès : il semble se sacrifier en allant à la campagne, mais Donat suggère qu'il le fait par plaisir (Cf. discours de Parménon).590. Lachès grossit ainsi sa faveur, en multipliant le nombre des bénéficiaires.591. Dans "pro qualitate sua", le réfléchi renvoie, comme de juste, au sujet de "seruire" ; selon la nature de la personne en relation avec le bien, "elle lui commande" (et l'argent est en relation de servitude envers elle, soit sujet du verbe "seruire") ou en est dépendante (et est dans une relation de servitude à l'argent, soit sujet du verbe "seruire"). Donat insiste dans cette scholie sur la nuance de sens que peut prendre le verbe "seruire" selon qu'il est en bonne ou mauvaise part ("servir quelque chose en vue d'un profit" ou "être en état de servitude"), ainsi que, de façon plus sociologique, sur le rapport des hommes à l'argent selon leur appartenance sociale.592. La maxime horatienne est indépendante de son contexte, et c'est bien ainsi que Donat la remploie.593. Le commentaire porte donc, ainsi qu'à la scholie 1, sur l'accord de proximité de l'adjectif avec le premier substantif et lui seul : "hanc uitam urbanam et otium, uestros sumptus et otium". Et dans les deux références, le second substantif se trouve être "otium".594. Donat précise clairement que le monde de la comédie est celui des gens modestes, alors que les grands de ce monde paraissent dans la tragédie. Sur cette partition voir Evanthius 2, 6.595. Le contexte est ici amusant, car Donat choisit pour les récriminations de Lachès un passage où Enée plaint son propre père, Anchise. Lachès y trouve évidemment une nouvelle dignité.596. Donat ne demande pas à Sostrata de rendre heureux son mari, car il sait qu'elle en est incapable, puisque, comme il l'a noté, l'amour entre eux s'est éteint, mais, au moins, qu'elle évite de le tourmenter. La "cura", terme érotique bien connu pour désigner "les soins" des amants pour leur belle est ici détournée et ramenée à son contenu le plus trivial.597. Cette "differentia", dont Donat n'est pas absolument certain, ne se rencontre pas chez Isidore qui en Diff. 412 nous dit "operam quae sit, opera quod fit" ("opera", c'est ce qui est, "opus", c'est ce qui se produit).598. Il n'y a pas de contradiction entre les scholies 229, 1 et 229, 2 et 3. Donat dit d'abord (229, 1) que "sola" ne peut signifier ici que Sostrata était seule physiquement, puisque sa bru était là (mettons que Pamphile était en voyage). Puis (229, 2 et 3), Donat dit que "sola" s'entend "seule à la tête de la maison", et qu'ainsi le fils et sa femme, qui n'ont pas d'autorité sur la demeure paternelle, peuvent bien être présents, cela ne change rien.599. Sur l'usage des noms propres, voir par exemple Eun. 327, à confirmer par l'apparent contre-exemple de Eun. 823. Sur d'autres aspects du nom, voir par exemple Eun. 871.600. Le rapport entre la scholie et la citation n'apparaît pas immédiatement ; en effet, la reine Amata s'adresse à Turnus seul, et utilise une 2e personne du singulier de l'impératif. En fait, Servius auctus nous donne le lien en commentant : " et alibi pluralem pro singulari, ut "desiste manum committere Teucris", cum solus esset Aeneas" (et ailleurs pluriel pour singulier, comme "desiste manum committere Teucris", alors qu'Enée est seul en cause). C'est donc "Teucris" qui est un pluriel pour un singulier, et non la forme du verbe.601. On se demande si Donat commente ici la reprise de l'apposition "te sola Sostrata" (v. 229) par le pronom personnel de 2e personne pluriel, "uos" (v. 230), qui aurait exactement le même référent, et serait en cela une figure à lui seul (pluriel pour singulier) ou s'il remarque juste la proximité physique de deux pronoms de P2, l'un singulier, ayant pour référence la seule Sostrata (c'est le cas de le dire), l'autre pluriel, renvoyant à Sostrata et à Philumène.602. Donat commente évidemment le "dices" de Lachès, qui suppose ce que Sostrata va dire pour sa défense.603. Voir 206.604. Le renvoi de Sostrata à la figure de Verrès, le corrompu malfaisant, est évidemment voulu pour déconsidérer encore le personnage.605. Jeu de mots difficile à rendre dans le commentaire. "Delinquere" qui signifie "commettre un délit", signifie également "faire défaut", avec le sens propre de "linquere" (laisser). Ici l'idée est que plus Sostrata dépense de malice, plus elle en a.606. Ici de toute évidence, il faut voir une trace de compilation, les commentaires se faisant extrêmement répétitifs.607. On peut se demander si Donat a raison sur la condamnation de la reformulation, mais il a certainement raison sur celle de l'ironie, car Lachès parle tout à fait sérieusement.608. Sur la dérivation de la cause, voir And. 820., et Pho. 281, 4.609. Commentaire qui porte sur l'emploi de "plus", car "cum... una …" est habituel, et très présent chez Térence. Cet emploi de "plus" au lieu de "diutius" peut appartenir à la langue populaire.610. Comprendre "sinon parce que tu es odieuse, et que personne ne voulait plus te voir dans cette famille".611. Cf. note apposée au texte latin. Il s'agit, exceptionnellement, d'un commentaire de métrique.612. Donat fait ici l'étymologie de l'adverbe "oppido", en expliquant qu'il vient du datif du nom "oppidum", complément du verbe "sufficere". Lorsque la production agricole suffisait "à leur consommation" ("sibi") et "à celle de la ville" ("oppido"), c'est que la récolte était abondante, d'où le sens de l'adverbe. L'étymologie est aussi chez Festus (201, 9 Lindsay) : "Oppido ualde multum. Ortum est [autem] hoc uerbum ex sermone inter se confabulantium, quantum quisque frugum faceret, utque multitudo significaretur, saepe respondebatur, quantum uel oppido satis esset. Hinc in consuetudinem uenit, ut diceretur oppido pro ualde multum. Itaque si qui in aliis rebus eo utuntur, ut puta si qui dicat oppido didici, specatui, ambulaui, errant, quia nulli eorum subici potest, uel quod satis est" ("Oppido" signifie "ualde multum" (vraiment beaucoup). Ce mot vient du discours tenu par ceux qui s'entretiennent de l'importance de la récolte de chacun, et pour exprimer l'abondance, souvent on répondait qu'il y en avait autant que de nécessaire pour la ville ("oppido"). De là on a pris l'habitude de dire "oppido" pour "ualde multum". Ainsi si quelqu'un utilise "oppido" dans un autre contexte, comme par exemple si quelqu'un dit "oppido didici", "oppido spectaui", "oppido ambulaui", il se trompe, parce que à aucun de ces exemples on ne peut joindre "uel quod satis est" (c'est-à-dire autant que nécessaire)).613. Donat veut dire qu'il faut rattacher pour le paradigme "uestrarum" à l'adjectif possessif "uester", mais, pour le sens, au pronom de deuxième personne du pluriel "uos" dans son génitif partitif "uestrum".614. "Quin" est difficile pour les élèves de Donat et il s'attache à chaque emploi à préciser ce qu'il veut dire, voir 65.615. Comprendre "contre l'espèce que constitue la catégorie des belles-mères".616. Cf. 201, 1.617. Noter l'intégration en latin de l'autonyme "impulsu", au génitif car senti comme complément du nom "repetitio".618. Ce qui intéresse Donat est évidemment la répétition expressive et le chiasme.619. Sur les couleurs, voir 146.620. Donat commente ici un jeu de scène induit par le fait que Philumène, qui est une jeune fille libre, ne doit pas parler sur le théâtre pour ne pas contrevenir aux bienséances. Il faut donc que Phidippe s'adresse à elle en sortant de la maison, pour pouvoir lui parler quand même sans qu'elle paraisse.621. Le rapprochement est particulièrement pertinent puisque Les Adelphes pose précisément clairement la question du type d'éducation, sévère ou coulante, qu'il faut donner aux adolescents.622. Ce commentaire est étrange dans le contexte, et cette généralité s'applique bien mal à la situation. Donat semble dire que tout écart par rapport au strict usage de ses droits est un aveu de faiblesse, ce qui en un sens est la situation de Phidippe, mais, en même temps, le vieil homme se montre comme il l'a dit "mitis" et donc sympathique.623. Il y a sans doute ici plusieurs strates de texte, mal combinées par le compilateur.624. Donat dégage clairement deux sèmes complémentaires dans le mot "libido". D'un côté cela implique la volonté ou le désir, de l'autre côté, cette volonté ou ce désir s'exercent de façon déraisonnable ou désordonnée.625. Malgré sa douceur, Phidippe est sensible au scandale de la situation, c'est pourquoi il ne peut considérer l'acte de Philumène comme relevant du raisonnable ("uoluntas") et le renvoie au caprice ("libido").626. Comprendre à la place de "ex hoc". C'est par exemple le texte du Codex Bembinus, les Iouiniani ayant "ex hoc".627. L'absence de déterminant au segment "quid siet" invite en effet à suppléer un tour du genre "de + abl." (" ce qu'il en est de..."), mais la refomulation de Donat est bien plus abrupte, littéralement "ce qui est de l'affaire, ce qui est de la bru".628. Comme à son habitude, Donat recrée une situation judiciaire : Lachès est le demandeur, et Phidippe l'accusé d'avoir cédé à sa fille et provoqué un scandale.629. C'est-à-dire reposant sur la comparaison des caractères des deux parties. En même temps, on voit bien que Donat sent derrière cette "causa" (Phidippe a -t-il eu raison de céder à sa fille ?) une "quaestio" d'ordre général (faut-il être à ce point indulgent envers ses proches ?).630. Donat remarque que la première proposition est une subordonnée conjonctive introduite par "etsi", il attend donc dans la principale un adverbe qui lui réponde "tamen", or la seconde proposition est introduite par une conjonction de coordination, qui relie en réalité une principale et sa subordonnée, ce qui choque nettement le grammairien.631. Dans la majorité de ses emplois, l'adverbe "eia" marque l'étonnement, mais souvent avec une idée d'encouragement.632. Car deux adverbes de sens identique se succèdent, Donat se souvenant que "uero" signifie à l'origine "vraiment".633. Comprendre qu'il faut faire de "itidem" le corrélatif de "ut".634. C'est le moment de son discours où Lachès établit les griefs qu'il a contre Phidippe et les siens : 1- l'attitude du vieillard est indécente, 2-elle est hypocrite.635. C'est le nœud du débat. Phidippe a évidemment le droit de conserver une vie privée qui ne regarde pas Lachès, mais il doit se donner comme limite de ne pas remettre en cause les engagements envers Lachès et les siens qu'il a lui-même pris en mariant sa fille.636. La "purgatio" appartient à la "concessio", c'est-à-dire aux cas où nous reconnaissons la faute qui nous est reprochée, mais tentons de réduire notre culpabilité (Cic. Inv. 2, 94). La "refutatio" au contraire consiste à démonter entièrement l'accusation sans accepter de reconnaître la moindre responsabilité dans le délit (Cic. Top. 93, 1).637. En effet, des trois états de la cause, "conjectural, légal, juridiciare", seul le premier permet la réfutation, car dans les deux autres, il faut que les deux parties soient au moins d'accord sur l'existence des faits, puisqu'on va s'appuyer sur l'examen des faits à la lumière de la loi, ou sur leur examen à la lumière des justifications possibles de l'acte (Cic. Inv. 1, 18-21).638. En ce qu'elle implique que derrière les enfants mariés toute la famille agit en sous-main.639. On peut se demander à quoi sert cette citation, sinon à montrer un autre exemple de l'ablatif absolu avec "iudice". La citation peut toutefois servir à rappeler qu'il ne s'agit pas d'un vrai procès, mais d'une comédie, et que les personnages "jouent au tribunal" pour exposer leurs griefs, comme dans la fiction littéraire virgilienne.640. Donat réfléchit sur la qualité du juge Phidippe qui peut être "juge et partie" de deux manières. Soit parce qu'il a quelque chose à se reprocher, soit parce qu'il en veut à Lachès. Dans les deux cas il favorisera son camp, pour se protéger ou pour nuire à son adversaire.641. Car il s'agit de souligner que la jeune femme serait parfaitement bien soignée chez son mari et n'a donc pas besoin d'aller chez ses parents. Insinuer le contraire serait donc calomnier la maison de Lachès.642. Donat signale qu'une complétive niée après un verbe de crainte (ici "metuere") peut être introduite par "ut" au lieu de l'habituel "ne non". Ce tour n'est sans doute pas familier à ses lecteurs car il le signale à plusieurs reprises (Ad. 627, 1 par exemple).643. Donat signale la portée de l'adverbe "satis" qui, malgré l'ordre des mots, porte non sur le verbe "metuis" (tu crains suffisamment), mais sur l'adverbe "diligenter" (assez attentivement).644. Donat comment ici l'emploi du datif "illi", qu'il compare à "liberis", dans une situation qui expose des liens de parenté. L'absence de tout contexte pour ce fragment connu par cette seule attestation interdit de pousser plus loin le rapprochement.645. Le raccourci est loin d'être aussi évident dans le texte de Térence que dans l'emploi de "nate" comme équivalent d'une subordonnée concessive. Donat veut sans doute que l'on comprenne "même s'il est vrai que, parce que tu es son père, je devrais te l'accorder".646. Aimer sa bru pour elle-même pourrait en effet laisser croire à des sentiments troubles de la part du beau-père.647. Cf. la scholie précédente : Lachès dit que son fils aime sa femme, et c'est pour cette raison que lui aussi l'aime ("causam sui amoris"), puisque Donat nous a dit que c'était la seule raison pour laquelle un beau-père doit, selon les convenances, apprécier l'épouse de son fils.648. Donat cite les paroles de Parménon précédemment prononcées confirmant l'amour de Pamphile pour sa femme. 649. Parce que tous deux l'aiment comme il se doit, en respectant la place que chacun doit tenir.650. En réalité Donat commente plutôt ici la fin du vers.651. C'est-à-dire comme l'a fait Lachès dans la réplique précédente.652. Le "remotiuus status", ou la "remotio criminis", est le procédé par lequel, tout en admettant une faute, on la fait retomber sur quelqu'un d'autre. Cf. Cic. Inv. 1, 15 ; 2, 71 ; Quint. 7, 4, 13-14 ; Isid. Etym. 2, 5, 6. Voir aussi H. Lausberg, D. E. Orton & R. Dean Anderson, Handbook of Literary Rhetoric, Brill, Leiden, 1998, § 183-185, p. 77.653. La "relatiua qualitas", ou la "relatio criminis", est le procédé par lequel, tout en admettant une faute, on en fait retomber la responsabilité sur la victime. C'est le cadre de la légitime défense : "je l'ai certes tué, mais il me menaçait". Cf. Cic. Inv. 2, 71 ; Quint. 7, 4, 18. Voir aussi H. Lausberg, D. E. Orton & R. Dean Anderson, Handbook of Literary Rhetoric, Brill, Leiden, 1998, § 179-180, p. 75.654. Comme à plusieurs reprises déjà, Donat souligne que les personnages de cette pièce représentent en fait des "familiae" aux intérêts divergents.655. L'antapodose est une réponse qui correspond, membre par membre, à l'argumentaire de l'adversaire.656. Cf. v. 258, "ita me di ament".657. Phidippe en appelle à la confiance de Lachès, ce qui est évidemment plus adroit que de prononcer un serment, car cela implique une réaction de son adversaire. Si Lachès lui refuse sa confiance, c'est lui qui se mettra en faute.658. Commentaire semblable en Eun. 44.659. Donat commente ici la valeur intensive du préverbe.660. Au sens propre "perduro" signifie "endurcir", et Donat joue donc sur le double sens de "perdurare" "endurcir" ou "tenir le coup". Philumène n'a pas pu s'endurcir assez pour résister à Sostrata car elle est une faible femme ("muliebriter"), et donc, elle n'a pas tenu le coup devant l'attitude odieuse de sa belle-mère.661. S'il avait dit "tibi", il mettait directement en cause Lachès, en généralisant, il refuse toute attaque "ad hominem" et donc dilue la faute.662. Donat oppose l'expression "animo leni natus" à "animo leni", en disant que la première est complète alors que la seconde est elliptique. Nous ne dirions sans doute pas cela, car le syntagme "animo leni" se suffit à lui-même, comme complément de qualité à l'ablatif.663. Et qui, de ce fait, contribue à la "purgatio" de Phidippe.664. Donat nous dit ici que l'interjection de Lachès à Sostrata comprend, de façon tacite, le rappel des paroles qu'elle a proférées au vers 228, lorsqu'elle disait que rien n'était de sa faute ; Phidippe dit de même, ce qui revient à dire qu'il faut trouver le coupable, donc remettre en question l'affirmation de Sostrata.665. Il s'agit sans doute de protéger les poètes y compris comiques contre l'accusation d'"eloquentia canina" (diffamation). On sait que la protection de la réputation des personnes est un des fondements du droit des citoyens romains.666. La citation de Virgile fait allusion aux belles-mères empoisonneuses, ce qui pourrait passer pour l'exact contraire de ce que dit ici Donat, mais ce qui intéresse le grammairien, c'est "saepe" et "malae" deux modalisateurs qui impliquent que toutes les belles-mères ne sont pas mauvaises et que toutes les mauvaises belles-mères ne sont pas, pour autant, des empoisonneuses (au moins au sens propre).667. Autrement dit une belle-mère qui n'est pas méchante est si rare que, pour que l'on croie que Sostrata n'est pas l'horrible personne décrite par Lachès, il faut au moins un serment.668. Donat ajoute "in eo" pour éviter l'anacoluthe entre "quod me accusat nunc uir" et "sum extra noxiam".669. Cette proposition de Donat confirme qu'il veut éviter l'anacoluthe entre principale et subordonnée, puisque "propter quod" peut à la fois être le complément de "accusat" et de "sum extra noxiam".670. Sur les noms relatifs voir la note à Ad. 31.671. Même si l'énoncé "inducere animum" n'est pas familier aux auditeurs de Donat, la reformulation qu'il en propose (à supposer que le texte ne soit pas corrompu) est pour le moins confuse et sans intérêt explicatif réel.672. Le serment complet est en réalité "ita me di ament" en 276.673. Donat signale ici un emploi peu fréquent de "qui", non pas pronom relatif mais adverbe interrogatif indirect, ancien ablatif de "quis", signifiant "comment".674. Que Sostrata attende le retour de son fils n'a rien de troublant, mais comme Térence écrit qu'elle l'attend "multis modis", Donat se demande ce que veut dire cet ablatif. Il sert en réalité à montrer que Sostrata n'est pas seulement une bonne mère, mais une mère particulièrement anxieuse.675. Une nouvelle fois, Donat se préoccupe de la conformité générique. Le vocabulaire (par exemple l'adjectif "acerba" de ce premier vers de la scène), l'hyperbole ("personne plus que moi"), le ton exclamatif, l'allusion au suicide du vers 282, etc., tout concourt à donner un ton para-tragique à cette entrée de Pamphile. Donat veille donc à dédouaner son poète de s'être trompé de genre : tout cela naît de l'amour, et nous sommes donc bien dans la caractérologie du jeune amoureux de comédie. Notons l'hésitation intéressante des mss. sur le mot "conturbati" : il semble que le ms. Cujas, perdu pour nous, ait porté la leçon "coturnati", ce qui revient à dire "tragici" puisque le cothurne est un accessoire emblématique de la tragédie. Du coup, il semble que le tour "coturnati et tragici" fasse pléonasme. Nous avons adopté la leçon "conturbati" des mss. que nous possédons et supposons que l'adjectif, dans son rapport à "tragici", signale le trouble et l'agitation des sentiments. Notre traduction par "pathétiques", un peu forcée sans doute (on a pensé aussi à "passionnés"), veut rendre compte de la relation explicite que les Latins font entre la famille de "turba" (et surtout "perturbatus", "perturbatio") avec la famille de πάθος dans le vocabulaire des passions. Voir par ex. Cic. Fin. 3, 35 ; Tusc. 3, 7 ; 4, 10 ; Off. 2, 18 ; Or. 128, etc.676. Donat signale ici une phrase nominale à l'accusatif exclamatif et précise qu'elle est auto-suffisante, représentant à elle seule un argument. En quelque sorte, la valeur illocutoire de l'énoncé exclamatif est suffisante pour marquer la plainte. Sur ces énoncés, voir Vairel-Carron 1975.677. Donat distingue deux formes de parfait pour le verbe "parcere", "parsi" et "peperci", dont il répartit l'emploi selon les différentes dénotations du verbe. Les deux formes existent bien (ainsi qu'un sporadique "parcui"), "parsi" étant apparemment utilisé chez les auteurs archaïques, mais il n'est pas sûr que la distinction d'emploi soit fondée. Diomède (GL 1, 368, 7 sq.) signale une differentia autrement critérisée : "sic enim melius ueteres, parsi, declinant. nam parsimoniam, non parcimoniam dicimus. uolunt autem quidam grammatici differre, ut parsi semel quid factum significet, peperci autem et semel et saepius" (C'est ainsi que les Anciens, à meilleur titre, conjuguaient au parfait "parsi". Car on dit "parsimonia" et non "parcimonia". Mais certains grammairiens sont d'avis que la différence entre les deux formes c'est que "parsi" se dit d'un événement ponctuel, "peperci" d'un événement soit ponctuel soit répété). C'est aussi l'avis de Charisius (Charisii ars, K. Barwick 1964²: 390, 25).678. Trace de la mise en scène imaginaire que se fait Donat du texte.679. Cette réflexion de Pamphile est celle de l'homme touché par l'adversité qui évoque une autre forme qu'aurait pu prendre sa vie, d'où le terme de "comparatio" employé par Donat. Il y a, de toute façon, une comparaison syntaxique ("quanto... quam") qui justifie à soi seule cette remarque.680. Le caractère hyperbolique de la "haine de l'endroit" est, chez Virgile, marqué par le fait que l'auteur de cet énoncé est un Grec, Achéménide, qui préfère aller ailleurs avec ses pires ennemis, les Troyens, y compris à la mort, plutôt que de rester dans l'île où l'ont abandonné ses compatriotes.681. Dans le groupe "ubiuis gentium", le génitif partitif (qui connaît des variantes, dont "terrae") est en effet inutile, comme "au monde" dans "personne au monde" ou "n'importe où au monde". Donat fait cette même remarque en Ad. 540, 4.682. Le propos de Donat porte sur la comparaison qu'il y a entre "hancine uitam" et "ubiuis gentium" (cf. scholie 284, 1, et sa note), et le grammairien met sans doute en valeur pour ses élèves l'opposition entre le démonstratif de première personne "hanc" renforcé par la particule interro-exclamative "-ne" et l'indéfini "ubiuis" : de la remarque auto-centrée ("cette vie qui est la mienne"), spécifique et déterminée, on passe à une généralisation indéterminée.683. On remarque que Donat est à nouveau ennuyé par la couleur tragique que peut prendre le début de cet acte III. Il s'attache donc à démontrer que le ton général de la pièce n'est pas altéré ici, n'ayant pas vraiment conscience du paratragique qui peut se glisser dans la comédie (Cf. scholie 281, 5). Il va jusqu'à reformuler une remarque qu'aurait pu faire Pamphile s'il avait été personnage tragique, se souvenant que Pamphile revient en effet d'un voyage à Imbros dont il est revenu en bateau. Mais sa reformulation ne va pas jusqu'à essayer de remplacer le texte térentien par une structure métrique équivalente.684. Nouvelle touche de la mise en scène psychologisante que Donat se forge.685. On observe en effet dans le texte de Térence une rupture de construction : "nos omnes", repris par le relatif "quibus" dans la relative qui suit ce syntagme, ne peut être sujet ni COD de la principale ; il lui est rattaché très librement, d'où les propositions de Donat ("apud", "penes" dans la scholie suivante, deux prépositions à même de justifier un accusatif, ou datif d'intérêt. Il s'agit d'un emploi de "nominativus pendens", comme dans l'exemple cicéronien qui suit, dans la scholie 4).686. Peut-être Donat veut-il dire que le syntagme "nos omnes" est bâti sur le modèle de "me" dans la phrase précédente. Ce serait donc un accusatif (et non un "nominativus pendens"). Puis le poète aurait changé d'idée, laissant le syntagme sans fonction réelle dans la phrase en cours.687. Voici donc l'explication théorique de Donat face à ce problème de construction. Nous aurions peut-être plus volontiers qualifié cette figure d'anacoluthe mais Donat doit entendre par syllepse que le discours obéit à la pensée plutôt qu'aux règles grammaticales. De fait, il propose de comprendre que le syntagme "nos omnes" a dans la principale la fonction du relatif qui le représente dans la subordonnée.688. Reformulation embarrassée. Il faut probablement comprendre, ici, que "hoc est" et sa suite font partie de la reformulation. Ainsi exprimé, l'énoncé donne à peu près raison à "nos omnes" (ici sans doute pensé comme un nominatif), introduit par "hoc est", "c'est-à-dire nous", avec les pronoms en position d'attribut de "hoc". Mais le latin ne s'exprime pas ainsi : dans une structure d'explicitation en "id est" (ou "hoc est"), le syntagme qui vient en reformulation se met au cas où on l'attend dans la phrase et c'est plutôt "hoc est nobis omnibus" qu'on attendrait dans cette reformulation. Cf. Nicolas (2005, p. 26).689. Cicéron, Mur. 26. Notons que Donat raccourcit la citation ("Praetor interea ne pulchrum se ac beatum putaret atque aliquid ipse sua sponte loqueretur, ei quoque carmen compositum est" etc.). Dans cet exemple, "praetor" est à coup sûr un "nominativus pendens", alors que "nos omnes" peut être pensé comme un accusatif. On a le sentiment que Donat hésite : accusatif induit analogiquement par le vers précédent (scholie 2) ou par l'ellipse d'une préposition gouvernant l'accusatif (scholies 1-2), ou syllepse de cas ("nos omnes", accusatif ou nominatif ?, mis pour un datif). La comparaison avec le tour cicéronien semble l'analyser cette fois assez clairement comme un nominatif.690. La remarque vaut pour la citation de Cicéron ("praetor... ei"), non pour celle de Térence, dans laquelle il n'y a pas de reprise au bon cas du segment "nos omnes".691. Le texte grec avait dans le ms. Cujas une forme peu claire, mais on le trouve aussi dans VK, très lisible et à peu près conforme à ce que que nous éditons avec Wessner, sauf pour le dernier mot, lu "κινυχηκοτεσ" chez K et "κιγιχηκοτεσ" chez V). Tel que l'a reconstitué Sabbadini et que l'édite Wessner, il constitue deux trimètres iambiques. Le rapport au texte térentien est évident sur le plan sémantique. Mais peut-être l'est-il aussi sur le plan syntaxique : alors qu'il vient de s'acharner sur la syllepse de cas de Térence, Donat dit "et tout cela est chez Apollodore". Tout quoi ? Le sens ? Ou aussi la construction ? En effet, peut-être Donat fait-il implicitement remarquer dans le grec une syllepse de personne, avec un énoncé qui part comme une généralité de troisième personne du pluriel ("οἱ γὰρ ἀτυχοῦντες", les malchanceux) pour continuer à la première du pluriel, dans une sorte de rupture qu'à sa façon Térence aurait voulu imiter.692. Il s'agit sans doute de relever un tour en anacoluthe (voir la scholie suivante) dans lequel le premier élément ici commenté pourrait à la limite fonctionner indépendamment, la relation entre "nos omnes" et "lucrum est" n'étant pas grammaticale, puisqu'on attendrait "nobis omnibus". Il faut donc comprendre que le segment "nos omnes...labos", représenté inexactement par le lemme, est indépendant de la construction de la suite, dont il dépend cependant pour le sens.693. Le texte est ici difficile à établir : voir la note apposée au texte latin. L'anacoluthe, si c'est bien de cela qu'il s'agit, peut soit porter sur l'ensemble des vers 286-287, et non pas spécifiquement sur "rescitum est", ici donné à titre d'indice textuel relatif, ou, pourquoi pas ?, porter effectivement sur cette forme verbale. En effet, le pronom neutre "id" paraît reprendre le masculin "labos" de la relative qui précède, dans une certaine rupture de construction, que d'ordinaire Donat appelle syllepse (alors qu'il appelle en général anacoluthe ce qu'il a appelé syllepse dans le vers précédent...) : ainsi si en français nous traduisions "nous à qui une peine est imposée, tout le temps qui se passe avant que cela soit découvert..." (au lieu de "avant qu'elle soit découverte"). Cela étant, voir la note apposée au texte français de la scholie suivante.694. Cette glose très ramassée est curieuse. Les manuscrits n'ont d'ailleurs pas l'intégralité du lemme, le "at" du début ayant été parfois absorbé dans la lacune qui précède et qui concerne un segment écrit en grec. Mais même telle quelle, elle pose un problème d'interprétation. Sans doute Donat signale-t-il ici que "at" équivaut à "sed" (ce que l'on sait évidemment). Comprenons qu'il veut dire qu'en toute correction il devrait y avoir "sed". Mais, plutôt que "sed", c'est bien "at" qu'on attend, au sens de "oui, c'est vrai, mais" en début de phrase et même en début de réponse. Du coup, il est possible que le texte soit corrompu et que cette pseudo-glose "(AT)SICSEDSIC" (où "at" lui-même peut avoir été ajouté par une partie de la tradition qui croyait avoir affaire à un lemme et à sa scholie) soit en fait la fin du segment grec qui précède, où il ne serait alors plus question d'anacoluthe mais d'une figure dont le nom se termine par le suffixe "-σις".695. Donat explicite ici le "sic" par "quod uenisti et discordias esse didicisti", et reformule la relative consécutive "qui te expedias" tout en donnant "celerius" en synonyme de "citius" et "absoluas" en synonyme d'"expedias". L'objet de cette pure paraphrase est probablement (mais implicitement) de signaler la valeur de "qui", ici adverbe relatif de manière, seul point de l'énoncé à poser éventuellement problème à des élèves du quatrième siècle de notre ère.696. La scholie est l'objet d'une étrange redite en 297, 2. En tout cas, il y a ici une explication étymologique un peu cryptée : en utilisant le verbe "expedire", Térence fait référence au sens fondamental de ce verbe parasynthétique : "faire sortir des pieds", "désentraver les pieds". Et son contraire est bien "impedire", que Donat utilise dans l'explication lexicologique qu'il donne ici. Il redira la même chose au vers 297 en raison de la présence, à nouveau, du même verbe sous la forme "expediui".697. La citation complète est "Soluite corde metum, Teucri, secludite curas". Le rapport du vers virgilien à la phrase commentée n'est pas clair, en dehors du contexte où il est question de rassurer l'interlocuteur. Mais les mots de l'inquiétude et de l'encouragement sont différents, sauf "soluite" et "curas" chez Virgile qui reprennent les mots non de Térence (qui disait "expedias" et "aerumnis") mais ceux de la reformulation de Donat. En quelque sorte, Virgile illustre Donat plutôt que Térence !698. C'est l'argumentaire de Parménon qui s'oppose à celui de Pamphile sur ce plan. Pamphile est plutôt dans la fuite, Parménon dans l'affrontement des soucis en vue de les résoudre.699. Selon que l'on édite ce que nous éditons ou ce qu'on lit dans les manuscrits "populus romanus uideret", le sens change dans le détail, mais non globalement. Il s'agit toujours de comprendre pourquoi Parménon reste dans le vague. Dans notre hypothèse, la remarque ménage du suspens, et permet de penser que les deux femmes sont coupables et non, comme on le croit, la seule Sostrata. Dans l'hypothèse où on conserverait "populus romanus" (le public romain, ici), cela signifierait que dans l'original grec, le personnage accusait une seule des deux femmes et que Térence, dans son habileté coutumière, aurait ménagé un suspens inconnu d'Apollodore. Comme on ne sait rien du passage correspondant de l'original grec, on peut se perdre en supputations sur la valeur de cette hypothèse, sans doute trop implicite dans le commentaire, tel que nous l'avons, pour être pleinement plausible.700. Donat insiste sur le caractère ternaire de l'énoncé chronologique sans marquer qu'il y a aussi une progression, de l'ordre de l'amplification, dans la masse des trois segments, de plus en plus longs. Implicitement, le caractère tripartite vaut aussi par la simple juxtaposition en asyndète.701. Chez Quintilien (3, 6, 39), l'état de la cause se divise en deux sous-parties, la "substantia" et la "qualitas". La "substance" consiste à débattre de la réalité d'un fait : s'est-il produit ou non ? La "qualité" consiste à débattre de la nature du délit constitué de façon indéniable. Peu après, au chapitre 42, Quintilien ajoute la notion de "quantitas", le tout fondé sur une typologie cicéronienne (Or. 45). La consolation de Parménon exploite ce filon : certes il y a un souci (on ne débat donc pas "de substantia"), mais c'est un petit souci (la question porte "de quantitate" exclusivement).702. Donat souligne l'habileté de Parménon qui, en grossissant l'angoisse de Pamphile, l'amenuise dans un second temps, puisque cela a pour effet d'éloigner d'un degré de plus le fantasme (il se passe quelque chose de très grave) de la réalité (c'est en fait un souci insignifiant).703. Donat avait lui-même caractérisé la tirade de Parménon comme un type de consolation. Pamphile, qui a été à bonne école, n'en est pas dupe et en joue. Le non-dit que révèle Donat est donc que Parménon s'accorde avec lui pour trouver la situation affligeante.704. Le terme "caput" renvoie ici clairement au début d'acte.705. L'"affaire" est donc son mariage avec Philumène.706. Donat commente "alibi" de deux façons : une première fois comme s'il était complément de "deditum", ce qu"il glose par "in meretrice" (j'avais l'esprit occupé de la courtisane), une deuxième comme complément de lieu, d'où l'emploi d'une préposition différente, "ad". Comme si on opposait en français "J'avais l'esprit occupé ailleurs" et "Ailleurs, j'avais l'esprit occupé".707. Dans ce vers de L'Andrienne, 250-251, signifiant "ils nourrissent une espèce de monstre : et comme on ne peut la refiler à personne, on vient vers moi", l'amoureux utilise le même verbe "obtrudo". Voir le commentaire de And. 250, 4, et la note. 708. Donat fait remarquer le présent de narration, au lieu de l'imparfait duratif du récit ("que mon père cherchait à m'imposer"), qui rend le tableau plus frappant.709. En bon lexicologue, Donat, pour expliquer les différents sens d'un mot polysémique, a recours à la méthode des synonymes. Il ne trouve pas mieux, pour illustrer le premier sens, qu'un synonyme en grec. Cela lui arrive à l'occasion. Signalons tout de même que le mot grec se trouvait dans le ms. Cujas et que la plupart des mss. que nous possédons pensaient avoir ici affaire à du latin ("multis modis" par exemple chez V). Mais K (que Wessner n'avait pas consulté) assure la leçon μόλις.710. Il l'a dit en l'espèce, mot pour mot, au commentaire de 288, 2 : voir la note.711. Ici encore, comme en 288, 2, Virgile semble venir en appui de la reformulation de Donat.712. Il faut comprendre que Pamphile, comme il l'a fait à l'égard de sa liaison avec Bacchis (voir les scholies 284, 4-5), préfère rester évasif sur les personnes en utilisant des adverbes de lieu ("mon cœur est passé de là à ici") plutôt que des noms communs ("mon cœur est passé de la courtisane à mon épouse"). Cela lui évite sans doute de mettre un nom compromettant ("meretrix") sur sa liaison passée, dont il a honte et qui se révèlerait tout aussi bien par contraste si, la seconde fois, il parlait d'une épouse. Il ne désigne donc ni nom propre ni statut social.713. Si la construction de cette scholie n'est pas limpide, l'idée de Donat se comprend. "Porro" a pour synonyme "deinde", et "deinde" (comme "porro" par voie de conséquence) a parfois la valeur de connecteur logique dans une énumération ("implicatio") ; énumération d'inquiétudes dans le cas présent. La tournure "uim referentis" est assez étrange, mais il nous arrive aussi de prendre de tels raccourcis en français, lorsque nous disons (de manière enfantine ?) que telle chose "signifie quelqu'un qui etc.", donnant une illustration au lemme plutôt qu'une définition. Ces tournures où un participe remplace un gérondif ou un substantif technique ne sont pas isolées chez Donat : voir par exemple Ph. 201, 5 ("uim cohaerentis", une force de cohésion), 206, 3 ("uim negantis", une valeur négative), 207 ("uim concedentis", une valeur concessive). Ici on pourrait rendre la traduction plus technique en écrivant : "'deinde' a parfois une valeur de rappel dans une série continue de malheurs".714. Comprendre que Pamphile a envisagé le passé ("prius quam", 294, "abstraxi... contuleram", 2297-298), le présent ("noua res orta", 298) et maintenant l'avenir, en imaginant les réactions futures de sa mère, de sa femme et de lui-même. Cela ferme la boucle commencée à la scholie 294, 2 : "ante rem, in re, post rem".715. Implicitement "et non d'un adverbe".716. Peut-être Donat cherche-t-il à justifier l'infinitif en disant qu'il est régi par un verbe d'ordre qui gouverne l'infinitive ("iubere"). Il s'agit alors d'une remarque de syntaxe et de construction des verbes. Mais peut-être est-ce plutôt une remarque sémantique : pour adoucir le propos, justement un peu impie, de ce fils qui envisage les injustices de sa mère, le poète ajoute que la piété filiale lui enjoint de les tolérer.717. Comprendre qu'il rompt un parallélisme attendu avec un génitif dans les deux plateaux de la balance. Donat, sans le dire, illustre un cas de "varietas" térentienne.718. "Diuturnitas" exprime le duratif, "spatium" le ponctuel aoristique. Mais il faut comprendre que c'est dans le cas présent et non en général que l'adverbe "olim" exprime la durée. En effet, il est tout à fait habilité aussi à exprimer un moment ponctuel dans le passé (ou dans le futur), au sens de "un jour".719. Implicitement, Donat signale une amplification : 1. elle l'a supporté ; 2. et pourtant il avait objectivement des torts à son endroit ; 3. et en plus elle n'a rien dit.720. Donat analyse visiblement "quae" comme un accusatif neutre pluriel, mais on l'analyserait plus volontiers comme un nominatif féminin singulier, sujet de "patefecit" et ayant pour antécédent Philumène, puisque "tot meas iniurias" est déjà COD (certes, en prolepse) de "patefecit". Du coup nous comprenons sa scholie comme signifiant que "quae" n'a pas pour antécédent le seul mot "iniurias" mais l'ensemble des propositions qui précèdent et prend le sens de "choses que jamais elle n'a révélées".721. Donat reprend ici la structure en deux temps du vers 305 de Térence.722. Les éditions consensuelles de Térence donnent ici "Haud quidem hercle : paruom. Si uis uero"... On suppose que l'abréviation "e." du lemme correspond à "est". De fait, plusieurs mss. de Térence ont "paruom est". La présence du verbe est, au demeurant, indifférente métriquement.723. "Vero" est un adverbe au sens de "vraiment" : "si tu veux vraiment..." ; c'est une conjonction au sens de "mais" : "mais si tu veux..." ; c'est (plus acrobatiquement) un nom, en réalité un adjectif substantivé au datif, au sens de "la vérité" : "si tu veux poursuivre pour la vérité une vraie méthode"...724. C'est-à-dire la réplique de Parménon que Donat commente, celle qui se trouve juste après le "necesse est" de Pamphile.725. Telle quelle, la réplique de Parménon est elliptique, faute de verbe. L'idée est donc qu'elle s'appuie sur le verbe de la réplique de Pamphile, c'est-à-dire la structure "necesse est euenisse", ce qui ne peut se faire que sur le début, non sur la fin (comme le dit avec ses termes la fin de la scholie). Si l'on développe le début de la réplique en s'appuyant sur ce que dit Donat, cela donne "Haud quidem paruom necesse est euenire", c'est-à-dire "il n'est même pas nécessaire qu'il soit arrivé quelque chose de petit". Cette ellipse en cache une autre, dans un raisonnement a fortiori : puisque même le peu important n'est pas nécessairement arrivé, a fortiori il n'est rien arrivé d'important.726. Donat fait une remarque de morphosyntaxe. Il faut comprendre que "irae" n'est pas le génitif singulier complément du nom "iniurias" (les injustices dues à la colère), mais implicitement le sujet de "faciunt", donc nominatif pluriel.727. Sur le texte de ce passage, voir la note apposée au texte latin. La métalepse consiste ici à inverser dans l'énoncé sentencieux de l'esclave le sujet et le COD par rapport à ce qu'on attendrait : "les grandes injustices produisent les grandes colères", qui devient chez Parménon un proverbe burlesque "les grandes colères produisent les grandes injustices".728. Donat ne semble pas pencher pour cette solution ; en effet, il n'est pas besoin d'entendre "facere" comme "montrer, prouver", mais il peut se comprendre ici dans son sens premier de "provoquer, créer", si l'auteur veut dire que ce n'est pas la colère qui crée la faute (ce qui n'est certes guère différent du verbe "prouver"), et, partant, ce n'est pas l'importance de la colère qui "fait" l'importance de la faute. Et c'est là le caractère double de l'affirmation de Parménon que commente Donat à la scholie suivante, qui porte sur le sens de la phrase et non sur sa syntaxe. Dans la scholie suivante (307, 4), Donat semble se contredire, puisqu'il dit "faciunt pro ostendunt" quand il avait paru rejeter cette interprétation du verbe "facere". Peut-être est-ce là le résultat d'une compilation de plusieurs strates du texte, ou bien Donat revient-il sur ce qu'il avait rejeté en raison de la proximité sémantique qui semble finalement se faire jour entre les deux verbes dans l'expression si bien commentée.729. Donat s'ingénie à simplifier le tour très alambiqué de Parménon. Il relève une difficulté syntaxique, qui consiste en la présence d'une relative qui a attiré son antécédent, d'où "quibus in rebus" pour "in eis rebus in quibus" (dans cette situation dans laquelle) ; d'autre part une seconde difficulté de syntaxe qui se mue en une difficulté de vocabulaire puisque, dans des relatives de ce genre, il est d'usage qu'on reprenne l'antécédent attiré dans la relative au moyen d'un pronom de rappel ; or ici, sans raison apparente, Parménon reprend le mot "res" non pas par un simple anaphorique "de eis" (sous-entendu "rebus") mais par le tour "de eadem causa". Changement de mot, de nombre, entrave à l'usage... C'est peut-être en cela qu'il parle comme un esclave, dans un style amphigourique qu'il ne maîtrise pas pleinement.730. La differentia entre "iratus" (en colère) et "iracundus" (colérique), sur le critère de la fréquence ou, mieux, sur celui de l'opposition conjoncturel vs structurel, recoupe celle d'"ira" et d'"iracundia" et se retrouve ailleurs dans le commentaire : voir Ad. 755, 2 ; 794, 2 ; Ph. 189, 5 ; 185, 4 (dans une moindre mesure).731. C'est-à-dire que Parménon fait une comparaison entre les femmes et les enfants.732. La proposition est, avec "quam", clairement exclamative. Mais peut-être faut-il comprendre que la phrase doit aller jusqu'à "quapropter" ("les enfants, comme ils se querellent pour des broutilles, pourquoi ?").733. Donat veut dire qu'à la question posée par "quapropter" répond la proposition dont "enim" fait partie. Comprendre qu'il y a dans "quapropter" une demande, et dans "enim" une réponse à cette demande.734. Parménon fait ici les questions et les réponses en maître d'école du jeune homme à qui il s'efforce d'enseigner un peu de dialectique à sa façon.735. Ce que commente Donat, c'est "quia", conjonction causale, notion qui se dit en grec, "αἰτιολογικὴ".736. Donat semble commenter "gubernat" métaphore navale.737. En effet l'attraction de l'antécédent à l'intérieur de la relative semble produire ici un "nominativus pendens", "animus". Il est probable que le grammairien préfèrerait "qui gubernat eos, animum infirmum gerunt".738. C'est-à-dire toutes ces particularités grammaticales et stylistiques. Parménon est ridicule dans sa dialectique, il se met en scène en train de faire sa leçon et il parle de manière presque incorrecte. Sur le texte de l'ensemble du commentaire de ce vers, voir la note apposée au texte latin.739. Comprendre "entre les enfants (comparant) et les femmes (comparé)".740. Sur cette étrange reformulation, voir la note apposée au texte latin. Donat veut dire que "fortasse" peut se joindre à l'infinitif avec valeur hypothétique dans l'ancienne langue, et non au seul subjonctif, comme de son temps.741. Ici "prouerbiale" signifie "expression toute faite" et non "proverbe" au sens strict. Donat relève des locutions latines et grecques caractérisées par le rapprochement asyndétique de deux adverbes de sens complémentaire auxquelles on peut comparer le français "deçà delà" ou "comme ci comme ça".742. Il semblerait que Donat soit le seul à utiliser ce déverbal sur "cursare".743. Sans doute parce que les uns s'interrogent quand les autres, qui savent réellement ce qu'il en est, doivent agir pour que l'accouchement se passe bien. 744. L'invocation à Junon Lucine est de mise dans les accouchements. Comme on accouche souvent dans les comédies romaines, l'invocation devient donc un code pour le spectateur autant que pour les personnages. Voir And. Praef. 1, 9 ; And. 473, 4 ; Ad. 487, 1 et la note de fin de scholie. Ici Donat semble dire que Térence joue avec le code : le spectateur comprend qu'il s'agit d'un accouchement secret mais Pamphile croit qu'il s'agit d'une maladie de son épouse bien-aimée.745. Donat signale l'emploi du verbe "uideor" qui, avant de signifier "sembler" est le passif du verbe "voir". Il en conclut donc qu'on utilise un verbe de vision pour toutes sortes de perceptions imprécises. Chez Térence, on croit "voir" la voix de la belle-mère, chez Virgile, on croit "voir" le hurlement des chiens. Même type de réflexion et même illustration en Eun. 454, 2. En même temps, son expression est un peu forcée car on a l'impression qu'il donne à "uisa" le statut de nom commun terminologique (on appelle "visions" toutes les sortes de perception). Or là c'est erroné : c'est vrai seulement pour le participe "uisa", de "uideor". Mais "uisum", terme technique, implique bien le sens de la vue.746. Donat fait une note de caractérologie. Seul un amoureux peut argumenter en disant "je n'existe plus parce que je suis mort".747. Donat dit "rursus" parce que Pamphile, absorbé dans son espionnage, avait provisoirement cessé de se plaindre.748. L'argument de Parménon est une minoration de l'événement. Il doit seulement s'agir, dit-il, d'une de ces angoisses féminines irrationnelles. Le terme ἐξουθενισμός caractérise le dédain qu'on a d'une chose ou d'une personne ou de la désinvolture à l'égard d'une situation qui pourrait paraître grave. Donat l'utilise à l'occasion : voir Eun. 982, 1 ; Ad. 119, 3 ; 729, 1 ; et dans ce même commentaire, Hec. 36 et 551, 4.749. La citation exacte est : "Nam ut in naui uecta es, credo, timida es". Donat la cite de mémoire et l'utilise en d'autres occasions, sous cette même forme inexacte (en sorte qu'on peut croire qu'il ne lit pas le même texte de Plaute que nous) : voir Ad. 305 ; Eun. 642, 2 ; Ph. 284. Ici, le raisonnement lexicologique est forcé. Il faut expliquer l'emploi y compris dans la sphère physique du verbe fréquentatif "pauitare" ; mais Donat part en fait de "pauere", verbe de base, qu'il associe dans la foulée à "timere", et illustre le tout par l'adjectif "timidus". De proche en proche, il s'est bein éloigné de son point de départ. Ces à-peu-près (utilisation d'un mot de même famille ou d'un synonyme pour illustrer le terme de départ) sont constants dans la méthode lexicographique et étymologique des Latins. Les exemples abondent dans Nonius Marcellus.750. La peur produit donc des effets clairement physiques, comme la maladie. Il est possible, aussi, que "palpitare uenis" soit un ersatz étymologique pour "pauitare" mais sans qu'on puisse le garantir.751. Verbe présent dans la question de Pamphile, que Parménon sous-entend dans sa réponse.752. Encore une scholie redite qui témoigne du désordre dans lequel le corpus de scholies a été démembré puis remembré.753. Comme dans Ph. 201-202, le jeune homme parle à son aimée en son absence. C'est cela qui est "amatorius" (voir la même formulation ou à peu près en Ph. 201, 3). Il s'agit d'une remarque de caractérologie.754. La glose porte sur "affectam".755. Ce commentaire retors a pour but de faire émerger la notion de "famille de mots", voire de "racine commune" que ne connaissent pas les Latins. Une forme élégante d'autonymie sémiotypique : voir Nicolas (2005 : 425-428).756. Il va de soi que, dans la caractérologie comique, le personnage d'amoureux et celui de mari ne se recoupent pas forcément. Tout dépend de l'âge du mari. Si, comme ici, il est "adulescens", alors il est forcément amoureux de sa femme. S'il est "senex", alors on s'attend à ce qu'il soit sans cesse en désaccord avec son épouse. Voir aussi la scholie 361, 1 et la note.757. Donat explique ailleurs qu'il n'est de toute façon pas convenable, dans une comédie, de parler de la mort de personnages jeunes (sauf les menaces de suicide des jeunes gens amoureux, auxquelles personne ne croit). Voir par exemple Ph. 750, 2 et 967, 2.758. On ne voit pas bien ici à qui renvoie le "a ceteris", puisque ni Parménon ni Pamphile (ni Philumène elle-même !) ne le savent non plus. En fait, à ce stade, quelques-uns savent quelque chose (Pamphile sait qu'il a violé une jeune fille, Philumène et sa mère savent qu'elle a été violée juste avant son mariage), d'autres ignorent tout, mais personne n'a encore fait le recoupement.759. Donat signale que Parménon semble répondre à la question d'un interlocuteur fictif.760. D'évidence ce verbe déponent gêne les élèves de Donat, qui se sent obligé de le gloser. Voir la scholie Ad. 657, 2.761. "Illorum" renvoie sans doute plutôt à la famille en bloc (d'où le masculin collectif), et en particulier à Philumène.762. La glose porte implicitement sur "era in crimen ueniet", qu'elle paraphrase.763. En tant qu'esclave, Parménon serait torturé pour les besoins de l'enquête.764. Remarque dramaturgique : malgré les précautions de Myrrhina pour que Philumène accouche sans bruit, Sostrata, depuis la maison voisine, a entendu le branle-bas. La topographie scénique rend la chose vraisemblable. C'est en même temps une remarque grammaticale sur l'emploi du pronom de lieu "hic", qui indique une distance zéro par rapport à l'énonciateur : la maison de Myrrhina est donc, quasiment, à une distance zéro de celle de Sostrata.765. La scholie porte donc implicitement sur le verbe "adgrauescat" absent du lemme.766. Il s'agit peut-être de commenter la double de diathèse de l'adjectif "grauis", qui est peut-être mieux compris dans un sens actif, comme chez Térence et Salluste (c'est la maladie qui est grave, lourde), que passif, comme chez Virgile (c'est le personnage qui est alourdi par la maladie).767. Donat signale plus d'une fois qu'il y a chez Térence une volonté de jouer avec les codes comiques en mettant en scène des caractères qui trompent l'attente : la courtisane désintéressée et la belle-mère aimante sont des contre-types emblématiques de l'art de Térence. Voir : Eun. 37 ; Eun. 198 ; Hec. 276, 1 ; Hec. 727.768. Cette citation trouve sa pertinence dans l'emploi de la préposition "ad" après un verbe de vision.769. Comprendre à cause de la belle-mère de son fils, Myrrhina, chez qui elle ne saurait rentrer sans y être invitée, d'autant que Parménon a révélé qu'elle avait été éconduite la veille. On a donc une belle-mère sympathique, partagée entre son devoir de porter secours à sa bru et sa réserve.770. Parménon accentue l'insulte faite à Sostrata la première fois puisque, au lieu de dire simplement qu'on l'a laissée dehors, il insinue qu'on l'a chassée après l'avoir fait entrer. Cela constitue un degré supplémentaire d'affront.771. Chacun se dénonce plus ou moins volontairement comme de son clan : Parménon se désigne comme "l'esclave de Sostrata", donc de l'autre maison, Sostrata comme "la mère de Pamphile", plutôt que comme la belle-mère de Philumène. Mais, dans le cas présent, l'une des deux appellations implique l'autre, dès lors que Pamphile est marié à Philumène. On voit tout de même ce que Sostrata choisit d'expliciter et, par là même, ce qu'elle laisse implicite. 772. Il reste donc en apparence dans le conseil d'ordre général, mais c'est bien le conseil "ne m'envoie pas là-bas" qui est en sous-jacent.773. Pour adoucir son propos précédent, qui était effectivement adressé à Sostrata à la seconde personne, il passe à un propos purement général, du niveau de la sententia, pour éviter de dire "tu aimes quelqu'un qui te déteste".774. L'argument a un air de généralité qui le fait ressembler à une sententia, non autrement connue sous cette forme. Mais elle sent la sagesse populaire.775. Si c'est une sententia, il manque "eum" (l'antécédent de la relative "cui odio ipsus est"), car dans ces maximes générales qui ont vocation à concerner l'humanité on parle au masculin (singulier ou pluriel) : c'est ce que fait Parménon avec "ipsus" qui, dans ce cas particulier, recouvre en fait la personne de Sostrata. Mais si sous la maxime on veut rejoindre le cas spécifique visé, il manque "eam", représentant Philumène. Mais cela semble incompatible avec le masculin d'universalité "ispsus". En tout cas, c'est bien l'antécédent du pronom "cui" qui manque, ce qui accentue le caractère sententieux de l'énoncé de Parménon.776. L'ajout est en fait le deuxième volet de l'argument sententieux promis ("bis facere stulto"). Si le premier volet ("c'est une attitude inutile") ne suffit pas, celui qui aime ayant toujours la patience d'attendre que la situation s'améliore, le second ("en agissant ainsi, il ennuie l'être aimé et c'est contre-productif") vise à une plus grande efficacité encore. Car on n'obtient pas gain de cause en forçant la main à l'autre. La scholie suivante le reconfirme.777. C'est-à-dire "ex", préposition d'abord puis préverbe ensuite.778. "Remittere" a pour sens premier "renvoyer", "relâcher", transitif ; il peut avoir un sens de "laisser aller qqch.", duquel peut découler un sens moyen ("neutre") "faire relâche", que commente ici Donat. Sur la typologie des voix verbales chez Donat, voir notre note aux scholies Ad. 2, 4 et 319, 1.779. Mais il est intempestif pour l'économie de la pièce que Parménon soit au courant à ce moment. Donc son erreur est nécessaire et elle est techniquement entretenue par le poète.780. Le rapport entre la citation et le lemme n'est pas évident. On peut penser que c'est le "scio" qui fait l'objet du commentaire par la citation, car le passage cité de L'Enéide est celui d'une prédiction que fait Vénus à Enée : le "credo" de Vénus est comparable au "scio" de Parménon, car les deux introduisent un discours de prédictions. Mais surtout ils sont tous les deux en incise.781. Cette figure est parfois nommée "faute de goût" (κακόζηλον) par Donat (voir Eun. 192, 2 ; 243, 5 ; 722, 3). Il cite à l'appui de ce phénomène systématiquement les mêmes exemples. Voir notre note de fin de scholie Ad. 668, 1.782. Anacoluthe qui porte donc sur le mode : il s'agit d'une interrogative indirecte, on attendrait donc le subjonctif. Mais l'indicatif est banal chez les auteurs archaïques.783. La reformulation est bizarre car on ne voit pas comment elle pourrait syntaxiquement prendre la place de l'original poste pour poste. Tel quel, "quae" doit être un neutre pluriel accusatif, alors que chez Térence c'est un nominatif féminin singulier dont l'antécédent est soit "rem" soit "irae" postposé.784. Cette scholie 1, absente chez Wessner (voir note apposée au texte latin), est peu claire dans sa globalité. Il s'agit de signaler que la remarque de Sostrata sur la physionomie de Pamphile annonce les lamentations prochaines du jeune homme. Cela prépare la scholie 2, où il est question de caractérisation : l'attitude du jeune homme et son discours vont être en phase. En revanche, le rapport à la citation de Virgile est obscur. C'est Didon qui est décrite dans ce passage. Est-ce une discrète didascalie de mouvement et de ton : Sostrata n'a qu'à faire comme Didon et baisser le visage et parler à mi-voix ? Signalons en tout cas que le vers ici cité précède d'une unité le passage En. 1, 562 qui est l'objet d'une illustration quelques scholies plus haut en 288, 3. On sait que Donat a parfois l'esprit d'escalier et qu'une citation peut venir se placer parfois de façon forcée parce qu'elle est encore sous ses yeux et que l'occasion fait le larron. Sur cette méthode de travail, voir par exemple notre note à Ad. 215, 2.785. "Interuenit" signifie ici que Pamphile coupe la parole à Sostrata. C'est ce qui justifie cette scholie sur l'ordre des mots (dans une phrase où il n'a rien de particulièrement remarquable) : les deux répliques de Sostrata, coupées par celle de Pamphile qui salue sa mère, sont à comprendre comme une seule phrase. Notons aussi que dans sa reformulation Donat ajoute pour la correction "te", le sujet de l'infinitive facile à suppléer. Mais ce n'était sans doute pas là qu'était le problème : il était dans la reconstitution de la phrase complète par dessus l'intervention de Pamphile.786. Donat développe la scholie précédente : l'énoncé de Pamphile est suffisamment ambigu pour qu'on puisse l'interpréter comme l'amélioration de cette mystérieuse maladie, alors que, désormais, il sait qu'il s'agissait d'un accouchement, situation à laquelle sa réponse "meliuscula" apporte aussi une réponse. Donc il ne ment pas encore à sa mère, il est seulement évasif.787. C'est-à-dire que son attitude empathique la disculpe ou devrait la disculper tout de suite aux yeux de Pamphile.788. A la question "pourquoi pleures-tu ?", la réponse "recte" est ambiguë selon que l'adverbe se comporte en adverbe de phrase ou en adverbe d'énonciation. Elle peut se comprendre "je pleure à bon escient", et c'est une façon, tout en admettant le sentiment de tristesse, de ne pas répondre néanmoins au fond de la question ; elle peut se comprendre "tu as raison <de poser la question>", ce qui est un refus de réponse qui peut aussi s'interpréter de multiples façons : "tu as raison, je suis triste" ou "tu as raison de poser la question, car j'ai l'air triste (mais ne le suis pas)", entre autres. A ces deux premières versions, l'ajout de "mater" vient comme une excuse de ne pas répondre. Mais on peut aussi penser que c'est une réponse qui cadre avec la question (voir la fin de la scholie) : "<Tu te trompes>, tout va bien".789. Donat fait la même remarque sur la forme de génitif "ornati" en And. 365 et Eun. 237, 4. C'est une remarque morphologique à l'usage de ses élèves qui pourraient s'étonner du comportement anomal de ce mot de quatrième déclinaison.790. Donat souligne donc le sème 'soudaineté' dans le sens propre du verbe "inuadere" (prendre d'assaut, investir).791. Indication de mise en scène. Donat nous fait remarquer en effet qu'il ne doit pas y avoir d'ambiguïté. Il y a deux maisons voisines, et Pamphile, en disant "là-dedans", montre celle de Sostrata, pour ne pas que Sostrata puisse penser dans le contexte qu'il s'agit de désigner implicitement la maison de Myrrhina.792. La raison explicite est "vas-y, je te suis". Elle n'est guère efficace. C'est la raison implicite qui est efficace : "rentre à la maison, j'arrive de suite continuer la conversation avec toi : on ne peut parler de ces choses-là dans la rue", ce qui à la fois justifie sa réserve et sa réticence dans cette scène et fait sortir Sostrata de scène.793. L'ordre est donc tempéré par des éléments de politesse élémentaire.794. Remarque de syntaxe, explicitée dans la scholie suivante.795. Le datif de personne et l'accusatif de chose avec "adiutare" semblent étrange à Donat. On attend l'accusatif de la personne, et c'est ainsi que Donat reformule la phrase, en intégrant l'autre complément dans une apposition au COD. On pourrait trouver également le datif de la personne à laquelle on vient en aide, mais il est toujours seul, sans l'accusatif de la chose qui fait l'objet de l'aide (cf. Pétrone, 62, 11). La construction de Térence avec double accusatif se retrouve dans Heaut. 416. Si Donat parle d'hypallage (syntaxique en l'espèce), c'est parce qu'il y a échange de cas : la chose remplace la personne à l'accusatif.796. "Domum", du fait qu'il se construit sans préposition et qu'à côté de lui existe un locatif "domi" sorti du paradigme et considéré comme une forme adverbiale, peut passer pour un adverbe. La question est de savoir comment interpréter cette remarque. Donat comprend-il (comme nous) "uiam qua domum redeant" (la route par laquelle rentrer à la maison), auquel cas "domum", en prolepse, est "l'adverbe" de lieu du verbe "redeant", ou comprend-il "sciunt ipsi uiam domum" (ils savent bien eux-mêmes la route de la maison), auquel cas on a un syntagme "uiam domum" (comme en anglais "the way back home") et un "adverbe" qui fonctionne sans verbe ? Cette seconde solution est très plausible étant donné l'explication que le grammairien donne ci-dessous de "qua".797. Ce groupe de trois scholies vise à montrer dans le détail la congruence entre le personnage et sa parlure. Parménon est un esclave paresseux et indiscret (scholie 1). Et il le prouve en répondant de cette façon à l'ordre qui lui est fait. Il donne l'impression de n'avoir pas entendu la fin de la réplique de son maître, puisque, au lieu de dire "ils sont assez grands pour les porter tout seuls", il dit "ils sauront bien retrouver la maison tout seuls", ce qui paraît s'enchaîner sur "va retrouver les esclaves" (scholie 2). Dans ce cas, "qua" s'interprète comme un adverbe relatif qui s'enchaîne sur "uiam", avec "domum" en prolepse (la route par laquelle ils vont rentrer à la maison). Mais il a certainement entendu et dans ce cas, pour la cohérence de l'enchaînement (à supposer qu'elle soit nécessaire dans une scène comique), Donat cherche une autre valeur de "qua". On comprend (peut-être) qu'il suppose une segmentation de la réplique : "Quid ? sciunt ipsi uiam domum. Qua redeant ?" : "Quoi ? Ils savent bien le chemin de la maison. Et comment revenir (avec les bagages)".798. L'"industria" prêtée à Pamphile est bien évidemment celle de Térence. Les personnages trop concernés (Sostrata) ou trop bavards (Parménon) sont éloignés par Pamphile, certes, mais si Pamphile s'apprête à révéler au public ce qu'il a vu en coulisse, c'est bien par la volonté du poète... Il s'agit donc de faire participer tel ou tel personnage à telle ou telle parcelle de la vérité. A ce moment de l'action Pamphile sait que sa femme a accouché et sait qu'il n'est pas le père. (Il ne sait pas encore qu'il se trompe sur ce plan-là). Philumène et Sostrata savent que cet enfant est le fruit d'un viol. Dans un autre espace scénique, Bacchis et Pamphile savent que Pamphile a violé une jeune femme juste avant son mariage. Et Parménon sait que son jeune maître n'a pas touché son épouse dans les premiers mois de leur mariage. Et pour l'instant personne n'est en mesure de faire le lien entre les différents événements. Mais le public est celui qui a les moyens de faire le lien avant les autres, à condition que, comme s'apprête à le faire Pamphile, on le mette au courant.799. Il est nécessaire que Pamphile supporte par amour une situation qu'à ce moment de l'action un mari qui ne serait pas à ce point amoureux ne supporterait pas. Pamphile est donc dans son rôle car, tout mari qu'il est, il est un "adulescens", donc un amoureux transi. C'est ce qui va sauver une situation très compromise. Donat a déjà remarqué cette surdose d'amour dans le jeune mari en 326, 1.800. Dans le passage de L'Odyssée mentionné ici, il s'agit réellement d'un récit. Mais Donat ne nous fait pas remarquer la très étrange particularité du récit de Pamphile (qui utilise bien le verbe "narrare" dans son début de réplique) : c'est un récit qui n'est fait à personne, puisqu'il est seul en scène. A personne, si ce n'est à destination du public. Donat a déjà fait remarquer cette "industria" à la scholie 360, 4 (voir notre note). Mais c'est plutôt une faute dramaturgique, comparable par exemple au récit-monologue que fait Bromia racontant l'accouchement d'Alcmène dans Amphitryon de Plaute. D'ordinaire, Donat félicite son poète de mettre en scène les informations essentielles auxquelles le public doit avoir accès au moyen de dialogues, notamment avec des personnages protatiques dont la conversation est destinée à donner de l'information. Mais ici, on ne sait ce qui pousse Pamphile à faire ce long monologue-récit en pleine rue.801. Comme souvent, Donat est sensible au rapport entre l'antécédent et le pronom relatif. Il remarque ici que l'adverbe "unde" vaut pour le pronom "a quo", plus régulier puisque c'est un pronom qui convient pour un nom de chose, plutôt qu'un adverbe de lieu.802. Curieuse reformulation, où les "yeux" sont censés "entendre" des malheurs. C'est un raccourci malheureux, puisque Térence prévoit bien des "oreilles" pour entendre dans son vers. Comprendre "les yeux par lesquels j'ai vu ou <les oreilles par lesquelles j'ai> entendu des malheurs".803. Ce qui revient sans doute à dire que le démonstratif "hic" équivaut au possessif de première personne.804. Donat fait la même "differentia" (ou peu s'en faut) et les deux mêmes illustrations virgiliennes en And. 234, 1. Gageons que la remarque lexicologique devait se faire aussi dans son commentaire de L'Enéide, avec des renvois cette fois térentiens.805. Un "nom", c'est-à-dire, pour nous, un adjectif.806. Donat est un peu plus explicite en Eun. 127, 2. Comprenons sans doute que l'exclamation pathétique ne sert en rien le récit et vient en rallonge du propos. Mais cela est remarquable, comme le montre la scholie suivante. Apparemment, le passage virgilien donné en parallèle (En. 3, 38) illustre le même procédé de retardement par incise dans le récit.807. Notre traduction suppose, sans garantie, que "per hoc" n'est pas un autonyme. Mais on pourrait comprendre que Donat donne trois équivalents sémantiques à ce "id" causal : "propter id", "per hoc" et "ideo". Nous supposons plutôt qu'il met en relation, via un "per hoc" en usage, "id" sans préposition (valant "à cause de cela) et l'adverbe "ideo", de sens causal.808. Donat explique trois fois la même chose : "id" est un corrélatif de la conjonction causale "quod".809. C'est-à-dire qu'il s'agisse d'une chose bonne ou mauvaise ; Donat le précise dans la scholie qui suit.810. L'expression "recta uia" (de l'adjectif "rectus, -a, -um", et du substantif "uia, ae", à l'ablatif de moyen) a en effet le même sens que l'adverbe "recta". Donat suppose que l'adverbe provient d'une ellipse du syntagme "rectā uiā", ce qui n'est pas sûr.811. Donat cite le vers 366 avec "quam" là où les manuscrits térentiens ont "ac". Ce peut être une bévue de sa part, sous la forme d'une reformulation rapide. Mais ce peut aussi être attesté par le lemme 366, 1 : la forme "quia" assez étrange dans la scholie (et qu'on ne lit pas chez C par exemple) cache peut-être ce même "quam", qui serait alors partie intégrante du lemme. Les deux constructions sont possibles. Dans le doute, nous restituons pour le texte de Térence la séquence "alio... morbo... quam".812. Les réactions de Pamphile sont donc celles d'un amoureux, non d'un mari dépité.813. Pamphile est un bon garçon. Il le prouve ici en disant "Mater consequitur". En effet, il parle de Myrrhina, qui est la mère de Philumène. Or, avec un nom relatif, l'absence de déterminant possessif oriente vers l'idée qu'il s'agit implictement de la mère de "EGO" (donc Sostrata). Il aurait pu dire "eius mater", "sa mère". Mais il dit "mater" comme s'il fallait sous-entendre "mater mea". C'est donc plus flatteur et plus tendre que s'il la nommait par son nom, dans une désignation absolue et non plus relative. Le pendant est donné par une remarque de Lachès commentée en 629, 1. Une remarque comparable est faite à propos de l'appellation "Nourrice" en Ad. 288, 4. Voir notre note ad loc.814. Il est difficile en français de trouver une traduction de "accidere" qui rende l'explication morphologique de Donat.815. Ce que compare Donat ici, c'est la construction du verbe "accidere" : "accidere" sans préposition chez Salluste, "accidere ad" chez Térence. Mais la comparaison est biaisée, car la question "quo ?" présente chez Salluste peut très bien dissimuler "ad" dans la réponse correspondante. En outre, Les manuscrits de Salluste donnent pour ce passage (Jug. 14, 17) "accedam" ("où aller ?"), et non "accidam".816. Il ne s'agit pas de noter ici un aparté, puisque Pamphile monologue. Donat veut dire que "misertum est" représente non pas une action du récit ni une parole du discours mais la pensée qu'il a eue à ce moment-là. Ce serait un aparté si cette scène entre Pamphile et Myrrhina était effectivement représentée sur scène.817. Le rapprochement avec ce passage très célèbre du début du chant 4 de L'Enéide est subtil. La situation est certes différente : Didon fait l'aveu à sa sœur, Myrrhina à son gendre, Didon avoue être amoureuse (ce qui ne pose en soi pas de problème pour cette jeune veuve et ce jeune veuf), Myrrhina avoue un scandale familial. Mais l'acte de langage de l'aveu, explicite chez Didon, implicite chez Myrrhina, est effectivement inauguré par l'apostrophe en forme de "captatio benevolentiae".818. Sur le "status uenialis", voir les scholies Ph. 281, 4 ; 753 ; 751 ; 990 (et notre note).819. Voir 371, 1.820. Comprendre ici "ignobilis" au sens propre de "qui n'a pas de nom", donc "qui ne mérite pas d'être connu". Voir par exemple Plaute, Amph. 440.821. Commentaire linéaire assez long et réparti sur huit scholies (ce qui est beaucoup pour Donat), mais dont la cohérence est grande. Il s'agit de marquer, dans la phraséologie de Myrrhina, tout ce qui fait ressortir des circonstances atténuantes : 1. elle avoue qu'il y a eu faute ; 2. mais une faute subie ("oblatum", scholies 2-4) ; 3. par une toute jeune fille ignorante ("uirgini", scholie 5) ; 4. il y a longtemps ("olim", scholies 6-7) ; 5. dont l'auteur est un anonyme irresponsable, un vrai salaud (scholie 8). En un seul vers, il y a aveu de Myrrhina et disculpation de Philumène.822. Remarque de mise en scène.823. Remarque de syntaxe : Donat suppose un verbe d'empêchement nié par un modalisateur ("je ne peux me retenir") pour expliquer la construction en "quin". Mais les tours "non possum quin", "nequeo quin" sont fréquents, sans qu'il semble nécessaire de postuler une ellipse.824. C'est-à-dire que, dans ce récit (qu'il se fait à lui-même !), Pamphile entrecoupe les paroles rapportées de Myrrhina de ses propres réflxions ou sentiments. Cela ressemble au récit de Géta dans Phormion (par ex. vers 92-100, avec paroles rapportées d'un autre personnage et commentaires sur ce discours), à la différence près que Géta fait ce récit à Dave au lieu de le faire dans un monologue comme ici.825. Le mot ὑφέν implique souvent chez Donat qu'il s'agit d'une remarque de ponctuation (And. 211, 4 ; Ad. 888, 2). Ici, le grammairien peut vouloir dire que les deux mots forment un tout, en expression figée.826. "Obtestatio" glose ici le verbe que lit Donat : on doit donc supposer qu'il lit "obtestamur" (voir aussi l'illustration virgilienne juste après), et non "obsecramus", qu'on trouve dans tous les éditeurs de Térence. Rien dans l'apparat de Térence ne laisse supposer cette variante. Nous éditons, pour la cohérence, "obtestamur" dans le vers térentien.827. Donat propose ici, de manière assez confuse, deux interprétations pour ce vers : soit "tecta tacitaque" renvoie à deux solutions possibles (rester avec Philumène pour le premier terme, la répudier pour le second), soit ce syntagme renvoie à la même éventualité, rester avec Philumène, de sorte que l'affaire ne soit ni proprement visible, ni diffusée par la rumeur. En tout cas, dans toutes les reformulations et propositions différentielles, "tecta" est interprété du côté des actes et "tacita" du côté du langage.828. Donat illustre ici des valeurs de la conjonction "si" au sens de "s'il est vrai que" et qui laissent attendre dans la principale une conséquence logique de cette vérité postulée comme préalable.829. C'est-à-dire que, habilement, elle propose seulement le versant positif de l'alternative.830. En répudiant sa femme, Pamphile devrait rendre la dot. Myrrhina, dans une seconde habileté, essaye aussi d'apitoyer son portefeuille.831. Ce "nom" est l'adjectif "solus".832. De fait, seule Philumène peut faire ce type de confidence à sa mère. On n'est sûrement pas dans le qu'en-dira-t-on que postule le verbe "aiunt" au pluriel, mais dans le secret feutré des familles. Mais Myrrhina protège la pudeur de sa fille en faisant semblant d'avoir entendu dire la chose par on ne sait trop qui. L'insistance sur l'"honestas" de "aiunt" (reprécisée dans la scholie suivante) est liée au fait qu'il serait malséant d'expliciter le fait que Philumène a parlé de sa vie intime à sa mère.833. L'antiptose est l'emploi d'un cas pour un autre (ici, "post" + abl. au lieu de "post" + acc.). Donat y reviendra en scholie 6, mais ici il faut comprendre que ce serait si "post duobus" équivalait à "post duos" qu'il y aurait antiptose. Le sens est donc : ce n'est pas une antiptose puisqu'il faut détacher "duobus" de "post" qui devient adverbe. Ce serait une antiptose s'il fallait les rattacher.834. Donat reconstitue l'historique de la grossesse de Philumène qui contient 9 mois. Pendant les mois 1 et 2, la jeune femme a vécu chez ses parents, déjà enceinte de Pamphile, mais sans savoir que c'est de lui. Pendant les mois 3 et 4, Philumène qui vient de se marier à Pamphile n'a pas eu de rapports avec lui. Pendant les mois 5 et 6, Pamphile s'est épris de son épouse et a eu des rapports avec elle. Ce total fait bien quatre mois de vie commune et déjà six mois de grossesse. Pendant les mois 7, 8 et 9, Pamphile est en voyage. Sur la restitution de ce texte malmené par Westerhof et Wessner voir la note apposée au texte latin.835. Pour que ce soit "abortum factum esse" (il s'est produit une fausse couche) ou "abortum natum esse" (c'est un avorton qui est né), et qu'"abortum" ne soit pas une forme verbale (participe parfait d'"aborior") mais un nom.836. Wessner renvoie ici à Térence, Ad. 189 ("tamen tibi a me nulla orta est iniuria"). En ce qui concerne le propos de Donat, propose-t-il ici qu'"abortum" soit en fait un participe parfait, ce qui va contre sa première hypothèse ?837. Notons que "suspicabilis" n'est employé que chez Arnobe au 4e siècle, et signifie "conjectural". Il semblerait qu'on ait ici un néologisme tardif normalisé (formé sur une base verbale avec un suffixe adjectival de possibilité).838. Ce qui gêne Donat, c'est l'incompatibilité apprarente entre l'énoncé "Diacam abortum esse" (je dirai qu'il y a eu fausse couche) et "ex te recte natum putent" (on pensera qu'il est né de toi). Si l'enfant est "abortus" (donc mort-né), peut-il être dit "natus" ? En fait, il y a deux choses : les gens, remontant jusqu'à la date des noces, croiront que Philumène a accouché bien avant terme, à sept mois, et que, comme souvent dans ce cas, l'enfant est mort-né ; mais ils croiront aussi (dès lors que le scandale ne sort pas de la famille) que c'est Pamphile le père légitime, n'ayant pas de raison de croire le contraire. Il n'y a pas d'incompatibilité dans l'énoncé. Naturellement, cela implique qu'on se débarrasse de l'enfant en fait né à terme et dont la vigueur suspecte ne manquerait pas de faire jaser. D'où la mention de l'"exposition" au vers suivant.839. L'exposition des enfants était une coutume antique. On déposait à la dérobée le nourrisson indésirable dans un endroit de passage où il pouvait éventuellement être recueilli par une âme charitable. Mais il était le plus souvent laissé là et dévoré par les bêtes. Voir Logeay-Vial (2009).840. Voir les vers 527 et suivants. De fait, on pouvait aussi, au lieu d'exposer l'enfant, le tuer tout de suite. Mais on l'exposera et cela permettra à Phidippe de lui sauver la vie, contre toute attente.841. Ce pléonasme porte sur le cumul des pronoms indéfinis "nihil" et "quicquam".842. Donat aborde ici le problème de la modalisation, d'où la difficulté qu'il a à exprimer clairement son idée ("aliquid assertionis habet"). Nous avons le même problème en français : comment expliquer que "sans doute" signifie en fait "sans certitude" ? La scholie se comprend en tout cas ainsi : en utilisant une négation dont la portée est sur la manière ("ne pas... d'une manière ou d'une autre"), Pamphile ouvre la porte à l'autre option : "ce n'est pas complètement honorable" laisse entendre que ce l'est un peu quand même, et c'est en quoi il y a un peu d'assertion là-dedans.843. Remarque de mise en scène. Donat se fait une représentation mentale très "classique" : ses didascalies psychologisantes sont toujours assez redondantes par rapport au texte.844. Comprendre que "etsi" n'est pas un mot de liaison copulatif (ce que serait "et" s'il fallait lire "et si"), ni "prépositif" ("mis devant"), dont relèvent ses emplois adverbiaux en tête au sens de "d'ailleurs", mais subordonnant.845. A ce que l'honneur commande (vers 403) ou que l'utile réclame (scholie 400, 4), Pamphile oppose l'amour et la l'affection. C'est un pur dilemme.846. Donat commente le temps du verbe pour montrer que l'amour de Pamphile pour Philumène est toujours bien présent.847. Sur le sens de "pendere", cf. 128, 2. Donat dit ici que "lacrimo" n'est pas à rattacher à la phrase précédente d'un seul tenant, mais qu'il faut le séparer par des sanglots. C'est une remarque de mise en scène qui est peut-être justifiée par l'absence de mot de liaison entre les deux phrases.848. Etrange formulation pour dire que "quae" n'est pas interrogatif mais exclamatif indirect ! Comprendre : c'est un pronom, ici exclamatif, et, ici, l'exclamation a valeur de plainte. Ce doit aussi être une remarque didascalique implicite sur la prononciation à prêter à ce pronom.849. Le rapport à la citation est assez lâche mais accentue l'idée que la scholie 1 est une remarque de mise en scène implicite. Pamphile doit jouer comme on jouerait Didon éplorée.850. Implicitement Donat signale la prolepse de l'exclamative indirecte.851. "Fortuna" a un sens neutre ("bonne fortune" ou "mauvaise fortune") : voir plus haut 368, 2. Mais ici il est contextuellement orienté vers son versant positif.852. C'est-à-dire que si on lit "O Fortuna, ut numquam perpetuo es bona", comme semble le préférer Donat, on comprend tout de suite que la Fortuna invoquée est "bona". En revanche, si on lit "data", la bonne part de Fortuna n'apparaît plus immédiatement, mais elle reste nécessairement présente contextuellement, bien qu'implicite. Au demeurant, Donat semble le seul à connaître cette variante "perpetuo es bona", les mss. de Térence ayant systématiquement "data".853. Donat hésite entre une forme "idem", nominatif masculin singulier renvoyant à Pamphile, donc équivalant à "idem ego", et un datif masculin singulier renvoyant à son expérience amoureuse (représentée par le pronom "huic" dans le vers, d'où "eidem huic"). Donc soit : "moi, le même, je m'occuperai dès lors de cet amour-ci", soit "je m'occuperai dès lors de cet amour-ci aussi". Mais il ne s'agit pas nécessairement d'une variante textuelle : ce peut être une graphie "idem" ambiguë et analysable comme un datif.854. A cause du sème 'effort' inhérent.855. Comprendre qu'il ne faut pas que Parménon sache que Philumène vient d'accoucher car, puisqu'il sait que Pamphile n'a pas touché sa femme au début, il en conclura vite que cet enfant est suspect. Et la présence des autres esclaves l'empêche de s'éclaircir avec Parménon sur ce point scabreux.856. Il semble donc que Philumène soit "en train" d'accoucher et que le travail ne soit pas tout à fait terminé.857. Donat se félicite de cet excursus constitué par la fin de la conversation que mènent en arrivant sur scène Parménon et Sosie. Cela, certes, ne sert en rien l'action, mais permet de trancher avec le long monologue pathétique de Pamphile qui vient de s'achever.858. Il s'agit d'une remarque de dramaturgie générale et non d'une proposition faite sur la réplique en cours. En règle générale, la conversation peut naître sur la scène ou continuer après avoir été inaugurée hors scène. Mais ici Térence ni Donat ne laissent de choix : on est dans le deuxième cas, comme l'a montré la scholie précédente.859. Wessner édite "quantum", comme dans le manuscrit A de Térence, tout en précisant dans l'apparat que le scholiaste lit "quam". De fait, les mss. (VGK...) ont effectivement "quantum", comme le codex Bembinus de Térence, mais le commentaire de Donat n'a de sens que si le lemme porte "quam". Nous gardons l'incohérence, qui témoigne de l'état de la transmission.860. Les éditions de Virgile donnent "tanto" et non "tam tu". Mais ce peut être une correction de grammairien et, ici encore, Donat a peut-être un texte "ante correctionem" des Géorgiques. Ce qui est commenté, tant chez Térence que chez Virgile, c'est la rupture de parallélisme entre corrélatifs, "quantum... tam" et "quanto... tam", qualifiée d'anacolthe n° 4.861. Donat note la valeur durative de l'accusatif seul (sans préposition) dans l'expression du complément de temps.862. C'est-à-dire que l'incertitude est levée au vers suivant.863. Donat appelle "absolues" les constructions soit sans complément soit directes. Vraisemblablement, "absolute" ici désigne le complément à l'ablatif sans préposition du comparatif. La construction non-absolue serait en "quam". Mais il n'y a rien de surprenant dans cette construction, sauf à supposer que la comparaison se fait implicitement avec la langue de son époque, qui privilégie le tour subordonné "quam" ou des tours à l'ablatif prépositionnel.864. C'est donc le verbe "expecto" qui fait le lien entre ces deux passages.865. Donat signale implicitement une hyperbole de Sosie.866. Ce n'est pas notre analyse. Il est plus facile de supposer une ellipse : "istud odiosum est". Mais comme la phrase est constituée de ce seul mot, Donat préfère y voir un adverbe, catégorie facilement habilitée à occuper seule tout l'espace phrastique.867. La litote est techniquement fondée, puisqu'on a la négation du contraire : "pas en cachette", donc "tout à fait clairement".868. C'est-à-dire soit ceux qui font de "odiosum haud clam me est" une réplique de Parménon, soit groupent dans la réplique authentique de Parménon "haud clam me est, denique etc.".869. L'objet de la scholie que de dire que Térence met le subjonctif parfait pour le futur antérieur ; Donat ici les distingue donc, ce qui n'est pas toujours le cas chez les grammairiens. Le "promissif" désigne les emplois optatifs du subjonctif ("j'aurais préféré fuir").870. Ce qui étonne Donat, c'est qu'on prête à l'esclave fugitif une raison tout à fait recevable à sa tentation de désertion. Cela étant, ce sont deux esclaves qui parlent.871. Donat nous dit ici que le pronom "ipse" peut être interprété comme appelant le développement implicite "a quo missus sum" (il prendrait alors en quelque sorte une valeur anaphorique), ou alors comme le pronom grec "αὐτός", souvent employé, selon Donat, lorsqu'un esclave parle de son maître, comme une sorte de pronom déictique. "Ipse", pour un esclave, c'est son patron.872. Ce n'est pas le cas : Parménon vient de saluer Pamphile, conformément à son devoir.873. Il s'agit de l'Acropole d'Athènes. Minerve correspond à Athéna, la déesse éponyme d'Athènes, qui est le lieu scénique de la pièce.874. "Opus est" peut se construire avec un infinitif sujet ou avec un ablatif. Ici, la construction avec le participe parfait passif de "transcurrere" à l'ablatif peut sembler peu naturelle, d'où le commentaire de Donat ; de plus, on ne trouve pas de datif de personne ("opus est" est employé de manière impersonnelle), ce qui est étrange avec l'ablatif de la chose requise.875. Remarque de mise en scène : Parménon, mettant en question la personne (le complément au datif manquant dans l'énoncé de Pamphile), prononce "Cui homini ?" avec un ton insolent qui revient à dire "Ne compte pas sur moi". Voir la scholie suivante.876. Comprendre que "an" employé en interrogation simple a un sens ironique.877. L'hyperbole consiste évidemment à dire "voler" au lieu de "courir". En quoi est-elle conforme au caractère ? Peut-être, si c'est au caractère de Parménon qu'elle se conforme, par référence métathéâtrale au "seruus currens", l'esclave qui court, motif récurrent de la comédie romaine.878. Donat fait ici une étymologie du substantif "caro, carnis", f. (chair) par le verbe verbe "carere" (manquer), dont il est le premier attestateur, selon Maltby (1991, s. v.).879. Les éditions de Virgile donnent généralement "tum" au lieu de "et". Le propos du scholiaste est ici transitif : "caro" vient de "carere" : la preuve, Virgile appelle les morts "luce carentum" (qui manquent de lumière). Mais ce qui n'est pas clair, en attendant la scholie 4 qui s'en expliquera (?), c'est le passage de "cadauer" à "caro" : pour expliquer "cadauerosa", Donat donne l'étymologie de "caro" sans dire explicitement qu'il y a entre les deux termes un lien étymologique.880. Etymologie, cette fois scientifiquement correcte, de "carnifex".881. Encore une étymologie, qui rapproche "pulpa, -ae" (chair, viande), du verbe "pulsare", (heurter, secouer lors de la mastication). Là encore, Donat est le seul attestateur.882. Les grammairiens connaissent quelques exemples ce cette connivence entre D et R, par exemple "meridie" (midi) pour "*medidie" (milieu du jour, de "medius" et "dies") : voir par ex. Prisc. Inst. 1, 45 (GL 2, 35, 2): "D transit in (...) r: 'arrideo', 'meridies' ; antiquissimi uero pro 'ad' frequentissime 'ar' ponebant: 'aruenas' etc." (D passe à r: "arrideo", "meridies" ; les Anciens mettaient très souvent au lieu de "ad-" "ar-" : "aruenas" etc.). De là, un raisonnement analogique : ce qui est vrai pour "meridie" peut être vrai pour "caro".883. La deuxième main rapproche cette fois "caro" du verbe "cado" (je tombe), ce qui boucle la boucle : le rapport phonique entre "cadauer" et "cado" est suffisamment clair pour rester implicite. Mais avec ce bouclage, se tisse un réseau lexical "cadauer" / "cado" / "caro" / "careo" tout à fait typique de la méthode lexicologique des Latins.884. Comme souvent, la multiplicité de l'interprétation est induite par un simple problème de ponctuation.885. Cela rejoint ses remarques précédentes sur la différence entre l'amoureux et le mari : voir Hec. 326, 1 ; 361, 1.886. Citation approximative d'un vers lemmatisé autrement (voir 269) : "sancte adiurat non posse apud uos Pamphilo se absente perdurare".887. C'est-à-dire que "factum" porte soit sur le fait que Philumène a dit qu'elle attendait le retour de Pamphile, soit que Phidippe a dit que Philumène attendait le retour de Pamphile.888. Cette scholie exprime le dilemme auquel est soumis Pamphile, qui ne peut dire que Philumène accouche ni ne peut, par piété filiale, accuser sa mère de la faire fuir.889. Dans le passage de L'Andrienne cité, il s'agit effectivement de Mysis déjà en scène (comme Pamphile dans le cas présent) et qui voit arriver le jeune homme qui monologue. Elle l'écoute parler, s'inquiète, se fait des réflexions à mi-voix jusqu'à ce que Pamphile (celui de L'Andrienne) la voie et l'aborde. La situation conversationnelle est la même sauf que, ici, le personnage qui entre est double (Lachès et Phidippe) et qu'il y a dialogue et non monologue ("secum"). En outre, si dans L'Andrienne le procédé est suivi sur la longue durée (le monologue de Pamphile capté et commenté par Mysis en aparté dure plus de trente vers), ici il n'est guère qu'évoqué. Il s'agit davantage de préparer l'entrée des deux pères en les faisant (comme dans la scène précédente les deux esclaves Parménon et Sosie) continuer leur conversation.890. Pamphile écourte les politesses des retrouvailles avec son beau-père. Il ne le salue même pas, à vrai dire, et cela contribue à jeter le froid qui va s'installer dans toute cette fin d'acte.891. "Modo", adverbe de temps, signifie "tout à l'heure" et s'emploie facilement avec le parfait ponctuel ou l'imparfait duratif. En fait on a un trait de langue orale : interrogation non marquée (voir la note suivante), présent pour le passé, comme en français parlé "tu arrives à l'instant ?". La légère rectification "admodum" opérée par Pamphile est, selon Donat, une manière d'ancrer davantage dans le présent. Et cela permet aussi au jeune homme de se disculper : l'explicite est : "j'arrive tout juste", l'implicite est : "je n'ai donc pas eu le temps de passer te dire bonjour" ; voir la scholie 3.892. Le seul rapport que l'on puisse trouver entre cette citation (En. 10, 228-229) et le texte de Térence est qu'il s'agit d'une interpellation à la P 2 sous forme de question (dans Virgile, c'est Cymodocée qui interpelle Énée). La question du texte cité est introduite par "-ne", et c'est peut-être cette forme correcte que Donat veut enseigner à ses élèves, alors que celle du lemme ne présente pas de marqueur de l'interrogation, comme c'est souvent le cas dans la langue parlée.893. Rappel de la situation : Phania est le cousin défunt de Lachès qui a laissé un héritage que Pamphile est allé chercher, circonstance qui l'a éloigné d'Athènes pendant trois mois.894. L'alternative proposée ("utrum... an") n'est pas d'une grande clarté, en raison du jeu des pronoms et des références. Faut-il comprendre que Lachès évoque cette affaire privée de l'héritage soit pour que Phidippe fasse revenir sa fille, en vue de la confrontation qu'il souhaite (voir le vers 452), soit pour rendre jaloux Phidippe et l'inciter à raisonner sa fille, qui aurait tort de quitter une famille si riche ? Lachès souhaite alors, dans uncas comme dans l'autre, le retour à la normale et la réconciliation du couple. Ou bien la deuxième alternative (qui, dans cette première hypothèse, ne s'écarte guère de la première : "cupidiorem" est de fait commun aux deux volets) doit-elle se comprendre avec un réfléchi direct ? Dans ce cas, Lachès espère rendre Phidippe cupide de récupérer ses propres fonds, à savoir la dot de Philumène (que de fait il va réclamer au vers 502) et l'alternative est : soit il évoque l'héritage pour inciter Phidippe à calmer sa fille et à la faire rentrer dans le droit chemin, soit il l'évoque pour inciter Phidippe à radicaliser l'affaire et à réclamer la dot, que l'héritage rendra facile à restituer.895. Comprendre, implicitement, "con-soririni" : le préfixe, qui ne pose pas de problème, reste ici implicite.896. Il semble que Gaius (Dig. 38, 10, 1, 6) pense le contraire : "consobrini (...) ex duabus sororibus nascuntur, quasi consororini" (des "consobrini" naissent de deux sœurs, comme si le mot était "con-sororini"), et qu'Isidore de Séville (Etym. 9, 14) les mette tous deux d'accord : "Consobrini uero uocati, qui aut ex sorore et fratre, aut ex duabus sororibus sunt nati, quasi consororini" (on désigne du nom de "consobrinus" celui qui est né d'un frère ou d'une sœur ou ceux qui sont nés de deux sœurs comme si le mot était "consororinus"). La seule hypothèse exclue, apparemment, est d'appeler "consobrini" des cousins issus de deux frères (comme Ctésiphon et Eschine dans Les Adelphes ou Antiphon et Phédria dans Phormion par exemple, lesquels sont désignés en latin du nom de "patrueles" : voir la scholie 3). La scholie intercalée par la seconde main contredit au moins partiellement la scholie 3, où l'appellation de "consobrini" est déclarée valable (comme chez Isidore) entre des cousins dont les parents de même sang sont sœurs (implicitement) ou frère et sœur. Le scholiaste a sans doute été trompé par la scholie 1 qui, dans les mss. au moins, porte "sororinus", ce qui l'a induit à faire une differentia entre "sobrinus" (cousin issu de germains en langue classique) et "consobrinus" (cousin germain par la mère), et qu'il fonde manifestement sur d'autres critères. Ce lexique de la famille a beaucoup évolué en latin tardif selon les territoires latinisés.897. Sur l'établissement difficile de ce texte, voir la note apposée au texte latin.898. La scholie porte sur le sens et l'origine du sens de "sane". Ce rapprochement avec "ualde" sur la base du rapprochement entre les adjectifs "sanus" / "ualidus" est récurrent dans le commentaire ; cf. Hec. 178, 1 ; And. 195 ; 229 ; 848 ; Ad. 580, 2.899. Ce qui est spirituel c'est le paradoxe : comment peut-on se laisser quelque chose pour soi après sa mort ?900. Sur cette figure, voir par exemple Eun. 27, 4 ; 41 ; 936, 1.901. Il y a là un jeu de mots (ou une simple ambiguïté) – difficile à rendre – sur le verbe "prodesse", qui a un sens général "être utile" et prend un sens particulier de "être un profit" lorsqu'il s'agit d'argent. Donc soit le sujet implicite de "profuit" est le défunt Phania, soit c'est le référent de la relative "quoi que ce soit qu'il nous a laissé".902. "Impune", de la famille de "poena", signifie littéralement "sine poena" (sans châtiment). Souhaiter le retour à la vie de Phania est un vœu qu'on peut faire sans risque d'être puni en tant qu'héritier, puisque le vœu ne risque pas de se réaliser.903. Citation approximative de la réplique de Pamphile, entre paraphrase et reformulation.904. Comprendre : ce n'est pas nous qui l'avons chassée de chez nous, mais lui qui l'a fait venir chez lui.905. Cette citation (très célèbre) a pour but de donner un autre exemple de "ut" adverbe interrogatif indirect.906. Autrement dit il va développer dans son apologie tous les arguments utiles et habituels de moralité.907. Subjonctif attendu dans une interrogative indirecte.908. Virgile, En. I, 625. C'est l'antithèse qui est ici illustrée, comme dans la citation suivante. Mais dans ces deux illustrations, l'antithèse n'est pas appuyée par une paronomase, comme chez Térence.909. La citation est inexactement rapportée du texte de Cicéron ; on a, chez les éditeurs : "Quid, si doceo, si planum facio teste homine nequam, uerum ad hanc rem tamen idoneo - te ipso, inquam, teste docebo"…. Cette citation nous permet de modifier la séquence "ad hanc rem s. i." lue par Wessner en "ad hanc rem t. i.".910. C'est-à-dire que la rupture est consommée. S'il mettait le verbe au présent, il s'agirait de traiter une affaire en cours ; en en parlant au parfait, il semble indiquer qu'il n'y a pas de recours amiable.911. Dans son rôle de bon fils, qui ne l'empêche pas d'être un bon mari.912. Même remarque sur la "morosité" des vieillards en Hec. 578, 1.913. Citation approximative du vers 378.914. Sitôt résumé son dilemme sous cette formule presque digne de Rodrigue, Pamphile va en effet indiquer ce que son devoir lui dicte.915. La citation donne seulement l'exemple d'une apostrophe, pas d'une apostrophe par un nom propre.916. Si la citation de Virgile est bien à sa place dans cette scholie, elle illustre la litote. Or ce n'est pas spécialement le cas. Chez Térence, "haud inuito" (avec la négation du contraire) est clairement une litote. Mais le morceau virgilien ? Peut-être en revanche faut-il voir dans ce morceau (cité ailleurs dans le commentaire), et surtout dans "posthabita", une illustration du verbe "postputasse" du vers suivant. Dans ce cas, la citation serait à déplacer de quelques mots. Peut-être s'est-elle retrouvée là, déplacée d'une ligne lors du passage des gloses marginales dans le corps du texte.917. Le bavardage comme trait de caractère des vieillards de comédie est un trait récurrent : voir Hec. 738 ; Eun. 216, 1 ; 973, 1 ; Ad. 68, 3 ; 264, 3 (et notre note) ; 646, 2 (et notre note).918. Autrement dit, ce qui est mieux c'est la généralité : "toutes les choses" au lieu de "ta mère", "un parent" au lieu de "ta mère" : à la fois cela évite de nommer les personnes qui sont cause du conflit et cela donne un tour sentencieux très moralisant à l'énoncé.919. Cette scholie finale illustre sans doute le sens de la scholie 1.920. "Meritam" au vers suivant. Cette propriété de l'expression est commentée au vers suivant.921. Comme souvent en lexicographie antique, le grammairien glisse d'un mot à un autre : ici, c'est finalement "promeritam" qui exemplifie "meritam".922. C'est-à-dire les deux autres femmes qu'il a aimées (puisqu'il ne sait pas encore que sa femme et celle qu'il a naguère violée sont une seule et même femme). Mais on voit que sont comparés des types d'amour que nous ne trouverions pas comparables à notre époque : l'amour filial, l'amour conjugal, le désir irrépressible et coupable.923. Même type de remarque sur l'emploi des temps en 476, 3.924. Rapprochement assez bien vu : même contexte, même verbe à la même forme, même type de signification.925. Pamphile est bien plus un amoureux qu'un mari, comme il a déjà été noté plus haut. Voir 448, 1 et la note.926. Texte très difficile à établir, voir la note apposée au texte latin. Il nous semble que Donat dit ici deux choses. 1-Pamphile dit "éloigner" au lieu de "flanquer dehors", ce qui est une forme d'euphémisme. 2-il incrimine la nécessité pour ne pas incriminer Sostrata. Tous ces éléments se retrouvent dans la suite du commentaire.927. C'est-à-dire que par cette phrase dans laquelle il s'oppose au raisonnement de son gendre, Phidippe fait passer Pamphile pour celui sur qui retombe toute la responsabilité de la décision, alors que ce dernier rejetait cela sur la "necessitas". Quant aux intérêts qu'il sert, on suppose qu'il s'agit des siens (donc de ses intérêts en tant que beau-père de Pamphile), puisque rendre le mari responsable de la répudiation signifie que la dot sera rendue avec l'épouse.928. Donat corrige et normalise Térence : on attend le même mode dans tout système hypothétique.929. Au vers 261.930. Donat rappelle ici que Lachès avait déjà prédit à Phidippe que Pamphile prendrait mal la chose, à peu près dans les mêmes termes.931. Donat évoque le présupposé véhiculé par l'énoncé "non credidi inhumanum fore adeo". Dire cela implique que Pamphile est de toutes façons inhumain, mais qu'il montre dans l'affaire de Philumène jusqu'à quel point il a perdu toute sensibilité.932. L'adverbe de lieu est de la sphère du "hic et nunc". Phidippe semble exiger que la somme en liquide lui soit versée séance tenante. C'est cette absurde et irréaliste impatience qui est notée comme caractéristique de la colère.933. La concession faite par Lachès que souligne Donat porte sur l'irritation de Pamphile.934. Cette étymologie "proteruus" / "proterere" est une exclusivité de Donat (voir Maltby 1991, s. v.). Les modernes voient plutôt dans "proteruus" un mot (via "*pro-pt-eruus") de la famille de "peto", "viser, harceler".935. Donat met en rapport étymologique "contumax" (opiniâtre) et "contemno" (mépriser) : la connivence phonique (relative, d'ailleurs, mais fortuite) impose sa force et oblige Donat à une acrobatie sémantique. Cette étrange idée se trouve relayée par d'autres grammairiens : Velius Longus (GL 7, 76, 6), Isidore de Séville (Etym. 10, 45). En fait "contumax" est de la famille de "tumeo" (enfler), ce que Velius Longus, dans le même passage, atteste aussi, en prêtant cette étymologie à Nisus.936. On a "o Aeschine" dans le texte de Térence, ainsi que dans le commentaire de Donat à Ad. 449, 1. Sans doute le grammairien a-t-il écrit "Pamphile" par inattention, puisque c'est lui l'absent auquel s'adresse Phidippe.937. L'atticisme (figure récurrente dans ce sens chez Donat) signale ici un datif éthique. Voir Ad. 272, 1 ; 475, 5-6 ; Eun. 45 ; 284, 1 ; Ph. 223, 1.938. Par à-peu-près, Donat (en fait ici sans doute la main médiévale souvent absurde) illustre le couple "elatus" / "sublatus" par un mot apparenté étymologiquement à des formes du verbe "fero" mais distinct néanmoins de lui, "attollit". Le vers de Virgile n'a aucun rapport, hormis la présence du mot "animos" et ce rapport sémantique entre les verbes. 939. Il y a déjà eu une confrontation entre Lachès et Sostrata (l'autre couple de parents). Ici sont opposés Phidippe et Myrrhina (voilà pour la variété promise), personnages dont nous connaissions déjà les caractères, mais séparément.940. Citation évidemment en contexte. Les enfants morts en bas âge aux enfers préparent le mauvais parti qui pourrait être fait à cet enfant, qu'on croit illégitime.941. Donat commente ici en réalité la succession de sons u dans « audiVisse Vocem pueri Visus est Vagientis », ce qui lui semble relever de l'onomatopée, imitant les cris du nouveau-né.942. Ce que remarque Donat ici c'est l'apparente impropriété qui consiste à employer le verbe "uideo" pour des notations auditives. Il souligne ainsi que, dans son acception "sembler", le verbe a perdu sans doute une grande partie de son sémantisme initial. Voir aussi la scholie Hec. 318, 3.943. Comprendre : "comme 'defessus' et 'deambulando'" dans cet extrait (bien choisi) des Adelphes.944. Alors qu'on peut le faire entre "de-" et un "nom" (en l'occurrence un adjectif), en tre "de-" et un verbe. Rappelons que les grammairiens latins ne font pas de différence entre préposition et préfixe. "Repente" peut être un adverbe, mais il n'est pas possible dans ce cas d'en faire le régime de la préposition "de". Il faut donc lire "derepente", avec une forme intensive comme dans "defessus" (très fatigué) et "deambulando" (déambuler), et non "de repente" qui ne se construit pas. Voir scholie suivante.945. Sur cette marque de ponctuation antique visant à rassembler des éléments qui pourraient être séparables à l'œil par la lecture, voir la scholie Ad. 888, 1 et notre note.946. Autrement dit Donat attire l'attention des lecteurs sur le fait que ce "quod" est un relatif de liaison vide pour le sens, et qui ne sert qu'à relier les deux phrases. Cet emploi est évidemment parfaitement courant de son temps et il ne le signale que pour éviter une difficulté de construction.947. Il s'agit évidemment du préfixe "con-" et non de la préposition. Signalons d'ailleurs que si plusieurs mss. ne segmentent pas bien la séquence "con modo" et lisent "commodo" ou "quomodo" (G), K et V lisent bien "con/com modo" (en deux mots), alors qu'il est très rare que les Latins aient une claire conscience de ce qu'est un morphème : en général ils écrivent un mot entier qui existe à l'état libre. Si Donat a effectivement écrit "con" pour faire comprendre le préfixe "con-" (et non pas "cum", comme la préposition, qui en est l'ersatz habituel), et si ce n'est pas une correction des copistes "modernes" de K et V, c'est une rareté relative. Sur cette question de l'expression du "sémiotype", voir Nicolas (2005, p. 425-427).948. Autrement dit, elle avait quelque chose à cacher.949. Remarque de "mise en scène". On voit que Donat aime, dans sa mise en scène imaginaire appuyer, d'une façon qu'on pourrait appeler expressionniste, le texte par une gestuelle et une diction outrée. Cela correspondait au demeurant aux usages de la scène antique.950. Et il s'agit donc du verbe pronominal "se ducere" et non du parfait du verbe "seducere" (séduire, détourner). Dans une lecture à voix haute ou une copie où les mots ne sont pas séparés, on pouvait légitimement hésiter. Cette fois, en ponctuation, il ne faudrait pas l'hyphen (qui aboutirait à "seducere"), comme ci-dessus pour "derepente", mais la diastole, pour séparer les deux éléments. Voir la note à Ad. 888, 1.951. Le sens de cette remarque est peu clair. Soit on y voit une remarque dramaturgique, mais, dans ce cas, on voit mal de quoi il peut s'agir (il réutilise des mots qu'il a dits à l'intérieur, hors scène ?), soit on y voit une remarque linguistique. Phidippe se sert de mots que l'on réserve d'ordinaire à un usage domestique, donc de mots familiers. La scholie suivante paraît accréditer cette lecture.952. C'est donc sans doute un tour familier, comme en français "elle s'est tirée", qui est, justement, le décalque du syntagme latin.953. Le mot "uir" signifie l'homme au sens de "mâle" par opposition à "femelle", comme dans l'exemple virgilien, mais très fréquemment aussi "le mari". Donat souligne ici ce qui est un truisme. On voit mal Myrrhina dire quelque chose comme "mon cher mâle". Il s'agit sans doute de rappeler à son auditoire que le sens de "mâle" existe même si dans la vie courante, et dans ce contexte, "uir" signifie "un mari".954. En effet tout mari est un être humain mais tout être humain n'est pas un mari, car dans les êtres humains on compte aussi les femmes.955. On édite généralement "tuque".956. Le pléonasme porte évidemment sur "adeo" sans qu'il soit nécessaire de le rajouter comme le faisait Wessner. Donat paraît considérer que l'attribut "hominem" suffit, mais il semble ne pas voir qu'"adeo" remplit ici une fonction d'insistance qui en fait autre chose qu'un simple mot inutile.957. C'est en réalité cette citation qui explique le commentaire. Phidippe répond hargneusement parce que Myrrhina semble lui dénier toute humanité, ce qu'indique clairement la citation (réplique de Lachès à Sostrata). Il s'agit donc d'une remarque de psychologie des personnages plus que de grammaire. Mais il faut signaler aussi qu'on s'attendrait, en l'espèce, comme dans le cas du couple Lachès-Sostrata évoqué implicitement dans la citation, que le mari appelle sa femme "uxor" et non "mulier". C'est la suite logique de la gradation inversée commentée en 524, 2 : Phidippe reprochait à son épouse de ne voir en lui ni un "uir" ni même un "homo", finissant par le terme le plus générique, et il répond en disant qu'elle est tout au plus une "mulier" (femme) et non une "uxor" (épouse), en commençant (de façon chiasmatique) par le terme le plus générique. Voir aussi la scholie 607, 4.958. Remarque de ponctuation. Phidippe n'interroge pas Myrrhina, il lui assène la vérité : "tu sais tout mais tu ne dis rien". Il faut, du coup, interpréter "taces" dans son emploi transitif "taire qqch.", même s'il n'y a pas de complément exprimé.959. Tout au plus Myrrhina retourne-t-elle au questionneur une autre question qui s'apparente à un reproche. C'est ce qu'indique la scholie suivante. Mais on ne peut pas dire qu'il y ait une accusation constituée.960. Donat fait porter cette remarque sur "adeo" parce que c'est avec ce mot qu'on comprend que Phidippe s'est rangé à l'argument de Myrrhina. Sa fille a un enfant, mais il n'y a là rien d'illégitime ou de compromettant.961. Si Myrrhina a contré l'accusation de scandale, elle n'a toujours pas dit ce qu'il y avait à cacher dans cette naissance, ce qui donne un nouvel argument à Phidippe.962. D'où l'emploi de "nos omnes" au pluriel.963. C'est ce que va dire Phidippe au vers suivant.964. Donat fait remarquer la construction de "celare" avec double accusatif.965. L'avis de Phidippe n'est guère autorisé, semble-t-il. Une naissance prématurée de deux mois (surtout si l'enfant est bien portant) est forcément de nature à provoquer des soupçons. Myrrhina, elle, qui a un avis plus professionnel sur la question, savait bien (voir le vers 394) que la naissance d'un nouveau-né né après sept mois de gestation s'apparente à une fausse couche (vers 398).966. Le bébé étant né après seulement sept mois de mariage, on peut se demander s'il n'a pas été conçu illégitimement, ce qui pourrait constituer un motif de haine pour les grands-parents ainsi abusés par l'adultère de leur fille.967. Sans doute plus qu'une définition, une étymologie : les syllabes "per" et "ui" se retrouvent de façon opportune dans la définition, qui pourrait donc du coup dire quelque chose non pas seulement du sens mais aussi de la forme du mot. Maltby (1991) n'a néanmoins pas retenu cet énoncé comme étymologique. On peut (comme Marangoni 2007, s. v.) rapprocher Porphyrion, ad Hor. epod. 17, 14 : "peruicaces (...) dicuntur, qui in contentione usque ad peruincendum perseuerant" (on appelle ainsi ceux qui, dans un débat, persévèrent jusqu'à l'emporter complétement ("peruincere")) : à meilleur titre, Porphyrion rapproche "peruicax" de "peruincere", mais il utilise lui aussi le verbe "perseuerare" dans sa définition, ainsi qu'Isidore (Etym. 10, 210) : "qui in suo proposito ad uictoriam perseuerat". Comme on le voit, "perseuerare" sert à donner le sème 'obstination' et, manifestement, l'explication de la syllabe "per". Du coup, le reste de l'explication ("-uincere" chez Porphyrion, "uictoria" chez Isidore, y compris, donc "ui <quadam>" chez Donat) peut avoir valeur phonétique d'étymon.968. Or en l'espèce, en disant "scires" (tu savais), Phidippe accuse sa femme de préméditation. Elle est donc inexcusable. 969. Donat tire ici parti de la construction ancienne de "nubere"avec "cum" pour une remarque sémantique intéressante. Le verbe "nubere" ne s'emploie de son temps que pour la femme, mais la construction "nubere cum", parce qu'elle introduit une idée d'action faite "ensemble", lui fait supposer que le tour ancien veut dire "il se marie ("nubit") avec elle et elle avec lui". Du temps de Donat, on dit "ille eam ducit", "illa ei nubit", avec deux verbes différents.970. La formulation de Donat n'est pas très claire. Phidippe a cru que tout le monde s'était ligué contre lui, mais il voit maintenant que c'est Myrrhina qui a tout manigancé. L'ajout de "etiam" montre qu'il n'a jamais disculpé Myrrhina, mais qu'il l'incluait dans le groupe des fautifs, alors que tous les autres, sauf elle, étaient innocents.971. Dans cette deuxième hypothèse, Phidippe aurait cru que tout était le fait des autres sans que Myrrhina fût impliquée, et il découvrirait maintenant que c'est elle qui a tout manigancé.972. Donat commente ici le retour de Phidippe à la réalité marqué par "sed nunc".973. Et non pas au sens plus courant de "jadis, autrefois".974. Si Pamphile est un garçon si bien, pourquoi cacher le fait qu'il soit le père ?975. Donat se trompe, il s'agit d'Ad. 531.976. Le commentaire de Donat n'est pas très clair. Veut-il dire que le verbe "pernocto" est familier, et que c'est pour cela que Térence, soucieux de caractériser ses personnages, l'utilise, ou au contraire que le verbe est rare, mais que Térence l'utilise de façon courante ? En réalité, Térence ne l'emploie que deux fois !977. On édite souvent "an" au lieu de "ac" et "coeperet" au lieu de "fecerit".978. Donat semble constuire "numquam decreui id uitium esse uitium", mais c'est bien compliquer un énoncé finalement assez simple.979. Autrement dit, Phidippe ne craint pas que les égarements de la jeunesse ne marquent un vice déterminant et persistant du caractère de Pamphile.980. Nous traduisons ainsi "uelocem" mais à vrai dire nous ne savons pas ce que cela signifie dans le contexte.981. Au vers 537.982. Ce qui semble impliquer que, dans l'esprit de Donat, "factum" est un nom, et non le participe de "fio".983. A nouveau un mot en "per-" et le nom "uis" pour expliquer l'adjectif "peruicax" : voir scholie 532, 3 et la note.984. Le redoublement d'expression de Donat n'a d'autre but que de lever l'ambiguïté du genre de "ei" qui peut être à la fois masculin, féminin ou neutre. Avec "circa eam" la question ne se pose plus, mais l'énoncé est moins naturel.985. Il s'agit bien évidemment d'argumentation.986. Bien qu'il s'agisse d'une interrogation indirecte, il semble qu'il faille ponctuer ainsi. Soit Myrrhina recourt à l'argument du vraisemblable pour se défendre, soit elle admet qu'elle a été odieuse dans son rôle de mère.987. Ici, comme en 547, il est question d'argumentation.988. S'il l'a vu, c'est un fait objectif ; s'il dit qu'il l'a vu, la modalisation supplémentaire rend l'événement plus flou et le rend suspect.989. Comme d'ordinaire, Donat s'amuse avec cette citation du Pro Caelio 27. Il s'agit dans le discours de Cicéron de se moquer de ceux qui s'en prennent aux mœurs jugées dissolues de Caelius, alors qu'il ne fait que ce que font les jeunes gens bien de son temps. Ici l'argument de Phidippe est le même et il en conclut comme l'orateur : "bon et après ? Que faisait-il de mal ?".990. Ces deux scholies se complètent. On attendrait un énoncé du type "exeunte ex amica ineuntem ad amicam", comme dans le Phormion "in ludum ducere et de ludo reducere", mais à chaque fois le poète n'exprime qu'un complément et oblige le lecteur à sous-entendre l'autre.991. Cette figure se définit comme le fait de réduire à rien quelque chose. Voir notre note à Hec. 321.992. L'ablatif "cohibentia" de "cohibentia, -ae" est extrêmement rare, mais il semble que le mot, si exceptionnel soit-il, soit bien attesté par les manuscrits.993. Donat pose une question d'interprétation et une question de grammaire dans ces trois premières scholies. Dans la scholie 1, il dit, à propos de la structure comparative "magis humanum", qu'elle présuppose que dissimuler est humain (car si c'est "plus humain" qu'autre chose, c'est que le critère de l'humanité est intrinsèque : seul le degré est en cause, non l'essence). Dans la scholie 2, il se pose la question de la portée de l'adverbe "magis", qui pourrait, après tout, porter sur le verbe "dissimulare" du vers précédent ; dans ce cas, la chose s'interprète : "est-ce que ce n'est pas humain, pour nous, de plutôt dissimuler que de veiller etc.". Enfin dans la scholie 3, il fait une remarque de morphologie en signalant que le comparatif régulier de l'adjectif neutre "humanum" est "humanius". En disant cela, au demeurant, il montre qu'il opte pour le syntagme "magis humanum" plutôt que pour le syntagme "magis dissimulare".994. Donat marque ici une gradation dans la parole de Phidippe. Maintenant qu'il a disculpé Pamphile de façon certaine, il peut aller jusqu'à faire son éloge.995. Voir 518.996. Pour comprendre ce que dit Donat, il faut se souvenir que la seconde citation de L'Andrienne est en fait une protestation indignée de Pamphile : "comment, lui, il oublierait une relation si longue et si intime !".997. Remarque de morphologie : Donat fait remarquer qu'il existe un double paradigme pour les pronoms "qui" et "quis" (qui, en fait, ont tendu à confondre leurs prérogatives). Pour lui, la forme normale est la forme en -i, tant au singulier (donc l'ablatif féminin "qui<cum>") qu'au pluriel (donc "quibus", plutôt que "quis" à l'ablatif pluriel). Il a diachroniquement raison pour "quis" mais tort pour le relatif (qu'on a ici). De toute façon, les Latins ne savent plus faire la différence entre les deux séries et ont normalisé une des deux formes, mise en commun et pour l'interrogatif et pour le relatif. Mais sa remarque pointe un défaut d'analogie : si on dit "quibus" au pluriel (et c'est la norme, tant pour "qui" que pour "quis"), alors il faudrait privilégier "qui" à l'ablatif singulier.998. Cette reformulation prend en compte l'observation de Donat sur les butors. Un jeune homme qui se comporterait ainsi serait un butor, mais au fond Phidippe s'en moque aussi longtemps qu'il n'entre pas dans la famille, mais, une fois devenu son gendre, il ferait courir à sa fille de grands périls. D'un commentaire qu'on pourrait prendre pour une simple paraphrase on a glissé à une subtile analyse psychologique du personnage.999. Voir 523, 4.1000. Telle qu'elle se présente, la scholie n'a pas grand sens. Peut-être faut-il comprendre que Donat lisait "firmo" dans le texte d'Horace et que les copistes ont "corrigé" le texte selon la version la mieux répandue. Métriquement la variante est neutre. Le personnage veut dire que, pour être un bon mari, il faut s'intéresser à la sexualité et quelle meilleure preuve donner de cet intérêt que d'entretenir une liaison avant son mariage ?1001. Donat, avec son acuité habituelle, réfléchit sur la progression dramatique de cette scène d'affrontement et analyse le mécanisme d'enchaînement des arguments.1002. Remarque de ponctuation qui s'appuie sur la syntaxe. Donat veut que l'on comprenne "interdico : ne uelis..." (je l'interdis : ne va pas...), car il ne veut pas que ses élèves construisent "interdico ne" comme une proposition complétive, ce qu'"interdico" dans la meilleure langue ne tolère pas.1003. Donat est en effet formel. Il ne peut y avoir dans la comédie mise en danger de la vie d'un personnage.1004. Le commentaire porte sur le démonstratif "hanc" et sur le ton avec lequel il faut le prononcer.1005. Une particularité du langage des vieillards sans doute.1006. Donat ne remarque pas la litote, et se contente de paraphraser de manière plus claire pour ses élèves.1007. Karsten (1912) athétisait le commentaire de la seconde main de Wessner, mais en réalité il suffit de le déplacer comme il le fait lui-même pour que l'analyse de Donat prenne tout son sens.1008. Ici le commentaire est obscur à force de concision. Donat commente en fait les deux parties du vers sur le seul lemme qu'il cite.1009. Donat, sans doute pressé d'en finir avec cette scène, se contente d'une allusion qui demeure assez obscure tant qu'on ne perçoit pas que le commentateur s'amuse des conventions du théâtre. Pour faciliter une scène de reconnaissance ultérieure, il est fréquent dans les pièces que la jeune fille violentée arrache à son violeur un signe distinctif qui permettra de l'identifier et de le confondre. Le caractère distancié de la scholie se voit dans sa brièveté même. Voir le commentaire du vers suivant.1010. Nouvelle remarque sur les conventions. L'inversion des structures habituelles n'empêche pas Térence de ménager quand même une scène de reconnaissance. C'est sans doute aux yeux de Donat une preuve de son habileté.1011. Donat analyse ici l'état de la cause qui va constituer l'objet du débat contenu dans cette scène. Il le qualifie de "negotialis", c'est-à-dire de matériel, dans la mesure où ce qui est en cause est le statut de Philumène.1012. En effet elle désigne la jeune femme par la situation sociale qui la lie à Pamphile, ce qui est une façon d'entériner l'union du jeune homme.1013. Même remarque en Hec. 478, 2.1014. La conjecture est "ita me di habent" et "obtingant", et le serment le vers suivant ; voir scholie à 580, 1.1015. C'est-à-dire "ita" et "-que", valant "et ita" et non la conjonction "itaque".1016. Pour Donat le mot "iusiurandum" désigne, comme chez Cicéron, toute forme d'attestation solennelle faite au nom des dieux. Il y a donc ici pour lui "iusiurandum", même s'il n'y a pas pour nous véritablement "serment".1017. Il faut comprendre que Sostrata n'a rien fait pour s'attirer la haine de l'épouse de Pamphile, ce qui est le sujet du commentaire complet de ce vers.1018. Malgré les apparences il s'agit d'une remarque de morphologie, indiquant que le "quam" ne doit être pris ni pour un relatif, ni pour un élément de la conjonction "antequam", mais bel et bien comme un comparatif. La plupart des éditeurs modernes éditent ici "quod", mais il est évident que Donat lit bien "quam".1019. Même type de remarque que ci-dessus, 577, 4.1020. Evidemment parce qu'elle réduit la jeune femme au sentiment qu'éprouve pour elle son fils, concentrant ainsi l'intrigue sur son enjeu fondamental, le conflit dans le cœur de Pamphile entre l'amour qu'il éprouve pour sa femme et celui qu'il éprouve pour sa mère.1021. On a ici un cas typique d'un travail de compilation inachevé à partir des données fournies par le commentaire originel. Karsten (1912, 185) athétisait le second commentaire, mais il n'y a aucune raison de choisir l'un plutôt que l'autre. Il vaut mieux admettre qu'il faut se contenter de la teneur du commentaire originel sans trop savoir quelle était sa forme.1022. D'ailleurs, dans cette scène, elle n'a jamais prononcé le mot de "faute", mais un verbe comme "commerui" sous-entendait clairement cette idée.1023. Ce qui étonne Donat ici est sans doute le luxe de précision qui confine au pléonasme. Malheureusement il oublie de dire comment il l'interprète dramaturgiquement.1024. La reformulation de Donat explique non pas ce qu'il vient de dire, mais le sens qu'il donne au vers. Il ne faut pas comprendre que Pamphile donne un ordre à sa mère (il est bien trop bon fils pour cela), mais qu'il lui explique clairement qu'il ne la laissera pas mettre son projet à exécution.1025. Commentaire syntaxique. On peut comprendre la proposition par "ut" qui suit comme complétant seulement "non sinam" sans compléter "non facies", ou comme complément des deux verbes. Donat propose les deux lectures sans vraiment choisir.1026. Commentaire extrêmement sibyillin qui se comprend en fait si on lit la fin du vers. Pamphile dit que cela ne se produira ni à cause de son entêtement à lui, ni à cause de la modération de sa mère. Donat remarque donc que, en ajoutant ainsi son propre sentiment, il montre l'intérêt qu'il a lui-même à contrecarrer les projets de sa mère : ne pas encourir le reproche d'avoir fait le malheur de sa mère par son entêtement à ne pas se réconcilier avec sa femme.1027. Etre présent auprès de ses proches et assister aux fêtes relève plutôt de l'honnête, pouvoir voir ses amies et s'entraider avec elles relève plutôt de l'utile.1028. Donat indique ici sans doute qu'il ne faut pas voir dans cette expression un style paratragique, mais seulement l'emploi ordinaire de "nolo" pour marquer la désapprobation.1029. Expression sibylline. Sans doute faut-il comprendre que Sostrata (dans cette scène paradoxale où chacun veut se sacrifier pour l'autre, ce qui, du coup, ne débloque pas la situation) juge aujourd'hui comme des corvées ce que Pamphile lui présente comme ses plaisirs habituels de la ville, et qu'elle commence par rabaisser les "jours de fête", qui étaient les derniers nommés. Le commentaire porte alors sur l'ensemble de la réplique de Sostrata. Mais, si on comprend tout à fait qu'elle rejette globalement ses anciennes activités, on ne voit pas bien en quoi elle fait un sort spécial et inaugural aux jours de fête. Peut-être est-ce l'emploi du verbe "perfuncta sum" au vers 594 qui incite Donat à croire qu'elle évoque d'abord implicitement les jours de fête, car c'est un verbe qui autorise une construction "perfuncta sum diebus festis" mais semble admettre assez difficilement un complément de personne ?1030. En réalité Donat commente son commentaire précédent. Il a remarqué le mot "perfuncta" qui s'applique prioritairement aux devoirs religieux. Il note alors que la vieille dame ne peut plus les accomplir et indique que Térence s'est montré particulièrement adroit ici en faisant répondre à Sostrata sur le point le plus important pour une dame pieuse, celui de l'accomplissement de ses devoirs religieux. Ainsi l'image de Sostrata en sort grandie.1031. Deux commentaires en un : la vieille dame manifeste une lassitude face aux obligations fatigantes, ce qui relève de son caractère ("seniliter") ; mais en réalité c'est une feinte pour prétexter un départ à la campagne, qui est en fait un désir de sacrifice pour arranger son fils : voilà ce qui est "maternel".1032. Cela montre la délicatesse de Sostrata qui ne veut pas sembler accuser sa belle-fille de souhaiter sa mort pour en être délivrée.1033. Même remarque lexicologique en Ad. 109, 1-2.1034. Sostrata indique qu'elle n'a plus l'âge de vivre décemment à la ville, et non qu'elle part pour laisser place libre à sa belle-fille.1035. Malgré le lemme, cette scholie porte sur la totalité du vers et en particulier "male audit". Le ressentiment général contre les belles-mères affecte Sostrata au point de vouloir lui faire quitter la société de ces gens qui méprisent les belles-mères.1036. La construction suggérée par Donat est difficilement compréhensible. Si l'on comprend à la limite ce qu'il fait de "una" en donnant à "absque" le statut d'adverbe, on ne comprend plus du tout "hac". La construction est évidemment celle que suggèrent les sources de Donat, "absque" est une préposition, il faut sous-entendre "re" dans le groupe "hac una".1037. C'est-à-dire qu'il faut enchaîner directement le vers 602 sur le 601, souligner l'enjambement et effacer la petite pause traditionnelle en fin de vers.1038. En choisissant cette citation des Odes d'Horace, déploration de la mort de Quintilius, Donat achève de donner toute sa grandeur au personnage de la vieille dame.1039. On remarquera une incohérence certaine dans le texte de Térence cité sous une forme dans le lemme et sous une autre dans la citation.1040. Le commentaire de Donat porte en réalité sur la construction en apparence non grammaticale de "et mihi" (sous-entendu "vae"). Il remarque toutefois que bien des expressions elliptiques sont ainsi passées dans la langue courante comme le français "ça va ? -et vous?" sans que personne ne s'offusque plus de leur caractère elliptique.1041. La remarque est importante car on arrive à une dérivation de sens intéressante. "Procul" qui signifie "loin" en vient ici à être synonyme de "prope" qui signifie "près".1042. Sur la hiérarchie de sens et de connotations entre "uxor" et "mulier", voir la scholie 525, 2. Lachès se réconcilie avec cette "mulier" en lui redonnant son titre de "uxor".1043. La lacune signalée par Wessner (et qui ne laisse pas de trace dans les mss.) peut se suppléer de plusieurs façons. "Qui" peut équivaloir à l'adverbe relatif "unde" (selon une remarque récurrente dans le commentaire) ou au pronom relatif neutre "quo" (on est alors dans une remarque morphologique, elle aussi banale dans le commentaire, sur la double forme possible de l'ablatif du pronom). Dans ces deux cas on comprend "cela, par quoi on peut infléchir son cœur, c'est être sage". Mais peut-être peut-on aussi supposer une remarque de morpho-syntaxe "qui pro quae" (masculin pour le féminin) : "voilà qui est être sage, toi qui fléchis ton cœur". Le poète aurait mis un masculin de généralité, avec une seconde personne indéfinie ("c'est un sage, celui qui etc.") là où il aurait pu accorder le relatif au féminin en accord avec la situation d'énonciation. Cela peut être confirmé par la scholie 609, 1, et son "etiam" qui pourrait signaler qu'il y a eu une première remarque du même acabit. Mais quelque solution qu'on adopte, on ne voit guère en quoi consiste le pléonasme remarqué. Peut-être la lacune concerne-t-elle davantage qu'un mot. C'est peut-être une ligne entière qui a sauté dans l'archétype et nous aurions avec "interdum abundat" une fin de scholie dont le début est perdu. Nous pourrions proposer de reconstituer "qui pro <quae, generaliter. ubicumque opus sit pro ubi, nam cumque> interdum abundat" (il a mis "qui" pour "quae", en faisant une généralité. "Vbicumque opus sit" pour "ubi", car "-cumque" est parfois plaonastique). De fait, ici la conjonction "ubi" suffirait et c'est peut-être de cela qu'il s'agit dans ce supposé deuxième volet de la scholie.1044. En réalité, ces deux scholies soulèvent un problème de ponctuation. Dans la première hypothèse, ce vers est lié syntaxiquement à celui qui précède, et il ne faut donc pas de ponctuation à la fin du vers 608. Dans la seconde, le groupe "quod etc." est repris par "hoc" et le vers se suffit donc à lui-même. Dans ce cas, il faut une ponctuation forte à la fin du vers 608.1045. On remarquera une fois encore une grande inconséquence dans le texte de la comédie. Donat cite de toute évidence deux versions différentes de ce même vers.1046. L'expression de Donat n'est pas très claire. Ce qui donne au verbe son sens de nécessité impérieuse c'est le recours au tour de l'adjectif verbal employé avec "sum" et marquant l'obligation. Donat fait une remarque équivalente en Ad. 729, 3.1047. Donat n'a pas l'air de considérer la forme "fuat" comme une forme de "sum", mais comme un verbe synonyme.1048. Reformulation en latin plus explicite de "fors fuat pol" où chaque terme (archaïque) est glosé par une forme moderne : "fors" par "bona fortuna", "fuat" par "sit" et "pol" par "per Pollucem".1049. Le vers qui se place au moment où Enée propose à son père Anchise de monter sur ses épaules pour fuir Troie est évidemment extrêmement connu, mais Donat peut jouer sur le contexte. En fuyant la ville pour y laisser les jeunes vivre leur vie, Lachès et Sostrata connaissent un arrachement du même type en comédie que celui que, dans l'épopée, connaît le vieux héros. Loin de faire sourire, ce rapprochement ajoute à la gravité de la scène.1050. D'un côté la décision, si pénible soit-elle, se justifie par le désir de faire le bonheur de Pamphile, de l'autre la perspective d'une vie triste de petits vieux la rend douloureuse.1051. Bien qu'il soit difficile pour nous de l'évaluer, il y a sans doute dans cette expression quelque chose de la langue familière (peut-être "i intro" au lieu de "introi" et l'usage du verbe "componere").1052. Cette plaisanterie misogyne du commentateur ne se comprend que si, comme l'a fait Wessner, on rajoute "annus est" pour compléter la citation. Telle que la livrent les manuscrits, la phrase n'est absolumet pas drôle et n'a aucun sens.1053. En effet tant que l'auditeur n'a pas entendu le "minime" qui suit, il peut croire que c'est ce que veut Pamphile, que sa mère s'en aille, en prenant l'infinitive comme complément de "uis".1054. Ce qu'il vient de dire est "hinc abire minime", la personne "matrem". Il lui reste à savoir pourquoi soudain son fils fait obstacle à ce qui pourrait assurer son bonheur.1055. L'emploi d'une forme de futur marquée n'est pas obligatoire dans les interrogatives indrectes et le subjonctif présent peut tout à fait suffire à marquer une délibération portant sur l'avenir. En choisissant de marquer le futur, Térence ajoute à l'indétermination du personnage.1056. Donat commente ici le tour "quid... nisi" qui ne laisse aucun choix à Pamphile.1057. Le préverbe marque ici l'accomplissement de l'action jusqu'à son terme, et fournit donc une forme d'insistance.1058. Ici, comme dans la scholie 3, il est difficile de voir ce que Donat trouve qui se rapproche de la sentence. Sans doute est-ce le fait que les personnages ne sont pas nommés, et qu'on peut donc à l'extrême rigueur considérer cet énoncé comme généralisant.1059. En répudiant son épouse, Pamphile pourrait donc rétablir entre sa mère et son ex-femme des relations normales, puisque exemptes des contraintes de la vie familiale.1060. Sans doute s'agit-il de commenter "uerum" où Donat reconnaît étymologiquement l'adjectif "uerus" (vrai). Ainsi, Lachès admet qu'il y a une part de vérité dans ce que dit son fils.1061. On notera qu'ici le commentateur accentue encore le caractère sérieux et presque tragique de la scène, en ajoutant de son fait cette note pathétique.1062. Sur la restitution de cette citation d'Apollodore, voir la note apposée au texte latin. Donat se contente ici de faire remarquer l'exactitude de la traduction de Térence par rapport à son modèle.1063. Donat fait remarquer la dimension métathéâtrale de cette remarque. Mais nous n'en savons pas plus, car dans ce que nous connaissons des fabulistes grecs et latins ou des auteurs comiques ("fabula", comme son correspondant grec "μῦθος" aiguillant aussi bien vers le monde de la fable que vers celui de la comédie), il n'y a pas de fable ni de pièce de ce titre. Apollodore de Caryste, qui est ici scrupuleusement traduit par Térence, devait avoir en tête un titre bien connu de son époque.1064. Le fait de nommer le personnage appartient selon Donat à la manière de s'exprimer des personnages de comédie. Sur sa théorie de l'emploi des noms propres, voir par exemple Ph. 352, 4 et notre note.1065. Ce qui gêne Donat ici, c'est que, contrairement à l'usage de la langue soignée, les deux propositions ne sont pas coordonnées. On ne voit donc pas de manière immédiate le lien entre elles.1066. En effet, agir sous l'impulsion d'un tiers diminue la responsabilité de celui qui agit en reportant une part de la culpabilité sur celui qui a commandité l'action.1067. C'est-à-dire que l'expression aurait exactement la même valeur que "in ipso tempore" au vers suivant.1068. Donat n'explique pas le lien sémantique qu'il suppose entre "portus" et "opportune", d'autant qu'il donne à "portus" plusieurs sens selon les cas (voir son analyse d'"angiportus" en Ad. 578, 1). Implicitement, on peut supposer qu'il se rallie à l'opinion que donne Festus sur ce mot (P.-Fest. 207 L) : "opportune dicitur ab eo quod nauigantibus maxime utiles optatique sunt portus" ("opportune" vient du fait que pour les marins les "ports" sont très utiles et souhaités).1069. Remarque lexicologique pour illustrer le sens du verbe "ostendere". S'il "se montre", c'est qu'on le cherchait; si on n'avait pas souhaiter le rencontrer, on pourrait dire qu'il "apparaît" ou qu'on "tombe sur lui". On voit qu'il s'agit donc d'une remarque différentielle tronquée.1070. L'exemple éclaire la différence que Donat établit entre les deux expressions. "Opportune" suppose une action qui se produit exactement au moment où elle est attendue, sans que l'action qui la justifie ait encore commencé, "in ipso tempore" suppose une action qui se produit au moment où l'action qui la justifie a déjà commencé. Ainsi arriver exactement à l'heure à un dîner est "opportune", arriver alors que l'on est déjà passé à table est "in ipso tempore".1071. La manière dont la scholie est rédigée pourrait permettre de douter de l'attribution de cette réplique dans l'esprit de Donat. Il semblerait qu'il la donne à Phidippe, alors que les modernes l'attribuent plutôt à Pamphile. Mais il n'en est rien : il y a un changement de sujet implicite entre la principale et la subordonnée. "Simulet" a pour sujet implicite "Pamphilus". Comprendre : la réaction de Pamphile (qui, dans un aparté, déclare son embarras) montre que Lachès l'a mis dans une impasse : il ne peut ni faire semblant de rien ni dire la vérité. Sur ces changements abrupts de sujet grammatical, voir par exemple Ad. 423 et la note apposée au texte latin.1072. Une situation comparable est évoquée en 378, 1. Voir notre note.1073. En ne prononçant pas le nom du statut qui crée la difficulté, Lachès ménage son interlocuteur et paraît minimiser ce qui pose en réalité problème..1074. La conjonction est disjointe en ces deux composantes ("quo" et "minus"), c'est la tmèse (comme en français classique "lors donc que") et le second élément est antéposé, c'est l'anastrophe. Le sens n'en est pas affecté.1075. En exposant que tout est le fait de Myrrhina, Phidippe dépose en quelque sorte contre sa propre femme.1076. Donc l'anaphorique ne réfère pas au mot qui le précède, comme on pourrait le penser en première lecture.1077. Donat signale une relative ambiguïté sur "quam", qui pourrait être le pronom relatif, auquel cas la phrase s'interpréterait "qu'ils troublent celle qu'ils veulent". Voir la suite.1078. C'est donc un adverbe qui marque l'intensité du trouble et non la personne qui va l'éprouver.1079. C'est-à-dire que le mot peut désigner à la fois ce que vont éprouver les vieillards et ce qu'ils vont faire éprouver aux autres personnages. Il s'agit aussi de compléter la remarque morpho-syntaxique sur "quam" : si "quam" est un adverbe, comme préconisé par Donat, alors "turbent" n'a pas de COD. Il faut donc lui donner un sens intransitif ("qu'ils fassent du raffut") ou passif ("qu'ils soient troublés") de circonstance.1080. Didascalie implicite de mimique. Sur le jeu des sourcils dans la physionomie et l'expression des passions, voir Quintilien, 11, 3, 72- 75 (et notamment le rapprochement que fait le rhéteur avec le masque comique). Référence rappelée et analysée dans la thèse d'E. Dhérin, Homo furens. La représentation physique de la colère dans la littérature latine, Lyon 2, thèse dact. (dir. F. Biville), vol. 2, p. 126.1081. Sans doute devrait-il passer par le père du jeune homme.1082. Au vers 500.1083. Donat commente ici le "hanc" qui indique que le lien existe déjà.1084. Passage choisi évidemment à dessein puisqu'il s'agit du sombre pressentiment d'Evandre lors du départ à la guerre de Pallas, moment d'une haute intensité tragique qui permet à Donat de rappeler que la comédie ici est plus proche du drame que de la farce.1085. Selon le droit romain ("ius"), l'enfant est la propriété de son père, il doit donc vivre avec lui. Toutefois, le fait que Pamphile ne sache pas qui est le vrai père de l'enfant de Philumène rend cet argument assez faible. Mais Phidippe, lui, ne connaît pas les doutes de Pamphile sur sa paternité.1086. Il s'agit d'une pure indication scénique de proxémique, visant à souligner l'aparté indispensable ici au fonctionnement de la réplique. Etrangement, Donat semble s'adresser à ses élèves comme s'ils devaient jouer cette scène, ce qui est peut-être le cas.1087. Si l'on interprète ainsi la scholie il est inutile de conserver les ajouts de Wessner qui voulait que l'enjeu du commentaire soit sur la question alors qu'il est sur la répétition du mot "puerum".1088. Commentaire évidemment étymologique. Donat identifie dans "praegnans" l'élément "prae", mais il a du mal à déterminer ce que peut bien vouloir dire "gnans". La façon dont il rédige son étymologie rend compte de sa difficulté récurrente à exprimer la notion de radical. Il a bien vu ici que le radical est "gna-" apparenté à "gigno" et il propose effectivement le double rattachement, mais en passant par des substantifs ce qui masque la valeur de son étymologie, sans doute exacte.1089. Donat commente la structure tripartite de la phrase jusqu'au milieu du vers suivant.1090. Car, comme le notera Donat dans les scholies suivantes, son ton est plus dédaigneux que vraiment désobligeant.1091. Cette citation tirée de la réponse d'Eole à Junon au tout début de L'Enéide paraît indiquer que Donat lit dans les paroles du dieu des vents une certaine modestie presque méprisante à l'égard du royaume que Junon lui a obtenu. C'est une interprétation qui devait être la sienne dans son commentaire virgilien, puisqu'on lit chez Servius (ad loc.) : "dicendo autem 'quodcumque' aut uerecunde ait, ne uideatur adrogans, aut latenter paene iocatur poeta ; quis enim potest ventos, id est rem inanem tenere?" (en disant "quodcumque", soit il parle avec retenue pour ne pas paraître arrogant, soit à mots couverts le poète est presque en train de jouer sur les mots. Car qui peut "tenir les vents", qui sont une chose impalpable ?).1092. Donat veut dire qu'il n'existe pas d'autre forme de ce verbe que le participe parfait "moratus". Sans doute une manière de dire qu'il ne faut pas le rattacher au paradigme de "morari" (s'attarder), dont le participe "mŏrātam" se distingue de ce "mōrātam" par la quantité du o (ce que la scansion ne peut pas déterminer à cette place dans le vers). En fait "mōrātus" est un adjectif qui ressemble à un participe mais qui est en fait dénominatif (comme "barbatus", "barbu", ou "galeatus", "casqué), formé sur "mōres". Notons la formule "mōrātam mōribus", dont Donat ne dit rien. 1093. Wessner se trompe en athétisant "mirari" comme si le mot faisait partie du lemme. C'est en réalité le premier mot du commentaire.1094. La question semble curieuse, voire oiseuse, car la construction "minus quam" ne pose aucun problème. Mais Donat réfléchit en réalité sur la nature de "minus". Si c'est un adverbe comme "magis", on attend un complément introduit par "quam" ; mais ce peut être l'épithète de "illud factum" et dans ce cas la phrase de Térence veut dire : "ce fait qui n'est pas petit pour toi, comme il me plaît à moi..." et on voit que "quam" ne peut être qu'exclamatif. 1095. La question introduite par "utrum" comprend elle-même deux volets, car elle induit à la fois une difficulté morphologique (voir ci-dessus) et une difficulté stylistique d'interprétation du passage. Après avoir réglé la difficulté morphologique ("minus" est un adverbe), Donat en vient à ce que cela veut dire, et, logiquement, il reconstruit en éliminant "factum", source d'ambiguïté pour la nature de "minus", et en rapprochant le segment "non minus" du verbe sur lequel porte l'adverbe. Qu'il inverse au passage "mihi" et "tibi" ne paraît pas porter réellement à conséquence, dans la mesure 1-où ce comparatif de supériorité dans la portée d'une négation revient à une comparaison d'égalité dont les éléments sont interchangeables ("autant à toi qu'à moi" = "autant à moi qu'à toi"), et 2-où c'est bien de "minus" qu'il parle toujours, comme le montre le fait que nous devons comprendre "placet" comme valant "displicet". L'ironie qu'il voit ici est elle-même analysable de deux façons : 1-"cela ne me plaît pas moins qu'à toi" au lieu de "cela ne me plaît pas plus qu'à toi" (donc "minus"="magis"), 2-"cela ne me plaît pas moins qu'à toi" au lieu de "cela ne me déplaît pas moins qu'à toi" (donc "placet"="displicet"). Une fois de plus, Donat montre son goût prononcé pour la dialectique, sans doute parce qu'il entre dans ses attributions de grammairien d'enseigner aussi les modes du raisonnement.1096. Cette fois, la scholie porte non plus sur des mots, mais sur la totalité de l'énoncé, reformulé comme un comparatif d'égalité "tantumdem", accompagné d'une citation où apparaît clairement le procédé d'inversion propre à l'ironie. Voir le commentaire qu'il en donnait ad loc. où il expliquait que "facile et utile" signifient en réalité "difficile et inutile". En réalité c'est la seule citation d'And. qui explique l'ironie, la comparaison d'égalité n'ayant en soi qu'une valeur de reformulation.1097. En réalité le commentaire porte évidemment sur "consequitur".1098. C'est adroit dramaturgiquement car cela prépare évidemment la méprise et le coup de théâtre final.1099. Donat, très habilement, utilise le substantif "euentus" pour indiquer un sens positif de "euenire", car, effectivement, ce substantif s'emploie majoritairement pour des résultats heureux. Toutefois le verbe "euenire" n'est connoté ni positivement ni négativement dans la langue classique, à la différence de "contingere" (positif) ou "accidere" (négatif).1100. Donat veut dire que la succession "perii"... "nullus sum" constitue une progression : "je suis mort" (il reste donc mon cadavre), "je n'existe pas" (il ne reste rien de moi).1101. C'est-à-dire le respect filial.1102. Comme l'a fait remarquer Donat plus haut (534), on dit de son temps "mihi nuptam". Toutefois Donat va marquer sa préférence pour ce tour parce qu'il est plus conforme à l'étymologie et au sens premier du verbe.1103. Ce passage, qui n'a aucun rapport avec les nuages, renvoie cette fois aux funérailles de Pallas dont Donat avait plus haut cité le départ au combat, ce qui continue à imposer une lecture profondément dramatique de la comédie.1104. Commentaire semblable en 568.1105. La dérivation consiste à rejeter la faute sur Myrrhina et non sur Philumène, ce qui réduit la responsabilité de la jeune fille à un excès de confiance. Elle n'a pas cru que les conseils de Myrrhina allaient en réalité ruiner son mariage. C'est cela l'imprudence que note le commentateur.1106. En langue normée, on a en effet un emploi forcé du réfléchi dans cette proposition (surtout que ladite proposition est à l'indicatif). Cet emploi non réflexif du réfléchi, qui marque une insistance sur le lien possessif, est relativement courant et ne mériterait guère le commentaire qu'en fait Donat si, dans la pratique des élèves du quatrième siècle, les choses n'étaient pas devenues beaucoup plus floues.1107. La citation virgilienne, qui sur le plan syntaxique partage avec le lemme commenté un emploi forcé du réfléchi "suam", renvoie thématiquement à la nourrice de Didon, dont le corps est resté en Phénicie, et prolonge la thématique funèbre de toutes les citations virgiliennes ou presque dans cet acte si empreint de drame.1108. La citation virgilienne explique ce que Donat remarque dans cette tournure : alors qu'on attendrait "tu Laches et tu Pamphile", Térence commence par un pluriel "uos" qu'il prolonge par un singulier.1109. Remarque d'ecdotique. On ne sait trop ce que Donat désigne par "exemplaires authentiques" (pas plus qu'on ne le saurait si l'on éditait "ueteribus codicibus", "exemplaires anciens" : voir la note apposée au texte latin), mais on a une nouvelle trace de son travail d'éditeur de textes. La question posée est celle de la forme : il faut, dit-il, rétablir "remissan... reductan" à la place des formes plus modernes "remissane... reductane" qu'on lit dans les exemplaires moins authentiques.1110. Donat analyse bizarrement cette phrase. Il tord l'ordre des mots (d'où ses reformulations) pour associer "uxor" et "mea" (ce que la scansion, indifférente à cette place, ne permet pas de trancher). Du coup, il manque une détermination à "manu" et il suppose "eius", ce qui s'interprète : "ma femme, ce qu'elle fera, ce n'est pas en son pouvoir <d'en décider, mais c'est à moi de le faire>". En fait, les éditeurs s'accordent, dans leur traduction, à accorder "mea" à "manu" et à comprendre "pour ce que fera ma femme, cela ne dépend pas de moi" (Marouzeau). Nous conservons tout de même, dans notre propre traduction de Térence, l'interprétation de Donat. Ce dernier semble se contredire dans la scholie suivante (dont le texte est délicat à éditer, cela étant : voir notre note à 667, texte latin) : Phidippe, après avoir dit ici (selon Donat) que la chose dépendait entièrement de lui, dit juste après qu'il faudra tout de même solliciter sa femme.1111. Allusion à la scholie précédente, contradictoire avec celle-ci. Donat revient implicitement sur son analyse de "in manu non est" : car s'il faut tout de même solliciter Myrrhina, c'est qu'elle a le pouvoir de décider. Et l'autre interprétation consiste à rejoindre les traducteurs modernes qui comprennent "in manu mea" : voir la note précédente.1112. Donat remarque ici une ambiguïté de construction sur le mot "puero" qui peut être soit un datif soit un ablatif, le tour pouvant correspondre soit à "quid hoc homine facias ?" ("que faire d'un tel homme", Cic. Sest. 29) ou "quid tu huic homini facias ?" ("que faire à l'égard d'un tel homme", Cic. Caecin. 30). Autrement, il est impossible de déterminer le cas de "puero".1113. Dans le cas où "ridicule" est un nom, il faut comprendre qu'il est au vocatif : "bouffon, tu le demandes ?" et donc ponctuer comme l'indique le commentateur, dans l'autre, il faut comprendre : "ta question est risible" et ne pas ponctuer du tout. La scansion n'est ici d'aucun secours pour distinguer le vocatif "rīdiculĕ" de l'adverbe "rīdiculē".1114. C'est-à-dire cette réplique du jeune homme dite en grommelant.1115. Remarque d'ecdotique avec des ramifications dramaturgiques. Si le texte est "ipsa", "pater" est forcément un vocatif et, donc, la réplique se fait à haute et intelligible voix, Pamphile s'adressant en réponse directe à son père : "Un bébé qu'elle-même, père, a négligé, moi je l'élèverais ?" ; si en revanche la bonne leçon est "ipse", alors le groupe "ipse pater" désigne le père biologique et, comme sa non-paternité est un secret que Pamphile ne souhaite pas révéler, la réplique doit être en aparté : "Un bébé que son propre père a négligé, moi je l'élèverais ?". La réplique de Lachès "quid dixti ?" peut s'enchaîner aussi bien sur la réplique à voix haute que sur la réplique en aparté, si c'est un aparté à moitié audible (que Donat appelle une "murmuratio", un grognement), comme cela est fréquent au théâtre. Donat opte pour la solution de la réplique à voix haute, avec "ipsa" et "pater" au vocatif dans la scholie 3, puis pour l'aparté dans la scholie 4. C'est la preuve que nous avons là des scholies d'auteurs et d'époque différents, celle de Donat et celle de commentateurs de Donat et qu'il est bien souvent impossible de savoir ce qui revient au commentaire originel.1116. Karsten (1912, 195) athétise cette scholie au motif qu'elle contredit le reste du commentaire, mais il n'a peut-être pas raison, car Donat peut commenter la lecture la plus courante et faire remarquer que personnellement il préfère l'autre. Voir la note précédente.1117. Contrairement à ce que pensait Wessner en supposant un tour adverbial "e contrario", il y a bien deux éléments dans la réplique du vieillard : 1-il use d'un tour négatif, et 2-il le dit par manière d'antiphrase, ce que doit établir la prononciation.1118. Allusion qui n'est pas sans jeu contextuel, puisqu'il s'agit de l'intercession de Vénus auprès de Jupiter pour qu'il mette un terme aux agissements de Junon contre les Troyens et Enée. En donnant à Pamphile le pouvoir de Jupiter, et à l'enfant de Philumène la dignité d'Enée, Donat montre combien ce débat est lourd de conséquences dramatiques.1119. Voir le commentaire à And, 146, 3.1120. Comprendre la présence de la belle-mère, et l'existence d'un enfant. Le commentaire couvre en réalité les vers 677-681, puis Donat reprend au 681 son explication linéaire.1121. Le commentaire de Donat est assez embrouillé et on voit mal ce qu'il commente exactement dans la forme "nanciscor". A-t-il conscience qu'il s'agit d'un inchoatif qui marque donc une action qui s'engage ? Ce n'est pas impossible.1122. Donat veut dire que Lachès exige désormais de Pamphile qu'il cesse de se comporter comme un gamin, et qu'il est grand temps de grandir.1123. Notons que dans ce qui suit le texte de Térence n'a pas la même forme que dans le lemme précédent.1124. Plus que d'une remarque d'intonation, il s'agit d'un commentaire de syntaxe. Le lecteur de Térence ne doit pas prendre cette proposition pour une finale, mais bien pour l'expression d'un ordre.1125. Donat, en commentant ce passage de L'Andrienne, avait fait le commentaire inverse, mais qui recoupe exactement celui-ci. Le jeune homme devrait avoir honte de se conduire comme il le fait avec un père si bon, mais il est tiraillé entre la reconnaissance due à son père et la force de sa passion.1126. C'est-à-dire qui demande que l'on ne tienne pas compte de la lettre de la loi qui est en sa défaveur, mais qu'on lui accorde cependant ce qu'il demande.1127. Tel quel ce commentaire se comprend mal. Donat semble vouloir dire que Lachès, pour persuader Pamphile, le flatte en soulignant qu'il a obéi à son père et s'est donc montré un bon fils, en épousant Philumène, ce qui demeure le centre du débat, puisque précisément, maintenant, il veut la répudier.1128. En reformulant ainsi, Donat paraît vouloir éviter que l'on construise "fecisti ut decuerat" (tu as fait comme il convenait), construction tentante avec l'ordre des mots térentien, et nous incite à accrocher "ut decuerat" à "obsecutus" (m'ayant obéi comme il convenait).1129. Littéralement "la lèvre baissée", ce qui marque la tristesse. Cela nous donne une précieuse indication sur la manière expressionniste codifiée de jouer les sentiments.1130. Notons qu'en reformulant ainsi le vers précédent, Donat contredit sa reformulation précédente qui semblait précisément vouloir éviter cette construction.1131. En effet, Lachès évite de souligner la force des sentiments de son fils, pour mettre en avant le caractère possessif et égoïste de Bacchis, qui ne veut pas laisser partir son amant. L'épanorthose consiste ici à corriger le sens de "in-ducere" par "ob-sequi", les deux verbes s'opposant ("conduire" / "suivre"), et les préverbes aussi d'une certaine manière ("vers" / "contre"). Ainsi Pamphile n'a pas été volontaire, mais il a suivi ; il n'a pas visé un but, mais il s'est heurté à la volonté arrogante de Bacchis. C'est en cela que sa faute est vénielle ("uenialiter").1132. Donat oppose l'infinitif actif "redisse" qui marquerait une intention du personnage, à l'infinitif passif choisi par le vieillard et qui peut laisser supposer que Pamphile n'a été qu'un jouet dans les mains de la courtisane.1133. C'est-à-dire qu'il présuppose une réponse négative.1134. Alors qu'on attendrait évidemment qu'une prophétie porte sur le futur.1135. Remarque qui relève assez clairement de l'étymologie : Donat semble relier "diuinare" à "diuinus" et considérer que "diuinare" veut dire "avoir un savoir divin".1136. Voir la scholie Ad. 483, 1 et notre note.1137. C'est-à-dire de savoir ce que valent les motifs de Pamphile.1138. Comprendre évidemment que ce qui suit "nam" donne la raison pour laquelle il doit accepter.1139. Lachès pense, selon Donat, qu'en voyant l'enfant et en découvrant sa famille Pamphile se réconciliera avec Philumène.1140. Il ne s'agit pas d'une citation, mais d'une allusion à un passage que les élèves doivent bien connaître (Verr. 2, 3, 135). L'orateur disait exactement : "satisne uobis praetori improbo circumdati cancelli uidentur in sua prouincia ?" (ne vous semble-t-il pas que le préteur malhonnête est sufisamment pris au piège dans sa propre province ?).1141. Car dans les deux cas, cela ruinerait sa construction dramatique en rendant impossible la découverte finale.1142. Le texte même contient ses didascalies, en quelque sorte.1143. Donat fait en réalité une remarque de syntaxe : il ne faut pas comprendre "sine puerum" (permets-moi d'avoir l'enfant), mais "sine !" (permets !), au sens de "ne t'oppose pas à moi sinon gare à toi !".1144. Ce commentaire n'est pas très clair. Phidippe se pose en mari qui sait combien les femmes sont sourcilleuses sur les questions de fidélité de leur mari (ce qui apparemment ne trouble pas outre mesure lesdits maris !), puis il glisse au cas d'espèce du couple Philumène-Pamphile. Comme Pamphile, croit-il, continuait de voir Bacchis et que les vagues dénégations du jeune homme n'ont rien éclairé, Phidippe persiste à croire que Philumène a voulu lui faire payer son infidélité. Peut-être aussi faut-il comprendre derrière "uxor" sa propre femme Myrrhina, qui a aidé Philumène à punir son mari. Donat montre d'ailleurs son trouble au commentaire du vers suivant.1145. Ces deux solutions paraissent remonter aux prédécesseurs de Donat : 1-le vieillard invente cette histoire, mais on voit mal dans quel intérêt, car il prèche un converti ; 2-il l'a appris et n'en a rien dit, mais pourquoi ? L'explication fournie par le commentateur lui-même est vraiment la plus naturelle. On observera que, conformément à ses idées sur la vraisemblance, Donat cherche à expliquer la comédie par ce que nous avons déjà vu et entendu en limitant au maximum ce qui a pu se passer hors scène.1146. Citation (d'ailleurs légèrement approximative) d'une très grande ampleur, beaucoup plus longue que la moyenne.1147. De manière exceptionnelle, Donat s'adresse directement à son personnage. 1148. La passion coupable pour des courtisanes évidemment.1149. En raison du conseil qu'il va recevoir d'aller chercher Bacchis pour éclaircir la situation. Or la courtisane va tout révéler et mettre fin à l'imbroglio.1150. Donat paraît renvoyer aux deux fonctions de l'orateur : la fonction judiciaire et la fonction de conseiller, et donc au "genus iudiciale" et au "genus deliberatiuum". Le "genus demonstratiuum" n'a aucune importance ici, ce qui explique que Donat l'omette purement et simplement.1151. Cela ne convient pas 1-parce que Phidippe est d'un rang social bien plus élevé que Bacchis et n'a donc pas à la "prier" de quoi que ce soit, 2-parce qu'il ne s'agit pas d'user avec le jeune femme de persuasion mais de contrainte, 3-parce que "incusamus" et ensuite "minitemur" montrent que les deux vieillards n'ont pas l'intention d'user de douceur avec Bacchis.1152. Donat commente l'expression "rem habere" qui signifie "avoir une liaison".1153. En effet, l'esclave pourrait s'offusquer de voir un vieux monsieur si bien parler à une courtisane. Le commentaire demeure cependant assez limité dans sa portée.1154. Ce commentaire demeure un peu étrange, tant que l'on ne comprend pas que Donat a en vue 5, 1 où c'est effectivement Lachès qui va interroger Bacchis, et non Phidippe.1155. Comme complément d'objet direct de "euoca" (appelle-la).1156. En se raréfiant comme de coutume en fin de scène, le commentaire devient de plus en plus sibyllin. Apparemment le second commentaire reprend le premier, mais l'ensemble n'est pas limpide.1157. C'est ce qui fait dire à Donat qu'il s'agit d'une couleur (voir par exemple, 146 et 243, 1), c'est-à-dire d'un élement qui n'est pas essentiel à l'action, mais qui lui donne du relief. Térence s'en tient aux conventions dans l'intrigue, mais il les adapte dans les caractères et les scènes annexes.1158. Ce qui fait la cause conjecturale, c'est que les faits ne sont pas établis, puisque l'une des deux parties les nie.1159. L'extrême confusion dans les reformulations proposées témoigne de la difficulté qu'ont les Latins à analyser le sens de la conjonction "quin", dont la valeur négative s'estompe selon le sémantisme du verbe régissant. Cf. le passage d'Aulu-Gelle (NA 17, 13 : "particula obscura") qui donne la mesure du sentiment du locuteur latin en l'occurrence ; cf. aussi les analyses linguistiques des modernes, notamment Moussy (1987, 1998) et Fleck (2008). Donat est d'autant plus troublé que la construction "non me fallit quin" est rare, avec seulement deux autres occurrences, dans le corpus césarien (cf. Fleck 2008, 267). On n'est pas sûr d'ailleurs de bien interpréter ses reformulations. Ainsi, la nature de la proposition "quod suspicor" n'est pas nette : s'agit-il d'une relative, comme nous le proposons dans notre traduction, ou d'une complétive, ce qui amènerait à comprendre le texte de Térence au sens de "je ne me laisse pas abuser par le fait que ce qu'il veut, c'est que j'aie des soupçons" ?1160. Il s'agit toujours de commenter le choix du verbe "impetrem" qui marque l'accomplissement d'un effort. Lachès doit principalement résoudre la question du retour de Philumène au domicile conjugal, mais, pour ce faire, il doit s'assurer que Bacchis dit vrai, et régler la question du rôle joué par Sostrata. Cela fait beaucoup pour un seul personnage et cela explique pourquoi il emploie "impetrare", selon Donat tout au moins.1161. Il s'agit d'une reformulation, assez confuse d'ailleurs, de l'ensemble du segment "minus fecisse satius sit".1162. Les trois expressions comparées et impliquant une idée de regret (littéralement : "je change ce qui a été fait", "je voudrais que ce ne soit pas fait", "il vaudrait mieux que je ne l'aie pas fait") comportent le verbe "facere".1163. Nouvelles traces de redondances dans le commentaire et sans doute vestiges d'une compilation mal unifiée.1164. Outre l'emploi identique du verbe "aggredi", porteur d'une connotation agressive, la situation de l'épisode de L'Enéide rappelé ici (En. 4, 90 sq.) a en commun avec celle de la comédie que Junon aborde Vénus dans l'idée de lui tendre un piège.1165. La remarque est sans doute morpho-syntaxique. Térence écrit "quid sit quapropter" où l'adverbe relatif a pour antécédent le pronom neutre "quid" ; or "quapropter" a l'apparence d'un pronom féminin et c'est probablement ce qui motive Donat à supposer l'ellipse du féminin "rei" dans une structure qui se traduit littéralement "quoi en fait de chose à cause de laquelle...". Notons que la structure "quid sit quapropter" n'est pas isolée et qu'on la trouve par exemple dans Plaute, Bac. 1144.1166. Le pléonasme consiste en l'espèce en la duplication de deux adverbes de même sens, "quoque" et "etiam" chez Térence, "quoque" et "et" chez Virgile. La scholie 3 du même vers donne une justification à ce prétendu pléonasme et lui accorde même un satisfecit.1167. Il s'agit évidemment pour Bacchis de préserver la différence de rang qui existe entre ce respectable vieillard et elle.1168. Donat signale que l'adjectif "timidus", à propos duquel il aime citer un vers de Virgile (Buc. 6, 20, voir par exemple Pho. 205, 2) ou un vers de Plaute (Bac. 106) où il a un tout autre sens ("je me sens encore toute barbouillée de mon trajet en bateau", voir par exemple Pho. 284, Eun. 642, 2), a ici la même construction avec une complétive en "ne" que le verbe "timeo". On ne sait ce qui rend Donat si attentif aux emplois de "timidus" (adjectif qui n'est cité ni par Festus ni par Nonius, soit dit en passant) ; en tout cas, les six occurrences qu'on en trouve dans l'œuvre de Térence (Ad. 305, Eun. 642, Hec. 365 et 734, Pho. 205 et 284) font tous l'objet d'une scholie.1169. Donat indique ainsi la succession des idées : "je vais te poser des questions, si tu réponds la vérité, tu n'auras rien à craindre".1170. Voir 730, 2 et 5.1171. Donat montre qu'il est gêné par la tournure térentienne. Ce qui le gêne est la présence de deux compléments au datif pour le seul verbe "ignosci". Il propose donc plusieurs solutions : "peccato" est un équivalent du substantif "peccatori" ou du participe présent "peccanti" (et il est alors apposé au pronom "mihi") ; on peut peut-être comprendre implicitement que Donat propose de voir dans "peccato" un participe parfait de sens actif ("pardonner à moi ayant fauté"), ce que la morphologie latine n'a théoriquement pas prévu. Autre solution : "peccato" est le substantif (pardonner une faute) et, dans ce cas, c'est le pronom "mihi" qui pose problème, d'où la double solution proposée : le pronom "mihi", dans un emploi populaire que n'ignore pas la langue comique, est employé en lieu et place du déterminant possessif pour "peccato meo" (pardonner une faute à moi, donc pardonner ma faute) ou encore il faut supposer une ellipse de préposition pour comprendre "ignosci mihi in peccato" (qu'on me pardonne en cas de faute).1172. C'est-à-dire que son caractère de vieillard le pousse à délayer son expression. "Seniliter", ici, ne renvoie pas seulement à une idée reçue sociologique (on sait que le radotage est un défaut que Cicéron prête aux vieillards dans le De senectute), mais à la caractérologie de la comédie. Lachès, en radotant, en délayant son propos, se comporte en conformité avec son rôle. On sait que ce critère de la conformité du personnage avec sa parlure intéresse au plus haut point Donat. voir Eun. 338, 1.1173. Donat marque la différence entre le futur et la locution contenant le participe futur, qui n'indique que l'intention de faire. En disant "factura es" au lieu de "facies", Lachès montre qu'il se contente de bonnes intentions.1174. Donat est prêt à toutes les indulgences envers son poète. Il dit à la fois que "scitus" et "inscitus" sont des mots de femmes et que le vieux Lachès a raison de s'en servir, pour se mettre ainsi au niveau de son interlocutrice. Loin de trouver que le discours de vieillard ne cadre pas avec son rôle, il veut y voir ici une intention concertée du poète. La scholie est à mettre en relation avec celle de 753, 1. Signalons que le terme, chez Térence, n'est pas propre aux femmes puisque le jeune Antiphon utilise "scitum" en Pho. 452 (sans aucun commentaire de Donat en l'espèce).1175. Le rapport entre le texte commenté et la citation virgilienne est très peu clair. Donat veut sans doute dire que "inscitum" ne sert à rien chez Térence, puisque dire qu'un malotru fait offense à une femme a quelque chose de pléonastique : il suffirait de dire que quelqu'un fait offense à une femme pour laisser entendre, sans qu'on ait besoin de l'expliciter, qu'il s'agit d'un malotru. Mais qu'est-ce qui est superflu dans le passage virgilien ? Est-ce l'emploi du déterminant "ulla" ? N'est-ce pas plutôt la suite (impliquée par le "etc." de Donat) du vers 186 ("referent ferroue haec regna lacessent"), qui duplique l'idée de reprendre les armes ? Cela est très probable, car Donat arrête sa citation avant le verbe qui rend le premier membre incompréhensible sans doute parce qu'il veut que le lecteur continue lui-même la citation. En tout cas il n'y a à peu près rien de comparable, ni dans les termes ni dans la situation décrite.1176. Encore une remarque de caractérologie, comme en 738 : chacun des deux personnages, conformément à son emploi, fait du délayage. Donat ne fait pas, en revanche, la remarque psychologique qu'on pouvait attendre : les deux personnages, que tout oppose, se méfient l'un de l'autre et ne se livrent pas tout de suite. C'est ce qui pourrait expliquer leur "tardiloquium", ici autant de circonstance que de caractère.1177. La situation est effectivement comparable. Dans Les Adelphes c'est le proxénète Sannion qui fait comprendre que c'est un peu facile de demander pardon après l'offense et que les mots d'excuse sont vains. Ici c'est la courtisane. Dans les deux cas, cet argument émane d'un personnage de condition sociale basse et déconsidérée.1178. C'est-à-dire si l'on s'en tient à la lettre, mais on voit mal quelle autre lecture on peut en donner, Donat ne précisant pas ce qu'il verrait comme sens caché.1179. Voir Cic. Inv. 2, 15 ; 2, 52. Le terme technique "intentio criminis" désigne la formulation du grief par le demandeur en séance. Dans ce passage, qui s'apparente à une scène d'agôn, Donat fait, à partir d'ici, et comme souvent, un parallèle avec les phases d'un procès et avec la rhétorique judiciaire.1180. C'est-à-dire qu'il emploie le fréquentatif au lieu du verbe simple, pour rendre la circonstance aggravante. Il le redit explicitement à la scholie 7.1181. Donat veut dire qu'en précisant "meum filium Pamphilum", alors que "Pamphilum" seul suffirait, Lachès déconnecte d'avance une réponse possible de son adversaire : puisqu'il s'agit de son propre fils, il serait absurde de lui demander en quoi cela le concerne. Il s'agit peut-être aussi, implicitement, d'une remarque sur les noms relatifs ("nomina ad aliquid") : "filium" implique, dans la situation d'énonciation, qu'il s'agit de fils du locuteur, le lien possessif n'ayant pas à être indiqué quand il va de soi. Or Lachès l'indique, pour qu'apparaisse l'indication de la première personne, qui répond d'avance au "quid tua ?" virtuel de Bacchis.1182. Le "status coniecturalis" est traité dans le long chapitre 3, 8 de Quintilien sur les différents statuts. Notamment 3, 6, 45 (il s'oppose au statut légal et au statut juridique). L'argument ne repose pas sur une loi, mais sur une supposition, un faisceau de concordances probable mais non prouvé.1183. Ainsi chez Quintilien (Inst. 5, 1, 1), après Cicéron (Top. 24). Quintilien traduit la lexie par "probatio inartificialis" (c'est le titre du chapitre 5, 1), Cicéron par des lexies diverses dont "sine arte argumenta" (Part. 48) ou "artis expertes argumentationes" (Top. 24). Les preuves non-techniques (ἄτεχνοι), qui s'opposent aux preuves techniques (ἔντεχνοι), sont celles qui sont administrées sans qu'il y ait recours à une méthode déductive ni à un argumentaire menée dans les règles de l'art. L'administration de la preuve se fait donc par des témoignages, des documents écrits, etc.1184. Parmi les preuves non-techniques, la torture (cf. Quint. Inst. 5, 1, 2 ; 5, 4, 1) est de règle pour extorquer un témoignage à un esclave. En effet, par nature menteur et irresponsable, l'esclave ne peut être cru que sous la torture. Bacchis, à la scène suivante, propose qu'on torture ses servantes pour prouver sa bonne foi (cf. v. 773).1185. La citation vaut sans doute principalement pour le complément que remarque Donat dans la citation virgilienne : ce que va dire Lachès n'est pas plus facile à dire que ce que Turnus va entendre de Latinus, et le contexte est très proche : Turnus ne peut prétendre à la main de Lavinia, puisque Latinus a décidé de la donner à Enée, et Bacchis ne peut prétendre continuer à voir Pamphile, puisqu'il est marié.1186. L'aposiopèse exprime en réalité un jeu de scène complexe. Lachès dit "uestrum amorem pertuli" qui commence une idée, et Bacchis se détourne. Il arrête alors son idée et lui demande de rester. Dans L'Héautontimorouménos évidemment le phénomène est plus clair dans la mesure où c'est un autre personnage qui vient briser le discours. Chrémès est pris d'une violente colère et Ménédème tente de le raisonner. Donat commente d'ailleurs exactement ainsi en 745, 2.1187. Dans la mesure, où, à défaut d'officialiser les relations de Pamphile et Bacchis, Lachès leur accorde quand même le statut d'un véritable amour partagé et non d'une relation mercantile.1188. "Pertuli" agit, selon Donat, sur deux ressorts stratégiques de la plaidoirie. D'un côté, il indique combien le personnage a été bienveillant, et donc participe de la mise en valeur de son caractère, en vue de persuader la courtisane, et de l'autre il en appelle à la bonté de Bacchis. Comment serait-il possible de faire du tort à un pauvre vieux qui a tant souffert, et avec tant de douceur ?1189. En raison du préverbe "per-" qui marque l'accomplissement ou l'achèvement de l'action, ici "supporter jusqu'au bout".1190. Remarque didascalique de Donat. L'interruption que laisse supposer la réplique de Lachès n'est pas textuelle mais gestuelle, toutefois il signale l'aposiopèse en 744.1191. Le rapport entre le texte de Térence et celui de Virgile est dans la situation. Turnus aussi, apparemment, semble vouloir parler avant que Latinus ait fini son discours, comme Bacchis pendant la diatribe de Lachès. Sur le contexte évidemment proche, voir 744, 2, où la première citation a été déjà utilisée.1192. L'aposiopèse porte sur la fin du vers précédent, qu'il faut comprendre donc comme interrompu par l'attitude de Bacchis. En And. 790, Donat s'explique sur la typologie des aposiopèses, de trois sortes selon lui (ce qui ne l'empêche pas d'évoquer une aposiopèse n° 4 en And. 767 et Pho. 122...). La troisième sorte est celle qui est motivée par l'intervention (ici muette) d'un autre personnage. Mais la distinction qu'il fait entre les types d'aposiopèse (notamment entre la 2 et la 3) n'est pas toujours aussi claire que dans sa définition de And. 790. Voir notamment notre note à Pho. 618.1193. Encore un usage adroit du contexte. Si Turnus doit se chercher des alliés, c'est précisément parce que Latinus lui a refusé sa fille, comme ici, Bacchis parce que Lachès exige qu'elle mette fin à ses rendez-vous avec Pamphile.1194. C'est-à-dire le comparatif à la place du positif.1195. Importante remarque dans la logique de la stratégie oratoire. Parvenir à persuader son adversaire que l'on plaide en réalité dans son intérêt est un moyen particulièrement efficace pour désamorcer un litige.1196. L'argument vaut pour le présent, parce que Pamphile n'est plus là, il vaut pour le futur, parce que Bacchis devra mieux choisir son compagnon qu'elle ne l'a fait avec Pamphile.1197. Voir note à la scholie 3.1198. Une fois comme datif de possession, "tempus est tibi", (tu as du temps), une fois comme datif d'intérêt complément du gérondif "tibi consulendi" (penser à toi).1199. La figure dite "πλοκή" ("boucle", littéralement) consiste à utiliser le même mot dans deux natures différentes : participe et nom (par exemple "dictum" en Eun. 6), préposition et conjonction (par exemple "cum" en Eun. 936), etc. Ici "aetatem" est un équivalent d'adverbe ("pour l'éternité"), synonyme de "semper", la seconde fois c'est un nom, au sens de "jeunesse".1200. Donat veut dire évidemment que, pour la forme, il s'agit d'une interrogation, mais que cette interrogation équivaut à une dénégation particulièrement virulente.1201. Ce qui est surprenant, apparemment, c'est la question "qui prétend cela ?", dont la réponse est évidente, puisque c'est Lachès qui vient de le dire. Donat explique donc que, en réalité, Bacchis demande non pas qui vient de formuler cet énoncé, mais qui a pu le dire antérieurement à Lachès. C'est en quoi elle demande une sorte de confirmation par la comparution d'un témoin.1202. Sur ce commentaire de "aio, ait", voir Pho. 380, 1 et And. 353, 3.1203. Remarque didascalique impliquant le visage de l'acteur. On constate que Donat ne songe sûrement pas à une mise en scène d'époque avec masque.1204. Donat explique que la question "qui prétend cela ?" embraye sur l'"intentio criminis" de Lachès au vers 743 ("tu ne cesses de recevoir mon fils") et non sur ce qu'il vient de dire ("tu ne seras pas éternellement jeune"). Le jeu de scène continue à être commenté dans sa cohérence : Bacchis essaye d'interrompre Lachès depuis le vers 743, pour répondre à la contre-vérité initiale, mais, hormis son interjection indignée "ah !", elle lui a seulement fait les gros yeux (scholie 745, 1) et a attendu patiemment la fin de sa diatribe. Ce qui est conforme à son caractère, c'est sans doute d'avoir attendu sans l'interrompre verbalement et de concentrer son intervention sur la relation avec Pamphile, et donc sur l'exercice concret de son métier.1205. Nouvelle insistance sur l'imperméabilité des classes sociales. Une vieille dame comme il faut n'évoque pas certains sujets, sauf si les faits la contraignent à s'intéresser à l'univers interlope des courtisanes.1206. C'est Junon qui s'exprime, reprochant (indirectement) à Enée d'avoir rompu, par son arrivée fatale en Italie, les fiançailles de Lavinie et de Turnus. Joli rapprochement lexical et narratologique de Donat. Le grammairien commente également l'usage de préverbes contraires "ad-" (direction vers laquelle on va, ou ajout) dans "accersere" et "ab-" (lieu à partir duquel on vient ou soustraction) dans "abducere", tout en jouant aussi sur le verbe "ducere" présent dans "abducere" et qui sous sa forme simple signifie "se marier" pour l'homme, qui "conduit" sa femme à la maison.1207. C'est-à-dire accuser Bacchis d'être indirectement responsable de l'infanticide projeté plus haut dans la pièce.1208. Donat remarque que Bacchis, finalement, ne jure pas en bonne et due forme : ainsi le verbe performatif "pollicerer" est-il modalisé d'une façon qui, précisément, lui fait perdre son caractère performatif. Sa formulation alambiquée inspire confiance à Lachès alors qu'elle ne profère pas de serment (c'est là ce qui est paradoxal). Notons que si Bacchis est de bonne foi, son procédé linguistique pourrait en revanche être tout aussi bien utilisé par quelque fourbe qui pourrait lui aussi donner une couleur de serment solennel à un énoncé standard et mensonger.1209. Si elle se comporte ainsi, selon Donat, c'est qu'elle respecte la "fides" du serment, ce qui, pour une courtisane de comédie, est indéniablement une rareté et donc le gage que Lachès a affaire à une personne en qui il peut avoir confiance.1210. En effet, les deux autres verbes contiennent une idée de relation officielle ("coniunctio", ou mariage), incompatibles avec le caractère officieux de la relation d'un jeune homme comme il faut avec une prostituée.1211. La remarque est double : 1-"ut" ne doit pas être pris dans son sens comparatif "comme", bien que le mode rende cette lecture erronée possible, et 2-dans le sémantisme de "ut" temporel, il faut comprendre de telle manière et non de telle autre ("depuis que" et non "quand").1212. Dans "lepida" on entend l'idée de "lepus" (la grâce, le charme), mot dont la sensualité s'accommode mal de ce que la décence permettait de dire à une "matrona". On notera que, dans cette pièce plus que dans les autres, et sans doute parce que l'intrigue s'y prête mieux, Donat se plaît à traiter des conventions sociales.1213. Au vers 740.1214. Il faut comprendre que c'est Bacchis qui va devoir "traiter le sujet" de délibérative que lui donne Lachès. La question est de savoir si Bacchis acceptera d'aller trouver Philumène et de s'expliquer avec elle.1215. Donat commente doublement la forme "sodes", d'abord sur la plan de sa morphologie "sodes = si audes", puis sur celui de son sens, très atténué par rapport à l'idée originelle d'audace présente dans "audes", "sodes = si uis".1216. Sans doute une remarque didascalique sur le lieu scénique : la maison de Phidippe, celle de Lachès et la maison de passe où travaille Bacchis sont voisines. Cela justifie aussi d'avance que, sortie de scène au vers 793, elle ait eu le temps, d'ici le vers 808 qui marque son retour sur scène, d'avoir avec Myrrhina l'explication qu'elle a promis à Lachès d'avoir.1217. On retrouve de fait la même formule dans la bouche de Phidippe au vers 785 puis à nouveau dans celle de Lachès au vers 787.1218. Remarque étymologique par laquelle Donat rappelle qu'il y a le nom du pied dans le verbe "expedire" et remarque morphologique implicite qui signale qu'il s'agit de ce que les modernes appellent un verbe parasynthétique : "mettre ses pieds en dehors (de quelque chose)".1219. Donat développe ce qu'a d'implicite le mot "animum".1220. En ajoutant "mulier", elle insiste sur l'affrontement de deux modes de relation entre hommes et femmes, et, en disant "se ostenderet", sur le contact inévitable avec sa rivale qu'elle va accepter de plein gré.1221. Très clairement, cet exemple est là pour faire nombre, car il est loin d'être évident que "grauis" ait ici le sens que lui donne Donat. Servius glose d'ailleurs "fortem".1222. Le raisonnement lexicologique un peu compliqué se fait par l'antonymie. Le sens de "leuiorem" doit se déduire comme étant le contraire de celui de son antonyme "grauis". Donat liste donc les sens de "grauis", dont le dernier cité qui oriente vers celui de "cher", d'où l'on peut comprendre, en refermant la boucle, que "leuiorem" peut signifier "moins cher".1223. En réalité, Donat commente la suite du vers, qui développe la raison pour laquelle elle dit "immerito". Bacchis va accorder à Pamphile ("donner aux autres") que sa réputation ne soit pas salie, mais en même temps elle va se prémunir elle-même contre l'accusation d'avoir volé le jeune homme à son épouse légitime.1224. Est commenté donc l'emploi des deux mots phoniquement proches "immerito" et "meritus". Mais s'agissant de deux mots de même famille et de sens opposé, on aurait pu s'attendre à ce que Donat évoque plutôt la figure d'antithèse.1225. Donat veut dire qu'ici "lingua" ne désigne pas la langue-organe mais le langage et même par synecdoque la personne de la locutrice. C'est en cela que la figure répond davantage à l'usage (comme une métaphore lexicalisée) qu'à la raison.1226. Remarque de graphie, il faut, selon Donat, écrire "hae'" pour "haec". Notons que toute une branche de la tradition manuscrite de Térence donne "hae" sans apostrophe, signe paradoxal que l'on devait, au 4e siècle, graphier comme le dit Donat.1227. En effet, "quoque" et "etiam" signifient tous les deux "aussi".1228. Il ne s'agit plus d'évoquer l'amour charnel entre Pamphile et Bacchis, pour lequel Lachès avait utilisé le terme "amor", plutôt flatteur vu le caractère tarifé de ladite relation, mais l'amitié qui l'unit désormais à la famille de Lachès, pour sa bonne conduite. Il y a là une gradation selon les Romains puisque la courtisane vient d'entrer dans l'"amicitia" d'une "familia" qui a pignon sur rue et peut donc en attendre protection et échange de services.1229. Donat commente à la fois le résultat attendu chez Bacchis (l'effroi devant la menace) et le moyen d'y parvenir (l'aposiopèse qui laisse entendre : "si tu ne fais pas ainsi, tu vas avoir affaire à moi !")1230. Ce passage (paroles au style indirect de Cassius) est cité de façon très approximative ici, puis à nouveau, de façon correcte cette fois, dans la scholie 766, 4. La chose est bizarre et laisse supposer que cette scholie 2 est une interpolation ratée ici du matériau de 4.1231. Donat veut dire que le verbe "defieri" là où on attendrait "deesse" provoque une surprise chez l'auditeur et crée un effet de "varietas" bien venu.1232. Les nourrices de comédie ont une réputation de soiffardes (voir And. 229). Mais ici, Donat justifie chez elles cette tendance à la boisson, qui serait nécessaire à leur office. Rappelons que la bière a la réputation, chez certains gynécoloques de notre époque, de favoriser la montée de lait.1233. Pourquoi Donat fait-il cette remarque ? Est-ce pour signaler à ses élèves que le masculin est "satur" et non pas "saturus" ? Ou est-ce pour signifier qu'il s'agit de l'adjectif "satura" et non du substantif "satura", qui signifie "satire" ?1234. C'est Priam qui dit cela au traître Sinon. Le rapport entre les deux fables est faible et la volonté d'illustrer un mot aussi fréquent que "noster" nous échappe sans doute ici. En réalité, Donat ne signale pas l'incongruité lexicale qui consiste à faire désigner par le vieux Lachès le vieillard Phidippe au moyen de l'expresion "notre beau-père". Il n'existe pas en latin de terme pour qualifier le parentage qui unit entre eux deux beaux-pères (le père de l'époux et le père de l'épouse d'un même couple de conjoints). En disant "notre beau-père", Lachès dit par raccourci "le beau-père de notre Pamphile". Le caractère familier remarqué pour l'emploi du possessif est sans doute à mettre sur le compte de la présence implicite de Pamphile dans l'énoncé raccourci.1235. Evidemment, la place de "uideo" gêne la compréhension du vers que Donat facilite en proposant un ordre des mots plus naturel, qui indique de plus qu'il ne faut pas comprendre "uenit" dans la dépendance de "uideo". Voir la note suivante.1236. Cette fois la remarque est syntaxique. Ce qui gêne le grammairien c'est l'emploi de "uideo" en incise (et sans le "ut" qui ferait bien de lui le verbe d'une subordonnée incise), là où on attendrait qu'il soit le verbe principal régissant une infinitive ("je vois que notre beau-père arrive").1237. Rapprochement syntaxique qui atteste la construction "iurare" suivi de l'accusatif d'un nom de divinité (cf. En français "je jure Dieu que etc.").1238. A vrai dire, il ne paraît pas exister de verbe "deiero" avec premier e bref, ce qui est phonétiquement normal dans la mesure où la consonne i (j en alphabet francisé) vaut toujours consonne double à l'intérieur du mot, ce qui a pour effet d'allonger systématiquement la syllabe précédente. On s'explique mal du coup la distinction que fait ici le grammairien. Quoi qu'il en soit, il propose deux étymologies possibles de "deierat" : l'une par syncope de "deos iurat" (avec un théorique e bref emprunté à la forme "deos"), l'autre par préverbation de "iurat" en "de" (avec e long) donnant une valeur intensive au verbe simple.1239. Remarque didascalique sur la mimique à prendre lors de cette réplique.1240. Comprendre "punis par les dieux", comme le montrent les scholies suivantes.1241. La situation évoquée dans ce vers des Bucoliques est scabreuse. Ménalque a profané un sanctuaire avec un sien amant et n'en a pas été puni. Son adversaire Damète sous-entend donc, si l'on en croit Donat, que Ménalque est à ce point vicieux qu'il en devient intouchable même du point de vue des dieux. Il en va de même avec les courtisanes. Sur la valeur divine du serment et l'engagement des dieux dans la procédure, voir Cic. Off. 3, 102 et suivants.1242. N'étant donc ni respectueuses du sacré ni punissables par les dieux, les courtisanes peuvent jurer tout ce qu'elles veulent impunément et un tel serment n'a aucune valeur.1243. L'ambiguïté est inhérente à la construction de la proposition infinitive "nec eas respicere deos", qui peut s'interpréter tout aussi bien "que les dieux ne les respectent pas". Mais en effet, l'ambiguïté n'est que théorique et le contexte la lève instantanément.1244. C'est-à-dire une autre preuve non-technique (cf. les notes ci-dessus à 743, 8), mais qui s'applique à des êtres aussi déclassés qu'une courtisane et son esclave.1245. A moins d'une action en justice formelle et donc d'une plainte en bonne et due forme, Phidippe ne peut exiger la mise à la question des esclaves de Bacchis. Toutefois cette dernière peut proposer spontanément ce témoignage dans le but d'assurer sa bonne foi.1246. Conformément à l'antique opposition philosophique entre les mots et les choses.1247. La réflexion sur le rapport de Térence aux conventions est ici plus complètement expliqué par Donat que partout ailleurs dans son commentaire. Normalement les règles du genre comique imposent des types qui font tellement partie du genre qu'il est pratiquement impossible de s'en affranchir à moins de contrevenir gravement à l'esthétique de la comédie. Toutefois, Térence se le permet car il est seul capable de compenser le déficit générique ainsi engendré par une vérité et une adéquation de la comédie à la vie qui fait que ce que perd le caractère codé du genre comique est regagné par l'adéquation parfaite de la comédie à la vie (voir Evanthius, Com. 5, 1).1248. Autrement dit, Bacchis nous donne explicitement le mobile de son acte inattendu. La scholie se lit dans la suite immédiate de 774, 3 : la courtisane est bien intentionnée, contrairement à l'horizon d'attente du spectateur de comédie, mais son attitude est justifiée et, après tout, son désintéressement pourra lui rapporter une récompense immédiate de la part de Lachès et Phidippe et une réputation d'honnêteté qui lui amènera peut-être une clientèle huppée.1249. Donat justifie l'emploi chez Térence d'un parfait surcomposé "suspectas fuisse" en le comparant à la forme standard de parfait passif "suspectas esse", réputée ambiguë. En quoi consiste l'ambiguïté ? Dans le fait que le participe "suspectas" a des emplois purement adjectivaux (il dispose ainsi d'un comparatif et d'un superlatif). La forme standard peut donc soit se comprendre "ont été suspectées" (parfait passif) ou "sont suspectes" (verbe être et adjectif). Or elles ont cessé d'être suspectes aux yeux de Lachès, et c'est ce que signale la forme surcomposée : "elles ont été suspectes à tort". Sa reformulation en "positas in suspicione" vaut par le fait que "positas" ne peut pas être pris, lui, pour un adjectif.1250. Lachès par son attitude suspicieuse et agressive a contribué à conduire la situation au point où elle en est à présent. L'intérêt de cette remarque est de matérialiser dans le texte une avancée décisive vers un dénouement heureux.1251. Donat songe à faire du pronom un datif éthique, dans sa première hypothèse. Le plus vraisemblable reste que "nobis" soit un datif de point de vue qui accompagne le verbe au parfait passif auprès duquel il fonctionne comme un ersatz de complément d'agent : "nos femmes ont été suspectées à tort par nous". Par "nos femmes", il faut comprendre "mon épouse" et "ta fille", deux femmes qui paraissaient être co-responsables, pour une prétendue brouille, du départ de Philumène du domicile conjugal.1252. Ce fragment de Cicéron, inconnu et donné hors de tout contexte se traduit difficilement. On peut peut-être comprendre "mais pourtant cela a été fait et c'est une application frauduleuse du droit".1253. L'interprétation que Donat propose de "crimen" est en réalité guidée par le contexte, comme le montrent clairement les exemples qu'il cite à l'appui de sa thèse. Au sens propre "crimen" signifie "ce dont on incrimine quelqu'un", sans préjuger nettement du fait que cela soit vrai ou faux. 1254. Lachès a largement montré sa propension à converser par exemple dans son entretien avec Bacchis, où de même il est parvenu, selon Donat, à obtenir ce qu'il voulait grâce à l'adresse de sa conversation.1255. Il s'agit sans doute d'une note didascalique sur la façon la plus adroite de prononcer ici "illis".1256. Les hésitations de Bacchis sont une nouvelle preuve de ses qualités. Entrer chez des gens comme il faut quand on est une courtisane risque de faire peser sur la maison où elle entre une marque d'infamie. Avec tact, Bacchis ne veut se résoudre à cela que si c'est indispensable.1257. Donat précise que l'emploi de l'adjectif "hostis", qui désigne l'ennemi public, l'ennemi national, est un peu forcé par rapport à celui qu'on attendrait d'"inimica", l'ennemie personnelle. C'est d'ailleurs ce mot d'"inimica" que Donat utilise à la scholie 754, 1 pour caractériser l'incompatibilité entre les noms "socrus" et "uxor" d'un côté, "meretrix" de l'autre.1258. Donat veut sans doute dire que Térence rappelle la situation normale par la bouche de la courtisane qui en éprouve de la gêne, afin de montrer combien elle est supérieure à toutes celles de sa condition. 1259. L'intervention de la deuxième main (selon Wessner) n'est pas claire. On peut comprendre d'une part "nous aussi, nous avons..." aussi bien que "nous, nous avons aussi...", mais dans les deux cas on ne voit pas bien qui représente "nous". D'autre part, on peut hésiter sur le sens général de la scholie. Deux possibilités au moins : 1. "nous avons compris 'suspicionem'" (et non pas "suspicione" qui est le texte térentien : comme le pronom "te", ajouté par Wessner dans le lemme, ne figure pas dans les manuscrits, peut-être le(s) scholiaste(s) lisent-ils chez Térence "illas errore et simul suspicionem exsolues", "tu les exonéreras de l'erreur et dissiperas le soupçon", avec une double construction zeugmatique du verbe). 2. "Nous avons 'suspicione'" (avec accord secondaire de l'autonyme à l'accusatif), et non pas, implicitement, "suspicatione" qui figure dans certains manuscrits de Térence. Dans la première hypothèse, il s'agit d'une remarque sur le cas (avec autonymie lemmatique), dans l'autre d'une remarque sur le choix d'un mot ou d'un autre (avec autonymie lexicale et syntaxe intégrationniste : cf. Nicolas 2005).1260. La forme du lemme "pudet Philumenae me" (à supposer qu'on puisse se fonder sur elle, ce qui n'est pas sûr), tend à supposer que Donat séquence le texte de Térence autrement que les modernes. Donat lit sans doute "pudet Philumenae me. Sequimini ambae" (avec "me" dans la mouvance de "pudet"), alors que traditionnellement on lit "pudet Philumenae. Me sequimini ambae" (avec "me" dans la mouvance de "sequimini"). La traduction globale du vers térentien n'en est pas affectée. Il est impossible de trancher : on trouve facilement en latin le verbe "pudet" sans son complément de personne à l'accusatif, et on trouve souvent chez Térence le verbe "sequor" sans pronom objet, notamment dans cette situation de sortie de scène. Ainsi, au sens de "suivre" (y compris avec préverbe) accompagné d'un objet exprimé : And. 414, 467, 819, 978, Ad. 609, Eun. 506, 549, 554, 735, 816, Heaut. 664, 832, Hec. 327, 358, 649, 879, Pho. 765, contre les emplois sans objet exprimé : And. 128, 171, 467, Ad. 280 (bis), Eun. 714, 772, 908, Heaut. 277, 743, Hec. 373, 378, Pho. 355, 982, 988, soit 17 emplois avec et 15 sans objet. Cette occurrence-ci doit-elle être versée du côté des 17 ou des 15 emplois ?1261. C'est-à-dire qu'elle nomme la femme de Pamphile, comme si c'était une amie à elle. Mais en fait la familiarité dont il s'agit est celle qu'elle a avec le jeune mari.1262. Donat manque rarement l'occasion de signaler les personnages à qui l'on s'adresse sur scène ou hors scène et qui ne parlent pas. Cela dit, les manuscrits ont ici une lacune à la place du terme grec et c'est Estienne qui, avec de bonnes chances de succès, restitue la locution qui est bien attestée par ailleurs.1263. Donat vise évidemment les conventions de la comédie et remarque ici le jeu de Térence avec ses propres codes. Traditionnellement parce qu'elles ruinent les fortunes et les réputations chez les jeunes gens comme il faut, les courtisanes sont les ennemies des vieillards (qui sont les pères desdits garnements). Qu'un vieillard prenne comme alliée objective une courtisane a de quoi surprendre et enchanter un public en quête d'originalité.1264. Une fois, en réalité, dans "quod mihi malim euenire". Donat fait un raccourci : il faut le sous-entendre une fois, en sorte qu'il soit exprimé deux fois.1265. La remarque, lexicologique (du type "differentia"), est implicitement étymologique. En effet "disiungere" est l'opération contraire de "coniungere" (conjoindre, faire des conjoints) et a une allure officielle et juridique ; "segregare" au contraire implique l'idée de séparation d'avec un "grex", un troupeau, une bande, terme souvent connoté péjorativement.1266. Il est difficile de rendre ici l'espèce de jeu de mots qui constitue le commentaire. L'adjectif "nobilis" et le substantif "nobilitas" ont deux sens : au sens premier il s'agit simplement d'"être connu", mais par suite le mot s'applique au fait d'"être honorablement connu", donc "noble". Lachès peut effectivement avoir en vue les deux sens. En se comportant comme une femme bien, Bacchis gagnera une bonne réputation et montrera la noblesse de son caractère, mais en même temps, on parlera d'elle et cela lui fera de la publicité, elle sera donc aussi un "vedette" dans son métier.1267. C'est-à-dire de comprendre "ex ea re".1268. Pour l'éloigner, son maître l'a expédié (III, 4) dans la haute ville à la recherche d'un prétendu Callidémidès, au physique improbable (cf. v. 420 et suivants).1269. Vers 808-812, puis dans le récit de Bacchis.1270. Son maître abuse de son esclave en le faisant courir partout sans raison.1271. C'est-à-dire "operam" (le travail).1272. Donat signale qu'il manque l'antécédent de l'adverbe relatif "ubi" qui est implicitement le complément de lieu du verbe "misit". Il explicite donc l'adverbe "illuc" qui remplit ce double emploi.1273. C'est-à-dire de "totum diem", complément de durée du verbe intransitif "desedi". Faut-il comprendre que Donat signale une sorte de transitivation de ce verbe d'état ou, plus probablement, qu'il signale un emploi direct, sans préposition, de ce complément circonstanciel, marquant la durée ? A l'époque de Donat on a tendance à construire ce type de complément avec la préposition "per".1274. L'emploi de Parménon, comme le note Donat dans ce début de scène, c'est celui du benêt de service. Quand il remarque lui-même qu'il est benêt, comme ici, il désigne son caractère avec un jeu métathéâtral.1275. Donat se livre ici à une étymologie de l'adjectif "ineptus" qui rappelle celle qu'il fait d'"iners" par "sine arte" (Ad. 481).1276. Donat poursuit son étude caractérologique de l'esclave benêt. Pamphile a demandé à Parménon de chercher un Myconien nommé Callidémidès et qui serait son hôte. Parménon interroge donc chaque passant en lui posant dans le même ordre la question de la nationalité, du nom et de sa qualité d'hôte. Or chaque réponse est négative : on voit donc qu'il n'était pas nécessaire de poser les deux questions suivantes, sitôt récoltée une première réponse négative !1277. Le caractère "mimétique" dont parle ici Donat est induit par ce qu'il appelle aussi "dialogisme" et qui consiste pour Parménon à se représenter soi-même en train de parler, par insertion du discours dans le récit. Le caractère concis du récit tient au fait que le dialogisme s'interrompt plus tôt qu'il ne pourrait : aux deux premières questions dialoguées correspondent deux réponses d'interlocuteurs fictifs, mais pour la troisième (on pourrait attendre quelque chose comme "non habeo") Parménon revient au récit : "omnes negabant". Il gagne ainsi du temps, en évitant au jeu de scène de s'user.1278. Ces remarques de caractérisation par l'usage impropre d'un possessif se retrouvent ailleurs chez Donat, voir par exemple Pho. 134, 1.1279. La plupart des manuscrits de Donat, au contraire de ceux de Térence, marquent ici un changement de scène caractérisé par l'entrée de Bacchis. La scholie 807, 2 semble leur donner raison, même si le commentaire au vers 808 n'a pas les marques habituelles du début de scène, avec des marqueurs du type "in hac scaena". Sur cette question, voir Nicolas 2007.1280. Autrement dit, Parménon illustre dès que possible le thème du "servus currens", l'esclave qui court et qui crée un comique de situation récurrent.1281. La reformulation, qui explicite le contenu contextuel de l'adverbe anaphorique "eo", et qui relève de l'évidence puisque c'est précisément ce que Bacchis vient de dire, n'a sans doute de raison d'être que pour éviter au lecteur de Donat de comprendre "eo" comme étant un verbe, dans un énoncé plausible qui signifie "pourquoi <y> vais-je ?".1282. Suite de l'étude caractérologique : Parménon est-il plus paresseux ou plus curieux ? Apparemment, il est surtout curieux.1283. Autrement dit, Donat note ici que la préposition "ad" prend le sens de "apud" dans la langue habituelle.1284. Pour qu'il ne sache pas ce qu'il voulait, mais ne devait pas savoir, il devait courir chercher le Myconien fantôme ; pour qu'il sache maintenant ce qu'il veut savoir, il doit courir chez Philumène.1285. Donat veut dire ici à la fois que l'indiscret Parménon ne cesse de poser des questions, et que Bacchis ne cesse de lui donner les réponses les plus succintes possible, ce qui évidemment le met sur les charbons ardents.1286. Le fait de ne dire à Parménon que ce qu'il a strictement besoin de savoir prépare en réalité la découverte par un Parménon sidéré de l'ampleur de ce qu'il ignorait, dans le dénouement de la pièce.1287. Sur l'établissement du texte, voir la note apposée au texte latin. Donat fait peut-être allusion aux maximes conversationnelles. Parménon pose une question ; Bacchis n'y répond pas. Mais elle aurait pu éviter de répondre en posant elle-même une question : ainsi Thaïs au soldat dans Eun. 793, au commentaire duquel Donat dit que cette manière de faire est une forme de mépris. Bacchis, elle, utilise un autre acte de langage pour éluder la question : elle somme son interlocuteur de se taire. Et, paradoxalement, Donat suppose que cette façon peu amène ("ne te mêle pas de ça") est moins insultante que de renvoyer une question (par exemple "qu'est-ce que cela peut te faire ?").1288. En réalité, c'est la première scène où Bacchis et Parménon sont aux prises. Ce qui est vrai, en revanche, c'est que dans la scène 1 de l'Acte I, Parménon a fait montre de toute son indiscrétion devant Philotis et Syra, qui, sans doute, n'ont pas manqué de rapporter le tout à Bacchis.1289. L'emploi d'"etiam" dans la citation des Verrines relève indéniablement de ce que Donat signale comme étant un adverbe qui accompagne une réminiscence. Mais dans la réplique de Bacchis rien n'est moins sûr : l'élément qu'elle ajoute (et qui est ni plus ni moins que la reconnaissance qui cause le dénouement) n'est certainement pas un épisode adventice auquel on a failli ne pas penser. Du coup, l'adverbe a sans doute plutôt sa valeur affirmative : "Ne dirai-je rien de plus ? -Si".1290. Le commentaire de Donat reste énigmatique. En quoi est-il remarquable que Parménon dise "scio", sinon parce que précisément il ne sait pas, ce qui rend amusante sa réponse.1291. Le tour "sed cessas" est récurrent chez Térence dans les situations où un personnage est mandaté pour accomplir une mission. En général Donat n'éprouve pas le besoin de le reformuler.1292. Ce commentaire n'a guère de sens en contexte, puisque Parménon n'a fait que courir sans prendre le bateau ni chevaucher. Sans doute la remarque est-elle plutôt générale, comme une sorte d'entrée de lexique sur le mot "cursus".1293. La remarque est apparemment métrique (ce qui est très rare chez Donat) : le commentateur dit explicitement que Bacchis livre un monologue psalmodié (en l'espèce en septénaires iambiques).1294. C'est la présence du verbe "adimo" complété par un substantif désignant une émotion dans les deux passages térentiens qui en motive le rapprochement.1295. Il s'agit de paroles de Didon, encore toute pleine de l'émotion de la rencontre avec Enée. Donat s'amuse évidemment de la similitude des contextes (deux histoires d'amour), mais de la dissemblance des résultats : Didon s'exclame d'admiration devant un homme dont elle va s'éprendre pour sa perte, Bacchis devant un acte qui la prive de l'homme qu'elle aimait mais qui le sauve, lui, et la fait, elle, monter dans l'estime générale.1296. C'est-à-dire qu'après avoir, sous forme d'exclamation, exprimé qu'il y avait beaucoup de bienfaits de sa part, elle en dresse le détail.1297. On suppose donc admis que Philumène a davantage envie de retrouver son mari que réciproquement. Cette differentia entre les deux verbes synonymes est faite ailleurs en des termes proches : voir Eun. 147, 1- 2 et 746, 2-3.1298. Bacchis empêche l'infanticide et rend donc à Pamphile son enfant, dans le même temps, en clarifiant la situation avec Philumène, elle lui rend sa femme, enfin, elle lave Pamphile aux yeux de Phidippe et Lachès de tout soupçon d'inconduite.1299. Donat remarque le passage du présent au parfait et l'explique sous couleur de "varietas" (sur ce procédé chez Donat, voir Bureau-Nicolas-Raymond à p.). En fait, l'emploi des temps est bien conforme à la situation : elle rend son fils à son père et sa femme à son mari (mais la chose n'est pas encore tout à fait réalisée), mais elle a effectivement évacué les soupçons qui pesaient sur Pamphile auprès des deux pères, opération préalable aux deux autres. En fait, il s'agit davantage d'un hysteron proteron : Bacchis renverse la chronologie des actions, chacune étant présentée avec le temps grammatical qui lui convient.1300. Les femmes romaines n'ont pas une gestation plus longue que les autres femmes, mais il est néanmoins bien souvent question pour elles de "dix mois" de grossesse si l'on en croit les textes. Cela tient d'une part au fait que les mois romains d'avant le calendrier julien comptent environ 28 jours, en sorte que les 39 semaines théoriques de la gestation constituent quasiment dix mois, d'autre part au fait que l'on peut aussi compter 41 semaines d'aménorrhée, soit plus de dix mois romains. Enfin les Romains, quand ils comptent des intervalles, hésitent souvent dans leur comput, par confusion entre l'ordinal et le cardinal. Une durée de dix mois (révolus) et le dixième mois (donc neuf mois révolus) peuvent être pris l'un pour l'autre.1301. Donat précise que le sens de "prima" est trompeur, puisqu'il ne faut pas comprendre "la première nuit", mais "le début de la nuit". Il s'agit d'un adjectif situationnel. Même genre de remarque en Pho. 215, 2.1302. Même remarque dans Eun. 95, 1- 2 pour une autre courtisane qui aime sincèrement le jeune homme qui l'entretient.1303. Ce n'est certes pas la scène du viol qui est jouée sur scène, ne serait-ce que parce que, antérieure de dix mois, elle romprait avec la chronologie standard des intrigues de la comédie nouvelle ; il devait y avoir en revanche dans le modèle grec une scène d'interrogatoire et de reconstitution du crime entre la courtisane et son ancien amant.1304. "Quid" est mis pour "aliquid". La chose est à ce point banale avec le tour "nescio quid" qu'on ne voit pas bien l'utilité d'en faire un point de commentaire. Toutefois, dans le cas qui nous occupe, un contemporain de Donat peut comprendre "je ne sais pas ce que j'ai commencé à soupçonner", et le grammairien soucieux de belle langue doit rappeler que "nescio quid coepi" ne peut pas être un tour interrogatif indirect et qu'il faut donc construire "coepi suspicarier nescioquid".1305. Car, comme le note à plusieurs reprises Donat, il y a une force expressive dans ce terme utilisé chez les comiques qui le rend ici particulièrement propre à exprimer les sentiments de Bacchis lors de ce récit rocambolesque.1306. Il ne s'agit pas de faire comprendre que Pamphile ait pu connaître la jeune fille qu'il a violée. Ce serait absolument contradictoire avec l'intrigue. Mais Donat suppose que la formulation par le jeune homme ("j'ai violé je ne sais qui") est une manière diplomatique de dire devant la courtisane aimée "j'ai violé une une fille sans importance", alors que rien n'interdit de penser que, quoiqu'il ne l'ait pas vraiment vue, il a été séduit par elle.1307. C'est-à-dire qu'il est temps pour Térence de raconter tout ce qu'il est nécessaire au lecteur de savoir pour qu'il ne reste pas sur sa faim.1308. Voir supra 774, 3.1309. Donat commente ici une valeur particulière du mot "res", dans ce qui est pratiquement une locution figée, "esse in rem".1310. Le commentaire est ici particulièrement obscur, au point qu'on se demande si le texte, pourtant consensuel, n'est pas ici corrompu. Le sens que l'on peut, sans aucune garantie de certitude, donner à la remarque est le suivant. Bacchis a toujours trouvé en Pamphile un compagnon attentionné et aimable, tant qu'il lui était permis de se poser la question d'un avenir possible avec lui. Maintenant qu'il est marié, il n'y a plus lieu de se demander si elle mérite de vivre avec un garçon si gentil, puisqu'il vit officiellement avec une autre. 1311. Donat fait une differentia (récurrente) entre deux verbes d'événement, l'un connoté favorablement et l'autre défavorablement. Il faut donc ici faire gloire à Térence d'avoir choisi le verbe connotant une mauvaise nouvelle pour parler du mariage de Pamphile du point de vue de la courtisane. Mais d'ordinaire on considère que le verbe "euenire" (ici connoté vers le désagrément) est neutre et que c'est "accidere" qui est orienté négativement ; cf. Pho. 239, 4 ; And. 398.1312. Donat fait cette remarque d'abord parce que l'emploi de l'ablatif seul dans cette construction ne correspond absolument pas aux habitudes de son temps, mais aussi pour éviter que l'auditeur ne prenne "nuptiis" pour un datif complément d'"euenire" au sens de "il est arrivé malheur au mariage". Avec "mihi" dans le contexte, la confusion est peu probable, mais morphologiquement elle est possible.1313. Bacchis joue son propre contradicteur. Elle y répond tout de suite après, en faisant une concession. Sur le couple ὑποφορά / ἀνθυποφορά, voir And. 258, 396, Pho. 159, 2 ; 781, 1-2.1314. Remarque morphologique sur le caractère anomal du couple d'antonymes "commodo"/"incommode".1315. De nouveau, le commentaire est très elliptique. Il semble qu'il faille reconstituer le raisonnement ainsi. Bacchis déclare qu'elle a tout fait pour que Pamphile ne se marie pas parce qu'il était dégoûté d'elle. Elle n'a donc rien à se reprocher. Que les circonstances aient fait qu'elle perde Pamphile, à qui elle reconnaît qu'elle doit beaucoup, n'est pas un sujet de plainte. Bacchis aurait-elle lu de la philosophie stoïcienne et saurait-elle qu'on ne doit se plaindre que des maux que l'on provoque soi-même ? Le commentaire de Donat souligne en tout cas que c'est cette théorie que le grammairien veut faire retenir à ses élèves.1316. Le rapprochement entre la prostituée au grand cœur, effectivement désintéressée, et le proxénète prêt à endurer toutes les avanies dès lors qu'il obtient satisfaction financière, paraît un peu à contresens, mais il s'impose cependant par la difficulté qu'a le grammairien à arracher ce personnage aux contraintes du type. Si Térence, comme Donat le dit lui-même, se plaît à inverser tous les codes, le grammairien demeure plus réticent. On notera qu'à chaque fois que cela était possible, il a tenté de rattacher l'action de Bacchis à des motivations "professionnelles". Voir par exemple son commentaire de "nobilitatem" au vers 797.1317. Il s'agit de cet emploi de la particule "dum" en renforcement d'un impératif, comme dans "dicdum" ou "adesdum". Implicitement, Donat distingue cet enclitique de la conjonction homonyme.1318. Donat commente évidemment le mot "uenustatis", qu'il met régulièrement en rapport avec le nom de Vénus. Mais, selon un usage antique assez stable, il commente en réalité non pas le mot dont il part mais un autre de même famille lexicale : ici, c'est de l'adjectif "inuenustus" qu'il donne la définition, non du substantif "uenustas" dont l'analyse sémique doit donc se déduire de l'étymologie par "Venus" et de l'antonymie de "inuenustus".1319. Les questions répétitives de Pamphile ont, selon Donat, valeur de retardement. L'intrigue est jouée : il n'y a plus rien à retarder. Il s'agit donc plutôt de traits caractéristiques de l'impatient amoureux qui vient d'obtenir tout ce qu'il voulait et qui y croit sans y croire et, à vrai dire, ne sait pas exactement ce qu'il dit.1320. Cette série de questions pressantes émane de l'ombre de Déiphobe qui interroge Enée aux Enfers. La situation intertextuelle est apparemment sans rapport, sauf si l'on se souvient de ce que Pamphile dira dans quelques vers à Parménon (852) : "tu m'as ramené des Enfers à la vie". Par jeu intertextuel, Donat (qui s'amuse ici) nous signale que nous sommes donc dans cette dernière scène dans une sorte de nékyia comique.1321. Donat fait remarquer que Parménon, bien qu'il ait eu connaissance des indices qui ont provoqué la reconnaissance et le dénouement, continue à ne pas comprendre les tenants et aboutissants de l'intrigue. Il tâche donc de faire le modeste pour obtenir des renseignements que, finalement, on ne lui donnera pas. Le procédé comique est bien analysé.1322. Le commentaire n'est pas clair. Peut-être faut-il comprendre implicitement que Donat fait honneur à Térence d'avoir créé pour l'occasion le féminin de "seruator" ?1323. Donat parle de la tournure "Bacchis mea", non de "seruatrix mea" et il signale que c'est la façon avec laquelle l'amoureux s'adresse à la femme aimée. Or c'est désormais son épouse qu'il aime mais il reste entre Bacchis et Pamphile des vestiges de tendresse d'anciens amants.1324. Une courtisane n'a en effet aucune raison de se réjouir du bonheur conjugal de son amant. Mais l'attitude de Bacchis accrédite ce paradoxe apparent.1325. Dans ce cas, la réplique se comprend "ta rencontre, ta conversation, ton arrivée (…) se font toujours volontiers".1326. Donat indique que le compliment que Bacchis fait à Pamphile (comme Pamphile le remarque lui-même) se trouverait plus à propos dans la bouche d'un amant s'adressant à sa maîtresse.1327. Il en résulte que Donat donne ici deux interprétations différentes de "quod nossem". Dans sa première reformulation, le segment fonctionne comme un ersatz de consécutive et le verbe y a comme complément "eam" à prendre en facteur commun (de manière à ce que je la connaisse). Mais ensuite il glose le même segment comme une incise, comparable à "quod sciam", avec un "quod" relatif complément de "sciam" (à ce que je sais). Cette seconde interprétation a contre elle, sans doute, le temps du verbe qui, si l'on était dans une incise, ne passerait sans doute pas au passé ("quod norim"). En tout cas, il y a là un manque de cohérence d'une scholie à l'autre.1328. La remarque de Donat peut paraître surprenante, dans la mesure où, dans cet emploi indéfini, "quid" est enclitique et, donc, dépourvu d'accent. Peut-être faut-il comprendre qu'il y a une différence de prononciation entre l'adverbe interrogatif "numquid" (est-ce que par hasard), qui vaut un seul mot, et la séquence "numquid" (écrit en un ou deux mots, mais valant deux mots) où "quid" est un pronom indéfini, le premier prononcé "númquid" et le second "númquíd" ? Ou, s'il ne s'agit pas de prononciation différentielle, s'agit-il simplement d'une graphie différentielle ?1329. Il s'agit évidemment de remarquer le propos métathéâtral de Pamphile qui, dans ce dénouement, se moque des dénouements comiques stéréotypés. La scholie 1 précise donc que Pamphile s'exprime comme s'exprimerait une personne dans le réel. Mais en disant, dans la scholie 2, qu'il manque aliis, Donat accentue, au lieu de l'amoindrir, le caractère métathéâtral de l'énoncé, car si c'est bien ce que sous-entend Pamphile, alors il atteste qu'il est lui-même un personnage de cette comédie-ci. La scholie 867, 2 va dans le même sens.1330. C'est un précepte sur le dénouement qui sera retenu par les doctes de l'âge classique. Evanthius l'illustrait de cette manière : Fab. 4, 5 "catastrophe conuersio rerum ad iucundos exitus patefacta cunctis cognitione gestorum" (la catastrophe est le retournement de la situation jusqu'à l'issue heureuse, une fois que tous les personnages ont accès à la connaissance des événements).1331. C'est toujours la même question qu'en 866, 2-3 : de quel degré de métathéâtre s'agit-il ?1332. Encore une remarque sur le caractère métathéâtral de cette fin de pièce. Donat, dans la définition qu'il donne du verbe "resciscere", utilise le verbe "recognoscere", de la famille lexicale qui sert à caractériser le procédé de la "reconnaissance" qui déclenche le dénouement. De fait, depuis la scène précédente lors de laquelle Bacchis a compris que Philumène était bien la jeune femme que Pamphile avait violée pendant une nuit d'ivresse, le champ lexical de "(cog)noscere" est abondamment représenté. La reconnaissance dramaturgique est illustrée par le vers 830 "eum haec cognouit Myrrina" (Myrrhina a reconnu l'anneau), et dès lors les personnages ne cessent d'insister lexicalement sur cet aspect.1333. Double differentia, donc, entre "resciscere" et "scire". Il est à noter que ce groupe de scholies pourrait tout aussi bien (voire mieux, étant donné la forme des autonymes de la scholie) se rattacher au vers précédent.1334. Le rapport avec les deux citations est clair : Parménon, tout comme le Néoptolème virgilien ou le Phormion térentien, parle de lui à la troisième personne. Le fait que, dans les deux illustrations, le nom soit à l'accusatif nous incite à privilégier la leçon "Parmenonem", présente dans une partie de la tradition térentienne, et dans le lemme 1 de cette même scholie. L'énoncé a alors le pronom "quicquam" pour sujet et s'interprète "est-ce que par hasard quelque chose aurait échappé à Parménon...?". En revanche, dans les deux citations mises en parallèle, il ne s'agit pas d'un aparté, d'une parole dite à soi : Néoptolème s'adresse à Priam, Phormion à la cantonnade. La scholie 2 doit donc se comprendre "1. il fait un aparté (ce qui n'est pas sûr, d'ailleurs : voir la scholie 878, 4), 2. il parle de lui à la troisième personne, comme dans Virgile etc.", seul le point 2 étant en cause alors. Notons que dans le commentaire à Pho. 1027 (le vers ici mis en illustration), Donat avait déjà opéré le rapprochement avec le passage de Néoptolème, mais qu'il n'avait pas alors cité ce vers de L'Hécyre. Peut-être est-ce un argument pour supposer que le commentaire à L'Hécyre est postérieur à celui du Phormion.1335. A moins qu'il ne faille comprendre "cet énoncé convient à la courtisane qui s'en va", c'est-à-dire qu'il pourrait s'agir d'une réplique de Bacchis. Dans ce cas, cela vient en contradiction avec la scholie 868, 2, qui évoque un aparté de Parménon parlant de lui à la troisième personne.1336. C'est-à-dire qu'au lieu d'utiliser le couple attendu de contraires, opposés par la morphologie, il utilise de l'antonymie lexicale non-morphologique. Implicitement, Donat évoque peut-être le concept de "variatio".1337. Var. "nouast".1338. Var. "ut iterum possit".1339. Var. "iis".1340. Var. "strepitus".1341. Var. "mea causa causam accipite ac date silentium".1342. Var. "paucis". Donat donne cette leçon dans sa scholie 58, 5 et cite Apollodore qui, lui, construit "paucis meretricibus" ("ὀλίγαις ἑταίραισιν") et non "paucos amatores". Pour que Donat ne dise pas explicitement retenir la leçon traduite du grec, on suppose qu'il a sous les yeux des manuscrits attestant clairement de la leçon concurrente.1343. Notons qu'à la scholie 99, 1, Donat cite le texte en modifiant légèrement l'ordre des mots dans ce uers: "numquam illa uiua uxorem ducturum domum".1344. Var. "misereas". Plusieurs manuscrits (PC) donnent "misereat", ainsi que DFE, qui donnent "te misereat", comme Donat. 1345. Var. "quaeret". 1346. Var. "quaeret". Donat ne commente pas ce lemme, mais on conjecture qu'à l'instar du vers 76 ("senex si quaerat me"), puisque Parménon répète sa phrase pour l'esclave qui n'a pas entendu, le verbe "quaerere" est au subjonctif.1347. Cf. note précédente. Ici, hypothèse contraire, qui n'entraîne pas forcément un changement de mode.1348. Var. "illi". 1349. Var. "quae illi placerent". Donat commente le lemme "nisi praefinito loqui illi quae placerent", qu'on décide d'éditer, mais cite dans sa scholie 94, 4 "quae illi placerent".1350. Var. "sed quid hoc negoti modo quae narrauit mihi". Les manuscrits DPCFE donnent également "est". 1351. Var. "percontor". 1352. Var. "senectuti". 1353. Ce "ut" ne figure pas dans la tradition térentienne, mais le vers est cité sous cette forme dans le commentaire à Ad. 470, 5. Nous le rétablissons donc, sans garantie.1354. Var. "pauculis". 1355. Var. "post". Mais il n'est pas impossible que Donat ait eu une version avec "postquam", malgré la difficulté de construction.1356. Var. "decrerim". 1357. Var. "ac". 1358. Var. "sese". 1359. Var. "mirum". 1360. Var. "hoc". 1361. Var. "se". 1362. Var. "tum". 1363. Var. "eadem aeque". 1364. Var. "eodemque". 1365. Les éditeurs mettent cette conjonction à la fin du vers précédent. Nous gardons la présentation "logique" de Donat. Notons que de nombreux mss. de Térence omettent ce "et".1366. Var. "ullus". 1367. Var. "exorere".1368. Var. "uostrarum" (mais PCFE donnent "uestrorum")1369. Var. "minimeque adeo est mirum".1370. Var. "plus una esset". 1371. Var. "hinc iam scibo hoc quid sit". 1372. Var. "heia".1373. causast edd.1374. Remarquons qu'en 258, 3, Donat donne comme lemme "etsi tu illi pater es", alors qu'en 2 le "tu" n'apparaissait pas. Les mss. de Térence ne l'ont pas.1375. Var. "possim".1376. hem edd. 1377. omnis edd. 1378. multimodis edd. 1379. Les éditeurs ont généralement "lucro" mais Donat, dans la reformulation qu'il opère de ce segment dans la scholie 286, 3, donne cette forme.1380. Les éditeurs ont généralement "orta est".1381. Les éditeurs ont en général "quod".1382. paruom edd. 1383. Difficile de chosir entre "consciuisse" et "consciuerit" qui sont tous les deux commentés en tant que tels par Donat. Si l'infinitif paraît être seulement une variante par rapport à l'autre forme, il semble en revanche la forme préférentielle d'après la reconstitution par Estienne de la scholie 1. Dans le doute, on choisit la forme personnelle.1384. Les mss. térentiens ont "periclum", sans quoi le vers est amétrique.1385. La scholie 326 donne cette fin de vers (qui n'est pas lemmatisée) alors que la tradition térentienne donne "perisse me una haud dubium est". Peut-être est-ce de la part de Donat une paraphrase plutôt qu'une citation stricte. Dans le doute, faute de savoir ce qu'il lisait vraiment, nous éditons le texte de la scholie.1386. Les éditeurs de Térence éditent "intro iisse". 1387. Les éditeurs de Térence ont "iterum". 1388. Variante "ehem". 1389. Var. "interuenerit" chez les éditeurs modernes.1390. Var. "ueniant". 1391. Var. "perspexi". 1392. Var. "intro me". 1393. Les manuscrits ont "ac", mais il semble que Donat lise "quam". Voir la note à la traduction de la scholie 373, 2.1394. Var. "huius". 1395. Les éditeurs de Térence ont "obsecramus", mais on déduit de la scholie 387, 2 que Donat lit plutôt "obtestamur".1396. Var. "uti". 1397. Les éditeurs térentiens n'ont pas "de". Mais les mss. de Donat sont consensuels pour donner la préposition dans la scholie 565, 2 où ce vers est cité.1398. Donat donne "bona" comme texte principal, pour lequel on peut penser qu'il incline, mais précise qu'il existe une uariante "data" d'ailleurs très majoritaire.1399. Donat précise l'existence d'une uariante "eidem" : mais voir note apposée au commentaire traduit.1400. Var. "huic nunc". 1401. Var. "quam". 1402. Var. "mittam". 1403. Var. "semper mortem". 1404. Var. "et quidem". 1405. Var. "dicam". 1406. Var. "constitui". 1407. Var. "crassus, caesius". 1408. Var. "ille abiit". Remarquons que Donat donne en premier lemme "illic abit", et en second "ille abiit".1409. Var. "atque". 1410. Var. "ego me". 1411. Les éditeurs et les mss. de Térence n'ont pas tous ce "est". 1412. Var. "segreganda aut mater a me est, Phidippe, aut Philumena". 1413. Var. "pulsus". 1414. Var. "filiam ut". 1415. Les trois derniers mots font partie du vers 521 chez les éditeurs. On est dans un passage polymétrique difficile à définir métriquement.1416. Les éditeurs n'ont pas "mi".1417. Var. "ex quo".1418. On lit chez Donat aussi bien "nos omnis" que "omnes nos".1419. Les éditeurs ajoutent ici "esse".1420. Le vers est athétisé en général chez les éditeurs de Térence, mais il se trouve bien dans les mss. de Donat.1421. Var. "indicium haec".1422. Var. "adeon".1423. Var. "uidisse eum".1424. Var. "nonne ea".1425. Var. "uxorem an non".1426. Les éditeurs privilégient la forme "sensti", mais chez Donat on lit bien "sensisti".1427. Chez DOnat on lit tantôt "unum" et tantôt "unam".1428. Les éditeurs préfèrent "quod", mais "quam" est attesté (outre chez Donat) dans une bonne partie de la tradition.1429. Var. "mi".1430. Var. "haud".1431. Les éditeurs insèrent ici habituellement "te".1432. Var. "mea".1433. Les éditeurs ajoutent ici "me".1434. Var. "induces".1435. Var. "uti".1436. Les éditeurs ont en général "uti esse ego illam". Donat a une certaine incohérence de citation du lemme à la scholie. Il semble connaître une variante "ut ego esse illam".1437. D'une édition à l'autre, l'ordre des mots de ce vers est différent. Même Donat hésite entre "quod faciendum sit post" et "quod post faciendum sit". On ne sait trop s'il lit l'adverbe "fortasse".1438. Var. "concessurum".1439. Les éditeurs attribuent ces deux premiers mots du vers à Pamphile. Il peut sembler, d'après le commentaire qui en est fait, que Donat les attribue à Phidippe.1440. Var. "natum tibi illam".1441. Var. "sequitur".1442. Var. "sese".1443. Var. "quae".1444. Var. "mirandum".1445. Var. "possiem".1446. Var. "quaesti".1447. Var. "obsiet".1448. Var. "iam ea aetate".1449. Var. "siet".1450. Var. "magnam ecastor gratiam".1451. quod edd.1452. Les éditeurs n'ont pas ce "ut".1453. Var. "is".1454. Var. "sed esse falsa fama nolo".1455. Var. "haec".1456. Var. "facies".1457. Var. "possiem".1458. Var. "istaec".1459. On lit aussi, selon les lemmes de Donat, "ex ea re natam".1460. Var. "hic".1461. Var. "dixe".1462. Var. "qui donem qui qui".1463. Var. "qui".1464. Var. "Parmeno".Citations
1. κεῖσο μέγας μεγαλωστί, λελασμένος ἱπποσυνάων (HomOd. 24, 40)2. timidisque superuenit Ae. Aegle (VergBuc. 6, 20)3. ut pernoscatis, ecquid spei sit reliquum, quas faciet (TerAnd. 25-26)4. impias, ere, te: oratorem uerberas (PlautPoen. 384)5. me liceat casus miserari i. insontis a. amici (VergAen. 5, 350)6. iam senior, sed cruda deo uq. uiridisque s. senectus (VergAen. 6, 304)7. hic portus alii effodiunt, h. hic a. alta t. theatris f. fundamenta l. locant 21 a. alii i. immanisque c. columnas r. rupibus e. excidunt , s. scaenis d. decora a. alta f. futuris (VergAen. 1, 427-429)8. magnis cum uiribus e. effert o. ora D. Dares m. magnoque u. uirum s. se m. murmure t. tollit , s. solus q. qui P. Paridem (VergAen. 5, 368-370)9. exspectate uenis (VergAen. 2, 283)10. nunc haec plane est pro noua (TerEun. 5)11. populus conuolat, tumultuantur (TerHec. 40)12. pugnant de loco (TerHec. 41)13. clamor mulierum (TerHec. 35)14. ea cum reprendere coner, quae grauis Aesopus, quae doctus Roscius egit (HorEp. 2, 1, 81-82)15. inique iniqui (TerHec. 54)16. postquam aediles emerant (TerEun. 20)17. uel optima Messanae (Cic.Verr. 2, 4, 3)18. carmina uel c. caelo p. possunt d. deducere L. Lunam (VergBuc. 8, 69)19. ergo age, care pater, c. ceruici i. imponere n. nostrae (VergAen. 2, 707)20. em alterum (TerEun. 459)21. mactant lectas de more bidentes (VergAen. 4, 57)22. itan parasti te, ut spes n. nulla r. reliqua in t. te s. siet t. tibi ? (TerEun. 240)23. progeniem sed enim Troiano a sanguine duci audierat (VergAen. 1, 19-20)24. neque audit currus h. habenas (VergGeo. 1, 514)25. cum milite inhumanissimo (TerHec. 85-86)26. tuli (TerHec. 87)27. agitare conuiuium libere (TerHec. 93)28. illi mea tristia facta (VergAen. 2, 548)29. numquam tam dices commode (TerHec. 108)30. sed quid tu es tristis? (TerPho. 57)31. numquam illa uiua uxorem ducturum d. domum (TerHec. 62)32. donec regina s. sacerdos M. Marte g. grauis g. geminam p. partu d. dabit I. Ilia p. prolem (VergAen. 1, 273-274)33. haec secum (VergAen. 1, 37)34. percontatorem fugito, nam garrulus idem est (HorEp. 1, 18, 69)35. quam ego quae perconter scire (TerHec. 111)36. redit ad se atque ad m. mores s. suos (CicCaecil. 57)37. fracti bello (VergAen. 2, 13)38. f. fatisque r. repulsi d. ductores D. Danaum (VergAen. 2, 13-14)39. quam pro me curam g. geris , h. hanc p. precor , o. optime , p. pro m. me d. deponas (VergAen. 12, 48-49)40. uel Priamo miseranda m. manus (VergAen. 11, 259)41. quis talia fando M. Myrmidonum D. Dolopumue (VergAen. 2, 6-7)42. Anna soror (VergAen. 4, 9)43. exin Tarquinium bona femina lauit et unxit (EnnAnn. 155 V.)44. uincere Caecilius grauitate, Terentius arte (HorEp. 2, 1, 59)45. Italiam non sponte sequor (VergAen. 4, 361)46. quam metui quorsum euadas (TerAnd. 127)47. nocte illa prima uirginem non attigit (TerHec. 136)48. quid ego uobis, Geta, alienus sum? (TerPho. 545)49. procacibus austris (VergAen. 1, 536)50. hic annis grauis a. atque a. animi m. maturus A. Aletes (VergAen. 9, 246)51. misertum est. Virgo ipsa facie egregia (TerPho. 99-100)52. heu quibus ille iactatus f. fatis (VergAen. 4, 13-14)53. quos eadem odisse et eadem metuere in unum coegit (SalJug. 31, 14)54. nam idem u. uelle a. atque i. idem n. nolle , e. ea d. demum f. firma a. amicitia e. est (SalCat. 20, 4)55. nam meus conseruus est homo haud magni preti (PlautMil. 145)56. populare penates uenimus (VergAen. 1, 527-528)57. tendere iter (VergAen. 6, 240)58. illum tumultum inflexit (LocInc.)59. en cui tuos liberos committas (CicVerr. 2, 1, 93)60. habemus enim liberos omnes (CicVerr. 2, 1, 153)61. exortus est seruus, qui, quem in eculeo a. appellare n. non p. posset , e. eum a. accuset s. solutus (CicDej. 3)62. saxaque subuectare humeris (VergAen. 11, 131)63. πολλὰς ἂν εὕροις μηχανάς · γυνὴ γὰρ εἶ (EurAnd. 85)64. uarium et mutabile semper femina (VergAen. 4, 569-570)65. erus meus elephanti corio circumtectus est, non suo (PlautMil. 235)66. σύ με παντάπασιν ἥγησαι λίθον (ApolHec. frg. 9)67. rus ab. abdidit s. sese (TerHec. 175)68. aut non totis96 sex mensibus prius olfecissem? (TerAd. 396-397)69. age nunciam: ego pol h. hodie , s. si u. uiuo , t. tibi o. ostendam , e. erum q. quid s. sit p. pericli f. fallere (TerAnd. 866-867)70. Chreme, pietatem gnati! non te miseret mei? t. tantum l. laborem c. capere o. ob t. talem f. filium ? (TerHec. 224-226)71. tu sola exorere (TerHec. 213)72. senex rus abdidit se (TerHec. 174-175)73. imperat aut seruit collecta pecunia cuique (HorEp. 1, 10, 47)74. uitam urbanam (TerAd. 42)75. ego hanc clementem uitam urbanam atque o. otium s. secutus s. sum (TerAd. 42-43)76. uires ultra s. sortemque s. senectae (VergAen. 6, 114)77. omnes socrus oderunt nurus (TerHec. 201)78. desiste m. manum c. committere T. Teucris (VergAen. 12, 60)79. est idem Verres, qui fuit semper (CicVerr. 2, 1, 2)80. est idem Verres, qui fuit semper (CicVerr. 2, 1, 2)81. scortari crebro n. nolunt , n. nolunt c. crebro c. conuiuarier (TerHeaut. 206)82. non necesse habeo omnia pro meo iure agere (TerAd. 51-52)83. non necesse habeo omnia pro meo iure agere (TerAd. 51-52)84. heri ea causa r. rure h. huc a. aduenit , p. patrem c. continuo c. conuenit (TerHec. 190-191)85. Pan deus A. Arcadia m. mecum s. si i. iudice c. certet (VergBuc. 4, 58)86. et liberis eius auunculus erat (SalHist. 1, frg. 45 M.)87. heu fuge, nate dea (VergAen. 2, 289)88. eo amantem i. inuitum P. Pamphilum e. extrudit p. pater (TerHec. 173)89. Phidippe (TercHec. 256)90. sin metuis, satis ut meae (TercHec. 256)91. haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam (TercHec. 258)92. ut meae domi curetur diligenter (TercHec. 257)93. haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam saluam magis uelis quam ego (TercHec. 258-259)94. etsi scio ego, Philumena, meum ius esse (TerHec. 243)95. etsi ego me omnibus s. scio adp. adprime o. obsequentem (TerHec. 247)96. non mea opera neque pol c. culpa e. euenit (TercHec. 228)97. itaque uno animo omnes s. socrus o. oderunt n. nurus (TercHec. 201)98. quod saepe malae legere nouercae (VergGeo. 3, 282)99. tollite me, Teucri, quascumque abd. abducite t. terras (VergAen. 3, 601)100. hancine ego uitam parsi perdere! (TerHec. 282)101. praetor quoque, ne se pulchrum ac beatum putaret, ei quoque carmen compositum est (CicMur. 26)102. οἱ γὰρ ἀτυχοῦντες τὸν χρόνον κερδαίνομεν, ὅσον ἄν ποτ᾽ ἀγνοῶμεν ἠτυχηκότες (ApolHec. frg. 10)103. crastina lux, mea si non irrita dicta putaris, ing. ingentis R. Rutulae s. spectabit c. caedis a. aceruos (VergAen. 10, 244-245)104. soluite m. metum , T. Teucri , s. secludite c. curas (VergAen. 1, 562)105. nemini plura ego acerba c. credo e. esse e. ex a. amore (TerHec. 281)106. aliquid monstri alunt: ea quoniam nemini obtrudi p. potest , i. itur a. ad m. me (TerAnd. 250-251)107. quae mihi r. reddat e. eum u. uel e. eo m. me s. soluat a. amantem (VergAen. 4, 479)108. nocte illa p. prima u. uirginem n. non a. attigit ; q. quae c. consecuta e. est n. nox e. eam , n. nihilo m. magis (TerHec. 136-137)109. quid? i. interea in. ibatne a. ad B. Bacchidem ? - c. cottidie (TerHec. 157)110. iras gerunt (TerHec. 310)111. animus infirmus (TerHec. 311)112. fortasse unum aliquod uerbum inter eas iram h. hanc c. consciuerit (TerHec. 313)113. sed magnum nescio quid necesse est e. euenisse , P. Parmeno , u. unde i. ira i. inter e. eas i. intercessit (TerHec. 304-305)114. fortasse te amare suspicarier (PlautFrgDub. 11)115. uisaeque canes ulu. ululare per u. umbras (VergAen. 6, 257)116. nam ut ex mari timida es (PlautBac. 106)117. quod si eo meae fortunae redeunt, Phanium, abs te u. ut d. distrahar , n. nulla e. est m. mihi u. uita e. expetenda (TerPho. 201-202)118. ubi aut morbo g. grauis (VergGeo. 3, 95)119. et morbi graues ob inediam insolita uescentibus (SalHist. 3, frg. 38 M)120. respice ad haec (VergAen. 7, 454)121. nostra ilico it u. uisere a. ad e. eam : a. admisit n. nemo (TerHec. 188)122. haud, credo, inuisus c. caelestibus a. auras u. uitalis c. carpis (VergAen. 1, 387)123. praesens praesenti (TerAd. 668)124. illum absens abs. absentem a. auditque u. uidetque (VergAen. 4, 83)125. uultum demissa profatur (VergAen. 1, 561)126. senati decretum fit (SalCat. 53, 1)127. dic mihi, Damoeta, cuium pecus (VergBuc. 3, 1)128. τί πρῶτόν τοι ἔπειτα, τί δ᾽ ὑστάτιον καταλέξω; (HomOd. 9, 14)129. uocemque his auribus h. hausi (VergAen. 3, 359)130. sed quidnam Pamphilum exanimatum uideo? (TerAnd. 234)131. exanimata s. sequens i. impingeret a. agmina m. muris (VergAen. 5, 805)132. corpus ubi e. exanimi p. positum P. Pallantis A. Acoetes s. seruabat s. senior (VergAen. 9, 30)133. eloquar an sileam? (VergAen. 3, 39)134. alio me suspicans m. morbo u. uisurum a. affectam quam s. sensi e. esse u. uxorem (TerHec. 365)135. misera: misertum est (TerHec. 379)136. pium et p. pudicum i. ingenium n. narras (TerHec. 77)137. quo accidam aut q. quos a. appellem (SalJug. 14)138. τοῖος γὰρ νόος ἐστὶν ἐπιχθονίων ἀνθρώπων, οἷον ἐπ᾽ ἦμαρ ἄγῃσι πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε (HomOd. 18, 136)139. οὕτως ἕκαστός ἐστι διὰ τὰ πράγματα / ἡμῶν τε σεμνὸς καὶ ταπεινός (ApolHec. frg. 11)140. Anna, fatebor enim, m. miseri p. post f. fata S. Sychaei (VergAen. 4, 20)141. et nos aliquod nomenque decusque g. gessimus (VergAen. 2, 89-90)142. si qua interea fortuna fuisset (VergAen. 9, 41)143. o Fors Fortuna (TerPho. 841)144. per euersae, g. genitor , f. fumantia T. Troiae e. excidia o. obtestor (VergAen. 10, 45)145. si concessa p. peto , s. si d. dant e. ea m. moenia P. Parcae (VergAen. 5, 798)146. si te in germani fratris d. dilexi l. loco s. siue h. haec t. te s. solum s. semper f. fecit m. maximi (TerAnd. 292)147. post principio denique (PlautPers. 452)148. post paulo (PlautTrin. 191/PlautPseud.310)149. e re nata (TerAd. 295)150. ex te mihi orta est iniuria (TerAd. 189)151. nihil quicquam uidi laetius (TerAd. 256)152. sic effata sinum l. lacrimis i. impleuit o. obortis (VergAen. 4, 30)153. quanto ille magis formas s. se u. uertet i. in o. omnes , tam tu, nate, magis contende tenacia uincla (VergGeo. 4, 411-412)154. egressi optata potiuntur Troes harena (VergAen. 1, 172)155. annos sexaginta natus es, aut plus eo, ut c. conicio (TerHeaut.62)156. i. inclusi p. poenam e. exspectant (VergAen. 6, 614)157. sic ait recusanti periurium seruo Mysis noua <nunc> r. religio i. in t. te i. istaec (TerAnd. 730)158. quid uis nuntiem? (TerHec. 436)159. Myconi calua omnis iuuentus (LucilH. 135 Charpin)160. et corpora luce carentum (VergGeo. 4, 255)161. belloque caduci Dardanidae (VergAen. 6, 481-482)162. quod potero faciam (TerHec. 447)163. quod potero faciam (TerHec. 447)164. sancte adiurat non posse illic P. Pamphilo s. se a. absente p. perdurare (TerHec. 268-269)165. uenisse aiunt: redeat (TerHec. 452)166. quis hic loquitur? Mysis, salue! (TerAnd. 258)167. uigilasne, deum gens, A. Aenea ? (VergAen. 10, 228)168. aut enim id mihi satis est, quod est de me opinionis, quicquid est (CicCaecil. 36)169. numquam (TerHec. 465)170. ille reuiuisceret (TerHec. 465)171. Troianas ut opes (VergAen. 2, 4)172. ipse hostis Teucros i. insigni l. laude f. ferebat (VergAen. 1, 625)173. te ipso teste nequam atque improbo, uerum ad hanc rem t. tamen i. idoneo , te, inquam, t. teste d. docebo (CicVerr. 2, 1, 83)174. neque mea culpa hoc d. discidium e. euenisse , i. id t. testor d. deos (TerHec. 476)175. donec uirenti canities abest morosa (HorCarm. 1, 9, 17)176. concedat matri toleretque mores eius (TerHec. 478)177. o praestans a. animi i. iuuenis (VergAen. 12, 19)178. posthabita c. coluisse S. Samo (VergAen. 1, 16)179. impulsus ira (TerHec. 484)180. ego te, quae plurima fando enumerare uales, numquam, regina negabo promeritam (VergAen. 4, 333-335)181. omnis ut tecum meritis pro talibus annos exigat (VergAen. 1, 74-75)182. iram (TerHec. 484)183. neque adeo clam me est, quam esse eum aegre laturum credam, hoc si r. rescierit (TerHec. 261-262)184. cantando tu illum? (VergBuc. 3, 25)185. o Pamphile, pol haut p. paternum i. istuc d. dedisti .! (TerAd. 449-450)186. attollitque animos (VergAen. 12, 4)187. quae quidem mihi l. laetari u. uidetur , q. quod t. tantam p. pestem e. euomuerit fq. forasque p. proiecerit (CicCat. 2, 2)188. continuo auditae uoces uagitus et ingens iq. infantumque a. animae f. flentes i. in l. limine p. primo (VergAen. 6, 426)189. continuo auditae uoces uagitus et ingens (VergAen. 6, 426-427)190. audire uocem uisa sum modo militis (TerEun. 454)191. defessus sum deambulando (TerAd. 713)192. mihin? (TerAnd. 849)193. uir gregis ipse caper (VergBuc. 7, 7)194. teque adeo, quem mox q. quae s. sint h. habitura d. deorum c. concilia i. incertum (VergGeo. 1, 24-25)195. tu, inquam, mulier, quae me o. omnino < l. lapidem >, n. non h. hominem p. putas (TerHec. 214)196. ita fiducia quam argumentis purgatiores d. dimittuntur (SalHist. 2, frg. 111 M)197. tempore suo (TerHec. 531)198. recte (TerHec. 531)199. tempore suo (TerHec. 531)200. recte (TerHec. 531)201. miserum? quem minus credere est? (TerHeaut. 192)202. atque ea cogentes, non coactos, scelestos magis quam miseros obstringi (SalHist frg.inc. 25 M)203. sed nunc mihi in mentem (SalHist frg.inc. 25 M)204. ante locum capies oculis (VergGeo. 2, 230)205. quid? interea ibatne ad Bacchidem? - Cotidie (TerHec. 157)206. sed si hic pernocto, c. causae q. quid d. dicam , S. Syre ? (TerAd. 531)207. ac non totis sex mensibus prius olfecissem, quam ille quicquam fecerit? (TerAd. 396-397)208. negabas posse filiam tuam te pati cum eo, qui meretricem amaret, qui pernoctaret f. foris (TerHec. 538-539)209. qui in hortis fuerit, qui unguenta sumpserit, qui Baias uiderit (CicCael. 27)210. hic paruae consuetudinis causa (TerAnd. 110)211. neque me consuetudo neque amor commoueat (TerAnd. 279-280)212. fortique marito destinet uxorem (HorSat. 2, 3, 216-217)213. misericordia, animus maternus: sino (TerHeaut. 637)214. 'imprudens timuit adulescens': sino 'tu seruus' (TerPho. 294)215. uerum id uitium numquam decreui esse adulescentiae (TerHec. 542)216. adeon peruicaci esse animo, ut puerum praeoptares, etc. (TerHec. 582)217. de219 continuo exponetur (TerHec. 400)218. ita mihi uelim deos propitios, ut cum illius temporis mihi uenit in mentem (CicCaecil. 41)219. quin dicant, non est: merito ut ne dicant, id est (PlautTrin. 105)220. atque in eam hoc omne, quod mihi aegre est, euomam (TerHec. 515)221. sunt hic sua praemia laudi (VergAen. 1, 461)222. amicae (TerHec. 592)223. cognatae (TerHec. 592)224. dies festi (TerHec. 592)225. sat patriae Priamoque datum (VergAen. 2, 291)226. omnes socrus oderunt nurus (TerHec. 201)227. non facies neque sinam (TerHec. 590)228. hanc matrem habens talem, illam229 uxorem (TerHec. 602)229. durum, sed melius230 fit patientia, quicquid corrigere est nefas (HorCarm. 1, 24, 19)230. di mala prohibeant (TerHec. 207)231. quod faciendum sit post fortasse (TerHec. 609)232. ibi ego te et tu me feres (TerHec. 610)233. dum moliuntur, dum conantur, annus est (TerHeaut. 240)234. quid ita istuc uis (TerHec. 613)235. ὁ μῦθός ἐσμεν Πάμφιλ᾽ ἤδη γραῦς γέρων (ApolHec. frg. incogn.)236. grauiter quidem (TerHec. 624)237. quid mihi dicent aut quam causam reperient? demiror (TerPho. 234)238. in ipso tempore (TerHec. 627)239. in ipso tempore (TerHec. 627)240. uxore (TerHec. 632)241. ego postquam te emi (TerAnd. 35)242. grauior ne nuntius aures uulneret (VergAen. 8, 582)243. quiesce (TerAnd. 598)244. quid hominis? (TerEun. 546/TerEun. 833)245. tu mihi quodcumque hoc regni (VergAen. 1, 78)246. tum me hospitem lites sequi, quam id mihi sit facile atque utile (TerAnd. 810-812)247. atque ipsae memores redeunt in tecta suosque ducunt (VergGeo. 3, 316)248. perii (TerHec. 651)249. arsurasque comas o. obnubit a. amictu (VergAen. 11, 77)250. namque suam patria antiqua cinis ater habebat (VergAen. 4, 633)251. mater sua (TerHec. 660)252. uos, ο Calliope, precor, a. aspirate c. canenti (VergAen. 9, 525)253. unius ob iram prodimur (VergAen. 1, 251)254. ego illud sedulo negare factum. ille instat factum (TerAnd. 146)255. tum patris pudor, qui me tam leni passus est animo (TerAnd. 262)256. quae tum fecisti ut decuerat (TerHec. 688)257. circumdatos Verri cancellos (CicVerr. 3, 135)258. continuo exponetur (TerHec. 444)259. sed nunc mihi in mentem uenit de hac re quod locuta es olim, cum illum generum cepimus. nam negabas nuptam263 filiam tuam te pati cum eo, qui meretricem amaret, qui pernoctaret foris (TerHec. 536-539)260. amarae (TerHec. 710)261. mulieres sunt (TerHec. 710)262. hancine ego uitam parsi perdere! (TerHec. 275)263. tuaque animam h. hanc e. effundere d. dextra (VergAen. 1, 98)264. talibus orabat Iuno (VergAen. 10, 26)265. talibus orabat Iuno (VergAen. 10, 26)266. quocum uno tum rem habebam hospite (TerEun. 119)267. muto factum (TerAnd. 40)268. nollem factum (TerAd. 165)269. talibus aggreditur Venerem Saturnia dictis (VergAen. 4, 92)270. multa quoque et bello passus (VergAen. 1, 5)271. per ecastor scitus puer natus est Pamphilo (TerAnd. 486)272. nec post a. arma u. ulla r. rebelles A. Aeneadae (VergAen. 12, 185)273. indignum te esse iniuria hac, indignis cum egomet acceptus sim modis (TerAd. 165)274. sine me haec h. haud m. mollia f. fatu (VergAen. 12, 25)275. at ne illud haud inultum, si uiuo, ferent! nam iam... – non tu te cohibes? (TerHeaut. 918-919)276. sine me haec haud mollia fatu s. sublatis a. aperire d. dolis , s. simul h. haec a. animo h. hauri (VergAen. 12, 25)277. ut primum fari potuit, sic incipit ore (VergAen. 12, 47)278. quaerat sibi foedera Turnus (VergAen. 11, 129)279. meum receptas filium (TerHec. 743)280. meum receptas filium (TerHec. 743)281. et gremiis abducere pactas (VergAen. 10, 79)282. ille (TerHec. 747)283. socrus (TerHec. 748)284. inscitum (TerHec. 440)285. mulier mulieri magis congruit (TerPho. 726)286. ferit ense grauem Tymbreus Osirim (VergAen. 12, 458)287. grauiores bello qui prohibitum uenerant sociis egere (SallHist. 3 frg. 7 M)288. ubi aut morbo grauis a. aut i. iam s. segnior a. annis d. deficit , a. abde d. domo (VergGeo. 3, 95)289. magis id adeo, mihi ut incommodet, quam ut obsequatur gnato (TerAnd. 162)290. nam si id facis facturaue es (TerHec. 739)291. ne uim magis quam beniuolentiam eius experiri mallem (SallJug. 32, 5)292. ne uim magis quam beniuolentiam eius experiri mallem (SallJug. 32, 5)293. noster eris (VergAen. 2, 149)294. maria a. aspera i. iuro (VergAen. 6, 351)295. sed faciles nymphae risere sacello (VergBuc. 3, 9)296. bonas matronas facere, meretrices malas (TerEun. 37)297. uerum tamen actum et criminosum ius est (CicInc. frg. 27 M)298. formidine crimen acerbat (VergAen. 11, 407)299. semperque odiis et crimine Drances infestus iuueni Turno (VergAen. 11, 122-123)300. crimen (TerHec. 779)301. meum gnatum rumor est amare (TerAnd. 185)302. noster socer uenit (TerHec. 770)303. etiam, quod paene praeterii, capella quaedam est mire facta (CicVerr. 2, 2, 87)304. metum, in quo nunc est, adimam atque expleam animum gaudio (TerAnd. 339)305. quis nouus hic nostris successit sedibus hospes! (VergAen. 4, 10)306. uidimus obscuris primam sub uallibus urbem (VergAen. 9, 244)307. bonas matronas facere, meretrices malas (TerEun. 37)308. quando eum quaestum occeperis, accipienda et mussitanda iniuria est adulescentium (TerAd. 206-207)309. eo uereor magis (TerHeaut. 194-198)310. an monitu diuum? an quae te fortuna f. fatigat ? (VergAen. 4, 533)311. non equidem istas, quod sciam (TerAd. 641)312. degeneremque Neoptolomum n. narrare m. memento (VergAen. 2, 549)313. age nunc, Phormionem qui uolet lacessito (TerPho. 1027)Notice Editoriale
Aelii Donati in Hecyram Terenti commentum
[fr] Commentaire d'Aelius Donat à L'Hécyre de Térence[en] Aelius Donatus' Commentary on Terence's Hecyra (The Stepmother)Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti (Vol. 1.4)Ediderunt, interpretati sunt et adnotauerunt :
[fr] Edition, traduction et commentaire :[en] Edition, translation and commentary by :Bruno Bureau (PR) - Université Jean Moulin-Lyon 3Fanny Meunier (ADR) - EPHEChristian Nicolas (PR) - Université Jean Moulin-Lyon 3EditeurUniversité Jean Moulin-Lyon 3UMR 5189 (HiSoMA)AHN (Atelier des Humanités Numériques) ENS LyonLyon2011-06-14Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti 1.4
Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti accedunt Eugraphi Commentum et Scholia Bembina recensuit Paulus Wessner, Lipsiae, in Aedibus B. G. Teubneri, 1902.Editio textus latini sine ulla translatione a pagina tomi alterius editionis Pauli Wessner 187 ad paginam 342. [fr] Edition en latin du commentaire pages 187-342 de l'édition Wessner, tome 2.[en] Latin text without translation corresponding to pages 187-342 of Wessner's edition, vol. 2.