Aelii Donati in Phormionem Terenti commentum
Praefatio
I. postqvam poeta vetvs poetam non potest
1 Hanc comoediam manifestum est prius
ab Apollodoro sub alio nomine, hoc est
Epidicazomenes
1, Graece scriptam esse quam
Latine a Terentio Phormionem. quamobrem nulla dubitatio est hanc
solam esse, cui nomen poeta mutauerit, et errare eos, qui in
hac2 Phormionem parasitum putant a formula litis,
quam intenderit, nominatum, cum Graeca lingua Formio 3 fiscus sparteus et stramen
nauticum sic dicatur : a cuius rei uel capacitate uel uilitate etiam
ab Apollodoro parasitus Phormionis nomine nuncupatur. 2 haec igitur4
tota motoria est 3 et in affectibus
constituta paene maioribus quam comicus stilus posceret, nisi quod
arte poetae omnia moderata sunt. 4 primas in ea partes, ut ipse poeta professus est,
tenet Phormio, secundas Geta, tertias Demipho, subinde ceteri, prout
cuiusque actus5 ostendit. 5 prologus Phormionis nimis concitatus est, adeo ut
ipse semet ueluti reprehendat ob hanc ipsam peruicaciam et simul
argumentum suae purgationis inducat. atque in ea cum et πρότασις et ἐπίτασις et καταστροφή magni moliminis
et negotii sint, ita uariis leporibus asperguntur, ut etiam rerum
tristium grauitatem poeta lepidus comica serenitate tranquillet.
6 haec acta est ludis Megalensibus
L.
Lucio
Cornelio Merula aedili curuli et
L.
Lucio
Postumio Albino6 , agentibus
L.
Lucio
Cassio,
L.
Lucio
Atilio7 et
L.
Lucio
Ambiuio, modos faciente Flacco Claudi
liberto8 ,
tibiis Serranis tota. 7 deuerbiis
quoque facetissimis et gestum desiderantibus scaenicum et
suauissimis ornata canticis fuit. 6* editaque est quarto loco
M.
Marco
Valerio
C.
Caio
9
Fannio consulibus. 8 persona etiam in
huius protasi non una est, sed duae, quarum altera extra argumentum
posita est, cui narratur fabula, altera in argumento, quae narrat
fabulam. 9 argumentum quoque non
simplicis negotii habet nec unius adulescentis, ut in Hecyra, sed
duorum, ut in ceteris fabulis. 10 scire autem conuenit uno die transigi Phormionem,
non ut Heautontimorumenon duobus. 11
Πρόλογος
correpte ἀπὸ
τοῦ προλέγειν
dicitur, non producte ἀπὸ
τοῦ πρῶτον λέγειν
, nam officium prologi ante narrationem10 quidem rei semper est,
uerumtamen et post principium fabulae inducitur, ut apud Plautum in
Milite glorioso et apud ceteros magnae auctoritatis ueteres
poetas.
I. postqvam poeta vetvs poetam non potest
1 Il est évident que cette comédie a
d'abord été écrite, en grec, par Apollodore, sous un autre titre,
La jeune fille mariée par jugement (Epidikazoménè), avant que
Térence n'écrive son Phormion en latin. Il n'y a aucun
doute que cette comédie soit la seule dont le poète a changé le
titre, et que ceux qui pensent que, dans cette comédie, Phormion, le
parasite, a été nommé d'après la formule du procès qu'il a intenté
se trompent, puisque, en grec, on appelle
phormio
une corbeille de sparterie et une litière de marin.
C'est à cause de la capacité ou de l'insignifiance de cet objet que
le parasite est désigné du nom de Phormion même par Apollodore.
2 Cette comédie est donc tout entière
une pièce pleine de mouvements, 3 et
elle est composée de passions qui seraient presque plus grandes que
ce qu'exige le genre comique, si ce n'était le fait qu'elle sont
toutes tempérées par l'art du poète. 4 Comme le poète l'a lui-même déclaré, Phormion tient
le premier rôle dans cette pièce, Géta tient le second, Démiphon, le
troisième, et les autres viennent ensuite, dans l'ordre qu'impose la
part de chacun dans l'action. 5 Le
prologue du Phormion est extrêmement véhément, au point
que l'auteur se fait comme des reproches à lui-même au sujet de cet
acharnement et qu'il introduit en même temps l'argument nécessaire à
sa justification. Et comme, dans cette comédie, à la fois
l'exposition (πρότασις), le nœud (ἐπίτασις) et le dénouement
(καταστροφή)
pouvaient comporter un gros effort et un gros travail, elles sont
saupoudrées de traits d'humour variés, de telle sorte que le
plaisant poète apaise, par sa comique sérénité, la gravité d'une
situation sombre. 6 La pièce a été
jouée aux Jeux Mégalésiens alors que Lucius Cornelius Merula et
Lucius Postumius Albinus étaient édiles curules, sous la direction
de Lucius Cassius, Lucius Atilius et Lucius Ambivius, avec une mise
en musique, pour la totalité de la pièce, de Flaccus, affranchi de
Claudius, à la flûte tyrienne. 7 Elle
est également parée de parties parlées très plaisantes et qui
appellent le jeu de scène, ainsi que de parties chantées très
agréables. 6* Et elle a été publiée à la quatrième place, sous le
consulat de Marcus Valerius et de Caius Fannius. 8 Dans l'exposition de celle-ci, le personnage n'est
pas unique, mais il y en a deux : l'un est extérieur à l'intrigue,
et c'est pour lui que l'on raconte la pièce ; l'autre est interne à
l'intrigue, et c'est lui qui raconte la pièce. 9 La pièce possède un argument qui ne repose pas sur
une intrigue simple et un seul jeune homme, comme dans
L'Hécyre, mais sur deux intrigues et deux jeunes gens,
comme dans toutes les autres pièces. 10 Il faut savoir que le Phormion se passe
en un seul jour, et non en deux, comme
L'Héautontimorouménos. 11 On dit
πρόλογος
(prologue) avec un o bref comme dans
προλέγειν
(parler avant), et non avec un o long comme dans
πρῶτον λέγειν
(parler en premier), car la fonction du prologue
intervient certes avant la narration de l'intrigue, mais cependant
elle est parfois introduite après le début de la pièce, comme chez
Plaute dans Le Soldat fanfaron et chez d'autres poètes
anciens de grande importance563.
II. Cum Chremes Demiphonis frater
adscito sibi ad fallaciam nomine, quod11 Stilphonem se dici fecerat, duas eodem
tempore habuisset uxores, Athenis diuitem, pauperem Lemni, ex diuite
sustulit filium, qui dictus est Phaedria, ex paupere furtim suscepit
atque educauit filiam, Phanium nomine, eamque consilio cum fratre
habito destinauit filio suo12 Antiphoni uxorem dare.
quibus complacitis uno tempore profecti Athenis senes, Demipho in
Ciliciam, Chremes Lemnum ad accersendam filiam, quae iam illinc cum
matre nauigauerat, occasionem dederunt amandi adulescentibus. nam
statim Phaedria citharistriam sub lenone coepit ardere, Antipho
illam filiam patrui Phanium desponsatam sibi nesciens nescientem,
mox ut Athenas uenit nec patrem repperit falsa13 duplici eius nomine, matrem mortuam dum
lamentatur, adamauit consilioque et opera parasiti secundum leges
Atheniensium, quasi14 sibi cognata esset, tamquam in iure uictus et
uelut coactus eam accepit uxorem per absentiam patris. qui cum
aduenisset et eam uellet expellere, primo confutatur per impudentiam
parasiti, post cum suo fratre sic decipitur, ut dum eam credit ab
Antiphone posse disiungi, eam parasitus ipse ducat uxorem
et15
det ducturo triginta minas praesentis dotis puellae nomine,
quas Phormio acceptas Phaedriae dedit, ille lenoni ad citharistriam
redimendam. quibus gestis tandem Chremes agnoscit filiam suam
coniunctam esse fratris filio. quare mutato consilio dum triginta
minas a Phormione per rixam conatur exigere, per eundem proditus
uxori suae Nausistratae et aperte16 libidinis reus non ante
ueniam meruit a matre familias, quam et triginta minarum et amoris
citharistriae ueniam dedisset filio.
II. Chrémès, frère de Démiphon, ayant
pris un nom d'emprunt pour mener à bien une fourberie et s'étant
fait appeler Stilphon, avait eu deux épouses en même temps, une
riche à Athènes, et une pauvre à Lemnos ; de celle qui était riche,
il conçut un fils que l'on appela Phédria, et de celle qui était
pauvre, une fille du nom de Phanium, qu'il eut et éleva en
cachette ; après s'être concerté avec son frère Démiphon, il la
destina à épouser le fils de celui-ci, Antiphon. Une fois conclus
ces projets qui les satisfaisaient l'un et l'autre, les deux
vieillards quittèrent Athènes : Démiphon partit en Cilicie, et
Chrémès alla à Lemnos chercher sa fille, qui en était déjà partie en
bateau avec sa mère ; par leur départ, les deux vieillards donnèrent
aux jeunes gens l'occasion de tomber amoureux. De fait,
sur-le-champ, Phédria s'enflamma pour une joueuse de cithare qui
était sous la coupe d'un entremetteur ; d'autre part, sans qu'aucun
des deux ne connaisse l'identité de l'autre, Antiphon s'éprit de
Phanium, la fille de son oncle qui lui était fiancée, alors que, peu
après l'arrivée de la jeune fille à Athènes, induite en erreur par
la double identité de son père, elle ne retrouvait pas ce dernier,
et qu'elle pleurait sa mère morte ; grâce aux conseils et au
concours d'un parasite, Antiphon épousa Phanium durant l'absence de
son père, en faisant comme si elle était une parente, qu'il avait
perdu un procès et qu'il était forcé de la prendre pour femme. Une
fois le père revenu, il veut chasser la jeune fille : il est tout
d'abord confondu par l'effronterie du parasite ; puis, en même temps
que son frère, il est induit à croire faussement que, tandis que
pour sa part il pense que le mariage de Phanium avec Antiphon peut
être rompu, le parasite lui-même va se marier avec elle, et qu'il
doit donner à ce dernier, pour qu'il l'épouse, trente mines à titre
de dot pour la jeune fille ; une fois cette somme reçue, Phormion la
donne à Phédria, qui la donne à son tour à l'entremetteur pour
racheter la joueuse de cithare. Mais sur ces entrefaites, Chrémès
reconnaît finalement que c'est sa fille qui a été mariée au fils de
son frère. C'est pourquoi, alors qu'il a changé d'avis, et pendant
qu'il entreprend de réclamer à Phormion les trente mines et qu'il se
querelle avec lui, ce dernier le dénonce à sa femme Nausistrata ;
accusé ouvertement de débauche, il n'obtient pas le pardon de la
mère de famille avant qu'il n'ait donné les trente mines à son fils
et qu'il ne lui ait pardonné de s'être épris d'une joueuse de
cithare.
III. 1 Primus actus in colloquio est Daui et Getae, per
quos discit populus argumentum. 2 secundi actus tenor continet aduentum senis
turbulentum et eiusdem iurgium aduersus Getam et Phaedriam17. 3 tertio actui attribuitur litigium senis et
Phormionis, tum consultatio cum aduocatis, tum Antiphonis in scaenam
reditus colloquiumque cum Geta, tum lenonis ac Phaedriae
colluctatio, tum adhortatio Getae de inueniendo argento ad
redimendam Phaedriae citharistriam. 4 quartum actum ista concelebrant: aduentus Chremetis
eiusdemque cum fratre deliberatio per errorem de eicienda Phanio,
Getae uerba de fallendis senibus, Antiphonis oratio apud semet ipsum
de amore tractantis, Getae rursus cum senibus callida et mox cum Antiphone18 de eadem causa simplex disputatio,
senum inter se colloquium de expulsione mulieris et ad extremum
uerba Chremetis agnoscentis nutricem ac per eandem filiam suam cum
Antiphone coniunctam. 5 in quinto
actu per Demiphonis errorem Phormio accipit argentum dotis nomine et
conuenitur Nausistrata, ut exire domo compellat Phanium. a
patre cognitam19 permissamque, ut uxor
uxor20 habeatur, per Getam Antiphoni
et Phormioni nuntiatur21 . quae cum
ita nupta sit, exposcitur argentum a Phormione per rixam senum, a
quibus ille oppressus rem omnem aperit Nausistratae. ad quod primum
irata ut in tali re uxor mox lenitur in fine fabulae et tutissimum a
patris iracundia praestat Phaedriam.
III. 1 Le premier acte consiste en une conversation entre
Dave et Géta ; il permet au public d'apprendre l'argument de la
pièce. 2 On trouve, au cours du
second acte, l'arrivée perturbatrice du vieillard et l'altercation
qui oppose celui-ci à Géta et Phormion. 3 On place dans le troisième acte la dispute entre le
vieillard et Phormion et aussi la consultation des avocats, le
retour d'Antiphon en scène et sa conversation avec Géta, la lutte
entre l'entremetteur et Phédria, et également l'exhortation de Géta
à trouver de l'argent pour racheter la joueuse de cithare de
Phédria. 4 Voici les nombreux faits
qui occupent le quatrième acte : arrivée de Chrémès qui se demande,
avec son frère, tout en se méprenant, s'il faut chasser Phanium,
propos de Géta sur le fait de tromper les vieillards, discours à
part soi d'Antiphon qui discute de l'amour, et ruses de Géta à son
retour en compagnie des vieillards et, peu après, simple échange
d'arguments avec Antiphon sur le même sujet, dialogue des deux
vieillards seul à seul, au sujet de l'éviction de la femme et pour
finir, propos de Chrémès quand il reconnaît la nourrice et qu'il
comprend grâce à elle que c'est sa fille qui a été mariée à
Antiphon. 5 Dans le cinquième acte,
Phormion, à la faveur de la méprise de Démiphon, reçoit l'argent à
titre de dot et Nausistrata se laisse convaincre de forcer Phanium à
quitter la maison. Son père la reconnaît et autorise l'épouse à être
traitée en épouse, ce qu'Antiphon et Phormion apprennent grâce à
Géta. Ainsi, puisqu'elle est mariée, les vieillards réclament
l'argent à Phormion et se querellent avec lui, et lui, alors qu'ils
font pression sur lui, révèle toute l'affaire à Nausistrata. Elle se
met d'abord en colère, comme le fait une épouse en pareil cas, mais
s'apaise bientôt, à la fin de la pièce, et garantit la totale
protection de Phédria contre la colère de son père.
Prologus
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | 32 | 33 | 34
Postquam poeta uetus poetam non
potest
Depuis que le vieux poète ne peut au
poète
1
postqvam poeta
vetvs poetam non potest hoc initium ad
destructionem22 personae aduersarii
sumitur coniunctum cum insinuatione personae Terentianae.
2 postqvam poeta vetvs
p.
poetam
n.
non
p.
potest
nota postquam apud ueteres non praeterito
modo sed etiam praesenti tempori23
adiungi, ut «
postquam nos Amaryllis habet, Galatea reliquit
1 ». quamquam sunt qui postquam pro quoniam accipi uelint. 3 postqvam poeta
v.
vetvs
p.
poetam
n.
non
p.
potest
24 qui iam diu est, non qui
iam diu fuit. ergo ut uinum
uetus, non25 uetus
Ennius26 . 4 postqvam poeta vetvs poetam iucunda
repetitio, ut «
diua deam
2 » et «
notos pueri27 puer
i.
indue
u.
uultus
3 ». 5 postqvam poeta vetvs poetam non
potest ἀντίθετον primum per σύλλημψιν primam, ita ut
extrinsecus nouum
audiri28
poetam oporteat.
1
postqvam poeta
vetvs poetam non potest ce début est employé pour ruiner
la personne de l'adversaire et aussi pour introduire de manière
détournée le personnage de Térence. 2 postqvam poeta vetvs poetam non potest
remarquez que, chez les Anciens, postquam s'emploie non seulement avec
le passé, mais aussi avec le présent, comme dans « postquam nos
Amaryllis habet, Galatea reliquit » (depuis qu'Amaryllis nous
tient, Galatée nous a quitté). Mais il y a des gens pour lire
postquam pour quoniam (puisque). 3 postqvam poeta vetvs poetam non potest
poeta uetus
signifie qui iam diu
est (qui vit depuis longtemps), et non pas qui iam diu fuit (qui a vécu il y a
longtemps) ; il faut donc comprendre uetus comme dans uinum uetus (un vin vieux) et non pas
comme dans uetus Ennius
(le vieil Ennius)564. 4
postqvam poeta
vetvs poetam la répétition est agréable, comme dans « diua
deam » (déesse s'adressant à une déesse) et « notos pueri puer
indue uultus » (enfant, revêts les trais, qui te sont connus, de
cet enfant). 5 postqvam poeta vetvs poetam non
potest antithèse (ἀντίθετον) de la première catégorie par
syllepse (σύλλημψις) de la première catégorie, de
sorte qu'il faut comprendre implicitement un poète nouus (nouveau).
retrahere a studio et transdere hominem
in otium,
arracher son étude et le pousser
l'homme à l'oisiveté,
1
retrahere a
stvdio sic loquitur, quasi rem scaenicam magis laedere
uoluerit Luscius quam Terentium. 2
transdere tradere : ueteres sonantius, quod nos
lenius tradere, ut
translatum, nos tralatum e contrario29 . 3 et transdere hominem comice et uenuste
inseruit hominem, ut
Laeuius «
ter hinc anus conserua tam cat<e> id dedit † hu
<***> dedecus erat †
4 »30
.
1
retrahere a
stvdio c'est dit comme si Luscius avait voulu faire du
tort au théâtre plus qu'à Térence. 2 transdere pour tradere ; les Anciens prononçaient
ainsi d'une manière plus sonore ce que nous prononçons, nous, de
façon plus douce tradere,
comme translatum, alors
que nous disons, nous, tralatum. 3 et transdere hominem il greffe hominem de façon comique et élégante,
comme chez Laevius « ter hinc anus conserua tam cat<e> id
dedit † hu <***> dedecus erat † » (trois fois alors la
vieille, compagne d'esclavage, l'a donné avec force ruse, ....
c'était une honte)565.
maledictis deterrere ne scribat
parat ;
par ses insultes, c'est à le détourner
d'écrire qu'il s'emploie.
1
maledictis
deterrere sensus hic est: ipse se
aduersarius, inquit, fatetur uictum, qui a rebus exclusus ad uerba
delapsus est. 2 maledictis
deterrere deest eum, ut «
quarum quae forma pulcherrima
D.
Deiopea
5 »31.
1
maledictis
deterrere ici le sens est celui-ci : l'adversaire
lui-même, dit-il, s'avoue vaincu, lui qui, empêché d'agir, s'est
rabattu sur les paroles. 2 maledictis
deterrere il manque eum 566, comme dans « quarum quae
forma pulcherrima Deiopea » (la plus belle d'entre elles,
Déiopéa).
qui ita dictitat, quas antehac1393 fecit
fabulas
Il va répétant que les pièces qu'il a
faites jusqu'ici
1
qvi ita
dictitat imprudentiam32 ostendit per frequentatiuum uerbum.
2 qvas antehac fecit fabvlas
et hic lentum accusatorem facit, qui praeterita ingerat et de
quibus iam sit iudicatum in melius.
1
qvi ita
dictitat il fait apparaître la stupidité de Luscius par
l'emploi du fréquentatif. 2 qvas antehac fecit
fabvlas et, ici, il fait de l'accusateur un homme
lourdaud, puisqu'il reproche des choses passées et des choses dont
on a déjà mieux jugé.
tenui esse oratione et scriptura
leui
sont inconsistantes dans leur forme et
dans leur style sans force,
1
tenvi esse
oratione et scriptvra levi imperitum inducit criminatorem,
qui hoc obiciat, quod proprium debet esse comici stili. 2 Reuera autem hoc deterior33 Menandro Terentius
iudicabatur, quod minus sublimi oratione uteretur ; quod ipsum
nunc purgat dicens in tragoedia altiora posse transire.
1
tenvi esse
oratione et scriptvra levi il met en scène un calomniateur
inexpérimenté, puisqu'il reproche ce qui doit être le propre du
genre comique. 2 Térence était jugé
réellement inférieur à Ménandre parce qu'il utilisait moins le
style élevé ; mais, à cet endroit du texte, il se justifie en
disant que, même dans la tragédie, peuvent apparaître en passant
des éléments qui ne sont que moyennement élevés.
parce qu'il n'a jamais écrit qu'un
jeune homme en délire
1
qvia nvmqvam
insanvm scripsit advlescentem ideo uidemur leues tenuesque
quia, inquit, in comoediam prodigia facta sunt et tragoedias
concitamus34 ne modo callide errorem
reprehenderet sed etiam ut ipsum ostenderet imperite Luscium
Lanuuinum scripsisse35 . 2
Scripsit igitur advlescentvlvm ut comicam personam ostendat
et36 artificiose imminuit
adulescentulum, quo
magis persona a sublimitate tragica discessisset.
1
qvia nvmqvam
insanvm scripsit advlescentem la raison qui lui fait dire
"je suis considéré comme léger et frivole parce que, comme le dit
Luscius, il y a des prodiges en comédie et donc nous nous faisons
dans la tragédie"567 c'est qu'il veut non
seulement corriger l'erreur, mais aussi montrer que Luscius de
Lanuvium lui-même a écrit sans y rien connaître. 2 Il a écrit advlescentvlvm de manière à présenter un
personnage comique et il a utilisé avec art le diminutif
adulescentulus, afin que
le personnage soit davantage éloigné du sublime de la
tragédie568.
ceruam uidere fugere et sectari
canes
voit la fuite d'une biche et la
poursuite des chiens,
1
cervam videre
fvgere hic affectus a comoediis remouendus
est. 2 cervam videre fvgere et sectari
canes ambiguitas per accusatiuum casum perseuerans usque
ad ultimum de industria, ut etiam ipsa perplexitas odiosa sit.
1
cervam videre
fvgere cette passion ne doit pas apparaître dans les
comédies. 2 cervam videre fvgere et sectari
canes une ambiguïté délibérée persiste jusqu'à la fin du
vers à cause de l'accusatif, de sorte que l'obscurité même du
propos est détestable569.
et eam plorare, orare ut subueniat
sibi.
et qu'elle pleure, le supplie de venir
à son secours.
et eam plorare orare vt svbveniat sibi haec
omnis peristasis
37 tragica
est et ideo in comoedia uitiosa ducitur.
et eam plorare orare vt svbveniat sibi
toutes ces circonstances (peristasis) sont tragiques et leur
présence dans une comédie est donc contraire aux règles.
quod si intellegeret, cum stetit olim
noua,
S'il se rendait compte que, si jadis a
réussi sa nouvelle comédie,
1
cvm stetit
olim nova bene hoc: potuit enim responderi « cur igitur
stetit et non exacta est a populo ? » 2 cvm stetit olim nova recte olim, quasi dicat: cum adhuc
Terentius non scriberet, penuria meliorum est probata. deinde quod
ait noua, hoc significat
omnia carmina ipsa nouitate commendari, etsi nullius momenti
sunt38 .
1
cvm stetit
olim nova c'est bien, car on aurait pu répondre :
"pourquoi donc la pièce a-t-elle réussi et n'a-t-elle pas été
sifflée par le public ?". 2 cvm stetit olim
nova olim est
employé à juste titre, comme s'il disait : "vu que, jusqu'alors,
Térence n'écrivait pas, la pièce a été applaudie parce qu'il n'y
en avait pas de meilleures". Ensuite, parce qu'il dit noua, il veut dire que c'est
précisément leur nouveauté qui fait valoir les pièces, même si
elles sont insignifiantes.
actoris opera magis stetisse quam
sua,
ce fut grâce au talent du producteur
qu'elle a réussi plus qu'au sien,
actoris opera magis stetisse una
opera et suffragium
scaenicorum comparat et laedit aduersarium.
actoris opera magis stetisse il
met à la fois en balance opera et le jugement porté sur les
acteurs, et il charge son adversaire.
minus multo audacter quam nunc laedit
laederet1396
il mettrait beaucoup moins d'audace à
offenser qu'il n'offense maintenant.
minvs mvlto avdacter minus multo audacter est une
expression inédite570, qui équivaut à notre minus audacter (moins
audacieusement).
nunc si quis est qui hoc dicat aut sic
cogitet :
Maintenant s'il y a quelqu'un qui dise
ou pense :
1
qvi hoc dicat
avt sic cogitet omne quod in mentem uenit aut cogitamus
aut dicimus. Vergilius «
et mihi iam multi crudele canebant artificis
s.
scelus
et
t.
taciti
u.
uentura
u.
uidebant
6 ». 2 Hic sensus est: nunc
si quis est qui hoc dicat aut censeat « improbus est Terentius,
qui omnes prologos de maledictis habet », habeat is hoc
responsum sibi « aduersarium coegisse qui prouocauerit ». nam quid
faceret Terentius, cum de palma artis musicae certandum uideat
esse sibi ?
1
qvi hoc dicat
avt sic cogitet cogitet renvoie à tout ce qui nous
vient à l'esprit, que nous pensons ou que nous disons. Virgile :
« et mihi iam multi crudele canebant artificis scelus et taciti
uentura uidebant » (et déjà beaucoup me prédisaient une cruelle
scélératesse du maître en artifices, et, sans le dire, voyaient ce
qui allait se passer). 2 Ici, le
sens est le suivant : s'il y a à présent quelqu'un pour dire ou
pour être d'avis que "Térence est méchant : ses prologues ont pour
sujet des injures", que l'on réponde à cette personne que "c'est
son adversaire qui l'y a contraint en le provoquant". Qu'aurait pu
faire d'autre Térence, en effet, alors qu'il voyait qu'il lui
fallait rivaliser pour la palme de l'art poétique ?
"uetus si poeta non lacessisset
prior,
« Le vieux poète s'il n'avait pas
attaqué le premier,
lacessisset prior aut lacessisset abundat aut prior.
lacessisset prior lacessisset est en trop, ou bien
prior.
nullum inuenire prologum potuisset
nouus1397
jamais il n'aurait pu trouver de
prologue, le nouveau,
1
nvllvm
invenire prologvm prologum modo non hominem sed verba
significat. 2 novvs hic, quod supra
praetermisit, ueteri supposuit nouum.
1
nvllvm
invenire prologvm prologum renvoie ici non pas à un
homme, mais à des propos571. 2
novvs
ici, il met nouus après
uetus ; plus
haut572, il a omis de mettre
nouus.
quem diceret, nisi haberet cui
malediceret,"
à débiter, faute d'avoir de qui
médire »
nisi haberet cvi malediceret mire
haberet, quasi dubium non
sit maledicendum esse.
nisi haberet cvi malediceret haberet est remarquable, comme s'il
disait qu'il n'est pas douteux qu'il faille en dire du mal573.
is sibi responsum hoc habeat, in medio
omnibus
qu'il reçoive la réponse que voici :
c'est au milieu du terrain, et pour tous les concurrents,
1 is scilicet Luscius Lanuuinus41 . 2 is sibi responsvm hoc habeat in medio huic
rei per qualitatem respondet: aduersarium cogere, ut sic agat.
3 in medio omnibvs palmam esse
positam sensus hic est : inueniret, inquit, sed maluit, cum de
palma certandum sit, aduersario respondere laedenti. uerum oratorie
manifesta soluere non curauit, hoc est « inueniret » ; hoc enim subiciendum
fuit. 4 omnibvs et nouis et
ueteribus poetis. 5 palmam pro
causa certaminis posuit, et ideo non esse mirandum, si pugnant,
quibus causa certaminis praesto est.
1
is
Luscius de Lanuvium évidemment. 2
is sibi
responsvm hoc habeat in medio il répond à cela par
l'argument de la qualité574 : c'est l'adversaire qui le force à agir
ainsi. 2 in medio omnibvs palmam esse
positam ici le sens est le suivant : il aurait trouvé
(inuenire), mais, puisque
l'enjeu de la lutte était la palme, il a préféré répondre
(respondere) à
l'adversaire qui lui faisait du tort575. Mais, à la
manière des orateurs, il ne s'est pas soucié de répondre à une
question évidente, c'est-à-dire de répondre inueniret ; car il aurait fallu qu'il
en parle après576. 3 omnibvs à la fois les nouveaux et les
anciens poètes. 4 palmam il a
mis palma pour la raison
de la lutte, et il ne faut donc pas s'étonner s'ils luttent : la
raison de leur lutte est à portée de leur main.
palmam esse positam qui artem
tractant1398 musicam.
que la palme est placée, pour eux qui
s'appliquent à l'art des Muses.
1
qvi artem
tractant Vergilius «
nec quicquid ubique est gentis Dardaniae,
m.
magnum
q.
quae
s.
sparsa
p.
per
o.
orbem
7 ». 2 et περιφραστικῶς ἀντὶ τοῦ
qui comoedias
scribunt.
1
qvi artem
tractant Virgile : « nec quicquid ubique est gentis
Dardaniae, magnum quae sparsa per orbem » (ni tout ce qui peut
aujourd'hui subsister de la nation dardanienne dispersée dans le
vaste monde). 2 Et cette expression
est mise de façon périphrastique (περιφραστικῶς) au lieu de (ἀντὶ τοῦ) qui comoedias scribunt (ceux qui
écrivent des comédies).
ille ad famem hunc a studio studuit
reicere :
Lui, pour réduire le nôtre à la
famine, a étudié comment le dégoûter de son étude ;
1
ille ad famem
hvnc ab stvdio hic maxime incipit
soluere, quod sibi superius ipse proposuit. 2 ille ad famem hvnc ab stvdio nunc
« quid est » inquit « poetam uituperare nisi ad famem
reicere ? » ; nam poetae probi uendebant fabulas suas et harum
pretiis alebantur. 3 ille ad famem hvnc ab
stvdio 42
4 ab stvdio stvdvit
rei.
reicere
uetuste, ut «
luserat ludum
8 » et « pugnam pugnauit ».
1
ille ad famem
hvnc ab stvdio il commence surtout à répondre au but qu'il
s'est préalablement proposé. 2
ille ad famem
hvnc ab stvdio il demande à présent : "qu'est-ce que
critiquer un poète, sinon le réduire à la famine ?" ; les poètes
honnêtes577 vendaient en effet leurs pièces,
et vivaient de l'argent qu'ils en tiraient. 3 ille ad famem hvnc ab stvdio578 .
4 ab stvdio stvdvit reicere
tour vieilli, comme « luserat ludum » et « pugnam pugnauit » (il
s'est battu à la bataille)579.
hic respondere uoluit, non
lacessere.
le nôtre a voulu répondre, non
attaquer.
benedictis si certasset, audisset
bene :
Si c'est de compliments qu'il avait
fait assaut, on l'aurait complimenté.
1
benedictis si
certasset cur, lacessitus, respondens « certamen
est » inquit. an hoc43 bene certasset, quia supra dixit « in
medio omnibus palmam esse positam », quasi dicat : quicquid in
certamen uenerit, in eo uincendos aemulos esse. 2 si certasset ἀντὶ τοῦ
prior44 prouocasset :
ab eo quod praecedit id quod sequitur. Vergilius « nec te certasse
priorem paeniteat ». 3 avdisset bene
bene audire est bene dici, laudari.
1
benedictis si
certasset pourquoi, alors qu'il est harcelé, dit-il en
répondant "c'est une lutte" ? Ou bien certasset est-il bien dit, parce
qu'il a dit plus haut « in medio omnibus palmam esse positam »,
comme s'il disait : "quoi qu'il advienne dans la lutte, nous
rivalisons pour en sortir vainqueurs". 2 si certasset au lieu de (ἀντὶ τοῦ) prior prouocasset (s'il l'avait
provoqué le premier) : ce qui suit découle de ce qui précède.
Virgile « nec te certasse priorem paeniteat » (et tu ne saurais te
reprentir de l'avoir devancé). 3
avdisset
bene bene
audiresignifie bene
dici (être le sujet de bons propos), laudari (faire l'objet d'éloges).
quod ab illo allatum est, sibi esse
rellatum putet.
Ce qu'il a apporté, voilà ce qu'il
remporte, qu'il se le dise.
1
qvod ab illo
allatvm est id est maledictum. 2 qvod ab illo allatvm est id sibi rellatvm
pvtet prouerbiale est: quod dedit, recepit. 3 et geminauit l, ut « relliquias
Danaum ».
1
qvod ab illo
allatvm est c'est-à-dire maledictum (méchanceté)580. 2 qvod ab illo allatvm
est id sibi rellatvm pvtet l'expression est proverbiale :
donnant donnant. 3 Et il a redoublé
le l, comme Virgile : « relliquias Danaum » (restes échappés aux
Danaens).
de illo iam finem faciam dicendi
mihi,
Pour ce qui est de lui, maintenant je
vais mettre une trêve à mes paroles,
1
de illo iam
finem faciam ἀπὸ
τῆς ἐπιεικείας τοῦ αἰτοῦντος 45. 2 dicendi mihi peccandi
cvm ipse de se et mihi et de se proprie positum est, et
praeterea ἀμφιβολία.
1
de illo iam
finem faciam en raison de la modération du demandeur
(ἀπὸ τῆς ἐπιεικείας τοῦ
αἰτοῦντος). 2 dicendi mihi peccandi
cvm ipse de se et mihi et de se sont employés au sens propre ;
il y a par ailleurs une amphibologie (ἀμφιβολία)581.
peccandi cum ipse de se finem non
facit.
quoique, à sa malignité, lui de son
côté ne mette pas de trêve.
1
peccandi maledicendi an uere
peccandi ? 2 cvm ipse de se finem non
f.
facit
prius ego, inquit, de illo finem faciam quam
ipse de se. 3 et prius ego
dicendi faciam quam ille peccandi finem. 4 non facit pro non faciat, ut « mirum ni egomet
turpiter hodie hic dabo ».
1
peccandi maledicendi (de médire) ou vraiment
peccandi ? 2 cvm ipse de se finem non facit
je m'arrêterai, moi, dit-il, de parler de lui avant que lui ne
s'arrête de parler de lui-même. 3 Et je m'arrêterai, moi, de parler avant que lui ne
s'arrête de se montrer en faute. 4
non
facit au lieu de non
faciat, comme dans « mirum ni egomet turpiter hodie
hic dabo »582.
nunc quid uelim animum attendite :
adporto nouam
Maintenant ce que je veux, faites-y
attention. Je vous apporte une nouvelle
1
nvnc qvid
velim animvm attendite deest quaeritis, ut sit : nunc quid uelim quaeritis ? animum
attendite. 2 novam
Latinam dicit.
1
nvnc qvid
velim animvm attendite il manque quaeritis (vous demandez), pour qu'on
ait : nunc quid uelim quaeritis ?
animum attendite 583. 2 novam il veut dire Latinam (latine).
Epidicazomenon quam uocant
comoediam
comédie qui s'appelle
l'Epidicazomenos
epidicazomenon qvam vocant comoediam
manifeste hic errat Terentius ; nam haec fabula quam transtulit
Epidicazomene dicta est a puella, de qua iudicium est, cum sit
alia fabula Epidicazomenos eiusdem Apollodori. debuit
ergo dicere Epidicazomenen.
epidicazomenon qvam vocant comoediam
manifestement, Térence se trompe sur ce point : la pièce qu'il
transpose a été nommée Epidicazoménè d'après la jeune
fille qui est l'enjeu du procès, tandis qu'il existe une autre
pièce, également d'Apollodore, dont le titre est
Epidicazoménos. Il aurait donc du dire « Epidicazomenen ».
Graeci, Latini Phormionem
nominant
en grec, en latin
Phormion,
1
latini
phormionem
n.
nominant
φόρμιον
46 tegiculum dicunt Graeci, a quo insternitur
pauimentum, — unde
Φορμίων
correpta prima syllaba apud Apollodorum est. non ergo a formula, ut quidam putant — et
inde parasitus, uilissimae condicionis homo, nomen accepit.
2 phormionem si a formula esset nomen comoediae,
produceremus primam syllabam, si a phormione, corripere debemus.
1
latini
phormionem nominant les Grecs appellent
φόρμιον
la natte qui recouvre le sol, - d'où le nom de
Phormion (Φορμίων) chez Apollodore,
avec la première syllabe brève. Le mot ne vient donc pas de
formula(formule
judiciaire), comme certains le pensent584 - et c'est de là que le parasite, être
humain de la condition la plus vile, tire son nom. 2 phormionem si le nom de la comédie venait
de formula (formule
judiciaire), nous allongerions la première syllabe, mais s'il
vient de phormio, nous
devons l'abréger585.
quia primas partes qui aget is erit
Phormio
parce que celui qui y tiendra le
premier rôle sera Phormion,
qvia primas partes qvi aget primas nunc maximas : ad actorem enim rettulit.
Cicero « saepe illum, qui est secundarum aut tertiarum
partium ».
qvia primas partes qvi aget primas se dit aujourd'hui maximas (les plus grandes) : cela
renvoie en effet à l'acteur. Cicéron : « saepe illum, qui est
secundarum aut tertiarum partium » (souvent, celui qui a le second
ou le troisième rôle).
parasitus, per quem res geretur
maxime
un parasite, par qui l'intrigue sera
menée principalement,
1
per qvem res
geretvr maxime quia primae
partes etiam aliud significabant. non ergo nunc
primum actum dicit, sed
summas partes .
2 et bene maxime, quia et per alios.
per qvem res geretvr maxime parce que
primae partes avait aussi
un autre sens586. Il ne dit donc pas primus actus (le premier acte), mais
summae partes. 2 Et il fait bien de dire maxime, parce que l'action est aussi
menée par d'autres.
uoluntas uestra si ad poetam
accesserit.
pour peu que votre bonne volonté soit
acquise au poète.
volvntas vestra si ad
p.
poetam
a.
accesserit
d.
date
o.
operam
si uoluntas
accesserit pro si
faueritis noue, scilicet uoluntatem pro fauore ponit.
volvntas vestra si ad poetam accesserit date
operam mettre si voluntas
accesserit pour si
faueritis (si vous m'êtes favorables) est une
nouveauté, il met bien entendu uoluntas pour fauor (faveur).
date operam, adeste aequo animo per
silentium,
Aidez-nous, regardez-la avec un
esprit de justice et en silence,
1
adeste aeqvo
animo fauor in comoedia silentium spectatoris est. recte
ergo addidit per
silentium. 2 aeqvo animo
nunc pro positiuo47
est.
adeste aeqvo animo dans la comédie, le
silence des spectateurs est une faveur. C'est donc à juste titre
qu'il ajoute per
silentium. 2 aeqvo animo
est à présent mis pour le positif587.
ne simili utamur fortuna atque usi
sumus
pour que nous ne subissions pas le
même sort que celui que nous avons subi
ne simili vtamvr fortvna atqve vsi svmvs ne
populum laederet, fortunam maluit accusare.
ne simili vtamvr fortvna atqve vsi svmvs
afin de ne pas offenser le public, il préfère accuser la
fortune.
cum per tumultum noster grex motus
est loco :
lorsqu'une manifestation fit déloger
notre troupe de la place,
1
cvm per
tvmvltvm noster apparet Hecyram ante Phormionem actam
esse, cui contigit id quod queritur populum subaccusans.
2 noster grex motvs est loco
locus est distributio
temporum, quae cuique in spectaculum uenturo attribuuntur ab
aedilibus ; unde loco
motus dicitur, qui suas horas non obtinuerit inter praecedentes et consecuturos. ergo proprie.
3 Sic et Cicero «
loco ille motus est, cum est ex urbe pulsus
9 ».
1
cvm per
tvmvltvm noster il apparaît que L'Hécyre a
été jouée avant le Phormion : il est arrivé à la
première ce dont il se plaint en accusant le public à mots
couverts. 2 noster grex motvs est loco
le locus est l'allocation
d'un moment que les édiles attribuent à quiconque veut représenter
une pièce ; c'est pourquoi on dit loco
motus (délogé de sa place) pour quelqu'un qui n'a pas
obtenu d'heure pour sa représentation entre ceux qui précèdent et
ceux qui suivent. L'expression est donc employée au sens propre.
3 Ainsi, Cicéron : « loco ille
motus est, cum est ex urbe pulsus » (en le refoulant hors de Rome,
nous l'avons délogé de sa position).
quem actoris uirtus nobis restituit
locum
place que nous a rendue la valeur de
notre producteur,
1
qvem actoris
virtvs ubique laudat actorem ; est enim poetae utile.
2 qvem actoris virtvs qui
exclusus totiens animos non abiecerit, sed perseuerauerit agere.
ideo uirtus est.
3 restitvit locvm bene
repetiuit locum, ut
ἀμφιβολίαν
uitaret, ne quem
tumultum dicere
uideretur.
1
qvem actoris
virtvs partout, il loue le chef de troupe ; en effet,
c'est profitable pour le poète588. 2 qvem actoris virtvs lui qui, après avoir
été chassé tant de fois de la place, n'a pas perdu courage mais a
continué à faire jouer. C'est pourquoi il y a uirtus. 3 restitvit locvm il est bien qu'il ait
répété locum, afin
d'éviter l'amphibologie (ἀμφιβολία), et de ne pas laisser croire
que quem renvoie à
tumultum.
bonitasque uestra adiutans atque
aequanimitas.
ainsi que votre bienveillance
secourable et votre justice d'esprit.
1
bonitasqve
vestra adivtans atqve
ae.
aeqvanimitas
bonitas in omnibus generaliter rebus,
aequanimitas in spectando.
2 An bonitas in spectandis his quae bona
sunt, aequanimitas in
ignoscendis uitiis atque delictis ? 3 An ταυτολογία est ? 4 An bonitas
circa eum, nam48 aequanimitas circa Terentium ?
5 bonitasqve vestra ne totum
actori attribuens nihil populo praeter culpam
religionis49 reliquisse
uideretur, honoris causa hoc addidit. 6 adivtans sic maluerunt ueteres quam
adiuuans dicere. Ennius «
o Tite, si quid ego te adiuto curamue leuasso
10 »50.
1
bonitasqve
vestra adivtans atqve aeqvanimitas bonitas pour toutes les situations en
général, aequanimitas
quand il s'agit du spectacle. 2 Est-ce que bonitas renvoie au spectacle de ce
qui est bon et aequanimitas au pardon dû aux défauts
et aux fautes ? 3 Ou est-ce une
tautologie (ταυτολογία) ? 4 Ou bien encore est-ce que bonitas s'applique à lui, dans la
mesure où aequanimitass'applique à Térence ?
5 bonitasqve vestra pour ne
pas donner l'impression d'attribuer tout le mérite au chef de
troupe et de ne reconnaître au public, en fait de marque de
respect589, que sa faute, il ajoute
ces mots, afin de marquer sa considération pour ce dernier.
6 adivtans les Anciens
préféraient dire cela plutôt que adiuuans. Ennius : « o Tite, si quid
ego te adiuto curamue leuasso » (ô Titus, si je t'aide, moi, et si
je te soulage de ton souci en quelque façon).
Actus primus
scaena prima
Dauus
Da.-Amicus summus meus et popularis
Geta
Da.-Mon grand ami et compatriote
Géta
1
amicvs svmmvs
mevs et popvlaris quod in omnibus fere comoediis, in
quibus perplexa argumenta sunt, fieri solet, id in hac quoque
Terentius seruat, ut προτατικὸν πρόσωπον, id est personam
extra argumentum, inducat, cui51 dum ob hoc ipsum, quod ueluti
aliena a tota fabula est, res gesta narratur, discat populus
textum ex continentia 52
rerum sitque instructus ad cetera. 2 amicvs svmmvs mevs in hac scaena, quae
docendi atque instruendi spectatoris causa inducitur,
mire 53 extrinsecus lepores facetiaeque cernuntur et
sales comici. id enim est artis poeticae, ut cum narrationi
argumenti detur opera, iam tamen res agi et comoedia spectari
uideatur. 3 amicvs svmmvs mevs
insinuatio personae eius, quae inducitur ad audiendum argumentum.
4 et uide seruum ostendi Dauum et non
ostendi, cuius sit seruus. 5
amicvs svmmvs
mevs causa, cur in scaenam procedat Dauus. 6 amicvs a uoluntate, popvlaris a fortuna.
7 popvlaris eiusdem
condicionis gregisque. Sallustius «
popularis sceleris sui
11 ». 8 et popvlaris
populo amatus est.
9 popvlaris ciuis est. 10 popvlaris humilis est. 11 popvlaris uilis
populoque facetus54
, ut si quis dicat sordidum popularemque
ciuem. 12 amicvs svmmvs mevs Dauus
extra duas familias inducitur, quae in hac sunt fabula, alienus ac
per hoc ignarus, cui Geta narret argumentum.
1
amicvs svmmvs
mevs et popvlaris on trouve d'ordinaire, dans presque
toutes les comédies dont l'intrigue est complexe, un élément que
Térence conserve dans cette comédie aussi : la mise en scène d'un
personnage protatique (προτατικὸν πρόσωπον), c'est-à-dire d'un
personnage qui ne fait pas partie de l'intrigue590. Le but est que, pendant qu'on lui raconte la
situation antérieure parce qu'il est comme étranger à l'essence de
la pièce, le public apprenne la trame à partir des faits qu'elle
contient, et soit armé591 pour comprendre tout le reste. 2 amicvs svmmvs mevs dans cette scène, qui
est introduite pour informer et bien armer le spectateur, il est
remarquable qu'on trouve des traits d'esprit hors de propos, et
aussi des bons mots comiques. Car c'est le propre de l'art du
poète de faire que, alors même qu'il se consacre à raconter le
sujet de la pièce, il semble déjà qu'il y a une action et que des
matériaux comiques592 sont donnés à voir. 3 amicvs svmmvs mevs introduction
implicite593 de
son personnage, qui est mis en scène pour faire connaître le
sujet. 4 Et remarquez qu'on
présente cet esclave sous le nom de Dave, mais qu'on ne présente
pas de qui il est l'esclave594. 5
amicvs svmmvs
mevs raison pour laquelle Dave se présente sur scène.
6 amicvs, argument par la
volonté, popvlaris, argument par la fortune.
7 popvlaris de la même
condition et du même groupe. Salluste « popularis sceleris sui »
(ses complices). 8 Et un popvlaris est
aimé du populus (peuple).
9 popvlaris signifie
ciuis (citoyen).
10 popvlaris signifie
humilis (humble)595. 11 popvlaris uilis (vil) et populo facetus (amusant pour le
peuple), comme quand on dit "un citoyen ignoble et populaire".
12 amicvs svmmvs mevs c'est
un Dave extérieur aux deux familles qui entre en scène, et donc
ignorant, pour que Géta lui raconte l'argument.
heri ad me uenit (erat ei de
ratiuncula
est venu me voir hier (sur un petit
compte
1
heri ad me
venit apparet heri fuisse nuptias. 2 heri ad me venit propter cognationem
e et i litterarum non dubitauerunt
antiqui et here et
heri dicere et mane et mani et uespere et uesperi. 3 erat ei de rativncvla deest nam, sed mire subtractum est.
4 erat ei de rativncvla
opportuna diminutio in re seruili : ratiuncula et « pauxillulum ». 5 erat ei de rativncvla moraliter intulit
erat ei : magis enim
facetum est et comicum, cum ἀσυνδέτως infertur, quam si diceret
nam erat ei.
1
heri ad me
venit il est clair que le mariage a eu lieu la veille.
2 heri ad me venit en raison
de la proximité entre le e et le i, les Anciens n'ont pas hésité à
dire à la fois here et
heri 596, mane et
mani, uespere et uesperi 597. 3 erat ei de
rativncvla il manque nam (en effet), mais il est étonnant
qu'il ait été omis. 4 erat ei de
rativncvla la forme diminutive convient quand il s'agit
d'affaires d'esclaves598 : ratiuncula et pauxillulum. 5 erat ei de rativncvla il met erat ei en conformité avec le
caractère du personnage599 : puisque cela introduit une asyndète (ἀσυνδέτως), c'est plus
plaisant et plus comique que s'il disait nam erat ei.
iam pridem apud me relicuom
pauxillulum
je lui devais depuis longtemps un
tout petit reliquat
1
iam pridem
apvd me
r.
relicvom
de argumento sumitur causa colloquii: nam
« debui » inquit « Getae, et illemet 55 exigit, ut
muneretur dominus ob nuptias factas ». 2 pavxillvlvm quartus gradus diminutionis :
paulum paululum pauxillum pauxillulum.
1
iam pridem
apvd me relicvom la raison de cette conversation avec Géta
se tire de l'argument600 : il dit en effet : "je devais de l'argent à
Géta, et l'autre là me réclame de faire un cadeau à son maître
pour son mariage". 2 pavxillvlvm
quatrième degré du diminutif : paulum, paululum, pauxillum, pauxillulum 601.
nummorum) id ut conficerem. confeci :
affero.
de monnaie) pour que je réalise la
somme : j'ai fait de l'argent, je lui apporte la somme.
1
id vt
conficerem ἔλλειψις prima. 2 Et conficerem proprie, nam fieri pecunia dicebatur. Sallustius
II «
quae pecunia ad Hispaniense bellum Metello facta
erat
12 ». 3 conficerem quia in promptu
non erat. 4 confeci affero bene, quasi
reddendi mora non habere fuerit.
1
id vt
conficerem ellipse (ἔλλειψις) de la première catégorie.
2 Et conficerem est utilisé au
sens propre602, car on disait
fieri (faire) pour
l'argent. Salluste au livre II : « quae pecunia ad Hispaniense
bellum Metello facta erat » (on avait fait de l'argent pour
Métellus en vue de la guerre d'Hispanie). 3 conficerem parce qu'il n'était pas prêt.
4 confeci affero c'est bien
dit, comme si le retard à rendre était dû au fait de ne pas avoir
l'argent.
nam erilem filium eius duxisse
audio
Car le fils de son maître, m'a-t-on
dit, vient de prendre
1
nam erilem
filivm
τρόφιμον
56
dicunt. atque haud scio an Latini quoque alumnum dicere potuerint, nisi hoc
mallent. 2 nam erilem filivm
eivs dvxisse avdio mire se applicat argumento.
1
nam erilem
filivm on dit
τρόφιμος
(nourrisson). Et peut-être bien que les Latins
aussi auraient pu dire alumnus (nourrisson), s'ils n'avaient
pas préféré cette expression603. 2 nam erilem filivm
eivs dvxisse avdio il se consacre d'une façon étonnante à
exposer le sujet de la pièce604.
uxorem : ei credo munus hoc
corraditur.
femme : il est sans doute en train de
lui gratter un cadeau.
1
ei credo mvnvs
hoc corraditvr mire : heri quidem fuerunt nuptiae, sed
munus adhuc corraditur, quia in nuptiis etiam septimus dies
instaurationem uoti habet, ut in funere nonus dies, quo denicalia
concluduntur. 2 ei credo
uxori scilicet. 3 mvnvs hoc
cor.
corraditvr
hoc
pecuniae scilicet munus ei
c.
corraditur.
et est figura ἐφεξήγησις. 4 credo pro uere scio. 5 Et ei an uxori an absolute, ut sit :
ei rei ? 6 corraditvr apta in uerbo difficultas, ut in
Adelphis «
minas decem corradet alicunde
13 ». et
«
corrasi omnia
14 ».
1
ei credo mvnvs
hoc corraditvr c'est étonnant : les noces ont eu lieu la
veille, mais on récupère encore un cadeau, parce que pour un
mariage on renouvelle encore le vœu le septième jour605, comme on fait pour des funérailles le
neuvième jour, quand s'achèvent les Denicalia606. 2
ei
credo c'est-à-dire pour l'épouse. 3 mvnvs hoc corraditvr C'est "cela"
(hoc), implicitement de
l'argent, qui "sera un cadeau" (munus
ei corraditur)607
et c'est une figure d'épèxégèse (ἐφεξήγησις)608. 4 credo mis
pour uere scio (je sais
bien). 5 Et ei renvoie-t-il à
uxor ou est-il employé
absolument609, de sorte qu'on ait ei rei ? 6 corraditvr l'idée de difficulté est
attachée à ce verbe610, comme dans Les Adelphes
« minas decem corradet alicunde ». Et « corrasi omnia » (j'ai fait table rase de
tout).
quam inique comparatum est, ei qui
minus habent
Comme les choses sont mal faites !
ceux qui ont peu,
1
qvam iniqve
comparatvm est miro ἰδιωτισμῷ morem pro lege
conqueritur57 : comparatum enim constitutum ei lege
58. 2 Et hi qui minus
habent diuitioribus dixit, ne diceret serui dominis ; uult enim latius
patere quod dicit et generalem esse sententiam. 3 qvam iniqve comparatvm est hi qvi minvs
habent garrulos seruos et sententiosos amat comoedia,
tristes et parue loquentes tragoedia.
1
qvam iniqve
comparatvm est par un idiotisme (ἰδιωτισμός) étonnant611, il se
plaint que la coutume ait force de loi : car comparatum signifie constitutum ei lege (institué pour
lui par la loi). 2 Et il dit
hi qui minus habent
diuitioribus pour ne pas dire serui dominis (les esclaves aux
maîtres), car il veut que son propos ait une portée plus large, et
que sa sentence s'applique à tous612. 3 qvam iniqve
comparatvm est hi qvi minvs habent la comédie affectionne
les esclaves bavards et sentencieux, la tragédie les aime sombres
et taciturnes613.
ut semper aliquid addant
diuitioribus !
ce sont toujours eux qui ajoutent à
la fortune des riches.
1
vt semper
aliqvid addant mire non dent sed addant et non aliquando sed semper. 2 divitioribvs pro minus pauperibus.
1
vt semper
aliqvid addant il est étonnant qu'on n'ait pas dent mais addant, et qu'on n'ait pas aliquando (parfois) mais semper. 2 divitioribvs mis pour minus pauperibus (aux moins
pauvres)614.
quod ille unciatim uix de demenso
suo
Ce que lui, sou par sou, à
grand-peine, sur ses rations,
1
qvod
ille docte ad singularem numerum transit a plurali.
2 qvod ille redit ad Getam.
3 vnciatim sic ueteres
multa. 4 vnciatim cum pecunia
expensa ferretur more ueterum, non ut nunc adnumeraretur, assis
libra erat eiusque partes unciae ; rursum uncia
duodecima pars libellae dicebatur 59. merito ergo non per singulos sestertios
neque per singulos denarios neque per singulos asses, sed id quod
ὑπερβολικῶς
minimum fuit, per singulas uncias unciatim dixit. et Cicero «
ecquis Volcacio, si sua sponte uenisset, unam libellam
dedisset ?
15 ». 5 vnciatim vix
potuit et unciatim et
cito conflari peculium, ut
multa pauxillatim sed cito fiunt maxima. merito ergo additum est
uix. 6 Sed quid si et unciatim et uix et tamen de lucro ? de dimenso suo inquit. quid si ex
abundanti ? « suum defrudans genium ». deinde non adquisiuit sed comparsit et ad postremum miser, ut iniquitas consuetudinis
comploratione finiretur. 7 de dimenso
svo serui quaternos modios frumenti in mense accipiebant
et id dimensum dicebatur.
8 Et utrum a mense an a metiendo incertum est.
1
qvod
ille il passe doctement615 du
pluriel au singulier. 2 qvod ille il
revient à Géta. 3 vnciatim
suffixe fréquent chez les Anciens616. 4 vnciatim quand on portait une somme en
compte à quelqu'un à la façon des Anciens (on ne compterait pas
ainsi de nos jours), l'as équivalait à une livre, et ses
subdivisions étaient les unciae (onces) ; inversement, on
nommait uncia (once) le
douzième d'une livre617. C'est donc à juste titre qu'il n'a pas dit
"sesterce par sesterce", "denier par denier", ou "as par as", mais
qu'il a employé, de façon hyperbolique (ὑπερβολικῶς), l'unité de mesure la plus
petite : once par once, unciatim. Et Cicéron : « ecquis
Volcacio, si sua sponte uenisset, unam libellam dedisset ? » (Qui
donc, s'il était venu de son propre mouvement, aurait donné même
un as à Volcacius ?). 5 vnciatim vix
il aurait pu économiser de l'argent à la fois unciatim et cito (vite), à la façon de nombreuses
choses qui deviennent très grandes peu à peu, mais vite. C'est
donc avec raison que le poète a ajouté uix. 6 Mais comment se fait-il qu'on ait à la fois
unciatim et uix et qu'on parle cependant de
bénéfice ? de dimenso suo
dit-il. Mais comment ce surplus est-il possible ? « suum defrudans
genium618 ». Ensuite, il n'a pas acquis en plus
(adquisiuit) mais
économisé (comparsit) et
finalement il est malheureux (miser), de sorte que, par la
déploration de sa situation, un terme est mis au caractère injuste
de celle-ci. 7 de dimenso svo les
esclaves recevaient quatre boisseaux de blé par mois, et on
appelait ces boisseaux dimensum. 8 Et on ne sait pas avec certitude si ce mot vient
de mensis (mois) ou de
metior
(mesurer)619.
suum defraudans genium comparsit
miser,
en fraudant son génie, a épargné, le
pauvre,
svvm defravdans genivm ut contra genialia
curare dicitur, qui uiuit lautius.
svvm defravdans genivm de même que l'on dit
que celui qui vit trop richement va à l'encontre des intérêts de
son génie (genialia).
id illa uniuersum arripiet, haud
existimans
elle va le rafler en une fois, sans
se douter
1
id
illa nupta scilicet. 2
vniversvm
arripiet contra illud quod «
unciatim
16 » dixerat. 3 vniversvm
arripiet magna uirtus paene in singulis syllabis : contra
illud quod ait «
ille
17 » illa rettulit,
contra «
unciatim uix
18 » et «
de dimenso suo
19 » uniuersum,
contra id quod ait «
munus corraditur
20 » arripiet,
contra «
suum defraudans genium
21 » et «
comparsit miser
22 » «
haud existimans quanto labore partum
23 ». 4 havd existimans uel
intellegens uel recogitans ac reputans. 5 havd existimans pro aestimans. Sallustius «
si, Quirites, parum existimaretis
24 ».
1
id
illa c'est-à-dire la mariée. 2 vniversvm arripiet au contraire de
unciatim. 3 vniversvm arripiet il y a beaucoup de force
dans presque chaque syllabe : illa renvoie et s'oppose à ille, uniuersum, à unciatim uix et de dimenso suo, arripiet, à munus corraditur, et haud existimans quanto labore partum,
à suum defraudans genium
et comparsit miser.
4 havd existimans ou
intellegens (sans le
comprendre), ou bien recogitans (sans y songer) et
reputans (sans y
réfléchir). 5 havd existimans pour
aestimans. Salluste :
« si, Quirites, parum existimaretis » (si, citoyens, vous étiez
peu capables de distinguer la différence...).
quanto labore partum. porro autem
Geta
du travail qu'il lui en a coûté. Et
puis Géta
1
qvanto labore
partvm hoc sic pronuntiandum, quasi nunc ei uenerit in
mentem saepius passurum Getam, quod semel tolerare grauissimum
iudicarit. 2 qvanto labore ut «
reliquias Troia ex ardente receptas
25 ». 3 partvm
partum
proprie dicitur de eo quod labore quaesitum est, quia
nullus partus est sine
doloribus ac labore. 4 porro
avtem geta ferietvr ad paupertatem rettulit
ferietur, nam et
damnum plaga et res sanguis dicitur.
1
qvanto labore
partvm il faut prononcer cela comme s'il comprenait à
l'instant que Géta allait subir assez souvent ce qu'il aurait jugé
très grave de supporter une seule fois. 2 qvanto labore comme dans « reliquias Troia
ex ardente receptas » (restes sauvés des flammes de Troie)620. 3
partvm
partum s'emploie au sens
propre de ce qui s'acquiert dans la peine621, car nul enfantement
(partus) ne se fait sans
douleur ni peine. 4 porro
avtem geta ferietvr ferietur renvoie à la pauvreté, car
on parle de plaga (plaie)
pour une perte financière (damnum), et de sanguis (sang) pour sa fortune
(res).
ferietur alio munere ubi era
pepererit ;
sera frappé d'un nouvel impôt, quand
la patronne accouchera,
1
ferietvr alio
mvnere significanter non fungetur munere sed ferietur dixit. 2 ferietvr alio mvnere ex consuetudine
ferietur, nam et
plagam damnum et sumptum sanguinem nostrum dicimus. 3 vbi era pepererit quae supra «
illa
26 » dicta est.
1
ferietvr alio
mvnere d'une manière expressive, il ne dit pas fungetur munere (il s'acquittera
d'une somme), mais ferietur. 2 ferietvr alio mvnere ferietur est dit par habitude, car
pour dire damnum (perte
financière) nous disons plaga (plaie) et pour dire sumptus (dépense), sanguis noster (notre sang).
3 vbi era pepererit elle a
été désignée plus haut par illa.
porro autem alio ubi erit puero
natalis dies ;
puis d'un autre encore à chaque
anniversaire du petit,
1
porro alio
avtem alio et
alio quod dicit pro
multis pronuntiandum
est. 2 vbi erit pvero natalis
dies cum adiectione temporis cuiuslibet natalis melius
dicitur, ut natalis hora
et natale
astrum. sed Vergilius seruiens personae rusticae
«
meus est natalis » inquit « Iolla
27 », nec addidit dies.
1
porro alio
avtem les deux aliud doivent être prononcés comme
des équivalents de multa
(nombreux). 2 vbi erit pvero natalis
dies il est mieux de dire natalis en ajoutant une mesure de
temps quelconque, comme dans natalis
hora (heure de naissance) et natale astrum (signe de
naissance)622. Mais Virgile, se pliant
à la façon de parler d'un personnage campagnard623, lui fait dire : « meus est
natalis Iolla » (c'est mon anniversaire, Iollas), sans ajouter
dies.
ubi initiabunt. omnia haec1399 mater
auferet :
à chacune de ses initiations : tout
cela c'est la mère qui l'empochera .
1
vbi
initiabvnt hoc uultuose pronuntiandum. 2 vbi initiabvnt ut quidam cibo et potu, ut
quidam sacris. 3 vbi
initiabvnt legitur apud Varronem initiari pueros Eduliae
et Poticae et Cubae, dis edendi et potandi et cubandi, ubi primum
a lacte et a cunis transierint ; quod Vergilius «
nec deus hunc mensa, dea nec dignata cubili est
28 ». hoc annotauit Probus ; sed Terentius Apollodorum
sequitur, apud quem legitur initiis Samothracum a certo tempore
pueros imbui more Atheniensium, quod ut in palliata probandum est
magis. 4 vbi initiabvnt hoc sic
inferendum est, non quasi hoc solum sit, sed quasi defatigatus sit
enumerando occasiones dandorum munerum. 5 omnia haec mater avferet hoc rettulit ad
offerentis irrisionem, qui putat se puero dare. 6 mater avferet nutrix. an uere mater ?
1
vbi
initiabvnt il faut prononcer cela avec un air de
circonstance. 2 vbi
initiabvnt selon certains, avec de la nourriture et de la
boisson, selon certains, par des rites religieux. 3 vbi initiabvnt on lit chez Varron que les
enfants étaient initiés (initiari) à Edulia, Potica et
Cuba624, les déesses de la nourriture, de la
boisson et du lit, dès qu'ils avaient cessé de boire du lait et de
dormir dans un berceau ; à ce propos Virgile : « nec deus hunc
mensa, dea nec dignata cubili est » (un dieu ne l'a pas jugé digne
de sa table, ni une déesse de sa couche). Probus a commenté cela ;
mais Térence suit Apollodore, chez qui on lit que les enfants
étaient « initiés » aux mystères de Samothrace, à partir d'une
certaine époque, selon la coutume des Athéniens, ce qu'il faut
d'autant plus approuver que l'on est dans une palliata625. 4 vbi initiabvnt il ne faut pas prononcer
comme s'il ne s'agissait que de cela, mais comme si Dave était las
d'énumérer les occasions de faire des cadeaux. 5 omnia haec mater avferet il raconte cela
pour se moquer de celui qui fait des cadeaux, et qui pense les
faire à l'enfant. 6 mater avferet
mater signifie nutrix (nourrice). Ou bien est-ce
vraiment mater ?
puer causa erit mittundi. sed uideon
Getam ?
Le petit sera un prétexte à cadeaux.
Mais ne vois-je pas Géta ?
1
pver cavsa
erit mittvndi proprie dixit mittundi de muneribus. 2 sed videon getam locuturum ostendit Getam.
3 sed videon getam apparet
poetam nihil putasse amplius addendum ad insinuandam populo
personam Daui et ideo iam induxisse Getam, ut sit causa
commutandae orationis.
1
pver cavsa
erit mittvndi il dit mittundi au sens propre à propos de
cadeaux626. 2
sed videon
getam il montre Géta sur le point de parler. 3 sed videon getam manifestement, le poète a
pensé qu'il n'y avait rien de plus à ajouter pour introduire
implicitement devant le public le personnage de Dave627, et c'est pourquoi il fait dès lors entrer
Géta, pour qu'il y ait une raison de changer de type de
discours628.
scaena altera
Dauus Geta
51 | 52 | 53 | 54 | 55 | 56 | 57 | 58 | 59 | 60 | 61 | 62 | 63 | 64 | 65 | 66 | 67 | 68 | 69 | 70 | 71 | 72 | 73 | 74 | 75 | 76 | 77 | 78 | 79 | 80 | 81 | 82 | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 | 92 | 93 | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | 100 | 101 | 102 | 103 | 104 | 105 | 106 | 107 | 108 | 109 | 110 | 111 | 112 | 113 | 114 | 115 | 116 | 117 | 118 | 119 | 120 | 121 | 122 | 123 | 124 | 125 | 126 | 127 | 128 | 129 | 130 | 131 | 132 | 133 | 134 | 135 | 136 | 137 | 138 | 139 | 140 | 141 | 142 | 143 | 144 | 145 | 146 | 147 | 148 | 149 | 150 | 151 | 152
Ge.-Si quis me quaeret rufus...
Da.-praesto est, desine. Ge.-oh !
Gé.-Si quelqu'un me demande, un
rouquin, ... Da-Il est là, arrête. Gé.-Ah !
1
si qvis me
qvaeret rvfvs mira fide poeta desideratum a Geta ostendit
Dauum, siquidem ipsum60
loquitur, a quo reddi sibi debitum sperat. 2 si qvis me qvaeret rvfvs ἀποσιώπησις secunda, nam
apparet plura dicturum fuisse. 3
praesto est
desine tertia persona de se loquens usus
est61 , quia
ille nominatiuum praetulit.
1
si qvis me
qvaeret rvfvs le poète nous montre que Géta recherche Dave
avec une confiance étonnante, si vraiment il évoque celui dont il
espère qu'il lui rende ce qu'il lui doit. 2 si qvis me qvaeret rvfvs aposiopèse
(ἀποσιώπησις) de
la deuxième catégorie, car il allait manifestement en dire
davantage629. 3 praesto est
desine troisième personne en parlant de lui-même, puisque
l'autre a mis un nominatif630.
at ego obuiam conabar tibi, Daue.
Da.-accipe, em !
moi qui voulais aller à ta rencontre,
Dave ! Da-Prends, tiens !
1
at ego obviam
conabar tibi dave conabar absolute. 2 An ἔλλειψις est, ut desit ire ? 3 Et est aduerbium loci. 4 accipe praeuenit petitionem dicendo
accipe. et hoc cum gestu
offerentis dicitur. 5 em hoc est
quod ait «
confeci : affero
29 ».
1
at ego obviam
conabar tibi dave conabar est employé absolument.
2 Ou bien est-ce une ellipse
(ἔλλειψις), de
sorte qu'il manque ire
(aller) ? 3 Et il y a un adverbe de
lieu631.
4 accipe il devance la
réclamation632 en
disant accipe. Et cela est
dit avec le geste d'offrir l'argent. 5 em c'est ce qu'il dit : « confeci : affero ».
Lectum est ; conueniet numerus
quantum debui.
C'est du bon ; ça concordera avec ce
que je te devais.
1
lectvm
est absolute, nam non dicit quid, utrum debitum an
argentum. 2 lectvm est
Lucilius «
lecti omnes : Atticon hoc est
30 ». 3 lectvm est conveniet
nvmervs ordine : prius enim qualitas, deinde numerus
pecuniae spectari solet. 4 lectvm est conveniet
nvmervs qvantvm debvi tribus modis debitum pecuniarium
soluitur : pensione, spectatione, numero ; quocirca «
accipe
31 62 » lectum
est conueniet numerus
quantum debui. 5
lectvm
est lectum
bonum uel splendidum, ut «
arma Serestus lecta refert humeris
32 ». quamuis quidam putant lecta ab eo quod est lego dicta. 6 qvantvm debvi pro debitum tibi a me est.
1
lectvm
est emploi absolu : il ne dit pas quoi, si c'est la somme due
ou l'argent. 2 lectvm est
Lucilius : « lecti omnes : Atticon hoc est » (ils sont tous de
choix : c'est attique). 3 lectvm est conveniet
nvmervs dans l'ordre, car d'ordinaire on regarde en
premier la qualité de l'argent, puis si cela fait le compte.
4 lectvm est conveniet nvmervs
qvantvm debvi il y a trois étapes dans un remboursement de
dettes : on paye, on examine l'argent, on vérifie le compte ;
c'est pourquoi on a accipe, lectum est et conueniet numerus quantum debui.
5 lectvm est lectum signifie bonum (bon) ou splendidum (brillant), comme dans
« arma Serestus lecta refert humeris » (Séreste emporte sur ses
épaules des armes de choix). Certains pensent cependant que
lecta vient de lego (recueillir)633. 6 qvantvm debvi
pour debitum tibi a me est
(ce que je t'ai dû).
Ge.-amo te et non neglexisse habeo
gratiam.
Gé.-Je t'adore, et je te remercie de
n'avoir pas oublié.
1
amo te et non
neglexisse
h.
habeo
g.
gratiam
amat quod reddiderit pecuniam, agit gratias
quod diligenter. 2 Et quare ? utrum
quia condictum non fefellerit an quia lectum attulerit et numero
congruenti ? 3 Et recte dixit,
nam redditio63 debiti hoc agit, ut
etiam agamus gratiam. 4 amo te et
n.
non
n.
neglexisse
h.
habeo
g.
gratiam
hoc pro gratiarum actione ponitur, et
ostenditur uere necessariam fuisse pecuniam. 5 non neglexisse
h.
habeo
g.
gratiam
in Andria «
et id gratum fuisse aduersum te habeo gratiam
33 ».
1
amo te et non
neglexisse habeo gratiam ce qu'il "adore", c'est qu'il lui
ait rendu l'argent, et le remercie de l'avoir fait
scrupuleusement. 2 Et pourquoi ?
parce qu'il n'a pas manqué à ce qu'ils étaient convenus, ou parce
qu'il a apporté des espèces sonnantes et trébuchantes ? 3 Et il a eu raison de le dire, car le
remboursement d'une dette exige que l'on remercie aussi celui qui
la rembourse. 4 amo te et non
neglexisse habeo gratiam cela est mis pour un
remerciement, et montre que l'argent était vraiment nécessaire.
5 non neglexisse habeo
gratiam dans L'Andrienne : « et id
gratum fuisse aduersum te habeo gratiam ».
Da.-praesertim ut nunc sunt mores :
adeo res redit :
Da-Surtout comme sont les gens
aujourd'hui. Voilà où on en arrive :
1
praesertim vt
nvnc svnt mores sic et illud dictum est «
namque hoc tempore obsequium amicos, ueritas odium
parit
34 », quia consuetudinis imago est uituperare praesentia.
2 adeo res redit
figurate poeta loquens adeo res
redit dixit. 3 Et proprie
redisse res dicitur, cum aliquid peius ab
exspectatione contigit.
1
praesertim vt
nvnc svnt mores dans le même genre, il y a aussi ce mot :
« namque hoc tempore obsequium amicos, ueritas odium
parit »634, parce que critiquer le présent est un lieu
commun635. 2 adeo res redit le poète dit adeo res redit en parlant au sens
figuré. 3 Et on dit qu'une
"affaire" (res) en "est
arrivée là" (redisse) au
sens propre, quand il arrive quelque chose de pire que ce que l'on
avait imaginé636.
siquis quid reddit magna habenda est
gratia.
quand quelqu'un rend quelque chose,
il faut lui dire merci beaucoup.
1
si qvis qvid
reddit
m.
magna
h.
habenda
e.
est
g.
gratia
id est : etsi non rem magnam, magna habenda
est gratia. hoc
enim significat quid
reddit . 2
si qvis qvid
reddit magna
h.
habenda
e.
est
g.
gratia
hoc qui interrogatiue pronuntiauerit, parum
belle explicat conceptam sententiam. 3 habenda est gratia deest ei.
1
si qvis qvid
reddit magna habenda est gratia c'est-à-dire : même si ce
n'est pas une somme importante, le remerciement doit l'être. Car
c'est ce que signifie quid
reddit. 2 si qvis qvid reddit
magna habenda est gratia supposons que
quelqu'un prononce cela de façon interrogative, il ne rendra que
trop imparfaitement compte de la tournure de l'idée637. 3 habenda est gratia il manque ei (à lui).
sed quid tu es tristis ? Ge.-egone ?
nescis quo in metu et
Mais pourquoi es-tu soucieux ?
Gé.-Moi ? Tu ne sais pas dans quelle inquiétude et
1
sed qvid tv es
tristis hic admonemur omnem ab initio sermonem Getae quasi
satagentis et anxii pronuntiari accommodatis praesertim ad uultum
uerbis. nam et «
si quis me quaeret
35 » et «
at ego obuiam conabar tibi, Daue
36 » et «
amo te et non neglexisse habeo gratiam
37 » in se quoddam contractioris animi occupatique signum
habent. 2 sed qvid tv es tristis
sed particula transitum
significat ad mentionem alterius rei. 3 sed qvid tv es tristis egone nescis qvo in
m.
metv
descensus ad argumentum ab eo sermone, qui
extrinsecus a poeta informatus est, ne nuda appareret σύνθεσις comoediae. et
est ἀποσιώπησις.
4 nescis qvo in metv qvanto in
pericvlo et pronuntiantis et interrogantis potest esse.
5 nescis qvo in metv duae
perturbationum bigae sunt : a malo una, ex cupitis altera. ergo a
mali bigis praesentis temporis periculum esse dicimus et futuri
metum. 6 nescis qvo in metv pronuntiatiue magis quam
percontatiue efferendum est. sic enim solemus de magnis rebus
dicere. 7 nescis qvo in metv et
q.
qvanto
i.
in
p.
pericvlo
s.
simvs
uix alterum sustineri potest eorum, quae nunc
utraque posuit et metum et
periculum.
1
sed qvid tv es
tristis nous sommes ici avertis que, dès le début, tout le
discours de Géta, qui est comme agité et inquiet, est prononcé
avec des propos qui s'accordent tout particulièrement à son
visage638. De fait, « si quis me
quaeret », « at ego obuiam
conabar tibi, Daue » et « amo te et non neglexisse habeo
gratiam » sont en soi le signe d'une âme assez
oppressée, absorbée. 2 sed qvid tv es
tristis la particule sed signifie que l'on passe à un
autre sujet. 3 sed qvid tv es tristis egone
nescis qvo in metv à partir de ce propos on en vient à
l'intrigue, et le poète a conçu ce mouvement comme une digression,
afin que la composition (σύνθεσις) de la comédie ne soit pas
immédiatement visible639. Et il y a une aposiopèse (ἀποσιώπησις)640. 4 nescis qvo in metv qvanto in pericvlo cela
peut être déclaratif et interrogatif641. 5
nescis qvo in
metv il y a deux attelages de deux passions : l'un relève
du mal, l'autre des préférables. Donc, dans l'ensemble que
constitue l'attelage du mal, nous disons que le periculum relève du présent et le
metus, du futur642. 6 nescis qvo in metv il faut le prononcer
plutôt de façon déclarative que de façon interrogative. Car c'est
ainsi que nous avons coutume de parler d'affaires importantes.
7 nescis qvo in metv et qvanto in
pericvlo simvs c'est à peine s'il pourrait en supporter un
des deux, alors qu'il dit les deux à la fois, metum et periculum.
quanto in periculo simus ! Da.-quid
istuc est ? Ge.-scies
dans quel grand péril nous sommes.
Da-De quoi s'agit-il ? Gé.-Tu le sauras,
qvid istvc est fac hunc scire et narrandi
non erit locus. necessario igitur ignarus inducitur Dauus.
qvid istvc est si on décide643 qu'il
est au courant, il n'y aura pas d'occasion de récit ; c'est donc
nécessairement un Dave ignorant qui entre en scène.
modo ut tacere possis. Da.-abi sis,
insciens :
si seulement tu es capable de te
taire. Da-Vas-y, quoi ! Crétin !
1
modo vt tacere
possis uere argumentum est64 celari id, quod Antipho non coactus
sed uolens duxit uxorem. 2 modo vt tacere
possis ut pro
ne non. quod si est,
subaudiendum est uide aut
quid tale. 3 modo vt tacere possis
modo pro tantummodo, ut «
modo Iuppiter adsit
38 ». 4 abi sis insciens
insciens nunc pro
inscito posuit. 5 Vel inscientem modo stultum dicit, alias «
ignarum
39 ».
1
modo vt tacere
possis à vrai dire l'intrigue impose de cacher le fait
qu'Antiphon s'est marié non sous la contrainte, mais de son plein
gré644. 2 modo vt tacere
possis ut pour
ne non. Si c'est cela, il
faut sous-entendre uide
(fais en sorte) ou quelque équivalent. 3 modo vt tacere possis modo pour tantummodo (seulement), comme dans
« modo Iuppiter adsit » (que seulement Jupiter nous assiste).
4 abi sis insciens
à cet endroit il a mis insciens pour inscitus (ignorant). 5 Ou bien insciens veut tantôt dire stultus (sot), et
ailleurs645 ignarus (qui ne sait pas).
cuius tu fidem in pecunia
perspexeris,
Celui dont tu viens d'éprouver la
loyauté en matière d'argent,
1
cvivs tv fidem
in pecvnia perspexeris sententiose dixit, quasi in omnibus
credendum sit seruaturum fidem esse eum, qui in pecunia
seruauerit. 2 Et hoc ideo
interposuit, ne longus esset, dum persuadet ut dicat, quemadmodum
in aliis fabulis. 3 cvivs tv fidem in
pecvnia
p.
perspexeris
proprie locutus est de pecunia et fidem dicendo et credere, nam fides est eorum quibus
datur, creditores dicuntur
ipsi qui dant. 4 in pecvnia a
maiore ad minus. 5 perspexeris
non inspexeris sed
perspexeris quod plus est
dixit.
1
cvivs tv fidem
in pecvnia perspexeris il parle de façon
sentencieuse646, comme s'il fallait que tout le monde croie
qu'il va conserver la probité (fides) qu'il a gardée en matière
d'argent. 2 Et il intercale cela
afin afin qu'il ne soit pas long à parler, tandis qu'il le
persuade de parler, comme dans d'autres pièces647.
3 cvivs tv fidem in pecvnia
perspexeris il s'exprime au sens propre au sujet de
l'argent, lorsqu'il dit fidem et credere, car la fides est le propre de ceux à qui
l'on donne, et on nomme creditores ceux qui prêtent.
4 in pecvnia du plus grand
au plus petit648. 5 perspexeris
il ne dit pas inspexeris
(tu as examiné) mais perspexeris, ce qui est plus
fort649.
uerere uerba ei credere, ubi quid
mihi lucri est
tu crains de lui confier des paroles,
là où ça me rapporte quoi
1
verere verba
ei credere uerba
cum pronuntiatione dicit, ut ostendat multum distare inter
pecuniam et uerba. 2 vbi qvid mihi lvcri
est te fallere a coniectura quae dicitur cui
bono65 ? 3 Et bene, quia
seruus nihil de honestate dicit. 4
vbi qvid
mihi significantius dixit quid quam si diceret nihil.
1
verere verba
ei credere il dit uerba en le
déclamant650, pour
montrer combien il y a d'écart entre de l'argent et des paroles.
2 vbi qvid mihi lvcri est te
fallere argument par conjecture que l'on appelle "à qui
cela profite-t-il ?"651. 3 Et c'est bien dit, puisque l'esclave ne dit
rien sur l'honnêteté652. 4 vbi qvid mihi il dit quid de manière plus
expressive653 que s'il disait nihil (rien).
te fallere ? Ge.-ergo ausculta.
Da.-hanc operam tibi dico.
de te tromper ! Gé.-Écoute-donc.
Da-Je suis à ton service.
1
ergo
avscvlta ergo nunc
uelut increpatio tarde facientis est. quia hic igitur
obloquendo impediuerat narraturum, ergo dixit. sic Vergilius
«
ergo age, care pater, ceruici imponere nostrae
40 ». 2 hanc operam tibi dico
auscultandi scilicet et
audiendi operam. 3 hanc operam tibi
dico plus est dico
quam do : dicatur perpetuo, datur ad tempus.
1
ergo
avscvlta ergo est
ici comme un reproche de lenteur. C'est donc parce que l'autre, en
lui coupant la parole, l'empêchait de faire son récit alors qu'il
était sur le point de le faire, qu'il dit ergo 654. Ainsi Virgile : « ergo age, care pater, ceruici
imponere nostrae » (allons, père chéri, place-toi sur notre cou).
2 hanc operam tibi dico
c'est-à-dire auscultandi et audiendi
operam (à ton service pour te prêter l'oreille et
t'écouter). 3 hanc operam tibi dico
dico est plus fort que
do (donner) : on consacre
(dico) pour toujours,
alors qu'on donne (do)
pour un temps.
Ge.-senis nostri, Daue, fratrem
maiorem Chremem
Gé.-Notre vieux maître, Dave, son
frère aîné, Chrémès,
1
senis nostri
dave fratrem
m.
maiorem
dicendo senis ostendit et adulescentem se
dominum habere, dicendo nostri ostendit esse et alienum,
dicendo fratrem non unum
esse monstrauit, dicendo maiorem etiam minoris facit indicium.
sic argumenti partem maximam nondum narrans in ipsa iam
interrogatione transegit. haec autem omnia propter populum sic
aguntur ; ideo ille «
quidni ?
41 » dicit, ne sit opus pluribus uerbis. 2 senis nostri
d.
dave
f.
fratrem
mirum compendium narrationis quasi per
interrogationem fecit, ne ex alto repeteret. sic Vergilius «
fando aliquod si forte tuas peruenit ad aures Βelidae
nomen Palamedis et incluta fama gloria
42 » et «
nostin hanc, quam amat frater ?
43 » in Eunucho.
1
senis nostri
dave fratrem maiorem en disant senis, il montre qu'il considère
aussi le jeune homme comme son maître, en disant nostri, il montre que l'autre
appartient à un autre maître655, en disant fratrem, il montre qu'il n'est pas
seul, en disant maiorem,
il signale qu'il y en a un plus jeune. Ainsi, sans raconter encore
la plus grande partie de l'intrigue, il est déjà passé à la
question en elle-même. Tout cela se passe ainsi à cause du
public ; c'est pourquoi il dit « quidni ? », afin qu'il n'y ait pas
besoin de faire plus long. 2
senis nostri
dave fratrem il fait une étonnante économie de récit en
utilisant pour ainsi dire656 l'interrogation657, afin
de ne pas reprendre de loin. Ainsi Virgile : « fando aliquod si
forte tuas peruenit ad aures Βelidae nomen Palamedis et incluta
fama gloria » (peut-être quelque récit a-t-il porté à tes oreilles
le nom de Palamède, le fils de Bélus, et sa gloire d'illustre
renom)658 et dans
L'Eunuque : « nostin hanc, quam amat frater ? ».
nostin ? Da.-quidni ? Ge.-quid ? eius
gnatum Phaedriam ?
tu le connais ? Da-Comment non ?
Gé.-Et son fils Phédria ?
1
qvidni qvid
eivs gnatvm phaedriam non dixit quid ? Phaedriam ?, sed addidit
eius gnatum, ut magis
docere quam interrogare uideretur. 2 qvid eivs gnatvm phaedriam deest nosti.
1
qvidni qvid
eivs gnatvm phaedriam il ne dit pas "quid ? Phaedriam ?", mais ajoute
eius gnatum, en sorte
qu'il semble davantage donner des renseignements que poser des
questions. 2 qvid eivs gnatvm phaedriam
il manque nosti (tu
connais).
Da.-tam quam te. Ge.-euenit senibus
ambobus simul
Da-Comme je te connais. Gé.-Il est
arrivé que les deux vieux, tous les deux d'un coup,
1
tam qvam
te o uarietas : illic «
quidni ?
44 », hic tam quam
te ! 2 evenit senibvs
ambobvs simvl iter non euenit
iter, sed euenit ut iter
esset. 3 simvl
uno tempore.
1
tam qvam
te oh la variation : tantôt « quidni ? », tantôt « tam quam te » ! 2 evenit senibvs ambobvs simvl iter non pas
euenit iter, mais
euenit ut iter esset
659.
3 simvl signifie uno tempore (dans le même temps).
iter illi in Lemnum ut esset, nostro
in Ciliciam
sont partis, l'un pour Lemnos, le
nôtre pour la Cilicie,
illi in lemnvm vt esset recte tacetur cur
Chremes ierit et dicitur cur Demipho : utrumque pro argumento
est.
1
illi in lemnvm
vt esset il fait bien660 de
taire661 la raison pour laquelle
Chrémès est parti et de la dire dans le cas de Démiphon : les deux
points sont mis pour servir l'intrigue662.
ad hospitem antiquum. is senem per
epistulas
chez un vieil ami ; le vieux, c'est
par ses lettres
1
ad hospitem
antiqvvm sic Vergilius «
ueterem Anchisen agnouit amicum
45 ». hoc autem addidit, ut esset idonea causa nauigandi
seni. 2 senem per epistolas
pellexit epistolas
dicendo ostendit non semel scripsisse.
1
ad hospitem
antiqvvm ainsi Virgile : « ueterem Anchisen agnouit
amicum » (il a reconnu Anchise, son ami d'autrefois). Il ajoute
cela pour qu'il y ait une raison justifiant le voyage du
vieillard. 2 senem per epistolas
pellexit en disant epistolas au pluriel, il montre que
l'hôte n'a pas écrit qu'une fois663.
pellexit modo non montes auri
pollicens.
qu'il l'a attiré, tout juste s'il ne
lui promettait pas des montagnes d'or.
1
pellexit induxit. sic Vergilius «
pellacis Ulixi
46 ». 2 modo non montes avri
p.
pollicens
prouerbialis ὑπερβολή facta per exceptionem aut per
superlationem aut aequam collationem. eiusmodi est illud
Demosthenis «
μόνον οὐχί λέγει
φωνὴν ἀφιείς
47 ». 3 modo non montes avri
p.
pollicens
Sallustius «
maria montesque polliceri coepit
48 ». 4 modo non montes
a.
avri
p.
pollicens
more ueterum, quia hospites hospitibus multa
donabant.
1
pellexit induxit (il l'a déterminé). Ainsi
Virgile : « pellacis Ulixi » (l'insidieux Ulysse)664. 2 modo non montes avri pollicens hyperbole
(ὑπερβολή)
proverbiale, que l'on peut faire soit en usant de l'infériorité,
soit de la supériorité, soit de l'égalité665. Ce mot de Démosthène relève de cela :
« μόνον οὐχί λέγει φωνὴν
ἀφιείς » (peu s'en faut qu'il n'élève la voix pour dire
que...). 3 modo non montes avri
pollicens Salluste : « maria montesque polliceri coepit »
(il se mit à lui promettre monts et merveilles). 4 modo non montes avri pollicens à la façon
des Anciens, parce que les hôtes faisaient beaucoup de présents à
leurs invités666.
Da.-qui tanta erat res et supererat ?
Ge.-desinas :
Da-Lui qui en avait déjà tant et
plus ? Gé.- Arrête !
1
qvi tanta erat
res qui66 datiuus casus est. "dominone tuo,
inquit, haec pollicebatur, cui
t.
tanta
e.
erat
r.
res
?". 2 cvi tanta erat
r.
res
deest eum, ut sit : eum pellexit, cui tanta erat res.
3 et svpererat plus est
superesse quam esse. 4 desinas sic est ingenivm necessaria
praestructio67
est ad fabulae περίστασιν auaritia Demiphonis, ut maiore
periculo illo absente duxerit filius indotatam. nam mox dicturus
est «
illene indotatam uirginem atque ignobilem daret
illi ?
49 ».
1
qvi tanta erat
res qui est un
datif667. Est-ce qu'il ne promettait pas cela à
ton maître, dit-il, dont la fortune était si grande ? 2 cvi tanta erat res il manque eum (lui), pour qu'on ait :
eum pellexit, cui tanta erat
res. 3 et svpererat
superesse est plus fort
que esse (être).
4 desinas sic est ingenivm
l'avarice de Démiphon est nécessaire aux circonstances annexes
(περίστασις) de
la pièce668, pour que, pendant l'absence de son père, le
danger soit plus grand, pour le fils, de se marier à une jeune
fille sans dot. Il va bientôt dire en effet : « illene indotatam
uirginem atque ignobilem daret illi ? ».
sic est ingenium. Da.-oh regem me
esse oportuit !
Il est comme ça. Da-Oh ! c'était moi
qui aurais dû être le boss !
1
sic est
ingenivm bona praeparatio, quia68 et
diues et auarus describitur Demipho, ut indotatas nuptias filii
ferre non possit. 2 sic est
ingenivm recte : non enim fortuna, inquit, auarus est sed
natura. 3 sic est ingenivm omnium an
domini ? omnium69 sed
domini magis. 4 o regem me esse
o.
oportvit
ostendit ἐν ἤθει pauperum affectiones, qui sese
solos uti diuitiis scire aiunt, si eas habeant. 5 o regem me esse
o.
oportvit
me
acue.
1
sic est
ingenivm la préparation est bonne parce que Démiphon est
présenté comme riche et avare, pour qu'il supporte difficilement
que son fils se marie avec une jeune fille sans dot. 2 sic est ingenivm à juste titre : car ce
n'est pas à cause de la fortune qu'il est avare, dit-il, mais par
nature. 3 sic est ingenivm de tous
ou du maître ? de tous, mais surtout du maître. 4 o regem me esse oportet il montre, en
conformité avec le caractère du personnage (ἐν ἤθει), les sentiments
des pauvres, qui disent qu'ils seraient les seuls à savoir
utiliser les richesses, s'ils les avaient. 5 o regem me esse oportet prononcez
me avec un accent
aigu669.
Ge.-abeuntis ambo hic tum senes me
filiis
Gé.-Alors les deux vieux en partant
d'ici m'ont près de leurs fils
1
abevntes70 ambo hinc et hinc et hic legitur. et est ordo : hinc71
relinquunt filiis. 2
filiis
propter filios.
1
abevntis ambo
hinc on lit à la fois hinc et hic. Et l'ordre est : hinc relinquunt filiis. 2 filiis signifie propter filios (à cause de ses
fils).
relinquunt quasi magistrum. Da.-o
Geta, prouinciam
laissé comme qui dirait en
précepteur. Da-O Géta, le poste
1
relinqvvnt id est non secum abducunt.
2 qvasi magistrvm bene
quasi, quia non
compleuit72 hoc ipsum nec uult esse. 3 magistrvm sic Latini, quem Graeci
paedagogum. 4 o geta provinciam
c.
cepisti
d.
dvram
acquisitae bello longe ab Italia regiones
prouinciae dictae a
procul73
uel porro
et uincendo ; ad quas
praetores quia cum officio
mittebantur, officia
quoque prouinciae
nominabantur. 5 o geta
provinciam splendide prouinciam dixit.
1
relinqvvnt c'est-à-dire qu'ils ne
l'emmènent pas avec eux. 2 qvasi
magistrvm quasi
est bien dit, parce qu'il n'a pas rempli ce rôle et ne veut pas le
tenir. 3 magistrvm désigne chez les
Latins celui que les Grecs nommaient paedagogus (pédagogue)670.
4 o geta provinciam cepisti
dvram on appelait prouinciae les régions éloignées de
l'Italie dont on avait pris possession par les armes ; le mot
vient de procul ou
porro (au loin) et de
uincere (vaincre) ; les
prouinciae étaient aussi
nommées officia (charges),
parce que les préteurs y étaient envoyés avec l'officium (mission)671.
5 o geta provinciam il dit
prouinciam avec
emphase.
cepisti duram. Ge.-mi usu uenit, hoc
scio :
que tu as pris en charge, c'est dur !
Gé.-Par expérience, je le sais :
memini relinqui me deo irato meo.
m'est avis que j'ai été laissé, un
jour que mon ange gardien m'en voulait.
1
memini
relinqvi me
d.
deo
i.
irato
m.
meo
sic Vergilius «
nec di texere Cupencum Aenea ueniente sui
50 ». hoc Asper, sed mihi uidetur ad hoc addidisse
meo, ne esset ἀμφίβολον, cui diceret
irato deo. Naeuius in
Stalagmo «
nisi74
deo meo propitio meus homo est
51 ». 2 memini relinqvi me deo irato
meo domino dicit.
an uere deo ? 3 Et bene meo, ne esset ἀμφίβολον. 4 Et sic dixit memini relinqui, ut in Andria «
memini uidere
52 » et «
memini me fieri pauum
53 » Ennius.
1
memini
relinqvi me deo irato meo ainsi Virgile : « nec di texere
Cupencum Aenea ueniente sui » (et les dieux qu'il servait ne
protégèrent pas Cupencus quand Enée est venu)672. C'est
l'analyse d'Asper, mais il me semble qu'il a rajouté673 meo pour
qu'il n'y ait pas d'ambiguïté (ἀμφίβολον) sur la personne qu'il désigne
comme complément d'irato.
Naevius dans le Stalagmus : « nisi deo meo propitio
meus homo est » (à moins que par
l'effet de ma bonne étoile ce ne soit mon homme).
2 memini relinqvi me deo irato
meo il veut dire domino (à mon maître). Ou bien est-ce
vraiment à un dieu ?674. 3 Et
meo est bien dit, afin
qu'il n'y ait pas d'ambiguïté (ἀμφίβολον). 4 Et il dit memini
relinqui, comme dans L'Andrienne :
« memini uidere », et comme Ennius : « memini me fieri pauum »
(m'est avis que je deviens un paon)675.
coepi aduersari primo : quid uerbis
opus est ?
Au début, j'ai voulu m'opposer ;
mais, inutile de le dire,
qvid verbis opvs est repente infertur
quid uerbis opus est ? et
satis moraliter.
qvid verbis opvs est soudain, et de façon
assez conforme au caractère du personnage676, il introduit « quid uerbis opus est ? ».
seni fidelis dum sum scapulas
perdidi.
en restant fidèle au vieux, je me
suis ruiné les épaules.
1
seni fidelis
dvm svm opportune seni dixit, ut ostendat quam stultum
sit seni aduersum iuuenes fidelem esse. 2 seni fidelis dvm svm fidus est amicus, fidelis seruus. 3 scapvlas perdidi plus est perdidi quam si diceret dolui. 4 Et bene rettulit perdidi75 πρὸς τὸ fidelis : fidelis enim officium est seruare
aliquid.
1
seni fidelis
dvm svm il dit seni à propos, pour montrer combien
il est idiot d'être fidèle à un vieillard en s'opposant à de
jeunes gens. 2 seni fidelis dvm svm un
ami est fidus (fidèle), un
esclave est fidelis.
3 scapvlas perdidi
perdidi est plus fort que
s'il disait dolui (j'ai
souffert). 4 Et il fait bien de
rapporter perdidi à
(πρὸς τὸ)
fidelis : car le devoir de
quelqu'un de fidelis est
de veiller sur quelque chose.
Da.-uenere in mentem mihi istaec :
namque inscitia est
Da-C'est ça que j'ai pensé : vraiment
c'est folie
1
venere in
mentem mihi
i.
istaec
uenire in
mentem non ad recordationem tantum dicitur, sed ad
reputationem et intellegentiam. 2
namqve
inscitia est adversvm
s.
stimvlvm
c.
calces
hoc dictum et superioris personae potest esse
et alterius.
1
venere in
mentem mihi istaec on dit uenire in mentem non seulement pour
le fait de se souvenir, mais aussi pour la réflexion et la
compréhension. 2 namqve inscitia est
adversvm stimvlvm calces ce dicton pourrait émaner d'une
personne autre et de rang supérieur677.
aduersum1400 stimulum calces. Ge.-coepi is
omnia
de regimber contre l'aiguillon.
Gé.-Tout ce qu'ils voulaient, je me suis mis
1
adversvm
stimvlvm calces παροιμία cum ἐλλείψει : deest enim iactare. 2 Et stimulum pro domino adulescente posuit. 3 calces modo calces non partes plantae, sed
percussiones pedum plagasque significat. aliter Vergilius «
calcemque terit iam calce Diores
54 ».
1
adversvm
stimvlvm calces proverbe (παροιμία) contenant une ellipse (ἔλλειψις), car il manque
iactare
(agiter)678. 2 Et
il met stimulus pour
dominus adulescens (son
jeune maître). 3 calces ici
calces ne désigne pas la
partie du pied, mais un coup de pied et un coup. Dans un autre
sens, Virgile : « calcemque terit iam calce Diores » (déjà Diorès
presse de son pied le pied de son rival)679.
facere, obsequi quae uellent.
Da.-scisti uti foro.
à le faire et à obéir à leurs quatre
volontés. Da-Tu as bien exploité le marché.
1
scisti vti
foro secundum illos negotiatores, qui ante locum commercii
non praescribunt, quanto uendant quae aduehunt, sed secundum
annonam fori, quam deprehenderint, consilium de uendundis aut non
uendundis mercibus sumunt. 2
scisti vti
foro forum pro
tribus intellegitur : loco, tempore et persona ; scisti, inquit,
his uti. et est uulgare prouerbium. sensus autem hic est : scisti,
inquit, quid te facere oportuerit76.
1
scisti vti
foro en référence aux marchands qui n'inscrivent pas
devant leur étal le prix des marchandises qu'ils apportent, mais
qui décident de les vendre ou de ne pas les vendre en fonction du
cours du blé sur le marché, après l'avoir intercepté. 2 scisti vti foro forum renvoie à trois réalités : un
lieu, un moment et un personnage ; "tu as su, dit-il, les
utiliser". C'est un proverbe populaire. Le sens est par ailleurs
le suivant : "tu as su, dit-il, ce qu'il convenait que tu
fasses"680.
Ge.-noster mali nihil quicquam
primo ; hic Phaedria
Gé.-Le nôtre n'a rien fait de mal
d'abord. L'autre, Phédria,
1
primo hic
phaedria bene additum primo, quia non perpetuo. 2 noster nihil mali qvicqvam quartum77 παρέλκον, ut in Hecyra
«
nam nemo quisquam illorum, scito, ad te
uenit
55 ». 3 noster nihil mali qvicqvam
noster πρὸς ἀντιδιαστολήν
Phaedriae, qui non noster.
1
primo hic
phaedria il fait bien d'ajouter primo, parce que ça ne va pas
durer681. 2
noster nihil
mali qvicqvam pléonasme (παρέλκον)682 de la quatrième
catégorie, comme dans L'Hécyre : « nam nemo quisquam
illorum, scito, ad te uenit ». 3 noster nihil mali qvicqvam noster pour distinguer par opposition
(πρὸς
ἀντιδιαστολήν) avec Phédria, pour qui il ne peut pas
dire noster 683.
continuo quandam nactus est
puellulam
tout de suite s'est trouvé une
fille,
1
continvo
qvandam bene continuo, quasi uix exspectauerit
profectionem patris. 2 pvellvlam
citharistriam istis nominibus hoc agit, ut causa amoris et
ex aetate et ex arte puellae uideatur. nam ideo puellulam78 dicit.
1
continvo
qvandam continuo
est bien dit, comme s'il avait à peine attendu le départ de son
père. 2 pvellvlam citharistriam
c'est exprimé par ces noms pour que la raison de son amour semble
liée à la fois à l'âge et aux qualités artistiques684 de la jeune fille. C'est
pourquoi, de fait, il dit puellulam.
citharistriam, hanc ardere coepit
perditus1401.
une joueuse de cithare, et s'est mis
à l'aimer éperdument.
1
amare coepit
perditvs legitur et perdite. 2 Et amare
perdite utpote puellulam et citharistriam.
1
amare coepit
perditvs on lit aussi perdite. 2 Et amare
perdite685 parce que c'est une toute
jeune fille (puellulam) et
une 'joueuse de cithare' (citharistriam).
ea seruiebat lenoni inpurissimo,
Elle était esclave d'un maquereau, un
vrai pourri,
1
ea serviebat
lenoni
i.
inpvrissimo
et honeste et cito dixit seruiebat lenoni inpurissimo : et
quare non fuisset libera et cuius fuisset ancilla et qualis
hominis fuerit demonstrauit. 2
ea serviebat
lenoni
i.
inpvrissimo
magna praeparatio ad rerum difficultatem
imminentium : puella citharistria, auarus leno, amator perditus,
inopia.
1
ea serviebat
lenoni inpvrissimo il dit seruiebat lenoni inpurissimo de façon
à la fois appropriée et rapide686 : et il explique pourquoi elle n'était
pas libre, au service de qui elle était et quel type d'homme
c'était. 2 ea serviebat lenoni
inpvrissimo importante préparation des
obstacles imminents : une jeune fille joueuse de cithare, un
entremetteur cupide, un amoureux éperdu, pas d'argent.
neque quod daretur quicquam ; id
curarant patres.
et rien à donner : les pères y
avaient veillé.
id cvrarant patres expedite dixit
patres. si enim patrem eius tantum dixisset,
restabat, ut ei per patrui filium succurreretur, et ideo dixit
ambos non habuisse.
id cvrarant patres il dit patres de façon astucieuse : s'il
s'était contenté de dire pater
eius (son père), il restait l'opportunité à Phédria
d'être aidé par le fils de son oncle, et c'est pourquoi il dit que
les deux n'ont rien eu.
restabat aliud nihil nisi oculos
pascere,
Il ne lui restait qu'à repaître ses
yeux de la belle,
nisi ocvlos pascere hoc enim solum erat,
quod leno non uenderet.
nisi ocvlos pascere car c'était la seule
chose que l'entremetteur ne pourrait vendre.
sectari, in ludum ducere et
reducere.
à la suivre partout, à l'amener à
l'école et la ramener.
1
sectari in
lvdvm dvcere et redvcere bene cauillatus est. 2 Et ioculariter in adulescentem, cui aetas
ad philosophos sectandos
apta erat. hinc
et philosophorum sectae
. 3 Sed sectari proprie, ut taurus buculam et
aries ouem. Vergilius «
trahit sua quemque uoluptas
56 ». 4 redvcere σύλλημψις prima :
a ludo enim
subauditur.
1
sectari in
lvdvm dvcere et redvcere c'est bien plaisanté687. 2 Et c'est amusant pour un jeune homme qui avait
l'âge de suivre les cours (sectari) des philosophes. Et c'est de
là aussi que vient chez les philosophes le sens de sectae (écoles
philosophiques)688.
3 Mais sectari est employé au sens propre,
comme le taureau suit la génisse et le bélier, la brebis.
Virgile : « trahit sua quemque uoluptas » (chacun est entraîné par
son plaisir)689. 4 redvcere
syllepse (σύλλημψις) de la première catégorie, car
on sous-entend a ludo (de
l'école).
nos otiosi operam dabamus
Phaedriae.
Nous, qui n'avions rien à faire, nous
nous consacrions à Phédria.
1
nos otiosi
operam dabamvs cum τύπῳ79 dixit nos ueluti magistrum excusans
obsequentem ei, cui custos sit datus, et ideo addidit otiosi. 2 nos otiosi relatio ad illud, quod mox
otiosi non erunt.
3 nos otiosi operam dabamvs
aut ad pudorem sumitur hoc pronomen in
singulari80 numero aut ad
dignitatem. sed nunc potest nos et propter Antiphonem dixisse.
4 nos otiosi operam dabamvs
Apollodorus « ἡμεῖς δὲ
συνεπεμελούμεθα ». 5
operam dabamvs
phaedriae ille amicae, nos illi.
1
nos otiosi
operam dabamvs en conformité avec son type de personnage
(τύπος), il dit
nos comme s'il excusait le
maître qui cède aux plaisirs de celui à qui il a été donné comme
gardien690, et c'est pourquoi il
ajoute otiosi. 2 nos otiosi en relation avec le fait qu'ils
ne seront bientôt plus otiosi. 3 nos otiosi operam dabamvs ce pronom pluriel
est employé pour un objet singulier, pour exprimer la retenue ou
la dignité. Mais ici il peut aussi dire nos à cause d'Antiphon. 4 nos otiosi operam dabamvs Apollodore :
« ἡμεῖς δὲ
συνεπεμελούμεθα » (et nous, nous nous y consacrions en
même temps). 5 operam dabamvs phaedriae
lui se consacrait à son amie, et nous à lui.
in quo haec discebat ludo, exaduersum
ei loco
L'école où elle allait, juste en face
de cet endroit,
1
in qvo haec
discebat lvdo figurate
τῷ
in quo haec discebat
ludo additum est ei
loco. 2 ex adversvm ei
loco legitur et illico. et annotatur « ex abundanti
additum, ut apud ueteres multa sunt ». 3 ex adversvm ei loco παρέλκον quartum.
1
in qvo haec
discebat lvdo avec une figure691, on ajoute ei
loco à (τῷ) in quo
haec discebat ludo. 2
ex adversvm ei
loco on lit aussi illico. Et en annotation : « ex
abundanti additum, ut apud ueteres multa sunt » (c'est un ajout
par pléonasme, comme c'est souvent le cas chez les Anciens)692. 3 ex adversvm ei loco pléonasme (παρέλκον) de la quatrième
catégorie.
tonstrina erat quaedam : hic
solebamus fere
il y avait un genre de coiffeur :
c'était là que nous avions l'habitude presque
1
tonstrina
erat apta sedes otiosis. 2
tonstrina erat
qvaedam παρέλκον tertium quaedam. 3 hic solebamvs fere plervmqve παρέλκον tertium
fere plerumque.
1
tonstrina
erat lieu approprié à des gens désœuvrés. 2 tonstrina erat qvaedam quaedam est un pléonasme (παρέλκον) de la troisième
catégorie. 3 hic solebamvs fere
plervmqve fere
plerumque est un pléonasme (παρέλκον) de la troisième
catégorie693.
plerumque eam opperiri dum inde iret
domum.
tout le temps de l'attendre, jusqu'à
ce qu'elle reparte de là chez elle.
1
dvm inde iret
domvm ad se
scilicet. 2 Et iret domum pro rediret. 3 Vel certe iret
d.
domum
81
figura παρέλκον.
1
dvm inde iret
domvm c'est-à-dire ad
se (chez elle). 2 Et
iret domum pour rediret (qu'elle revienne).
3 Ou bien certainement iret domum est une figure de
pléonasme (παρέλκον)694.
interea dum sedemus illi,
interuenit
Un jour que nous étions assis là,
survient
1
dvm
sedemvs proprie sedemus ut in tonstrina. 2 illi intervenit illi pro ibi, ut «
illi mea tristia facta
57 ». 3 Et nota
illi pro illic. 4 intervenit advlescens qvidam lacrimans
Apollodorus tonsorem ipsum nuntium facit, qui dicat se nuper
puellae comam ob luctum abstulisse, quod scilicet mutasse
Terentium, ne externis moribus spectatorem Romanum offenderet.
1
dvm
sedemvs sedemus au
sens propre, comme dans une boutique de coiffeur. 2 illi intervenit illi pour ibi, comme chez Virgile : « illi mea
tristia facta » (là-bas, mes sinistres exploits)695. 3 Et notez que illi est mis pour illic (là-bas). 4 intervenit advlescens qvidam lacrimans
Apollodore fait de ce même coiffeur le messager qui dit avoir
coupé les cheveux d'une jeune fille en raison d'un deuil ; il va
de soi que Térence a changé ce point pour ne pas choquer le
spectateur romain avec des mœurs étrangères696.
adulescens quidam lacrimans. nos
mirarier :
un jeune homme en larmes ; nous, nous
nous étonnons,
1
nos
mirarier recte mirarier :
mirae
enim in adulescentibus lacrimae, ut contra «
tristisque senectus
58 ». 2 nos mirarier ut «
solam nam perfidus ille te colere
59 ».
1
nos
mirarier mirarier
est employé à juste titre : les larmes sont en effet mirae (étonnantes) chez les
adolescents, comme inversement dans « tristisque senectus » (et la
triste vieillesse). 2 nos mirarier
comme dans « solam nam perfidus ille te colere » (car pour toi
seule ce perfide avait des égards)697.
rogamus quid sit. “numquam aeque”
inquit “ac modo
nous lui demandons ce qu'il y a.
« Jamais, dit-il, comme aujourd'hui
1
rogamvs qvid
sit quod lacrimet82, non
quid sit ipse, ut stulti
putant. 2 nvmqvam aeqve inqvit ac
modo mire ostendit semper sibi hoc uisum quod dicit, sed
numquam aeque.
1
rogamvs qvid
sit comment il se fait (quid
sit) qu'il pleure, et non pas pas ce qu'il est
lui-même (quid sit ipse),
comme le pensent les idiots. 2
nvmqvam aeqve
inqvit ac modo de façon étonnante, il montre que la
pauvreté dont il parle lui a toujours paru évidente, mais jamais
autant (numquam
aeque).
paupertas mihi onus uisum est et
miserum et graue.
je n'ai trouvé le fardeau de la
pauvreté aussi pénible et aussi lourd.
pavpertas mihi onvs visvm est statim fit
mentio paupertatis, ut sit causa fallaciae Phormionis.
pavpertas mihi onvs visvm est il est
aussitôt fait mention de sa pauvreté, pour qu'il y ait une raison
à la tromperie montée par Phormion.
modo quandam uidi uirginem hic
uiciniae
Je viens de voir une jeune fille ici
dans le voisinage
1
modo qvandam
vidi virginem bene quandam, ne ob familiaritatem laudare
uideretur. 2 hic viciniae aduerbium in
loco est, cuius ad locum «
huc uiciniae
60 ». 3 Et statim
proximitas insinuatur, ut sit spes et causa uidendi. 4 modo qvandam vidi virginem uide sic agi, ut
non tam morte mulieris quam solitudine pulchrae uirginis moueatur
affectus, simul et ea describi, quae matronae futurae magis
conueniant quam quae temere amanda sit. nam hic obitus feminae ad
comicum exitum spectat, quandoquidem plus ex morte eius
securitatis quam molestiae sentiat argumentum.
1
modo qvandam
vidi virginem quandam est bien dit, afin qu'il ne
donne pas l'impression de la louer parce qu'il la connaîtrait.
2 hic viciniae c'est un
adverbe pour le lieu où l'on se trouve, pour le lieu où l'on va
c'est huc uiciniae 698. 3 Et on insinue
aussitôt implicitement qu'elle se trouve à proximité, pour qu'il y
ait un espoir et une raison de la voir. 4 modo qvandam vidi virginem remarquez que
l'intrigue est menée de telle sorte que la passion n'est pas tant
suscitée par la mort de la femme que par l'état d'abandon de la
belle jeune fille, et qu'en même temps on décrit des détails qui
conviennent davantage à une future mère de famille qu'à une fille
qu'on devrait aimer à la légère. De fait ici la mort de la femme
vise à un dénouement de comédie puisque cette mort provoque dans
l'argument plus de sécurité que de trouble699.
miseram suam matrem lamentari
mortuam.
au désespoir, qui pleurait sa mère
morte.
1
miseram ab affectu. 2 Et subdistinguendum, ut ad uirginem referatur. 3 lamentari mortvam a probitate, quae piis
attribuitur. 4 Et lamentari
mortvam ambiguitas, sed sensu manifesta.
1
miseram argument du pathétique. 2 Et il faut séparer ce mot par une virgule,
de sorte qu'il renvoie à uirginem 700. 3 lamentari
mortvam argument de l'honnêteté que l'on attribue aux gens
pieux. 4 Et lamentari mortvam
ambiguïté, mais elle est levée par le sens701.
ea sita erat ex aduerso1402 neque illi
beniuolus
Celle-ci était exposée en face
d'elle, et près d'elle ni bonne âme,
1
ea sita
erat sita
posita. Sallustius cum
adiectione in II «
cum praedixero positum insulae
61 », et hoc eius reciprocum est. 2 ea sita erat ex adverso expositio
paupertatis et quam facile uirgo uideri possit.
1
ea sita
erat sita équivaut
à posita (située).
Salluste au livre II, avec adjonction du préfixe : « cum
praedixero positum insulae » (puisque j'ai parlé plus haut de la
position de l'île), et c'est ici le tour réciproque. 2 ea sita erat ex adverso exposition de la
pauvreté de la jeune fille et de la grande facilité avec laquelle
on pouvait voir celle-ci702.
neque notus neque uicinus extra unam
aniculam
ni connaissance, ni voisin, en dehors
d'une petite vieille,
1
neqve notvs
neqve vicinvs αὔξησις secunda fit, quia res minuitur,
crescit sententia. Sallustius «
non repugnantibus modo, sed ne deditis quidem armis
bellum excitare metuentibus
62 » 2 neqve vicinvs ἀναφορά. 3 neqve notvs neqve vicinvs extra
v.
vnam
a.
anicvlam
haec praestruuntur, ut sit spes potiundae
uirginis. 4 neqve notvs neqve vicinvs extra
v.
vnam
a.
anicvlam
haec descriptio paupertatis adiuuat
argumentum, ut et uisere audeant adulescentes uirginem et amet
Antipho.
1
neqve notvs
neqve vicinvs amplification (αὔξησις) de la deuxième catégorie,
puisque le sens est diminué, mais que la phrase s'allonge703. Salluste : « non repugnantibus modo, sed ne
deditis quidem armis bellum excitare metuentibus » (à des gens qui
non seulement y répugnaient, mais qui craignaient de provoquer la
guerre alors même qu'on leur avait donné des armes)704. 2 neqve vicinvs anaphore (ἀναφορά)705. 3 neqve notvs neqve
vicinvs extra vnam anicvlam ces éléments sont
mis en place d'avance pour qu'il y ait un espoir de s'emparer de
la jeune fille. 4 neqve notvs neqve
vicinvs extra vnam anicvlam cette description de la
pauvreté aide l'intrigue, de sorte qu'à la fois les jeunes gens
osent voir la jeune fille et qu'Antiphon s'éprenne
d'elle706.
quisquam aderat qui adiuuuaret1403 funus :
misertum est.
il n'y avait personne pour l'aider
aux funérailles. Quelle pitié.
1
qvi adivvaret
fvnvs ipsum officium funus dixit. 2 misertvm est hoc est : misertus sum eius. et hic uidetur
ostendisse, cur lacrimaret.
1
qvi adivvaret
fvnvs il appelle funus l'office funèbre lui-même.
2 misertvm est
c'est-à-dire : misertus sum
eius (j'ai été saisi de pitié pour elle). Et ici il
semble montrer pourquoi il pleurait.
uirgo ipsa facie egregia.” quid
uerbis opus est ?
La jeune fille elle-même, un visage
magnifique. » Inutile de le dire,
1
virgo ipsa
facie egregia a forma indignatio. 2 virgo ipsa bene ipsa, quia quod supra dixit, non ad
ipsam, sed ad euentum eius pertinebat. 3 qvid verbis opvs est sic dicit Terentius,
ubi ad effectum properat.
1
virgo ipsa
facie egregia l'indignation vient de ce que la jeune fille
est belle. 2 virgo ipsa ipsa est bien dit, puisque ce qu'il a
dit plus haut ne se rapportait pas à elle mais à son sort.
3 qvid verbis opvs est
Térence s'exprime ainsi quand il se hâte vers le résultat707.
commorat omnes nos. ibi continuo
Antipho
il nous avait tous bouleversés. Là,
d'un coup, Antiphon :
1
commorat omnes
nos pro commouerat : figura συγκοπή. 2 Et bene omnes, quia res
83
ad Antiphonem tantum. 3
ibi continvo
antipho hic reddit nomen adulescentis. et est παρασκευή84 .
1
commorat omnes
nos pour commouerat : figure de la syncope
(συγκοπή).
2 Et omnes est bien dit, puisque l'affaire
ne concerne en réalité qu'Antiphon. 3 ibi continvo antipho ici il redonne le nom
du jeune homme. Et c'est une préparation (παρασκευή)708.
“uultisne eamus uisere ?” alius
“censeo :
« Voulez-vous que nous allions la
voir ? » ; un autre, « D'accord »
1
vvltisne eamvs
visere ut «
populare penates uenimus
63 ». 2 vvltisne eamvs ipse
hortator inducitur, qui amaturus est. 3 alivs censeo Phaedria uel quilibet.
4 alivs censeo eamvs dvc nos sodes
imvs venimvs haec omnia diuersi dicunt, et apparet tot
esse homines, quot per μίμησιν ἀσύνδετα demonstrantur dramatica
relatione.
1
vvltisne eamvs
visere comme dans « populare penates uenimus » (nous
sommes venus ravager les pénates)709. 2 vvltisne
eamvs celui qui est présenté comme l'instigateur du projet
est précisément celui qui va tomber amoureux. 3 alivs censeo Phédria ou n'importe qui
d'autre. 4 alivs censeo eamvs dvc nos sodes
imvs venimvs toute cette réplique est dite par divers
personnages et il est clair que le nombre des intervenants est
égal, par imitation (μίμησις), à celui des asyndètes (ἀσύνδετα) que l'on voit
apparaître dans ce récit dramatisé.
eamus : duc nos sodes.” imus
uenimus
« allons-y, conduis-nous, je te
prie. » Nous partons, nous arrivons,
1
imvs venimvs
videmvs virgo pvlchra ἀσύνδετα κατὰ βραχυλογίαν85 . 2 imvs venimvs
v.
videmvs
v.
virgo
p.
pvlchra
ἀσύνδετον primum per βραχυλογίαν.
1
imvs venimvs
videmvs virgo pvlchra asyndètes (ἀσύνδετα) par brachylogie (κατὰ βραχυλογίαν).
2 imvs venimvs videmvs virgo
pvlchra asyndète (ἀσύνδετον) de la première catégorie par
brachylogie (βραχυλογία).
uidemus. uirgo pulchra, et hic1404 magis
diceres,
nous voyons. Belle fille, et on
pouvait d'autant mieux le dire,
1
virgo
pvlchra bene non dixit uidemus
uirginem pulchram, sed ἀπὸ τῆς καταπλήξεως uirgo pulchra : illud enim frigidius,
hoc concitatius. 2 et hic86 magis
diceres diceres
pro crederes, ut «
audacter dicito
64 » saepe Plautus. 3 virgo pvlchra
ἀπὸ τῆς
καταπλήξεως 87. 4 Et duo ingentia, et uirgo et pulchra.
1
virgo
pvlchra il fait bien de ne pas dire uidemus uirginem pulchram (nous
voyons une belle jeune fille), mais, sous le coup de l'admiration
(ἀπὸ τῆς
καταπλήξεως), uirgo
pulchra, car le premier choix aurait induit trop de
froideur, et le second marque plus d'animation710. 2 et hic magis diceres diceres pour crederes (tu croirais), comme Plaute
écrit souvent « audacter dicito » (tu peux le dire hardiment).
3 virgo pvlchra sous le coup
de l'admiration (ἀπὸ τῆς
καταπλήξεως). 4 Et à la
fois uirgo et pulchra sont deux mots au sens très
fort.
nihil aderat adiumenti ad
pulchritudinem :
elle n'avait rien pour faire valoir
sa beauté :
nihil aderat
adivm.
adivmenti
proprie aderat : adest enim id quod adiuuat.
nihil aderat adivmenti
aderat est employé au sens
propre711 : car on emploie adest pour ce qui aide (adiuuo).
capillus passus, nudus pes, ipsa
horrida,
le cheveu épars, le pied nu, toute
mal peignée,
1
capillvs
passvs singularem numerum pro plurali posuit. sic et alibi
«
capillus pexus, prolixus, circum caput reiectus
neglegenter
65 », ut pars magna.
—
2
passvs
temere dispersus
88
. a Graeca oratione profluxit haec dictio. 3 capillvs passvs ipsa horrida et lacrimae ad
luctum pertinent, nvdvs pes et vestitvs tvrpis ad
pauperiem. 4 capillvs
p.
passvs
n.
nvdvs
p.
pes
i.
ipsa
h.
horrida
συντομία
μετ᾽ ἐναργείας 89 quasi extra
ipsam ; est enim, quod dicitur nudus pes et capillus passus. et tale est apud
Vergilium «
illum autem, quamuis aries sit candidus ipse, nigra
subest udo tantum cui lingua palato, reice
66 ». sic alibi de arbore «
tum fortes late ramos et bracchia tendens huc illuc
media ipsa ingentem sustinet umbram
67 » et «
ipse arduus
68 ». 5 capillvs passvs nvdvs pes
facetius, quam si pluraliter dixisset. Vergilius «
quibus acer Eryx in proelia suetus ferre manum
69 ».
1
capillvs
passvs il met le singulier pour le pluriel. Ainsi ailleurs
également « capillus passus, prolixus, circum caput reiectus
neglegenter » (les cheveux épars, lâchés, rejetés négligemment
autour de la tête), comme dans l'expression pars magna (une grande partie de…)
— 2 passvs signifie temere dispersus (répandu au hasard).
— Cette expression vient du grec712. 3 capillvs passvs ipsa
horrida et lacrimae éléments relatifs au deuil, nvdvs pes et
vestitvs
tvrpis éléments relatifs à la pauvreté. 4 capillvs passvs nvdvs pes ipsa
horrida brièveté (συντομία) avec une hypotypose (μετ᾽ ἐναργείας), comme si
c'était en dehors d'elle. C'est en effet ce qui est dit avec ce
"pied nu" (nudus pes) et
cette "chevelure éparse" (capillus
passus). Et on trouve quelque chose de ce genre chez
Virgile : « illum autem, quamuis aries sit candidus ipse, nigra
subest udo tantum cui lingua palato, reice » (quant au bélier,
fût-il lui-même d'une blancheur éclatante, s'il a seulement sous
son palais humide une langue noire, écarte-le). Ainsi ailleurs au
sujet d'un arbre : « tum fortes late ramos et bracchia tendens huc
illuc media ipsa ingentem sustinet umbram » (alors qu'il tend au
loin ses branches et ses bras robustes en tous sens, son tronc,
lui, au centre, soutient un gigantesque ombrage) et « ipse
arduus » (lui-même, gigantesque)713.
5 capillvs passvs nvdvs pes
plus plaisant que s'il avait utilisé le pluriel. Virgile :
« quibus acer Eryx in proelia suetus ferre manum » (ceux dont
l'indomptable Eryx avait coutume d'armer la main pour la
lutte)714.
lacrimae, uestitus turpis : ut, ni
uis boni
des larmes, des vêtements
pitoyables, au point que, si l'attrait de la bonté n'avait
1
lacrimae
vestitvs tvrpis ἀσύνδετον tertium. 2 vt ni vis boni plus est uis boni quam bonum. 3 vt ni vis boni in ipsa inesset
f.
forma
h.
haec
f.
formam
e.
exstingverent
fornum
ueteres ignem et calorem quendam quasi feruorem dixerunt, et ideo fornaces, forcipes, formam et formosos, ex quibus amoris ignis
exsoluitur. laudandus ergo Terentius proprietate seruata, qui cum
formam praetulisset,
subiecit exstinguerent.
4 Ergo et Vergilius sic ait «
at mihi sese offert ultro meus ignis Amyntas
70 ».
1
lacrimae
vestitvs tvrpis asyndète (ἀσύνδετον) de la troisième catégorie.
2 vt ni vis boni uis boni est plus fort715 que
bonum. 3 vt ni vis boni in ipsa inesset forma haec
formam exstingverent les Anciens appelaient
fornus (four) un feu et
une chaleur quelconques au sens de feruor (chaleur), et de là viennent
fornax (fourneau),
forceps (tenailles),
forma et formosus (beau), expressions qui
désignent le feu amoureux716. Il faut donc louer Térence
pour avoir conservé le sens propre de ce mot, puisque, alors qu'il
a mis formam auparavant,
il ajoute exstinguerent.
4 Donc Virgile aussi dit
ainsi717 :
« at mihi sese offert ultro meus ignis Amyntas » (à moi s'offre
spontanément l'objet de ma flamme, Amyntas).
in ipsa inesset forma, haec formam
exstinguerent.
pas été inclus à l'intérieur de sa
beauté, tout cela aurait éteint sa beauté.
1
in ipsa
inesset forma haec formam exstingverent figura πλοκή : aliud enim supra,
aliud infra forma repetita
significat. 2 in ipsa inesset
f.
forma
geminauit praepositionem, ut alibi «
in amore haec omnia insunt uitia
71 ». 3 exstingverent bene
exstinguerent, quia
forma calor. 4 Et forma ab igne et calore dicta
est.
1
in ipsa
inesset forma haec formam exstingverent figure de la
répétition (πλοκή) : car le sens de forma est différent la première fois
et la deuxième fois718. 2 in ipsa inesset
formam il redouble la préposition719 comme
ailleurs : « in amore haec omnia insunt uitia ». 3 exstingverent exstinguerent est bien dit, parce que
la forma est une chaleur.
4 Et forma est étymologiquement lié à la
notion de feu et de chaleur720.
ille qui illam amabat fidicinam
tantummodo
L'autre, l'amoureux de la joueuse de
lyre, se borne
1
ille qvi illam
amabat bene illam,
quia iam supra insinuauit personam citharistriae. 2 ille qvi illam amabat ratio, cur non
amauerit uirginem. 3 fidicinam
supra
citharistriam
72. ergo indifferenter. 4
tantvmmodo
satis inqvit sensus est : laudauit tantummodo, non etiam
captus est in amorem.
1
ille qvi illam
amabat illam est
bien dit, puisqu'il a déjà introduit plus haut le personnage de la
joueuse de cithare. 2 ille qvi illam
amabat raison pour laquelle il n'est pas tombé amoureux de
la jeune fille. 3 fidicinam
plus haut citharistriam.
Il n'y a donc pas de différence721. 4 tantvmmodo satis
inqvit le sens est : "il a seulement fait son éloge, il
n'est pas lui aussi tombé amoureux".
“satis” inquit “scita est” ; noster
uero... Da.-iam scio :
à dire : « Elle est plutôt
mignonne » ; mais le nôtre... Da-Je sais déjà :
1
satis inqvit
scita magna laus, formam amanti aliam placuisse.
2 noster vero ἀποσιώπησις, quae
succurrit, quotiens uerba rebus minora sunt. 3 satis inqvit scita scita bella, ut in Andria «
scitus puer est natus Pamphilo
73 ».
1
satis inqvit
scita c'est un grand éloge que sa beauté ait plu à
quelqu'un qui en aimait une autre. 2 noster vero aposiopèse (ἀποσιώπησις), qui sert de
recours chaque fois que les mots sont inférieurs aux faits.
3 satis inqvit scita
scita signifie bella (belle), comme dans
L'Andrienne : « scitus puer est natus Pamphilo ».
amare coepit. Ge.-scin quam ? quo
euadat uide.
il est tombé amoureux. Gé.-Tu ne
peux pas savoir à quel point. Vois où il en est venu.
1
amare
coepit ille, inquit, laudauit tantum, hic amare coepit.
2 Et bene coepit, non amauit, ut ostendat uim amoris non
paruam esse et rem quae semel suscipi possit. 3 scin qvam ἀποσιώπησις, qua in
narrationibus in compendium Terentius uti solet. 4 scin qvam amare
coepit subauditur. 5
qvo evadat
vide euadat
perueniat, nam euadere est per obstantia peruenire.
1
amare
coepit le premier, dit-il, s'est contenté de faire son
éloge, alors que le second en est tombé amoureux. 2 Et coepit
est bien dit, plutôt que amauit (il a aimé), pour montrer que
la force de l'amour n'est pas petite, et de montrer l'effet
qu'elle peut causer en une seule fois. 3 scin qvam aposiopèse (ἀποσιώπησις) que Térence
a l'habitude d'utiliser dans les récits pour faire bref722. 4 scin qvam on
sous-entend amare coepit
(il tomba amoureux). 5 qvo evadat
vide euadat
signifie perueniat (qu'il
parvienne), car euadere
c'est per obstantia
peruenire (parvenir à passer au milieu des
obstacles).
postridie ad anum recta pergit :
obsecrat
Le lendemain, il va tout droit chez
la vieille ; il la supplie
1
postridie ad
anvm recta pergit hoc praestruens aniculae fecerat mentionem.
2 Et bene memor et uirginis et honestae non
ipsam adiri facit sed anum, neque ab ipsa petit90 fructum uoluptatis, ex
cuius persona maior desperatio nascebatur, sed a nutrice potius,
per quam suaderi puellae posse creditur quicquid libet. 3 postridie ad anvm recta ἐμφατικῶς statim, ut qui
posthabuerit omnia alia. 4 recta quia
non per nuntium.
1
postridie ad
anvm recta pergit préparant cela, il avait fait mention de
la petite vieille (anicula). 2 Et se souvenant qu'elle est vierge et honnête, il
a raison de faire que ce ne soit pas elle qui se fasse aborder,
mais la vieille femme, et il réclame l'assouvissement de sa
passion non pas d'elle, un personnage qui ne laisse guère
d'espoir, mais plutôt de sa nourrice, dont il croit qu'elle peut
persuader la jeune fille de n'importe quoi723.
3 postridie ad anvm recta
dit sur-le-champ de façon emphatique (ἐμφατικῶς)724, à la façon de quelqu'un qui fait passer
tout le reste après. 4 recta parce
qu'il ne passe pas par l'intermédiaire d'un messager.
ut sibi eius faciat copiam. illa
enim se negat
de lui faciliter les choses avec
elle. Elle refuse net,
1
vt sibi eivs
faciat copiam uide, ut nihil de uirgine speret, qui omnia
ab anicula petat. 2 illa enim se
negat facturam
copiam subauditur.
1
vt sibi eivs
faciat copiam voyez comme il n'espère rien de la jeune
fille, lui qui demande tout à la petite vieille. 2 illa enim se negat on sous-entend
facturam copiam.
neque enim aequum ait facere ; illam
ciuem esse Atticam,
en effet elle dit faire cela ça
n'est pas bien ; elle est citoyenne d'Athènes,
1
neqve enim
aeqvvm ait facere non quia amet, sed quia petat.
2 neqve enim aeqvvm ait
facere quod peteret scilicet. 3 illam civem esse esse ait illam cum ἐμφάσει uel
ἄρσει
91
dixit, quasi dicat quam sic contemnant, eam esse ciuem
Atticam. 4 civem quod ad iura
pertinet, bonam92 quod ad ipsam.
1
neqve enim
aeqvvm ait facere non pas parce qu'il l'aime, mais parce
qu'il la demande. 2 neqve enim aeqvvm ait
facere c'est-à-dire implicitement le fait qu'il la
demande. 3 illam civem esse elle dit
illam avec emphase
(ἔμφασις)725 ou bien en levant (ἄρσις) la voix, comme si elle
disait que celle qu'ils méprisent à ce point est citoyenne
athénienne. 4 civem pour ce qui relève
du droit, bonam pour ce
qui relève de sa nature propre726.
bonam bonis prognatam : si uxorem
uelit,
un fille bien née de gens bien ;
s'il la veut pour femme,
1
bonam
non uilem, quia boni non uiles. unde superlatiuus
gradus optimates facit,
quia bonus melior optimus dicitur. 2 bonis prognatam quod a
maioribus93 eius. 3 si vxorem velit recte subiunxit si uxorem uelit, postquam in uirgine
ea praetulit, quae solent ornare nuptas94.
1
bonam
signifie non uilem (non
vile), parce que les boni
ne sont pas uiles (vils).
De là, le superlatif donne optimates (aristocrates), parce que
l'on dit bonus, melior, optimus 727. 2 bonis
prognatam pour ce qui relève de ses ancêtres728.
3 si vxorem velit il ajoute
si uxorem uelit à juste
titre, après avoir mis en avant chez une jeune fille ce qui
d'ordinaire fait la parure des femmes mariées.
lege id licere facere : sin aliter,
negat.
la loi lui permet de le faire ;
sinon, c'est non.
1
lege id licere
facere incerta distinctio est, utrum uxorem uelit lege an lege id licere facere et pudice anus
et tamen illecebrose licere
facere dixit, quod ille impudentius petit, ut sibi
eius faciat copiam.
2 sin aliter negat σύλλημψις : facturam ex eo quod sequitur
facere.
1
lege id licere
facere la ponctuation est incertaine729 : ou bien uxorem uelit lege, ou bien lege id licere facere et la vieille
femme répond avec retenue, et cependant d'une manière
encourageante, qu'on peut faire (licere facere) ce que l'autre demande
avec assez d'impudence730, à
savoir qu'elle lui permette l'accès (faciat copiam). 2 sin aliter negat syllepse (σύλλημψις) : facturam qui provient du fait que
cela suit facere.
noster quid ageret nescire : et
illam ducere
Notre garçon ne sait pas quoi
faire : l'épouser,
1
noster qvid
ageret nescire proposita deliberatio, cuius tamen altera
pars uincet ; nam ducturus est per absentiam patris. 2 qvid ageret nescire pro nesciebat ; sed recte, quia
subiuncturus est «
cupiebat et metuebat
74 ». 3 illam dvcere cvpiebat et
metvebat uide ambiguitatem, qua sequentia non
coguntur.
1
noster qvid
ageret nescire proposition d'un sujet de
délibération731, dont l'un des deux termes l'emportera
cependant ; de fait il va l'épouser en profitant de l'absence de
son père. 2 qvid ageret nescire pour
nesciebat (il ne savait
pas)732 ; mais à juste titre, parce
qu'il va ajouter cupiebat
et metuebat. 3 illam dvcere cvpiebat et metvebat voyez
l'ambiguïté733, qui n'affecte pas la
suite734.
cupiebat et metuebat absentem
patrem.
il voulait bien, mais ça lui faisait
peur que son père soit absent.
metvebat proprie dixit :
metuimus enim eos, qui nos
amant, timemus etiam
inimicos.
metvebat il le dit au sens
propre : car nous redoutons (metuimus) ceux qui nous aiment, et
nous craignons (timemus)
en plus nos ennemis.
Da.-non, si redisset, ei pater
ueniam daret ?
Da-Et il ne lui aurait pas, à son
retour, accordé son pardon, le père ?
1
non si
redisset ei pater veniam bene interrogat Dauus : hoc enim
ni 95 sperari posset, non erat opus fraudibus
Phormionis. 2 non si
r.
redisset
si
pro postquam, ut «
si nona diem mortalibus
al.
almum
75 ». 3 non si redisset ei pater
veniam si
cum redisset96.
1
non si
redisset ei pater veniam Dave fait bien de poser la
question : car s'il ne pouvait espérer cela, il n'y aurait pas
besoin des ruses de Phormion. 2
non si
redisset si pour
postquam (après que),
comme dans « si nona diem mortalibus almum735 » (si la neuvième, apportant aux mortels le jour et
ses bienfaits...). 3 non si redisset ei
pater veniam si
redisset signifie cum
redisset.
Ge.-illene1405 indotatam uirginem atque
ignobilem
Gé.-Lui ? Une fille sans dot et sans
naissance,
1
illene
indotatam virginem ἐμφατικῶς ille, de quo dixerat97 «
desinas : sic est ingenium
76 » et is98 propter spem lucri nauigauerat
senex. insinuandum igitur fuit : hoc enim erit omne
periculum fabulae. 2
Ex99 ordine Terentius prius insinuauit
personam senis, ut grauiora fierent, quae dirimebant nuptias.
3 illene indotatam virginem atqve
ignobilem duo dixit, et indotatam et ignobilem ; haec enim duo
principaliter expetuntur, cum sint quattuor, quae in ipsis sponsis
quaeruntur : forma, probitas, dos, nobilitas. sed manifestum est,
cur de forma et probitate nihil dicat, quippe quae supra100
magnopere collaudauerit in puella. 4 virginem simpliciter accipimus uirginem, an
subaudimus101
quamuis, ut sit :
quamuis uirginem ?
1
illene
indotatam virginem il dit ille avec emphase (ἐμφατικῶς) au sujet d'un
vieillard dont il disait : « desinas : sic est ingenium » et qui
avait pris la mer parce qu'il espérait gagner de l'argent. Il
fallait donc l'indiquer implicitement : car cela sera tout le
danger de la pièce736.
2 Et dans l'ordre, Térence
introduit d'abord implicitement le personnage du vieillard pour
que soient plus graves les choses qui pouvaient rompre le
mariage737. 3
illene
indotatam virginem atqve ignobilem il dit les deux, à la
fois indotatam et
ignobilem ; car ces deux
qualités sont principalement attendues, alors qu'il y en a quatre
qui sont requises dans les fiançailles mêmes : la beauté,
l'intégrité morale, la dot, la naissance. Mais la raison pour
laquelle il ne dit rien de la beauté et de l'intégrité morale est
évidente : en effet, il les a largement louées plus haut à propos
de la jeune fille. 4 virginem
est-ce que nous comprenons uirginem tout seul ou bien
sous-entendons-nous quamuis (certes), de sorte qu'on
ait : quamuis uirginem
(vierge certes)738 ?
daret illi ? numquam faceret.
Da.-quid fit denique ?
la lui donner ? Jamais de la vie !
Da-Qu'est-ce qui se passe après ?
1
daret
illi bono affectu dixit daret
illi ? filius enim familias non tam ducit uxorem quam
a patre accipit, quippe cum patri committatur puella potius in
huiusmodi condicionibus quam marito. 2 daret illi nvmqvam faceret ἀποσιώπησις secunda : hic
enim non transit ad aliud, sed instat incepto, ut et per
interrogationem diceret daret
illi ? et per responsionem inferret numquam faceret. 3 Et nota numquam pro non in maiorem negationis
significantiam poni semper. 4
daret
illi mire daret,
ut ostenderet nihil esse potestatis in filio. 5 qvid fit deniqve more suo Terentius
denique posuit in fine sensus102. et est aduerbium ordinis. sic et in
Heautontimorumeno «
fodere aut arare aut aliquid ferre denique
77 », ut sit denique
uel deinde uel ad postremum.
1
daret
illi il dit daret
illi ? avec un sentiment conforme au bien, car ce
n'est pas tant le fils de famille qui prend femme que son père qui
la lui donne ; en effet, dans des circonstances de ce genre, la
jeune fille est plutôt confiée au père du marié qu'au marié.
2 daret illi nvmqvam faceret
aposiopèse (ἀποσιώπησις) de la deuxième catégorie :
car, ici, il ne passe pas à autre chose, mais reste sur ce qu'il a
commencé, pour à la fois dire, comme question, daret illi ? et ajouter, comme
réponse, numquam faceret.
3 Et remarquez que numquam est toujours mis pour
non afin de donner plus de
force à la négation. 4 daret illi
daret est remarquable,
pour montrer que rien n'est possible au fils. 5 qvid fit deniqve comme à son habitude,
Térence met denique en fin
de phrase. Et ce mot est un adverbe de succession739.
Ainsi également dans L'Héautontimorouménos : « fodere
aut arare aut aliquid ferre denique » (bêcher ou labourer ou enfin
transporter quelque chose), de sorte que denique équivaut ou à deinde (ensuite) ou à ad postremum (en dernier lieu).
Ge.-quid fiat ? est parasitus quidam
Phormio,
Gé.-Ce qui se passe ? Il y a un
parasite, Phormion,
1
qvid
fiat deest rogitas. et est ἀποσιώπησις quarta.
2 est parasitvs qvidam
phormio Phormio
non a formula sed a
phormione dictus sparteo,
quem nos eronem dicimus
triuialiter et pro consuetudine. 3
qvid
fiat seruatur affectus tristis hominis, ut supra ait
«
sed quid tu es tristis ?
78 ».
1
qvid
fiat il manque rogitas (tu demandes). Et il y a une
aposiopèse (ἀποσιώπησις) de la quatrième catégorie.
2 est parasitvs qvidam
phormio Phormio
vient non pas de formula (formule) mais de
phormio qui désigne un
panier fait en sparte740, que nous appelons
familièrement et usuellement ero (panier d'osier)741. 3 qvid fiat il rend bien l'état d'esprit d'un
homme sombre, comme quand il dit plus haut : « sed quid tu es
tristis ? »742.
homo confidens : qui illum di omnes
perduint !
le genre qui ne doute de rien... Que
tous les dieux le perdent !
1
homo
confidens homo
comice additum, nam quis ignoret parasitum hominem esse ?
2 confidens hic confidens pro improbo, audaci et temerario posuit, ut «
o ingentem confidentiam !
79 » 3 qvi illvm qui utinam est, ut Lucilius in secundo
«
qui te, Nomentane, malum
80 » et ad cetera pergit ; aut qui103 «
hoc consilium quod dicam
dedit
81 ». 4 qvi illvm di omnes
perdvint qui aut
expletiuum est aut pronomen, quo incipiens Phormionem describere
cohorruit consideratione eius et in hanc uocem quasi confusus
erupit. hoc autem certum genus est παρενθέσεως 104.
1
homo
confidens homo est
ajouté de façon comique743 : qui ignore en effet qu'un parasite est un
homme ? 2 confidens ici il met
confidens pour improbus (malhonnête), audax (audacieux) et temerarius (téméraire), comme dans
« o ingentem confidentiam ! »744. 3 qvi illvm
qui est la même chose
qu'utinam (pourvu que),
comme Lucilius au livre II : « qui te, Nomentane, malum » (salaud
de Nomentanus, pourvu qu'on te... !) et il passe à la suite ou
qui va avec hoc consilium quod dicam dedit.
4 qvi illvm di omnes
perdvint qui est
soit explétif, soit un pronom, par lequel il commençe à décrire
Phormion, et se met à frissonner à sa pensée et fait éclater ces
mots comme s'il était troublé. D'autre part, c'est un certain
genre de parenthèse745
(παρένθεσις)746.
Da.-quid is fecit ? Ge.-hoc
consilium quod dicam dedit :
Da-Qu'a-t-il fait ? Gé.-Il a donné
un conseil, je vais te dire lequel :
1
qvid is
fecit correxit interrogatiue errantem, ut rediret ad
nominatiuum casum qui105 aberrauerat et «
illum
82 » dixerat. 2 hoc consilivm qvod
dicam secundum quosdam ordo est : qui hoc consilium, quod dicam,
dedit.
1
qvid is
fecit il le corrige par une question alors qu'il s'écarte
de son sujet, pour qu'il revienne au nominatif qui, lui qui s'en était éloigné en
disant illum
747. 2 hoc consilivm qvod
dicam selon certains, l'ordre est : qui hoc consilium, quod dicam,
dedit.
“lex est ut orbae, qui sint genere
proximi,
« Il y a une loi pour les
orphelines : leur plus proche parent
1
lex
est haec lex ut in palliata recte ponitur, nam Graecorum
fuit. ideo et in Andria sic ait «
inopia et cognatorum neglegentia coacta
83 ». 2 lex est alia causa
narrationi interponitur. et dicitur παρένθεσις. 3 lex est a causa litis : potuit enim dici
non habes causam.
4 vt orbae qvi svnt genere
proximi « orba proximo nubat, orbam proximus ducat »
Atticum ius est. et est ordo : lex
est, ut orbae his nubant.
1
lex
est cette loi est mentionnée à juste titre vu que l'on est
dans une palliata : elle était en effet grecque748. C'est pourquoi il dit aussi dans
L'Andrienne : « inopia et cognatorum neglegentia
coacta ». 2 lex est : il intercale un
autre sujet à l'intérieur de son récit. Et on appelle cela une
parenthèse (παρένθεσις)749.
3 lex est argument par la
raison du litige, il750 aurait pu dire en effet
non habes causam (tu n'as
aucune raison). 4 vt orbae qvi svnt
genere proximi « orba proximo nubat, orbam proximus
ducat » (que l'orpheline épouse son parent le plus proche, et que
le parent le plus proche épouse l'orpheline) : c'est le droit
athénien. Et l'ordre est : lex est, ut
orbae his nubant.
is nubant, et illos ducere eadem
haec lex iubet.
elles doivent l'épouser, et lui doit
se marier avec elle, la même loi l'ordonne.
1
eadem haec lex
ivbet non duas res iubet haec una lex, sed puellis
permittit nubere, cognatos cogit ducere. 2 eadem haec lex ivbet bene iubet : minorem uim habet enim ea lex
quae aliquid permittit,
quam ea quae aliquid iubet. 3 et illos dvcere bene additum : nihil enim
ad rem, si ducendi necessitas non fuisset.
1
eadem haec lex
ivbet cette loi unique n'ordonne pas deux choses mais à la
fois permet aux jeunes filles de se marier et force leurs parents
à les épouser. 2 eadem haec lex
ivbet iubet est
bien dit : car la loi qui permet (permittit) quelque chose a moins de
force que celle qui ordonne (iubet) quelque chose751. 3 et illos dvcere bien ajouté : car cela ne
servirait à rien s'ils n'étaient pas obligés de les épouser.
ego te cognatum dicam et tibi
scribam dicam ;
Je dirai, moi, que c'est toi le
parent, et je te ferai un procès ;
1
ego te
cognatvm dicam et tibi s. d. a persona eius, cum quo
tum106 agitur : potuit enim
dici quid mecum est tibi ?
2 ego te cognatvm dicam et tibi
s.
scribam
d.
dicam
ἀπογράψομαί
σε
107. 3 Haec narratio est, quam dicit Tullius in
personis108
constitutam, et ipse «
tibi uni parcam
84 » inquit in Verrinis ; repente enim transitur ad uerba
personarum ab earum descriptione, sed hoc ipsum ad commouendos
auditores ualet plurimum. 4 et tibi scribam
dicam a denuntiatione in personam, ne diceret non mihi denuntiasti. 5 et tibi scribam dicam Cicero «
scribitur Heraclio dica
85 ». 6 dicam supra uerbum, infra
nomen est totidem litteris diuerso accentu dicam.
1
ego te
cognatvm dicam et tibi scribam dicam argument par la
personne de celui dont il s'agit, car on aurait pu lui rétorquer
"quel lien entre toi et moi ?". 2
ego te
cognatvm dicam et tibi scribam dicam je vais te poursuivre
en justice (ἀπογράψομαί
σε)752. 3 C'est la narration
dont Tullius dit qu'elle est consacrée aux personnes753 ;
et lui-même dit dans les Verrines : « tibi uni parcam » (toi seul
tu seras épargné), car il passe soudain de la description des
personnage à leurs propos, mais cela précisément fonctionne très
bien pour émouvoir un auditoire. 4
et tibi
scribam dicam argument par la dénonciation faite à une
personne afin qu'il ne puisse pas dire non mihi denuntiasti (tu ne m'as pas
prévenu)754. 5 et tibi scribam
dicam Cicéron : « scribitur Heraclio dica » (il fait
notification par écrit à Héraclius de l'action qu'on lui intente).
6 dicam plus haut,
dicam est un verbe, plus
bas, c'est un nom ; les deux s'écrivent de la même façon, mais
n'ont pas la même accentuation755.
paternum amicum me adsimulabo
uirginis :
je me ferai passer pour un ami du
père de la fille.
paternvm amicvm me
a.
adsimvlabo
a persona109 litigantis :
potuit enim opponi « personam non habes ».
paternvm amicvm me
adsimvlabo argument par le statut social de celui qui
plaide756, car il
aurait pu se voir opposer : personam
non habes (tu n'as pas le bon statut social)757.
ad iudices ueniemus : qui fuerit
pater,
Nous irons devant les juges ; qui
est son père,
qvi fverit pater
qui hic pronomen est,
infra quomodo
significat.
qvi fverit pater
qui est ici un pronom,
plus bas il signifie quomodo (comment)758.
quae mater, qui cognata tibi sit,
omnia haec
qui sa mère, comment elle est ta
parente, tout cela,
1
qvae
mater uirginis scilicet. 2
qvi cognata
tibi sit qui
quo modo et qua ratione. 3 omnia haec confingam omnia haec non ex abundanti posuit,
sed oratorie quasi tam
multa. et est ἀριθμός, nam post enumerationem ueteres haec dicebant. et Sallustius in
Iugurta «
haec omnia praesidio adsunt
86 ».
qvae mater la mère de la
jeune fille, évidemment. 2 qvi cognata tibi
sit qui signifie
quo modo (comment) et
qua ratione (par quel
moyen). 3 omnia haec confingam
omnia haec n'est pas mis
par pléonasme, mais de façon oratoire759, comme si on avait tam multa (de si nombreuses choses).
Et c'est un dénombrement (ἀριθμός), car les Anciens disaient
haec après une
énumération. Et Salluste dans la Guerre de Jugurtha : « haec
omnia760
praesidio adsunt » (tout cela est à leur disposition pour les
aider).
confingam, quod erit mihi bonum
atque commodum ;
je l'inventerai, au profit et
avantage de ma cause.
1
qvod
erit totum110 confingam. 2 qvod erit mihi bonvm atqve commodvm
111 ἐν ὑποκρίσει : quod mihi, inquit, faustum
ac felix erit, hoc est confingere atque mentiri. 3 qvod erit mihi bonvm atqve commodvm totum
ioculariter parasitus, quippe qui confingam dicens112 non solum non erubuerit de falsiloquio, sed quasi
praeclari facinoris inceptionem etiam auspicatus sit omenque
susceperit dicendo quod erit mihi
bonum atque commodum ; sic enim ueteres « quod faustum
felixque sit » dicebant aliquid aggressuri.
1
qvod
erit se comprend avec totum
confingam 761. 2 qvod erit mihi bonvm
atqve commodvm conformément à son rôle762 (ἐν ὑποκρίσει) : ce qui,
dit-il, sera pour moi favorable et heureux, c'est de "combiner"
(confingere) et de mentir.
3 qvod erit mihi bonvm atqve
commodvm le parasite s'exprime entièrement sur le mode de
la plaisanterie, puisque non seulement, quand il dit confingam, il ne rougit pas de son
mensonge763, mais que, en disant
quod erit mihi bonum atque
commodum, il fait comme prendre les auspices et
accueillir un présage en vue d'une scélératesse de grand
style764 : car les Anciens disaient ainsi, quand ils
allaient entreprendre quelque chose, « quod faustum felixque sit »
(que cela soit favorable et heureux).
cum tu horum nihil refelles uincam
scilicet :
Comme, toi, tu ne réfuteras rien de
tout cela, alors je gagnerai, c'est sûr !
1
cvm tv horvm
nihil refelles vincam scilicet hoc interrogatiue
pronuntiandum est. 2 refelles
refutabis, redargues. nam
proprie113 refellere est redarguere falsitatem.
1
cvm tv horvm
nihil refelles vincam scilicet cela doit être prononcé
d'une manière interrogative765. 2
refelles signifie refutabis (tu réfuteras), redargues (tu convaincras). En effet,
au sens propre, refellere,
c'est redarguere
falsitatem (convaincre de fausseté).
pater aderit : mihi paratae lites :
quid mea ?
Ton père reviendra ; j'aurai des
procès sur les bras ; qu'est-ce que ça me fait ?
1
pater aderit
mihi paratae lites
q.
qvid
m.
mea
mire συκοφαντεῖ 114 : quod maxime alter
metueret, hic pro ridicula re contempsit pater aderit et paratae lites. exquisite autem
subiectum est, cum supra dixerit « mihi paratae lites », « quid
mea ? » 2 pater et lites ut
Antiphoni formidanda ista sunt, ita ridicula parasito.
1
pater aderit
mihi paratae lites qvid mea façon paradoxale de faire le
sycophante (συκοφαντεῖ)766 : ce qu'un autre
craindrait très fortement, pater
aderit et paratae
lites, lui s'en moque et le considère comme quelque
chose de plaisant767.
C'est par ailleurs avec beaucoup de recherche qu'il ajoute
quid mea ? alors qu'il
vient de dire mihi paratae
lites. 2 pater et
lites
de même que ces éléments sont à craindre par Antiphon, ils sont
plaisants pour le parasite768.
illa quidem nostra erit.”
Da.-iocularem audaciam !
La fille, en tout cas, elle sera à
nous. » Da-Une drôle d'audace !
1
illa qvidem
nostra erit ἠθικῶς nostra, cum Antiphonis tantum esse
debeat. 2 iocvlarem avdaciam
εἰρωνεία κατὰ
ἀντίφρασιν, hoc est minime
iocularem. 3 An quae ex
ludo et ioco in periculum ueniat ? 4 iocvlarem avdaciam deest audio ex te aut dicis.
1
illa qvidem
nostra erit nostra
est en conformité avec le caractère du personnage (ἠθικῶς), puisque la jeune
fille doit être la propriété du seul Antiphon769.
2 iocvlarem avdaciam ironie
par antiphrase (εἰρωνεία
κατὰ ἀντίφρασιν), c'est-à-dire minime iocularem (très peu
plaisante). 3 Ou alors il s'agit de
l'impudence qui, née du jeu et de la plaisanterie, aboutit à un
danger ? 4 iocvlarem avdaciam il
manque audio ex te (je
t'entends dire) ou dicis
(tu dis).
Ge.-persuasum est1406 homini :
factum est : uentum est : uincimur :
Gé.-Mon homme se laisse persuader.
On le fait, on y va, nous sommes battus,
1
persvasvm est
homini hic iam de Antiphone queritur, cui persuasum sit. 2 factvm est adeo audax Phormio. 3 ventvm est ἐφεξήγησις : quomodo factum est ?
uentum est : uincimur :
duxit. 4 factvm est ventvm est
vincimvr dvxit ἀσύνδετον, ut supra «
imus, uenimus,
uidemus
87 ». 5 factvm est
v.
ventvm
e.
est
v.
vincimvr
d.
dvcit
amat hoc Terentius, ut «
it, lauit, rediit
88 », «
imus, uenimus, uidemus
89 » et «
funus interim procedit, sequimur, ad sepulcrum uenimus,
in ignem posita est, fletur
90 ». his uerbis non modo breuior narratio est, sed etiam
auditoris animum ad id, quod restat, intendit.
1
persvasvm est
homini ici il se plaint à présent d'Antiphon, qui s'est
laissé persuader (persuasum)770. 2 factvm est tellement Phormion est
impudent771. 3 ventvm est épexégèse (ἐφεξήγησις)772 : comment est-ce que
ça s'est fait ? uentum est :
uincimur : duxit. 4
factvm est
ventvm est vincimvr dvxit asyndète (ἀσύνδετον), comme plus
haut « imus, uenimus,
uidemus 773 ».
5 factvm est ventvm est
vincimvr dvxit Térence apprécie cela, comme dans
« it, lauit, rediit », « imus,
uenimus, uidemus » et « funus interim procedit,
sequimur, ad sepulcrum uenimus, in ignem posita est, fletur ». Par
ces mots, non seulement la narration est plus brève, mais l'esprit
de l'auditeur est davantage dirigé vers ce qui reste.
duxit. Da.-quid narras ? Ge.-hoc
quod audis. Da.-o Geta,
il a épousé. Da-Qu'est-ce que tu
racontes ? Gé.-Ce que tu entends. Da-O Géta,
1
qvid
narras admirantis uox est, non interrogantis. 2 hoc qvod avdis sic pronuntia, quasi
periturum contempleris Getam et iam eum sub certo interitu
defleat115 . 3
o geta qvid te
est fvtvrvm scilicet qui magister relictus sis
Antiphoni.
1
qvid
narras réplique admirative, et non pas interrogative.
2 hoc qvod avdis prononcez
comme si vous aviez sous les yeux Géta sur le point de périr et
que l'autre le pleure alors qu'il est à coup sûr à l'article de la
mort774. 3
o geta qvid te
est fvtvrvm comprendre "toi qui avais pourtant été laissé
pour servir de précepteur à Antiphon"775.
quid te est futurum1407 ?
Ge.-nescio hercle ; unum hoc scio,
que vas-tu devenir ? Gé.-Je n'en
sais, ma foi, rien ; la seule chose que je sache, c'est que,
1
nescio hercle
vnvm hoc scio qvod fors feret
fer.
feremvs
ae.
aeqvo
a.
animo
ἠθικῶς : desperatione rerum fortis est
seruus. 2 Et simul
uigilauit poeta, ne, si et hic eiularet, res tota migraret in
tragoediam.
1
nescio hercle
vnvm hoc scio qvod fors feret feremvs aeqvo animo en
conformité avec le caractère du personnage (ἠθικῶς) : un esclave est
courageux dans une situation désespérée776. 2 Et en même temps le poète est attentif à ce que
l'action ne se transforme pas totalement en tragédie, ce qui
serait le cas si lui aussi se lamentait ici777.
quod fors feret feremus aequo animo.
Da.-placet :
quoi que le sort nous serve, nous le
souffrirons sans faiblir. Da-Ça me plaît !
1
qvod fors
feret feremvs
a.
aeqvo
a.
animo
hae graues sententiae ex persona seruorum cum
dicuntur, ridiculae sunt et eo consilio interponuntur. 2 feremvs aeqvo animo hoc secundum seruos,
qui futura contemnunt. 3 Et mire meritum
culpae suae ad fortunam rettulit.
1
qvod fors
feret feremvs aeqvo animo ces maximes graves, puisqu'elles
sont proférées par un personnage qui est un esclave, suscitent le
rire et sont introduites dans ce but778. 2 feremvs aeqvo animo c'est conforme aux
esclaves qui méprisent l'avenir. 3 Et de façon étonnante779, il
renvoie la punition de sa faute à la fortune.
em istuc uiri est officium. Ge.-in
me omnis spes mihi est.
voilà ce que doit faire un homme.
Gé.-C'est en moi qu'est mon seul espoir.
1
em istvc viri
est officivm compendium consolationis est, quod hic
libenter accepit et ideo statim approbat. 2 in me omnis spes mihi est quomodo ? ut
strenue se defendat ? an ut fugiat ? an ut patiens sit
plagarum ?
1
em istvc viri
est officivm c'est une consolation en résumé, que l'autre
reçoit avec plaisir et approuve780. 2
in me omnis
spes mihi est comment ? pour se défendre vivement ? ou
bien pour fuir ? ou encore pour supporter les coups ?
Da.-laudo. Ge.-ad precatorem adeam
credo qui mihi
Da-Bravo. Gé.-C'est un intercesseur
qu'il faut que j'aille voir, je crois, pour que pour moi
1
ad precatorem
abeam bene poeta omnia tractat, quae in tali re
dicenda116 seruo essent, nisi aliud posceret
argumentum. 2 ad precatorem abeam sic in
Heautontimorumeno «
nec tutorem tibi nec precatorem pararis
91 ». 3 qvi mihi sic oret
mihi oret id est
pro me oret.
1
ad precatorem
abeam le poète traite bien tous les recours auxquels un
esclave pourrait accéder en pareil cas si l'intrigue ne demandait
pas autre chose781. 2 ad precatorem abeam ainsi dans
L'Héautontimorouménos : « nec tutorem782
tibi nec precatorem pararis » (ne te ménage ni un tuteur ni un
intercesseur). 3 qvi mihi sic
oret mihi oret
c'est-à-dire pro me oret
(il plaidera en ma faveur)783.
sic oret : “nunc amitte quaeso
hunc ; ceterum
il plaide ainsi : « Pour cette fois,
oublie-le, je t'en prie ; par ailleurs,
1
nvnc amitte
qvaeso hvnc mimesis 117
dicitur, ubi non uerba modo, uerum etiam gestum uocemque fingamus
alienam. 2 nvnc qvaeso amitte hvnc
quod nos dimitte. ut
«
amissos hinc iam obliuiscere Graios
92 » et Sallustius «
pactione amisso Publio legato
93 ».
1
nvnc amitte
qvaeso hvnc on parle de représentation (mimesis) lorsque l'on
figure non seulement les propos, mais aussi les gestes et le
ton784 de quelqu'un d'autre. 2 nvnc qvaeso amitte hvnc nous disons, nous,
dimitte 785. De même « amissos
hinc iam obliuiscere Graios » (oublie désormais les Grecs, ils
sont perdus pour toi786) et
Salluste : « pactione amisso Publio legato » (arrangement que,
lorsqu'on eut laissé tomber l'ambassadeur Publius...).
posthac si quicquam, nihil precor.”
tantummodo
si après cela ça recommence, je
n'intercède plus. » C'est tout juste,
1
posthac si
qvicqvam nihil precor facile impetrat, qui non omnia
extorquet. ergo
ars precatoria est mitigare praesentia, futura permittere.
2 Simul etiam, quia omnis causa in
hoc est, ne uideatur seruus ob impunitatem in delictis amplius
peccaturus. 3 posthac si qvicqvam ut
solet, eleganter per ἔλλειψιν. 4 Et simul non si
tantundem peccauerit, sed si uel minimum. tale est et illud
«
si sensero hodie quicquam in his te nuptiis fallaciae
conari
94 » et «
si quicquam inuenies me mentitum,
occidito
95 ». 5 nihil precor nihil pro non. sed plena negatio est nihil .
1
posthac si
qvicqvam nihil precor il obtient facilement tout ce qu'il
veut, celui qui ne cherche pas à l'obtenir par la
force787. Donc l'art de
demander est d'adoucir le présent et de rendre possible l'avenir.
2 En même temps aussi, parce que
toute l'affaire est dans le fait que l'esclave n'aille pas
commettre des fautes plus graves en raison de son impunité788. 3 posthac si qvicqvam comme à son habitude,
c'est dit avec élégance au moyen d'une ellipse (ἔλλειψις). 4 Et en même temps ce n'est pas si tantundem peccauerit (s'il commet
une telle faute), mais si uel minimum
peccauerit (s'il commet la moindre
faute)789. On trouve aussi
cet équivalent : « si sensero hodie quicquam in his te nuptiis
fallaciae conari », et « si quicquam inuenies me mentitum,
occidito ». 5 nihil precor nihil pour non 790.
Mais la négation complète est nihil.
non addit : “ubi ego hinc abiero,
uel occidito.”
s'il n'ajoute pas : « Quand je serai
parti d'ici, occis-le, si tu veux. ».
1
vbi ego hinc
abiero hic ostendit nullum precatorem ex animo postulare
ueniam seruo. 2 vel occidito
uel pro etiam. 3 occidito tu tantum caedere uolebas : ego dico etiam occidito.
1
vbi ego hinc
abiero ici il montre qu'aucun intercesseur ne peut
demander du fond du cœur le pardon pour l'esclave. 2 vel occidito uel pour etiam (même). 3 occidito toi tu voulais seulement "frapper"
(caedere)791, mais
moi je dis : "vas-y, occis" (etiam
occidito).
Da.-quid paedagogus ille qui
citharistriam,
Da-Et le baby-sitter, celui de la
joueuse de cithare,
1
qvid
paedagogvs ille qvi citharistriam moraliter quaerit uolens
audire de Phaedria, postquam de Antiphone cognouit, maxime quia
haec interrogatio responsionem elicit, qua spectator instruitur ad
cognoscenda cetera. 2 qvid paedagogvs ille
q.
qvi
c.
citharistriam
quia dixit «
sectari, in ludum ducere et reducere
96 » et quia «
puellulam
97 » dixit ab aetate, paedagogus
ille118
ait. 3 qvi
citharistriam Phaedria scilicet, quia neque abscedit a
custodia puellae neque illam ipse contingit. 4 qvi citharistriam ἔλλειψις : sectatur, amat uel quid tale subaudiendum
est.
1
qvid
paedagogvs ille qvi citharistriam il pose la question en
conformité avec son personnage792,
voulant avoir des nouvelles de Phédria après qu'il en a eu
d'Antiphon, surtout parce que cette interrogation amène à une
répose qui prépare le spectateur à connaître toute la suite.
2 qvid paedagogvs ille qvi
citharistriam parce qu'il a dit : « sectari, in ludum ducere et
reducere » et qu'il a dit « puellulam » à cause de son âge, il
dit paedagogus ille
793.
3 qvi citharistriam
c'est-à-dire Phédria, parce qu'il ne baisse pas sa garde auprès de
la jeune fille et qu'il ne la touche pas lui-même. 4 qvi citharistriam ellipse (ἔλλειψις) : il faut
sous-entendre sectatur (il
poursuit), amat (il aime)
ou quelque équivalent794.
quid rei gerit ? Ge.-sic, tenuiter.
Da.-non multum habet
comment vont ses affaires ?
Gé.-Couci couça, petitement. Da-Il n'a pas beaucoup
1
sic
tenviter sic119
dicendum est cum aliquo gestu. 2
non mvltvm
habet qvod det fortasse cum commiseratione amatoris
adulescentis pronuntiandum est non
multum habet, quod det, fortasse.
1
sic
tenviter il faut dire sic en faisant un geste795. 2 non mvltvm habet qvod det fortasse il faut
prononcer non multum habet, quod det,
fortasse avec la pitié que l'on éprouve pour un jeune
homme amoureux.
quod det fortasse ? Ge.-immo nihil
nisi spem meram.
à donner, peut-être. Gé.-A vrai dire
rien, sauf du pur espoir.
1
immo nihil
nisi spem meram bene spem, quia amat nemo cum non
sperarat120 . 2 meram
solam.
1
immo nihil
nisi spem meram spem (espoir) est bien dit, puisque
personne n'aime sans avoir au préalable espéré. 2 meram signifie solam (seule).
Da.-pater eius rediit an non ?
Ge.-nondum. Da.-quid ? senem
Da-Son père, il est revenu ou pas ?
Gé.-Pas encore. Da-Tiens ! le vieux,
1
pater eivs
rediit an non Chremes scilicet. 2 nondvm quia ueniet, iam non plena negatio
est. 3 qvid senem qvoad exspectatis
vestrvm animaduerte τὸ 121 quid secundum morem cotidianum tum
dici, cum fit transitus a mentione alterius rei ad alteram. sic et
supra «
quid paedagogus
ille ?
98 ».
1
pater eivs
rediit an non c'est-à-dire Chrémès. 2 nondvm parce qu'il viendra ; il ne s'agit
pas dès lors d'une négation totale796. 3 qvid senem qvoad
exspectatis vestrvm remarquez que le (τὸ) quid est employé selon l'usage de la
langue familière, lorsque l'on passe de la mention d'une chose à
la mention d'une autre. Ainsi plus haut également : « quid paedagogus ille ? ».
quoad exspectatis uestrum ? Ge.-non
certum scio,
pour quand l'attendez-vous, le
vôtre ? Gé.-Je ne sais rien de sûr ;
qvoad exspectatis
quoad quamdiu. et recte locutus est, quia
aduentus finis est exspectationis.
qvoad exspectatis
quoad signifie quamdiu (pendant combien de temps).
Et c'est dit à bon droit, parce que l'arrivée marque la fin de
l'attente (expectatio).
sed epistolam ab eo allatam esse
audiui modo
mais une lettre de lui est arrivée,
je l'ai appris tout à l'heure,
sed epistolam ab eo allatam esse
avdivi mire paratur inopinatus subito aduentus senis ; nam
ipse ueniet, cuius epistolam sperat.
sed epistolam ab eo allatam esse
avdivi l'arrivée inopinée du vieillard est préparée de
façon étonnante ; en effet il viendra en personne, celui dont il
espère une lettre.
et ad portitores esse delatam : hanc
petam.
et on l'a remise aux douaniers : je
vais la chercher.
1
ad portitores
esse delatam more ueterum magistri tributorum, id est
publicani, operas in portu dabant, inferendarum et efferendarum
rerum uectigal exigentes. 2 ad portitores
ad eos, qui in portu sunt.
3 122 ex quo
more hoc dixerit uide, Attico an Romano.
1
ad portitores
esse delatam à la façon des Anciens, les responsables des
tributs, c'est-à-dire les publicains, travaillaient sur le port,
réclamant une redevance pour les marchandises à l'import et à
l'export797. 2 ad portitores vers ceux qui sont dans le
port (portus)798. 3 Et remarquez d'après quelle coutume il dit
cela, athénienne ou romaine.
Da.-numquid, Geta, aliud me uis ?
Ge.-ut bene sit tibi.
Da-Tu me veux autre chose, Géta ?
Gé.-Juste que tu ailles bien.
1
nvm qvid geta
alivd me vis absque illo, quod argento tibi a me opus
fuit. 2 vt bene sit tibi ἀστεϊσμός pro nihil.
1
nvm qvid geta
alivd me vis hormis le fait que tu as eu besoin de me
réclamer de l'argent799. 2 vt bene sit
tibi trait d'esprit (ἀστεϊσμός)800 pour nihil (rien).
puer, heus. nemon huc1408 prodit ? cape, da
hoc Dorcio.
Holà ! garçon ! Personne ne sort ?
prends, donne ça à Dorcium.
1
pver hevs
nemon hvc prodit moralis expressio, nam eos uocat, quibus
initio dicebat egrediens «
si quis me quaeret rufus
99 ». 2 cape da hoc dorcio ad
κωφὸν πρόσωπον
loquitur. 3 dorcio Dorcium femininum nomen est, ut
Planesium, Glycerium.
1
pver hevs
nemon hvc prodit tour de phrase conforme au caractère du
personnage : il appelle en effet ceux à qui il disait en
sortant801 : « si quis me quaeret rufus ».
2 cape da hoc dorcio il
parle à un personnage muet (κωφὸν πρόσωπον). 3 dorcio Dorcium est un nom féminin, comme
Planesium et Glycerium 802.
scaena tertia
Antipho Phaedria
153 | 154 | 155 | 156 | 157 | 158 | 159 | 160 | 161 | 162 | 163 | 164 | 165 | 166 | 167 | 168 | 169 | 170 | 171 | 172 | 173 | 174 | 175 | 176 | 177 | 178
An.-Adeon rem redisse ut qui mihi
consultum optime uelit esse,
An.-Faut-il que les choses en soient
là, que l'homme qui me veut le plus de bien,
1
adeon rem
redisse vt qvi mihi consvltvm optime velit esse in hac
scaena color uitae est eorum, qui quicquid immodice concupierint,
spernunt postquam uenerit ; quod apertiore sententia ostendit
poeta dicendo «
nostri nosmet paenitet
100 ». 2 adeon rem redisse vt qvi
mihi comparatiua qualitas in hac scaena est inter
Antiphonis uitam et Phaedriae ; genus causae demonstratiuum.
contendunt autem, uter magis miser sit. 3 vt qvi mihi
c.
consvltvm
o.
optime
v.
velit
e.
esse
ph.
phaedria
mira sententia, qua ostendit adulescentulos
in peccatis neminem magis metuere quam eos, a quibus maxime
diliguntur. simulque inducitur rerum imminentium praestructio, in
qua sic audax loquitur123 Phaedria,
ut124 defensor futurus
sit.
1
adeon rem
redisse vt qvi mihi consvltvm optime velit esse dans cette
scène, le style de vie représenté803 est celui de ceux qui méprisent tout ce qu'ils
ont, parce qu'ils l'ont désiré au-delà de toute raison, une fois
qu'ils l'ont obtenu. Le poète montre cela assez explicitement dans
une sentence, lorsqu'il dit : «
nostri nosmet paenitet
». 2 adeon rem redisse vt
qvi mihi ce qui caractérise cette scène c'est la
comparaison804
entre la vie d'Antiphon et celle de Phédria ; quant au genre de la
cause, il est démonstratif805. Ils rivalisent d'autre part pour savoir qui
des deux est plus malheureux que l'autre. 3 vt qvi mihi consvltvm optime velit esse
phaedria phrase étonnante ; grâce à elle, le poète montre
que les jeunes gens, quand ils commettent une faute, craignent
plus que tout ceux dont ils sont le plus aimés. Et en même temps
il introduit la préparation des événements qui sont imminents, de
telle sorte que, dans cette préparation, celui qui parle avec
audace est Phédria, car il sera le défenseur.
Phaedria, patrem ut extimescam ubi
in mentem eius aduenti ueniat !
Phédria, mon père, soit pour moi un
objet de terreur, quand je songe à son retour !
1
patrem vt
extimescam ferienda pronuntiatio in eo quod ait patrem timidus Antipho, ut qui
fugiturus sit125 . hoc enim magis mirum est ideo patrem
timeri, quia
consultum optime uelit
101. 2 vbi in mentem eivs adventi
nota in mentem uenire
ueteres non recordationis causa tantum sed etiam recogitationis
considerationisque posuisse. 3
vbi in mentem
eivs adventi veniat sic ueteres genitiuo casu proferebant.
4 in mentem veniat Cicero
«
fac tibi paternae legis Aciliae ueniat in
mentem
102 ». 5 veniat adventi
multipliciter declinatur : et126
aduentus. sic et in Andria
«
nihil ornati, nihil tumulti
103 ». 6 veniat legitur et
uenit.
1
patrem vt
extimescam la prononciation du mot patrem par un Antiphon craintif et
qui va fuir806 doit être
percutante. De fait, ce qu'il y a de plus étonnant, c'est qu'il
craigne son père, parce que précisément "il lui veut plus de
bien". 2 vbi in mentem eivs adventi
venit remarquez que les Anciens mettaient in mentem uenire non pas seulement
pour le fait de se souvenir, mais aussi de repenser ou de
considérer807. 3 vbi in mentem eivs adventi venit les
Anciens utilisaient cette forme du génitif808.
4 in mentem veniat Cicéron :
« fac tibi paternae legis Aciliae ueniat in mentem » (tâche
qu'elle te revienne à la mémoire, la loi Acilia, la loi de ton
père). 5 veniat adventi
aduentus
se décline au génitif de plusieurs façons : on trouve à
la fois aduenti et
aduentus. Ainsi dans
L'Andrienne aussi : « nihil ornati, nihil
tumulti »809. 6 veniat on lit
aussi uenit.
quod ni fuissem incogitans, ita eum
exspectarem ut par fuit
Si je n'avais pas été si irréfléchi,
je l'attendrais avec les sentiments qu'il faut.
1
incogitans temerarius. Probus «
nomen incogitans » inquit « in usu est,
at non eodem modo cogitans
104 ». 2 ita exspectarem vt par
fvit nota exspectarem nunc opperirer, alias sperarem.
1
incogitans temerarius (téméraire). Probus dit :
« nomen incogitans in usu
est, at non eodem modo cogitans » (le nom incogitans est en usage, mais non
pas, analogiquement, le nom cogitans)810. 2 ita exspectarem vt par fvit remarquez
qu'exspectarem signifie
ici opperirer
(j'attendrais), mais ailleurs, sperarem (j'espérerais).
Pha.-quid istuc est ? An.-rogitas,
qui tam audacis facinoris mihi conscius sis ?
Phé.-De quoi s'agit-il ? An.-Tu le
demandes, toi qui, dans un forfait si hardi, es mon complice
?
1
qvid istvc
est haec interrogatio est stomachosa extenuare uolentis
metum fratris ; diuersa enim sentit ob diuersum amoris euentum.
2 qvi tam avdacis facinoris mihi
conscivs sis proprie ad terrorem, qui de facinore
loquitur, conscium dixit.
3 rogitas qvi tam avdacis
f.
facinoris
bene timens inducitur Antipho, ut sit causa
fugiendi ; ad hoc enim fugiet, ne ad amittendam coniugem cogatur a
patre ante errorem fabulae patefactum.
1
qvid istvc
est cette interrogation trahit l'irritation de quelqu'un
qui veut atténuer la crainte de son frère ; en effet, il est dans
un autre état d'esprit parce que ses affaires de cœur connaissent
une issue différente811. 2 qvi tam avdacis facinoris mihi conscivs sis
lui qui parle d'un forfait, il dit conscius au sens
propre812 pour susciter sa terreur.
3 rogitas qvi tam avdacis
facinoris le poète fait bien de mettre en scène un
Antiphon effrayé, pour qu'il ait une raison de fuir ; car il fuira
pour ne pas être forcé par son père d'abandonner son épouse, avant
que la méprise sur laquelle repose la pièce ne soit révélée.
quod utinam ne Phormioni id suadere
in mentem incidisset
Ah, si seulement Phormion ne s'était
pas mis en tête de me donner ce conseil
1
qvod vtinam ne
phormioni gratissime non Phormioni succenset sed
Phormionis inuento. 2 Et uide, ut et
ipse se culpae subtrahat. 3 Et familiare est
initia accusare rerum, quos alicuius negotii paenitet. 4 vtinam ne
ph.
phormioni
uetus elocutio utinam ne 127, ut
Ennius in Medea «
utinam ne in nemore Pelio unquam sectae cecidissent ad
terram trabes
105 ». 5 Et ne non accipiendum.
1
qvod vtinam ne
phormioni avec beaucoup de reconnaissance, il n'en veut
pas à Phormion mais à son stratagème. 2 Et voyez comme il se dérobe lui-même à la
responsabilité de cette faute. 3 Et
il est courant que ceux qui regrettent une affaire accusent les
débuts de celle-ci. 4 vtinam ne
phormioni utinam
ne est une expression ancienne, comme Ennius dans la
Médée : « utinam ne in nemore Pelio unquam sectae
cecidissent ad terram trabes » (si seulement, il n'y avait jamais
eu dans le bois du Pélion, de grosses branches coupées et tombées
à terre). 5 Et il faut comprendre
ne au sens de
non 813
neu me cupidum eo impulisset, quod
mihi principium est mali !
et ne m'avait pas poussé dans mon
désir, qui est l'origine de mon malheur !
1
nev me cvpidvm
eo impvlisset bene hoc addidit ad excusationem : potuit
enim dici non consentires. 2 eo impvlisset eo scilicet ad uxorem ducendam.
3 An eo in
tantum ? 4 qvod mihi principivm
est mali bene, quasi caput mali non in amore sed in
nuptiis sit.
1
nev me cvpidvm
eo impvlisset il fait bien d'ajouter cela à titre
d'excuse814 ; car on aurait
pu lui dire non
consentires (tu n'aurais pas été d'accord). 2 eo impvlisset eo signifie "à me marier",
évidemment. 3 Ou bien eo in
tantum (à un si haut degré) ? 4 qvod mihi principivm est mali bien dit,
comme si la source du mal n'était pas dans l'affaire amoureuse,
mais dans le mariage.
non potitus essem : fuisset tum
illos mihi aegre aliquot dies,
Je ne l'aurais pas possédée ; ça
m'aurait été douloureux ces quelques jours,
1
non potitvs
essem more hominum loquitur : credit enim ex consequenti
satietate, quod potuerit abstinere amoribus suis. 2 non potitvs essem ἀνθυποφορὰ ut «
uerum anceps pugnae fuerat fortuna. fuisset
106 ». hic enim utraque pars ponitur. non potitus
essem μονομερής non ut si illa
sed potiri uoluisti
posuisset128. 3
fvisset tvm
illos mihi aegre aliqvot dies interrogatiue quidam
pronuntiant totum, nempe fuisset
t.
tum
i.
illos
m.
mihi
ae.
aegre
a.
aliquot
d.
dies
?
1
non potitvs
essem il parle comme on le fait toujours : en effet il
croit, maintenant qu'il a obtenu ce qu'il voulait, qu'il aurait pu
se passer de cet amour. 2 non potitvs
essem est une réplique à une objection possible (ἀνθυποφορὰ), comme
« uerum anceps pugnae fuerat fortuna fuisset » (mais la fortune
d'un combat risquait d'être douteuse. Elle l'aurait été), Ici en
effet Virgile met les deux alternatives. Dans non potitus essem, elle est simple
(μονομερής) à la différence de ce qui se
passerait s'il avait mis ces mots : sed potiri uoluisti (mais tu as voulu
prendre possession). 3 fvisset tvm illos
mihi aegre aliqvot dies certains prononcent tout de façon
interrogative, "n'est-ce pas que "fuisset tum illos mihi aegre aliquot
dies ?
at non cotidiana cura haec angeret
animum. Pha.-audio.
mais ce souci quotidien
n'angoisserait pas mon cœur... Phé.-J'entends.
1
at non
cotidiana cvra haec angeret animvm amatorie loquitur
Antipho. errant129 qui putant eum paenitere sui desiderii — nam si hoc est,
nec maritus firmus uidebitur fore — ; sed hoc dicit : facilius
fuisse abstinere uirgine intacta quam ea cum qua iam consuerit, et
ideo subiungit « dum exspecto quam mox ueniat qui adimat hanc mihi
consuetudinem ». 2 avdio per
εἰρωνείαν
dicitur modo a contemnente130 dictum
Antiphonis. 3 avdio omnia deridet
Phaedria cupiens fructum amoris uel periculis adipisci. est ergo
audio εἰρωνεία pro non audio, hoc est : nihil dicis.
1
at non
cotidiana cvra haec angeret animvm Antiphon parle en
amoureux. Donc, les gens qui pensent qu'il se repent de son désir
se trompent – car, si c'est cela, il ne paraîtra pas être un mari
sans faille ; mais il dit ceci : il aurait été plus facile de
rester à l'écart de la jeune fille sans l'avoir connue, que de
rester à l'écart d'elle à présent qu'il l'a connue ; et c'est
pourquoi il ajoute « dum exspecto quam mox ueniat qui adimat hanc
mihi consuetudinem ». 2 avdio c'est
ici dit par ironie (εἰρωνεία) de la part de quelqu'un qui
méprise815 le
propos d'Antiphon. 3 avdio Phédria
tourne tout en dérision, parce qu'il désire obtenir le bénéfice de
son affaire amoureuse ou du danger dans lequel il s'est mis. Et
audio est donc de l'ironie
(εἰρωνεία) pour
non audio (je n'entends
pas), c'est-à-dire nihil
dicis (ce que tu dis ne vaut rien).
An.-dum exspecto quam mox ueniat qui
adimat hanc mihi consuetudinem.
An.-...en attendant l'arrivée
imminente de celui qui doit m'arracher cette vie commune.
1
dvm exspecto
qvam mox veniat non quando, sed quam cito, quia timet. 2 qvi adimat hanc mihi consvetvdinem mire non
amorem, tamquam amore
carere potuerit, consuetudine non possit. 3 Et nota proprietatem dicti, nam consuetudo specialiter de coitu
dicitur.
1
dvm exspecto
qvam mox veniat quam
mox signifie non pas quando (quand) mais quam cito (sous quel délai), parce
qu'il a peur816. 2 qvi adimat hanc mihi consvetvdinem de façon
étonnante il ne dit pas amorem (amour), comme s'il pouvait se
passer d'amour, mais pas de consuetudo. 3 Et remarquez la propriété de ce mot, car on parle
de consuetudo en
particulier pour les relations intimes.
Pha.-aliis quia defit quod
ament1409
aegre est ; tibi quia superest dolet :
Phé.-Les autres, c'est parce qu'il
leur manque celle qu'ils aiment que c'est douloureux , toi, c'est
parce que tu l'as trop que tu souffres.
1
aliis qvia
defit qvod ament magnificentius aliis quam si diceret mihi. 2 tibi qvia svperest dolet laborauit, ut
ostenderet plus esse dolet
quam aegre est ; et ideo
insanum ait Antiphonem, qui in ea fortuna positus quae
aduersae131 contraria est,
idem patiatur quod miser. et est figura ὑπόζευξις, nam ad utrumque aegre est sufficere potuit. scire
autem debemus132 enuntiatiue et
per interrogationem hoc ipsum posse pronuntiari. 3 tibi qvia svperest
d.
dolet
id est : "eo quod desideras abundas".
4 Ordo est : tibi dolet.
1
aliis qvia
defit qvod ament aliis a plus d'éclat817 que s'il disait mihi (à moi). 2 tibi qvia svperest dolet il s'efforce de
montrer que dolet est plus
fort que aegre est ; et
par là il dit qu'Antiphon est fou parce que, alors qu'il se trouve
dans une situation qui est tout l'opposé d'une situation
défavorable, il éprouve la même chose que quelqu'un de malheureux.
Et c'est la figure de la subordination (ὑπόζευξις)818 : en
effet, aegre est aurait pu
suffire pour l'un et l'autre points819. Par ailleurs, nous devons savoir que cela peut
être prononcé à la fois sur le mode déclaratif et sur le mode
interrogatif820. 3
tibi qvia
svperest dolet c'est-à-dire : "ce que tu désires, tu l'as
en abondance"821. 4 L'ordre est :
tibi dolet 822.
amore abundas, Antipho.
Tu es comblé d'amour, Antiphon.
1
amore abvndas
antipho hoc sic pronuntiandum, quemadmodum solet cum
stomacho dici uituperanti cibum « non esuris » aut « pleno uentre
es ». uult enim ostendere satietatis hoc esse, non
ratiocinationis, quod nunc queritur Antipho. 2 amore abvndas antipho abundare dicitur, qui successu
prospero affluit. Lucilius libro tertio «
ille alter abundans cum septem incolumis pinnis
r.
redit
a.
ac
r.
recipit
s.
se
107 ». 3 amore abvndas antipho hoc
cum pronuntiatione infert.
1
amore abvndas
antipho il faut prononcer cela comme on a l'habitude de
dire avec irritation à quelqu'un qui réclame de la nourriture, "tu
n'as pas faim", ou bien "ton estomac est plein" ; car il veut
montrer que ce qui fait qu'Antiphon se plaint à présent, c'est la
satiété et non la raison. 2 amore abvndas
antipho on dit abundare pour quelqu'un qui dispose
de beaucoup de moyens grâce à une affaire couronnée de succès et
prospère. Lucilius au livre III : « ille alter abundans cum septem
incolumis pinnis redit ac recipit se » (et l'autre, plein aux as,
revient et se ramène sain et sauf avec sept bateaux). 3 amore abvndas antipho il prononce cela en
insistant.
nam tua quidem hercle certe uita
haec expetenda optandaque est.
Ta vie est du moins, ma foi,
vraiment souhaitable et digne d'envie.
1
nam tva qvidem
hercle certe vita haec bene certe, quia supra omnia cum εἰρωνείᾳ dixit.
2 vita haec expetenda
uita dixit, ut ostenderet,
etiamsi non felicitas sed
uita dicatur
optanda133 esse. 3 uita autem et mores significat et animum et alimentum et spatium uiuendi et fortunam
accidentem uiuentibus134, ut modo. 4
expetenda
optandaqve proprie dixit expetenda optandaque : omnia enim
quae habemus135 , aut
industria aut uoto proueniunt, hoc est : aut in nobis sunt aut in
fortuna posita.
1
nam tva qvidem
hercle certe vita haec certe est bien dit823, car plus haut il dit tout avec
ironie (εἰρωνεία). 2 vita haec expetenda il dit uita pour montrer que, même s'il ne
dit pas felicitas
(bonheur) mais uita, c'est
elle qu'il faut choisir. 3 Par
ailleurs, uita signifie à
la fois mores (les
habitudes), animus (le
cœur)824, alimentum
(la nourriture), spatium
uiuendi (la durée de la vie), et le destin qui échoit
à ceux qui sont en vie, comme ici825. 4 expetenda
optandaqve il dit expetenda
optandaque au sens propre ; en effet, tout ce que nous
avons, nous vient par notre adresse ou par la prière, c'est-à-dire
que, ou bien c'est en notre pouvoir, ou bien cela relève de la
fortune.
ita me di bene ament ut mihi liceat
tam diu quod amo frui,
Fasse le Ciel qu'il me soit donné
de jouir aussi longtemps de celle que j'aime,
1
ita me di bene
ament vt mihi liceat necessario iurat, quia quod dicturus
est solis amatoribus uidetur esse credibile. 2 ita me di bene ament vt mihi liceat tam div qvod
amo frvi opportunus locus, in quo ostenditur, quam magno
amore sit possessus Phaedria, cui par impenditur argumentum.
3 tam div qvod amo frvi
quam diu uxore fruitur
Antipho. 4 An tamdiu δεικτικόν, quasi dicat136 : tantum diu et tantisper, hoc est : uel tantillo
tempore ? 5 qvod amo frvi deest
eo, ut sit : eo quod amo frui.
1
ita me di bene
ament vt mihi liceat il jure forcément, puisque ce qu'il
s'apprête à dire paraît n'être crédible que pour les
amoureux826. 2 ita me di bene ament
vt mihi liceat tam div qvod amo frvi passage opportun,
dans lequel il montre la grandeur de l'amour qui a pris possession
de Phédria, et dont la mesure est aussi celle de l'argument827. 3 tam div qvod amo frvi aussi longtemps
(quam diu)828
qu'Antiphon jouit de la présence de sa femme. 4 Ou bien tamdiu est-il un démonstratif
(δεικτικόν),
comme s'il disait tantum
diu (tellement longtemps) et tantisper (pendant tout ce temps),
c'est-à-dire "pendant un temps tellement minuscule"829 ? 5 qvod amo frvi il manque eo, pour qu'on ait : eo quod amo frui (je jouis de ce que
j'aime)830.
iam depacisci morte cupio : tu
conicito cetera,
et je consens à payer ce bonheur de
ma mort. Juge par là du reste,
1
iam depacisci
morte pactione
transigere. 2 tv conicito
cetera aut cetera
abundat aut deest per, ut
sit : per cetera.
1
iam depacisci
morte pactione
transigere (mourir de l'engagement pris). 2 tv conicito cetera cetera est en trop831,
ou bien il manque per
(par), pour qu'on ait : per
cetera (par le reste).
quid ego ex hac inopia nunc capiam
et quid tu ex ista copia,
de ce, moi, que je retire de mon
indigence, et , toi, de ton abondance,
1
qvid ego ex
hac inopia nvnc capiam infortunium scilicet. 2 et qvid tv ex ista copia fructum ac felicitatem.
1
qvid ego ex
hac inopia nvnc capiam l'infortune, évidemment. 2 et qvid tv ex ista copia du profit et du
bonheur.
ut ne addam quod sine sumptu
ingenuam, liberalem nactus es,
pour ne rien dire du fait que, sans
bourse délier, c'est un fille libre et bien élevée que tu as
trouvée ;
1
vt ne
addam παράλειψις 137 figura, in qua uelut ex abundanti enumerantur
adiecta. 2 ingenvam liberalem hoc
natalium, illud morum est. 3
vt ne
addam σχῆμα τῆς
παραλείψεως. 4 vt ne quod
Graeci
ἵνα μή
. 5 sine svmptv ingenvam
liberalem contra ea quae patitur ista posuit omnia : huius
in amore copiam138, suam inopiam ; huius desiderium nullo constitisse sumptu,
sibi a lenone emendam puellam ; huius ingenuam, suam seruam ;
huius liberalem, suam citharistriam ; hunc nactum esse, se sectari
tantum ; huius uxorem, amicam suam ; huius amorem maritalem esse,
suum uelut prodigi, uelut scortatoris.
1
vt ne
addam figure de paralipse (παράλειψις), dans laquelle on énumère des
éléments redondants832. 2 ingenvam
liberalem le dernier mot relève de la naissance, le
premier, du caractère833. 3 vt ne addam
figure de la paralipse (σχῆμα τῆς παραλείψεως). 4 vt ne ce qui, en Grec, se dit
ἵνα μή
(afin que ne pas). 5 sine svmptv ingenvam liberalem à tout ce
que souffre Phédria, il oppose tout cela : l'autre a accès à
l'amour, lui-même ne l'a pas ; l'autre n'a pas dû dépenser pour
combler son désir, lui a dû acheter sa jeune fille à un
entremetteur ; la fiancée de l'autre est de naissance libre, la
sienne est une esclave ; la fiancée de l'autre est de bonne
condition, la sienne est une joueuse de cithare ; l'autre a
obtenu, lui-même recherche encore834 ; pour l'autre, c'est sa femme, pour lui-même,
c'est une amie ; son amour est conjugal, le sien est comme celui
d'un homme prodigue et qui court la gueuse.
quod habes, ita ut uoluisti, uxorem
sine mala fama palam :
que tu as, comme tu le voulais, une
épouse de bonne réputation, aux yeux de tous,
1
qvod habes ita
vt volvisti uoluisti subdistinguendum est et sic
legendum uxorem ἐμφατικώτερον. 2 vt volvisti vxorem bona praeparatio uxoris
futurae. 3 sine mala fama palam multi
superius139 iungunt
palam.
1
qvod habes ita
vt volvisti il faut mettre une virgule après uoluisti, et lire ainsi uxorem de façon plus emphatique
(ἐμφατικώτερον)835.
2 vt volvisti vxorem bonne
préparation pour l'épouse future836. 3 sine mala fama
palam beaucoup relient palam à ce qui précède837.
beatus, ni unum desit, animus qui
modeste istaec ferat.
heureux, s'il ne te manquait une
chose, un esprit capable de supporter avec mesure tes ennuis.
1
ni vnvm hoc
desit animvs qvi modeste istaec ferat modeste moderate. Sallustius libro secundo
«
modestus ad alia omnia nisi ad dominationem
108 ». 2 modeste cum modo.
1
ni vnvm hoc
desit animvs qvi modeste istaec ferat modeste signifie moderate (avec modération). Salluste
au livre II : « modestus ad alia omnia nisi ad dominationem »
(modéré pour toute chose si ce n'est pour la souveraineté).
2 modeste cum modo (avec mesure).
quod si tibi res sit cum eo lenone
quo mihi est tum sentias.
Ah ! si tu avais affaire au
maquereau auquel j'ai affaire, alors, tu le sentirais passer !
1
qvod si tibi
res sit cvm eo lenone et modo non conexiua, sed inceptiua
coniunctio est. Sallustius libro secundo «
et Poeni fere aduersus
a.
a?
n.
n?
e.
e?
m.
m?
109 ». 2 sentias sic alibi «
sit rogas ? sensi
110 ».
1
qvod si tibi
res sit cvm eo lenone et ici n'est pas une conjonction de
liaison, mais initiale838. Salluste au livre II : « et Poeni fere aduersus a.
n. e. m. »839. 2 sentias ainsi ailleurs : « sit rogas ?
sensi » (si elle y est ? tu le demandes ? je m'en suis
aperçu).
ita plerique ingenio sumus omnes :
nostri nosmet paenitet.
Voilà bien notre caractère pour la
plupart d'entre nous tous : nous ne sommes jamais contents de ce
que nous avons.
1
ita pleriqve
ingenio svmvs omnes nostri nosmet paenitet παρέλκον tertium. in
Andria «
quod plerique faciunt omnes adulescentuli
111 ». 2 Et est ἀρχαϊσμός ut «
accede ad ignem hunc : iam calesces plus satis
112 ». 3 nostri nosmet paenitet
paenitet eum, qui parum
putat. ergo
ipsi nos inquit nostra contemnimus . sic et in
Heautontimorumeno «
at enim, dices, me quantum hic operis fiat
paenitet
113 ».
1
ita pleriqve
ingenio svmvs omnes nostri nosmet paenitet pléonasme
(παρέλκον) de la
troisième catégorie840. Dans L'Andrienne : « quod plerique
faciunt omnes adulescentuli ». 2 Et
c'est un archaïsme (ἀρχαϊσμός), comme « accede ad ignem
hunc : iam calesces plus satis »841. 3
nostri nosmet
paenitet on dit paenitet pour quelqu'un qui fait peu
de cas de quelque chose. Il dit donc ipsi nos nostra contemnimus (nous,
nous méprisons nous-mêmes ce qui nous concerne). Ainsi dans
L'Héautontimorouménos aussi : « at enim, dices, me
quantum hic operis fiat paenitet » (c'est que, diras-tu, cela me
fait mal de voir le peu d'ouvrage qui se fait ici).
An.-at tu mihi contra nunc uidere
fortunatus, Phaedria,
An.-mais, pour moi, au contraire,
c'est toi que, en ce moment, je trouve heureux, Phédria,
cui de integro est potestas etiam
consulendi quid uelis :
toi qui es encore complètement
libre de décider ce que tu voudras,
1
cvi de integro
est potestas deinceps. 2 An de
integro id est integris
rebus ?
1
cvi de integro
est potestas de
integro signifie deinceps (ensuite). 2 Ou bien de
integro, c'est-à-dire integris rebus (alors que tout va
bien) ?
retinere amare amittere ; ego in
eum incidi infelix locum
garder, aimer, quitter, tandis que
moi, je suis tombé, infortuné, dans une situation
retinere amare amittere
coniuncte legendum est quid uelis
retinere, ut duo sint amare amittere, quia et infra duo
reddit «
ut neque mihi sit amittendi neque retinendi
copia
114 ».
retinere amare amittere il
faut lire ensemble842 quid uelis retinere, pour qu'il y ait
les deux éléments amare
amittere, parce que les deux reviennent plus bas
également : « ut neque mihi sit amittendi neque retinendi
copia ».
ut neque mihi sit amittendi nec
retinendi copia.
telle que je n'ai plus la faculté
ni de quitter ni de garder.
amittendi propter amorem,
retinendi propter patrem.
amittendi à cause de son
amour, retinendi à cause de son père.
sed quid hoc est ? uideon ego Getam
currentem huc aduenire ?
Mais qu'est-ce que c'est ? N'est-ce
pas Géta que je vois accourir ici ?
is est ipsus. ei, timeo miser quam
hic mihi nunc nuntiet rem.
C'est bien lui. Hélas ! j'ai peur,
pauvre de moi, de la chose qu'il va m'annoncer.
1
ei
ei interiectio
ingemiscentis, ut «
ei mihi, quantum praesidium Ausonia et quantum tu
perdis, Iule !
115 » 2 ei timeo miser qvam recte
iam timet, quia in metu
semper est «
praesaga mali mens
116 ».
1
ei
ei, interjection de
quelqu'un qui se lamente, comme dans « ei mihi, quantum praesidium
Ausonia et quantum tu perdis, Iule ! » (hélas ! Ausonie, quel
appui tu perds, quelle perte pour toi, Iule !). 2 ei timeo miser qvam c'est à bon droit que
désormais il a peur (timet), car il y a toujours dans la
crainte de la « praesaga mali mens » (pressentiment du
malheur)843.
scaena quarta
Antipho Phaedria Geta
179 | 180 | 181 | 182 | 183 | 184 | 185 | 186 | 187 | 188 | 189 | 190 | 191 | 192 | 193 | 194 | 195 | 196 | 197 | 198 | 199 | 200 | 201 | 202 | 203 | 204 | 205 | 206 | 207 | 208 | 209 | 210 | 211 | 212 | 213 | 214 | 215 | 216 | 217 | 218 | 219 | 220 | 221 | 222 | 223 | 224 | 225 | 226 | 227 | 228 | 229 | 230
Ge.-Nullus es, Geta, nisi iam tibi
aliquod1410 consilium celere reperis,
Gé.-Tu es anéanti, Géta, sauf si tu
te trouves une idée rapide,
1
nvllvs es geta
nisi iam tibi aliqvod consilivm in hac scaena serui
currentis officium est tendens ad perturbationem Antiphonis, quem
oportet abesse conspectui patris usque ad cognitionem rerum et
καταστροφήν
fabulae. 2 consilivm celere hoc
celere neutraliter
dicitur.
1
nvllvs es geta
nisi iam tibi aliqvod consilivm dans cette scène, la
fonction de l'esclave qui court844 est de viser à bouleverser Antiphon, qui doit
être loin des yeux de son père jusqu'à ce que les faits soient
reconnus et que le dénouement (καταστροφή) de la pièce ait eu lieu.
2 consilivm celere on dit
celere au
neutre845.
ita nunc inparatum subito tanta te
impendent mala ;
ça te prend tellement de court d'un
coup, ces grands maux qui te menacent !
1
svbito tanta
te impendent mala accusatiuo casu impendent, ut Lucretius «
mare quae impendent uesco sale saxa
peresa140
117 ». 2 Pro in te pendent mala.
1
svbito tanta
te impendent mala impendent se construit avec
l'accusatif, comme chez Lucrèce : « mare quae impendent uesco sale
saxa peresa » (les roches qui baignent dans la mer, et que ronge
le flot salé)846. 2 Pour in te pendent
mala (des malheurs te menacent).
quae neque uti deuitem scio neque
quo modo me inde extraham,1411
Comment les éviter, je ne sais pas,
ni comment m'en tirer.
1
qvae neqve vti devitem scio
cum supra « nullus es, Geta » dixerit, hic transitum
fecit ad primam personam. 2 qvae neqve vti
devitem ruina aut uitanda est aut extrahenda ex ea sunt
corpora, quae oppresserit. 3
devitem antequam141 irruant, inde extraham cum
irruerint.
1
qvae neqve vti
devitem scio bien qu'il ait dit plus haut « nullus es,
Geta », il passe ici à la première personne. 2 qvae neqve vti devitem le désastre doit
être évité ou bien on doit en tirer ceux qu'il accable. 3 devitem avant qu'ils ne se précipitent
dedans, inde
extraham quand ils se seront précipités dedans.
nam non potest celari nostra
diutius iam audacia.
Car il est mpossible de cacher plus
longtemps notre audace.
1
nam non potest
celari nostra divtivs avdacia bene nostra, quia et ipse partem maximam
culpae eius tenet142 ut magister. 2 celari Nigidius
celari
118 quaerit utrum plenum sit an pressum.
1
nam non potest
celari nostra divtivs avdacia nostra est bien dit, parce que lui
aussi porte sur lui la plus grande partie de la faute, en tant que
professeur847. 2 celari Nigidius se demande
si celari est la forme
complète ou condensée848.
An.-quidnam ille1412 commotus
uenit ?
An.-Pourquoi donc accourt-il tout
bouleversé ?
1
qvidnam ille
commotvs venit hic ostendit poeta idcirco confusum induci
Getam, ut de eius metu Antipho terreatur. 2 commotvs venit modo commotus perturbatus atque conterritus.
1
qvidnam ille
commotvs venit ici le poète montre que Géta est
présenté849 en proie à la
confusion, précisément afin qu'Antiphon soit effrayé à cause de sa
peur. 2 commotvs venit commotus signifie ici perturbatus (troublé) et conterritus (effrayé).
Ge.-tum temporis mihi punctum ad
hanc rem est : erus adest. An.-quid illud1413
mali est ?
Gé.-Et puis je n'ai qu'un rien de
temps pour mon affaire : le patron est là. An.-De quel malheur
s'agit-il ?
1
tvm temporis
mihi pvnctvm punctum pro momento, ut Lucilius in
ΧIIΙI143 «
puncto uno horae144 qui quoque inuasit
119 »145. 2 pvnctvm angustissimum spatium. 3 ad hanc rem ad deliberandum quod ago.
4 ervs adest uultu tristi ac
superciliis arduis hoc dicendum est. 5 qvid illvd mali est mire πρὸς τὸ 146 « erus
adest » quid illud mali
est posuit ex persona Antiphonis, cui pro calamitate
est patris aduentus.
1
tvm temporis
mihi pvnctvm punctum pour momentum (moment), comme Lucilius au
livre ΧIV « puncto uno horae qui quoque inuasit » (lui qui a
attaqué à chaque instant). 2
pvnctvm très petit laps de temps.
3 ad hanc rem pour réfléchir
à ce que je vais faire. 4 ervs adest il
faut dire cela avec un visage sombre et en fronçant les sourcils.
5 qvid illvd mali est il est
étonnant qu'en réponse au (πρὸς τὸ) « erus adest » il ait mis quid illud mali est dans la bouche
d'Antiphon, pour qui l'arrivée de son père est un désastre850.
Ge.-quod cum audierit, quod eius
remedium inueniam iracundiae ?
Gé.-Quand il saura la chose, quel
remède trouverai-je à sa colère ?
1
qvod cvm
avdierit scilicet quod uxorem duxit Antipho. 2 qvod eivs remedivm plus est quam si diceret
nullum. 3 qvod cvm avdierit qvod eivs remedivm
i.
inveniam
ir.
iracvndiae
bene non addit quod : secum enim loquitur.
4 qvod eivs re.
i.
inveniam
ir.
iracvndiae
proprie remedium, quasi iracundia sit
morbus.
1
qvod cvm
avdierit le fait qu'Antiphon s'est marié, évidemment.
2 qvod eivs remedivm c'est
plus fort851 que s'il disait nullum (aucun). 3 qvod cvm avdierit qvod eivs remedivm inveniam
iracvndiae il fait bien de ne pas préciser lequel, car il
monologue. 4 qvod eivs remedivm inveniam
iracvndiae remedium au sens propre, comme si la
colère était une maladie.
loquarne ? incendam ; taceam ?
instigem ; purgem me ? laterem lauem.
Parler ? Je l'enflammerais. Me
taire ? Je l'énerverais. Me justifier ? Je laverais une
brique.
1
loqvarne
incendam quia iracundia ignis est. 2 taceam instigem instigari proprie fera dicitur.
3 pvrgem me laterem lavem
παροιμία :
πλίνθον
πλύνεις 147. 4
loqvarne
incendam taceam, instigem σχῆμα διαπόρησις.
5 loqvarne incendam duo sunt
quae fieri in peccando148 solent : aut
loqui aut tacere. sed quid
sibi uult purgem me, cum
idem sit loquarne ? an
quia potest purgatio et
per defensorem aut patronum induci ? 6 Hoc quidam putant, sed melius est haec et
perturbatae et seruilis imperitaeque personae uerba sine arte esse
etsi uim significatus habent149 .
1
loqvarne
incendam parce que la colère est un feu852. 2 taceam instigem on dit instigari au sens propre pour une
bête sauvage. 3 pvrgem me laterem
lavem proverbe (παροιμία) : « πλίνθον πλύνεις » (tu laves une
brique)853. 4 loqvarne incendam
taceam instigem figure (σχῆμα) de l'embarras (διαπόρησις)854. 5 loqvarne incendam il y a deux choses que
l'on fait d'habitude quand on est en faute : parler (loqui) ou bien se taire. Mais que
vient faire là purgem me,
puisque c'est la même chose que loquarne ? Est-il là parce que la
purgatio(justification)
peut être faite par un défenseur ou un patron ? 6 Certains le pensent, mais il est meilleur de
penser que ce sont des propos sans art tenus par une personne en
proie à la confusion, par un esclave sans expérience, même si ces
mots ont du sens855.
heu me miserum ! cum mihi paueo,
tum Antipho me excruciat animi :
Ah ! pauvre de moi ! D'un côté,
j'ai peur pour moi ; de l'autre, Antiphon me met le cœur à la
torture.
1
cvm mihi
paveo cum
praeterquam quod
significat modo. 2 tvm antipho me
excrvciat animi τῷ
ἀττικισμῷ 150 pro eo quod
est propter Antiphonem me excrucio
animo. sic et in Hecyra «
fecit animi ut incertus foret
120 ». genetiuo enim casu ueteres figurabant hanc
locutionem.
1
cvm mihi
paveo cum signifie
ici praeterquam quod
(outre que). 2 tvm antipho me excrvciat
animi par atticisme (τῷ ἀττικισμῷ) pour propter Antiphonem me excrucio animo
856 (je me tourmente à cause
d'Antiphon). Ainsi dans L'Hécyre aussi : « fecit
animi ut incertus foret ». Car les Anciens construisaient cette
expression avec le génitif.
eius me miseret, ei nunc timeo, is
nunc me retinet : nam absque eo esset,
C'est lui qui me fait pitié ; c'est
pour lui que je crains à présent, c'est lui qui me retient
présent ; car si ce n'était pas de lui qu'il s'agit,
1
eivs me
miseret ei nvnc timeo miseret praeteritorum, timeo de futuris. 2 eivs me miseret ei nvnc timeo is nvnc me retinet
nam absqve eo esset figura πολύπτωτον : eius ei151 . 3
is nvnc me
retinet is152 retinet, quomodo excruciat. 4 nam absqve eo esset recte si ad eum res non pertineret, id est
si meum tantummodo peccatum esset hoc ipsum.
1
eivs me
miseret ei nvnc timeo miseret s'emploie pour des choses
passées, timeo pour des
choses futures. 2 eivs me miseret ei
nvnc timeo is nvnc me retinet nam absqve eo esset figure
du polyptote (πολύπτωτον) : eius ei. 3 is nvnc me retinet retinet est comme excruciat 857. 4
nam absqve eo
esset recte signifie si ad eum
res non pertineret (s'il ne s'agissait pas de lui),
c'est-à-dire si cela n'était que ma faute.
recte ego mihi uidissem et senis
essem ultus iracundiam :
j'aurais vite fait de voir ce qui
me concerne et puni la mauvaise humeur du vieux ;
1
recte ego mihi
vidissem et senis essem vltvs iracvndiam facete seruus
occasionem melioris condicionis esse existimat fugae causam ;
tamquam sibi peccanti153 et libertatis genus praestare
posset et praedam. 2 recte ego mihi
vidissem et154 dicimus uide
tibi et uidete
uobis. 3 Et recte uidissem pro155 prouidissem. 4 et senis essem vltvs iracvndiam senis maluit dicere quam domini, ut in ipso nomine et
hortamentum impune fugiendi appareat. 5 Et simul quia non iram sed iracundiam dicturus erat ; nam
ira de
causa156 , iracundia de moribus. 6 et senis essem vltvs
iracvn.
iracvndiam
non dixit euasissem sed ultus essem ; faciunt enim serui
fugiendo, ut dominos paeniteat iratos fuisse. 7 vltvs essem sic Vergilius «
ulta uirum
121 ».
1
recte ego mihi
vidissem et senis essem vltvs iracvndiam de façon
plaisante, l'esclave considère que l'occasion d'obtenir une
meilleure condition constitue une raison de fuir858 ; comme
s'il pouvait s'offrir dans sa faute un genre de liberté et une
récompense. 2 recte ego mihi vidissem et
nous disons uide tibi
(vois en ce qui te concerne) et uidete
uobis (voyez en ce qui vous concerne)859. 3 Et recte uidissem est mis pour
prouidissem (j'aurais
prévu). 4 et senis essem vltvs
iracvndiam il préfère dire senis plutôt que domini (maître), pour que cela
paraisse dit en son nom propre, et que cela semble une exhortation
à s'enfuir impunément860. 5 Et, en même temps, il dit senis parce qu'il va dire, non pas
iram (colère), mais
iracundiam ; en effet
l'ira est suscitée par une
raison, l'iracundia est
due au caractère861. 6 et senis essem vltvs iracvndiam il ne dit
pas euasissem (je me
serais échappé) mais ultus
essem ; car c'est par la fuite que les esclaves font
regretter à leur maître de s'être montrés colériques862. 7
vltvs
essem ainsi Virgile : « ulta uirum » (j'ai vengé mon
époux).
aliquid conuasassem atque hinc me
conicerem protinus1414 in pedes.
je me serais fait la malle et je me
serais immédiatement tiré de là sur mes pieds.
1
aliqvid
convasassem157 figuratum est a
colligendis158 uasis. 2 hinc me conicerem
πρὸς τὸ
159
«
recte ego mihi uidissem
122 ». 3 protinvs in pedes
protinam
123 fuit, et sic Nigidius legit.
1
aliqvid
convasassem image tirée des bagages qu'on rassemble.
2 hinc me conicerem renvoie
à (πρὸς τὸ)
« recte ego mihi
uidissem ». 3 protinvs in
pedes il y a eu protinam, et Nigidius lit ainsi863.
An.-quam hic fugam aut furtum
parat ?
An.-Celui-là, quelle fuite ou quel
larcin prépare-t-il ?
1
qvam hic
fvgam
πρὸς τὸ
160 «
conicerem in pedes
124 ». 2 avt fvrtvm parat πρὸς τὸ 161 «
aliquid conuasassem
125 ». 3 qvam hic fvgam avt fvrtvm
parat secunda ἀπόδοσις : prius enim furtum quam fugam occurrere debuit.
1
qvam hic
fvgam renvoie à (πρὸς τὸ) « conicerem in pedes »864.
2 avt fvrtvm parat renvoie à
(πρὸς τὸ)
« aliquid conuasassem ».
3 qvam hic fvgam avt fvrtvm
parat apodose (ἀπόδοσις) de la deuxième catégorie, car
le furtum aurait dû avoir
lieu avant la fuga 865.
Ge.-sed ubi Antiphonem reperiam,
aut qua quaerere insistam uia ?
Gé.-Mais où trouverais-je
Antiphon ? dans quelle rue irais-je le chercher ?
1
sed vbi
antiphonem reperiam sed pro ergo, ut sit : ergo ubi Antiphonem reperiam ?
2 An hic pro fine superioris
sententiae est, ut Sallustius «
sed Metellus in ulteriorem prouinciam
126 » ? 3 reperiam si alicubi
cesset ; avt
qva qvaerere insistam via si alicubi ambulet. omnis enim,
qui quaeritur, aut cessat aut ambulat.
1
sed vbi
antiphonem reperiam sed pour ergo (donc), de sorte qu'on ait :
ergo ubi Antiphonem
reperiam (donc où pourrais-je bien trouver
Antiphon)866 ? 2 Ou
bien sed est-il ici mis en
guise de conclusion à la phrase précédente, comme Salluste : « sed
Metellus in ulteriorem prouinciam » (mais Métellus, dans une
province plus lointaine...) ? 3
reperiam s'il se tient quelque part ;
avt qva
qvaerere insistam via s'il se promène quelque part. Car
toute personne que l'on recherche soit se tient quelque part, soit
se promène867.
Pha.-te nominat. An.-nescio quod
magnum hoc nuntio exspecto malum. Pha.-ah
Phé.-Il dit ton nom. An.-Je ne sais
quel grand malheur attendre de ce messager. Phé.-Oh !
1
te
nominat ad hoc dudum auditur Geta et ipse non uidet
adulescentes, ut plus illis terroris incutiat, dum secum loquitur.
2 nescio qvod magnvm hoc nvntio
exp.
exspecto
m.
malvm
diserte locutus est nescio quod magnum hoc nuntio exspecto
malum pro eo quod est nescio quod magnum malum hunc mihi nuntiaturum
arbitror.
1
te
nominat les jeunes gens entendent Géta, mais celui-ci ne
les voit pas : le but est précisément qu'il leur inspire plus de
terreur au fur et à mesure de son monologue. 2 nescio qvod magnvm hoc nvntio exspecto
malvm il dit avec éloquence nescio quod magnum hoc nuntio exspecto
malum au lieu de nescio
quod magnum malum hunc mihi nuntiaturum arbitror (je
pense que cet homme va m'annoncer je ne sais quel grand
malheur)868.
sanun es ? Ge.-domum ire pergam :
ibi plurimum est.
es-tu sain d'esprit ? Gé.-Je m'en
vais rentrer à la maison : c'est là qu'il est le plus souvent.
1
domvm ire
pergam hoc nos ἐλλειπτικῶς domum pergam. 2 ibi plvrimvm est ostendit ab initio se
domum pergere et sic162 uidetur
deliberasse quare. 3 ibi plvrimvm
est scilicet propter amorem uxoris suae. 4 sanvn es τὸ πλῆρες sanusne es. 5 revocemvs hominem comice et moraliter
addidit hominem.
6 sta illico ille reuocemus dixit, hic non progredi
iussit.
1
domvm ire
pergam nous, nous disons de façon elliptique (ἐλλειπτικῶς), domum pergam (je vais
rentrer)869. 2 ibi plvrimvm
est il montre au début qu'il va rentrer chez lui, et il
semble ainsi avoir réfléchi pourquoi. 3 ibi plvrimvm est à cause de l'amour qu'il
éprouve pour sa femme, évidemment. 4 sanvn es la forme complète (τὸ πλῆρες) est sanusne es (as-tu toute ta raison ?).
5 revocemvs hominem il
ajoute hominem
conformément au genre comique et au caractère du
personnage870. 6 sta illico l'un dit
reuocemus, l'autre lui
ordonne de rester sur place.
Pha.-reuocemus hominem. An.-sta
illico. Ge.-hem
Phé.-Rappelons le bonhomme.
An.-Arrête tout de suite. Gé.-Hein !
satis pro imperio, quisquis es.
An.-Geta. Ge.-ipse est quem uolui obuiam.
ça sent bien son ordre, qui que tu
sois. An.-Géta ! Gé.-Le voilà, celui que je cherchais, devant
moi.
1
satis pro
imperio qvisqvis es hic ostendit culpae conscientia nullam
auctoritatem reliquam in magistro Geta. 2 satis pro imperio id est imperiose.
1
satis pro
imperio qvisqvis es ici, Géta montre, par la conscience de
sa faute, qu'il ne lui reste aucune autorité comme professeur.
2 satis pro imperio
c'est-à-dire imperiose
(autoritairement).
An.-cedo quid portas, obsecro ?
atque id, si potes, uerbo expedi.
An.-Allons ; quelle nouvelle
apportes-tu, je t'en prie ? Et si tu peux, débarrasse-t'en en un
seul mot.
1
cedo qvid
portas obsecro ut «
si uera feram, si magna rependam
127 ». nam ferre et
portare de negotiis
maioribus dicitur. 2 cedo qvid portas
obsecro atqve id si potes verbo
exp.
expedi
mire expressit affectum de timore
properantis. 3 verbo expedi deest
uno.
1
cedo qvid
portas obsecro comme « si uera feram, si magna rependam »
(pour autant que je vais te dire la vérité et m'acquitter
largement envers toi). En effet, on dit ferre (apporter) et portare pour des affaires qui ont une
certaine importance871. 2 cedo qvid portas obsecro atqve id si potes verbo
expedi il rend de façon étonnante le sentiment de
quelqu'un que la peur fait se hâter. 3 verbo expedi il manque uno (un seul).
Ge.-faciam. An.-eloquere. Ge.-modo
apud portum... An.-meumne ? Ge.-intellexti. An.-occidi.
Pha.-hem...
Gé.-Je vais le faire. An.-Parle.
Gé.-Tout à l'heure, au port... An.-C'est de mon... Gé.-Tu as
compris. An.-Je suis mort. Phé.-Hein ?
1
eloqvere aliter ostendit quid est
uerbo
exp.
expedi
dicendo eloquere. 2 modo apvd portvm patrem uidi dicturus Geta praeuentus
est ab eo, quem timor intellegentem fecerat. 3 hem proprie uim163 suam cuique
personae exhibuit : celeritatem ex praesagio metuenti Antiphoni et
tarditatem intellectus ex164 quiete pectoris Phaedriae securo.
1
eloqvere il montre ailleurs ce que veut
dire uerbo expedi, en
disant eloquere.
2 modo apvd portvm Géta, qui
est sur le point de dire patrem
uidi, est devancé par Antiphon, que la peur rend
perspicace. 3 hem il met en scène, pour
chaque personnage en particulier, son caractère personnel872 : la rapidité pour
Antiphon qui se montre craintif en raison d'un pressentiment, et
la lenteur d'esprit pour Phédria, en raison de son sentiment de
sécurité.
An.-quid agam ? Pha.-quid ais ?
Ge.-huius patrem me uidisse1415 patruum tuum.
An.-Que faire ? Phé.-Que dis-tu ?
Gé.-Que j'ai vu son père, ton oncle.
1
qvid
agam iam flet Antipho et adhuc non intellegit Phaedria.
2 hvivs patrem me vidisse patrvvm
tvvm mire poeta et Antiphoni minus quam oportet et
Phaedriae plus quam oportet fecit loqui nuntium. ille enim paene
diuinat ex metu, hunc tardum securitas facit. 3 hvivs patrem
m.
me
v.
vidisse
p.
patrvvm
t.
tvvm
reddit utrique proprium, ut ille qui timebat
paucis intellegeret et ille qui erat securus pluribus
edoceretur.
1
qvid
agam à présent, Antiphon pleure, et Phédria ne comprend
toujours pas. 2 hvivs patrem me
vidisse patrvvm tvvm de façon étonnante, le poète fait
s'adresser le messager à Antiphon moins qu'il ne le faudrait, et à
Phédria davantage qu'il ne le faudrait873. De fait, celui-là devine
presque le message en raison de la crainte qu'il éprouve, tandis
que sa tranquillité d'esprit rend celui-ci plus lent à comprendre.
3 hvivs patrem me vidisse
patrvvm tvvm il rend à chacun des deux ce qui lui est
propre, de sorte que celui qui avait peur comprenne en peu de
mots, mais que celui qui se sent en sécurité soit informé plus
longuement.
An.-nam quod ego huic nunc subito
exitio remedium inueniam miser ?
An.-Mais, moi, quel remède trouver
à ce malheur inattendu, pauvre de moi ?
1
nam qvod ego
hvic nvnc svbito nam aut subiunctiua coniunctio est
superiori dicto quod ait «
quid agam
128 » aut ἀναστροφή est nam quod pro quodnam. 2 nvnc svbito exitio remedivm subito et aduerbium et nomen est.
«
cum subito assurgens fluctu nimbosus Orion
129 ». 3 inveniam miser cum
ego supra dixerit,
ἐμφατικῶς
addidit miser.
1
nam qvod ego
hvic nvnc svbito ou bien nam est une conjonction de
coordination qui fait le lien avec le quid agam qui a été dit plus haut, ou
bien nam quod est une
anastrophe (ἀναστροφή) pour quodnam (quel... donc)874. 2
nvnc svbito
exitio remedivm subito est à la fois un adverbe et un
nom : « cum subito assurgens fluctu nimbosus Orion » (quand
soudain, surgissant avec les flots, l'orageux Orion...)875. 3 inveniam miser après avoir dit « ego » plus haut, il ajoute miser avec emphase (ἐμφατικῶς).
quod si eo meae fortunae redeunt,
Phanium, abs te ut distrahar,
si mon destin en est
arrivé,Phanium, à ce qu'on m'arrache à toi
1
qvod si eo
meae fortvnae redevnt tragice amator hoc negotium
fortunas omnes dixit esse.
2 fortvnae redevnt bene
redeunt quasi in peius et
a processu retro et in deterius. 3
phanivm abs te
vt distrahar amatoria προσφώνησις per ἀποστροφήν. 4 abs te vt distrahar non dixit ut a me distraharis. 5 Et uide uerbum uim cohaerentis
ostendere.
1
qvod si eo
meae fortvnae redevnt de façon tragique, l'amoureux dit
que cette affaire engage omnes
fortunas (tout ce qu'il possède)876. 2 fortvnae
redevnt redeunt
est bien dit, comme si cela devenait moins bien, comme si c'était
le résultat d'une régression, comme si cela devenait pire877. 3 phanivm abs te vt
distrahar exclamation (προσφώνησις) amoureuse par apostrophe
(ἀποστροφή).
4 abs te vt distrahar il ne
dit pas ut a me
distraharis (que tu sois arrachée à
moi)878.
5 Et voyez que ce mot manifeste la
force de leur lien.
nulla est mihi uita expetenda.
Ge.-ergo istaec cum ita sunt, Antipho,
plus aucune vie ne m'attire.
Gé.-Donc, les choses étant ce qu'elles sont, Antiphon,
1
nvlla est mihi
vita expetenda nulla pro non. 2 An nullius
condicionis, quasi dicat : ne deorum uita quidem mihi
dulcis est sine te ? 3 nvlla est mihi vita
expetenda scilicet165 ut nulla sibi uita sit expetenda sine Phanio.
1
nvlla est mihi
vita expetenda nulla pour non 879.
2 Ou bien nulla uita signifie uita nullius condicionis (la vie dans
aucune condition), comme s'il disait "sans toi, même la vie des
dieux ne m'est pas douce". 3
nvlla est mihi
vita expetenda comprendre qu'aucune vie n'est souhaitable
(nulla est uita expetenda)
pour lui sans Phanium, évidemment880.
tanto magis te aduigilare
aequomst : fortis fortuna adiuuat.
rester sur tes gardes s'impose
d'autant plus : la fortune aide les forts.
1
tanto magis te
advigilare ad uim
auctiuam nunc habet, ut adlaudabile, admirabile. 2 fortis fortvna adivvat παροιμία 166.
3 Et fortis accusatiuus pluralis est
casus.
1
tanto magis te
advigilare ad a
ici un sens augmentatif, comme dans adlaudabile (louable), admirabile (admirable)881. 2 fortis fortvna
adivvat proverbe (παροιμία). 3 Et fortis
est à l'accusatif pluriel882.
An.-non sum apud me. Ge.-atqui opus
est nunc quam maxime ut sis, Antipho ;
An.-Je ne sais plus où j'habite.
Gé.-Pourtant c'est le moment ou jamais de le savoir,
Antiphon ;
1
non svm apvd
me id agitur, ut supra diximus, quemadmodum Antipho
praesens non sit, quem neque conuenit contra patrem aliquid dicere
neque rursum praesentem opprimi a patre ex argumento est.
2 atqvi opvs est nvnc qvam maxime vt
sis antipho apud
te subauditur.
1
non svm apvd
me ce dont il s'agit, comme nous l'avons dit plus haut,
c'est de justifier qu'Antiphon cesse d'être présent, dans la
mesure où l'argument de la pièce fait ressortir qu'il ne convient
pas, d'un côté, qu'il dise quoi que ce soit contre son père ni
que, d'un autre côté, quand il réapparaîtra, son père l'accable.
2 atqvi opvs est nvnc qvam maxime vt
sis antipho on sous-entend apud te (auprès de toi).
nam si senserit te timidum pater
esse, arbitrabitur
car, s'il s'aperçoit que tu es
craintif, ton père, il croira
1
nam si
senserit te timidvm pater
e.
esse
a.
arbitrabitvr
c.
commervisse
c.
cvlpam
sic Sallustius in historia «
ita fiducia quam argumentis purgatiores
dimittuntur
130 ». 2 nam si senserit te
t.
timidvm
timidum
pro timentem, ut «
addit se sociam timidisque superuenit Aegle
131 » Vergilius.
1
nam si
senserit te timidvm pater esse arbitrabatvr commervisse
cvlpam ainsi Salluste dans son Histoire :
« ita fiducia quam argumentis purgatiores dimittuntur » (ainsi
c'est davantage de confiance qu'en raison de leurs arguments
qu'ils sont renvoyés disculpés)883. 2 nam si senserit te timidvm
timidum pour timentem (craignant), comme Virgile :
« addit se sociam timidisque superuenit Aegle » (à leur aide et au
secours de leur timidité vient Eglé)884.
commeruisse culpam. Pha.-hoc uerum
est. An.-non possum immutarier.
que tu as fauté. Phé.-C'est vrai.
An.-Je ne peux pas me changer.
1
commervisse
cvlpam nunc commeruisse pro commisisse. 2 hoc vervm est congrue fit, ut et Geta et
Phaedria audaciores sint, qui et absque amore sunt. et
hos167 oportet obici pro Antiphone irato
seni. 3 non possvm immvtarier uim
negantis hoc habet quod ait immutarier. ostendit enim naturae
suae timiditatem nullis adhortationibus eici posse.
1
commervisse
cvlpam il dit ici commeruisse pour commisisse (avoir commis). 2 hoc vervm est cela tombe bien que Géta et
Phédria soient tous les deux fort audacieux, eux qui sont aussi
étrangers à l'affaire amoureuse. Et il convient qu'ils se jettent
au devant du vieillard en colère à la place d'Antiphon. 3 non possvm immvtarier il y a une valeur
négative dans son immutarier 885. Il montre en effet que son naturel craintif ne
saurait être chassé par aucune exhortation886.
Ge.-quid faceres si aliud
grauius1416 tibi nunc faciundum foret ?
Gé.-Que ferais-tu si tu avais
quelque chose de plus grave à faire ?
qvid faceres si alivd gravivs tibi
nvnc facivndvm foret bene grauius, quia hoc graue, ut uideas ipsam hortationem
uim habere concedentis : graue esse quod geritur.
qvid faceres si alivd gravivs tibi
nvnc facivndvm foret grauius est bien dit, parce que c'est
graue (grave), afin que
l'on voie que son exhortation même a la valeur d'une concession :
ce qui se passe est graue
(grave)887.
An.-qui1417 hoc non possum, illud minus
possem. Ge.-hoc nihil est, Phaedria : ilicet.
An.-Je ne peux déjà pas faire cela,
l'autre je le pourrais encore moins. Gé.-Ça ne sert à rien,
Phédria, la séance est levée.
1
qvi hoc non
possvm illvd minvs possem hoc intulit παρὰ προσδοκίαν, nam
uidebatur hac interrogatione adduci posse ad sententiam
percunctantis. et haec est dialectica contra ἐπαγωγήν, cum male
respondendo callidae interrogationis interrumpimus argumentum.
2 hoc nihil est phaedria
ilicet hoc
relatiuum. 3 An hoc cum contemptu pro hic Antipho nihil est ? sic Cicero in
Verrinis «
etsi hoc nescio quid nugatorem sciebam
132 » pro hunc.
4 ilicet semper ilicet finem rei significat, ut
«
actum est
133 ». 5 ilicet per syncopam. sic
iudices de consilio dimittebantur, suprema dicta cum praeco
pronuntiasset ilicet, quod
significat ire licet.
1
qvi hoc non
possvm illvd minvs possem il prononce cela contre toute
attente (παρὰ
προσδοκίαν), car il semblait que cette question pouvait
l'induire à une phrase interrogative888. Et c'est la dialectique qui vise à contrer
l'induction (ἐπαγωγή)889, lorsque, en répondant mal à une
question perfide, on coupe court à un propos. 2 hoc nihil est phaedria ilicet hoc est un anaphorique. 3 Ou bien hoc est-il mis, avec mépris, pour
hic Antipho nihil est (cet
Antiphon n'est rien)890 ? Ainsi Cicéron dans
les Verrines : « etsi hoc nescio quid nugatorem
sciebam » (même si je savais pas que c'était je ne sais quel
diseur de balivernes) au lieu de hunc (celui-ci). 4 ilicet ilicet signifie toujours la fin d'une
affaire, comme « actum est » (c'en est fait)891. 5 ilicet par
syncope. Après avoir délibéré, les juges prenaient congé, lorsque
le crieur public avait annoncé, en guise de derniers mots,
ilicet, ce qui signifie
ire licet (vous pouvez
disposer).
quid hic conterimus operam
frustra ? quin abeam1418 ? Pha.-et quidem ego. An.-obsecro,
Pourquoi gaspiller notre énergie
ici ? Eh bien, je m'en vais. Phé.-Et moi aussi. An.-Je vous en
prie !
1
qvin
abeam hunc168 terrorem commouet
Antiphoni. 2 Et quin pro cur non. 3 et qvidem ego ordo : et ego quidem. et deest abeo. 4 obsecro qvid si assimvlo satin est adeo
morale uitium est. ex conscientia enim169 pauor, ut
ipse quoque Antipho nitatur contra neque quicquam promoueat.
1
qvin
abeam telle est la peur qu'il suscite chez Antiphon.
2 Et quin est mis pour cur non (pourquoi ne pas...).
3 et qvidem ego l'ordre
est : et ego quidem. Et il
manque abeo (je m'en
vais). 4 obsecro qvid si assimvlo satin
est tant son caractère a de défauts. En effet, c'est la
conscience qui inspire la peur, en sorte qu'Antiphon aussi
s'efforce lui-même de lutter contre elle sans pouvoir la faire
reculer.
quid si assimulo ? satin est ?
Ge.-garris. An.-uoltum contemplamini : em
Et si j'essayais de faire
semblant ? Ça va comme ça ? Gé.-Tu veux rire. An.-Regardez cette
mimique, hein !
qvid si assimvlo
audacem scilicet.
qvid si assimvlo
l'audacieux, évidemment.
satin sic est ? Ge.-non. An.-quid
si sic ? Ge.-propemodum. An.-quid sic ? Ge.-sat est :
Ça va ainsi ? Gé.-Non. An.-Et si je
le fais comme ça ? Gé.-Presque. An.-Et ainsi ? Gé.-Pas mal.
1
satin sic
est hic locus actoris magis quam lectoris est : ostenditur
enim conari ad simulandam audaciam, quo magis ridicule formidulosa
persona est. 2 propemodvm et hoc non
plenae consensionis est quod ait propemodum. 3 sat est non dixit bene est sed sat est. 4 Et uide uix ad hoc ipsum esse
peruentum.
1
satin sic
est ce passage relève davantage du théâtre joué que du
théâtre lu : Antiphon est présenté en train d'essayer de feindre
l'audace, ce qui rend le personnage encore plus ridiculement
peureux. 2 propemodvm et ce
propemodum ne relève pas
d'un accord total. 3 sat est il ne
dit pas bene est (c'est
bien), mais sat est.
4 Et voyez qu'il y est
difficilement parvenu.
em istuc serua : et uerbum uerbo,
par pari ut respondeas,
Allons, garde celui-là et, mot pour
mot, du tac au tac, tâche de répondre,
1
em istvc serva
et verbvm verbo par pari ut "
par pari referto
134"170. dicendo serua ostendit iam incipere deperire
quod finxit atque assimulauit audaciae. 2 em istvc serva et verbvm verbo par pari
et171
animaduerte quid doceat et uide satin artifex poeta debitum reddat
rebus atque personis. 3 verbvm verbo par
pari duo dixit : non tantum uerbum uerbo sed par pari.
1
em istvc serva
et verbvm verbo par pari c'est comme « par pari referto »
; en disant serua, il
montre qu'en fait d'audace ce qu'il a forgé et simulé commence à
se défaire. 2 em istvc serva et verbvm verbo par
pari et considérez ce qu'il enseigne et voyez si
l'habileté du poète ne rend pas assez bien justice aux faits et
aux personnes892. 3 verbvm verbo par pari il dit deux choses :
pas seulement uerbum
uerbo, mais par
pari 893.
ne te iratus suis saeuidicis dictis
protelet. An.-scio.
pour éviter que, dans sa colère,
avec ses injures insultantes, il te démolisse... An.-Je sais.
1
ne te iratvs
svis saevidicis causalem uim habet quod ait iratus, hoc est : qui ob praesentem
iram uehementius tecum
agat. 2 protelet et172 protelum
a pro et tendendo dictum est, quod est
ante
et
trahere
. alii ab assiduo telorum iactu existimant dici, ut
Lucretius «
undique protelo plagarum continuato
135 », hoc est tenore. 3 protelet protrahat, percutiat 173, exagitet. 4 scio apparet hoc uerbum eo uultu dici, ut
manifestum sit absenti animo esse, quocum174 loquitur.
1
ne te iratvs
svis saevidicis ce mot iratus a un sens causal,
c'est-à-dire : "lui qui, à cause de sa présente colère (ira), manifeste plus d'emportement à
ton égard". 2 protelet protelo et protelum (attelage) viennent tous
deux de pro (en avant) et
de tendo (tendre), qui
signifient respectivement ante (devant) et trahere. D'autres pensent ce mot
vient de tela (traits) et
désigne un jet continu de traits, comme chez Lucrèce : « undique
protelo plagarum continuato » (par les chocs que, sans
discontinuer, ils provoquent de toutes parts), au sens de suite
continue. 3 protelet est synonyme de
protrahat (qu'il
entraîne), percutiat
(qu'il frappe), exagitet
(qu'il pourchasse). 4 scio
visiblement, il dit ce mot avec un visage qui manifeste que celui
avec qui il parle a la tête ailleurs894.
Ge.-ui coactum esse te1419 inuitum.
Pha.-lege, iudicio. Ge.-tenes ?
Gé.-...que tu as été contraint par
la force, malgré toi. Phé.-Par la loi, par le jugement. Gé.-Tu y
es ?
1
vi coactvm
esse te mira breuitas, qua tota defensio continetur. et
subauditur fac respondeas
aut quid tale. 2 invitvm bene
idem repetit ad confirmandam memoriam trepidantis. etenim non
diuersa sunt, sed saepe repetuntur, ut teneri possit id quod
causae opus est. nam ui coactum
esse idem significat quod inuitum . 3 An ideo ui
coactum inuitum iungendum est, quod interdum
etiam ipsi nos cogimur propria uoluntate ? ut ipse in Andria
«
tu coactus tua uoluntate es
136 ». 4 tenes exquisite addidit
tenes : apparet Antiphonem
uultu ostendere, quod nihil horum perturbatus aduertat.
1
vi coactvm
esse te étonnante brièveté qui rassemble la totalité de la
défense895. Et on sous-entend fac respondeas (fais en sorte de
répondre que) ou quelque équivalent. 2 invitvm il fait bien de répéter la même
chose afin de rendre plus assurée la mémoire du jeune homme qui
tremble. Et de fait, ce ne sont pas des arguments différents, mais
ils sont répétés plusieurs fois, afin qu'Antiphon puisse retenir
ce qui va lui servir d'excuse896. En effet,
ui coactum esse a le même sens que
inuitum. 3 Ou bien faut-il construire ui coactum avec inuitum 897 pour cette raison que nous nous forçons
parfois par notre propre volonté ? Comme notre auteur dans
L'Andrienne : « tu coactus tua uoluntate es ».
4 tenes il ajoute tenes avec goût : il est clair que la
mimique d'Antiphon montre que, troublé comme il est, il n'a prêté
aucune attention à tout cela.
sed quis hic1420 est senex quem uideo in
ultima platea ? ipsus est.
Mais qui est ce vieux que
j'aperçois au bout de la rue ? C'est lui !
1
sed qvis hic
est senex sed, ut
diximus, transitum significat ad alteram rem ab ea quae agebatur.
2 qvem video in vltima
platea sic dixit ultima
platea, quemadmodum Vergilius «
imas obsedere fores
137 ». 3 ipsvs est et quia timidior
est et postea de proximo ipse dignoscit magis.
1
sed qvis hic
est senex sed,
comme nous l'avons dit, signifie que l'on passe du sujet dont il
s'agissait à un autre sujet898. 2 qvem video in vltima
platea il dit ultima
platea, comme Virgile dit « imas obsedere fores » (ils
ont pris position au pied de la porte)899.
3 ipsvs est et parce qu'il
est assez apeuré et qu'ensuite, de plus près, il le reconnaît
mieux.
An.-non possum adesse. Ge.-ah quid
agis ? quo abis Antipho ?
An.-Je ne peux pas rester là.
Gé.-Eh, que fais-tu ? Où vas-tu, Antiphon ?
1
non possvm
adesse apparet ex conspectu patris magis confundi quam ex
nuntio aduentus eius filium. 2
qvo abis
antipho sic Vergilius «
quo fugis, Aenea ?
138 » et «
quo fugitis, socii ?
139 » sic enim loquitur qui uult ostendere condicionem
locorum, in qua peruerso modo alius petitur, alius linquitur.
3175 ah
qvid agis ut perturbati intercessoris est dicere
quid agis ?, ut in
Andria 176 «
mea Glycerium, quid agis ? cur te is perditum ?
140 »
1
non possvm
adesse manifestement, apercevoir son père remplit
davantage le fils de confusion qu'apprendre son arrivée900. 2 qvo abis
antipho ainsi Virgile : « quo fugis, Aenea ? » (où
fuis-tu, Enée ?) et « quo fugitis, socii ? » (où fuyez-vous,
compagnons ?). C'est ainsi qu'on s'exprime quand on veut signaler
une disposition topographique qui permet que, de manière éhontée,
on file vers un lieu en en abandonnant un autre901. 3 ah qvid agis
c'est pour ainsi dire le propre d'un médiateur que de dire, quand
il est troublé, quid
agis ?, comme dans L'Andrienne : « mea
Glycerium, quid agis ? cur te is perditum ? »902.
mane, mane, inquam1421.
An.-egomet me noui et peccatum meum :
Reste, reste, te dis-je. An.-Je me
connais ainsi que ma faute.
1
mane mane
inqvam omnia haec habent singularem uim in se reuocantis.
2 egomet me novi et peccatvm
m.
mevm
duo dixit, et hominem pauidum et peccatum
graue.
1
mane mane
inqvam tous ces mots ne servent qu'à rappeler vers soi.
2 egomet me novi et peccatvm
mevm il dit deux choses, à la fois que l'homme est
effrayé, et que la faute est grave.
uobis commendo Phanium et uitam
meam.
Je vous recommande Phanium et ma
vie.
1
vobis commendo
phanivm et vitam meam comice duo duobus rettulit :
« me » et « peccatum meum », Phanium et uitam meam. 2 Et animaduerte, quod amator prius ponat
Phanium quam uitam suam.
1
vobis commendo
phanivm et vitam meam en conformité avec le genre comique,
il rapporte deux éléments à deux autres : me et peccatum meum, Phanium et uitam meam. 2 Et remarquez que l'amoureux place Phanium avant sa
propre vie903.
Pha.-Geta, quid nunc fiet ? Ge.-tu
iam lites audies ;
Phé.-Géta, qu'est-ce qui va se
passer maintenant ? Gé.-Toi, tu vas entendre une sentence,
1
geta qvid nvnc
fiet apparet haec sic pronuntianda, quasi ea de
destituto177
dicantur. 2 tv iam lites avdies non
intulit quod quaerebatur, sed uerba sunt hominis omnia
desperantis. 3 tv iam lites avdies ego plectar
pendens tu audies,
ego uerberabor, ut alibi «
tibi erunt parata uerba, huic homini uerbera
141 ». quod ipsum mire : tu non facies lites, sed audies.
1
geta qvid nvnc
fiet il faut manifestement prononcer ces mots comme s'ils
étaient dits de quelqu'un qui est complètement brisé. 2 tv iam lites avdies il ne répond pas à ce
qu'on lui a demandé, mais ce sont les propos d'un homme en tout
point désespéré. 3 tv iam lites avdies
ego plectar pendens toi tu vas entendre (tu audies), mais moi, je vais être
frappé, comme ailleurs : « tibi erunt parata uerba, huic homini
uerbera » (on réservera, à toi, des sermons, à l'homme que je
suis, du bâton). C'est en soi étonnant : toi tu ne vas pas faire
de procès, mais tu vas l'entendre (audies)904.
ego plectar pendens nisi quid me
fefellerit.
et moi, suspendu en l'air, je me
ferai rouer de coups, sauf erreur de ma part.
ego plectar pendens
plectar feriar, unde et plectrum et plagae dictae.
ego plectar pendens
plectar signifie
feriar (je serai frappé) ;
de ce mot viennent plectrum (plectre) et plagae (coup).
sed quod modo hic nos Antiphonem
monuimus,
Mais ce que nous recommandions ici
tout à l'heure à Antiphon,
sed qvod modo hic nos
deest tamen, ut sit :
sed tamen.
sed qvod modo hic nos il
manque tamen (cependant),
pour qu'on ait : sed
tamen(et pourtant).
id nosmet ipsos facere oportet,
Phaedria.
c'est nous-mêmes qui devrions le
faire, Phédria.
id nosmet ipsos facere
oportet quia « nos » supra dixit, in significatione
actus proprii ipsos
addit.
id nosmet ipsos facere
oportet puisqu'il a dit « nos » plus haut, il ajoute ipsos pour signifier qu'il s'agit de
son acte personnel905.
Pha.-aufer mihi "oportet" : quin tu
quid faciam impera.
Phé.-Ote-moi ce « nous devrions »
et, plutôt, ce que tu veux que je fasse, ordonne-le.
1
avfer mihi
oportet mero 178 ἀττικισμῷ addidit : et sine hoc
mihi
179
sententia plena180
est. 2 qvid tv qvid faciam
impera mire ad omnia paratum se indicat, qui impera dixit seruo.
1
avfer mihi
oportet il ajoute mihi par pur atticisme (ἀττικισμῷ)906 : car même sans cela, la
phrase est complète. 2 qvid tv qvid faciam
impera de façon étonnante, il montre qu'il est prêt à
tout, lui qui dit impera à
l'esclave907.
Ge.-meministi1422 olim ut fuerit uestra
oratio
Gé.-Te rappelles-tu votre
conversation de tout à l'heure,
1
meministi olim
vt fverit vestra oratio mire et consilio et oratione
compendiosus est, quo magis Phaedriam propriis consiliis ac
domesticis permoueret181. 2 vt fverit vestra oratio ut magis excitaret,
non nostra dixit sed
uestra.
1
meministi olim
vt fverit vestra oratio de façon étonnante, il fait court
dans ses conseils et dans son discours, afin de pousser totalement
Phédria à ses propres résolutions personnelles908. 2 vt fverit vestra oratio afin de le pousser
davantage à agir, il ne dit pas nostra (notre) mais uestra 909.
in re incipienda ad defendendam
noxiam,
au moment d'engager l'affaire pour
excuser votre faute,
1
in re
incipienda proprie, quasi diceret182 magna, dixit et alibi «
uide quod inceptet facinus
142 ». 2 ad defendendam noxiam
noxiam183 nunc
culpam, alias rem. et est ἐπένθεσις ab eo quod est noxam. et hoc factum est
propter iambica.
1
in re
incipiendaau sens propre, comme s'il disait magna (grande affaire). Il dit aussi
ailleurs : « uide quod inceptet facinus » (regarde le méfait
qu'elle prépare). 2 ad defendendam
noxiam noxia
signifie ici culpa
(faute), ailleurs qualifie res (affaire)910. Et il y a épenthèse (ἐπένθεσις) à partir du
mot noxa. Et cela se
produit à cause du mètre iambique911.
iustam illam causam facilem
uincibilem optimam ?
que la cause était juste, facile,
gagnée d'avance, excellente ?
1
ivstam illam
cavsam facilem vincibilem optimam considera singula et
inuenies et naturali ordine184 et per αὔξησιν dicta. 2 cavsam pro defensione posuit. 3 Et vincibilem quae
facile uincat.
1
ivstam illam
cavsam facilem vincibilem optimam considérez chacun de ces
mots, et vous verrez qu'ils sont dits à la fois dans un ordre
naturel et par amplification (αὔξησις)912. 2
cavsam
il met causa pour
defensio (défense).
3 Et vincibilem signifie
quae facile uincat (qui
triomphe facilement)913.
Pha.-memini. Ge.-em nunc ipsa est
opus ea aut, si quid potest,
Phé.-Je me rappelle. Gé.-Eh bien,
c'est maintenant qu'on en a besoin, ou même, si possible,
nvnc ipsa est opvs
causa scilicet.
nvnc ipsa est opvs
ipsa renvoie à causa, évidemment.
meliore et callidiore. Pha.-fiet
sedulo.
d'une cause meilleure encore et
plus habile. Phé.-Ça va se faire,i de mon mieux.
1
meliore et
callidiore bene meliore et
callidiore, quia tunc prolusio fuit, nunc ipsum
proelium. 2 fiet sedvlo παρέλκον sedulo, nam suffecerat fiet.
1
meliore et
callidiore meliore et
callidiore est bien dit, parce qu'alors c'était
l'exercice, mais qu'à présent c'est le combat proprement
dit914. 2 fiet sedvlo sedulo fait pléonasme (παρέλκον), car fiet aurait suffi915.
Ge.-nunc prior adito tu, ego in
insidiis hic ero
Gé.-Maintenant attaque le premier,
toi ; moi, je serai ici en embuscade
1
nvnc prior
adito tv adito
quasi ad proelium. Vergilius «
nec quisquam ex agmine tanto audet adire uirum
143 ». 2 ego in insidiis hic ero
tota μεταφορά de
re militari est.
1
nvnc prior
adito tv adito
comme à la bataille. Virgile : « nec quisquam ex agmine tanto
audet adire uirum » (et personne, dans une armée si nombreuse,
n'ose affronter l'homme). 2 ego in insidiis hic
ero toute la métaphore (μεταφορά) est tirée du domaine
militaire.
succenturiatus, si quid deficias.
Pha.-age.
et en supplétif, si tu viens à
défaillir. Phé.-Vas-y.
1
svccentvriatvs succenturiari dicitur, qui explendae
centuriae gratia subicit se ad supplementum ordinum. et est
translatio a re militari. 2 age potuit
dicere uero aut ita, sed age dixit, quod uerbum uim
hortantis185
maximam praebet.
1
svccentvriatvs on dit succenturio pour quelqu'un qui, pour
compléter une centurie, s'engage comme supplétif. Et c'est une
métaphore tirée du registre militaire. 2 age il aurait pu dire uero (mais) ou ita (ainsi), mais il dit age, parce que ce mot offre une très
grande force d'exhortation.
Actus secundus
scaena prima
Phaedria Geta Demipho
231 | 232 | 233 | 234 | 235 | 236 | 237 | 238 | 239 | 240 | 241 | 242 | 243 | 244 | 245 | 246 | 247 | 248 | 249 | 250 | 251 | 252 | 253 | 254 | 255 | 256 | 257 | 258 | 259 | 260 | 261 | 262 | 263 | 264 | 265 | 266 | 267 | 268 | 269 | 270 | 271 | 272 | 273 | 274 | 275 | 276 | 277 | 278 | 279 | 280 | 281 | 282 | 283 | 284 | 285 | 286 | 287 | 288 | 289 | 290 | 291 | 292 | 293 | 294 | 295 | 296 | 297 | 298 | 299 | 300 | 301 | 302 | 303 | 304 | 305 | 306 | 307 | 308 | 309 | 310 | 311 | 312 | 313 | 314
De.-Itane tandem uxorem duxit
Antipho iniussu meo ?
Dé.-Ainsi donc Antiphon s'est marié
sans mon aveu !
1
itane tandem
vxorem dvxit antipho inivssv meo in hac scaena accusatio
est et contradictio per remotiuam qualitatem. ergo
controuersia. 2 itane tandem vxorem
dvxit antipho hic exemplum uitae est, in quo spectatur
nullam esse tam iustam et gratam186 iracundiam patris, quin
uero187 et
fiducia defensoris et interuallo temporis euanescat. 3 itane tandem vxorem dvxit non potuit
uehementius incipere quam ut ipse crimen quod obicit miraretur.
4 itane tandem
v.
vxorem
d.
dvxit
tandem hic expletiua coniunctio est,
ut Cicero «
quousque tandem abutere, Catilina
144 ». 5 itane tandem hic totus
uersus est in hoc : an factum sit,
quod188 factum sit, a quo factum sit, in
cuius iniuriam factum sit189.
1
itane tandem
vxorem dvxit antipho inivssv meo il y a, dans cette scène,
une accusation et une objection qui repose sur le fait de faire
retomber l'accusation sur quelqu'un d'autre916. C'est donc une controverse. 2 itane tandem vxorem dvxit antipho on a ici
un exemple tiré de la vie, dans lequel on voit qu'il n'y a pas de
colère paternelle assez justifiée et bien venue qui en vérité ne
s'évanouisse grâce à la garantie qu'apporte le défenseur de son
fils et au fil du temps. 3 itane tandem vxorem
dvxit il n'aurait pas pu commencer avec plus de véhémence
qu'il ne le fait en s'étonnant personnellement du chef
d'accusation qu'il expose917. 4 itane tandem vxorem dvxit
tandem est ici une
conjonction explétive, comme chez Cicéron : « quousque tandem
abutere, Catilina » (jusques à quand, enfin, abuseras-tu,
Catilina). 5 itane tandem ici, il est
tout entier concentré sur les questions suivantes : est-ce que
cela a été fait, qu'est-ce qui a été fait, par qui cela a-t-il été
fait, à l'encontre de qui le tort a-t-il été fait918.
Ni mon autorité - mais bon,
oublions mon autorité -, ni mon ressentiment,
1
nec mevm
imperivm κατ᾽ ἀποσιώπησιν 190, quia191 non sequitur sed : intulit enim age ; subauditur autem reuereri. sic Lucretius «
nonne uidere
145 ». 2 age omitte192 imperivm
non simvltatem σχῆμα : διὰ
μέσου διόρθωσις 193. Vergilius «
cuius ob auspicium infaustum moresque sinistros
146 ». 3 age omitte194 legitur et ac195
. 4 simvltatem
iurgium, contentionem.
1
nec mevm
imperivm par aposiopèse (κατ᾽ ἀποσιώπησιν), parce que ce n'est pas
sed (mais) qui vient
ensuite : il dit en effet age 919 ; on sous-entend par
ailleurs reuereri
(craindre). Ainsi Lucrèce : « nonne uidere » (ne voyez-vous
pas)920.
2 age mitto imperivm non
simvltatem figure : correction par parenthèse (σχῆμα· διὰ μέσου
διόρθωσις)921. Virgile : « cuius ob auspicium
infaustum moresque sinistros » (de celui qui, par sa mauvaise
étoile et ses funestes dispositions). 3 age mitto on lit aussi ac (et). 4 simvltatem est synonyme de iurgium (querelle), contentionem (conflit).
reuereri saltem ! non pudere ! o
facinus audax, o Geta
au moins, il ne respecte rien ;
aucune honte. Un forfait d'une audace ! Ah ! Géta
1
non
pvdere hoc absolutum est et nulli adnexum. 2 non pvdere hic Nigidius annotauit neminem
uideri pudere ante
delictum.
1
non
pvdere c'est employé absolument et cela n'est rattaché à
personne en particulier922. 2 non pvdere
ici, Nigidius a signalé en note que l'on ne voit personne avoir
honte (pudere) avant
d'avoir commis une faute923.
monitor ! Ge.-uix tandem. De.-quid
mihi dicent aut quam causam reperient ?
le bon conseiller ! Gé.-Ah, tout de
même ! Dé.-Que vont-ils me dire ? Quel prétexte
trouveront-ils ?
1
vix
tandem conuenit hoc dictum ei, qui iam pridem se male
audire putat, et ideo sero uidetur ad hunc senex peruenisse, cum
ille metuens se primum ad accusationem crederet. 2 An uix
tandem ad hoc pertinet, quia ille monitor dixit ? quasi dicat :
uix tandem factum est, ut
me senex laudare coepisset, quia monitor quamuis in contrarium
dixerit, tamen nomen est laudis. 3
vix
tandem εἰρωνεία, quasi paene me oblitus est. 4 An quia tarde ad seruum196 peruenit
senex, quem ille ob conscientiam a se coepturum esse197 credebat ? 5 qvid mihi dicent avt qvam cavsam
r.
reperient
dicent
si negare uoluerint, causam
reperient si purgare : omne enim crimen a defensore
aut negatur aut purgatur.
1
vix
tandem ce propos lui est adapté : depuis quelque temps
déjà, il pense qu'il va être grondé, et c'est précisément pour
cela qu'il lui semble que le vieillard a mis du temps à en venir à
mentionner sa personne, alors que, parce qu'il avait peur, il
croyait qu'il serait le premier à être accusé. 2 Ou bien uix
tandem se rapporte-t-il au fait que l'autre a dit
monitor ? Comme s'il
disait : "enfin (uix
tandem) c'est arrivé, le vieillard s'est mis à faire
mon éloge", parce que monitor – bien que le vieillard
l'emploie de façon péjorative – est un nom connoté
postivement924. 3 vix tandem ironie (εἰρωνεία), comme s'il disait "il m'a
presque oublié". 4 Ou bien parce
que le vieillard met du temps à en venir à l'esclave, alors que
lui, à cause de son sentiment de culpabilité, croyait qu'il allait
commencer par lui ? 5 qvid mihi dicent avt
qvam cavsam reperient dicent s'ils veulent nier, causam reperient s'ils veulent se
disculper : en effet, pour tout chef d'accusation, soit le
défenseur nie, soit il le justifie.
demiror. Ge.-atqui repperi iam1425 : aliud
cura. De.-an hoc dicet mihi :
Je me le demande. Gé.-J'ai trouvé,
ça y est ! Change d'obsession. Dé.-Va-t-il me dire :
1
demiror pro nescio, nam admirationem ignorantia
facit. 2 atqvi repperi iam alivd
c.
cvra
eo animo hoc dicit, quo supra «
uix tandem
147 ». 3 Et cum ille
pluraliter « reperient »
dixerit, hic singulariter repperi respondet, quasi in se solo
sit crimen.
1
demiror pour nescio (je ne sais pas), car
l'ignorance est source d'étonnement. 2 atqvi repperi iam alivd cvra il dit cela
avec le même état d'esprit que, plus haut, « uix tandem ». 3 Et, alors que l'autre a dit « reperient », au pluriel, il répond
repperi, au singulier,
comme si la faute reposait seulement sur lui925.
"inuitus feci. lex coegit" ? audio,
fateor. Ge.-places.
je l'ai fait malgré moi ; la loi
m'y a contraint ? J'entends cela, je ne dis pas non. Gé.-Là, tu me
plais.
invitvs feci lex coegit
bene poeta iam scire facit senem quid isti dicturi sint, ut
uideatur frangi posse qui iam partem defensionum admittit.
invitvs feci lex coegit le
poète, et c'est bien, fait en sorte que le vieillard sache ce que
les autres vont dire, afin qu'il semble pouvoir être fléchi, lui
qui reconnaît une partie de la défense926.
De.-uerum scientem, tacitum causam
tradere aduersariis,
Dé.-Mais sciemment, sans mot dire,
donner gain de cause à ses adversaires,
cavsam tradere
adversariis198 hoc cum maiore
exclamatione dicitur ; non enim dixit concedere aduersariis, sed quod
peius199 est
causam tradere200
.
cavsam tradere adversariis
c'est dit avec une exclamation plus appuyée ; car il ne dit pas
concedere aduersariis
(s'incliner devant ses adversaires), mais causam tradere, ce qui est
pire927.
etiamne id lex coegit ? Pha.-illud
durum. Ge.-ego expediam : sine !
est-ce que la loi l'y a forcé
aussi ? Phé.-Voilà le point qui résiste. Gé.-Je m'en
débrouillerai ; laisse-moi faire.
1
illvd
dvrvm illud durum
dicit, quod supra «
atqui repperi iam : aliud201
148 ». 2 illvd dvrvm ego expediam
sine uide praeparationem futurae defensionis : quam nisi
hoc modo Terentius intulisset, incredibile uideretur subito
sedatum senem.
1
illvd
dvrvm il dit illud
durum parce qu'il a dit plus haut « atqui repperi iam : aliud ».
2 illvd dvrvm ego expediam
sine voyez la préparation de la défense à venir : si
Térence ne l'avait pas introduite de cette façon, il semblerait
incroyable que le vieillard se calme d'un coup928.
De.-incertum est quid agam, quia
praeter spem atque incredibile hoc mihi obtigit :
Dé.-Je ne sais quoi faire, parce
que ça dépasse les attentes et c'est incroyable, ce qui
m'arrive !
1
incertvm est
qvid agam nonnihil iam fracta indignatio est : cum
his uerbis202 non iam ira sed admodum maeror est.
2 qvia praeter spem atqve
incredibile hoc Vergilius «
hunc ego si potui tantum sperare dolorem
149 ». 3 atqve incredibile hoc mihi
obtigit grauius est incredibile quam praeter spem et ideo posterius et in
auctu est. 4 obtigit pro accidit, ob cuius respectum
reciprocum est203 , si quis quid204
accidisse dicat, non
obtigisse.
1
incertvm est
qvid agam l'indignation est déjà quelque peu atténuée : en
effet, il n'y a plus de colère dans ces mots, mais tout au plus de
la tristesse. 2 qvia praeter spem
atqve incredibile hoc Virgile : « hunc ego si potui tantum
sperare dolorem » (si j'ai pu, moi, m'exposer à cette si grande
douleur)929.
3 atqve incredibile hoc mihi
obtigit incredibile a plus de poids que
praeter spem, et c'est
pourquoi il vient en second, dans un mouvement de gradation.
4 obtigit mis pour
accidit (il s'est produit
pas accident) ; à cet égard, la réciproque, c'est quand quelqu'un
dit accidit et non
obtigit (il est advenu
opportunément)930.
ita sum irritatus animum ut nequeam
ad cogitandum instituere.
Je suis dans une telle colère que
je ne peux fixer mon esprit et réfléchir.
1
ita svm
irritatvs irritatus prouocatus et in iram impulsus, hoc est commotus et perturbatus. 2 animvm vt neqveam ad cogitandvm institvere
bene instituere dixit, quo
uerbo quies ostenditur cogitaturae205 mentis, quae nunc non adest.
1
ita svm
irritatvs irritatus signifie prouocatus (provoqué) et in iram impulsus (poussé à la
colère), c'est-à-dire commotus (troublé) et perturbatus (perturbé). 2 animvm vt neqveam ad cogitandvm institvere
il fait bien de dire instituere : ce verbe montre la
tranquillité qu'il faudra à son esprit pour réfléchir,
tranquillité dont il ne dispose pas pour l'instant931.
quam ob rem omnis, cum secundae res
sunt maxime, tum maxime
Aussi, plus les affaires sont
prospères à un moment, plus, à ce moment même,
1
cvm secvndae
res svnt maxime tvm maxime ut «
nudus ara, sere nudus
150 ». 2 Et bona
sententia : tum maxime sapienti metuendum, quo tempore maxime
securus est stultus.
1
cvm secvndae
res svnt maxime tvm maxime comme « nudus ara, sere nudus »
(mets-toi nu pour labourer, mets-toi nu pour semer)932. 2 Et c'est une
bonne maxime : c'est précisément lorsque le sot se sent le plus en
sécurité, que le sage doit éprouver de la crainte933.
meditari oportet secum1426 quo
pacto aduersam aerumnam ferant,
il faut envisager en son for
intérieur comment supporter l'adversité,
1
meditari
oportet secvm bene additum secum : insane206 enim uidebitur hoc palam agere.
2 adversam aervmnam ferant
abundat aduersam.
1
meditari
oportet secvm secum est bien ajouté : on verra en
effet qu'il fait ouvertement cela sous un coup de folie.
2 adversam aervmnam ferant
aduersam est
superflu934.
pericula damna exilia : peregre
rediens semper cogitet
des dangers, des pertes, des exils.
Quand on revient de voyage, il faut toujours se représenter
1
pericvla damna
exilia peregre rediens semper cogitet avt
f.
filii
p.
peccatvm
a.
avt
v.
vxoris
m.
mortem
superiora ἀσύνδετα inferioribus intermixta sunt
coniunctionibus intermixtis207. Sallustius «
nam quid a Pyrrho, Hannibale, aequore et terra
151 ». 2 peregre rediens semper
cogitet mire a genere ad speciem non semel transit ; nam
cum dicit peregre rediens,
iam de se loquitur sed latenter. 3 semper cogitet ad singularem a
plurali208 transit : supra dixit «
omnes
152 », at nunc cogitet. 4 Et est ordo : semper peregre rediens 209,
quicumque peregre redit.
1
pericvla damna
exilia peregre rediens semper cogitet avt filii peccatvm avt
vxoris mortem les asyndètes (ἀσύνδετα) du début sont liées à ce qui
suit par l'insertion de conjonctions. Salluste : « nam quid a
Pyrrho, Hannibale, aequore et terra » (en effet, contre Pyrrhus et
Hannibal, par terre et par mer, qu'est-ce que...)935. 2 peregre rediens
semper cogitet de façon étonnante, il ne passe pas, d'un
seul coup, du général au particulier936 ; en effet, quand il dit
peregre rediens, il parle
déjà de lui, mais à mots couverts. 3 semper cogitet il passe du pluriel au
singulier : plus haut, il a dit « omnes », mais à présent il dit
cogitet. 4 Et l'ordre est : semper peregre rediens,
c'est-à-dire quiconque revient de l'étranger937.
aut filii peccatum aut uxoris
mortem aut morbum filiae,
l'inconduite d'un fils, la mort
d'une femme, la maladie d'une fille,
1
avt filii
peccatvm avt vxoris mortem avt morbvm
filiae quamuis iratus filio non potuit tamen dicere
filii mortem. conuenit
autem seni uxoris mortem non putare magnum incommodum. 2 avt filii peccatvm
a.
avt
v.
vxoris
m.
mortem
avt
m.
morbvm
f.
filiae
uarie post enumerationem conclusam cetera
intulit. Vergilius «
sed neque Medorum siluae ditissima terra
n.
nec
p.
pulcher
G.
Ganges
a.
atque
a.
auro
t.
turbidus
H.
Hermus
153 ».
1
avt filii
peccatvm avt vxoris mortem avt morbvm filiae bien qu'il
soit en colère contre son fils, il ne peut dire filii mortem (la mort de son fils).
Par ailleurs, il convient à un personnage de vieillard de ne pas
considérer que la mort de l'épouse serait un grand
malheur938. 2 avt filii peccatvm
avt vxoris mortem avt morbvm filiae avec un souci de
variation, il met encore plusieurs choses après la clôture de son
énumération. Virgile : « sed neque Medorum siluae ditissima terra
nec pulcher Ganges atque auro turbidus Hermus » (mais ni la terre
des Mèdes, si riche en forêts, ni le beau Gange, ni l'Hermus dont
l'or trouble les eaux)939.
communia esse haec, fieri posse, ut
ne quid animo sit nouom ;
que ces accidents sont communs,
qu'ils peuvent nous arriver, afin que notre esprit ne soit surpris
de rien,
1
commvnia esse
haec fieri posse ordo est : semper cogites communia esse, fieri posse filii
peccatum, uxoris mortem, filiae morbum. 2 commvnia esse commune est, quod accidere omnibus
potest.
1
commvnia esse
haec fieri posse l'ordre est : semper cogites940 communia esse, fieri posse
filii peccatum, uxoris mortem, filiae morbum941 . 2
commvnia
esse est communis
ce qui peut arriver à tout le monde.
quidquid praeter spem eueniat, omne
id deputare esse in lucro.
et tout ce qui arrive contrairement
à ces prévisions, il faut le compter pour un gain.
1
qvicqvid
praeter spem eveniat omne id depvtare esse in lvcro uide
iam senem fractum non culpam filii magnam dicere210 , sed ideo indignari, quod non
crediderit peccaturum in quo ipse se reprehendat. 2 Quod a precatoribus211 dici solebat, hoc dicit : communia esse et fieri posse.
1
qvicqvid
praeter spem eveniat omne id depvtare esse in lvcro voyez
qu'à présent le vieillard, brisé, ne considère pas la faute qu'a
commise son fils comme grande, mais qu'il est indigné parce qu'il
ne croyait pas que son fils commettrait une faute, ce qui fait que
c'est à lui-même qu'il fait des reproches. 2 Il dit communia
esse et fieri
posse, ce que disaient d'ordinaire les
intercesseurs942.
Ge.-o Phaedria, incredibilest
quantum erum ante eo sapientia ;
Gé.-O Phédria, c'est incroyable
comme je dépasse le patron en sagesse :
ervm ante eo sapientia
legitur ante eo
212, sed
pronuntiatiuum213 pro coniunctiuo, ante eo pro ante eam.
ervm ante eo sapientia on
lit ante eo, mais c'est
l'indicatif au lieu du subjonctif, ante eo au lieu d'ante eam (je dépasse).
meditata sunt mihi1427 omnia mea
incommoda erus si redierit.
j'ai envisagé, moi, tous les soucis
qui m'attendent, au retour du maître ;
1
meditata svnt
mihi omnia mea incommoda nimis comice non
clades aut aerumnas posuit seruus, sed
incommoda : molere in pistrino, uapulare, habere compedes et cetera, cum hoc
nomen leue quiddam significet214, ut in Eunucho
«
immo enim infeliciter : nam incommoda alia sunt
dicenda, Parmeno
154 ». 2 ervs si redierit
si
autem215
pro cum seruiliter
ut dubitet ex uoto suo, utrum dominus redeat an non, quod
cupit.
1
meditata svnt
mihi omnia mea incommoda de façon excessivement comique,
l'esclave ne met pas clades (désastre) ou aerumnae (épreuves), mais incommoda : molere in pistrino, uapulare, habere compedes, etc., alors que ce
nom renvoie à quelque chose de léger, comme dans
L'Eunuque : « immo enim infeliciter : nam incommoda
alia sunt dicenda, Parmeno ». 2
ervs si
redierit quant à si, il est mis pour cum (lorsque), à la manière des
esclaves, en sorte que le personnage ne sait pas bien, à l'issue
de son vœu, ce qu'il désire : que son maître revienne ou
non943.
molendum usque1428 in pistrino,
uapulandum ; habendae compedes,
il faudra tourner la meule au
moulin, être battu, que je porte des entraves,
1
molendvm vsqve
in pistrino facete enumerat seruus uniuersa supplicia suae
condicionis excepta cruce et furca, quarum poenam uerbis extenuare
non potuit. 2 habendae compedes uitiosam
locutionem seruili personae dedit Terentius ; nam integrum esset,
si diceret habendas
compedes. unde quidam non esse sed usque legunt.
1
molendvm vsqve
in pistrino l'esclave passe en revue, d'une manière
plaisante, la totalité des châtiments propres à sa condition, à
l'exception de la croix et de la fourche, parce qu'il ne peut
atténuer ces punitions par les mots944. 2 habendae
compedes Térence attribue une expression incorrecte à un
personnage de condition servile ; en effet l'expression correcte
serait habendas compedes.
C'est pourquoi certains lisent, non pas esse, mais usque (jusqu'à)945.
opus ruri faciendum, horum nihil
quicquam accidet animo nouum.
travailler aux champs. Rien de rien
de tout cela ne surprendra mon esprit.
1
opvs rvri
faciendvm uarie : molendum, uapulandum, compedes, opus. 2 Et supra uerba gerundia sunt et infra
participia. 3 horvm nihil qvicqvam accidet animο
novvm recte addidit animo : omne enim quicquid acciderit nouum erit, sed non animo.
4 horvm qvicqvam nihil
παρέλκον
quartum. 5 horvm nihil accidet animo
novvm tale est illud sapientis Aeneae «
non ulla laborum o uirgo, noua mi facies inopinaue
surgit
155 ». et
«
arma parate animis et spe praesumite bellum
156 » et «
hunc ego si potui tantum sperare dolorem
157 » idem.
1
opvs rvri
faciendvm avec un souci de variation946 : « molendum », « uapulandum », « compedes », opus. 2 Et, dans un premier temps, les verbes sont au
gérondif, dans un second temps, ils sont au participe947. 3 horvm nihil qvicqvam accidet animο novvm il
a raison d'ajouter animo :
car tout ce qui arrive (accidit) est nouveau (nouus), mais pas pour l'esprit
(animus). 4 horvm qvicqvam nihil pléonasme (παρέλκον) de la quatrième
catégorie948. 5 horvm nihil accidet
animo novvm ce propos du sage Enée est du même genre :
« non ulla laborum o uirgo, noua mi facies inopinaue surgit »
(aucune de mes épreuves, jeune fille, ne surgit devant moi sous un
aspect nouveau ou inattendu)949. Et de même « arma parate animis et spe
praesumite bellum » (préparez vos cœurs aux combats et envisagez
la guerre avec espoir) et « hunc ego si potui tantum sperare
dolorem » (si j'ai pu, moi, m'exposer à cette si grande douleur)
950.
quicquid praeter spem eueniet, omne
id deputabo esse in lucro.
Tout ce qui arrivera contrairement
à mes prévisions, tout cela, je le compterai pour un gain.
1
qvicqvid
praeter spem eveniet omne id depvtabo esse in lvcro
totidem uerbis usus est, quot senex, ad irrisionem eius. sic et in
Adelphis «
inspicere tamquam in speculum in patinas, Demea,
iubeo
158 ». 2 omne id depvtabo esse in
lvcro hoc idem senex fieri oportere dixit, quod hic fecit.
ergo sapienter
Geta.
1
qvicqvid
praeter spem eveniet omne id depvtabo esse in lvcro il
reprend mot pour mot951 les propos du vieillard
pour se moquer de lui. Ainsi dans Les Adelphes
également : « inspicere tamquam in speculum in patinas, Demea,
iubeo ». 2 omne id depvtabo esse in
lvcro le vieillard a dit qu'il fallait précisément que se
produise ce qu'il fait. Géta se conduit donc en sage.
sed quid cessas hominem adire et
blande in principio alloqui ?
Mais qu'attends-tu pour aller à
l'abordage du bonhomme et lui parler d'abord gentiment ?
1
sed qvid
cessas hominem adire bene adire quasi terribilem et pugnaturum,
ut «
audet adire uirum
159 ». 2 Et hominem comice addidit. 3 et blande in principio alloqvi recte monuit
qui ait216 non perpetuo blande sed in principio agendum, secundum
praeceptum Isocratis.
1
sed qvid
cessas hominem adire adire est bien dit, comme s'il était
effrayant et sur le point de combattre, comme dans « audet adire
uirum » (il ose affronter le guerrier). 2 Et il ajoute hominem en conformité avec le style
comique952. 3 et blande in principio
alloqvi il donne un conseil judicieux en disant qu'il faut
agir blande non pas
continuellement, mais in
principio, conformément au précepte donné par
Isocrate.
De.-Phaedriam mei fratris uideo
filium mihi ire obuiam.
Dé.-J'aperçois Phédria, le fils de
mon frère, qui vient à ma rencontre.
phaedriam mei fratris video
filivm haec uerba ostendunt quam pacato ore suscipiatur
Phaedria.
phaedriam mei fratris video
filivm ces propos montrent combien Phédria est accueilli
avec un visage apaisé953.
Pha.-mi patrue, salue. De.-salue ;
sed ubi est Antipho ?
Phé.-Cher oncle, bonjour.
Dé.-Bonjour, mais où est Antiphon ?
1
mi patrve
salve mi uim
blandimenti habet, nam significat meus. 2 salve sed vbi est antipho bene expressit
promptum animum ad litigandum217,
partim218
adita219 salute et potius ad iurgium
peruertenda220 .
1
mi patrve
salve mi a une
connotation hypocoristique ; il signifie en effet meus (mon cher). 2 salve sed vbi est antipho il restitue bien
l'état d'esprit de quelqu'un qui est prêt à en découdre : la
salutation est à moitié faite954 et
elle se tourne plus volontiers en querelle955.
Pha.-saluum te1429 uenire...
De.-credo ; hoc responde mihi.
Phé.-Te voir revenir sain et
sauf... Dé.-Je te crois. Réponds à ma question.
1
salvvm te
venire ἔλλειψις — uel
ἀποσιώπησις
— : gaudeo enim
subauditur ; quod nisi acceperis, non intelleges cur hic
responderit credo.
2 salvvm venire iracundiam
frangere conatur obsequio et mora. 3 salvvm venire altera salutatio ad leniendum
et ad criminis dissimulationem. sed et tertio addidit «
satin omnia ex sententia ?
160 ». 4 credo hoc responde
mihi hoc incerta distinctione pronuntiatur 221.
1
salvvm te
venire ellipse (ἔλλειψις ) – ou aposiopèse (ἀποσιώπησις) – : on
sous-entend en effet gaudeo (je me réjouis) ; si on ne
comprend pas ainsi, on ne saisit pas pourquoi l'autre répond
credo956 . 2
salvvm
venire il essaie de briser sa colère en utilisant la
déférence pour perdre du temps. 3
salvvm
venire second salut957, afin de l'adoucir et de dissimuler la faute. Mais
il ajoute aussi, dans un troisième temps, « satin omnia ex sententia ? ».
4 credo hoc responde mihi
958
c'est prononcé avec une ponctuation incertaine959.
Pha.-ualet, hic est ; sed satin
omnia ex sententia ?
Phé.-Il va bien ; il est ici. Mais
tout va-t-il comme tu le souhaites ?
1
valet hic
est222 oratorie dissimulat atque ita, quasi
senex non iratus quaerat, sed de salute sollicitus Antiphonis.
2 sed satin omnia ex
sententia quod uulgo omnia
recte ? et deest quaeris aut quid tale.
1
valet hic
est il élude de façon oratoire et comme si le vieillard
l'interrogeait, non pas parce qu'il était en colère, mais parce
qu'il était inquiet pour la santé d'Antiphon960.
2 sed satin omnia ex
sententia ce que l'on dit communément omnia recte ? (tout va bien ?). Et il
manque quaeris (tu
demandes) ou quelque équivalent.
De.-uellem equidem. Pha.-quid istuc
est ? De.-rogitas, Phaedria ?
Dé.-Je voudrais bien ! Phé.-Qu'y
a-t-il donc ? Dé.-Tu le demandes, Phédria ?
1
vellem
eqvidem semper hoc uerbum dolentis est et negantis euenire
quod uoti est. 2 qvid istvc
est magnam uim habet contra iram huiusmodi
interrogatio.
1
vellem
eqvidem961 ce verbe caractérise toujours
l'expression de la souffrance et l'aveu que ne se réalise pas ce
que l'on souhaite962. 2 qvid istvc est une interrogation de ce
genre a beaucoup de pouvoir contre la colère963.
bonas me absente hic confecistis
nuptias.
Et ce beau mariage qu'en mon
absence vous avez réalisé ?
1
bonas me
absente hic confecistis nvptias
mire consuetudinem expressit dicendo bonas. 2 me absente summa criminis. 3 bonas me absente hic confecistis nvptias
crimen in duobus esse demonstrat nunc223 , quod
bonas et quod absente patre.
1
bonas me
absente hic confecistis nvptias en disant bonas, il utilise de manière
paradoxale un usage courant de la langue964. 2 me absente
partie la plus grave de l'accusation. 3 bonas me absente hic confecistis nvptias il
montre maintenant que la faute se divise en deux : bonas et absente patre 965.
Pha.-eho an id succenses nunc
illi ? Ge.-artificem probum !
Phé.-Ah ! est-ce pour cela que tu
es fâché pour l'heure contre lui ? Gé.-Tu parles d'un
comédien !
1
eho an id
svccenses nvnc illi huc tendebat interrogatio, ut tam
integris rebus admiraretur irasci senem. 2 artificem probvm εἰρωνεία, nam non est224 artifex, cuius reprehenditur
locus225 .
1
eho an id
svccenses nvnc illi la question avait pour but que Phédria
s'étonne de ce que le vieillard se met en colère alors que tout va
si bien. 2 artificem probvm ironie
(εἰρωνεία), car
il n'est pas un artifex,
celui dont on reprend les propos pour les critiquer966.
De.-egon illi non succenseam ?
ipsum gestio
Dé.-Je pourrais ne pas être fâché
contre lui ! Je brûle
gestio plus est quam
uolo.
gestio est plus fort que
uolo (je veux).
dari mihi in conspectum, nunc sua
culpa ut sciat
de le voir comparaître devant moi,
pour que, désormais, par sa faute, il sache
dari mihi in conspectvm
non dixit uenire ut
filium, sed dari ut
reum.
dari mihi in conspectvm il
ne dit pas uenire (venir),
comme on dirait d'un fils, mais dari, comme d'un accusé.
lenem patrem illum factum1430 esse
acerrimum.
qu'un père indulgent est devenu
très intraitable.
1
lenem patrem
illvm me artificium226 poetae ! in media patris
saeuitia mentionem lenitatis induxit, ut ostendat quam
facile placari possit227. 2 lenem patrem illvm factvm
e.
esse
a.
acerrimvm
nota ἀντίθετον : non enim leni asperrimum sed acerrimum reddidit, et mutauit gradum
positiuo superlatiuum opponens. 3
lenem patrem
illvm
fac.
factvm
e.
esse
ac.
acerrimvm
sic Vergilius «
quantum mutatus ab illo Hectore
161 ».
1
lenem patrem
illvm me quel art de la part du poète ! au moment même où
se manifeste la sévérité du père, il introduit une mention de sa
lenitas (indulgence), afin
de montrer combien il serait facile de l'apaiser967. 2 lenem patrem illvm factvm esse acerrimvm
remarquez l'antithèse (ἀντίθετον) : en effet, il n'oppose pas à
lenis asperrimus, mais acerrimus 968, et il change de degré en opposant le superlatif
au positif. 3 lenem patrem illvm factvm esse
acerrimvm ainsi Virgile : « quantum mutatus ab illo
Hectore » (il était bien différent du fameux Hector)969.
Pha.-atqui nil fecit, patrue, quod
succenseas.
Phé.-Il n'a pourtant rien fait, mon
oncle, qui mérite ta colère.
1
atqvi nihil
fecit
p.
patrve
summa contradictionis. 2 Et non dixit leuiter peccauit sed nihil fecit, nedum quod punias sed quod succenseas, id quod leuissimum
est.
1
atqvi nihil
fecit patrve point principal de
l'objection970. 2 Et il
ne dit pas leuiter
peccauit (il a commis une petite faute) mais
nihil fecit ; à plus forte
raison971, il ne dit pas quod punias (pour que tu le
punisses), mais quod
succenseas, ce qui est très léger.
De.-ecce autem similia omnia !
omnes congruunt :
Dé.-Et voilà, toujours la même
chose ! Ils s'entendent tous !
1
ecce avtem
similia omnia ecce
autem uox est apta his, quae noua et improuisa animo
accidunt. sic Vergilius «
ecce autem gemini a Tenedo tranquilla per alta
162 ». 2 similia omnia omnes
congrvvnt more stomachantis omnia et omnes de his dicit, quae ad duos
pertinent.
1
ecce avtem
similia omnia l'expression ecce autem est propre à ce qui est
nouveau et à ce qui arrive sans que l'on s'y attende. Ainsi
Virgile : « ecce autem gemini a Tenedo tranquilla per alta » (or
voici que de Ténédos, sur des flots paisibles, deux
serpents)972. 2 similia omnia omnes
congrvvnt à la façon de ceux qui s'irritent, il dit
omnia et omnes pour des choses qui concernent
deux personnes.
unum cognoris1431 omnes noris. Pha.-haud
itast.
Qui en connaît un, les reconnaîtra
tous. Phé.-Pas du tout.
1
vnvm cognoris
omnes noris iterum non duos sed omnes. 2 Et uarie cognoris... noris. 3 vnvm cognoris omnes noris sic Vergilius
«
et crimine ab uno disce omnes
163 ».
1
vnvm cognoris
omnes noris de nouveau, non pas duos (deux), mais omnes. 2 Et avec un souci de variation : cognoris...noris 973. 3 vnvm cognoris omnes
noris ainsi Virgile : « et crimine ab uno disce
omnes974 » (et connais-les
tous, à partir du crime d'un seul)975.
De.-hic in noxa est, ille ad
defendendam causam adest ;
Dé.-Le premeier est-il en faute, le
second est là pour plaider sa cause.
hic in noxa est ille ad
defendendam cavsam adest hoc Demipho non sine quadam
delectatione dicit, quam tamen premit ob iram praesentem.
hic in noxa est ille ad
defendendam cavsam adest Démiphon dit cela non sans un
certain plaisir, qu'il bride cependant à cause de sa colère
présente.
cum ille abest1432, hic praesto
est : tradunt operas mutuas.
Quand le second est absent, c'est
le premier qui est là : ils se rendent service pour service.
1
cvm ille abest
hic praesto est huic loco reddidit Cicero illum locum in
Verrinis «
qui ciues Romani erant, si Siculi essent, tum si eorum
legibus dari oportet228 . qui Siculi, si ciues Romani
essent
164 ». nam subauditur ad « qui ciues
Romani erant » iudices
dabantur, ad229 « Siculi essent » subauditur
rei 230. 2 cvm ille est ζεῦγμα, nam hic subaudiendum in noxia est. 3 hic praesto est ad defendendam causam subauditur.
1
cvm ille abest
hic praesto est à ce passage Cicéron répond, dans les
Verrines, par ce passage : « qui ciues Romani erant,
si Siculi essent, tum si eorum legibus dari oporteret. qui Siculi,
si ciues Romani essent » (des citoyens romains, quand les parties
étaient des Siciliens, auxquels, d'après leurs lois, on devait
donner des juges siciliens ; des Siciliens, quand c'étaient des
citoyens romains). En effet, pour « qui ciues Romani erant », on
sous-entend iudices
dabantur (ils donnaient comme juges), et pour
« si Siculi essent » on sous-entend rei (accusés)976. 2 cvm ille est zeugme (ζεῦγμα), car ici il faut
sous-entendre in noxia.
3 hic praesto est on
sous-entend ad defendendam
causam.
Ge.-probe eorum1433 facta inprudens
depinxit senex.
Gé.-C'est bien leurs agissements
que, sans le savoir, il a dépeints, le vieux.
1
probe eorvm
facta imprvdens depinxit senex ideo
imprudens, quia nescit in
amore esse citharistriae Phaedriam. 2 imprvdens modo nesciens.
1
probe eorvm
facta imprvdens depinxit senex imprudens précisément parce qu'il
ignore que Phédria est amoureux de la joueuse de cithare.
2 imprvdens signifie ici
nesciens (ignorant).
De.-nam ni haec ita essent, cum
illo haud stares, Phaedria.
Dé.-S'il n'en allait pas ainsi, tu
ne serais pas de son côté, Phédria.
1
nam ni haec
ita essent cvm illo havd stares phaedria uide quemadmodum
iam rem231
praestruat poeta ad ea quae futura sunt ad adiuuandum amorem
Phaedriae. 2 cvm illo
h.
havd
st.
stares
ph.
phaedria
cum
Antiphone scilicet. 3
Et cvm illo
amatore. 4 staret
232 in eius enim parte stamus, pro quo facimus. sic
Vergilius «
Iuppiter hic stat
165 ».
1
nam ni haec
ita essent cvm illo havd stares phaedria voyez comment, à
présent, le poète construit par avance son affaire en vue des
faits qui vont se produire pour faire avancer les amours de
Phédria. 2 cvm illo havd stares
phaedria avec Antiphon, évidemment. 3 Et cvm illo l'amant. 4 stares : car nous tenons (stamus) pour le parti de celui au nom
duquel nous agissons. Ainsi Virgile : « Iuppiter hic977 stat » (Jupiter est avec nous).
Pha.-si est, patrue, culpam ut
Antipho in se admiserit,
Phé.-S'il est vrai, mon oncle,
qu'Antiphon se soit autorisé une faute
1
si est patrve
cvlpam vt antipho in se admiserit
principium per insinuationem subtilem. 2 Et honesta locutio si est ut admiserit pro si admisit. 3 si est patrve cvlpam vt antipho in se
ad.
admiserit
oratorium principium ἀπὸ τῆς ἐπιεικείας τοῦ λέγοντος.
4 in se admiserit bono
ornatu addidit in se, cum
et sine hoc planum uideri possit. et hic est quem Cicero sucum
orationis appellat.
1
si est patrve
cvlpam vt antipho in se admiserit début qui a recours à
une subtile insinuation978. 2 Et
si est ut admiserit est
une belle expression pour si
admisit (s'il s'est autorisé). 3 si est patrve cvlpam vt antipho in se
admiserit début oratoire reposant sur la
modération979 de celui qui s'exprime
(ἀπὸ τῆς ἐπιεικείας τοῦ
λέγοντος). 4 in se
admiserit il ajoute in
se avec une belle ornementation980, alors
que, même sans cela, le sens pourrait paraître clair. Et on a ici
ce que Cicéron appelle la « sève » (sucus) du discours981.
ex qua re minus rei foret aut famae
temperans,
à cause de laquelle il se serait
montré trop peu économe de ta fortune ou de ton honneur,
1
non pauperis ex qva re minvs rei neque strenui famae
233. 2 Et docuit in
negotio nuptiarum duabus rebus consuli, rei et famae, hoc est facultatibus dotis honestatique natalium. 3 ex qva re minvs rei haec tractatio est
criminis oratoria, in qua defensor accusat234 crimen et reum purgat.
4 minvs rei foret avt famae
uenuste insertum rei, cum
praeposuisset « culpam ».
5 minvs rei foret quia
pauperem, famae quia
ignobilem. 6 temperans consulens, prouidens, moderatus, ut «
iam sibi tum curuis male temperat unda carinis
166 ».
1 Il ne faut pas être pauvre pour qu'on puisse dire
ex qva re
minvs rei, ni avoir le caractère bien trempé pour qu'on
puisse dire famae 982. 2 Et il enseigne que dans une affaire concernant un
mariage, on examine deux paramètres, la res et la fama, c'est-à-dire le montant de la
dot et la notabilité de la naissance. 3 ex qva re minvs rei traitement oratoire du
chef d'accusation : le défenseur y dénonce le chef d'accusation et
justifie l'accusé983.
4 minvs rei foret avt famae
rei est greffé avec
élégance, puisqu'il avait mis plus haut « culpam ». 5 minvs rei foret parce que « pauper »984, famae parce
qu'« ignobilis »985.
6 temperans consulens (examinant), prouidens (veillant à), moderatus (modéré)986, comme dans « iam sibi
tum curuis male temperat unda carinis » (déjà l'onde n'épargne
qu'à regret les courbes carènes)987.
non causam dico quin quod meritus
sit ferat.
je ne m'oppose pas à ce qu'il
subisse la peine qu'il a méritée.
1
non cavsam
dico id est : non
recuso, non
deprecor. 2 non cavsam dico qvin
qvod meritvs
s.
sit
f.
ferat
rhetoricum est θεώρημα in huiusmodi exceptionibus, quo
uti solet qui propositae causae fiduciam gerit : sit235 hoc aut illud, non oro ueniam,
non deprecor poenam. 3 qvin qvod meritvs
sit qui nunc defensorem me236
magis et non iudicem dicam. sed hic colligitur
patrocinantis auctoritas : non enim dixit quod uolueris, sed quod meritus sit manente eo
si peccauit tamen.
1
non cavsam
dico c'est-à-dire "je ne refuse pas", "je n'intercède pas
pour m'opposer". 2 non cavsam dico qvin
qvod meritvs sit ferat il y a un axiome (θεώρημα) rhétorique dans
ce genre de réserve, qu'utilise habituellement celui qui plaide la
confiance dans une affaire donnée : que ce soit ceci ou cela, je
ne demande pas le pardon, je ne cherche pas à écarter le châtiment
par des prières988. 3
qvin qvod
meritvs sit alors que je me pose maintenant plutôt en
défenseur qu'en juge989. Mais ici il associe la caution
de celui qui le protège990 : car il ne dit pas quod uolueris (que tu veux), mais
quod meritus sit, alors
que reste en suspens si peccauit
tamen (si toutefois il a commis une
faute)991.
sed si quis forte malitia fretus
sua
Mais si quelqu'un par hasard, fort
de sa méchanceté,
1
sed si qvis
forte malitia fretvs sva quasi non defensurus
sed simul causam cogniturus aduenerit, non contendit uerum esse id
quod dicit, ne sollicitum faciat ad credendum. sic apud Vergilium
Sinon «
dum uela darent, si forte dedissent
167 ». 2 si qvis forte bene
si237
adiungit ad crimen, ut leuet culpam.
1
sed si qvis
forte malitia fretvs sva comme s'il ne se présentait pas
pour le défendre, mais pour instruire la cause992, il ne soutient pas que ce qu'il dit est vrai, afin de
ne pas forcer Démiphon à le croire993. Ainsi chez Virgile,
Sinon994 dit : « dum uela darent, si forte dedissent »
(jusqu'à ce qu'ils prennent le large, si d'aventure ils le
prenaient). 2 si qvis forte il fait bien
d'associer une condition à la mention du crime995, afin d'alléger la
faute.
insidias nostrae fecit
adulescentiae
a tendu un piège à notre
jeunesse
1
insidias
nostrae fecit
advl.
advlescentiae
mire insidias dixit, ut diu comparata
causa per ignorantiam dolosque capti uideantur. 2 advlescentiae opportune238
aetatis commemoratio πρὸς τὴν συγγνώμην.
1
insidias
nostrae fecit advlescentiae il dit insidias de façon étonnante, afin
que, l'affaire ayant été longuement préparée, ils semblent avoir
été pris au piège à cause de leur ignorance et de ruses.
2 advlescentiae il rappelle
opportunément son âge pour susciter le pardon (πρὸς τὴν
συγγνώμην)996.
ac uicit, nostrane culpa1434 est an
iudicum,
et a triomphé de nous, est-ce notre
faute ou bien est-ce celle des juges
1
nostrane cvlpa
an ivdicvm potentior facta sententia est τῇ ἐρωτήσει
239.
2 nostrane cvlpa an ivdicvm
duplex
metathesis
240, altera in accusatores, altera in iudices.
3 Et bene miscuit personas, ut reum subleuet
et suo merito et multitudine reorum. 4 nostrane cvlpa est an ivdicvm mire
assurrexit in fiduciam defensoris ; nam cum supra de Antiphone
dixerit, nunc intulit nostra.
1
nostrane cvlpa
an ivdicvm la phrase est rendue plus forte par
l'interrogation (τῇ
ἐρωτήσει)997. 2 nostrane cvlpa an
ivdicvm double changement de point de vue (metathesis), l'un du côté
des accusateurs, l'autre du côté des juges. 3 Et il fait bien de mélanger les personnes afin
d'atténuer l'accusation à la fois par son mérite998 et par
le grand nombre d'accusés999. 4 nostrane cvlpa est an ivdicvm de façon
étonnante, il se dresse dans la position d'autorité qui est celle
du défenseur ; en effet, alors qu'il parlait plus haut d'Antiphon,
il dit à présent nostra
1000.
qui saepe propter inuidiam adimunt
diuiti
qui souvent, par envie, enlèvent au
riche
qvi saepe propter invidiam adimvnt
d.
diviti
iudicum alter id dicit qui inuiderit241 .
qvi saepe propter invidiam adimvnt
diviti parmi les juges, celui des deux qui dit cela le dit
parce qu'il est jaloux.
aut propter misericordiam addunt
pauperi ?
ou, par pitié, avantagent le
pauvre ?
1
avt propter
misericordiam addvnt pavperi posteriorem causam
honestiorem posuit, ne non Antiphonem defendere sed accusare
iudices uideretur. 2 avt propter
misericordiam primum ἀντίθετον. 3 Et oratorie naturam iudicum τῷ ὁρισμῷ expediuit.
1
avt propter
misericordiam addvnt pavperi il met à la fin la partie la
plus honorable de la cause, pour éviter de paraître non pas
défendre Antiphon, mais accuser les juges1001. 2 avt propter misericordiam antithèse
(ἀντίθετον) de
la première catégorie1002. 3 Et, à la façon d'un orateur, il exprime la nature
des juges sur le mode de la définition (τῷ ὁρισμῷ).
Ge.-ni nossem causam, crederem uera
hunc loqui.
Gé.-Si je ne connaissais l'affaire,
je croirais qu'il dit la vérité.
1
ni nossem
cavsam crederem vera
h.
hvnc
l.
loqvi
suauissime laudauit oratorem, qui omnia ad
persuadendum idonea aduocans solum conscium242 non adduxerit ad
credendum. 2 ni nossem cavsam crederem vera
h.
hvnc
l.
loqvi
oblique poeta se laudauit.
1
ni nossem
cavsam crederem vera hvnc loqvi il loue l'orateur en
termes très agréables : ce dernier invoque tous les motifs propres
à persuader, et le seul qu'il ne parvient pas à convaincre c'est
celui qui connaît toute l'affaire1003. 2 ni nossem cavsam crederem vera hvnc loqvi
indirectement, le poète fait son propre éloge1004.
De.-an quisquam iudex est qui
possit noscere
Dé.-Mais y a-t-il un juge pour
reconnaître
an qvisqvam ivdex est qvi possit
noscere tva ivsta vbi tvte
v.
verbvm
non
res.
respondeas
apparet iam persuasum esse seni uerum
aduersarium fuisse Phormionem, non subiectum atque appositum
sycophantam. unde ad aliud transit, ut accuset segnitiem in
respondendo, quae leuior culpa est. ita, ut cedentibus mos
est243 , paulatim seni singula extorquentur e
manibus.
an qvisqvam ivdex est qvi possit
noscere tva ivsta vbi tvte verbvm non respondeas
manifestement, le vieillard est désormais convaincu que son
véritable adversaire a été Phormion1005, et non pas le sycophante qu'on lui présente et
qu'on lui sert. C'est pourquoi il passe à autre chose, afin
d'accuser la paresse d'Antiphon à répondre, ce qui est une faute
plus insignifiante. Ainsi, comme il arrive d'ordinaire à ceux qui
cèdent, les arguments sont peu à peu, un à un, retirés des mains
du vieillard.
tua iusta, ubi tute uerbum non
respondeas,
que le droit est pour toi, quand
toi-même tu ne réponds pas un mot,
1
tva
ivsta diserte magis et absolute tua iusta quam si aliter diceret.
2 vbi tvte verbvm non
respondeas non244 dixit parum
dicas sed uerbum245 .
1
tva
ivsta tua iusta
est dit de façon plus nette et plus claire1006 que s'il le disait autrement1007. 2 vbi tvte verbvm il ne dit pas parum dicas (tu ne dis pas
grand-chose), mais uerbum1008
.
ita ut ille fecit ? Pha.-functus
adulescentuli est
comme il l'a fait, lui. Phé.-Il a
fait en jeune homme
1
ita vt ille
fecit unde sic246 ? an hic poetae uirtus est,
quod omnia ante inducatur cognouisse247, ne in scaena haec ut noua audiens tragicis
motibus insaniret ? 2 fvnctvs advlescentvli
est officivm oratorie crimen quod obiectum est non
purgauit modo, sed etiam ad laudem conuertit, quod rhetores
περίστασιν
dicunt. 3 Et hoc de
Apollodoro. 4 fvnctvs advlescentvli officivm
liberalis deriuatio causae. et est uenialis status.
5 fvnctvs advlescentis est officivm
liberalis ingeniose non negauit hoc crimen occasionem
laudis de confessione sumpturus.
1
ita vt ille
fecit d'où cela vient-il ? N'est-ce pas là le talent du
poète, que de faire que le vieillard entre en scène en sachant
tout à l'avance, afin d'éviter que, entendant ici sur scène ces
faits comme nouveaux, il ne soit pris d'une folie accompagnée de
passions dignes de la tragédie1009 ? 2 fvnctvs advlescentvli est à la façon d'un
orateur, il n'a pas seulement lavé le jeune homme du chef
d'accusation qu'on lui opposait, mais il l'a transformé en éloge,
ce que les rhéteurs nomment
περίστασις
(renversement). 3 Et
c'est tiré d'Apollodore. 4 fvnctvs advlescentvli
officivm liberalis dérivation de la cause. Et c'est un
état de la cause qui la rend pardonnable1010. 5 fvnctvs advlescentis
est officivm liberalis de façon ingénieuse, il ne nie pas
ce chef d'accusation, pour avoir une occasion de faire son éloge
grâce à son aveu1011.
officium liberalis : postquam ad
iudices
bien né son devoir. Quand c'est
devant les juges
1
officivm
liberalis potenter officium nominat, quod ille
crimen appellat.
2 Et nota functus
officium accusatiuo casu, quod nos ablatiuo.
3 postqvam ad ivdices ventvm est non
potvit cogitata proloqvi haec apud oratores
μετάθεσις
αἰτίας
dicitur, hoc est translatio causae facti, quem uulgo
colorem nominant.
1
officivm
liberalis il nomme avec force officium ce que l'autre appelle
crimen. 2 Et remarquez que functus officium est à l'accusatif,
alors que nous le mettrions à l'ablatif1012.
3 postqvam ad ivdices ventvm est non
potvit cogitata proloqvi cela s'appelle, chez les
orateurs, une
μετάθεσις
αἰτίας
(transfert de la responsabilité), c'est-à-dire
translatio causae facti
(transfert de la cause du fait), que l'on nomme couramment
color (couleur)1013.
uentum est, non potuit cogitata
proloqui ;
qu'on s'est trouvé, il lui a été
impossible de prononcer la défense qu'il avait préparée,
non potvit cogitata
p.
proloqvi
ergo quod cogitauit, industriae est, quod nihil
dixit, pudoris.
non potvit cogitata
proloqvi donc le fait qu'il a réfléchi (cogitauit), relève d'un effort, mais
le fait qu'il n'a rien dit, relève de la réserve (pudor).
ita eum tum timidum ibi
obstupefecit pudor.
tellement, timide comme il est, la
réserve l'a paralysé.
ita evm tvm timidvm
248
perturbatum.
Plautus «
nam ut ex mari timida es
168 » et ipse in Adelphis «
me miseram, quidnam est quod sic uideo timidum et
properantem Getam ?
169 ».
ita evm tvm timidvm
timidum signifie
perturbatum (troublé).
Plaute : « nam ut ex mari timida es1014 »
(car comme tu es malade à cause de la mer), et Térence lui-même
dans Les Adelphes : « me miseram, quidnam est quod
sic uideo timidum et properantem Getam ? ».
Ge.-laudo hunc, sed cesso adire
quam primum senem ?
Gé.-Bravo à lui ! Mais qu'est-ce
que j'attends pour aborder dès que possible le vieux ?
lavdo hvnc sed cesso adire
satis defensionis est, ut Geta adire iam non timeat dominum.
lavdo hvnc sed cesso adire
la défense est suffisante pour que Géta ne craigne plus,
désormais, d'aborder son maître1015.
ere, salue : saluum te aduenisse
gaudeo. De.-oh
Patron, bonjour. Te voir revenu
sain et sauf me comble de joie. Dé.-Ah !
1
ere salve
salvvm te advenisse gavdeo principium a beniuolentia.
2 Et uide uernilitatem aptissimam callido
seruo : credas non249 hunc esse, qui supra dixit «
erus si redierit, molendum esse in pistrino,
uapulandum
170 » etc. 3 o bone cvstos
salve quam ab initio idem motus seruatus seni est !
nonne 250 idem nunc est, qui supra dixit «
o Geta monitor
171 », quamquam per αὔξησιν251 plus significat quod dixit bone custos quam quod supra
« monitor ».
1
ere salve
salvvm te advenisse gavdeo exorde par la
bienveillance1016. 2 Et remarquez la
servilité tout à fait propre à un esclave rusé : on pourrait
croire que ce n'est pas le même qui a dit plus haut : « erus si
redierit, molendum esse in pistrino, uapulandum » etc. 3 o bone cvstos salve comme, depuis le début,
le vieillard reste sur le même sentiment ! N'est-ce pas celui-là
même qui a dit plus haut « o Geta monitor », bien que, par
amplification (αὔξησις), ce bone custos qu'il dit ait plus de
force que le « monitor »
employé plus haut ?
bone custos, salue, columen uero
familiae,
bon gardien, bonjour, soutien de ma
maison,
1
colvmen vero
familiae 252 culmen. an columen columna, unde columellae apud ueteres dicti serui
maiores domus ? Lucilius XXII «
seruus neque infidus domino neque inutilis
quamquam253 Lucili columella hic situs
172 ». Tubero254 «
hinc in
m.
millesimum
an.
annum
eorum columine ciuitas continebatur
173 ». Horatius contra pro columine columnam «
iniurioso ne pede proruas stantem columnam
174 ». Ennius Χ «
regni uersatum summam uenere columnam
175 ». 2 colvmen vero
fam.
familiae
sustentatio uel decus, unde columnae dictae. 3 Et moralis
255
αὐξήσει εἰρωνεία.
1
colvmen vero
familiae columen
signifie culmen (faîte).
Ou bien columen signifie
columna (colonne), d'où
vient le nom des columellae qui sont, chez les
Anciens, les plus vieux esclaves d'une maison ? Lucilius au livre
XXII : « seruus neque infidus domino neque inutilis quamquam
Lucili columella hic situs » (un esclave qui n'était ni déloyal
envers son maître, ni jamais inutile à Lucilius, comme un appui,
tel est celui qui est enterré ici. )1017. Aelius Tubéron : « hinc in millesimum annum
eorum columine ciuitas continebatur » (dès lors, jusqu'à la
millième année, la cité était soutenue par leur appui). Horace, au
contraire, met columna
pour columen 1018 : « iniurioso ne pede
proruas stantem columnam » (de peur que tu ne renverses d'un pied
injurieux leur haute colonne). Ennius au livre X : « regni
uersatum summam uenere columnam » (ils sont venus pour mettre à
bas la colonne du royaume). 2
colvmen vero
familiae un columen est une sustentatio (étai) ou un decus (ornement) ; de là vient le mot
de columna (colonne).
3 Et, conformément au caractère du
personnage, ironie (εἰρωνεία) par amplification (αὔξησις)1019.
cui commendaui filium hinc abiens
meum.
à qui j'ai confié mon fils en
partant d'ici.
cvi commendavi filivm hinc abiens
mevm duplex accusatio est de eo quod fecerit et haec
conueniunt in eam personam, quam spectare eum
oportuerit256
.
cvi commendavi filivm hinc abiens
mevm double accusation au sujet de ce qu'il a fait1020 et ces
reproches se concentrent sur la personne qu'il aurait dû avoir à
l'œil.
Ge.-iam dudum te omnes nos accusare
audio
Gé.-Il y a une heure que je
t'entends nous faire notre procès à tous,
1
iam dvdvm te
omnes nos accvsare avdio immerito uide quam in his uerbis
etiam uultus quidam serui contumacis appareat et uersute mali.
2 Et hoc est quod dixerat «
ego in insidiis hic ero succenturiatus
176 ».
1
iam dvdvm te
omnes nos accvsare avdio immerito remarquez combien, même
dans ces propos, apparaît d'une certaine façon la mimique de
l'esclave récalcitrant et qui fait le mal avec adresse. 2 Et c'est ce qu'il avait dit : « ego in
insidiis hic ero succenturiatus ».
immerito et me horum omnium1435
inmeritissimo.
sans que nous le méritions, et moi,
moins que tout autre.
1
immerito et me
horvm omnivm immeritissimo tantum impudentiae superest, ut
non solum se, sed alios defendat. 2 horvnc
o.
omnivm
immerit.
immeritissimo
τὸ πλῆρες 257 horunce. sic nos hunc et hanc dicimus. 3 immeritissimo ut falso paruo de aduerbiis est in ο
desinentibus.
1
immerito et me
horvm omnivm immeritissimo il subsiste chez lui une telle
effronterie que, non seulement il se défend lui-même, mais il
défend les autres. 2 horvnc omnivm
immeritissimo la forme complète (
τὸ
πλῆρες)
est horunce. Ainsi
disons-nous hunc et
hanc 1021. 3 immeritissimo
comme falso (faussement),
paruo (un peu), fait
partie des adverbes qui finissent en o 1022.
nam quid me in hac re facere
uoluisti tibi ?
Car que voulais-tu que je fasse
pour toi en cette conjoncture ?
1
nam qvid me in
hac re facere volvisti bona exceptione locutus est, quasi
in aliis omnia fecerit. 2 in hac re volvisti
tibi quam contemnat iram domini, ut hoc ipso purgatior
uideatur, ex hoc apparet, quod addidit tibi. sic enim dicere solemus
quid tibi uis faciam ?,
cum alieno negotio frustra nos ostendimus laborare.
1
nam qvid me in
hac re facere volvisti il parle en faisant une exception
bien venue, comme si dans les autres cas il faisait tout1023. 2 in hac re volvisti tibi en quel mépris il
tient la colère de son maître, au point de paraître hors de cause
dans cette affaire, c'est visible au tibi qu'il ajoute. Ainsi nous disons
habituellement quid tibi uis
faciam ? (que veux-tu que j'y fasse ?), lorsque nous
montrons que nous œuvrons en vain à l'affaire de quelqu'un
d'autre.
seruum hominem causam orare leges
non sinunt
Un gars esclave n'a pas le droit de
plaider : la loi le défend ;
1
servvm hominem
cavsam orare leges non sinvnt hoc non quasi ignoranti
dixit, sed stomachose admonet uelut stultum, qui rem manifestam
non cogitet. 2 servvm hominem uenuste
hominem. Sallustius in
Iugurta «
cum interim Hiempsal reperitur occultans se in tugurio
mulieris ancillae
177 ». 3 servvm hominem
c.
cavsam
o.
orare
l.
leges
n.
non
s.
sinvnt
mire extenuauit condicionem suam dicendo non
me sed seruum, et addendo hominem moraliter locutus est. sic
Vergilius «
uenerat antiquis Corythi de finibus Acron, Graius
homo
178 ». 4 cavsam orare leges
non improprie258 . sic Vergilius «
orabunt causas melius
179 ».
1
servvm hominem
cavsam orare leges non sinvnt il ne dit pas cela comme
s'il s'adressait à un ignorant, mais il le sermonne avec humeur
comme si le vieillard était stupide de ne pas penser à quelque
chose d'évident. 2 servvm
hominem hominem
est dit de façon spirituelle1024. Salluste, dans La Guerre de
Jugurtha : « cum interim Hiempsal reperitur occultans se in
tugurio mulieris ancillae » (alors que, pendant ce temps, Hïempsal
est découvert tandis qu'il se cachait dans la loge d'une femme,
une esclave)1025.
3 servvm hominem cavsam orare leges
non sinvnt il amoindrit de façon étonnante sa condition en
disant non pas me (moi),
mais seruum, et en
ajoutant hominem il
s'exprime en conformité avec son personnage. Ainsi Virgile :
« uenerat antiquis Corythi de finibus Acron, Graius homo » (était
venu de l'antique pays de Corythus, Acron, un homme Grec).
4 cavsam orare leges ce
n'est pas impropre1026. Ainsi Virgile :
« orabunt causas melius » (ils plaideront mieux dans les
procès).
neque testimoni dictio est.
De.-mitto omnia ;
son témoignage même n'est pas reçu.
Dé.-Passons là dessus,
1
neqve
testimoni dictio est uis scire, inquit, quam non liceat
seruo pro domino dicere ? nec testis loco produci potest.
2 neqve testimoni dictio est
uarie : non enim dixit neque
testimonium dicere. 3
mitto
omnia etiam hoc perdidit senex, quod uidebatur ualidum ad
accusationem ; ita gradatim illi singula subducuntur et
accusationis impetus euanescit.
1
neqve
testimoni dictio est "tu veux savoir", dit-il, "à quel
point il n'est pas permis à un esclave de parler en faveur de son
maître ? Il ne peut même pas être produit en guise de témoin".
2 neqve testimoni dictio est
de façon variée, car il ne dit pas : neque testimonium dicere (ni de
prononcer un témoignage). 3 mitto omnia
le vieillard perd même ce qui lui semblait solide pour
l'accusation1027 ; ainsi,
graduellement, on lui retire un par un ses arguments et sa hargne
à accuser s'estompe.
adde1436 istuc "imprudens timuit
adulescens" ; sino
et ajoute même ceci : « sans le
savoir, il s'est laissé intimider comme un jeune homme » ; je
concède :
1
adde istvc
imprvdens timvit advlescens haec
non minus uerba causalem ad argumentandum uim habent. 2 mitto sino uim habent contra uoluntatem concedentis. 3 imprvdens timvit advlescens sino σχῆμα διανοίας· συγχώρησις.
4 Et singula pronuntianda, ut plura
uideantur.
1
adde istvc
imprvdens timvit advlescens ces mots n'ont pas moins de
force de preuve pour argumenter1028. 2 mitto sino
ces mots ont la valeur d'une concession faite malgré soi.
3 imprvdens timvit advlescens
sino figure de pensée : concession (σχῆμα διανοίας·
συγχώρησις). 4 Et il faut
prononcer chaque élément séparément, pour qu'ils paraissent plus
nombreux.
"tu seruus es1437" ; uerum si cognata est
maxime,
« tu n'es qu'un esclave ». Mais
même si elle est cent fois sa parente,
1
tv servvs
vervm si cognata est maxime sub
obtentu huius propositionis, in qua pars legis ostenditur, iam
poeta praeparat locum fallaciae Phormionis de dote accipienda.
2 vervm si cognata est
maxime ἰδιωτισμῷ259 addidit maxime. nam siue cognata est siue non260 , non
recipit τὸ μᾶλλον καὶ τὸ
ἧττον261 , hoc est : non dicitur
maxime cognata et
minime cognata ,
sed aut est aut non est. alii sic ordinant :
non fuit necesse maxime
habere, alii : sed id quod
lex iubet maxime dotem daretis.
1
tv servvs
vervm si cognata est maxime sous prétexte de cette
déclaration préliminaire1029 dans
laquelle une partie de la loi est exposée, le poète prépare déjà
le terrain pour la ruse de Phormion qui concerne le fait de
recevoir une dot1030. 2 vervm si cognata est
maxime il ajoute maxime par idiotisme (ἰδιωτισμῷ) ; en effet,
soit elle est cognata,
soit elle ne l'est pas, ce fait n'admet pas le plus ou
moins1031
(τὸ μᾶλλον καὶ τὸ
ἧττον), c'est-à-dire qu'on ne dit pas maxime cognata ni minime cognata (très peu apparentée),
et que soit elle est cognata, soit elle ne l'est pas.
D'autres mettent les mots dans cet ordre : non fuit necesse maxime habere,
d'autres encore dans celui-ci : sed id
quod lex iubet maxime dotem daretis.
non fuit necessum habere ; sed id
quod lex iubet,
il n'y avait pas nécessité
d'épouser ; mais, chose que la la loi ordonne,
id qvod
lex ivbet
262 ordo
sic263.
Vergilius «
uerum, id quod multo tute ipse fatebere maius
264
180 ».
id qvod lex ivbet c'est
bien l'ordre. Ainsi Virgile : « uerum, id quod multo tute ipse
fatebere maius » (mais, chose que tu avoueras toi-même).
dotem daretis, quaereret alium
uirum.
il vous fallait la doter et
l'envoyer chercher un autre mari.
qvaereret alivm virvm
265
quaereret
quasi266 idoneum ad significationem
odiorum. Vergilius «
quaerat sibi foedera Turnus267
181 ».
qvaereret alivm virvm
quaereret, pour ainsi
dire : propre à signifier la haine1032. Virgile : « quaerat sibi foedera
Turnus » (que Turnus se cherche ailleurs des alliances).
qua ratione inopem potius ducebat
domum ?
Par quelle raison a-t-il préféré
amener chez nous une indigente ?
1
qva ratione
inopem potivs dvcebat etiam ducebat magno sonitu intulit, quod
minus momenti habet aduersus eos qui accusantur quam illa
superiora. 2 inopem potivs dvcebat
d.
domvm
268 inopem
potius aut269
potius ducebat
distinguendum est.
1
qva ratione
inopem potivs dvcebat il prononce aussi ducebat avec une voix forte, parce
que ce mot a moins de poids pour contrer ceux à qui il fait des
reproches que son énoncé précédent1033. 2 inopem potivs dvcebat domvm il ne faut pas
ponctuer inopem potius
mais potius ducebat
1034.
Ge.-non ratio, uerum argentum
deerat. De.-sumeret
Gé.-Ce n'est pas la raison, c'est
l'argent qui a manqué. Dé.-Il n'avait qu'à en prendre
non ratio vervm argentvm
deerat hoc ita per iocum ludibundus
absoluit Geta, ut etiam quasi per iocum respondeat.
non ratio vervm argentvm
deerat Géta, en se jouant, se débarrasse de ce point en
plaisantant, en sorte que sa réponse soit pour ainsi dire une
plaisanterie1035.
alicunde. Ge.-alicunde ? nihil est
dictu facilius.
ailleurs. Gé.-Ailleurs ? rien n'est
plus facile à dire.
1
alicvnde nihil
dictv est facilivs hoc quasi subridens et auerso ab illo
uultu pronuntiauit Geta, quod genus actionis securitatem ostendit
hominis manifesta dicentis. 2
alicvnde Demipho alicunde ad facilitatem rettulit, hoc sic
intellegi fingunt, quasi non habens ex se Demipho a quo acciperet
diceret et dixerit270 alicunde. 3 nihil est dictv facilivs mire ut solet
prouerbio uno dissoluit totam senis intentionem, ut
Heautontimorumeno «
quid
tum quaeso
si hoc pater resciuerit ? — quid si redeo ad illos
qui aiunt «quid si nunc caelum ruat ?
182 »271.
1
alicvnde nihil
dictv est facilivs Géta prononce cela avec une sorte de
petit sourire et le visage tourné à l'opposé de son
interlocuteur ; ce genre d'attitude est révélateur du sentiment
d'assurance qu'éprouve un homme qui dit des choses évidentes1036.
2 alicvnde Démiphon renvoie
alicunde à la facilitas (facilité), On imagine que
cela se comprend ainsi : c'est comme si Démiphon, n'ayant pas de
ressources propres, s'apprêtait à dire de qui il allait recevoir
de l'argent et disait en fait alicunde. 3 nihil est dictv facilivs de façon
étonnante, il détruit par un seul proverbe, comme à son habitude,
tous les efforts du vieillard1037,
comme dans L'Héautontimorouménos : « quid tum quaeso
si hoc pater resciuerit ? — quid si redeo ad illos qui aiunt 'quid
si nunc caelum ruat' ? » (mais, je t'en prie, si mon père vient à
découvrir ta ruse ? – mais si... autant avoir affaire à ceux qui
disent : « mais si le ciel tombait ? »).
Dé.-Au bout du compte, à défaut
d'autre moyen, restait l'usure.
postremo si non alio pacto vel
faenore ostendit se senex haec perdere, cum ab his ad alia
transcendit exclusis272 .
postremo si non alio pacto vel
faenore le vieillard montre qu'il a perdu sur ce point,
puisque, débouté sur cet aspect, il passe de ce point-là à un
autre.
Ge.-hui dixti pulchre ! siquidem
quisquam crederet
Gé.-Ouais, excellent argument !
Pour sûr, quelqu'un lui aurait prêté
1
dixti pvlchre
siqvidem qvisqvam crederet te vivo uide quam non laboret
ad respondendum Geta. siquidem illi per ironiam respondit.
2 crederet pecuniam committeret.
1
dixti pvlchre
siqvidem qvisqvam crederet te vivo remarquez combien Géta
se dispense d'effort pour répondre. Il lui répond siquidem en usant
de l'ironie. 2 crederet pecuniam committeret (il confierait
de l'argent)1038.
te uiuo. De.-non, non sic futurum
est : non potest.
alors que tu es en vie ! Dé.-Non,
ça ne se passera pas ainsi, c'est impossible.
1
non non sic
fvtvrvm est non potest hic iam palmae locus est poetae
debitae, siquidem et omnia obiecerit Demipho et omnia soluerit
Geta, quibus actis sola irrationabilis exclamatio relinquitur
seni. 2 non non sic fvtvrvm est non
potest moralis abnegatio frequenti repetitione
firmata.
1
non non sic
fvtvrvm est non potest ici c'est à présent le lieu
d'attribuer au poète la palme qui lui est due, puisque à la fois
Démiphon soulève toutes les objections, et Géta les réfute
toutes ; cela fait, il ne reste au vieillard que des cris
irrationnels1039. 2
non non sic
fvtvrvm est non potest refus conforme au caractère du
personnage1040 et qui s'affirme
par de multiples répétitions.
egone illam cum illo ut patiar
nuptam unum diem ?
Moi, souffrir qu'elle reste mariée
avec lui un seul jour !
1
egone illam
cvm illo vt patiar nvptam hic est, de quo supra dictum est
«
illene indotatam uirginem atque ignobilem daret illi ?
numquam faceret
183 ». 2 egone illam cvm illo vt patiar
nvptam hic iam praestruitur quam facile triginta minas
perditurus sit Demipho, dum illam uult excludere.
1
egone illam
cvm illo vt patiar nvptam c'est ici ce dont on a parlé
plus haut : « illene indotatam uirginem atque ignobilem daret
illi ? numquam faceret ». 2 egone illam cvm illo
vt patiar nvptam ici le poète construit déjà, par avance,
avec quelle facilité Démiphon va perdre trente mines1041 en voulant chasser la jeune
fille.
nihil suaue meritum est. hominem
commonstrarier
On ne mérite aucune complaisance.
Que cet homme se montre
1
nihil svave
meritvm est ordo et sensus hic est : nihil mihi
mercedis suaue est, ut ego illam cum illo nuptam feram. suaue meritum enim suauem mercedem significat.
2 nihil svave meritvm est hominem
commonstrarier bono ordine peruenit ad Phormionem, a quo
confutabitur magis senex273.
1
nihil svave
meritvm est l'ordre et le sens sont ici les suivants :
aucune sorte de récompense ne m'est assez douce pour que je
supporte qu'elle soit mariée avec lui ; suaue meritum signifie en effet
suauem mercedem (douce
récompense)1042. 2
nihil svave
meritvm est hominem commonstrarier il en vient, dans le
bon ordre, à Phormion, par qui le vieillard sera pleinement
confondu1043.
mihi istum uolo aut ubi habitet
demonstrarier.
à moi, c'est lui que je veux et
qu'on me montre où il habite !
avt vbi habitet
demonstrarier mire ostendit quam hic senex contemnat
Phormionem modo, a quo mox superabitur.
avt vbi habitet
demonstrarier il montre de façon étonnante combien le
vieillard méprise ici Phormion qui l'emportera bientôt sur
lui1044.
Ge.-nempe Phormionem ? De.-istum
patronum mulieris.
Gé.-Phormion, donc ? Dé.Ce maudit
avocat de la donzelle.
istvm patronvm mvlieris
hic et contemnit aduersarium et sui fiduciam monstrat.
istvm patronvm mvlieris
ici, à la fois il méprise son adversaire et il témoigne de sa
confiance en soi1045.
Ge.-iam faxo hic aderit.
De.-Antipho ubi nunc est ? Ge.-foris.
Gé.-Je vais le faire venir ici.
Dé.-Et Antiphon, où est-il à présent ? Gé.-Dehors.
1
antipho vbi
nvnc est mitius nunc quaerit, ubi sit Antipho et utrum
amatae adhaereat, subtiliter, quod seruus
intellegens respondet foris. 2 iam faxo hic aderit Vergilius «
haud sibi cum Danais rem faxo et pube Pelasga
184 ». 3 foris
274
dixit, cum fugisse eum sciat.
1
antipho vbi
nvnc est à présent radouci, il demande où est Antiphon, et
s'il est aux côtés de celle qu'il aime1046 ; mais l'esclave comprend cela et
répond foris. 2 iam faxo hic aderit Virgile : « haud sibi
cum Danais rem faxo et pube Pelasga » (je les forcerai à
reconnaître qu'ils n'ont pas affaire à des Grecs ni à une armée
pélasge). 3 foris il dit foris, alors qu'il sait qu'il s'est
enfui.
De.-abi, Phaedria, eum require
atque adduce huc1440. Pha.-eo :
Dé.-Va, Phédria, va le chercher et
amène-le ici. Phé.-J'y vais ;
1
abi phaedria
evm reqvire atqve addvce hvc opportuna et apta simplicitas
attribuitur Demiphoni nil tale de Phaedria suspicanti. 2 eo recta via qvidem illo et amatorem
ostendit Phaedriam et simul id agit, ne in conspectum patris
ueniat Antipho.
1
abi phaedria
evm reqvire atqve addvce hvc Démiphon se voit attribuer
une naïveté bienvenue et appropriée1047, lui
qui ne soupçonne rien de tel au sujet de Phédria1048. 2 eo recta via qvidem illo à la fois il
montre que Phédria est amoureux, et en même temps il fait en sorte
qu'Antiphon ne vienne pas à être vu de son père.
recta uia quidem illo1441. Ge.-nempe ad
Pamphilam.
je file tout droit là-bas. Gé.-Oui,
chez Pamphila.
nempe ad pamphilam nisi
hoc Geta dixisset, non intellegerent spectatores quid
dixisset Phaedria.
nempe ad pamphilam si Géta
ne disait pas cela, les spectateurs ne comprendraient pas1049 ce qu'a
dit Phédria.
De.-at ego1442 deos Penates hinc salutatum
domum
Dé.-Quant à moi, c'est vers mes
dieux pénates que d'ici, pour les saluer chez moi,
1
at ego deos
penates hinc salvtatvm domvm nulla mentio fit uxoris apud
Demiphonem — non enim conuenit argumento ut habeat — neque quid in
Cilicia275 gesserit demonstratur
ideo quia Getam exclamasse276
iam dictum est «
noster277 in Ciliciam ad
hospitem antiquum
185 ». causa enim quaesita est cur abesset, dum uxorem ducit
Antipho, et causa ex argumento, id est auaritia, et quominus
uideatur pati nurum pauperem, qui ob spem lucri ab Attica in
Ciliciam nauigarit. 2 hinc
salvtatvm ab hoc
loco. 3 salvtatvm
adoratum quod est
primum post redditam precem278 .
1
at ego deos
penates hinc salvtatvm domvm il n'est fait aucune mention
d'épouse s'agissant de Démiphon — car cela ne convient pas à
l'argument qu'il en ait une — et il n'explique pas ce qu'il a fait
en Cilicie, précisément parce qu'on a déjà dit que Géta s'était
écrié « noster in Ciliciam ad hospitem antiquum ». Le problème est
donc de savoir où il était pendant qu'Antiphon se mariait, et la
raison est tirée de l'argument – c'est sa cupidité – et afin d'éviter qu'il semble
souffrir que sa belle-fille soit pauvre, lui qui est parti
d'Attique en bateau pour la Cilicie dans l'espoir de gagner de
l'argent. 2 hinc salvtatvm
hinc signifie
ab hoc loco (à partir de
ce lieu). 3 salvtatvm pour les
vénérer, ce qui est la première chose affaire après la prière
d'action de grâces1050.
diuortar ; inde ibo ad forum atque
aliquot1443
mihi
je bifurque ; puis j'irai sur la
place du marché et ce sont quelques miens
1
divortar bene diuortar quasi de uia. 2 atqve aliqvot mihi amicos advocabo iam
praeparat ridiculam aduocationem, qua plures adhibendo iuris
consultos incertior reddetur.
1
divortar diuortar est bien dit, comme s'il y
avait de uia (en se
détournant du chemin)1051. 2 atqve aliqvot mihi amicos advocabo il
prépare déjà la consultation ridicule des avocats, qui, en fin de
compte, quand il aura convoqué plusieurs individus versés dans le
droit, le laissera encore plus hésitant.
amicos aduocabo ad hanc rem qui
adsient,
amis que j'appellerai pour qu'ils
m'assistent dans cette affaire,
1
amicos
advocabo amicos et
pro testibus et pro
aduocatis ueteres
posuerunt. 2 adsient proprie adsient : adesse enim dicuntur aduocati.
1
amicos
advocabo les Anciens mettaient amici à la fois pour testes (les témoins) et pour
aduocati (les
avocats)1052. 2 adsient adsient est employé au sens propre :
on dit en effet adesse
pour les avocats.
ut ne inparatus sim si ueniat
Phormio.
afin de ne pas être pris au
dépourvu quand Phormion viendra.
vt ne imparatvs ne pro non.
vt ne imparatvs ne pour non.
scaena altera
Geta Phormio
315 | 316 | 317 | 318 | 319 | 320 | 321 | 322 | 323 | 324 | 325 | 326 | 327 | 328 | 329 | 330 | 331 | 332 | 333 | 334 | 335 | 336 | 337 | 338 | 339 | 340 | 341 | 342 | 343 | 344 | 345 | 346 | 347
Pho.-Itane patris ais aduentum
ueritum hinc abiisse ? Ge.-admodum.
Pho.-Tu dis donc qu'il a pris peur
à l'arrivée de son père et qu'il s'est enfui de la maison ?
Gé.-Exactement.
1
itane patris
ais conspectvm veritvm hinc abisse in hac scaena de
parasitis uilioribus Terentius proponit imaginem uitae, ut in
Eunucho de potioribus et his qui nuper processerunt, id est
de assentatoribus. animaduertendum autem huiusmodi genus
hominum magis a Terentio lacerari. 2 itane patris
a.
ais
con.
conspectvm
v.
veritvm
h.
hinc
a.
abisse
adhuc narratur fabula de Terentio et Ambiuio
ebrio, qui acturus hanc fabulam oscitans et temulentus atque aurem
minimo inscalpens digitulo hos Terentii pronuntiauit uersus.
quibus auditis exclamauit poeta se talem eum scribere 279 cogitasse parasitum, et ex indignatione, qua eum
saturum potumque deprehenderat, delinitus280 statim. 3 Haec labra lingens ut ebrius et ructans
utpote281 et
satur pronuntiauit actor bonus. 4
admodvm annuendi uim habet :
eo282 dumtaxat modo. et subauditur ueritum.
1
itane patris
ais conspectvm veritvm hinc abisse dans cette scène,
Térence propose une représentation de la vie inspirée des
parasites les plus vils, comme il le fait, dans
L'Eunuque, sur les parasites supérieurs1053, et sur ceux qui qui se sont
récemment élevés, c'est-à-dire sur les flatteurs. Il faut, par
ailleurs, remarquer que ce genre d'hommes est davantage raillé par
Térence1054. 2 itane patris ais conspectvm veritvm hic
abisse on raconte encore aujourd'hui une histoire au sujet
de Térence et d'Ambivius ivre1055 ; alors que celui-ci allait jouer cette pièce,
c'est avec nonchalance, en état d'ébriété et en se curant
l'oreille du petit doigt, qu'il prononça ces vers de Térence. Ce
dernier l'entendit, et s'écria qu'il avait projeté d'écrire ce
personnage exactement ainsi ; et il se calma tout de suite de
l'indignation de l'avoir surpris complètement ivre. 3 En bon acteur, il a prononcé ces mots en se
mouillant les lèvres comme un ivrogne et en rotant comme quelqu'un
qui est complètement ivre. 4
admodvm a un sens d'acquiescement et
équivant à eo dumtaxat
modo (de cette manière et pas plus). Et on sous-entend
ueritum.
Pho.-Phanium relictam solam ?
Ge.-sic. Pho.-et iratum senem ?
Pho.-Qu'il a laissé Phanium seule ?
Gé.-Oui. Pho.-Et que le vieux enrage ?
1
phanivm
relictam solam subauditur ais. 2 iratvm senem iterum
subauditur ais.
1
phanivm
relictam solam on sous-entend ais (tu dis). 2 iratvm senem on sous-entend de nouveau
ais (tu dis).
Ge.-oppido. Pho.-ad te solum
summa1444, Phormio, rerum redit :
Gé.-Carrément. Pho.-C'est sur toi
seul, Phormion, que se concentre toute l'affaire.
1
oppido
non aio sed iratum intellege283. 2 ad te solvm svmma phormio rervm
redit tvte hoc intristi tibi omne est
exedendvm 284 ideo uelut expergefactus ad has causas accedit
Phormio, quia nihil285 diu sollicitum conuenit esse parasitum
nec quicquam aliud nisi de conuiuio uel propter conuiuium
cogitare. 3
a.
ad
t.
te
ea dici a Geta cogitantur modo : et iam negotiorum
Antiphonis neglegens est atque securus286 .
1
oppido
comprenez, non pas aio (je
le dis), mais iratum (il
est en colère)1056. 2 ad te solvm svmma
phormio rervm redit tvte hoc intristi tibi omne est
exedendvm la raison qui fait que Phormion aborde cette
affaire comme s'il sortait du lit1057,
c'est qu'il ne convient pas qu'un parasite se fasse trop longtemps
de souci de quoi que ce soit ni ne songe à autre chose qu'au repas
ou aux moyens de le trouver ; 3
ad
te on pense parfois que ces mots sont dits par Géta : et
désormais il ne se soucie plus des affaires d'Antiphon et il est
rassuré.
tute hoc intristi : tibi omne est
exedendum : accingere.
C'est toi qui as broyé les
ingrédients : il te faut tout manger. Prépare-toi.
1
tvte hoc
intristi παροιμία287 apta parasito,
quae288 de cibo est. hoc autem inter rusticos de
aleato mortario dici solet. 2 Et bene
intristi : proprie enim
intrita dicitur huiusmodi
cibus. 3 accingere appara te ipsum
atque expedi.
1
tvte hoc
intristi proverbe (παροιμία) approprié pour un parasite,
puisqu'il y est question de nourriture. Par ailleurs, cela se dit
d'ordinaire, chez les paysans, au sujet du mortier à ail1058. 2 Et intristi est bien dit : on dit en
effet intrita (soupe) au
sens propre pour des nourritures de ce genre1059.
3 accingere prépare-toi et
fais tes préparatifs.
Ge.-obsecro te. Pho.-si rogabit...
Ge.-in te spes est. Pho.-ecce rem.1445
Gé.-Je t'en supplie. Pho.-S'il
demande... Gé.-Nous n'avons espoir qu'en toi. Pho.-C'est cela.
ecce rem qvid si reddet
totum hoc quasi alia agens loquitur parasitus. et ex hoc apparet,
quid intersit inter audaciam sycophantae improbi et patris
familias perturbationem minime litigiosi : nam ille in bona causa
aduocatos quaerit et ipse sollicitus in toto actu est, hic puncto
temporis se ad calumniam praeparauit.
ecce rem qvid si reddet le
parasite dit tout cela, comme s'il était en train de faire autre
chose ; et cela met en évidence la différence qui sépare l'audace
du sycophante malhonnête et le trouble du père de famille qui
n'aime pas du tout les procès : en effet, ce dernier cherche des
avocats dans une cause valable, et se montre inquiet pendant toute
la procédure, alors que celui-là, en une minute, se prépare à la
calomnie.
quid si reddet ? Ge.-tu inpulisti.
Pho.-sic opinor. Ge.-subueni.
Et si on la rendait... Gé.-C'est
toi qui nous as poussés. Pho.-Oui, je crois. Gé.-Viens à notre
aide.
1
qvid si
reddet bene iam ad illud respicit fabula, quod futurum
est, propter Phaedriam. 2 sic opinor
non ad tu impulisti hoc
pertinet sed ad id quod secum tacitus uoluit Phormio. 3 qvid si reddet hoc est : quid si respondebit ? 4 An mulierem
reddet ?
1
qvid si
reddet la pièce envisage à présent, et c'est bien, ce qui
va se passer concernant Phédria1060. 2 sic opinor cela ne renvoie pas à tu impulisti, mais à ce que Phormion
est en train de rouler dans sa tête. 3 qvid si reddet est-ce à dire : quid si respondebit (et s'il
répond) ? 4 Ou bien mulierem reddet (s'il rend la
fille) ?
Pho.-cedo senem : iam instructa
sunt mi in corde consilia omnia.
Pho.-Passe-moi le vieux. J'ai
maintenant tout mon plan dans la tête.
1
cedo
senem hic alii exclusisse289 torporem somni inducunt
parasitum, alii transgluttisse quod in ore mandebat, quasi hoc
morae fuerit ad uincendum senem. 2
cedo senem non paruae290
litis molimen impendet, cum senex dicat
hominem
commonstrarier
186, parasitus dicat cedo
senem.
1
cedo
senem ici, certains mettent en scène le parasite en train
de chasser la torpeur du sommeil, d'autres le mettent en scène en
train d'avaler ce qu'il mâchait, comme si c'était un délai pour
mieux l'emporter sur le vieillard. 2 cedo senemce n'est pas une menace de petite
querelle qui se profile, puisque le vieillard dit hominem commonstrarier, et le
parasite, cedo senem
1061.
Ge.-quid agis1446 ? Pho.-quid uis nisi uti maneat
Phanium atque ex crimine hoc
Gé.-Que vas-tu faire ? Pho.-Que
veux-tu que je fasse, sinon de vous faire garder Phanium, de
mettre hors de cause
1
qvid
agis non interrogantis sed metuentis est hoc dictum.
2 qvid vis nisi vt maneat phanivm
atqve ex crimine hoc antiphonem eripiam et in me omnem iram
derivem senis tria promittit in quibus omnis Antiphonis
causa est constituta. 3 atqve ex hoc crimine
an.
antiphonem
eri.
eripiam
sic dixit ex
crimine eripiam291
quasi ex
incendio. 4 Considera
trium rerum quas promittit gradus per auxesim esse seruatos.
5 phanivm uxor scilicet
Antiphonis.
1
qvid
agis ce n'est pas le propos de quelqu'un qui interroge,
mais de quelqu'un qui craint. 2
qvid vis nisi
vt maneat phanivm atqve ex crimine hoc antiphonem eripiam et in me
omnem iram derivem senis il s'engage sur les trois points
dans lesquels réside la totalité de l'affaire d'Antiphon.
3 atqve ex hoc crimine antiphonem
eripiam il dit ex crimine
eripiam comme s'il disait ex incendio eripiam
(je l'arracherai à un incendie)1062. 4 Remarquez que
l'importance respective des trois choses qu'il promet est
préservée par la gradation1063. 5
phanivm la femme d'Antiphon,
évidemment1064.
Antiphonem eripiam atque in me
omnem iram deriuem senis ?
Antiphon et de dériver sur moi
toute la colère du vieux ?
1
antiphonem
eripiam bene eripiam dixit, quod causam significat
dici pro eo qui teneatur oppressus. Vergilius «
tune hinc spoliis indute meorum eripiare mihi ?
187 ». 2 in me omnem iram derivem
patris deriuatio
dicitur inflexio criminis ab eo ad quem pertinebat ad eum ad quem
non pertinet.
1
antiphonem
eripiam il fait bien de dire eripiam, parce qu'il veut dire qu'on
plaide pour celui qui est considéré comme victime. Virgile :
« tune hinc spoliis indute meorum eripiare mihi ? » (toi, revêtu
des dépouilles des miens, tu pourrais m'être arraché à
présent ?)1065. 2 in me omnem iram derivem patris on appelle
deriuatio (dérivation)
l'infléchissement du chef d'accusation de la personne sur laquelle
il portait vers celle sur laquelle il ne porte pas.
Ge.-o uir fortis atque amicus.
uerum hoc saepe, Phormio,
Gé.-Ah ! tu es un brave et un ami.
Mais il y a cette chose que, comme d'habitude, Phormion,
1
o vir fortis
atqve amicvs ordine laudauit : plus est enim amicus quam uir fortis. 2 Et apparet auersum292 Getam exclamasse, quod maiorem uim habet quam si
amice293 dixisset. 3 o vir fortis atqve amicvs nominatiuum pro
uocatiuo posuit. 4 vervm hoc saepe
phormio bene saepe addidit, ut sententiam faceret
de speciali dicto. 5 vervm hoc saepe
phormio vereor ne
i.
istaec
f.
fortitvdo
i.
in
n.
nervvm
er.
ervmpat
ex consuetudine Romana dixit, quia saepe in
neruum coniciebantur ex
aliquo maleficio in carcerem missi. 6 An num quod294 prouerbium ex
sagittariis natum est, quod immoderatae plerumque uires adducendo
arcu non telum incitent, sed neruum rumpant ? 7 An295 quod saepe fortius ferientes neruum sibi
aliquem laedant ? 8 Ergo
fortitudine nimia saepe uinci, saepe decipi contingit.
1
o vir fortis
atqve amicvs il loue dans l'ordre : en effet, un
amicus, c'est plus qu'un
uir fortis. 2 Et, manifestement, Géta s'exclame en
aparté1066, ce qui a
plus de force que s'il lui parlait comme on parle à un ami.
3 o vir fortis atqve amicvs
il met le nominatif pour le vocatif. 4 vervm hoc saepe phormio il fait bien
d'ajouter saepe, afin de
faire une maxime à partir d'un propos isolé1067. 5
vervm hoc
saepe phormio vereor ne istaec fortitvdo in nervvm ervmpat
il s'exprime selon la coutume romaine1068, parce que souvent on jetait dans les
fers (neruus 1069)
ceux qui, à la suite de quelque méfait, avaient été envoyés en
prison. 6 N'y a-t-il pas là quelque
proverbe tiré de l'archer qui souvent, en bandant l'arc, sans
modérer sa force, ne lance pas la flèche mais casse la corde
(neruus) ? 7 Ou bien parce que, souvent, ceux qui
frappent trop fort se froissent un nerf1070 ? 8 Donc, par un
courage excessif, il arrive souvent que l'on vainque, mais souvent
que l'on soit déçu1071.
uereor, ne istaec fortitudo in
neruum erumpat denique. Pho.-ah
je redoute, c'est que tant de
bravoure n'aboutisse au cachot à la fin. Pho.-Ah
1
vereor ne
istaec fortitvdo in nervvm ervmpat quid est istaec ? nimium audax scilicet. et
conuenit hoc dictum Getae, qui supra dixerat «
est parasitus quidam Phormio, homo confidens : qui
illum di296 perduint !
188 » 2 in nervvm ervmpat deniqve
denique modo, pro arte lecta
et297
Terentiana consuetudine, qui hanc particulam in ultima
ponit sententia.
1
vereor ne
istaec fortitvdo in nervvm ervmpat que signifieistaec ? Excessivement audacieuse,
évidemment. Et ce propos convient à Géta, qui a dit plus haut :
« est parasitus quidam Phormio, homo confidens : qui illum di
perduint ! ». 2 vin nervvm ervmpat
deniqve denique
équivaut à modo1072 , conformément à un art raffiné et
à l'habitude de Térence qui place cette particule dans le dernier
membre de la phrase.
non ita est : factum est periclum,
iam pedum uisa est uia.
ça non alors ! J'ai fait l'essai ;
je sais à présent où poser le pied.
1
iam pedvm visa
est via pedum pro
pedibus et uisa ἀντὶ τοῦ prouisa. 2 Et totum metaphorice.
1
iam pedvm visa
est via pedum pour
pedibus et uisa au lieu de (ἀντὶ τοῦ) prouisa (prévue). 2 Et le tout est dit de façon métaphorique.
quot me censes homines iam
deuerberasse usque ad necem,
Combien crois-tu que j'aie déjà
battu de gens jusqu'à la mort,
qvot me censes homines iam
deverberasse vsqve ad necem παρασιτικῶς totum translationibus
loquitur huiusmodi ; est enim umbraticorum hominum et
scurrilis oratio298 .
qvot me censes homines iam
deverberasse vsqve ad necem à la façon d'un parasite
(παρασιτικῶς),
il parle entièrement par des métaphores de ce genre ; c'est en
effet le propre d'hommes oisifs et le discours d'un bouffon1073.
hospites, tum ciues ? quo mage
noui, tanto saepius.
des étrangers et même des
citoyens ? Plus je sais, plus j'essaye.
1
hospites tvm
cives ἀνακόλουθον secundum, deest enim
τὸ cum supra tum299 . 2 Et bene posterius posuit id quod maius
est.
1
hospites tvm
cives anacoluthe (ἀνακόλουθον) de la deuxième catégorie ;
en effet, il manque le (τὸ)cum au-dessus de tum 1074. 2 Et il fait bien de placer après ce qui est le plus
important1075.
cedo dum, en umquam iniuriarum
audisti mihi scriptam dicam ?
Or çà, as-tu jamais entendu dire
qu'on m'ait assigné en réparation d'injures ?
1
cedo dvm en
vmqvam inivriarvm avdisti mihi scriptam dicam plus est hoc
quod per interrogationem intulit, quam si diceret numquam mihi scripta est iniuriarum
dica. 2
inivriarvm
scriptam dicam
ἀκυρολογία300
: sic enim et Tullius «
scribitur Heraclio dica
189 ». 3 dicam
δίκη
Graece causa est, quae fit Latine dica, ut
ἀκτή
acta,
Καλλιόπη
Calliopa.
1
cedo dvm en
vmqvam inivriarvm avdisti mihi scriptam dicam parce qu'il
le prononce sur le mode interrogatif, c'est plus fort1076 que s'il disait numquam mihi scripta est iniuriarum
dica (jamais on ne m'a assigné en dommages).
2 inivriarvm scriptam dicam
impropriété (ἀκυρολογία) ; en effet Tullius dit
également ainsi : « scribitur Heraclio dica » (il fait
notification par écrit à Héraclius de l'action qu'on lui intente).
3 dicam
δίκη
, en grec, c'est causa (procès), qui devient en latin
dica, comme
ἀκτή
devient acta et
Καλλιόπη
Calliopa.
Ge.-qui istuc ? Pho.-quia non rete
accipitri tenditur1447 neque miluo,
Gé.-Comment cela se fait-il ?
Pho.-C'est qu'on ne tend pas de filets pour l'épervier ou pour le
milan,
1
qvi
istvc interrogare dicitur et301 fingere302 Geta, ut parasitica progrediatur oratio.
2 qvia non rete accipitri tenditvr
neqve milvo rursus per allegoriam
alloquitur303 parasitus, ut totum et
triuiale sit et ex304 conuiuiis
escisque translatum. 3 qvia non rete
accipitri tenditvr legitur et tennitur : habet enim n littera cum d communionem.
1
qvi
istvc Géta, dit-on, pose des questions et joue la comédie
précisément pour que le discours du parasite avance1077. 2 qvia non rete accipitri tenditvr neqve
milvo de nouveau, le parasite s'adresse à lui par
allégorie, afin que tout son propos semble à la fois trivial et
tiré du registre du repas et de la nourriture. 3 qvia non rete accipitri tenditvr on lit
aussi tennitur : en effet,
la lettre n a des
traits communs avec la lettre d.
qui male faciunt nobis : illis qui
nihil faciunt tenditur1448,
qui nous font du tort ; c'est à
ceux qui n'en font pas qu'on dresse des pièges,
1
qvi male
facivnt nobis ore et unguibus scilicet. 2 illis qvi nihil facivnt tenditvr non sic
accipe305
nihil faciunt, quasi dicat
nec male nec bene, sed cum
legeris nihil faciunt,
subaudi τὸ 306 nobis
male.
1
qvi male
facivnt nobisavec leur bec et leurs serres1078, évidemment. 2 illis qvi nihil
facivnt tenditvrcomprenez non pas nihil faciunt comme s'il disait
nec male nec bene (ni en
mal ni en bien), mais, après avoir lu nihil faciunt, sous-entendez le
(τὸ)nobis
male (ils ne nous font aucun mal).
quia enim in illis fructus est, in
illis opera luditur.
parce qu'en effet avec eux, il y a
profit ; avec les autres, c'est peine perdue.
1
qvia enim in
illis frvctvs est παρέλκον tertium, quo ut quia sic307 enim subiungatur308 , aut ipsum enim superuacuum est. 2 in illis frvctvs est qui
nihil faciunt nobis male. 3 qvia enim in illis
frvctvs est fructus cibus, quia frumen dicitur tractus gulae, quo
cibus in aluum demittitur. 4
in illis opera
lvditvr qui male faciunt nobis. 5 lvditvr exercetur. 6 Alii luditur frustratur309 .
1
qvia enim in
illis frvctvs est pléonasme (παρέλκον) de la troisième catégorie, de
manière à faire autant de quia que de enim un subordonnant, ou bien c'est
enim lui-même qui est
superflu1079. 2 in illis frvctvs est eux qui ne nous font
aucun mal1080. 3
qvia enim in
illis frvctvs est fructus signifie cibus, parce que nous nommons
frumen (gosier) l'œsophage
où la nourriture (cibus)
tombe dans l'estomac1081. 4 in illis opera lvditvr ceux qui nous font
du mal1082. 5 lvditvr
exercetur (on s'exerce).
6 D'autres disent luditur signifie frustratur (on est
déçu)1083.
aliis aliunde est periculum unde
aliquid abradi potest :
D'un côté ou d'un autre, le danger
guette ceux à qui l'on peut arracher quelque chose ;
1
aliis alivnde
est pericvlvm vnde aliqvid abradi potest utrum hic sensus
est, quasi dixerit : aliud aliis periculum affertur, a quibus
auferri potest, an : alii aliunde periclitantur quam credunt ? est
enim illis causa periculi non quae uidetur, sed quae ab illis
aliquid auferre potest. 2 vnde
a quibus. 3 abradi per uim auferri.
1
aliis alivnde
est pericvlvm vnde aliqvid abradi potest faut-il
comprendre comme s'il disait : "tel est confronté à un danger, tel
autre à un autre, alors qu'il aurait pu en être dispensé" ? Ou :
"chacun encourt un danger spécifique et auquel il ne s'attendait
pas" ? De fait, la raison de leur péril n'est pas celle qu'ils
croyaient, mais une autre qui peut leur faire perdre quelque
chose1084. 2 vnde
a quibus (par lesquels).
3 abradi être emporté par la
force.
mihi sciunt nihil esse. dices
"ducent damnatum domum" :
mais moi, on sait que je n'ai rien.
Tu me diras : « ils te feront condamner à la contrainte par corps
à leur domicile. »
1
mihi scivnt
nihil esse rei
scilicet. 2 dvcent damnatvm domvm secundum ius scilicet, quo obaerati cum non soluendo
essent, ipsi manu capiebantur. 3
dvcent
damnatvm domvm mire risus310 est uerbis ad extenuandam poenam et rem ad
commodum transferendam ; nam quod obaeratis inimicum, id parasitus
maxime optat : duci ab aliquo domum. addidit autem damnatum quasi qui irrideat genus
damnationis, in qua uictor
pascere compellitur et uictus pascitur.
1
mihi scivnt
nihil esse rei
(en terme de biens), évidemment. 2
dvcent
damnatvm domvm conformément à la loi, évidemment, qui
voulait que ceux qui avaient des dettes mais qui ne pouvaient les
payer fussent eux-mêmes arrêtés1085. 3 dvcent damnatvm
domvm paradoxalement il y a matière à rire dans ces
paroles pour atténuer le châtiment et déplacer l'affaire à son
avantage ; en effet, ce qui est funeste pour ceux qui ont des
dettes1086, le parasite le souhaite au plus haut point : être
conduit par quelqu'un chez lui1087. Il ajoute par
ailleurs damnatum, comme
quelqu'un qui se moquerait de ce genre de damnatio (condamnation), dans
laquelle le vainqueur est réduit à entretenir le vaincu, et le
vaincu est entretenu.
alere nolunt hominem edacem et
sapiunt mea sententia,
On ne veut pas nourrir un si gros
mangeur ; et l'on a raison, à mon avis,
1
alere nolvnt
hominem edacem sensus est : sciunt edacem et ideo nolunt
ducere. 2 Et hoc sic
pronuntiandum est, ut facete totum uideatur relatum, quando,
separatus sic ab311
huiusmodi poena, neque accusari ab alio queritur neque
damnari. 3 hominem edacem se
significat. 4 sapivnt sibi consulunt.
1
alere nolvnt
hominem edacem le sens est : ils savent que je suis
vorace, et c'est pourquoi ils ne veulent pas m'emmener. 2 Et il faut prononcer cela pour que cela
paraisse raconté de manière amusante, puisque, ainsi débarrassé
d'un châtiment de ce genre, il ne se plaint ni d'être accusé par
un autre, ni d'être condamné. 3
hominem
edacem il renvoie à lui-même. 4 sapivnt sibi
consulunt (réfléchissent en eux-mêmes).
pro maleficio si beneficium summum
nolunt reddere.
de ne pas vouloir payer mes méfaits
d'un grand bienfait.
1
pro
maleficio pro
iniuria 312. 2 pro maleficio si beneficivm παρασιτικῶς beneficium summum dixit alere. 3 reddere retribuere, reponere.
1
pro
maleficio pro
iniuria (en compensation du dommage). 2 pro maleficio si beneficivm à la façon d'un
parasite (παρασιτικῶς), il appelle alere un beneficium summum. 3 reddere retribuere (payer), reponere (rendre).
Ge.-non potest satis pro merito ab
illo tibi referri gratia.
Gé.-On ne pourra pas assez te
rendre la pareille de ce ce que tu fais pour lui.
1
non potest
satis pro merito ab illo tibi referri gratia
multum promittit Geta parasito, cum dicat nihil futurum, quod
pro merito 313 possit.
2 non potest satis pro merito ab
illo huiusmodi sententiam inferunt poetae parantes
sic quae uolunt314 inferre. 3 ab illo tibi gratia referri non ab eo qui
te damnatum duxerit, sed ab315
Antiphone de quo sermo est.
1
non potest
satis pro merito ab illo tibi referri gratia Géta promet
beaucoup au parasite, en disant qu'il n'y aura rien qui puisse
être pro merito.
2 non potest satis pro merito ab
illo ce sont des sentences de ce genre que les poètes
introduisent en préparant ainsi ce qu'ils veulent introduire.
3 ab illo tibi gratia
referri non pas : "par celui qui t'emmènera après ta
condamnation", mais : "par Antiphon", sur qui porte la
conversation.
Pho.-immo enim nemo satis pro
merito gratiam regi refert.
Pho.-C'est plutôt : personne ne
peut rendre dignement à son boss ce qu'il a fait pour lui.
1
immo enim
satis nemo pro merito gratiam regi refert bene parasitus
quicquid praestat debere se dicit. et est proprium personae
inferioris. Vergilius «
tu mihi quodcumque hoc regni, tu sceptra Iouemque
concilias, tu das epulis accumbere diuum
190 ». 2 gratiam uicem. 3 nemo pro merito satis gratiam refert
regi rex alias
regnator, alias dominus, alias diues significat. sed nunc rex uim316 habet nominis ad aliquid,
dicti ad significandum parasitum : ut enim parasitus regis est et
libertus patroni, sic e contrario rex parasiti est et patronus
liberti. quod si non esset, non nemo tantummodo sed nemo parasitus diceret.
1
immo enim
satis nemo pro merito gratiam regi refert le parasite fait
bien de dire qu'il est redevable de tout ce que l'autre lui offre.
Et c'est le propre d'un personnage inférieur. Virgile : « tu mihi
quodcumque hoc regni, tu sceptra Iouemque concilias, tu das epulis
accumbere diuum » (c'est toi qui me vaux ce que j'ai de pouvoir,
mon sceptre et la faveur de Jupiter ; c'est toi qui me donnes le
droit de m'asseoir aux festins des dieux)1088.
2 gratiam la pareille.
3 nemo pro merito satis
gratiam refert regi rex signifie parfois regnator (souverain), parfois
dominus (maître), parfois
diues (riche). Mais ici
rex a la valeur d'un nom
relatif, nom qui est mis pour renvoyer au parasite : car de même
que le parasite est affranchi d'un roi et d'un patron, à l'inverse
le roi est le patron du parasite et de l'affranchi1089.
Si ce n'était pas cela, il ne dirait pas seulement nemo mais nemo parasitus (personne qui soit un
parasite).
tene ad symbolum uenire unctum
atque lautum e balneis,
Te vois-tu arriver au repas où tu
es inscrit, tout parfumé, tout propre au sortir des bains,
1
tene ad
symbolvm317 venire vnctvm
atqve lavtvm e balneis haec non ab Apollodoro, sed ex Enni
saturis318 translata sunt omnia : «
quippe sine cura laetus lautus cum aduenis
infestis319 malis, expedito
bracchio, alacer celsus, lupino exspectans impetu, mox cum
alterius obligurias320 bona : quid censes domino321 esse animi ? pro diuum fidem !
ille tristis est dum cibum seruat, tu ridens uoras322
191 ». 2 tene asymbolvm venire et
hoc nomen constat inter parasitos esse confictum atque compositum
contra illud in Andria «
symbolam323 dedit,
cenauit
192 ».
1
tene ad
symbolvm venire vnctvm atqve lavtvm e balneis tout cela
est tiré non pas d'Apollodore, mais des Satires
d'Ennius : « quippe sine cura laetus lautus cum aduenis infestis
malis, expedito bracchio, alacer celsus, lupino exspectans impetu,
mox cum alterius obligurias bona : quid censes domino esse animi ?
pro diuum fidem ! ille tristis est dum cibum seruat, tu ridens
uoras » (de fait, lorsque tu arrives sans souci, joyeux, brillant,
mâchoires en ordre de bataille, manches retroussées, plein
d'entrain et d'assurance, attendant avec une impétuosité de loup,
à l'idée que bientôt tu vas lécher le bien d'autrui : dans quel
état d'esprit crois-tu que le maître se trouve ? au nom des
dieux ! il est affligé tandis qu'il sert la nourriture, mais toi
tu dévores en riant). 2 tene asymbolvm
venire et c'est un fait établi que ce nom est forgé et
construit chez les parasites1090, au contraire de celui-ci dans
L'Andrienne : « symbolam dedit,
cenauit »1091.
otiosum ab animo, cum ille et cura
et sumptu absumitur !
tout quiet de cœur, alors que lui
est accaparé par les soucis et la dépense ?
1
otiosvm ab
animo τῷ
ἀρχαϊσμῷ addidit ab, cum sufficeret animo. 2 cvm ille et cvra et svmptv absvmitvr
cura in apparando,
sumptu in comedendo.
1
otiosvm ab
animo il ajoute ab
par archaïsme (τῷ
ἀρχαϊσμῷ), alors que animo suffirait. 2 cvm ille et cvra et svmptv absvmitvr
cura pour l'apparat1092, sumptu pour le repas.
dum tibi fit quod magis
placeat1449, ille ringitur : tu rideas,
Tandis qu'arrive de quoi te faire
bien plaisir, lui grogne ; toi, tu n'as qu'à rire,
1
dvm tibi sit
qvod magis placeat acuenda uox in eo quod ait tibi. 2 Et hoc eminenter adiectum est non sui curam
sed conuiuarum gerere illum qui uocat. 3 ille ringitvr tv rideas poetico lepore
iisdem syllabis diuersa significantia prope se inuicem posuit :
ringitur et
rideas. 4 ille ringitvr tv rideas uarie, nam
pronuntiatiuo coniunctiuum miscuit. non dixit enim ringatur sed ringitur. 5 Ringi est
stomachari tacitum ; est
enim translatio a canibus latraturis324 .
1
dvm tibi sit
qvod magis placeat il faut un accent aigu sur tibi. 2 Et, d'une manière remarquable, il ajoute que celui
qui invite ne se fait pas du souci pour lui, mais pour ses
convives. 3 ille ringitvr tv rideas
avec un raffinement poétique, il met presque en réponse l'un à
l'autre des mots qui ont des sens différents, mais les mêmes
syllabes : ringitur et
rideas 1093. 4 ille ringitvr tv rideas avec un souci de
variation, car il mélange le subjonctif à l'indicatif1094. En
effet, il ne dit pas ringatur (qu'il enrage) mais
ringitur. 5 Ringi,
c'est s'irriter en silence ; c'est en fait une métaphore tirée des
chiens qui sont prêts à aboyer1095.
prior bibas, prior decumbas ; cena
dubia apponitur.
qu'à boire le premier, qu'à
t'asseoir le premier à table. On apporte un repas hésitant.
1
prior bibas
prior decvmbas hoc ad procacitatem parasitorum rettulit.
2 prior decvmbas sic.
Cicero325 aliter «
mature ueniunt, discumbitur
193 » inquit. 3 cena dvbia
apponitvr et hoc adeo parasiticum uerbum est, ut non
intellegat Geta.
1
prior bibas
prior decvmbas cela renvoie au goût des plaisirs des
parasites1096. 2 prior
decvmbas sic1097 ! Cicéron1098 utilise un autre
mot : « mature ueniunt, discumbitur » (ils arrivent de bonne
heure ; on se met à table). 3
cena dvbia
apponitvr et c'est un propos de parasite précisément pour
que Géta ne comprenne pas1099.
Ge.-quid istuc uerbi est ? Pho.-ubi
tu dubites quid sumas potissimum.
Gé.-Qu'est-ce que c'est que cette
expression ? Pho.-Un repas où on hésite sur ce qu'il faut prendre
prendre de préférence.
1
qvid istvc verbi est ut intellegat populus,
idcirco et non intellegit et uult doceri Geta. ostendit autem
poeta pro una quaque re uerba propria esse neque communia cum his,
qui diuersi sunt actus. 2 vbi tv dvbites qvid
svmas potissimvm non potius sed potissimum dixit, ut in re omni aliis
alia potiora monstraret.
Plautus «
standum est in lecto, si quid de summa326
petas
194 ».
1
qvid istvc
verbi est c'est précisément pour que le public comprenne
que Géta ne comprend pas et veut qu'on le mette au courant. Le
poète montre par ailleurs que chaque situation a son propre
vocabulaire et qu'il n'est pas commun avec celui de ceux qui ont
des activités différentes1100. 2 vbi tv dvbites qvid
svmas potissimvm il ne dit pas potius (préférable) mais potissimum, afin de montrer que dans
toute situation, certaines choses sont potiora (préférables) par rapport à
d'autres1101. Plaute : « standum est in lecto, si quid de
summa petas » (il faut monter debout sur le lit pour atteindre au
faîte)1102.
haec cum rationem ineas quam sint
suauia et quam cara sint,
Quand tu calcules combien ces
plaisirs sont agréables et combien ils sont chers
1
haec cvm
rationem ineas intellegas, aestimes. 2 qvam sint svavia et qvam cara sint non
nihil philosophatus est poeta ostendendo multis suauia esse quae cara sint. 3 cara magni
pretii.
1
haec cvm
rationem ineas ineas signifie intellegas (que tu comprennes),
aestimes (que tu juges).
2 qvam sint svavia et qvam cara
sint le poète ne laisse pas de parler en philosophe quand
il montre que pour beaucoup de gens, ce qui est dispendieux
(quae cara sint) est
délicieux (suauia)1103. 3 cara magni
pretii (d'un grand prix).
ea qui praebet, non tu eum1450 habeas plane
praesentem deum ?
à celui qui les fournit, toi tu
pourrais ne pas le regarder comme un dieu vraiment tutélaire ?
1
ea qvi praebet
non tv evm habeas plane praesentem devm hoc est quod ait
«
immo enim nemo satis pro merito gratiam regi
refert
195 ». 2 non tv hvnc habeas plane
praesentem devm praesentes
di sunt uel qui statim praestant uel qui et coluntur et
uidentur, ut Sol Luna. alii praesentem pro potentissimo accipiunt, ut Vergilius
«
quo non praesentius ullum
196 ».
1
ea qvi praebet
non tv evm habeas plane praesentem devm c'est ce qu'il
dit : « immo enim nemo satis pro merito gratiam regi refert ».
2 non tv hvnc habeas plane
praesentem devm les praesentes
di sont ou bien ceux qui se signalent (praestant) sur-le-champ, ou bien ceux
qu'à la fois on vénère et on peut voir, comme le Soleil et la
Lune. Certains comprennent praesens pour potissimus (tout-puissant), comme
Virgile : « quo non praesentius ullum » (rien qui soit plus
efficace que lui)1104.
Ge.-senex adest : uide quid agas :
prima coitio acerrima est1451.
Gé.-Le vieux arrive. Fais attention
à ce que tu vas faire. C'est le premier assaut le plus rude.
1
senex adest
vide qvid agas ibi interuenit senex ultimumque
dictum327
, quod extra argumentum per inuentionem dici potuit
consumptum est. 2 vide qvid
agas non terrentis est sed excitantis. 3 prima coitio acerrima est translatio a
proelio, nam et congredi
milites et coire
dicuntur.
1
senex adest
vide qvid agas ici le vieillard vient interrompre ; et les
derniers mots qui pouvaient être dits hors argument en s'appuyant
sur l'invention sont épuisés1105. 2 vide qvid agas ce n'est pas le propos de
quelqu'un qui fait peur, mais de quelqu'un qui exhorte. 3 prima coitio acerrima est métaphore tirée
du combat, car pour des soldats on dit à la fois congredi (s'affronter) et coire.
si eam sustinueris, post illam1452 iam ut libet
ludas licet.
Si tu y résistes, après ça tu
pourras alors jouter à ton aise.
1
si eam
svstinveris multum de illo exigit, quando non dicit
si eam reppuleris sed
potius sustinueris.
2 post illam iam vt libet lvdas
licet in officio militari omne negotium uel pugna uel
ludus est.
1
si eam
svstinveris il exige beaucoup de lui, puisqu'il ne dit pas
si eam reppuleris (si tu
la repousses) mais plutôt sustinueris 1106. 2 post illam iam vt
libet lvdas licet dans les fonctions militaires, tout se
résume au combat ou au ludus (entraînement).
scaena tertia
Geta Phormio Demipho Hegio Cratinus Crito
348 | 349 | 350 | 351 | 352 | 353 | 354 | 355 | 356 | 357 | 358 | 359 | 360 | 361 | 362 | 363 | 364 | 365 | 366 | 367 | 368 | 369 | 370 | 371 | 372 | 373 | 374 | 375 | 376 | 377 | 378 | 379 | 380 | 381 | 382 | 383 | 384 | 385 | 386 | 387 | 388 | 389 | 390 | 391 | 392 | 393 | 394 | 395 | 396 | 397 | 398 | 399 | 400 | 401 | 402 | 403 | 404 | 405 | 406 | 407 | 408 | 409 | 410 | 411 | 412 | 413 | 414 | 415 | 416 | 417 | 418 | 419 | 420 | 421 | 422 | 423 | 424 | 425 | 426 | 427 | 428 | 429 | 430 | 431 | 432 | 433 | 434 | 435 | 436 | 437 | 438 | 439 | 440
De.-En umquam cuiquam
contumeliosius
Dé.-Est-ce que jamais quelqu'un a
été plus outrageusement,
1
en vmqvam
cviqvam contvmeliosivs avdistis factam inivriam in hac
scaena, ut rhetoribus placet, ueluti quaedam controuersia est,
quae uno tempore ex utraque parte tractatur, ut si quis dicat
legem esse, ne de eadem re bis agatur, et item, ut orbam proximus
ducat. quidam absente patre sub hoc nomine uxorem coactus erit
ducere : uult illam pater adueniens eicere de matrimonio :
contradicitur. meminisse autem debemus in omni contentione ea
maxime dici, quae simplici patri familias et calumnioso
sycophantae improbissimoque parasito congrua poeta miscet
inter se328 . 2 en vmqvam cviqvam
contvm.
contvmeliosivs
a.
avdistis
iam instructi sunt aduocati, et recte :
longum enim fuerat omnia haec post scaenam329
geri. 3 en vmqvam
en uim habet indignationis
post enarratam iniuriam.
1
en vmqvam
cviqvam contvmeliosivs avdistis factam inivriam dans cette
scène, comme il plaît aux rhéteurs, il y a comme une controverse,
qui est traitée en même temps en un débat contradictoire, comme si
quelqu'un disait qu'il existe une loi qui interdit de traiter deux
fois la même chose, et de même, qui contraint le plus proche
parent d'une orpheline à l'épouser. Quelqu'un sera forcé, en
l'absence de son père, de se marier sous ce nom : le père veut, à
son arrivée, dissoudre le mariage : on s'oppose à lui. Or nous
devons nous souvenir que, dans ce conflit, on tient surtout des
propos qui, tout en convenant respectivement et à un père de
famille sans artifice et à un sycophante calomniateur, parasite
très malhonnête, ont été mélangés entre eux par le
poète1107. 2 en vmqvam cviqvam contvmeliosivs avdistis
les avocats ont déjà été équipés de tout le nécessaire, et à bon
droit : car il aurait été trop long que tout cela ait lieu hors
scène1108. 3 en vmqvam
en porte la connotation de
l'indignation que l'on éprouve une fois l'offense racontée.
audistis factam iniuriam quam haec
est mihi ?
à votre connaissance, injurié que
moi en l'occurrence ?
qvam haec est mihi
facta iniuria
subauditur.
qvam haec est mihi on
sous-entend facta
iniuria.
adeste quaeso. Ge.-iratus est.
Pho.-quin tu hoc age :
Assistez-moi, je vous prie. Gé.-Il
est en colère. Pho.-Allons, fais ça !
1
adeste
qvaeso interim aduocati κωφὰ πρόσωπα 330 inducuntur et
ridicule tacent, peius331 postea locuturi. 2 Et adeste proprie : adesse enim causae proprie dicuntur patroni et
amici. 3 iratvs est hoc ad
excitandum dicitur Phormionem. 4
qvin tv hoc
age annuit, ut taceat. 5
Et
significat silentium. A 6 adeste qvaeso
proprie aduocatis dixit. 7 Et quia ipse
properantius pergit, rogat ut assequerentur.
1
adeste
qvaeso pendant ce temps les avocats sont introduits sur la
scène en tant que personnages muets (κωφὰ πρόσωπα)1109 ; ils gardent le silence de façon ridicule,
puis, quand ils vont parler, ce sera pire. 2 Et adeste au sens propre : car on dit
adesse causae au sens
propre pour des patrons et des amis. 3 iratvs est ceci est dit pour exciter
Phormion. 4 qvin tv hoc age il fait un
signe pour qu'il se taise1110. 5 Et l'expression
signifie silence. A 6 adeste qvaeso
il le dit au sens propre aux avocats. 7 Et il demande qu'ils le suivent parce qu'il marche
assez rapidement.
iam ego hunc agitabo. pro deum
immortalium,
Celui-là, je vais le secouer !
Dieux immortels !
1
iam ego
hvnc modo iam
signum celeritatis est. 2 hvnc cum
contemptu dixit. 3 agitabo
perturbabo. 4 pro devm immortalivm
ellipsis : deest
fidem aut quid tale.
Cicero in Oeconomico «
quid igitur, pro deum immortalium, primum eam docebas quaeso ?
197 ». 5 pro devm immortalivm
artificiose prior exclamat, ut Demipho, qui iniuriam passus est,
ultra impetum332 accusationis incurrat.
1
iam ego
hvnc iam est ici
un signe de rapidité. 2 hvnc il le
dit avec mépris1111. 3 agitabo
perturbabo (je vais le
troubler complètement). 4 pro devm
immortalivm ellipse (ellipsis) : il manque fidem (loyauté)1112, ou quelque équivalent. Cicéron dans
L'Economique : « quid igitur, pro deum immortalium,
primum eam docebas quaeso ? » (au nom des dieux immortels, que lui
enseignais-tu donc d'abord, je te prie ?)1113. 5 pro devm
immortalivm il s'exclame adroitement le premier, pour que
Démiphon, qui a subi l'offense, se jette spontanément tête baissée
contre l'accusation1114.
negat Phanium esse hanc sibi
cognatam Demipho ?
Il nie que Phanium soit sa parente,
Démiphon ?
B 1
hanc sibi
cognatam additum pronomen est, quasi notam omnibus
diceret. 2 phanivm hanc
s.
sibi
c.
cognatam
magno ingenio Terentius impudentiam
calumniatoris expressit, nam et prior incipit et prior accusat.
3 Et quia non potest dicere expellit Phanium Demipho ?,
negat cognatam ? dicit.
4 cognatam demipho haec est
flagitatio333 , quae etiam nomen tumultuose
persequitur atque exagitat, et ideo callidus sycophanta patris
familias proprium nomen non solum inuidiose fert, sed etiam
repetit.
B 1
hanc sibi
cognatam le pronom est ajouté comme s'il disait qu'elle
est connue de tous1115. 2 phanivm hanc sibi
cognatam Térence exprime l'impudence du calomniateur avec
un grand talent1116, car il est à la fois le premier à prendre
la parole et le premier à accuser. 3 Et, parce qu'il ne peut pas dire expellit Phanium Demipho ? (Démiphon
chasse Phanium ?), il dit negat
cognatam ?. 4 cognatam
demipho c'est la figure de charivari, qui va jusqu'à
s'attacher obstinément à un nom et à l'agiter sans cesse devant
l'auditoire, et c'est pourquoi le rusé sycophante ne brandit pas
seulement le nom personnel du père de famille avec malveillance,
mais le répète1117.
hanc Demipho negat esse cognatam ?
Ge.-negat.
Elle, Démiphon nie qu'elle soit sa
parente ? Gé.-Il le nie.
B negat una opera Geta in
duplici uersatur dolo : nam et audiente iam sene eius se
defensorem tamquam absentis assimulat et irritat ad uociferandum
Phormionem, qui clamandi ulterius causam non haberet, si taceret
Geta.
B negat par une seule
action, Géta se retrouve engagé dans une double fourberie : à la
fois en effet, alors que le vieillard écoute déjà, il feint d'être
le défenseur de celui-ci qui est comme absent1118, et, à la fois, il provoque Phormion afin de le
faire crier, lui qui n'aurait pas de raison ensuite de crier si
Géta se taisait.
Pho.-neque eius patrem se scire qui
fuerit ? Ge.-negat.
Pho.-Et son père, qu'il sache qui c
'est ? Gé.-Il le nie.
B 1
neqve eivs
patrem se scire qvi
f.
fverit
ambiguitas, quae tamen discernitur sensu.
2 negat σύλλημψις prima, nam
extrinsecus audiendum est pater.
B 1
neqve eivs
patrem se scire qvi fverit ambiguïté qui est cependant
levée par le sens1119.
2 negat syllepse (σύλλημψις) de la première
catégorie ; il faut en effet tirer pater du contexte.
De.-ipsum esse opinor de quo
agebam : sequimini.
Dé.-C'est lui, je crois, l'homme
dont je parlais. Suivez-moi.
A seqvimini sequimini dicit, quia properantius et
concitatiore gradu pergit iratus. B seqvimini apparet
Demiphonem ut patrem familias perturbari non mediocriter, quippe
qui et aduocatos conquisiuerit aduersus hominem sine aduocatis
agentem et progredi non audeat, nisi illi sequantur.
A1120 seqvimini il dit sequimini parce que, comme il est en
colère, il marche assez rapidement et d'un pas assez
emporté1121. B seqvimini manifestement,
Démiphon, en tant que père de famille, n'est pas peu troublé,
puisqu'il a recruté des avocats contre un homme qui plaide sans
avocats, et qu'il n'ose pas s'approcher s'ils ne le suivent
pas1122.
Pho.-nec Stilphonem1453 ipsum scire
qui fuerit ? Ge.-negat.
Pho.-Et Stilphon lui-même, qu'il
ait jamais su qui il était ? Gé.-Il le nie.
B 1
nec
stilphonem334
ipsvm hac asseueratione mentiri est imitari
ueritatem335 .
2 nec stilphonem ipsvm scire
quia336 multa
calumniatores damnandi337 causa dicunt et
uociferantur338 , ut ipso strepitu
terreant. tantundem339 est nec Stilphonem
ipsum quod supra «
neque eius patrem
198 ». 3 Et scire debemus
hoc nomen non fictum a parasito, sed auditum a puella,
quod340
uxor ducta sit, dici.
B 1
nec stilphonem
ipsvm mentir avec un tel aplomb c'est imiter la vérité.
2 nec stilphonem ipsvm scire
parce que les accusateurs calomnieux disent beaucoup de choses
dans le seul but de faire condamner et ils hurlent, afin de
susciter la terreur précisément par ce vacarme. Nec Stilphonem ipsum c'est exactement
le même nombre de mots que, plus haut, « neque eius patrem ».
3 Et il nous faut savoir que le nom
qu'il dit n'a pas été imaginé par le parasite, mais entendu de la
jeune fille parce qu'il l'a épousée1123.
Pho.-quia egens relicta est misera,
ignoratur parens,
Pho.-Parce que c'est sans le sou
qu'on l'a laissée, la pauvre et qu'on ne connaît pas son père,
B 1
qvia egens
relicta est misera communis locus in auaritiam
generalitate approbatior : facilius enim de omnibus hoc quam de
Demiphone creditur, et ideo ignoratur dixit et neglegitur, non ignorat et neglegit Demipho. 2 ignoratvr non
agnoscitur. 3
ignoratvr
quod
fingitur. hoc enim significat modo. 4 Et parens pater. eum patrem ut uariaret,
parentem dixit, quem supra
dixerat341
. 5 Patrem ergo dicit puellae a Demiphone
ignorari.
B 1
qvia egens
relicta est misera lieu commun contre l'avarice, en
général assez apprécié : il est en effet plus facile de faire
croire cela de tout le monde que de Démiphon1124, et c'est
pourquoi il dit ignoratur
et neglegitur, et non pas
ignorat (il ignore) et
neglegit Demipho (Démiphon
la néglige)1125. 2 ignoratvr non
agnoscitur (il n'est pas reconnu), – 3 ignoratvr parce qu'il est imaginé.– car
c'est ce que cela signifie ici. 4 Et parens signifie le père1126. Par souci de variation, celui
qu'il appelle parens c'est
le père dont il parlait plus haut1127.
5 Il dit donc que c'est le père
(pater) de la jeune fille
que Démiphon ne connaît pas (ignorari)1128.
neglegitur ipsa : uide auaritia
quid facit.
on la néglige. Regarde l'avarice,
ce que ça fait.
B 1
neglegitvr
ipsa quod et ignoret parentes puellae (id est
ignorare se dicat) et tamen non ipsam neglegat puellam, uel
utrumque conquestus est342
. 2 vide avaritia qvid facit
proprie uide
stomachantibus conuenit, qui indignatione coguntur quasi cum
aliquo colloqui. Sic ipse in Adelphis «
illud sis uide : exemplum disciplinae !
199 » sunt qui putent illum alicui de corona circumstantium
dicere moraliter uide. A
vide avaritia
qvid facit haec conuersus ad circulum et coronam
circumstantium conqueritur et dicit : nulla enim re magis populus
concitatur, quam si quis egenum contemnat. Inde et
Sallustius343 «
bonis inuident et malos extollunt344, atque sed
200 » et cetera.
B 1
neglegitvr
ipsa ce dont Phormion se plaint, c'est de ce que Démiphon
ignore les parents de la jeune fille (c'est-à-dire qu'il dit les
ignorer) sans toutefois négliger la jeune fille elle-même, ou bien
des deux à la fois1129. 2 vide avaritia qvid
facit au sens propre uide convient aux gens irrités que
l'indignation force, en quelque sorte, à parler avec quelqu'un
d'autre. Ainsi Térence dans Les Adelphes : « illud
sis uide : exemplum disciplinae ! ». Il y a des gens pour penser
que, conformément à son caractère, il dit uide à quelqu'un dans l'assemblée de
ceux qui se tiennent autour de lui. A vide avaritia qvid facit
il formule ces plaintes tourné vers le cercle du public qui
l'entoure1130 : car rien ne fait davantage
s'emporter le public que quelqu'un qui condamne un pauvre. De là
Salluste également : « bonis inuident, malos extollunt (...) atque
seditionibus » etc.1131 (ils jalousent les bons citoyens,
exaltent les méchants... et dans la révolution...)1132.
Ge.-si erum insimulabis
auaritiae1454 male audies.
Gé.-Si tu accuses mon maître
d'avarice, tu vas m'entendre.
A 1
si ervm
insimvlabis avaritiae male avdies insimulare est crimen ingerere. sic Cicero «
nihil eorum, quae Galli insimulabant,
negarunt345
201 ». 2
insimulo genetiuo
iungitur. B 1 si ervm insimvlaris
insimulatio
et346 falsi
et ueri criminis incusatio. sic Cicero «
nihil eorum, quae Galli insimulabant
202 ». 2 male avdies a me scilicet : Geta enim dicit.
A 11133 si ervm insimvlabis
avaritiae male avdies insimulare, c'est crimen ingerere (proférer une
accusation contre quelqu'un). Ainsi Cicéron : « nihil eorum, quae
Galli insimulabant, negarunt1134 » (ils ne nièrent rien de tout ce que lui
imputaient les Gaulois). 2
insimulo se construit avec
le génitif1135. B 1 si ervm insimvlaris l'insimulatio correspond au fait
d'accuser (incusatio) d'un
crime aussi bien faux que vrai1136. Ainsi
Cicéron : « nihil eorum1137, quae Galli insimulabant » (rien de ce que lui
imputaient les Gaulois). 2 male avdies
a me (de moi),
évidemment : car c'est Géta qui le dit.
De.-o audaciam ! etiam me ultro
accusatum aduenit ?
Dé.-Quelle audace ! Et, en plus,
c'est moi qu'il vient en premier accuser.
A o avdaciam etiam me
v.
vltro
accvsatvm
ad.
advenit
exclamatio est et ostendit quid absente
patre offenderit filium347 . B
o
avdaciam hic iam ostenditur persuasum Demiphoni esse
ui adhibitam filio suo uxorem duce reo uno cum hunc
audacem appellat. Aliter
eo quod dicit etiam quae
coniunctio est Antiphonem complectitur et sic
accusatur348 .
A o avdaciam etiam me
vltro accvsatvm advenit c'est une exclamation
et elle montre ce qui, en l'absence de son père, a causé du tort
au fils. B o
avdaciam ici on montre que Démiphon est persuadé que c'est
par la violence qu'une femme a été procurée à son fils par un seul
coupable, quand il appelle ce dernier audax (audacieux)1138. Autre interprétation : par le
etiam, qui est une
conjonction, il inclut Antiphon et celui-ci se trouve ainsi
accusé1139.
Pho.-nam iam adulescenti nihil est
quod succenseam,
Pho.-De fait, pour ce qui est du
jeune homme, je n'ai pas de raison de m'irriter contre lui
A nihil est qvod svccenseam
succensere dicimus eum,
qui cum amare debeat laesus irascitur. 2 Vide ut ueteratorie ostendat contradixisse
adulescentem. B 1 nam iam advlescenti
nihil est qvod svccenseam sic349
subtiliter ac latenter purgatur a Phormione apud patrem Antipho :
cum dicit iam non est quod succenseam
iuueni350 , ostendit adhuc succensuisse se351 et inimico fuisse animo, cumque
addidit352
« si illum minus
norat », ostenditur353
contradixisse sibi et destitisse iudicio354 . 2 Et sic dicit,
quod si355
adulescens non agnoscens puellam ueniam meruerit, pater
negata cognata ferri non possit.
A nihil est qvod svccenseam
nous disons succensere
pour quelqu'un qui, alors qu'il devrait aimer, est offensé et se
met en colère. 2 Voyez comme il
montre, en vieux briscard, que le jeune homme l'a amené à se
contredire1140. B 1 nam iam advlescenti
nihil est qvod svccenseam ainsi, de façon subtile et
implicite, Phormion disculpe Antiphon aux yeux de son père :
lorsqu'il dit iam non est quod
succenseam iuueni, il montre que jusque là il lui en a
voulu (succensuisse) et
qu'il lui a été hostile ; et lorsqu'il ajoute « si illum minus norat », il montre
qu'il s'est lui-même contredit et qu'il a changé d'avis.
2 Et il le dit ainsi, parce que, si
le jeune homme, ne reconnaissant pas la jeune fille, méritait le
pardon, le père, lui, puisqu'il refuse de reconnaître qu'elle est
sa parente, a une attitude intolérable.
si illum minus norat ; quippe homo
natu grandior1455,
s'il ne le connaissait pas ; car le
type était déjà bien vieux,
B 1
si illvm minvs
norat qvippe homo 356 repente
transit ad nominatiuum357, cum supra
« illum » dixerit.
2 Et deest erat, quod assumitur ab inferiore.
3 si illvm minvs norat non
dixit non norat sed
minus norat, quasi et ipse
nosse debuerit quod
minus significat358 . 4 qvippe natv grandior 359 hic comparatiuam non habet
significationem a positiuo360 . Vergilius «
iam senior sed cruda deo uiridisque senectus
203 ». 5 qvippe homo natv grandior
argumentalis narratio dicitur, quae nunc subiecta est et ad fidem
faciendam et ad constituendam personam defensoris. 6 Et grandior, non grandis, quasi
quidem
361
dicat : grandior
fuit, quam ut illum adulescens optime362 nosse posset. 7 grandior proprie grandis ad speciem refertur aetatis,
ut grandis puer,
grandis uirgo et
grandis senex dicitur.
B 1
si
illvm il passe soudain au nominatif, alors qu'il a dit
« illum » plus
haut1141. 2 Et il manque
erat (était), que l'on
ajoute d'après ce qui suit. 3
si illvm minvs
norat il ne dit pas non
norat (il ne l'a pas connu) mais minus norat, comme s'il avait dû lui
aussi le connaître (nosse)1142, ce qui est le sens de minus. 4 qvippe natv grandior ici il n'a pas de
valeur comparative par rapport au positif1143. Virgile :
« iam senior sed cruda deo uiridisque senectus » (assez vieux
déjà, mais de la vieillesse vive et verte d'un dieu). 5 qvippe homo natv grandior on appelle
argumentatif le récit qui est à présent proposé dans le but
d'attirer la confiance et d'asseoir la position de défenseur de
celui qui parle. 6 Et il écrit
grandior, et non pas
grandis (âgé), comme s'il
disait quidem
(certes) : il était un peu trop âgé (grandior) pour que le jeune homme
puisse le connaître (nosse) très bien1144. 7 grandior au sens propre, grandis renvoie à l'aspect que
confère l'âge, comme on dit grandis
puer (un grand enfant), grandis uirgo (une grande jeune
fille) et grandis senex
(un grand vieillard)1145.
pauper, cui in opere1456 uita erat,
ruri fere
pauvre, le genre à vivre de son
travail, c'est presque tout le temps à la campagne
A 1
cvi in opere
vita erat uita pro
uictu posuit. 2 Et opera363 hic
septimus casus est. 3 rvri fere
se continebat continens dicitur, qui contra
uoluptatem se continet 364. B 1 cvi opera vita erat hic ostenditur quam
pauper fuerit. 2 opera vita
opera septimus casus est
et uita nominatiuus.
3 rvri fere id est :
qui365 opere
faciendo quaerebat cibum. 4 Et bene addidit
fere : non enim semper, sed plerumque. 5 rvri fere se
con.
continebat
expresse ostendit miseriam eius, qui in urbe
natus interdixerat sibi accessus eius ob pudorem inopiae. nam hoc significat
continebat, unde
contenti dicuntur in malis
durantes. hoc autem apud ueteres faciebant nobiles, cum ad
paupertatem redacti erant.
A1146 1
cvi in opere
vita erat il met uita pour uictus (genre de vie)1147. 2 Et opera est ici au septième cas1148. 3 rvri fere
se continebat on dit continens pour quelqu'un qui se
contient contre le plaisir1149.
B 1 cvi opera vita erat il
montre ici combien il a été pauvre. 2 opera vita opera est au septième cas et
uita au nominatif.
3 rvri fere lui qui,
travaillant à la campagne, cherchait de la nourriture. 4 Et il fait bien d'ajouter fere : car ce n'est pas semper (toujours), mais plerumque (la plupart du temps).
5 rvri fere se continebat il
montre de façon significative le malheur de celui qui, alors qu'il
est né en ville, s'est interdit à lui-même d'y pénétrer par honte
de son propre dénuement. En effet, c'est ce que signifie
continebat, d'où l'on
nomme contenti (exercés)
ceux qui s'endurcissent dans les malheurs. Par ailleurs, c'est ce
que faisaient, chez les Anciens, les gens de noble naissance quand
ils étaient réduits à la pauvreté1150.
se continebat ; ibi agrum de nostro
patre
quil se cantonnait ; là c'est un
champ de mon père
colendum habebat. saepe interea
mihi senex
qu'il avait à cultiver. Souvent
alors le vieux me
A saepe interea mihi senex
narrabat habet miseriam otiosa366 narratio. B 1
colendvm
habebat Vergilius «
conductaque pater tellure serebat
204 ». 2 saepe interea mihi senex
narrabat miserabiliter et inuidiose positum senex et maiore fide, quia narrabat dixit, non querebatur. 3 Et uide congestionem argumentorum : et
saepe narrabat et
senex.
A 1
saepe interea
mihi senex narrabat ce récit digressif contient du
malheur. B 1 colendvm habebat Virgile :
« conductaque pater tellure serebat » (et son père cultivait une
terre de louage). 2 saepe interea mihi
senex narrabat senex est mis de manière à susciter
la compassion et la révolte1151, et de manière à être plus crédible1152, parce qu'il dit
narrabat, et non
querebatur (il se
plaignait). 3 Et remarquez
l'accumulation des arguments : à la fois saepe narrabat et senex.
narrabat se hunc neglegere cognatum
suum :
racontait que son parent le
négligeait.
B 1
Et se hvnc
neglegere ἀμφιβολία, sed quae sensu dissoluitur.
2 cognatvm svvm hoc est
crimen. et causa est, quia cognatum addidit.
B 1 Et se hvnc neglegere amphibologie (ἀμφιβολία), mais qui est
résolue par le sens1153. 2
cognatvm
svvm c'est là le chef d'accusation. Et c'est une cause
définie, parce qu'il ajoute cognatum 1154.
at quem uirum ! quem ego uiderim in
uita optimum.
Et pourtant quel homme ! celui que
de toute ma vie j'ai vu de meilleur.
A qvem ego viderim in vita
optimvm modo in
uita in
moribus. B 1 at qvem virvm
qualitas iniuriae ad dignitatem367 personae : multi enim tales sunt,
ut cognatione abdicandi sint. 2
qvem ego
viderim in vita optimvm in
actu ac moribus. 3
Et in vita hoc
est : cum uiueret et
quod a uiuo fit368
.
A1155 qvem ego viderim in
vita optimvm in
uita signifie ici in
moribus (dans les habitudes). B 1 at qvem virvm qualification du tort subi
tirée de l'estime que mérite la personne : de nombreuses personnes
en effet sont telles qu'elles doivent renier leur parenté1156. 2 qvem ego viderim in vita optimvm in uita signifie in actu ac moribus (dans les actes et
le caractère). 3 Et in vita
c'est-à-dire : dans la durée de la vie et ce qu'un vivant fait
dans sa vie1157.
Ge.-uideas te atque illum ut
narras ! Pho.-in1457 malam crucem ?
Gé.-Tâche donc de te voir comme tu
le vois, à ce que tu racontes ! Pho.-Et si tu allais te faire
pendre ?
A videas te atqve illvm vt
narras melius hoc clare dictum a seruo accipimus, ut
defendisse dominum uideretur. B 1
videas te
atqve illvm vt narras deest uidisti. 2 vt narras scit enim illum non uera dicere.
3 in malam crvcem
aduerbialiter, ut «
huic uiciniae
205 369 ».
4 videas te atqve illvm vt
narras hoc est : pari mente370 illi existimo atque illum tibi.
5 An potius : seruus sciens hanc
personam fingi uel certe mortui uitam371 hominis
induci, male precatur parasito, ut etiam ipse sic aut nusquam sit
ut fictus aut pereat ut mortuus ? 6 An sic accipiendum est, ut seruus summissa uoce
hoc per iocum dixerit : tantum tu in uita te uideas optimum, quantum fuit ille
quem narras ? 7 An sic intellegendum, ut seruus hoc dicat :
si optimum est uictum opera quaerere et in alieno agro
esse, uideas te atque
illum uidisti, quemadmodum narras, uiuere, et alluserit ad illud
quod ait «
quem ego uiderim in uita optimum
206 » ?
A1158 videas te atqve illvm vt
narras nous comprenons qu'il est meilleur que cela soit
clairement dit1159 par l'esclave, de sorte qu'il semble défendre son
maître. B 1 videas te atqve illvm vt
narras il manque uidisti (tu as vu)1160. 2 vt narras car il sait qu'il ne dit pas la
vérité1161. 3
in malam
crvcem employé de façon adverbiale, comme « huic
uiciniae »1162. 4 videas te atqve illvm
vt narras c'est-à-dire : je te considère, toi, comme doté
d'un esprit égal au sien, et lui, égal au tien. 5 Ou plutôt : comme l'esclave sait que ce personnage
est inventé, ou du moins qu'on représente la vie d'un homme à
présent mort, il souhaite du mal au parasite : qu'ainsi lui-même
n'existe jamais, par référence au fait que le personnage est
inventé, ou qu'il périsse, par référence au fait que le personnage
est mort. 6 Ou bien faut-il
comprendre ainsi : l'esclave dit, à voix basse, pour plaisanter :
"tu te considères (uideas)
excellent dans ta vie, tout autant que le fut celui dont tu me
parles (narras)" ?
7 Ou bien faut-il comprendre
ainsi : que l'esclave dit : "s'il est excellent de gagner son pain
par son travail (opera)1163 et de travailler dans le champ d'un autre, tu
devrais faire en sorte (uideas) de vivre comme celui dont tu
racontes (narras) la vie",
et qu'il fait allusion à ce que l'autre a dit : « quem ego uiderim
in uita optimum » ?
nam ni eum ita1458 existimassem,
numquam tam graues
Si je ne l'avais pas jugé tel,
jamais la si redoutable
B 1
nam ni evm ita existimassem ut « in uita optimum » iudicarem.
2 nvmqvam tam graves hoc non
quasi timidus sed quasi religiosus et fidus loquitur Phormio.
B 1
nam ni evm ita
existimassem comme : "je le jugerais in uita optimum 1164". 2 nvmqvam tam
graves Phormion dit cela non pas comme s'il était
craintif, mais comme s'il était plein de respect et de
loyauté.
ob hanc inimicitias caperem in
uestram familiam,
inimitié de votre famille, je ne
m'y serais exposé, pour cette fille
A ob hanc id est pro filia ipsius. B 1 ob hanc tamquam praesens sit mulier de qua
lis est, demonstratiua particula usus est dicendo hanc. 2 inimicitias caperem capere dicimus, cum id quod in
nobis372 est assumimus.
unde capere et pro
eligendo ponitur.
A1165 ob hanc c'est-à-dire
pro filia ipsius (pour sa
propre fille). B 1 ob hanc en
disant hanc, il utilise la
particule démonstrative, comme si la femme qui est l'objet du
litige était présente1166. 2 inimicitias
caperem nous disons capere lorsque nous assumons ce qui
relève de notre pouvoir ; c'est pourquoi on dit aussi capere pour eligere (choisir).
quam hic1459 aspernatur nunc tam
illiberaliter.
qu'il repousse, lui, aujourd'hui de
façon si mal élevée.
A 1
qvam is
aspernatvr nvnc tam illiberaliter aspernari est
auerti non solum corpore,
sed etiam animo. 2 Aspernari est recusare,
auertere
373
, non agnoscere.
est autem dictum ab
aspero
374
. B 1 qvam hic aspernatvr
nvnc tam illiberaliter Ἀπόδοσις et375 ordo est : ob hanc, quam hic aspernatur nunc tam
illiberaliter. 2
quam enim supra reuocauit
ad puellam referens, ut «
quem regno Hesperiae fraudo
207 » et Sallustius «
nam Syllae dominationem...376
audebat
208 » interpositis377
quibusdam «
qua offensus
209 » dominatione378 Syllae. 3 nvnc tam illiberaliter apud ueteres
illiberaliter dicebant
factum, si quid excessisset omne genus maleficii. sic in Adelphis
«
factum est a uobis duriter
immisericorditerque atque etiam, si est dicendum
magis aperte, illiberaliter
210 ». uide more αὐξήσεως pro magno hoc ultimum poni.
A1167 1 qvam is aspernatvr
nvnc tam illiberaliter aspernari, c'est auerti (se détourner), non seulement
dans son corps, mais aussi dans son âme. 2 aspernari, c'est recusare (récuser), auertere (repousser), non agnoscere (ne pas admettre). Le
mot vient par ailleurs de asper (rude). B 1 qvam hic aspernatvr nvnc tam
illiberaliterapodose (ἀπόδοσις) et l'ordre est : ob hanc, quam hic aspernatur nunc tam
illiberaliter. 2 en
effet, quam rappelle ce
qu'il y a plus haut, en renvoyant à la jeune fille, comme « quem
regno Hesperiae fraudo1168 » (lui que je frustre du
royaume d'Hespérie) et Salluste : « nam Syllae dominationem...
audebat » (car il osait ... le pouvoir absolu exercé par
Sylla1169), et
après un intervalle de quelques mots : « qua offensus »
(mécontenté par lui), le pouvoir absolu de Sylla. 3 nvnc tam illiberaliter chez les
Anciens1170, on disait illiberaliter pour un fait qui
dépassait tout type de méfait. Ainsi dans Les
Adelphes : « factum est a uobis duriter
immisericorditerque atque etiam, si est dicendum magis
aperte, illiberaliter ». Remarquez que, comme on le fait dans une
amplification (αὔξησις), ce terme est mis à la fin en
lieu et place du plus important1171.
Ge.-pergin ero absente1460 male loqui,
impurissime ?
Gé.-Vas-tu continuer à dire du mal
du patron en son absence, espèce de pourriture ?
A 1
pergin
ἀπόστροφος per
παρένθεσιν.
2 male loqvi pro maledicere. 3 impvrissime improbissime. B 1 pergin ero absente argute addit absente, ut uideatur fidelior, qui
defendit absentem : quod
praestans argumentum est id animi habuisse Getam etiam
peregrinante domino. 2 male loqvi
pro male dicere. et
quaerit Probus, quis ante Terentium dixerit.
A1172 1
pergin
apostrophe (ἀπόστροφος) au moyen de l'insertion d'un
signe (παρένθεσις)1173. 2 male loqvi
pour maledicere (médire).
3 impvrissime improbissime (infâme). B 1 pergin ero absente il ajoute absente de façon ingénieuse, afin de
sembler plus fidèle en défendant un absent (absens) : parce que c'est un argument
déterminant que Géta ait eu cet état d'esprit même pendant que son
maître était en voyage. 2 male loqvi
pour male dicere (médire).
Et Probus se demande qui l'a dit avant Térence1174.
Pho.-dignum autem hoc illo est.
Ge.-ain tandem, carcer ? De.-Geta.
Pho.-Il le vaut bien. Gé.-C'est ton
dernier mot, espèce de gnouf ? Dé.-Géta !
A ain tandem carcer non
carceri eum sed
carcer379
asperius appellauit. sic Lucilius «
carcer uix carcere dignus
211 ». et
uix pro non. B 1 dignvm avtem hoc illo est non negat
« male loqui », sed hoc
dignum esse contendit
malo homine. 2
ain
tandem
380 ἀπόστροφος nota est quae, separata
ab n littera
i, tenuat s sonum381 . est enim integrum aisne. 3 carcer Lucilius «
carcer uix carcere dignus
212 ».
A ain tandem carcer il ne le
traite pas de carcerius
(digne de prison) mais, de façon plus dure, de carcer. Ainsi Lucilius : « carcer uix
carcere dignus » (prison à peine digne d'une prison). Et
uix est mis pour
non. B 1 dignvm avtem hoc illo est il ne nie pas
« male loqui », mais il
affirme que c'est dignum
pour un homme « malus »
(méchant). 2 ain tandem l'apostrophe
(ἀπόστροφος) est
un signe qui, une fois la lettre n séparée de la lettre i, amuït le s. Car la forme complète est
aisne 1175. 31176 carcer Lucilius : « carcer
uix carcere dignus » (prison à peine digne d'une
prison)1177.
Ge.-bonorum extortor, legum
contortor ! De.-Geta.
Gé.-Détourneur de fonds,
contourneur de lois ! Dé.-Géta !
A bonorvm extortor legvm
contortor fingit illi crimina de causa et de negotio. B
bonorvm
extortor legvm contortor ingeniose de ipso negotio sunt
inuenta conuicia.
A1178 bonorvm extortor legvm
contortor il forge contre lui des accusations tirés de la
cause et de ses affaires. B bonorvm extortor legvm contortor les
insultes sont inventées de façon ingénieuse au sujet de cette même
affaire1179.
Pho.-responde. Ge.-quis homo est ?
hem. De.-tace. Ge.-absenti tibi
Pho.-Réponds. Gé.-Qui c'est-ce
type ? Ah ! Dé.-Tais-toi. Gé.-Tu n'étais pas là,
A qvis homo est hem
mire382
seruus finxit se non uidisse senem, ut ea quae dixerit in
Phormionem sincere dixisse credatur. B 1 responde timuit poeta, ne huiusmodi
uociferatio Getae quasi ueram discordiam apud populum fingeret, et
ideo fecit eum a Phormione admoneri. 2 qvis homo est hem ita mira dissimulatione
additum homo, ut uideatur
nihil de praesentia domini cogitasse. 3 absenti tibi te indignas tunc fidelis opera
est, cum absens aliquis defenditur ; hoc ergo confirmat uelut
indicando. sic in Andria «
o Chreme, per tempus aduenis : ausculta
213 ».
A1180 qvis homo est hem de façon étonnante,
l'esclave invente qu'il n'a pas vu le vieillard, afin qu'on croie
qu'il a dit avec sincérité ce qu'il a dit à l'encontre de
Phormion1181. B
1 responde le poète a craint
que les cris de ce genre, que pousse Géta, ne créent comme une
vraie dispute dans le public, et c'est pourquoi il a fait en sorte
que Géta soit rappelé à l'ordre par Phormion1182.
2 qvis homo est hem
homo est ajouté par une
étonnante feinte, de telle sorte qu'il paraisse n'avoir tiré
aucune idée de la présence de son maître. 3 absenti tibi te indignas c'est un acte de
loyauté que de le défendre quelqu'un alors qu'il est absent ; il
confirme donc cela en faisant comme s'il faisait une
révélation1183. Ainsi dans L'Andrienne : « o
Chreme, per tempus aduenis : ausculta ».
te indignas seque dignas
contumelias
des injures que tu ne mérites pas,
mais qu'il mérite, lui.
A seqve dignas contvmelias
id est : quas ipse debet audire.
A seqve dignas contvmelias
c'est-à-dire celles que lui même doit entendre1184.
numquam cessauit dicere hodie.
De.-ohe iam1461
desine.
voilà ce dont il n'a pas arrêté de
te charger aujourd'hui. Dé.-Pouah ! Arrête maintenant !
A desine imponit silentium
Getae, quasi ualidiora dicturus sit, et sic383 supra «
tace
214 » dixit senex. B ohe iam desine hac uoce ostendit plus iusto
pro se locutum uideri Getam, nam ohe interiectio est satietatem usque
ad fastidium designans, Horatius «
donec « ohe ! » iam ad caelum manibus sublatis dixerit,
urge
215 ».
A1185 desine il impose le silence à Géta, comme
s'il allait dire des choses plus valables, et ainsi plus haut le
vieillard a dit « tace ».
B ohe iam
desine par ce mot, il montre que Géta semble avoir parlé
plus que de raison en sa faveur, car ohe est une interjection qui renvoie
à la satiété jusqu'au dégoût ; Horace : « donec 'ohe !' iam ad
caelum manibus sublatis dixerit, urge » (jusqu'à ce qu'il crie :
"Pouah !" en levant les mains vers le ciel, insiste)1186.
adulescens, primum abs te hoc bona
uenia peto,
Jeune homme, j'ai une demande à te
faire, entre gens de bonne compagnie,
A 1
advlescens
primvm abs te est haec auctoritas in senibus ut,
minoris aetatis appellatione pueri uel adulescentis, etiam iuuenes minores
ostendat aetate384 , ut hoc de nomine illis quidem detrahant,
sibi uero auctoritatem attribuant. sic Vergilius «
o praestans animi iuuenis, quantum ipse
f.
feroci
216 » etc. 2 bona abs te venia
peto sine ira,
sine discordia.
A 1
advlescens
primvm abs te il y a chez les vieillards une si grande
autorité que, en utilisant un nom de classe d'âge inférieur,
commepuer (enfant)
ouadulescens (jeune
homme), elle montre même un homme jeune inférieur en âge à ce
qu'il est en réalité, de sorte que, tout en les rabaissant quelque
peu grâce à ce nom, ils s'attribuent du crédit1187. Ainsi Virgile : « o praestans animi
iuuenis, quantum ipse feroci » etc. (jeune homme à l'âme sublime,
plus grande est l'ardeur...)1188. 2 bona abs te venia
peto sine ira
(sans colère), sine
discordia (sans désaccord).
si tibi placere potis est, mihi ut
respondeas :
si la chose t'est loisible,
réponds-moi.
A 1
si tibi
placere potis est pro potest. 2 mihi vt respondeas bene mihi utpote patri adulescentis uel
domino Getae uel etiam seni. 3
Et uerbum
est scrupulose aliquid interrogantium. sic Vergilius «
mihique haec edissere uera roganti
217 » et «
dic mihi, Damoeta, cuium pecus ?
218 ».
A 1
si tibi
placere potis est
potis est
est mis pour potest (il est possible). 2 mihi vt respondeas mihi est bien dit, à la fois comme
père du jeune homme, comme maître de Géta et même comme vieillard.
3 Et le propos est celui de
personnes qui mènent un interrogatoire extrêmement approfondi.
Ainsi Virgile : « mihique haec edissere uera roganti » (et réponds
à mes questions en toute vérité), et « dic mihi, Damoeta, cuium
pecus ? » (dis-moi, Damète, à qui est ce troupeau ?)1189.
quem amicum tuum ais fuisse istum,
explana mihi,
Cet ami que tu disais avoir,
explique-moi qui c'était
A 1
qvem amicvm
ais
f.
fvisse
ais
dicimus de his, qui uana loquuntur, dicere autem de his, qui ualidiora.
2 explana manifesta, expone.
A 1
qvem amicvm
ais fvisse nous disons ais pour des gens qui disent des
choses vaines, mais dicere
pour des gens qui tiennent des propos plus consistants1190. 2 explana
manifesta (explique),
expone (expose).
et qui cognatum me sibi esse
diceret.
et à quel titre il prétendait être
mon parent.
A et qvi cognatvm qui quomodo, unde.
A et qvi cognatvm qui signifie quomodo (comment), unde (d'où)1191.
Pho.-proinde expiscare quasi non
noris1462.
De.-nossem ? Pho.-ita.
Pho.-Tu vas à la pêche aux infos
tout comme si tu ne le connaissais pas ! Dé.-Je le connaissais ?
Pho.-Oui.
A proinde expiscare qvasi non
noris expiscari
est diligentissime quaerere, ubinam pisces lateant. ergo tractum uerbum a
piscatoribus. B proinde expiscare proinde similitudinis aduerbium modo
est, non coniunctio, ut «
proinde tona eloquio ; solitum tibi
219 ».
A1192 proinde expiscare qvasi non noris
expiscari, c'est chercher
très attentivement où les poissons (pisces) se cachent1193. Ce mot est donc emprunté
aux pêcheurs. B proinde expiscare proinde est ici un adverbe de
comparaison1194, et pas une conjonction, comme
dans « proinde tona eloquio ; solitum tibi » (vas-y, fais tonner
ton éloquence, c'est ton habitude)1195.
De.-ego me nego : tu qui ais redige
in memoriam.
Dé.-Moi je dis non ; toi qui dis
oui, remets-le-moi en mémoire.
A ego me nego tv
q.
qvi
a.
ais
subauditur ad omnia nosse.
A ego me nego tv qvi ais on
sous-entend nosse pour
l'ensemble de la phrase1196.
Pho.-eho tu, sobrinum tuum non
noras ? De.-enicas.
Pho.-Oh, toi ! tu ne connaissais
pas ton cousin ? Dé.-Tu me pompes l'air.
A eho tv sobrinvm
t.
tvvm
populari quadam uulgarique fatigatione utpote
scurra respondit.
A eho tv sobrinvm tvvm il
répond par un sarcasme populaire et courant, comme il est naturel
chez un bouffon1197.
dic nomen. Pho.-nomen ? maxime.
De.-quid nunc taces ?
Dis-moi son nom. Pho.-Son nom ?
Tout à fait. Dé.-Pourquoi restes-tu sans voix ?
A 1
nomen
maxime falsa non habent memoriam. 2 Hic ergo deest nescio uel necessarium est. 3 qvid nvnc taces urget senex,
qui385 intellegit eum
nomen nescire.
A 1
nomen
maxime on ne se souvient pas des mensonges. 2 Il manque donc ici nescio (je ne sais pas) ou necessarium est (il faut). 3 qvid nvnc taces le vieillard, qui comprend
que l'autre ne connaît pas le nom, le presse.
Pho.-perii hercle, nomen perdidi.
De.-hem quid ais ? Pho.-Geta,
Pho.-Ma foi, je suis perdu ! J'ai
perdu le nom. Dé.-Hein ? Que dis-tu ? Pho.-Géta,
si meministi id quod olim dictumst,
subice. hem
si tu te souviens du nom qu'on a
dit, glisse-le-moi. Ben,
A svbice suggere.
A svbice suggere (expose).
non dico : quasi non noris1463, temptatum
aduenis.
non, je ne le dis pas ; comme si tu
ne le savais pas, tu viens me tester.
A non dico qvasi non noris
t.
temptatvm
ad.
advenis
mire, nam uidetur arte celare, quod inuitus
nesciebat.
A non dico qvasi non noris temptatvm
advenis remarquable, car, avec adresse, il fait semblant
de cacher ce que, bien malgré lui, il ne savait pas jusqu'ici.
De.-ego autem tempto ?
Ge.-Stilpho1464. Pho.-atque adeo quid mea ?
Dé.-Moi, je te teste !
Gé.-Stilphon. Pho.-Au fond, qu'est-ce que ça me fait ?
C'est Stilphon. Dé.-Qui dis-tu ?
Pho.-Stilphon, te dis-je, tu le connaissais.
A stilphonem inqvam noras
figura ἐπιτροχασμός. est autem ἐπιτροχασμός 386 uerborum super se
inuicem effusio uel supermersio387, quae fit aduersarii causa turbandi. sic
dictum uerbum inquam
quasi neges
388 ; Vergilius «
non longe scilicet hostes quaerendi nobis : circumstant
undique muros. imus in
adu.
aduersos
quid
cess.
cessas
?
220 » B stilpho est σύλλημψις prima, nam reddit ad
nominatiuum est utique
Stilpho, et rursum ad
accusatiuum noueras
Stilphonem scilicet.
A1198 stilphonem inqvam noras figure de
l'épitrochasme (ἐπιτροχασμός)1199. Par ailleurs, l'épitrochasme (ἐπιτροχασμός) correspond
au fait de proférer des mots qui se recouvrent les uns les autres,
ou au fait de les immerger les uns sous les autres ; il intervient
pour perturber l'adversaire. Ainsi le verbe inquam vaut comme s'il disait
neges (vas-tu nier) ;
Virgile : « non longe scilicet hostes quaerendi nobis :
circumstant undique muros. imus in aduersos. quid cessas ? » (et
nous ne devons pas chercher bien loin les ennemis ; partout ils
entourent nos murs. Allons-nous les attaquer ? Pourquoi
tardes-tu ?). B stilpho est syllepse (σύλλημψις) de la première
catégorie, car est renvoie
au nominatif à savoir évidemment Stilpho, puis à l'accusatif avec
noueras, évidemment
Stilphonem 1200.
De.-neque ego illum noram nec mihi
cognatus fuit
Dé.-Moi je ne connaissais pas cet
homme, et je n'ai eu aucun
quisquam istoc nomine. Pho.-itane ?
non te horum pudet ?
parent de ce nom. Pho.-Ah oui ? Tu
n'as pas honte ?
at si talentum rem reliquisset
decem...
Evidemment, s'il avait laissé un
héritage de dix talents...
A at si talentvm rem
rel.
reliqvisset
ἀξιόπιστον illud fecit. B at si talentvm rem
reliqvisset more Romanorum, apud quos hereditas pecuniae
erat. talentum autem quod
dixerit, more Graecorum admiscuit.
A1201
at si talentvm
rem reliqvisset il rend cela crédible (ἀξιόπιστον)1202. B at si talentvm rem reliqvisset selon la
coutume des Romains, chez qui l'héritage était pécuniaire1203.
Mais parce qu'il dit talentum, il mêle à cela la coutume
grecque1204.
De.-di tibi malefaciant !
Pho.-primus esses memoriter
Dé.-Que les dieux te maudissent !
Pho.-...tu serais le premier, de mémoire,
progeniem uostram usque ab auo
atque atauo proferens.
à faire étalage de votre généalogie
depuis grand-père et arrière arrière grand-père.
De.-ita ut dicis. ego tum cum
aduenissem qui mihi
Dé.-Je suis comme tu dis. Moi,
quand j'aurais comparu, comment elle m'était
A 1
ita vt dicis
ego tvm cvm
ad.
advenissem
ita
sum, inquit, ut dicis,
auarus et superbus. 2 Et uide senem de
iniuria non agere, quia iustitiae confidit et nititur
causa389 ; plerumque enim hac constantia animi
fulciuntur, qui iuri confidunt. at contra qui nullo iure
freti sunt, litigant et ad iniurias390 prosiliunt, ut
his saltem perturbent aduersarium, qui391 iure non ualent. condono igitur, inquit,
tibi omne contumeliae genus. 3
ego tvm cvm
advenissem deest ad iudicium, ut sit : cum ad iudicium uenissem. 4 qvi mihi cognata qui unde, quomodo. B qvi mihi
c.
cognata
σχῆμα
δι᾽ ἐγκοπῆς 392.
A1205
1 ita vt dicis ego tvm cvm
advenissem je suis tel (ita) que tu le dis (ut dicis), dit-il, avare et hautain.
2 Et remarquez que le vieillard ne
plaide pas sur l'injure1206, parce
qu'il a confiance en la justice et qu'il s'appuie sur sa cause ;
la plupart du temps, en effet, ceux qui ont confiance en le droit
s'appuient sur cette sérénité. Mais, à l'inverse, ceux qui ne
peuvent s'appuyer sur aucun droit, chicanent et se précipitent
vers les insultes, afin au moins de troubler leur adversaire grâce
à elles, eux qui, du point de vue du droit, ne valent
rien1207. Je
t'abandonne, dit-il donc, tout genre d'affront. 3 ego tvm cvm advenissem il manque ad iudicium (auprès des juges), pour
qu'on ait : cum ad iudicium
uenissem 1208.
4 qvi mihi cognata
qui signifie unde (d'où), quomodo (comment). B qvi mihi
cognata figure reposant sur la rupture (σχῆμα δι᾽
ἐγκοπῆς)1209.
cognata ea esset dicerem : itidem
tu face.
parente, voilà ce que j'aurais dit.
Fais pareil, toi.
cedo qui est cognata ? Ge.-heus
noster, recte. heus tu, caue.
Vas-y, comment est-elle parente ?
Gé.-Holà, notre maître, bien joué ! Holà, toi, attention !
A 1
hevs noster
recte Geta sic laudat senem, ut optet
uincere Phormionem. 2 hevs noster
recte plaudit sibi Terentius supposita persona, quasi
recte dixisset.
A 1
hevs noster
recte Géta loue le vieillard pour qu'il souhaite vaincre
Phormion1210. 2 hevs noster
recte
Térence s'applaudit par personnage interposé1211, comme si c'est lui qui avait parlé recte.
Pho.-dilucide expediui quibus me
oportuit
Pho.-Je me suis clairement expliqué
devant ceux à qui il le fallait,
iudicibus : tum id si falsum
fuerat, filius
les juges. Si ce que j'ai dit alors
était faux, ton fils,
A ivdicibvs probaui
iudicibus, inquit
quibus393 .
A ivdicibvs il dit j'ai
apporté des preuves aux juges (iudicibus), à qui (quibus)1212...
cur non refellit ? De.-filium
narras mihi ?
pourquoi n'a-t-il pas réfuté ?
Dé.-Tu me parles de mon fils ?
A filivs cvr non refellit
refellere est arguendo falsum ostendere.
A filivs cvr non refellit
refellere, c'est
arguendo falsum ostendere
(montrer une erreur en argumentant).
cuius de stultitia dici ut dignum
est non potest.
Sa sottise, il n'y a pas de mot
pour la dire !
A cvivs de stvltitia dici vt
dignvm compendium conuiciorum est, nihil dignum inuenire
pro magna iniuria quod respondeas.
A cvivs de stvltitia dici vt
dignvm le moyen de couper court à des injures, c'est de ne
rien trouver de digne à répondre à une grande insulte1213.
Pho.-at tu qui sapiens es
magistratus adi,
Pho.-Eh bien, toi qui es sage, va
voir les magistrats,
B magistratvs adi .
B magistratvs adi .
iudicium de eadem causa iterum ut
reddant tibi,
qu'ils rendent un nouveau jugement
sur la même cause en ta faveur.
quandoquidem solus regnas et soli
licet
Puisque c'est toi le patron, et que
tu es le seul à avoir le droit
A qvandoqvidem solvs regnas
quoniam regnum solutum
legibus est et opprimens libertatem. sic alibi «
regnumne tu hic, Aeschine, possides ?
221 ».
A qvandoqvidem solvs regnas
parce qu'un regnum (règne)
est affranchi des lois et opprime la liberté1214. Ainsi ailleurs : « regnumne
tu hic, Aeschine, possides ? ».
hic de eadem causa bis iudicium
adipiscier.
ici de faire juger une même affaire
deux fois.
A hic de eadem cavsa
hic uidelicet apud
Athenas,ubi leges, ubi libertas omnibus communis est.
A hic de eadem cavsa
hic, c'est-à-dire à
Athènes, où les lois et la liberté sont communes à tous.
De.-etsi mihi facta iniuria est,
uerum tamen
Dé.-Et si même je suis victime
d'une injustice, cependant
potius quam lites secter aut quam
te audiam,
plutôt que d'avoir des procès sur
les bras ou d'avoir à t'entendre,
B potivs qvam lites secter avt qvam
te avdiam bis posuit quam, quod genus figurae primo
ζεύγματι est
contrarium, ut in Heautontimorumeno «
propter quam in summa infamia sum et meo patri minus
sum obsequens
222 », item «
cepi rationem ut neque egeres neque ut hoc posses
perdere
223 ».
B potivs qvam lites secter avt qvam
te avdiam il met deux fois quam, sorte de figure qui est le
contraire du zeugme (ζεῦγμα) de la première catégorie, comme
dans L'Héautontimorouménos : « propter quam in summa
infamia sum et meo patri minus sum obsequens » (toi
pour qui je suis au comble de l'indignité, et si peu docile aux
ordres de mon père), et de même : « cepi rationem ut neque egeres
neque ut hoc posses perdere » (j'ai pris des mesures pour que tu
ne manques de rien et que tu ne puisses perdre ce que nous
avons)1215.
itidem ut cognata si sit, id quod
lex iubet
tout comme si elle était parente,
et, comme l'ordonne la loi,
A 1
id qvod lex
ivbet dare dotem modo id agit, quod reprehendit a filio
non esse factum «
dotem daretis, quaereret
alium
224 ». 2 Et dotem uoluit
custodem esse pudoris. B id qvod lex ivbet pro
ob id quod lex iubet.
A 1
id qvod lex
ivbet dare dotem il fait ici ce qu'il reproche à son fils
de ne pas avoir fait : « dotem
daretis, quaereret alium »1216. 2 Et il1217 a voulu
que la dot soit la garantie de son honneur. B id qvod lex ivbet pour
ob id quod lex iubet (à
cause de ce que la loi prescrit).
dotem1467 dare,
abduce hanc, minas quinque accipe.
lui donner une dot, emmène-la :
prends ces cinq mines.
B dotem dare minas
qvinqve
accipe homo svavis praescriptio, cum iam alterum factum
sit, utrumque fieri non posse394.
B dotem dare minas qvinqve accipe
homo svavis argutie qui veut que, lorsque de deux choses
l'une a déjà eu lieu, il n'est plus possible que les deux se
produisent ensemble.
Pho.-hahahae, homo suauis. De.-quid
est ? num iniquom postulo ?
Pho.-Ha ! Ha ! Ha ! le brave type !
Dé.-Comment cela ? Est-ce que je te demande quelque chose
d'injuste ?
A hahahae hic risu
destruxit, quod praetendebat senex.
A hahahae ici il détruit par
le rire ce que le vieillard invoquait comme excuse.
anne hoc quidem ego adipiscar quod
ius publicum est ?
Moi, par hasard, je n'obtiendrais
pas ce qui est de droit public ?
A anne hoc qvidem395
adip.
adipiscar
q.
qvod
i.
ivs
p.
pvblicvm
est quia enim a lege396 recitat tantum id, quod
scriptum est.
A anne hoc qvidem adipiscar qvod ivs
pvblicvm est puisque, conformément à la loi, il récite
seulement ce qui est écrit.
Pho.-itane tandem, quaeso,
item1468 ut
meretricem ubi abusus sis,
Pho.-Alors pour finir, s'il te
plaît, exactement comme quand on abuse d'une courtisane,
A 1
itane tandem
qvaeso item vt397 maiora sunt argumenta, quae per
interrogationem proferuntur. 2
vbi abvsvs
sis utimur cum
honore, abutimur cum
iniuria. B vbi
abvsvs sis scriptum et uoluntas.
A1218
1 itane tandem qvaeso item
vt les arguments qui sont formulés sur le mode
interrogatif ont plus de force1219. 2
vbi abvsvs
sis on utilise utor (fréquenter) pour un usage
honorable, abutor pour un
usage injurieux1220. B vbi abvsvs sis
l'écrit et la volonté1221.
mercedem dare lex iubet ei atque
amittere ?
la loi ordonne-t-elle de la payer
et de la renvoyer ?
A atqve amittere bene
amittere, quia finis
cupiditatis amissio
est.
A atqve amittere amittere est bien dit, puisqu'on
appelle amissio la fin du
désir1222.
an, ut ne quid turpe ciuis in se
admitteret
N'est-ce pas pour empêcher que la
citoyenne qu'elle est ne subisse quelque outrage
A 1
an vt ne qvid
tvrpe civis in se admitteret idoneum testimonium bonorum
esse natalium, ciuem
dixisse ; nam apud ueteres peregrinae mulieres in meretricum
numero habebantur. sic ipse alibi «
adeon est demens ? ex peregrina ?
225 » et alibi «
Samia mihi mater fuit, ea habitabat Rhodi
226 » et Parmeno comprobans respondit «
potest taceri hoc
227 », id est : meretricem matrem te habuisse. 2 an vt ne qvid
c.
civis
t.
tvrpe
i.
in
s.
se
a.
admitteret
hic a uoluntate.
A 1
an vt ne qvid
tvrpe civis in se admitteret c'est un témoignage très
favorable d'une bonne naissance, que d'employer le mot ciuis ; en effet, chez les Anciens,
les femmes étrangères étaient mises au nombre des courtisanes.
Ainsi Térence ailleurs : « adeon est demens ? ex peregrina ? » et
ailleurs : « Samia mihi mater fuit, ea habitabat Rhodi » et
Parménon approuve et répond : « potest taceri hoc »,
c'est-à-dire : le fait que tu as eu une mère courtisane1223. 2 an vt ne qvid civis tvrpe in se admitteret
ici, argument tiré de la volonté1224.
propter egestatem, proximo iussast
dari,
à cause de sa pauvreté, qu'on lui
ordonne d'être donnée à son plus proche parent,
ut cum uno aetatem degeret ? quod
tu uetas.
pour qu'elle passe sa vie avec un
seul homme ? Voilà ce à quoi tu t'opposes, toi.
A vt cvm vno aetatem degeret
quid est enim pudicitia nisi unius scientia uiri ?
A vt cvm vno aetatem degeret
qu'est-ce en effet que la pudeur si ce n'est le fait de ne
connaître qu'un seul homme ?
De.-ita, proximo quidem ; at nos
unde ? aut quam ob rem ? Pho.-ohe
Dé.-Ah oui, son plus proche parent.
Et d'où c'est nous ? Pour quelle raison ? Pho.-Allons !
"actum" aiunt "ne agas". De.-non
agam ? immo haud desinam
on dit : chose jugée ne se rejuge
pas. Dé.-Je ne ferais pas rejuger ? Au contraire, je n'aurai de
cesse
A actvm aivnt
n.
ne
a.
agas
actum
398 dicimus, cum prouerbium significamus acta res est, de qua sententia
prolata sit.
A actvm aivnt ne agas nous
disons actum quand nous
faisons allusion au proverbe1225 acta res
est pour une chose dont la sentence a été
proférée1226.
donec perfecero hoc. Pho.-ineptis.
De.-sine modo.
que je n'en sois venu à bout.
Pho.-Tu es fou. Dé.-Laisse faire seulement.
A 1
sine
modo haec minantis sunt uerba. 2 Et bene imitatus est modum comminantis. B
1 donec perfecero hoc ut
«
donec me flumine uiuo abluero
228 ». 2
ineptis
399 ut a sapientia sapis dicimus, ita ab ineptia ineptis.
A1227 1 sine modo ce
sont les propos de quelqu'un qui menace. 2 Et il imite bien la manière de quelqu'un qui
menace. B 1 donec perfecero hoc comme
« donec me flumine uiuo abluero » (jusqu'à ce que je me sois
purifié dans une eau vive)1228. 2 ineptis de même que sapis vient de sapientia (sagesse), de même
ineptis vient d'ineptia (sottise)1229.
Pho.-postremo tecum nihil rei
nobis, Demipho, est :
Pho.-Pour finir, on n'a rien à
faire de toi, Démiphon.
tuos est damnatus gnatus, non tu ;
nam tua
C'est ton fils qui a été condamné,
et non toi : car toi,
A tvvs est damnatvs gnatvs
n.
non
t.
tv
pro uoluntate contendentis est prolatio
sententiae. B 1 tvvs est damnatvs
gnatvs non tv ludit Phormio, cum dicit non tu. 2 nam tva praeterierat iam dvcendi aetas
nihilo contemptibiliorem in hac causa sibi senem quam Antiphonem
fuisse ait simulque aetatem in illo esse
despectam.
A1230
tvvs est
damnatvs gnatvs non tv le prolongement de la phrase est
conforme à sa volonté de chercher des noises1231. B 1 tvvs est damnatvs
gnatvs non tv Phormion s'amuse lorsqu'il dit non tu. 2 nam tva praeterierat iam dvcendi aetas il
dit que, dans cette affaire, le vieillard était tout autant
condamnable qu'Antiphon, mais que pour lui l'âge ne pouvait avoir
valeur d'excuse.
praeterierat iam ducendi aetas.
De.-omnia haec
tu avais passé l'âge d'épouser.
Dé.-Tout ce
illum putato quae ego nunc dico
dicere ;
que je te dis à présent, pense que
c'est lui qui le dit.
A illvm pvtato qvae ego nvnc
d.
dico
d.
dicere
diffinitiue respondit.
A illvm pvtato qvae ego nvnc dico
dicere il répond de manière conclusive1232.
aut quidem cum uxore hac ipsum
prohibebo domo.
Ou alors, avec une épouse comme ça,
je vais le mettre à la porte de chez moi.
A cvm vxore hac
hac
id est tali.
A cvm vxore hac c'est-à-dire
tali (telle)1233.
Ge.-iratus est. Pho.-tu te idem
melius feceris.
Gé.-Il est furieux. Pho.-Tu feras
mieux de t'y mettre toi-même.
A tv te idem melivs feceris
locus est hic, ut se ostendat Phormio400 de compacto egisse cum Antiphone. B tv te idem melivs
feceris quidam sic intellegunt tu te idem melius feceris, ut senex
potius exeat quam eiciat filium. artificiose autem loquitur
Phormio, ut adimat suspicionem seni consensionis et conuenientiae
inter parasitum et filium.
A tv te idem melivs feceris
la réplique est telle que Phormion montre qu'il a agi de concert
avec Antiphon. B tv te idem melivs feceris certains
comprennent ainsi tu te idem melius
feceris : c'est au vieillard de s'en aller plutôt que
de chasser son fils. Phormion s'exprime par ailleurs avec habileté
afin de faire disparaître, chez le vieillard, le doute d'une
conspiration et d'une entente entre le parasite et le fils.
De.-itane es paratus facere me
aduersum omnia,
Dé.-Tu es prêt à me contrecarrer en
tout,
infelix ? Pho.-metuit hic nos,
tametsi sedulo
misérable ? Pho.-Il a peur de nous,
même si avec grand soin
A sedvlo sine dolo, instanter.
A sedvlo sine dolo (sans ruse), instanter (de façon
pressante)1234.
dissimulat. Ge.-bene habent tibi
principia. Pho.-quin quod est
il le cache. Gé.-Bon début pour
toi. Pho.-Allons, tout ce que
A 1
dissimvlat fingit, mentitur. 2 qvin qvod est ferendvm feras cur non,
inquit, accommodas necessitati uoluntatem ?
A 1
dissimvlat fingit (il feint), mentitur (il ment). 2 qvin qvod est ferendvm feras pourquoi,
dit-il, n'adaptes-tu pas tes désirs à la nécessité ?
ferendum feras1469 ? tuis dignum
factis feceris,
l'on doit endurer, endure-le et,
par tes actes, agis en sorte
ut amici inter nos simus ? De.-egon
tuam expetam
que nous soyons amis, toi et moi.
Dé.-Moi, rechercher ton
amicitiam ? aut te uisum aut
auditum uelim ?
amitié ? Que je consente à te voir
ou à t'entendre ?
Pho.-si concordabis cum illa,
habebis quae tuam
Pho.-Si tu t'accordes avec elle, tu
auras pour ta
A qvae tvam senectvtem
oblectet non te
sed senectutem tuam.
A qvae tvam senectvtem
oblectet non pas te (toi) mais senectutem tuam 1235.
senectutem oblectet : respice
aetatem tuam.
vieillesse de quoi la charmer.
Regarde ton âge.
De.-te oblectet, tibi habe.
Pho.-minue uero iram. De.-hoc age :
Dé.-Qu'elle te charme toi-même :
garde-la pour toi. Pho.-Calme ta colère. Dé.-Écoute :
A 1
minve vero
iram contemnentis est iracundiam dissuadere iracundia.
2 hoc age annuentis est.
A 1
minve vero
iram c'est le fait de quelqu'un de méprisant que de
combattre la colère par la colère. 2 hoc age c'est le propos de quelqu'un qui
acquiesce.
satis iam uerborum est : nisi tu
properas mulierem
assez parlé. Si tu ne te hâtes
pas
abducere, ego illam eiciam. dixi,
Phormio.
d'emmener cette femme, je la
jetterai dehors. J'ai dit, Phormion.
A dixi phormio dixi solent dicere peracta causa.
A dixi phormio on dit
d'habitude dixi quand on a
fini de plaider sa cause.
Pho.-si tu illam attigeris secus
quam dignum est liberam
Pho.-Si tu la touches autrement
qu'avec les égards dus à une femme libre,
dicam tibi inpingam grandem. dixi,
Demipho.
le procès que je vais t'intenter,
ça sera quelque chose. J'ai dit, Démiphon.
A dixi demipho mire
comminationem eius et ferocitatem imitatus est simili uerbo.
A dixi demipho il imite
étonnamment bien, par le même propos, sa menace et sa
férocité.
si quid opus fuerit, heus, domo me.
Ge.-intellego.
S'il y a besoin, hé bien !...chez
moi. Gé.-Compris.
A 1
si qvid opvs
fverit
h.
hevs
d.
domo
m.
me
haec repentina discessio habet aliquam
maiorem litigandi denuntiationem. 2 Et bene breuiter, ne multiloquio
frangeretur superiorum comminatio. B si qvid opvs fverit
ἔλλειψις.
scaena quarta
Geta Demipho Hegio Cratinus Crito
441 | 442 | 443 | 444 | 445 | 446 | 447 | 448 | 449 | 450 | 451 | 452 | 453 | 454 | 455 | 456 | 457 | 458 | 459 | 460 | 461 | 462 | 463 | 464
De.-Quanta me cura et sollicitudine
affecit1470
Dé.-De quels soucis, de quelles
inquiétude m'a affligé
1
qvanta me cvra
et sollicitvdine affecit gnatvs cura est in spe bonorum, sollicitudo in metu malorum.
2 qvanta me cvra et
soll.
sollicitvdine
haec deliberatiua est, in qua
aduocati401 sunt, quorum unus suadet, alter
dissuadet, tertius qui cum se alterutri addere402 debuisset, eiusmodi
sententiam dicit, ut rursum deliberatione opus esse uideatur.
1
qvanta me cvra
et sollicitvdine affecit gnatvs la cura consiste en l'espoir
d'événements heureux, la sollicitudo, en la crainte
d'événements malheureux. 2 qvanta me cvra et
sollicitvdine c'est une délibération1239 dans laquelle il y a trois
avocats, dont l'un persuade, l'autre dissuade et le troisième, au
lieu de prendre le parti de l'un des deux, donne sa propre
opinion, à savoir qu'à ce qu'il lui semble, il faut délibérer de
nouveau.
gnatus, qui me et se hisce
inpediuit nuptiis !
mon fils en nous empêtrant, lui et
moi, dans un mariage comme ça !
neque mihi in conspectum prodit, ut
saltem sciam
et il ne se montre pas à moi, pour
que je sache au moins
quid de hac re dicat quidue sit
sententiae.
ce qu'il en dit et quel est son
sentiment.
abi, uise redieritne iam an nondum
domum.
Va-t'en voir s'il est revenu ou non
à la maison.
Ge.-eo. De.-uidetis quo in loco res
haec siet :
Gé.-J'y vais. Dé.-Vous voyez où en
est cette affaire.
quid ago ? dic, Hegio. He.-ego ?
Cratinum censeo,
Que dois-je faire, dis, Hégion ?
Hé.-Moi ? Cratinus, à mon avis,
ego cratinvm censeo potest
ego distingui, ut
subaudiendum sit ego403 dicam uis ?.
ego cratinvm censeo on
peut ponctuer ego de façon
à ce qu'il faille sous-entendre ego
dicam uis ? 1240.
si tibi uidetur... De.-dic,
Cratine. Cra.-mene uis ?
si tu le veux bien... Dé.-Dis,
Cratinus. Cra.-C'est moi que tu veux ?
De.-te. Cra.-ego quae in rem tuam
sint ea uelim facias. mihi
Dé.-Oui, toi. Cra.-Moi, c'est ce
qui est dans ton intérêt que je veux que tu fasses. Pour moi,
qvae in rem tvam sint bene
principio ἀπὸ τῆς
τιμῆς καὶ404 τοῦ
συμβουλεύοντος beniuolentiam suam commendauit et sic
consilium dedit.
qvae in rem tvam sint il
fait bien, tout d'abord, en se fondant sur l'argument par l'estime
et par la personne de celui qui conseille (ἀπὸ τῆς τιμῆς καὶ τοῦ
συμβουλεύοντος)1241, de faire
valoir sa bienveillance et ainsi de le conseiller.
sic hoc uidetur : quod te absente
hic filius
voici ce qu'il m'en semble : ce
que, en ton absence, ton fils ici
egit, restitui in integrum aequom
esse1471 et
bonum,
a fait que ce soit rendu à son
intégrité première, cela est juste et bon,
aeqvvm esse ab honesto ;
et
bonvm ab utili.
aeqvvm esse argument par
l'honnête ; et
bonvm argument par l'utile.
et id impetrabis. dixi. De.-dic
nunc, Hegio.
et tu l'obtiendras. J'ai dit. Dé.-A
toi à présent, Hégion.
1
et id
impetrabis a possibili. 2
breuiter405 deliberatiui406 tres locos
tetigit : iustum, utile et possibile.
1
et id
impetrabis argument par le possible. 2 Et il aborde brièvement les trois lieux communs du
genre délibératif : le juste, l'utile et le possible.
He.-ego sedulo hunc dixisse credo ;
uerum ita est,
Hé.-Moi, je suis persuadé que
celui-ci a mis tout son soin dans ce qu'il a dit ; mais, c'est
ainsi,
1
ego sedvlo
hvnc dixisse credo artificiose personam non
reprehendit sententiam reprehensurus, ne, si inimicus sit, adimat
auctoritatem sententiae suae. 2
vervm ita
est subiunxit locum ἀποκρίσεως oratoriae, ut inuidiae
contradicturus occurreret.
1
ego sedvlo
hvnc dixisse credo de façon adroite, alors qu'il va
critiquer l'avis donné, il ne critique pas la personne, afin de ne
pas, s'il lui était hostile, ôter tout crédit à son avis1242.
2 vervm ita est il ajoute un
argument fait d'une réponse (ἀπόκρισις) oratoire, afin de prévenir son
hostilité alors qu'il va le contredire.
quot homines tot sententiae : suus
cuique mos.
autant d'hommes, autant d'avis.
Chacun sa manière de voir.
mihi non uidetur quod sit factum
legibus
Je ne suis pas d'avis que ce qui a
été fait par la loi
1
mihi non
videtvr a possibili. 2
qvod sit
factvm legibvs hic alio ordine ii locos407 suasoriae tetigit : primum a
possibili, secundum ab honesto ; et tertiam rationis partem
praetermisit, quae, ubi non potest fieri, frustra
secatur408.
1
mihi non
videtvr argument par le possible. 2 qvod sit factvm legibvs ici il aborde, dans
un autre ordre, deux lieux communs de la suasoire : d'abord
l'argument par le possible, ensuite celui par l'honnête ; et il a
sauté la troisième partie du raisonnement, à laquelle il ne sert à
rien, quand c'est impossible, de consacrer une division1243.
rescindi posse ; et turpe inceptum
est. De.-dic, Crito.
puisse être cassé et le tenter
serait une honte. Dé.-A toi, Criton.
et tvrpe
inceptvm est
ab
honesto.
et tvrpe inceptvm est
argument par l'honnête.
Cri.-ego amplius deliberandum
censeo :
Cri.-Je crois qu'il y a lieu de
délibérer après complément d'information.
res magna est. Cra.-numquid nos
uis ? De.-fecistis probe :
L'affaire est d'importance.
Hé.-Nous veux-tu encore quelque chose ? Dé.-Vous avez bien
travaillé.
res magna est causa
ampliandi sententiam.
res magna est raison pour
laquelle il faut ajourner (ampliare) le jugement.
incertior sum multo quam dudum.
Ge.-negant
J'ai encore moins de certitudes que
jamais. Gé.-On m'a dit
incertior svm mvlto qvam
dvdvm ex tribus enim unus suasit, alter dissuasit, tertius
nihil dixit.
incertior svm mvlto qvam
dvdvm car sur les trois, l'un persuade, l'autre dissuade,
et le troisième ne dit rien1244.
redisse. De.-frater est
exspectandus mihi :
qu'il n'était pas rentré. Dé.-Il me
faut attendre mon frère.
is quod mihi dederit de hac re
consilium, id sequar.
Le conseil qu'il me donnera sur
cette affaire, je le suivrai.
percontatum ibo ad portum, quoad se
recipiat.
Je vais aller m'informer au port de
combien de temps il lui faut pour revenir.
Ge.-at ego Antiphonem quaeram, ut
quae acta hic sint sciat.
Gé.-Et moi, je vais chercher
Antiphon pour qu'il sache ce qui s'est joué ici.
sed eccum ipsum uideo in tempore
huc se recipere.
Mais le voici justement qui revient
fort à propos.
in tempore hvc se re
409. opportune,
εὐκαίρως
. Sallustius «
maximeque ferocia regis Mithridatis in tempore
bellaturi
229 ».
in tempore hvc se recipere
in tempore
signifieopportune (à
point),
εὐκαίρως
(à propos). Salluste : « maximeque ferocia regis
Mithridatis in tempore bellaturi » (et surtout la fougue du roi
Mithridate, prêt à combattre le moment venu)1245.
Actus tertius
scaena prima
Geta Antipho
465 | 466 | 467 | 468 | 469 | 470 | 471 | 472 | 473 | 474 | 475 | 476 | 477 | 478 | 479 | 480 | 481 | 482 | 483 | 484
An.-Enimuero, Antipho, multis
modis1472
cum istoc animo es uituperandus :
An.-Ah, vraiment, Antiphon, de
mulitples façons, pour ce tempérament il te faut bien blâmer.
enimvero antipho mvltis modis cvm
istoc animo es cum istoc animo pro huius animi. Ennius «
optima cum pulchris animis Romana iuuentus
230 ».
enimvero antipho mvltis modis
cvm istoc animo es cum
istoc animo pour huius
animi (de cet état d'esprit)1246. Ennius : « optima cum pulchris animis Romana
iuuentus » (la meilleure jeunesse romaine avec de belles
âmes).
ita tene1473 hinc abiisse et uitam tuam
tutandam aliis dedisse !
Partir ainsi d'ici et remettre ta
vie à la garde d'autrui !
ita tene hinc abiisse et vitam
tvam ἐν
ὑποκρίσει, ut «
inuidisse deos, patriis ut
r.
reditus
a.
aris
410
c.
coniugium
o.
optatum
231 » et «
seruon fortunas meas me commisisse
futili !
232 ».
ita tene hinc abiisse et vitam
tvam en jouant un personnage (ἐν ὑποκρίσει), comme dans « inuidisse
deos, patriis ut reditus aris coniugium optatum » (faut-il que la
haine des dieux m'ait refusé la joie d'être rendu aux autels de
mes pères !) et « seruon fortunas meas me commisisse
futili ! »1247.
alios tuam rem credidisti mage quam
tete animum aduersuros ?
Les autres, croyais-tu qu'ils
auraient plus que toi la tête à tes affaires ?
1
alios tvam
rem ab infinitiuo ad indicatiuum transitum fecit.
2 credidisti pro putasti.
1
alios tvam
rem il passe de l'infinitif à l'indicatif1248. 2
credidisti pour putasti (tu as pensé).
nam, utut erant alia, illi certe
quae nunc tibi domist consuleres,
Car, sans parler du reste, il te
fallait du moins de celle qui pour l'heure est chez toi prendre
soin,
nequid propter tuam fidem decepta
pateretur1474 mali.
pour que ta loyauté venant à la
tromper ne lui causât du tort,
pateretvr mali legitur et
potiretur, quia potiri τῶν μέσων fuit. Plautus «
hostium potitus est
233 ».
pateretvr mali on lit
aussi potiretur (qu'elle
ait en mains)1249, parce que potiri est déponent (τῶν μέσων). Plaute :
« hostium potitus est » (il s'est rendu maître des ennemis).
cui nunc miserae spes opesque sunt
in te uno omnes sitae.
elle qui, malheureuse, a placé en
toi seul son espoir et son bien.
1
spes opesqve
svnt haec quidem de his sunt, quae
amantium. 2 iunge411 spes opesqve ut «
res fidesque
234 »412.
1
spes opesqve
svnt ce sont là des mots qui sont propres aux amoureux.
2 Reliez spes opesqve comme « res
fidesque » (la richesse et l'espoir).
Ge.-et quidem, ere, nos iamdudum
hic te absentem incusamus qui abieris.
Gé.-Et pourtant, patron, ça fait
longtemps que nous te reprochons ton absence et que tu sois
parti.
qvod413 abieris mollius quam fugeris.
qvod abieris plus doux que
fugeris (tu as fui).
An.-te ipsum quaerebam. Ge.-sed ea
causa nihilo magis defecimus.
An.-C'est justement toi que je
cherchais. Gé.-Mais ce n'est pas pour cela que nous avons fait
défection.
sed ea cavsa
qua414
« abieris ».
sed ea cavsa raison par
laquelle « abieris ».
An.-loquere obsecro, quonam in loco
sunt res et fortunae meae ?
An.-Parle, de grâce. En quel état
sont mes affaires et mon destin ?
numquid patri subolet ? Ge.-nihil
etiam. An.-ecquid spei porro est ? Ge.-nescio. An.-ah.
Mon père flaire-t-il quelque
chose ? Gé.-Rien, encore. An.-Reste-t-il quelque espoir ? Gé.-Je
l'ignore. An.-Ah !
nvmqvid patri svbolet
conuenientia sua415 et
Phormionis dicit.
nvmqvid patri svbolet il
veut parler de l'accord entre lui et Phormion1250.
Ge.-nisi Phaedria haud cessauit pro
te eniti. An.-nihil fecit noui.
Gé.-Tout ce que je sais, c'est que
Phédria n'a pas cessé de s'employer pour toi. An.-Ce n'est pas
nouveau.
Ge.-tum Phormio itidem in hac re ut
in aliis strenuom hominem praebuit.
Gé.-Phormion, de son côté, ici
comme toujours, a montré le type solide qu'il est.
An.-quid is fecit ? Ge.-confutauit
uerbis admodum iratum senem.
An.-Qu'a-t-il fait ? Gé.-Il a
confondu en parlant le vieux qui était dans une belle fureur.
1
confvtavit
verbis conuicit,
ut si diceret refutauit.
2 Sed refutatio in rem est, confutatio in personam.
1
confvtavit
verbis confutauit
signifie conuicit (il a
confondu), comme s'il disait refutauit (il a réfuté). 2 Mais la refutatio (réfutation) porte sur une
chose, la confutatio, sur
une personne1251.
An.-eu Phormio ! Ge.-ego quod potui
porro. An.-mi Geta, omnis uos amo.
An.-Bravo Phormion ! Gé.-Moi aussi,
j'ai fait ce que j'ai pu. An.-Mon Géta, je vous aime tous.
1
ev phormio
ego qvod potvi porro de se mediocriter per
ἔλλειψιν,
moraliter satis. 2 ego qvod potvi
porro ordine : primo dominum, post Phormionem, ultimum se
posuit.
1
ev phormio
ego qvod potvi porro il parle de lui avec
modération au moyen d'une ellipse (ἔλλειψις)1252 ; c'est assez conforme au caractère
du personnage1253.
2 ego qvod potvi porro dans
l'ordre : il place d'abord le maître, ensuite Phormion, et en
dernier lui-même.
Ge.-sic habent principia sese ut
dico : adhuc tranquilla res est,
Gé.-C'est parti comme je te le
dis ; jusqu'ici la situation est calme.
mansurusque patruum pater est dum
huc adueniat. An.-quid eum ? Ge.-ut aibat,
Ton père est allé attendre ton
oncle jusqu'à ce qu'il arrive. An.-Pourquoi lui ? Gé.-A ce qu'il
disait,
de eius consilio sese uelle facere
quod ad hanc rem attinet.
parce que c'est sur son conseil
qu'il veut agir sur ce qui touche à cette affaire.
An.-quantum metus est mihi
uenire1475
huc saluum nunc patruum, Geta !
An.-Quel effroi est le mien de voir
ici mon oncle revenir sain et sauf, Géta !
1
hvc salvvm
nvnc patrvvm geta non optat saluum patruum uenire secundum Apollodorum, et
ostendit non congruere salutem eius cum commodo suo. 2 An non dicit malum esse et incommodum sibi,
sed tantum magni terroris plenum aduentum patrui ?
1
hvc salvvm
nvnc patrvvm geta en conformité avec Apollodore, il ne
souhaite pas que son oncle arrive (« uenire ») à bon port, et montre que
le salut de celui-ci ne coïncide pas avec son intérêt. 2 A moins qu'il veuille dire non pas que ce
serait un mal et un inconvénient pour lui, mais seulement que
l'arrivée (aduentum) de
son oncle lui cause une grande peur1254 ?
nam per eius unam, ut audio, aut
uiuam aut moriar sententiam.
Car de son seul verdict dépendent,
je le sais, ou ma vie ou ma mort.
Ge.-Phaedria tibi adest.
An.-ubinam ? Ge.-eccum ab sua palaestra exit foras.
Gé.-Phédria vient vers toi. An.-Où
donc ? Gé.-Le voilà qui sort de sa salle de musculation.
1
palaestra exit
foras bene palaestram dixit lenonis domum,
qua416 est exercitus amator assidue.
2 a sva palaestra Plautus
«
ubi damnis desudascitur
235 »417.
1
palaestra exit
foras il fait bien d'appeler palestra la maison de l'entremetteur,
où l'amoureux s'est entraîné avec assiduité1255. 2 a sva
palaestra Plaute : « ubi damnis desudascitur » (où l'on
verse sa sueur à se ruiner).
scaena altera
Geta Antipho Phaedria Dorio
485 | 486 | 487 | 488 | 489 | 490 | 491 | 492 | 493 | 494 | 495 | 496 | 497 | 498 | 499 | 500 | 501 | 502 | 503 | 504 | 505 | 506 | 507 | 508 | 509 | 510 | 511 | 512 | 513 | 514 | 515 | 516 | 517 | 518 | 519 | 520 | 521 | 522 | 523 | 524 | 525 | 526 | 527 | 528 | 529 | 530 | 531 | 532 | 533
Pha.-Dorio,
Phé.-Dorion !
1
dorio avdi
obsecro haec scaena in petitione est, quae
saepe admittit deliberatiuum418
locum. 2 dorio avdi obsecro sunt
qui sic legant, ut Dorio
dicat Phaedria, audi leno,
obsecro iterum Phaedria.
3 qvin omitte quin modo corripiendi uel imperandi
uim habet, ut «
quin age
236 ».
1
dorio avdi
obsecro c'est une scène de réclamation1256, qui autorise souvent un passage
de délibération. 2 dorio avdi
obsecro il y a des gens pour lire ainsi : Phédria dit
Dorio, l'entremetteur dit
audi, et Phédria de
nouveau obsecro.
3 qvin omitte quin a seulement le sens d'un
reproche ou d'un ordre, comme dans « quin age » (eh
bien)1257.
audi obsecro. Do.-non audio.
Pha.-parumper. Do.-quin omitte me.
écoute, de grâce ! Do.-Non. Phé.-Un
petit peu ! Do.-Lâche-moi.
Pha.-audi quod dicam. Do.-at enim
taedet iam audire eadem miliens.
Phé.-Écoute ce que j'ai à te dire.
Do.-Non : j'en ai marre d'entendre cent fois les mêmes choses.
Pha.-at nunc dicam quod libenter
audias. Do.-loquere, audio.
Phé.-Ce que j'ai à te dire cette
fois, ça va te faire plaisir. Do.-Parle ; j'écoute.
Pha.-non queo te exorare ut maneas
triduom hoc ? quo nunc abis ?
Phé.-Ne puis-je te supplier
d'attendre encore trois jours ? Ne t'en va pas tout de suite !
Do.-mirabar si tu mihi quicquam
adferres noui. An.-ei,
Do.-Ça m'étonnait aussi que tu aies
du neuf à m'apporter. An.-Aïe !
metuo lenonem ne aliquid... Ge.-suo
suat capiti. idem ego uereor.1476
Je crains que le maquereau ne...
Gé.-...se prenne à ses propres filets. C'est ce que je crains, moi
aussi.
1
ne aliqvid svo
svat capiti deest mali. suat autem appingat, affigat. 2 svo svat capiti ἀποσιώπησις διὰ τὸν εὐφημισμόν.
3 svo capiti dixit, cum
dicturus esset Phaedriae,
ut «
Dardaniique rogum capitis
237 ».
1
ne aliqvid svo
svat capiti il manque mali (malheur). D'autre part,
suat signifie appingat (qu'il attache), affigat (qu'il fixe). 2 svo svat capiti aposiopèse (ἀποσιώπησις) grâce à un
euphémisme (διὰ τὸν
εὐφημισμόν)1258. 3 Il dit svo capiti, alors qu'Antiphon allait dire
Phaedriae (la tête de
Phédria), comme dans « Dardaniique rogum capitis » (le bûcher du
Dardanien)1259.
Pha.-nondum mihi credis ?
Do.-hariolare. Pha.-sin fidem do ? Do.-fabulae !
Phé.-Tu n'as toujours pas confiance
en moi ? Do.-Deviné ! Phé.-Mais si je te donne ma parole ? Do.-Des
histoires !
Pha.-faeneratum istuc beneficium
pulchre tibi dices. Do.-logi !
Phé.-Ce bienfait va te rapporter
gros, tu le diras toi-même. Do.-Words, words, words1512 !
faeneratvm ab utili.
2 faeneratvm istvd
beneficivm id est : et419 a te faeneratum.
faeneratvm argument tiré
de l'utile. 2 faeneratvm istvd
beneficivm c'est-à-dire a
te (par toi) faeneratum.
Pha.-crede mihi, gaudebis facto :
uerum hercle hoc est. Do.-somnium !
Phé.-Crois-moi, tu te féliciteras
de l'avoir fait : c'est la vérité pure, je te jure. Do.-Dans tes
rêves !
vervm hercle hoc est bene
ipse dictum suum confirmauit.
vervm hercle hoc est il
est bien qu'il confirme lui-même son propos1260.
Pha.-experire : non est longum.
Do.-cantilenam eandem canis.
Phé.-Essaye : ce n'est pas long.
Do.-Tu chantes toujours la même chanson.
cantilenam eandem
c.
canis
ita dicitur uetus et uulgata cantio.
cantilenam eandem canis
c'est ainsi que l'on nomme une chanson vieille et connue de
tous.
Pha.-tu mihi cognatus, tu parens,
tu amicus, tu... Do.-garri modo.
Phé.-Tu seras pour moi un parent,
un père, un ami, un... Do.-Cause toujours.
1
tv mihi cognatvs ab honesto. 2 tv parens tv amicvs tv secunda
ἀποσιώπησις.
1
tv mihi
cognatvs argument tiré de l'honnête1261. 2 tv parens tv amicvs
tv aposiopèse (ἀποσιώπησις) de la deuxième
catégorie1262.
Pha.-adeon ingenio esse duro te
atque inexorabili
Phé.-As-tu le cœur si dur, l'as-tu
si inflexible ?
ut neque misericordia neque
precibus molliri queas !
prières ni pitié ne pourront
t'adoucir ?
Do.-adeon te esse incogitantem
atque inpudentem, Phaedria,
Do.-As-tu le cœur si sot, l'as-tu
si effronté, Phédria ?
me ut faleratis ducas dictis et
meam ductes gratiis !
Avec tes mots ornés tu prétends me
mener en bateau et ma fille l'emmener sans payer ?
1
faleratis
dictis honestis
atque ornatis, quia dixit
«
tu mihi cognatus, tu parens
238 ». 2 Et quasi leno
irridet honestatem et despicit.
1
faleratis
dictis faleratis
signifie honestis
(honnêtes) et ornatis
(ornés), parce qu'il a dit : « tu mihi cognatus, tu parens »1263. 2 Et c'est comme si l'entremetteur se moquait
de l'honnêteté et la méprisait.
An.-misertum est. Pha.-hei, ueris
uincor ! Ge.-quam uterque est similis sui !
An.-Il me fait pitié. Phé.-Hélas !
c'est vrai. Je suis vaincu. Gé.-Qu'ils sont l'un et l'autre égaux
à eux-mêmes !
1
misertvm
est εἰρωνεία. 2 hei veris vincor hoc sibi dicit
adulescens.
1
misertvm
est ironie (εἰρωνεία)1264. 2 hei veris
vincor le jeune homme se dit cela à lui-même.
Pha.-neque Antipho alia cum
occupatus esset sollicitudine,
Phé.-Si seulement ce n'était pas au
moment où Antiphon était occupé par un autre souci
1
neqve antipho
alia cvm occvpatvs esset sollicitvdine hoc dolet Phaedria,
quod in eadem re laborauit420
Antipho, id est in amore, quodque amare contigerit. 2 neqve antipho alia alia minore aliqua sollicitudine quam
haec est quam nunc gerit. 3 An
alia praeter hanc quam de
me gerit ? 4 Ordo et sensus hic
est : neque tum esset mihi hoc
obiectum malum, cum Antipho alia sollicitudine esset
occupatus, leui quapiam, non hac de nuptiis, quae est
grauissima.
1
neqve antipho
alia cvm occvpatvs esset sollicitvdine Phédria souffre de
ce qu'Antiphon est à la peine dans la même affaire, c'est-à-dire
en amour, et de ce que l'amour lui est tombé dessus. 2 neqve antipho alia alia signifie : minore aliqua sollicitudine quam haec est quam
nunc gerit (avec des soucis moindres que ceux auxquels
il est à présent confronté). 3 Ou
bien alia signifie
praeter hanc quam de me
gerit (hormis celle qu'il affronte à mon sujet) ?
4 L'ordre et le sens sont ici les
suivants : neque tum esset mihi hoc
obiectum malum, cum Antipho alia sollicitudine esset
occupatus, un souci peu important, et non pas le souci
qu'il se fait au sujet du mariage, et qui est très grave.
tum hoc esse mihi obiectum malum !
An.-ah quid istuc est autem, Phaedria ?
que ce malheur s'était dressé
devant moi ! An.-Ah ! Qu'est-ce que cela, Phédria ?
Pha.-o fortunatissime Antipho.
An.-egone ? Pha.-quoi quod amas domist.
Phé.-Trop heureux Antiphon...
An.-Moi ! Phé.-Qui possèdes chez toi l'objet de ta tendresse
neque cum huius modi umquam
usus1477 uenit ut conflictares malo.
et qui n'as jamais besoin de lutter
avec un méchant de cette trempe !
vmqvam vsvs venit
opus fuit aut necesse fuit.
vmqvam vsvs venit
usus uenit signifie
opus fuit (il a fallu) ou
necesse fuit (il a été
nécessaire).
An.-mihin domist ? immo, id quod
aiunt, auribus teneo lupum ;
An.-Je le possède chez moi ? Oui,
je tiens, comme on dit, le loup par les oreilles ;
avribvs teneo lvpvm
Graecum prouerbium «
τῶν ὤτων ἔχω τὸν
λύκον
421 ».
avribvs teneo lvpvm
proverbe grec : « τῶν ὤτων
ἔχω τὸν λύκον » (je tiens le loup aux oreilles).
nam neque quo pacto a me amittam
neque uti retineam scio.
car je ne sais ni comment le
lâcher, ni comment le garder.
Do.-ipsum istuc mihi in hoc est.
An.-heia ne parum leno scies1478.
Do.-C'est juste où j'en suis avec
lui. An.-Holà, vraiment, maquereau, tu ne sauras assez...
leno scies ellipse
(ἔλλειψις) : il
manque miserari (te
montrer compatissant).
numquid hic confecit ?
Pha.-hicine ? quod homo inhumanissimus,
Est-ce qu'il a fait quelque chose ?
Phé.-Lui ! Ce que fait le plus inhumain des hommes,
Pamphilam meam uendidit. An.-quid ?
uendidit ? Ge.-ain ? uendidit ?
il a vendu ma Pamphila.
Gé.-Comment, vendu ? An.-Tu dis ? Vendu ?
Pha.-uendidit. Do.-quam indignum
facinus, ancillam aere emptam suo !
Phé.-Vendu. Do.-L'ignoble crime !
une esclave achetée de ses propres deniers !
emptam svo suo est joliment dit, comme s'il
s'agissait d'une troisième personne1265.
Pha.-nequeo exorare ut me maneat et
cum illo ut mutet fidem
Phé.-Je ne puis le supplier de
m'attendre, et qu'il reprenne sa parole avec l'autre
triduom hoc, dum id quod est
promissum ab amicis argentum aufero.
pour ces trois jours, le temps que
je lui apporte l'argent que mes amis m'ont promis.
si non tum dedero, unam praeterea
horam ne oppertus sies.
Si je ne te le remets pas alors,
n'attends pas une heure de plus.
Do.-optunde. An.-haud longum est id
quod orat : Dorio, exoret sine.
Do.-Vas-y, casse-moi les pieds !
An.-Ce n'est pas long ce qu'il te demande, Dorion. Laisse-toi
fléchir !
idem hoc tibi, quod boni promeritus
fueris, conduplicauerit.
le bien que tu lui auras fait, il
aura vite fait de te le rendre au double.
1
condvplicaverit subiunctiuum pro
indicatiuo, id est conduplicabit. 2 Hoc est aliter «
faeneratum istuc beneficium pulchre tibi dices
239 ».
1
condvplicaverit subjonctif au lieu de
l'indicatif, c'est-à-dire conduplicabit 1266. 2 On
trouve cela ailleurs « faeneratum istuc beneficium pulchre tibi
dices ».
Do.-uerba istaec sunt.
An.-Pamphilamne hac urbe priuari sines ?
Do.-Des mots, tout cela.
An.-Pamphila, tu la laisseras être privée de cette ville ?
tum praeterea horunc amorem
distrahi poterin pati ?
Et tu pourras aussi souffrir que
leur amour soit mis en pièces ?
Do.-neque ego neque tu. Pha.-di
tibi omnes id quod es dignus duint !
Do.-Non pas plus que toi... Ph.-Que
tous les dieux te donnent ce que dont tu es digne !
Do.-ego te compluris aduorsum
ingenium meum menses tuli
Do.-Voilà que, contre mes
habitudes, ça fait de nombreux mois que je te supporte
pollicitantem et nihil ferentem,
flentem ; nunc contra omnia haec
promettant, n'apportant rien,
pleurant. Aujourd'hui tout le contraire,
nihil ferentem flentem
usitatum ueteribus ὅμοιον et ἐν ἤθει 427.
nihil ferentem flentem
paronomase (ὅμοιον) courante chez les Anciens, et
conforme à son caractère (ἐν ἤθει)1267.
repperi qui det neque lacrumet : da
locum melioribus.
j'ai trouvé un type qui donne et
qui ne pleure pas. Laisse la place aux plus forts.
An.-certe hercle, ego si satis
commemini, tibi quidem est olim dies,
An.-Mais, ma foi, si j'ai bonne
mémoire, c'est toi-même qui un jour as fixé une date
tibi qvidem esto
ol.
olim
d.
dies
hic olim futuri temporis est ; nam leno
de accipienda ab adulescente pecunia diem constituerat et inuenta
meliore condicione anteceperat tempus cum adulescente
praescriptum.
tibi qvidem est olim dies
ici olim porte sur le
futur1268 ;
en effet, l'entremetteur avait fixé le jour où il devait recevoir
l'argent du jeune homme et, après avoir trouvé une offre plus
intéressante, il avait avancé le moment qu'il avait prévu avec
lui.
quam ad dares huic, praestituta.
Pha.-factum. Do.-num ego istuc nego ?
pour la lui donner. Phé.-Il l'a
fait. Do.-Est-ce que je dis le contraire ?
An.-Et elle est passée ? Do.-Non ;
mais celle-là est venue avant. An.-Tu n'as pas honte
1
iamne ea
praeteriit interrogatiue pronuntiandum. 2 non vervm haec antecessit urbane leno haec
antecessit, ut alii putant meretrix
uendita, ut alii dies lenoni, in quam constitutum fuit.
3 An aperte leno perfidus
mentitur ? unde sequitur non pudet
uanitatis428 .
4 Ergo
plus est antecessit quam
praeteriit. 5 non pvdet vanitatis apparet supra lenonem
de perfidia anticipati temporis esse confessum.
1
iamne ea
praeteriit il faut le prononcer sur le mode
interrogatif1269. 2 non vervm haec antecessit l'entremetteur
dit avec esprit haec
antecessit, de sorte que certains pensent que
haec renvoie à la vente de
la courtisane, et d'autres, au jour fixé par
l'entremetteur1270. 3 Ou bien le
perfide entremetteur ment-il ouvertement ? D'où ce qui suit :
non pudet uanitatis.
4 Donc antecessit est plus fort que
praeteriit 1271. 5 non pvdet
vanitatis manifestement, l'entremetteur a avoué plus
haut1272 la perfidie qu'il a commise en
avançant le moment du paiement.
uanitatis ? Do.-minime, dum ob rem.
Ge.-stercilinum ! Pha.-Dorio,
de ne pas avoir de conscience ?
Do.-Pas du tout quand c'est pour l'argent. Gé.-Fumier !
Phé.-Dorion,
itane tandem facere oportet ?
Do.-sic sum : si placeo, utere.
est-ce ainsi que l'on doit agir ?
Do.-Je suis comme ça : si ça te plaît, sers-toi.
An.-sic hunc decipis ? Do.-immo
enim uero, Antipho, hic me decipit :
An.-C'est comme ça que tu le
trompes ! Do.-Pas du tout, Antiphon, c'est plutôt lui qui me
trompe.
nam hic me huius modi scibat esse,
ego hunc esse aliter credidi :
Il savait que j'étais comme ça ;
mais moi je croyais qu'il était autrement.
iste me fefellit, ego isti nihilo
sum aliter ac fui.
C'est lui qui m'a floué ; moi, pour
lui, je ne suis pas autrement que j'étais.
sed utut haec sunt, tamen hoc
faciam : cras mane argentum mihi
Mais quoi qu'il en soit, voici ce
que je vais faire. C'est demain matin que l'argent m'est
miles dare se dixit : si mihi prior
tu attuleris, Phaedria,
donné, a dit le soldat. Si tu me
l'apportes en premier, Phédria,
mea lege utar, ut potior sit qui
prior ad dandumst. uale.
j'userai de mon droit, pour donner
la préférence à qui donne en premier. Adieu !
mea lege vtar
lenonia scilicet, in qua429
semper commodum prius est quam fides.
mea lege vtar c'est-à-dire
le droit des entremetteurs, dans lequel l'intérêt l'emporte
toujours sur la parole donnée1273.
scaena tertia
Geta Antipho Phaedria
534 | 535 | 536 | 537 | 538 | 539 | 540 | 541 | 542 | 543 | 544 | 545 | 546 | 547 | 548 | 549 | 550 | 551 | 552 | 553 | 554 | 555 | 556 | 557 | 558 | 559 | 560 | 561 | 562 | 563 | 564 | 565 | 566
Pha.-Quid faciam ? unde ego nunc
tam subito huic argentum inueniam miser,
Phé.-Que faire ? Où trouver si vite
de l'argent pour lui, malheureux,
qvid faciam οἰκονομία ad futurum
exitum comoediae.
cui minus nihilo est ? quod, hic si
pote fuisset exorarier,
moi qui ai moins que rien ? S'il
avait été possible de le fléchir,
minvs
n.
nihilo
430 ὑπερβολή.
minvs nihilo hyperbole
(ὑπερβολή).
triduom hoc, promissum fuerat.
An.-itane hunc patiemur, Geta,
ces trois jours on me les aurait
promis ! An.-Le laisserons-nous, Géta,
fieri miserum, qui me dudum ut
dixti adiuuerit comiter ?
devenir malheureux, lui qui tout à
l'heure, comme tu l'as dit, m'a aidé obligeamment ?
1
adivverit secundum u
pronuntiari431 debet. 2 adivverit comiter
cosmiter
432 ueteres dixerunt παρὰ τὸ
κόσμος
.
1
adivverit le deuxième u doit être prononcé1276. 2 adivverit
comiter les Anciens disaient que cosmiter venait du mot
κόσμος
(παρὰ τὸ
κόσμος)1277.
quin, quom opust, beneficium rursum
ei experiemur reddere ?
Maintenant qu'il est dans le
besoin, pourquoi ne pas essayer de lui rendre son bienfait en
retour ?
Ge.-scio equidem hoc esse aequom.
An.-age ergo, solus seruare hunc potes.
Gé.-Je sais évidemment que ce n'est
que justice. An.-Eh bien ! allons. Toi seul peux le sauver.
Ge.-quid faciam ? An.-inuenias
argentum. Ge.-cupio ; sed id unde edoce.
Gé.-Que puis-je faire ? An.-Trouver
l'argent. Gé.-C'est ce que je souhaite. Mais où le prendre ?
Dis-le-moi.
qvid faciam
comice433, quamuis uterque intellegat quid alteruter dicat,
dissimulant tamen.
qvid faciam en conformité
avec le genre comique, chacun des deux, bien qu'il comprenne ce
que l'autre dit, le cache.
An.-pater adest hic. Ge.-scio ; sed
quid tum ? An.-ah dictum sapienti sat est.
An.-Mon père est ici. Gé.-Je sais,
et alors ? An.-Oh, à bon entendeur, salut !
Ge.-itane ? An.-ita. Ge.-sane
hercle pulchre suades : etiam tu hinc abis ?
Gé.-Ah oui... ? An.-Oui ! Gé.-Joli
conseil, ma foi, que tu me donnes. Va voir là-bas si j'y suis.
etiam
tv
hic etiam tu
ut
quid tibi uis ?434
etiam tv ici, etiam tu équivaut à quid tibi uis ? (qu'est-ce que tu
veux ?)
non triumpho, ex nuptiis tuis si
nihil nanciscor mali,
N'est-ce pas mon triomphe de
n'avoir pas pris de mauvais coup à cause de ton mariage,
ni etiam nunc me huius causa
quaerere in malo iubeas crucem ?
sans que tu viennes encore, pour
l'arranger, me pousser à me jeter en plus de mes malheurs dans la
gueule du loup ?
in malo ivbeas
quasi435 in malo aliud
malum.
in malo ivbeas comme s'il
disait : in malo aliud
malum (un autre mal dans un mal).
An.-uerum hic dicit. Pha.-quid ?
ego uobis, Geta, alienus sum ? Ge.-haud puto ;
An.-Il dit vrai. Phé.-Quoi ! Géta,
suis-je un étranger pour vous ? Gé.-Je ne crois pas.
sed parumne est quod omnibus nunc
nobis suscenset senex,
Mais n'est-ce pas assez que le
vieillard maintenant nous en veut à tous tant que nous sommes,
ni instigemus etiam ut nullus locus
relinquatur preci ?
sans aller encore l'énerver au
point de ne plus laisser place aux prières ?
relinqvatvr preci bene
preci.
relinqvatvr preci
preci est bien dit1278.
Pha.-alius ab oculis meis illam in
ignotum abducet locum ? hem
Phé.-Un autre loin de mes yeux
l'emmènera donc dans un lieu inconnu ? Eh bien
tum igitur, dum licet dumque adsum,
loquimini mecum, Antipho,
donc, tant qu'on le peut, tant que
j'existe parlez-moi, Antiphon,
contemplamini me. An.-quam ob rem ?
aut quidnam facturu's ? cedo.
contemplez-moi. An.-Pourquoi ? Que
vas-tu donc faire ? Dis !
Pha.-quoquo hinc asportabitur
terrarum, certumst persequi
Phé.-En quelque lieu du monde où on
l'emportera, je suis résolu à la suivre
aut perire. Ge.-di bene uortant
quod agas ! pedetemptim tamen.
ou à mourir. Gé.-Les dieux fassent
réussir ce que tu entreprends ! Mais pas à pas, toutefois.
1
pedetemptim caute, a pedibus et temptando. 2 pedetemptim tamen hoc quidam sic accipiunt,
tamquam Getae dicat Antipho, ut caute aggrediatur senem
fallere.
1
pedetemptim signifie caute (prudemment), et vient de
pes (pied) et de
temptare (toucher)1279. 2 pedetemptim
tamen certains comprennent comme si Antiphon disait à Géta
d'entreprendre de tromper le vieillard avec prudence1280.
An.-uide si quid opis potes adferre
huic. Ge.-"siquid" ? quid ? An.-quaere obsecro,
An.-Vois si tu peux lui apporter
quelque aide. Gé.-De l'aide ? Laquelle ? An.-Cherche, de
grâce.
nequid plus minusue faxit quod nos
post pigeat, Geta.
Qu'il ne fasse pas, en plus ou en
moins, quelque chose que nous regretterions après, Géta.
Ge.-quaero.--saluos est, ut
opinor ; uerum enim metuo malum.
Gé.-Je cherche... Il est sauvé, je
crois ; mais j'ai peur de prendre un mauvais coup.
An.-noli metuere : una tecum bona
mala tolerabimus.
An.-N'aie pas peur. Avec toi, tous
ensemble, nous souffrirons biens et maux.
Ge.-quantum opus est tibi argenti,
loquere. Pha.-solae triginta minae.
Gé.-Combien te faut-il d'argent ?
Dis. Phé.-Seulement trente mines.
Ge.-triginta ? hui percarast,
Phaedria. Pha.-ista1481 uero uilis est.
Gé.-Trente ! Houla ! Elle est bien
chère, Phédria. Phé.-Pour elle, c'est donné.
ista vero vilis est
amatorie.
ista vero vilis est en
amoureux1281.
Ge.-age age, inuentas reddam.
Pha.-o lepidum ! Ge.-aufer te hinc. Pha.-iam opust. Ge.-iam
feres :
Gé.-Allez, allez, je les trouve et
je te les donnerai. Phé.-Quel amour ! Gé.-Tire-toi d'ici.
Phé.-C'est maintenant que j'en ai besoin. Gé.-C'est maintenant que
tu les auras.
sed opus est mihi Phormionem ad
hanc rem adiutorem dari.
Mais j'ai besoin qu'on me donne
Phormion pour m'assiser dans cette affaire.
Pha.-praestost : audacissime oneris
quiduis inpone, ecferet ;
An.-Il est à toi. N'aie aucun
scrupule à le charger de n'importe quoi, il le prendra.
solus est homo amico amicus.
Ge.-eamus ergo ad eum ocius.
Il n'y en a pas deux comme lui pour
aimer ses amis. Gé.-Allons donc le trouver au plus vite.
solvs est homo amicvs
amico
παροιμία
. Apollodorus hic ait436 «
μόνος ἐπίσταται
φιλεῖν τοὺς φίλους437
240 ».
solvs est homo amicvs
amico Proverbe (παροιμία). Apollodore dit ici :
« μόνος ἐπίσταται φιλεῖν
τοὺς φίλους » (il est le seul à savoir aimer ses
amis).
An.-numquid est quod opera mea
uobis opus sit ? Ge.-nil ; uerum abi domum
An.-Est-ce qu'il y a quelque chose
en quoi mon zèle pourrait vous être utile ? Gé.-Rien. Rentre
seulement à la maison
et illam miseram, quam ego nunc
intus scio esse exanimatam metu,
et cette malheureuse qui, j'en suis
sûr, s'y meurt de peur en ce moment,
consolare. cessas ? An.-nil est
aeque quod faciam lubens.—
va la consoler. Tu attends quoi ?
An.-Il n'y a rien que je fasse avec autant de plaisir.
Pha.-qua uia istuc facies ?
Ge.-dicam in itinere : modo te hinc amoue.
Phé.-Par quel chemin vas-tu
passer ? Gé.-Je te le dirai en route. Mais pour l'instant,
décampe.
Actus quartus
scaena prima
Demipho Chremes
567 | 568 | 569 | 570 | 571 | 572 | 573 | 574 | 575 | 576 | 577 | 578 | 579 | 580 | 581 | 582 | 583 | 584 | 585 | 586 | 587 | 588 | 589 | 590
De.-Quid ? qua profectus causa hinc
es Lemnum, Chreme,
Dé.-Quoi, ce pour quoi tu étais
parti d'ici à Lemnos, Chrémès,
1
qvid qva
profectvs cavsa
h.
hinc
narratio simplex.
1
qvid qva
profectvs cavsa hinc simple récit1282.
adduxtin tecum filiam ? Ch.-non.
De.-quid ita non ?
as-tu amené ta fille avec toi ?
Ch.-Non. Dé.-Pourquoi non ?
Ch.-postquam uidet me eius mater
esse hic diutius,
Ch.-Sa mère, voyant que je restais
trop longtemps ici
simul autem non manebat aetas
uirginis
et qu'en même temps l'âge de la
petite ne pouvait plus attendre
meam neglegentiam : ipsam cum omni
familia
ma négligence, avec toute sa
maisonnée
ad me profectam esse aibant.
De.-quid illi tam diu
était partie pour venir me voir,
dit-on. Dé.-Pourquoi donc là-bas, si longtemps,
quaeso igitur commorabare, ubi id
audiueras ?
es-tu resté, s'il te plaît, une
fois que tu avais appris cela ?
Ch.-pol me detinuit morbus.
De.-unde ? aut qui ? Ch.-rogas ?
Ch.-Ma foi, c'est que la maladie
m'y a retenu. Dé.-Comment ? Quelle maladie ? Ch.-Tu le
demandes ?
senectus ipsa morbus est1482. sed
uenisse eas
La vieillesse. C'est aussi une
maladie. Mais elles sont arrivées
senectvs ipsa morbvs est
Apollodore : « τὸ γῆρας
ἐστιν αὐτὸ νόσημα » (la vieillesse est elle-même une
maladie...).
saluas audiui ex nauta qui illas
uexerat.
saines et sauves, je l'ai su du
marin qui les a transportées.
De.-quid gnato optigerit me absente
audistin, Chreme ?
Dé.-Ce qui est arrivé à mon fils
pendant mon absence, l'as-tu su, Chrémès ?
Ch.-quod quidem me factum consili
incertum facit.
Ch.-Vraiment, ce qu'il a fait me
fait hésiter,
nam hanc condicionem si cui tulero
extrario,
car, si je cherche à le marier hors
de notre famille,
hanc condicionem si cvi
tvlero κυριολογία, quia fer 439 condicionem alicui
dicimus.
hanc condicionem si cvi
tvlero au sens propre (κυριολογία), parce que nous disons
fer condicionem
alicui(fais ta demande en mariage à
quelqu'un)1283.
quo pacto aut unde mihi sit
dicundum ordine est.
c'est sur le pourquoi et le comment
qu'il faudra que je m'explique en détail.
te mihi fidelem esse atque ego sum
aeque mihi1483
Que tu m'es aussi loyal que moi à
toi,
te mihi fidelem esse atqve
ego svm aeqve mihi mire admixtum ante completam sententiam
de extraneo te mihi fidelem
esse et cetera.
te mihi fidelem esse atqve ego svm
aeqve mihi étonnamment embrouillé1284 avant la
proposition complète au sujet de l'étranger te mihi fidelem esse etc.
scibam. ille, si me alienus adfinem
uolet,
je le savais. L'autre, si c'est un
étranger qui recherche mon alliance,
tacebit dum intercedet
familiaritas ;
il se taira, tant que notre bonne
entente plaidera pour moi ;
tacebit dvm intercedet
fam.
familiaritas
incertum quando proditum iri se dicat, ante
aut440
post nuptias.
tacebit dvm intercedet
familiaritas on ne sait pas précisément quand il dit qu'il
sera trahi, avant ou après le mariage1285.
sin spreuerit me, plus quam opus
est scito sciet.
mais s'il vient à m'ignorer, il en
saura plus qu'il n'en doit savoir,
uereorque ne uxor aliqua hoc
resciscat mea :
et j'ai peur que mon épouse, d'une
manirère ou d'une autre, ne finisse par le savoir.
quod si fit, ut me excutiam atque
egrediar domo
Si cela arrive, m'extraire de la
maison et en partir,
vt me excvtiam legitur et
excutiat 441.
vt me excvtiam on lit
aussi excutiat (qu'il
fasse sortir)1286.
id restat ; nam ego meorum solus
sum meus.
voilà ce qui me reste ; car, de
tous mes biens, le seul dont je sois propriétaire, c'est moi.
meorvm solvs svm mevs
Apollodore : « μόνος γάρ
εἰμι ἐμῶν ἐμός » (car seul de tous les miens je suis
mien).
De.-scio ita esse, et istaec mihi
res sollicitudinist,
Dé.-Je le sais, et cela
m'inquiète.
neque defetiscar usque adeo
experirier
Aussi je ne me lasserai pas de tout
tenter
donec tibi id quod pollicitus sum
effecero.
jusqu'à ce que je vienne à bout de
ce que je t'ai promis.
donec qvod pollicitvs svm
ut Vergilius «
donec me flumine uiuo abluero
243 ».
donec qvod pollicitvs svm
comme Virgile : « donec me flumine uiuo abluero » (jusqu'à ce que
je me sois purifié dans une eau vive)1287.
scaena altera
Demipho Chremes Geta
Ge.-Ego hominem callidiorem uidi
neminem
Gé.-Pour ma part, je n'ai jamais vu
aucun type plus fin
quam Phormionem. uenio ad hominem
ut dicerem
que Phormion. J'arrive chez le type
pour lui dire
venio ad hominem
uenuste443 repetitum hominem.
venio ad hominem élégante
répétition de hominem
1288.
argentum opus esse, et id quo pacto
fieret.
qu'il faut de l'argent et comment
s'en procurer.
uixdum dimidium dixeram,
intellexerat :
A peine en avais-je dit la moitié,
il avait compris,
gaudebat, me laudabat, quaerebat
senem,
il était aux anges, il me
félicitait, il réclamait le vieux,
dis gratias agebat tempus sibi
dari
il remerciait les dieux de lui
donner une occasion
ubi Phaedriae esse ostenderet
nihilo minus
de montrer à Phédria qu'il n'était
pas moins
amicum sese quam Antiphoni. hominem
ad forum
son ami que celui d'Antiphon. Le
type, c'est au forum
iussi opperiri : eo me esse
adducturum senem.
que je lui ai dit d'attendre, que
j'y amènerais le vieillard.
sed eccum ipsum. quis est
ulterior ? attat Phaedriae
Mais le voilà justement. Qui donc
est derrière lui ? Oups ! c'est le père
pater uenit. sed quid pertimui
autem belua ?
de Phédria qui arrive.Mais de quoi
ai-je peur, grosse bête que je suis ?
an quia quos fallam pro uno duo
sunt mihi dati ?
Parce qu'à tromper on m'en donne
deux au lieu d'un ?
commodius esse opinor duplici spe
utier.
C'est plus avantageux, je crois,
d'avoir deux fers au feu.
petam hinc unde a primo institi :
is si dat, sat est ;
Je vais réclamer là où j'avais
décidé d'abord ; s'il donne, c'est parfait ;
si ab eo nihil fiet, tum hunc
adoriar hospitem.
si ça ne donne rien, alors
j'attaque le pékin.
hvnc adoriar hospitem
astute hospitem de eo qui
superuenit, nomen aptum imprudenti rerum atque alieno ab earum
scientia. Sallustius «
uitam sicuti peregrinantes
transigere444
244 » etc.
hvnc adoriar hospitem
hospitem est employé
adroitement au sujet de celui qui arrive ; c'est un nom approprié
pour quelqu'un qui n'est pas au fait de la situation et qui n'y
connaît absolument rien. Salluste : « uitam sicuti peregrinantes
transiere » etc. (ils traversèrent la vie comme des
étrangers)1289.
scaena tertia
Demipho Chremes Geta Antipho
606 | 607 | 608 | 609 | 610 | 611 | 612 | 613 | 614 | 615 | 616 | 617 | 618 | 619 | 620 | 621 | 622 | 623 | 624 | 625 | 626 | 627 | 628 | 629 | 630 | 631 | 632 | 633 | 634 | 635 | 636 | 637 | 638 | 639 | 640 | 641 | 642 | 643 | 644 | 645 | 646 | 647 | 648 | 649 | 650 | 651 | 652 | 653 | 654 | 655 | 656 | 657 | 658 | 659 | 660 | 661 | 662 | 663 | 664 | 665 | 666 | 667 | 668 | 669 | 670 | 671 | 672 | 673 | 674 | 675 | 676 | 677 | 678 | 679 | 680 | 681
An.-Exspecto quam mox recipiat
se1484 Geta.
An.-J'attends combien de temps va
mettre Géta à revenir.
exspecto qvam mox recipiat se
geta ad errorem cumulandum persona Antiphonis interponitur
utque ei adducto445 metu amittendae uxoris maior
fiat repentinae repetitio laetitiae.
exspecto qvam mox recipiat se
geta le personnage d'Antiphon s'interpose pour multiplier
les méprises et pour que, pour lui, par l'augmentation de sa peur
de perdre son épouse, le fait de retrouver soudainement le bonheur
n'en soit que plus grand.
sed patruom uideo cum patre
astantem. ei mihi,
Mais je vois mon oncle qui approche
en compagnie de mon père. Malheur à moi !
quam timeo aduentus huius quo
inpellat patrem.
Que j'appréhende les extrémités où
son arrivée va le pousser !
Ge.-adibo hosce : o noster
Chreme... Ch.-salue, Geta.
Gé.-A l'abordage ! Ah ! notre cher
Chrémès ! Ch.-Bonjour, Géta.
Ge.-uenire saluom uolup est.
Ch.-credo. Ge.-quid agitur ?
Gé.-Te voir de retour en bonne
santé est un vrai plaisir. Ch.-Je le crois. Gé.-Comment cela
va-t-il ?
volvp est hoc
uoluptatis nomen
est, ut hoc facul,
facultatis446 ;
sic enim per ἀποκοπήν ueteres loquebantur.
volvp est le
nom1290 neutre du plaisir comme
faculle nom neutre de la
possibilité1291 (faculté) ;
car les anciens s'exprimaient ainsi par apocope (ἀποκοπή)1292.
multa aduenienti, ut fit, noua
hic ? Ch.-compluria.
Il y a à ton retour, comme il
arrive, bien du nouveau ? Ch.-Enormément.
1
complvria secundum regulam locutus est, nam
hoc complure et haec
compluria. 2447 sic ueteres, quod nostri dempta syllaba
complura . primus
dicit. ductore eo448 Cato Originum V «
fana in eo loco compluria
245 » et Cicero in Protagora «
confirmandi genera compluria crede449
246 ». quia ueteres hoc plure, non hoc plus dicebant.
1
complvria il s'exprime selon la règle, car
on dit complure au neutre
singulier et compluria au
neutre pluriel1293. 2
complvria
les Anciens disent ainsi ce que nos contemporains, en
enlevant une syllabe, disent complura. Il est le premier à le
dire. En le suivant, Caton dit, au livre V des
Origines 1294 :
« fana in eo loco compluria » (des temples assez nombreux en ce
lieu) et Cicéron dans le Protagoras : « confirmandi
genera compluria crede » (plusieurs catégories de la
démonstration, crois-moi). Au neutre singulier les Anciens
disaient plure, et non
plus.
Ge.-ita. de Antiphone audistin quae
facta ? Ch.-omnia.
Gé.-C'est ça. Pour 'Antiphon, tu as
su ce qui s'est passé ? Ch.-Tout
Ge.-tun dixeras huic ? facinus
indignum, Chreme,
Gé.-C'est toi qui le lui as dit ?
Le forfait scandaleurx, Chrémès !
sic circumiri ! Ch.-id cum hoc
agebam commodum.
Circonvenir ainsi les gens !
Ch.-C'est tout à propos ce dont je m'entretenais avec lui.
1
commodvm commoda450 aestimatio est
temporis. 2 commodvm tantum quod. Lucilius «
quod mihi commodum est, at tu da. uestimenta
reposueram
247
451
».
1
commodvm est une appréciation
appropriée1295 du moment1296.
2 commodvm signifie
tantum quod (précisément).
Lucilius : « quod mihi commodum est, at tu da. uestimenta
reposueram » (« Pour moi c'est le bon moment, vas-y donne-toi ».
J'avais déjà déposé mes vêtements...).
Ge.-nam hercle ego quoque id quidem
agitans mecum sedulo
Gé.-Moi aussi, ma foi, je m'en
entretenais en moi-même, et activement ;
inueni, opinor, remedium huic rei.
Ch.-quid, Geta ?
et j'ai trouvé, je crois, un remède
à notre mal. Ch.-Qu'as-tu trouvé, Géta ?
De.-quod remedium ? Ge.-ut abii abs
te, fit forte obuiam
Dé.-Quel remède ? Gé.-En te
quittant, je tombe par hasard
mihi Phormio. Ch.-qui Phormio ?
De.-is qui istam1485... Ch.-scio.
sur Phormion. Ch.-Quel Phormion ?
Gé.-Celui par qui cette fille... Ch.-Je sais.
is qvi istam ἀποσιώπησις tertia :
deest enim obtrusit nobis
aut defendit aut quid
tale.
is qvi istam aposiopèse
(ἀποσιώπησις) de
la troisième catégorie, car il manque obtrusit nobis (il nous a imposé),
defendit (il a défendu) ou
quelque équivalent1297.
Ge.-uisum est mihi ut eius
temptarem sententiam.
Gé.-L'idée m'est venue d'éprouver
ses sentiments.
prendo hominem solum : "cur non,"
inquam, "Phormio,
Je prends le type à part.
« Pourquoi, lui dis-je, Phormion,
uides inter nos sic haec potius cum
bona
ne cherches-tu pas, entre nous, à
ce que ce soit plutôt de la bonne
ut componamus gratia quam cum
mala ?
volonté que nous mettions à nous
arranger, que de la mauvaise ?
erus liberalis est et fugitans
litium ;
Le patron est généreux et réticent
aux procès.
1
fvgitans
litivm casu genetiuo iunctum uim nominis
habet fugitans, accusatiuo
uim participii. 2 fvgitans
litivm quasi quod uult in domino facere, id iam in eo esse
dicit, praeparans hominem ad contemptum pecuniae, quae poscetur
statim.
1
fvgitans
litivm quand il se construit avec le génitif, fugitans a le sens d'un nom, et,
quand il se construit avec un accusatif, celui d'un participe1298. 2 fvgitans
litivm comme s'il disait que, ce qu'il veut faire à
l'encontre de son maître, c'est déjà en lui, en préparant ainsi
l'homme à mépriser l'argent qu'il va réclamer sur-le-champ.
nam ceteri quidem hercle amici
omnes modo
Tous ses amis au contraire, ma foi,
à l'instant,
uno ore auctores fuere ut
praecipitem hanc daret."
d'une seule voix lui conseillaient
de balancer cette femme... »
An.-quid hic coeptat aut quo euadet
hodie ? Ge.-"an legibus
An.-Quel est son projet, là, et où
va-t-il en venir à présent ? Gé.-« ...Mais la loi
daturum poenas dices si illam
eiecerit ?
le punira, me diras-tu,, s'il la
chasse.
iam id exploratum est : heia
sudabis satis
Nous avons fait le tour de la
question. Ah ! tu pourras suer sang et eau,
si cum illo inceptas homine : ea
eloquentia est.
si tu t'attaques à cet homme-là :
il est d'une telle éloquence !
uerum pone esse uictum eum ; at
tandem tamen
Mais supposons qu'il perde ;
néanmoins, au bout du compte,
non capitis eius res agitur sed
pecuniae."
il n'y va pas de sa tête, il ne
s'agit que d'argent. ».
postquam hominem his uerbis sentio
mollirier,
Voyant que le type est ébranlé par
ces paroles :
"soli sumus nunc hic" inquam : "eho
dic quid uis dari
« Nous sommes seuls ici », dis-je ;
« allons, dis voir combien veux-tu qu'on te donne
dari tibi in manvm
in manum datur ei, qui
furtim452 accipit sine arbitro aut interprete, ut
praeuaricator aut iudex corruptus.
dari tibi in manvm on
donne de la main à la main (in manum
datur) à celui qui reçoit en cachette, sans témoin ni
intermédiaire, comme un prévaricateur ou un juge corompu.
tibi in manum, ut erus his desistat
litibus,
de la main à la main pour que le
patron renonce à ce procès,
haec hinc facessat, tu molestus ne
sies ?"
que la fille se fasse la malle de
chez nous et que tu cesses de nous importuner ? ».
1
haec hinc
facessat pro hinc se
faciat, id est abeat, ut huc se faciat huc accedat significat. 2 haec hinc
fac.
facessat
facessat pro cedat, alias faciat. ergo
duas res significat hoc unum uerbum. 3 An hinc
facessat prouerbialiter quasi hinc faciat ? Plautus «
argentum hinc facite
248 ». 4 Huc te fac dicitur pro huc accede.
1
haec hinc
facessat pour hinc se
faciat, c'est-à-dire abeat (qu'il s'en aille), comme
huc se faciat signifie
huc accedat (qu'il
vienne). 2 haec hinc facessat
facessat pour cedat (qu'il aille), dans un autre
sens1299
faciat. Donc ce verbe à
lui seul signifie deux choses. 3 Ou
bien hinc facessat est-il
employé de façon proverbiale, comme si on avait hinc faciat ? Plaute : « argentum
hinc facite » (tâchez d'en tirer de l'argent). 4 On dit huc te
fac pour huc
accede (viens ici)1300.
An.-satin illi di sunt propitii ?
Ge.-"nam sat scio,
An.-Les dieux ne sont-ils pas en
train de lui refuser leur grâce ? Gé.-« De fait, je le sais
bien :
si tu aliquam partem aequi bonique
dixeris,
s'il y a une part de juste et de
bon dans ce que tu plaises,
aliqvam partem etsi non totum, uel aliquam partem.
aliqvam partem même si pas
totalement, du moins aliquam
partem.
ut est ille bonus uir, tria non
commutabitis
bon gars comme il est, vous n'aurez
pas trois mots
uerba hodie inter uos." De.-quis te
istaec iussit loqui ?
à vous balancer l'un à l'autre
aujourd'hui. » Dé.-Qui t'a ordonné de dire cela ?
1
verba hodie
inter vos sic dicebant iurgium significantes. 2 Proprie uerba
commutare est, quod nos altercari dicimus.
1
verba hodie
inter vos on s'exprimait ainsi quand on voulait dire
iurgium (querelle).
2 Au sens propre, uerba commutare, c'est ce que nous
appelons altercari (se
disputer)1301.
Ch.-immo non potuit melius
peruenirier
Ch.-Vraiment, il ne pouvait pas
faire mieux pour en arriver
eo quo nos uolumus. An.-occidi !
De.-perge eloqui.
où nous voulons. An.-Je suis mort.
Dé.-Continue.
Ge.-a primo homo insanibat.
Ch.-cedo quid postulat ?
Gé.-Au début le type était dingue.
Ch.-Alors, combien est-ce qu'il demande ?
Ge.-quid ? nimium ; quantum libuit.
Ch.-dic. Ge.-si quis daret
Gé.-Combien ? Trop. Ce qui lui a
passé par la tête. Ch.-Dis. Gé.-Si on lui donnait
qvid nimivm quamquam
nimium quantum libuit
453
apud quosdam454 diuersae personae cum uerbis
singulis.
qvid nimivm toutefois le
segment nimium quantum
libuit est chez certains réparti entre plusieurs
personnages pour chaque mot1302.
talentum magnum. De.-immo malum
hercle : ut nihil pudet !
un bon gros talent... Ch.-Une bonne
grosse raclée, oui ma foi ! Il n'a pas honte ?
Ge.-quod dixi adeo ei : "quaeso,
quid si filiam
Gé.-C'est justement ce que je lui
ai dit : « Je te le demande, que serait-ce si c'était une
fille
suam unicam locaret ? parui
retulit
unique qu'il mariait ? Ça ne lui a
pas rapporté beaucoup
parvi retvlit
parua re, nihil. ut
parum interfuit uel
inter parum fuit
455, id est nihil
profuit.
parvi retvlit parua re (de peu d'importance)
c'est-à-dire nihil (en
rien), comme parum
interfuit (cela a eu peu d'importance), manière de
dire inter parum fuit
(c'était entre presque rien), c'est-à-dire nihil profuit (cela n'a servi à
rien)1303.
non suscepisse : inuenta est quae
dotem petat."
de ne pas l'avoir reconnue : il
s'en est trouvé une pour réclamer une dot. ».
non svscepisse inventa est qvae
dotem in Graeca fabula senex hoc dicit : « quid interest
me non suscepisse filiam, si modo dos dabitur alienae ? »
non svscepisse inventa est qvae
dotem dans la pièce grecque, le vieillard dit ceci :
« quel intérêt pour moi de ne pas avoir élevé une fille, puisque
je vais donner une dot à la fille d'un autre ?1304 ».
ut ad pauca redeam ac mittam illius
ineptias,
Pour faire court et laisser de côté
ses bêtises,
haec denique eius fuit postrema
oratio :
voici pour finir les derniers mots
qu'il a dits :
"ego" inquit "iam a principio amici
filiam,
« Pour moi, a-t-il dit, au début,
la fille de mon ami,
ita ut aequom fuerat, uolui uxorem
ducere ;
comme c'est justice, j'ai voulu
l'épouser ;
nam mihi ueniebat in mentem eius
incommodum,
car il me venait à l'esprit les
difficultés qu'elle aurait :
in seruitutem pauperem ad ditem
dari.
c'est faire une esclave, que de
donner une pauvresse à un riche.
sed mihi opus erat, ut aperte tibi
nunc fabuler,
Mais, j'avais besoin, pour te
parler ouvertement,
1
sed
mihi παρένθεσις prima. 2 sed mihi opvs
e.
erat
indicio456 doli est,
nam antequam petat, petendi causam ingerit.
1
sed
mihi parenthèse (παρένθεσις) de la première
catégorie1305. 2
sed mihi opvs
erat c'est pour indiquer une ruse, car avant la demande,
il introduit la raison de demander1306.
aliquantulum quae adferret qui
dissoluerem
d'une femme susceptible de
m'apporter un petit quelque chose pour payer
1
qvae afferret
qvi dissolverem quia si opum causa habendarum dotatam
quaereret, minor esset necessitas captandae opulentioris.
2 Aes alienum addidit
uir. ei rei457 nihil opponi potest.
1
qvae afferret
qvi dissolverem parce que s'il ne cherchait une jeune
fille pourvue d'une dot que pour acquérir des richesses, il aurait
moins besoin de s'emparer d'une jeune fille assez riche1307. 2 Il ajoute la dette, ce à quoi on ne peut rien
opposer1308.
quae debeo : et etiam nunc si uolt
Demipho
ce que je dois. Et maintenant
encore, si Démiphon veut
dare quantum ab hac accipio quae
sponsa est mihi,
me donner autant que ce que je
reçois de celle qui m'est fiancée,
1
ab hac accipio
qvae sponsa est mire accipio, non accepturus sum. 2 Et definitum modum ponit, ne de summa dotis
supersit disputatio.
1
ab hac accipio
qvae sponsa est de façon étonnante, on a accipio, et non accepturus sum (je vais obtenir)1309. 2 Et il met
l'indicatif, afin que ne subsiste aucun débat sur le montant de la
dot1310.
nullam mihi malim quam istanc
uxorem dari."
il n'y a pas d'autre femme que je
préfère qu'on me donne que celle-là ».
An.-utrum stultitia facere ego hunc
an malitia
An.-Est-ce par bêtise qu'il agit,
ou par malice ?
vtrvm stvltitia facere
παρέλκον tertium
hoc : idem enim sic ualet ut
an quae dixit uera omnia sint
249 458.
vtrvm stvltitia facere
c'est un pléonasme (παρέλκον) de la troisième catégorie : en
effet ça a la même valeur que dans « an quae dixit uera omnia
sint »1311.
dicam, scientem an imprudentem,
incertus sum.
Je ne saurais le dire. Habilement
ou imprudemment ? J'hésite.
dicam scientem an
i.
imprvdentem
ἀντίθετον secundum, nam scienti imprudentem reddidit.
dicam scientem an
imprvdentem antithèse (ἀντίθετον) de la deuxième catégorie, car
imprudentem est rapporté à
scientem 1312.
De.-quid si animam debet ?
Ge.-"ager oppositus est pignori ob
Dé.-Mais s'il a mis sa vie en
gage ? Gé.-« Il y a un champ hypothéqué pour
1
qvid si animam
debet Graecum prouerbium spreuit « εἰ δὲ ὤφειλε τὰς
χεῖρας ; » 2 ager oppositvs est
pignori ob decem minas argute non protinus
triginta minas dixit, sed
paulatim colligit, ut partibus congestis in summa triginta minae
sint ut459 senex minus
aggrauetur ; nam si semel diceret, deterreret parcissimum senem.
denique auditis decem
minis statim respondet « dabo » ; conceduntur ab alio
decem. de reliquis460
superest dubitatio non difficilis an dandum461 .
1
qvid si animam
debet il s'éloigne du proverbe grec1313 « εἰ δὲ ὤφειλε τὰς χεῖρας ; » (et s'il a
mis ses mains en gage ?)1314. 2 ager oppositvs est pignori ob decem
minas de façon adroite, il ne dit pas immédiatement
triginta minas (trente
mines), mais il les rassemble peu à peu pour qu'il y ait les
trente mines au total, une fois additionnées les sommes
particulières, pour moins accabler le vieillard ; en effet, s'il
l'avait dit en une seule fois, il aurait fait fuir le vieillard,
qui est très avare. Finalement, dès qu'il entend decem minas, il répond sur-le-champ
« dabo » ; l'autre accepte
d'en donner dix. Pour les dix qui restent, il subsiste un doute
qui n'est pas difficile, pour savoir s'il faut les donner.
decem minas" inquit. De.-age age,
iam ducat : dabo.
dix mines... », dit-il. Ch.-Bon,
bon, qu'il épouse. Je donnerai.
Ge.-"aediculae item sunt ob decem
alias." De.-oiei
Gé.-« Item, pour dix autres, une
maisonnette ... » Dé.-Houla !
nimiumst. Ch.-ne clama : repetito
hasce a me decem.
c'est trop. Ch.-Ne crie pas :
réclame-les à moi, ces dix mines-là.
Ge.-"uxori emunda ancillulast ; tum
pluscula
Gé.-« Pour ma femme, il faut
acheter une petite servante. Et puis un petit peu plus
supellectile ; opus est1486 sumptu ad
nuptias :
de mobilier, il en faut. Il faut de
l'argent pour la noce.
svmptv ad nvptias
opus est subauditur.
1
svmptv ad
nvptias on sous-entend opus
est (il faut)1315.
his rebus pone sane" inquit "decem
minas."
Pour cela, mets bien, a-t-il dit,
dix mines ».
sane inqvit decem minas
bene sane inquit, quasi
plus quidem exigat, sed contentus sit462 .
sane inqvit decem minas
sane inquit est bien dit,
comme s'il demandait davantage, mais qu'il se satisfaisait de
cette somme.
De.-sescentas proinde potius mihi
iam scribito dicas1487 :
Dé.-Qu'il me fasse plutôt de suite
cent procès,
1
sexcentas
proinde potivs mihi iam scribito perspicere hinc licet
consuetudinem utriusque sermonis, nam Apollodorus
μυρίας
dixit pro multis. 2 Et ut apud Graecos
μυρία
, ita apud nos sexcenta dicere pro multis usitatum est. Cicero «
sexcenta possum decreta proferre
250 ».
1
sexcentas
proinde potivs mihi iam scribito on peut à partir de ce
passage distinguer les spécificités de chacune des deux langues :
en effet, Apollodore dit
μυρίας
(des milliers) pour multa (beaucoup). 2 Et comme, chez les Grecs, on a coutume de dire
μυρία
(milliers) pour indiquer le grand nombre, de même
chez nous on dit sexcenta
pour indiquer le grand nombre. Cicéron : « sexcenta possum decreta
proferre » (je peux citer mille décrets).
nihil do. inpuratus me ille ut
etiam inrideat ?
je ne donne rien. Le pourri, venir
encore se moquer de moi !
Ch.-quaeso, ego dabo, quiesce : tu
modo filium
Ch.-S'il te plaît, c'est moi qui
donnerai, calme-toi. Toi, fais seulement que ton fils
fac ut illam ducat nos quam
uolumus. An.-ei mihi
épouse celle que nous voulons.
An.-Malheur à moi !
Geta, occidisti me tuis
fallaciis.
Géta, tu m'as tué, avec tes
fourberies.
Ch.-mea causa eicitur : me hoc est
aequum amittere.
Ch.-C'est à cause de moi qu'on la
met à la porte ; il est juste que j'y perde.
mea cavsa eicitvr me hoc est
aeqvvm amittere ratio, cur ipse uiginti dare debeat minas
dante Demiphone decem463.
mea cavsa eicitvr me hoc est
aeqvvm amittere raison pour laquelle il doit, lui, donner
vingt mines, alors que Démiphon en donne dix.
Ge.-"quantum potest me certiorem"
inquit "face,
Gé.-« Dès que possible, dit-il,
fais-moi savoir,
qvantvm potes me certiorem
f.
face
festinat Geta : scit enim dixisse lenonem «
mea lege utar, ut potior sit, qui prior ad dandum
est
251 ».
qvantvm potes me certiorem
face Géta se dépêche, car il sait que
l'entremetteur a dit : « mea lege utar, ut potior sit, qui prior
ad dandum est ».
si illam dant, hanc ut mittam, ne
incertus siem ;
s'ils la donnent, que je renvoie
l'autre, que je ne reste pas sans savoir ;
nam illi mihi dotem iam
constituerunt dare."
car ils ont déjà décidé de me
donner la dot ».
Ch.-iam accipiat : illis repudium
renuntiet ;
Ch.-Qu'il la reçoive déjà. Qu'il
leur notifie la rupture ;
hanc ducat. De.-quae quidem illi
res uertat male !
qu'il épouse l'autre. Dé.-Et que ça
lui porte malheur !
qvae qvidem res illi vertat
male non desinit poeta ostendere auaritiam Demiphonis, qui
nec ideo libenter fert dari aliquid Phormioni, quia sic commodum
rei464
est. Vergilius «
hos illi — quod nec bene uertat — mittimus
haedos
252 ».
qvae qvidem res illi vertat
male le poète ne cesse de montrer l'avarice de Démiphon,
qui ne prend aucun plaisir à donner quoi que ce soit à Phormion,
parce que c'est avantager le patrimoine du parasite. Virgile :
« hos illi — quod nec bene uertat — mittimus haedos » (nous lui
envoyons ces chevreaux – que la malchance les accompagne !)1316.
Ch.-opportune adeo nunc mecum
argentum attuli1488,
Ch.-Fort à propos j'ai apporté de
l'argent avec moi :
mecvm argentvm attvli
comicum : argentum praesto est et causa additur, cur praesto sit
et unde. simul et iracundiae uxoris et iurgio praeparatur
locus.
mecvm argentvm attvli
comique1317 : l'argent est prêt et il ajoute
la raison pour laquelle il l'est et d'où il vient. En même temps,
le terrain est préparé pour la colère de l'épouse et pour la
dispute.
fructum quem Lemno1489 uxoris reddunt
praedia :
le revenu qu'à Lemnos rendent les
propriétés de ma femme,
1
frvctvm qvem
lemno et Lemni et
Lemno legitur. 2 reddvnt praedia proprie de fructu dixit reddunt. 3 frvctvm qvem lemni
vx.
vxoris
r.
reddvnt
p.
praedia
σχῆμα· ἐφεξήγησις ; «
et clipeum efferri iussit Didymaonis artem
253 »465 .
1
frvctvm qvem
lemno on lit à la fois Lemni et Lemno 1318.
2 reddvnt praedia il dit
reddunt au sens propre
pour le fructus.
3 frvctvm qvem lemni vxoris reddvnt
praedia figure (σχῆμα) : épexégèse (ἐφεξήγησις)1319. Ainsi : « et
clipeum efferri iussit Didymaonis artem » (et il fit apporter le
bouclier, ouvrage issu de l'art de Didymaon).
id1490 sumam ; uxori tibi opus esse
dixero.
c'est là que vais prendre ; à ma
femme je dirai que tu en as besoin.
1
id
svmam non fructum
sed
fructuum
466
. 2 id svmam
impendam, unde et
sumptus dicti sunt.
3 vxori tibi opvs esse
dixero bene esse,
non fuisse, ne iam
repetundum uideretur. 4 opvs esse
d.
dixero
adiunctiuum pro pronuntiatiuo, ut in Eunucho
«
perculeris iam tu me
254 ».
1
id
svmam non pas fructum mais fructuum (en guise de
bénéfice)1320. 2
id
svmam signifie impendam (je paierai) ; c'est aussi
de là que viennent les sumptus (dépenses). 3 vxori tibi opvs esse dixero il fait bien de
dire esse et non pas
fuisse (tu as eu besoin),
pour ne pas avoir l'air de réclamer encore1321. 4 opvs esse
dixero exhortatif au lieu de l'affirmatif, comme dans
L'Eunuque : « perculeris iam tu me ».
scaena quarta
Geta Antipho
682 | 683 | 684 | 685 | 686 | 687 | 688 | 689 | 690 | 691 | 692 | 693 | 694 | 695 | 696 | 697 | 698 | 699 | 700 | 701 | 702 | 703 | 704 | 705 | 706 | 707 | 708 | 709 | 710 | 711 | 712
An.-Geta. Ge.-hem. An.-quid
egisti ? Ge.-emunxi argento senes.
An.-Géta ! Gé.-Hein ? An.-Qu'est-ce
que tu as fait ? Gé.-J'ai fait cracher de l'argent à nos
vieux.
1
geta
hem anxius Antipho467 . 2 argento emvnxi
senes mire, cum e contrario emunctus dicatur homo elegans et
facetus, unde Horatius de Lucilio «
facetus, emunctae naris
255 » inquit.
1
geta
hem Antiphon est inquiet. 2 argento emvnxi senes étonnant, puisque, au
contraire, on dit d'un homme distingué et plaisant qu'il est
emunctus (subtil), d'où
Horace, qui dit, à propos de Lucilius : « facetus, emunctae
naris » (spirituel, d'un flair subtil)1322.
An.-satisne id est1491 ?
Ge.-nescio hercle : tantum iussus sum.
An.-Et tu en es content ? Gé.-Je ne
sais pas, ma foi ; c'est ce qu'on m'avait demandé.
1
satisne id
est id est468 idne tibi uidetur satis esse ad
miserias meas ? 2 Quasi inimico
dicit, ut dicere solemus aut bene
habet nunc aut fecisti
certe quod uoluisti. ideo autem subambigue locutus
est, ut satisne
posset quaqua aliter interpretari Geta, qui
respondebit469
nescio hercle : tantum iussus
sum.
1
satisne id
est "est-ce qu'il te semble que j'ai eu suffisamment de
malheurs ?". 2 Il le dit comme à un
adversaire, comme nous avons coutume de dire bene habet nunc (il a son compte, à
présent) ou fecisti certe quod
uoluisti (assurément, tu as fait ce que tu voulais).
Par ailleurs, il s'exprime donc avec un peu d'ambiguïté, de sorte
que son propos peut être interprété tout à fait autrement par
Géta, qui répond nescio hercle :
tantum iussus sum 1323.
An.-eho, uerbero, aliud mihi
respondes ac rogo ?
An.-Hé ! coquin, tu me réponds
autre chose que ce que je te demande.
Ge.-quid ergo narras ? An.-quid ego
narrem ? opera tua
Gé.-Que veux-tu donc dire ? An.-Ce
que je veux dire ? C'est que grâce à toi
ad restim miquidem res redit
planissume.
c'est en droite ligne sur moi que
la chose retombe, tout net.
ad restim recte
est470 .
ad restim c'est-à-dire tout droit.
ut tequidem omnes di
deaeque--superi inferi—
Que tous les dieux et les déesses
du ciel et de l'enfer te
malis exemplis perdant ! em siquid
uelis,
frappent d'un châtiment
exemplaire ! Ah ! si l'on veut quelque chose,
huic mandes, quod quidem recte
curatum uelis.
on n'a qu'à le lui confier, pour
peu qu'on veuille du travail bien fait.
quid minus utibile fuit quam hoc
ulcus tangere
Y avait-il une chose moins utile
que d'appuyer là où ça fait mal
vlcvs tangere pro
uerbo ἀλγοῦμεν, non 471 εἰρωνικῶς dixit.
vlcvs tangere à la place
du verbe ἀλγοῦμεν 1324 ; il ne parle
pas ironiquement (εἰρωνικῶς).
aut nominare uxorem ? Iniecta est
spes patri
et d'évoquer ma femme ? Tu as fait
naître un espoir chez mon père
posse illam extrudi. cedo nunc
porro : Phormio
de pouvoir la jeter dehors. Allons,
maintenant, vas-y. Phormion,
dotem si accipiet, uxor ducenda est
domum :
s'il reçoit la dot, il faut qu'il
prenne chez lui comme épouse.
quid fiet ? Ge.-non enim ducet.
An.-noui. ceterum
Que se passera-t-il ? Gé.-Mais il
n'épousera pas. An.-Je sais ; mais
quom argentum repetent, nostra
causa scilicet
quand on lui redemandera l'argent,
vous verrez que pour l'amour de nous, à coup sûr,
in neruum potius ibit. Ge.-nihil
est, Antipho,
il préférera tirer sur la corde.
Gé.-Il n'est rien, Antiphon,
in nervvm potivs ibit
decipiet, a prouerbio
tracto a sagittariis, cum uis conatusque tendentis arcum non in
uolatum teli, sed in ruptionem nerui expetit.
in nervvm potivs ibit
signifie decipiet (il
trompera), en référence au proverbe tiré de l'archer, quand la
force et l'effort de celui qui tend l'arc n'a pas pour but
d'envoyer le trait mais de briser la corde1325.
quin male narrando possit
deprauarier :
que, en l'expliquant de travers, on
ne puisse déformer.
tu id quod boni est excerpis, dicis
quod mali est.
Toi, ce qu'il y a de bon, tu le
mets de côté ; tu ne dis que ce qu'il y a de mauvais.
tv qvod boni est excerpis
honeste excerpis dixit. 2 Et attende, quemadmodum dicat excerpi bona, quibus non utatur.
tv qvod boni est excerpis
il dit excerpis de manière
honorable1326. 2 Et remarquez comment il dit que ce qui est bien
(bona) est éliminé
(excerpi) parce qu'il ne
s'en sert pas.
audi nunc contra : iam si argentum
acceperit,
Ecoute maintenant le contre. Déjà,
s'il reçoit l'argent,
ducenda est uxor, ut ais, concedo
tibi :
il doit se marier, comme tu dis. Je
te l'accorde.
spatium quidem tandem apparandi
nuptias,
Mais enfin du temps pour préparer
la noce,
uocandi sacruficandi dabitur
paullulum.
pour faire les invitations, les
sacrifices, on lui en donnera bien un petit peu.
interea amici quod polliciti sunt
dabunt :
Dans l'intervalle, les amis
donneront ce qu'ils ont promis.
inde iste reddet. An.-quam ob rem ?
aut quid dicet ? Ge.-rogas ?
Avec ça, lui, il remboursera.
An.-Sous quel prétexte ? Qu'est-ce qu'il dira ? Gé.-Tu le
demandes ?
"quot res postilla monstra
euenerunt mihi !
« Ce qu'il ne m'est pas arrivé
après ça comme présages !
intro iit in aedis ater alienus
canis ;
Il est entré dans ma maison un
chien noir étranger ;
anguis per inpluuium decidit de
tegulis ;
un serpent dans le bassin est tombé
du toit ;
gallina cecinit ; interdixit
hariolus ;
une poule a chanté ; un devin a dit
non ;
1
gallina
cecinit obstetricum est, cum Calidonia472
gallina canat, superstitem marito esse uxorem. 2 interdixit hariolvs hariolus est, qui diuina mente
uaticinatur, dictus hariolus quasi fariolus a fari ; h enim473 pro f, et
item474 f pro h, in multis locutionibus mutabantur.
3 An ab halando ? nam halitu solebant excludere ueluti
mortalem animam, ut diuinam reciperent. unde et uocem eiusmodi dabant, quae est ha ex hoc quia solum ha exhalandi uim praestat475 .
1
gallina
cecinit c'est une croyance de sage-femme : quand la poule
de Calydon chante, la femme survit à son mari. 2 interdixit hariolvs l'hariolus est une personne qui
prophétise sous l'influence d'un dieu ; on le nomme hariolus, pour ainsi dire fariolus, d'après fari (parler) ; dans de nombreuses
expressions, en effet, on transforme le h en f et également le f en h 1327.
3 Ou bien le mot hariolus vient-il de halare (haleter) ? De fait, c'est par
un halètement (halitus)
qu'ils avaient coutume de se fermer pour ainsi dire au souffle de
la vie humaine pour recevoir le souffle divin. De là vient qu'ils
émettaient le son ha
pour cette raison que ha seul présente une valeur
d'exhalaison1328.
haruspex uetuit ; ante brumam autem
noui
un haruspice l'a interdit ; avant
l'hiver, une nouvelle
1
ante
brvmam arte476
irrisit homines Terentius, quibus religio est aggredi negotium
aliquod diebus decrescentibus. 2
ante
brvmam ante quam dies recrescere477 incipiant. 3
harvspex
vetvit haruspex ab
hariga eius nominatur ;
nam hariga hostia dicitur
ab hara, in qua
concluditur ac seruatur, hara autem, in qua pecora
includuntur. Plautus «
rusticus, hircus, hara
256 » Mostellaria.
1
ante
brvmam avec art, Térence se moque des gens qui se font
scrupule d'entreprendre une affaire tandis que les jours
raccourcissent. 2 ante brvmam
avant que les jours commencent à rallonger1329. 3 harvspex vetvit l'haruspex tire son nom de son
hariga ; en effet, les
victimes des sacrifices étaient appelées hariga d'après la hara (étable) où elles étaient
enfermées et conservées, hara qui est aussi celle où l'on
enferme le bétail. Plaute, dans la Comédie du
fantôme : « rusticus, hircus, hara » (rustre, bouc,
étable).
negoti incipere !" quae causa est
iustissima.
affaire, l'entreprendre ! » C'est
là une raison des plus légitimes.
haec fient. An.-ut modo fiant !
Ge.-fient : me uide.
Voilà ce qui arrivera. An.-Pourvu
que ça arrive ! Gé.-Ça arrivera, regarde-moi dans les yeux.
1
fient me
vide id est : uultus mei fiduciam gere, non aliter
Latini "sic uide me quia nullum periculum est"478 . 2 me vide dicit, quia479 in iure suam promittit et
interponit fidem, quod nos dicimus me
habes . 3 me vide
me respice480 .
1
fient me
vide c'est-à-dire : "emprunte l'expression de confiance de
mon visage". Les Latins1330 ne s'expriment pas autrement ; cela signifie
"regarde-moi ainsi parce qu'il n'y a pas de danger". 2 Il dit me vide parce que, dans le droit, il assure
et engage sa parole ; nous disons ainsi me habes (tu as ma parole).
3 me vide
regarde-moi1331.
pater exit : abi, dic esse argentum
Phaedriae.
Voilà ton père qui sort. Va, dis
qu'on a l'argent à Phédria.
scaena quinta
Geta Demipho Chremes
De.-Quietus esto, inquam : ego
curabo ne quid uerborum duit.
Dé.-Sois tranquille, te dis-je, je
veillerai à ce qu'il ne me paye pas de mots.
qvietvs esto inqvam ego
cvrabo quietus id
est securus : ab eo quod
praecedit id quod sequitur.
qvietvs esto inqvam ego
cvrabo quietus,
c'est-à-dire securus (en
sécurité) : ce qui est mis d'abord est en réalité la suite
logique1332.
hoc temere numquam amittam ego a me
quin mihi testis adhibeam.
Je ne lâcherai jamais cet argent à
la légère, sans prendre de témoins,
quoi dem, et quam ob rem dem
commemorabo. Ge.-ut cautus est1492 ubi nihil opus est !
et à qui je donne et pourquoi je
donne, je le spécifierai . Gé.-Comme il est précautionneux, quand
ça na sert à rien !
vt cavtvs est vbi nihil opvs
est consulit, inquit, quemadmodum detur,
ut481 omnino
dare non debuerit, siquidem argentum Phaedriae detur sub
nomine482 Phormionis.
vt cavtvs est vbi nihil opvs
est il réfléchit, dit-il, comment donner, sans qu'il lui
faille donner du tout, puisque c'est l'argent de Phédria qui est
donné sous le nom de Phormion.
Ch.-atque ita opus factost : et
matura, dum libido eadem haec manet ;
Ch.-C'est comme ça qu'il faut
faire, et tout de suite, pendant que cette envie lui dure ;
dvm libido eadem haec
manet bene libidinem posuit pro uoluntate hominis incerti ac
leuis.
dvm libido eadem haec
manet il fait bien de mettre libido au lieu de uoluntas (volonté) pour un homme
versatile et léger1333.
nam si altera illaec magis
instabit, forsitan nos reiciat.
car si la deuxième, l'autre,
revient à la charge, il se peut bien qu'il nous repousse.
1
forsitan nos
reiciat mulierem scilicet. 2 An uere nos, id est negotium nostrum et condicionem ?
1
forsitan nos
reiciat la femme, évidemment1334.
2 Ou vraiment nos, c'est-à-dire negotium nostrum et condicionem
(notre affaire et notre condition) ?
Ge.-rem ipsam putasti. De.-duc me
ad eum ergo. Ge.-non moror. Ch.-ubi hoc egeris,
Gé.-Bien calculé. Dé.-Conduis-moi
chez lui, donc. Gé.-Sans délai. Ch.-Quand tu auras fait cela,
rem ipsam pvtasti pro
disputasti modo.
rem ipsam pvtasti pour
disputasti (tu as
examiné), ici.
transito ad uxorem meam, ut
conueniat hanc prius quam hinc abit.
passe chez ma femme, qu'elle aille
la voir avant qu'elle s'en aille d'ici.
dicat eam dare nos Phormioni
nuptum, ne suscenseat ;
Qu'elle dise que nous la donnons en
mariage à Phormion, qu'elle ne se mette pas en colère,
et magis esse illum idoneum qui
ipsi sit familiarior ;
que c'est celui-là qui lui convient
le mieux, parce qu'elle le connaît mieux,
nos nostro officio nihil digressos
esse : quantum is uoluerit,
que, quant à nous, à notre devoir
nous n'avons manqué en rien : tout ce qu'il a voulu,
datum esse dotis. De.-quid tua,
malum, id refert ? Ch.-magni, Demipho.
on le lui a donné en dot.
Dé.-Qu'est-ce que ça peut te faire, bon sang ? Ch.-Ça me fait,
Démiphon.
1
qvid tva malvm
id refert interiectio est malum 483 ; ordo : quid tua id refert ? 2 magni demipho nota responsum contra
quid refert ?, non ad
quid relatum ; et quaere,
quomodo dicatur « quid
mea » aut quid
tua : an deest ad, ut sit ad mea aut ad tua ?
1
qvid tva malvm
id refert malum
est une interjection ; l'ordre est : quid tua id refert ? 2 magni demipho remarquez que la réponse au
quid refert ? ne répond
pas au quid 1335 ; et demandez-vous comment il dit, quid mea ou quid tua : manque-t-il ad, pour qu'on ait ad mea ou ad tua 1336 ?
non sat est tuom te officium
fecisse si non id fama adprobat :
Ça n'est pas assez d'avoir fait son
devoir, si la renommée ne l'approuve pas.
uolo ipsius quoque uoluntate haec
fieri, ne se eiectam praedicet.
Je veux que ce soit aussi avec son
consentement que cela se faisse, qu'elle n'aille pas dire partout
qu'on l'a mise à la porte.
De.-idem ego istuc facere possum.
Ch.-mulier mulieri magis conuenit.
Dé.-Ça, moi, je peux lz faire.
Ch.-Une femme s'entend mieux avec une femme.
De.-rogabo. Ch.-ubi illas nunc ego
reperire possim cogito.
Dé.-Je vais demander. Ch.-Et moi,
où je peux bien les trouver à cette heure, je vais y
réfléchir.
reperire illas filiam et
uxorem.
reperire illas sa fille et
sa femme.
Actus quintus
scaena prima
Sophrona Chremes
728 | 729 | 730 | 731 | 732 | 733 | 734 | 735 | 736 | 737 | 738 | 739 | 740 | 741 | 742 | 743 | 744 | 745 | 746 | 747 | 748 | 749 | 750 | 751 | 752 | 753 | 754 | 755 | 756 | 757 | 758 | 759 | 760 | 761 | 762 | 763 | 764 | 765
So.-quid agam ? quem mi amicum
inueniam misera ? aut quoi consilia haec referam ?
So.-Que faire ? Quel ami me
trouver, malheureuse ? A qui faire part de mes réflexions ?
aut unde auxilium petam ?
A qui demander du secours ?
nam uereor era ne ob meum suasum
indigne iniuria adficiatur :
J'ai bien peur que la patronne, à
cause de mon conseil, ne soit frappée d'injustice sans le
mériter,
ita patrem adulescentis facta haec
tolerare audio uiolenter.
tellement le père du jeune homme
prend ce qui s'est passé, à ce que j'entends, de façon
terrible !
avdio violenter quod
Graece dicitur
δεινῶς
.
avdio violenter ce qu'en
grec on dit
δεινῶς
(terriblement).
Ch.-nam quae haec anus est
exanimata a fratre quae egressast meo ?
Ch.-Donc quelle est cette vieille
toute tremblante qui sort de chez mon frère ?
1
nam qvae haec
anvs est ἀναστροφή « nam 484
quis te, iuuenum confidentissime, nostras
257 ». sed485 figura haec apta est commotis
aliqua re noua. 2 a fratre pro
a domo fratris, ut «
iam proximus ardet Vcalegon
258 ».
1
nam qvae haec
anvs est anastrophe (ἀναστροφή)1337 ; « nam quis te, iuuenum
confidentissime, nostras » (qui donc, ô le plus présomptueux des
jeunes gens, t'a ordonné d'aborder nos demeures ?). Mais cette
figure est propre aux personnes bouleversées par un fait
nouveau1338.
2 a fratre pour a domo fratris (de la maison de mon
frère), comme dans « iam proximus ardet Vcalegon » (déjà, tout
proche, brûle celui d'Ucalégon)1339.
So.-quod ut facerem egestas me
impulit, quom scirem infirmas nuptias
So.-Faire ça, c'est la misère qui
m'y a forcée, alors que je savais bien qu'il était invalide
egestas me impvlit
uenialis status.
egestas me impvlit état de
la cause qui la rend pardonnable1340.
hasce esse, ut id consulerem,
interea uita ut in tuto foret.
ce mariage, mais c'était pour
veiller à ce que, dans l'intervalle, sa subsistance soit
assurée.
interea vita vt in tvto
foret compensatiua qualitas.
interea vita vt in tvto
foret qualification qui fait compensation1341.
Ch.-certe edepol, nisi me animus
fallit aut parum prospiciunt oculi,
Ch.-Bon sang, mais c'est bien sûr,
si mon esprit ne s'égare pas et si mes yeux ne sont pas trop
myopes,
nisi me animvs fallit
docte Terentius486, nam uisa uel corporis
uel animi sunt, hoc est
rationis uel sensus.
nisi me animvs fallit
Térence s'exprime savamment, car on peut voir ou bien par son
corps, ou bien par son esprit (animus), c'est-à-dire ou bien par sa
raison, ou bien par ses sens.
meae nutricem gnatae uideo...
So.-neque ille inuestigatur... Ch.-quid ago ?
c'est la nourrice de ma fille que
je vois... So.-Et nulle trace de celui... Ch.-Que fais-je ?
So.-...qui est pater eius.
Ch.-adeo, maneo dum haec quae loquitur mage cognosco ?
So.-...qui est son père. Ch.-J'y
vais, je reste jusqu'à mieux savoir de quoi elle parle ?
So.-quodsi eum nunc reperire
possim, nihil est quod uerear. Ch.-east ipsa :
So.-Si je pouvais le trouver à
présent, plus rien n'est à craindre. Ch.-C'est bien elle.
conloquar. So.-quis hic loquitur ?
Ch.-Sophrona. So.-et meum nomen nominat ?
Je vais lui parler. So.-Qui parle
ici ? Ch.-Sophrona. So.-Et me nomme par mon nom ?
Ch.-respice ad me. So.-di obsecro
uos, estne hic Stilpho ? Ch.-non. So.-negas ?
Ch.-Regarde moi. So.-Dieux merci,
n'est-ce pas là Stilphon ? Ch.-Non. So.-Non, dis-tu ?
stilpo non nomen mire non suum ille
agnoscit uel dissimulat487.
stilpo non ce nom,
admirablement, il ne le reconnaît pas pour sien, voire il le
cache.
Ch.-concede hinc a foribus
paululum1493
istorsum sodes, Sophrona.
Ch.-Ecarte-toi un peu de cette
porte-là et allons de ce côté, s'il te plaît, Sophrona.
pavlvlvm istorsvm nunc
paululum aduerbium est,
alias nomen.
pavlvlvm istorsvm ici
paululum est un adverbe ;
ailleurs, c'est un nom1342.
ne me istoc posthac nomine
appellassis. So.-quid ? non obsecro es
Ne m'appelle plus désormais de ce
nom-là. So.-Pourquoi ? N'es-tu pas, s'il te plaît,
quem semper te esse dictitasti ?
Ch.-st. So.-quid has metuis fores ?
celui que tu as toujours dit être ?
Ch.-Chut ! So.-Qu'as-tu à redouter cette porte ?
qvem semper te esse
dictitasti esse
pro nominari antiquorum
more dixit.
qvem semper te esse
dictitasti il dit esse pour nominari (s'appeler), à la façon des
anciens.
Ch.-conclusam hic habeo uxorem
saeuam. uerum istoc de nomine,
Ch.-C'est que, enfermée là-dedans,
j'ai une épouse enragée. C'est de ce nom
conclvsam hic habeo
v.
vxorem
s.
saevam
illaturus saeuam bene conclusam praetulit, ut si diceret
feram.
conclvsam hic habeo vxorem
saevam alors qu'il va mettre saeuam (cruelle), il fait bien de
mettre d'abord conclusam,
comme s'il disait feram
(sauvage)1343.
eo perperam olim dixi ne uos forte
inprudentes foris
que je me suis faussement servi
autrefois pour éviter que sans y prêter garde, au dehors,
effuttiretis atque id porro aliqua
uxor mea rescisceret.
vous le répandiez et que, par
quelque moyen, ma femme ne l'apprenne.
1
effvtiretis eloqueremini, euacuaretis, inaniretis. 2 effvtiretis 488 ab
eo quod est effundere ;
nam translatio est a uase futili nomine, quod patulo ore, fundo
acuto instabile nihil per se continet, unde
efutilis489
dicitur eiusmodi homo, qui nihil intra se contineat
et semper inanis sit.
1
effvtiretis signifie eloqueremini (que vous disiez),
euacuaretis (que vous
laissiez sortir), inaniretis (que vous vidiez).
2 effvtiretis le mot
effutire vient de
effundere (verser) ; de
fait, c'est une métaphore à partir d'un vase, dit futilis, ainsi désigné parce que, en
raison de son ouverture large et de son fond pointu, il est
instable et ne conserve pas son contenu ; de là vient qu'on
appelle efutilis un homme
qui ne conserve rien à l'intérieur de lui-même et qui est toujours
vain1344.
So.-em istoc pol nos te hic
inuenire miserae numquam potuimus.
So.-Voilà pourquoi, nom d'un chien,
nous, pauvres de nous, n'avons jamais pu te trouver ici.
Ch.-eho dic mihi quid rei tibi est
cum familia hac unde exis ?
Ch.-Allons, dis-moi pourquoi tu as
affaire avec les gens de cette maison d'où tu sors.
ubi illae sunt ? So.-miseram me !
Ch.-hem quid est ? uiuontne ? So.-uiuit gnata.
Et elles, où sont-elles ?
So.-Pauvre de moi ! Ch.-Eh bien, quoi ? Elles sont en vie ! So.-Ta
fille est en vie ;
matrem ipsam ex aegritudine hac
miseram mors consecuta est.
la mère, elle, des suites de ce
chagrin, la pauvre, l amort l'a emportée.
1
ex
aegritvdine infirmitate ac
morbo. 2 ex aegritvdine mors
consecvta est bene moderatus est, ut neque nimis aegre
ferat neque rursum ἁπλοϊκῶς 490. et haec οἰκονομία est, ne in eadem urbe duae
uxores plus mali ex sollicitudine afferant Chremeti quam ex
alterius morte tristitiae, nec in comoedia possunt nimis
miserabiles mortes esse, ne res in tragoediam transiret.
1
ex
aegritvdine signifie infirmitate ac morbo (par l'infirmité
et la maladie). 2 ex aegritvdine mors
consecvta est c'est bien de s'être modéré, pour n'apporter
ni trop de dureté ni inversement demeurer dans la platitude
(ἁπλοϊκῶς). Et
cela relève de l'agencement de la pièce (οἰκονομία) que dans la même ville les
deux épouses n'apportent pas à Chrémès, par le souci que cela
représenterait, plus de mal que, par la mort de l'une d'entre
elles, de tristesse ; et dans une comédie les morts ne peuvent pas
être trop pathétiques, afin que l'intrigue ne bascule pas dans la
tragédie1345.
Ch.-male factum. So.-ego autem,
quae essem anus deserta egens ignota,
Ch.-Quel malheur ! So.-Et moi,
vieille comme j'étais, isolée, pauvre, inconnue,
deserta egens ignota
singula pronuntianda sunt argumenta : haec enim ad uenialem statum
proferuntur.
deserta egens ignota les
arguments doivent être prononcés chacun détaché, car ils sont dits
en conformité avec l'état de la cause qui est pardonnable.
ut potui nuptum uirginem locaui
huic adulescenti
tant bien que mal, c'est en mariage
que j'ai donné la jeune fille à ce jeune homme,
harum qui est dominus aedium.
Ch.-Antiphonin ? So.-em istic ipsi.
celui qui est le maître de cette
maison. Ch.-A Antiphon ? So.-Oui, exactement.
Ch.-quid ? duasne uxores habet ?
So.-au obsecro, unam illequidem hanc solam.
Ch.-Quoi ? Il a deux femmes ?
So.-Dis donc, s'il te plaît ; il n'a que celle-là seule.
Ch.-quid illam alteram quae dicitur
cognata ? So.-haec ergost. Ch.-quid ais ?
Ch.-Et la deuxième, qu'on dit être
sa parente ? So.-Eh bien, c'est elle. Ch.-Que dis-tu là ?
So.-composito factum est quo modo
hanc amans habere posset
So.-Il y a eu un arrangement pour
que notre amoureux puisse la posséder
composito factvm est sic
ueteres, non ex composito,
ut «
composito rupit uocem et me destinat arae
259 ».
composito factvm est les
anciens disaient ainsi, et non pas ex
composito, comme dans « composito rupit uocem et me
destinat arae » (il rompit son silence selon le plan arrêté et me
destine à l'autel).
sine dote. Ch.-di uostram fidem,
quam saepe forte temere
sans dot. Ch.-Bonté divine ! comme
souventle hasard amène à l'improviste
eueniunt quae non audeas optare !
offendi adueniens
des événements qu'on n'oserait pas
souhaiter ! Je suis tombé en arrivant
1
qvae non
avdeas optare pro quae non
audeat quis, ut «
facile pro Eunucho probes
260 ». 2 offendi adveniens pro
cum aduenissem, ut «
ipse nemus linquens patrium
261 »,491 quia lingua
Latina deficit hac declinatione.
1
qvae non
avdeas optare pour quae non
audeat quis, comme dans « facile pro Eunucho
probes »1346.
2 offendi adveniens
adueniens
pour cum
aduenissem, comme dans « ipse nemus linquens patrium »
(quittant en personne le bocage de ta patrie), parce que la langue
latine ne connaît pas cette conjugaison1347.
quicum uolebam et ut uolebam
conlocatam amari :
sur elle, fiancée à qui je voulais
et comme je voulais, et aimée.
quod nos ambo opere maxumo dabamus
operam ut fieret,
Ce que nous tâchions tous deux de
réaliser à toute force,
sine nostra cura, maxima sua haec
sola1494 fecit.
sans notre aide, à l'aide de ses
seules forces, elle l'a fait toute seule.
haec sola fecit si
hic legerimus, Antiphonem intellegemus, si
haec, Sophronam.
haec sola fecit si nous
lisons hic, nous
comprenons Antipho, et si
nous lisons haec,
Sophrona.
So.-nunc quid opus facto sit uide :
pater adulescentis uenit
So.-Maintenant ce qu'il faut faire,
pourvois-y. Le père du jeune homme est arrivé,
eumque animo iniquo hoc oppido
ferre aiunt. Ch.-nihil periclist.
et il voit cela d'une très mauvais
œil, dit-on. Ch.-Il n'y a rien à craindre.
sed per deos atque homines meam
esse hanc caue resciscat quisquam.
Seulement, au nom des dieux et des
hommes, qu'elle est ma fille, veille à ce que personne ne le
sache.
sed per deos adiurationis
genus.
sed per deos style de
l'invocation.
So.-nemo e me scibit. Ch.-sequere
me : intus cetera [audies].
So.-Ce n'est pas par moi qu'on le
saura. Ch.-Suis-moi : c'est à l'intérieur que tu sauras le
reste.
scaena altera
Demipho Geta
766 | 767 | 768 | 769 | 770 | 771 | 772 | 773 | 774 | 775 | 776 | 777 | 778 | 779 | 780 | 781 | 782 | 783
De.-Nostrapte culpa facimus ut
malis expediat esse,
Dé.-Par notre faute nous
réussissons à ce que les méchants aient profit à l'être,
dum nimium dici nos bonos studemus
et benignos.
en essayant trop de passer pour
bons et bienfaisants.
ita fugias ne praeter casam,
ut1495 aiunt.
nonne id sat erat,
Bandit en cavale ne planque pas
chez lui, dit le proverbe. N'était-ce pas assez
1
ita fvgias ne
praeter casam vt aivnt ita fugito, ne praetermittas casam tuam 492, quae
sit tibi tutissimum receptaculum. 2 Aut : ita
fugias, ne praetereas
casam tuam, ubi custodiri magis et prehendi fur et
mulctari493 uerberibus potest. 3 Aut uerbum erat ipsius custodis furem exagitantis
et interea prohibentis, ne ante casam transeat, ne in praetereundo
etiam inde aliquid rapiat. 4 Queritur de se senex, quod dum auari infamiam
fugit, stulti reprehensionem incidisset494.
1
ita fvgias ne
praeter casam vt aivnt fuis sans négliger (praetermittas) ta maison (casam tuam), parce qu'elle est ton
refuge le plus sûr. 2 Ou bien :
fuis (ita fugias) sans
passer devant (praetereas)
ta maison, où un voleur peut davantage être surveillé, attrapé,
puni et frappé1348. 3 Ou alors ce
sont les paroles du gardien lui-même qui chasse le voleur et lui
interdit en même temps de passer devant la maison, de peur que,
même en passant, il ne dérobe quelque chose. 4 Le vieillard se plaint de son sort, parce qu'en
fuyant l'ignominie d'être jugé cupide, il tombe dans le reproche
de n'être qu'un sot.
accipere ab illo iniuriam ? etiam
argentum est ultro obiectum,
de recevoir de lui une injustice ?
On a été jusqu'à lui offrir spontanément de l'argent
ut sit qui uiuat dum aliud aliquid
flagiti conficiat.
pour avoir de quoi vivre jusqu'à ce
qu'il commette une autre infamie.
dvm alivd aliqvid
uetuste495.
dvm alivd aliqvid
archaïsme1349.
Ge.-planissime. De.-is nunc
praemium est qui recta praua faciunt.
Gé.-Parfaitement. Dé.-Aujourd'hui
la récompense est pour ceux qui changent le bien en mal.
Ge.-uerissime. De.-ut stultissime
quidem illi rem gesserimus.
Gé.-Carrément. Dé.-Aussi c'est en
parfaits imbéciles que nous avons agi alors.
Ge.-modo ut hoc consilio possit
discedi, ut istam ducat.
Gé.-Pourvu qu'avec notre plan on
puisse arriver à ce qu'il l'épouse !
modo vt hoc consilio possit
dis.
discedi
vt
ist.
istam
dvc.
dvcam
ne paeniteat dominum pecuniam dedisse,
errorem496 seruus iniecit.
modo vt hoc consilio possit
discedi vt istam dvcat l'esclave provoque une méprise afin
que le maître ne regrette pas d'avoir donné l'argent.
De.-etiamne id dubiumst ? Ge.-haud
scio hercle, ut homost, an mutet animum.
Dé.-Même cela, ça n'est pas sûr ?
Gé.-Je ne sais pas, ma foi, vu le genre du type, s'il ne peut pas
changer d'avis.
De.-hem mutet autem ? Ge.-nescio ;
uerum, si forte, dico.
Dé.-Quoi ! changer d'avis ! Gé.-Je
n'en sais rien ; mais, ça se pourrait, je dis.
De.-ita faciam, ut frater censuit,
ut uxorem eius huc adducam,
Dé.-Je vais faire ce que m'a
conseillé mon frère : je vais amener sa femme ici
cum ista ut loquatur. tu, Geta, abi
prae, nuntia hanc uenturam.—
pour qu'elle parle à l'autre. Toi,
Géta, pars devant, et annonce qu'elle va arriver.
Ge.-argentum inuentumst Phaedriae ;
de iurgio siletur ;
Gé.-On a trouvé l'argent pour
Phédria ; sur le litige, pas un mot ;
prouisum est ne in praesentia haec
hinc abeat : quid nunc porro ?
on a pourvu à ce que pour l'instant
elle ne parte pas d'ici. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
quid fiet ? in eodem luto
haesitas ; uersuram solues,
Que va-t-il se passer ? Tu restes
empêtré dans le même bourbier, tu auras à payer le change,
1
versvram
solves creditorem
mutas. 2
ver.
versvram
s.
solves
uersuram facere
dicitur, cum quis alienum aes aere alieno soluat. 3 Dicitur etiam uersuram
facere, qui cum minore faenore acceptam pecuniam
maiore occupat.
1
versvram
solves creditorem
mutas (tu changes de créancier). 2 versvram solves on dit uersuram facere quand quelqu'un
rembourse une dette par une autre dette. 3 On dit aussi uersuram
facere pour quelqu'un qui prête à un taux très haut
une somme qu'il a reçue à un taux très bas.
Geta : praesens quod fuerat malum
in diem abiit : plagae crescunt,
Géta. Le mal qui t'avait menacé est
remis à demain, les coups s'amplifient,
1
malvm in
diem ὑποφορά. 2 plagae crescvnt ἀνθυποφορά.
1
malvm in
diem objection (ὑποφορά). 2 plagae crescvnt réponse à une objection
(ἀνθυποφορά).
nisi prospicis. nunc hinc domum ibo
ac Phanium edocebo
si tu n'y prends garde. En
attendant je vais rentrer à la maison et instruire Phanium
nequid uereatur Phormionem aut eius
orationem.
pour qu'elle n'ait pas peur de
Phormion ni de ses discours.
scaena tertia
Demipho Nausistrata Chremes
784 | 785 | 786 | 787 | 788 | 789 | 790 | 791 | 792 | 793 | 794 | 795 | 796 | 797 | 798 | 799 | 800 | 801 | 802 | 803 | 804 | 805 | 806 | 807 | 808 | 809 | 810 | 811 | 812 | 813 | 814 | 815 | 816 | 817 | 818 | 819
De.-Agedum, ut soles, Nausistrata,
fac illa ut placetur nobis,
Dé.-Allons, comme d'habitude,
Nausistrata, fais en sorte qu'elle se calme avec nous
agedvm vt soles
navsistrata diuitis uxoris de marito licentius
conquerentis haec allocutio est cum dispositione futurarum
turbarum.
agedvm vt soles
navsistrata c'est le discours de la riche épouse qui se
donne toute licence de se plaindre de son mari et en même temps
l'installation des imbroglios futurs1350.
ut sua uoluntate id quod est
faciundum faciat. Na.-faciam.
pour qu'elle fasse de bon cœur ce
qu'il faut qu'elle fasse. Na.-Je vais le faire.
De.-pariter nunc opera me adiuues
ac dudum re1496 opitulata es.
Dé.-Aide-moi maintenant autant de
ton obligeance que tu m'as aidé tout à l'heure de ta fortune.
ac dvdvm re opitvlata
supra enim dixerat Chremes «
id sumam : uxori tibi opus esse dixero
262 ».
ac dvdvm re opitvlata car
Chrémès avait dit plus haut : « id sumam : uxori tibi opus esse
dixero ».
Na.-factum uolo. ac pol minus queo
uiri culpa quam me dignumst.
Na.-Faisons cela, j'y consens. Et,
nom d'un chien, c'est moins, par la faute de mon mari, que ce que
je devrais.
De.-quid autem ? Na.-quia pol mei
patris bene parta indiligenter
Dé.-Comment cela ? Na.-C'est que,
nom d'un chien, ce que mon père a honnêtement gagné, c'est avec
négligence
tutatur ; nam ex is praediis
talenta argenti bina
qu'il l'administre. Car de ces
propriétés c'est deux talents d'argent par an
statim capiebat : uir uiro quid
praestat ! De.-bina quaeso ?
qu'il tirait à chaque fois. D'un
homme à un autre, quelle différence ! Dé.-Deux talents par an,
dis-tu ?
statim capiebat statim perpetuo, aequaliter et quasi uno statu. Plautus «
ita statim stant signa
263 ».
statim capiebat statim signifie perpetuo (continuellement),
aequaliter (de façon
régulière) et comme si on avait uno
statu (figés à une seule place)1351. Plaute : « ita
statim stant signa » (les constellations restent ainsi sur
place).
Na.-ac rebus uilioribus multo tamen
duo talenta. De.-hui.
Na.-Et pourtant tout était bien
moins cher, oui deux talents. Dé.-Mazette !
Na.-quid haec uidentur ?
De.-scilicet. Na.-uirum me natam uellem :
Na.-Que t'en semble ? Dé.-Pour
sûr... Na.-Je voudrais être née homme ;
ego ostenderem... De.-certo scio.
Na.-...quo pacto... De.-parce sodes,
je lui montrerais... Dé.-Je sais
bien. Na.-...de quelle façon... Dé.-Ménage-toi, de grâce,
ut possis cum illa, ne te
adulescens mulier defetiget.
pour avoir des forces contre elle
et que cette jeune femme ne t'épuise pas.
Na.-faciam ut iubes. sed meum uirum
ex te exire uideo. Ch.-Ehem Demipho,
Na.-Je vais faire comme tu dis.
Mais je vois mon mari sortir de chez toi. Ch.-Hé, Démiphon,
iam illi datum est argentum ?
De.-curaui ilico. Ch.-nollem datum.
lui a-t-on déjà remis l'argent ?
Dé.-Je m'en suis occupé à l'instant. Ch.-J'aurais préféré qu'on ne
donne rien.
ei, uideo uxorem : paene plus quam
sat erat. De.-cur nolles, Chreme ?
Aïe ! Je vois ma femme ! J'ai
failli en dire trop. Dé.-Pourquoi aurais-tu préféré, Chrémès ?
Ch.-iam recte. De.-quid tu ? ecquid
locutu's cum istac quam ob rem hanc ducimus ?
Ch.-Non, tout va bien. Dé.-Et toi,
as-tu dit à celle-là pourquoi nous amenons l'autre ?
Ch.-transegi. De.-quid ait tandem ?
Ch.-abduci non potest. De.-qui non potest ?
Ch.-J'ai transigé. Dé.-Que dit-elle
en fin de compte ? Ch.-La séparation n'est pas possible.
Dé.-Comment, pas possible ?
Ch.-quia uterque utrique est cordi.
De.-quid istuc nostra ? Ch.-magni. praeterhac
Ch.-Parce qu'ils tiennent l'un à
l'autre. Dé.-Qu'est-ce que cela nous fait ? Ch.-Beaucoup. En
plus,
cognatam comperi esse nobis.
De.-quid ? deliras. Ch.-sic erit.
elle est notre parente, je viens de
m'en apercevoir. Dé.-Quoi ? Tu délires ! Ch.-Tu verras.
non temere dico : redii mecum in
memoriam. De.-satin sanus es ?
Je ne parle pas sans savoir. J'ai
recouvré la mémoire. Dé.-As-tu toute ta tête ?
Na.-au obsecro, uide ne in cognatam
pecces. De.-non est. Ch.-ne nega :
Na.-Ah ! je t'en prie, ne va pas
faire affront à une parente. Dé.-Elle ne l'est pas. Ch.-Ne nie
pas.
patris nomen aliud dictum est : hoc
tu errasti. De.-non norat patrem ?
Le père a un autre nom, dit-on ;
c'est ce qui t'a trompé. Dé.-Elle ne connaissait pas son
père ?
Ch.-norat. De.-quor aliud dixit ?
Ch.-numquamne hodie concedes mihi
Ch.-Si. Dé.-Pourquoi en a-t-elle
dit un autre ? Ch.-Ne vas-tu pas me l'accorder aujourd'hui,
neque intelleges ? De.-si tu nil
narras ? Ch.-perdis. Na.-miror quid hoc siet.
et me comprendre ? Dé.-Alors que tu
ne dis rien ? Ch.-Tu nous perds ! Na.-Je me demande bien ce qu'il
y a.
De.-equidem hercle nescio. Ch.-uin
scire ? at ita me seruet Iuppiter,
Dé.-Ma foi, moi non plus je ne sais
rien. Ch.-Tu veux savoir ? Eh bien ! que Jupiter me protège :
ut propior illi quam ego sum ac tu
homo nemost. De.-di uostram fidem,
plus proche d'elle que toi et moi,
il n'y a pas une seule personne. Dé.-Grands dieux !
eamus ad ipsam : una omnis nos aut
scire aut nescire hoc uolo. Ch.-ah.
allons la trouver. C'est nous tous
ensemble qui allons savoir ou ne pas savoir, je le veux.
Ch.-Ah !
De.-quid est ? Ch.-itan paruam mihi
fidem esse apud te ? De.-uin me credere ?
Dé.-Quoi ? Ch.-Faut-il que tu me
fasses si peu confiance ? Dé.-Tu veux que je te croie ?
uin satis quaesitum mi istuc esse ?
age, fiat. quid illa filia
Tu veux que je cesse mon
interrogatoire là-dessus ? Allons, soit ! Mais cette fille
1
vin satis
qvaesitvm hoc totum pro una persona quidam legunt.
2 filia amici nostri hoc est
tua.
1
vin satis
qvaesitvm certains lisent tout cela pour un seul
personnage1352. 2 filia amici
nostri c'est-à-dire tua (ta fille).
amici nostri ? quid futurumst ?
Ch.-recte. De.-hanc igitur mittimus ?
de notre ami, que va-t-il advenir
d'elle ? Ch.-Tout va bien. Dé.-Alors nous la renvoyons ?
Ch.-quidni ? De.-illa maneat ?
Ch.-sic. De.-ire igitur tibi licet, Nausistrata.
Ch.-Pourquoi pas ! Dé.-C'est
l'autre qui reste ? Ch.-Oui. Dé.-Donc tu peux t'en aller,
Nausistrata.
Na.-sic pol commodius esse in omnes
arbitror quam ut coeperas,
Na.-Nom d'un chien, c'est mieux
pour tout le monde, à mon sens,, plutôt que ce que tu avais
entrepris
commodivs esse in omnes et
circa illum qui duxit et circa illam quae ducta est et circa te
socerum.
commodivs esse in omnes à
la fois pour celui qui épouse, pour celle qui a été épousée et
pour toi le beau-père.
manere hanc ; nam perliberalis uisa
est, cum uidi, mihi.—
qu'elle reste : elle a eu l'air
très distingué, quand je l'ai vue, à mon avis.
perliberalis visa est cvm vidi
mihi ordo est : perliberalis
uisa est mihi.
perliberalis visa est cvm vidi
mihi l'ordre est : perliberalis uisa est mihi.
De.-quid istuc negotist ? Ch.-iamne
operuit ostium ? De.-iam. Ch.-o Iuppiter,
Dé.-Qu'est-ce que c'est que ce
trafic ? Ch.-A-t-elle bien fermé la porte ? Dé.-Oui. Ch.-O
Jupiter,
di nos respiciunt : gnatam inueni
nuptam cum tuo filio. De.-hem
les dieux nous regardent d'un bon
œil. Ma fille, je la retrouve mariée avec ton fils !
Dé.-Hein !
quo pacto potuit ? Ch.-non satis
tutus est ad narrandum hic locus.
Comment est-ce possible... ? Ch.-Ce
n'est pas assez sûr pour te l'expliquer comme endroit.
De.-at tu intro abi. Ch.-heus ne
filii quidem hoc nostri resciscant uolo.
Dé.-Eh bien ! entre chez moi.
Ch.-Attention, que nos fils ne sachent rien ! C'est mon
souhait.
scaena quarta
Antipho
An.-Laetus sum, utut meae res sese
habent, fratri optigisse quod uolt.
An.-Je suis content, quel que soit
l'état de mes affaires, que mon cousin ait obtenu ce qu'il
veut.
laetvs svm persona
Antiphonis est.
laetvs svm c'est le
personnage d'Antiphon.
quam scitumst eius modi parare
animo1497 cupiditates
Que c'est bien de se préparer dans
son cœur à des passions de cette nature,
parare animo
c.
cvpiditates
uenuste497 additum
animo. Ennius in sexto
«
sed quid498 ego hic animo
lamentor
264 ».
parare animo cvpiditates
animo est ajouté de façon
élégante. Ennius au livre VI « sed quid ego hic animo lamentor »
(mais moi aussi je me lamente dans mon cœur).
quas, cum res aduersae sint, paullo
mederi possis !
que, quand ça va mal, on peut
guérir à peu de frais !
cvm res adversae sint
cum desideratae fuerint,
id est cum harum penuria euenerit499.
cvm res adversae sint
cum desideratae fuerint
(quand il se fait attendre), c'est-à-dire s'il vient à
manquer.
hic simul argentum repperit, cura
sese expediuit ;
Dès qu'il a trouvé de l'argent, il
s'est défait du souci ;
ego nullo possum remedio me
euoluere ex his turbis
mais moi, aucun remède ne peut me
tirer de ces ennuis
quin, si hoc celetur, in metu, sin
patefit, in probro siem.
sans que, si on le cachait, je sois
dans les affres, si on le révèle, dans la honte.
1
in probro
siem apud patrem scilicet. 2 si hoc celetvr in metv ἀνακόλουθον quartum,
nam intulit sin
p.
patefit
cum praeposuisset si hoc celetur, id est nescitur 500.
in probro siem au regard
du père, évidemment. 2 si hoc celetvr in
metv anacoluthe (ἀνακόλουθον) de la quatrième catégorie,
car il met sin patefit
alors qu'il a mis auparavant si hoc
celetur, autrement dit nescitur (si la chose ne se sait
pas)1353.
neque me domum nunc reciperem ni
mihi esset spes ostenta
Maintenant même je ne remettrais
pas les pieds dans cette maison, si l'on ne m'avait pas pas fait
miroiter l'espoir
huiusce habendae. sed ubinam Getam
inuenire possim, ut
de la garder. Mais Géta où
pourrais-je le trouver pour
rogem quod tempus conueniundi
patris me capere iubeat ?
lui demander quelle occasion il me
conseille de saisir pour aborder mon père ?
scaena quinta
Antipho Phormio
Pho.-Argentum accepi, tradidi
lenoni, abduxi mulierem,
Pho.-L'argent je l'ai reçu, passé
au maquereau et j'ai emmené la femme.
argentvm accepi iactantia
hic inducitur Phormionis, et quasi omnes σκευωρίας
prouenisse laetatur501.
argentvm accepi la
vantardise de Phormion est ici représentée, et il en va comme s'il
se réjouissait de la pleine réussite de ses machinations (σκευωρία).
curaui propria Phaedria ut1498
poteretur ; nam emissast manu.
J'ai veillé à ce que Phédria soit
maître de son bien : car elle est affranchie.
propria phaedria Vergilius
in primo «
conubio iungam stabili propriamque dicabo
265 ».
propria phaedria Virgile
au livre I : « conubio iungam stabili propriamque dicabo » (je te
l'attacherai par les liens [du mariage] et je te la donnerai pour
femme)1354.
nunc una mihi res etiam restat quae
est conficiunda, otium
A présent, il ne me reste plus
qu'une chose à faire, du bon temps
ab senibus ad potandum ut habeam ;
nam aliquot hos sumam dies.
à prendre aux vieux pour boire un
coup ; je vais me prendre quelques jours.
An.-sed Phormiost. quid ais ?
Pho.-quid ? An.-quidnam nunc facturust Phaedria ?
An.-Mais c'est Phormion ! Qu'est-ce
que tu racontes ? Pho.-Ce que je raconte ? An.-Que compte faire à
présent Phédria ?
quo pacto satietatem amoris ait se
uelle absumere ?
Comment dit-il qu'il va s'y prendre
pour jouir tout son saoûl de son amour ?
Pho.-uicissim tuas partes1499 acturus
est. An.-quas ? Pho.-ut fugitet patrem.
Pho.-C'est à son tour de jouer ton
rôle. An.-Quel rôle ? Pho.-D'éviter le père.
vicissim tvas partes actvrvs
est secundum illud, quod dictum est «
reddunt operas mutuas
266 ».
vicissim tvas partes actvrvs
est conformément à ce qui a été dit : « reddunt operas
mutuas ».
te suam1500 rogauit rursum ut ageres, causam
ut pro se diceres ;
Quant à toi, c'est le sien qu'il te
demande en retour de jouer pour plaider sa cause ;
te svam rogavit rvrsvm vt
ageres partem
iterum subaudimus. et est ζεῦγμα a superiore.
te svam rogavit rvrsvm vt
ageres nous sous-entendons une nouvelle occurrence de
partem (rôle). Et il y a
un zeugme (ζεῦγμα) par rapport à ce qui
précède1355.
nam potaturus est apud me. ego me
ire senibus Sunium
car il va venir boire un coup chez
moi. Moi, aux vieux, je vais à Sunium,
dicam ad mercatum, ancillulam
emptum dudum quam dixit Geta :
voilà ce que je vais leur dire, au
marché, acheter la petite esclave dont Géta leur a parlé tout à
l'heure,
ne quom hic non uideant me
conficere credant argentum suom.
pour qu'en ne me voyant pas ici,
ils ne croient pas que je claque leur argent.
sed ostium concrepuit abs te.
An.-uide quis egreditur. Pho.-Getast.
Mais ta porte a claqué de ton côté.
An.-Vois qui sort. Pho.-C'est Géta.
scaena sexta
Antipho Phormio Geta
841 | 842 | 843 | 844 | 845 | 846 | 847 | 848 | 849 | 850 | 851 | 852 | 853 | 854 | 855 | 856 | 857 | 858 | 859 | 860 | 861 | 862 | 863 | 864 | 865 | 866 | 867 | 868 | 869 | 870 | 871 | 872 | 873 | 874 | 875 | 876 | 877 | 878 | 879 | 880 | 881 | 882 | 883
Ge.-O Fortuna, o Fors Fortuna,
quantis commoditatibus,
Gé.-O Fortuna, ô Fors Fortuna, de
quelles faveurs immenses
1
o fortvna o
fors fortvna fortuna dicta incerta
re502 , fors
fortuna euentus fortunae bonus. 2 o fors fortvna aliud Fortuna est, aliud Fors Fortuna ; nam Fors Fortuna est, cuius diem festum
colunt, qui arte503 aliqua uiuunt. huius aedes
trans Tiberim est.
1
o fortvna o
fors fortvna on dit fortuna pour une chose incertaine, et
fors fortuna pour une
issue heureuse de la fortuna. 2 o fors fortvna Fortuna est une chose, Fors Fortuna en est une autre ; car
Fors Fortuna est la
divinité dont la fête est célébrée par ceux qui vivent de leur
métier. Son temple se situe de l'autre côté du Tibre1356.
quam subito meo ero Antiphoni ope
uostra hunc onerastis diem !
avec quelle soudaineté, pour mon
patron Antiphon, par votre secours, vous avez chargé ce jour !
An.-quidnam hic sibi uolt ?
Ge.-nosque amicos eius exonerastis metu !
An.-De quoi il parle ? Gé.-Et nous,
ses amis, de quelle crainte nous avez-vous déchargés !
sed ego nunc mihi cesso qui non
humerum exonero1501 pallio
Mais je perds mon temps, au lieu de
charger mes épaules de mon pallium
hvmervm exonero pallio
recte, quia palliata fabula est, non togata.
hvmervm exonero pallio
justement dit, puisque la pièce est une palliata, et non une
togata.
atque hominem propero inuenire, ut
haec quae contigerint sciat.
et de courir trouver notre homme
pour qu'il sache le bonheur qui lui arrive.
An.-num tu intellegis quid hic
narret ? Pho.-num tu ? An.-nil. Pho.-tantundem ego.
An.-Tu comprends, toi, ce qu'il
raconte ? Pho.-Non, et toi ? An.-Rien. Pho.-Moi, pareil.
Ge.-ad lenonem hinc ire pergam :
ibi nunc sunt. An.-heus Geta ! Ge.-em tibi :
Gé.-Je vais d'ici chez le
maquereau : c'est là qu'ils sont à présent. An.-Hé ! Géta !
Gé.-Tiens, voilà pour toi !
num mirum aut nouomst reuocari,
cursum quom institeris ? An.-Geta.
comme si c'était étonnant et
nouveau de se faire rappeler, quand on s'est mis à courir.
An.-Géta !
Ge.-pergit hercle. numquam tu odio
tuo me uinces. An.-non manes ?
Gé.-Il continue, ma foi ! Tu ne
m'auras pas avec tes sales coups. An.-Tu t'arrêtes oui ou
non ?
pergit hercle potest
distingui hic pergit et
coniuncte legi hercle numquam tu odio
tuo me uinces.
pergit hercle on peut ici
isoler pergit en ponctuant
et lire ensemble hercle numquam tu
odio tuo me uinces.
Ge.-uapulabis1502. An.-id quidem tibi iam fiet
nisi resistis. uerbero.
Gé.-Tu vas morfler ! An.-C'est ce
qui t'attend si tu ne t'arrêtes pas, pendard.
vapvlabis
πότε δή σε
κτενῶ ;
267id δι᾽
ἀπρέπειαν 504. 2 id qvidem tibi
iam fiet id quod
sibi dicit fieri.
vapvlabis id qvidem tibi iam
fiet πότε δή
σε κτενῶ ; (quand vais-je t'occire ?). C'est dit de
façon inconvenante (δι᾽ ἀπρέπειαν). 2 id qvidem tibi iam fiet id renvoie à ce qu'il dit qu'il va
lui arriver1357.
Ge.-familiariorem oportet esse
hunc : minitatur malum.
Gé.-Ce doit être quelqu'un de la
maison : il menace de me faire la peau.
familiariorem oportet esse
hvnc lui qui minitatur. Et c'est une méprise qui
va bien avec la hâte du personnage1358.
sed isne est quem quaero an non ?
ipsust, congredere actutum. An.-quid est ?
Mais c'est celui que je cherche ou
non ? C'est lui. Viens ici, et vite. An.-Qu'y a-t-il ?
Ge.-o omnium quantum est qui uiuont
hominum homo ornatissime !
Gé.-O de tous les mortels, le plus
heureux mortel qui jamais fut sur terre !
nam sine controuersia ab dis solus
diligere, Antipho.
car, sans discussion, les dieux
n'aiment que toi, Antiphon.
sine controversia
sine ambiguitate.
sine controversia signifie
sine ambiguitate (sans
ambiguïté).
An.-ita uelim ; sed qui istuc
credam ita esse mihi dici uelim.
An.-Je le voudrais ; mais comment
croire qu'il en est ainsi, je voudrais que tu me le dises.
Ge.-satine est si te delibutum
gaudio reddo ? An.-enicas.
Gé.-Est-ce assez, si je te fais
ruisseler de joie ? An.-Tu me pompes l'air.
si te delibvtvm gavdio
reddo ad animum transtulit, quod est corporis, nam
delibutus unctus dicitur.
si te delibvtvm gavdio
reddo il applique à l'âme ce qui relève du corps ; en
effet, on dit delibutus
pour quelqu'un qui est unctus (enduit).
Pho.-quin tu hinc pollicitationes
aufer et quod fers cedo. Ge.-oh
Pho.-Allons ! rembarque tes
promesses, et dis ce que tu apportes. Gé.-Oh !
tu quoque aderas, Phormio ?
Pho.-aderam. sed tu cessas. Ge.-accipe, em :
tu étais là, toi aussi, Phormion ?
Pho.-Oui ; mais dépêche. Gé.-Tiens, voilà :
ut modo argentum tibi dedimus apud
forum, recta domum
à peine t'avions-nous remis
l'argent sur le forum, que c'est droit à la maison
vt modo argentvm uide
narrationem coeptam, unde opus est.
vt modo argentvm remarquez
que le récit commence au point où il le faut1359.
sumus profecti ; interea mittit
erus me ad uxorem tuam.
que nous sommes partis. A ce
moment, le patron m'envoie chez ta femme.
mittit ervs me ad vxorem
tvam conuersus ad Antiphonem hoc dixit.
mittit ervs me ad vxorem
tvam il dit cela en se tournant vers Antiphon1360.
An.-quam ob rem ? Ge.-omitto
proloqui ; nam nihil ad hanc rem est, Antipho.
An.-Pourquoi ? Gé.-Je me passe de
te le dire : cela n'a rien à voir, Antiphon.
ubi in gynaeceum ire occipio, puer
ad me adcurrit Mida,
Je me dirigeais vers le gynécée,
lorsqu'un petit esclave, court à moi, Midas,
pone reprendit pallio, resupinat :
respicio, rogo
me prend par derrière au pallium et
me fait reculer. Je me retourne et lui demande
quam ob rem retineat me : ait esse
uetitum intro ad eram accedere.
pourquoi il me retient. Il dit que
c'est interdit d'accéder chez la patronne.
"Sophrona modo fratrem huc" inquit
"senis introduxit Chremem"
« Sophrona, ajoute-t-il, vient d'y
faire entrer le frère du vieux, Chrémès,
eumque nunc esse intus cum illis.
hoc ubi ego audiui, ad fores
et il est là dedans à cette heure
avec elles. » Quand j'entends cela, vers la porte
suspenso gradu placide ire perrexi
accessi astiti,
à pas de loup, doucement je me mets
à aller, je m'approche, j'y suis,
animam compressi, aurem admoui :
ita animum coepi attendere,
je retiens mon souffle, je tends
l'oreille, et je commence à fixer mon attention
hoc modo sermonem captans. Pho.-eu
Geta ! Ge.-hic pulcherrimum
pour saisir par ce moyen leur
conversation. Pho.-Bien joué, Géta ! Gé.-Et là c'est
sensationnel
pvlcherrimvm facinvs
in quinto actu507
huiusmodi locos poetae actoribus indulgent, quod in his
actoris est commendatio.
pvlcherrimvm facinvs dans
le cinquième acte, les poètes permettent ce genre de passage aux
acteurs, parce que c'est une manière pour eux de se faire
valoir1361.
facinus audiui : itaque paene
hercle exclamaui gaudio.
l'événement que j'ai entendu. J'en
ai presque, ma foi, hurlé de joie.
An.-quod ? Ge.-quodnam arbitrare ?
An.-nescio. Ge.-atqui mirificissimum :
An.-C'est quoi ? Gé.-C'est quoi
d'après toi ? An.-Je ne sais pas. Gé.-Pourtant c'est un truc
incroyablissime :
patruus tuus pater est
inuentus1503 Phanio uxori tuae. An.-hem
c'est ton oncle qui se trouve être
le père de Phanium, ta femme. An.-Hein !
patrvvs tvvs
p.
pater
est
in.
inventvs
ph.
phanio
vx.
vxori
t.
tvae
ut Sallustius in primo «
liberis eius auunculus erat
268 ».
patrvvs tvvs pater est inventvs
phanio vxori tvae comme Salluste au livre I : « liberis
eius auunculus erat » ( c'était l'oncle des enfants de
celui-ci)1362.
quid ais ? Ge.-cum eius consueuit
olim matre in Lemno clanculum.
que dis-tu ? Gé.-Il a eu jadis une
liaison avec sa mère à Lemnos, en secret.
Pho.-somnium ! utine haec ignoraret
suom patrem ? Ge.-aliquid credito,
Pho.-Tu rêves. Comment Phanium ne
connaîtrait-elle pas son père ? Gé.-Sois sûr,
Phormio, esse causae. sed censen me
potuisse omnia
Phormion, qu'il y a une raison.
Crois-tu d'ailleurs que j'aie pu tout
intellegere extra ostium intus quae
inter sese ipsi egerint ?
comprendre de l'autre côté de la
porte, tout ce qu'ils ont discuté entre eux à l'intérieur ?
An.-Moi aussi, ma foi, j'ai entendu
cette histoire. Gé.-Mais je vais te donner
atqve hercle ego qvoqve illam
avdivi fabvlam Plautus in Milite glorioso «
nam os columnatum poetae esse inaudiui barbaro
269 ».
atqve hercle ego qvoqve illam
avdivi fabvlam Plaute dans Le Soldat
fanfaron : « nam os columnatum poetae esse inaudiui
barbaro » (car il y a, m'a-t-on dit, un poète latin qui a la tête
ainsi étayée)1363.
quo mage credas : patruos interea
inde huc egreditur foras :
de quoi y croire davantage. Ton
oncle, à un moment donné, sort dehors,
haud multo post cum patre idem
recipit se intro denuo :
puis un moment après c'est avec ton
père qu'il retourne à l'intérieur,
ait uterque tibi potestatem eius
adhibendae dari.
et tous les deux disent que tu as
la permission de garder ta femme.
denique ego sum missus te ut
requirerem atque adducerem. An.-em
Pour finir, je suis envoyé pour te
chercher et t'amener. An.-Me voici !
quin ergo rape me : quid cessas ?
Ge.-fecero. An.-heus Phormio,
Enlève-moi donc. Qu'attends-tu ?
Gé.-C'est comme si c'était fait. An.-Oh Phormion,
uale. Pho.-uale, Antipho. bene, ita
me di ament, factum : gaudeo.
adieu. Pho.-Adieu, Antiphon. Bien
joué, ma foi ! Je suis content.
scaena septima
Phormio
Pho.-Tantam fortunam de inprouiso
esse his datam !
Pho.-Tant de bonheur à l'improviste
leur est donné !
summa eludendi occasiost mihi nunc
senes
C'est maintenant l'occasion suprême
pour moi de me jour des vieux,
et Phaedriae curam adimere
argentariam,
et d'enlever à Phédria ses soucis
d'argent
cvram adimere
argentariam uarietas. prae eludendi adimendi occasio est 508 .
cvram adimere argentariam
variation. En regard de eludendi il faudrait adimendi occasio est 1364.
ne quoiquam suorum aequalium
supplex siet.
pour éviter qu'il n'aille supplier
quelqu'un de ses camarades.
nam idem hoc argentum, ita ut
datumst, ingratiis
Car ce même argent, avec le même
mauvais gré qu'il a été donné,
ei datum erit : hoc qui cogam re
ipsa repperi.
lui restera donné : c'est ça pour
les contraindre vraiment que j'ai trouvé.
nunc gestus mihi uoltusque est
capiundus nouos.
Maintenant il me faut prendre une
nouvelle contenance et un autre visage.
sed hinc concedam in angiportum hoc
proximum,
Mais d'ici je vais me retirer dans
cette ruelle toute proche,
inde hisce ostendam me, ubi erunt
egressi foras.
ensuite je me ferai voir à eux, dès
qu'ils seront sortis dehors.
quo me adsimularam ire ad mercatum,
non eo.
Là où je voulais faire semblant
d'aller, au marché, je n'y vais plus.
scaena octaua
Phormio Demipho Chremes
894 | 895 | 896 | 897 | 898 | 899 | 900 | 901 | 902 | 903 | 904 | 905 | 906 | 907 | 908 | 909 | 910 | 911 | 912 | 913 | 914 | 915 | 916 | 917 | 918 | 919 | 920 | 921 | 922 | 923 | 924 | 925 | 926 | 927 | 928 | 929 | 930 | 931 | 932 | 933 | 934 | 935 | 936 | 937 | 938 | 939 | 940 | 941 | 942 | 943 | 944 | 945 | 946 | 947 | 948 | 949 | 950 | 951 | 952 | 953 | 954 | 955 | 956 | 957 | 958 | 959 | 960 | 961 | 962 | 963 | 964 | 965 | 966 | 967 | 968 | 969 | 970 | 971 | 972 | 973 | 974 | 975 | 976 | 977 | 978 | 979 | 980 | 981 | 982 | 983 | 984 | 985 | 986 | 987 | 988 | 989
De.-Dis magnas merito gratias habeo
atque ago
Dé.-Aux dieux, selon leur mérite,
je rends et fais de grandes actions de grâces
quando euenere haec nobis, frater,
prospere.
puisqu'il nous est advenu, mon
frère, que cela tourne bien.
quantum potest nunc conueniundust
Phormio,
Autant que faire se peut,
maintenant il faut trouver Phormion,
prius quam dilapidet1506 nostras
triginta minas
avant qu'il ne dilapide nos trente
mines
privs qvam dilapidet
disperdat.
privs qvam dilapidet
dilapidet
signifie disperdat (qu'il perde
totalement).
ut auferamus. Pho.-Demiphonem si
domist
pour les lui enlever. Pho.-Je vais
voir si Démiphon est chez lui,
uisam ut quod... De.-at nos ad te
ibamus, Phormio.
pour lui dire que... Dé.-Justement
nous allions chez toi, Phormion.
Pho.-de eadem hac fortasse causa ?
De.-ita hercle. Pho.-credidi :
Pho.-Pour le même motif peut-être ?
Dé.-Oui, ma foi. Pho.-J'en étais sûr.
visam vt qvod ἀποσιώπησις secunda.
visam vt qvod aposiopèse
(ἀποσιώπησις) de
la deuxième catégorie.
quid ad me ibatis ? De.-ridiculum.
Pho.-uerebamini
Mais pourquoi aller chez moi ?
Dé.-Tu me fais rire ! Pho.-Vous aviez peur
ne non id facerem quod recepissem
semel ?
que je ne fasse pas ce que j'avais
pris sur moi, pour une fois ?
1
ne non id
facerem quod509
spopondissem. 2 et recepissem deest ad me, ut in Heautontimorumeno «
ad me recipio : faciet
270 ».
1
ne non id
facerem ce que j'avais promis. 2 Et recepissem il manque ad me, comme dans
L'Héautontimorouménos : « ad me recipio : faciet »
(je le prends sur moi : il le fera).
heus quanta quanta haec mea
paupertas est, tamen
Bah ! si grande que soit la
pauvreté qui m'afflige, pourtant
adhuc curaui unum hoc quidem, ut mi
esset fides.
la seule chose à laquelle j'ai
toujours veillé, c'est qu'on puisse se fier à moi.
adhvc cvravi τῷ ἀρχαϊσμῷ addidit
adhuc, cum potuisset sine
hoc integer sensus esse.
adhvc cvravi il ajoute
adhuc par archaïsme
(τῷ ἀρχαϊσμῷ),
alors que sans cela le sens aurait pu être entier.
Ch.-estne ita uti dixi liberalis ?
De.-oppido.
Ch.-N'est-il pas comme je te l'ai
dit un homme bien ? Dé.-Tout à fait.
Pho.-idque ad uos uenio nuntiatum,
Demipho,
Pho.-Et je viens précisément vous
annoncer, Démiphon,
paratum me esse : ubi uoltis,
uxorem date.
que je suis prêt. Quand vous
voulez, donnez-moi l'épouse.
nam omnis posthabui mihi res, ita
uti par fuit,
Car j'ai tout mis au second plan,
comme de juste,
postquam id tanto opere uos uelle
animum aduerteram.
dès que j'ai compris que la chose
vous tenait tant à cœur.
De.-at hic dehortatus est me ne
illam tibi darem :
Dé.-Oui, mais lui, il m'a engagé à
ne pas te la donner.
"nam qui erit rumor populi" inquit
"si id feceris ?
« Car qu'est-ce qui se dira chez
les gens, m'a-t-il dit, si tu fais cela !
olim quom honeste potuit, tum non
est data :
Avant, quand on pouvait le faire
honnêtement, on ne l'a pas donnée ;
eam nunc extrudi turpest." ferme
eadem omnia
l'expulser aujourd'hui, c'est une
honte ». Ce sont à peu près les mêmes reproches
quae tute dudum coram me
incusaueras.
que toi-même tu m'adressais tout à
l'heure en face.
1
qvae tvte
dvdvm coram me incvsaveras noua locutio quae incusaueras, non qui hinc me incusaueras
510. 2 coram me
incvsaveras belle, ut, si quid neget, contra se ipsum
sentire uideatur.
1
qvae tvte
dvdvm coram me incvsaveras quae incusaueras est une expression
nouvelle, on n'a pas qui hinc me
incusaueras (qui m'avais accusé à cause de
cela)1365. 2 coram me
incvsaveras joliment dit, pour que, s'il réfute quelque
chose, il paraisse être en contradiction avec lui-même1366.
Pho.-satin1507 superbe illuditis me ? De.-qui ?
Pho.-rogas ?
Pho.-Faut-il être prétentieux pour
se moquer de moi comme vous le faites ? Dé.-Comment ça ? Pho.-Tu
le demandes ?
satin svperbe illvditis me
et accusatiuum et datiuum regit illudo.
satin svperbe illvditis me
illudo régit à la fois un
accusatif et un datif.
quia ne alteram quidem illam potero
ducere ;
C'est que je ne pourrai même plus
épouser l'autre.
nam quo redibo ore ad eam quam
contempserim ?
Avec quelle tête vais-je revenir
vers celle que j'ai dédaignée ?
Ch.-"tum autem Antiphonem uideo ab
sese amittere
Ch.-« Et puis je vois qu'Antiphon
se sépare
inuitum eam" inque. De.-tum autem
uideo filium
à contrecœur d'elle». Dis-lui.
Dé.-Et puis je vois que mon fils
inuitum sane mulierem ab se
amittere.
à contrecœur se sépare de cette
femme.
sed transi sodes ad forum atque
illud mihi
Passe donc, s'il te plaît, au forum
et fais-moi
argentum rursum iube rescribi,
Phormio.
établir quittance de cet argent,
Phormion.
1
rvrsvm ivbe
rescribi phormio rescribi reddi, seu per mensae scripturam iube rescribi
quoniam adnumerationem pecuniae antecedit scriptura511 , rescribere dicebant pro renumeratione, et sic infert
« quodne ego rescripsi
porro illis quibus debui ? 512 » haec est
ergo figura, in qua secunda de primis significatum sumunt.
2 ivbe rescribi per
scripturam, id est
de mensae scriptura dari.
unde hodie additur chirographis domo
ex arca sine513
mensae scriptura.
1
rvrsvm ivbe
rescribi phormio rescribi signifie reddi (être rendu), ou alors
comprendre per mensae scripturam
rescribi (que ce soit porté sur un reçu bancaire)
parce que la rédaction du reçu précède le compte de l'argent. On
disait rescribere pour la
renumeratio (décompte de
l'argent), et de là « quodne ego
rescripsi porro illis quibus debui ? ». C'est donc une
figure dans laquelle ce qui vient en second tire son sens de ce
qui vient en premier. 2 ivbe rescribi
au moyen d'un reçu (scriptura), c'est-à-dire de mensae scriptura dari (que soit
donné au vu du reçu). C'est pourquoi on ajoute aujourd'hui dans
les écritures privées domo ex arca
sine mensae scriptura (fait à domicile et payé
directement du coffre sans reçu)1367.
Pho.-quodne ego rescripsi
illis1508 quibus debui ?
Pho.-Tu crois que je n'en ai pas
déjà reçu quittance de ceux à qui je le devais ?
qvodne ego discripsi illis
514
multis per
scripturam reddidi, multis
dedi 515, ut
apud Vergilium «
diditur516 hic subito Troiana per
agmina rumor
271 ».
qvodne ego discripsi illis
équivaut à multis per scripturam
reddidi (j'ai rendu à beaucoup par un reçu bancaire),
multis dedi (j'ai donné à
beaucoup), comme chez Virgile : « diditur hic subito Troiana per
agmina rumor » (aussitôt parmi l'armée troyenne le bruit se
répand)1368.
De.-quid igitur fiet ? Pho.-si uis
mi uxorem dare
Dé.-Que va-t-il donc se passer ?
Pho.-Si tu veux me donner l'épouse
quam despondisti, ducam ; sin est
ut uelis
que tu m'a promise, je l'épouserai.
Mais s'il se trouve que tu veuilles,
manere illam apud te, dos hic
maneat, Demipho.
qu'elle reste chez toi, que la dot
reste chez moi, Démiphon.
nam non est aequom me propter uos
decipi,
Il n'est pas juste que je sois
frustré à cause de vous ;
quom ego uestri honoris causa
repudium alterae
alors que de mon côté c'est pour
vous faire plaisir que j'ai signifié à l'autre,
remiserim, quae dotis tantundem
dabat.
sa répudiation, elle qui
m'apportait une dot équivalente.
De.-in hinc malam rem cum istac
magnificentia,
Dé.-Ne vas-tu pas aller au diable
avec tes grands mots,
fugitiue ? etiamnunc credis te
ignorarier
espèce de forban. Tu crois qu'on ne
sait pas qui tu es
aut tua facta adeo ? Pho.-irritor.
De.-tune hanc duceres
et ce que tu fais jusqu'ici ?
Pho.-Je m'énerve. Dé.-Tu l'épouserais,
si tibi daretur ? Pho.-fac
periclum. De.-ut filius
si on te la donnait ? Pho.-Fais le
test. Dé.-Que mon fils
cum illa habitet apud te, hoc
uestrum consilium fuit.
vive avec elle chez toi, c'était
votre projet ?
Pho.-quaeso quid narras ? De.-quin
tu mihi argentum cedo.
Pho.-Pardon, qu'est-ce que tu
racontes ? Dé.-Allez, à moi l'argent, donne !
qvin tv mihi argentvm cedo immo
vero vxorem tv cedo hoc ab utroque cum clamore dici
accipiendum est.
qvin tv mihi argentvm cedo immo
vero vxorem tv cedo il faut comprendre que l'un et l'autre
disent cela en criant.
Pho.-immo uero uxorem tu cedo.
De.-in ius ambula. Pho.-in
Pho.-A moi la femme, donne ! Dé.-Va
au tribunal. Pho.-Au
in ivs ambvla ad iudicem eamus scilicet, nam
ius pro loco est. Cicero
«
quando te in iure conspicio
272 ».
in ivs ambvla ad iudicem eamus (allons devant le
juge), évidemment, car ius
est mis pour un lieu1369. Cicéron :
« quando te in iure conspicio » (quand je t'aperçois devant le
juge).
ius ? enimuero si porro odiosi
esse1509
pergitis...
tribunal ? La vérité m'oblige à te
le dire, si vous continuez à être pénibles...
1
enimvero si
porro odiosi esse uultu iuuandum est et pronuntiatione hoc
quod iam517
suspenditur. 2 enimvero
principium aliquid per iracundiam dicturi518. «
hic tum alius ex alia parte 'Enimuero hoc fer'
273 »519.
1
enimvero si
porro odiosi esse il faut appuyer, par la mimique et la
prononciation, cette réplique qui reste désormais en suspens.
2 enimvero exorde de
quelqu'un qui s'apprête à parler sous l'effet de la colère.
Cicéron : « hic tum alius ex alia parte 'Enimuero hoc ferendum' »
etc. (mais alors, d'une autre partie de la salle, un autre de
s'écrier : « cela vraiment n'est pas supportable... »).
De.-quid facies ? Pho.-egone ? uos
me indotatis modo
Dé.-Que feras-tu ? Pho.-Moi ! c'est
pour les sans dot seulement
1 Et indotatis a dono ablato520. 2 indotatis hoc est ut Phanio.
1
indotatisparce qu'on enlève le don1370. 2 indotatis
c'est-à-dire comme Phanium.
patrocinari fortasse
arbitramini :
que vous pensez peut-être que je
plaide ;
etiam dotatis soleo. Ch.-quid id
nostra ? Pho.-nihil.
je le fais aussi d'ordinaire pour
les filles à dot. Dé.-Qu'est-ce que cela nous fait ?
Pho.-Rien.
etiam dotatis soleo ut
Nausistratae.
etiam dotatis soleo comme
Nausistrata.
hic quandam noram cuius uir
uxorem... Ch.-hem. De.-quid est ?
Ici il y a une épouse que je
connais dont le mari... Ch.-Hein ! Dé.-Quoi ?
Pho.-...Lemni habuit aliam...
Ch.-nullus sum. Pho.-...ex qua filiam
Pho.-...à Lemnos en avait une
autre... Ch.-Je suis un homme mort. Pho.-...d'elle c'est une
fille
nvllvs svm perii, mortuus sum.
nvllvs svm perii (c'en est fini de moi),
mortuus sum (je suis
mort)1371.
suscepit ; et eam clam educat.
Ch.-sepultus sum.
qu'il a eue et il l'élève en
cachette. Ch.-Et enterré.
sepvltvs svm αὔξησις, nam plus est quam nullus sum.
sepvltvs svm amplification
(αὔξησις), car
c'est plus fort que nullus
sum (je suis fait).
Pho.-haec adeo ego illi iam
denarrabo. Ch.-obsecro,
Pho.-C'est exactement ce que moi je
vais lui raconter. Ch.-Je t'en conjure,
ne facias. Pho.-oh tune is eras ?
De.-ut ludos facit !
ne le fais pas. Pho.-Ah ! c'était
toi ! Dé.-Comme il s'amuse !
Ch.-missum te facimus.
Pho.-fabulae ! Ch.-quid uis tibi ?
Ch.-Nous te tenons quittes.
Pho.-Des histoires ! Ch.-Quoi encore ?
qvid vis tibi argentvm qvod habes
condonamvs te uis
iterum subaudiendum est, ut sit : argentum uis, quod habes ?, et est
ἀσυνδέτως
inferendum condonamus te.
sic est illud apud Vergilium «
uultis et his mecum pariter considere regnis ? urbem
quam statuo ? uestra est
274 ». Nam nota bene non esse in eo uersu urbem antiptosim casum pro
casu sed iterum subaudiendum est uultis 521. Et fere dono ablatiuo. ut in Eunucho «
habeo alia multa, quae nunc condonabitur
275 »522 .
qvid vis tibi argentvm qvod habes
condonamvs te il faut de nouveau sous-entendre uis (tu veux), pour qu'on ait :
argentum uis, quod
habes ?, et il faut rapporter à cela condonamus te, en asyndète (ἀσυνδέτως). Il y a ainsi
cela chez Virgile : « uultis et his mecum pariter considere
regnis ? urbem quam statuo ? uestra est » (voulez-vous même vous
établir avec moi dans mon royaume, à droits égaux ? la ville que
je fonde ? elle est la vôtre). Notez qu'il est bien de ne pas
faire dans ce vers d'urbem une antiptose (antiptosis), cas pour
cas, mais qu'il faut bien sous-entendre une seconde fois
uultis
1372. Généralement
dono
avec ablatif, voir L'Eunuque « habeo alia multa, quae
nunc condonabitur »1373.
argentum quod habes condonamus te.
Pho.-audio.
L'argent que tu as, nous t'en
faisons cadeau. Pho.-J'entends.
quid uos, malum, ergo sic me1510
ludificamini
Mais pourquoi diantre êtes-vous en
train de vous payer ma tête,
malvm ergo sic me
lvdificamini malum
aduerbium est interpositae indignationis.
malvm ergo sic me
lvdificamini malum
est un adverbe interposé d'indignation.
inepti uestra puerili
sententia ?
crétins, avec vos hésitations
puériles ?
nolo uolo ; uolo nolo rursum ; cape
cedo ;
Je ne veux pas, je veux ; je veux,
puis à nouveau je ne veux plus ; prends, donne ;
nolo volo volo nolo
523 primo
singula separatim, deinde simul utraque pronuntianda sunt.
nolo volo volo nolo il
faut d'abord prononcer chaque mot séparément, puis deux par
deux.
quod dictum indictumst ; quod modo
erat ratum inritumst.
ce qui est dit n'est plus dit, ce
qui est fait n'est plus fait.
Ch.-quo pacto aut unde hic haec
resciuit ? De.-nescio ;
Ch.-Comment ou de qui a-t-il su
cela ? Dé.-Je ne sais pas ;
nisi me dixisse nemini certo
scio.
en tout cas je ne l'ai dit à
personne : cela, j'en suis sûr.
Ch.-monstri, ita me di ament,
simile. Pho.-inieci scrupulum. De.-hem
Ch.-C'est un prodige, pour l'amour
du ciel, ou ça y ressemble ! . Pho.-J'ai mis un grain de sable.
Dé.-Quoi !
hicine ut a nobis hoc tantum
argenti auferat
ce type, nous enlever ce tas
d'argent
tam aperte inridens ? emori hercle
satius est.
en se moquant de nous aussi
ouvertement ! Ma foi, plutôt crever.
animo uirili praesentique ut sis
para.
Courage et sang-froid, prépare-toi
à en montrer.
animo virili a
necessario525 adhortatur.
animo virili il l'exhorte
par l'argument de l'inévitable.
uides peccatum tuom esse elatum
foras
Tu vois que ta faute se répand sur
tous les toits
neque iam id celare posse te uxorem
tuam :
et que tu ne peux plus la cacher à
ta femme.
nunc quod ipsa ex aliis auditura
sit, Chreme,
Maintenant ce qu'elle pourrait
apprendre par d'autres, Chrémès,
id nosmet indicare placabilius
est.
disons-le-lui nous-mêmes : c'est le
meilleur moyen de l'apaiser.
tum hunc inpuratum poterimus nostro
modo
Alors ce pourri nous pourrons à
notre façon.
nostro modo
vlcisci modo
ingenio scilicet.
nostro modo vlcisci
modo signifie évidemment
ingenio (talent).
ulcisci. Pho.-attat nisi mi
prospicio, haereo.
le punir. Pho.-Aïe aïe ! si je ne
surveille pas mes abattis, je suis coincé.
hi gladiatorio animo ad me
adfectant uiam.
Ceux-là, c'est avec un cœur de
gladiateur qu'ils marchent contre moi.
1
hi
gladiatorio animo 526 parato ad periculum, hoc
est : ita perdito ac temerario527, ut
non sibi caueat, dummodo uulneret, ut Sallustius «
auidius alteri alteros sauciare quam semet
tegere
276 ». 2 ad me affectant viam
plenum, quod nos ἐλλειπτικῶς 528.
1
hi gladiatorio
animo préparé au danger, c'est-à-dire : à ce point
désespéré et irréfléchi, qu'il ne fait pas attention à lui pourvu
qu'il blesse, comme chez Salluste : « auidius alteri alteros
sauciare quam semet tegere » (les deux partis cherchaient plus à
se blesser l'un l'autre qu'à se protéger). 2 ad me affectant viam expression complète,
là où nous parlons par ellipse (ἐλλειπτικῶς)1374.
Ch.-at uereor ut placari possit.
De.-bono animo es :
Ch.-C'est que j'ai bien peur
qu'elle ne se laisse pas attendrir. Dé.-Courage,
vt placari possit
ut pro ne non.
vt placari possit
ut pour ne non (j'ai peur
que...ne...pas...)1375.
ego redigam uos in gratiam, hoc
fretus, Chreme,
je me charge de vous réconcilier en
m'appuyant, Chrémès,
cum e medio excessit unde haec
susceptast tibi.
sur le fait qu'elle n'est plus là,
la femme de qui tu as eu cette fille.
1
cvm e medio
excessit 529 pro
quia. 2 excessit mortua
est si diceret, tragicum erat, e medio excessit et dictum et ad
rationem dici530 comicum est.
1
cvm e medio
excessit cum pour
quia (parce que).
2 excessit s'il disait
mortua est (elle est
morte) c'était tragique, alors que e
medio excessit est une expression et que c'est propre
à la comédie que de donner à son emploi une fonction
argumentative1376.
Pho.-itan agitis mecum ? satis
astute aggredimini.
Pho.-Ah oui, c'est ainsi que vous
le prenez avec moi ? C'est adroit comme attaque.
1
astvte
aggredimini εἰρωνεία. 2 Et proprie aggredi accedere ad dimicandum est. bene ergo
seruauit translationem a gladiatoribus coeptam.
1
astvte
aggredimini ironie (εἰρωνεία). 2 Et, au sens propre, aggredi c'est accedere ad dimicandum (s'avancer
pour en découdre). Il conserve donc bien la métaphore des
gladiateurs qu'il avait commencé à utiliser.
non hercle ex re istius me
instigasti, Demipho.
ce n'est pas, ma foi, dans son
intérêt que tu m'as asticoté, Démiphon.
ain tu ? ubi quae lubitum fuerit
peregre feceris
Dis donc ! quand tu en as pris à
ton aise quand tu étais à l'étranger,
ain tv modo ad Chremem cum
inuectione531 conuersus
est.
ain tv il se tourne à
l'instant vers Chrémès avec des reproches.
neque huius sis ueritus feminae
primariae
et que tu n'as pas craint, avec
cette femme de premier plan,
quin nouo modo ei faceres
contumeliam,
de lui faire d'une manière inouïe
du tort,
uenias nunc precibus lautum
peccatum tuum ?
tu viendrais maintenant avec des
prières laver ta faute ?
lavtvm peccatvm tvvm
ut lauem ut maculam532 .
lavtvm peccatvm tvvm pour
que je le lave comme une souillure1377.
hisce ego illam dictis ita tibi
incensam dabo
Moi, en lui disant cela, je vais la
rendre si enflammée contre toi
ut ne restinguas lacrimis si
exstillaueris.
que tu n'éteindras pas sa colère
par tes larmes, même en faisant la fontaine.
lacrimis si exstillaveris
stillare 533 est guttare ex corpore, exstillare ipsum corpus guttatim finiri 534, ergo quasi totum in lacrimas conuerti et ex toto
stillare corpore.
1
lacrimis si
exstillaveris stillare, c'est guttare (goutter) d'un corps,
exstillare c'est, pour un
corps, se vider goutte à goutte, donc c'est se transformer tout
entier en larmes et goutter (stillare) de tout son
corps1378.
De.-malum quod isti di deaeque
omnes duint !
Dé.-Le châtiment que les dieux et
les déesses dans leur ensemble devraient lui donner !
tantane adfectum quemquam esse
hominem audacia !
Un type pourvu d'une telle
audace !
non hoc publicitus scelus hinc
asportarier
Et ce criminel ne serait pas banni
par décision de justice
pvblicitvs id est publica
cura atque consilio.
pvblicitvs c'est-à-dire
aux soins de l'état et par décision officielle.
in solas terras ! Ch.-in id
redactus sum loci
dans un désert ? Ch.-J'en suis
réduit au point
in solas terras 535 singulariter536
. Vergilius «
pastorum et solis exegit montibus aeuum
277 » ; Sallustius in primo «
solis uiis
278 ».
in solas terras emploi
pour le singulier. Virgile : « pastorum et solis exegit montibus
aeuum » (et sur les montagnes solitaires il vécut la vie des
pâtres) ; Salluste au livre I : « solis uiis » (par des routes
solitaires).
ut quid agam cum illo nesciam
prorsum. De.-ego scio :
que je ne sais plus du tout que
faire avec lui. Dé.-Je le sais, moi.
in ius eamus. Pho.-in ius ? huc, si
quid libet.
Allons au tribunal. Pho.-Au
tribunal ! Allons-y, si ça te fait plaisir.
1
in ivs
eamvs ad praetoris
sellam ; modo enim locum significat. 2 in ivs hvc si qvid libet apparet parasitum
ad domum senis Chremetis, non ad forum conari abstrahere
litem537.
1
in ivs
eamvs ad praetoris
sellam (devant la chaise du prêteur) ; car cela
désigne seulement le lieu1379. 2 in ivs hvc si qvid libet
manifestement, le parasite essaie de transférer le procès vers la
maison de Chrémès le vieillard, et non vers le forum.
Ch.-adsequere, retine dum ego huc
seruos euoco.
Ch.-Poursuis-le, retiens-le pendant
que j'appelle mes esclaves.
De.-enim nequeo solus : accurre.
Pho.-una iniuria est
Dé.-Je ne peux vraiment pas tout
seul. Viens à mon aide. Pho.-Voilà la première plainte
1
enim
solvs enim pro
at posuit, ut turbatum
ostenderet. sic alibi «
enim non sinam
279 ». 2 vna inivria est id
est538 actio iniuriarum ex lege.
1
enim
solvs il met enim
pour at (mais), pour
montrer qu'il est perturbé. Ainsi ailleurs : « enim non sinam ».
2 vna inivria est
c'est-à-dire actio iniuriarum ex
lege (procès pour injure en vertu de la loi).
tecum. De.-lege agito ergo.
Pho.-alterast tecum, Chreme.
contre toi. Dé.-Va donc en justice.
Pho.-Voilà la deuxième contre toi, Chrémès.
1
altera
quam fecisti dotatae uxori. 2
lege
agito age agito. 3 lege agito 539
dicebatur ei, cuius intentio contemptibilis aduersario uidebatur.
Plautus in Aulularia «
lege agito et ei cenam coque
280 »540.
1
altera
celle que tu as faite à ton épouse pourvue d'une dot. 2 lege agito age fait agito. 3 lege agito se disait1380 à celui dont
l'adversaire percevait l'intention méprisable. Plaute dans
La Marmite : « lege agito ei cenam coque » (va en
justice, et fais-lui chauffer le dîner).
Ch.-rape hunc. Pho.-sic agitis ?
enimuero uoce opus est :
Dé.-Traîne-le. Pho.-Ah ! vous le
prenez comme cela ! Eh bien, il faut donner de la voix.
Nausistrata, exi ! Ch.-os opprime
inpurum : uide
Nausistrata, sors. Ch.-Ferme-lui la
bouche de cette pourriture. Vois
quantum ualet. Pho.-Nausistrata !
inquam. De.-non taces ?
comme il est fort.
Pho.-Nausistrata, dis-je. Ch.-Tu vas te taire ?
Pho.-taceam ? De.-nisi sequitur,
pugnos in uentrem ingere.
Pho.-Me taire ? Dé.-S'il ne te suit
pas, enfonce-lui tes poings dans le ventre.
1
pvgnos in
ventrem ingere urbane in
uentrem quasi parasito. 2 An uentrem
totum parasitum dicit, ut Lucilius in secundo «
uiuite lurcones541, comedones, uiuite
uentres
281 » ? 3 An simpliciter, quia
qui resistit ne sequatur collo trahentem, obtorto ore,
pandum542 se facit et uentrem proicit, cum in
uentrem feritur, currit et sequitur ?
1
pvgnos in
ventrem ingere in
uentrem est spirituel, comme pour un parasite.
2 Ou bien est-ce que uentrem désigne le parasite tout
entier, comme Lucilius au livre II : « uiuite lurcones, comedones,
uiuite uentres » (vivez, bâfreurs, goinfres, vivez, ventres !) ?
3 Ou bien simplement parce que
celui qui resiste pour ne pas suivre celui qui l'entraîne par le
collet, tord le visage, s'arqueboute et sort le ventre, mais,
quand on le frappe au ventre, court et suit le mouvement ?
Pho.-uel oculum exclude : est ubi
uos ulciscar probe.
Pho.-Ou crève moi un œil, même ;
j'ai de quoi vous punir de belle façon.
scaena nona
Phormio Demipho Chremes Nausistrata
990 | 991 | 992 | 993 | 994 | 995 | 996 | 997 | 998 | 999 | 1000 | 1001 | 1002 | 1003 | 1004 | 1005 | 1006 | 1007 | 1008 | 1009 | 1010 | 1011 | 1012 | 1013 | 1014 | 1015 | 1016 | 1017 | 1018 | 1019 | 1020 | 1021 | 1022 | 1023 | 1024 | 1025 | 1026 | 1027 | 1028 | 1029 | 1030 | 1031 | 1032 | 1033 | 1034 | 1035 | 1036 | 1037 | 1038 | 1039 | 1040 | 1041 | 1042 | 1043 | 1044 | 1045 | 1046 | 1047 | 1048 | 1049 | 1050 | 1051 | 1052 | 1053 | 1054 | 1055
Na.-Qui nominat me ? hem quid istuc
turbae est, obsecro,
Na.-Qui dit mon nom ? Ah ! C'est
quoi ce cirque, je te prie,
qvis nominat me hic uelut
controuersia est, in qua reus fit maritus malae tractationis. et
est status qualitas uenialis.
qvis nominat me il y a ici
comme un procès dans lequel le mari se voit accusé d'avoir fait
une mauvaise action. Et l'état de la cause est la qualité de faute
pardonnable1381.
mi uir ? Pho.-ehem quid nunc
obstipuisti ? Na.-quis hic homost ?
monsieur mon mari ? Pho.-Eh bien !
pourquoi tu ne dis plus rien ? Na.-Qui est cet homme ?
non mihi respondes ? Pho.-hicine ut
tibi respondeat,
Tu ne me réponds pas ? Pho.-Lui, te
répondre !
qui hercle ubi sit nescit ?
Ch.-caue isti quicquam creduas.
lui qui ne sait plus, ma foi, où il
habite ! Ch.-Ne va pas croire un mot de sa bouche.
Pho.-abi, tange : si non totus
friget, me enica.
Pho.-Vas-y, touche. S'il n'est
complètement glacé, qu'on m'étouffe.
Ch.-nil est. Na.-quid ergo ? quid
istic narrat ? Pho.-iam scies :
Ch.-Ce n'est rien. Na.-Qu'y a-t-il
donc ? qu'est-ce qu'il raconte ? Pho.-Tu vas le savoir ;
ausculta. Ch.-pergin credere ?
Na.-quid ego obsecro
écoute. Ch.-Tu persistes à le
croire ? Na.-Qu'y a-t-il donc, je te prie,
huic credam, qui nihil dixit ?
Pho.-delirat miser
que je puisse croire ? Il n'a rien
dit. Pho.-Il délire, le pauvre,
delirat miser timore
grauiter utrumque, et delirat et timore, nam deliratio senectuti conuenit,
timor conscientiae.
delirat miser timore les
deux sont graves, à la fois delirat et timore, car la deliratio convient à la vieillesse,
et le timor relève de la
conscience.
timore. Na.-non pol temerest quod
tu tam times.
tellement il a peur. Na.-Ce n'est
sûrement pas sans raison que tu as si peur.
Ch.-egon timeo ? Pho.-recte sane :
quando nihil times.
Ch.-Moi, peur ? Pho.-Très bien !
Puisque tu n'as pas du tout peur,
et hoc nihil est quod ego dico, tu
narra. De.-scelus,
et que ce que je dis ne vaut rien,
raconte toi-même. Dé.-Scélérat !
tibi narret ? Pho.-ohe tu,
factumst abs te sedulo
qu'il te le raconte ! Pho.-Dis
donc, toi, tu fais bien du zèle
pro fratre. Na.-mi uir, non mihi
narras. Ch.-at... Na.-quid "at" ?
pour ton frère ! Na.-Monsieur mon
mari, tu ne me racontes rien ?... Ch.-Ben... Na.-Quoi, ben ?
Ch.-non opus est dicto. Pho.-tibi
quidem ; at scito huic opust.
Ch.-Pas besoin de parler.
Pho.-Pour toi, c'est sûr ; mais sois sûr que pour elle il y a
besoin.
in Lemno... De.-hem quid ais ?
Ch.-non taces ? Pho.-...clam te... Ch.-ei mihi !
A Lemnos... Dé.-Hein ! que
dis-tu ? Ch.-Veux-tu te taire ? Pho.-...en cachette de toi...
Ch.-Malheur à moi !
Pho.-...uxorem duxit. Na.-mi homo,
di melius duint !
Pho.-...il s'est marié... Na.-Mon
garçon, les dieux m'en gardent !
mi homo di melivs dvint
quaerit Probus, an matrona tam familiariter recte dicat alieno,
sed frustra : nam feminarum oratio, etsi non blanditur, blanda
est.
mi homo di melivs dvint
Probus se demande s'il est juste qu'une femme romaine s'adresse de
façon si intime à quelqu'un d'autre, mais c'est en vain, car le
propos d'une femme, même si on n'est pas doux avec elle, est
doux1382.
Pho.-sic factumst. Na.-perii
misera ! Pho.-et inde filiam
Pho.-C'est comme ça que ça s'est
fait. Na.-Je suis morte, malheureuse. Pho.-...et d'elle c'est une
fille
suscepit iam unam, dum tu dormis.
Ch.-quid agimus ?
qu'il a eu alors, une, pendant que
tu dormais. Ch.-Que faisons-nous ?
qvid agimvs facete
additum.
qvid agimvs plaisamment
ajouté.
Na.-pro di inmortales, facinus
miserandum et malum !
Na.-Dieux immortels ! Forfait
pitoyable et criminel !
Pho.-hoc actumst. Na.-an quicquam
hodiest factum indignius ?
Pho.-Voilà ce qu'il a fait.
Na.-Vit-on de nos jours crime plus indigne ?
qui mihi, ubi ad uxores uentum
est, tum fiunt senes !
Me voilà bien ceux-là : quand ils
approchent de leur femme, ils deviennent des vieux !
1
qvi
mihi eleganter inseruit mihi, ut in Heautontimorumeno «
is mihi, ubi adbibit plus paulo, sua quae narrat
facinora !
282 » 2 ad vxores ventvm est tvm fivnt
senes eleganter fieri dixit. et generaliter
inuidiosius, quam si unum accusaret senem.
1
qvi
mihi il greffe élégamment mihi, comme dans
L'Héautontimorouménos : « is mihi, ubi adbibit plus
paulo, sua quae narrat facinora ! » (quand il a bu un coup de
trop, quelles prouesses il me débite sur lui-même !)1383. 2
ad vxores
ventvm est tvm fivnt senes fieri est élégamment dit. Et parler
des vieillards en général est plus malveillant que d'en accuser un
seul.
Demipho, te appello : nam cum hoc
ipso distaedet loqui :
Démiphon, c'est à toi que je
parle ; car avec lui, ça me dégoûte de parler :
haecin erant itiones crebrae et
mansiones diutinae
c'était donc cela ces fréquents
voyages, ces interminables séjours
Lemni ? haecin erat ea quae
nostros minuit fructus uilitas ?
à Lemnos ! C'était cela, ce qui a
diminué nos revenus, la baisse des prix !
De.-ego, Nausistrata, esse in hac
re culpam meritum non nego ;
Dé.-Pour moi, Nausistrata, qu'il
ai commis une faute en la circonstance, je ne le nie pas,
ego navsistrata qualitas
uenialis a concessa actione543.
ego navsistrata la qualité
de faute pardonnable repose sur le fait que l'on reconnaît les
faits1384.
sed ea qui sit ignoscenda.
Pho.-uerba fiunt mortuo.
mais elle est pardonnable. Pho.-Il
parle, l'autre est déjà mort.
verba fivnt mortvo non est
passus parasitus, ut totam sententiam senex explicaret.
verba fivnt mortvo le
parasite n'a pas supporté que le vieillard achève sa phrase.
De.-nam neque neglegentia tua
neque odio id fecit tuo.
Dé.-Car ce n'est point par
indifférence ni par aversion pour toi qu'il a fait cela.
nam neqve neglegentia tva
n.
neqve
o.
odio
i.
id
f.
fecit
t.
tvo
locus in hac causa principalis est
ἀπὸ τῆς συγγνώμης καὶ
τῆς αἰτίας
544, et ideo in duo diuisit : nec neglegentia circa te
nec odio, inquit, factum est. praeterea et περιστάσεις addidit
ad545 defensionem.
nam neqve neglegentia tva neqve
οdio id fecit tvo le thème principal dans cette affaire
est fondé sur le pardon et sur l'accusation (ἀπὸ τῆς συγγνώμης καὶ τῆς
αἰτίας)1385, et c'est
pourquoi il fait deux parties : "cela ne s'est pas produit",
dit-il, "par négligence ou par haine à ton égard". Par ailleurs,
il ajoute également à sa défense des circonstances annexes
(περιστάσεις).
uinolentus fere abhinc annos
quindecim mulierculam
Il était ivre quand, il y a
environ quinze ans, cette femme de rien du tout
1
vinolentvs et546 ab
ebrietate547 eius, a tempore criminis, a diminutione
contemptuque pellicis, ab euentu, ab animo facientis quod mortua
est, postremo a precibus, et
παραλογισμῷ ἀπὸ τῆς
εὐνοίας τοῦ δεομένου
fecit548, admonens
oratorie illam mansuetudinis suae. 2 vinolentvs ab imprudentia defensio.
3 abhinc annos qvindecim a
tempore defensio.
1
vinolentvs il procède au moyen de
l'argument par son ébriété, par l'ancienneté du crime, par la
dévalorisation1386 et le mépris de la rivale, par le
dénouement, par l'état d'esprit de celui qui l'a fait, parce
qu'elle est morte, enfin par des prières1387 et par une argumentation
spécieuse fondée sur la bienveillance du demandeur (παραλογισμῷ ἀπὸ τῆς εὐνοίας τοῦ
δεομένου), lui qui, à la manière des orateurs, rappelle
à sa femme sa bonté. 2 vinolentvs
défense par l'absence de préméditation. 3 abhinc annos qvindecim défense par
l'ancienneté.
eam compressit unde haec natast ;
et non attigit postea1511.
il l'a un peu serrée et la petite
est née ; et il ne l'a plus touchée par la suite.
eam compressit bene
compressit, quod interdum
iniuriae est, non amoris et non attigit postea. ita facti
paenituit549.
eam compressit compressit est bien dit, parce que,
de temps en temps, le verbe implique une idée de violence et non
d'amour et il ne l'a pas touchée (attigit) ensuite. Il se repent de
ce qu'il a fait.
ea mortem obiit, e medio abiit qui
fuit in re hac scrupulus.
Cette femme a trouvé la mort et
avec elle s'est perdu le grain de sable de cette affaire.
quam ob rem te oro, ut alia facta
tua sunt, aequo animo hoc feras.
Aussi je te conjure, comme en
toute autre circonstance, de supporter cela avec constance.
Na.-quid ego aequo animo ? cupio
misera in hac re iam defungier ;
Na.-Comment ça, avec constance ?
Ce que je désire, malheureuse, c'est d'en finir avec cette
affaire ;
1
qvid ego
aeqvo animo
550
hic locus ἀπὸ
τῆς ἐκβάσεως est, id est551 quod futurum
sit ; facilius enim ignoscitur non ultra peccaturis. 2 defvngier defungi, desinere.
1
qvid ego aeqvo
animo cet argument repose sur l'issue (ἀπὸ τῆς ἐκβάσεως),
c'est-à-dire sur ce qui va se passer1388 ; car on pardonne plus facilement à ceux qui ne
commettront plus de fautes. 2
defvngier defungi signifie desinere (laisser).
sed quid sperem ? aetate porro
minus peccaturum putem ?
mais que puis-je attendre ?
Puis-je croire qu'avec l'âge il fera moins de bêtises ?
porro minvs quia dixit
«
abhinc annos quindecim
283 ».
porro minvs parce qu'il a
dit « abhinc annos
quindecim ».
iam tum erat senex, senectus si
uerecundos facit.
Il était déjà vieux alors, si
c'est la vieillesse qui enlève l'audace aux hommes.
senectvs si verecvndos
facit modeste et grauiter.
senectvs si verecvndos
facit modestement et avec gravité.
an mea forma atque aetas nunc
magis expetendast, Demipho ?
Est-ce que par hasard ma
silhouette, mon âge me rendent à présent plus désirable,
Démiphon ?
quid mihi hic affers quam ob rem
exspectem aut sperem porro non fore ?
Que m'apportes-tu qui me fasse
attendre ou espérer que cela n'arrivera plus ?
1
qvid mihi hic
affers callidius hic usa est ad ultimum πύσματe conuersa ad ipsum
defensorem mariti. 2552 qvid mihi hic affers ;
de qua ui contradictionis exsultat parasitus tamquam confecto
mortuoque aduersario suo.
1
qvid mihi hic
affers de façon assez rusée, elle utilise ici, finalement,
une interrogation (πύσμα), en se tournant vers le défenseur
de son mari. 2 qvid mihi hic affers ;
la violence de cette réplique remplit le parasite de joie, comme
si son adversaire était achevé et mort.
Pho.-exsequias Chremeti quibus est
commodum ire, em tempus est.
Pho.-Funérailles de Chrémès ! Pour
ceux que cela intéresse, c'est le moment.
exseqvias chremeti bono ordine : primo «
delirat miser timore
284 », post «
uerba fiunt mortuo
285 », ad ultimum exsequias
Chremeti : delirat, moritur, effertur.
exseqvias chremeti l'ordre
est bon : d'abord « delirat miser
timore », ensuite « uerba
fiunt mortuo », enfin exsequias Chremeti : il délire, il
meurt, on emporte son corps.
sic dabo : age nunc, Phormionem
qui uolet lacessito :
Je t'en ficherai. Vas-y,
maintenant ; vienne qui voudra se frotter à Phormion.
age nvnc phormionem qvi volet
lacessito Vergilius «
degeneremque Neoptolomum narrare memento
286 ».
age nvnc phormionem qvi volet
lacessito Virgile : « degeneremque Neoptolomum narrare
memento » (n'oublie pas de lui raconter que Néoptolème
dégénère)1389.
faxo tali sum mactatum atque hic
est infortunio.
Je me charge de l'arranger pour
son malheur comme celui-ci.
faxo tali svm mactatvm
sum modo553 pro eo quod est
eum : sic frequenter
ueteres. Ennius «
omnes corde patrem debent554 animoque benigno circumfundere
sum cui...555
287 ».
faxo tali svm mactatvm
sum est ici mis pour
eum : les Anciens disaient
souvent ainsi. Ennius : « omnes corde patrem debent animoque
benigno circumfundere sum cui... » (tous doivent entourer leur
père d'affection et de bienveillance, lui à qui...)1390.
redeat sane in gratiam iam :
supplici satis est mihi.
Qu'il revienne en grâce
maintenant, la torture est suffisante pour moi.
habet haec ei quod, dum uiuat,
usque ad aurem ogganniat.
Celle-ci a de quoi pour le reste
de ses jours lui seriner les oreilles .
Na.-at meo merito credo. quid ego
nunc commemorem, Demipho,
Na.-Mais j'ai dû le mériter, je
crois ! A quoi bon maintenant rappeler, Démiphon,
singulatim qualis ego in hunc
fuerim ? De.-noui aeque omnia
dans le détail la femme que j'ai
été pour lui ? Dé.-Je sais tout cela aussi bien
tecum. Na.-merito hoc meo uidetur
factum ? De.-minime gentium.
que toi. Na.-Et j'ai mérité,
d'après toi, ce qu'il m'a fait ? Dé.-Pas le moins du monde ;
uerum iam, quando accusando fieri
infectum non potest,
mais puisque, même en accusant, on
ne peut défaire ce qui est fait
ignosce : orat confitetur purgat :
quid uis amplius ?
pardonne. Il supplie, il avoue, il
demande pardon : que veux-tu de plus ?
ignosce orat confitetvr
pvrgat uerba uenialis status sunt : ignosce confitetur.
ignosce orat confitetvr
pvrgat les verbes ignosce et confitetur renvoient à la qualité de
faute pardonnable.
Pho.-enimuero prius quam haec dat
ueniam, mihi prospiciam et Phaedriae.
Pho.-A la vérité, avant qu'elle
accorde son pardon, il faut que je veille à mes abattis et à ceux
de Phédria.
heus Nausistrata, prius quam huic
respondes temere, audi. Na.-quid est ?
Hé ! Nausistrata, avant de lui
répondre sans sans savoir, écoute. Na.-Qu'y a-t-il ?
Pho.-ego minas triginta per
fallaciam ab illoc abstuli :
Pho.-Moi, c'est trente mines que
par ma fourberie je lui ai soutirées.
eas dedi tuo gnato : is pro sua
amica lenoni dedit.
Je les ai données à ton fils, lui
pour sa petite amie c'est à un maquereau qu'il les a données.
Ch.-hem quid ais ? Na.-adeo hoc
indignum tibi uidetur, filius
Ch.-Hein ! qu'est-ce que tu dis ?
Na.-Ça te paraît à ce point indécent que ton fils,
homo adulescens si habet unam
amicam, tu uxores duas ?
un tout jeune homme, ait une seule
petite amie, alors que toi, tu as deux femmes ?
nihil pudere ! quo ore illum
obiurgabis ? responde mihi.
Tu n'as honte de rien ! Quelle
tête feras-tu pour le gronder ? Réponds-moi.
De.-faciet ut uoles. Na.-immo ut
meam iam scias sententiam,
Dé.-Il fera comme tu voudras.
Na.-Eh bien ! si tu veux savoir mon verdict,
neque ego ignosco neque promitto
quicquam neque respondeo
je ne pardonne pas, je ne promets
rien, je ne réponds pas,
prius quam gnatum uidero : eius
iudicio permitto omnia :
tant que je n'aurai pas vu mon
fils ; c'est à son jugement que je remets toute l'affaire.
quod is iubebit faciam.
Pho.-mulier sapiens es, Nausistrata.
Ce qu'il ordonnera, je le ferai.
Pho.-Tu es une femme sage, Nausistrata.
Na.-satis tibin est ? Pho.-immo
uero pulchre discedo et probe
Na.-Es-tu satisfait ? Pho.-Oui, je
m'en tire bien, et joliment,
et praeter spem. Na.-tu tuum nomen
dic quid est. Pho.-mihin ? Phormio :
et mieux que prévu. Na.-Toi, ton
nom ? Dis-le moi. Pho.-Moi ! Phormion,
1
tv tvvm nomen dic bene dicit tu : interim pronomine utitur, quod
non habet nomen. 2 An potentiorum
blandimentum circa inferiores fuit hoc, ut nomina eorum quaererent
et cum audissent, ipsis nominibus eos compellarent statim ? tale
est in Adelphis «
qui uocare ? — Geta.556 — Geta, hominem maximi preti
288 » etc.
1
tv tvvm nomen
dic il fait bien de dire tu : à ce moment-là il utilise le
pronom, parce qu'il ne connaît pas son nom. 2 Ou bien c'était, de la part des puissants à
l'égard de personnes qui leur étaient inférieures, une façon de
mettre ceux-ci en valeur que de leur demander leur nom et, une
fois qu'ils le connaissaient, de les apostropher sur-le-champ par
leur nom ? Il y a un équivalent dans Les Adelphes :
« qui uocare ? — Geta. — Geta, hominem maximi
preti1391 » etc.
uestrae familiae hercle amicus et
tuo summus Phaedriae.
de votre famille, ma foi, un ami,
et le meilleur de ton Phédria.
1
vestrae
familiae hoc propter Antiphonis amicitiam dixit.
2 amicvs et tvo svmmvs
phaedriae 557 amicus
iterum subaudiendum.
1
vestrae
familiae il dit cela en raison de son amitié avec
Antiphon. 2 amicvs et tvo svmmvs
phaedriae bien entendu, il faut de nouveau sous-entendre
amicus.
Na.-Phormio, at ego ecastor
posthac tibi quod potero, quae uoles
Na.-Phormion ? Eh bien, moi, je le
jure, désormais pour toi ce que je pourrai, ce que tu voudras,
faciamque et dicam. Pho.-benigne
dicis. Na.-pol meritumst tuom.
je le ferai et je le dirai.
Pho.-Tes paroles sont bien aimables. Na.-Nom d'un chien, tu le
vaux bien.
Pho.-uin primum hodie facere quod
ego gaudeam, Nausistrata,
Pho.-Veux-tu commencer aujourd'hui
à me faire plaisir, Nausistrata,
vin primvm hodie facere
facete ex persona parasitica beneficii optio facta est, quod
promiserat mulier.
vin primvm hodie facere
d'une manière plaisante, c'est le personnage du parasite qui fait
le choix de la faveur que la femme lui avait promise.
et quod tuo uiro oculi doleant ?
Na.-cupio. Pho.-me ad cenam uoca.
et à faire mal aux yeux de ton
mari ? Na.-Je ne demande pas mieux. Pho.-Invite-moi à souper.
Na.-pol uero uoco. De.-eamus intro
hinc. Na.-fiat. sed ubi est Phaedria
Na.-Nom d'un chien, bien sûr que
je t'invite. Dé.-Alors, rentrons maintenant. Na.-Soit. Mais où est
Phédria,
sed vbi est phaedria ivdex
noster bene iudex : ad illum enim mulieris
dilata558 est sententia, ut, cum ita agitur, tuta
sint omnia marito ; nam et per ironiam559 ridicule dicit ea, quae irata erat quae irrita erant560 .
sed vbi est phaedria ivdex
noster iudex est
bien dit, car cette phrase de la femme est adressée au
vieillard1392 afin que, en agissant ainsi, la
situation du mari soit totalement sûre ; en effet c'est pour faire
rire qu'elle dit, elle qui était irritée, des paroles sans
conséquence.
iudex noster ? Pho.-iam hic faxo
aderit. Cantor.-uos ualete et plaudite !
notre juge ? Pho.-Je m'en occupe,
il arrive. Le Chanteur-Vous, adieu, applaudissez.
1
ivdex
noster nihil facetius quam iudicem capi aduersus crimen paternae
uoluptatis et amatorem filium et fratrem561 Antiphonis, cui nubet furtiua
filia. 2 ivdex noster terribilis
scilicet censor paternarum deliciarum. uides igitur ioco
solatam uxorem iracundiam562 .
1
ivdex
noster rien de plus spirituel que le fait que l'on prenne,
pour juge (iudex) du crime
qu'a commis le père en matière de plaisir, le fils, qui est
amoureux et cousin d'Antiphon qui a épousé la fille adultère du
père. 2 ivdex noster à coup sûr un
terrible censeur des plaisirs qu'a connus son père. Vous voyez
donc ici que, par une plaisanterie, l'épouse adoucit sa
colère.
Notes
1. Wessner édite Έπιδικαζομένου, mais les manuscrits sont unanimes pour l'écrire en latin et lui donner une forme de féminin. Comme l'indique Donat à la scholie 25, il semble qu'il ait existé deux pièces d'Apollodore, l'une intitulée Έπιδικαζόμενος (celui qui se fait adjuger) et l'autre Έπιδικαζομένη (la jeune fille adjugée). Nous pensons qu'il faut conserver à Donat la cohérence de son choix féminin qu'il défend à la scholie 25. Seul R donne une forme masculine Έπιδικαζόμενον qu'il a dû lire en latin dans Térence. De toutes façons la chose est indécidable, car on ne possède rien des deux pièces. 2. Tous les manuscrits donnent l'accusatif "hanc" mais il est sans nul doute issu de la volonté de lire "hanc (fabulam) Phormionem", sur le modèle de "haec (fabula) Eunuchus" (Eun. 32). Ici il s'agit non pas du titre de la pièce mais du nom du personnage et il faut donc lire "in hac (fabula) Phormionem", comme le faisait déjà Estienne. 3. Wessner édite "fiscus" et suit la leçon de R, mais C et O donnent "filii" qui laisse supposer une mélecture d'abréviations sans doute "f" suivi de "fisc'". On comprend mieux, dès lors, la leçon de VDML, qui lisent "festus ". Le segment "f. fiscus" a pu être lu "ffistus", puis normalisé en "festus". 4. Wessner ajoute ici "prope" qui ne se trouve que dans R. Il n'est pas vraiment utile. 5. V et les deteriores selon Wessner ont un texte très différent "in processu" et V met de plus le verbe au passif "ostenditur". Dans les deux cas, l'idée dégagée est que les rôles secondaires se déterminent progressivement suivant leur place dans l'intrigue. On peut hésiter entre les deux textes, mais le passage de l'actif au passif chez V laisse pour l'ensemble supposer une correction par reformulation, jugée ensuite plus claire que l'original et substituée à lui. La cause peut en être qu'"actus" n'a pas ici le sens, habituel dans ce contexte, d'"acte de la pièce", mais d'"action des personnages". 6. Wessner normalise la mention des édiles curules en éditant "Merula L. Postumio Albino aedilibus curulibus". Les manuscrits s'accordent, à quelques erreurs onomastiques près, sur le texte que nous éditons. La formulation n'est sans doute pas le décalque de la didascalie, mais une libre interprétation par le commentateur, d'ailleurs probablement fausse (voir la note suivante), et à coup sûr contraire à l'usage des nomenclatures officielles romaines. 7. Wessner propose d'athétiser "Cassio" suivant Wilmans, sous le prétexte sans doute que Lucius Cassius Atilius n'est pas un nom romain acceptable et que Lucius Atilius est, lui, bien connu (Atilius Praenestinus cité dans la préface de L'Andrienne). Il nous semble, à la suite de Tansey (2001), que Donat mélange deux didascalies, celle de la représentation de 141, avec Atilius et Ambivius, et celle de 106 avec Cassius, seul ou avec on ne sait qui.8. Wessner athétise le texte unanime des manuscrits "filio", à juste titre sans doute, car Flaccus est plus probablement l'affranchi de Claudius que son fils. Les manuscrits ont pu lire "claudii" à partir de "claudi l." (pour "liberto"), puis l'expression "Flaccus Claudii" semblant incomplète, rajouter "filio" selon la règle traditionnelle de l'onomastique. 9. Tous les manuscrits donnent comme praenomen Cnaeus, soit en toutes lettres, soit abrégé "Cn.", mais il semble qu'il y ait eu une confusion avec le Cnaeus Fannius que l'on voit dans les Verrines de Cicéron. En effet, le consul de 161, associé à Marcus Valerius (Messala), est bien Caius Fannius (Strabo).10. Tous les manuscrits de Wessner sauf R (qui lit "actionem") portent ce texte. Wessner suivant Leo (1883) édite ici le texte de R, mais l'autre variante n'est pas à rejeter si l'on admet que "narratio" signifie ici l'intrigue de la pièce dont le prologue, ouvertement métathéâtral, se distingue.11. Tous les manuscrits de Wessner sauf D portent ce texte. Seul D et Wessner lisent "quo". Les deux textes sont possibles, nous choisissons de nous ranger à la majorité des témoins contre un leçon apparemment isolée. 12. Wessner édite "eius" leçon isolée de R, tous ses autres manuscrits lisant "suo". "Eius" nous paraît une hypercorrection grammaticale de R ou de sa source, car, avec "suo", on devrait comprendre qu'il s'agit du propre fils de Chrémès. Le texte "suo" peut s'expliquer de deux façons. Soit le mot "filius" signifie ici "neveu", ce qui est courant dans la littérature tardive en particulier épistolaire, où "filius, filia" désignent les enfants par le sang ou par alliance, soit il s'agit d'un emploi grammaticalement forcé du réfléchi pour référer non au sujet "Chremes", mais à "fratre" qui est tout proche et qui peut s'expliquer par des tours bien connus du genre "misit Magonem cum classe sua (Liv.)". Dans l'esprit de Donat, il n'y a sans doute aucune ambiguité possible, parce qu'on voit mal Chrémès marier ensemble son fils et sa fille.13. Nous conservons comme Wessner le texte de R, car "falso" donné par tous les autres manuscrits utilisés par l'éditeur allemand semble une "lectio facilior".14. Ce texte, qui est celui de Wessner, est donné par RCO, les autres manuscrits consultés (VMam) portant "quamquam". Cette dernière conjonction paraît toutefois difficile à maintenir, car il ne s'agit pas d'une concession, mais de la manœuvre du jeune homme qui fait croire, poussé par Phormion, qu'elle est sa parente, sans savoir qu'elle l'est réellement. La substitution de "quasi" par "quamquam" a induit chez les mêmes copistes ou sans doute leur source l'ajout de "tamen" après "tamquam".15. Nous rétablissons ici le texte des manuscrits, contre Wessner qui suit une conjecture de Reifferscheid (1875) qui lui fait écrire "si eam parasitus ipse ducat uxorem, det". On peut très bien s'en passer, même si le texte de Donat n'est pas très clair notamment en raison des multiples changements de sujets.16. Tous les manuscrits lisent ici "ante" que Wessner, suivant Schoell, propose d'athétiser. Il est vrai que les deux "ante" consécutifs rendent la construction difficile. On peut supposer une mélecture d'abréviation à date ancienne, par exemple pour "aperte" que nous proposons à titre de conjecture. Estienne avait proposé "factus" qui paléographiquement est difficilement explicable.17. Pour cet acte, comme pour le précédent, Wessner, suivant Schoell, suppose une lacune au motif que toutes les scènes de l'acte ne sont pas résumées. Toutefois rien n'empêche de supposer que le commentateur est allé à l'essentiel pour se concentrer sur les actes 3 à 5 où se trouve l'essentiel de l'action.18. RK notent ici en marge "consumpte erant littere ob uetustatem" (le temps a effacé les lettres). Notons qu'il peine également à lire la suite. On voit clairement ici que les copistes de RK se livrent à un travail extrêmement soigneux, ce que confirment leurs restitutions probantes du grec dans ce début.19. Wessner édite "agnitam", conjecture d'Estienne, mais tous les manuscrits portent "cognitam" que nous rétablissons.20. Texte de C, tous les autres manuscrits et Wessner supprimant un des deux "uxor", on comprend aisément pourquoi. Cependant c'est probablement C qui a raison, car, Phanium étant déjà mariée, son époux reçoit désormais le droit de son père de traiter son épouse en épouse.21. Nous rétablissons pour cette phrase l'ordre des mots que nous trouvons majoritairement. Wessner, comme Estienne, suivait RCO et éditait " Phanium. Nuntiatur Antiphoni et Phormioni per Getam, Phanium a patre agnitam permissamque, ut uxor habeatur". Le sens n'en est guère affecté.22. Texte quasiment unanime, mais R prend visiblement le parti de voir ici un élément d'argumentation en lisant "a destructione" (début reposant sur la destruction de l'adversaire). Ce texte n'est pas impossible, mais nous nous en tenons à la leçon très majoritaire.23. Dans la tradition représentée par VMam ce mot ne figure pas. Il peut en effet avoir été induit par la confusion de l'adverbe "modo" qui précède avec le datif de "modus", ce qui impliquait un parallélisme.24. Wessner répète ici les mots "poeta uetus" du lemme, mais COV les omettent. Nous les suivons. Comme souvent dans pareil cas, il n'est pas nécessaire de répéter pour comprendre ce que commente Donat.25. Après ce mot, Wessner, suivant Estienne, ajoute un "ut" censé clarifier. Il ne sert à rien.26. Wessner édite "annus" qui paraît pouvoir se déduire de ce que lit C "añus", OV lisent "annis" qui fait contresens, mais RMma lisent très subtilement "ennius" d'ailleurs graphié "emnius" chez a. A supposer que ce texte n'ait pas été induit à date ancienne par l'expression "uetus poeta", c'est très probablement le bon texte.27. Les manuscrits de Donat lisent majoritairement "notos puero puer", qui a pu être induit par la construction bien connue de "notus" avec le datif et non par le texte virgilien qui semble assez consensuel sur ce passage.28. Wessner édite l'actif "audire" donné par COV, mais RMam donnent le passif "audiri", sans doute plus satisfaisant pour rendre compte de la valeur autonymique de "nouum".29. Wessner édite "TRANSDERE 'transdere' ueteres sonantius quod nos lenius 'tradere', ut 'translatum' nos, <illi> 'tralatum' e contrario", dans lequel "illi" est un ajout personnel à partir des Scholia Bembina. Les manuscrits sont assez divisés sur le détail du texte, comme sur la frontière entre les scholies. Notre texte reprend la lecture de R sauf sur un point, R lisant "quam", là où nous lisons "quod" (VM par exemple). Tout le reste est simple affaire de ponctuation.30. Wessner édite, sans le dire, exactement ce qu'il lit chez Estienne, qui s'est montré ici extrêmement ingénieux. Les manuscrits lisent à peu près consensuellement "leuius ter hinc an(n)us conseruatam c a a/t id dedit h u d e decusserat (decus serat)", m ayant pour sa part renoncé après "conseruatam". Il semble qu'assez rapidement les copistes aient cru voir des initiales de mots dans une citation implicite. Estienne a tenté de tirer quelque chose de ces lettres éparses et cela donne le texte Wessner "leuibus huic hamis c. a. t. d. h., u. d. et t. i. a". Il s'agit là d'En. 5, 259 et 262, tout simplement parce qu'Estienne a prolongé la citation jusqu'à ce qu'il trouve "uiro" qui lui paraît expliquer "homo". Il faut donc lire si l'on suit Estienne "leuibus huic hamis consertam auroque trilicem ...donat habere, uiro decus et tutamen in armis". Le caractère acrobatique du travail d'Estienne le rend extrêmement suspect. Supposons, comme nous le faisons, que les manuscrits aient lu exactement ce qu'ils écrivent. Le premier mot peut alors se comprendre non comme l'adverbe, mais comme le nom de l'auteur de la citation qui suit : Laevius. On s'aperçoit alors que si l'on scande la section assurée qui suit c'est-à-dire "ter hinc anus conserua tam", on obtient le début d'un sénaire iambique. Le peu que nous savons de l'œuvre polymétrique de Laevius (voir Ledentu (2004, 157) et Granarolo (1971, en particulier 4-35)) ne s'oppose pas à cette hypothèse. On peut même sans doute compléter le sénaire en supposant simplement la chute d'une lettre dans le groupe c a t, pour avoir l'adverbe "cate". En effet si la citation est bien du Laevius une forme abrégée est peu vraisemblable. Pour le vers suivant en revanche en dehors de la fin qui peut se reconstituer "dedecus erat" ou "decusserat" voire "decus serat", on ne peut pas tirer grand-chose des débris que nous donnent les manuscrits. De plus, on comprend alors parfaitement pourquoi Donat cite ce vers : il lit "anus conserua", qui lui fait penser à l'emploi de "poetam hominem" chez Térence. Rappelons pour mémoire qu'il fait d'autres commentaires de ce type avec d'autres références cf. Pho. 292, 2.31. Wessner ajoute ici deux initiales pour "conubio iungam", pour trouver le verbe transitif dépourvu de son pronom objet. Cela peut très bien être resté implicite.32. Texte de tous les manuscrits. Wessner suit Estienne qui conjecturait "impudentiam", mais il a tort, car ce que stigmatise ici Donat c'est la stupidité de Luscius, et non son impudence, comme le prouve la scholie suivante.33. Après ce mot Wessner édite un "a" qu'il tire de RC, mais OVMma ne l'ont pas. Il complique d'ailleurs considérablement la construction et la rend à la limite de l'incorrection.34. Wessner édite "quia in comoedia prodigia facta <non> sunt nec tragoedias concitauimus" en se fondant sur les Scholia Riccardiana. Or, aucun manuscrit ne donne ici de négation, ni là où Wessner ajoute "non", ni là où les Scholia Riccardiana supposent "nec". Nous revenons au texte de RCO pour "tragoedias concitamus", et, pour la première partie, au consensus de RCOVMam. Pour expliquer le texte aisément, il suffit de décaler d'un mot le "inquit", ce qui évite d'avoir à postuler des subjonctifs sur les verbes. On comprend aisément qu'un copiste ait pu écrire "inquit quia" plutôt que "quia inquit", car il considérait que la scholie faisait parler Térence alors qu'en fait elle étale simplement ironiquement la sottise de Luscius.35. Wessner qui tient ce texte pour la scholie 2 édite "Et †callide errori reprehendentis, sed etiam imperite scribere ostendit Luscium Lanuuinum.", ce qui n'a aucun sens, mais représente globalement le substrat commun à tous les manuscrits... sauf O qui lit ce que nous éditons, à l'exception de deux oublis, un certain, celui de "scripsisse", un probable, celui de "ipsum". Le caractère souvent erratique des leçon de O nous invite ici à supposer qu'il n'a pu inventer un texte aussi syntaxiquement parfait, mais aussi difficile à comprendre. En effet, contre toute attente, le "ne" se rattache à "ideo" du début de la scholie alors qu'on pourrait construire "ideo quia". Le sens est "la raison pour laquelle il dit 'nous semblons etc., au motif que, selon Luscius, etc...', c'est non seulement pour ...., mais pour....". La difficulté du texte a sans doute été accrue par la chute de "ne modo" remplacé par un "et", par celui que Wessner considère comme seconde main. Du coup, les meilleurs latinistes ont tenté de corriger un texte devenu absurde en ajoutant "non solum" (VMam) pour annoncer le "sed etiam". Notre reconstruction du texte supprime de fait une scholie (qui d'ailleurs n'avait pas de lemme) et nous conduit à décaler d'une unité les scholies suivantes.36. Wessner édite " 3 SCRIPSIT legitur et 'fecit'. 4 ADVLESCENTVLVM ut comicam personam ostenderet artificiose etc...", ce qui est parfaitement compréhensible, mais se heurte à deux difficultés. 1-Le texte "fecit" n'est attesté par aucun manuscrit de Térence, ce qui est relativement anormal, car généralement les variantes que fournit Donat se retrouvent dans la tradition de Térence. 2-C et O, qui ne sont pas connus pour leur soin, lisent tous deux "igitur et fecit", leçon que l'on pourrait tenir pour l'une de leurs nombreuses bévues, si le texte ne se comprenait pas beaucoup mieux avec "igitur" qu'avec "legitur". Nous pensons que C et O ont correctement lu, mais que "et fecit" est en réalité une addition qui s'explique par le fait que "scripsit" a été pris pour le lemme -puisque la forme est dans Térence-, et qu'il a fallu lui trouver un commentaire qui en tout état de cause était "igitur". On a donc créé une scholie habituelle avec "legitur et" à la place de "igitur" et on a repris, pour compléter, And. 3 où Donat faisait une remarque semblable. Ce qui a provoqué ce désordre est que le lemme n'est pas le premier mot de la scholie, alors que tout porte à le croire.37. Estienne, suivi par Wessner, écrit le mot en grec. Mais tous les manuscrits ont lu des caractères latins. le problème était qu'ils ne connaissaient pas la figure de peristasis et qu'ils l'ont remplacée par une qu'ils connaissent la "perifrasis", remplacement d'autant plus facile qu'en écriture livresque les deux mots ont une graphie pratiquement identique.38. RCOMam portent l'indicatif, mais Wessner suit V et édite le subjonctif. Comme c'est totalement indifférent nous nous rangeons à la leçon majoritaire.39. Ici R indique "delete erant littere" et marque une lacune.40. Nous choisissons l'indicatif de V (et M) contre le subjonctif de RCO suivis par Wessner. Le subjonctif en effet s'explique mal. Il n'est pas exclu cependant que V qui est excellent latiniste ait corrigé.41. Wessner édite "maledicendum esse Luscio" et n'a pas de scholie dont le lemme serait "is", notre scholie 16, 2 étant chez lui 16, 1. Toutefois, on constate une incertitude sur la cas de ce qu'il édite "Luscio" et qu'on lit "Luscius" (C), "Luscio" (R) voire qu'on ne lit pas du tout (V). Comme, en outre, O est le seul à donner le texte "is scilicet lutius lauinius", il est aisé de supposer qu'il s'agit d'une scholie authentique à rattacher au vers 16 comme nous le faisons. La disparition de "is" et "scilicet" a entraîné la nécessité de rattacher plus ou moins mal le nom propre à la scholie précédente. Le nominatif de C, comme le fait que V n'a pas le nom propre rendent notre reconstruction presque certaine.42. Sur ce lemme vide, voir la note à 19.43. Wessner édite le commentaire suivant avec le lemme 18, 3, tout en indiquant à juste titre que le commentaire n'est pas à sa place. Nous remettons le commentaire à sa place. En effet, Wessner lemmatisait ici "benedictis si certasset av. b.", mais il le faisait contre l'autorité de tous ses manuscrits qui considèrent que le lemme s'arrête à "certasset", même s'ils ne sont pas d'accord sur ce qui suit. La présence de "bene" à la fois dans le vers de Térence et dans la scholie a provoqué quelques désordres, mais R a probablement conservé le bon texte en lisant "an hoc bene". La présence de ce "an" implique que ce segment soit précédé d'un autre, et la logique du commentaire commande d'importer ici cette scholie laissée dans une place impossible par Wessner. Pour le participe "respondens", nous suivons la leçon des manuscrits RCO. V lit "respondet", mais il peut s'agir d'une correction pour éviter la collision avec "lacessitus". 44. Après le grec, V porte un "i" et R une abréviation qui pourrait être soit "pro", soit "prae" soit encore une mélecture pour "prior" ou "primus". Nous rétablissons un numéral suivant ce que nous lisons dans V et "prior" parce que ce mot se trouve au vers 14.45. Tous les manuscrits qui notent du grec écrivent quelque chose qui ressemble d'assez près à ce que nous éditons. Estienne préfère corriger en λέγοντος qu'il emprunte à 270, sans aucune raison.46. Les lexicographes hésitent, pour l'accentuation de ce mot grec, au demeurant rare et de sens peu clair, entre "φόρμιον" (Lewis & Short) et "φορμίον" (Bailly, Liddell-Scott-Jones). Dans le doute, nous gardons la forme que lui donne Wessner.47. Wessner édite "propositio", texte unanime de tous ses manuscrits, sauf V qui donne "praepositio". Nous pensons, quant à nous, qu'il s'agit d'un commentaire sur "aequo" qui signifie "équitable" et non "égal", ce qui fait de lui un adjectif positif et non comparatif d'égalité. 48. Wessner édite "circa omnes" texte du seul D, alors que tous ses autres manuscrits ont "circa omnem". On en déduit aisément que D, devant un texte qui ne signifie rien, a corrigé le singulier en pluriel. O, quant à lui, a complété en marge "omnem" en indiquant "actorem" et il est probable qu'à défaut d'avoir le bon texte, il a la bonne interprétation (voir scholie suivante). Nous proposons cette restitution pour expliquer comment on a pu arriver à lire "omnem". 49. Ce mot se trouve seulement dans le groupe CO, mais il est très plausible, comme l'est également son élimination par les autres en raison à la fois de la difficulté du texte et de la proximité de "reliquisse". Sa disparition peut donc relever d'une forme d'haplographie. 50. Ce fragment d'Ennius présent dans le seul manuscrit R, mais connu en particulier par le De senectute de Cicéron, a toutes les chances d'être un ajout savant du scribe dont on connaît par ailleurs le soin et la finesse. Les autres manuscrits de Wessner s'arrêtent avant l'exemple. 51. La ponctuation utilisée par Wessner peut prêter à confusion : il édite en effet "… inducat ; cui dum hoc…", alors que "cui" est un véritable pronom relatif, et non un relatif de liaison. Nous corrigeons donc en "… inducat, cui dum hoc…".52. Wessner éditait "discat populus textum et continentiam rerum" ; il s'agit d'une conjecture de Westerhof. Tous les autres manuscrits (à l'exception de O qui propose "textum et continentia" – ce qui n'a pas de sens) donnent "textum ex continentia", solution qui nous paraît préférable : elle permet en effet de restituer le lien qui unit "textum et continentia", la hiérarchie qui existe entre eux. Le public apprend en effet la trame ("textum") de la pièce à partir ("ex") du contenu factuel ("continentia rerum") : les deux éléments ne sont pas sur le même plan (d'où l'abandon de la conjonction de coordination "et" de O), mais la trame de la comédie est constituée de faits, et l'on ne peut percevoir cette trame sans prendre connaissance, au préalable, de son contenu factuel.53. Wessner éditait "miri", ce qui est la version donnée par les Scholia Bembina ; tous les autres manuscrits donnent "mire", et c'est la leçon que nous retenons.54. Wessner édite "uilis e populoque factus" ; or "e" est un ajout d'Estienne. Goetz propose d'éditer "profectus", ce qui nous paraît faire contresens (si le personnage est sorti du peuple, il ne peut plus être qualifié de "popularis"). Nous proposons d'éditer "populoque facetus", en considérant qu'il y a eu mélecture sur "facetus", et en proposant une construction de ce mot avec un datif d'intérêt. Cette restitution est conforme à la logique de cette scholie, qui vise à faire la synthèse des scholies précédentes : on y retrouve en effet la notion d'humilité (présente dans la scholie 10 avec "humilis") et l'idée que le personnage est apprécié du peuple (que l'on trouvait déjà dans la scholie 8) ; cette synthèse est achevée dans la fin de la scholie 11, qui mêle les concepts d'humilité ("sordidum"), de citoyenneté ("ciuem" –cette notion était présente, plus haut, dans la scholie 9), et de popularité auprès du peuple ("popularem").55. Wessner conjecturait "et ille a me exigit" sur un texte des manuscrits particulièrement désordonné ; cependant V, qui propose "illemet" nous paraît préférable : cette forme renforcée du pronom "ille" est en effet attestée dans l'Ars de Diomède (GL I, 332, 11) ; son emploi serait justifié par la volonté de Donat, qui restitue ici le propos de Dave, de rendre ses paroles les plus vivantes possibles et d'imiter le style térentien. Les leçons "ille me te" et dans une moindre mesure "illi merito", donnée respectivement par C et D, peuvent résulter d'une incompréhension de "illemet". La leçon de R "ille mea", est une simplification évidente, dont le sens n'est guère satisfaisant.56. Le mot "Graeci", conjecture d'Estienne à cet endroit, ne s'impose pas puisque le mot est déjà en grec.57. Wessner édite "morem pro lege esse queritur" en suivant la conjecture de Sabbadini (1897), mais tous les manuscrits donnent "morem pro lege conqueritur" ; nous retenons donc cette version du texte.58. Wessner édite ainsi "constitutum. Ei legitur hi". Mais les manuscrits COV portent "constitutum ei legi" ; on peut supposer qu'il s'agit d'un datif complément du passif, mais plutôt voir dans "legi" une faute qui s'explique par la présence de "ei" et masquant un "lege". Nous faisons de "ei" un datif representant le personnage et éditons donc ces mots comme la fin du lemme 1. La numérotation des lemmes de ce vers est donc en décalage par rapport à celle de l'édition Wessner.59. Wessner édite : "assis libra erat eiusque partes unciae ; rursum unciae unius duodecima pars libella dicebatur" (l'as équivalait à une livre et ses subdivisions étaient les onces ; inversement, on appellait "livre" le douzième d'une once). Cette version du texte n'est évidemment pas satisfaisante, puisqu'elle se contredit : une "libra" et une "libella" étant une seule et même chose, l'once ne peut pas à la fois être une subdivision de la "libra" et la "libra" une subdivision de l'once. On peut dès lors proposer deux corrections à la seconde partie de la phrase : a) "unciae duodecim libella dicebatur" (on appelait livre douze onces) , b) "uncia duodecima pars libellae dicebatur" (on nommait once le douzième d'une livre) ; cette version nous paraît être préférable, parce qu'elle est celle qui modifie le moins le texte : on conserve en effet le terme de "pars", ainsi que "duodecima".60. Wessner édite "siquidem ipso loquitur" ; "de ipso" est une conjecture d'Estienne. Il est préférable de suivre la leçon donnée par l'ensemble des manuscrits, et d'éditer "siquidem ipsum loquitur".61. Leçon du seul manuscrit V qui mérite d'être retenue car elle précise bien le sens de la remarque.62. Ce mot est un ajout d'Estienne que nous conservons.63. Wessner édite "redhibitio debiti", en se fondant sur le texte des Scholia Bembina : "redibitio" ; tous les autres manuscrits donnent néanmoins "redditio", et c'est la leçon que nous choisissons d'éditer, en considérant qu'une mélecture de l'expression "redditio debiti" a conduit à "redibitio debiti".64. Wessner édite "e re argumenti", ce qui est une conjecture de Teuber ; l'ensemble des manuscrits donnent "uere argumentum" (à l'exception de R dans lequel "uere" est omis). Dans le commentaire de L'Eunuque, 840, nous avons édité "e re argumenti", qui a été traduit par "c'est une nécessité commandée par l'intrigue que de…". L'apparat critique de Eun. 840 (p. 453, l. 3) dit, pour la leçon éditée "et iam e re argumenti" : "ẽt cherea argumenti" (T), "cherea ẽt argumenti" (C), et "de necessitate argumenti" (V) ; corr. W. (cf. ad Phorm. I, 2, 9). Comme on voit, le texte de Donat est assez mouvementé à cet endroit, et Wessner se sert de la conjecture de Teuber dans Ph. 59 pour "harmoniser" le texte de L'Eunuque. C'est assez astucieux pour le passage désordonné de L'Eunuque, beaucoup moins justifié ici, où les manuscrits donnent un texte très satisfaisant.65. "Quae dicitur" et "bono" se trouvent dans le manuscrit I (Reeve (1979, 317)) et fournissent un texte excellent que nous conservons, en raison du caractère absolument topique de l'argument "cui bono", que l'on trouve par exemple chez Cicéron (Rosc. 84, 9), Asconius (Mil. 40, 15) etc. Schoell avait déjà conjecturé "bono".66. Les deux "qui" édités par Wessner sont des conjectures de Sabbadini (1897, 294) que nous retenons ; l'ensemble des manuscrits donne "cui" à deux reprises.67. Ce mot est donné par la branche Δ (cf. Reeve (1979, 315)), et fournit un texte excellent.68. COV proposent "quia" plutôt que "qua" et nous les suivons.69. Wessner n'édite pas la réponse "omnium", que l'on trouve dans CO, et qui justifie l'emploi, dans la suite du texte, de "sed" et de "magis".70. Wessner édite, on ne sait pourquoi, "abeuntis", mais il faut un nominatif pluriel soit "abeuntes".71. Wessner édite "hic relinquunt filiis". "Hic" est une conjecture d'Estienne. Tous les manuscrits donnent "hinc", et dans la mesure où les deux termes sont ici employés indifféremment (cf. "et hinc et hic legitur", nous donnons la priorité à la leçon des manuscrits.72. Wessner édite "complebit", mais nous faisons le choix de suivre le manuscrit V, qui donne "compleuit" : il est ici question de la conduite de Géta, qui ne s'est pas comporté en "magister" puisqu'il a laissé les jeunes gens tomber amoureux.73. Nous éditons "a procul uel porro", alors que Wessner se contente de donner "a porro". Cette double étymologie figure dans les manuscrits CO, mais aussi dans V qui donne "a porro uel procul".74. L'ensemble des manuscrits donnent "in stalagmonisadeo". Ribbeck (1873) propose "uisam" au lieu de "nisa". Nous éditons quant à nous "nisi deo", ce qui permet d'éviter de trop s'écarter des manuscrits, comme le fait Ribbeck, considérant qu'il s'agit d'un ablatif absolu.75. Le manuscrit V précise "retulit perdidi", et nous faisons le choix d'éditer "rettulit perdidi" (en gardant la graphie "rettulit" présente dans tous les autres manuscrits), car cette leçon permet de percevoir plus clairement l'opposition entre "perdidi" et "seruare" qui est ici en jeu.76. Wessner édite "oportuerit", correction de Sabbadini que nous conservons. R donne "oportuerat", mais ce plus-que-parfait n'est pas satisfaisant. OV donnent "oportueret", forme barbare, et C "oportuere" : aucune de ces leçons ne paraît convenir.77. VCO donnent "quartum" au lieu de "tertium" (que semble donner R). Il s'agit effectivement probablement d'un pléonasme de la quatrième catégorie. Le scribe a pu confondre les nombres, surtout si son modèle portait, comme attendu, le nombre écrit en chiffres et non en toutes lettres ("III" au lieu de "IIII").78. "Puellulam" est une correction de Westerhof que nous conservons ; les autres manuscrits donnent tous "puellam", or c'est bien "puellulam" qui figure dans le texte de Térence.79. Wessner édite "cum τύπῳ", conjecture d'Estienne que nous acceptons.80. Wessner suit la conjecture de Teuber (1881, 22) en éditant "plurali" contre tous les manuscrits qui lisent "singulari". Cette conjecture n'est pas nécessaire, ce que veut dire Donat est que le personnage utilise un pronom pluriel pour une réalité singulière, lui-même. 81. "Domum" est un ajout de Goetz que nous conservons.82. Sabbadini (1897, 295) ajoute ici "quid sit", mais la scholie se comprend bien sans.83. Wessner ajoutait un "non" que nous supprimons, le texte se comprend sans lui. C'est bien dit précisément parce qu'avec ses seules souffrances, Antiphon parvient à bouleverser tout le monde.84. Conjecture d'Estienne pour un texte grec de V incompréhensible : παρασεης.85. Ces mots ne figurent que dans l'editio princeps, mais ils sont fort à leur place.86. Les manuscrits donnent "hic", et c'est cette leçon que nous retenons, bien que tous les manuscrits de Térence donnent "quo", et que Sabbadini (1894, 107) propose de lire "hoc".87. Ces mots ne figurent que dans l'editio princeps, mais ils conviennent parfaitement.88. Wessner édite "sic et alibi 'capillus passus, prolixus, circum caput reiectus neglegenter', — 2 passvs temere dispersus . — ut pars magna", mais il faut déplacer la seconde main pour rendre le texte compréhensible. On obtient alors le texte suivant : "sic et alibi 'capillus pexus, prolixus, circum caput reiectus neglegenter', ut pars magna. — 2 passvs temere dispersus. —".89. Wessner a déplacé ces mots grecs, en créant artificiellement un lemme 104,4, dans l'idée que cela commentait "imus, uenimus", etc. En réalité la description de la jeune fille correspond sans doute mieux à la nature de l'enargeia. Il faut également modifier la ponctuation après "ipsam" ce qui permet, contre Sabbadini (1894, 109), de garder "enim" à la place qui est la sienne dans les manuscrits.90. Wessner édite "peti" qui est une conjecture d'Estienne ; les manuscrits donnent "petit", que nous rétablissons, car la construction est possible bien que difficile.91. Le texte est ici extrêmement douteux. Wessner édite "cum ἐμφάσει uel † αιρης dixit", et voit donc dans ce passage un locus desperatus. Les manuscrits proposent, au mieux, une succession de caractères grecs incompréhensible, à l'exception de V, qui donne "cum εμφασι uel αιρης". R et C en raison de la taille de leur blanc peuvent laisser entendre qu'il n'y avait qu'un seul mot commençant par ε si l'on en juge par C. Si l'on suit la leçon proposée par les manuscrits RCO, on peut cependant éditer "cum ἐμφάσει uel ἄρσει dixit", en comprenant le terme d'"ἄρσις" (qui signifie "soulèvement", "élévation") au sens de "fait de lever la voix". On pourrait supposer, au lieu du texte que nous proposons à la suite d'une correction habile de Schoell, "cum ἐπάρσει".92. Wessner édite "civem esse Atticam bonam 'ciuem' quod ad iura pertinet, 'bonam' quod ad ipsam". Mais "esse Atticam bonam ciuem" est un ajout de Wessner qui nous paraît superflu. On peut en effet tout à fait éditer "civem quod ad iura pertinet, bonam quod ad ipsam", en comprenant "civem" et "bonam" comme des lemmes.93. Tous les manuscrits donnent "a maioribus", et cette leçon nous paraît convenir. Nous rejetons donc la conjecture d'Estienne, qui propose, en se fondant sur le "pertinet" de la scholie précédente, "ad maiores".94. Nous adoptons la correction que Wessner apporte au texte des manuscrits, qui portent "nuptias".95. Wessner éditait une conjecture de Sabbadini (1897, 296) "si sperari". RCO donnent seulement "sperari". V donne "ne sperari", qui met à notre sens sur la voie du bon texte "ni sperari".96. Wessner édite "si cum, ut sit : cum redisset" mais "si cum ut sit" est une conjecture personnelle. Les manuscrits donnent seulement "cum si". Nous proposons donc "si cum redisset", énoncé certes elliptique, mais assez conforme aux usages de Donat.97. "Dixerat" est une correction d'Estienne. RCV donnent "dixeras" et O "dixeris". La troisième personne du singulier est ici la seule solution possible.98. Tous les manuscrits donnent "si", leçon impossible qu'Estienne corrige en "qui". Mais la correction "is" que nous proposons nous paraît à la fois plus économique et tout aussi simple. 99. "Et" édité par Wessner est une conjecture de Lindenbrog. Tous les manuscrits donnent "ex", que nous adoptons.100. Nous retenons comme Wessner une conjecture de Schoell, contre les manuscrits qui écrivent "desuper" qui n'a ici aucun sens.101. Les manuscrits RC donnent "subaudiuimus". OV donnent "subaudimus". Schoell avance, à titre de conjecture, "subaudibimus". Nous éditons "subaudimus" comme OV car le parfait est improbable, le futur est barbare (et ne correspond pas aux usages de Donat, qui sait qu'on dit "subaudiemus"). Le présent va d'autant mieux si on réunit les deux phrases de la scholie en une seule avec interrogation double, au présent dans les deux cas : "simpliciter accipimus an subaudimus quamuis ut sit : quamuis uirginem ?", "est-ce que nous nous comprenons 'uirginem' tout seul ou est-ce que nous sous-entendons 'quamuis'... ?".102. Les manuscrits donnent bien "sensus", mais R. Kauer (1900, 40 et suiv.) proposait de lire "uersus", en se fondant sur le commentaire au vers 325 du Phormion, où Donat écrit, à propos de "denique" : "hanc particula in ultima ponit sententia". Néanmoins, comme "sensus" est la leçon donnée par tous les manuscrits sans ambiguïté, c'est celle-ci que nous conservons. Tout au plus peut-on remarquer que Ménage, dans sa lettre à Graevius du 21 mars 1688, lit bien "in fine sensus", mais comprend "in fine uersus", puisqu'il écrit : « il ne peut être révoqué en doute que Térence n'ayt fini son vers par denique ; Donat, sur ces paroles du Phormion, 'quid fit denique', qui sont de la Scene 2. de l'Acte I. aïant remarqué que Térence a mis 'denique' dans cet endroit-là à la fin du sens, comme dans celui-cy de L'Héautontimoruménos, 'Fodere, aut arare, aut aliquid ferre denique'. Voicy les paroles de Donat : 'More suo posuit Terentius denique in fine sensus' » (cité par Maber (2005, 105)).103. Wessner édite "ut Lucilius in secundo 'qui te, Nomentane, malum' etc. pergit autem per 'hoc consilium quod dicam dedit'", dans lequel "pergit autem per" est une conjecture personnelle pour un texte des manuscrits "pergit aut qui". Nous éliminons cette conjecture et rétablissons le texte des manuscrits, ce qui pourrait donner "qui te, Nomentane, malum' etc. pergit aut qui 'hoc consilium quod dicam dedit'". Dans ce cas, il devient évident que le "aut" indique une deuxième nature possible pour "qui", qui est soit l'équivalent de "utinam", soit le pronom relatif auquel Donat enchaîne sa proposition relative. Reste la question du fragment de Lucilius. Les éditeurs de Lucilius considèrent que ce que Wessner édite sous la forme "et cetera pergit" constitue la fin de l'hexamètre cité ("cetera pergit" donnant une clausule héroïque). Le problème est que l'hexamètre n'est pas scandable en l'état, et les éditeurs corrigent diversement le texte pour obtenir un hexamètre. Nous n'acceptons qu'une seule de ces corrections qui corrige "Montane" des manuscrits en "Nomentane", nom qui se retrouve dans un autre fragment de Lucilius. Nous supposons, pour le reste, que seul le début de l'hexamètre est cité, jusqu'à la coupe hephthémimère. L'hexamètre est alors "qui te Nomentane malum..." et il faut se résigner à ne pas savoir comment il se terminait. Comment alors expliquer "et cetera pergit" ? Les manuscrits donnent "ad cetera pergit", ce qui se comprend parfaitement, si Donat ne cite qu'un élément d'hexamètre et met la citation en rapport avec l'aposiopèse que comprend le vers de Térence, et donc sans doute celui de Lucilius. Nous éditons donc "et ad cetera pergit" qui nous paraît respecter parfaitement l'idée que, si "qui" vaut pour "utinam", il y a aposiopèse (il n'y a pas de verbe) et le personnage passe à la suite ("toi, Nomentanus de malheur, que les dieux te..." chez Lucilius, "l'impudent... que les dieux le perdent !... a donné le conseil que je vais te dire" chez Térence). A l'appui de cette reconstruction, notons la même analyse très explicite au lemme suivant.104. Conjecture certaine d'Estienne, le "grec" des manuscrits étant illisible.105. Wessner édite à cette place "unde" qui est un ajout d'Estienne, de sorte que l'on lit "ut rediret ad nominatiuum casum 'qui', unde aberrauerat et 'illum' dixerat". Sabbadini (1897, 296), quant à lui, propose de remplacer "unde" par "a quo". En réalité, aucun ajout n'est ici nécessaire : pour nous, "qui" n'est pas un autonyme et il faut éditer "ut rediret ad nominatiuum casum qui aberrauerat et 'illum' dixerat", et comprendre "pour qu'il revienne au nominatif, lui qui s'en était éloigné en disant 'illum'".106. Les manuscrits donnent "a persona iustum quocumque agitur" ("quodcumque" pour V), qui n'a pas grand sens. Nous supposons que le groupe "eiuscumquotum" a été mal lu par simple inversion de "c" et "t" ("cum/tum"). A partir de là, le texte n'était plus compréhensible.107. Wessner édite "ἀπογραφὴν † τοναι", mais on peut proposer, en se fondant sur l'apparat critique, "ἀπογράψομαί σε".108. "In personis" est un ajout de Sabbadini (1897, 296), indispensable à la compréhension du passage.109. Si l'on considère qu'il s'agit d'un type d'argument, on peut faire droit au texte des prétendus deteriores "a persona" contre celui des meilleurs manuscrits "ad personam". Toutefois le texte des manuscrits tenus par Wessner pour les meilleurs n'est pas impossible.110. Les manuscrits donnent "totum". Sabbadini (1897, 297) supposait plutôt "τὸ", mais la conjecture est inutile.111. Wessner édite "totum ἐν ὑποκρίσει", mais "totum" est un ajout de Schoell motivé par le "totum" donné par les manuscrits dans la scholie précédente, et par le "totum" que l'on trouve dans la scholie suivante. Néanmoins, il ne nous paraît pas judicieux de le conserver, dans la mesure où l'on ne trouve rien, dans les manuscrits, qui le justifie.112. "Dicens" est une conjecture d'Estienne que nous conservons, la leçon "dicit", donnée par RCO ne permettant pas de construire correctement la phrase.113. Wessner se demande s'il ne faut pas lire "proprie" plutôt que "prorsus" qu'il édite cependant. La conjecture de Wessner "proprie" est assez habile, car Donat rappelle le lien qui existe au sens "propre" entre les deux mots apparentés "refellere" et "falsitas".114. Le mot "συκοφαντεῖ" est une conjecture de Schoell. R donne "συτωφηλυα" et V "σϋτωφηλυα" (et dans la marge "uel σϋκωφαντα").115. Wessner édite "et iam eum sub certo interitu defleas", en suivant Estienne qui conjecture "defleas" alors que tous les manuscrits donnent "defleat". On peut néanmoins conserver la leçon donnée par les manuscrits et éditer "defleat". On considère alors que l'on change de sujet en cours de phrase, le sujet de "defleat" étant Dave, et "eum" renvoyant toujours au malheureux Géta.116. Wessner édite "in tali re attingenda" qui est une conjecture de Schoell. V donne "in tali re tangenda", RC "in alia reticenda" et O "in alio recitanda". Toutes ces leçons peuvent provenir d'une mélecture de "in tali re dicenda" réinterprété en "in tali reticenda" à même d'expliquer toutes les autres leçons.117. En grec chez Wessner, mais en latin dans les manuscrits. Nous le conservons ainsi.118. Tous les manuscrits donnent "paedagogus est ille", mais nous tenons compte de la correction de Sabbadini (1897, 297) qui supprime "est" et rétablit ainsi la citation exacte.119. Notons que l'editio princeps donne "δεικτικῶς sic".120. Wessner édite "nam nemo non cum spe amat", où "nam" est une conjecture de Schoell, que nous supprimons et "non cum spe" de Sabbadini (1897, 297). V donne "cum non spe" et RCO "cum ne spem". Aucune de ces leçons n'est satisfaisante, mais on peut logiquement tirer de "cum ne spem amat" une forme "sperarat", qui invite ensuite à lire "cum non sperarat". La construction de "cum" avec le plus-que-parfait de l'indicatif a pu troubler le scribe.121. Tous les manuscrits donnent "animaduertite quid" (sauf V "animaduertite quoad"), que Wessner corrige en "animaduerte τὸ quid". Cette conjecture de Wessner est probable, Donat ne s'adressant jamais à son lecteur au pluriel. De plus "animaduertite" peut provenir facilement d'une mélecture de "animaduerteto", compris comme un seul mot.122. Wessner ajoutait ici un "et" inutile.123. Wessner édite "in qua sit audax locutor Phaedria", où "sit" et "locutor" sont des conjectures de Schoell, pour respectivement "sic" (dans tous les manuscrits) et "loquitur" (manuscrits RCO) ou "inducitur" (manuscrit V). Il est préférable d'éditer "in qua sic audax loquitur Phaedria", en construisant "sic" avec le "ut" suivant, et de traduire "dans laquelle Phédria s'exprime en audacieux".124. Wessner édite ici un "qui", conjecture de Bentley signalée par Wessner, inutile à notre leçon.125. Cet élément se trouve ici dans les manuscrits, mais Estienne l'avait déplacé, à tort selon nous, à la fin de 153, et Wessner l'avait suivi. Nous reprenons l'ordre des scholies tel qu'il figure dans les manuscrits mais nous conservons en revanche la correction d'Estienne en "fugiturus" pour le "futurus" des manuscrits.126. Wessner édite "et aduenti et aduentus" où "aduenti et" est un ajout d'Estienne qui n'est pas indispensable. Nous éditons donc le seul "et aduentus".127. Ajout d'Estienne qui paraît évident au vu de la citation, bien connue des grammairiens, de la Médée d'Ennius.128. Wessner édite "ἀνθυποφορὰ μονομερής 'non potitus essem'. non enim illa 'sed potiri uoluisti' posuit ut 'uerum anceps pugnae fuerat fortuna fuisset'. hic enim utraque pars ponitur", en tenant compte des corrections apportées par Sabbadini (1897, 297) et Estienne. Or le texte des manuscrits, consensuel au moins dans son ordre, invite à lire "Antropophora (****) ut 'uerum anceps pugnae fuerat fortuna. fuisset '. hic enim utraque pars ponitur. 'Non potitus essem' monomeres non ne (ut) illa 'sed (hic) potiri uoluisti' (pos)uisset". Il est assez aisé de comprendre qu'il y a en réalité deux commentaires. Le premier relève la figure et compare avec Virgile, le second ajoute une qualification rare ; cette figure est "d'un seul tenant", car on a la réponse à l'objection, mais non l'objection elle-même. On peut donc considérer qu'il faut conserver l'ordre des manuscrits. Pour la fin, désordonnée dans les manuscrits, on peut supposer simplement la disparition d'un "si", dont la restitution rend viable le texte de V qui porte "ut" au lieu de "ne" et construire "non ut si illa... posuisset". A ce moment, la scholie redevient parfaitement compréhensible. 129. Wessner ajoutait "igitur" sans aucun motif apparent. Schoell conjecturait "itaque" sans plus de motif. 130. Correction d'Estienne pour un "continente" des manuscrits qui n'a pas de sens.131. Nous reprenons avec Wessner une conjecture de Hartman (1895) pour un texte des manuscrits "aduersa et contraria" qui aboutit à un contresens, Antiphon étant aux yeux de Phédria parfaitement heureux avec sa bien-aimée.132. Estienne (suivi par Wessner) ajoutait ici "et" , qui ne sert à rien. Nous le supprimons.133. Wessner éditait "optandam", conjecture d'Estienne, mais le texte des manuscrits "optanda" est plutôt plus facile à construire et plus latin.134. Nous conservons, comme Wessner, le texte de V, contre les autres manuscrits qui proposent, sans doute induits en erreur par le contexte de la scène, "nubentibus".135. Wessner édite une conjecture de Sabbadini (1897, 298) "auemus", pour un texte des manuscrits qui tend à un consensus sur "habemus" (ROC). Le texte de C et celui de O expliquent la confusion. En effet "amamus" est une glose de "habemus" (visant sans doute à recontextualiser la remarque), qui s'est introduite dans certains manuscrits et qui survit sous la forme "amamus aliter habemus" de C. "Auemus" est une lectio difficilior, trop peut-être. Reeve (1979, 316) paraît défendre la leçon "agimus", mais elle est nettement moins bonne que "habemus" en raison du sens du verbe "proueniunt". Notons que, dans son système, "habemus" est la leçon de K dont il souligne par ailleurs l'importance, ce qui renforce notre hypothèse.136. Ingénieuse conjecture de Wessner que nous adoptons. Le texte des manuscrits "dictum quod" n'est pas en soi impossible, mais il faut postuler un "idem" voire "idem est" et comprendre "'tamdiu' est ici la même chose que 'tantum diu'".137. Conjecture judicieuse d'Estienne, mais les manuscrits V et R avaient assez bien conservé le mot.138. Conjecture d'Estienne contre les manuscrits qui, induits en erreur par "amore", lisent ici un ablatif "copia". 139. Les manuscrits donnent tous ce texte que Wessner a corrigé, sans doute en raison d'une construction un peu délicate, en "superioribus", comprenant "beaucoup rattachent 'palam' aux mots qui précèdent". Pour nous "iungunt" est construit absolument et "superius" est un adverbe.140. On doit, selon Wessner, à Bentley d'avoir reconnu ce passage de Lucrèce écrit comme du grec dans le manuscrit V , ou extrêmement maltraité par les autres.141. "Antequam" est une conjecture d'Estienne reprise par Wessner, contre les manuscrits RCO qui donnent "antiqua" et V "cum iniqua", deux leçons invraisemblables.142. Wessner éditait "sustinet" (texte du codex Cuiac.), tous les autres manuscrits proposant "suae tenet". Or le réfléchi ne convient guère ici, puisque la faute qu'assume Géta ici n'est pas la sienne propre, mais celle du jeune homme. D'un autre côté, l'expression "partem tenere" est meilleure que "partem sustinere". Du coup, nous proposons de restituer un texte "partem eius tenere", devenu ici "partem sustinere" par mélecture, là "partem suae tenere" par correction du non-réfléchi en réfléchi.143. V donne XIIII, ce qui est l'opinion unanime des éditeurs modernes de Lucilius. On peut probablement se fier au soin du copiste de V, le seul par exemple à tenter de tirer quelque chose du grec. 144. Les manuscrits donnent tous "hora et". Charpin (1979, 64), et Wessner, supposent à juste titre "horae".145. Les manuscrits donnent "qui quoque inuasit" (RCO), "qui hoc inuasit" (V). "iuuassit", conjecture de Sabbadini (1897, 298), ne paraît pas utile. Charpin (1979) édite exactement le texte que nous proposons.146. Ces mots grecs sont une conjecture d'Estienne pour "presto" des manuscrits.147. Restitution ingénieuse d'Estienne, éditée par Wessner, et confirmée par La Souda s. v. πλίνθος : "Πλίνθος. παροιμίαι· Πλίνθους πλύνεις· Χαμαὶ ἀντλεῖς· Φακὸν κόπτεις· ἐπὶ τῶν ἀδυνάτων καὶ ἀνηνύτων καὶ μὴ ὄντων λέγεται" (Brique : proverbes ; tu laves des briques ; tu écopes par terre ; tu coupes une lentille ; se dit de choses impossibles, inachevées, qui n'existent pas).148. Wessner édite une conjecture d'Estienne "placando" ; le texte des manuscrits est toutefois parfaitement compréhensible.149. Wessner ajoutait divers éléments pour parvenir à éditer "nec sui uim significatus habere". "Nec sui" était une conjecture de Schoell et "habere" une conjecture d'Estienne. Le texte des manuscrits porte "si (et V) significatus (-ionis O, -cati non V) habet (-nt dett.)". Pour "si" le texte de V peut nous mettre sur la voie d'un "etsi". En éliminant "si", V rend l'énoncé incompréhensible ce qui l'oblige à ajouter "non". On peut ensuite hésiter sur "significatus" ou "significationis" (qui donne par parenthèse le cas de "significatus"), mais il faut sans doute préférer "significatus" qui est beaucoup plus rare en ce sens et qui a pu être glosé "significationis". Quant à "habet" de V, il peut provenir d'une mélecture d'une abréviation corrigée par les dett. en fonction du sens.150. Estienne proposait de lire "par idiotisme" pour un texte grec malmené par les manuscrits. Il nous semble que le texte de V qui donne "ανσοτισμο" permet de restituer ἀττικισμῷ. Donat repèrerait un emploi du génitif de la partie (ψυχῆς dans l'original grec ?) qui pourrait correspondre au génitif dont il parle dans la scholie suivante.151. Texte de V. O lisait "eius eo" Klotz restituait quant à lui les quatre formes "eius ei is eo", suivi par Wessner. Mais il ne voit pas, à notre sens, que les deux formes "is" et "eo" sont commentées dans les lemmes suivants.152. Les manuscrits donnent "si", mais on voit mal le sens de la question "s'il le retient, comment peut-il le torturer ?", tant la réponse est évidente. "Sic" édité par Wessner suit une suggestion de Rabbow (1897) qui, en soi, n'est pas impossible, mais la restitution du texte de V au lemme précédent donne sans doute la solution. Donat commente maintenant la forme "is" du polyptote, avant de passer à "eo" au lemme suivant.153. Leçon de l'editio princeps, pour "peccati" des manuscrits qui s'explique par "libertatis" mais se comprend mal. Wessner quant à lui choisit la curieuse conjecture d'Estienne "per eam".154. Le texte des manuscrits peut être conservé malgré la place étrange de ce "et" ; on peut aussi accepter comme Wessner la conjecture "ut" proposée par Estienne. 155. Les manuscrits écrivent "pro prouidissem" qui a pu provoquer une haplographie qui rend le commentaire peu clair. Le codex Cuiac. a donc complété de manière érudite ce vide en écrivant comme le fait Donat à l'occasion "ἀντὶ τοῦ".156. Wessner édite "causa est" qui est une conjecture à partir du texte de RCO "causa et". V n'a rien et il a sans doute raison car dans les differentiae les éléments sont généralement juxtaposés et non coordonnés. 157. Wessner édite "convasissem" qui n'existe pas. Les éditeurs de Térence éditent "conuasassem" du verbe "conuasare" donné par Nonius (124, 16L) : "conuasare dicitur furto omnia colligere" ("convasare" se dit pour "tout emporter en le volant"), avec comme seule attestation cette occurrence du Phormion.158. "Colligendis" est le texte de l'editio princeps, et il est confirmé par Nonius (cf. note précédente) qui rapproche "conuasare" de "furto omnia colligere". Les manuscrits, en raison de la présence de "vases" sans doute, lisent "collidendis" ou, pire encore, "colliendis".159. Ajout d'Estienne repris par Wessner, mais probablement nécessaire.160. Ajout de Westerhof repris par Wessner, mais probablement nécessaire.161. Ajout de Westerhof repris par Wessner, mais probablement nécessaire, d'autant qu'il y a un blanc dans R et C.162. Texte des manuscrits R et V. O porte "si". Wessner proposait "secum", conjecture de Schoell, qui n'est pas impossible, mais nous préférons conserver le texte le mieux représenté dans les manuscrits.163. Conjecture de Schoell reprise par Wessner, pour un texte des manuscrits "proprie enim" qui a entraîné quelques désordres sur "suam".164. Nous éditons "intellectus ex quiete" en suivant la conjecture de Sabbadini (1897, 299) ; les manuscrits RCO donnent en effet "et", mot qui est omis dans V.165. Conjecture de Sabbadini (1897, 299) reprise par Wessner, et que nous conservons. Les manuscrits portent "sic".166. Conjecture d'Estienne possible, le manuscrit V semblant toutefois préférer voir ici une figure de "paromoion" sans doute sur "fortis fortuna". Le caractère de proverbe de l'énoncé ne fait aucun doute, peut-être d'ailleurs cela explique-t-il que Donat ait insisté sur le "paromoion" plus que sur le proverbe.167. Conjecture d'Estienne reprise par Wessner, car elle est plus claire que le texte des manuscrits qui toutefois n'est pas impossible : "hoc" donné par V ou "haec" donné par RCO. Le "hoc" peut provenir du lemme.168. Wessner édite "hinc terrorem" en suivant Sabbadini (1897, 299), mais RCO donnent "hunc terrorem" qui est parfaitement clair.169. Wessner athétise ce "enim" suivant ainsi les dett., mais l'erreur provient de ce qu'ils pensent "adeo" comme corrélatif du "ut" qui suit. Or ce n'est pas indispensable. Le commentaire commence par s'étonner du vice qu'il constate avant de l'expliquer.170. Les manuscrits R et C introduisent ici un renvoi à Eun. 445, qui nous paraît fort judicieux. Wessner l'élimine et limite le lemme à "em istuc serua" faisant commencer la scholie à "dicendo".171. Wessner athétise ce "et" qui de fait est mal placé dans les manuscrits unanimes qui lisent "animaduerte et". Nous préférons le conserver en le déplaçant légèrement.172. Wessner ajoute ici "et protelo" dont la restitution est justifiée pour des raisons de clarté et qui serait tout à fait plausible, mais dont on ne trouve nulle trace dans les manuscrits. Notre texte est un peu plus elliptique, mais ne présente rien qui choque la pratique de Donat.173. "Percutiat" est une conjecture de Schoell et les manuscrits semblent donner "perueniat". Mais "percutiat" se justifie comme le seul texte possible par un rapprochement avec Nonius 363, 1 M = 576, 5 L ("protelare est percutere, perturbare. Terentius in Phormione" suivi de la citation de ce vers).174. Wessner fait droit à une conjecture d'Estienne "eum cum quo", alors que le manuscrit O porte "cum quo", et RCV "cum eo cum quo". La leçon de RCV pourrait reposer sur une mécompréhension du groupe "quocum". En revanche "eum" ne s'impose absolument pas, l'infinitive pouvant être elliptique (sans sujet), comme souvent chez Donat. il s'impose d'autant moins que la scholie s'achève dans le texte que nous éditons sur une clausule crétique+péon 1, impossible avec "eum". On pourrait aussi supposer un tour extrêmement savant et sallustéen en éditant "manifestus".175. Nous replaçons ici un lemme que Wessner édite en 217, 2 alors que le texte commenté appartient exclusivement au vers 216.176. Nous faisons droit à la leçon de O qui précise, au lieu de "alibi" : "in and" évidemment pour "in Andria".177. Wessner édite "adhuc tuto" conjecture de Lindenbrog qu'il soupçonne de provenir du manuscrit Cujas. Les manuscrits, outre C qui omet "quasi", portent respectivement "eadem" (RO), "eadem a destituto" (V), "a destituto" (dett.). Nous proposons de voir dans "eadem" une mélecture de "ea de", l'haplographie sur "dedestituto" ayant ensuite pu donner un résultat incompréhensible "ea de stituto" corigé en en "eadem a destituto" ou par suppression du segment incompréhensible "stituto".178. Wessner édite ici "mihi" ; or aucun manuscrit ne donne ce texte, RCO laissant une lacune incluant le grec, alors que V, qui graphie assez correctement ici απικισμῶ, le fait précéder d'une suite de caratères grecs μητ qui ne donne aucun sens, mais peut expliquer la conjecture de Wessner. 179. Les manuscrits portent ici "enim", édité également par Wessner, mais sa place aberrante le rend suspect. V propose un "mihi" après "addidit". Nous pensons que ce "mihi" se cache en réalité dans la forme "enim", la succession "sine hoc mihi" ayant pu gêner les copistes.180. L'adjectif est donné par le seul V, mais il est très plausible. RCO l'omettent, ce qui ne change pas grand chose au sens. Nous le conservons pour la clarté. 181. RCO donnent "permoueret" contre V qui donne le texte choisi par Wessner "promoueret". Le sens est bien meilleur en suivant RCO, une mélecture d'abréviation étant absolument courante dans ce cas.182. Wessner édite ici une conjecture d'Estienne, "quasi de re magna", mais le texte des manuscrits unanimes s'impose ici.183. Conjecture de Wessner, évidente, contre "noxam" des manuscrits. Les scribes ont changé "noxiam" (pour eux adjectif) en "noxam" (nom) en raison de la synonymie proposée avec le nom "culpam".184. Texte de l'editio princeps sur un passage malmené dans les manuscrits, où on lit "natura", voire "natura ordine". 185. Texte de tous les manuscrits. Wessner édite un texte provenant du codex Cujas "hortationis".186. Wessner édite "grauem" donné par I et repris par Estienne, tous les autres manuscrits portant "gratam". Nous rétablissons ce texte. La leçon "grauem" a toutes les chances d'être une lectio facilior provoquée par "iracundiam".187. Wessner édite conformément à la conjecture d'Estienne "quae non", mais la plupart des manuscrits montrent un grand désordre dans le texte du relatif ; "quin", leçon de V, a toutes les chances d'être le meilleur texte. Quant à "uero", RCO donnent "q nuõ", qui a toutes les chances d'être une mécoupure de "quin" suivie d'un élément "uõ", c'est-à-dire "uero".188. Wessner édite "quid", conjecture d'Estienne, mais le sens est bien plus clair avec le texte des manuscrits. Le délit est-il constitué, quelle est sa nature, qui en est l'auteur, à qui fait-il tort ?189. La fin de la scholie depuis "quod" est absente dans le manuscrit O.190. Wessner édite "rara ἀποσιώπησις", ce qui semble étrange, car comment pourrait-on dire que le fait de ne pas mettre "sed" après "non" soit rare ? Le manuscrit V donne sans doute la solution en copiant "κα|α", l'étrange troisième lettre pouvant résulter d'une lecture fautive de "τ'". Quant au sigma final, il peut être né du souci du copiste de V de rendre une forme-étiquette, donc au nominatif. L'aposiopèse consiste alors à interrompre la phrase pour passer totalement à autre chose. 191. Le texte des manuscrits porte unanimement "quam", dont ni le sens ni la construction ne sont pleinement satisfaisants. On peut supposer la mélecture d'une abréviation et rétablir sans trop de risque d'erreur un "quia" beaucoup plus habituel dans la phraséologie de Donat. 192. Sur ce texte, voir la note à la scholie suivante.193. Wessner édite "σχῆμα διανοίας· μεταδιόρθωσις", ce qui correspond à une restitution du grec fourni par le manuscrit Cujas qui porte ϹΧΗΜΑΔΙΑΝΟΙΑΣΜΗϹΟΛΟΘωσις. Toutefois ce texte est assez nettement contredit par celui de V dont on connaît les efforts pour transcrire le grec. Il porte ici εχΗμΗαϥοΗασμεσοαορεωσισ qui évidemment ne signifie rien, mais qui assure en tout cas la présence du segment ορθωσις. Pourtant "μεταδιόρθωσις" proposé par Wessner est très rare, sa seule attestation étant ce texte ! Selon nous, le copiste du codex Cujas a reconnu le segment ϹΧΗΜΑΔΙΑ, et a cru y lire "σχῆμα διανοίας". Ensuite, on voit clairement qu'il ne sait plus très bien quoi faire des lettres qui restent. V en revanche a maltraité le début mais assez bien lu la fin : μεσοαορεωσισ. Nous proposons une restitution possible et qui convient à la situation : il s'agit d'une correction (διόρθωσις), puisque le personnage arrête son discours, mais elle s'opère en parenthèse (διὰ μέσου). Servius confirme cette restitution en commentant Verg. Aen. 11, 348, soit le vers qui suit la citation de Donat, en notant qu'il s'agit d'une parenthèse ("parenthesis").194. Notons que les manuscrits donnent tous "omitte" comme lemme, et non le "age mitto" ou "ac mitto" des éditions modernes. Cependant, ce texte peut rerpésenter la manière dont Donat lit ce vers, car, pour le sens, cela ne change pas grand chose, Démiphon s'adressant directement à Géta.195. Il faut remarquer que "ac" est une conjecture de Faërnus : V et les deteriores donnent "ieci" ; RCO comportent une lacune. Toutefois la restitution de Faërnus est certaine, d'abord parce que des manuscrits de Térence donnent ce texte, ensuite parce que le "ieci" de V peut résulter d'une mélecture d'un "ac" entouré éventuellement de signes démarcateurs d'autonymie, indiquant qu'il s'agit d'une variante textuelle : quelque chose comme |ac|. Sur ce point voir Reeve (1978).196. "Seruum" est une conjecture de Sabbadini (1897, 300) reprise par Wessner ; les manuscrits donnent "suum", ce qui n'a pas de sens.197. RCOK passent directement à 249, 2 ("habendae"). Il manquait certainement une page dans leur modèle.198. Notons que le passage qui va de "adversariis" [fin du lemme] à "tradere" [fin de la scholie] ne figure pas dans les manuscrits VLD, mais seulement dans le manuscrit de Cujas.199. Wessner édite "quod plus est", qui repose sur une conjecture de Sabbadini (1897, 300) ; mais le manuscrit de Cujas, qui est le seul dont nous disposions ici, donne "quod prius est". Westerhof propose "quod peius est" et Schoell, "quod prauius est". C'est la conjecture de Westerhof que nous choisissons d'éditer, car elle est plus proche du manuscrit que celle de Sabbadini. "Prius" dans ce contexte est à contresens, mais il a pu expliquer "tandem" ensuite. Voir note suivante.200. "Tradere" est une conjecture de Wessner, qui s'impose face au texte incompréhensible des manuscrits, qui lisent "tandem" ("causam tandem") avant d'enchaîner directement sur la scholie 2 du vers 238.201. Wessner conjecture ici à juste titre "aliud", sur le texte des manuscrits, "aliam", dépourvu de sens, mais il ajoute "c." pour "cura" qui ne sert à notre sens à rien et que nous supprimons.202. Wessner édite ", nam in his uerbis", qui est une conjecture d'Estienne. Tous les manuscrits donnent "cum his uerbis", et c'est cette leçon que nous choisissons d'éditer.203. Wessner édite "cuius reciprocum est", ce qui le contraint à éliminer "ob" ,pourtant donné par tous les manuscrits, et, pour la clarté, à ajouter "boni" dans ce qui suit ; d'ailleurs l'editio princeps lui avait ouvert la voie en ajoutant "bonum", tiré du commentaire à And. 398. Toutefois la solution peut se trouver dans les deux leçons transmises par les manuscrits : VL donnent "reciprocum", mais D donne "respectum". Sans doute le texte est-il "respectum reciprocum" qui s'est simplifié ensuite de deux manières différentes sur deux mots qui se ressemblent.204. Wessner édite "quis quid", certains manuscrits donnant l'un ou l'autre, à la suite de quoi il ajoute "boni". La remarque que nous avons faite dans la note précédente vaut évidemment ici également.205. Excellente conjecture de Wessner pour le texte des manuscrits, qui portent "cogitatur".206. Ce texte est celui de tous les manuscrits. On voit mal pourquoi Wessner édite "insaniae" en suivant Sabbadini (1897, 300), ni pourquoi Estienne proposait "insani", l'adverbe "insane" convenant parfaitement.207. Wessner édite "† intermixta sunt coniunctionibus intermixtis", mais on voit mal en quoi ce texte, quelque maladroit qu'il soit, est incompréhensible. Nous l'éditons donc tel quel, sans crux.208. Conjecture de Sabbadini (1897, 300) reprise par Wessner, mais indispensable. DL, les seuls manuscrits disponibles pour ce passage, donnent l'inverse, ce qui est un contresens parfait.209. Wessner ajoutait "id est", conjecture personnelle inutile. 210. VL lisent "dicere" au lieu du "ducere" édité par Wessner d'après la leçon de D. Le texte "dicere" est meilleur puisqu'il s'agit de ce que dit le vieillard, qui manifeste ainsi sa colère ("indignari") contre lui-même.211. VD donnent "peccatoribus" au lieu de "precatoribus", ce qui peut s'expliquer par la présence immédiatement avant de "peccaturum". La leçon "precatoribus" de L paraît cependant bien meilleure. Voir note ad loc. dans la traduction.212. Wessner édite "ante eam" qui est une conjecture d'Umpfenbach. Toutefois ces deux éditeurs ont manifestement confondu la tournure "legitur" avec "legitur et". Il ne s'agit pas de donner une autre leçon, mais d'attirer le regard sur une apparente incorrection. Donat remarque un cas d'interrogative/exclamative indirecte à l'indicatif, ce qui est assez fréquent dans la langue des comiques, mais très choquant pour le latin policé qu'enseigne le grammairien.213. Wessner ajoute ici "posuit", suivant une suggestion inutile de Schoell.214. "Quiddam significet " est une conjecture d'Estienne ; les manuscrits donnent "quoddam" ("quodam" pour D), mais c'est bien le pronom, et non l'adjectif, qui doit être utilisé ici. De plus, si les manuscrits donnent l'indicatif "significat", V édite " sig.t", ce qui, ajouté à la valeur adversative que "cum" a nécessairement dans cette scholie, incite à choisir "significet" et à suivre Estienne.215. Wessner édite " si aut pro cum aut seruiliter" ; le premier "aut" est une correction d'Estienne : l'ensemble des manuscrits donnent "autem" ; le second est un ajout d'Estienne. Ni la correction ni l'ajout ne nous semblent nécessaires, et c'est pourquoi nous éditons "si autem pro cum seruiliter".216. C'est ici que les manuscrits RCOV placent ici le segment "qui ait" et non pas, comme le fait Wessner, après "Isocratis". Les deteriores font l'inverse, et lisent "recte monuit, non perpetuo etc. ... secundum praeceptum Isocratis qui ait". Suit une lacune supposée masquer un texte grec, mais qui en réalité ne peut être née que de la nécessité d'avoir une citation après "qui ait". Lindenbrog, et sans doute Cujas (sans que l'on puisse savoir ce que lisait son mansucrit), ont cherché à donner à ce "qui ait" un contenu isocratique qu'ils ont trouvé dans Ad Dem. 31, oubliant toutefois cinq mots comme on le voit chez Wessner qui reprend leur texte : "μηδὲ πρὸς τὰς τῶν πλήσιαζόντων ὀργὰς τραχέως ἀπαντῶν, ἀλλὰ θυμουμένοις μὲν αὐτοῖς εἴκων, πεπαυμένοις δὲ τῆς ὀργῆς ἐπιπλήττων" (si tu ne réponds pas avec âpreté aux colères de ceux qui t'entourent, si, au contraire, tu t'effaces devant l'emportement pour réprimander une fois l'accès passé). Nous pensons que "qui ait" a été fautivement déplacé (d'une ligne ?) et qu'en réalité le sujet de "ait" est ici le personnage dont Donat loue la connaissance du précepte isocratique, qu'il ne cite cependant pas.217. "Ad litigandum" est le texte de I, peut-être connu d'Estienne et repris de lui par Wessner, tous les autres manuscrits portant "alligandum".218. Même si la construction est un peu étrange, faisant de "partim" une sorte de synonyme de "uix", il n'y a sans doute pas lieu de corriger la leçon unanime des manuscrits. Wessner supposait "raptim".219. "A(d)dita" est le texte des manuscrits, "reddita" est une correction (trop ?) facile de Hartman (1895). Le manuscrit R a toutes les chances de donner le bon texte avec "adita", qui a pu être aisément corrigé en "addita", par un scribe qui ne comprenait pas la construction.220. Les manuscrits portent "peruertendo". Estienne proposait "praeuertendo", ce qui donne une construction acrobatique. Nous proposons, quant à nous, de lire tout simplement le texte des manuscrits en bornant notre correction à accorder la forme de l'adjectif verbal à "salute".221. Dans l'édition Wessner, ce commentaire se trouve entre 256, 1 et 256, 2, en suivant la disposition des manuscrits. Ici on peut hésiter à rétablir l'ordre des lemmes, car il est possible que l'interpolation soit volontaire. Voir la note ad loc. dans la traduction.222. Nous suivons ici Wessner, qui suit lui-même Bentley. Les manuscrits donnent un lemme "uellem equidem" qui appartient au vers suivant, mais la scholie commente sans nul doute bel et bien le vers 256.223. Wessner, suivant l'editio princeps, édite "quod non", pour un texte des manuscrits "quod nunc" qui en effet se comprend mal. Mais la négation introduite par l'editio princeps se comprend plus mal encore, puisque Donat souligne que "bonas" est employé paradoxalement, c'est-à-dire sans doute, comme il le dira ensuite, avec ironie. Nous déplaçons d'un mot le "nunc" des manuscrits pour obtenir un sens qui, à défaut d'être pleinement satisfaisant, nous paraît préférable à la solution de Wessner.224. Wessner édite ainsi en suivant V, contre RCO qui lisent "nunc est". Ce texte n'est toutefois pas impossible, si l'on considère que "nunc" porte l'ironie, et pourrait se traduire "voici bien un artifex...".225. Wessner suivant une correction d'Estienne édite "deprehenditur", et, suivant une conjecture de Goetz, "fucus". Nous revenons au texte des manuscrits.226. Wessner édite comme lemme "lenem patrem illum" et comme commentaire "o artificium poetae !" qui repose sur une conjecture d'Estienne, le texte des manuscrits hésitant entre "õe" et "om". Nous supposons une mélecture de la fin du lemme qui pourrait être "me" précédé d'une abréviation de "illum".227. Les manuscrits donnent "posset", mais nous retenons "possit", conjecture d'Estienne retenue par Wessner. 228. Wessner édite "oporteret" comme on le lit dans les éditions des Verrines. Nous conservons le texte des manuscrits, bien que fautif, dans la mesure où nous ne savons nullement ce que lisait Donat dans Cicéron.229. Wessner ajoute "si" à la citation, ce qui ne s'impose nullement.230. Wessner, que nous suivons, édite une conjecture d'Estienne "rei", qui s'impose contre le texte des manuscrits "ei".231. Wessner édite "iam praestruat", sans faire droit ni au texte des manuscrits RCO, qui donnent "iam restituat", ni à la judicieuse conjecture de Bentley, "uiam", qu'il cite pourtant. Nous pensons que "restituat" peut provenir d'une mélecture d'abréviations pour "rem praestruat", le verbe "praestruo" n'étant pas construit aisément de manière absolue, sans toutefois exclure que Bentley ait trouvé également la solution avec "uiam praestruat (ouvrir la route)".232. Les manuscrits unanimes portent "amaturo" suivi ou non de "illo". Wessner choisit une conjecture très (trop !) adroite d'Estienne, qui suggérait "ἀντὶ τοῦ pro illo". Toutefois, il ne nous paraît pas avoir vu la logique de l'explication. Donat commente d'abord "illo", en précisant dans le lemme 1 qu'il s'agit d'Antiphon et ici qu'il s'agit d'Antiphon amoureux. Ensuite il commente "staret" qu'il définit. C'est pourquoi nous ajoutons une scholie.233. Wessner édite ici "ex qua re minus rei foret aut famae non pauperis neque ****", à partir d'un texte extrêmement désordonné dans les manuscrits. R donne "non pauperis neque ex qua minus etc.", C "non pauperis neque", suivi d'un blanc, suivi de "ex qua minus etc"., OV "non pauperis ex qua minus etc.", L "ex qua minus etc. pauperis neque", tandis que D et les deteriores ont un texte très différent "ex qua minus etc. nota hic comparatiua qualitas est pauperis atque (neque dett.) strenui". De l'accord des manuscrits RCOV, il apparaît clairement que le lemme ne se situe sans doute pas au début de la scholie, ce qui nous invite à considérer que Donat commente d'abord "minus rei temperans", ce qui expliquerait "non pauperis", et ensuite "famae temperans", qu'il explique par "non strenuus". Le fait de ne pas comprendre cette structure a causé tout le désordre que nous observons, et a parallèlement incité le copiste du manuscrit à l'origine de D (ou de D lui-même) à écrire une glose justifiant ce qu'il lisait et qui ne lui paraissait avoir aucun sens. Nous tenons donc ce texte pour une glose marginale indépendante du texte original et l'éliminons.234. Wessner édite une conjecture de Wieling "excusat". Mais cette conjecture est sans doute trop facile. En effet, s'il s'agit bien en effet d'excuser le jeune homme, on commence dans un premier temps par accepter de reconnaître qu'il a pu y avoir "crimen" : "si est... culpam ut Antipho in se admiserit". Nous rétablissons donc le texte des manuscrits. 235. Le manuscrit V donne ici ce texte, que Wessner, suivant une conjecture de Sabbadini, corrige en "si aut". Cette correction s'impose d'autant moins que le "ut" de RCO peut reposer sur une mélecture de "sit".236. Wessner édite entre cruces le texte apparemment unanime de ses manuscrits, "quin hunc defensorem magis et non iudicem dicam", texte qui n'a aucun sens et qui a provoqué une conjecture de Schoell, "qui nunc defensorem magis et non iudicem agam". La transformation du verbe ne paraît toutefois pas utile, dans la mesure où l'on peut supposer que la séquence "defensoremmemagis" a pu entraîner la disparition du "me". En le rétablissant, il nous paraît possible de conserver "dicam". L'erreur sur "qui nunc" devenu "quin hunc" est sans nul doute induite par la présence de "quin" dans le lemme.237. Wessner, faute d'avoir perçu que ce mot est autonyme, édite "se adiungit", conjecture d'Estienne, contre tous les manuscrits qui lisent "si" ou rien. 238. Wessner édite "opportuna", conjecture d'Estienne, contre les manuscrits, qui paraissent hésiter entre "opportunae" et "opportune".239. Conjecture d'Estienne, que nous conservons, V lit "τη εροθησην" et la conjecture est extrêmement probable.240. Wessner édite "μετάστασις" donné par le codex Cujas, mais les manuscrits, unanimes, portent en caractères latins "metathesis". Il n'y a aucune raison de contester cette leçon.241. Wessner édite "diuiti moraliter de his qui inuident", où "moraliter" est une conjecture de Sabbadini (1897, 301). Mais la tradition manuscrite est extrêmement différente : CO donnent "cum alter dicit quin uident", R lit "cum alter dicit quin uiderit", V "cum alter de his quin uiderit", les deteriores selon Wessner lisent "non alterari qui inuident", le manuscrit Cujas "o cum alteri dicit qui inuident", le manuscrit Huls "cum alter dicit quia inuident". Nous supposons que ce désordre provient essentiellement d'une confusion entre la fin du lemme et le début de la scholie. Si le dernier mot du lemme est abrégé en "d." pour "diuiti" et que le premier mot de la scholie est "iudicum", ce que le contexte rend fort probable, on obtient "diudicum", qu'un copiste a pu corriger en complétant le texte de Térence en "diuiti cum". A partir de là le texte devient incompréhensible. Si au contraire nous repartons de la séquence "d. iudicum alter", le texte s'éclaire. Il s'agit de l'un des deux juges, celui qui enlève aux riches par envie, De ce fait la lecture du manuscrit Cujas s'explique, "alteridicit" reposant sur un "alteriddicit" avec haplographie. Le texte devient alors "iudicum alter id dicit" et il reste ensuite trace du bon texte chez RV avec seulement une erreur de coupe par haplographie : "qui inuiderit".242. Conjecture d'Estienne, qui paraît s'imposer ici. 243. Wessner édite "quod cedentibus moris est" d'après le manuscrit de Cujas. Or tous les autres manuscrits utilisés par Wessner lisent "ut mos est", avec une incertitude sur le datif entre "cedentibus" (RC) et "credentibus" (OV). La leçon de V paraît toutefois trop induite par le "crederem" du vers précédent pour ne pas être suspecte. Sans doute vaut-il mieux lire "cedentibus", qui est le plus difficile à justifier ici mais qui se comprend.244. Bien que donnée par le seul manuscrit O dans ceux utilisés par Wessner, cette négation est indispensable. Elle a pu se télescoper avec celle contenue dans le lemme.245. Wessner ajoute ici "n(on) r(espondeas)", mais cet ajout, qui aide à comprendre le raisonnement, n'est absolument pas nécessaire dans le texte. 246. Wessner édite "scit" (conjecture d'Estienne), qui convient parfaitement au sens, mais qui a contre lui l'unanimité de ses manuscrits, qui lisent "sic" ou "fuit". "Sic" a pour lui de rendre l'énoncé elliptique et donc tentant pour un correcteur.247. Le texte à cet endroit est problématique : la plupart des manuscrits utilisés par Wessner supposent une construction d'"inducere" avec l'infinitif, là où on a habituellement un participe, et où l'on attendrait "sciens". Le sens est toutefois très clair, quel que soit le texte adopté. Peut-être pourrait-on corriger en "indicatur" et comprendre "on indique qu'il est déjà au courant de tout", voire "quod omnia antequam inducatur cognouisset" : qu'il sait tout avant d'entrer en scène.248. Ici Wessner répète "timidum" à la suite de certains de ses manuscrits, dont V, mais la majorité ne répète pas et nous la suivons.249. Wessner édite "credasne" comme ceux qu'il considère comme les deteriores, mais RCV donnent "credas non", qui donne un sens satisfaisant. Il peut s'agir soit de la mélecture d'une abréviation, soit d'une correction malencontreuse d'un scribe qui a cru que "non" faisait contresens. La leçon "non" est indirectement confirmée par le "num" syntaxiquement impossible de O.250. Wesner édite une conjecture d'Estienne, "nam", les manuscrits hésitant entre "ne", "o ne" voire "est ut" (V). La leçon de V s'explique aisément si l'on considère qu'il a corrigé "one" qui n'a aucun sens. Cependant il n'a sans doute pas vu que le texte pouvait se lire à condition de rétablir tout simplement "nonne". Le groupe "seninone" a pu être à un moment simplifié en "senione", qui du coup n'a plus de sens. On ne peut pas exclure non plus quelque chose comme "ñne" mal interprété.251. Le mot est graphié en caractères latins par OV, mais la leçon "pusilum" (!?) de RC laisse supposer, comme l'a fait Estienne, que ce mot ait pu être écrit en grec.252. Wessner répète "columen", comme V, mais peut-être faut-il l'omettre comme RC. 253. Nous éditons ici ce que donnent les manuscrits, et non l'ingénieuse conjecture d'Estienne "cuiquam", lu tout aussi ingénieusement par Wessner "quoiquam". 254. Conjecture extrêmement subtile d'Estienne, les manuscrits donnant tous "tu uero".255. Wessner ajoute ici, en suivant Sabbadini (1897, 301), un "in" absolument inutile.256. Wessner édite "eas personas quas peccare non oportuerit", suivant une conjecture de Bentley, qui propose "peccare" au lieu de la leçon unanime des manuscrits vus par Wessner, "spectare". La rectification est très ingénieuse et s'explique par le fait que "spectare" et "non" dans la même phrase aboutissent à un commentaire absurde. Nous pensons quant à nous que "spectare" a été correctement lu, mais que, de ce fait, "non" devient particulièrement suspect. Nous proposons d'y voir une mélecture d'un "eum" sans doute plus ou moins abrégé et non compris à cause de la finale en "e" de l'infintif qui précède. En outre, "spectare" a pu entraîner la corruption du relatif qui précède : en interprétant "quas spectare" un groupe "quãspectare" un copiste a pu entraîner la correction automatique de "eam personam" en "eas personas". De ce fait, on ne sait plus vraiment de qui parle Donat. Avec notre texte, l'accusation est bel et bien double : tu n'as pas fait ce que je t'avais demandé ("commendaui"), et les conséquences de ta négligence portent sur celui que tu devais le plus avoir à l'œil ("filium"). A la décharge des copistes, notons que la construction de Donat n'explicite pas la "duplex accusatio", comme l'aurait fait une structure strictement parallèle du type "et"...."et"...257. Conjecture de Sabbadini (1897, 301), parfaitement adaptée.258. Wessner édite "NON SIN. proprie", mais les manuscrits lisent " etiam improprie" (RC) ou "improprie" (O), ou surtout "non improprie" (tous les autres, notamment V). La solution de V est de toute évidence, comme souvent, la meilleure, les autres manuscrits ayant confondu la fin de la scholie et le début du lemme. 259. Nous supprimons ici l'article grec ajouté par Estienne, suivi par Wessner, qui édite τῷ ἰδιωτισμῷ.260. Texte particulièrement élégant qui est la leçon de V. Wessner édite "siue est cognata siue non est" suivant la plupart de ses manuscrits. Nous préférons l'élégance de V.261. Conjecture quasi certaine d'Estienne, que le texte grec de V autorise, tout en pouvant éventuellement aiguiller vers une autre explication, liée, quant à elle, aux "nomina relatiua" : τὸ ἐμὸν καὶ τὸ σόν ; notons que le manuscrit m présente à la place du grec une lecture personnelle "ut eam habeat", dont on voit mal ce qu'elle signifie. 262. Ici Wessner ajoute "d. d." qui ne s'impose pas si l'on considère que ce qu'examine ici Donat c'est l'ordre "id quod", qu'il faut comprendre ainsi : "ce que la loi ordonne", et non "quod id lex iubet" : parce que la loi l'ordonne. On trouve le même effet dans la citation virgilienne.263. Wessner, pour la même raison que ci-dessus, rajoute de son propre chef ici "sed dotem daretis", qui, dans notre lecture du commentaire, devient inutile.Nous le supprimons.264. Wessner rajoute ici "p.p." (pour "pocula ponam", fin de l'hexamètre virgilien), afin de parfaire le parallélisme avec "dotem daretis" qu'il a précédemment ajouté. Nous supprimons dpnc ce deuxième ajout.265. Wessner ajoute ici "uide", en se fondant sur un parallèle peu probant avec la scholie 302, 1.266. Wessner édite "quam sit", conjecture personnelle, alors que les manuscrits portent "quasi" (RCV) et "quam" (O). Le texte de RCV est excellent.267. Tous les manuscrits utilisés par Wessner, sauf O, ajoutent "nunc" après "Turnus", rendant ainsi le vers faux. Peut-être s'agit-il d'une mauvaise lecture de la forme même du nom "Turnus", qui a pu être lu "turnunc", puis rectifié en "turnus nunc".268. Wessner fait ici droit à une conjecture subtile d'Estienne qui, voyant "sed" devant "potius ducebat", a supposé "non" devant "inopem potius". Pour nous, la difficulté n'est pas, là, voir ci-dessous. Nous ne retenons donc pas cette conjecture.269. Wessner suit ici son manuscrit O et Estienne, qui donnent "sed", tous les autres manuscrits utilisés par Wessner portant "et", et non "sed". Nous préférons une légère correction qui donne au commentaire toute sa cohérence. De fait les deux solutions sont possibles : plutôt une pauvre qu'une riche et plutôt épouser que fréquenter.270. Wessner édite "hic sic intellegi fingit, ut quasi non habens Demipho, a quo accipiat, dicere, dixerit ", mais on peut avantageusement revenir au texte de V, modifié seulement sur "diceret" pour "dicere". Démiphon, qui n'a pas de ressources propres suffisantes, s'apprêtait à dire de qui il allait prendre l'argent, mais comme il n'y a personne, ce qu'il dit en réalité c'est un vague "ailleurs", qui n'éclaire pas évidemment sur ses intentions.271. Wessner édite "quid si hoc pater resciuerit ? — quid si redeo ad illos qui aiunt 'quid si nunc caelum ruat ?'", mais en réalité il manque deux mots dans cette citation de L'Héautontimorouménos : la citation complète est : "quid tum quaeso si hoc pater resciuerit ? — quid si redeo ad illos qui aiunt 'quid si nunc caelum ruat ?'".272. Wessner édite une conjecture d'Estienne, "exclusus", mais tous ses manuscrits portent "exclusis". Ce texte se comprend parfaitement, et il n'y a donc pas lieu de le modifier.273. Excellente conjecture de Sabbadini (1897, 301) à partir du texte de O, qui porte "demipho", les autres ayant "sermo" ou rien. On peut en effet supposer que "senex" a pu être interprété "sermo" dans une partie de la tradition et glosé "demipho" dans une autre. 274. Wessner répète "foris" en début de scholie contre la plupart de ses manuscrits. Sans doute à tort.275. Les copistes, peu au fait de la géographie de l'Asie, ont unanimement confondu "Cilicia" et "Sicilia", mais c'est bien en Cilicie qu'est allé le vieillard.276. Wessner athétise le segment "Getam exclamasse" qu'il trouve dans ses manuscrits (sauf O qui l'a omis) après "ideo", place où il n'a effectivement aucun sens. On le comprend sans problème en le déplaçant d'un mot.277. Seul de tous les mansucrits, O lit "nostro", qui est bien le texte de Térence, selon du moins les éditeurs modernes. En l'absence de citation de ce texte dans les lemmes ad loc., il est impossible de savoir ce que lit Donat et nous conservons donc le texte généralement admis. Wessner lui, éditait "noster".278. Wessner édite "adoratum prima post reditum prece", suivant plusieurs conjectures d'Estienne. Le texte que nous reproduisons est celui du manuscrit V, le seul à donner un sens, les autres manuscrits utilisés par Wessner laissant supposer de multiples désordres dans la transmission de ce passage : RC lisent "adonicum prima red(d)it ut precem", O lit "adharatum prima post reditum precem". Le manuscrit a (Firenze, Laur. 53.09) montre clairement que le "quod est" de V peut cacher un "id est" dont le copiste n'aurait pas su quoi faire. Il est d'autre part curieux qu'un mot aussi simple qu'"adoratum" ait pu poser des problèmes de lecture. Il faut peut-être supposer, sous le très bizarre "adonicum" et sa variante barbare "adharatum", un mot grec qui aurait été ensuite glosé par une expression latine, ce qui expliquerait "id est" ou "quod est". Dans cette hypothèse, V, ne lisant absolument plus ni du latin ni du grec, aurait corrigé en "adoratum" avec l'habileté qui le caractérise généralement. Rien n'empêche dans ce cas de supposer que, comme il le fait souvent, Donat cite ici un morceau du vers correspondant d'Apollodore. A titre d'hypothèse nous proposerions volontiers de lire cette scholie ainsi : "salvtatvm d. οἴκαδ ̓ ἧκον quod est primum post redditam precem" signifiant "salutatum domum (pour honorer à la maison) : οἴκαδ ̓ ἧκον (je suis arrivé à la maison), ce qui est la première chose qu'on fait dès qu'on a fait ses actions de grâces". La succession SALVTATVMDOIK a pu être lue "salutatum dom" (c'est-à-dire le mot "domum" qui suit immédiatement "salutatum" chez Térence). Ce qui reste du grec, c'est-à-dire ADHKON a pu être interprété ADONIKON et retranscrit "adonicum", avec un mot à la fois grec et technique que le copiste connaissait. La leçon de O "adharatum", en conservant bien la succession ADH des deux mots grecs reconstitués par nous, paraît confirmer cette conjecture.279. Wessner édite "scriberet", qui est une coquille.280. Wessner ajoutait ici "est" qui est une conjecture personnelle. Il ne sert à vrai dire à rien et nous le supprimons.281. Wesner édite, en suivant la leçon de V, "ut potus" et ajoute un "et" devant "satur", retrouvant ainsi une structure comparable à la fin de la scholie précédente. Toutefois la leçon de RCO "utpote" est très satisfaisante, Ambivius rotant en homme qui a fait grande chère. V a dû corriger "ut pote" en "ut potus" en se fiant au commentaire précédent.282. Wessner édite "uim habet dumtaxat modo", ce qui ne signifie pas grand chose. Nous pensons quant à nous qu'il s'agit d'une reformulation de ce sens particulier d'"admodum", qui signifierait ici, selon Donat, "à ce point", "tant que ça". Le fait que "dumtaxat", peu familier aux copistes, soit pris dans un énoncé à l'ablatif où il est quasiment prépositionnel a pu leur faire considérer que c'était une sorte de conjonction et éliminer "eo".283. "Non aio" est le texte de O ; RC porte "nouo" et V "noue". On peut supposer que "nouo" est un accord secondaire d'"oppido", pris pour le substantif ; "noue" se comprend bien ("oppido" est dans un emploi inédit, mais comprendre "iratum"), sauf qu'on ne voit pas en quoi l'adverbe est dans un emploi inédit. La leçon la plus satisfaisante (pour une fois) semble donc bien être celle de O.284. V arrête le lemme à "redit", mais il a sans doute tort, car le commentaire porte bien sur la réplique de Phormion et l'obsession des métaphores culinaires chez les parasites.285. Nous restituons "nihil" de RCO, au détriment de "non" (choisi par Wessner), qui a tout d'une lectio facilior.286. Wessner édite, en suivant une conjecture d'Estienne, "adeo nisi a Geta cogatur, modo etiam negotiorum Antiphonis neglegens atque securus est". La seule façon de justifier le texte d'Estienne, c'est de supposer que Donat (ou l'un des rédacteurs du commentaire) considère que la réplique "ad te solum phormio" jusqu'à "obsecro" est dite par Géta. Cette solution, attestée de fait dans quelques manuscrits de Térence, est une "lectio facilior" dans la mesure où il est plus difficile d'imaginer un dialogisme. Si c'est Géta qui parle, il incite (ce qui explique "nisi a Geta cogatur" d'Estienne) Phormion qui ne fait que poser des questions à passer à la phase active de son plan, en lui disant "tu t'es engagé, montre ce que tu vas faire pour nous". Il le fait avec une métaphore culinaire, parce qu'il sait que ce genre d'éloquence convient pour parler à un parasite (318, 1). Si, en revanche, comme dans la plupart des traditions manuscrites de Térence, c'est Phormion qui se parle à lui-même, la suggestion d'Estienne est absurde. Toutefois, il est invraisemblable que le commentateur ne signale pas les divergences dans l'attribution de cette réplique que suppose le texte d'Estienne. Notre idée est que c'est précisément cette indication qui a été corrompue par les copistes rendant ainsi le texte incompréhensible à moins de corriger le très consensuel "cogitatur" comme l'avait fait l'éditeur humaniste. Si l'on conserve "cogitatur" (ou, comme nous le faisons, "cogitantur" avec mélecture d'une abréviation) et si l'on considère que la partie corrompue du texte se situe juste en amont du segment "a Geta cogita(n)tur", ce segment peut du coup apparaître comme la fin d'un énoncé du type "on pense que cela est dit par Géta", et supposer que le texte portait "dici a Geta cogita(n)tur". Reste le problème de "adeo/ideo" unanimement donné par les témoins et de "modo". Dans notre hypothèse la corruption de "dici" lu "nihil" ou "nisi" s'explique sans doute par une mélecture du "d" pris pour "n" aboutissant à lire "nici" aisément corrigeable en "nichil" ou "nisi". A partir de ce moment là le texte devient difficilement compréhensible et une correction de "ea" en "eo" a sans doute été facilitée par le fait qu'on ne reconnaissait plus dans le segment "at" une citation abrégée de lemme, "atea" pouvant alors donner au choix "adeo" ou plus rarement "ideo".287. παροιμία est une excellente conjecture d'Estienne sur le texte de V παρονομια (lacune chez les autres mss.). Cette conjecture est garantie par le commentaire de Donat à Eun. 381, 2 où le grammairien renvoie à ce vers du Phormion en le qualifiant cette fois de "prouerbium". Le même proverbe existe en grec : cf. Macar. 4, 50 : ἥν τις ἔμαζε μᾶζαν ταύτην καὶ ἐσθιέτω "la soupe qu'on a écrasée, qu'on la mange". Cf. Otto (1962, 177).288. Wessner édite "quia", mais les manuscrits donnent "qui" (RCO) et V donne "quae", leçon à laquelle nous nous rallions.289. Nous revenons au texte des manuscrits contre la conjecture de Bentley "excussisse", adoptée par Wessner.290. Wessner édite, suivant Bentley, "paruum litis molimen". Le texte des manuscrits RO donne "paruum militis molimen", qui ne fait pas sens. La leçon apparemment aberrante de V, "uulgus" à la place de "(mi)litis", explique ce qui a pu se produire : un scribe a lu, au lieu de "parue litis", "par militis", vite corrigé en "paruum militis" (RO). V n'a pas su interpréter "paruelitis" et a transformé en "uulgus" le groupe incompréhensible "ueilitis". En tout état de cause, il faut supposer que ce segment était peu lisible dans tous les modèles de nos manuscrits.291. Les manuscrits n'ont pas vu qu'il s'agissait d'une reprise du texte et lisent "te (ex) crimine eripit". La conjecture, apparemment de Wessner lui-même, est certaine.292. Les manuscrits donnent "aduersum", qui fait contresens. Wessner suit Estienne, qui suggère "auersum", mot technique du commentaire pour caractériser un aparté, ce qui est confirmé par la suite de la scholie.293. "Amice" est le texte de tous les manuscrits. Schoell, suivi par Wessner, proposait "ipsi amico", mais on comprend la même chose avec l'adverbe consensuel de nos manuscrits.294. Les manuscrits donnent ici "annum quod", qui est une mécoupure de "an num quod", forme plutôt rare qui a pu les tromper et qui a amené Lindenbrog, suivi par Wessner, à corriger en "an numquid".295. Ajout à vrai dire indispensable d'Estienne.296. Le texte de Térence, rappelons-le, compte ici en outre le mot "omnes".297. Wessner édite παρέλκεται, qui est une conjecture de Sabbadini (1897, 301), à vrai dire grandement facilitée par V, qui lit "parelceta" (alors qu'il sait l'écrire en grec comme on le voit en Eun. 393, 2). Les autres manuscrits, qui d'ordinaire s'abstiennent prudemment de retranscrire du grec, ont eux aussi des mots en alphabet latin "par electa" (RC) et "parte lecta" (O), qui forment des mots latins, à défaut de donner un sens. Cette transcription nous laisse perplexes, même si on a d'autres exemples de translitération de "parelcon" en caractères latins. Mais il nous semble qu'il n'y a guère, ici, de pléonasme (ou "parelkon"). Nous supposons que le texte ne comportait pas de mot grec et que le texte latin originel a été corrompu par mélecture d'une abréviation de "pro", donnant ainsi la séquence "parte lecta". V a pu soit inverser des graphèmes, soit croire voir la translitération d'un mot grec qu'il connaît. Notre restitution est rendue probable par le fait qu'en outre V ne porte pas "ex" et que le manuscrit a (Firenze Laur. 53.09) porte, lui, "et".298. Wessner édite "huiusmodi est enim umbraticorum hominum scurrilis oratio". Mais tous les manuscrits donnent "et scurrilis oratio", ce qui laisse supposer un premier membre soit au nominatif, soit sans sujet exprimé. De plus RCO lisent "enim uim umbraticorum" et V "enim uis", les deteriores d'après Wessner lisant "ius". On peut hésiter entre restituer "uis" de V ou considérer que "uim" de RCO provient d'une mélecture de la séquence "enimum(braticorum)", que V a ensuite corrigée comme l'ont fait les deteriores de façon à avoir un sujet au nominatif. Un dernier problème est posé par la ponctuation : dans le texte Wessner "enim" est trop loin du début de la phrase, il suffit pour y remédier de déplacer la ponctuation forte après "huiusmodi".299. Wessner édite "deest enim supra 'cum'", mais les manuscrits indiquent tous un mot "ac" entre "enim" et "super" ou "supra", qu'Estienne avait déjà rejeté en raison de l'impossibilité syntaxique. Or OVma portent de façon certaine "tum" au lieu du "cum" de Wessner qui est donné uniquement par ceux qu'il tient pour les deteriores. Nous rétablissons le "tum" qui oblige alors à placer un "cum", évidemment là où les manuscrits mettent "ac". Sur le "a" il est tentant de supposer une mélecture d'un τὸ, article grec bien connu pour démarquer les autonymes dans une séquence "il manque le 'cum' au-dessus de 'tum'".300. Wessner édite, en suivant une conjecture de Bentley, κυριολογία, mot apparemment rare, pour la tentative de lecture de V "acyrologia". Or le texte de V, bien qu'écrit en alphabet latin, est sans nul doute le meilleur. En effet il est "impropre" d'écrire "scriptam dicam", ou "scribitur dica" (comme le fait Cicéron), car une "dikè" se distingue précisément d'une "graphè". On dit γραφὴν γράφειν (intenter un procès public), mais non δίκην γράφειν pour dire (intenter un procès privé) qui se dit par exemple δίκην διώκειν.301. Wessner édite "hic ideo" à partir de diverses conjectures, au lieu de "dicitur et" qui ne pose aucune difficulté de sens et est donné par tous les manuscrits.302. Wessner édite "fingitur" que donnent tous ses manuscrits, mais qui peut avoir été provoqué par "dicitur" ; le manuscrit m (Firenze Laur. 53.08) donne "fingere" qui est bien meilleur pour le sens et que nous retenons.303. C'est ainsi que lisent tous les manuscrits. Wessner suit Estienne qui refuse, on ne sait pourquoi, le verbe composé et édite "loquitur".304. Wessner donne "ex" comme une addition, mais c'est le texte de a (Firenze, Laur. 53.09).305. Wessner édite "accipias", correction de Schoell à partir des manuscrits RCO qui portent "accipiat". La leçon authentique pourrait bien être celle de V "accipe", les autres copistes ayant été choqués par ce qu'ils prennent pour une défense "non accipe", alors que la construction est "accipe non sic quasi dicat... sed...". V, qui, par ailleurs, écrit une langue tout à fait correcte, n'a pas éprouvé le besoin de corriger ce qu'il lisait, sans doute parce qu'il le comprenait.306. Wessner édite, suivant tous les manuscrits, "subaudito" dans lequel il voit certainement un impératif futur, mais d'ordinaire Donat recourt à l'impératif présent. Ici, il est tentant de croire que les copistes ont pris les deux lettres grecques pour la fin d'un mot latin par ailleurs bien connu et qui est sans doute pour eux un participe dans un ablatif absolu.307. Wessner édite en suivant une conjecture de Sabbadini (1897, 302) "aut quia sub enim", mais tous les manuscrits donnent "sic". Nous pensons, quant à nous, que le problème n'est pas sur "sic", mais sur "aut", probable mélecture d'un "ut" dont la leçon aberrante de V "autem" peut confirmer la difficulté.308. Wessner, d'après Sabbadini (1897, 302), édite "subiugatur", qui n'a, à vrai dire, aucun emploi grammatical, sauf chez Terentianus (43, 559 Cignolo (2002)), où il a tout d'une facilité métrique. Tous les manuscrits donnent une forme de "subiungo", qu'elle soit à l'indicatif ou au subjonctif.309. Wessner édite "an 'illuditur' hoc est 'frustratur' ?" Or parmi les manuscrits que n'utilise pas Wessner, au moins m et a ne portent pas "hoc est", quant à V il lit "alii" au lieu de "an". Nous le suivons sur ce point et suivons m et a pour éliminer "hoc est" et reconstruire un commentaire certes elliptique, mais bien dans la manière de Donat.310. Ce mot est la leçon isolée de V qui a cependant toutes les chances de donner le bon texte. En effet "usus est" des manuscrits CO se déduit aisément, comme le montre la graphie très douteuse de m où l'on ne peut guère choisir entre l'un et l'autre mot. La présence de "uerbis" a pu jouer en faveur de "usus". Wessner éditait suivant une conjecture de Schoell "mire iuris usus" en précisant que c'était une conjecture de Pithou. Pour nous, "uerbis" est plutôt un datif.311. Wessner édite "totum uideatur illatum quando si obaeratus sit sub huiusmodi poena", dans lequel "illatum" est une leçon apparemment isolée de V (les autres manuscrits portant "elatum"), "si obaeratus" est une conjecture d'Estienne relayée par Sabbadini (1897, 302), les manuscrits portant presque unanimement "separatus", "sit" qui est lu "sic" par m et "sub" lu "ab" par RCV. Nous proposons de revenir au texte à peu près consensuel des manuscrits sur les mots "separatus" et "ab". Pour "elatum", le texte donné par m, "uideare elatum", donne sans nul doute la solution : "uideatur relatum" qui explique également la leçon de V. Quant à "sit" du texte Wessner, il rend la syntaxe très obscure, alors que "sic" lu par m, qui est facilement transformable en "sit" donne une solution simple, en faisant de "separatus" l'apposé au sujet de "queritur". La conjecture d'Estienne "obaeratus" est probablement induite par la présence de ce mot dans les scholies qui précèdent (334, 2 et 3).312. Cette scholie se trouve dans certains manuscrits (dont V) après la suivante.313. Wessner ajoute ici "retribui" conjecture de Goetz, où Estienne proposait "accipere" qu'il plaçait après "possit". Cet ajout ne se justifie nullement, le sens étant parfaitement clair.314. Wessner édite sur ce passage extrêmement désordonné dans les manuscrits : "huiusmodi sententia infert poeta †παρένθεσιν cum his quae uoluit inferre". Or dans cette section tous les mots font problème, sauf "huiusmodi" et "cum his" que donnent tous les manuscrits. "Sententia " est parfois lu "sententiam", "sensus", voire ".N." ! "Infert" est lu "inferunt" par trois manuscrits, "poeta" est lu "poetae" par V, le grec repose sur V qui lit παρεντεσιν, mais on trouve aussi "parentesi", "parenthasis", "parante sic" et des lacunes. "Voluit" est parfois "uult", mais aussi "noluit", et "nolunt". "Inferre" est à peu près consensuel (sauf chez R qui lit "referre", ce qui au fond n'est pas si grave, compte tenu de l'état du reste de la tradition sur ce passage). Il se peut que l'un des problèmes soit lié à un segment abusivement pris pour du grec, ce qui expliquerait la lacune. Cela est d'autant plus vraisemblable que la notion proposée, la parenthèse, recouvre très mal la réalité de ce vers. Soit Donat s'est permis dans son commentaire une acception particulièrement large du terme, contrairement à son usage habituel, soit ce que nous prenons pour du grec est corrompu et peut très bien ne pas avoir été du grec. Le segment "parante sic" donné par Oa peut expliquer le zèle de V à retranscrire du grec. Si son copiste a lu "parantesic", il sait suffisamment de grec pour écrire παρεντεσιν. Toutefois si l'on admet "parante" il faut que "poeta" soit un ablatif et la phrase n'a plus de sujet exprimé. On pourrait supposer que c'est Géta et comprendre "Géta insère une sentence de ce genre parce que le poète prépare ainsi...". Toutefois la présence, chez VO, d'un verbe au pluriel "inferunt" et corollairement chez V de la forme "poetae", nous invite à lire "poetae parantes sic". De ce fait on comprend "les poètes insèrent une sentence etc. en préparant ainsi etc.". Une fois ce passage corompu dans la tradition, la subordonnée relative devient particulièrement problématique et ainsi s'expliquent les importantes divergences textuelles dans cette section. Une fois cependant, la première partie restaurée, il n'y a plus guère de solution pour la seconde que celle que nous proposons. Reste la difficulté posée par "cum his" qui apparaît comme un texte consensuel ; sans doute faut-il supposer que la limite floue entre le prétendu grec et le retour au texte latin a entraîné une sorte d'expansion appelée pour relier entre eux les segments que les copistes comprenaient, par exemple "parenteshis" devenu "parenthesis cum his".315. Cette préposition est un ajout de Sabbadini (1897, 302) qui rend l'énoncé plus clair, mais qui n'est peut-être pas absolument indispensable. Nous le conservons cependant pour la clarté de la phrase.316. Wessner édite ici "rationem" qui est une conjecture d'Estienne. Les manuscrits portent "uim" (Oam) ou "numero" (V), ou une abréviation qui paraît être "nomen" (RC). On voit bien ce qui a pu se passer. "Vim" a été pris pour une abréviation, et lu fautivement "nõm", puis développé par V comme il pouvait.317. Tous les manuscrits du commentaire utilisés par Wessner lisent ainsi, avec plusieurs manuscrits de Térence. Il est donc probable que le commentateur lisait ainsi. Pour le lemme suivant, on notera que cette tendance se confirme nettement chez VO, alors que RC paraissent lire soit "ad simbolum", soit "asimbolum", puisqu'ils portent "teneas simbolum". On peut se demander si les deux lemmes lisent le même texte, puisque des divergences textuelles sur le texte de Térence dans deux lemmes consécutifs ne sont pas sans exemple.318. Wessner édite "haec non ab Apollodoro sed de..." en indiquant que la référence est Enn. Sat. 6 frg. 1M = vers 14- 19 Vahlen. Les manuscrits donnent, depuis le début de la scholie, des lectures très confuses d'où n'émerge que le segment "ab Apollodoro". Tous les témoins pensent, d'une manière ou d'une autre (en lisant "nec non" (RCOa) ou "nedum" (V dett.m)), qu'il y a, cachée là, une allusion au texte d'Apollodore, ce que confirme O (suivi comme d'ordinaire par a) qui laisse un blanc après " Apollodoro", comme chaque fois qu'il voit du grec. A partir de là, on peut imaginer que les manuscrits qui complètent le texte après "Apollodoro" ont translittéré en latin un texte qui pouvait être du grec. La leçon de V "sed decen..." laisse clairement penser que le scribe a tenté de lire avant de renoncer, ce qui tend à prouver que le grec avait bien été translittéré et donc corrompu. Peut-être faudrait-il restituer quelque chose comme "Σέ δ'ἥκειν..." début de trimètre traduit littéralement par Térence "tene... uenire". Mais on peut aussi penser, comme le faisait déjà Estienne, que les difficultés de ce segment proviennent d'une abondance d'abréviations sur une référence bibliographique. Depuis Estienne, la tradition est de rapporter le texte cité ensuite à Ennius, Satires, 6, ce qui impliquerait de lire quelque chose comme "sed ex en.vi sat." que les deteriores retranscrivent "sed de sexto salis". V a pu lire "sedexen" en "sed de cen" et renoncer devant la suite, ce qui, notons-le quand même, ne lui ressemble guère, car il semble s'obstiner à lire soigneusement même les textes les plus difficiles. Dès lors, si l'on accepte qu'il s'agit de latin abrégé et non de grec, il faut impérativement suivre Estienne et corriger le "nec" du début de la scholie en "hec". La longueur de la citation rend invraisemblable l'absence d'attribution auctoriale et paraît donc donner raison à Estienne sur le choix d'Ennius et, par ricochet, probablement sur la correction en "hec". Faut-il toutefois considérer que le "sexto" des deteriores est au-dessus de tout soupçon ? Si ce qu'ils lisent est ce que nous postulons plus haut (c'est-à-dire "sedexenvisat"), nous pensons que ce qui a été pris pour la séquence "vi" lue "sexto" peut en fait être la fin du mot "enni" c'est-à-dire le nom de l'auteur complet sans précision du livre. Il faut donc, à notre sens, regarder l'attribution au livre 6 d'Ennius du passage qui suit avec la plus grande suspicion, d'autant plus que "salis" pourrait tout à fait cacher "ex enni sat i" ou "ex enni sat ii". Si nous acceptons, faute de mieux que ce texte soit de l'Ennius, nous pensons qu'il ne faut nullement sur la foi de ce texte si corrompu lui accorder une place précise dans un livre.319. Wessner édite "infertis", les manuscrits donnant "infectis", "inferetis". Nous choisissons de suivre une conjecture de Mueller, qui convient parfaitement au contexte et au genre satirique.320. Wessner édite "ablingas" texte du mansucrit Cujas, mais V donne un texte excellent que nous retenons à la suite de la conjecture de Bentley citée par Wessner.321. Les mansucrits donnent tous ici "dominos", mais ainsi la phrase ne peut pas se construire.322. Tous les mansucrits portent "uorans", ce texte provient de l'editio princeps.323. Les manuscrits, influencés par ce qu'ils viennent d'écrire, portent "simbolum", mais le texte de Térence est bien celui que nous indiquons.324. Wessner édite une conjecture de Schoell "latratoriis", mais on voit mal pourquoi refuser l'un des textes proposés par les manuscrits, comme "latraturis", donné par ceux que Wessner tient pour les deteriores. On lit aussi (ce qui n'est pas impossible) "latrantibus" (R), "latratoribus" (OV). Ce texte avec participe futur a l'avantage de distinguer le moment où le chien grogne de celui où il aboie.325. "Cicero" est une conjecture habile de Wessner pour des manuscrits qui donnent "sic aliter". Il est cependant difficile d'expliquer qu'ils n'aient pas reconnu le nom de Cicéron, sauf dans ce cas précis où ils ont pu trouver absurde la succession "siccic". Il est en effet assez invraisembable que Donat dise simplement "aliter" pour une citation externe, alors qu'il réserve cet adverbe à des citations internes. Quand il l'utilise pour des citations externes, il met pratiquement toujours le nom de l'auteur ou à défaut une indication du type "ille" (le Poète par excellence, Virgile).326. On lit généralement "summo" dans les éditions de Plaute.327. Wessner édite "ultimo, quandoquidem", qui est une conjecture personnelle. Les manuscrits portent assez unanimement "ultimo quidem", sauf V qui lit "qui d" qui peut s'interpréter "dicitur" ou "datur", mais ne donne guère de sens. Nous pensons que V a recopié ce qu'il croyait voir, mais que le texte était "dictum", abrégé d'une façon qui a pu le troubler. De ce fait, il est aisé de comprendre que l'abréviation double de "-que" et de "dictum" ait abouti dans un des modèles à "quidem".328. Wessner édite "congurere poetae uisa sint". Or certains manuscrits portent tout autre chose : V donne "congruunt ea" dans lequel "-ruunt" est un ajout du correcteur de V. O et les deteriores selon Wessner donnent "congrue", ce qui a poussé Sabbadini (1894, 110) à conjecturer "congrua". Pour la suite RV donnent "poeta" et O "poetice". Pour la fin, O donne "uisas inter se", V et les deteriores donnent "miscet inter se". Quant à RC, ils ne donnent rien du tout. Sabbadini (1894, 110) conjecture "uisa sunt esse" et suit Estienne pour "uisa sunt". Ce qui paraît sûr est 1-que le premier mot commence par "cong-" et qu'il est très probable que la phrase se termine par "(int)er se". Pour le début, on peut supposer, d'après ce qu'on lit dans V, un texte très difficile à déchiffrer (lu "congea poeta miscet inter se" par le copiste de V, le plus soigneux comme on le sait). Nous supposons que la forme aberrante "congea" ou ce qui se trouvait dans les modèles a provoqué une série de corrections "congrue" et surtout "congruere". Cet infinitif "congruere" a, à son tour, appelé une intervention sur la suite, car il ne se comprenanit que si le verbe conjugué tolérait un infinitif objet ou attribut. De là "miscent inter se" était très menacé et il est aisé de comprendre qu'il soit devenu "uisa sint esse". Nous rétablissons dans sa majorité le texte de V, en faisant droit à la correction minime proposée par Sabbadini qui sauve "congea" en lisant "congrua". D'ailleurs le texte ainsi lu d'après VM est parfaitement clair.329. Wessner édite "per scaenam" qui est une conjecture de Hartman (1895), les manuscrits (du moins pour ceux qui ne sont pas lacunaires ici) donnant "post scaenam", corrigé habilement par Teuber en "in proscaenio". Toutefois, cette correction ou celle de Hartman (1895) / Wessner supposent qu'il s'agit de traiter la question du réalisme du temps scénique. Si les avocats avaient été informés sur scène, il aurait fallu au moins une scène supplémentaire. Mais, si nous faisons confiance aux manuscrits, ce n'est pas du temps scénique que parle Donat, mais du temps hors-scène. En effet, Démiphon est parti d'abord chez lui pour prier puis au forum pour chercher les avocats au vers 314, et il ne s'est écoulé qu'une brève scène ( 33 vers) avant son retour avec ses avocats. C'est évidemment bien trop court pour qu'il ait pu, hors-scène, non seulement faire sa prière et aller au forum, mais encore les trouver et les instruire. S'il y avait eu un entracte et non un interscène, tout allait bien, mais ici Donat, avec sa précision habituelle, souligne l'invraisemblance tout en l'excusant. Les avocats devaient être déjà au courant. Comment ? Mystère.330. Ce texte grec est issu du manuscrit Cujas, V ne donne que "πρόσωπα", mais la lecture du Codex Cujas est probable, car C porte "persone" suivi d'une lacune qui doit correspondre au fait qu'il connaît le mot "πρόσωπα", mais ne sait pas lire l'adjectif. On notera cependant que Donat nomme d'ordinaire ainsi des personnages qui ne parlent pas du tout, et non des personnages qui vont parler ensuite.331. Wessner fait droit à la conjecture d'Estienne "prius" qui répond à "postea" et a pour elle le caractère récurrent de ce type de confusion. Toutefois, il suffit de modifier la ponctuation pour que le texte des manuscrits "peius" devienne satisfaisant et même meilleur. Les avocats sont des "personnages muets" et ridicules pour l'instant, mais quand ils sortiront de leur mutisme ("postea"), ce sera bien pire ("peius").332. Wessner édite "ultro impetum", texte qui, en soi, n'est pas impossible, même si la construction transitive de "incurrere" avec un nom de chose est pour le moins rare dans la langue soignée. Nous supposons, quant à nous, qu'il s'agit de la structure "ultra impetum incurrere", dans laquelle la préposition a été mal lue. Cette mélecture a entraîné chez V une hypercorrection "ultro in poenam...incurrat" rétablissant une préposition, mais dont le sens est difficile à saisir. Dans notre hypothèse, le texte signifie que le parasite fait du bruit pour exciter le vieillard et le jeter dans une colère telle qu'il ira même plus loin que la feinte excitation de Phormion, son accusateur.333. Wessner édite "fatigatio" qui est une conjecture de Bentley, qui comprend sans doute que Phormion harcèle Démiphon en répétant son nom. Mais il a tort, car Donat vise en réalité comme le montre "tumultuose" le fait de crier à l'envi le nom de Démiphon pour faire du scandale et ainsi obtenir gain de cause. Les manuscrits ont donc raison de lire comme ils le font "flagitatio", puisque c'est le nom technique de cette pratique de charivari, qui peut être liée d'ailleurs à des pratiques judiciaires.334. Wessner appelle ici le personnage "Stilponem", alors que les mansucrits l'appellent soit "Stilbonem" (évidemment une erreur par rapport au texte de Térence), soit "Stilphonem". Au vers suivant il édite bien "Stilphonem".335. Wessner édite "haec asseueratio est mentientis imitata ueritatem" dans lequel "mentientis" est une conjecture d'Estienne contre un "mentis" unanime des manuscrits. Toutefois le texte est assez désordonné, RCV donnent pour le début du segment un texte identique : "hoc asseueratione mentis est imitari". V se singularise en lisant "uarietatem" au lieu de "ueritatem", sans doute par excès de zèle parce que de fait Phormion répète deux fois la même chose de façon variée. On peut donc se fonder sur "ueritatem" qui est aussi donné par O qui pourtant donne ici un texte très différent. Nous partons donc de la leçon de RC "hoc asseueratione mentis est imitari ueritatem", dont nous corrigeons très peu de choses : "mentiriest" a aisément pu être lu "mentisest" et une confusion entre "hoc" et "hac" est loin d'être sans exemple, d'autant que O porte "haec".336. Tous les manuscrits sont d'accord pour voir dans "scire" le dernier mot du lemme. Nous conservons ici le texte de V qui paraît probable, car les variantes des autres manuscrits sont insignifiantes. Wessner éditait "SCIRE QVI F." dans le lemme et commençait la scholie à "multa".337. Wessner édite "clamitandi" qui est une conjecture de Schoell sans doute issue de O qui lit "clamandi" et de "uociferandi" qui suit. RCV lisent "damnandi" qui est excellent dès lors que "omnia" est le complément de "dicunt".338. Tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent "uociferandi" de toute évidence provoqué par "damnandi" sur la mélecture d'une abréviation pour "uociferantur". La construction est le sens s'en trouvent de toute évidence mieux avec un verbe à un mode conjugué.339. Wessner ajoute ici "enim" qui ne sert à rien.340. Texte de RCV, Wessner éditant "quae".341. Wessner édite le texte de O "et PARENS pater, nam ut uariaret parentem dixit quem supra dixerat patrem", mais le texte des autres manuscrits est unanime pour lire au moins "patrem ut uariaret parentem dixit quem supra dixerat" sans répéter ensuite "patrem", ce qui revient à faire du "patrem" qui suit le début de la scholie suivante. V qui donne "et" entre "parens" et "patrem" suggère qu'un mot bref a pu sauter devant "patrem" dans RCV, et nous proposons "eum" qui rend la construction bien plus lisible en faisant du groupe "eum patrem" l'antécédent de "quem".342. Wessner édite "quia est qui ignoret parentes...ideo utrumque conquestus est". Le texte des manuscrits est très hésitant sur le début du segment où l'on lit "quia est" (VDL), "est qui" (RC) et "qui" (O). Il est également troublé sur le mot "ideo", conjecture de Sabbadini (1894, 118), pour "idem" (RC), "id est" (O) et "uel" (VDL). Notons encore que V ne porte pas "id est". Nous conservons le "uel" de V, qui semble indiquer qu'à l'alternative du premier segment, Donat oppose les deux éléments réunis dans le second ("utrumque"). De ce fait, le "quia est" de V peut sans doute être corrigé en "quia et", leçon possible, ou, mieux encore, en raison de la construction ordinaire de "conqueror" et d'une confusion paléographiquement facile "quod et". Le fait que l'édition Estienne, suivie par Lindenbrog, donne au début du segment "quia fieri potest ut", loin d'accréditer cette leçon comme issue du manuscrit Cujas, laisse plutôt supposer une correction humanistique, voire purement stéphanienne.343. Seuls MO et le manuscrit de Cujas attribuent cette citation à Salluste. Pour les autres manuscrits de Wessner, elle n'a pas de nom d'auteur.344. Wessner rajoute ici le mot "turba" absent de la citation dans ses manuscrits.345. Wessner corrige le texte pour lui rendre la forme cicéronienne habituelle "negauit", mais tous ses manuscrits lisent "negarunt".346. Wessner édite "est et", suivant ainsi RC. Le verbe n'étant pas indispensable, nous suivons VO qui lisent "et".347. Wessner édite "exclamatio est. et ostendit, quid absente patre defenderit filius". Ce texte, qui est donné par C, se comprend en soi, mais ne peut en aucun cas se rattacher à ce lemme. En effet, Démiphon ici ne fait pas allusion à l'audace de son fils, mais à l'audace de Phormion dont il croit éventer la machination. V est le seul des manuscrits consultés par Wessner à proposer un autre verbe, "offenderit" (attesté également chez Mm), qui, lui, convient parfaitement à la situation. Mais le manuscrit m donne, lui, une solution particulièrement intéressante "offenderit filium". Si le verbe a été corrompu en "defenderit" à un moment de la transmission, la correction de "filium" en "filius" devenait pratiquement inévitable.348. Wessner édite "uim adhibitam filio suo uxorem ducere, uno cum hunc audacem appellat, altero quod dicit 'etiam', quae coniunctio ad Antiphonem conuertitur, et sic 'accusatum'", texte qui n'a pas grand sens. Il faut reconnaître que les manuscrits qu'il a utilisés offrent des variantes sensibles sur plus d'un point. Pour "uim" on lit "et uim" (RCV) ou rien (O). Pour "uno", RCO lisent "una". Pour "quae" on lit "et quae" dans RCO, pour le segment "est Antiphonem" on lit "et Antiphonem" (O) et "ad Antiphonem" (RC), pour "complectitur", RC lisent "conuertitur". Quant à "accusatum" de Wessner, c'est une correction d'Estienne car les manuscrits lisent soit "accusatur" (RCV) soit, par une évidente mélecture, "accuratur" (O). Nous supposons d'abord que l'abaltif "ui", en raison de la succession "esse ui adhibitam", a été rectifié à l'accusatif pour donner un segment très correct grammaticalement "esse uim adhibitam filio suo". Toutefois on n'explique alors que très difficilement le segment "uxorem ducere" qui paraît impossible à construire. Nous pensons que le segment "uxorem ducere uno" représente une correction jugée évidente à la lecture du seul segment "uxorem ducere" entraînant par là-même une légère mécoupure des mots avec simplification du segment "ducereouno". Une fois "uno" séparé de son substantif originel "reo", la tentation est très grande de transformer "aliter eo" en "altero", unanimement donné par les manuscrits. On recrée ainsi un parallélimse artificel, mais qui a trompé Wessner et la plupart des éditeurs. Or il nous semble que cette scholie dit en fait deux choses. Soit il y a un seul coupable ("uno reo") et c'est Phormion (et c'est pour cela que Démiphon dit "quel audacieux, il va oser m'accuser"), soit ("aliter") il y en a deux, Phormion qui est l'"audax" et Antiphon qui va venir plaider contre son père. Et il faut comprendre "quel audacieux que ce Phormion ! et en plus Antiphon va de son plein gré venir m'accuser". Dans la première phrase de la scholie il faut comprendre implicitement qu'"etiam" est un adverbe, dans la seconde explicitement qu'il est "coniunctio". La double interprétation du vers repose sans doute sur l'hésitation du grammairien quant à la nature d'"etiam".349. Wessner édite "hic" qui est une conjecture personnelle, tous ses manuscrits étant unanimes pour "sic", sauf O qui porte "sit".350. Nous conservons ce texte, bien qu'il soit différent du texte de Térence qui porte "adulescenti", en considérant précisément que le fait de n'avoir pas normalisé partout rend ce texte plus que probable. V, avec le soin qui le caractérise généralement, a corrigé pour rétablir le mot térentien, dans ce qui est de toute évidence une reformulation et non une citation.351. Aucun manuscrit ne donnant ici le passif "ostenditur", nous supposons que le verbe est bel et bien actif, mais nous lui ajoutons le réfléchi théoriquement indispensable qui a pu se perdre par haplographie.352. Estienne, suivi par Wessner, normalise le temps de ce verbe au présent, comme "dicit", mais il n'y a aucune raison de le faire. Les mansucrits donnent bel et bien un parfait.353. Texte de V que l'on trouve aussi chez Estienne. Wessner édite "ostendit" sur le modèle du premier verbe, mais il a sans doute tort.354. Wessner édite "restitisse in iudicio" qui paraît à contresens. En effet, il ne s'agit pas de ce que Phormion et Antiphon ont fait lors du procès, mais de la façon dont Phormion voit le jeune homme. Au début, il est en colère contre lui, mais, comprenant qu'Antiphon n'a aucun moyen de connaître les parents de la jeune fille, il se radoucit et change d'avis. VO nous mettent sur la voie en lisant "restitisse iudicio", mais il est probable que "destitisse" moins fréquent que le parfait de "resistere" a été "corrigé" par un scribe qui imaginait qu'on parle ici du procès (ce qui explique le "in").355. Wessner édite "quasi" qui est selon lui une conjecture de Bentley mais que l'on trouve apparemment dans l'édition de 1477. Avec ce mot, il manque de toute évidence une conjonction. Or tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent un texte bien plus compréhensible en lisant "quod si".356. Wessner fait à juste titre remarquer que la scholie suppose la présence de "quippe homo" dans le lemme, ce que V a rétabli. Mais comme tous les autres manuscrits portent "si illum", nous préférons à la substitution opérée par V, l'édition d'un lemme plus développé.357. La leçon de R "ad nomina tantum" n'est peut-être pas aussi absurde qu'elle en a l'air. En effet, le père a été désigné d'abord par un pronom "illum", puis soudain "seulement par des noms", c'est-à-dire des noms et des adjectifs ("homo", "grandior", "pauper"). Avec le texte que nous éditons, la remarque est syntaxique, elle devient morphologique si l'on suit R. Le texte de O "ad nostrum", résolument absurde, laisse toutefois supposer un segment difficile à lire.358. Sur cette correction voir la note sur "a positiuo" en 362, B 4.359. Ici Wessner, comme souvent, répète un fragment du lemme en tête de scholie, contre tous ses manuscrits. Nous supprimons cet ajout de "grandior".360. Wessner édite ainsi, depuis la fin de la scholie 3 : "quasi et ipse nosse debuerit. 4 QVIPPE NATV GRANDIOR <grandior> hic comparatiuus non est sed habet significationem a positiuo minus". Or les manuscrits portent pour la scholie 4 des marques certaines de désordre. RC lisent "hic comparatiuus et non habet significationem a positiuo minus", O donne "hic comparatiuus non habet significantiam a positiuo et minus significat". Quant à V, il donne sans doute encore une fois un élément de la solution en lisant "hic comparatiuus non habet significationem quod magis siue minus a positiuo significet". Comme on le voit, la scholie de V est beaucoup plus volumineuse que les autres, quoiqu'on trouve trace de ces spécificités également chez O. Nous supposons que l'amplification de la scholie de V repose en réalité sur l'insertion à cet endroit, et de façon acrobatiquement réalisée par le copiste de V (ou son modèle) pour donner un sens, d'un commentaire qui en réalité porte non pas sur ce lemme mais sur le précédent et qui se reconstitue aisément "quod minus significat" ou éventuellement "significet". Le commentaire précédent indique une différence de sens entre "non" et "minus", et le segment "quod minus significat" se trouve parfaitement à sa place, là où nous l'installons. On peut supposer qu'un copiste a d'abord omis ce segment final de la scholie 3, puis l'a rajouté en marge, mais sans que le rattachement exact de cet ajout n'apparaisse vraiment clairement. V, ou l'un de ses modèles, a cru que ce passage se rattachait, en raison du comparatif "minus", au commentaire de "grandior", et, de ce fait, y a vu une lacune qu'il a complétée par "magis siue", étant bien entendu que "minus" pour un comparatif "grandior" qui est un comparatif de supériorité a dû lui paraître incongru. On retrouve trace de ce désordre liminaire chez tous les autres témoins dont les modèles soit n'ont pas du tout tenu compte de l'ajout marginal et lu "minus", soit ont partiellement tenu compte de cet ajout (comme O qui conserve encore le verbe "significat" en plus de "minus"). On voit bien alors pourquoi il a rajouté "et" car ce qu'il avait lu ne fournissait aucun moyen de se rattacher au reste. Quant à la correction de "comparatiuus" des manuscrits en "comparatiuuam", elle est rendue probable, car il était aisé de mal grouper les mots en prenant l'adverbe "hic" pour un démonstratif et en lisant "hic comparatiuus" ("ce comparatif").361. Texte de RC, VO portant "qui". Wessner a supprimé ce mot. La place un peu étrange de "quidem" a pu pousser certains copistes à écrire "qui". Ici il s'agit d'une première reformulation qui suppose que l'on comprenne "grandior" comme "grandior quidem" (un peu âgé certes), qui va ensuite conduire le commentateur à reformuler en "un peu trop âgé pour".362. Cet adverbe, ignoré par Wessner, se trouve dans O à la place de "nosse". Il est difficile de supposer qu'"optime", qui n'a aucun sens tout seul, puisse être une mélecture de "nosse". Depuis l'editio princeps (1477), on lit généralement "optime nosse". Nous suivons ce texte en considérant qu'une partie majoritaire de la tradition a omis cet adverbe, ce qui est aisément compréhensible, O, de son côté, ayant omis le verbe. 363. Ce texte, le seul possible, est une correction par raturage de V et le texte donné par M. Tous les autres manuscrits y compris la première version de V portent "uita" qui provient à coup sûr d'un état ancien du texte. Toutefois, le plus probable est sans doute qu'il n'y ait rien eu du tout, mais simplement la mention "ici c'est le septième cas" à charge pour le lecteur de trouver tout seul qu'il s'agit d'"opera". Lorsqu'un annotateur a ajouté "et" en début de scholie donnant "et hic septimus casus est", il était tentant de déduire que cette scholie était la suite de la précédente, laquelle porte sur "uita", et ce d'autant plus si l'on ne disposait pas, au moment de la copie, du texte de Térence pour comparer. C'est donc "uita" qu'on a introduit dans le texte avant séparation des familles dont RCOV sont les représentants. Une fois introduite cette absurdité ("uita" à l'ablatif), seule une correction prenant en compte Térence pouvait sauver le texte. C'est ce qu'a fait la main qui porte la correction de V.364. Wessner édite "continere se dicitur qui contra uoluntatem se retinet". Dans ce texte "se" est un ajout d'Estienne qui rajoute ce pronom également dans le lemme, pour coïncider avec le texte de Térence. Les manuscrits ont "continere" sans le réfléchi et hésitent entre "uoluptatem" (RCV) et "uoluntatem" (O), ainsi qu'entre "retinet" (OV) et "continet" (RC). Nous pensons que la forme "continere" est en fait la source de toute la difficulté, et qu'il faut lire "continens". Mais comme Térence donne un verbe, il était tentant de rectifier avec l'infinitif correspondant. A partir du moment où on lit "continere", il devient très tautologique d'écrire "<se> continere dicitur qui se continet", et "retinet" s'explique comme une recherche de synonymie réduisant la tautologie. S'il s'agit d'expliquer "continens", en revanche, il n'y a plus de tautologie, mais une précision sémantique qui, du coup, impose quasiment "uoluptatem" et justifie "continet".365. Ici Wessner ajoute "ruri" en suivant l'editio princeps. Les mansucrits ne le donnent pas, nous les suivons.366. Peut-être faut-il lire comme V "odiosa", en considérant la scholie de la série B qui porte "miserabiliter et inuidiose". Toutefois "ociosa" de R et C paraît accréditer le fait qu'ils aient lu ou entendu "otiosa" et non "odiosa".367. Wessner édite "a dignitate" qui est une conjecture d'Estienne (qu'il doit comprendre comme "reposant sur la dignité de la personne"), mais le texte unanime de ses manuscrits donne "ad" et l'accusatif. Il faut construire "ad dignitatem personae" et rapporter le tout à "qualitas iniuriae" (qualification de l'injure faite à la dignité de la personne).368. Texte unanime des manuscrits RCOV, contre Wessner qui conjecture "et quoad uixit", à partir du texte du manuscrit Cujas, qui portait apparemment "et quod ad uixit". Le texte des manuscrits est parfaitement clair. Dans la première reformulation de "inuita" par "cum uiueret", il s'agit du temps et "uita" signifie "la durée de la vie", dans la seconde, il s'agit des actes accomplis dans la vie et "uita" signifie "le genre de vie".369. Tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent ce texte, ainsi qu'une partie de la tradition manuscrite de b (70) et du Phormion (95). Il n'y a donc pas lieu d'accepter la correction "huc uiciniae" éditée par Wessner d'après Estienne ni "huc uiciniam" proposé par Sabbadini (1894, 120).370. Wessner édite une conjecture de Sabbadini (1894, 120) "parem tete", suggérée déjà par Westerhof ("parem te"), mais la forme "tete" demeure très suspecte. Les manuscrits lisent unanimement "parentem te" qui n'a guère de sens, que l'on considère qu'il s'agit d'une forme de "parens" ou du verbe "parere". Nous pensons qu'une mélecture d'abréviation jointe à une haplographie a pu faire prendre l'ablatif de qualité pour le substantif "parentem", confusion facilitée par un contexte où il est beaucoup question de paternité et de parenté.371. Passage particulièrement corrompu. Les manuscrits donnent, pour RCK "sciens hanc personam fingi uel certe etiam mortui uis hominis non duci", pour O "sciens hanc personam fingi uel certe et mortui hominis induci", pour V "sciens hanc personam fingit uel certe etiam mortuum hominem induci". Wessner édite "sciens hanc personam fingi uel certe etiam mortui uisum hominis induci", dans lequel "uisum" est une conjecture de Schoell. Nous pensons que "uitam" a pu être lu à un moment comme "uisiam" voire "uis etiam", sans doute en raison de formes abrégées, et que le "etiam" ainsi dégagé a été placé à un endroit syntactiquement pertinent laissant ainsi le "uis" dans une position désespérée.372. Karsten ajoute ici un "non" suivi par Wessner, mais c'est un total contresens. Si "capere" est synonyme d'"eligere", comme le montre la fin de la scholie, il faut considérer que "capere" signifie "se charger de quelque chose qui dépend de nous". D'ailleurs le sens de Térence ne fait ici aucun doute : il s'agit de s'exposer volontairement à l'inimitié de la "familia" dont fait partie Géta, donc de la choisir.373. Wessner édite "aut fere" que lui donnent apparemment RVO, mais d'autres manuscrits et les éditions anciennes, dont Estienne, donnent "auertere" qui est bien plus satisfaisant. Donat met ainsi trois synonymes d'"aspernari", dont un comprend le préverbe "ab-".374. Ce texte, qui est celui de Mm (Firenze 53.08), est assuré par V, qui lit, avec une mécoupure du lemme suivant, "ab aspergo pergin" ("pergin" étant le lemme du vers 372 et le mot immédiatement suivant dans la série A). Wessner édite "ab 'a' et 'sperno'", mais ce texte que ne donne en l'état aucun des principaux manuscrits est très peu vraisemblable. Donat aurait écrit "ab 'a' et 'spernendo'".375. Texte de V. Wessner rejette le mot grec en début de scholie 2, comme Lindenbrog et le manuscrit O qui place là sa traditionnelle lacune, mais il est plus judicieux de le laisser là. RC n'ayant ni grec, ni lacune, il est impossible de savoir s'ils lisaient ce mot et où. Notons qu'Estienne indique ici un passage désespéré. Apparemment le mot grec se trouvait dans le manuscrit de Cujas, V a une approximation "απολοσησ", dont on peut se demander si elle ne cache pas une autre figure.376. Cette citation est également connue par le grammairien Arusianus Messius qui en donne un texte plus complet et plus cohérent que celui fourni par les manuscrits de Donat utilisés par Wessner, lequel complète la citation en suivant Messius. Nous pensons que Donat a pu déjà lui-même tronquer cette citation pour mieux faire apparaître le phénomène qu'il observe.377. Seul O donne ici le texte "et" avant le participe. Quant au participe lui-même, RCOV le lisent "impositis", ce qui peut résulter ou bien d'une mélecture d'abréviation à date ancienne pour "interpositis" qui se lit chez ceux que Wessner considère comme les deteriores, ou bien de la conviction que le groupe "impositis quibusdam" appartient à la citation de Salluste, ce qui est indécidable en l'état, mais n'est pas totalement exclu. Le fait qu'Arusianus Messius arrête la citation à "audebat" peut être un indice en faveur du texte "interpositis", mais il n'est pas absolument déterminant.378. Devant ce mot Wessner ajoute de son crû un "scilicet" pour relier le texte à son explication, mais on peut très bien s'en passer. D'autres éditeurs ont proposé "hoc est", tout aussi inutile.379. Wessner édite "CARCER non 'carcereum' sed 'carcerem' asperius appellauit". Le texte des manuscrits est toutefois très différent. Comme lemme RCOV donnent tous "carcere", texte attesté par de nombreux manuscrits de Térence, tous postérieurs au VIIIe siècle. Le manuscrit le plus ancien de Térence porte bien "carcer". En outre, la scholie se présente chez RCV sous une forme identique qui est "non carceri sed carcere asperius appellauit". O lit "non carceranum sed carcerem asperius appellauit". Il nous semble que la corruption de ce passage provient de deux mélectures successives. Dans un premier temps, a pu s'introduire comme lemme la variante térentienne "carcere". Dans ce cas, le mot est complément de "dignum" qui se trouve dans la réplique de Phormion au même vers (Ph.-il le mérite bien. Gé. Tu veux dire la prison ?). A ce moment on lit "carcere non carceri sed carcer". Il devient alors inévitable que "carcer" devienne "carcere", et la scholie se met peut-être dans l'esprit des scribes à porter sur deux formes possibles d'ablatif, voire de deux mots, un "carcer" neutre (!?) et le "carcer" masculin, ce qui, notons-le, rend la suite très difficilement compréhensible, et le lien avec Lucilius nul. Une autre interprétation possible est que les scribes prennent "carceri" et le "carcere" antérieurement rectifié comme des formes variantes du vocatif d'un adjectif "carcereus / carcerius" qui semble attesté seulement à l'époque tardive. Il y a sans doute là la solution. L'adjectif "carcerius / carcereus" peut être usuel pour Donat, comme il l'est chez Prudence, et le commentateur peut avoir voulu tout simplement dire : Térence n'emploie pas l'adjectif qu'il faudrait, "carcerius" (pour dire "un homme qui mérite la prison"), mais le nom "carcer" (prison). De ce fait, on est bien dans une scholie sur le vocatif ("appellauit"), mais il s'agit de dire que Térence n'emploie pas le vocatif de l'adjectif dérivé, mais celui du nom, ce qui est "asperius". Le lien avec Lucilius est alors parfaitement rétabli, ainsi que celui avec les autres passages où Donat cite cette phrase de Lucilius (voir Eun. 645). Quant au "eum", c'est une restitution plausible pour expliquer l'étrange forme dérivée fournie par O.380. Wessner répète ici "ain", suivant CO, lequel dit "aisne", mais cette remarque sera faite plus loin. Il n'est donc pas utile de le replacer.381. Wessner édite "quae separat e ab n † littera .i. tenuit sed sonum", ce qui est intraduisible. Les manuscrits proposent de façon consensuelle le segment "quaeseparateabnlittera. i.". Le reste leur pose de toute évidence difficulté. RCVO lisent comme verbe "tenuit", là où m corrige de toute évidence ".i.tenuit" en "interimit", au demeurant excellent pour le sens, mais qui sent la correction humanistique. Nous postulons que le verbe est "tenuat", dont le sens est proche de "interimit", et qui se trouve, chez Quintilien, au sens d'"amenuiser le son". La forme a pu être corrigée en une forme sans doute beaucoup plus familière au scribe. Les manuscrits hésitent en outre entre l'adverbe "separate" et la forme verbale "separat" suivie de la lettre "e", mais cela supposerait que l'apostrophe fût placée à la place du "e" de "aisne". Or Priscien (GL II, 32, 6) paraît indiquer que l'apostrophe se met à la place du "s", ce qui rend la lecture de la suite très aisée dans les manuscrits, si l'on corrige légèrement "separate" pour en faire le participe d'un ablatif absolu "separata ab n littera i". La présence de points autour de la lettre "i" rend notre hypothèse plus que probable. Ainsi un scribe aurait-il voulu montrer qu'il s'agissait de la lettre "i" et non par exemple de l'impératif de "eo".382. Ce texte est celui de L, le seul des manuscrits de Wessner (avec les éditeurs anciens) à donner un texte acceptable. Unanimement, ses autres manuscrits lisent "miser", voire "misere". Il nous semble que ni l'adjectif ni l'adverbe ne font sens.383. Après ce mot, Wessner édite "et" sur la foi de RCO, mais V ne le donne pas et il a sans doute raison.384. Wessner édite "est haec auctoritas in senibus, ut minores aetate appellatione pueri uel adulescentis uel iuuenis minores etiam ostendant auctoritate", sur un texte des manuscrits assez divergent par endroits. Globalement, il est quasiment certain que le début est bien "est haec auctoritas in senibus ut", que le dernier mot est une forme de "aetas" et que le segment "appellatione" suivi de génitifs se trouve quelque part entre les deux précédents segments. Les éditeurs modernes sont partis du principe que le dernier mot "aetate / aetatis" des manuscrits était absurde car il rendait le commentaire tautologique. Ils ont donc conjecturé un moyen de le remplacer par "auctoritate" (Sabbadini (1894, 112), Wessner), "grauitate" ou "dignitate" (Schoell), ou, comme Estienne, l'ont supprimé. Nous avons pris le parti contraire, en recherchant pour cette phrase un sens qui ne fût pas tautologique en gardant une forme finale de "aetas". Le texte le plus proche de celui que nous retenons est donné par O qui lit "est haec auctoritas in senibus, ut minores etates appellatione pueri uel adulescentis et iuuenis minoris etiam ostendat aetatis". Toutefois il existe un certain consensus sur "aetate" (RCV) qui nous fait préférer la structure que nous adoptons. Devant "iuuenis" nous éditons "etiam" plutôt que "et", bien que celui-ci ne soit pas absolument impossible. Une mélecture d'abréviation peut avoir donné "et" depuis "etiam", mais on peut tout aussi bien garder le "et" à condition d'y voir un adverbe.385. Texte de RCV, Wessner édite la leçon de O "quia". Le sens est à peu près identique.386. V lit "επιτροκασμοσ" ce qui paraît assurer le nom de la figure, les autres manuscrits donnant des à-peu-près acceptables "epitracasmos" (R), "epytrochosmos" (C), "epitasmos" (O). Ce qui est troublant c'est que, dans la ligne précédente, seul V lit correctement le même mot, les autres laissant une lacune. Est-ce à dire que le mot était écrit en grec la première fois et en caractères latins la deuxième ? Est-ce à dire qu'il y avait deux mots différents que V, qui sait un peu de grec, a confondus en utilisant celui qu'il connaissait le mieux ? De toutes façons le commentaire que propose Donat, avec "effusio" et surtout "supermersio" (si le mot fait partie du texte), définit assez mal la figure d'épitrochasme, même si la fin de la définition "aduersarii causa turbandi" correspond à ce qu'on en dit généralement. Donat parle ailleurs de l'épitrochasme. Dans Ad. 670 et 951, les manuscrits y compris V ne donnent aucun mot grec, lequel est donc une reconstruction humanistique. En Eun. 805, V est le seul à lire du grec, mais le mot est "επιρροχισμοσ", à tel point qu'on peut se demander si la figure cachée sous ce mot grec n'est pas plutôt "ἐπιρραπισμός" (blâme).387. Ce mot n'existe pas, pas plus que "superuersio" proposé par V, ni "supermensio" de l'édition de 1477. Il s'égit de toute évidence d'une forgerie du commentateur, ou plus probablement d'un copiste "savant", pour expliquer le mot "épitrochasme". Si l'on voit bien comment "super" rend compte de "épi", le reste demeure beaucoup plus confus. Nous éditons comme Wessner, mais sans aucune certitude ni sur le mot lui-même, ni même sur la présence de cette glose de la glose dans le texte orginel.388. Le texte de cette fin de scholie est dans un état désespéré, si l'on en croit les manuscrits utilisés par Wessner. Ce dernier, suivant Schoell et peut-être le manuscrit Cujas, croit voir, avant la citation de Virgile, une citation de Cicéron qu'il trouve dans les mots "conuincam si neges" que l'on lit, à peu de choses près, dans VL. Il s'agit de Catil. 1, 8, que, du coup, Schoell et Wessner complètent pour avoir un véritable épitrochasme en éditant "sic Cicero '<num negare audes ? quid taces ?> conuincam si negas'". Or dans cette restitution le "dic" unanime des manuscrits devient virtuellement "cic" pour "cicero", ce qui est gênant et paraît reposer sur la volonté de trouver là une citation. Comment les copistes n'auraient-ils pas reconnu le nom de Cicéron, même abrégé, alors qu'il est extrêmement fréquent dans le commentaire ? Les manuscrits (sauf O qui ne lit pas la fin du segment) sont unanimes à lire "si neges" et au début "sic". Pour le reste, il règne la plus grande confusion : R lit "sic dic conn.in eam si neges". C voit, quant à lui, "sic dic comi.in eam si neges". O se contente de "sic de conu et" et V lit "sic dic conuicam si neges", alors que L propose "sic dic conuincam si neges", qui paraît provenir d'une correction humanistique. Nous supposons que la suite "sicdiccon" masque pour quelque raison un "sic dictum" victime peut-être d'une mélecture de ligature. Une fois ce segment perdu, tout le reste était en grand danger comme le montrent les textes absurdes fournis par les manuscrits. Cependant, dans ce trouble, on peut reconnaître dans le "i." voire dans le "in eam" des restes de "inquam". Si l'on considère que la scholie parle ici de "inquam", il est facile de restituer "quasi neges". Donat souligne ici que le verbe affirmatif "inquam", doit être en fait compris, dans la colère que feint Phormion, comme s'il invectivait Démiphon en lui disant "comment oses-tu nier que tu connais Stilpon ?". On peut alors supposer que le "u" qui se promène dans la plupart des lectures peut représenter "uerbum" abrégé et reconstruire comme nous le faisons.389. Wessner édite "iustae confidit et nititur causae", mais ce texte n'est pas grammatical car "nititur" exige un ablatif que l'on trouve d'ailleurs chez V qui lit "causa". La forme de datif précédente a pu influer par effet de rime sur "causa". Pour ce qu'il édite "iustae", il peut s'agir d'une mélecture pour "iustitiae" qui a à son tour entraîné mécaniquement la faute sur "causae".390. Wessner suit ici Sabbadini (1894, 114) pour lire "qui nullo iure freti litigant, ad iniurias prosiliunt", mais le texte unanime des manuscrits est excellent et nous le rétablissons.391. Texte des manuscrits, corrigé on ne sait pourquoi par Wessner en "quia".392. Wessner édite une restitution plausible de Sabbadini (1894, 123) "σχῆμα διανοίας· συγχώρησις", mais il est difficile de voir ici une concession. Il n'y a pas vraiment "concession", dans la mesure où Démiphon ne reconnaît pas que Phanium est sa parente. Au demeurant, seul V donne du grec dans cette scholie qu'il écrit "scema διανοηασηνκοησησ". De toute évidence il ne lit pas συγχώρησις, et s'il écrit à peu près "διανοίας", ce peut être trompeur, voir la scholie 232, 2, où le manuscrit Cujas a "restitué" par réflexe "διανοίας", au lieu de la préposition διά suivie de son régime. Sans doute l'a-t-il prise pour une abréviation, comme V ici. Du coup, on peut créditer V de ce qu'il a lu ensuite et tenter de restituer le procédé de l'"ἐγκοπή". la forme "ηνκοησησ" peut venir d'une mélecture de "ηνκοησ heus" avec "heus" qui est le lemme suivant, du moins pour les témoins qui échappent à la redactio confusa, ce qui n'est pas le cas de V, mais peut l'être de sa source qui lisait déjà "ηνκοησησ".393. Texte de V. Wessner, en s'arrêtant à "inquit", masque le fait qu'il s'agit d'une remarque sur l'ordre des mots. Notons que l'édition de 1477 lit ici, comme le manuscrit m, "quibus probaui iudicibus inquit", ce qui est maladroit, mais va dans le sens du texte de V.394. Wessner, curieusement, suit ici Sabbadini (1894, 123) et suppose une lacune après "accipe", comme s'il y avait un mot grec par exemple (Schoell propose ἀνακόλουθον), ou, en tout cas, une scholie disparue. Nous pensons, comme les manuscrits, que le lemme couvre en fait 410 et 411 et que le commentaire porte en fait sur 411.395. Ici Wessner ajoutait "ego" pour mettre le lemme en conformité avec Térence. Cela ne s'impose pas.396. Wessner édite suivant O "stat" après "lege", mais la phrase bien qu'elliptique se comprend tout aussi bien sans.397. Wessner ajoute ici un "m." pour "meretricem", mais, le commentaire portant plutôt sur "itane", ce mot n'est pas nécessaire.398. Wessner édite ici le texte de L "aiunt" qui peut se comprendre si la scholie est en deux phrases. Toutefois, tous les autres manuscrits portant "actum", nous préférons les suivre, même s'il faut pour cela réunir les deux éléments de la scholie.399. Wessner édite "ineptus", mais la scholie indique très clairement que, quelle que soit la forme du lemme dans les manuscrits, c'est bien "ineptis" que lit Donat, conformément aux manuscrits de Térence.400. Wessner ajoutait ici, suivant Teuber, une négation "non" qui aboutit à un contresens. Donat veut dire très exactement que c'est à ce moment précis que le vieillard peut comprendre que Phormion est de mèche avec Antiphon.401. Wessner ajoute ici "tres", conjecture d'Estienne, absolument inutile puisque le reste de la scholie nous informe du nombre des avocats.402. Wessner édite "tertius qui sequi alterutrum debuisset" ; "qui sequi" est une conjecture personnelle à partir de RCO qui donnent "quisque se", et de V qui donne "qui se" ; "alterutrum" est une correction, également personnelle, à partir de O ("alterum"), RC ("alteri"), et V ("alterutri addere"). Précisons, pour finir, que Schoell propose la conjecture "qui obsequi alterutri". Le texte se comprend presque parfaitement, sans correction, ni conjecture, si l'on suit le manuscrit V, ce qui donne : "tertius qui se alterutri addere debuisset", que l'on peut traduire par "le troisième, qui aurait dû se ranger dans le camp de l'un des deux", ou si l'on préfère, "le troisième, qui aurait dû donner crédit à l'un des deux". RCO donnent "debuisse" au lieu de "debuisset". Reste la question de la jonction de ce segment avec la suite qui nous invite à supposer que ce qui est lu "quisque" par RCO est en réalité "qui cum", qui a pu au contact de "se" devenir "quisque". Il est probable enfin qu'"addere" a disparu au stade de l'archétype commun à RCO.403. Cet "ego" est suppirmé par Wessner, pour une raison évidente : c'est qu'il n'est pas sous-entendu. Toutefois, il est présent dans tous les manuscrits, et le texte se comprend très bien en le conservant. 404. Cette conjonction est étrange, mais V qui ici recopie très soigneusement et très fidèlement le grec ne l'a sans doute pas inventée. On s'attendrait à un argument "par l'estime dont bénéficie le conseiller", ce qui a amené Schoell a supprimer la conjonction, mais Donat peut très bien avoir voulu dire "argument 1- par l'estime, 2-par la personne du conseiller, ce qui, somme toute, revient au même.405. Texte de V, la plupart des manuscrits portant "leuiter", qui n'est pas impossible. Notons qu'Eugraphius commente ici en disant "breuiter", ce qui peut attester la valeur de ce texte.406. Wessner édite une conjecture d'Estienne "deliberatiuae", mais nous suivons ici V qui donne ce texte en supposant "generis".407. Wessner édite selon une conjecture d'Estienne "ordine locos" pour des manuscrits qui lisent "ordine locum" (O), "ordine et loco" (RC)," loco et ordine" (V). Le texte le plus satisfaisant paraît celui de RC mal compris par O et inversé par V. Le mot suivant "suasoriae" a pu faire tomber le "s" de "locos" comme l'avait bien vu Estienne. Pour le "et" on peut peut-être penser à une mélecture d'un chiffre sans doute fort mal écrit : dans ce cas c'est évidemment "ii".408. Wessner édite le segment que nous faisons commencer à "et tertiam" après l'ajout de l'annotateur médiéval au vers 456, sous la forme : "utilitatis partem praetermisit quae ubi quid non potest fieri frustra separatur". Dans ce segment "quid" est un ajout de Goetz, "separatur" une suggestion subtile de Schoell à partir d'un passage d'Emporius (Rh. Lat. Min. 571, 17 à propos des Stoïciens et de leur système argumentatif : "Stoici ne duo quidem illa, id est honestum et utile, existimant separanda"). "Vtilitatis", quant à lui, est inspiré par Estienne sans nul doute en raison du texte de 451-452. Nous pensons, quant à nous, que le texte des manuscrits a été troublé par l'interpolation de la scholie 456. Si nous reprenons le fil du commentaire, nous voyons que Donat précise qu'il y a deux arguments utilisés sur trois possibles. Il faut donc se demander pourquoi le personnage n'utilise pas le troisième. Nous comprenons alors que le texte très étrange des manuscrits "in lris" (RCO), développé par a en "in literis", ou "m.lram" de V cache en réalité le chiffre iii manquant. De ce fait ou comprend aisément "tertiam partem praetermisit" (il a sauté la troisème partie). Avec ce qui reste du mot "in lris", soit "ris", on lit aisément l'abréviation de "rationis" (du raisonnement). Le fait que "et tertiam rationis partem" n'ait pas été bien compris a entraîné l'étrange variante de V qui a sans doute corrigé "in litteris" déjà fautif en "m litteram", pensant que le lemme interpolé concernait la lettre "m" de "inceptu /inceptum", ce qui explique d'ailleurs qu'il lise "inceptu" et non "inceptum" dans le lemme. Quant au verbe, les manuscrits donnent "sectatur" (RCV) qui pose un évident problème de voix puisque le verbe est déponent et O semble avoir glosé ce verbe en "petitur" qui ne pose plus de problème de voix, mais ne saurait être considéré comme un synonyme possible de "sectatur". Tout s'arrange si "sectatur" est corrigé par le passif "secatur". Cet emploi technique de "secare" (faire une division) est attesté dès Cicéron.409. Il est inutile de répéter ici "in tempore", ajout de Schoell, qui n'est pas dans les manuscits.410. Wessner édite "inuidisse deos, patriis ut r. o. c. o. et p. C. u. ?", mais la citation exacte est "inuidisse deos, patriis ut r. a. c. o. et p. C. u. ?", car le texte de Virgile est "inuidisse deos, patriis ut reditus aris coniugium optatum et pulchram Calydona uiderem ?". Mais Donat lit peut-être un texte virgilien qui porte "oris" au lieu de "aris". D'autre part les trois dernières abréviations "p. C. u." sont des ajouts de Wessner que nous ne retenons pas.411. Wessner édite "haec quidem de his sunt quae amant iungi. 2 SPES OPESQVE SVNT ut etc.". Le mot "iungi" paraît n'avoir été lu que dans le manuscrit perdu de Cujas. Dans cette perspective, la scholie se comprend "ces mots font partie de ceux qui aiment être associés" et la scholie 2 complète cette analyse avec un (ou deux apparemment chez Cujas) exemples. Nous supposons que les deux scholies ne se complètent pas. La première insiste sur une phraséologie amoureuse et la seconde sur la coordination. Il est vraisemblable que le "iungi" de Cujas repose sur un texte qui a pu exister dans une partie de la tradition au moins à un moment donné. Le texte "amantum" de O et a, comme la variante isolée de m "amanti dici solent", attestent quelque chose comme des traces du texte Cujas. Toutefois celui-ci n'est pas pleinement satisfaisant car le tour "amant iungi" demeure étrange et peut d'un autre côté avoir été induit par la manière dont le scribe du codex Cujas comprenait la suite. Nous pensons pour notre part qu'il s'est produit deux fautes distinctes : la première a consisté dans une haplographie de la succession "amantium iunge" devenue "amantiunge" dont le texte de V "amant" et la variante "amantum" portent trace. A partir de "amantiunge", il est aisé pour le scribe du codex Cujas de corriger en "amant iungi". La deuxième faute a consisté à déplacer "iunge" derrière le lemme pour faire comme d'habitude, ce qui donnerait "amantium. spes opesque iunge". Une mélecture facile consiste alors à prendre "iunge", probablement abrégé, pour une partie du lemme ("sunt" en l'espèce) d'autant que la suite se comprend parfaitement sans "iunge". A partir de ce moment-là, le texte avec lemme long l'emporte définitivement. Notons toutefois que l'exemple de Salluste ne comprend pas de verbe, ce qui accrédite notre supposition.412. Wessner édite ici une seconde citation ("res fortunaque" du Rudens de Plaute) qu'il semble rattacher, on ne sait comment, au manuscrit perdu de Cujas. Aucun autre manuscrit ne donnant cette citation, nous choisissons de la supprimer.413. Tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent "quod" et pourtant il édite "qui". Sans doute "quod" est-il ce que lisait Donat. Le sens est par ailleurs absolument identique ; toutefois la variante n'est sans doute pas métriquement défendable, si Donat lit exactement ce que nous lisons dans le début du vers, ce que nous ignorons.414. Texte de V et O, Wessner éditant "quod", conjecture personnelle sans doute tirée du "quo" de R et C.415. Wessner édite "conuenientiam suam", qui est une conjecture personnelle, mais le texte des manuscrits "conuenientia sua" fonctionne parfaitement.416. Wessner édite "a quo" pour tenter de sauver le texte de RCOV "quo". Peut-être faut-il supposer une très ancienne mélecture pour "qua".417. Wessner édite un lemme global pour tout ce vers, et donne à la citation de Plaute une forme qu'il juge désespérée : "ad sine a palaestra ubi damnis desudascitur". Le verbe "desudascitur", hapax plautinien, permet assurément de reconnaître ici un vers des Bacchides, mais la transmission manuscrite de ce vers ici le rend pratiquement méconnaissable. Nombre de manuscrits ont adapté le texte selon ce qu'ils comprenaient. Nous pensons, quant à nous, que le désordre sur ce vers provient d'une erreur de coupe entre le lemme et la citation. Nous supposons qu'il y a là, dans la partie incompréhensible du vers plautinien, un lemme térentien "a sua palaestra" qui n'a plus été reconnu, ce d'autant moins que le mot "Plautus", probablement à cause de la ressemblance entre "assidue" et "asuap." a pu se déplacer fautivement rendant ainsi la séquence "ad sua p." impossible à distinguer du début de la vraie citation. Nous remettons les choses dans ce que nous croyons être leur ordre original.418. Bien que le texte des autres mansucrits "deliberatiuae" retenu par Wessner ne soit pas impossible, nous préférons, comme en 452, 2, l'adjectif "deliberatiuum" accordé à "locum", texte de V.419. Wessner édite "id est a te faeneratum" en évacuant complètement le problème posé par la présence de "ei" après "est" dans O et V ("id est ei a te"), mot dont on est sûr qu'il n'est pas un ajout puisqu'on le retrouve chez R et C sous la forme "idem etate". De ce fait il est tentant d'éditer "id est et a te", dans lequel l'adverbe "et" en tête de reformulation a très bien pu être mal compris. En tout état de cause "a te" avec ou sans "et" glose le "istud" de Térence. 420. Wessner édite "laborauerit", conjecture de Westerhof, mais l'indicatif "laborauit" est attesté par tous les manuscrits utilisés par Wessner.421. Wessner édite le proverbe grec sous la forme "τῶν ὤτων ἔχω τὸν λύκον· οὔτε γὰρ ἔχειν οὔτ'ἀφεῖναι δύναμαι" (je tiens le loup aux oreilles. Je ne peux en effet ni le tenir ni le lâcher). Ce texte, notons-le, n'est pas seulement le proverbe, mais aussi l'analyse du proverbe. D'après Wessner ce texte provient à la fois de l'editio princeps et du Codex de Cujas collationné par Pierre Pithou. Il y a fort à parier que Pithou (au contraire de ce que dit Reeve (1978, 324), qui dit qu'on ne le sait pas) a collationné le manuscrit Cujas sur l'éditio princeps ou une édition semblable qui portait donc le texte complet du proverbe et de son analyse et qu'il a du coup pu très bien allonger le texte du Codex Cujas. De fait, il faut sans doute mettre au compte de l'editio princeps la version longue du proverbe, voire tout le grec, car si R et C laissent place pour du grec qu'ils ne retranscrivent jamais, V, qui, lui, systématiquement tente d'écrire le grec, ne présente aucune trace de grec à cet endroit ni de lacune (O non plus d'ailleurs). On peut donc supposer qu'il y a en fait deux traditions, l'une portant simplement "graecum prouerbium" à charge au lecteur de savoir lequel, l'autre portant le proverbe lui-même, sans son commentaire, lequel émane sans doute de Macarios le parémiographe du XVe siècle (cf. 8, 44, cité par Otto (1962), avec un texte très comparable). Les Humanistes ont voulu de toute évidence compléter l'information de Donat avec leurs propres ressources. Nous éditons donc, sous réserve, uniquement la "version courte" du proverbe grec.422. V, seul manuscrit de la collection utilisée par Wessner pour ce passage, donne ici "leno scies", au lieu de l'unanime "leno sies" des manuscrits térentiens. Estienne ajoute "ne parum" et lit "sies", ce qui est le texte usuel de ce vers. Si "scies" n'est pas une simple erreur de graphie, c'est que le commentateur lisait un autre texte pour ce vers avec un sens "ah vraiment, maquereau, tu sauras trop peu...". Dans ce cas l'ellipse n'est plus sur le verbe de crainte comme le soupçonnait Estienne, car dans cette hypothèse "ne scies" ne peut se comprendre qu'avec la particule affirmative "ne" et non la conjonction finale négative. On comprend alors pourquoi Estienne a cru bon d'ajouter au lemme les mots "ne parum", afin de faire porter l'ellipse sur la construction en "ne" et ainsi conjecturer de façon tout à fait logique "uereris" comme objet de l'ellipse. 423. Ici Wessner ajoute, en suivant Estienne, un "enim" qui ne sert absolument à rien.424. V porte ici "mîs", RC "mis.", ce qui a conduit Wessner à conjecturer un "metuis" qui reprend l'idée d'Estienne ("uereris") en serrant de plus près le texte de ses manuscrits et en se fondant sur l'autorité de Plaut., Pers. 686 : "Ne non sat esses leno, id metuebas miser". Toutefois nous avons vu que la reconstruction d'Estienne reposait sur un a priori de sens que la lecture de V invite à reconsidérer. Nous supposons que le dernier "mot" de la scholie, c'est-à-dire la forme abrégée "mis", peut avoir en réalité sa fin dans le premier mot du lemme suivant "aere". Car nous noterons que le commentateur analyse "suo" dans le vers 511 et absolument pas "aere". Nous reconstituons la série ainsi : "miserariEMPTAM" devenu par contagion avec le mot précédent chez Térence "aere" quelque chose comme "miserAEREEMPTAM". Il ne restait plus qu'à abréger "miser" exactement comme nous le lisons, et l'ensemble n'avait plus de sens. D'ailleurs le manuscrit a porte trace de l'absence de "aere" car il omet toute la scholie, c'est-à-dire le lemme et son explication, et reprend de façon très symptomatique à "emptam".425. Sur la suppression du mot "aere" de ce lemme, voir les notes apposées au lemme et à la scholie du vers 508, dans le texte latin.426. Wessner édite "quasi" qui est sans doute la leçon de O et de ceux qu'il appelle les "deteriores". RCV donnent "quia" qui est tout aussi satisfaisant.427. Wessner édite ici "ὁμοιοτέλευτον" (homéotéleute), texte de l'editio princeps. Le seul de ses manuscrits portant du grec est comme toujours V qui écrit "ομονοντενενεη". A partir de ce "mot", Estienne supposait judicieusement ὅμοιον τῷ γένει (identité de genre), et Schoell "ὁμοιόπτωτον" (identité de cas). Notons que si Estienne convainc sans mal sur sa restitution du début, la fin est plus problématique. De plus, ces trois solutions proposent un commentaire assez tautologique. Nous supposons qu'il y a en fait un mot latin coincé au milieu du grec et qui sépare deux commentaires distincts en grec : "et" visible dans le τ qui suit ομονον chez V et qui peut être le résultat de la lecture de l'abréviation ┐. Dans ce cas, il faut comprendre que le groupe ενενεη est un autre mot grec, deux en l'occurrence, pensons-nous, pour donner le traditionnel ἐν ἤθει. Dans ce cas le commentaire ce comprend très bien : Donat commence par relever le trait phraséologique d'archaïsme puis dramaturgiquement une caractérisitque de l'amoureux Antiphon, décrit impitoyablement par le "leno" Dorion.428. Ici commence une lacune de neuf mots dans les principaux manuscrits utilisés par Wessner, mais l'editio princeps et les manuscrits Mma portent tous trois le texte exact de cette scholie 4, que U place en marge. Toutefois, si l'on suit Reeve (1978, 610 et suiv.), ce texte est très suspect. Car, selon lui, dans cette section du Phormion, RCKV proviennent du manuscrit de Mayence (recopié par Aurispa et Decembrio) et O du manuscrit de Chartres (recopié par Aurispa). Donc, soit le texte "long" est une invention d'un copiste du XVe siècle (par exemple le très soigneux scribe de M), soit les manuscrits qui le donnent (dont l'important manuscrit M) ne dérivent pas des deux manuscrits jugés source de tous les autres ici, Mayence et Chartres.429. Wessner édite "iure lenonum... in quo..." ce qui est, pour le début, une conjecture de Schoell et, pour la suite, le texte de R et C, lesquels au début lisent "me lenonem". Nous éditons le texte, excellent, de OVMma.430. Signalons que V et R ont lu le "n." du lemme ("nihilo") comme abréviation de "enim". De toute évidence c'est fautif.431. Wessner édite ici un "non" qui provient d'une suggestion de Guyet et qui paraît totalement à contresens s'il s'agit bien de parler du verbe "adiuuo". Dans ce cas, on voit mal pourquoi il ne faudrait pas prononcer le second "u" qui fait partie du radical. Ce que Guyet voulait sans doute dire c'est que, dans le vers de Térence, il faut lire non pas "adiuuerit", comme le font tous les manuscrits ou presque, mais "adiuerit", du verbe "adeo". Le vers se comprend en effet aussi avec le verbe "adeo". On est en droit de supposer que Guyet utilise le texte de Donat pour accréditer sa propre conjecture dans le texte de Térence. Le problème est que le texte de Donat sur lequel il s'appuie repose sur un "non" qu'il a lui-même ajouté... Donat, dans le texte donné par les manuscrits que nous suivons, met donc en garde contre une prononciation trop rapide qui ferait confondre les formes proches issues respectivement de "adiuuo" et de "adeo", étant bien évident qu'il veut accréditer la leçon "adiuuo". De fait, s'il visait à proposer une variante texutelle, il ne dirait pas "pronuntiari", mais "legi" ou "scribi". Ici ce qu'il vise c'est vraiment la restitution phonétique du bon verbe.432. Wessner éditait "ADIVVERIT COMITER etc.". Le texte "comiter" peut être satisfaisant en l'état. Le rapport sémantique postulé entre "comiter" (de façon affable) et "κόσμος" (idée d'ordonnancement) est concevable ; le fait qu'un mot latin ait un étymon grec ne pose aucun problème théorique en soi : il en existe de nombreux exemples. Mais le rapport phonétique entre "comiter" et "κόσμος" n'est pas véritablement prégnant ; on pourrait donc penser à corriger le texte. Selon nous, il y a trois corrections possibles : 1. "comiter ueteres dixerunt παρὰ τὸ κῷμος" (les Anciens disaient que "comiter" venait de "κῷμος") : c'est une étymologie historique colportée par Varron : LL 7.89 : "comiter hilare ac lubenter, cuius origo graeca κῷμος, inde comisatio latine dicta et in Graecia, ut quidam scribunt, comodia[m]" ("comiter" signifie "hilare" et "lubenter" ; l'origine de ce mot est grecque : "κῷμος" ; de là le mot de "comisatio" en latin, et en grec, comme l'écrivent certains, le mot de "comoedia"). 2. "comiter ueteres dixerunt παρὰ τὸ comis" (les Anciens disaient que "comiter" venait de "comis") : c'est une remarque morphologique et non pas étymologique, mais le fait que Donat ait délimité l'autonyme "comis" au moyen de "παρὰ τὸ" ("τό" servant occasionnellement de délimiteur d'autonymie latine), a pu perturber la transmission du texte et inciter le copiste à transformer le mot latin en mot grec. De fait, les mansucrits donnent à la fois "παρὰ τὸ κόσμος","παρατοκοσμα", et "putacosmos". On pourrait donc dire qu'une meilleure formulation serait "cosmis", qui est la forme archaïque de "comis", dont on n'est pas sûr que Donat puisse la connaître (cf.DELL d'Ernout-Thomas). 3. "cosmiter ueteres dixerunt παρὰ τὸ κόσμος" : c'est la possibilité la plus intéressante mais la plus complexe. Elle implique de postuler l'adverbe "cosmiter", qui ne semble attesté nulle part et qui pourrait être analogiquement formé sur "cosmis", lequel adjectif se trouve dans le vase de Duenos (CIL I², 4), peut-être dans le "carmen saliare", et peut-être chez certains lexicographes connus de Donat.433. Excellente conjecture de Westerhof suivie par Wessner, les mansucrits portant tous "comiter" ou peut-être "conuenienter" (m), la première leçon étant clairement inspirée du commentaire précédent. De fait ce qui est décrit ici est bien un procédé comique.434. Wessner édite le texte conjecturé par Schoell : "ETIAM TV HINC ABIS ut 'etiam tu stas ? quid tibi uis ?'". Les manuscrits portent "etiam tu hinc abis ut etiam ut si qua tibi uis", ce qui n'a évidemment aucun sens. Nous supposons, comme ailleurs, une difficulté à déterminer où s'arrête le lemme et où commence la scholie. Si l'on considère avec "qua tibi uis" que le commentaire rapporte la formule du lemme à l'expression "quid tibi uis ?" (ce qui est la suggestion de Schoell), il faut comprendre que le commentaire porte sur une formule de congé ("veux-tu encore quelque chose ?"). Dans ce cas, il y a lieu de supposer que ce que commentait Donat n'était pas toute la réplique de Géta, mais seulement la formule "etiam tu" (encore toi !). On postule alors qu'il lit chez Térence deux phrases "etiam tu ? hinc abis ?" et non une seule comme la plupart des éditeurs modernes le pensent. Donat établit donc un lien entre "etiam tu" et "quid tibi uis", marqué par le "ut" bien conservé par les manuscrits. Il est alors tentant de voir dans le "hinc" introduit dans le lemme la marque d'un ancien "hic" et d'arriver au texte que nous éditons : "ETIAM TV hic etiam tu ut quid tibi uis". Une fois le "hic" intégré au lemme sous la forme "hinc", "abis" s'est introduit pour achever la réplique, provoquant immédiatement le désordre dans ce qui suit, qui devenait incompréhensible.435. Wessner édite ici une conjecture monumentale d'Estienne : "NI ETIAM NVNC ME HVIVS CAVSA QVAERERE IN MALO IVBEAS CRVCEM quasi dicat" etc. Le lemme, correspondant à l'intégralité du vers 544, ne se trouve pas dans les manuscrits RCV. On en trouve un morceau dans O et m, dans une partie qui, n'ayant pas été reconnue comme lemme, a été insérée dans la scholie précédente : ainsi O et m disent, en enchaînant directement sur la scholie au vers 542, "(si qua tibi uis) an malo iubeas quasi in malo aliud malum". On voit que la séquence "an malo iubeas" est une mélecture de "in malo iubeas" du vers 544. Pour nous, c'est le lemme, le reste étant la scholie. L'ensemble s'interprète plutôt bien.436. Nous suivons ici scrupuleusement le texte de I, qui est le seul à indiquer qu'il s'agit d'un proverbe et que Térence traduit ici textuellement Apollodore. Wessner, qui ignore I, éditait "...AMICO Apollodorus μόνος etc." 437. Le texte prêté à Apollodore, donné assez consensuellement et fidèlement par IVR (qui n'est pas coutumier de la notation du grec en général), pose des problèmes métriques qui se résolvent peut-être par la suppression de l'article, pour donner une fin en "φιλεῖν φίλους". Mais, puisque les trois manuscrits, qui ne sont pas de même famille, ont tous les deux l'article, c'est sans doute parce que l'archétype (donc sans doute Donat lui-même) l'avait. Nous le conservons donc, comme texte donatien probable, quoique métriquement défectueux. Le caractère manifestement proverbial du tour, avec notamment la répétition "amicus amico" chez Térence, "φιλεῖν φίλους" chez Apollodore, a incité l'editio princeps à raccourcir le lemme pour commencer la scholie à "amicus amico", précédé de la mention "παροιμία".438. Ce texte provient de I, Wessner n'éditant pas le dernier mot suivant V et R qui arrêtent la citation après le pronom. Tel quel, cet énoncé ne peut constituer un sénaire, il lui manque un mot de forme crétique sans doute un adjectif signifiant "pénible" ou "incurable", comme l'atteste la version de ce proverbe chez Sénèque, Epist. 108, 28 ("insanabilis"). Il faudrait compléter métriquement le vers par exemple par quelque chose comme "δυσχερές" (pénible).439. Wessner édite suivant Estienne "ferre condicionem", là où tous les manuscrits ou presque portent "per condicionem". Le verbe "ferre" est assuré par I, qui porte "uetus sermo ferre condicionem", mais on peut penser que la forme complément de "dicimus" est "fer" l'impératif et non l'infinitif. On comprend aisément qu'un scribe ait pu hésiter devant "fer condicionem" et se dire que c'était une faute pour "per condicionem". A partir de là, le texte se comprenait et il n'y avait donc pour les copistes successifs aucun moyen de voir qu'ils se trompaient. 440. Texte de GV par exemple, Wessner édite "ante an post" qui, grammaticalement, est plus satisfaisant, mais qui ne se trouve, parmi ses manuscrits, que dans O. RCK portent "ante tempus nupti(i)s" ce qui ne convient guère au contexte.441. La nature de la variante textuelle dont il est ici question est très difficile à déterminer à la lecture des manuscrits. Le texte choisi par Wessner -et que nous reprenons- n'est que l'une des diverses possibilités. Certains voient deux verbes et opposent "excutiam" et "excruciat", d'autres plus nombreux voient un changement de personne "excutiam / excutiat", d'autres remettent en cause la présence de "me" et donnent comme variante "ut excutiam". A l'exception de "excruciat" qui, en l'état, est un solécisme, tout le reste peut représenter une variante lue par Donat de façon plausible.442. Wessner éditait "<μόνος> έγὼ γάρ εἰμι τῶν <ἐμῶν> ἐμός", mais le manuscrit I donne exactement, et parfaitement graphié, le texte que nous proposons, qui a d'ailleurs une allure plus sentencieuse, et qui peut recouvrir une fin de trimètre iambique. En revanche le texte restitué par Wessner se scandait plus difficilement.443. Comme souvent avec cet adverbe, on trouve une variante "uetuste" ici représentée par G. Nous conservons le texte apparemment le mieux attesté.444. Certains manuscrits portent cette forme "transigere" que l'on trouve également chez Servius, alors que l'on édite généralement "transiere". Il est possible que, si Servius recopie la forme qu'il trouve chez Donat, notre commentateur ait lu ici "transigere". Pour le sens, cela ne fait aucune différence ou presque.445. Texte consensuel de la plupart des mansucrits que nous préférons à la conjecture d'Estienne reprise par Wessner "adaucto".446. Wessner suit ici une habile conjecture d'Estienne et édite "hoc uolup nomen est ut hoc facul ; sic enim...". Les mansucrits portent unanimement dans le lemme "uolupe" et une forme "facultatis", et beaucoup d'entre eux une forme "uoluptatis" dans la scholie. Nous supposons que le segment "facul facultatis" sur le modèle "uolupe uoluptatis" a été haplographié.447. Ici Wessner suppose un lemme "compluria" qu'il tire d'Estienne. C'est inutile. 448. Wessner édite " 'complura' dicunt. Sic et Cato etc...", qui se fonde sur V jusqu'à "dicunt", et, pour le reste, sur des éléments disparates venus de divers manuscrits. Le texte que nous retenons est pour l'essentiel celui de D, qui lit "complura primus dicit ducto cato". On voit bien ce qui a pu se produire en observant les autres témoins. Le groupe "ducto cato" laisse entrevoir une haplographie du type de ce que nous proposons "ductore eo cato" où la succession de "e" et de "o" a jeté la confusion.449. Nous suivons ici le texte de D, les autres manuscrits portent tous "credo", évidemment lectio facilior entraînée par le syntagme tardif bien connu "credo quia", qui ne nous paraît pas autrement attesté dans le commentaire de Donat. Nous considérons qu'il s'agit d'un mot de la citation cicéronienne que seul D a conservé sous sa forme originale, la deuxième personne se comprenant aisément dans la traduction d'un dialogue. 450. Les manuscrits donnent consensuellement ce texte, sauf D qui ne donne aucun adjectif devant "aestimatio". Wessner édite "commodum", qu'il répète du lemme, mais il serait étrange qu'aucun scribe n'y ait pensé avant lui. Nous suggérons une sorte de jeu de mots étymologique du commentateur.451. Wessner édite entre cruces "mihi commodum est aut dare uestimentorum posueram", ce qui est le texte de D qui n'a aucun sens. Les scribes se sont déchaînés pour tenter de sauver ce passage. Notre texte se rapproche beaucoup de celui de G qui lit "mihi commodum est an tu da uestimenta reposueram". Les plus nombreux lisent "aut uda uestimenta", et Estienne les a suivis, non sans avoir rajouté en tête de la citation, comme nous le faisons, un "quod" qui se trouve dans plusieurs manuscrits d'importance, l'ensemble donnant une structure trochaïque. Il va de soi que, privé de tout contexte, ce texte n'est rien de plus qu'une conjecture qui fait droit à l'intuition des éditeurs de Lucilius qui y voient un vers à connotation érotique.452. On peut ici hésiter entre ce texte et celui de RCV "separatim". Il est tout à fait possible qu'une abréviation, de "separatim" ait été lue "furtim" ou que le mot "furtim" ait été pris pour l'abréviation de "separatim", en particulier avec une s haute et un abrègement de "par". Le sens n'en est guère affecté.453. Nous conservons ici le texte "libuit", mais un certain nombre de manuscrits importants de Donat donnent "licuit", tout comme le codex Bembinus (A) de Térence, qui date, rappelons-le, à peu de choses près de l'époque de Donat.454. Nous suivons ici exactement le texte de D. Wessner, qui s'appuyait plutôt sur l'édition Estienne, éditait "QVID NIMIVM QVANTVM LIBVIT apud quosdam...". Il nous semble que le désordre observable dans les manuscrits sur le mot édité par Wessner "quantum" indique une possible corruption du début de la scholie, confondue avec la fin du lemme. D fournit un texte parfaitement cohérent et, de plus, particulièrement intéressant sur le plan de l'ecdotique térentienne. Le "quamquam" qu'il est le seul à avoir conservé pouvait être abrégé dans les modèles communs d'une manière si sibylline que chacun y est allé de sa propre reconstruction "quantum quia" (KV), "quantumque" (M), "quantumcumque" (t) etc.455. Wessner édite "PARVI RETULIT nihil interfuit uel parum interfuit, id est etc.". Cette leçon est garantie notamment par l'important manuscrit G. Mais trois autres manuscrits majeurs, KVD, portent, au lieu de "parum interfuit" le mystérieux énoncé "inter parum fuit" (que nous conservons). Cette leçon est assez bizarre pour expliquer les nombreuses corrections en "parum interfuit", qu'on trouve dans la majorité des témoins. Mais si l'on part du principe que cette "lectio difficilior" attestée dans de très bons manuscrits doit être privilégiée, il nous semble qu'on peut la sauver à peu de frais en ajoutant quelques éléments qui ont pu être simplifiés par haplographie ou déplacés. On constate en tout cas du flottement dans la forme du lemme : "parui retulit", mais aussi "retulit" (D), "retulit parui" (J) et même "retulit parue" (K), qui nous met sur la voie de "parua re", devenu "parui" comme si c'était un lemme et non la scholie. A ce stade, le texte dit quelque chose comme "parvi retvlit parvi nihil vt parvm interfvit vel inter parvm fvit"... On comprend le désarroi des copistes, qui ont tenté de redonner une cohérence à ce fatras.456. Nous reprenons le texte de JK appuyé par RC ("inditio") contre Wessner qui édite une conjecture de Wieling "inductio". V propose "indictio" qui n'a pas grand sens. La construction du double datif tronqué du datif de personne a pu égarer les copistes. On peut aussi faire droit au texte de D "iudicio" appuyé par O ("iuditio") et considérer que cet ablatif complète l'expression "opus est". Il faut alors ponctuer "iudicio. doli est" et comprendre "<j'avais besoin> d'un procès. Mais c'est de la ruse...".457. Wessner suit Estienne et édite "cui rei nihil". Or tous les manuscrits sauf G (peut-être) et U qui portent "uix ei" et O qui porte "iure" mais avant une importante lacune, donnent "uir ei" dans lequel "uir" ne peut se rattacher qu'à la phrase qui précède. La mention de "uir" peut paraître inutile, mais sans doute est-elle explicable par la fait que, dans cette réplique, Géta fait parler Phormion. "Vir" réfère donc à Phormion et non à Géta.458. Passage extrêmement corrompu et probablement irrémédiablement endommagé. Wessner édite "παρέλκον tertium : [hoc] idem enim ualet 'utrum' quod 'an'", ce qui est le texte de UVz, mais, en réalité, il règne sur toute la fin le plus grand désordre, avec quelques constantes dont le fait de terminer la scholie sur "quod an" parfois "quodam" (GJ) et d'enchaîner sur la scholie suivante qui commence en "dicam". Mais O suivi par m présente un texte extrêmement original et très probablement le vestige très abîmé de la bonne leçon. On lit chez eux, après une lacune qui correspond à "παρέλκον tertium", le segment suivant "hoc idem enim sic ualet utrum quoadiuuandi omnia sint" et il n'y a pas de lemme suivant, mais la scholie du vers 660, ce qui montre à l'évidence que c'est à cette frontière scholie / lemme que tout s'est joué. Dans le désordre de O on reconnaît toutefois, malgré une inversion de mots, And. 525, ce qui explique immédiatement le "sic" que ces deux manuscrits sont seuls à donner. De ce fait c'est "utrum" qui devient suspect, car on attend "ut". Les autres manuscrits, qui ont arrêté la copie à "an" et sont passés au lemme suivant ne pouvaient plus comprendre le "ut" qu'ils ont "normalisé" en recopiant un morceau du lemme, donnant ainsi le texte de Wessner. Dans la citation, on observe "dixit" qui devait être abrégé comme le montrent les débris qu'on lit dans O, et de ce fait le "di." a été interprété comme le début du vers 660 "dicam", et les copistes ont embrayé sur "scientem" en éliminant la citation. Sur un segment "utrum quod an di. scientem", ils ont fait aisément "utrum quod an. dicam scientem...".459. Wessner édite "et", mais tous les manuscrits portent "ut" que nous conservons. 460. Texte de G, là où Wessner a cru bon de suivre Estienne et d'éditer "conceduntur ab alio <decem>. de reliquis decem superest...". De fait les manuscrits omettent "decem" après "alio" et le mettent entre "reliquis" et "superest". Or celui qu'ils omettent est indispensable, le dernier ne l'est pas. Seul le copiste de G a conservé le texte.461. Wessner édite "disputatio. nam difficilis ad dandum", ce qui est le texte de R pour "disputatio", mais une correction d'Estienne pour "nam", tous les manuscrits portant "non". Nous rétablissons "dubitatio" de tous les autres manuscrits ainsi que le "non" unanime et voyons dans "ad dandum", absurde avec "non", la corruption d'un difficile "an dandum" qui est appelé par "dubitatio". 462. Wessner attribue cette scholie au vers 666 pour des raisons qui nous échappent. Nous lui rendons sa place.463. Le texte n'est pas absolument certain, bien que le sens ne fasse aucune doute. Une partie de la tradition lit ici "minus dante Demiphone" sans indication de chiffre. Mais la chute du "x" ("decem") final a pu entraîner une correction de "minas" en "minus", nous conservons donc la tradition la plus complexe.464. Texte de tous les manuscrits, contre une conjecture d'Estienne reprise par Wessner, "ei". Evidemment, le mot "res" doit être compris ici au sens de "patrimoine". 465. Passage très corrompu dans toute la tradition. Wessner édite ; "2 REDDVNT PRAEDIA proprie de fructu dixit 'reddunt'. 3 FRVCTVM QVEM LEMNI VX R. P. σχῆμα διανοίας· ἐφεξήγησις". Mais les manuscrits sont tout sauf unanimes. Certains ne présentent pas la scholie 2 et on voit que ce peut être dû à un saut du même au même (de "REDDVNT PRAEDIA" du lemme 2 au "REDDVNT PRAEDIA" de la scholie suivante). En revanche, il y a sur la scholie 3 de Wessner le plus grand désordre, dû à la présence de grec. Une chose est sûre ; rien ne permet d'attester le génitif διανοίας que postule Wessner. Nous le supprimons donc. Seuls V et R proposent quelques caractères grecs, σχηματων (V), σχημαΓεν (R), ce dernier suivi d'une lacune. Cela laisse peut-être supposer le terme σχημάτιον, mais nous ne le retenons pas parce que Donat ne l'utilise pas par ailleurs. Plusieurs manuscrits ont une lacune. Quelques-uns ont "scema". Pour la suite, ceux qui identifient une figure de style s'accordent sur l'épexégèse (avec des hésitations orthographiques sans incidence sur cette interprétation). Mais quelques manuscrits importants (RCOVK...) présentent une fin de scholie fort différente et peu homogène dans laquelle on reconnaît toutefois les mots "efferri" et "iussit", alors que "clipeum" est reconnaissable plus ou moins dans des formes comme "diperim" (CRK), ce qui permet d'identifier (comme chez O et m) le vers virgilien, En. 5, 359, qui contient de fait une épexégèse. Le segment "d. a." (ou "da" chez D), "id a." (RCK), "i. a." (V) invite à lire les initiales des mots qui complètent le vers "Didymaonis artem". La présence du grec, suivie dans la foulée d'une citation sans doute abrégée dans sa fin, a rendu les scribes non hellénistes incapables de distinguer où finissait le grec. Ils ont sans doute amalgamé les segments "ef" de "ef(f)exegesis" et de "efferri", pour soit éliminer le début (donc le grec, présent seulement en forme de lacune), soit la fin, donc la citation.466. Les manuscrits se partagent entre "argentum" (choix de Wessner) et "sumptum". "Sumptum" n'a aucun sens, car il est masculin comme "fructum", et "argentum" qui est neutre permet de comprendre "id". Notons que O a peut-être la bonne leçon en lisant "fructuum", il indiquerait alors que ce qui gêne Donat c'est la possibilité de reprendre "fructus" qui est masculin par "id", il propose une construction avec le génitif complément de pronom neutre. Le texte lu "non fructum sed fructum" a pu conduire à deux corrections, "argentum", pour le genre, et "sumptum" par simple synonymie, considérant sans doute la parenté phonique et graphique des deux mots.467. Wessner, suivant Schoell, suppose ici une lacune, mais la phrase est parfaitement compréhensible sans. Ce texte, de plus, n'apparaît que dans quelques manuscrits (majeurs il est vrai) comme RCDK. Peut-être cette scholie est-elle suspecte, mais l'importance des témoins qui la donnent nous la font conserver.468. Les manuscrits hésitent ici entre "hoc est", "id est" ou rien (choix de Wessner), avec une nette majorité pour "hoc est", puis un assez grand nombre de "id est". Nous pensons que "id est" est sans doute le bon texte, un copiste méthodique l'ayant "corrigé" en "hoc est", choqué par la succession "satisne id est id est idne". D'autres ont été victimes d'une haplographie.469. Wessner édite "locutus est, ut posset <per> quam aliter interpretari a geta, qui respondet". Ce texte pose une première difficulté, qui est la construction passive d'"interpretari", le "a" étant unanime dans les manuscrits. Il nous semble toutefois que, même si le sens passif n'est pas inconnu de la langue tardive, c'est la place du sujet "geta" appelée par la relative qui suit qui a entraîné l'émergence sans doute à date très ancienne de ce "a" passé dans toute la tradition. Le "per" de Wessner est une conjecture de Schoell, les manuscrits portant massivement "nequaquam" en un ou deux mots et, pour quelques autres, une conjonction commençant par "qu-", mais, dans ce cas, toujours placée après "posset". Nous pensons que le segment "ne posset quaqua" a pu être lu comme une tmèse (volontaire ou fautive) et "rectifié" en "nequaquam posset". La présence de la négation fait contresens ici, mais elle devient inévitable dès lors qu'on ne sent plus que "ne" est un autonyme et un interrogatif. De plus, un manuscrit, z, semble avoir lu quelque chose entre "ut" et "ne", car il écrit quelque chose comme "uti ne". Il nous semble qu'il met sur la voie d'une restitution non pas du seul "ne", mais de "satisne" abrégé "s.ne". Les copistes devant ce segment ont choisi soit d'ignorer le "s." et de garder "ne", en le rapprochant de "quaqua(m)" soit d'éliminer le groupe entier. Enfin, nous restituons le futur "respondebit" dans la relative en suivant de bons témoins (OJG). 470. Texte de O, qui est le seul avec a à avoir conservé le texte. Les autres manuscrits lisent "satisne id est" comme lemme et rapportent la scholie au vers 683, mais on ne comprend absolument plus le commentaire. Wessner éditait au vers 683 une scholie 3 qu'il recomposait ainsi sur une conjecture de Schoell : "SATIN EST ID <ἐ>ρώτη<μα> est ". 471. Wessner édite "prouerbiale, non enim" où "enim" est une conjecture personnelle. Or, les manuscrits donnent unanimement "prouerbiale", mais ensuite hésitent entre "nomen", "nomen non", "non", "noui" et "nota". Ce désordre provient selon nous de la présence de grec à l'origine. En effet, l'adverbe "prouerbiale" n'existe pas et l'expression "prouerbiale nomen" (nom proverbial) ne semble pas coïncider avec ce qui est décrit (un énoncé verbal "ulcus tangere") et n'est pas attestée chez les grammairiens. De plus, "tangere ulcus" n'est donné par Otto (1962) comme proverbial que parce que précisément la vulgate de Donat le lit ici. Aucune forme semblable ne se trouve chez les parémiographes. La forme grecque "ἀλγοῦμεν" peut ici rendre compte de "ulcus tangere" avec l'emphase voulue par la situation. De plus la succession "prouerboAΛΓΟΥΜΕΝ" s'interprète aisément si l'on ignore le grec en "prouerboale oumen" qui devient par "correction" "prouerbiale nomen". Ensuite "nomen" a dû être abrégé sous la forme "nő" et se confondre avec la négation suivante d'où "nomen" seul ou "non" seul ou "nomen non". Quant à "noui" et "nota" isolés, ils témoignent plus du désordre qu'ils ne fournissent de solution.472. Wessner édite : "† cidonia gallina", qui ne signifie rien. Les manuscrits sont partagés (V propose par exemple "qua domo", ce qui est une lectio facilior) ; on peut penser à plusieurs adjectifs ou nom d'oiseaux proches de "cidonia" et qui pourraient qualifier "gallina" : "cydonia" (crétoise), "sidonia" (de Sidon), "ciconia" (cigogne), "cicuma" (la chouette), "cycnea" (le cygne). Mais aucun de ces termes n'est satisfaisant. En revanche, un passage d'Elien (Hist. Anim. IV, 42) nous donne la réponse : il faut lire "calidonia" (de Calydon) : la "gallina calidonia" désigne en fait la pintade ("meleagris" en latin). En effet, selon la légende, les sœurs de Méléagre, originaires de Calydon, furent transformées en pintades après la mort de leur frère, parce qu'elles ne cessaient de déplorer sa mort. On voit bien le lien entre cette histoire et le proverbe : pleurer un frère (Méléagre), ou pleurer un mari (dans le proverbe), les deux ayant disparu trop tôt. Donat se souvient peut-être également de la transformation des sœurs de Méléagre en pintades telle que la décrit Ovide dans ses Métamorphoses (VIII, 540 et suiv.). L'extrait d'Elien est le suivant : "λέγουσι δὲ καὶ τὰς καλουμένας μελεαγρίδας τὸ αὐτὸ δήπου δρᾶν τοῦτο, καὶ ὅτι Μελεάγρῳ τῷ Οἰνέως προσήκουσι κατὰ γένος μαρτυρεῖσθαι καὶ μάλα εὐστόμως. λέγει δὲ ὁ μῦθος, ὅσαι ἦσαν οἰκεῖαι τῷ Οἰνείδῃ νεανίᾳ, ταύτας ἐς δάκρυά τε ἄσχετα καὶ πένθος ἄτλητον ἐκπεσεῖν καὶ θρηνεῖν, οὐδέν τι τῆς λύπης ἄκος προσιεμένας, οἴκτρῳ δὲ ἄρα τῶν θεῶν ἐς ταῦτα τὰ ζῷα ἀμεῖψαι τὸ εἶδος" (et on dit que celles que l'on appelle les pintades [ou les Méléagrides, c'est-à-dire les sœurs de Méléagre] font précisément ceci : il leur appartient de témoigner, en vertu de leur parenté, pour Méléagre le fils d'Oenée, avec, assurément, une voix mélodieuse. Et la légende raconte que, étant donné qu'elles étaient parentes du jeune homme fils d'Oenée [c'est-à-dire Méléagre], elles tombèrent dans des larmes irrésistibles et dans un deuil sans fin, qu'elles firent entendre des chants plaintifs, et qu'elles n'acceptèrent aucun remède, de quelque sorte qu'il fût, contre leur chagrin ; et qu'ainsi par la pitié des dieux, elles prirent l'apparence de ces animaux).473. Wessner édite "scilicet h", texte isolé de V, un consensus assez large plaide pour notre texte.474. Wessner édite "ut et", texte proche de celui de V, mais "et item" est pratiquement assuré par la mélecture "etatem" de O et a.475. Wessner édite : "et uoces eiusmodi dabant, † quae est ex hoc qui hunc sonum exhalandi praestant", ce qui est impossible à traduire. Les manuscrits ne proposent pas de leçon satisfaisante ; s'ils sont d'accord à peu près sur la fin "ex(h)alandi (uim) praesta(n)t", pour le début, en revanche, il règne le plus grand désordre. On trouve parfois "quae est oc quod oc" (OaM) avec diverses variantes sans importance, ou "quae est ex hoc quia hinc" (D), ou encore "quae est ex hoc qui hunc" (R) etc. De toute évidence, le problème est là. Encore faut-il savoir de quoi on parle, et c'est très probablement de la valeur d'onomatopée du "ha" de "halare", qui signifierait "faire 'ha'", et conséquemment "halitus", "le fait de faire 'ha'". On comprend alors ce qui s'est passé. Un copiste n'a pas noté l'aspiration (phénomène fréquent que l'on observe d'ailleurs sur "halitus" , "halando" et "hariolus") et a donc écrit "a". Un autre copiste a pris ce "a" pour "oc", confusion facile avec une graphie du type α, puis d'autres copistes, ne comprenant absolument pas ce "oc", l'ont "normalisé en "hoc" rendant ainsi le texte totalement incompréhensible. Puis la chose s'est reproduite après "quia" ce qui était normal. Bien que très attestée par les manuscrits, la forme "sonum" est très suspecte. En effet G et t montrent trace d'un passage délicat à lire puisqu'ils se reprennent en écrivant pour G "sol sonum" avant d'exponctuer les trois premières lettres et carrément "soli sonum" pour t. O et a ont directement "solum" sans aucune forme de "sonus". On comprend aisément comment le mot "sonum" a pu se glisser dans la tradition étant donné la nature phonétique du commentaire. L'ordre que nous éditons après "quia" est proche de O ("quae solum hoc exhalandi uim praestat"). La phrase de Donat est suffisamment embarrassée pour avoir perturbé gravement nos copistes.476. Wessner n'édite pas ce mot, pourtant largement présent dans les manuscrits, et relativement important pour la scholie. Nous l'ajoutons, tout en constatant que des manuscrits RCODK ne l'ont pas. Il a pu être induit par une mélecture de "autem", le mot suivant dans Térence.477. Tous les manuscrits portent, comme l'édite Wessner, "decrescere", mais ainsi rédigée la scholie est absurde. On ne peut absolument pas dire que les jours "commencent à décroître" avant le solstice d'hiver. La rareté du verbe "recrescere", et la proximité de "decrescentibus" ont pu égarer à date très ancienne un copiste. 478. Wessner édite "non aliter laeti nisi quia" conjecture personnelle qui ne s'impose absolument pas, le texte quasiment unanime des manuscrits portant "non aliter latini si", suivi de "quidem", "quia" ou "quidem quia". On voit aisément ce qui s'est passé. Par mécoupure du segment SICVIDEME, on a fait "si quidem" et ensuite normalisé ou non en éliminant "quia" qui empêche de construire. Notons un point très important : RCKVD (soit des manuscrits extrêmement importants) ont déplacé cette scholie et la suivante en 713. C'est de toute évidence une erreur, mais elle est essentielle pour analyser la transmission du texte.479. Texte unanime des manuscrits contre Wessner qui édite on ne sait pourquoi "qui".480. Wessner édite "me habes, me respice" dans la même scholie, mais les manuscrits invitent, en insérant très souvent "me uide" ou "me uides", à la solution que nous proposons et qui ajoute une scholie sur le sens actif de "uide", "regarde" et non pas seulement "vois".481. Wessner conjecture ici "cum", contre le texte des manuscrits qui porte "ut". Le texte se comprend parfaitement avec une consécutive négative. L'adversative serait certes plus claire, mais elle n'est donnée par aucun témoin.482. Ici RCV placent le segment "pro uoluntate hominis incerti ac leuis" qui paraît appartenir à la scholie 716 (OM par exemple), où il se comprend beaucoup mieux.483. Nous suivons ici le texte de Wessner qui est celui de V, mais non sans précautions. En effet, d'après cette lecture, c'est le seul mot "malum" qui constitue l'"interiectio", qu'il faut prendre ici au sens rhétorique d'"incise". Or pour RCO et M, qui lisent seulement "interiectio (est)" sans précision du segment concerné, c'est sans doute l'ensemble de la réplique qui constitue l'"interiectio", Démiphon coupant la parole à Chrémès pour lui dire des choses peu amènes. Ce qui plaide en faveur du texte de V est un passage de Quintilien où le rhéteur, comme le fait Donat dans la fin de la scholie, omet le segment qui constitue l'"interiectio". Voir Quint. 4, 2, 121 : "maxime quidem breui interiectione, qualis est illa : 'fecerunt serui Milonis quod suos quisque seruos in tali re facere uoluisset'", alors que le texte de Cicéron (Mil. 29) porte : "fecerunt id serui Milonis — dicam enim aperte, non deriuandi criminis causa, sed ut factum est — nec imperante nec sciente nec praesente domino, quod suos quisque seruos in tali re facere uoluisset".484. Ce mot est un ajout d'Estienne, mais il est indispensable car c'est bien "quaenam" et "quisnam" qui sont en jeu. L'anastrophe consiste à écrire "nam quis" ou "nam quae" au lieu de "quisnam", "quaenam". RCOV qui n'ont pas lu "nam" ne pouvaient pas comprendre. 485. Tous les manuscrits lisent "sed", Wessner choisit sans doute par hypercorrection "et", mais il n'est guère fondé à le faire. Tout se passe comme s'il s'agissait de la réponse à une objection : "mais 'nam quae' est incorrect. -pas du tout mais c'est...".486. Ingénieuse restitution de Wessner d'après le codex Cujas. Les manuscrits portent trace d'une probable haplographie O lisant "docte ren.", RC "doc.", et V avec une tentative habituelle chez lui de sauver "docteren" lit "docerem" qui malheureusement n'a aucun sens. 487. Wessner édite comme commentaire au vers 739 le lemme et la scholie suivants : "ET MEVM NOMEN mire nomen suum illa agnoscit, hic dissimulat". Le problème est que ce texte n'a pour lui que l'autorité d'Estienne. Les manuscrits sont ici assez unanimes à donner "ille" et non "illa", et le texte consensuel (à la notable exception de M) paraît donner "mire nomen suum ille agnoscit, uel dissimulat", qui dans le contexte du vers 739 n'a rigoureusement aucun sens. C'est pourquoi si on le laisse à cet endroit il faut intervenir sur les pronoms soit comme le fait Estienne de manière subtile, soit de manière absurde comme M qui a compris la difficulté mais propose un contresens "mire nomen suum ille agnoscit, illa dissimulat". Nous pensons quant à nous que le mot "nomen" premier mot de la scholie a pu entraîner le rattachement de ce commentaire au vers 739 où se trouve le mot "nomen". Or si on suit le texte des manuscrits, il paraît évident que, à la condition de sortir du lemme le premier "nomen", le texte parle clairement de Stilpon-Chrémès qui cache sa véritable identité. Nous considérons donc que cette scholie porte sur "Stilpo non", passage où il nie formellement répondre à ce nom. La succession "non nomen mire non suum" a pu être lue à un moment "nomen nomen mire non suum" et déplacée derrière le mot "nomen" un vers plus haut. Ensuite la succession "nomen mire non suum" où "nomen" est devenu le lemme a pu être à son tour lue "NOMEN mire nomen suum". A ce moment-là le texte était devenu incompréhensible. L'absence d'autre scholie au vers 740 rendait très facile le décalage. 488. Wessner ajoute ici "effutire dicitur" qui ne sert rigoureusement à rien. 489. Texte de V par ailleurs excellent. Le mot "efutilis" bien que rarement attesté dans la littérature, se trouve dans quelques textes tardifs. 490. Wessner édite ἀπαθῶς suivant une conjecture de Sabbadini (1894, 184) , Estienne préférant "ἀπαθής sit". Ces deux restitutions sont pour le sens parfaitement plausibles. Toutefois il faut noter qu'ici deux manuscrits tentent d'écrire ce mot grec et notent finalement tous deux à peu près la même chose : "ἀπλειωσ" (R) ou "ἀπλειῶ sit" (V). La lecture très consensuelle d'une succession απλ- ainsi que du groupe final -ως nous invite à choisir ἁπλοϊκῶς, terme rhétorique attesté chez Denys d'Halicarnasse et qui convient assez bien au contexte puisqu'il signifie "sans apprêt". Donat veut indiquer que Térence suit la juste mesure entre l'excès de douleur que pourrait manifester le personnage, et l'absence totale d'élaboration oratoire qui rendrait cette mort totalement insignifiante. 491. Wessner ajoute ici une considérable conjecture de Schoell qui rétablit on ne sait pourquoi les participes grecs supposés traduire les participes latins déficients (ἀφικόμενος λιπών). Cet ajout n'a aucune justification. 492. Ce texte, qui est celui de Wessner, est extrêmement probable compte tenu du commentaire que fait Donat. Toutefois, tous les manuscrits de Wessner et une bonne partie de la tradition térentienne lisent pour ce passage de Térence "causam" et non "casam". 493. Wessner édite "mulcari" (être frappé), mais les manuscrits semblent plutôt indiquer "mul(c)tari" (être puni). 494. Wessner place cette dernière phrase comme commentaire au vers 766, mais aucun manuscrit ne présente cette scholie à cette place. Nous rétablissons l'ordre des manuscrits. 495. RCO répètent "dum aliud aliquid" après l'adverbe qu'ils lisent d'ailleurs "uenuste", VMam et l'édition Calfurnio 1477 lisent, à l'exception d'"aliud" omis par certains, ce texte, qui nous paraît préférable. Wessner édite le texte de RCO avec l'adverbe "uetuste". 496. Wessner édite "terrorem" en suivant O, mais RCV attestent "errorem", qui signifie le quiproquo, la méprise. Comme la jeune fille est déjà mariée il n'y a guère à s'inquiéter de son mariage. 497. Tous les manuscrits utilisés par Wessner lisent ici "uenuste", la proximité de la citation enienne a poussé Klotz à conjecturer "uetuste", mais cette conjecture est peut-être inutile.498. Wessner édite "sed et" (RC), mais "sed quid" de L et M est bien meilleur métriquement et stylistiquement. 499. Ce texte repose sur une conjecture d'Estienne, dans un segment où aucun manuscrit ne donne de texte satisfaisant. La plupart des témoins lisent "harum pecunie uenerit /fuerit", RCOVet K "aurum pecunie uenerit", n et m lisant "harum penuie", ce qui pourrait à la limite apporter de l'eau au moulin d'Estienne. En l'état sa restitution est particulièrement économique et fournit un sens satisfaisant à défaut d'être absolument clair. Si on le suit il est évident que Donat comprend "res" non pas au sens de "situation", mais au sens de "biens matériels". Son commentaire viserait donc à prévenir contre un regroupement abusif de "res aduersae" au sens figé de "malheur". 500. Wessner éditait "cum praeposuisset 'si hoc celetur', <non> intulit 'sin nescitur'". Le "non" est une conjecture personnelle, pour un texte des manuscrits qui oscille entre deux traditions : l'une représentée par les manuscrits que Wessner privilégie habituellement (RCOVD) auxquels on peut rajouter K lit comme Wessner une forme verbale plus ou moins apparentée à "scire" ou "nescire" ("resciret", "nescierit", "nescitur", "rescitur"). L'autre tradition (mxtpnzGaJ par exemple) lit "sin patefit" avec quelques variantes. Il est évident que pour le sens la famille RCOVDK ne peut avoir raison en l'état car le texte n'a pas de sens. En revanche, les hésitations que l'on voit dans cette famille et non dans l'autre montrent que c'est bien là que se situe la difficulté, sur la présence ou l'absence d'une forme de "nescire". Nous reconstituons ainsi l'évolution de ce passage. A date ancienne, l'ordre des propositions a été inversé et on a dû lire quelque chose comme "cum posuisset si hoc celetur. intulit sin p. ./.nescitur" (pour "sin patefit idest nesctiur"). Le texte devenait alors difficilement compréhensible. Le ou les témoins à la source de RCOV etc. ont éliminé les deux abréviations "p../." et obtenu en gros le texte tel qu'on le lit avant l'intervention de Wessner. La source de l'autre famille a éliminé "idest nescitur" en considérant, avec un certain bon sens d'ailleurs, que placé là ce devait être une glose inutile et fausse de surcroît. Tel que nous le reconstruisons le texte fait droit aux deux familles et tente d'expliquer pourquoi ici il est impossible de suivre l'une ou l'autre des deux traditions à l'exclusion de l'autre. 501. Wessner édite une conjecture personnelle "qua sibi omnes conatus prouenisse laetatur", mais les manuscrits donnent tout autre chose et invitent à considérer que le texte en l'état est désespéré. Trois tendances se dessinent. 1- Tous les manuscrits sauf U et G qui ont une lacune, totale pour U et entre "quasi" et "omnis" pour G, portent "et quasi omnes/is". Ensuite, Mxt ont une lacune, VKDORC "scaena" ("-ae"pour V), "senatus" pour GJ. Après "scaena" KO donnent une lacune. Pour la fin, "prouenisse laetatur/-etur" se lit chez VUGMxtJRC, mais RCD signalent une autre leçon possible "prout in se (uenisse)" qui est la seule leçon de K. Le nombre élevé de manuscrits donnant une lacune, UKGMxtO, semble laisser supposer un mot grec, qui aurait été probablement "corrigé" en "scaena" (VKDORC) ou "senatus" (GJ). Il faut donc sans doute supposer vu la place de la lacune que tout le segment qui va du mot qui suit "omnis" jusqu'à la forme de "laetatur/laetetur" est corrompu. 2- Le mot grec doit signifier quelque chose comme la ruse ou l'adresse de la construction qui permet à Phormion de se vanter de son triomphe et il doit avoir pu être aisément pris pour une forme de "scaena". Nous proposons le mot "σκευωρία", qui explique assez bien soit une lacune complète, soit l'apparition de "scaena" suivi d'une lacune (KO), soit la pure et simple prise en compte du mot latin (DRC), soit encore l'étrange "scaenae uis" de V. 3-Reste un problème, la question de savoir pourquoi les manuscrits qui ne signalent pas de lacune soit DRJC sont également ceux qui proposent une double leçon "prouenisse/prout in se (uenisse)". S'il faut supposer un verbe grec translittéré tant bien que mal par les copistes soit en "prouenisse" soit en "prout in se" soit les deux, on pourrait supposer "προχωρῆσαι" (réussir).502. Wessner édite ce que paraît lui fournir le codex de Cujas "incertarum rerum", nous nous en tenons au texte des autres manuscrits.503. Wessner lit comme Estienne "sine arte aliqua", texte qui n'a pour lui que l'autorité toute relative de G qui lit "sine arte". Tous les autres lisent "arte aliqua", ce qui se comprend parfaitement, y compris avec la référence ovidienne que fournit Wessner (Fast. 6, 781) pour justifier "sine". Les plébéiens vivent précisément "arte aliqua", c'est-à-dire "du travail de leurs mains".504. Wessner édite une seule scholie "VAPVLABIS ID QVIDEM TIBI IAM FIET 'id' quod sibi dicit fieri", qui est à peu de choses près le texte d'Estienne. Le problème est que les manuscrits donnent tous tout à fait autre chose, d'ailleurs le plus souvent aberrant. La mention de la présence de grec dans le secteur à la suite d'une remarque de Calfurnio qui donnerait "uapulabis ideo ποτοτεΔετονο" indique selon nous que le désordre provient comme souvent de la présence d'un long segment grec, ou plus exactement, si l'on observe le texte transmis par n, de deux longs segments grecs. En effet seul il lit "uapulabis iam utique irascitur id est percutiam" qui paraît être une tentative très ingénieuse de sauver un passage parfaitement corompu. Les manuscrits les plus fiables d'ordinaire, comme V, qui lit par exemple "uapulabis iam id pepi" ne sont guère encourageants. D'autres, z ou p, lisent des choses comme "id pepi iam" ou plus clairement marqué de grec "idê yprepiiam". Nous concluons de ce désordre qu'il faut rétablir d'abord une citation possible d'Apollodore que n'aurait conservé que Calfurnio (on ne sait d'ailleurs comment, ni où, à lire l'apparat de Wessner) et que nous reconstruisons à titre purement hypothétique. L'étendue en est connue par le segment de n "iam utique irascitur" à comparer avec la succession de lettres grecques que l'on trouve chez Calfurnio. La suite de la scholie est un commentaire stylistique des deux textes, elle est d'ailleurs plus facile à restituer comme nous le faisons. La première partie, Apollodore, a pu disparaître pour deux raisons. 1-Les scribes ont capitulé devant une phrase entière en grec, 2-ils ont pris la suite ("idδι'ἀ") pour "idest" et en ont conclu qu'on pouvait aisément ne pas recopier le grec incompréhensible puisqu'on avait une "traduction latine", certes étrange ("pepiiam"), mais au moins écrite en lettres latines.505. Wessner, suivant Estienne, ajoute ici "est" qui ne sert à rien. 506. Wessner suit une conjecture d'Estienne qui met le datif "festinanti". Les manuscrits donnant le génitif, nous le conservons.507. Wessner n'édite pas "actu", pourtant ce mot paraît avoir figuré dans le texte. En effet il existe deux traditions dans les manuscrits. Dans l'une, on lit plus ou moins "in v" parfois sous la forme "inquinatum" (O), parfois sous la forme d'une abréviation très étrange (GJ) qui laisse supposer un texte difficilement lisible. Dans l'autre on lit presque unanimement "a." ou "audiui" qui est le mot qui suit "facinus "chez Térence, sans aucune indication chiffrée. Nous supposons que le texte portait "fac. in v a." pour "facinus in quinto actu", les segment "inv" a été rattaché à "fac." pour compléter "facinus" et le "a" interprété comme l'abréviation de audiui. En revanche l'autre tradition doit reposer sur un original où "actu" est tombé et où peut-être "quinto" était écrit en toutes lettres.508. Wessner composait un texte reposant pour l'essentiel sur RCO : "CVRAM ADIMERE 'adimere' magis 'curam' pro 'eludendi <et> adimendi haec occasio est'". Or, même les manuscrits sur lesquels il s'appuie ne donnent pas ce texte. En effet RCOK lisent dans le lemme non pas "adimere", mais "adhibere", puis, dans ce qui est sans doute la scholie, un texte qui commence par "adimere", voire "adimerint" (RK). V et beaucoup d'autres de ceux que Wessner tient pour des deteriores mais également Calfurnio et, à un degré moindre, Estienne, donnent un texte beaucoup plus cohérent et uniforme où apparaît le concept de "uarietas". Notre texte est celui de V à l'exception de la correction mineure de "praeludendi" en "prae eludendi". 509. Wessner considérait "quod" comme faisant partie du lemme, ce qui le conduisait à compléter à sa façon en prolongeant la citation de Térence jusqu'à la fin du vers. Aucun manuscrit ne donnant substantiellement autre chose que ce que nous éditons, nous nous en tenons au texte de la tradition. En revanche nous créons un second lemme avec "recepissem" en supposant que le segment original était "spopondissem et recepissem deest" qui a été simplifié. 510. Wessner édite "noua locutio 'coram me incusaueras', non ἁπλῶς 'me incusaueras'" où l'adverbe grec est une conjecture de Schoell. Les manuscrits à quelques vairantes près portent "noua locutio coram me incusaueras qui huc me incusaueras" laissant supposer que le texte en jeu est "coram me". Or G lit tout autre chose qui semble bien plus intéressant, à savoir "noua locutio quem incusaueras non qui hinc me incusaueras". Ce texte indique sans doute que ce qui est "nouum", c'est la construction "quae incusaueras", c'est-à-dire la construction d'"incuso" avec un accusatif de chose. De fait, cette construction, qui est courante à l'âge classique, est sans exemple chez Plaute (pour ce que nous en possédons) et ne compte chez Térence que cette occurrence. G garde trace de la bonne leçon mais une mélecture de "que" en "quem" rend son texte difficilement compréhensible. Tous les autres ont recopié ce qu'ils pensaient être la "noua locutio" c'est-à-dire "coram me" sur le modèle du lemme et d'autres commentaires de Donat sur l'usage archaïque des prépositions.511. Nous rétablissons le texte unanime des manuscrits "seu" au lieu du "scilicet" qu"édite Wessner suivant Klotz. Cela suppose que ce qui est chez Wessner le lemme 2, à savoir "iube rescribi", devienne une partie de la reformulation. Nous modifions donc la numérotation des lemmes. 512. Texte de G, Wessner édite ce que lisent ses manuscrits, "quod", sauf V qui ne lit que "ne". C'est d'ailleurs le texte reçu de Térence.513. Admirable conjecture d'Estienne, les mansucrits donnant "exactisne". Estienne a reconstruit d'après le commentaire d'Ad. 277 et sa reconstruction est d'autant plus certaine que G a conservé quelque chose du texte en lisant "ex arcas ne".514. Texte de G, Wessner suivant ses manuscrits édite "quod" (sauf V qui une fois encore lit "ne") et le verbe "rescripsi", bien qu'il soit d'avis dans son apparat qu'il faut "discripsi".515. Wessner édite "QVOD EGO RESCRIPSI ILLIS illis per scripturam reddidi. 2 Illis dedi ut apud Verg. etc.", mais le texte des manuscrits est très partagé 1- sur la forme du lemme en particulier le verbe où on lit "rescripsi, descripsi, perscripsi, praescripsi", et de la présence ou non du datif "illis" de Térence, 2- sur le début de la scholie où une majorité donne "multi" et quelques autres rien ou peut-être "illis". les manuscrits qui portent "multi" le répètent devant la seconde forme verbale "dedi", sauf V qui répète quant à lui "illis", se rangeant ainsi à l'avis de ceux qui lisent deux fois "illis", et jamais "multi", alors que V lit au début "illis multi", 3-sur la forme du premier verbe, les manuscrits hésitant entre "reddi" et "reddidi". Il nous semble qu'Estienne a compris la portée exacte du commentaire en corrigeant "multi" en "multis" (qu'on trouve apparemment seulement dans L). Toutefois l'humaniste propose la forme "perscripsi" dans le lemme qui ne cadre malheureusement pas bien 1-avec l'interprétation qu'il privilégie, 2- avec l'exemple virgilien. Nous harmonisons l'intuition d'Estienne et les données des manuscrits pour donner un commentaire cohérent.516. Wessner édite "deditur", nous préférons pour la cohérence du commentaire "diditur". Voir la note apposée à la traduction. Les manuscrits de Virgile portent les deux leçons.517. Wessner édite "quadam", mais les mansucrits hésitent entre "quadam" (KRCO) et "iam/tam minaciter" (avec quelques variantes sur l'adverbe (GVqzxtpn...)). Nous supposons que "quadam" masque en réalité un "quod iam", lu ensuite "quod tam", ce qui a provoqué l'arrivée de l'adverbe "minaciter" pour compléter l'énoncé. L'abréviation probable de "hoc quod" a pu entraîner la chute de "quod", par prise de la série d'abréviations pour le seul "hoc" en toutes lettres. Dans l'autre tradition (RCOK), "quod iam" a pu être mal compris et lu "quodam" puis corrigé au féminin, dans la tradition où il est présent.518. Wessner a cru bon, en début de phrase suivante, d'ajouter "Cicero" pour attribuer la citation, cela ne sert à rien et ne se trouve dans aucun manuscrit. Il est probable d'ailleurs que les scribes n'ont pas identifié cette citation, voir la note suivante.519. Wessner édite ici "etc", mais voir la note suivante. 520. Wessner édite " 'hoc fer.' etc. 947 CONDONAMVS TE accusatiuo, ut in eunucho "habeo alia multa...". Aucun manuscrit ne donne ni le lemme ni "accusatiuo" qui sont une reconstruction pour le premier d'Estienne et pour le second de Wessner sur Eun. 17. En revanche les manuscrits montrent le plus grand désordre à partir de la fin de la citation cicéronienne, non identifiée par eux. On lit en effet des choses comme "a dotantis ablto, dono ablatiuo, dotatis ablto, dotatis ablatiuo, dotatis ab dono ablit o, dono ablto" dont aucune n'a le moindre sens, signe que de toute évidence, personne ne comprend rien à ce dont il est question. De plus, en amont de ce segment absolument désespéré, la frontière de la citation n'est pas reconnue, puisque le mot "ferendum" dernier mot de la citation originale devient très généralement "ferret" suivi presque unanimement de "et ferre". Comme on le voit dans ce fatras de la tradition, il semble qu'il y ait deux lectures de ce segment. Dans la première il s'agit d'une remarque de cas et on lit alors clairement "ablatiuo", mais dans la seconde, l'abréviation soigneusement recopiée par V et quelques autres peut signifier "ablatiuo", mais aussi "ablato", ce qui du coup placerait le commentaire dans un autre registre. Or la présence de "dotatis" dans le segment désespéré (RCOKpt) laisse supposer qu'il faut rattacher cette scholie soit au vers 938, soit au vers 940. Le mansucrit n a d'ailleurs ce segment aux alentours de 940. En revanche la citation unanime d'Eun. 17 qui contient le verbe "condonare" ne peut pas se trouver à cet endroit, et doit se rattacher au vers 947. Reste à comprendre comment cette citation est arrivée là. Une réponse assez simple peut provenir d'un curieux saut du même au même, dès l'archétype. Nous supposons que deux scholies différentes ont été fusionnées. La première porte sur "indotatis" (ce que confirme sa place dans les manuscrits après 937 et devant 938 (938, 2 selon notre lecture)) et contient le texte "a dono ablato" où il s'agit d'une forme de "donum". La seconde se trouvait à l'origine au vers 947 et portait sur le verbe "condonare" dont elle disait "dono ablatiuo ut in Eunucho", où il s'agit de la construction du verbe "dono". Il y avait donc deux segments, "dono ablato" et "dono ablatiuo" rendus encore plus semblables sans doute par l'abréviation. A un stade très ancien de la tradition on a fusionné les deux textes et écrit quelque chose qui a dû ressembler à ce qu'on lit dans t : "et ferre dotatis ad dono ablit o (sic !) ut in Eun.". A partir de ce moment-là plus aucun copiste ne peut reconstituer quoi que ce soit, et chacun y va donc de sa propre lecture.521. Cette addition, déjà suggérée par Wessner, mais non retenue par lui, provient du manuscrit de Dresde (D), mais on en trouve trace en marge de C, dans la répétition de "uultis" dans de nombreux manuscrits et dans d'autres désordres ou ajouts dans l'ensemble de la tradition.522. Pour l'établissement du texte, voir la note à 938.523. Les manuscrits hésitent, on comprend aisément pourquoi entre "uolo nolo" et "nolo uolo", voire "nolo uolo uolo nolo", mais contrairement à ce que dit Wessner "nolo uolo" n'est pas une conjecture d'érudit, c'est le texte au moins de G.524. Signalons ici un commentaire isolé dans le manuscrit n et qui se rattache à ce vers : "Scrupulus est lapillus qui si pede calcatur nocet. metaforicos" (on appelle "scrupulus" un petit caillou qui, si on marche dessus, fait mal. C'est dit métaphoriquement). On ignore absolument pourquoi ce manuscrit a cette scholie et d'où elle provient dans la tradition du texte.525. Wessner édite "ad necessaria" texte de RCO, mais au moins V et G portent " a necessario" qui est meilleur car il s'agit d'une forme d'argument.526. Sur le texte de ce lemme nous suivons V et G en particulier pour rétablir le texte de Térence "gladiatorio", Wessner éditant "gladiatoris" qu'il trouve dans d'autres de ses manuscrits. 527. Nous conservons le texte de Wessner, qui est parfaitement clair et bien attesté, mais avec toutefois un léger doute sur "parato". En effet, quelques manuscrits importants RCOK... ont une étrange lacune à cet endroit, comme s'il s'agissait d'un mot grec. De plus G présente ici une séquence bizarre "parato ad periculum hoc est ita est ita". Nous serions tentés de proposer le texte suivant : "παρὰ τὸ ad periculum hoc est. Ita est 'ita etc...'" qui se traduit "en raison du 'ad' il y a danger, à savoir 'ita etc...'".528. Nous ne sommes pas absolument certains du mot grec qu'il faut lire ici. En effet C et O ont une lacune, R porte εμιπτικιοσ et V εμιπτικωσ. Certes la notion d'ellipse est plausible ici, mais d'ordinaire les scribes savent à peu près écrire ce mot. Puet-être faudrait-il chercher du côté de ἡμι- pour mieux répondre au "plenum".529. Ici Schoell suivi par Wessner ajoutait un "cum" qui ne sert à rien et qui est déjà dans le lemme.530. Wessner édite "id est mortua est. <sed> sic dicere tragicum erat, 'e medio excessit' et ad dictum et ad rationem dicti comicum est", énoncé dont le sens est problématique. On notera que les éditeurs anciens (Calfurnio et Estienne) ne portent pas le segment qui va de "id est" à "excessit" dans le texte de Wessner. Ils semblent avoir fait le même saut du même au même, ce qui est difficilement explicable en l'état. Pour le reste, tous les manuscrits lisent "si" au lieu de "sed sic" de Wessner où "sed" est un ajout personnel, et un très large consensus se dégage pour lire "diceret", l'ensemble donnant un texte excellent jusqu'à "erat", et rendant inutile le "idest" que d'ailleurs ni G ni J ne donnent. Dans cette configuration, "mortua est" est autonymique et fonctionne comme complément de "diceret". Le "idest" de RCOVK est peut-être issu d'une mécoupure entre le lemme et la scholie, issue de la séquence "excessit unde (est)" de Térence. Le "dicti" de Wessner (issu d'Estienne) est de façon certaine condamné par tous les mansucrits qui portent "dici". Quant au "ad" qui précède "dictum", il est assez bien attesté (LGJ), mais ne se trouve pas dans la série RCOV, ce qui nous incite à croire que, comme il ne se trouve qu'une fois dupliqué (dans L qui lit "ad dictum et ad rationem"), sa présence chez G et J dont le texte est souvent excellent s'explique par une normalisation sur "ad rationem" qui conduit au segment "et ad dictum et rationem" accentué par le balancement "et...et" qui explique la duplication de L.531. C'est ici le texte de C adopté par Wessner, à juste titre. Les autres manuscrits portent généralement "inuentione" qui ne signifie rien dans ce contexte. Peut-être pourrait-on lire ici "inuersione" au sens de "par antiphrase", ou "ironiquement", mais le contexte s'y prête mal.532. Nous revenons ici au texte des manuscrits, vraiment consensuel. Wessner, à partir d'une conjecture de Bentley et d'un ajout personnel, éditait "ut labem uel maculam".533. Wessner prête ce texte à Estienne, mais c'est en fait le texte d'au moins G et J. Les autres manuscrits ont souvent deux fois "exstillare". Dans ce cas, le commentaire, loin d 'être une "differentia" entre le simple et son composé, porte sur les deux sens possibles du préverbe "ex-".534. Wessner fait ici commencer une scholie 2 sans lemme alors que la syntaxe impose de voir une seule et même phrase et donc une seule scholie.535. Le manuscrit n semble le seul à donner ici une glose de "solas" sous la forme "id est inhabitabilis". Nous ignorons totalement d'où provient ce texte.536. Wessner édite "signanter" (d'une manière expressive) dont on voit mal l'intérêt. V a une abréviation "sigt", RCO ont développé "signauit" qui n'a aucun sens, G et J n'ont rien. A supposer que V ait recopié sans trop savoir de quoi il s'agissait une ancienne abréviation il faut lire "singulariter" étant donné les exemples cités.537. Wessner n'édite pas ce dernier mot en se fiant à RCO que nous complétons par GK et J. Pourtant l'absence de COD est ici particulièrement gênante, "litem" est donné par V comme Wessner l'atteste, mais aussi entre autres par Mzxtpn. Notons qu'Estienne a curieusement restauré ce texte à partir sans doute d'un texte apparenté à celui de J en lisant "apparet parasitum niti ad domum chremetis ; senes uero ad forum conari attrahere", alors que J lit : "apparet pasitum in eum ad domum chremetis senis non ad forum conari abstrahere". La proposition d'Estienne a une tout autre signification, mais elle est trop loin de la tradition pour pouvoir être vraiment retenue.538. Wessner édite avec RCO confirmé par K "pro" qui induit une rupture brutale de construction. VGJ et d'autres manuscrits en assez grand nombre lisent "idest". Nous retenons ce texte majoritaire et simple. 539. Wessner édite " 2 LEGE AGITO ERGO 'lege agito' dicebatur ei etc.", ce qui est le texte de V, mais il y a manifestement une autre tradition représentée par J qui invite à voir non pas une mais deux scholies. J lit "lege agito, age agito age agito dicebatur ei cuius etc.". Nous supposons que la répétition impossible d'"age agito" a conservé en fait le texte de la première scholie "age agito" qui est en fait une remarque de morphologie, indiquant qu'"agito" est une forme d'impératif correspondant au présent "age", et non pas une forme d'"agitare". Ensuite une autre scholie donne le sens de "lege agito", Le scribe de J a cru voir deux fois le même texte et a du coup rendu incompréhensible la deuxième scholie, les autres manuscrits ayant, selon la tradition dont ils dépendent, simplifié le segment "age agito lege agito" soit en "lege agito" (V entre autres) soit en "age agito" (GKRCO).540. Wessner, de manière inexplicable, suppose un lemme sans commentaire ("enimuero uoce opus est") dans lequel il signale une lacune invisible dans les manuscrits, lesquels fort sagement recopient, non sans erreur, la suite du vers de l'Aululaire qu'ils tronquent et modifient çà et là. Pour mémoire, Plaute écrivait "lege agito mecum. molestus ne sis. i et cenam coque".541. Nous nous rangeons ici au texte de Wessner qui s'appuie sur la seule autre citation de ce passage chez Nonius, toutefois tous les manuscrits portent "claucones / glaucones" (et très marginalement G "laoconos"), ce qui pourrait inviter à une certaine suspicion sur le substantif, certainement rare, à restituer. 542. Wessner éditait "nec sequitur collo trahentem obtorto, repandum se facit" qui est une ingénieuse conjecture d'Estienne, malheureusement infirmée par le texte de tous les manuscrits qui isolent "pandum" même s'ils ont quelques hésitations sur la forme qui précède "abtorto ore", "obtorto ore", voire "ab tortore". Notons que G et J se singularisent en lisant non pas "collo trahentem obtorto", mais "trahentem collo obtorto" et lisent "uexandum se facit" au lieu de "ore pandum se facit". On peut hésiter à accepter cette leçon, cependant assez minoritaire, mais propre à une série GJ qui fournit souvent un texte excellent.543. On pourrait penser aussi à éditer la variante très technique de GJ, reprise par Estienne, "a concessione". Techniquement cependant le sens est rigoureusement identique.544. Wessner éditait suivant Estienne "ἀπὸ τῆς εὐνοίας", mais V, le seul de ses manuscrits à tenter d'écrire du grec, donne απο τησ ανπασ puis s'est corrigé en αννηασ qui est plus ou moins (à l'initiale près) la façon dont il écrit le mot grec que nous éditons εὐνοίας. Vraisemblablement, il s'est corrigé ici après avoir essayé d'écrire εὐνοίας pensant qu'il s'agissait du même mot. Sa graphie première avant correction nous donne plutôt ce que nous éditons, αἰτίας, leçon qui se trouve formellement confirmée par I que Wessner a ignoré et qui donne exactement ce que nous éditons. Lindenbrog déjà avait retenu ce texte.545. Wessner édite "περιστάσεως addidit defensionem uinolentus etc." dans une scholie unique pour tout le vers. Or t et x ont clairement "addidit ad defensionem" et le mot grec restitué au génitif par Estienne dans une conjecture remarquable sur un texte désespéré ("presteseos / prestes eos / pr(a)esto") peut tout aussi bien, vu ce que les copistes comprennent, avoir été à l'accusatif. Le sens est bien plus facile avec le "ad". Dans ce cas "uinolentus etc." devient le lemme de la scholie suivante, ce qu'il est dans plusieurs manuscrits. Les deux scholies reviennent alors à des proportions plus conformes à l'usage de Donat en dehors des préfaces et prologues.546. Beaucoup de manuscrits lisent comme Wessner "etc", mais on a souvent l'impression d'une hésitation entre "etc" et "etiam", qui nous paraît masquer sans doute plutôt un simple "et" qui commence une longue phrase d'énumération, dont nous faisons une scholie 2. On notera que Donat n'utilise pas "et cetera" dans son commentaire. Nous avons expliqué pourquoi, en 123, nous supprimions la mention "etc." que lisait Wessner. 547. Tous les manuscrits sauf z lisent "ab aetate", ce qui est concevable, mais se heurte cependant à une difficulté. Donat reprend en effet les arguments exactement dans l'ordre où ils apparaissent dans Térence, le premier étant "uinolentus". z en donnant "ab ebrietate" est le seul à conserver cette disposition que nous restituons. Il est aisé de comprendre que le segment "abebrietate" a pu souffrir d'une haplographie, et ce d'autant plus que l'argument "ab aetate" est bien connu, et pouvait même être jugé à sa place si on le rapproche de "abhinc quindecim annos", qui, en réalité, est l'argument "a tempore criminis".548. Wessner édite « et epilogum quod ἀπὸ τῆς εὐνοίας † actu defecit », ce qui est intraduisible ; mais, dans son apparat, il propose de façon, on va le voir, très judicieuse de considérer "actu" comme issu de la dittographie de la finale grecque "-ΑС" de génitif et de l'article "τοῦ" graphié "tu". Or cette conjecture est absolument confirmée par G et J que Wessner ne connaissait pas et qui lisent "tu deomenu", évidemment "τοῦ δεομένου", maltraité exceptionnellement par I qui graphie "τοῦ δεομου". Wessner qui proposait de lire dans le segment "actu de-" le segment grec "-ας τοῦ λέ(γοντος)" était proche de la solution. Pour le reste, la situation des manuscrits est évidemment désespérée devant tant de grec d'un coup. "Epilogum" est une restitution d'Estienne alors que tous les manuscrits ont une forme en caractères latins qui débute par "peri-" souvent abrégé et difficilement identifiable. D'autre part ils ne portent pas tous "logum quod", mais parfois "logumque" signe probable d'une difficulté à voir où s'arrête le mot grec qu'ils tentent de transcrire. Le segment ἀπὸ τῆς εὐνοίας est à peu près correctement écrit par V, et on obtient ce que nous proposons, simplement en cherchant un mot grec qui puisse recouvrir le segment "peri(o)logumq;" qui dans le contexte a toutes les chances de cacher παραλογισμῷ.549. Nous conservons le texte de Wessner, mais en le répartissant autrement. Celui-ci voyait un lemme dans le segment "et non attigit postea", qui cependant n'est pas de Térence, et a donc toutes les chances d'être un commentaire en reformulation. La suite du texte de Wessner passe au vers 1021 auquel, de toute évidence, elle doit être affectée. 550. Wessner édite ici "quod quidem 'animo aequo ut feras' <orat>", où "orat" est un ajout de Schoell. Nous préférons suivre l'autorité de G et J qui lisent "quod ego aequo animo", qui paraît être une mélecture du début du vers 1021. "ego" a disparu dans la famille V et a entraîné une référence à l'autre "aequo animo" celui du vers 1020 ("animo aequo" en l'occurrence), qui a été complété par "ut feras".551. Wessner ajoute ici "ab eo", conjecture d'Estienne absolument inutile.552. Wessner considère que ce que nous mettons comme lemme 2 est en réalité la répétition du lemme 1 en fin de scholie. Cela nous paraît très étrange et les manuscrits qui indiquent les fins de scholies marquent clairement une frontière à cet endroit.553. Nous conservons ici le texte de Wessner, qui, contrairement à ce qu'il laisse entendre, repose bien sur l'autorité des manuscrits Dn et peut-être p (qui semble avoir raturé ce mot, sans doute parce qu'il ne le comprenait pas pour le remplacer par "sic me" ou "sic mo(do)" qui lui paraît plus clair.554. Dans le doute, pour ce fragment qui n'est connu que par ce passage, nous conservons le texte de Wessner qui a pour lui l'autorité importante de RCOVDK contre "praebent" qui se recommande essentiellement de G et J, et qui donc n'est pas impossible. Métriquement cela ne changerait rien.555. Les mansucrits hésitent terriblement sur cette fin de citation qui est en réalité un début d'hexamètre. On lit (en dehors de G qui a une lacune entre "benigno" et "cui") "circum" suivi d'un segment qui commence par "f" ou par "s" et qui donne entre autres "circum suam" (K) "circum sim" (x), "circumsini" (p), "circumfini" (V), "circumfusum" (t). Nous pensons que des mélectures d'abréviations sur un texte archaïque et donc difficile pour les copistes a pu provoquer ce désordre. n, m et a ont, sans doute bien malgré eux, conservé quelque chose du texte original en lisant "circumfun." ou "circumfunde". Nous rétablissons un "circumfundere", indispensable à la construction, suivi de "sum" sur lequel porte le commentaire et qui est attesté par "suam" de la tradition RCOK.Tous les manuscrits sauf RCO donnent "cui" comme fin de la citation. Nous le rétablissons, contre Wessner, car il permet de comprendre pour le lecteur de Donat que "sum" est bien un pronom antécédent de "cui".556. Ajout de Wessner qui correspond à la fois à la citation des Adelphes et à l'esprit du commentaire. C'est pour cela que nous le maintenons. 557. Tous les manuscrits ont soit "sed", auquel Wessner a préféré "scilicet", conjecture personnelle, soit rien du tout. Nous adoptons cette solution, car "sed" n'est pas très utile. 558. Wessner édite "dicta", mais les manuscrits hésitent entre "illata" très majoritaire, mais qui n'a guère de sens, et "dilata" texte de I et p qui a toutes les chances d'être le bon.559. Wessner n'édite pas ces trois mots pourtant présents dans des manuscrits aussi importants que V et G.560. Wessner édite "quae irritata erat", conjecture de Schoell. Les manuscrits donnent soit "irrita" en hésitant entre "erat" et "erant" de même qu'ils hésitent entre "dicit", "dicitur" et "dicuntur", mais on notera que plusieurs manuscrits donnent un double texte, par exemple "irata erat uel irrita erant". Nous supposons que l'archétype de tous ces manuscrits portait ce que nous éditons et qu'un copiste, à un moment, a corrigé ce qu'il pensait être une dittographie, en en faisant une variante textuelle traditionnellement marquée par "uel". On peut aussi supposer que l'archétype lui-même ait hésité sur le texte de Donat, et qu'il ait porté les deux versions à peu près comme on le lit dans les manuscrits. Toutefois le caractère de quasi-jeu de mots de cet énoncé nous invite à l'éditer sous cette forme, Donat s'amusant à conclure pratiquement ses remarques sur une note cocasse.561. Wessner édite "fratruelem" mais les manuscrits ont "fratrem", qui, à toute époque du latin et plus encore dans la langue tardive où les parentés par le sang et les parentés par alliance sont désignées de la même façon, peut signifier "cousin". Il n'est donc pas utile de corriger le texte.562. Wessner édite une conjecture personnelle "consedatam" suivi du texte consensuel de tous les manuscrits "uxoris iracundiam". Pour le participe, les manuscrits portent en effet "consolatam" à une grande majorité dont RCOK, mais I et G portent "ioco solat(i)am", M donnant les deux leçons. On peut sans doute faire crédit à I de cette leçon excellente à condition de comprendre que la succession de trois accusatifs a conduit à faire une enclave et à écrire "uxoris iracundiam". Pour que ce texte soit acceptable, il faudrait que "solatus" puisse avoir un sens passif ce qui n'est peut-être pas impossible à l'époque de Donat. Dans le doute, nous préférons cette correction minime sur une confusion qui présente par ailleurs un cartactère absolument trivial.563. Donat explique sans doute qu'il faut effectivement un o bref à la première syllabe et non un o long, comme on le trouve chez Térence, Pho. 14. Donat contredit son maître Evanthius (7, 2-3) qui, précisément, semblait poser un o long reposant sur πρῶτος λόγος. Le o long peut être induit chez les Latins par le rapprochement fortuit avec "prōloquor".564. Donat remarque ici deux emplois de "uetus", que le français fait perdurer dans son adjectif "vieux". Un "vieux vin" est un produit actuel qu'on est en train de boire, tandis que le "vieil Ennius", qui aurait même pu mourir jeune, appartient à une époque révolue.565. Sur ce fragment que nous rendons à Laevius, voir la note apposée au texte latin.566. Le COD de "deterrere" n'est en effet pas exprimé, si ce n'est dans la complétive (il s'agit du sujet de "scribat", c'est-à-dire le "poeta", qu'aurait repris l'anaphorique "eum" ; cette construction est celle attendue). Il en va de même dans la citation, où "iungam" n'a pas de COD grammatical, mais, logiquement, on comprend qu'il s'agit de la jeune fille dont il est question dans la relative et qui en est le sujet. Si on a ici affaire à une rupture de construction (anacoluthe), il n'en va pas de même dans le texte de Térence, où le pronom est simplement omis.567. Lue au premier degré cette scholie est absurde. Le compilateur des Scholia Riccardiana l'a bien vu et a rectifié en introduisant des négations (voir note apposée au texte latin). Mais elle est évidemment ironique, Donat faisant parler Luscius. L'idée est simple : Luscius, qui est assez stupide pour avoir introduit des prodiges dans une comédie (voir Prol. 6-8), en a fait une norme, qui veut donc que tout auteur comique sera considéré comme accompli, s'il met des prodiges dans sa pièce. De ce fait, évidemment, Térence devient un grand auteur tragique puisqu'il refuse d'en mettre.568. De fait, le mot n'est pas attesté dans ce que nous avons conservé de la tragédie latine.569. On pourrait en effet comprendre que "ceruam" est le sujet du verbe "sectari", et que son complément d'objet direct est "canes" ; si cette construction est grammaticalement juste – d'où l'ambiguïté dont parle Donat –, elle aboutit néanmoins à un non-sens, car ce ne peut être la biche qui poursuit les chiens.570. " Minus multo 289" n'est pas inédit, puisqu'on le trouve chez Plaute (Bacch. 672), mais il n'en demeure pas moins extrêmement rare en latin (cinq attestations, chez Plaute, Térence, Cicéron, Jean Cassien et Cassiodore).571. Autrement dit, il ne s'agit pas du prologue en tant que personnage (chose fréquente), mais du prologue en tant que texte. Ce sens, moderne, nous paraît naturel, mais il faut croire que pour Donat "Prologus" est en général plutôt le nom du personnage qui, hors intrigue, vient dévoiler l'essentiel de l'argument de la pièce.572. C'est-à-dire au vers 2.573. Ce qui rend "haberet" remarquable, c'est que le vers semble rendre indubitable qu'il faille médire de Luscius.574. C'est-à-dire par l'argument de la qualité de l'adversaire.575. Ici, Donat paraphrase Térence.576. Autrement dit, il aurait dû écrire un deuxième prologue pour répondre qu'il avait été capable d'en faire un.577. Les "poetae probi" (les poètes honnêtes) s'opposent sans doute à ceux qui se faisaient entretenir. Ils vendent loyalement leurs pièces et acceptent les risques de ce commerce, au lieu d'attendre qu'on les nourrisse par protection.578. Sur ce lemme vide, voir la note apposée au texte latin.579. Donat rattache donc le tour "ab studio studuit" à l'accusatif d'objet interne.580. Comprendre que "quod" signifie "maledictum" : "quod ab illo allatum est" signifie donc "maledictum quod ab illo allatum est" (la méchanceté qu'il a servie).581. L'amphibologie dont parle Donat porte sans doute sur "de se" : il faut construire ce groupe absolument, et lui donner le sens de "de son côté", "quant à lui" ; mais on pourrait aussi comprendre – et c'est pourquoi il y a amphibologie – que "de se" est complément de "peccandi" : "peccandi de se" (commettre une faute contre soi-même). Cette construction de "de se" conduit à un non-sens (ce n'est pas contre lui-même que Luscius commet une faute), mais elle est grammaticalement correcte, d'où l'amphibologie notée par Donat. Il se peut aussi que l'ambiguïté porte sur "mihi", qu'on peut prendre comme un datif éthique ("cesser, pour moi, de parler"), un datif de destination de "dicendi" ("cesser de me parler") ou un dativus detrimenti de "peccandi" ("commettre des fautes contre moi").582. "Cum" + indicatif à valeur temporelle principale, comportant une notion adversative concessive latente, n'est généralement plus compris au IVe siècle, sinon des fins lettrés, et c'est pourquoi Donat éprouve le besoin, à destination de ses élèves sans doute, de remplacer l'indicatif par un subjonctif, marquant davantage, pour lui, la notion de concession.583. La construction "adtendere animum" + subordonnée interrogative indirecte étonne Donat. En effet lorsque ce verbe se construit avec une interrogative indirecte, il n'est pas accompagné d'"animum", ce qui explique que Donat veuille séparer les deux syntagmes et sous-entendre un verbe principal pour "quid uelim".584. On remarquera que les deux versions du commentaire ne portent pas sur le même point : la première main s'intéresse à la différence entre "Φορμίων" et "φόρμιον", alors que la deuxième se concentre sur l'étymologie du seul mot "Φορμίων" pour récuser le rapport au mot latin "formula" (dont le o est long, comme celui de "fōrma"). Cette remarque vise très probablement (mais implicitement) à récuser l'orthographe "Formio" pour le nom du personnage et le titre de la pièce, orthographe récurrente dans les manuscrits.585. Il s'agit d'une remarque d'étymologie. Donat précise que l'origine du nom grec Phormion... est grecque. Sous la tautologie apparente, il faut comprendre qu'il repousse par là même l'étymologie bilingue "Phormio/formula" qui s'apparente à une étymologie populaire et qui est facilitée par l'orthographe habituelle "Formio", attestée d'innombrables fois dans les manuscrits, et qui explique le classement alphabétique aberrant des pièces de Térence, avec le titre "Phormio" avant celui des deux pièces qui commencent par un H. Donat signale que le rapprochement est erroné parce que, si le o du mot grec est un o bref, celui de "formula" (comme celui de "forma" dont il dérive) est long. En outre, si l'on pose (faussement) que "Phormio" a une étymologie latine, c'est au motif que le parasite Phormion utilise un stratagème juridique, à base de formules. Ce peut être une manière de faire ainsi le lien avec le titre très judiciaire de l'original grec, quel qu'il soit, "Epidicazomenos" (celui qui se fait adjuger une fille) ou "Epidicazoménè" (la fille adjugée en mariage).586. L'autre sens de "primae partes" pourrait être, comme la seconde main semble l'indiquer ensuite, celui de "premières scènes de la pièce".587. Le commentaire porte sur "aequo". Donat nous signale que l'adjectif a ici un sens qualificatif ("équitable", "juste") et non pas comparatif d'égalité ("égal").588. On peut se demander à quels passages de Térence Donat pense ici : en effet, le dramaturge ne loue son chef de troupe dans aucun autre prologue...589. Le prologue est censé chercher la bienveillance du public, et donc lui montrer un certain respect. Or notre prologue vient de s'en prendre très violemment à l'assistance, accusée de troubler les représentations au mépris des acteurs. Pour tenter d'amadouer le public, le prologue termine par une flatterie en forme de "captatio beneuolentiae".590. Dans l'Examen de Rodogune, P. Corneille donne cette définition du personnage protatique en référence à Térence : "Le mot de 'protatique' vient de 'protase' qui signifie 'exposition' ; un personnage protatique est donc celui qui ne paraît qu'au début de la pièce, pour faire ou entendre l'exposition". Térence emploie ce type de personnages dans d'autres pièces : dans L'Andrienne, il met en scène le personnage de Sosie dialoguant avec Simon, dans L'Hécyre, le personnage de Philotis qui bénéficie de l'espace des deux premières scènes. Toutefois Térence ne met pas systématiquement en scène ce type de personnage, d'où la précision de Donat : "quod in omnibus fere comoedis"... Dans L'Eunuque par exemple, l'exposition est assurée par les personnages réguliers de la pièce : Phédria et Parménon.591. La traduction de "sitque instructus" par "et soit armé" correspond à l'introduction par le commentateur d'une métaphore militaire discrète. De même au 35, 2 "instruendi".592. On peut traduire "comoedia" par "des éléments propres au genre comique", ce qui est le sens le plus courant de ce terme ; néanmoins, "comoedia" est peut-être employé ici au sens de "matière comique", de même que "tragoedia" a parfois celui de "matière tragique".593. Donat oppose ici ce qui serait dans la rhétorique judiciaire un "simple début" et une "insinuatio", mais il adapte évidemment ces catégories au théâtre. Un simple début serait de faire se présenter le personnage de Géta directement en le décrivant. Ici, au contraire, Dave va présenter Géta par des notations dispersées dans toute la scène d'exposition.594. Les esclaves étaient désignés par un cognomen suivi de l'équivalent d'un patronyme, indiquant le maître dont ils étaient l'esclave. Un bon exemple est fourni par les Préfaces de Donat, qui signale systématiquement le nom du musicien de scène sous l'appellation "Claudius Flacci", "Claudius, affranchi de Flaccus".595. Le rapprochement "popularis" / "humilis" est étonnant : on ne retrouve cette synonymie que chez Donat.596. On retrouve cet exemple dans l'Ars de Dosithée, section "de adverbio".597. Cf. Pompée, in artem Donati, GL V, 244, 10 : "aduerbia autem quae a nomine ueniunt in has exeunt litteras : [...] aut in i, ut heri uesperi [scire autem debes quoniam bis legimus here ; heri tamen illud in usu, magis heri legimus, haut here]" (les adverbes issus d'un nom se terminent par les lettres suivantes : […] ou bien en i, comme "heri", "uesperi" (mais il faut savoir que l'on peut lire aussi "here" ; cependant, "heri" étant d'usage, c'est "heri" qu'on lit le plus, et non pas "here").598. Selon Donat, le diminutif "ratiuncula" est bien venu parce que, quand on parle d'affaires d'esclaves, il ne peut s'agir que de petites choses (de petits comptes, de petits calculs...), avec peut-être une connotation méprisante dans le diminutif.599. Ce qui, selon Donat caractérise la parlure de l'esclave est l'absence de coordination qui donne une impression à la fois de coq à l'âne et de simplicité dans le goût d'un esclave sans culture qui ne sait pas "faire des phrases".600. Le terme d'"argumentum" renvoie, dans ce cas, au récit que fait le personnage.601. Cf. Pompée in artem Donati, GL V, 143, 28 : "ut puta agnus principale est : fac diminutiuum, agnellus ; aliud, agnicellus ; aliud diminutiuum, agnicellulus. potes inuenire in infinitum et multas diminutiones, quae praecipue aptae sunt lyricis. sed scire debes, ait, quoniam haec ipsa diminutio hac arte facienda est, ut, quando sensus minuitur, crescat numerus syllabarum" (à supposer que l'on parte de "agnus" : ajoutez le diminutif, on a "agnellus" ; de nouveau le diminutif, on a "agnicellus" ; encore le diminutif, on a "agnicellulus". On peut trouver à l'infini de nombreuses formes diminutives, qui sont particulièrement propres aux poètes lyriques. Mais il faut savoir, dit-il, que cette forme diminutive fonctionne de telle sorte que, plus le sens est diminué, plus le nombre de syllabes augmente). Comme de nombreux diminutifs comportant le suffixe "-llulus, -a, -um", l'adjectif "pauxillulus, -a, -um" et l'adverbe "pauxillulum" sont attestés essentiellement chez les premiers dramaturges latins, puis en latin tardif voire chrétien, sans que cette formation soit productive et attestée chez les auteurs dits classiques. Dans le cas de "pauxillulus", après Naevius, Plaute et Térence, et avant le latin chrétien, on trouve une seule attestion, chez Aulu-Gelle (16, 4). Certains de ces diminutifs ne sont attestés que chez des grammairiens, comme "agnicellulus".602. "Proprie" s'explique par la valeur du préverbe "con-" dans "conficio", qui signifie "faire intégralement", "con-" n'ayant donc pas ici de valeur sociative.603. Donat signale ce rapport entre "erilis filius" (fils du patron) et le terme τρόφιμος également en And. 602 et Eun. 289. Mais ici il précise que les Latins auraient pu (ou dû) traduire en latin le mot grec, qui est quasiment un nom de rôle, et propose lui-même le calque sémantique qui s'impose, "alumnus" (nourrisson). Il en résulte que, bien que le terme grec, chez les Comiques grecs, désigne le patron en général, avec un sens actif de l'adjectif ("celui qui nourrit <toute la famille>"), Donat préfère y voir le sens passif ("qu'on a nourri <à la maison où il est né>"). C'est alors un mot particulièrement adapté à un esclave pédagogue pour désigner le jeune maître qu'il a connu bébé.604. Donat pointe probablement ici ce que peut avoir d'artificiel ce récit, qui ne vise qu'à renseigner le spectateur. En effet, il est clair que Dave parle tout seul, de manière à la fois invraisemblable et conventionnelle dans ce type de scène.605. En Grèce, la coutume veut que la nouvelle épouse reçoive des cadeaux le lendemain des noces, jour où elle consacre également son voile à Héra. Il s'agit de la cérémonie des ἐπαυλία ; c'est aussi ce jour qu'était apparemment remise la dot promise lors de l'ἐγγύησις, c'est-à-dire lors de la promesse de mariage. Peu de temps après les cérémonies, le nouveau marié offrait un banquet avec sacrifice aux membres de sa phratrie, pour signifier solennellement son mariage et inscrire sa descendance à venir au sein de cette même phratrie. C'est à cette occasion que Donat fait peut-être allusion.606. Harmon (1978, 1602) décrit les denicalia en ces termes : "les sources parlent d'un autre repas funéraire, la 'cena novendialis' (Tac. An. 6, 5) que l'on appelle aussi 'lautum nouendiale' (Petr. Sat. 65), et d'un 'nouendiale sacrificium quod mortuo fit nona die qua sepultus est' (Porph. Ep. 17, 48). Ce repas, auquel on pensait que participait le défunt, était pris également sur le site de la sépulture (Petr. Sat. 66 ; Apul. M. 9, 30-31). Du témoignage de Cicéron (Vat. 12, 30-31) et Petrone (65), il ressort clairement que les participants sont vêtus de blanc et que ce repas est une occasion de convivialité. La période de neuf jours correspondait à celle du deuil (D. Cass., 69, 10, 3 ; Aug., Quaest. Hept. 1, 172) et elle se terminait avec le repas sacré ; l'héritier pouvait alors se tourner vers des questions plus profanes, comme la mise en ordre de ses biens".607. Il s'agit, en fait, d'une indication de mise en scène : Dave montre une bourse, que les spectateurs voient ; la remarque de Donat est donc destinée à expliciter pour le lecteur la gestuelle et l'objet montré.608. L'épexégèse paraît se trouver dans l'ajout des raisons pour lesquelles l'argent est rassemblé. Cela n'apporte rien à la pièce sauf une sorte de naturel.609. La question est celle du genre de "ei" : féminin ou neutre.610. Contrairement à ce qu'a l'air d'affirmer Donat, le sème 'difficulté' n'est pas présent dans tous les sémèmes de ce verbe.611. L'idiotisme repose ici sur l'inversion des valeurs, mais il suppose aussi une mise en contexte : il est propre au monde de la comédie que les mauvaises coutumes tiennent lieu de loi. La remarque vise donc en fait plutôt les conventions de l'univers comique et son goût pour la satire sociale que la parlure du personnage.612. La généralité est la marque même de la sentence qui doit avoir comme ici une portée morale.613. Cette nouvelle remarque générique va dans le sens de notre explication de l'idiotisme en 41, 1. Donat relève l'opposition typologique (que l'on trouve aussi chez Aristote, Poétique, 1449b, qui distingue les caractéristiques nobles des personnages de tragédie tandis que les personnages de comédie sont plus grossiers ou, comme dit Aristote, "sans grande vertu"). On retrouve ce type de personnage chez les valets ou paysans des comédies de Molière : bavarde mais sympathique, leur parole délivre quantité d'informations pour l'intrigue.614. Ce que Donat veut dire ici, c'est que le comparatif de supériorité "diuitioribus" rompt le parallélisme avec l'autre segment de la phrase "qui minus habent", qui comprend un comparatif d'infériorité. Sa reformulation rétablit donc l'équilibre.615. Ce qui est docte, ici, c'est le glissement de la généralité à un cas particulier qui prépare l'application que le personnage en fera à lui-même.616. Cf. Augustin, Regulae, GL V, 517, 14 : "sane sunt aduerbia et per alias syllabas exeuntia [...] item in im, a uico uicatim, ab ostio ostiatim, a uiris uiritim" (il y a bien sûr des adverbes qui se terminent par d'autres syllabes […] de même en "im", "uicatim" est formé sur "uicus", "ostiatim", sur "ostium", "uiritim", sur "uir").617. Donat décrit le fonctionnement des premiers systèmes monétaires. Le terme "assis" ou "libra" désigne l'as et c'est en pesant chaque pièce de bronze que l'on détermine la valeur monétaire. Ainsi l'as pèse une livre (soit 227 gr. 45) et est à la base du système de nombreuses subdivisions (environ 18) dont certaines ne sont quasiment pas employées. Les "dimidia sextula" (1/144) ou bien le "scriptulum" (1/288) n'étaient utilisés que pour les calculs d'intérêts dans les comptes, tant les unités qu'ils représentent sont infimes. L'"uncia" représente 1/ 12 de l'as et pèse 27, 28 gr. mais subit plusieurs réductions pondérales tout comme l'as. En 217 av. J.-C., on crée le système de l'as oncial où l'as ne pèse plus que 27,28 gr. et l'once 2,27 gr. Plus tard, on créa l'as semi-oncial et l'once s'allège de nouveau et pèse seulement 1,14 gr. ou même 0,54 gr. à la fin de la République. En tout cas, l'adverbe "unciatim" est rare puisqu'on n'en trouve apparemment que deux occurrences dans les textes littéraires : chez Térence et chez Pline l'Ancien 28, 139,9.618. Ici Donat fait mine de s'interroger sur le caractère vraisemblable des économies de l'esclave, et apporte une réponse en citant directement le texte de Térence.619. "Dimensum" est évidemment à rapprocher de "metior", et plus précisément de "dimetior", dont le parfait est "dimensus sum". Cette remarque de Donat tendrait à prouver que les grammairiens latins avaient conscience du rapprochement étymologique entre "mensis" et "metior", que l'état actuel de la recherche ramène à une même racine indo-européenne. Cependant, Nonius (525, 5) écrit "demensum Terentius in Phormione quasi deminutum posuit", ce qui exclurait tout rapprochement étymologique avec "mensis" ou "metior".620. Le rapport avec la citation virgilienne est au second degré : Géta n'a conservé de toute sa peine que très peu et la citation virgilienne souligne le pathétique de cet état de fait (En. 7, 243-244) : "dat tibi praeterea fortunae parua prioris munera, reliquias Troia ex ardente receptas".621. Au sens premier, "pario" ne comporte aucune idée de souffrance, de peine ou de difficulté. Aucun rapprochement étymologique ne fait état de cette notion. C'est "labore" qui porte l'idée de souffrance. Il n'est pas impossible que Donat ait été influencé par la thématique chrétienne de l'enfantement, et notamment le verset de la Genèse "tu enfanteras dans la souffrance", qui lie fortement souffrance et enfantement, et qui, peut-on supposer, ajoute le sème 'souffrance' au sémème de "pario".622. Wessner édite "natalis" ; "hora" est un ajout tiré des Scholia Bembina. Sans doute cet ajout est-il motivé par l'expression suivante "natale astrum", que l'on trouve chez Horace (Ep., II, 2, 187) : on comprend que "natalis" ait été rétrospectivement complété par "hora", puisque cette expression se trouve également chez Horace (Car., II, 17, 19 : "natalis horae"), d'autant que l'absence d'un indicateur de temps posait problème, puisque Donat vient de dire que "natalis" est mieux employé lorsqu'il est assorti d'un marqueur temporel. Remarquons pour finir qu'Eugraphius, dans son commentaire au Phormion, propose trois emplois de "natalis" avec un mot exprimant une durée, dont "hora" ("semper natales cum suo tempore pronuntiantur, natalis annus, natalis dies, natalis hora"), et cite ensuite la même citation des Bucoliques que Donat.623. Le substantif "natalis" au sens d'anniversaire est également attesté, entre autres, chez Cicéron (Att. 7, 5, 3), Horace (Ep. 2, 2, 210) et Pline le Jeune (Ep. 6, 30, 1).624. Donat entend par "initiabunt" les différentes phases d'apprentissage dans le développement de l'enfant qui, comme toute étape de la vie d'un Romain, revêtaient le caractère sacré d'une divinité. Varron dans ses Logistorici, Frag. 6, vers 2, cite notamment les déesses Cuba, qui apprend à l'enfant sevré à se tenir tranquille dans son lit (en latin "cubile"), Educa (ici "Edulia"), qui lui apprend à manger, et enfin Potina, qui lui apprend à boire : cf. Aug. Civ., 4, 11 ; Dave souligne que tous ces apprentissages étaient certainement salués à l'excès par des cérémonies qui faisaient l'objet de cadeaux, infortunes du pauvre et dévoué Géta.625. Cette attention à la conformité de la palliata avec les mœurs athéniennes se retrouve dans le commentaire des vers 125 et 844.626. "Mittundi" est propre car, comme on le voit dans L'Eunuque, on faisait envoyer les cadeaux que des esclaves apportaient.627. Noter le phénomène de clôture du commentaire de cette scène, qui se termine, comme il avait commencé, sur la notion d'"insinuatio".628. "Causa commutandae orationis" peut se comprendre de deux façons : "raison de changer de type de discours", et "raison d'introduire un interlocuteur", c'est-à-dire "d'instaurer un dialogue" ; mais les deux traductions reviennent au même, puisque, si un dialogue commence, le type de discours change...629. C'est précisément la définition de cette catégorie.630. "L'autre" est Géta, qui effectivement a utilisé le nominatif dans "quis...rufus".631. L'adverbe de lieu en question est "obviam".632. "Petitio" est le mot technique pour désigner en justice la procédure de réclamation. Donat sous-entend donc ici que la scène pourrait prendre l'allure d'une controverse judiciaire, mais qu'elle ne le fait pas. Voir infra. 633. Les deux interprétations (celle de Donat et celle prêtée à d'autres, qui ne sont pas nommés) sont en réalité tout à fait compatibles. L'adjectif "lectus" est le participe passé de "lego" ("lire", mais dont le sens premier est "ramasser, recueillir"), pris adjectivement, et il signifie "choisi, de choix, d'élite", ce qui va dans le sens de la synonymie postulée par Donat avec "bonus" ou "splendidus".634. Donat rapporte ici plaisamment la manie d'utiliser des sentences à une tendance à bougonner contre la situation actuelle. De ce fait, on peut se demander s'il accorde quelque crédit à la valeur morale de cette remarque, ou s'en amuse seulement.635. "Imago" est ici pris au sens de "représentation mentale", d'où notre traduction de "consuetudinis imago" par "lieu commun".636. La logique n'est pas très claire entre les deux scholies. La première suppose que "redire" ne soit pas pris dans le sens propre que suppose la seconde, mais Donat paraît confondre deux plans. Sur le plan de l'intrigue, effectivement, "redire" ne peut pas s'employer dans le sens propre défini par la scholie 3, puisque la situation du personnage s'améliore considérablement avec ce remboursement, mais dans la logique interne de la maxime, le verbe est bel et bien employé au sens propre, puisque la corruption des mœurs que stigmatise la maxime est bel et bien une dégradation.637. On voit mal, de toute façon, comment on pourrait prononcer sur le mode interrogatif cette vérité générale énoncée par Dave. Peut-être pourrait-on voir dans l'ironie de la réflexion une mise en question des réactions et des comportements... Dave pourrait alors s'interroger sur les mœurs de son temps et la tournure interrogative pourrait signaler l'étonnement et l'incongruité de la situation.638. Le caractère "accommodatus" du discours et du personnage qui le prononce sont loués par Horace (AP. 119-120) comme un signe évident de bonne poésie. Cette remarque anodine prend donc une valeur axiologique et signale aux élèves l'art du poète.639. Remarque particulièrement importante. L'exposé des données nécessaires à la compréhension de l'intrigue paraît naître d'une question anodine de Dave, ce qui lui confère évidemment un naturel qu'il n'aurait pas dans un monologue d'exposition traditionnel. Si Donat remarque que cela cache la composition, c'est qu'en réalité on peut supposer que l'intrigue sera ailleurs que dans ces éléments donnés pour ainsi dire en passant.640. On voit mal ici ce que Donat considère comme une aposiopèse, à moins de supposer une indication scénique implicite. Si Géta coupe la parole à Dave, ce que rien dans le texte ne permet d'affirmer, il y a effectivement aposiopèse.641. L'oscillation entre tournure déclarative et interrogative est la clé du dialogue et du suspens de la scène. 642. Il y a sans doute ici une réminiscence des "cupita" et de la "prolepsis" stoïciens ; mais sûrement Donat se souvient-il aussi de l'image de l'attelage présente dans le Phèdre de Platon, ainsi que d'un passage des Tusculanes de Cicéron (IV, 11, 10) : "Partes autem perturbationum uolunt ex duobus opinatis bonis nasci et ex duobus opinatis malis ; ita esse quattuor, ex bonis libidinem et laetitiam, ut sit laetitia praesentium bonorum libido futurorum, ex malis metum et aegritudinem nasci censent, metum futuris, aegritudinem praesentibus ; quae enim uenientis metuuntur, eadem adficiunt aegritudine instantia" (et comme il y a, dans l'opinion des hommes, deux sortes de biens et deux sortes de maux, les Stoïciens divisent les passions en quatre genres : deux, qui regardent les biens ; deux, qui regardent les maux. Par rapport aux biens, la cupidité et la joie : la cupidité, qui a pour objet le bien futur ; la joie, qui a pour objet le bien présent. Par rapport aux maux, la tristesse et la crainte : la tristesse, qui a pour objet les maux présents ; la crainte, qui a pour objet les maux futurs).643. Donat souligne un enjeu majeur du réalisme et de la fiction littéraire, en soulignant les choix conventionnels de l'auteur.644. Remarque étrange : Donat anticipe, puisqu'il considère que le récit commence ici sur des éléments qu'il présentera bien plus tard. Force est donc de considérer que, malgré le dialogue, toute la suite ne constitue à ses yeux qu'une unique "narratio".645. "Alias" peut faire référence aux autres comédies de Térence, puisque "insciens" n'est employé qu'une seule fois dans le Phormion (voir en revanche And. 782, Heaut. 632-633, et 970).646. La "sententia" est en réalité "cuius tu fidem in pecunia perspexeris uerere uerba ei credere". La "fides" désigne l'honnêteté de celui qui fait un emprunt et s'engage donc à rembourser. Donat souligne la portée générale du propos et la tournure sentencieuse. Ce qui relève du "sententiose" est évidemment ici la brièveté de la formule et son caractère général et moral. 647. Montrer la fonction dramaturgique du dialogue dans les scènes d'exposition est une constante chez Donat, ainsi Andria 1, 1.648. C'est-à-dire de l'argent aux paroles. Il est plus difficile de payer sa dette que de payer quelqu'un de paroles.649. A cause du préverbe qui implique un examen minutieux, si on le comprend comme un intensif sur le modèle de "perficere". 650. L'allitération en vélaire /w/ "uerere uerba" participe évidemment ici à l'emphase du propos.651. L'argument est en fait : à qui profite le crime ? Il est ici employé de façon détournée par Donat, puisque ce que veut dire Dave, ce n'est pas "à qui profiterait ma tromperie ?", mais "quel profit aurais-je à te tromper ?".652. Autrement dit, Dave ne dit pas qu'il s'abstiendra de le tromper parce qu'il est honnête, mais parce que cela ne lui rapporterait rien. Cette scholie peut avoir deux sens : soit il n'est pas conforme au caractère d'un esclave d'utiliser l'argument par l'honnête, ce qui lui suppose une conscience morale supérieure à sa condition, soit, dans la liste des lieux communs possibles pour prouver sa bonne foi, l'esclave choisit l'argument "cui bono" plutôt que celui de l'"honestum". La première interprétation paraît la plus plausible.653. Parce qu'elle en appelle à l'interlocuteur, la question est plus propre à persuader que la simple affimation.654. La seconde main, qui croit expliciter le commentaire de Donat, trahit en réalité l'intention du commentateur. Donat considère en effet "ergo" comme une sorte d'interjection visant à faire accélérer la prise d'une décision (fr. "allons donc"). La citation virgilienne va exactement dans ce sens. La remarque dramaturgique de la seconde main fait de "ergo" un adverbe marquant clairement une conséquence : "si tu veux que je te raconte mon histoire, il faut donc que tu te taises".655. Il s'agit d'un commentaire sur les "nomina relatiua". "Nostri" s'oppose à "alienus" (Géta et Dave) comme "maior" à "minor" (Chrémès et Démiphon), "senex" à "adulescens" (Démiphon et Antiphon) et "frater" à "frater" (Chrémès et Démiphon). Noter une erreur chez Marouzeau (1984) dans la présentation des personnages, où Dave est présenté comme esclave de Démiphon ; or l'acte 1, scène 1 rend cette attribution impossible, puisque Dave est notoirement étranger à cette famille.656. Le "quasi" qu'emploie Donat est difficile à expliquer ; Géta pose bel et bien une question ; peut-être Donat veut-il simplement souligner que cette question, en plus de viser à lancer la conversation directement sur le sujet (comme il le dit immédiatement après), est purement oratoire et ne constitue donc pas une interrogation réelle.657. En fait la réplique commentée et la citation de Virgile ont en commun de présenter des questions qui donnent plusieurs renseignements sur l'identité d'un personnage. Il en va de même avec le passage de Virgile et le vers de L'Eunuque cités pour illustrer ce procédé, qualifié d'économie ("compendium"). Le "compendium", ici, consiste à résumer comme Donat vient de l'expliquer la situation familiale en quelques mots afin de ne pas avoir à remonter toute l'histoire de la famille. La question, qui est un appel à l'évidence, limite en réalité, par la connaissance que l'autre personnage est supposé en avoir, le récit des éléments antérieurs à ce qui est indispensable au spectateur.658. Le lien entre cette citation et le texte de Térence est assez difficile à établir ; tout au plus peut-on noter que le propos cité, qui est celui de Sinon au livre II de L'Enéide, a pour but d'introduire le discours, et ne constitue pas une véritable question ; il pourrait se rapprocher en cela de la question que pose Géta à Dave (cf. note précédente).659. Remarque de syntaxe, précisément d'ordre des mots. Donat explique (avec quelque implicite) qu'il y a une prolepse du groupe "iter illi in Lemnum", qui se trouve en fait être le sujet de la subordonnée "ut esset". Il faut donc reconstituer selon l'ordre standard "euenit ut esset illi iter in Lemnum etc.".660. Du point de vue de l'intérêt du spectateur en particulier, car le spectateur, s'il veut trembler pour les personnages et ne pas se douter tout de suite du dénouement, doit ignorer la double vie de Chrémès.661. Donat relève la volonté de Térence de développer l'intrigue par petites touches sans lasser le spectateur ou bien sans l'inonder d'informations.662. C'est-à-dire, sans doute, servent à son récit.663. Donat souligne que le pluriel "epistolas" est beaucoup moins ambigu que "litteras" qui, de toutes façons, dans ce contexte ne s'emploie qu'au pluriel pour désigner même une seule lettre.664. Le rapprochement avec Ulysse et ses ruses laisse supposer que l'ami de Démiphon n'a pas que de bonnes intentions.665. Le propos de Donat est ici obscur. L'hyperbole proverbiale dont parle le commentateur est "polliceri montes", que l'on trouve, effectivement, chez de nombreux auteurs. La suite du commentaire pose davantage problème : on peut comprendre que, si on ajoute à "polliceri montes" "modo non", on peut exprimer aussi bien la supériorité que l'infériorité ou l'égalité ; autrement dit, que cette expression peut vouloir dire aussi bien "promettre une grande quantité d'or", que "promettre un peu d'or" ou que "promettre de l'or" ("modo non" annulant alors "montes" pour donner un sens plus neutre). La difficulté est en fait qu'il y a hyperbole seulement si "modo non" exprime la supériorité, et que les deux autres sens (infériorité et égalité) consistent à prendre "modo non" au sens propre, et donc à abandonner la lecture euphémique.666. L'hospitalité, vertu essentielle chez les Anciens, est définie par un ensemble de pratiques très codifiées. L'hôte, ou ξενοδόχος, reçoit l'étranger avec le salut amical, on pratique le serrement de mains, on fait apporter de l'eau pour les ablutions, parfois un bain chaud et un repas. L'étranger, quant à lui, exprime des vœux de bonheur pour l'hôte et sa famille. C'est au départ que l'hôte et l'étranger s'échangent des cadeaux, les δῶρα ξεινήϊα. On trouve des exemples de ces présents chez Homère : Il., 6, 218 ou bien Od. 1, 313 ; 8, 357 ; 8, 389 ; 15, 75 ; 19, 281 et 24, 273.667. C'est d'ailleurs plus explicite dans la suite du commentaire, puisque le lemme suivant est "cui tanta...".668. Pour deux raisons : le jeune homme n'aura pas d'argent, car son père a veillé à ce qu'il ne puisse rien dépenser en son absence, et le père ne tolèrera pas qu'il épouse sans dot (voir 70, 1).669. La remarque est sans doute liée à la présence possible de l'élision de "me" devant "esse". Soit on élide en considérant que c'est la finale de "me" qui est élidée (et en conséquence on accentuera "ésse"), soit on élide en considérant que c'est l'initiale de "esse" qui est élidée (et on accentuera "mé"). Pour créer l'effet comique "o regem me", Donat a besoin de cette dernière prononciation. On peut aussi comprendre, comme Kauer-Lindsay (1926) dans l'édition Oxford de Térence, qu'il n'y a pas élision, mais double abrègement du "e" dans "me" et "esse". Dans ce cas, l'absence d'élision provoque évidemment l'accentuation.670. Donat rapproche de manière étonnante les deux termes "magister" et "paedagogus". Le "magister" latin renvoie au maître d'école, celui qui enseigne. On peut donc se demander s'il ne s'agit pas du terme "paedagogus" pris dans son sens latin, car, en Grèce, il ne renvoie qu'à l'esclave chargé d'accompagner l'enfant à ses leçons. A Rome, le pédagogue n'apparaît que vers la fin de la République, au moment où l'étude du grec devient l'un des objets essentiels de l'éducation. Pour enseigner le grec aux enfants, on commença à engager un gouverneur de naissance grecque. Comme le pédagogue grec, il accompagne les enfants dans toutes ses sorties mais a vocation à participer à l'apprentissage de l'enfant.671. Une autre étymologie pour "provincia" est donnée par Paul-Diacre dans l'abrégé de Festus : "prouinciae appellantur quod populus Romanus eas prouicit, i.e. anteuicit" (elles reçoivent le nom de "prouinciae" parce que le peuple romain les a vaincues à l'avant, "prouicit", c'est-à-dire les a vaincues auparavant, "anteuicit"). Isidore de Séville (Orig. 14, 5, 19) propose un rapprochement avec "procul" : "Prouinciae … ex causa uocabulum acceperunt. Principatus namque gentium, qui ad reges alios pertinebat, cum in ius suum Romani uincendo redigerent, procul positas regiones prouincias appellauerunt" (Les provinces tirent leur nom de "prouinciae" par une étymologie causative. De fait, l'hégémonie sur les nations, qui était le fait de rois étrangers, lorsque par la victoire, "uincendo", les Romains la soumettaient à leur propre pouvoir, ils donnèrent à ces régions situées au loin, "procul", le nom de "prouinciae"). Ernout-Meillet, dans le DELL (Dictionnaire Étymologique de la langue latine) suggèrent l'hypothèse d'un mot d'emprunt déformé par de nombreux rapprochements.672. Le lien entre la citation et le texte de Térence semble assez lâche ; le point commun est manifestement dans l'emploi du possessif déterminant le nom "deus" : "deo [...] meo" chez Térence, "dei [...] sui" chez Virgile.673. La manière dont Donat se situe par rapport au commentaire d'Asper n'est pas très claire. Apparemment la citation d'Asper est limitée au rapprochement virgilien, mais précisément le rapprochement virgilien s'opère parce que le poète dit "dei sui" là où le personnage comique dit "deo meo". Donat ne fait donc en réalité qu'expliciter la remarque d'Asper, qu'il illustre de la citation du Stalagmus effectivement plus parlante que celle de Virgile. 674. On peut également comprendre "à moins qu'il ne s'agisse vraiment d'un dieu ("deus") ?".675. Donat fait remarquer ici la construction avec un infinitif présent, alors que "memini", en sa qualité de verbe de mémoire, est en général associé à un infinitif parfait.676. Géta aime les modalisateurs apparemment, voir au vers 69. Ou alors s'agit-il de son goût pour les questions ?677. Autrement dit, Donat juge ce dicton trop noble pour un personnage comique, peut-être à cause de son contenu social et de sa portée générale. Le caractère de soumission au destin que suppose cette maxime la rend effectivement proche de l'attitude des personnages tragiques. Elle n'a donc rien à faire ici, sauf à jouer sur du paratragique ou du paraépique (cf. Sil. 5, 225-226). 678. Donat suppose que "calces" est l'accusatif complément d'un verbe sous-entendu, qu'il propose de suppléer avec "iactare". Le proverbe signifie alors "c'est folie que d'agiter les talons devant l'aiguillon", voire, selon la scholie 78.3, "c'est folie de donner des coups de pieds à l'aiguillon qu'on t'oppose". Mais le proverbe ne paraît pas cité sous une forme abrégée (qui donnerait peut-être seulement "aduersum stimulum calces" et non pas "inscitia est aduersum stimulum calces"). Pourquoi, à tout prendre, ne pas terminer le proverbe ? Du coup, on peut se demander si "calces" n'est pas plutôt le subjonctif de "calcare" dans un tour avec parataxe qui s'interprète, sans ellipse, "c'est folie que de piétiner l'aiguillon qui te fait face". Le verbe "calcare", attesté chez Caton, peut tout à fait être connu de Térence.679. Effectivement, le vers de Virgile cité par Donat n'illustre pas le sens de "calces", présent chez Térence, de "coup de pied" (à supposer qu'il ne faille pas comprendre avec le verbe "calcare", voir la note précédente), mais un autre, celui de "talon".680. Donat veut dire que "forum" a trois sens possibles, qu'il énumère du plus général au plus contextuel. Le sens local est celui de "place publique". Le sens temporel est celui de "jour de marché". Le troisième sens, désigné ici par le mot "persona", est métaphorique et contextualisé, car il désigne les jeunes gens, dont il a su tirer le meilleur parti.681. Donat relève l'ironie de l'adverbe, qui suggère à mots couverts la suite de l'intrigue. La réplique du personnage est donc à double détente.682. "Quisquam", semi-négatif, est inutile avec "nemo" négatif. On pourrait traduire par "personne de personne", "rien de rien". 683. Puisque Phédria n'est pas son maître.684. Même remarque en Eun. 132 et suiv.685. Donat joue sur les deux sens de "perdite". Il l'aime éperdument, mais il se perd en l'aimant, parce qu'elle est trop jeune et que son art ne dit rien qui vaille, associé qu'il est à la prostitution.686. Faut-il comprendre "honeste" au sens où il n'y a pas de mot malsonnant pour expliquer le commerce du leno, qui n'est dit que "très impur" ? Est-ce que Donat voit dans la réplique de Géta une forme de gêne qui le forcerait à passer très vite sur cette information concernant la jeune fille ? Ou faut-il voir dans "honeste" (c'est plus probable) un sens métalinguistique, comparable à ce qu'on lit chez le lexicographe Nonius (ainsi son livre 3, qui s'intitule "De honestis et noue ueterum dictis"), et qui mène non pas vers la "moralité" du propos mais vers la "proprietas uerborum", le sens propre des mots ?687. Donat explique en partie la plaisanterie dans les deux scholies suivantes. Les verbes employés font allusion aux disciples qui suivent partout les orateurs, par exemple, pour s'imprégner de leurs leçons (cf. Tac. Dial. 2), mais aussi à des réalités plus physiques comme le montre la scholie 3.688. La note de la seconde main "hinc et philosophorum sectae" n'est pas d'une grande précision grammaticale. Elle s'inspire peut-être du commentaire de L'Eunuque (262) : "'sectari iussi' proprie, nam et sectae philosophorum ab hoc significatu dictae sunt". D'après Ernout-Meillet (DELL), le lien entre "sectari" et "secta" est l'inverse de celui postulé par Donat et c'est "sectari" qui vient de "secta". Mais les lexicographes antiques ne se soucient guère de ces précisions et c'est le lien entre deux mots, davantage que la direction de la dérivation, qui leur importe.689. Notons que le manuscrit V cite plus longuement Virgile, puisqu'il mentionne les vers 63 à 65 de la deuxième Bucolique, et non le seul vers 65. Néanmoins, la citation donnée par le manuscrit est inexacte. Le texte dit en effet "torua lena lupum sequitur lupus ipse capellam S. c. s. l. t. c. o. a. t. s. q. u.", alors que Virgile écrit "torua leaena lupum sequitur, lupus ipse capellam, / florentem cytisum sequitur lasciua capella, / te Corydon, o Alexi ; trahit sua quemque uoluptas". La citation de Virgile explique de manière euphémistique pourquoi certains animaux en suivent ainsi d'autres.690. L'esclave tend en effet souvent à s'identifier avec son maître. Toutefois cette première explication est en partie contredite par les scholies suivantes où Donat considère plutôt que "nos" désigne Géta et Antiphon.691. C'est apparemment une syllepse de cas sur "ludo".692. On peut également comprendre "'ex' abundanti additum, ut apud ueteres multa sunt", c'est-à-dire "'ex' est ajouté de façon pléonastique, comme c'est souvent le cas chez les Anciens". Dans ce cas, il s'agit du "ex" de "ex aduersum". Quoi qu'il en soit, ce lemme semble démontrer que Donat construit son commentaire en travaillant sur une version annotée du texte de Térence, donc à partir du commentaire (fût-il sous forme de notes éparses) d'un autre. Asper? Probus?693. Ces deux pléonasmes sont plus que contestables. "Quaedam tonstrina" désigne "une certaine boutique" ,dont il ne dit rien de plus parce que ce n'est pas le lieu, et "fere plerumque" équivaut à "presque tout le temps". On voit mal ici ce que Donat tient pour redondant.694. Le pléonasme (pour le moins ténu) porte sur l'emploi consécutif de "inde" et de "domum" : "elle s'en aille de là chez elle". Dans cette section, Donat semble avoir sorti sa fiche sur le pléonasme...695. Pour comprendre le rapport entre la citation virgilienne (En. 2, 548) et le texte de Donat, il faut comprendre que Donat voit dans le "illi" virgilien un adverbe de lieu de la question "ubi" (d'où le rapprochement avec "ibi"), variante de "illic", ce qu'il n'est pas, selon l'interprétation ordinaire, puisqu'il renvoie directement à "Pelidae genitori" et s'interprète comme le datif du pronom ("referes ergo haec et nuntius ibis/ Pelidae genitori. Illi mea tristia facta/ degeneremque Neoptolemum narrare memento"). Donat comprend donc le vers de Virgile ainsi : "là-bas [aux Enfers], rappelle-toi de dire mes sinistres exploits et que Néoptolème dégénère de ses ancêtres".696. La coutume de se couper les cheveux lorsque l'on porte le deuil est effectivement grecque. Hérodote signale cette coutume en 1, 82 lors de la défaite de Thyréatis. Les Argiens se coupèrent les cheveux en signe de deuil.697. Les deux scholies sont pour le moins obscures. Si l'on peut comprendre que les jeunes gens aient peu de raison de pleurer, on ne voit guère quel est le lien "inverse" avec "tristis senectus". Sans doute faut-il comprendre et donc traduire "les larmes sont étonnantes, … vu qu'on dit au contraire 'tristis senectus'". La seconde scholie présente une citation (En. 4, 421-422) apparemment sans aucun rapport avec le sujet : "miserae hoc tamen unum/exsequere, Anna, mihi ; solam nam perfidus ille/ te colere, arcanos etiam tibi credere sensus". Toutefois Servius explique le lien en commentant ainsi : "infinitus pro indicativo". Ce vers devait donc servir de modèle grammatical pour l'infinitif de narration.698. Pour l'opposition "in loco"/"ad locum", cf. Cledonius, Ars, GL V, 21, 7 : "ad locum aduerbia haec sunt, huc illuc illo istoc ; in loco ista sunt, hic illic ubi ibi istic" (les adverbes pour le lieu où l'on va sont "huc", "illuc", "illo", et "istoc", les adverbes pour le lieu où l'on est sont "hic", "illic", "ubi", "ibi", et "istic"). Quant au mot "uiciniae", qui accompagne ici les adverbes de lieu proprement dits, il est au locatif et, par là, on ne s'attendrait pas à le trouver en addition d'un adverbe illatif. Mais dans un tour comme "huc uiciniae", il y a deux processus de localisation concomitants, l'un relevant de l'illatif, l'autre, relevant de la situation d'énonciation et caractérisant une référence à l'endroit même où le locuteur se trouve au moment même où il dit ce qu'il dit.699. On trouve ici l'idée que la mort n'est tolérable en comédie que si elle est un moyen d'arriver à un dénouement heureux, lequel est obligatoire ; c'est en ce sens qu'il faut comprendre la sécurité dont parle Donat : c'est celle qui caractérisera la fin de la pièce, où la stabilité et la tranquillité seront retrouvées.700. Et non à "matrem".701. Effectivement, on pourrait considérer que "mortuam" est le sujet de "lamentari". Mais si c'est possible d'un point de vue purement grammatical, cela ne donne aucun sens.702. Ce n'est pas tant lié à la pauverté qu'au fait que la jeune fille, n'ayant ni parents, ni amis, ni connaissance pour veiller étroitement sur elle, est en réalité livrée à la merci de tous les galants : cf. 98, 4.703. On a ici une preuve supplémentaire du classement des figures. L'amplification est dite de la deuxième catégorie parce que ("quia") il y a corrélation de deux faits bien particuliers : la diminution du sens et l'allongement de la phrase.704. La phrase de Salluste procède de la même manière : amplification par le balancement "non modo...sed" (qui répond au balancement "neque...neque" de Térence), puis développement du deuxième élément du balancement par "deditis quidem armis" (chez Térence, le développement était "extra unam aniculam"). Le parallèle entre le texte de Salluste et celui de Térence ne réside donc pas dans une diminution du sens, qui n'existe pas chez Salluste, mais dans le double phénomène d'amplification et d'allongement de la phrase.705. Il s'agit de l'anaphore de "neque".706. Donat souligne sans doute le fait que la pauvreté de la jeune fille n'oblige pas les jeunes gens à respecter les convenances et les autorise donc à s'adresser directement à elle.707. Cf. par exemple And. 99 et Ph. 75. Donat relève dans cette réplique la volonté de Térence d'en venir rapidement aux faits mais on peut y voir aussi une façon de garantir une certaine vivacité, un certain dynamisme dans le discours.708. C'est-à-dire, préparation de la scène de rencontre.709. Donat commente ici l'emploi de l'infinitif final. Ce devait être soit un exemple de grammaire , soit un commentaire que Donat faisait dans son explication de L'Enéide, puisqu'on trouve le même commentaire chez Serv. Auct. En. 1, 527 : "quidam 'populare' pro ad populandum vel pro populatum accipiunt".710. Donat relève le choix de la phrase nominale qui concentre tout le propos, qui est à la fois thème et rhème de la phrase. Voir 104, 4 pour le rattachement de cette figure à la "breuitas" et aux figures de l'hypotypose. Ce choix stylistique de Térence rentre en compte dans la manière de jouer la réplique ; il confère plus de vivacité dans le discours de Géta.711. Donat est peut-être allé un peu trop vite en parlant de sens propre, "proprie". Le sens propre d'"aderat" est plutôt "être auprès de". Le sème d''aide' est portée par "adiumenti", non par "aderat".712. Sans doute faut-il comprendre que l'emploi de "capillus" au singulier est déterminé par le fait que le grec utiliserait ici (et peut-être Apollodore dans l'original) le singulier θρίξ.713. Toutes ces citations ont pour but d'illustrer l'emploi de "ipse". "Ipse" (ou "ipsa" selon les illustrations) représente la personne entière, dont une partie du corps est détachée comme autonome, extérieure à la personne.714. Servius et l'auctor commentent de même le vers virgilien cité en appui (En. 5, 402) : "nam utraque manus armatur. Auct. et 'manum' pro 'manus'".715. A cause de l'emploi de "uis" qui conserve son sens de "force".716. Ernout-Meillet (DELL) considèrent le rapprochement entre "forma" et "formus", "fornax", etc., comme une étymologie populaire (que l'on trouve également dans l'abrégé de Paul-Diacre). On ne la trouve chez aucun autre grammairien que Donat. "Formus" (de la même racine que le grec θερμός, "chaud") est un adjectif qui n'est plus conservé que chez les grammairiens et lexicographes pour expliquer "forceps", nom d'une pince qui sert à attraper ("-cep", de "capio") les objets chauds ("formus") ou des noms du fourneau. Quant au substantif "forma", il n'a pas d'étymologie satisfaisante.717. C'est-à-dire en reprenant la métaphore du feu.718. Donat considère généralement qu'il y a "plokè "quand le même mot est répété avec deux natures différentes (nom et participe par exemple). Ici il s'agit de deux sens différents du même substantif, qui signifie d'abord "apparence" puis "beauté".719. Rappelons que, pour Donat, prépositions et préverbes sont la même chose.720. Il existe un adjectif "formus" apparenté à "θερμός" et qui n'a rien à voir avec "forma" et "formosus" (cf. la note à 107.3). Donat semble, par étymologie populaire, confondre les deux séries en une seule, comme s'il s'agissait en fait de deux emplois différents du même mot. C'est pourquoi il parle de πλοκή.721. "Indifferenter" est ici un adverbe métalinguistique, qui signale que "citharistria" et "fidicina" sont d'exacts synonymes, entre lesquels n'existe aucune "differentia".722. Ici, évidemment, l'aposiopèse suppose que l'auditeur complète en imagination les éléments du récit qui ne lui sont pas donnés, c'est-à-dire les épanchements du jeune homme. On se souviendra que la brièveté participe du caractère persuasif de la narration.723. Il y a changement de sujet entre les deux propositions coordonnées par "neque". C'est le poète qui fait que c'est la vieille qu'on aborde, mais c'est le jeune homme qui demande à la vieille de l'aider. Cette rupture a pu justifier la correction proposée par Estienne de "petit" (unanime dans les manuscrits) en "peti", car cette modification a pour effet que l'on n'a plus besoin que d'un seul sujet (implicitement Térence). Mais nous revenons au texte des manuscrits, car il est usuel que Donat laisse le sujet de la proposition implicite d'une manière telle qu'il est souvent impossible de déterminer s'il pense au poète ou au personnage. Le glissement de l'un à l'autre, que nous supposons ici, ne doit donc pas le gêner outre mesure. Même effet sans doute dans la scholie 136. 2 (avec glissement d'un personnage à l'autre).724. Si le terme ne suppose pas un jeu de scène, il faut comprendre que c'est "recta" qui porte l'emphase.725. On peut s'étonner que ce soit sur "illam" que porte l'emphase, on s'attendrait plutôt à voir l'emphase sur "ciuem". Il peut s'agir d'une remarque de métrique. En effet, au vers précédent, le "i" de "illa" est abrégé, alors qu'ici il ne l'est pas.726. On retrouve ici des éléments de la "commendatio", c'est-à-dire de la manière de faire paraître une personne sous le jour le plus avantageux possible : sur le plan juridique elle mérite le respect, mais plus encore en raison de ses qualités morales. Evidemment cela prépare le dénouement.727. Ici Donat énumère les différents degrés (positif, comparatif, superlatif) de l'adjectif irrégulier "bonus", de même qu'il énumérait plus haut (v. 37) les degrés des diminutifs de "paulum".728. Donat souligne qu'on continue la "commendatio" par le "genus" cette fois. C'est ce qui expliquera la scholie 3. Cette jeune fille a tout pour être une bonne épouse pour un citoyen athénien.729. Suivant la ponctuation le sens change ainsi : s'il la veut pour légitime épouse qu'il le fasse, ou bien s'il la veut pour épouse, il est en droit de le faire. Dans le premier cas il s'agit de souligner que la vieille récuse toute liaison hors mariage pour sa protégée, dans l'autre de souligner que la jeune fille étant libre, il faut procéder conformément à la loi qui interdit d'épouser des esclaves, mais impose d'épouser une femme libre avec qui on veut avoir des relations.730. Donat paraît comprendre que l'expression vague "licere facere" peut désigner toute sorte d'activités y compris celles que vise le jeune homme...731. Renvoi aux "themata" de l'école, la délibération étant ici : un jeune homme tombe amoureux d'une jeune fille pauvre dont on lui dit qu'elle est libre. En l'absence de son père doit-il l'épouser ? Les arguments se partagent évidemment entre le respect dû au père et le souci de ne pas déshonorer une jeune fille libre.732. Donat signale l'emploi de "nescire" comme infinitif de narration, qu'on pourrait remplacer par un indicatif imparfait, et fait remarquer que les verbes suivants, qui lui sont coordonnés, sont, de fait, à l'imparfait.733. Sur la construction qu'on comprend sans tenir compte du rejet : il désirait et redoutait à la fois de l'épouser, ce qui introduit la délibérative.734. L'ambiguïté évoquée est sur la portée de la coordination : "illam ducere" peut, dans un premier temps, être compris comme en facteur commun des deux verbes ("il désirait et craignait le mariage avec elle") ; mais la suite montre qu'il faut renoncer à ce facteur commun et comprendre "il désirait le mariage et craignait son père".735. La citation d'En. 5, 64 ne se comprend que développée : "si nona diem mortalibus almum/ Aurora extulerit radiisque retexerit orbem, / prima citae Teucris ponam certamina classis" (dès que la neuvième aurore aura apporté aux mortels son jour bienfaisant et aura à nouveau recouvert l'orbe de ses rayons, je proposerai aux Troyens un premier prix pour une régate). L'auctor de Servius donne la même explication à "si" : "in hoc loco aut pro confirmatiua posita est, ut 'uestro si munere tellus', ut sit 'si' pro 'cum', id est 'cum uenerit' : aut 'si' pro dubitatiua est, ut accipiamus 'almum' 'serenum', id est 'si dederit diem serenum' et talem qualis ludis aptus est (ici, soit il vaut une particule de confirmation, comme dans "uestro si munere tellus", ce qui donne à "si" la valeur de "cum", équivalant à "cum uenerit", soit "si" vaut une particule de doute, en sorte que nous interprétions "almum" comme "serenum" (temps serein) ce qui revient à dire "si dederit diem serenum", au cas où il ait donné un beau temps, susceptible d'accueillir des jeux).736. Comprendre que ce qu'il fallait ajouter et qui fait tout le danger de la pièce, c'est "indotatam", c'est-à-dire le fait que la jeune fille soit dépourvue de dot, alors même que Démiphon est cupide.737. Le vieillard constitue évidemment l'obstacle le plus difficile à franchir en raison de son avarice qui lui fera refuser un mariage sans dot.738. L'ajout de "quamuis" que propose Donat est ambigu. On peut comprendre, comme nous le faisons, en faisant de "quamuis" une conjonction (ou un adverbe) à valeur concessive ("quelque vierge qu'elle soit, elle est tout de même sans dot"). Mais il est bien possible que "quamuis" soit l'accusatif féminin du déterminant, aiguillant vers "n'importe quelle fille sans dot". La formulation de Donat, avec l'adverbe "simpliciter" (qui implique seulement que l'élément considéré est sans accompagnement), laisse libres les deux interprétations.739. Cf. Augustin, Regulae, GL V, 518, 13 : "sunt aduerbia […] ordinandi, ut deinde denique" (il y a des adverbes qui servent à exprimer une succession, comme "deinde" et "denique").740. Il s'agit d'une natte de jonc qui servait à la confection de corbeilles.741. "Phormio a formula" est donc une étymologie, qui s'explique d'autant mieux si l'on écrit le nom du parasite à la latine, "Formio", selon une orthographe fréquente. C'est peut-être elle qui explique l'ordre canonique des pièces de Térence dans les manuscrits : And. Ad. Eun. Ph. Heaut. Hec., qui pourrait être alphabétique (selon l'ordre de l'initiale et d'elle seule, comme souvent encore dans le Haut Moyen Age), à condition qu'on écrive "Formio". Cf. la Préface de Marouzeau (1967, 12). L'hypothèse (absurde, évidemment) que Phormion tirerait son nom du mot "formula", en référence sans doute à des formules de loi dont l'intrigue se sert, avec le subterfuge de la fausse parenté qui permet d'épouser une fille épiclère, est sans doute inventée pour faire un lien avec le titre grec de l'original d'Apollodore, "Epidikazomenos", très juridique (littéralement "celui qui fait adjuger").742. Il faut comprendre ici une indication scénique implicite car la question elle-même est anodine.743. Donat n'a sans doute pas vu vraiment le sens ici. "Homo" renvoie à une catégorie, celle des parasites, que Phormion illustrerait. On dirait, en parodiant Audiard, "le genre à douter de rien". Notons que l'expression est reprise par Cicéron pour un personnage qu'il n'aime guère et qui a pour cognomen Phormio, ce qui lui vaut cette remarque (Caec. 27) : "argentarius Sex. Clodius, cui cognomen est Phormio, nec minus piger nec minus confidens quam ille Terentianus est". Le nom de Phormion est donc devenu le symbole de l'audace effrontée.744. Citation d'And. 876, où le commentaire renvoie, en boucle, à ce vers du Phormion, et qui est également reprise par l'auctor de Servius pour une scholie identique qu'il a pu tirer de Donat : "'confidentissime' pro 'audacissime' : 'confidentiam' enim ueteres pro 'inpudenti audacia' dicebant, ut Terentius 'o ingentem confidentiam'".745. Donat ne précise pas lequel, c'est celui où une exclamation brise la continuité de la phrase.746. Donat propose d'abord une équivalence "qui" / "utinam" dans une formule de souhait (adverbe exclamatif de souhait, ancien ablatif de "quis", cf. 130.2, signifiant "en quelque façon") puis deux possibilités : explétif ou pronom renvoyant à Phormion (relatif au nominatif masculin singulier), sans rapport avec la suite du vers, lue comme une parenthèse.747. C'est-à-dire qu'il enchaîne sur la proposition relative qu'il avait commencée, ce qui implique que Donat ponctue ici "qui… (illum dii omnes perduint)". La scholie suivante confirme cette lecture, mais Donat s'en sépare car elle paraît ignorer l'aposiopèse précédente, en ne voyant là qu'une question d'ordre des mots.748. La pièce repose sur la loi particulière à Athènes de la fille épiclère. Unique descendante de son père, mais, selon la loi athénienne, incapable d'hériter, elle est seulement "attachée à (ἐπί) l'héritage (κλῆρος)". En conséquence, elle doit épouser son plus proche parent pour éviter que les biens ne sortent de la famille.749. Il y a ici parenthèse parce que l'exposé de la loi n'entre pas directement dans la narration qui consisterait à dire qu'il l'a épousée.750. Par "il", il faut entendre sans nul doute à la fois Dave, la vieille et le père. Car c'est cette loi qui rend possible le mariage à condition que le jeune homme puisse prouver son lien de parenté.751. Le jeune homme n'a donc guère le choix : si l'on considère les termes de la loi, il doit épouser sa parente.752. Est-ce une citation de l'original grec ?753. Cf. Cicéron, De Inuentione, I, 27, 20 : "Illa autem narratio, quae uersatur in personis, eiusmodi est, ut in ea simul cum rebus ipsis personarum sermones et animi perspici possint, hoc modo :'Venit ad me saepe clam[it]ans : quid agis, Micio ? cur perdis adulescentem nobis ? cur amat ? cur potat ? cur tu his rebus sumptum suggeris, uestitu nimio indulges ? nimium ineptus es'. Nimium ipse est durus praeter aequumque et bonum'. Hoc in genere narrationis multa debet inesse festiuitas, confecta ex rerum uarietate, animorum dissimilitudine, grauitate, lenitate, spe, metu, suspicione, desiderio, dissimulatione, errore, misericordia, fortunae commutatione, insperato incommodo, subita laetitia, iucundo exitu rerum. Verum haec ex iis, quae postea de elocutione praecipientur, ornamenta sumentur" (La narration qui concerne les personnes est ainsi faite que l'on a l'impression de voir non seulement les actions elles-mêmes, mais aussi le langage et le caractère des personnages. Exemple : "Il vient souvent me crier : 'Qu'est-ce que tu fais, Micion ? Pourquoi nous gâtes-tu ainsi ce jeune homme ? Pourquoi fait-il l'amour ? Pourquoi s'adonne-t-il à la boisson ? Pourquoi amasses-tu de l'argent pour lui payer tout cela et le laisses-tu s'habiller si cher ? Tu es par trop stupide'. Mais c'est lui qui est trop dur, plus que l'équité et le bien ne l'exigent" (passage des Adelphes de Térence). Ce genre de narration doit avoir beaucoup d'agrément, grâce à la variété des événements ; à la diversité des sentiments : sérieux, douceur, espoir, crainte, désir, dissimulation, hésitation, compassion ; aux changements de fortune : malheurs inattendus, joies soudaines, heureux dénouement. Mais ces moyens seront tirés des préceptes que nous donnerons plus tard sur le style).754. On ne peut poursuivre que pour un crime ou un délit qui ont été dénoncés, c'est-à-dire portés à la connaissance des magistrats. Voir Gaius, Inst. 4, 18, 2. La "denuntiatio" lançait la procédure judiciaire. Le Digeste (43, 24, 5, 1) précise les délais et les éléments nécessaires à la "denuntiatio".755. Les deux mots sont en effet homographes, mais pas homonymes, puisque le "i" de "dicam" est bref lorsqu'il s'agit du nom, long lorsqu'il s'agit du verbe. Il en résulte une différence d'accentuation car si les deux mots portent le ton sur la syllabe "di", le substantif, avec sa voyelle brève, équivaut à ce que les grammairiens grecs appellent un paroxyton (accent aigu sur la pénultième), le verbe, avec sa longue, à un propérispomène (circonflexe sur la pénultième). 756. Cela paraît inférer que Phormion ne serait pas un homme libre, ce qui semble invraisemblable. Il peut en revanche être métèque, ce qui expliquerait la scholie.757. Nous traduisons "persona" par "statut social", car le terme de "persona" semble ici désigner la personne en tant qu'elle est sujet ou objet de devoirs (en l'occurrence, il s'agit du devoir qu'a Phormion de dénoncer une violation de la loi qui veut que les orphelines épousent leur plus proche parent).758. "Qui" est en fait ici un adjectif interrogatif, mais Donat ignore cette distinction. Pour lui, la distinction fondamentale est entre le pronom/adjectif d'un côté, et l'adverbe de l'autre.759. Commentaire assez confus qui mêle deux choses, l'explication d'un risque de pléonasme, qui paraît n'exister que dans l'esprit de Donat, et une remarque sur l'énumération. Sur cette figure voir Heren. 1, 17, 6. Elle doit, pour être réussie, ne comporter comme ici que trois termes. Il ne faut pas confondre cette figure avec l'"enumeratio" qui consiste à reprendre en fin de discours les arguments essentiels. C'est sans doute ce qui explique le choix du nom grec de cette figure.760. On édite généralement ici "omnia haec".761. "Quod" a pour antécédent la phrase précédente, avec les propositions interrogatives indirectes ("qui fuerit" etc.). Donat précise donc que tout se passe comme si l'antécédent de "quod" était le singulier "totum", qu'il supplée.762. Autrement dit, le personnage imite ici un autre personnage de la pièce : il joue donc un rôle ; c'est presque une sorte de mise en abyme.763. Il s'agit du mensonge que Phormion s'apprête à proférer, selon lequel la jeune fille serait parente avec Antiphon.764. Il y a ici une allusion aux rites religieux dont on entourait les actes importants de la vie civile, et dont la formule employée par le parasite ("quod erit mihi bonum atque commodum") est une reprise bouffonne. Formellement, ce qui lui fait rapprocher "bonum atque commodum" de "faustum felixque" est la présence de deux adjectifs coordonnés et le matériau phonique commun, en [o] / [um] d'une part et [f] de l'autre.765. Rien dans la syntaxe de la phrase ne permet d'en affirmer le caractère interrogatif. Il s'agit donc d'une indication scénique qui porte sur le seul membre "cum tu horum nihil refelles", le sens de la reconstruction de Donat étant "tu ne réfuteras rien, pas vrai ? Alors je gagnerai c'est sûr !". Donat souligne la stratégie persuasive du parasite en faisant de la réplique une question oratoire. Hartman (1895) est d'avis que cette scholie porte en fait sur le vers précédent, et plus précisément sur "quod erit mihi bonum atque commodum", mais il a tort de toute évidence.766. Partant du principe que les sycophantes lancent des accusations (fausses le plus souvent) non pas dans un esprit de civisme, mais dans le seul but de s'enrichir, Donat s'étonne de voir ici Phormion lancer une accusation fausse, non pour son propre profit, mais pour celui du jeune homme, non pour gagner lui-même, mais pour faire perdre le jeune homme qui n'attend que cela. On a donc une perversion de la perversion que constitue la sycophantie.767. Voir plus haut la note à 87, 1.768. Elément dramaturgique important. Le parasite au fond ne risque pas grand-chose , ce qui lui donne bien des audaces. 769. Comme d'habitude l'esclave est si bien investi de son rôle qu'il prend pour ses propres affaires celles de son jeune maître. 770. Selon Donat, "persuasumst" etc. se rapporte à Géta, mais on peut aussi comprendre que c'est Antiphon qui s'est laissé persuader, ou même Antiphon et Géta.771. Peut-être la scholie "adeo audax Phormio" vient-elle de l'aspect accompli de "factum est", comme si la chose était faite avant même d'avoir été entreprise.772. "Factum est" aurait suffi à décrire la situation. L'épexégèse est dans l'ajout des circonstances détaillées.773. On a ici un style reposant sur de brefs membres juxtaposés, dit "style incisif", que Cicéron loue pour sa concision et sa capacité à saisir l'auditeur, surtout s'il s'accompagne, comme ici, de figure dites gorgianiques, comme les jeux phoniques ou une recherche de l'égalité des membres ("uenimus, uidemus, factum est, uentum est, uincimur").774. Cette scholie porte en réalité sur "O Geta quid te est futurum". Cette erreur est peut-être révélatrice d'un certain mode de constitution du commentaire. En l'occurrence, le lemme a pu être ajouté, dans un second temps, par une autre main qui ne s'attarde pas sur le contenu de la scholie mais répartit le lemme en fonction du texte restant : "hoc quod audis" n'était pas mentionné, on l'a donc rajouté en pensant que la scholie portait sur ce fragment du vers qui était le seul à ne pas être mentionné. C'est d'autant plus probant que le fragment en question possède une autonomie certaine : "hoc quod audis" constitue en effet une réplique à soi seul.775. Théoriquement Géta devait veiller à la bonne moralité de son maître. Nous comprenons bien vite qu'il l'a en réalité laissé faire tout ce qu'il voulait, et que maintenant il va devoir rendre compte. 776. Comprendre dans une situation désespérée seulement. 777. En effet, Dave est déjà en proie aux lamentations ; il y aurait donc un risque de verser dans le registre tragique si Géta se lamentait également.778. Sur la fonction burlesque des maximes sérieuses mises dans la bouche d'esclaves, voir Bureau 2009. Donat remarque le caractère en quelque sorte héroï-comique du personnage de Géta.779. Ce qui étonne Donat ici, c'est qu'il ne la renvoie pas à l'autorité de son maître, mais, comme un personnage de tragédie, au Destin.780. La consolation en résumé que Dave approuve, c'est la maxime que vient de lui donner Géta "quod fors feret feremus aequo animo". Donat joue évidemment sur les lieux communs du genre de la "consolatio", dont il trouve, ici, dans cette formule, une expression à la fois ramassée et bouffonne. Il est évident que la scholie commente également "placet" et "laudo" dits par le personnage et que cet ensemble porte sur la maxime.781. Donat semble ici imaginer ce que serait la pièce si elle se focalisait sur les mésaventures de l'esclave. On sait que les esclaves ne peuvent agir en justice. Il lui faut donc un homme libre qui accepte d'agir en ses lieu et place. Exemple très clair de ce rôle chez Fronton ad amic. 2, 7, 2. Ici il s'agit d'intercéder auprès d'un juge qui ne sera autre que son maître.782. Le texte habituel de Térence dit plutôt "nec tu aram tibi nec precatorem pararis" (ne te ménage ni un autel ni un intercesseur).783. Donat observe une rareté syntaxique. "Orare" est construit avec le datif au lieu de sa construction habituelle.784. C'est sans doute le verbe "oret" et l'intonation qu'il suppose qui inspire à Donat cette remarque sur l'imitation. Il faut donc supposer que l'acteur met en scène l'intercesseur.785. Donat semble pointer l'évolution d'une tournure idiomatique semblable au français "laisser tomber" (sans la question du niveau de langue). Le changement du préverbe ne change en réalité rien, ni au sens, ni au caractère figé de l'expression.786. Ou, si l'on veut traduire dans un registre moins soutenu mais qui rendrait mieux compte de l'expression que commente ici Donat, "oublie désormais les Grecs, ils t'ont laissé tomber".787. Remarque dans le même genre et rattachée à l'univers de la comédie chez Porphyrion, Carm. 3, 12, 2-3 : "Videntur enim patrui adulescentibus corripiendis austeriores esse quam patres, quibus natura ipsa indulgentiam plerumque extorquet" (car les oncles paternels, pour blâmer les jeunes gens, semblent parfois plus austères que les pères, à qui leur nature même de pères extorque plus d'une fois de l'indulgence).788. Autrement dit, il ne s'agit pas seulement d'une manœuvre de l'intercesseur pour amadouer son interlocuteur en formulant une demande réaliste et pondérée ; pour Donat, l'esclave n'a pas à s'estimer libre d'agir en toute impunité, et son intercesseur est donc vraiment censé penser : "posthac si quicquam... nihil precor".789. Le but du commentaire est ici de dégager le sens de "quicquam".790. Donat lit visiblement "nihil" comme un adverbe. Mais "precari" peut être transitif direct, auquel cas "nihil" peut être un véritable pronom.791. Parce que le verbe composé "occidere" (occire) est plus expressif et de sens plus fort que le verbe simple "caedere" (frapper).792. Soit de son caractère d'esclave curieux, soit plutôt de sa fonction dramaturgique qui consiste à faire parler Géta pour instruire le spectateur.793. Donat s'amuse de la réactivation que fait Térence du mot étranger "paedagogus" qui signifie étymologiquement "qui accompagne un enfant". Comme le jeune homme suit partout la musicienne, il est son pédagogue, dans ce sens-là. D'où notre traduction qui vise à la fois à garder au mot son caractère étranger et à rendre l'incongruité de la remarque.794. De fait, il manque un verbe, comme le dit Donat, puisqu'on a "ille qui citharistriam" (N. et Acc. sans rien pour les relier).795. Pour relativiser l'énoncé et indiquer l'inquiétude du personnage. C'est ce que Donat appelle généralement "déictique".796. On peut comprendre le commentaire de deux façons. Soit Donat précise que "nondum" est une négation partielle ("non plena"), dans la mesure où le retour du vieillard n'est pas rejeté comme rigoureusement impossible, il est seulement non avéré à l'instant T de l'énonciation. On admet donc en fait le caractère inéluctable de ce retour. Soit, dans cette scholie, "non" est autonyme et la remarque est lexicologique. Dans ce cas, Donat a une scholie à deux volets : 1. "parce qu'il finira par arriver" (explicitation du sens du lemme "nondum") ; 2. "ici (=dans le mot "nondum") 'non' est une négation totale". Si l'on comprend ainsi, on peut supposer qu'il explique "nondum" comme forme équivalente de "nihildum", comme il le fait parfois quand "nihil" a le sens de "non" (par exemple en 142.5).797. Le "portorium" correspond à Rome à un impôt payé pour le transport des marchandises à travers le territoire romain, au moment où elles passaient à certains points déterminés. On distingue trois sortes d'impôts, la douane, l'octroi et le péage. Dans la citation, il semble que Donat fasse référence à l'octroi, c'est-à-dire à l'impôt levé à la sortie ou à l'entrée d'une ville pour le compte de cette ville. Le mode de perception de cet impôt nécessitait une organisation très minutieuse. On distingue ainsi les bailleurs de fonds, les administrateurs et un personnel très nombreux, les douaniers, les percepteurs des taxes et les employés aux écritures (les "portitores"). Cicéron en parle dans Verr. 2, 77, 188. Voir aussi CIL. 1, 1462. Quant au terme de "publicani", il désigne les adjudicataires de l'Etat préposés à un service public, que ce soit la perception d'un impôt ou l'exécution d'une tâche. Voir Dig.,39, 4, 1 ou Val. Max. 6, 9, 8.798. Il y a ici comme une esquisse d'explication étymologique du mot "portitor".799. Donat poursuit le lemme, comme si c'était Dave qui parlait ("tibi a me"), pour expliciter le "numquid aliud", sans dire ouvertement "par 'numquid aliud' il entend…".800. Donat remarque un jeu sur la construction "aliud me uis" qui marque, comme il l'a déjà dit, la conclusion d'un dialogue (fr. "autre chose ?"), mais avec "uolo" on peut aussi fabriquer la formule de politesse "uolo ut bene sit tibi" (je te souhaite beaucoup de bonnes choses). La conflagration de ces deux tournures provoque l'amusement du commentateur.801. Nouveau souci de bouclage de la scène par Donat, qui recherche entre cette fin et le début une correspondance qui souligne l'unité de cette longue scène.802. La raison pour laquelle Donat commente ces mots de forme neutre qui désignent des femmes est sans doute qu'il s'agit là d'un fait troublant pour ses élèves.803. Cette traduction est motivée par le fait que "color" désigne ici une "couleur", c'est-à-dire ce qui vient orner le discours.804. Donat propose ici de "qualifier" cette scène, c'est-à-dire de la situer dans une typologie, qui comprend aussi par exemple la qualité "deliberatiua". Toutefois, une certaine confusion entre la "qualitas" et le "genus" n'est pas exclue. Ici, la "qualitas" désigne l'aspect technique de la scène, autrement dit la manière dont elle va être construite, alors que le "genus" désigne le type de contenu (que Donat appelle du nom judiciaire de "causa") que l'on va y trouver. Que le terme judiciaire "causa" prête à confusion, cela apparaît à l'évidence dans le fait que le "genus" n'est pas judiciaire, mais épidictique. Le rattachement au genre épidictique ne peut s'expliquer qu'indirectement : chaque jeune homme paraît faire l'éloge de l'autre en comparaison de son propre malheur (voir suite de la scholie). En même temps, à un autre niveau de lecture, le poète utilise cette scène pour blâmer le caractère irréfléchi et passionné de ses personnages. 805. Le genre de la cause est démonstratif, c'est-à-dire qu'il n'est ni délibératif ni judiciaire ; on peut donc dire que, dans cette scène, Antiphon et Phédria font en quelque sorte leur anti-éloge.806. La traduction est ici impropre à rendre compte du jeu de mot sur "fugiturus", inspiré du grec "φευγόμενος" (qui signifie à la fois "fuyard" et "accusé").807. Donat oppose deux sens possibles pour "in mentem uenire". A son époque le mot est dans la sphère sémantique de "recordatio" uniquement, tandis qu'en latin archaïque il aiguillait aussi vers "recogitatio" et "consideratio". Il a fait une remarque comparable plus haut en 77.1.808. On peut se demander si la remarque porte sur la syntaxe (les verbes de mémoire se construisent avec le génitif) ou la morphologie particulière d'"aduentus, -us". La seconde explication est la plus plausible, comme le montre la scholie 5 de ce vers.809. Cf. Frg. Bobiense de nomine et pronomine, GL V, 555, 3 : "nam legimus [...] apud Terentium etiam 'nihil ornati, nihil tumulti', item 'eius anui causa' pro 'ornatus' 'tumultus' 'anus'" (car nous lisons […] également chez Térence"nihil ornati, nihil tumulti", et de même "eius anui causa", au lieu de "ornatus", "tumultus" et "anus").810. Probus veut dire qu'"incogitans" est un adjectif (qu'il appelle "nomen" selon la tradition), et non pas un participe, puisqu'il n'existe pas de verbe "*incogitare", alors que son contraire "cogitans" est un participe et non un adjectif. Analogiquement, on pourrait faire la même remarque en français à propos, par exemple, du couple "invaincu" (adjectif seulement) vs "vaincu" (participe seulement).811. Phédria s'irrite de voir son frère, qui est marié, se plaindre, alors que lui-même n'arrive pas à avancer ses propres affaires de cœur.812. C'est-à-dire un mot du vocabulaire judiciaire comme si l'affaire était déjà en jugement.813. Donat veut dire que "ne" a ici un effet négatif, et qu'il ne faut donc pas confondre cette particule à valeur de souhait négatif avec la particule affirmative homonyme "ne" 'oui vraiment'.814. L'excuse est dans le mot "cupidum" qui introduit le fait qu'il a agi sous l'emprise de la passion, ce qui est une circonstance atténuante. Voir And. 882, 1.815. Parce qu'il considère que son frère se plaint pour peu de choses en comparaison de ses propres malheurs.816. Donat différencie "quam mox" de "quando". Dans les deux cas, il s'agit d'une interrogative / exclamative indirecte, mais "quam mox" est plus marqué que "quando", simple adverbe de date, par la tournure en "quam" (adverbe interrogatif exclamatif) portant sur "mox", adverbe qui signifie "bientôt", apportant un sème de proximité, que Donat explicite par "quia timet". Peut-être Donat accorde-t-il finalement plus d'importance à la construction d'"exspectare" avec interrogative indirecte qu'à la différence entre "quando" et "quam mox".817. Donat analyse "aliis" comme plus marqué que "mihi" car, pour lui, l'opposition naturelle à la deuxième personne est la première (car ce sont les deux "vraies" personnes, celles du dialogue, surtout dans le cadre dramatique) et non la troisième (généralisation). En choisissant une formule générale, Phédria fait de son frère le représentant d'une catégorie marginale de fous (voir scholie suivante).818. Donat remarque, par la scholie "et est figura ὑπόζευξις, nam ad utrumque aegre est sufficere potuit", un parallélisme entre "aliis quia defit quod ament aegre est" et "tibi quia superest dolet", phrases dans lesquelles le verbe principal aurait pu être en facteur commun, comme souvent en latin, surtout dans des cas de parallélisme aussi affirmés. Son commentaire stylistique ne s'arrête pas là : il nous dit que cette figure de style tend à mettre en opposition "dolere" et "aegre esse", pour montrer que "dolere" est plus fort que "aegre esse" ("laborauit, ut ostenderet plus esse dolet quam aegre est"). L'implicite de la remarque de Donat est que le parallélisme est réalisé par "aliis / tibi", "quia" répété, "deesse / superesse" et la forme des phrases juxtaposées (datif d'intérêt, subordonnée de cause, verbe), et que ce parallélisme met en lumière une opposition entre les deux phrases par les couples d'antonymes "aliis / tibi", "deesse / superesse", opposition qui met en valeur le rapport entre les verbes principaux et sur laquelle porte son commentaire.819. La phrase aurait été tout aussi correcte sous la forme "aliis quia defit quod ament, tibi quia superest aegre est". L'hypozeuxe substitue à cette phrase deux constructions parallèles indépendantes. Voir Isid. Etym. 1, 36, 3-4.820. Dans ce cas, il s'agit d'une interrogation de surprise, voire d'une interro-exclamative.821. Donat paraît remarquer que, dans cette scholie, "tibi" est en facteur commun pour "dolere" et "superesse". La scholie 4 semble le confirmer en rapprochant le pronom du verbe "dolere".822. Et non "tibi superest" qui serait également correct.823. En tant que "certe" met fin à l'ironie.824. Le texte est compréhensible en l'état, mais on pourrait presque lire "animam" (l'âme).825. Comme dans la scholie 2, Donat dit qu'il faut comprendre le "uita" du texte "(ut modo) felicitas" ou "fortuna accidens uiuentibus". En 3, il est en fait un des sèmes du mot "uita". On a en quelque sorte un hyperonyme, "uita", et des hyponymes, "mores", "alimentum", "animus", "spatium uiuendi et felicitas" ou "fortuna accidens uiuentibus". D'une part, la scholie nous invite à ne choisir qu'un sème parmi ceux de "uita" (cf. "optanda, ut modo"), d'autre part, elle place en rapport de synonymie "felicitas" et "fortuna accidens uiuentibus".826. Ce qui n'est croyable que par un amoureux, c'est évidemment le vers suivant où il dit qu'il est prêt à mourir. Le serment rajoute au caractère exagéré de la remarque dont Donat s'amuse.827. Le propos de Donat est ici assez confus ; on peut comprendre que tout l'argument repose sur la violence de l'amour éprouvé par Phédria, et que c'est ce seul amour qui permet à la pièce d'avancer.828. Donat remarque qu'il y a une différence entre "tamdiu" (adverbe de temps) et "quamdiu" (adverbe interrogatif ou relatif).829. Donat s'interroge sur la raison pour laquelle on a "tamdiu" et non "quamdiu" : il en fait une contraction de l'adjectif " tantus, a um" au neutre adverbial (δεικτικόν) avec l'adverbe "diu" (quasi dicat : tantum diu). En réalité, il s'agit d'une confusion entre adverbe interrogatif et adverbe temporel.830. Cette scholie peut porter sur l'absence du pronom de rappel devant le relatif (fréquent), ou sur le fait que l'objet de l'amour, bien que ce soit une femme, soit au neutre.831. Comme "conicito" a pour complément l'interrogative indirecte qui suit, il n'a pas besoin de complément d'objet direct. Donat voit donc là un pléonasme syntaxique : on a en effet deux objets pour le même verbe. Il propose alors une solution : faire de "cetera" un circonstanciel de moyen ou de manière en ajoutant "per".832. S'il y a paralipse selon la définition de Donat, c'est que "ingenuam" et "liberalem" sont synonymes, ce qui est très possible, "liberalis" ayant soit le sens de "comme il faut" soit son sens propre de "conforme à la condition d'homme libre". A la scholie 3, il paraît clair que le lemme masque l'objet véritable du commentaire, car on voit mal où il y aurait paralipse dans "ut ne addam", sauf à considérer que "ut ne " constitue la figure, ce qui est assez étrange. Mais en même temps, cette précaution oratoire annonce la paralipse et permet donc de la repérer.833. Le commentaire demeure très confus, car chacun des deux mots peut relever en fait, suivant le sens qu'on lui donne, soit de la naissance, soit du caractère. C'est la valeur habituelle de "hoc" et de "illud" qui nous fait choisir cette traduction.834. "Sectari" peut naturellement se traduire par "chercher", mais aussi par "accompagner", puisque Térence a dit au v. 86 que Phédria accompagnait ("sectari") la joueuse de cithare à son école.835. Si Donat semble dire qu'il ne faut pas faire l'élision "uoluisti uxorem" (et dans ce cas la ponctuation fonctionnerait comme un indicateur pour une juste déclamation du vers), il se trompe, car l'élision est obligatoire si l'on veut pouvoir scander l'octonaire. Peut-être veut-il simplement indiquer, que, malgré l'élision pour le mètre, il faut bien faire une petite pause après "uoluisti".836. Ce que commente en réalité ici Donat, c'est ce qu'il cite dans le lemme suivant, "sine mala fama", et ce qui suit, qui décrit effectivement l'épouse parfaite.837. La plupart des éditeurs modernes comprennent en effet que "palam" porte sur "sine mala fama", mais Donat semble comprendre que l'adverbe est un contre-rejet et porte sur "beatus" du vers suivant.838. Il s'agit du "et" contenu implicitement dans le relatif de liaison "quod".839. Les abréviations sont impossibles à expliciter, car Donat est le seul à citer ce passage perdu de Salluste.840. Pléonasme portant sur les pronoms.841. Décalque simplifié du commentaire d'And. 55.842. Le commentaire de Donat est particulièrement obscur. Il semble vouloir isoler d'un côté "retinere", de l'autre "amare amittere" en fonction de la citation qu'il donne ensuite et qui ne comprend que "retinere" et "amittere". On peut envisager cela de deux façons : soit Donat récuse le rejet de façon métrique, en indiquant que "retinere" doit se trouver dans le vers précédent, soit il accepte le rejet, mais récuse la présence d'un groupe ternaire. Dans les deux cas son explication est acrobatique.843. Emploi en référence implicite d'En. 10, 843 qui marque une connivence avec les élèves et sans doute un tour semi-proverbial.844. Il s'agit du "servus currens", l'un des types canoniques de la comédie latine avec, entre autres, ceux du "senex iratus", de l'"adulescens lacrimans", "servus cogitans", et du "servus decipiens patrem". Le "servus currens" (qui est le seul personnage à courir sur scène) ne voit rien, n'entend rien, voudrait parler mais est trop essoufflé et ne voit pas celui qui lui parle.845. Remarque de morphosyntaxe : Donat signale que le mot est un adjectif neutre (d'où "si tu ne trouves une idée prompte") et non l'adverbe "celere", également plausible ("si tu ne trouves promptement une idée").846. Donat pointe un emploi rare transitif direct de "impendere" (ici "te" = acc.). Il donne Lucrèce comme seul autre exemple ; notons que le grammairien Arusianus Messius attribue ce vers à L'Eunuque, sans nul doute par erreur. La construction "normale" est "alicui" ou "in aliquem". Peut-être Donat propose-t-il de lire une anastrophe avec tmèse, lorsqu'il dit en 2 "Pro in te pendent mala".847. Rejoint le thème du "magister" évoqué au vers 72.848. Peut-être faut-il comprendre que Nigidius supposait sous la graphie "celari", dont le e est long, une forme condensée de "*caelari". C'est ce que semble comprendre l'éditeur de Nigidius Swoboda (1964, 82 note 2).849. Donat souligne ici la manière dont il faut se représenter le jeu de scène de Géta.850. Il y a effectivement quelque incohérence à cette question d'Antiphon, à moins qu'elle ne soit en aparté et qu'Antiphon n'entende pas bien ce que dit Géta. Cette indication scénique a pu échapper à Donat.851. Sur la valeur expressive de la question, voir ci-dessus 61, 4.852. Cette remarque s'inscrit dans la tradition de la théorie des humeurs hippocratiques (reprise par Galien), selon laquelle le corps est soumis à l'équilibre de quatre humeurs qui correspondent aux quatre éléments. Selon leur prédominance, les humeurs définissent les caractères fondamentaux. Le bilieux, dominé par le feu est ainsi souvent enclin à la colère.853. Proverbe cité dans laSouda s. v. πλίνθος : «Πλίνθος. παροιμίαι : Πλίνθους πλύνεις : Χαμαὶ ἀντλεῖς : Φακὸν κόπτεις : ἐπὶ τῶν ἀδυνάτων καὶ ἀνηνύτων καὶ μὴ ὄντων λέγεται.» ( Brique : proverbes : tu laves des briques : tu écopes là où il n'y a pas d'eau, tu fais des tranches dans une lentille. Se dit pour les choses impossibles, sans résultat et qui n'existent pas).854. Donat théorise comme σχῆμα διαπόρησις le monologue délibératif, en particulier quand il évoque ce qu'il pourrait faire et quelles en seraient les conséquences.855. Donat oppose deux manières d'interpréter la scène, selon la logique ou selon la dramaturgie. Si le but est purement d'informer le spectateur, "purgem" et "loquar" peuvent être redondants, ce qui a provoqué l'ingénieuse explication proposée par certains commentateurs. Cependant ce qui prime pour Donat c'est la logique dramaturgique. L'état de panique de Géta est mieux montré par un langage à la limite de l'incohérence. L'opposition entre le sens et l'effet dramaturgique est une donnée extrêmement importante pour qui tente de reconstituer le discours de Donat sur le théâtre comique.856. L'atticisme consiste ici à utiliser le génitif "animi", qui est d'ailleurs plutôt un locatif.857. C'est-à-dire que le sujet est identique.858. Ce qui est amusant ici, c'est que l'esclave est si désorienté qu'il préfère la condition bien peu enviable d'esclave fugitif aux châtiments effroyables qu'il imagine de la part de son maître.859. Le commentaire insiste sur le caractère réflexif de la tournure (coïncidence entre la personne verbale et celle du pronom personnel).860. En refusant le mot "dominus", il élude le fait qu'il devient un esclave fugitif.861. Donat semble vouloir dire que "senis" renvoie davantage à la psychologie du personnage, à son caractère, que "dominus". De fait, "senex", comme nom de type comique, relève de la caractérologie, "dominus" relève seulement du vocabulaire social.862. Donat paraît vouloir dire que la fuite est la seule manière pour des esclaves de causer du tort à leur maître. C'est évidemment toujours "plaisant" puisque l'esclave se met en bien plus grand danger que son maître.863. Il y a là sans doute une allusion à une version antérieure du texte. On notera que Nigidius n'est pas le seul à lire ainsi (Swoboda (1964, 82)) car Verrius Flaccus lit également le même texte.864. Cette recherche de symétries entre les propos de Géta et ceux d'Antiphon montre que Donat n'a pas bien vu, malgré la scholie 193, 1, que les deux personnages monologuent dans leur coin, Antiphon ne percevant que des bribes de ce que dit l'esclave.865. L'apodose désigne donc ici non pas la figure grammaticale, mais la figure rhétorique. En fait, l'apodosis désigne ici une forme d'hysteron proteron.866. Donat ne fait sans doute pas ce commentaire parce qu'il voit un problème de logique (opposition ou conséquence), mais parce qu'il ne sait pas si "sed" porte sur la seule interrogation (auquel cas on attendrait plutôt "ergo"), ou s'il fait le lien avec la phrase précédente (changement de sujet en les opposant), Cf. 215,1.867. Donat remarque ici le souci d'exhaustivité de Térence, dont le personnage envisage une certaine stratégie si le personnage est immobile et une autre s'il est en mouvement.868. L'ordre des mots proprement poétique est ici en cause, avec le jeu complexe des sonorités qu'il produit : "Nescio quod Magn(um) hoc Nunti(o) exspecto Malum". Cette disposition très artificielle donne à la phrase une solennité et une gravité particulières encore renforcée par l'homéotéleute si on ne fait pas l'élision de "magnum".869. Ellipse car "pergere" signifie "continuer" et non proprement "rentrer". Mais Donat ne dit pas ce qui manque selon lui. Est-ce "usque ad" ? Est-ce un verbe du type "ire", étant donné que "pergere" n'est pas forcément un verbe de mouvement ?870. Sur cet emploi de "homo", voir plus haut en 123, 1.871. Il s'agit d'expliquer "porto" glosé ici par deux compléments de "fero", "uera" et "magna". La citation virgilienne (En. 2, 161) joue ici apparemment comme pure synonymie. Mais elle cache en réalité une intertextualité riche, puisque c'est le traître Sinon qui prononce ces paroles et qu'elles sont entièrement mensongères.872. La pression qu'exercent sur Géta les questions incessantes d'Antiphon contrastent bien avec la question finale de Phédria, qui ne comprend rien (voir scholie 199, 1).873. Etonnante sur le plan de la simple transmission d'informations, logique sur le plan des caractères, puisque visiblement Phédria ne comprend rien. C'est donc un commentaire dramaturgique, invitant à considérer avec attention le jeu de Phédria.874. Des deux solutions proposées, la première est indéniablement suffisante : "nam" fait liaison de phrase, "quod" est adjectif interrogatif. L'option de l'anastrophe ("nam quod" pour "quodnam") repose sur un usage parfois inexplicable de cette figure chez les commentateurs. Voir par exemple un abus de ce genre chez Servius, En. 1, 644, appuyé d'ailleurs sur une remarque fondée de Donat à propos de Térence : "non 'praemittit' : nec enim sequitur ipse, sed 'praerapidum', quod ex adfectu patris [ ], intellegendum est, non ex Achatae velocitate. et sic 'praerapidum' dixit, quomodo Terentius 'per pol quam paucos', hoc est 'perquam paucos' ; 'pol' enim ipsum per se plenum est iurantis adverbium, cui praepositio separatim numquam cohaeret" (Ce n'est pas tant "praemittit" (il l'envoie devant), car lui-même ne le suit pas, que "praerapidum" (rapide comme l'éclair), ce qui se comprend par le sentiment paternel et non par la vélocité d'Achate. Et il veut dire "praerapidum" comme Térence dit "per pol quam paucos", c'est-à-dire "perquam paucos" (vraiment peu nombreux). De fait, "pol" est un adverbe de serment auto-suffisant à qui on n'ajoute jamais de préposition).875. Le vers de Virgile offre la même ambiguïté de nature pour "subito", qu'on peut comprendre soit adverbe (comme dans la traduction proposée), soit comme adjectif (Quand, surgissant sur un flot soudain, l'orageux Orion...).876. Le tragique est évidemment lié à la mention de la Fortune, mais aussi à l'hyperbole du pluriel "fortunae meae". Sur ce passage voir Bureau 2009.877. Tout ce commentaire porte en réalité sur le préfixe "re-", qui porte, selon Donat, le sens d'une régression.878. C'est-à-dire qu'il met sa souffrance en évidence en se donnant comme sujet du verbe "distrahar". Peut-être cette scholie est-elle due au fait que Donat voit dans un passif à la P 1 un sens encore plus passif que dans une phrase à la P2, car le locuteur se donne comme incapable de résister en connaissance de cause, alors que, lorsqu'il dit qu'une autre personne, P 2 ou P3, subira une action, il ne peut véritablement savoir à quel point elle tentera de s'y opposer. C'est la scholie suivante ("uim cohaerentis") qui nous fait proposer cette interprétation.879. Une fois de plus, Donat signale un usage archaïqe d'une négation composée pour la simple : cf. ses remarques comparables à propos de "nihil" en 142, 4 par exemple. La situation est ici, en outre, compliquée par le fait que "nulla" est un déterminant et non pas un adverbe.880. Ici, Donat paraphrase purement et simplement.881. Le sens augmentatif remarqué est, en réalité, indéniablement exprimé par "magis".882. Et non au génitif singulier. Mais la remarque de Donat montre que cette analyse n'a rien d'évident à son époque, au moins pour des élèves.883. Le rapport ici n'a rien de formel, il repose sur une situation inverse chez Salluste. Un jeu intertextuel est probable, mais il nous échappe totalement puisque nous n'avons pas le reste du texte de Salluste.884. Servius Buc. 6, 20 est plus précis sur cette differentia : "timidis aut timentibus ; nam timidus est qui semper timet, timens uero qui ad tempus formidat ex causa : aut re uera 'timidis', quia pueris per aetatem naturaliter timor est insitus" ("timidis" ou "timentibus" ; de fait, est "timidus" celui qui toujours craint, mais "timens" celui qui, à un moment donné, craint pour une cause précise : ou alors à juste titre "'timidis", parce que les enfants ont en raison de leur âge une propension naturelle à la peur). Donat exploite ce vers des Bucoliques également dans le commentaire à L'Eunuque, 642, 3.885. Apparemment, Donat interprète le préverbe "im-" comme ayant une valeur négative. Mais dans ce cas l'énoncé "non possum immutarier" devrait signifier "je ne peux pas ne pas changer", "il est immanquable que je change", ce qui est strictement incompatible avec la suite de la scholie.886. Même commentaire sur "haud muto factum" en And. 40.887. Autrement dit, au cœur même de son exhortation, Géta reconnaît la gravité de la situation qu'affronte Antiphon.888. La question que vient de poser Géta, et qui est une forme de provocation, devrait faire réagir Antiphon et provoquer chez lui une "percunctatio", c'est-à-dire un questionnement en forme de délibération. Or il n'en est rien et Antiphon plie du premier coup devant l'adversité. On comprend cependant très mal la suite de la scholie qui semble reposer sur la logique suivante : Antiphon a perçu que la question de Géta était ironique et il la prend pour une attaque personnelle. En refusant de répondre comme on s'y attendait (c'est la figure citée au début de la scholie) Antiphon coupe net l'effet recherché par Géta, ce qui explique l'agacement de l'esclave.889. Le verbe "adduci" dit quelque chose de la forme interne du mot grec "ἐπαγωγή", souvent rendu en latin par le calque morphologique "inductio" (cf. Cic. Top. 42 ; Quint. I. O. V, 10, 73 ; V, 11, 2 ; IX, 1, 31...) et qui désigne le mécanisme de l'inférence. D'où notre traduction par "induire / induction".890. On a aussi un "hoc" dans la réplique d'Antiphon au début du vers. Est-ce pour différencier le "hoc" de Géta de celui d'Antiphon qu'il précise que celui-ci est "relatiuum" ? Or il semble que les deux "hoc" soient anaphoriques, mais avec un référent distinct. Le premier "hoc", celui de la réplique d'Antiphon, renvoie à ce qui doit être fait (le complément implicite de "aliud grauius") et fonctionne avec "illud" (qui a pour référent "aliud grauius") : la référence des deux pronoms est précise, et se déduit de la question précédente. En revanche le second "hoc", celui de Géta, commenté par Donat, renvoie aux paroles et à l'attitude d'Antiphon en général, sa référence n'est pas purement endophorique mais plutôt exophorique. Est-ce ce que Donat a voulu commenter ? La scholie 3 propose une autre interprétation : "hoc" pour "hic Antipho". Ce n'est pas incompatible avec l'interprétation qu'on vient de donner, hormis pour ce qui est de la terminologie, que Donat ne possède pas. Ses deux interprétations sont que "hoc" peut renvoyer respectivement aux paroles d'Antiphon, ou bien en général à sa personne, auquel cas le neutre est marqueur de mépris.891. Même commentaire en Eun 54. 892. Donat veut dire que Térence rend particulièrement bien le caractère décidé de Géta par la double répétition "uerbum uerbo" et "par pari". Celui-ci envisage concrètement le procès d'Antiphon : il faudra plaider un mot contre un autre et utiliser le même type d'argumentation que le vieillard. Ce cours express de rhétorique se comprend dans la mesure où Antiphon a si peur qu'il risque d'être incapable soit de répondre, soit de répondre convenablement.893. Donat veut dire "ce sera homme contre homme, mot contre mot".894. "Il" désigne évidemment Géta et l'interlocteur est clairement Antiphon lui-même.895. Il faut comprendre que le commentaire s'étend jusqu'à "iudicio".896. La seconde main, qui suit, a peut-être vu juste dans l'explication qu'elle ajoute. La scholie 3 propose une interprétation plus obscure.897. C'est-à-dire apposé. Dans ce cas on comprend la citation de L'Andrienne : à "tu coactus" répond "ui coactum", et à "tua uoluntate" répond son contraire "inuitum". Cela implique donc une identité de construction.898. Renvoi à 192, 1 et à 57, 2, qui permettent de mieux comprendre cette scholie : si on ne s'intéresse qu'à la question, on attendrait plutôt "ergo" (remarque implicite ici), mais Donat voit "sed" comme le passage à un autre sujet.899. Donat signale ici la règle des adjectifs de localisation, tels "ultimus", "imus", "summus", qu'on peut interpréter soit comme de purs qualificatifs ("summa arbor" c'est "l'arbre le plus haut") soit comme des signalétiques de lieux différentiels ("summa arbor" c'est "le sommet de l'arbre"). Le commentateur nous dit donc qu'ici il faut comprendre "ultima platea" comme "le bout de la place".900. La vue provoque évidemment plus de terreur que la simple parole d'un autre.901. Il s'agit d'un commentaire sur l'usage de la question "quo", mais le choix des exemples vise aussi évidemment à souligner par contraste le caractère anti-héroïque d'Antiphon le couard. En effet, c'est pour insulter Enée que Turnus lui dit "où fuis-tu ?", et pour stigmatiser la couardise des Latins que Pallas leur dit "quo fugitis, socii ?".902. En effet, si la partie dont Géta est l"'intercessor" (ce qui en droit est impossible, puisqu'il est esclave, mais peut fonctionner dans ce procès fictif) disparaît, il n'y a plus lieu d'intercéder pour elle.903. Sur cette remarque, voir Bureau 2009.904. Phédria ne va pas pouvoir se défendre, il n'y aura donc qu'un procès à sens unique mené exclusivement à charge.905. Le commentaire est à la limite du contresens. Le pluriel ici se justifie par la communauté d'intérêts entre Géta et Phédria.906. L'atticisme remarqué est dans l'emploi d'un datif éthique.907. C'est évidemment une inversion totale des rôles qui montre le désarroi de Phédria. C'est désormais l'esclave qui donne les ordres. 908. Ce commentaire porte en réalité sur 224-226.909. En effet, Géta est autant concerné que Phédria par la punition à venir. Il devrait donc logiquement dire "nostra".910. C'est-à-dire que d'ordinaire "noxia" est un adjectif. C'est ce que Donat veut dire en disant qu'il qualifie "res", mais ici c'est un substantif équivalent à "culpa".911. Autrement dit, puisque "noxa" est impossible en fin de vers, on a "noxia" qui fait office d'iambe final. On remarquera que Donat ne s'est absolument pas soucié de l'explication métrique qui est donnée par la seconde main. Il faut un iambe pur que fournit "noxiam" (x-) et non "noxam" ( - -).912. L'ordre naturel explique la gradation : 1. si la cause est juste, elle est facile à plaider, 2. si elle est facile à plaider, elle est gagnée d'avance, 3. si elle est gagnée d'avance, elle mérite qu'on la plaide. La gradation conduit en réalité à pousser Phédria à tenter la défense au lieu de s'enfuir.913. Et non pas, comme la formation du mot l'induit, "qui peut être facilement vaincu", d'où la remarque de Donat.914. L'emploi du mot "combat" invite à se demander si Donat lit "callidior", dont on voit mal le rapport avec la métaphore du combat, ou "calidior" (plus ardente). Voir les scholies à 229.915. Le pléonasme pressenti n'est pas classé, on ne sait pas donc en quoi il consiste exactement. Il semble, au contraire, que l'adverbe "sedulo" apporte un surcroît de sens à la réplique de Phédria, en indiquant qu'il prend vraiment à cœur de faire ce que l'esclave lui conseille. Est-ce le temps de l'impersonnel, futur à valeur de promesse (ce qui implique peut-être que Phédria prend la chose à cœur) qui fait dire à Donat qu'il y a pléonasme ?916. Cf. Cicéron, Inv. II, 86 : "Remotio criminis est, cum eius intentio facti, quod ab aduersario infertur, in alium aut in aliud demouetur. Id fit bipertito ; nam tum causa, tum res ipsa remouetur. » (il y a "remotio criminis" quand on déplace l'intention de celui qui a commis l'acte pointé par l'adversaire sur quelqu'un ou quelque chose d'autre). Cf. également Pirovano (2004) : "La remotio criminis aparece indicada con la designación remotiua qualitas, que aun sin encontrar paralelismo preciso en ninguno de los manuales conservados se deja reconducir a la terminología retórica utilizada en los sistemas de trece status". En indiquant qu'il s'agit d'une controverse, l'annotateur médiéval pousse l'argumentation de Donat plus loin que ne le faisait le commentateur. Celui-ci se bornait en effet à considérer le fonctionnement de l'écriture térentienne par sa comparaison avec la rhétorique judiciaire de la persuasion, en vue de déterminer pourquoi elle est dramatiquement efficace, la seconde main caractérise pour un public scolaire le type d'exercice dont il va s'agir.917. La véhémence provient ici du fait que le crime d'Antiphon est présenté, par celui-là même qui le dénonce, comme dépassant l'imagination. On notera dans la suite le renvoi immédiat à ce modèle de véhémence qu'est le début de Catil. 1. Sur l'opportunité de recourir à cette figure, voir de Orat. 2, 317.918. Donat commente en réalité la valeur de chaque mot : "itane" : est-ce que le délit est constitué ; "uxorem duxit" : quel est le délit ; "Antipho" : qui l'a commis ; "iniussu meo" : qui en pâtit.919. "Age" ouvre une nouvelle proposition en juxtaposition et non ce que l'on attendrait, c'est-à-dire une coordination (normalement assurée par "sed" en cas de première proposition négative).920. Donat commente ici l'infinitif exclamatif « reuereri », en l'illustrant par un infinitif exclamatif qu'emploie Lucrèce : « uidere ».921. La correction porte sur "simultatem" et rend parfaitement claire la figure et l'exemple de Virgile : le vieillard commence par un énoncé particulièrement brutal ("mon fils a enfreint mes ordres"), mais, préparation pour la suite, il l'adoucit immédiatement tout en l'intériorisant ("il n'a pas pensé qu'il me ferait souffrir"), ce que l'on retrouve chez Virgile, où l'on accuse le sort, puis, plus grave sur le plan moral, la perversité du caractère.922. Donat veut probablement dire que n'est pas exprimé le pronom ou le nom à l'accusatif qui désignerait la personne qui ressent la honte, ici "eum", ou "filium pudet".923. Le commentaire de Nigidius peut porter sur le fait que "pudere" désigne un état et que donc cet état ne peut être que le résultat d'une action antérieure. Sinon on voit mal l'intérêt du commentaire.924. "Monitor" n'est en soi un terme ni péjoratif ni flatteur. Si Donat y voit une connotation flatteuse, on peut supposer que c'est en raison des qualités prêtées à celui qui conseille ou qui accompagne (sens premier de "monitor"), qui sont souvent la sagesse et la clairvoyance.925. Le commentaire de Donat élude le sens au lieu de l'éclairer. Il ne s'agit pas tant de savoir si la personne qui trouve se sent coupable ou non, que de montrer l'extraordinaire présence d'esprit de Géta qui a déjà tout prévu.926. C'est-à-dire que, comme Donat fait anticiper par Démiphon les arguments de ses adversaires, le vieillard paraît vaincu d'avance. Tout se passe comme si le vieillard mettait en scène une "concessio", c'est-à-dire un aveu avec justification, et recevait déjà comme valable cette justification, ce qui désamorce évidemment le risque de punition terrible.927. La "concessio" serait simplement un appel à la clémence du juge ou à l'examen de circonstances atténuantes, le verbe "tradere", qui signifie littéralement "remettre sa cause entre les mains de l'adversaire", porte un total paradoxe, puisque, loin de se défendre, Antiphon paraît demander à ses adversaires de le défendre. Notons l'ironie, puisque c'est, en un sens, exactement ce qu'a fait Phormion : se porter l'adversaire d'Antiphon dans le but de le favoriser.928. Autrement dit, Géta annonce d'ores et déjà qu'il va parvenir à s'en sortir, donc à calmer le vieillard, ce qui, selon Donat, rend plus vraisemblable le fait que ce dernier va effectivement se calmer dans la suite de la pièce. On peut aussi considérer que le commentaire ne porte pas sur cette partie du vers mais sur "etiamne lex coegit". En effet si Antiphon a vraiment été contraint par la loi, le vieillard n'aura plus aucune raison de s'irriter contre lui. Cette explication est la plus probable.929. Le lien entre le vers de Térence commenté et le vers de Virgile s'opère par le sens de "sperare" qui ne signifie pas ici "attendre un bien", mais "attendre" tout court.930. Donat reprend ici la fameuse distinction sémantique entre "euenire", "accidere", et "contingere" (ici "obtingere"), qui veut que l'on emploie "accidere" pour un événement funeste, "contingere" pour un événement heureux et "euenire" pour un événement neutre. Ici, il note un emploi de "obtingere" pour un événement heureux, d'où sa remarque sur la réciproque. Cf. And. 398.931. Donat fait peut-être référence à la racine de "statuere", dont "instituere" est le préverbé : "sto" signifie en effet "se tenir" et comporte un sème de 'solidité' ou 'assurance'.932. Le rapport entre le texte de Térence et cette citation des Géorgiques ne tient évidemment pas au sens des deux énoncés, que rien ne paraît rapprocher : ce qui est comparé (cf. la scholie suivante, qui insiste là-dessus), c'est le caractère proverbial des deux passages mis en parallèle, ici caractérisé par une répétition de termes ("maxime" chez Térence, "nudus" chez Virgile).933. Cela devient une maxime dans la reformulation de Donat qui montre ainsi comment s'opère peu à peu, comme on a pu le constater pour les "sententiae" de Ménandre, la récupération d'énoncés comiques à des fins moralisatrices. L'énoncé de Térence est nettement moins sentencieux que sa reformulation, où l'on voit répétitions ("maxime"), antithèses ("sapiens"/"stultus"), jeux phoniques ("securus"/"stultus").934. Car "aerumna" (tempête) à lui seul suffit à exprimer l'idée d'opposition.935. La citation de Salluste montre bien le phénomène en question, asyndètes ("a Pyrrho, Hannibale") suivies sur le même plan d'une structure coordonnée ("aequore et terra").936. Autrement dit, après avoir dit, de façon générale, « quam ob rem...exilia », il en vient bien à parler de lui, mais de façon voilée, sous couvert d'un propos général. Phénomène que confirme la scholie suivante.937. Donat veut que l'on comprenne ainsi (sans doute à tort) et non "semper cogitet".938. Scholie étrange mais explicable en raison du système qu'adopte Donat lui-même. Pour lui, dans la comédie, les morts ne peuvent affecter que des personnages étrangers à l'intrigue, pour éviter le style tragique. C'est pourquoi, malgré la véhémence du personnage, la bienséance lui interdit de dire "mortem filii", parce que ce serait mettre un enjeu tragique sur la pièce. Toutefois, Donat ne peut empêcher Térence d'écrire "mortem uxoris". Or, comme la mère d'Antiphon, comme la plupart des mères de comédie, est déjà morte au moment du début de la pièce, cela conforte en apparence le système du commentateur qui commente comme il le fait.939. La citation de Virgile contient donc elle aussi une énumération ("neque...nec...") dont le dernier terme est rallongé par un ajout ("atque auro turbidus Hermus"). Voir 243, 1.940. Remarquons que Donat se contredit en rattachant cette fois "semper" à "cogites" et non à "rediens", comme en 243, 4.941. Notons que Donat oublie les trois termes de la première énumération ("pericla", "damna", "exsilia") dont on voit mal du coup à quoi ils se rattachent.942. Donat remarque ici une étape supplémentaire dans l'affaiblissement de la position sévère du vieillard. En disant des mots de "precator", il se laisse surprendre à intercéder en réalité pour son fils.943. Commentaire dont la fin est assez obscure : Donat comprend d'abord le sens évident, et fait de "si redierit" (ici futur antérieur) l'équivalent d'un impossible "postquam" suivi du futur antérieur, tour bien connu par ailleurs. La seconde explication est plus subtile : "redierit" est une vraie conditionnelle, très ambiguë : cela signifie soit "si le maître revient", ce qui revient à "cum redierit", soit "à supposer qu'il revienne", ce qui laisse planer un doute sur ce que veut l'esclave. Le maître étant rentré, cette hypothèse de Donat est purement gratuite et paraît n'obéir qu'à des considérations d'enseignement grammatical.944. Autrement dit, ces punitions sont tellement fortes qu'elles seraient impossibles à atténuer par les mots, et qu'il serait donc d'autant plus indécent de les mentionner qu'elles impliquent la mort de l'esclave, ce qui ressortit au tragique.945. Si on lit "usque", il faut en effet mettre le nominatif et comprendre "habendae sunt compedes" ; mais si on lit "esse", on a une proposition infinitive introduite par "meditata sunt omnia", et il faut donc l'accusatif "habendas compedes". Noter l'incohérence dans les deux scholies puisque Donat lit d'abord "usque", puis rejette cette leçon comme étant celle de "quidam". Cela laisse supposer un travail d'harmonisation de traditions insuffisamment achevé. La leçon "esse" fait difficulté et explique sans doute la scholie, car il faut une rupture de construction dans les sujets de l'infinitive pour admettre le nominatif. Le texte avec "usque" a d'ailleurs une certaine place dans les MSS de Térence et Donat ou celui qui ajoute cette scholie n'a peut-être pas tout à fait tort.946. Comme le montre sans doute la scholie suivante, la variation se fait entre énoncés verbaux impersonnels et personnels.947. Dans ce passage, on trouve effectivement d'abord des gérondifs, puis des adjectifs verbaux ; ce sont ces derniers que Donat nomme "participia", car l'adjectif verbal est pour lui un participe futur passif.948. "Quicquam" étant un semi-négatif il fait pléonasme avec "nihil".949. Outre la similitude de vocabulaire, la citation a une valeur intertextuelle évidente : dans Virgile, Enée s'adresse à la Sibylle. Ici Géta, comme Enée, attend de savoir son destin, mais au lieu de la Sibylle et de la gloire romaine, ce qui l'attend c'est d'aller finir ses jours à tourner la meule.950. Si l'on voit bien le lien des deux premières citations avec le texte de Térence (il réside respectivement dans l'emploi de "nouus" et dans celui d'"animus", on voit mal le lien que la troisième citation, que Donat a d'ailleurs déjà utilisée en commentant le v. 239, entretient avec ce passage de la pièce. En fait, il semble plutôt que la deuxième citation engendre la troisième, autrement dit, que le "spe" de la deuxième citation amène Donat à penser au "sperare" de la troisième.951. Ce qu'il reprend est "quidquid praeter spem eueniat". En revanche, le commentaire de Donat est douteux. C'est la répétition qui est comique, sans qu'il y ait moquerie, au moins directe, puisque Démiphon se croit seul en scène et n'entend pas les paroles de Géta. Dans Les Adelphes, en revanche, la moquerie est avérée et se fait en face du maître, ce qui a pu induire Donat en erreur.952. Cf., entre autres, le commentaire au vers 123.953. La banalité du propos exclut tout reste de véhémence chez le vieillard.954. De fait, Démiphon ne rend que partiellement ("partim") son salut à Phédria, puisque, s'il répète "salue", il interpelle le jeune homme sans mentionner le lien de parenté qui les unit (Phédria dit au contraire "mi patrue, salue") ; il est en effet pressé de passer à autre chose. Les deux salutations ne sont donc pas strictement équivalentes.955. Pour éviter que ce commentaire paraisse contradictoire avec le précédent, il faut soit entendre le commentaire de 253 comme ironique, soit considérer que le père, tout en étant déjà prêt à pardonner conformément à son caractère, est néanmoins prêt à jouer le rôle que l'on attend de lui : quereller son fils qui a fait une grosse bêtise.956. Il faut en effet qu'il y ait une forme de souhait ou de remerciement dans la phrase qui précède pour que le verbe puisse se comprendre : "je me réjouis de ton retour. -je te crois" est la solution plausible proposée par Donat.957. Le premier étant "salue" (254).958. Les vers 255- 257 sont répartis ainsi dans l'édition Wessner (voir note ecdotique ad loc.) : 255 : Phédria, puis Démiphon ; 256 : Phédria. Donat semble prendre des libertés avec l'ordre des vers de façon à regrouper les remarques par personnage : première partie de 255 puis 256 : Phédria, deuxième partie de 255 : Démiphon. Puis Donat reprend avec le commentaire de la deuxième partie du v. 256, dans laquelle Phédria aborde un nouveau sujet. On pourrait comprendre cela comme un souci, de la part du commentateur, d'expliquer clairement un passage dans lequel les interventions des personnages sont nombreuses et brèves.959. En effet "hoc" peut être le COD de "responde" ou celui de "credo".960. En ne voyant pas le jeune homme, son père peut penser qu'il est malade.961. Donat est le seul à lire "uellem equidem". Tous les manuscrits de Térence donnent "uellem quidem". Cependant, avec le texte de Donat, à supposer que la fin du vers soit identique à celle que nous connaissons, il est impossible de scander le sénaire iambique.962. Donat caractérise ici très précisément l'expression du regret au subjonctif imparfait.963. On voit mal pourquoi cela a du pouvoir contre la colère. C'est peut-être parce que le jeune homme, en se demandant pourquoi Démiphon est irrité contre Antiphon (qui n'a fait qu'obéir à la loi), confirme les suppositions du père : Antiphon a seulement fait ce qu'il devait.964. Sans doute allusion au fait que "conficere bonas nuptias" (faire un beau mariage) est une expression courante.965. On reste dans la logique judiciaire. Au début de son réquisitoire, comme dans le début du Pro Cluentio de Cicéron, l'orateur divise la cause en deux points qu'il examinera ensuite successivement dans son discours.966. L'aparté de Géta "artificem probum" est analysé comme ironique et a donc pour sens réel selon Donat "quel mauvais comédien !". L'argument est que Démiphon reprend les termes mêmes de Phédria, ce qui prouve que le jeune homme a échoué dans sa tentative d'écarter le vieillard de ce sujet.967. Sont opposés ici les deux types de "senex" de la comédie, théoriquement incompatibles : le "père indulgent" ou "pater lenis" (avec l'adjectif même, présent chez Térence, et sa reprise sous forme du substantif "lenitas" dans le commentaire) et le "père sévère" ou "pater saeuus" (allusivement représenté par le substantif "saeuitia" dans le commentaire). En fait, ce dont Donat fait gloire à Térence, c'est d'avoir inséré là, par intrusion d'un nom de type comique, un élément métathéâtral.968. Il y a bien antithèse, même si l'opposé attendu est plutôt "asper" ; Donat attire donc sans doute l'attention sur cette figure de style parce qu'il estime qu'elle n'est pas évidente.969. Jeu contextuel évident puisqu'il s'agit de l'ombre d'Hector qui apparaît à Enée.970. L'objection apportée ici par Phédria consiste à dire que le crime n'est pas constitué puisqu'Antiphon n'a fait qu'obéir aux lois.971. Le "nedum" (à plus forte raison) qu'emploie Donat se justifie dans la mesure où diminuer la conséquence de la faute est encore plus important que diminuer la faute elle-même.972. Nouveau jeu contextuel : ce passage renvoie au prodige qui annonce aux Troyens la chute imminente de leur cité.973. La variation est dans le passage du simple "noris" au composé "cognoris".974. La colère entraîne une généralisation marquée par "omnes". Servius donne un commentaire du même genre pour la citation virgilienne qui suit, mais paraît le récuser comme contraire à l'usage : "si enim simpliciter intellexeris 'crimine', de negotio ad personam vitiosum transitum facis" (si en effet on comprend de manière simple "crimine", on aboutit à un transfert incorrect de l'affaire à la personne).975. Nouvelle citation contextuelle toujours prise à En. 2 : il s'agit de la capture de Sinon, ruse des Grecs pour entrer dans Troie.976. Le texte de Cicéron est très malmené par les manuscrits : on édite généralement : "qui cives Romani erant <iudicabant> si Siculi essent, cum Siculos eorum legibus dari oporteret, qui Siculi, si cives Romani essent". Le commentaire est cependant loin d'être clair : si on recompose, selon la suite du commentaire de Donat, l'énoncé de Térence, on obtient "Si hic in noxa est, ille adest, si ille abest, hic praesto est", ce qui ressemble effectivement assez à l'énoncé cicéronien.977. Notons que le texte traditionnellement reçu de Virgile porte "hac". 978. Evidemment parce que Phédria ne se sent pas en position de force, il commence donc par une sorte de concession qui va progressivement lui permettre d'arriver au cœur de sa défense.979. Phédria ne se précipite pas pour défendre son cousin, ce qui serait louche, mais il commence par faire droit aux critiques formulées par son oncle.980. L'ornementation réside dans une forme de pléonasme qui a ici une valeur expressive : "il a laissé une faute entrer en lui".981. Cf. Cicéron, De Oratore, 3, 25 : "Ornatur igitur oratio genere primum et quasi colore quodam et suco suo" (le premier ornement du style est dans son ensemble, dans sa couleur générale, et pour ainsi dire dans sa sève).982. Remarquons combien le commentaire de Donat s'accroche acrobatiquement à la structure du vers térentien, puisque le mot qui, en réalité, devrait entraîner ce commentaire, "temperans", n'est apparemment même pas cité. Cela dit, le commentateur n'est pas sans être coutumier du fait quand il commente des fragments discontinus de vers. Mais on comprend que cela ait troublé les copistes.983. Donat poursuit sur la comparaison de ce dialogue avec un procès. Toutefois le lien entre les figures de la "purgatio" et ce que dit précisément ici Phédria n'est pas évident. Il faut donc comprendre que, au moment où Phédria aborde le cœur de l'affaire, Donat dévoile par avance ce qui va être la stratégie du jeune homme, annoncée dès l'"insinuatio" : atténuer la faute d'Antiphon pour finir par le disculper.984. Allusion au v. 94.985. Allusion au v. 120.986. Il y a un léger glissement dans l'explication sémantique que Donat donne de "temperans" : "consulens" et "prouidens" renvoient à la dimension de préparation, de prévoyance, que comporte "temperans" - prévoyance qu'Antiphon aurait dû avoir pour le bien ("res") et la réputation ("fama") de son père ; "moderatus", en revanche, a un autre sens que "consulens" et "prouidens", puisqu'il renvoie à la part de modération que comporte " temperans" - modération dont Antiphon est censé ne pas avoir fait preuve.987. Cette citation illustre donc plutôt "temperans" au sens de "moderatus", et non pas au sens de "consulens" ou de "prouidens".988. Topique du discours oratoire qui consiste en une sorte d'"excusatio".989. Ce que Donat semble vouloir dire ici, c'est que Phédria ne veut pas laisser croire qu'il défend à tout crin l'autre jeune homme. Les trois scholies de ce vers se complètent : dans la première, Donat commente uniquement l'emploi de "quin" en reformulant très approximativement la principale ; la deuxième est un commentaire rhétorique qui analyse le procédé ; dans la troisième, il en vient à la situation dramatique en recontextualisant par rapport au locuteur. Phédria a dit : "je ne plaide pas", alors qu'en fait il plaide en partie coupable (si du moins le crime est constitué). Ce que Donat veut nous faire comprendre, c'est que Phédria ne s'érige pas en juge, comme on pourrait le croire, à l'entendre réclamer la punition d'Antiphon, mais qu'il le défend paradoxalement en demandant qu'il soit puni.990. Autrement dit, Phédria se porte caution pour Antiphon.991. Commentaire qui souligne bien la subtilité de l'enseignement rhétorique que Donat glisse dans le commentaire de cette scène. La question fondamentale est de savoir si Démiphon va punir son fils, ce que Phédria paraît accepter (c'est la "concessio"). Toutefois, le jeune homme en disant "si peccauerit" souligne que le délit n'est peut-être pas suffisamment clairement établi et que par conséquent sa concession peut très bien aboutir à un non-lieu pour Antiphon. Phédria recourt à la figure de "permissio" (Her. 4, 39).992. La fonction de "cognitor" paraît ici renvoyer davantage aux réalités du temps de Donat qu'à celles de Térence. Phédria joue le rôle traditionnel du "cognitor" lorsqu'il agit "patrocinantis auctoritate", c'est-à-dire qu'il représente Antiphon et apporte en son nom les éclaircissements nécessaires à la disculpation du jeune homme. Toutefois ici, le mot "cognitor" est pris ici dans son sens tardo-antique de juge, magistrat instructeur : cf. C. Th. 10, 10, 20.993. "Sollicitum" a donc plutôt le sens, ici, de "sollicitatum".994. Rapprochement évidemment voulu avec un exemple parfait de fourbe à qui l'on se fie à tort. Cette comparaison, insistante depuis le début de la scène, rappelle quand même que la loi derrière laquelle se retranche le camp d'Antiphon a été utilisée de façon malhonnête par le jeune homme et son acolyte Phormion.995. "Si" nous paraît ici emblématique de tout système hypothétique, comprendre "il ajoute une proposition en 'si'".996. Sur la valeur de l'âge dans la topique judiciaire, voir Cic. Inv. 1, 35, 6 ; Top. 73 ; Quint 3, 8,38 ; 4, 1, 13 ; 6, 1, 24 etc.997. Sur la valeur de l'interrogation voir 63, 124, 132 etc.998. Autrement dit, en multipliant les personnes, Phédria veut prouver qu'Antiphon mérite moins le châtiment (puisqu'il n'est pas le seul responsable).999. Donat veut dire que le caractère propre de Phédria, qui se montre ici sous un jour particulièrement recommandable, s'accorde mal avec le fait qu'il ait pu tremper dans une histoire sordide, et, de plus, le nombre des accusés impliqués dilue la responsabilité au point de rendre impossible la condamnation du seul Antiphon.1000. Justement parce que, dans le début, il avait traité cette affaire comme s'il en avait été extérieur, plus en magistrat instructeur qu'en défenseur, disait Donat. En disant "nostra", il choisit son camp et c'est celui d'Antiphon.1001. Donat remarque que, dans un premier temps, Phédria s'en prend violemment aux juges en les accusant d'"inuidia". Mais, dans un second temps, Phédria souligne que l'"inuidia" n'est pas le seul motif des juges, qui peuvent aussi agir sous l'impulsion d'un sentiment louable ("honestior"), la "misericordia". Il commente alors cet ordre "inuidia / misericordia" de la façon suivante : Phédria a mis en dernier ce qui disculpe les juges ("misericordia"), afin de ne pas avoir l'air de déplacer l'accusation portée contre Antiphon sur les juges. Ainsi, il ne s'expose pas au reproche de détourner la cause, puisqu'il ne critique pas les juges, mais se contente de défendre Antiphon en montrant que, en bien ou en mal, les juges peuvent ne pas être impartiaux. En réalité il y a un léger glissement de sens de "uideretur" entre la première et la deuxième proposition. Dans la première il faut le prendre au sens de "être manifestement, être au vu de tous en train de", et dans la seconde au sens de "paraître, sembler".1002. On retrouve le même "antitheton proton" en Eun. 1, 2, visiblement la figure désigne une antithèse de propositions ("antitheton sententiis", cf. Susemb. : "qui placere studeat bonis et minime multos laedere" dans L'Eunuque et ici "propter inuidiam adimunt diuiti, propter misericordiam addunt pauperi").1003. Géta ne se laisse pas prendre, parce qu'il connaît la manœuvre antérieure de Phormion, sinon il se laisserait convaincre. C'est donc que la force persuasive de Phédria est telle que la seule restriction possible à son pouvoir, c'est d'avoir vu de ses yeux que toute l'affaire n'est qu'une machination.1004. Donat souligne que la qualité oratoire de Phédria est évidemment à mettre au compte de son créateur.1005. C'est-à-dire celui qui est implicitement désigné au vers 273 par "si quis malitia fretus".1006. Ici "absolute" désigne à la fois le recours à la substantivation de l'adjectif, à la brièveté de l'énoncé sans infinitif et surtout, sans doute, au rejet.1007. S'il disait par exemple "noscere tuam causam esse iustam".1008. Comprendre : il ne dit pas "tu ne dis pas grand-chose", mais "(tu ne réponds) mot".1009. Térence l'a dit au vers 132, mais Démiphon n'était pas présent. Donat pointe donc une invraisemblance. Comment Démiphon, ici comme au vers 236, sait-il qu'Antiphon n'a rien dit ? Le commentateur s'efforce de limiter l'invraisemblance au nom de la volonté d'éviter du tragique, dont on voit mal comment elle s'explique ici, sinon parce que Démiphon pourrait céder au désespoir, mais, dans ce cas, pourquoi ne l'a-t-il pas fait avant ? D'ailleurs, en 236, Donat n'a rien dit de cette invraisemblance.1010. La dérivation a fait passer la cause de l'état de capitale à celui de vénielle.1011. S'il avait nié le chef d'accusation, Phédria n'aurait pas pu dire qu'Antiphon s'est conduit en jeune homme bien, en respectant scrupuleusement la loi et en épousant l'épiclère.1012. Donat signale donc un archaïsme de construction, par lequel "fungor" est transitif direct, alors que sa construction standard est l'ablatif.1013. Sur cet emploi de "color", voir Roller 2008. On trouvera en Sen. Contr. 9, 5 un parfait exemple de l'usage des "colores". Donat dit "uulgo" parce qu'il s'agit (cf. Roller 2008) d'un emploi dérivé du mot initié par Sénèque le Père, mais devenu trivial dans la langue technique des rhéteurs.1014. Citation très inexacte : Plaute écrit "nam ut in naui uecta es, credo timida es".1015. Phédria a assez bien défendu le camp d'Antiphon dont fait partie Géta pour lui éviter la meule s'il paraît devant Démiphon.1016. Même remarque que pour l'entrée de Phédria plus haut.1017. Ce sens de "columella" n'est attesté que chez Lucilius.1018. Sur l'étymologie de "columen", Ernout-Meillet (DELL) suggère l'hypothèse que "columen" soit un doublet de "culmen", "avec lequel il est souvent confondu dans les manuscrits", sur le modèle "tegmen" / "tegumen". Mais une évolution de sens a conduit à l'époque impériale à une répartition des emplois des deux termes : "columen", voisin de "columna", est employé dans un sens métaphorique à partir de son sens de "soutien, appui", alors que "culmen" signifie "'sommet". L'explication de "columella" par "columna" est reprise par Priscien (GL II, 110, 14 et 112, 10) "feminina quoque in na desinentia, siue habeant ante n aliam consonantem siue non, geminant in diminutiuis l ante a, ut catena catella, asina asella, gemina gemella, columna columnella" (les féminins également qui finissent en "–na", qu'ils soient précédés d'une autre consonne avant le "n" ou non, redoublent le "l" avant le "a" dans les formations de diminutifs : "catena" "catella", "asina" "asella", "gemina" "gemella", "columna" "columnella") et "haec enim [unam] addunt syllabam diminutiuis, sicut etiam disyllaba eiusdem terminationis, ut columna columnella, sicut agna agnella, tignum tigillum" (ces derniers en effet [scil. les mots qui avant le dernier "n" du radical avaient une autre consonne] ajoutent une syllabe au diminutif, comme aussi les dissyllabiques de même terminaison : "columna" "columnella", comme on a "agna" "agnella", "tignum" "tigillum").1019. De "custos" à "columen".1020. Double accusation, parce qu'à la fois Géta a mal rempli la mission qui lui était confiée et que les conséquences de son laxisme se portent sur le personnage que Démiphon voulait le moins voir impliqué, son fils.1021. Donat semble donc considérer que le "c" final de "hunc" et "hanc" est une particule déictique. Cf Priscien GL III, 6, 5 "sed scriptorum neglegentia praetermisit unum c. et sciendum, quod accusatiui casus singulares et genetiui plurales m in n conuertunt c consequente : hunc hanc, horunce harunce" (mais la négligence de ceux qui écrivent enlève un "c", même en sachant que l'accusatif singulier et le génitif pluriel changent le "m" en "n" quand un "c" les suit : "hunc", "hanc", "horunce", "harunce").1022. On remarquera que l'adverbe n'est pas en réalité "paruo", mais "parue" ("paruo" est l'ablatif de "paruum", parfois employé de manière adverbiale). Au sujet des adverbes se terminant en "o", cf. Cledonius, Ars, GL V, 64, 2 : "o quae producuntur a masculinis ueniunt et melius iuxta regulam in e caderent, ut false, sicut docte" (les adverbes qui finissent en o long viennent de mots masculins, et il serait mieux, en conformité avec la règle, qu'ils finissent en "e", comme "false" et "docte").1023. C'est-à-dire tout pour servir les intérêts de son maître. Donat remarque que Géta ne s'accuse pas d'avoir fait le mal, mais, tout au plus, de n'avoir pas fait tout le bien qu'il pouvait, tout en considérant que dans ce cas ("in hac re") c'était impossible.1024. Donat revient sur ce point déjà plusieurs fois évoqué, mais la citation de Salluste, paradoxalement, le contredit. Ce n'est pas tant spirituel qu'une marque probable d'archaïsme, dans lequel "homo" ou "mulier" sont pris pour des équivalents de "quidam". Ce qui fonctionnait pour "homo confidens" à l'acte 1 paraît plus difficile à soutenir ici. A moins qu'il comprenne dans Jugurtha "il se cachait dans la hutte d'une femme, une servante qui plus est". Dans l'exemple virgilien l'emploi de "homo" est clairement dépréciatif.1025. Ici, c'est donc "mulier", et pas "homo", qui est "dit spirituellement".1026. Donat veut dire qu'"orare" a ici le sens de "parler" et non celui de "prier". Le mot "orator", lui, confirme que c'est bien le sens propre.1027. Ici, il perd la possibilité de faire témoigner l'esclave. Donat ignore cependant un point important. Si nous sommes en Grèce, Démiphon peut faire témoigner son esclave sous la torture, mais pas à Rome, puisqu'il ne s'agit pas d'un procès criminel. Géta ne peut donc lui servir à rien. On notera que Térence, ici, n'a pas hellénisé son personnage. S'il ne le dit pas, c'est peut-être parce que, dans la législation contemporaine de Donat, le témoignage des esclaves est encore réduit par rapport à la pratique de l'époque classique ou archaïque.1028. La disculpation d'Antiphon peut effectivement reposer sur le fait qu'il s'est laissé abuser.1029. Le terme de "propositio" a ici le même sens de "déclaration préliminaire" que dans le commentaire que Donat fait du vers 30, même si le contexte est assez différent (au vers 30, il s'agissait de la "propositio" dans laquelle l'auteur demandait le silence ; ici il s'agit de la "propositio" dans un sens plus législatif : la première condition, la première partie d'une loi).1030. Cf. v. 413 et suiv.1031. Donat signale dans sa grammaire que tous les noms (comprendre en l'espèce les adjectifs) ne connaissent pas le degré : 617, 12 Holtz : "conparantur autem nomina quae aut qualitatem significant aut quantitatem. Sed non omnia per omnes gradus eunt" (peuvent être mis au comparatif les noms qui expriment soit la qualité soit la quantité. Mais tous n'ont pas tous les degrés). Dans sa grammaire, il est surtout attentif aux lacunes morphologiques (tel adjectif n'a que le superlatif mais pas le comparatif, etc.). Ici, en revanche, il s'agit d'une remarque sémantique. "Cognatus" est un "nomen relativum", il ne peut donc avoir de degrés, car la relation qui le constitue existe (et le mot est utilisable) ou elle n'existe pas (et le mot ne peut être employé). Ce qui explique que des commentateurs qui n'avaient pas vu la plaisanterie à la différence de Donat aient tenté de sauver "maxime" en le faisant porter sur autre chose (et c'est une simple question de ponctuation). L'idiotisme ici réside dans le caractère drolatique de l'expression "cent fois parent".1032. "Quaerere" (chercher) paraît effectivement, comme dans l'exemple virgilien, signifier "envoyer chercher" au sens de "chasser quelqu'un en l'envoyant chercher quelque chose".1033. Le propos de Donat est assez obscur : on peut au moins comprendre que "ducebat" s'oppose à ce que le vieillard a dit plus haut en évoquant la possibilité qu'avait le jeune homme de ne pas épouser la jeune fille, mais de simplement lui fournir une dot. Autrement dit, en disant "ducebat", le vieillard vise moins à critiquer les accusés qu'à opposer la solution du mariage, qu'il rejette, à celle de la dot, qu'il a envisagée juste auparavant. Donat signale donc que l'argumentaire de Démiphon perd en efficacité petit à petit.1034. Remarque de ponctuation ; si on rattachait l'adverbe à "inopem", on obtiendrait un contresens : "pourquoi n'a-t-il pas ramené à la maison plutôt une fille pauvre ?". Démiphon, selon Donat, accuse son fils de s'être marié, non de s'être marié avec une pauvresse, mais les commentateurs qui ponctuent "inopem potius" n'ont pas tort, car Démiphon, qui est très avare, peut s'offusquer au moins autant de la pauvreté de la fille que du mariage de son fils. Là où le texte de Térence demeure volontairement ambigu, Donat tranche et lui fait perdre une partie de sa finesse comique.1035. Géta paraît avoir compris "inopem potius" (ce qui va dans le sens d'un commentaire à la limite du contresens au vers précédent) et, s'il s'amuse, c'est en stigmatisant son maître pour sa ladrerie. Donat se contredit donc en partie dans ces deux scholies.1036. Autrement dit : des choses dont la dimension de raillerie peut aisément être perçue.1037. L'énoncé n'est pas vraiment un proverbe contrairement au passage correspondant de L'Héautontimoroumenos mais Donat a une conception assez large du "prouerbium", qui désigne tout énoncé bref à portée générale. Dans l'Heaut., en revanche, c'est un vrai proverbe conformément à la définition antique : un énoncé bref, à portée générale et reposant sur une métaphore. Cf. Biville 1997.1038. Forcellini donne des exemples, jusqu'à Sénèque, de constructions absolues de "credere" dans le sens "pecuniam committere". Charisius (Ars, Barwick, 1964(2), 399, 6) dans le chapitre "De differentiis" du livre V de son Ars établit la distinction suivante, que Donat ne paraît pas avoir retenue : "committere et credere. committimus consilia, credimus pecuniam" qui indique bien qu'on ne peut pas, selon lui, construire "pecuniam" et "committere".1039. Donat a parfaitement saisi le mécanisme dramatique de la scène qu'il résume ici avec une netteté remarquable. En prenant l'ascendant sur son maître par son ironie, Géta a conduit celui-ci à bout d'arguments mais l'a aussi terriblement agacé.1040. C'est-à-dire sans doute à son avarice et à sa propension à la colère, certes, mais aussi à son impuissance, que Donat a pointée dès le début de la scène.1041. En effet c'est pour se débarrasser d'elle qu'il va finir par payer les trente mines, voir l'acte 5.1042. Chez Térence, "meritum" est un verbe ("meritum est") ; mais Donat semble le comprendre comme un nom.1043. C'est en effet Phormion qui montera toute l'affaire de la fausse dot, et se chargera de la récupérer.1044. Donat indique clairement que le commentaire porte sur "istum" malgré le lemme. Voir commentaire suivant.1045. C'est ici le sens péjoratif de "istum" que commente Donat.1046. Donat, comme d'ordinaire, remarque les structures de bouclage de la scène, car Démiphon répète ce qu'il a dit en 254, mais l'adverbe souligne l'évolution dramatique.1047. Comprendre : appropriée à l'intrigue.1048. Autrement dit : lui qui ne soupçonne pas que c'est chez sa maîtresse Pamphila que Phédria va se précipiter, et non pas chez Antiphon.1049. Ce commentaire de Donat sur la réplique de Géta éclaire également son commentaire de 309, 2 qui sinon se comprend mal.1050. Si l'on comprend ainsi (mais voir note sur texte latin ad loc.), cela implique que l'action de grâces en question se fait sitôt débarqué sur le port même. Il s'agit ici d'un deuxième acte cultuel qui consiste à saluer les dieux domestiques. 1051. Il y a une tendance certaine chez les lexicographes à associer le terme générique "uia" aux définitions de certains noms de passage en relation avec la famille de "uerto" : cf. Non. 448, 22 L : "diuortium, flexus de uia, a diuertendo" ; Isid. Et. 15, 3, 10 : "diuersorium dictum eo quod ex diuersis uiis ibi conueniatur" ; 15, 16, 11 : "diuortia sunt flexus uiarum, hoc est uiae in diuersa tendentes. Idem diuerticula sunt, hoc est diuersae ac diuisae uiae, siue semitae transuersae quae sunt a latere uiae" ; déjà dans le commentaire à Eun. 635, 1-2, on trouve illustrée cette tendance, à propos du mot "diuerticulum" : "diuerticulum est, ubi iter de uia flectitur. Et proprie, quia diuerticula dicuntur in uia domicilia, ad quae de itinere diuertendum sit". Certes, aucun lien étymologique explicite entre "uia" et "uorto" n'est fait chez les lexicographes ; au contraire, "uia" est habituellement expliqué comme étant de la famille de "ueho" 'transporter' (cf. Isid. 16, 16, 4, proche de Varr. RR 1, 2, 14 ou LL 5, 6). Mais "quasi", qu'on trouve dans cette scholie, est un marqueur habituel d'étymologie. Si l'étymologie ne concerne pas "uia" (ce dont nous ne sommes pas sûrs), elle concerne en tout cas au minimum la préposition "de", d'où notre option de considérer "de uia" comme un autonyme, total ou partiel. 1052. Donat explique ici un point de civilisation qui n'est plus compris par ses contemporains. A son époque les avocats sont pratiquement des professionnels que l'on va consulter et que l'on paie. Dans la pièce comme d'ailleurs à Athènes seuls des amis ou des parents peuvent assister le plaignant. 1053. Donat semble ici renvoyer au statut social, ou à l'origine sociale, des différents parasites que représente Térence.1054. Faut-il comprendre que les parasites ont été davantage raillés par Térence que par d'autres poètes ? Ou que Térence s'est davantage moqué des parasites que d'autres types de personnages ?1055. L'anecdote n'est pas autrement connue, mais le personnage est bien connu ; il apparaît dans les didascalies de Térence et est cité par Cicéron comme l'un des meilleurs acteurs de sa génération. Il était aussi producteur de spectacles.1056. Comprendre que la portée de l'adverbe "oppido" est sur l'adjectif "iratum" et non sur le verbe principal sous-entendu (ce qui s'interprèterait : "je l'affirme avec force"). Si l'on faisait une analyse en termes modernes, on dirait que Donat explique qu'ici "oppido" est un adverbe de mot, non de phrase ni d'énonciation, ce qu'il serait si sa portée était sur "aio".1057. Donat donne sans doute ici la clé de son commentaire dont le rapport avec le texte est assez lointain : il s'agit d'une indication scénique complémentaire reposant sur une représentation qu'il a vue ou qu'il imagine. On retrouve une pareille indication en 320, 1 et 321, 1.1058. Le mortier est un objet essentiel pour la cuisine romaine où l'on broie beaucoup, comme on le voit dans les recettes d'Apicius. Cet objet est par ailleurs très ancien puisque Schliemann en a retrouvé lors de ses fouilles dans les ruines de Troie. Caton en fait mention, Agr. 14, 74- 76 mais aussi l'"appendix vergiliana" qui le décrit en détail dans son poème Moretum, consacré en partie à donner la recette d'un plat connu depuis sous le nom de "moretum uergilianum".1059. On n'a semble-t-il pas d'attestation du proverbe que Donat attribue aux paysans. Par ailleurs, Donat joue ici sur le double sens de "intrita" : soupe et mortier ; les "nourritures de ce genre" désignent en effet celles qui, après avoir été broyées dans un mortier, ont obtenu la consistance d'une soupe. Ce double sens de "intrita" est notamment illustré par Pline.1060. Il s'agit de traiter maintenant la seconde intrigue, l'histoire d'amour de Phédria.1061. Les deux personnages se cherchent, ils vont donc inévitablement se rencontrer et s'affronter.1062. Donat se souvient sans doute de Cic., Scaur. 27, 7 et de l'emploi de ce verbe dans les plaidoyers de Cicéron, où il est très fréquemment employé pour l'acte même de la défense : voir par ex. Clu. 70, 14, Sul. 27, 7 etc.1063. Rappelons que les trois choses en question sont, dans l'ordre : le fait que Phanium demeure, le fait qu'Antiphon ne soit pas accusé, et le fait que Phormion prenne sur lui toute la colère du vieillard.1064. Donat fait peut-être ce commentaire parce qu'il craint que l'on ait oublié l'identité de la jeune femme ; elle n'a en effet été nommée que trois fois depuis le début de la pièce (aux v. 201, 218 et 316).1065. Nouveau rapprochement contextuel : si l'on suit Donat, Phormion, qui arrive au moment où il va lui falloir toute sa ruse se prend pour Enée, "furiis accensus et ira terribilis", face à Turnus. Une fois encore le commentaire passe par le jeu littéraire. Visiblement Donat s'amuse tout en approfondissant la psychologie des personnages térentiens.1066. On voit mal pourquoi cette remarque, sinon parce que Donat imagine ce jeu de scène ou l'a vu jouer ainsi. En quoi le fait de ne pas être entendu du parasite est-il en effet plus percutant que de l'être ? Tout simplement parce qu'on peut mentir à un interlocuteur, mais on ne se ment pas à soi-même. Donc Phormion est authentiquement un brave et un ami.1067. On a ici la définition de la maxime à laquelle il manque seulement la mention d'une portée morale.1068. Dans la plupart des cas à Athènes, où est censée se dérouler la pièce, soit on ne met pas les gens en prison, soit ils y sont dans un état de relative liberté. Le fait d'enchaîner les prisonniers est exceptionnel à Athènes et limité à des délits très graves, mais constitue à Rome en revanche une peine prévue pour un certain nombre de délits même relativement mineurs.1069. Le "nervus" (ou bien "numella" ou "boiae") désigne un instrument destiné à empêcher un homme condamné de se mouvoir normalement . Il existait aussi chez les Grecs. C'est un carcan de bois ou de fer. Plaute l'appelle "collumbar" (Rud, 888) car les ouvertures ressemblent à celles d'un colombier. On trouve mention chez lui d'autres punitions pour les esclaves : fers qu'on leur mettait aux pieds, "compedes" (Asin. 548, cités également par Géta, qui en a peur), ou leur variante "pedicae" (Poen. 514), ou "numellae", souvent employés aussi pour maîtriser les gros bestiaux .1070. Les trois solutions proposées exploitent la polysémie du mot "nervus". D'abord on peut penser aux entraves des prisonniers, ensuite à la corde de l'arc et enfin aux nerfs que l'athlète trop zélé peut se froisser.1071. Autrement dit, si Donat peine à établir l'origine de l'expression "in neruum erumpere", il finit par en donner le sens, sur lequel il n'a aucun doute. Donat peut d'autant plus légitimement s'interroger sur l'origine de l'expression "in neruum erumpere" qu'elle n'est attestée apparemment que dans le Phormion, à ce vers.1072. Ici en effet "denique" peut parfaitement être remplacé par "modo" au sens de "à l'instant".1073. On peut donc comprendre que parler par métaphores donne au discours une dimension vaine et bouffonne, c'est-à-dire à la fois drôle et pleine de dérision. Par ailleurs, Donat s'avance peut-être beaucoup : si, comme il l'a dit, il s'agit là d'un parasite de la pire espèce, pourquoi ne pas considérer que Phormion se vante de crimes réels ?1074. C'est-à-dire que l'on n'a pas le balancement "cum...tum...", mais seulement "tum".1075. C'est-à-dire important dans l'ordre social : le citoyen après l'étranger.1076. Voir plus haut par exemple 275, 1 sur l'expressivité des questions.1077. Géta remplit ici le rôle de l'interlocuteur qui vient rompre la monotonie des monologues en relançant la parole. Donat a bien analysé ce phénomène en And. 1, 1 par exemple, où il prête cette fonction au personnage protatique.1078. Autrement dit : verbalement et physiquement. Donat joue sur la métaphore des rapaces utilisées par Phormion. "Os" en latin signifie à la fois la bouche du sycophante et le bec du rapace. Donat montre ainsi le jeu de mots.1079. C'est en effet le cas, car l'autre solution proposée par Donat ,qui consiste à voir dans "enim" une espèce de corrélatif de "quia", est assez acrobatique.1080. Ici, Donat paraphrase le v. 331.1081. Le lien de cause exprimé par l'emploi de "quia" est assez étrange : selon Donat, "fructus" signifie "cibus" parce que le "cibus" est destiné à finir dans le "frumen". On s'attendrait plutôt à ce que le raisonnement, pour qu'il soit plus explicite, soit présenté différemment, presque sous la forme d'un syllogisme : le " fructus"» est destiné à finir dans le "frumen" (c'est ce que traduit la proximité étymologique des deux mots) ; le "cibus" est lui aussi destiné à finir dans le "frumen" ; donc le "cibus" et le "fructus" sont une seule et même chose.1082. Donat paraphrase encore le v. 331.1083. "Frustratur" n'est une reformulation possible de "luditur" que si l'on considère qu'on a affaire au verbe actif "frustro", au passif impersonnel, et non au déponent "frustror", qui a le même sens mais est dépourvu d'emploi au passif impersonnel. Or "frustro" est un verbe archaïque, preuve que Donat aime à parodier le style des Anciens.1084. Il semble que Donat comprenne "aliis alicunde" au sens d'un péril "autre que celui auquel on s'attendait" ; mais il n'est pas obligatoire de comprendre ainsi le texte de Térence ; on peut en effet traduire par : "pour d'autres, il y a un danger d'où ils peuvent retirer quelque chose".1085. Le passé employé par Donat pourrait indiquer qu'il vise ici la législation athénienne de recouvrement des dettes, mais en réalité la procédure visée est la "debitoris ductio", dans laquelle le débiteur indélicat pouvait être détenu dans la maison du créancier qui l'employait à divers travaux jusqu'à ce que la dette soit jugée acquittée par le travail du débiteur. Le parasite se voit donc déjà entretenu par sa victime et sans doute limitant ses services au strict minimum.1086. A Rome, les taux d'intérêt sont souvent exorbitants et les délais de recouvrement de la dette peuvent être très courts. De plus, à époque ancienne, l'obligation pouvait s'étendre à la personne même du débiteur. Ainsi quand il ne pouvait pas payer, il était remis à son créancier, qui pouvait en faire ce qu'il voulait.1087. Parce que dans ce cas, être conduit chez quelqu'un signifie être entretenu ; cf. infra.1088. Référence évidemment introduite par jeu, car la divinité inférieure (Eole) met au rang de ses privilèges accordés par les grands celui de manger à la table des dieux, ce qui rejoint le trait que Donat accuse chez le parasite, l'obsession de la nourriture.1089. Comme il le note lui-même, "rex" n'est pas tout à fait un "nomen relatiuum", même si, selon lui, il fonctionne ainsi dans ce passage. Donat crée donc artificiellement le couple "rex / parasitus", qui lui fait dire que "parasitus" est inutile après "nemo", puisqu'il est contenu dans l'idée même de "rex". De toute évidence, Donat voit ici une plaisanterie : "rex" est un mot sans doute à connotation argotique, comme "le boss, le dabe".1090. Donat manie sans doute ici, implicitement, la notion d'idiolecte.1091. L'adjectif "asymbolus" est également attesté chez Aulu-Gelle (7, 13, 2), où il est présenté comme un synonyme de "immunis" (dans le sens "qui ne donne rien"). Dans ce sens-là ("hoc nomen constat inter parasitos esse confictum atque compositum"), l'adjectif grec "ἀσύμβολος", dont il est un emprunt, est attesté dans les fragments de deux poètes comiques, Amphis et Timoclès.1092. C'est-à-dire l'apparence que doit assurer celui qui reçoit chez lui.1093. Il s'agit donc de deux syllabes phonétiquement très proches : "rin" et "ri".1094. Cf. note du v. 247.1095. Le verbe signifie "grogner en montrant des dents" et peut reposer sur une onomatopée "faire rrrr".1096. Le terme de "procacitas" désigne aussi bien le goût des plaisirs que l'effronterie ; les deux conviennent au personnage de Phormion.1097. Nous "traduisons" ainsi, pour souligner que ce que Donat remarque ici, c'est l'usage archaïque du verbe "decumbere", là où on attend, comme dans l'exemple cicéronien, "discumbere", qui, de toute évidence, appartient à une langue plus moderne.1098. Nouveau jeu intertextuel : "mature ueniunt" désigne dans les Verrines un repas où Rubrius fait boire son hôte Philodamos, un austère sicilien, avant de faire des propositions indécentes concernant la fille de ce dernier. Il n'y a guère de ressemblance textuelle, sinon le verbe, mais le contexte invite les lecteurs de Donat à imaginer jusqu'où va l'emprise des parasites sur une maison.1099. A la lecture du commentaire, Géta n'est sans doute pas le seul à ne pas comprendre, sachant que l'allusion à Rubrius laisse supposer que Donat entend exactement "sumere" au vers suivant avec les connotations obscènes du français "prendre".1100. Donat veut sans doute dire que chaque milieu a ses propres codes, et que les parasites en ont un particulier. Notons cependant que la formulation est pour le moins maladroite. Pour nous "his" est un masculin pluriel et "diuersi actus" un génitif singulier.1101. Il est difficile de comprendre pourquoi Donat introduit ici le superlatif "potissimus" pour commenter le comparatif "potiora" ; peut-être y a-t-il eu contamination avec le commentaire, deux vers plus loin, de l'expression "praesentem deum", que Donat explique en lui donnant comme synonyme "potissimus". On peut également faire le lien entre "potius" et "potissimum" en rappelant que le superlatif relatif est un degré qui, comme le comparatif, implique une comparaison ; mais le superlatif relatif exprime, parmi tous les éléments comparés, le degré ultime ; "potissimus" est donc supérieur à "potior".1102. Le lien entre cette citation et le texte de Térence réside à la fois dans l'emploi du superlatif ("summa" chez Plaute, "potissimum" chez Térence), et dans le fait que Peniculus, le personnage de Plaute, évoque, comme Phormion, une table particulièrement bien garnie.1103. Il y a sans doute ici une légère ironie de la part de Donat, qui semble railler les évidences que formule parfois Térence...1104. L'expression "dii praesentes" est commentée ainsi par Porphyrion Carm. 1, 35, 2 : "Praesens : ita dictum, ut praesentia dicuntur numina deorum, quae se potentiamque suam manifeste ostendunt" (se dit comme quand on dit "praesens" en parlant de la nature divine des dieux qui se montrent à l'évidence eux-mês ainsi que leur puissance), alors que Servius commente quant à lui "praesens dea" (Aen. 9, 142) en glosant "id est ilico, statim" (c'est-à-dire sur-le-champ, aussitôt) et en G. 1, 10 "quorum praesentia favor est" (dont la présence constitue une faveur). On voit que Donat combine deux interprétations possibles, dont on retrouve trace avant et après lui.1105. Autrement dit, l'entrée du vieillard marque la fin de l'excursus, sans rapport direct avec l'argument, où Phormion exposait son mode de vie de parasite et son goût pour la nourriture ; notons que le même type d'excursus se retrouve par exemple dans L'Eunuque, lorsque Gnathon raconte sa façon de vivre en tant que parasite.1106. "Sustinere" implique "tenir sur sa position" alors que "repousser" implique de prendre l'avantage sur l'autre et de le chasser de son terrain. Géta veut dire que le vieux va s'accrocher à sa position et en quelque sorte assiéger Phormion et que Phormion devra donc tenir bon et non simplement repousser l'attaque.1107. Commentaire extrêmement important, parce qu'il met en évidence le schéma explicatif retenu par Donat (cf. Jakobi (1996, 142 et suiv.)). Donat procède exactement comme un rhéteur, il définit le type de sujet ("controversia") et en donne le sujet : "quelqu'un sera forcé… on s'oppose à lui". Pour terminer sa présentation, il définit l'éthos des deux personnages que pourraient jouer les élèves de la classe de rhétorique de manière à donner un cadre à leur travail : l'un sera un bon père de famille, l'autre un vil sycophante. Le verbe "congruere", utilisé pour définir le travail du poète qui fait coïncider les propos de ses personnages avec ces éléments éthiques, complète cette présentation oratoire de la scène.1108. Sur ce commentaire, voir la note du texte latin correspondant.1109. Indication scénique tirée à n'en pas douter de "quaeso", qui implique la présence des "avocats".1110. Le "hoc" du texte latin signifie "cela", c'est-à-dire le signe que fait l'acteur en disant ces mots, en l'espèce l'équivalent de notre signe du doigt sur les lèvres.1111. Non que le pronom marque en lui-même le mépris, mais c'est le verbe "agitabo" qui introduit cette nuance.1112. Ce que remarque Donat c'est que l'interjection "proh" est ici suivie du génitif, ce qui lui paraît incongru, et, de ce fait, il suppose un accusatif exclamatif, "fidem", et un sens proche de "ah, bonté divine". "Proh" interjection, se construit avec le vocatif (exemples chez Térence lui-même, dans Les Adelphes au v. 196, ou chez Cicéron, "pro dii immortales") ; on trouve également "pro deum hominumque fidem" chez Cicéron (Verr, 4, 7). "Fidem" est donc bien la forme attendue du mot dans cette expression.1113. V est le seul des manuscrits de Wessner à attribuer ce fragment à L'Economique de Cicéron, C y voit un passage du Pro Deiotaro, mais de toute évidence, il se trompe.1114. En utilisant une exclamation devenue absolument topique à l'époque de Donat pour traduire l'indignation, Phormion se pose en victime, ce qui ne peut évidemment manquer d'exaspérer Démiphon, qui, d'emblée, va se trouver pris à la gorge, non par la force de l'argument, mais par l'appel à l'évidence que constitue un tel début.1115. Remarque sur la valeur sémantique de l'adjectif démonstratif "hanc", qui a, selon Donat, une valeur déictique (nous dirions qu'il fait référence à un élément inscrit dans la situation d'énonciation, et identifiable par rapport à celle-là, ce que le commentateur nous dit par "quasi notam omnibus"). Donat fait sans doute cette analyse parce que ce pronom-adjectif est celui qu'on rapproche de la première personne, donc de la plus grande proximité par rapport à la situation d'énonciation.1116. Accuser le premier c'est en effet donner l'impression que l'on est la victime et que l'on est certain de son bon droit.1117. Donat a une théorie précise sur l'usage du nom propre : si le nom du personnage est plus honorable que son métier (voir par exemple Eun. 455), il faut le désigner par son nom, dans le cas inverse, il faut le désigner par son métier. Dans tous les cas, répéter un nom propre introduit un élément passionnel, ici la colère feinte et le sarcasme, ailleurs comme dans L'Eunuque (871), la tendresse et l'attachement.1118. Rappelons que Géta fait comme s'il ne voyait pas Démiphon ; c'est pour cela que Donat écrit : "comme absent".1119. L'ambiguïté relevée par Donat est celle du pronom "eius". Fait-il référence à Démiphon ou à Phanium ? Donat nous dit que le sens rend évident qu'il s'agit de Phanium, mais, de fait, la grammaire aussi ; en effet, s'il s'agissait de Démiphon, sujet de l'infinitive ("se"), on aurait "suum", réfléchi direct, et non "eius". Le fait que Donat fasse cette remarque prouve toutefois que son public devait s'accorder quelque liberté avec la syntaxe du réfléchi.1120. A et B se complètent ici parfaitement.1121. Ce qui implique que les vieillards qui le suivent traînent derrière et qu'il les exhorte à avancer. Soit Donat a vu jouer ainsi cette scène, soit il invente une mise en scène cocasse pour interpréter cet impératif.1122. La scholie B compète la A en ajoutant la raison qui explique ce jeu de scène cocasse : Démiphon redoute Phormion et n'ose pas lui parler sans ses renforts.1123. C'est en effet le nom sous lequel Chrémès a fait son deuxième mariage.1124. Le commentateur se contredit manifestement car on sait, et il l'a lui-même noté, que Démiphon est pour le moins près de ses sous.1125. Donat remarque l'emploi du passif impersonnel comme marqueur stylistique de l'euphémisme.1126. Malgré les apparences, ce commentaire n'est pas tautologique. En effet, "parens" peut signifier "père" ou "mère" et il importe ici de trancher cette question.1127. Pour comprendre la remarque de la seconde main, il faut se situer dans la logique de Phormion : si Démiphon dit qu'il ne connaît pas le père de la jeune fille, c'est parce qu'il feint de croire que ce n'est pas Stilphon (voir scholie 5 où la main principale confirme cette lecture). Peut-être faudrait-il déplacer la seconde main ?1128. Donat fait ici remarquer que "parens" pourrait vouloir dire "la mère", mais que, dans le cas précis, il faut bien comprendre "le père". De ce fait, la scholie précédente se complète parfaitement par celle-ci. Donat remarque la variation, puis il l'explique.1129. Ce que Donat pose comme question, c'est de savoir s'il faut faire un seul grief à Démiphon (il fait semblant de ne pas connaître Stilpon), ou deux à la fois (non seulement il fait semblant de ne pas connaître Stilpon, mais en plus il ne s'occupe pas de la petite). Tout repose en fait sur l'ambiguïté du passif "neglegitur", dont le complément d'agent peut être Démiphon ou n'importe qui.1130. Donat joue ici sur le sens de "corona", public d'un procès. Ici, Phormion, en se tournant vers le public, le prend à témoin comme un avocat le ferait au tribunal. D'ailleurs les citations qui suivent renvoient à l'affaire de Catilina et aux célèbres discours cicéroniens.1131. Le texte de Salluste est cité par Donat de façon très elliptique. Le commentateur omet ,après "extollunt", le segment "uetera odere, noua exoptant, odio suarum rerum mutari omnia student, turba". Citation évidemment contextualisée. En renvoyant le discours de Phormion défendant les pauvres aux menées séditieuses de la plèbe qui se jette tête baissée dans la conjuration de Catilina, Donat condamne la basse démagogie de Phormion qui espère apitoyer les juges en jouant le numéro du défenseur des pauvres.1132. A présente ici l'argument contenu de la dernière phrase de B, avant que le commentateur B ne prenne position contre cette lecture. A est sans doute l'œuvre d'un autre commentateur seulement cité par B qui le critique.1133. Cas d'égalité des scholies, qui peuvent provenir d'un original commun abrégé de deux manière différentes. Les scholies 2 en revanche étant propres il faut supposer soit deux commentaires distincts, soit un choix différent opéré par les deux compilateurs.1134. Les éditeurs cicéroniens lisent "nihil ex iis" au lieu de "nihil eorum", et "negauit", au lieu de "negarunt".1135. "Insimulare" a plusieurs constructions. Il peut admettre l'accusatif de l'accusé et le génitif de la faute (c'est le cas ici, "erum" étant l'accusé et "malitiae" la faute), mais aussi l'accusatif de la faute et signifier "mettre en cause", "incriminer", "reprocher" (comme c'est le cas dans la citation de Cicéron, scholie précédente). Donat relève simplement une des constructions du verbe dans le cas présent.1136. Le commentaire invite à se méfier de l'explication étymologique de ce nom. En effet, il pourrait signifier "accusation fausse" puisqu'il s'apparente à "simulare" (faire semblant). Or, ici, l'accusation est fausse, mais, dans l'exemple cicéronien, elle est vraie.1137. Voir la note de la version A, à cet endroit.1138. Démiphon dit en réalité "audacia", et non pas "audax".1139. Sur le sens de cette scholie et sa reconstruction voir la note apposée au texte latin.1140. Cette scholie paraît un résumé succint et maladroit de B.1141. Ce qui attire l'attention de Donat, c'est la reprise (un peu hardie) de l'accusatif "illum" par le nominatif "homo".1142. Le sens de la scholie n'est pas clair. Donat veut-il que l'on comprenne "il le connaissait moins", c'est-à-dire un peu, mais pas autant que Démiphon ?1143. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. Donat veut ici dire que "grandior" ("assez âgé"), bien qu'ayant une forme de comparatif, n'indique rien de plus ou de moins que le positif "grandis", ce qui serait le cas, s'il signifiait "plus âgé". Autrement dit, faute de complément, le comparatif est purement intensif.1144. Cette scholie bien qu'émanant de la même tradition que le reste du commentaire de ce vers paraît contredire complètement la scholie 4 qui donnait à "grandior" le sens atténué d'"assez vieux".1145. Donat joue ici sur le double sens de "grandis" : grand et âgé.1146. Ici A est évidemment une version abrégée de B.1147. Donat isole ici un sème de "uita" par synonymie. Cf. 164. 2 et 3.1148. B n'a pas le même texte que A pour Térence ; il donne en effet "cui opera uita erat". Ce qui explique notre scholie : "opera" est l'ablatif (sans préposition) de "opera, ae", f. et non "opus, operis", n. comme dans A, et a donc la même désinence (sans parler des quantités) que le nominatif "uita". Il s'agit donc de préciser que, bien qu'ils soient à côté, ils ne sont pas au même cas. Sur le septième cas, cf. Donat, Ars maior, 625, 4 (de nomine).1149. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. Cette notation, évidemment tout à fait acceptable pour un chrétien, n'est pas forcément d'origine chrétienne et peut être le fait d'un commentateur antique. La "continentia" fait partie des vertus stoïciennes. Ce texte peut donc être une vraie scholie antique, même s'il ne se rapporte pas directement à la situation dramatique de Térence, le commentateur prenant prétexte de ce mot pour une petite note mi-morale mi-lexicologique.1150. Le scholiaste B analyse ici le mécanisme du pathétique de l'"argumentalis narratio", qui est faite non pour éclairer sur l'affaire elle-même, puisqu'il s'agit d'une digression sur le père de la jeune fille, mais pour impressionner favorablement l'auditoire en le touchant. C'est ce que résume très clairement 365 A 1, mais on notera que B n'est pas aussi explicite.1151. Compassion pour "Stilphon", et révolte contre Démiphon qui laissait "Stilphon" dans le dénuement. "Inuidiose" n'a donc pas le même sens qu'en 352B, où il signifiait "avec malveillance".1152. Ce qui apporte "plus de crédibilité", c'est que, alors qu'il donne dans le pathétique, Phormion est assez rusé pour ne pas en ajouter : ce vieillard modèle de toutes les vertus ne se plaint pas de son parent, il se contente de raconter objectivement ses malheurs. De ce fait il devient irrésistiblement sympathique.1153. On pourrait en effet considérer "hunc" comme le sujet de "neglegere", et "se" comme le complément d'objet direct de "neglegere", mais ce serait un contresens.1154. Il semble que Donat oppose ici la "causa", qui traite de personnages précis, à la "quaestio", qui traite de sujets généraux. Il dit en effet que c'est une "causa" parce qu'il ne s'agit pas de réfléchir sur les questions de parenté en général, mais sur un cas d'espèce.1155. Ici encore A résume clairement B, mais on voit dans A 2- 3 une succession de scholies assez peu cohérentes pour témoigner d'une compilation que le commentateur n'a pas complètement lissée.1156. Dans les procès, il arrive souvent, en effet, que les inculpés doivent cacher leur origine pour éviter de se discréditer ; ce n'est pas le cas ici, bien au contraire, d'où la remarque du commentateur.1157. Donat explique "in uita" par "cum uiueret" (mot à mot "tant qu'il vivait"), ce qui a l'air complètement tautologique. En réalité, on peut comprendre ce commentaire de deux façons. Ou bien Donat indique que l'expression "in uita" peut renvoyer soit à la durée de la vie, soit à ce qu'on fait durant sa vie, ce qui est expliqué par la fin de la scholie, ou bien il veut qu'on comprenne qu'il s'agit bel et bien du père de la jeune fille et donc "cum uiueret" signifie "in uita eius" et empêche de comprendre "in uita mea", le second commentaire restant le même, non plus la durée mais le contenu de "sa" vie et non de "la mienne". On peut aussi penser à une autre explication sans aucun rapport avec celle-ci et entièrement morphologique et orthographique. Peut-être Donat veut-il nous dire que "in uita" est en deux mots (ce n'est donc pas l'adjectif "inuita"), et qu'il s'agit du "uita" qui signifie "vivre" ("cum uiueret") et qui vient de "uiuus" ("quod a uiuo fit"). Cette explication serait alors purement gratuite car le texte térentien ne présente aucune ambiguité à cet égard.1158. Dans un contexte très compliqué où les interprétations se multiplient, de façon contradictoire, comme le montre B, A met un peu d'ordre et sélectionne une interprétation didascalique à la fois simple et assez petinente. B paraît au contraire fournir dans le plus grand désordre un catalogue d'explications entre lesquelles le commentateur ne tranche pas.1159. Indication didascalique : Géta doit dire cela de manière à être entendu de Phormion avec qui tout est organisé et qui s'en moque, mais surtout de Démiphon qui croira ainsi que Géta est de son côté en voyant comment son esclave le défend.1160. Plus que "uidisti", ce qui manque c'est "eumdem", mais Donat comprend clairement "uideas te eumdem atque illum uidisti ut narras" (fais en sorte de te voir identique à celui que tu as vu, d'après tes dires), c'est-à-dire "le meilleur des hommes".1161. Si tel est le cas, Géta est stupide et compromet la réussite du plan de Phormion. Cette scholie paraît donc à la limite du contresens.1162. Sur l'établissement du texte, voir la note apposée au texte latin. Si "in malam crucem" est employé de façon adverbiale, c'est parce que Donat voit bien dans "in", non pas la préposition, mais le verbe "is" suivi de la particule interrogative "ne", comme "audisne" donne "audin". Dans cette configuration plus que probable, "malam crucem" sans préposition fonctionne comme une sorte d'adverbe, et de même "huic uiciniae" (datif directif).1163. Ici, et dans la suite du lemme, Donat paraphrase Térence.1164. Donat explicite l'adverbe "ita".1165. Ici les deux scholies se complètent parfaitement.1166. Là encore, Donat commente la valeur sémantique du démonstratif de P 1 "hic", "haec", "hoc", comme un déictique. Bien que la personne en question ne soit pas présente, la situation d'énonciation fait que l'on sait très bien de qui il est question.1167. Les deux traditions se complètent, mais A fait de la lexicologie, alors que B fait de la syntaxe.1168. Citation en contexte, qu'il faut allonger un peu pour comprendre l'apodose : "me puer Ascanius capitisque iniuria cari, / quem regno Hesperiae fraudo et fatalibus aruis" (l'enfant Ascagne et l'injustice que je fais à une tête chère, lui que je frustre du royaume d'Hespérie et des terres que lui offre le Destin). Mais ce n'est certainement pas cette apodose peu marquée qui intéresse Donat. Ce qui lui plaît ici, c'est le jeu sur les contextes. Phanium est comparée à Ascagne, ce qui évidemment ajoute du pathétique à la sitaution et aide le commentateur à faire sentir ce qu'il trouve de pathétique au discours inventé par Phormion.1169. Cette citation est tronquée dans les manuscrits de Donat (voir note au texte latin). Arusianus Messius (GL VII, 504, 10) nous donne une phrase complète pour commenter l'emploi transitif de "queror". Il lit "nam Sullae dominationem queri non audebat" (de fait il n'osait se plaindre du pouvoir absolu exercé par Sylla). Comme Donat ne s'intéresse nullement à "queror", mais uniquement à la disjonction entre "dominationem" et "qua", il coupe sans doute lui-même cette citation qui devait être par ailleurs bien connue, tant est grande la renommée de Salluste dans les écoles tardives.1170. Parce qu'à l'époque de Donat l'adverbe "illiberaliter" a pris un sens très atténué"de façon mesquine".1171. Donat commente ici sa citation des Adelphes et non le texte du Phormion où il n'y a pas d'auxèsis.1172. Les deux scholies 2 montrent que A a abrégé B (référence à Probus), mais la scholie A 1 peut provenir soit d'un passage que le compilateur de B n'a pas retenu, soit d'une autre source.1173. Donat veut en fait dire qu'il faut graphier "pergi'n", pour "pergisne". L'emploi du terme παρένθεσις semble indiquer que le signe d'apostrophe doit se trouver à l'intérieur du mot et non à la fin de celui-ci. Il s'agit d'une remarque de graphie et nullement d'un commentaire rhétorique comme "apostrophe" ou "parenthèse" pourraient le laisser croire.1174. Wessner a répondu à distance à la question de Probus. Cela se trouve chez Plaute, Truc. 265. En tout cas, la manière dont la scholie est rédigée laisse supposer que le compilateur soit a déjà trouvé dans sa source la référence à Probus soit l'a mentionnée lui-même. Cela prouve que cette scholie ne peut être de Probus lui-même.1175. Le compilateur donne ici une précieuse indication sur l'usage graphique dans son exemplaire. Au lieu d'écrire"ain" qui se rencontre également, l'éditeur de son exemplaire a graphié "ai'n", pour montrer qu'il y a là une forme contractée. Peut-être le fait que A n'en dise rien peut-il indiquer que l'exemplaire consulté par A ne porte pas ce signe.1176. On a ici la même source que A, mais B ici abrège, à moins que ce ne soit A qui abrège B mais développe un peu la seule scholie qu'il retient.1177. Passage déjà cité en And. 183, 2 pour commenter "carnifex".1178. Deux scholies identiques, bien que formulées différemment.1179. C'est un extorqueur parce qu'il a voulu récupérer les biens de la jeune fille à son profit (au moins le fait-il croire !), c'est un falsificateur de lois, parce qu'il a essayé de forcer Antiphon à épouser Phanium en jouant sur la loi de l'épiclérat.1180. A reprend B 2 et élimine le reste.1181. Autrement dit : Géta fait semblant de ne pas voir Démiphon, pour que celui-ci pense que ce que Géta dit contre Phormion, il le dit sincèrement.1182. Etonnante analyse qui peut reposer sur une anecdote remontant à l'époque de la création de la pièce ou à une représentation réelle. Le public, dont on sait que, lors des comédies, il est fort agité, voyant Géta agonir d'injures le personnage antipathique de Phormion aurait pu avoir la tentation d'y aller de son propre couplet. Pour peu que Phormion eût trouvé des défenseurs, le spectacle pouvait rapidement se transporter sur les bancs du public.1183. Autrement dit, comme s'il lui révélait qu'en son absence l'autre n'avait cessé de médire sur lui.1184. Donat commente ici évidemment "seque dignas".1185. A paraît une reformulation assez libre de B.1186. Citation en contexte, puisqu'il s'agit de donner à Ulysse une leçon de parasitisme. Donat creuse ainsi la psychologie de Démiphon qui sent que son esclave en fait trop pour être vraiment sincère.1187. Donat reprend à son compte la traditionnelle division des âges en "puer", "adulescens", "iuuenis", "senex" et constate que le vieillard, en appelant Phormion "adulescens" semble le rajeunir car le "iuuenis" a entre 18 et 30 ans. Il est fort peu probable que le parasite soit un "adulescens", comme Antiphon et Phédria dont les règles de la comédie veulent qu'ils appartiennent à la tranche des "adulescentes".1188. Citation utilisée en contexte : le sage roi Latinus reprend Turnus qui vient de proposer d'affronter seul Enée. Comparer Phormion à Turnus introduit évidemment une sorte d'acharnement antipathique dans le personnage comique et comparer Démiphon à Latinus évite le ridicule au vieillard.1189. Les deux scholies 2- 3 portent en réalité sur l'emploi de "mihi", considéré par Donat comme ouvertement emphatique et posant le vieillard comme une personne à laquelle on doit le respect. La première citation virgilienne identifie ici Démiphon à Priam et Phormion au parjure Sinon. Quant à celle des Bucoliques, elle s'explique moins bien si l'on tient compte du fait que Ménalque qui pose la question est plus jeune que Damète, mais prend tout son sens si l'on considère que, dans la tradition interprétative du texte dans l'Antiquité, Ménalque est identifié à Virgile. Il n'est pas impossible que Donat s'autocite ici commentant ce passage.1190. Ce commentaire se trouve déjà en And. 353, 3 par exemple. Le commentaire peut correspondre à un état de langue contemporain de Donat, mais sans doute nullement à ce qu'on entendait à l'époque de Térence où "aio" a bien le sens de "dire oui", donc "affirmer" et s'oppose à "nego". Voir par exemple Cic. Rab. Post. 35 : "aiunt quod negabant" (ils affirment ce qu'ils niaient), ou encore Cic. Off. 3, 91 : "Diogenes ait Antipater negat" (Diogène dit oui, Antipater non).1191. Cf. 130, 2.1192. A et B se complètent parfaitement.1193. Cette remarque étymologique de Donat s'explique peut-être par la rareté du terme qui a pratiquement totalement disparu dans la langue tardive et que, probablement, les élèves de Donat considèrent avec scepticisme et comprennent mal.1194. Cf. Augustin, Regulae, GL V, 518, 13 : "sunt aduerbia significationem numeri habentia, ut semel bis ter ; [...] similitudinis, ut sic quasi" (il y a des adverbes qui ont un sens numéral, comme "semel", "bis", "ter" ; […] un sens de comparaison, comme "sic" et "quasi").1195. Citation virgilienne en contexte : Turnus reproche violemment à Drancès de l'encourager à la lâcheté en conseillant la diplomatie plus que la guerre. Encore une fois, Phormion le querelleur est rapproché du Rutule.1196. C'est-à-dire que "nosse" est le complément des deux verbes "nego" et "ais".1197. On peut comprendre soit que le commentaire porte sur l'ensemble du vers et qu'il s'agit d'une expression devenue une sorte de proverbe dont on n'a nulle autre trace, soit qu'il ne porte que sur "eho tu" qui est une marque de parler populaire. La deuxième hypothèse est plus probable.1198. A et B se complètent parfaitement.1199. La définition donnée par Donat est plus large et moins claire que la définition généralement admise (voir définition dans le thésaurus) ; en revanche, l'éthos de la figure est très clairement établi par les deux références : le passage de Cicéron relie clairement la figure à l'invective (ici contre Catilina), tandis que celui de Virgile reprend un exemple déjà utilisé plus haut, l'apostrophe extrêmement violente de Turnus à Drancès et associe la figure à la véhémence.1200. La scholie, malgré les apparences, porte sans doute sur la ponctuation. En isolant le segment "Stilphonem inquam", ce qui est assez naturel, Donat peut remarquer qu'à l'affirmation "Stilpho est" devrait répondre la reprise "Stilpho, inquam" (Stilphon, dis-je), dans laquelle "Stilpho" n'est pas régi par "inquam". D'où la présence d'une syllepse.1201. A et B se complètent.1202. Parce que nous savons, comme les autres assistants, que Démiphon aime beaucoup l'argent.1203. Le temps de ce verbe est intéressant pour dater cette scholie. En effet, le commentateur paraît faire référence à un état de fait passé, ce qui ne peut convenir s'il écrit au IVe siècle où la pratique est bien celle des héritages pécuniaires. Faut-il voir ici la trace d'une rédaction tardive, voire médiévale ?1204. Puisque le talent est une monnaie grecque.1205. B complète A.1206. Il s'agit de l'injure que Phormion vient de lui faire en sous-entendant qu'il était cupide et intéressé.1207. Analyse très subtile du mécanisme par lequel Térence construit l'affrontement des personnages. En refusant de répondre aux insultes de Phormion, Démiphon marque en réalité des points, d'abord parce qu'il se montre modéré, mais aussi et surtout, parce qu'en refusant de s'énerver et en restant dans l'affaire, il met Phormion en danger. Celui-ci va devoir en effet lui répondre et donc inventer de nouveaux mensonges qui pourront permettre à Démiphon de le confondre. On voit bien ici comment la référence à la rhétorique judiciaire est utilisée par le scholiaste comme un moyen de montrer l'efficace de la parole théâtrale.1208. Cf. scholies 130, 2 et 381 A.1209. Cette figure "reposant sur la rupture" (voir la note apposée au texte latin pour la restitution de ce texte) paraît ici impliquer des notions de métrique et de scansion comme c'est le cas chez Denys d'Halicarnasse Comp. 22 : "ὅτι βούλεται μὲν εἶναι βραχεῖα ἡ πρώτη συλλαβὴ τοῦ κλυτάν, μακροτέρα δ' ἐστὶ τῆς βραχείας ἐξ ἀφώνου τε καὶ ἡμιφώνου καὶ φωνήεντος συνεστῶσα. τὸ δὲ μὴ εἰλικρινῶς αὐτῆς βραχὺ καὶ ἅμα τὸ ἐν τῇ κράσει τῶν γραμμάτων δυσεκφόρητον ἀναβολήν τε ποιεῖ καὶ ἐγκοπὴν τῆς ἁρμονίας. εἰ γοῦν τὸ κ τις ἀφέλοι τῆς συλλαβῆς καὶ ποιήσειεν ἐπί τε λυτάν, λυθήσεται καὶ τὸ βραδὺ καὶ τὸ τραχὺ τῆς ἁρμονίας" (C'est d'abord que la première syllabe du mot κλυτάν exige d'être brève, mais elle est plus longue qu'une brève, étant constituée d'une consonne, d'une liquide et d'une voyelle. Le fait que ce ne soit pas une pure brève et la difficulté de prononciation qui vient du mélange des phonèmes ralentissent le débit et créent une rupture dans l'arrangement. Si l'on enlevait le kappa de cette syllabe, on aurait alors ἐπί τε λυτάν, on éviterait cet effet de lenteur et de rudesse dans l'arrangement). Ici Donat remarque probablement le segment "cognata ea esset" avec des heurts de voyelles et lui applique la remarque qu'il trouve chez ses collègues grecs pour ce type de phénomènes phonétiques. Le fait qu'il dise "par rupture" et non "rupture" montre d'ailleurs que, comme chez Denys, la figure d'enkopè en tant que telle n'existe pas. Il s'agit d'un défaut oratoire qui, dans des cas précis, sert à une figure, autrement dit une sorte de métaplasme.1210. On voit mal le sens de la remarque, puisque Géta n'a aucun intérêt à ce que Phormion soit vaincu par Démiphon, car cela mettrait son maître dans une situation impossible. Peut-être faut-il comprendre que Géta veut pousser son maître à plus de combativité ?1211. Donat indique ainsi une portée métathéâtrale de la remarque. On sait que Térence, à la différence de Plaute, ne brise jamais l'illusion théâtrale, toutefois ici Géta peut jouer le rôle du public.1212. Le commentaire rétablit l'ordre des mots habituels dans une structure où l'antécédent a été attiré dans la relative.1213. De fait, en traitant son fils de sot, Démiphon espère couper Phormion dans son élan. Ce commentaire est sans doute un peu forcé, car cette réplique paraît presque être une remarque du vieillard pour lui-même.1214. Phormion peut se livrer sans souci à cette attaque contre la tyrannie de Démiphon puisqu'on sait qu'on ne peut rejuger une affaire déjà jugée. Phormion est donc tranquille.1215. Cette figure est presque une sorte de pléonasme, puisqu'elle consiste à répéter une conjonction, ce qui est inutile en latin. Donat organise de manière très pédagogique ses exemples : le premier illustre l'absence de zeugme puisque "quam" est répété, le second, le zeugme de la première catégorie où "propter quam" n'est pas répété induisant ainsi la figure. Le troisième exemple montre une forme semblable à la première avec répétition de la conjonction, mais l'ordre des mots y est bouleversé "ut neque", "neque ut", ce qui peut rendre la perception de la figure plus délicate.1216. A défaut de l'épouser lui-même, Antiphon pouvait la doter et l'envoyer se chercher un autre mari. On notera que la loi citée par Térence est assez élastique dans sa formulation puisque dans sa première occurrence il n'est pas précisé que le parent puisse doter l'épiclère.1217. Donat, sans doute.1218. A et B se complètent.1219. Sur la force de l'interrogation comme vecteur de véhémence, voir ailleurs par exemple 275, 1 ; 329, 1.1220. Une autre differentia pour ces mêmes termes est donnée en And. 5.1221. La portée de cette remarque nous échappe.1222. Donat se souvient sans doute ici de ce passage de Sénèque (Ep. I, 4, 6-7 : « nullum bonum adiuuat habentem nisi ad cuius amissionem praeparatus est animus ; nullius autem rei facilior amissio est quam quae desiderari amissa non potest. » (la possession ne plaît qu'autant qu'on s'est préparé d'avance à la perte ; or nulle perte n'est plus facile à souffrir que celle qui ne se regrette point).1223. Voir le commentaire de Donat ad loc.1224. L'idée de volonté est incluse dans la finale introduite par "ut ne".1225. La notion de proverbe est inspirée à Donat par la troisième personne du pluriel indéterminée "aiunt".1226. Même commentaire par exemple en Eun. 54 ; Pho. 208.1227. A et B se complètent mais on notera une redondance assez étrange dans la scholie A comme si le compilateur avait laissé subsister deux scholies identiques.1228. Démiphon est ici comparé à Enée qui, au moment de fuir Troie, montre toute sa piété. Encore une fois le rapprochement valorise Démiphon.1229. Comprendre "il a la même racine qu''ineptia'", les latins n'ayant pas de moyen linguistique ou typographique d'isoler une racine dans un mot.1230. A et B se complètent.1231. Donat commente ici "nam tua praeterierat iam ducendae aetas", qui est une pique de Phormion contre le vieux Démiphon.1232. Sans doute, en raison de la forme d'impératif futur "putato", qui relève en dehors de la comédie des textes législatifs. Démiphon, en tant que "pater familias", fixe l'arrêt qui règlera la conduite de la famille.1233. Donat semble accorder ici une valeur péjorative à "hac", ce qui demeure assez douteux.1234. Noter que, à première vue, les deux équivalents que donne le compilateur ne sont absolument pas équivalents et modifient nettement le sens du vers suivant que l'on choisit l'un ou l'autre. Il faut donc y voir non pas une succession de deux synonymes, mais une étymologie suivie d'un synonyme.1235. Phormion insiste ici avec une sorte de pathétique sur le besoin qu'aura rapidement Démiphon de quelqu'un pour s'occuper de lui.1236. A et B se complètent.1237. Les personnages se quittent en effet sans se saluer.1238. La scholie porte plutôt sur "domo me", malgré le lemme. Il faut comprendre "domo me accersat" (qu'il me tire de la maison) par exemple.1239. Pour une fois Donat n'introduit pas de modalisateur devant l'énoncé de l'exercice rhétorique, sans doute parce qu'il s'agit bien de la délibération (ici bouffonne) qui suit la présentation des arguments des deux parties.1240. C'est-à-dire, comme nous éditons, et non comme il est aussi possible de comprendre "Ego cratinum censeo" (moi je suis d'avis que Cratinus).1241. Il s'agit d'une remarque de topique ; pour qu'un conseil soit agréé il faut 1- que le donneur de conseil soit jugé digne d'estime, 2- que le conseil montre de la bienveillance envers celui à qui il s'adresse.1242. S'il critiquait Cratinus, Hégion se mettrait en situation de dévaloriser son conseil, car il se montrerait guidé peut-être par l'inimitié personnelle contre Cratinus. En se contentant de critiquer son avis, il ne s'expose à aucun soupçon d'inimitié personnelle. Térence et surtout son commentateur s'amusent fort de cette parodie de procès.1243. Dire qu'une chose impossible est utile est absurde. Il n'y a donc comme arguments utilisables que le possible (on ne peut pas revenir sur l'autorité de la chose jugée) et l'honnête (tenter une telle manœuvre serait indigne).1244. En proposant de repousser le jugement, Criton ne dit en effet rien qui puisse éclairer Démiphon.1245. Peut-être allusion contextualisée de façon amusante par le commentateur, mais en l'absence du contexte sallustéen, il impossible de le prouver.1246. Donat fait commuter "cum istoc animo" avec "huius animi". D'une part, il donne comme équivalent, à une structure en "cum" + ablatif un peu étonnante, un complément de qualité au génitif, d'autre part ce dernier présente un adjectif démonstratif déictique, "huius", de P1, alors que "istoc", dans la structure concurrente, est associé à la P2, ce qui se conçoit parfaitement ici. Mais comme on l'a déjà dit (Cf. 352. 1 et 370 B 1), "hic", "haec", "hoc" comme déictique de la plus grande proximité se justifie également, et on remarque que Donat a déjà insisté sur cette valeur sémantique auparavant. Peut-être s'agit-il de la suite de son "cours" sur ce point précis.1247. Ces deux citations expriment un regret (d'ailleurs rendu dans l'un et l'autre cas grâce à l'utilisation de l'infinitif parfait, respectivement "inuidisse" et "commisisse") ; on peut donc considérer que les personnages qui les profèrent (Diomède chez Virgile, et Pamphile chez Térence) haussent le ton et font preuve d'emphase, et donc, dans une certaine mesure, qu'ils "jouent un rôle", qu'ils se mettent en scène, ainsi que leur regret.1248. De "dedisse" à "credidisti". Cette remarque, qui ne semble pas d'une utilité extrême, permet sans doute de commenter l'infinitif exclamatif du vers précédent. Noter que le lemme n'a aucun rapport avec le texte commenté.1249. "Potiretur" est également syntaxiquement correct dans ce vers. Pour le sens, il est à peu près équivalent, mais "potiretur" est sans doute plus expressif, ce qui explique qu'il ait été choisi par les éditeurs modernes. Métriquement, les deux variantes sont indifférentes.1250. En effet, cet accord se manifeste par le fait qu'Antiphon et Géta manœuvrent de concert pour berner le vieillard, qui représente, pour l'un et l'autre, l'autorité.1251. Généralement, les Modernes tiennent ces termes pour synonymes, ce qui n'est pas le cas de Donat, qui distingue entre ce qui porte sur des arguments ("refutatio"), comme l'indique le mot, qui oriente vers le sens de "réfuter", et ce qui en est la conséquence sur la partie adverse, qui se trouve ainsi "confondue" ("confutatio"). Au départ, ces deux termes ne semblent pas appartenir à la même tradition oratoire puisque "confutatio" ne se rencontre que dans la Rhétorique à Herennius et jamais chez Cicéron, qui dit "refutatio" comme Quintilien. Mar. Vict. Cic. Rhet. 1, 8, 179 montre bien que le mot "confutatio" en est venu à son époque, qui est aussi celle de Donat, à désigner la division du discours traditionnellement nommée "refutatio". Mais les exemples tardifs montrent également que ce terme s'emploie effectivement plutôt pour des personnes que pour des arguments.1252. Il manque en effet le verbe de la principale.1253. Sans doute s'agit-il de Géta qui, à la différence d'autres esclaves de comédie, n'est pas enclin à se vanter de ses succès, ce que confirme la scholie suivante.1254. Il y a ici comme un souci, de la part de Donat, d'excuser et d'expliquer l'idée, assez peu morale, que le neveu ne souhaite pas voir revenir son oncle sain et sauf de voyage. Donat précise donc, dans un premier temps, que cette idée est empruntée à Apollodore, ce qui disculpe Térence ; puis il émet l'hypothèse – qui, cette fois, disculpe Antiphon lui-même – que le jeune homme ne souhaite pas véritablement voir son oncle disparaître, mais qu'il craint simplement son retour.1255. Géta pense évidemment aux exercices physiques et sudatoires que Phédria se donne grâce aux bons offices du "leno" qui lui permettent de voir sa bien-aimée.1256. Donat poursuit dans la logique judiciaire qui a été la sienne jusqu'ici. Si la réclamation peut entraîner une délibérative, c'est parce qu'elle suppose que la personne à qui on la fait va devoir examiner le bien-fondé de la requête.1257. C'est-à-dire qu'il ne faut pas y voir une conjonction de subordination. "Quin" est ici adverbe exclamatif, avec un impératif.1258. Il manque, en effet, un verbe dans cette expression, ce qui contribue à en atténuer la dimension menaçante. L'aposiopèse est sur "ne aliquid" qui laisse présager le pire, et l'euphémisme sur "suo suat capiti" qui atténue la menace.1259. En effet, de même qu'Antiphon dit, par euphémisme, "suo capiti" pour désigner Phédria, Didon parle du "Dardanium caput" pour désigner Enée.1260. "Bien", car sans doute à la fois drôle (parce que Phédria veut tellement être cru qu'il en rajoute de manière infantile) et supposé efficace pour convaincre le "leno".1261. Parce qu'il est honorable d'être traité par quelqu'un à l'égal d'un parent légitime.1262. La phrase en effet ne se termine pas parce que Dorion coupe Phédria.1263. Donat souligne ici que les "falerata dicta" qu'évoque Dorion ne sont pas les propos tenus juste auparavant par Phédria (dans lesquels il reprochait à l'entremetteur son inflexibilité), mais ceux qu'il a prononcés quelques vers plus haut, et dans lesquels il qualifiait le "leno" de "parens", de "pater" et d'"amicus". Cf. Servius Aen. 5, 310 : "'phaleris' equorum ornamentis ; sermo graecus est" ("Phaleris" : ornement des chevaux. C'est un mot grec). Isidore de Séville relève également l'origine grecque du mot. Il est curieux que Donat, qui aime à signaler ce qui est d'origine grecque chez Térence, ne commente pas l'origine de ce mot.1264. Il s'agit vraisemblablement de l'ironie d'Antiphon à l'égard de Phédria : le jeune homme a pitié de son cousin amoureux, et le raille pour sa faiblesse ; mais peut-être l'ironie qu'évoque Donat est-elle celle d'Antiphon envers Dorion : en disant "misertum est", le jeune homme pourrait souligner, par antiphrase, que l'entremetteur reste inflexible et ne prend pas pitié de Phédria. Donat comprend peut-être cette réplique dans ce sens ; cela justifierait en effet totalement l'emploi du terme εἰρωνεία.1265. Alors que, bien entendu, Dorion parle de lui-même.1266. Donat ne distingue pas le futur antérieur du subjonctif parfait.1267. La paronomase, réputée archaïque, est dans le choix de termes phoniquement proches et à initiale identique "ferentem" et "flentem" ; la conformité au caractère se comprend par rapport au personnage de l'amoureux, volontiers impatient et pleurnichard.1268. Contrairement au "olim" employé par Térence au v. 9, et que Donat commente aussi.1269. Ce qui implique que "ne" est une particule interrogative et non l'adverbe d'affirmation "ne", que l'on écrirait détaché. La remarque a donc vocation à élucider une ambiguïté orthographique.1270. Donat semble indiquer qu'il y a ambiguïté sur "haec", qui peut désigner "haec dies" ou bien "la fille" elle-même. Effectivement le pronom peut être ambigu. Cela fait le jeu de Dorion.1271. Si "antecessit" est plus fort que "praeteriit", c'est parce que, en disant "antecessit", l'entremetteur fait preuve d'une hypocrisie et d'une désinvolture qu'il n'aurait pas manifestées en se contentant de répondre "praeteriit".1272. On voit mal où dans la pièce, sinon dans la réplique qu'il vient de prononcer.1273. Donat rappelle ici le leitmotiv qu'est, dans la comédie, la vénalité des "lenones".1274. Il y a agencement en effet, parce que l'intrigue va désormais rebondir sur la question du rachat de la courtisane, qui va motiver le transfert d'argent qui va suivre.1275. Puisque, tandis que Phédria se lamente en disant "quid faciam ?", Antiphon est pris du désir de l'aider, et demande donc à Géta de soutirer de l'argent à Démiphon.1276. Sur le sens de cette remarque, voir la note apposée au texte latin.1277. Sur le sens de cette étymologie et sa probabilité, voir la note du texte latin.1278. Parce que le mot "preces" ne s'emploie d'ordinaire qu'au pluriel en langue "classique" (sauf chez les comiques et dans la vieille langue), Donat fait remarquer que cet emploi singulier, loin d'être un solécisme, est bel et bien une forme correcte et même élégante quoique archaïque. Lactance, le Cicéron chrétien, écrit Inst. 5, 19, 32 : "quis hic malae menti aut malae preci locus est ?" (quelle place y a-t-il ici pour un esprit pervers, ou une prière perverse ?). Le singulier est d'ailleurs très bien attesté en langue tardive chrétienne, mais Donat s'en tient strictement à l'usage classique apparemment. Le mot se trouve en And. 601, où il n'appelle aucun commentaire.1279. Donat a utilisé le mot "pedetemptim", assez rare, en Eun. 116, pour une forme particulière de l"'insinuatio" qu'il appelle "basis".1280. Donat souligne ici une fluctuation dans l'attribution des mots "pedetemptim tamen" : c'est normalement Géta qui les prononce à l'attention de Phédria, afin de l'engager à n'être pas trop téméraire ; mais, à en croire le commentateur, c'est, selon certains, Antiphon qui les dit à l'attention de Géta.1281. Evidemment, vu avec les yeux de l'amour, demander 30 mines, ce n'est rien pour une beauté qui n'a pas de prix. Cela fait quand même 6000 drachmes soit, pour ce que pouvait connaître le public de Térence du cours contemporain de la drachme, quelque chose comme près de 17 kilos d'argent.1282. En effet, Térence se contente de préciser, en passant, les raisons qui ont conduit Chrémès à s'absenter si longtemps d'Athènes ; pour autant, ce "simple récit" est aussi l'occasion d'informer le public que ce même Chrémès avait une fille qui est rentrée à Athènes avant lui.1283. Donat veut faire comprendre qu'il faut ici entendre non pas "supporter une condition", mais bel et bien le sens précis de cette expression "chercher un parti pour quelqu'un". "Dicimus" est sans doute assez exagéré car l'expression n'est guère usitée hors de la langue comique.1284. C'est peut-être l'ordre des mots qui est "mire admixtum" : le verbe principal "scibam" est en effet rejeté après la proposition infinitive qu'il introduit et après une longue proposition comparative qui complète celle-ci.1285. De quel mariage Donat parle-t-il ici ? Sans doute de celui du fils de Chrémès, car, comme le mariage clandestin de Chrémès lui-même, à Lesbos, a déjà eu lieu, on ne comprend pas bien ce que signifierait "ante nuptias". Ce que veut donc dire le commentateur ici, c'est qu'un étranger à la famille pourrait abandonner le parti de Chrémès avant ou après le mariage de son fils, c'est-à-dire en apprenant ce projet ou une fois qu'il se serait réalisé. On le voit, Donat s'éloigne ici du texte de Térence, puisque ce que le poète écrit, c'est que Chrémès craint qu'un ami quelconque ne l'abandonne après avoir appris son mariage clandestin, et qu'il n'aille tout révéler à sa véritable femme, Nausistrata.1286. Si on lit "excutiat", le sujet est Nausistrata, qui chasserait son mari de la maison.1287. Donat commente ici l'emploi de "donec" avec l'indicatif. Sur la portée de cette citation, voir ci-dessus Pho. 420 B.1288. Sans doute à mettre en rapport avec l'emploi d'"homo" en comédie, souvent noté par Donat. Voir par exemple Pho. 292, 1-3.1289. Référence très amusante et choisie à dessein. Salluste s'en prend à ceux qui, dédaignant les grandes entreprises, se contentent d'une vie qu'ils subissent. Ici le rapprochement laisse penser que Géta trompera si bien l'"hospes" qu'il subira toute l'intrigue sans rien pouvoir faire pour s'en sortir.1290. Rappelons que Donat classe sous le nom de "nomen" y compris ce que nous appelons nous "adjectif". De fait "uolup" et "facul" sont des adjectifs indéclinables et apparemment neutres, comme "nefas" et "necesse".1291. On peut comprendre le "hoc" de "hoc uolup" comme un marqueur d'autonymie, équivalent du "τό" que Donat utilise parfois ; mais il faut sans doute le considérer plutôt comme une manière d'introduire un neutre singulier, d'où notre traduction pour "hoc uolup" : le neutre "uolup". On notera par ailleurs que l'on trouve "hoc", dans le même sens, au lemme suivant, ainsi que "haec", qui est une manière d'introduire un neutre pluriel ; utiliser successivement "hoc" et "haec" permet à Donat de souligner la différence entre neutre singulier et neutre pluriel, différence qui est au cœur de son propos dans son commentaire du vers 611.1292. Donat considère que la forme pleine du mot est "uoluptas" ou "facultas". La même idée se trouve chez Diomède GL I, 452. "Volup" provient effectivement d'une apocope, mais de "uolupe", neutre de "*uolupis", qui n'est plus attesté que chez les comiques dans l'expression figée "uolup(e) est" (il m'est agréable). Le DELL d'Ernout-Meillet fait de "uoluptās" un dérivé de "uolup", suivant le raisonnement inverse de Donat et de Diomède. La forme "uolup" est surtout employée par Ennius, Plaute et Térence, alors que "uolupe" est employé par les grammairiens ou par les auteurs de l'Antiquité tardive, qui l'emploient en tant que telle ou qui la commentent. Quant à "facul", il ne s'agit pas d'une apocope de "facultās" mais d'un archaïsme pour "facile", et il n'est pas employé comme nom mais comme adverbe. Il est cependant très peu employé : on n'en relève que cinq exemples dans le TLL, chez Pacuvius, Accius, Afranius et Lucilius ainsi que chez Festus lui-même (hors abrégé de Paul Diacre).1293. Cette opposition entre "pluria" et "plura" est un lieu commun de grammairien, puisqu'Aulu-Gelle lui consacre tout un chapitre (5, 21) avec de nombreux exemples tirés des anciens auteurs. Pour Charisius, l'emploi térentien paraît quasiment unique (cf. éd. Barwick 75 et 159) et il l'attribue aux Adelphes par erreur sans doute.1294. Tous les manuscrits de Donat qui donnent un numéro de livre donnent le cinquième, ou bien "uana" au lieu de "fana", qui apparaît bien comme une mélecture du chiffre "v" suivi de "fana". Certains vont même jusqu'à écrire "quinto" en toutes lettres. Festus, qui donne de ce fragment une version plus complète, l'attribue au livre 1, suivi en cela par les éditeurs de Caton dont M. Chassignet (1986). R. Estienne proposait, on ne sait pourquoi, le livre 2. Mais si le texte est bien celui que nous postulons, le commentaire est particulièrement intéressant pour l'histoire de la langue, mais impose que le fragment catonien appartienne au livre 5 pour être à coup sûr postérieur au Phormion (161). Le commentaire indique alors trois choses successives : 1-la forme "compluria" ne se trouve pas chez Plaute, et Donat doit savoir (ou croit savoir) qu'elle n'existe pas avant Térence, 2-Térence est donc la première attestation connue de Donat de cette forme, 3-Caton, qui écrit son œuvre historique très peu après Térence, pour ce que l'on sait de la date des derniers livres des Origines (environ 150) reprend cette forme à son compte suivi ensuite par un texte, malheureusement perdu et très mal connu de Cicéron.1295. Jeu de mots, de Donat, qui commente "commodum" en utilisant l'adjectif "commoda".1296. "Commodum" est donc un adverbe de temps et non un adjectif.1297. On a ici une preuve du fait que la catégorisation des "figurae" est liée à la nature des mots qui les constituent : en effet, Donat semble dire, en employant la conjonction de coordination "enim", que, si l'on a ici une aposiopèse de la troisième catégorie, c'est parce que le mot qui est sous-entendu est un verbe.1298. C'est une illustration de la règle de grammaire "miles patiens frigus, miles patiens frigoris", qui veut que le participe présent employé comme tel se construise avec un accusatif, mais que, employé comme nom, il se construise avec le génitif. Cf. Cledonius, Ars, GL V , 22 ,30 : "nomen et participium haec res discernit : quod si genetiuo seruit, nomen est ; si accusatiuo, participium. prudens est illius rei, prudens est ad illam rem" (voici ce qui différencie le nom et le participe : s'il se construit avec le génitif, c'est un nom ; s'il se construit avec l'accusatif, c'est un participe. Exemple : "prudens est illius rei", "prudens est ad illam rem"), et V, 37, 34 : "si est casus accusatiui, praesentis temporis est participium ; si genetiui, nomen. metuens quaerendum est utrum participium an nomen sit : si genetiuo seruit, nomen est, ut metuens tui ; si accusatiuo, participium, ut metuens te" (s'il régit un accusatif, c'est un participe présent ; s'il régit un génitif, c'est un nom. Cherchons si "metuens" est un participe ou un nom : s'il se construit avec le génitif, c'est un nom, comme dans "metuens tui" ; s'il se construit avec l'accusatif, c'est un participe, comme dans "metuens te"). De même Pompée, in artem Donati, GL V, 256, 25 : "nam amans potest et participium esse, potest et nomen esse. sed tamen discernitur, quando sit participium, et quando sit nomen. si participium fuerit, sequere accusatiuum ; si nomen fuerit, genetiuum sequere" (en effet, "amans" peut à la fois être un participe et un nom ; mais on perçoit cependant quand il est un participe et quand il est un nom. Si c'est un participe, il faut le faire suivre de l'accusatif ; si c'est un nom, il faut le faire suivre du génitif).1299. On peut comprendre "alias" au sens où "facessat" se dirait parfois "cedat", et parfois "faciat" ; on le traduirait alors par un simple "dans un autre sens". Mais on peut aussi comprendre qu'"alias" renvoie à d'autres versions du texte de Térence, dans lesquelles on n'aurait pas "facessat" mais "faciat" ; dans ce cas, on pourrait considérer "alias" comme une variante de l'expression "legitur et", fréquente chez Donat, et le traduire par "dans d'autres manuscrits".1300. Bon exemple de scholie extrêmement désordonnée et confuse, qui montre combien le commentaire a souffert dans cette partie de sa transmission. Donat procède ici par synonymie. "Facessere", le lemme, est donné comme synonyme de la tournure "se facere", puis de "abire". Or si "facessere" et "abire" ont en eux le sème 'lieu d'origine' ("facessere", intransitif, signifie en effet "s'en aller", comme "abire"), "se facere" signifie simplement "se rendre quelque part, aller" dans la langue tardive (Apulée, Métamorphoses, 5, 2), et c'est l'adverbe de lieu "hinc" qui lui donne ce sème d'origine (ainsi, "se facere hinc" signifie "partir d'ici"). Le début de cette scholie peut donc apparaître à première vue comme un exemple de reformulation moderne d'un mot de la langue classique, qui n'est plus compris, par deux synonymes, un qui ressemble au mot ancien par sa forme ("se facere") et l'autre qui lui ressemble par le sens ("abire") . Puis Donat effectue une seconde synonymie de la tournure "se facere". Construit avec l'adverbe "huc", il a pour synonyme "accedere" ("aller vers"). Ainsi, par cet enchaînement de réflexion par synonymes, Donat nous semble plutôt effectuer une "differentia" entre "facessere" et "se facere". Si l'on reprend son raisonnement, "facessere" a pour synonyme "se facere hinc", qui a pour synonyme "abire". Mais "se facere" peut également se construire avec "huc", et sighifier alors "accedere", avec un sème directionnel que ne peut avoir "facessere". D'autre part, "facessere" peut également être synonyme de "facere", même si cela n'est pas illustré dans le lemme commenté. En 635, 2, on a en effet "facessat pro cedat, alias faciat", et une nouvelle synonymie pour "facessere" (à moins qu'"alias" signifie "dans un autre manuscrit"), celle de "cedere", qui signifie "aller, marcher", mais plus précisément et dans un plus grand nombre d'occurrences "partir, quitter" (ce qui correspond à notre "abire"), et "facere", sans plus de précision ici. Mais en 635, 3, on nous parle d'un sens proverbial ("prouerbialiter"), et d'une expression lexicalisée comparable à celle qu'emploie Plaute "argentum huic facite". Certes "facessere" transitif a le sens d'"exécuter avec empressement, occasionner", et peut être par là synonyme de "facere" ("faire"). On peut donc en conclure que Donat a utilisé l'expression "se facere" dans la première partie de son raisonnement pour les raisons qu'on a dites (proximité phonique avec "facessere", synonymie avec "facessere-abire") et en raison de l'autre sème de "facessere" ("exécuter avec empressement, occasionner"), qui trouve "facere" pour synonyme, bien que ce ne soit pas le sens présent chez Térence, ce qui explique la citation de Plaute. Notons enfin que Donat termine par la synonymie entre "huc se facere" et "huc accedere", ce qui laisse à penser que l'intérêt de sa réflexion a dévié de "facessere" à "se facere", verbe de mouvement pur qui accepte différents sèmes d'origine, de direction, etc.1301. Ce sens a déjà été évoqué en And. 410, 3- 4 avec cette référence.1302. Le propos de Donat est ici assez obscur ; le commentateur veut sans doute faire remarquer que la réplique "Quid ? Nimium. Quantum libuit" pourrait ne pas être attribuée au seul Géta. On peut en effet comprendre que Géta répond "Quid ? Nimium", que Chrémès lui pose en retour la question "quantum ?", que l'esclave lui répond "libuit...", et que le vieillard, lui coupant la parole, enchaîne en ordonnant "dic". Le problème posé par Donat ici est très bien reflété dans la tradition manuscrite de Térence.1303. Cette traduction n'a guère de sens, mais l'expression "inter parum fuit", qui se trouve dans les bons manuscrits (voir la note apposée au texte latin), n'existe pas non plus. Elle est une reconstruction étymologique visant à expliquer le tour correct "parum interfuit". L'intérêt de la scholie est là : Donat glose d'abord le "parui" de l'expression térentienne "parui retulit" par "parua re". Ce qu'il veut dire, c'est que le "re-" du verbe impersonnel "refert" est une syllabe longue (cf. Bède, De Orth. 29, 550) qui est, en fait, l'ablatif de "res". C'est ce qui explique les tours comme "mea refert", mécoupure de "mea re fert". Les grammairiens s'en souviennent (cf. Prisc. Inst. 3, 159, 7). Ensuite, il explique que cet adverbe "parui", qui exprime la petite quantité, équivaut en fait à une négation "nihil" ; puis, par association d'idée qui le fait passer de l'impersonnel "refert" à son exact synonyme "interest", il analyse "parum interest" de manière à expliquer le préverbe (d'où sa glose "parum interfuit" équivaut à "inter parum fuit"), puis glose l'ensemble avec "nihil profuit". On peut supposer que le parallèle entre les deux structures impersonnelles signifiant "il n'est d'aucun intérêt que..." est motivé, d'une part par la synonymie, d'autre part par la construction syntaxique déviante : on attendrait "parua refert", mais on a "parui refert" ; de même, on attendrait "inter parum est" et on a "parum interest".1304. On remarquera que le compilateur qui, jusqu'ici, citait directement le grec d'Apollodore, passe ici par une traduction. Sans doute n'a-t-il pas la pièce, ou s'adresse-t-il à des lecteurs qui n'entendent pas le grec.1305. On pourrait s'attendre à ce que l'énoncé parenthétique soit "ut aperte tibi nunc famuler", mais, en réalité, Donat vise bel et bien les deux vers 654-655. En effet, le raisonnement qui commence à "et etiam nunc" reprend celui qui s'achevait à "ad ditem dari", en précisant que, bien que ce soit réduire la fille en esclavage, si c'est là la volonté de Démiphon, il agira en conséquence.1306. C'est-à-dire qu'avant de formuler la prétendue demande d'argent de la part de Phormion, Géta donne la raison pour laquelle Phormion pourrait avoir besoin de cet argent : il lui faut liquider des dettes.1307. Il faut comprendre par là que faire fortune n'est pas une nécessité aussi pressante que liquider des dettes, peut-être parce qu'il est parfois urgent de se débarrasser de ses créanciers... On a donc moins besoin de choisir une fiancée fortunée si c'est pour s'enrichir que si c'est pour rembourser un débiteur.1308. L'argument de la dette est inattaquable justement parce qu'une dette est un motif urgent d'obtenir de l'argent (cf. note précédente).1309. De façon étonnante, Donat ne relève pas la valeur de futur proche qu'a le présent "accipio", et ne commente pas l'effet beaucoup plus convaincant que produit l'emploi du présent plutôt que d'"accepturus sum" ou d'"accipiam".1310. L'indicatif en question est bien sûr "accipio" ; Donat souligne ici que le relatif "quantum" pourrait très bien être suivi du subjonctif. L'expression "definitus modus" pour désigner l'indicatif n'est pas sans rappeler le "finitiuus modus" qu'évoque Diomède dans son Ars, 1, 338, 17.1311. Donat rappelle ici que, dans l'interrogation double, le premier terme n'est, la plupart du temps, jamais introduit. C'est le cas, par exemple, chez Cicéron. Il le fait en renvoyant à un contexte extrêmement proche formellement, mais tiré de L'Andrienne, le vers exact étant "haud scio an quae dixit sint uera omnia". On notera la parenté entre "haud scio an" et "incertus sum an".1312. Un fois de plus, le commentaire de Donat permet de conclure que la catégorisation des "figurae" est bien liée à la nature des mots qui les composent : ici en effet, l'emploi de "nam" laisse entendre que c'est parce que "imprudentem" est rapporté à "scientem" que l'antithèse appartient à la deuxième catégorie ; autrement dit, une antithèse de la deuxième catégorie opposerait des adjectifs qualificatifs (que Donat appelle des "noms").1313. Ici il ne fait aucun doute que le compilateur cite la pièce modèle et remarque que Térence a adapté le proverbe qui s'y trouvait. Cela ne rend que plus étonnante l'absence du grec en 647, preuve sans doute d'un désordre important dans la transmission du texte, puisqu'en 668, de nouveau, le compilateur cite Apollodore. N'est-ce pas là une preuve de la multiplicité des compilateurs à un moment de l'histoire du texte ?1314. Le proverbe en question ne semble pas autrement connu. Les manuscrits qui notent du grec (très peu nombreux) proposent soit une pure et simple traduction du texte du lemme, sans le reste du commentaire (I), soit plus ou moins ce que nous éditons (assez proche dans V et sans doute plus complet dans le présumé manuscrit Cujas, mais presque indéchiffrable). La séquence finale de Cujas "KYPAC" semble attester "χεῖρας", mais une forme du verbe "ἐγγυάω" n'est pas impossible dans la séquence qui précède graphiée "ΕΓΥC".1315. Ce commentaire ne se comprend que si Donat, comme le codex Bembinus de Térence (A) qui lui est pratiquement contemporain, ne lit qu'une seule fois "opus est". Il est cependant difficile de dire lequel des deux il supplée, car il faudrait savoir comment il construit, ce dont il ne dit rien.1316. On notera que l'exemple est tout à fait approprié, puisque, dans les deux cas, on a une proposition relative en incise, censée être prononcée sur le mode parenthétique, utilisant un vocabulaire assez proche ("uertat" dans les deux cas ; "bene" chez l'un, "male" chez l'autre), et traduisant le regret d'avoir fait un cadeau. Le commentateur s'amuse de ce contexte où Ménalque (Virgile dans la tradition interprétative), qui a été dépossédé de son domaine, envoie, bien contre son gré, un cadeau au nouveau maître.1317. On peut se demander ce qui est propre à la comédie ici, que ce soit une affaire d'argent qui résolve le nœud, ou qu'il parle de cet argent en indiquant des réalités triviales pour expliquer sa provenance.1318. Donat signale un autre texte parfaitement clair, avec le locatif, dans lequel "Lemni" est complément de lieu de "reddunt" en soi et pour soi. Apparemment, Donat est le seul à signaler la variante "Lemno".1319. Parce que la provenance de cet argent est étrangère à l'intrigue. Mais le commentateur vient de dire le contraire en soulignant que savoir d'où venait cet argent préparait l'ultime crise. Sans doute faut-il distinguer entre le niveau immédiat du discours et celui de l'oikonomia de l'ensemble de la pièce.1320. Donat remarque ici la reprise du mot masculin "fructum" par un pronom neutre "id" et la justifie par une ellipse d'un tour au génitif pluriel complément de pronom neutre, tour bien connu par ailleurs.1321. Le sens est ici assez obscur ; apparemment Donat pense que si Chrémès disait à sa femme : "Démiphon a eu besoin d'argent", cela voudrait dire qu'il serait en train d'en redemander à celle-ci, cette fois pour son usage personnel, mais que, s'il disait "Démiphon a besoin d'argent", cela voudrait dire que Chrémès n'en demanderait pas de nouveau à sa femme. Si l'on perçoit mal la logique qui sous-tend cette argumentation, il est important de noter que ce que retient Donat c'est la dépendance financière de Chrémès envers son épouse : celui-ci, dit-il, ne veut pas avoir l'air de réclamer encore de l'argent à sa femme. Notons que Chrémès avait déjà évoqué cette dépendance aux vers 586-7, et que le commentateur n'avait pas manqué de la souligner.1322. Donat s'étonne ici que le verbe "emungo", qui signifie "moucher", et de là, en comédie, "dépouiller quelqu'un", soit de le même famille que l'adjectif "emunctus". Mais la citation d'Horace vient expliquer, de façon cependant implicite, le lien entre "emungo" et "emunctus" : pour avoir un flair subtil, il faut s'être mouché...1323. Autrement dit, Géta comprend la question d'Antiphon au sens de : "es-tu satisfait du montant que tu as obtenu ?", alors qu'il aurait pu également comprendre, car le propos d'Antiphon est ambigu : "es-tu satisfait de ce que tu as fait ?".1324. Sur la restitution de grec ici, voir la note apposée au texte latin. Cette forme peut être une citation d'un passage amusant à l'endroit correspondant chez Apollodore, le personnage du jeune homme utilisant la forme tragique "nous souffrons" pour accentuer sa douleur. Le verbe est bien attesté dans la Néa. Ce que Donat montre ici, c'est un effet de traduction, comme il en relève parfois. Au lieu de la simple forme verbale, Térence améliore Apollodore en ajoutant une image. Le caractère outrancier de la formule appelle l'indication qu'il ne faut pas lire ce passage comme ironique.1325. Otto (1962) signale qu'il ne s'agit pas réellement d'un proverbe, malgré le rapprochement avec un proverbe grec opéré par Erasme, Adag. ad loc. "In nervum ire : Donatus, aut quisquis is fuit interpres Phormionis Terentianae, demonstrat esse proverbium, pro eo, quod est, decipere. Sumpta a sagitariis metaphora, quibus illud evenit interdum, ut, dum nimium tendunt arcum, rumpant, aut sibi nervum aliquem fatigent, ut confine sit illi, de quo dictum est alias, ἀπορρήξομεν τὸ καλῴδιον πάνυ τεινόμενον" (Donat, ou quelque commentateur du Phormion de Térence que ce soit, montre clairement qu'il s'agit d'un proverbe, pour dire "tromper". La métaphore est prise aux archers, à qui il arrive, de temps à autre, qu'en tendant trop leur arc, ils le brisent, ou bien ils se blessent un tendon, en sorte qu'on s'approche de ce qu'on dit ailleurs "nous briserons la cordelette à force de la trop tendre"). Lucien, qui transmet le texte auquel Erasme se réfère (Court. 3, 3, 20), atteste clairement, contre Otto (1962), qu'il s'agit d'un proverbe : σὺ δὲ πάνυ χαλεπὴ ἀεὶ τῷ ἀνθρώπῳ γεγένησαι, καὶ ὅρα μὴ κατὰ τὴν παροιμίαν ἀπορρήξωμεν πάνυ τείνουσαι τὸ καλῴδιον (vraiment tu te montres toujours dure à l'homme. Prends garde, comme on dit dans le proverbe, que nous ne brisions pas la corde à force de la tendre). Cf. 324, 5.1326. Parce que le mot est une forme de litote, le sens étant "tu le mets de côté".1327. Cf. Scaurus, De Orthographia, GL VII, 11, 7 : "uocales itaque inter se mutuis uicibus in declinatione funguntur, ut ago egi [...]. nec minus consonantes, ut f et h : utraque enim est flatus ; quare quem antiqui fircum nos hircum, et quam Falisci habam nos fabam appellamus, et quem antiqui fariolum nos hariolum" (ainsi, des voyelles s'interchangent mutuellement dans la conjugaison, comme "ago", "egi" […]. Les consonnes n'en font pas moins, comme f et h : les deux lettres sont en effet des fricatives [littéralement, "soufflées"] ; c'est pourquoi, ce que les Anciens disent "fircus", nous le disons "hircus", ce que les Falisques appellent "haba", nous l'appelons "faba", et ce que les Anciens disent "fariolus", nous le disons "hariolus").1328. Autrement dit, "hariolus" et "halitus" sont rapportés à "halare". Il y a ici une double étymologie : 1. "hariolus" vient de "halitus"/"halare" : c'est ce que Donat dit explicitement dans un premier temps ; 2. "halare" vient du son "ha" : c'est ce que confirme la seconde partie de la scholie en liant le son à l'exhalaison qu'il mime. Toute cette série de mots est donc présentée comme onomatopéique.1329. Sur cette lecture, voir la note apposée au texte latin.1330. Notons que Donat n'inclut pas ses contemporains dans les "Latini" (voir scholie suivante), ce qui implique qu'il entend par là les anciens Latins, et non les Romains.1331. Sur ce texte et le sens du commentaire, voir la note apposée au texte latin.1332. En effet, c'est parce que "ego curabo etc." que "quietus esto, inquam" : "si tu peux être tranquille", dit Démiphon, "c'est parce que je vais m'occuper de tes intérêts". Donat donne ici la définition latine de ce que l'on nomme, en grec, un ὕστερον πρότερον.1333. Parce que le mot "libido" porte en lui une connotation de désir incontrôlé qui domine le sujet, alors que la "voluntas" marque au contraire un sujet pleinement responsable de ce qu'il entreprend.1334. Il n'y a rien de moins évident que cette proposition du compilateur, car "nos" est clairement déjà le complément d'objet direct de "eiciat" et on ne voit absolument pas comment construire ici "mulierem". Quant à croire que Chrémès s'identifie à la femme c'est assez acrobatique, la seconde interprétation étant bien préférable.1335. Donat met en garde ses élèves : il ne faut pas costruire "quid magni ?" (quoi de grand ?), mais "magni refert" (il importe grandement").1336. Cette question ressemble à un problème que pose le maître aux élèves, sous forme de question piège. La réponse est non : il ne manque rien...1337. C'est-à-dire que Donat comprend "quaenam".1338. Donat en Eun. 139, 4 relie également l'anastrophe à une forme d'embarras dû à des choses désagréables à dire.1339. Le contexte de la citation virgilienne (En. 2, 311) porte évidemment à comprendre "Vcalegon" comme équivalent de "Vcalegonis domus". Julien de Tolède 206, 13 (Maestre Yanes (1973)) utilise ce même exemple pour la synecdoque mais le commente plus précisément.1340. Ce qui rend la cause pardonnable est évidemment la misère.1341. Il faut comprendre que Donat traite ici toujours de la cause. Si l'état est défini par la misère, la qualité va elle se définir par les actes que le personnage pose pour lutter contre cette misère, et qui viennent donc compenser l'état initial. Sur cette notion, voir Cassiodore, Ps. 130 l. 117 (Adriaen).1342. Au v. 702, par exemple. Comme les deux éléments sont assez distants l'un de l'autre, Donat n'évoque pas une de ses figures favorites, la plokè. Voir par exemple Eun. 41.1343. Parce que l'on enferme ("concludo") une bête sauvage ("fera"). "Concludo", parce qu'il porte le sème 'sauvage' de "fera", annonce "saeua", métaphoriquement associé à "uxor ".1344. Ce commentaire est très proche d'And. 609, 2. Sur futilis, cf Festus 71, 12 : "Futiles dicuntur, qui silere tacenda nequeunt, sed ea effundunt. Sic et uasa futtilia a fundendo uocata" (On appelle futiles ceux qui ne peuvent taire ce qui doit être passé sous silence mais qui les répandent. Ainsi les vases sont appelés futiles à partir du mot fundere). Cf aussi Isidore (Or. 10, 110) :"Futilis, uanus, superfluus, loquax, et est metaphora a uasis fictilibus, quae quassa et rimosa non tenent quae inieceris" ("futilis", vain, superflu, verbeux, et c'est une métaphore tirée des vases en argile qui, quand ils sont cassés et fendus, ne retiennent pas ce dont on les a remplis) qui reprend l'idée de métaphore à partir du nom d'un vase.1345. Cf. le commentaire que fait Donat du v. 95.1346. Donat utilise l'indéfini "quis" pour expliciter une deuxième personne du singulier à valeur indéfinie.1347. Il s'agit du participe passé actif, qui, effectivement, n'existe pas en latin. Peut-être Donat a-t-il observé dans le grec d'Apollodore une participe aoriste dont il montre à ses élèves un équivalent possible en latin. Quant à sa reformulation par un "cum historicum", elle correspond à un état de langue où on ne comprend plus la nuance entre ce "cum" temporel-causal et le "cum" purement temporel à valeur de simultanéité construit avec l'indicatif imparfait. Voir sur ce sujet la scholie à 23, 4 et la note.1348. Le sens est assez obscur ; on peut avancer l'idée que le voleur risque davantage d'être attrapé dans sa propre maison, quand on sait où il habite.1349. Donat constate un emploi de la forme pleine "aliquid" après "dum", alors que de son temps on ne dit plus "dum aliquis", mais "dum quis".1350. Il s'agit de ceux qui se produiront dans la suite de la scène, lorsque Nausistrata et Chrémès se rencontreront.1351. Il semble y avoir ici comme une sorte d'étymologie qui voudrait faire venir "statim" de "quasi uno statu". Après avoir procédé par synonymie pour définir l'adverbe "statim", Donat procède par étymologie. Il s'agit sans doute ici de faire émerger la notion de racine, inconnue des Latins, qui serait commune à "status" et "statim". De fait, ces deux termes appartiennent à la même famille de mots, construite sur la racine i.-e. *steH2- On trouve aussi la relation entre "statim" et "aequaliter" chez Nonius (393, 7) : "statim producta prima syllaba, a stando, perserueranter et aequaliter significat".1352. Un seul personnage peut dire "uin satis quaesitum" : c'est Démiphon ; s'il y a une possibilité de variation dans l'attribution des répliques, c'est peut-être dans la suite du vers : Chrémès pourrait à la rigueur reprendre la parole pour demander "quid ?", et Démiphon enchaîner en interrogeant : "illa filia amici nostri quid futurumst ?". La répartition des répliques ne paraît pas, cependant, poser ici problème, et l'on comprend mal pourquoi Donat estime nécessaire d'en parler.1353. Le commentaire précise qu'il y a une rupture de construction entre les deux hypothétiques, la première au subjonctif, la seconde à l'indicatif. C'est manifestement ce que recouvre la quatrième catégorie des anacoluthes.1354. Exceptionnellement, Donat (ou le compilateur) juge utile de fournir une référence précise pour un passage virgilien. Est-ce le signe précisément que ce n'est plus Donat ?1355. A la lecture du lemme, on se demande bien où est le zeugme. En revanche, cela se comprend beaucoup mieux si le commentateur vise les deux emplois successifs de "ut", le premier complétif, le second final.1356. Fors Fortuna avait en réalité plusieurs temples à Rome. Un temple passait pour avoir été construit par Ancus Marcius ou Servius Tullius et se trouvait sur la rive nord du Tibre (Varron, LL VI, 17 et Plut. de fort. Rom. 5, voir aussi Fast. Amit. ad VIII Kal. Iul. et Fast. Esq.). Il est également fait mention d'un autre temple sur la voie Portuensis, sur la même rive du Tibre, mais plus éloigné de Rome. Enfin il a existé, aux dires de Tite-Live, un temple sur la même rive dédié en 293 av. J.-C. par Carvilius (Liv. 10, 46, 14). Tibère, quant à lui, aurait inauguré également un temple de la même déesse dans les jardins de César en 17 de notre ère (Tac. Ann. 2, 41). Il est impossible de savoir à quel temple Donat se réfère, mais il est certain qu'il se trouve dans le Trastevere, comme le confirme, à l'époque de Donat, la Notitia Regionum. Etait-ce le seul qui subsistait encore ?1357. Autrement dit, "id" reprend le "uapulabis" qui précède.1358. En effet, Géta s'est mépris et n'a pas reconnu Antiphon parce que, dans sa hâte, il n'a pas pris le temps de se retourner.1359. Autrement dit, Géta ne va en raconter ni trop, ni trop peu.1360. Puisque c'est bien de l'"uxor" d'Antiphon que parle ici Géta.1361. Il s'agit sans doute des scènes de reconnaissance et des passages où l'on révèle un secret ; ici, par exemple, l'acteur qui joue Géta peut faire montre de son enthousiasme, et aussi jouer à retarder le plus possible le moment de la révélation.1362. En l'absence de tout contexte sallustéen, le sens de ce rapprochement nous échappe. Il est sans doute question d'une recomposition familiale aussi hardie que celle que découvrent ici les personnages.1363. Ce que Donat souligne par le choix de cette citation, c'est le sens qu'a ici "audiui" : entendre parler de quelque chose.1364. Il s'agit d'un cas de "varietas" syntaxique. Donat fait remarquer qu'après avoir utilisé le gérondif en complément d'"occasio", Térence eût été bien fondé à l'utiliser aussi à la place de l'infinitif "adimere". Le fait qu'il s'en dispense montre son adresse rhétorique que loue le commentateur. Moins bien intentionné, le commentateur aurait pu parler d'une incohérence grammaticale du niveau de l'anacoluthe.1365. Donat signale la première occurrence d'un complément de chose au verbe "incusare", au sens d'"incriminer quelque chose". Sa reformulation pose un léger problème de relation au texte de Térence, même s'il est aisé de comprendre comment il procède. Il remplace l'accusatif de chose par un accusatif de personne ("quae incusaueras" devenant "me incusaueras", conformément à l'usage archaïque), puis il remplace l'accusatif de chose sous la forme d'un adverbe marquant l'origine "hinc", et, enfin (et c'est là que la construction ne peut pas remplacer strictement celle de Térence), il reconstruit une relative en postulant comme relatif le sujet "qui" de "incusaueras". Ce dernier changement entraîne mécaniquement celui de l'antécédent et rend le segment incompatible avec le vers térentien. C'est sans doute ce qui a troublé les plus soigneux de nos scribes. Voir la note apposée au texte latin.1366. Autrement dit, si Phormion récuse un de ces points, il se contredira, puisque ce sont là les objections que lui-même énonçait peu de temps auparavant.1367. Cf. J. Andreau (1997, 160) : "Chaque fois qu'il est question d'effectuer un paiement en banque, Plaute ne manque pas de mentionner le forum, faisant évidemment allusion à ces boutiques, celles du côté nord-est du forum, et peut-être aussi celles de son côté sud-ouest. Comme le remarque Donat, plus de cinq siècles plus tard, c'est l'origine de l'expression 'in foro numerare' ou 'soluere', synonyme de 'in mensa numerare', de 'de mensae scriptura numerare' ou 'soluere', payer par l'intermédiaire d'une banque, et non pas chez soi, en prenant l'argent dans son coffre-fort, 'domo ex arca'". Donat, en répétant à l'envi "scriptura" et "rescribo", cherche à faire apparaître que ces deux mots ont le même radical, appartiennent à la même famille, et, dirions-nous, sont construits sur la même racine.1368. Une fois restitué de cette façon, le texte de la scholie met en valeur le sens du préfixe "dis-", commun à "discripsi" de Térence et à "diditur" de Virgile. Dans son analyse sémique de reformulation, Donat insiste sur la distributivité du préfixe avec "multis".1369. Donat identifie donc la personne du "iudex" et le "locus" où il rend la justice... Cf. le commentaire du v. 981.1370. Il s'agit d'une remarque étymologique précisant que "in-" a ici un sens privatif et que "dotatis" est de la famille de "donum".1371. L'expression "nullus sum" est exclusivement comique : on n'en trouve des attestations en ce sens que chez Plaute et Térence. Cf. notamment Plaute (Merc. 468) : "Nullus sum ; occidi" (je suis perdu, je suis mort), où Plaute explicite le sens de cette expression.1372. Le parallèle entre le texte de Térence et la citation de Virgile est presque parfait : la question "uultis et his mecum pariter considere regnis ?" rappelle en effet "quid uis tibi ?", et la promesse "urbem quam statuo ? uestra est" renvoie à "argentum quod habes condonamus te". La remarque de Donat (au moins dans la version du manuscrit D) attire l'attention sur le fait qu'il s'agit d'une asyndète, comme dans l'exemple térentien, et non d'une antiptose. Or le commentaire servien de ce passage hésite à voir ou non ici une antiptose, comme peut-être Donat lui-même dans son commentaire d'Eun. 653, 1, à supposer que le texte de Wessner soit correct. Si, en revanche, il faut lire, comme la majorité des manuscrits, "antiptosis" dans L'Eunuque, Donat se contredit.1373. Il y a beaucoup d'implicite dans ce commentaire qui a été d'ailleurs très mal compris par la tradition (voir notes apposées au texte latin en 938 et 947). Ce que Donat veut dire est qu'il faut se reporter au commentaire d'Eun. 17, dans lequel il faisait une "differentia" syntaxique entre les constructions respectives de "dono" + ablatif et "condono" + accusatif.1374. On peut en effet omettre "uiam". Servius, En. 6, 670 donne à peu près la même interprétation : "dextram adfectare dextram intendere, scilicet sic, ut posset navem tenere. Terentius 'ad dominam qui adfectant viam', id est intendunt" (dextram adfectare : équivaut à "dextram intendere", évidemment pour qu'il puisse toucher le navire. Térence : "ad dominam qui adfectant viam", c'est-à-dire "cherchent à atteindre"). Apulée (Plat. 2, 11, 6) nous fournit un exemple de cette construction "moderne" d'"adfectare" sans "uiam" : "Namque ille uirtutis spectator, cum eam penitus intellexerit bonam esse et benignitate praestare, ad eam adfectabit profecto et sectandam existimabit sui causa" (de fait, cet admirateur de la vertu, quand il comprendra qu'elle est foncièrement bonne et qu'elle l'emporte sur tous par sa bienveillance, se précipitera à sa suite et estimera qu'il faut s'attacher à elle pour elle-même).1375. Tournure correcte, mais sans doute totalement étrangère aux élèves de Donat. Rappelons que Cicéron la tient déjà pour un peu archaïque.1376. Ce texte, qui a été malmené par Wessner à la suite de la tradition (cf. note apposée au texte latin), est pourtant parfaitement clair dans la logique de Donat. D'un côté, "e medio excessit" est un euphémisme qui remplace le brutal "elle est morte" par une expression toute faite, du type du français "elle nous a quittés". Cela constitue la première partie de la scholie qui porte sur l'atténuation de la mort dans la comédie. La seconde partie de la scholie porte sur un autre point auquel Donat est attaché et qui est qu'il ne peut y avoir de mort en comédie que si elle sert à faire avancer l'intrigue vers son dénouement heureux, un mal pour un bien en quelque sorte. Le fait est que, dans la réplique de Chrémès, la mort de la deuxième femme est utilisée dans une proposition à valeur causale, puisque, comme l'a dit Donat, "cum" vaut "quia". Ici donc, on ne s'attarde pas sur la mort en elle-même, mais sur ses conséquences heureuses "ego redigam uos in gratiam". Voir par exemple le commentaire au vers 750.1377. Il s'agit en réalité d'un commentaire de morphosyntaxe. Donat nous dit à la fois que "lautum" est le supin de "lauare" et que le supin vaut pour une finale. En même temps, il glose "peccatum" qui se comprend mal après "lautum", et donne un complément d'objet direct plus conforme au sens concret de "lauare", en supposant "maculam". Si le commentateur s'adressait à des chrétiens ou était chrétien lui-même, l'expression "lauare peccatum" ne lui poserait aucun problème. Pour un païen en revanche, l'image peut rester un peu surprenante. On attendrait plutôt "purgare".1378. Donat commente "exstillare" en donnant un complément au préverbe "ex-" qui aboutit à une parfaite tautologie. Peut-être le commentaire est-il moins tautologique si l'on voit, derrière cette reformulation, une remarque implicite d'orthographe disant qu'il faut "exstillare" et non, comme le font beaucoup de manuscrits d'ailleurs "extillare". A l'époque tardive, d'ailleurs, la prothèse vocalique a pu faire qu'il n'y ait aucune différence à l'oreille entre "stillare" et "exstillare" prononcés tous deux "estillare". Raison de plus pour soigner l'orthographe.1379. Même commentaire au vers 936.1380. L'imparfait se justifie pleinement, car la procédure paraît appartenir au droit archaïque et ne subsiste, même du temps de Plaute, que dans une formule en partie vidée de son contenu originel. Pour Donat la formule est évidemment très archaïque.1381. Le terme de "status" renvoie au "status quaestionis" ; quand à la "qualitas", elle désigne le genre d'affaire dont il est question ; on retrouve ces termes dans le commentaire des v. 1014 et 1035. Cf. Servius, En. 6, 456 : "infelix Dido : veniali utitur statu, et excusat se per necessitatem" ("infelix Dido" : il utilise l'état de la cause pardonnable, et s'en excuse par la nécessité). Eugraphius utilise également ces termes ; cf. Pirovano (2004), et notamment la remarque suivante : "Después de la 'coniectura', la 'uenia' es quizás el 'status' más utilizado por Eugrafio, al que recurre en las más diversas situaciones y dando cobertura prácticamente a todas las posibilidades ofrecidas por esta forma de defensa. Desde el punto de vista terminológico, la designación más habitual es 'status uenialis', al que se añaden de forma alternativa 'qualitas uenialis' y de modo totalmente ocasional la variante aislada 'defensio uenialis'. Los atenuantes de la 'uenia' están subdivididos sobre la base de la tripartición 'imprudentia'/'casus'/'necessitas'" (en dehors de la "coniectura", la "uenia" est peut-être le "status" qu'Eugraphius utilise le plus, auquel il recourt dans le plus grand nombre de situations et pour recouvrir pratiquement toutes les possibilités offertes pour cette forme de défense. Du point de vue de la terminologie, la dénomination la plus habituelle est "status uenialis", qui a pour forme alternative "qualitas uenialis", et, de façon totalement occasionnelle, la variante "defensio uenialis". Les circonstances atténuantes pouvant justifier la "uenia" sont réparties sur la base de la tripartition "imprudentia"/"casus"/"necessitas").1382. La remarque de Probus est effectivement curieuse. Le grammairien a-t-il oublié qu'il s'agit d'une pièce à sujet grec, et donc que sa remarque est sans objet ? De toutes façons, Nausistrata parle à Phormion de manière fort libre, en lui disant quelque chose comme "mon gars".1383. Ce commentaire porte sur le datif éthique "mihi", dont Donat nous dit que l'ajout est fait "eleganter". Plus qu'une marque de raffinement de l'auteur, n'est-ce pas typiquement une marque d'oralité propre à la comédie, ou un atticisme supposé donner de la couleur locale aux Grecs de convention de la comédie ? Voir par exemple Eun. 284, 1.1384. C'est la figure de "concessio".1385. Les deux arguments se complètent en fait, l'un étant la "captatio benevolentiae" et l'autre une manière de plaider coupable tout en se justifiant en partie et en comptant pour le reste sur la bienveillance des juges.1386. Donat joue ici sur le double sens du mot "diminutio" qui signifie à la fois "dévalorisation" et "diminutif", puisque, de fait, Térence utilise le terme "muliercula".1387. Donat procède ici, dans l'ordre du texte de Térence et en excédant largement ce vers, au relevé des arguments, mais, de ce fait, on peut se demander si ces "circonstances annexes" le sont vraiment, et ce d'autant qu'il y revient dans la suite de son commentaire.1388. Autrement dit, Démiphon dit qu'il ne recommencera plus.1389. Le lien entre cette citation et le texte de Térence réside bien sûr dans l'emploi de l'impératif futur.1390. En réalité les exemples transmis par les grammairiens sont très peu nombreux et pratiquement limités à Ennius.1391. Ce qu'il faut tirer de la scholie de Donat est que le pronom personnel sujet latin est toujours marqué stylistiquement puisqu'il n'est pas nécessaire. Ici, Donat semble proposer pour lui deux valeurs, mais son système n'est pas cohérent : en 1048, 1, il en fait un simple déictique qui remplace le nom, qui n'est pas pas connu, de celui qu'interpelle Nausistrata. En 1048, 2, il semble proposer une alternative ("an"), mais la stratégie des puissants envers ceux qui leur sont inférieurs qu'il met en avant n'est pas portée, dans la phrase, par le pronom "tu" (qui serait plutôt méprisant), mais par "tuum nomen dic" etc.. La valeur fondamentale de ce pronom personnel sujet mise en valeur par Donat est une valeur déictique d'apostrophe de quelqu'un dont le nom n'est pas connu, éventuellement pour ensuite l'appeler par son nom et ainsi le flatter.1392. En effet, on pourrait comprendre qu'elle s'adresse à Phédria, mais en fait, elle parle à son mari.1393. ante hic edd.1394. nusquam edd.1395. adulescentulum edd. at uide schol. 4 ubi recte legitur.1396. [et mage placerent quas fecisset fabulas] (vers ajouté entre le v. 11 et le v. 12).1397. nouos edd.1398. tractent edd.1399. omne hoc edd.1400. aduersus edd.1401. perdite edd.1402. exaduersum edd.1403. adiutaret edd.1404. quo edd.1405. ille edd.1406. persuasit edd.1407. futurum est edd.1408. hoc edd.1409. amant edd.1410. aliquod tibi edd.1411. 181 bis : quae si non astu prouidentur me aut erum pessum dabunt1412. quid illic edd.1413. illuc edd.1414. protinam edd.1415. uidisse me et edd.1416. quid grauius edd.1417. cum edd.1418. abeo edd.1419. te esse edd.1420. hic quis edd.1421. mane inquam edd.1422. meministin edd.1423. ac edd.1424. mitto edd.1425. reperiam edd.1426. secum oportet edd.1427. mihi sunt edd.1428. esse edd.1429. saluum edd.1430. factum me edd.1431. cum noris edd.1432. est edd.1433. horum edd.1434. culpa ea edd.1435. omnium horunc edd.1436. do edd.1437. tu seruo's edd.1438. nullo edd.1439. pacto, faenore edd.1440. huc adduce edd.1441. illuc edd.1442. ego edd.1443. aliquos edd.1444. summa solum edd.1445. eccere edd.1446. ages edd.1447. tennitur edd.1448. tennitur edd.1449. quod placeat edd.1450. hunc edd.1451. est acerrima edd.1452. postilla edd.1453. Stilponem edd.1454. malitiae edd.1455. homo iam grandior edd.1456. cui opera edd.1457. i'n edd.1458. ita eum edd.1459. is edd.1460. absenti edd.1461. om. edd.1462. nosses edd.1463. nosses edd.1464. Stilpo edd.1465. Stilpo edd.1466. Stilponem edd.1467. dotis edd.1468. itidem edd.1469. fers edd.1470. afficit edd.1471. est edd.1472. multimodis edd.1473. itane te edd.1474. poteretur edd. ; potiretur edd.1475. uidere edd.1476. nequid edd.1477. umquam tibi usus edd.1478. sies edd.1479. iam ea edd.1480. haec ei antecessit edd.1481. istaec edd.1482. est morbus edd.1483. fidelem esse aeque atque egomet sum mihi edd.1484. sese edd.1485. istanc edd.1486. apud Donatum, ut in codice Bembino Terenti, legitur tantum semel opus est. Apud recentiores editores iteratur. 1487. perinde scribito iam mihi dicas edd.1488. adeo argentum nunc mecum attuli edd.1489. Lemni edd.1490. inde edd.1491. satine est id ? edd.1492. ut cautus edd.1493. paullum edd.1494. sua cura solus edd.1495. quod edd.1496. re dudum edd.1497. in animo parare edd.1498. propria ut Phaedria edd.1499. partes tuas edd.1500. suas edd.1501. hunc onero edd.1502. uapula edd.1503. est pater inuentus edd.1504. atque ego edd.1505. quoque inaudiui illam fabulam edd.1506. dilapidat edd.1507. satis edd.1508. quodne ego discripsi porro illis edd.1509. esse odiosi edd.1510. me sic edd.1511. neque postilla umquam attigit edd.1512. Le mot "logi" est grec, d'où notre traduction.Citations
1. postquam nos Amaryllis habet, Galatea reliquit (VergBuc.1, 30)2. diua deam (VergAen. 12, 139)3. notos pueri27 puer i. indue u. uultus (VergAen. 1, 684)4. ter hinc anus conserua tam cat<e> id dedit † hu <***> dedecus erat † (LaevInc. frg. nunc primum notatum)5. quarum quae forma pulcherrima D. Deiopea (VergAen. 1, 72)6. et mihi iam multi crudele canebant artificis s. scelus et t. taciti u. uentura u. uidebant (VergAen. 2, 124-125)7. nec quicquid ubique est gentis Dardaniae, m. magnum q. quae s. sparsa p. per o. orbem (VergAen. 1, 601-602)8. luserat ludum (TerEun. 586-587)9. loco ille motus est, cum est ex urbe pulsus (CicCat. 2, 1, 1)10. o Tite, si quid ego te adiuto curamue leuasso (EnnAnn. 386 M)11. popularis sceleris sui (SallCat 22, 1)12. quae pecunia ad Hispaniense bellum Metello facta erat (SallHist frg 34 M)13. minas decem corradet alicunde (TerAd. 242)14. corrasi omnia (TerHeaut. 141)15. ecquis Volcacio, si sua sponte uenisset, unam libellam dedisset ? (CicVer. 2, 2 , 26)16. unciatim (TerPho. 43)17. ille (TerPho. 43)18. unciatim uix (TerPho. 43)19. de dimenso suo (TerPho. 43)20. munus corraditur (TerPho. 40)21. suum defraudans genium (TerPho. 44)22. comparsit miser (TerPho. 44)23. haud existimans quanto labore partum (TerPho.45-46)24. si, Quirites, parum existimaretis (SallHist. 3 frg 48 M)25. reliquias Troia ex ardente receptas (VergAen. 7, 244)26. illa (TerPho. 45)27. meus est natalis » inquit « Iolla (VergBuc. 3, 76)28. nec deus hunc mensa, dea nec dignata cubili est (VergBuc. 4, 63)29. confeci : affero (TerPho. 38)30. lecti omnes : Atticon hoc est (LucilSat. frg. H 172 Charpin)31. accipe (TerPho. 52)32. arma Serestus lecta refert humeris (VergAen. 10, 541-542)33. et id gratum fuisse aduersum te habeo gratiam (TerAnd. 42)34. namque hoc tempore obsequium amicos, ueritas odium parit (TerAnd. 67-68)35. si quis me quaeret (TerPho. 51)36. at ego obuiam conabar tibi, Daue (TerPho. 52)37. amo te et non neglexisse habeo gratiam (TerPho. 54)38. modo Iuppiter adsit (VergAen. 3, 116)39. ignarum (TerAnd. 160)40. ergo age, care pater, ceruici imponere nostrae (VergAen. 2, 707)41. quidni ? (TerPho. 64)42. fando aliquod si forte tuas peruenit ad aures Βelidae nomen Palamedis et incluta fama gloria (VergAen. 2, 81-83)43. nostin hanc, quam amat frater ? (TerEun. 563)44. quidni ? (TerPho. 64)45. ueterem Anchisen agnouit amicum (VergAen. 3, 82)46. pellacis Ulixi (VergAen. 2, 90)47. μόνον οὐχί λέγει φωνὴν ἀφιείς (DemOl 1, 2, 2)48. maria montesque polliceri coepit (SallCat. 23, 3, 4)49. illene indotatam uirginem atque ignobilem daret illi ? (TerPho. 120)50. nec di texere Cupencum Aenea ueniente sui (VergAen. 12, 539-540)51. nisi74 deo meo propitio meus homo est (NaevStal.)52. memini uidere (TerAnd. 429)53. memini me fieri pauum (EnnAnn. 1 frg. 17 M)54. calcemque terit iam calce Diores (VergAen. 5, 324)55. nam nemo quisquam illorum, scito, ad te uenit (TerHec. 67)56. trahit sua quemque uoluptas (VergBuc. 2, 65)57. illi mea tristia facta (VergAen. 2, 548)58. tristisque senectus (VergGeo. 3, 67 / VergAen. 6, 275)59. solam nam perfidus ille te colere (VergAen. 4, 421-422)60. huc uiciniae (TerAnd. 70)61. cum praedixero positum insulae (SallHist. 2 frg. 1 M.)62. non repugnantibus modo, sed ne deditis quidem armis bellum excitare metuentibus (SallHist. frg. inc. 10 M.)63. populare penates uenimus (VergAen. 1, 527-528)64. audacter dicito (PlautCapt. 401 / PlautMost. 916 / PlautPseud. 828)65. capillus pexus, prolixus, circum caput reiectus neglegenter (TerHeaut. 290)66. illum autem, quamuis aries sit candidus ipse, nigra subest udo tantum cui lingua palato, reice (VergGeo. 3, 387-389)67. tum fortes late ramos et bracchia tendens huc illuc media ipsa ingentem sustinet umbram (VergGeo. 2, 296-297)68. ipse arduus (VergAen. 3, 619)69. quibus acer Eryx in proelia suetus ferre manum (VergAen. 5, 402-403)70. at mihi sese offert ultro meus ignis Amyntas (VergBuc. 3, 66)71. in amore haec omnia insunt uitia (TerEun. 59)72. citharistriam (TerPho. 82)73. scitus puer est natus Pamphilo (TerAnd. 486)74. cupiebat et metuebat (TerPho. 118)75. si nona diem mortalibus al. almum (VergAen. 5, 64)76. desinas : sic est ingenium (TerPho. 69-70)77. fodere aut arare aut aliquid ferre denique (TerHeaut. 69)78. sed quid tu es tristis ? (TerPho. 57)79. o ingentem confidentiam ! (TerAnd. 876)80. qui te, Nomentane, malum (LucilSat 2, frg. 21 Charpin)81. hoc consilium quod dicam dedit (TerPho. 124)82. illum (TerPho. 123)83. inopia et cognatorum neglegentia coacta (TerAnd. 71)84. tibi uni parcam (CicVer. 2, 5, 105)85. scribitur Heraclio dica (CicVer. 2, 2, 37)86. haec omnia praesidio adsunt (SallJug. 85, 4)87. imus, uenimus, uidemus (TerPho. 103-104)88. it, lauit, rediit (TerEun. 593)89. imus, uenimus, uidemus (TerPho. 103-104)90. funus interim procedit, sequimur, ad sepulcrum uenimus, in ignem posita est, fletur (TerAnd. 127-129)91. nec tutorem tibi nec precatorem pararis (TerHeaut. 975-976)92. amissos hinc iam obliuiscere Graios (VergAen. 2, 148)93. pactione amisso Publio legato (SallHist. frg inc. 5 M.)94. si sensero hodie quicquam in his te nuptiis fallaciae conari (TerAnd. 196-197)95. si quicquam inuenies me mentitum, occidito (TerAnd. 863)96. sectari, in ludum ducere et reducere (TerPho. 86)97. puellulam (TerPho. 81)98. quid paedagogus ille ? (TerPho. 144)99. si quis me quaeret rufus (TerPho. 51)100. nostri nosmet paenitet (TerPhor. 172)101. consultum optime uelit (TerPho. 153)102. fac tibi paternae legis Aciliae ueniat in mentem (CicVerr. 1, 17, 51)103. nihil ornati, nihil tumulti (TerAnd. 365)104. nomen incogitans » inquit « in usu est, at non eodem modo cogitans (ProbCommTer. Fragmentum incertae sedis)105. utinam ne in nemore Pelio unquam sectae cecidissent ad terram trabes (EnnMed. frg 1 Ribbeck)106. uerum anceps pugnae fuerat fortuna. fuisset (VergAen. 4, 603)107. ille alter abundans cum septem incolumis pinnis r. redit a. ac r. recipit s. se (LucilSat. 3 frg 11 Charpin)108. modestus ad alia omnia nisi ad dominationem (SallHist. 2 frg 17 M)109. et Poeni fere aduersus a. a? n. n? e. e? m. m? (SallHist. 2 frg. 114 M)110. sit rogas ? sensi (TerHeaut.454-455)111. quod plerique faciunt omnes adulescentuli (TerAnd. 55)112. accede ad ignem hunc : iam calesces plus satis (TerEun. 85)113. at enim, dices, me quantum hic operis fiat paenitet (TerHeaut. 72)114. ut neque mihi sit amittendi neque retinendi copia (TerPho. 176)115. ei mihi, quantum praesidium Ausonia et quantum tu perdis, Iule ! (VergAen. 10, 843)116. praesaga mali mens (VergAen 10, 843)117. mare quae impendent uesco sale saxa peresa140 (Lucr. 1, 236)118. celari (NigGram. 35, 1)119. puncto uno horae144 qui quoque inuasit (LucilSat. 14, frg. 14 Charpin)120. fecit animi ut incertus foret (TerHec. 121)121. ulta uirum (VergAen. 4, 656)122. recte ego mihi uidissem (TerPho. 189)123. protinam (NigGram. 60 Swob.)124. conicerem in pedes (TerPho. 190)125. aliquid conuasassem (TerPho. 190)126. sed Metellus in ulteriorem prouinciam (SallHist. 3 frg. 45 M.)127. si uera feram, si magna rependam (VergAen. 2, 161)128. quid agam (TerPho.199)129. cum subito assurgens fluctu nimbosus Orion (VergAen. 1, 535)130. ita fiducia quam argumentis purgatiores dimittuntur (SallHist. 2 frg. 111 M)131. addit se sociam timidisque superuenit Aegle (VergBuc. 6, 20)132. etsi hoc nescio quid nugatorem sciebam (CicVer. 2, 4, 33)133. actum est (TerAnd. 465 / TerHeaut. 584 / TerEun. 54 / TerEun. 607 /TerEun. 717 / TerEun. 985 / TerPho. 1009 / TerAd. 325)134. par pari referto (TerEun. 445)135. undique protelo plagarum continuato (Lucr. 2, 531)136. tu coactus tua uoluntate es (TerAnd. 658)137. imas obsedere fores (VergAen. 2, 449-450)138. quo fugis, Aenea ? (VergAen. 10, 649)139. quo fugitis, socii ? (VergAen. 10, 369)140. mea Glycerium, quid agis ? cur te is perditum ? (TerAnd. 134)141. tibi erunt parata uerba, huic homini uerbera (TerHeaut. 356)142. uide quod inceptet facinus (TerHeaut. 600)143. nec quisquam ex agmine tanto audet adire uirum (VergAen. 5, 378-379)144. quousque tandem abutere, Catilina (CicCat. 1, 1 , 1)145. nonne uidere (Lucr. 2, 16)146. cuius ob auspicium infaustum moresque sinistros (VergAen. 11, 347)147. uix tandem (TerPho 234)148. atqui repperi iam : aliud201 (TerPho. 235)149. hunc ego si potui tantum sperare dolorem (VergAen 4, 419)150. nudus ara, sere nudus (VergGeo. 1, 299)151. nam quid a Pyrrho, Hannibale, aequore et terra (SallHist. Frg. Orat. Lep. 16)152. omnes (TerPho. 241)153. sed neque Medorum siluae ditissima terra n. nec p. pulcher G. Ganges a. atque a. auro t. turbidus H. Hermus (VergGeo. 2, 136-137)154. immo enim infeliciter : nam incommoda alia sunt dicenda, Parmeno (TerEun. 229-230)155. non ulla laborum o uirgo, noua mi facies inopinaue surgit (VergAen. 6, 103-104)156. arma parate animis et spe praesumite bellum (VergAen 11, 18)157. hunc ego si potui tantum sperare dolorem (VergAen. 4, 419)158. inspicere tamquam in speculum in patinas, Demea, iubeo (TerAd. 428-429)159. audet adire uirum (VergAen. 5, 379)160. satin omnia ex sententia ? (TerPho. 256)161. quantum mutatus ab illo Hectore (VergAen. 2, 274-275)162. ecce autem gemini a Tenedo tranquilla per alta (VergAen. 2,203)163. et crimine ab uno disce omnes (VergAen. 2, 65-66)164. qui ciues Romani erant, si Siculi essent, tum si eorum legibus dari oportet228 . qui Siculi, si ciues Romani essent (CicVer. 2, 2, 31)165. Iuppiter hic stat (VergAen. 12, 65)166. iam sibi tum curuis male temperat unda carinis (VerGeo. 1, 360)167. dum uela darent, si forte dedissent (VergAen. 2, 136)168. nam ut ex mari timida es (PlautBac. 106)169. me miseram, quidnam est quod sic uideo timidum et properantem Getam ? (TerAd. 305)170. erus si redierit, molendum esse in pistrino, uapulandum (TerPho. 248-249)171. o Geta monitor (TerPho. 233-234)172. seruus neque infidus domino neque inutilis quamquam253 Lucili columella hic situs (LucilSat. 22 frg. 4 Charpin)173. hinc in m. millesimum an. annum eorum columine ciuitas continebatur (Tuber. frg. inc. 12 P.)174. iniurioso ne pede proruas stantem columnam (HorCarm. 1, 35, 13-14)175. regni uersatum summam uenere columnam (EnnAnn. 11, 362 M.)176. ego in insidiis hic ero succenturiatus (TerPho. 229-230)177. cum interim Hiempsal reperitur occultans se in tugurio mulieris ancillae (SallJug. 12, 5)178. uenerat antiquis Corythi de finibus Acron, Graius homo (VergAen. 10, 719-720)179. orabunt causas melius (VergAen. 6, 849)180. uerum, id quod multo tute ipse fatebere maius 264 (VergBuc. 3, 35-36)181. quaerat sibi foedera Turnus267 (VergAen. 11, 129)182. quid tum quaeso si hoc pater resciuerit ? — quid si redeo ad illos qui aiunt «quid si nunc caelum ruat ? (TerHeaut. 718-719)183. illene indotatam uirginem atque ignobilem daret illi ? numquam faceret (TerPho. 120-121)184. haud sibi cum Danais rem faxo et pube Pelasga (VergAen. 9, 154)185. noster277 in Ciliciam ad hospitem antiquum (TerPho. 66-67)186. hominem commonstrarier (TerPho. 205)187. tune hinc spoliis indute meorum eripiare mihi ? (VergAen.12, 947-948)188. est parasitus quidam Phormio, homo confidens : qui illum di296 perduint ! (TerPho. 122-123)189. scribitur Heraclio dica (CicVer. 2, 2, 37)190. tu mihi quodcumque hoc regni, tu sceptra Iouemque concilias, tu das epulis accumbere diuum (VergAen. 1, 78-79)191. quippe sine cura laetus lautus cum aduenis infestis319 malis, expedito bracchio, alacer celsus, lupino exspectans impetu, mox cum alterius obligurias320 bona : quid censes domino321 esse animi ? pro diuum fidem ! ille tristis est dum cibum seruat, tu ridens uoras322 (EnnSat. 6, frg. 1 M.)192. symbolam323 dedit, cenauit (TerAnd. 88-89)193. mature ueniunt, discumbitur (CicVer. 2, 1, 66)194. standum est in lecto, si quid de summa326 petas (PlautMen. 103)195. immo enim nemo satis pro merito gratiam regi refert (TerPho. 338)196. quo non praesentius ullum (VergGeo. 2, 127 / VergAen. 12, 245)197. quid igitur, pro deum immortalium, primum eam docebas quaeso ? (CicOec. frg. 1, 8, 1)198. neque eius patrem (TerPho. 354)199. illud sis uide : exemplum disciplinae ! (TerAd. 766)200. bonis inuident et malos extollunt344, atque sed (SalCat. 37, 3)201. nihil eorum, quae Galli insimulabant, negarunt345 (CicCat. 3, 12, 11)202. nihil eorum, quae Galli insimulabant (CicCat. 3, 12, 11)203. iam senior sed cruda deo uiridisque senectus (VergAen. 6, 304)204. conductaque pater tellure serebat (VergAen. 12, 520)205. huic uiciniae (TerAnd. 70)206. quem ego uiderim in uita optimum (TerPho. 367)207. quem regno Hesperiae fraudo (VergAen. 4, 355)208. nam Syllae dominationem...376 audebat (SalHist. frg. 1, 57, 1 M)209. qua offensus (SalHist. frg. 1, 57, 1 M)210. factum est a uobis duriter immisericorditerque atque etiam, si est dicendum magis aperte, illiberaliter (TerAd. 662-664)211. carcer uix carcere dignus (LucilSat. H 91 Charpin)212. carcer uix carcere dignus (LucilSat. H 91 Charpin)213. o Chreme, per tempus aduenis : ausculta (TerAnd. 783-784)214. tace (TerPho. 375)215. donec « ohe ! » iam ad caelum manibus sublatis dixerit, urge (HorSat. 2, 5, 96-97)216. o praestans animi iuuenis, quantum ipse f. feroci (VergAen. 12, 19)217. mihique haec edissere uera roganti (VergAen. 2, 149)218. dic mihi, Damoeta, cuium pecus ? (VergBuc. 3, 1)219. proinde tona eloquio ; solitum tibi (VergAen. 11, 383)220. non longe scilicet hostes quaerendi nobis : circumstant undique muros. imus in adu. aduersos quid cess. cessas ? (VergAen. 11, 387-389)221. regnumne tu hic, Aeschine, possides ? (TerAd. 175)222. propter quam in summa infamia sum et meo patri minus sum obsequens (TerHeaut. 259)223. cepi rationem ut neque egeres neque ut hoc posses perdere (TerHeaut. 964)224. dotem daretis, quaereret alium (TerPho. 297)225. adeon est demens ? ex peregrina ? (TerAnd. 469)226. Samia mihi mater fuit, ea habitabat Rhodi (TerEun. 107)227. potest taceri hoc (TerEun. 108)228. donec me flumine uiuo abluero (VergAen. 2, 719-720)229. maximeque ferocia regis Mithridatis in tempore bellaturi (SalHist. frg. 1, 32, 2 M)230. optima cum pulchris animis Romana iuuentus (EnnAnn. Freg.Sedinc. 563)231. inuidisse deos, patriis ut r. reditus a. aris 410 c. coniugium o. optatum (VergAen. 11, 269)232. seruon fortunas meas me commisisse futili ! (TerAnd. 609)233. hostium potitus est (PlautCapt. 92; 144; 762)234. res fidesque (SallJug. 73, 6)235. ubi damnis desudascitur (PlautBac. 66)236. quin age (VergBuc. 3, 52 / VergGeor. 4, 329)237. Dardaniique rogum capitis (VergAen. 4, 640)238. tu mihi cognatus, tu parens (TerPho. 496)239. faeneratum istuc beneficium pulchre tibi dices (TerPho. 493)240. μόνος ἐπίσταται φιλεῖν τοὺς φίλους437 (Apollod. Frg. Ep. 6, 1)241. τὸ γῆρας ἐστιν αὐτὸ νόσημα 438 (Apollod. Frg. Ep. 7)242. μόνος γάρ εἰμι ἐμῶν ἐμός 442 (Apollod. Frg. Ep. 7)243. donec me flumine uiuo abluero (VergAen. 2, 719-720)244. uitam sicuti peregrinantes transigere444 (SallCat. 2, 8)245. fana in eo loco compluria (CatOrig. Frg. 1, 25 Chassignet)246. confirmandi genera compluria crede449 (CicProt. Frg. 5 M)247. quod mihi commodum est, at tu da. uestimenta reposueram (LucilSenInc. 11 Charpin)248. argentum hinc facite (Plaut. Frg. dub. 12 G)249. an quae dixit uera omnia sint (TerAnd. 525)250. sexcenta possum decreta proferre (CicVerr. 2, 1, 125)251. mea lege utar, ut potior sit, qui prior ad dandum est (TerPho. 532)252. hos illi — quod nec bene uertat — mittimus haedos (VergBuc. 9, 6)253. et clipeum efferri iussit Didymaonis artem (VergAen. 5, 359)254. perculeris iam tu me (TerEun. 379)255. facetus, emunctae naris (HorSerm. 1, 4, 7-8)256. rusticus, hircus, hara (PlautMost. 40)257. quis te, iuuenum confidentissime, nostras (VergGeo. 4, 445)258. iam proximus ardet Vcalegon (VergAen. 2, 311)259. composito rupit uocem et me destinat arae (VergAen. 2, 129)260. facile pro Eunucho probes (TerEun. 375)261. ipse nemus linquens patrium (VergGeo. 1, 16)262. id sumam : uxori tibi opus esse dixero (TerPho. 681)263. ita statim stant signa (PlautAmph. 276)264. sed quid498 ego hic animo lamentor (EnnAnn. 6, frg. 30 M.)265. conubio iungam stabili propriamque dicabo (VergAen. 1, 73)266. reddunt operas mutuas (TerPho. 267)267. πότε δή σε κτενῶ ; (Apollod. Frg. Ep. nunc primum repertum)268. liberis eius auunculus erat (SallHist. 1 frg. 45 M)269. nam os columnatum poetae esse inaudiui barbaro (PlautMil. 211)270. ad me recipio : faciet (TerHeaut. 1056-1057)271. diditur516 hic subito Troiana per agmina rumor (VergAen. 7, 144)272. quando te in iure conspicio (CicMur. 26)273. hic tum alius ex alia parte 'Enimuero hoc fer' (CicVer. 2, 1, 66)274. uultis et his mecum pariter considere regnis ? urbem quam statuo ? uestra est (VergAen. 1, 572-573)275. habeo alia multa, quae nunc condonabitur (TerEun.17)276. auidius alteri alteros sauciare quam semet tegere (SallJug. 60, 1)277. pastorum et solis exegit montibus aeuum (VergAen. 11, 569)278. solis uiis (SallHist. 1, frg. 117 M)279. enim non sinam (TerAd. 168)280. lege agito et ei cenam coque (PlautAul. 458)281. uiuite lurcones541, comedones, uiuite uentres (LucilSat. 2, frg. 8 Charpin)282. is mihi, ubi adbibit plus paulo, sua quae narrat facinora ! (TerHeaut. 220)283. abhinc annos quindecim (TerPho. 1017)284. delirat miser timore (TerPho. 997-998)285. uerba fiunt mortuo (TerPho. 1015)286. degeneremque Neoptolomum narrare memento (VergAen. 2, 549)287. omnes corde patrem debent554 animoque benigno circumfundere sum cui...555 (EnnAnn. 8, frg. 7 M)288. qui uocare ? — Geta.556 — Geta, hominem maximi preti (TerAd. 891-892)289. Minus multo (PlautBac. 672)Notice Editoriale
Aelii Donati in Phormionem Terenti commentum
[fr] Commentaire d'Aelius Donat au Phormion de Térence[en] Aelius Donatus' Commentary on Terence's PhormioAeli Donati quod fertur Commentum Terenti (Vol. 1.5)Ediderunt, interpretati sunt et adnotauerunt :
[fr] Edition, traduction et commentaire :[en] Edition, translation and commentary by :Sarah Laborie (Professeur agrégé, ex ADR) - Bruno Bureau (PR) - Université Jean Moulin-Lyon 3Christian Nicolas (PR) - Université Jean Moulin-Lyon 3Auxilio editoribus fuerunt :
[fr] Assistants à l'édition :[en] Assistants to Editors : Fanny Meunier (ADR) - EPHECécile Parras (ADR) - Université Jean Moulin-Lyon 3Emmanuelle Raymond (MCF) - Université d'AngersMarie Rébeillé-Borgella (Professeur agrégé, ex ADR) - EditeurUniversité Jean Moulin-Lyon 3UMR 5189 (HiSoMA)AHN (Atelier des Humanités Numériques) ENS LyonLyon2009-07-07Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti 1.5